Un singe en hiver (1962) Résumé : Années 1940 sous la France occupée par l'Allemagne, Lucien Esnault et Albert Quentin, deux vieux alcooliques sont en train de boire dans leur bar favori, lorsque la grande offensive des forces alliées fait irruption. Revenu chez lui, Albert Quentin fait alors une promesse à sa femme tandis que les bombardements s'intensifient : si ils s'en sortent vivants, il arrêtera de boire. 15 ans plus tard, un jeune homme arrive dans l'établissement d'Albert Quentin qui ne boit plus. Très vite, Albert et sa femme constatent que le jeune homme, Grabriel Fouquet, est un buveur. Un soir, Albert rechute et prend une cuite mémorable avec Gabriel, ils mettent alors le village sens dessus/dessous, et qui se termine en feu d'artifice. Le lendemain, Gabriel récupère sa fille, et Albert part sur la tombe de son père. Les deux hommes se séparent comme si rien ne s'était jamais passé entre eux. Critique : Film quasiment mythique, on pourrait le résumer par cette simple phrase : « Des films comme ça, on en verra plus ! ». Que dire d'un tel monument, qui est pratiquement indémontable, tant il est réussi. « Un Singe en Hiver » c'est tout d'abord la rencontre de deux monstres sacrés du cinéma : Jean-Paul Belmondo, qui à l'époque commençait à être connu : il avait déjà tourné « À bout de Souffle » & « Classe Tous Risques » ainsi que « Cartouche » qui fut un beau succès avec plus de 3 millions d'entrées pour ce dernier. Et bien entendu Jean Gabin au sommet de sa gloire, il avait déjà tourné « Touchez pas au Grisbi », « La Traversée de Paris », « Les Misérables », « Le Président », « Razzia sur la chnouf », etc., etc. Le duo fonctionne à merveille à l'écran et on sent beaucoup d'affection de la part de Gabin pour Belmondo, il suffit de voir le regard de Gabin lors de la scène avec Belmondo dans sa chambre lorsque Gabriel Fouquet est saoul et qu'il explique à Albert Quentin qu'il est matador, on voit plein de tendresse dans les yeux de Gabin lorsqu'ils sont devant l'armoire avec un miroir. Gabin est simplement impressionnant en alcoolo : on croirait un vrai à l'écran ! Cela donne le tournis. Et Belmondo n'est pas en reste ! Ce film est également un casting technique de haut niveau et invraisemblable, et c'est ce qui fait je pense qu'il est d'une telle réussite et d'une telle force. À la réalisation nous avons Henri Verneuil qui pour moi a réalisé pratiquement les meilleurs « Belmondo » : « Le Casse », « Peur Sur La Ville »... , assisté de François Boyer pour le scénario (« Jeux Interdits », « La Guerre des Boutons », « Des Gens sans Importance »), pour les dialogues nous avons Michel Audiard. Est-il encore nécessaire de présenter ce monsieur ? C'est « Les Tontons Flingueurs », « Ne nous Fâchons pas », « Tendre Poulet », « Le Cave se Rebiffe », etc. Avec un tel casting derrière la caméra, comment voulez-vous que le film soit raté ? Il aurait vraiment fallu y mettre du sien. Le film est adapté d'un roman d'Antoine Blondin, lui-même alcoolique, je n'ai pas lu le livre et ne peux pas dire si il est fidèle au roman, néanmoins Blondin a dit beaucoup de bien du film à l'époque de sa sortie. Nous retrouvons aussi beaucoup d'acteurs de talent dans les seconds rôles qui finalisent la distribution exceptionnelle, comme Suzanne Flon (« La Porteuse de Pain », « Le Silencieux », « Si j'étais un Espion ») dans le rôle de la femme d'Albert, qui apporte un atout charme indéniable : elle est vraiment très très jolie dans la scène qui se déroule dans la cave pendant le bombardement. Vient ensuite Noël Roquevert en Landru (« Fanfan La Tulipe », « L'Assassin habite au 21 », « Cartouche ») et enfin Paul Frankeur en Lucien Esnault (« Le Gentleman d'Epsom », « Razzia sur la Scnouf ») et grand ami dans la vie de Jean Gabin. Le film n'a que peu de temps mort, un peu au début lorsqu'il pose le contexte de l'histoire et de la France occupée (avec d'ailleurs une affiche de propagande de « toute beauté » et qui écorche bien! Comme l'autre scène où le nom de la rue « Maréchal Pétain » qui est renommée après la guerre en « Rue du Général De Gaulle »), mais très vite les scènes et les dialogues percutants s'enchaînent à un rythme effréné et qui ne ralenti pas pendant les 1H40 du film, c'est juste de la folie. Comme toujours avec Audiard, c'est ciselé : par exemple lorsque Belmondo et Gabin vont boire chez Esnault, et qu'avant de partir Gabin dit : « vous demanderez à l'intendance, nous, arrivés à une certaine heure, on ne salut plus, on ne paie plus » et Belmondo de finir « On méprise ! », ou bien encore la phrase que dit Belmondo devant le commissariat de Police à propos du « public ingrat ». La mise en scène de Verneuil est impressionnante de maîtrise, il suffit de voir les plans, que ce soit de la ville ou sur les acteurs eux-même, l'image est vraiment très belle, le tout rehaussé par les superbes paysages de la côté normande. Et la pellicule jouit d'un excellent contraste. J'ai d'ailleurs souvent pensé que le noir & blanc dans certains cas était vraiment plus agréable à l'œil et pouvait rendre beaucoup mieux que la couleur : c'est le cas dans ce film. J'ai toujours trouvé que le Noir & Blanc rendait une ambiance particulière, comme par exemple dans les vieux films de science-fiction américain des années 60 (« Le Village des Damnés », « The Thing », etc.). Ce dernier monte crescendo en puissance, avec une prestation extraordinaire du duo Gabin/Belmondo pour le final dans les rues du village, puis sur la plage avec le feu d'artifice ! Mais pas seulement, le film offre aussi des scènes de la vie de tous les jours de cette époque, comme par exemple les vieux radoteurs et mauvaises langues qui sont autour de la table du bistro chez Lucien Esnault, le film offre aussi un ou deux petits gags visuels qui appuient un autre et qu'il faut voir : par exemple, lorsque Gabin et Belmondo après avoir méprisé l'assistance du bistrot de Lucien Esnault, et qu'ils sortent complètement saouls, on peut voir une pancarte sur le mur d'en face du bar : « Véritable petit beurre : LU ». Et que dire de la scène de danse de Gabin dans la rue du village ? Bref, ce serait vraiment trop trop long, de tout détailler, mais ce film est un chef-d'œuvre, comme je l'ai dit il y a des films inspirés, celui-ci en fait parti. Il y aura forcément à un moment, une scène qui vous décrochera fatalement un rire. Je trouve juste dramatique de voir ce qu'est devenu à l'heure actuelle le cinéma français, quand on voit que l'on partait avec de telles pépites qu'est « Un Singe en Hiver ». Bref, en tous cas vous l'aurez compris : « Un Singe en Hiver » est un film incontournable, et qui vous décrochera fatalement un fou rire ! À consommer sans modération ! Anecdotes :
Séquences cultes : Nous allons repeindre l'Asie d'une couleur tendre Arrière les esquimaux!
A Manoleté et à Gédéon
Nous on ne paie plus, on méprise C'est le bonheur rangé dans une armoire Hola carabineros!
Honneur à l'autochtone!
Les petits singes
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Stavisky (1974) Résumé : 1933, Léon Trotski obtient le droit d'asile pour la France sans avoir le droit de faire de la politique. Pendant ce temps, au Claridge, Alexandre Stavisky sous le nom de Serge Alexandre, mène grand train et tente d'avoir un non-lieu dans un procès qui dure depuis 7 ans. Mais l'inspecteur Bonny tente de mettre le nez dans le dossier de Stavisky qui est protégé par l'inspecteur principal Boussaud. Les affaires de Stavisky battent de l'aile, et les pertes sont de plus en plus grandes. Il commence à accumuler des grosses dettes. Alors que Stavisky cherche à s'en sortir, ses affaires avec la police le rattrapent. Et Stavisky finit par se suicider, en se tirant une balle dans la tête. Critique : Ce film a deux gros problèmes de mon point vue, il fait une reconstitution historiques des années 30 (un peu comme le faisait Borsalino) et il parle d'une histoire politique. Ce qui le rend doublement ennuyeux à mon sens. Réalisé par Alain Resnais (Hiroshima Mon Amour, Mon Oncle d'Amérique, On Connaît la Chanson), l'intrigue est difficile à suivre, et dès les premières minutes du film, on comprend que celui-ci sera ennuyeux. Ce qui se confirme au fil des minutes qui passent. Resnais a pris le parti de mettre en parallèle plusieurs histoires et au bout d'un moment, d'inclure des flashback au même moment que l'histoire qui se déroule : et ça perd totalement le spectateur et rend au final le film très alambiqué et difficilement regardable. Belmondo incarne Serge Alexandre Stavisky, le fameux escroc du siècle des années 30 qui causa une crise politico financière en France. Le jeu de Belmondo n'est pas mauvais, il ne surjoue pas comme pour certains rôles, alors qu'il le pourrait : en effet, en jouant le rôle de l'escroc, il est sans arrêt en représentation et de ce fait pourrait accentuer ses effets, mais Belmondo ne le fait pas et c'est louable. Il reste dans un jeu classique, et ça sert plutôt bien le film. À ses côtés nous trouvons une kyrielle de bons acteurs qui renforce son jeu, c'est très appréciable. Ainsi cette fois-ci, ce n'est autre que Anny Duperey (Un éléphant ça trompe énormément, Le Grand Pardon, Les Compères) alors toute jeune et d'une réelle beauté qui est sa compagne féminine à l'écran. Son jeu est en parfaite adéquation avec le rôle qu'elle interprète : une femme avec un certain de train de vie et qui est raffinée, et Anny Duperey arrive parfaitement à retranscrire cela à l'écran. Vient ensuite pour les rôles masculins : Claude Rich (Oscar, La Mariée était en Noir, Les Tontons Flingueurs) qui incarne l'inspecteur Bonny. Personnellement j'adore cet acteur et c'est toujours un très grand plaisir que de le voir sur grand écran. Comme d'autres acteurs, Rich a une façon bien particulière de jouer, et qui est toujours dans la justesse du film qu'il tourne. Et cette voix si reconnaissable immédiatement. Il y a dans ce même registre et présent également dans ce film, Pierre Vernier, que Belmondo retrouvera à plusieurs reprises dans ses films : Le Guignolo, Le Solitaire, Le Marginal, Le Professionnel, etc. là aussi, sa prestation est toujours en adéquation avec le personnage qu'il incarne, dans le cas présent un avocat. Vient ensuite Michael Lonsdale, lui aussi, pour moi il reste à jamais le professeur dans Hibernatus qui 'vanne' De Funès (« vous dodelinez de la tête ! »). Mais c'est un immense acteur de cinéma, et de théâtre. Il n'y a rien à redire, c'est carré, c'est net. Charles Boyer, Marcel Cuvelier, Van Doude, Michel Beaune, et une fois encore Gerard Depardieu dans un petit rôle, complètent la distribution des principaux seconds rôles. Tout ceci devrait former un excellent film, tant le talent est présent, et pourtant, on sombre vite dans les longueurs inhérentes au film et ça ne fonctionne pas. Ne vous attendez pas ici à voir Belmondo faire des cascades, jouer du revolver, etc. Non, il ne fait que parler, et tente de nous imposer un autre style de jeu d'acteur. Malheureusement, ça ne suffit pas. Un des points forts du film est tout de même ses extérieurs, il suffit de voir la forêt lorsque Stavisky retourne dans la maison de son père, et qu'ensuite cela se passe dans les bois. L'endroit est superbe et on en redemande. La musique de Stephen Sondheim (Dick Tracy, Sherlock Holmes attaque L'Orient Express, Reds) est à l'image du film : ennuyeuse et ne lui donne aucune identité, c'est dommage. Bref, vous l'aurez compris, on voit largement passer les 1H55 du film, et personnellement je trouve que vous pouvez le passer dans la filmographie de Belmondo, vous ne manquerez pas grand-chose, même si vous êtes un fan absolu de Belmondo. Bien que descendu par la critique, le film fera tout de même un score honorable en salles avec un peu plus de 1 millions d'entrées en France, et près de 300 milles en Espagne. Ce n'est pas un échec, mais nous sommes loin des scores d'un Belmondo avec Verneuil par exemple. Anecdotes :
Séquences cultes : C'est mon grand-père qui m'a appris la vie 10,000 francs c'est dérisoire Tous les morts sont extraordinairement habiles |
Le Magnifique (1973)
Résumé : Un agent secret des services britanniques se fait tuer, les anglais demandent l'aide de la France et du meilleur agent au monde : Bob Saint-Clar. Alors que les cadavres pleuvent autour de lui, l'enquête de Saint-Clar l'amène à travailler avec la très jolie Tatiana à Acapulco. Mais alors qu'ils sont attaqués par une horde de méchants, une femme de ménage passe l'aspirateur sur le sable de la plage, Bob Saint-Clar est un personnage de romans, écrits par l'écrivain François Merlin. Loin d'être célèbre, son héros au moins le fait vivre, il est édité par une maison qui l'exploite : les éditions Charon. Un jour, une jolie jeune femme anglaise vient lui demander si les plombiers sont encore chez lui et lui emprunte un volume de Bob Saint-Clar, elle s'appelle Christine. Alors qu'elle dévore les volumes les uns après les autres, François Merlin lui tombe amoureux de sa jolie voisine. Mais alors que sa romance piétine avec la jolie Christine, François Merlin développe une haine envers son héros Bob Saint-Clar que Christine admire et il se met en tête de le détruire. Mais Christine fini par succomber à François, qui remet Bob Saint-Clar sur les rails avant d'arrêter définitivement d'écrire pour se consacrer à Christine.
Critique : Jean-Paul Belmondo retrouve une nouvelle fois Philippe De Broca après L'Homme de Rio et Les Tribulations d'un Chinois en Chine et ici avec Le Magnifique on frise le chef-d'œuvre ! Parodie assumée de l'univers de James Bond, la caricature est tellement poussée à l'extrême que cela en est jubilatoire ! Le Magnifique c'est des scènes anthologiques comme celle de l'électricien qui vient pour intervenir chez Merlin et qui ne peut rien faire tant que le plombier n'est pas passé, puis le plombier passe, et lui dit qu'il ne peut rien faire tant que l'électricien n'est pas passé. Scène ubuesque prémonitoire qui est devenue presque monnaie courante dans le monde d'aujourd'hui. Pas seulement, c'est aussi la scène au début du film avec les interprètes : le traducteur : « Nous avons trouvé un interprète albanais, mais il ne parle que le roumain alors il nous a fallu trouver un roumain mais il ne parle que le serbe, le serbe ne parle que le russe, le russe que le tchèque, heureusement moi, je parle tchèque ! ». « On va perdre un temps fou » dit le général. C'est à se tordre. Les trouvailles tout au long du film tiennent du génie, et on est émerveillés par tout ce qui se passe. Aux côtés de Belmondo, on retrouve la splendide Jacqueline Bisset (Bullit, Riches et Célèbres, La Cérémonie) alors au sommet de sa beauté ! Sa prestation est somme toute assez restreinte vis à vis du rôle qu'elle joue, que ce soit en Christine ou en Tatiana, mais sa présence tant elle est magnifique (à l'image du titre du film), est une vraie force pour le film. Vient ensuite Vittorio Caprioli,coproduction Italienne oblige, (La Moutarde me monte au Nez, Salut les Pourris, L'Aile ou la Cuisse) qui fait l'éditeur de François Merlin et Karpov le grand méchant de son livre. La prestation est somme toute remarquable tellement le personnage est ridicule. On en redemande.
Viennent ensuite les seconds rôles qui complètent la distribution, et le film est plutôt bien fourni de ce côté-là : Monique Tarbès dans le rôle de Mme Berger la femme de ménage de Merlin, grande actrice de théâtre et de la télévision en plus du cinéma. Mais aussi Mario David à nouveau, Jean Lefebvre qui avait déjà tournés Les Gendarmes avec De Funès, Hubert Deschamps en vendeur de machines à écrire, immense acteur lui aussi de théâtre et de la télévision. Raymond Gérôme en général Pontaubert, il y a même Philippe De Broca qui apparaît dans son film en faisant l'un des deux plombiers. Si je n'ai pas tellement apprécié L'Homme de Rio et Les Tribulations d'un Chinois en Chine, Le Magnifique est incontestablement pour ma part le meilleur film jamais réalisé par De Broca ! Comme je le disais plus haut, les trouvailles géniales fourmillent tout au long du film et c'est un pur plaisir, par exemple : le simple fait que la réalité de François Merlin empiète régulièrement sur la fiction de Bob Saint-Clar comme la scène de la femme de ménage sur la plage est une merveille. Mieux encore, lorsque par exemple Merlin écrit la scène du rat avec les dents imprégnées de cyanure, et que les personnages de la fiction s'arrêtent se tournent vers la caméra et interrogent l'auteur : tout simplement génial, c'est tout bête, mais il fallait y penser. L'humour omniprésent est également une immense force du film, par exemple lorsque Saint-Clar arrive chez Tatiana et qu'elle lui dit qu'elle a peur de lui, il enlève alors sa veste révélant des pistolets, un poing américain... et lui dit : « mais qu'ai-je donc de si effrayant ? ». Ou encore lorsque François Merlin attend Christine qui doit redescendre le verre et qu'il prépare un super repas avec deux bougies dans des bouteilles et un paquet... de petits Lu ! Ou lorsque Tatiana joue du piano, et qu'elle a la photo idiote de Bob Saint-Clar devant elle.
Le film regorge de ce genre de détails qui n'arrêtent pas de faire sourire, et de trouvailles tout aussi géniales. Belmondo est à fond dans son personnage, il aime ça et ça se voit à l'écran : il n'y a qu'à voir ses gimmicks et sa gestuelle tout au long de celui-ci, comme lorsque par exemple il sort et allume une cigarette. Poussant la caricature dans ses derniers retranchements, l'acteur n'a pas peur de se ridiculiser en permanence pour notre plus grand bonheur. Tout comme d'ailleurs Jaqueline Bisset : elle est extraordinaire et il faut lui rendre cet hommage, la pauvre Tatiana fini dans un état à la fin du film, on ne peut qu'être admiratif devant les efforts de l'actrice. Non content de nous faire rire pendant toute sa durée, le film tourné en grande partie au Mexique nous montre également comme dans les deux précédents Belmondo de De Broca, de superbes paysages dignes de cartes postales. Bref, vous l'aurez compris De Broca réalise ici un film presque parfait ! Presque ? Oui, presque, car malheureusement, tout comme L'Homme de Rio et Les Tribulations d'un Chinois en Chine, le film souffre du même défaut : à savoir parfois d'une latence et d'une inertie incompréhensible, mais ce n'est vraiment pas un handicap pour le film, et De Broca a quand même bien révisé sa copie sur ce point-là, c'est vraiment juste un petit désagrément sans plus. On ne voit pas passer les 1H30 du film. La musique, réalisée une fois de plus par Claude Bolling, qui avait déjà travaillé sur Borsalino signe ici une bande musicale somme toute pas désagréable mais qui est mise en retrait tant on est happé par l'action qui se passe à l'écran. En tous cas, elle colle parfaitement à ce qui se déroule sur le dit écran. Le film sera un succès avec près de 2.9 millions d'entrées, il marchera également très bien en Europe avec plus de 800 milles entrées en Espagne et 1.2 millions d'entrées en Allemagne. Le Magnifique est un film incontournable dans la filmographie de Belmondo, et lorsque vous l'aurez vu, vous aussi vous deviendrez fan de Bob Saint-Clar. Film drôle, amusant, intelligent, et bourré de tendresse, Le Magnifique est grandiose, pratiquement parfait je vous dis !
Anecdotes :
Un remake sera réalisé en 1998, par Marc Angelo. Le film, intitulé Bob Le Magnifique, mettra en vedette pour le rôle-titre : Antoine De Caunes en Bob Saint-Clar, et Clotilde Courau dans le rôle de Christine. ![]() Séquences cultes : Il a été dévoré par un requin dans une cabine téléphonique On va perdre un temps fou Il est pas passé le plombier ? Je crois qu'elle est tombée dans la piscine Les dents sont imprégnées de cyanure ? Comme votre peau va bien avec Bach ! Panari, faut que ça murisse
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L'Héritier (1973)
Résumé : Hugo Cordell, magnat de la presse et de l'industrie de l'acier vient de mourir. Il laisse derrière lui, un seul héritier encore vivant : Bathelemy Cordell. Il revient des états-unis en France pour prendre la succession de son père. À peine est-il arrivé, qu'il demande à un détective de faire une enquête sur la mort accidentelle de son père, et une fille qu'il a rencontré dans l'avion lui monte un sale coup pour le compromettre. Au fil de l'enquête sur la mort de son père, Bathelemy Cordell découvre un complot politique à l'origine de cela et qui met en cause le père de sa femme. Cela concerne également de puissants industriels ayant participés à la machine de guerre nazi pendant la seconde guerre mondiale. Il découvre que son père avait raison, et que Galazzi le père de sa femme, a utilisé sa fille pour pouvoir rentrer dans le groupe Cordell et qu'ensuite celle-ci a continué à l'aider. Bathelemy Cordell va révéler toute l'affaire par l'intermédiaire de son journal, mais alors qu'il va récupérer son fils en Italie, et qu'il va repartir pour la France, il tombe dans un traquenard et est tué.
Critique : Film déstabilisant si tant il en est, à ma première vision de L'Héritier j'ai immédiatement pensé que c'était un film austère, et après l'avoir revu mon opinion reste la même. Néanmoins, tout comme Peur sur la Ville ou encore Le Corps de Mon Ennemi, L'Héritier ne laisse pas de marbre, et dénote dans la filmographie de Belmondo. Réalisé par Philippe Labro (Sans Mobile Apparent, Tout Peut Arriver, L'Alpagueur) d'après son propre scénario, il signe ici un film avec une véritable identité et une ambiance que l'on ne retrouve pas dans beaucoup de films. Cette réalisation très froide, impersonnelle, et pourtant si particulière, est un véritable point fort du film. À film particulier, Belmondo signe lui aussi une prestation que l'on voit rarement, tout dans le sérieux, aucune plaisanterie, une interprétation entièrement dans la justesse du début à la fin du film : il n'y a qu'un mot à dire : parfait ! Belmondo est tout simplement parfait. Il ne surjoue pas, n'en fait pas des caisses, n'est pas un super héros, ou un surhomme comme il a pu l'être dans certains de ses films précédents, son rôle est soigné, austère (je le redis) et tout dans la retenue. Belmondo change ici de registre et réussit une fois de plus à nous convaincre ! Hallucinant !
À ses côtés on retrouve Charles Denner (Peur Sur La Ville, Landru, Toute Une Vie) qui interprète le rôle du meilleur ami de Belmondo : David Loweinstein. Immense acteur, qui je trouve est trop méconnu, il fait partie de cette catégorie d'acteurs qui ont une présence et une classe folle à l'écran ! Il faut le voir dans L'Homme qui Aimait les Femmes, avec sa voix si facilement reconnaissable. Je suis personnellement archi-méga fan de cet acteur et sa composition ici est comme Belmondo : parfaite ! D'ailleurs dans tous ses films, il est rare que Denner soit mauvais, non il ne l'a jamais été en fait. Belmondo retrouvera d'ailleurs Denner dans un autre film qui dénotera dans la filmographie de Bébel : Peur Sur la Ville. De plus, le duo Belmondo-Denner fonctionne à merveille à l'écran, c'est un régal du début à la fin du film. Vient ensuite Jean Rochefort (Cartouche, Nous irons tous au Paradis, Réveillon chez Bob), là aussi : c'est ce qu'on appelle un acteur, comme Denner, Rochefort à sa façon de jouer si personnelle qu'on ne l'oublie pas lorsqu'on le voit dans un film, il complète bien le duo Belmondo-Denner, rien à redire sur lui aussi, et c'est là encore un acteur que j'adore. Pour les rôles féminins, nous avons Carla Gravina (La Grande Pagaille, Sans Mobile Apparent, Les Grands Fusils), actrice Italienne qui incarne Liza Rocquencourt, superbe prestation, il faut voir ses attitudes lors de son altercation avec Belmondo et qu'ils se mettent des gifles à tour de rôle, c'est impressionnant. D'ailleurs à l'écran, on a l'impression que la première gifle donnée par Belmondo est réelle. L'actrice a de plus un charme très particulier, un peu femme garçon manqué qui au final la rend très attachante et très attirante. Vient ensuite Maureen Kerwin (Le Pion, Je Vais Craquer, Besoin d'Amour) qui joue Lauren, la Call Girl, petit rôle mais qui a quand même pas mal d'incidence sur le film, l'actrice a une très jolie plastique et c'est un vrai plaisir à la voir.
Le film est ensuite complété par des seconds rôles comme par exemple François Chaumette le célèbre Boris Williams de Belphégor, Jean Martin que l'on a pu voir dans Mon Nom est Personne, Michel Beaune, Pierre Grasset, Marcel Cuvelier... Labro faisant même une petite apparition dans son film, dans le rôle d'un journaliste, celui habillé en noir à l'hôpital. Par contre, L'Héritier est un film complexe à comprendre et l'intrigue ne se dénoue pas immédiatement ni tout à coup à la fin du film, mais tout au long de celui-ci au fur et à mesure que les minutes passent. Plusieurs séquences entremêlant deux ou trois personnages rendent parfois le film difficile à suivre, mais somme toute au final, c'est assez bien ficelé et vous amènera quoiqu'il arrive au but final sans trop d'encombres. Il n'y pas de temps mort, le film ne traîne pas en longueur, et vous passez réellement un agréable moment ! L'Héritier est un film intelligent, et très bon de surcroît ! Il est incontournable dans la filmographie de Belmondo. La musique de Michel Colombier (Si j'étais un Espion, Le Pacha, Un Flic) apportant un excellent soutient à l'image. Le public répondra présent, et le film fera un bon score d'un peu plus de 2 millions d'entrées. En tous cas moi, je vous conseille de visionner L'Héritier ne serait-ce que pour le duo Belmondo-Denner. À voir et à revoir. Dommage qu'il soit aussi austère, c'est simplement ça qui fait que je ne lui mets pas la note maximale. Mais ce n'est rien de bien méchant et je le répète c'est une vraie force pour le film.
Anecdotes :
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