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Flic ou voyouLe Professionnel

Saga Jean-Paul Belmondo

Le Guignolo (1980)


1. LE GUIGNOLO

classe 4

Résumé :

Alexandre Dupré qui purge une peine de prison, continue ses vols pendant ses permissions. Néanmoins, sa bonne conduite lui permet de sortir avant la fin de sa peine. En prenant un bateau pour monter une nouvelle arnaque, il tombe sur Sophie Chaperon qui est son pendant au féminin. À eux deux, ils montent une nouvelle escroquerie, et Alexandre se retrouve seul et sans argent.

Il décide alors de partir pour l'Italie, mais alors qu'il est dans l'avion, un inconnu qui a caché un microfilm dans un briquet de sa mallette, confie la dite mallette à Alexandre pour qu'il la lui passe aux douanes. Tandis qu'Alexandre tente de continuer ses arnaques, les cadavres pleuvent autour de lui pour trouver le microfilm qui devait être dans la mallette pour un nouveau carburant peu cher. Plusieurs pays sont intéressés dont la France. Après moult péripéties, Alexandre rentre en France, il retrouve le microfilm et le livre à l'élysée. Il est décoré de la légion d'honneur.

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Critique :

Le Guignolo ! Sans aucun doute, dans mon top 5 des meilleurs Belmondo, parfois même en le revoyant, je me demande si ce n'est pas pour moi le meilleur. Réalisé par Georges Lautner qui avait déjà fait le Belmondo précédent : Flic ou Voyou, on retrouve également le trio avec Michel Audiard aux dialogues. Le film n'est pas exempt de défauts, mais il y a des moments anthologiques qui font que ça rattrape largement le reste et c'est pour cela que je lui ai mis la note maximale.

Belmondo joue une fois de plus le rôle d'un escroc, et s'en donne à cœur joie. On voit parfaitement qu'il se lâche du début à la fin du film, pourtant il ne tombe pas dans l'excès (sauf pour une ou deux scènes) et c'est tant mieux. À ses côtés, nous retrouvons bien sûr les gens avec lesquels il aime bien travailler, sa bande de copains : Michel Galabru, Georges Géret, Pierre Vernier, Michel Beaune, Philippe Castelli, Charles Gérard, etc. Nous trouvons également dans des petits rôles, Henri Guybet, Maurice Auzel, Paolo Bonacelli, Tony Kendall...

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Pour le côté féminin, nous avons la très charmante Mirella D'Angelo (La Cité des FemmesTénèbresHercules) dans le rôle de l'escroc version femme et qui ressemble à Alexandre Dupré. Anne Goddet, la première victime au tableau de Dupré au début du film, Carla Romanelli qui joue Gina la complice de Dupré à Venise, et Von Gretchen Shepard dans le rôle de l'agent X-22.

Même si l'intrigue est décousue, même si le générique de début est une horreur et fait plus penser à un film de De Funès plutôt qu'à un Belmondo, même si il y a des longueurs pendant le film, et même si la voix off dans le style Don Camillo aurait pu être évitée, tout ceci est effacé et largement compensé par les moments énormes du film ! Il n'y a qu'à voir la partie de piano entre Dupré et Kamal qui est tout simplement irrésistible, ou bien encore les coups de pieds dans les parties intimes qui font hurler les protagonistes, l'arnaque au tableau et aux bijoux dans l'hôtel à Venise : c'est absolument génial et délectable. 

classe 4

On ne rit pas constamment pendant tout le film, et c'est peut-être mieux ainsi, mais lorsque l'on voit les excellents gags, ça marche. Ce film est un vrai vaudeville et on se régale tout au long de celui-ci (par exemple Belmondo réveille Sophie son équivalent en escroc version femme avec du Chanel n°5 et c'est des petits détails ainsi pendant tout le film, voir par exemple l'autre scène dans l'avion lorsqu'il examine la pomme). Pour le reste, c'est du Belmondo classique, vous aurez des cascades et quelles cascades : celle de l'hélicoptère est juste énorme, vous aurez de la baston, et vous aurez de l'humour, bref tous les ingrédients d'un bon Belmondo, vous ne verrez pas passer les 1H40 du film. Moi je suis fan, et je vous le recommande. D'autant qu'en plus vous aurez de superbes extérieurs de Venise et de l'intérieur de ses palais également.

La musique de Philippe Sarde et Jacques Offenbach est correcte sans plus, elle accompagne parfois bien l'action, mais parfois on retrouve un peu la même mélodie que dans Flic ou Voyou, c'est dommage. De plus en plus impliqué dans la production et la distribution de ses films, via sa société de Production : Cerito Films, Belmondo avec son frère Alain Belmondo et René Chateau, font une campagne de promotion importante et ça marche.

Le film réalise un très bon score avec un peu plus de 2.8 millions d'entrées en France, à peu de choses près aussi bien que Le Magnifique, plus d'un million d'entrées en Allemagne, et un peu plus de 374 milles entrées en Espagne. Une fois de plus, pari gagné pour Belmondo. C'est un film à voir, personnellement je m'amuse toujours terriblement en le regardant. Incontournable de mon point de vue dans la filmographie de Bébel.

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Anecdotes :

  • Belmondo réalise lui-même la cascade de l'hélicoptère au-dessus de Venise, il avait juste un crochet dans chaque main qui le tenaient à l'échelle de corde, rien d'autre. La prouesse est d'autant plus grande, que l'acteur en arrivant sur la terre ferme avait les bras tétanisés.

  • La cascade du bateau qui entre dans le hall de l'hôtel fut faite en deux parties. La première partie en extérieur, posa un petit problème notamment pour sortir de l'eau, car la berge était de la largeur du bateau et les repères pour passer à travers elle était difficile. Heureusement  tout se passa bien, et le bateau glissa sur le sol pour aller s'écraser dans des cartons. La deuxième partie dans le hall de l'hôtel fut montée après.

  • La production se fit lyncher par la critique lors de la promotion du film, et notamment à cause de l'affiche où l'on voyait Belmondo dans une pose décontractée avec un caleçon blanc à pois roses. Cela fit un véritable scandale à l'époque.

Séquences cultes :

Mais ça fait deux minutes que t'as toussé

J'ai réservé

Permettez-moi de vous appeler Maître

Il flotte dans cette pièce comme un parfum de trahison

Hélicoptère à Venise

Quelle différence y a-t-il entre un con et un voleur ?

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L'IncorrigibleL'Animal

Saga Jean-Paul Belmondo

Le Corps de mon ennemi (1976)


1. LE CORPS DE MON ENNEMI

classe 4

Résumé :

François Leclercq revient après 7 ans dans sa ville à Cournai. Il a purgé 10 ans de prison pour un double meurtre, dont il se dit innocent. Il est retour pour prendre sa revanche et notamment sur le baron du textile de la ville : Jean-Baptiste Beaumont-Liégard. Au fur et à mesure de sa balade dans la ville, les souvenirs lui reviennent. Et François commence à faire le tour de ses anciennes connaissances qui étaient plus ou moins liées à son histoire et à son ancienne boîte de nuit : Le Number One. Il veut savoir qui l'a piégé.

Remontant petit à petit la filière, François arrive forcément à Beaumont-Liégard. Après que ce dernier ait donné Raphael Di Massa, l'ancien associé de François pour que celui-ci s'en occupe plutôt que de lui : François fait d'une pierre deux coups et élimine Di Massa et Beaumont-Liégard. François repart alors pour Paris avec une jeune femme qu'il a rencontré quelques jours plus tôt.

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Critique :

Le Corps de mon Ennemi, est un film compliqué à suivre et à comprendre. Réalisé à nouveau par Henri Verneuil, avec l'assistance de Michel Audiard et Félicien Marceau dont le roman de ce dernier a servi pour faire le film, la machine Belmondo est bien rodée. Cette fois-ci, Belmondo interprète un homme d'un milieu très défavorisé, qui grâce à son charme parvient à séduire Gilberte Beaumont-Liégard fille du tout puissant Jean-Baptiste Beaumont-Liégard qui fait la pluie et le beau temps à Cournai.

C'est Marie-France Pisier (L'Amour en Fuite, La Banquière, Le Prix du Danger) qui incarne Gilberte, qui retrouvera Belmondo 6 ans plus tard dans L'As des As. L'actrice rend ici une superbe composition de la petite fille de riche gâtée et à qui on accorde tout. Qui est une pain bêche de la haute société et qui n'a aucun scrupule pour coucher avec les hommes qui lui plaisent. J'aime beaucoup cette actrice, et c'est un vrai plaisir de la voir tout au long du film. Vient ensuite Bernard Blier dans le rôle du méchant : Jean-Baptiste Beaumont-Liégard. Est-ce encore nécessaire de présenter ce monsieur ? C'est par exemple l'inoubliable Inspecteur Ducros qui malmène De Funès dans Jo, ou encore Raoul Volfoni dans Les Tontons Flingueurs... Immense acteur à la carrière incroyable. Là aussi, sa prestation est tout simplement exemplaire en PDG de l'empire Beaumont-Liégard et à qui on ne doit rien refuser, et qui donne ses ordres sans le paraître et auquel il ne faut surtout pas dire non. On a d'autant plus de satisfaction, à la vue du personnage qu'il interprète de le voir se faire tuer à la fin du film. 

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Dans les seconds rôles, on notera ensuite François Perrot (Merci La Vie, Faux et Usage de Faux, Le Jaguar) qui joue Raphael Di Massa. Là aussi, personnage mielleux qui se révèle être une formidable vermine au final, et qu'on aurait aimé lui aussi voir mourir. On retrouve également Claude Brosset dans le rôle de Oscar le travesti qui est resté fidèle à François, René Lefèvre qui fait une prestation remarquée dans le père de François, Michel Beaune en ami d'enfance, Daniel Ivernel dans le rôle du maire de Cournai. Charles Gérard en chauffeur de taxi, Bernard-Pierre Donnadieu en truant qui ordonne à François de partir contre une somme d'argent, etc.

Pour les rôles féminins nous avons Nicole Garcia (Garçon !, Fugueuses, Le Dernier Jour) qui a un petit rôle mais là aussi remarqué. Une actrice que j'aime beaucoup aussi, et qui est un vrai bonheur à voir à l'écran. Belmondo livre quant à lui, une prestation entièrement dans la retenue et qui sied parfaitement au film. Il est carré, n'en fait pas des tonnes, personnellement c'est comme ça que j'aime le voir. Les dialogues de Audiard sont toujours aussi percutants : « la ville a pratiquement doublée... deux fois plus de cons, c'est pas croyable... ».

Ce film a pour lui, ce que Verneuil arrive à faire souvent avec ses films : une ambiance très particulière et ça commence dès le départ avec Belmondo arrivant par le train à Cournai et avec la superbe musique du générique. L'autre chose qui renforce cette ambiance, est le parcours effectué par Belmondo dans la ville : les lieux déserts, les grandes rues, les magasins, les immeubles, le stade... autant d'images qui marquent l'esprit des spectateurs. Mais pas seulement, l'autre singularité de ce film, est qu'il est du début à la fin bourré de flash-backs pour raconter l'intrigue qui le rend assez compliqué à suivre, parfois on ne sait plus si nous sommes dans le présent ou dans le passé ! Mieux encore, il y a même des flash-backs à l'intérieur des flash-backs : exemple lorsqu'il y a le flash-back du témoignage de Nicole Garcia au tribunal, et que le président lui demande depuis combien de temps elle connaît François, un autre flash-back alors d'eux enfants à l'église, démarre dans le premier flash-back ! 

classe 4

C'est déroutant, d'autant que l'histoire est assez complexe à comprendre. Il y a eu le meurtre du joueur de foot Cojac et de Karine jouée par Elisabeth Margoni (Le Professionnel, La Baston, Le Hussard sur le Toit) et dont on accuse François, mais l'histoire du number one est un peu plus compliquée avec Di Massa et les personnes qui sont au-dessus, mais heureusement tout se révèle au public au fil de l'enquête de François. Film bien mené, il y a des moments forts comme par exemple celui du dîner de François dans le clan de Beaumont-Liégard qui est une perle. Les extérieurs tournés à Lille, Roubaix ou encore Tourcoing pour la gare qui fut renommée pour l'occasion sont une vraie force pour le film. La musique, sublime, de Francis Lai (Un Homme et Une Femme, Mayerling, Les Ripoux) fini de parachever cet excellent film que je ne saurai trop vous conseiller de regarder.

D'un confortable budget de 15 millions de francs, le film fit un assez bon score en définitive avec un peu plus de 1.7 millions d'entrées en France. 900 milles en Allemagne, et un peu plus de 174 milles entrées en Italie. On est quand même loin de Peur sur La Ville ou de L'Incorrigible. À voir donc : vous ne verrez pas défiler les 1H55 du film et vous aurez passé un agréable moment.

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Anecdotes :

  • C'est Jean-Paul Belmondo lui-même qui produisit le film, ce qu'il fit avec ses films après Le Casse, Verneuil avait acheté les droits du roman dès sa sortie en 1976. Les deux hommes s'associèrent pour produire le film.

  • Belmondo endosse une fois de plus le prénom de François dans un de ses films, et porte ici le nom de Leclercq mais avec un « q » pour ne pas le confondre avec la célèbre enseigne de la grande distribution.

lecorpsdemonennemi 7

Séquences cultes :

Quand on donne de l'argent aux pauvres, ils le boivent

Cette main spontanément tendue vous montre qu'il compte sur votre soutien !

Vous êtes tordante !

C'est douillet

Nous comptons tous sur vous François !

Y en a qui achètent de l'or, moi c'est du cachemire 

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StaviskyL'Incorrigible

Saga Jean-Paul Belmondo

Peur sur la ville (1975)


1. PEUR SUR LA VILLE

classe 4

Résumé :

Une jeune femme reçoit un coup de téléphone en pleine nuit, c'est un détraqué qui n'arrête pas de la harceler. Il lui dit qu'il va venir la voir, terrorisée, elle prévient le gardien de l'immeuble puis la police de quartier. Mais alors qu'un inconnu sonne chez elle, elle fait une crise cardiaque et tombe par la fenêtre du 17e étage. Nora Elmer est la première victime d'un nouveau tueur qui jette la peur sur la ville : Minos.

L'affaire est confiée au commissaire Letellier et son bras droit l'inspecteur Moissac. Mais Letellier n'est pas intéressé par Minos, il veut Marcucci un dangereux braqueur à qui il doit d'avoir été éjecté de la brigade anti-gang. Mais le commissaire divisionnaire Sabin charge Letellier de l'affaire. Mais lors d'une visite à un témoin, Letellier laisse échapper Minos pour Marcucci qu'il fini par avoir. Dès lors un duel entre Minos et Letellier commence. Par deux fois, Minos échappe à Letellier et Minos fini par prendre en otage une actrice de films X, Letellier fait alors une intervention radicale et élimine Minos.

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Critique :

Peur Sur la Ville au même titre que Le Casse, rentre pour moi dans le top 5 des meilleurs Belmondo réalisés. C'est Henri Verneuil à nouveau (et qui d'ailleurs avait déjà réalisé Le Casse) qui fait équipe en tant que réalisateur avec Belmondo qui est en pleine maturité dans son art. Il sera aidé pour l'adaptation et les dialogues, par Francis Veber. Que dire de Peur sur la Ville ? Qu'on touche ici un autre monument du film français.

Peur Sur la Ville est comme beaucoup trop de films rares qui entrent dans cette catégorie : il possède une ambiance particulière que l'on ne retrouve dans aucun autre film et c'est ce qui fait qu'il se démarque des autres long-métrages, ainsi que des autres films de Belmondo. Et cela commence dès le départ au générique, lorsque l'angoissante musique se met en marche et que nous voyons des vues de Paris la nuit. Le décor est planté ce film sera un film noir. Puis vient la scène avec la magnifique Léa Massari (L'Impossible Objet, Le Souffle au Cœur, Le Silencieux) qui interprète Nora Elmer la première victime de Minos. J'ai toujours trouvé cette actrice magnifique, fabuleusement belle et c'est un vrai plaisir de la voir à l'écran même si ça ne dure que quelques minutes.

C'est Charles Denner qui refait duo avec Belmondo, je ne dirai pas grand-chose sur sa prestation : j'ai déjà dit tout le bien que je pensais de cet acteur pour le film L'Héritier, mon opinion n'a pas changée ! Il a toujours ce charisme et cette présence à l'écran, que Belmondo n'arrive pas à écraser : le duo fonctionne à merveille comme dans leur film précédent ensemble, ça marche à l'écran, c'est juste magique. Vient ensuite Jean Martin (Mon Nom est Personne, Cran d'Arrêt, L'Aile ou la Cuisse) qui campe le supérieur de Belmondo, j'aime énormément cet acteur qui est tout simplement fabuleux, il faut le voir dans Mon Nom est Personne et dans l'épisode de la première série de Commissaire Moulin des années 70, qui est intitulé « Intox » c'était un autre grand acteur français. Il n'y a rien à redire sur sa prestation ici, c'est pro, c'est fabuleux. 

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C'est à Adalberto Maria Merli (Le Professeur, Le Gang, Cent Jours à Palerme) de camper le salaud de service : Minos. L'acteur Italien est tout simplement impressionnant, et il m'est encore difficile personnellement à l'heure actuelle de le détacher de son rôle de pourri dans ce film ! Il suffit de voir la scène dans le vestiaire sous-terrain de l'hôpital lorsqu'il tue sa collègue infirmière Hélène Grammont, tandis que la porte du vestiaire fait un va et vient. Le changement physique juste avant et pendant la scène du crime dans le miroir est simplement à couper le souffle. Il fout les chocottes et pas qu'un peu ! C'est la très jolie Catherine Morin (Médecins de Nuit, Commissaire Moulin, Le Sexe Faible) qui joue Hélène, pas grand-chose à dire, son rôle étant très court.

Viennent ensuite Giovanni Cianfriglia dans le rôle de Marcucci, Jacques Rispal, Roger Riffard, Rosy Varte, etc. pour les autres seconds rôles, nous avons même Jean-François Balmer dans l'un de ses premiers rôles et qui interprète Julien Dallas. Et si vous regardez bien lors de la scène avec le psychologue qui s'exprime à la radio sur le cas de Minos, vous apercevrez même à côté du présentateur : Pierre Douglas.

Mais cela n'est pas le plus important, Verneuil réussit avec Peur sur la Ville de faire un film à l'action musclée mais aussi d'une noirceur et avec une ambiance pesante du début à la fin de son film qui le rendent tout simplement extraordinaire. Dès le début où l'on voit l'invité dans l'œil de chat et qui s'est trompé de porte et qui sans le vouloir a effrayé Nora Elmer, ça rappelle les meilleurs films de frissons. Il suffit de voir par exemple lorsque Letellier poursuit Minos la première fois juste après que ce dernier ai tué Germaine Doizon, la course à travers les toits parisiens, se termine aux Galerie Lafayettes. Et là, Letellier arrive dans un entrepôt rempli de mannequins de cire : il faut bien observer les mannequins, et pendant ce temps la musique pesante se met en marche. La scène est tout simplement géniale tant elle est oppressante ! 

classe 4

Tout comme la trouvaille de visualiser l'œil de verre de Minos, non pas par un cache noir, mais par un dessin d'œil à l'écran : ça renforce cette atmosphère très étrange. Veber n'est pas en reste avec ses dialogues, ainsi il faut voir les duels verbaux entre Letellier et Sabin, lorsque par exemple ce dernier dit à Letellier : que Minos l'a « cafté » et qu'il l'a foutu dans la merde. C'est juste jubilatoire, on en redemande. Bien évidemment, les fans de cascades de Belmondo seront comblés, les deux temps forts étant : la scène sur le toit du métro qui est simplement la plus impressionnante des cascades faites par Belmondo, et bien sûr le final avec la descente avec la corde de l'hélicoptère. Néanmoins, la scène de poursuite sur les toits est elle aussi tout à fait spectaculaire, surtout celle où Belmondo glisse plusieurs fois sur le petit toit en aluminium et où il récupère l'œil de verre de Minos.

Dans les critiques on pourrait juste dire que Belmondo joue un flic un peu trop nonchalant qui ne colle pas trop à la réalité et à son grade, et que justement lorsqu'il se remémore la scène de l'attaque de la banque par Marcucci, celle-ci aurait pu être mieux réalisée car elle ne fait pas trop réaliste. Mais ce n'est vraiment rien de bien méchant. La musique d'Ennio Morricone est à l'image du film : elle vous donnera des frissons. Avec Peur sur la Ville on prend son pied, on ne voit pas du tout passer ses 2H, et le film tient vraiment toutes ses promesses. De plus, pour les parisiens, ce sont plein de lieux connus et qui finalement aujourd'hui n'ont pas trop changés.

C'est du Verneuil, de l'excellent Verneuil. Le public ne s'y d'ailleurs pas trompé, et le film sera le deuxième plus vu de l'année 1975 avec ses plus de 3.9 millions d'entrées. Il fera également 1.1 millions d'entrées en Allemagne et plus de 900 milles entrées en Espagne. Joli carton, et mérité de surcroît. Film atypique, si beaucoup de gens disent qu'il y a eu dans la carrière de Belmondo un avant et un après Stavisky, personnellement, je trouve qu'il y a eu un avant et un après Peur sur la Ville !

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Anecdotes :

  • Jean-Paul Belmondo réalise la cascade lorsqu'il descend à la corde depuis l'hélicoptère, puis nous voyons des gendarmes à leur tour descendre en rappel sur le toit, puis du toit dans l'appartement où se trouvent Minos et Letellier. Ce sont des vrais gendarmes qui ont fait cela pour présenter à l'époque un nouveau corps d'élite de la gendarmerie qui venait juste d'être crée : le GIGN.

  • Alors qu'il venait de réaliser la cascade avec le métro, de nombreuses personnes assistaient au tournage du film, l'une d'elle interpelle Belmondo et lui dit : « Bravo Bébel, pour 100 briques moi je ne l'aurai même pas fait ! ». Belmondo s'est alors retourné vers cette personne avec un sourire en répondant : « Moi, non plus ! ».

  • La scène de poursuite de Minos sur les toits a failli (une fois de plus) coûter très cher à Belmondo, en effet si vous regardez bien la scène, il y a un moment où il glisse et se rattrape à la gouttière et la longe par la force des bras avant de remonter. Or si vous observez bien, une partie de la gouttière cède sous le poids de Belmondo. Cela n'était pas prévu, et une fois de plus Belmondo eut le réflexe de continuer à avancer le long de la gouttière. L'équipe de tournage était présente mais n'aurait pas pu faire grand-chose si Belmondo était tombé !

  • L'acteur qui joue Minos,  Adalberto Maria Merli, portait une prothèse sur son vrai œil pour simuler qu'il avait un œil de verre, il n'était pas borgne. D'ailleurs on arrive à apercevoir son vrai œil sous ses lunettes de soleil, lorsqu'il se rend au commissariat pour raconter à Letellier que toutes les victimes étaient passées dans l'hôpital.

Séquences cultes :

Frapper un policier avec un couteau, est-ce que c'est sérieux ça ?

Ne vous en faites pas, vous serez remboursés !

A tout instant, il se passe quelque chose aux Galeries Lafayette

Le schizo machin à tendance paranoide

Métro 

Assaut final

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Le Corps de mon ennemiFlic ou voyou

Saga Jean-Paul Belmondo

Flic ou voyou (1979)


1. FLIC OU VOYOU

classe 4

Résumé :

Un homme et une femme gisent mort dans une chambre d'hôtel, 3 individus arrivent, ils sont venus pour extraire le corps de l'homme et se débarrasser du corps : il s'agissait du commissaire Bertrand. La jeune fille était Rita Cerutti, arrive alors à Nice son frère : Antonio Cerutti. Il se fait remarquer par les deux principaux parrains de Nice : L'Auvergnat et Le Corse. Mais en fait, Antonio Cerutti n'est autre que le commissaire divisionnaire Borowitz des services internes, venu enquêter sur le meurtre du commissaire Bertrand. Malheureusement pour Borowitz, deux flics pourris, Massard et Rey découvrent sa couverture et sont à la solde du Corse.

Borowitz se débarrasse de Rey et fait arrêter Le Corse, mais Massard fait enlever la fille de Borowitz. Ce dernier traite avec Massard qui libère la fille des mains de l'Auvergnat et veut revenir dans la police, mais Borowitz lui réserve une dernière surprise, il donne l'ordre aux policiers qui ont établi des barrages routiers de l'arrêter. Mais Massard tente de s'enfuir et meurt avec Le Corse qui était également dans la voiture. Borowitz repart pour Paris avec sa fille.

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Critique :

Je suis assez mitigé sur ce film, j'ai même assez longtemps hésité pour ne lui mettre que deux bottes. Réalisé par Georges Lautner (Les Barbouzes, Ne Nous Fâchons Pas, Les Tontons Flingueurs) il réalisera 3 autres films avec Belmondo après celui-ci. Belmondo campe ici un flic solitaire qui est chargé de mener l'enquête sur le meurtre d'un commissaire de Nice, et de faire le nettoyage au passage. Pour cela, il monte les deux parrains de la ville l'un contre l'autre, se débarrasse des flics pourris, et rétabli l'ordre dans la ville en sauvant sa fille par la même occasion. C'est le schéma typique que l'on retrouvera dans certains films qui suivront comme Le Marginal ou Le Solitaire par exemple.

Flic ou Voyou est également, malheureusement pour nous, le premier film où on nous colle un enfant à Belmondo pour la première fois. Malheureusement là aussi, on retrouvera ce schéma dans d'autres de ces films qui suivront comme L'As des As par exemple. L'histoire aurait pu largement se passer, ici, de sa fille Charlotte, jouée par Julie Jézéquel (On ne meurt que deux Fois, Tandem, Toujours Seuls) et dont c'est la première apparition à l'écran. L'actrice est certes jolie, mais je pense que sa prestation est excellente, car elle incarne vraiment une sale gosse énervante tout au long du film, avec malgré tout quelques moments de tendresse.

Dans les rôles des parrains de Nice, nous retrouvons Georges Géret (Roger La Honte, Z, Signé Furax) qui incarne Théodor Musard dit L'Auvergnat et qui retrouvera Belmondo dans Le Guignolo. J'aime bien cet acteur, et sa prestation est ici remarquable, d'autant plus celle de la scène avec la cabine téléphonique : vous comprendrez en la voyant, il faut avoir du cran. L'autre parrain étant incarné par Claude Brosset (La Carapate, Adieu Poulet, A mort l'Arbitre) qui joue Achille Volfoni  surnommé Le Corse. Belmondo le retrouve après Le Corps de Mon Ennemi

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Nous retrouvons aussi Michel Galabru : est-il nécessaire de présenter l'acteur, je crois que pour tout le monde, il restera l'adjudant Gerber supérieur de Louis de Funès dans la série des Gendarmes. Il est comme à son habitude lui aussi avec sa manière d'interpréter qui lui est très personnelle. Il fait partie de ces acteurs qui ont une certaine façon de jouer qui ne ressemble à aucun autre acteur, Galabru est de ceux-là. Nous avons ensuite Jean-François Balmer qui joue Massard et qui avait commencé dans Peur sur la Ville déjà avec Belmondo, et qui excelle ici en flic pourri, nous avons aussi les copains de Belmondo habituels : Michel Beaune, Charles Gérard, Michel Peyrelon... Et même Philippe Castelli qui fait une petite apparition. Pour les présences féminines, on est gâtés, enfin personnellement je le suis !

Nous avons Marie Laforêt (Les Diplômés du Dernier Rang, Le Pactole, Il est Génial Papy!) qui retrouvera Belmondo un peu plus tard dans d'autres films. Alors je vais être très partial, car j'aime énormément cette actrice/chanteuse. Elle a une beauté, que de rares femmes possèdent : je la classerai par exemple dans la même catégorie que Françoise Dorléac. Elle a une présence à l'écran et une beauté très mystérieuse qui fait que lorsque nous les voyons on est immédiatement sous le charme et on peut juste dire « Waouh ! ». Marie Laforêt fait cet effet, et c'est un pur bonheur que de la voir ici à l'écran. Elle est extraordinaire dans le rôle de cette femme un peu sophistiquée qui ne sait rien faire par elle-même pratiquement. C'est du tout bon. Vient ensuite pour un petit rôle : Catherine Lachens (Flic Story, T'es Folle ou Quoi ?, Le Prix du Danger). Là aussi, l'actrice n'est pas une femme fatale physiquement, mais elle a un grand charme indéfinissable, moi je craque et je trouve qu'on l'a trop peu souvent vu sur les écrans. 

classe 4

Au final, comme je le disais, je suis beaucoup mitigé sur ce film. Il y a de très bonnes choses comme par exemple, la scène où Belmondo vient mettre le feu au bistrot des Langlois. Le numéro qu'il fait est tout simplement extraordinaire, on en veut plus ! Tout comme il y a par exemple la partie avec le vol de la voiture auto-école et le moniteur. C'est à tomber de rire, c'est vraiment extra. Mais, il y a également des longueurs tout au long du film, les parties avec Charlotte par exemple, ou encore lorsque Rey et Massard mènent l'enquête pour trouver Borowitz. Bref, c'est très déconcertant. Néanmoins, vous retrouverez les ingrédients d'un bon Bébel : de la baston, des cascades, et même de très belles scènes extérieures de Nice. Là-dessus rien à redire. Il est à noter un détail amusant, alors qu'il parle avec Charlotte au parloir de la police, Belmondo prononce le nom de Pierrot Le Fou, qui est le nom d'un de ses anciens films. La musique assez jazzy de Philippe Sarde (La Veuve Couderc, La Grande Bouffe, Les Seins de Glace) accompagne bien les actions du film, mais spécialement les scènes nocturnes je trouve.

Le film fera un carton avec plus de 3.9 millions d'entrées en France, 3 millions d'entrées en Allemagne, et un peu plus de 600 milles en Espagne. Beau carton, pour un film dont le budget était de 15 millions de francs. En regardant Flic ou Voyou, vous ne serez pas déçus, vous ne verrez pas trop passer ses 1H50, maintenant est-il indispensable dans la filmographie de Belmondo ? Je n'en suis pas certain. 

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Anecdotes :

  • Belmondo a comme voiture pour le film, une Lotus Seven Caterham Blanche. C'est la même voiture que conduisait Patrick McGoohan dans sa célèbre série Le Prisonnier et qui était, elle, de couleur verte et jaune.

  • Flic ou Voyou permet à l'acteur de briser un de ses records, en effet, c'est le premier Belmondo qui fait plus d'un million d'entrées à Paris.

Séquences cultes :

On dit que la soie revient à la mode

Y'a quelqu'un ?

Le croissant à 1,30 Franc

Pour chasser le diable !

Je vous répète que ce n'est pas ma voiture

L'usage de l'avertisseur est interdit en ville

Tyrolienne

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