Saison 3 - Volume 1
Scénario : Frank Fenton. Réalisation : Don Richardson. Résumé : Emmett Ryker arrive à Medecine Bow. Il se voit offrir une place de contremaître par John Hagen. Critique : Nouveau générique pour cette saison 3, avec deux images pour chacun de personnages. Gary Clarke, alias Steve Hill, a disparu tandis que Randy Boone, Roberta Shore et un nouveau, Clu Gulager, se voient promus. Ce premier coffret de 10 épisodes est constitué d’inédits, sous titrés tout spécialement pour la firme Elephant Films. Contre toute attente, Randy Boone en chanteur et cowboy Randy Benton, malgré son immense bévue à la fin de la saison 2, est au générique, alors que Steve Hill/Gary Clarke a disparu. Trampas est amoureux de Janet Hale (Anne Helm) dont le père vient d’être assassiné, par l’ordre de John Hagen (Leslie Nielsen). Trampas jure de le venger, et s’en prendre à Ryker (Clu Gulager), son nouveau contremaître. Curieusement, Ryker se rend auprès du shérif Mark Abbott (toujours interprété par Ross Elliott) qui lui offre une place d’adjoint, plutôt que de se hasarder à devenir propriétaire de ranch. Gulager nous semble d’emblée sympathique et s’impose comme un acteur majeur de la série, ses capacités de comédien dépassant de loin celles de James Drury et Doug McClure. Un recrutement de choix donc pour la série, avec un comédien du niveau de Lee J. Cobb. Ce pilote de la saison 3 est destiné à imposer comme nouveau héros récurrent Clu Gulager en Emmett Ryker. Il s’oppose de façon magistrale au méchant de l’épisode, Hale, qui a voulu l’engager. A la 33e minute, le face à face Trampas-Ryker nous démontre que ce dernier est définitivement accepté dans le camp du bien, des héros. Il est le nouveau justicier admis dans cette série « collégiale ». J’avoue que Clu Gulager m’a épaté. Il a un vrai talent et fait de l’ombre à ses partenaires. Son jeu est subtil. Anne Helm, qui sera plus tard Molly Peters Ryder, la belle sœur de Paul Bryan/Ben Gazzara tout au long de Match contre la vie défend avec éclat le personnage de Janet Hale. Leslie Nielsen en John Hagen est l’incarnation du mal, le salaud, le méchant intégral. Les autres comédiens sont éclipsés au profit de Gulager. Au fil de l’épisode, on en apprend plus sur Ryker : c’est un ancien policier. Le face à face Hagen-Ryker à la 47e minute est déterminant. C’est un peu comme si James Drury s’était fait déposséder de sa propre série. On n’a d’yeux que pour Gulager. A la 56e minute, il devient officiellement adjoint du shérif, et va faire justice. On se régale, mais Gulager prend tellement de place, volant ses scènes à ses partenaires, que l’on a parfois l’impression de ne plus être dans Le Virginien. Dans la dernière partie de l’épisode, Ryker pousse John Hagen aux aveux pour le meurtre d’Ed Hale. C’est un formidable numéro de comédien. Avec Gulager, on se demande comment, désormais on va appréhender James Drury et Doug McClure. Le twist final, humoristique, entre Trampas et Ryker, nous démontre que le virginien reste quand même le héros de la série. Anecdotes :
2. DARK CHALLENGE Histoire de Joseph Hoffman. Adaptation : Joseph Hoffman et True Boardman. Réalisation : Don McDougall. Résumé : Pour séduire une femme, Joan, qui renâcle à le suivre et à quitter le saloon de Medecine Bow, Arnie Hendricks braque une diligence et blesse un homme. Critique : Les passages chantés deviennent désormais rituels et sont assez atroces, Roberta Shoe et Randy Boone étant loin de susciter l’enthousiasme. Ils apparaissent aussi comme une façon de meubler afin d’atteindre les 75 minutes de métrage. L’opus nous propose de retrouver une comédienne de cinéma connue, Katharine Ross. Elle incarne Jenny, la sœur du braqueur Arnie, une femme handicapée que Trampas maladroitement invite en insistant au bal, ce qui provoque la fureur de son père, joué par Victor Jory (qui incarna le père de Joe Mannix). Avec l’attaque de diligence, on rejoint l’un des thèmes fameux du western. En Arnie, le comédien Chris Robinson est sournois à souhait. Une véritable petite frappe. Clu Gulager a trouvé ses marques en adjoint du shérif, tandis que Carl Hendricks (Victor Jory) réalise que son fils est un démon. Tout ceci va contrarier la romance naissante entre Jenny et Trampas. Mais très vite la belle tombe amoureuse du jeune forgeron Wally (Larry Pennell, excellent). Ce qui est gênant dans cet épisode est la différence d’âge entre l’entraîneuse de saloon Joan (Joan O’Brien) et Arnie. Or les comédiens sont sensiblement du même âge, Robinson de 1938 et Joan O’Brien de 1936, mais le premier fait « jeune blanc bec » et la seconde femme mûre. Suite à une dispute entre le couple au saloon, Emmett Ryker commence à avoir des soupçons. C’est lui qui enquête sur l’attaque de la diligence. On retrouve avec plaisir Lee J. Cobb en juge Garth, même si ses scènes sont hélas trop brèves. Carl Hendricks essaie de débaucher Trampas en l’engageant comme régisseur voire associé et en le poussant à quitter le juge et Shiloh. Mais Trampas choisit, sans surprise, de rester avec Garth. Arnie, en voulant protéger son secret, tue accidentellement son père après une visite de Ryker. Dès lors, l’épisode prend une tonalité très dramatique. Cela se termine en procès. Il s’agit de déterminer si c’est un accident ou un meurtre. Arnie tente de faire accuser Trampas. La fin est bâclée mais les scénaristes se sont débrouillés pour nous proposer un happy end, ce qui est un tour de force. Quant à Gulager, en Ryker, il s’est imposé en seulement deux épisodes. Anecdotes :
3. THE STALLION Histoire de Carey Wilber. Adaptation : Carey Wilber et Louis Vittes. Réalisation : Bernard Mc Eveety. Résumé : Un étalon fou tue un cavalier qui a voulu le monter et s’enfuit. Randy récupère le cheval. Il le conduit chez un vétérinaire, Charlie Orwell. Critique : Comme je l’ai dit, Randy Boone, chanteur, se révèle un piètre comédien. Il occupe le premier quart d’heure à lui seul et l’on constate les défaillances de son jeu. Surtout lorsqu’il est confronté à un acteur avéré comme Robert Culp. L’épisode se concentre sur la personnalité bourrue du vétérinaire alcoolique Orwell qui envoie promener la jolie Jody Wingate (Jena Engstrom). Une fois ramené à Shiloh, le cheval, que tente de monter Randy, non seulement le fait tomber mais tente de le tuer. Ce cheval appartient à un certain Slaughter (Don Red Barry) qui lorsqu’il veut le récupérer tente aussi de le tuer. Tel un chien dressé à tuer, ce cheval est une véritable arme. Le juge le rachète 100 dollars pour le libérer de son bourreau Slaughter, et on songe à l’euthanasier. On ne comprend pas trop où veulent nous conduire les scénaristes de cette histoire sans queue ni tête. Randy emmène le cheval tueur au vétérinaire. Bien que toute la distribution soit au rendez vous (Le virginien, Trampas, le juge Garth et sa fille, Randy, l’adjoint du shérif Ryker, ce qui est rare pour un épisode), c’est Randy Boone qui mène, plutôt mal, la barque. Au bout de trente minutes, le spectateur regarde sa montre. A cause du cheval fou, Trampas est blessé et le juge perd 40 bêtes. Nous sommes plus dans le registre de la protection animale que du western. On se demande de temps en temps si l’on est pas en train de regarder une émission de la série 30 millions d’amis ! La suite de l’opus n’est pas meilleure : l’épouse du vétérinaire est partie (première version de son absence) car il s’occupait trop des chevaux, et Randy veut jouer les agents matrimoniaux ayant compris que Jody Wingate est amoureuse de Charlie Orwell. L’étalon noir qui a déjà tué continue de constituer une menace malgré toute la bonne volonté de Randy. A la 59e minute, Orwell avoue à Jody que l’étalon a tué son épouse. Slaughter, encore plus diabolique que son cheval, tente de venir le voler. Orwell reçoit une balle perdue. La fin moraliste est assez difficile à supporter, Randy devant aller chercher du secours en montant l’étalon tueur. Un épisode complètement raté, ni fait ni à faire, que l’on peut zapper sans regret, et dont on comprend que l’ORTF de jadis ait négligé de l’acheter. Anecdotes :
Scénario : Clair Huffaker. Réalisation : Richard L. Bare. Résumé : James Templeton, célèbre reporter, arrive à Shiloh car il veut faire un article sur le juge Garth dont on pense à Washington qu’il ferait un bon sénateur. Betsy, qui se laisse éblouir par ce beau parleur, ne va pas tarder à le regretter. Critique : Les épisodes avec Lee J. Cobb sont souvent réussis. Templeton est interprété par le héros de la série Le Baron Steve Forrest. Dans un premier temps, ce dernier s’emploie à séduire tout le monde à Shiloh. Il dresse un cheval sauvage. L’épisode est une histoire qui commence par nous montrer Betsy dans une situation critique à cause de James Templeton, puis se déroule comme un récit raconté à la manière d’un long flash back. Trampas est agacé par la vantardise du reporter qui se dit ancien de la légion étrangère et tente d’épater la fille du juge. Dans la première partie, si nous pouvons voir de beaux décors naturels, l’épisode est trop bavard. Après que Templeton ait sauvé la vie de Betsy de l’attaque d’un puma, un bal est organisé par le juge en signe de reconnaissance. Templeton montre ses talents de violoniste, puis de valseur. Avec toutes ces mondanités, on oublie parfois que l’on est dans Le virginien. Un certain Ray Harding (Warren Stevens) tente de faire chanter le juge en rouvrant une affaire vieille de onze ans dans lequel le magistrat a tranché. Au bout d’une demi-heure, on comprend que ce ne sera pas un grand épisode. Trampas tente de démontrer à Betsy que le journaliste n’est pas celui qu’il prétend être. A son insu, le virginien embauche une bande de vauriens qui, lorsque le juge veut les jeter dehors, le menacent. Heureusement, le virginien se trouve là au bon moment au bon endroit pour sauver la mise à Garth. Pendant ce temps, malgré une différence d’âge évidente, Templeton fait le joli cœur auprès de Betsy. Forrest était né en 1925 et Roberta Shore, qui est toujours parmi nous, en 1943. Trampas commence à accumuler les preuves qu’il livre au juge montrant que le reporter est un imposteur. Mais le père de Betsy ne l’écoute pas, pensant que Trampas est jaloux. Nous avons droit à une scène père fille entre le juge et Betsy comme dans l’épisode de la saison 1 Woman from White Wing. A la 50e minute, Templeton nous livre son vrai visage : c’est un complice de Ray Harding et il ne cherche qu’à nuire au juge. J’ai trouvé que l’épisode s’éternisait un peu : la bagarre avec Trampas fou de jalousie par exemple est un passage inutile. Avec Harding, Templeton met au point l’enlèvement de Betsy, d’autant plus facile qu’elle ne voit pas le danger et est amoureuse de son bourreau. Au bout d’une heure, le flash back se termine, et nous comprenons ce qui a été révélé en début d’histoire. Mais Templeton se fait doubler (et tuer) par Harding avant que l’équipe de Shiloh ne vienne au secours de la jeune imprudente. L’épilogue entre Garth et fille sombre dans la mièvrerie. Dommage. Anecdotes :
5. FELICITY’S SPRING Scénario : Jean Holloway. Réalisation : Don McDougall. Résumé : Une nouvelle enseignante, Felicity Jones, fait l’unanimité à Medecine Bow. Elle est condamnée à brève échéance par une maladie incurable. Le virginien en tombe amoureux et veut l’épouser. Critique : Gary Clarke ayant décidé de quitter la série après deux saisons, il fait l’une des ses trois dernières apparitions dans Le Virginien. Nous perdons au change (il n’est plus au générique) par rapport au palot Randy Boone. Après le 28e épisode de la saison La saga a voulu se doter d’un épisode romantique, je ne suis pas certain que ce soit une bonne idée. James Drury, excellent dans les scènes d’action, a un jeu limité dans les répliques dramatiques. Katherine Crawford est insupportable de mièvrerie en Felicity Jones, l’institutrice. Elle surjoue en permanence, et le spectateur est vite agacé. Le virginien devient ici un personnage rendu ridicule par un scénario digne de La petite maison dans la prairie.La niaiserie de l’ensemble est aggravée par la présence de Roberta Shue en Betsy. Malgré les beaux paysages, on ne croit pas un instant à cette histoire d’amour qui arrive comme un cheveu dans la soupe. Gary Clarke n’est revenu en Steve Hill que pour jouer les utilités, à croire que son contrat l’obligeait à tourner trois épisodes supplémentaires pour se libérer de ses obligations envers la production.Le père de Felicity et Kate a tué sa femme et s’est suicidé. On se croirait dans un soap opera. Cette histoire de mariage du virginien est d’une telle platitude que le spectateur, jamais ému, en est consterné. L’épisode est parsemé de bavardages interminables, et l’on ne croit jamais aux sentiments de notre héros. James Drury n’est pas aidé par une Katherine Crawford jouant très faux. Nos seuls moments de plaisir dans cet épisode sont de retrouver, lors de scènes bien brèves, Steve. Nous nageons en pleine guimauve, ce qui n’est pas l’objectif d’une série western. Il faut attendre une heure de métrage pour que Kate avoue au virginien que Felicity est atteinte de la même maladie incurable que sa mère, qu’elle l’ignore. Mais Drury ne nous émeut jamais, on lui a donné à jouer un script très faible. L’émotion ne surmonte pas un fatras de bons sentiments. Une musique sirupeuse vient alourdir le tout. On confond ici émotion et sensiblerie. Felicity meurt après avoir dansé une valse avec le virginien, tandis que Kate sa sœur décide de la remplacer comme institutrice. Un opus difficile à supporter jusqu’au bout. Anecdotes :
6. THE BRAZOS KID Scénario : Carey Wilber. Réalisation : Don McDougall. Résumé : Samantha Frye s’est faite renvoyer de tous les journaux d’Amérique pour ses articles fantaisistes. Elle arrive à Medecine Bow et se fait engager au journal local. Critique : Un épisode dynamique dont l’introduction est une suite de scènes de comédie après l’épisode larmoyant précédent. Barbara Eden donne du punch à un opus qui s’annonce comme truculent. Elle incarne la journaliste Samantha Frye. Etre invité à une soirée donnée par le juge Garth n’a rien d’une partie de plaisir, il faut supporter les récitals de Randy. Samantha trouve Medecine Bow et ses nouvelles ennuyeuses. Elle a envie d’inventer pour se faire valoir. Quant au virginien, qui valse avec elle, il s’est vite consolé de sa défunte fiancée de l’opus précédent. A la réception, la journaliste fait la connaissance de Joe Cleary (Skip Homeier) et l’entend parler avec le virginien d’un tueur appelé « Brazos kid ». Samantha commence son enquête auprès du shérif adjoint Ryker. Il commet l’imprudence de lui dire que ce truand est mort noyé, mais que l’on n’a pas retrouvé son corps. L’intrigue alterne entre une action à Chicago et à Medecine Bow. Samantha s’efforce d’entretenir le doute sur la mort de Brazos Kid, et écrit dans un journal de Chicago. Il y a une récompense de 5000 dollars pour la tête de Brazos Kid, ce qui attire à Medecine Bow des tas de chasseurs de prime. Le ton comédie sied mieux à la série que les intrigues lacrymales. Cet opus est là pour le démontrer. Toute bonne comédie n’est pas parfaite sans un zeste de dramaturgie. Brazos Kid, le spectateur le devine à la 30e minute, c’est Joe Cleary. Le virginien consulte le juge qui pense que Cleary ferait mieux d’avouer et de demander à être jugé. En colère, Emmett Ryker explique à Samantha qu’elle n’est pas dans l’est et que sur de stupides malentendus, des hommes se font tuer. Coup de théâtre qui vient illustrer ces dires : un inconnu cherche des noises au virginien qui en état de légitime défense le tue. Le juge Garth apprend ensuite du virginien que Brazos Kid est Cleary, qui mène une vie paisible à Medecine Bow depuis huit ans. Il se trouve que Brazos Kid a sauvé la vie du virginien en lui évitant la noyade. Un détective et un chasseur de prime pensent que le virginien est Brazos Kid. On le voit, les articles de la journaliste ont créé des remous qui ne sont plus du tout risibles. Le personnage de Samantha Frye perd son importance en milieu d’épisode au profit du vrai Brazos Kid et de ceux qui s’acharnent à le trouver. On ne rit plus du tout quand le virginien, traqué, hors de la ville, est blessé par Lou Sebastian ( J.B. Brown). Cleary et Ryker interviennent, mais le tout se termine en tragédie avec la mort du vrai Brazos Kid et de Sebastian. En quittant Medecine Bow, Samantha jure qu’elle vient d’écrire son dernier article, se sentant responsable du drame. L’épilogue, trop bavard, gâche un peu notre joie devant cet épisode qui est presque une réussite parfaite. Cette aventure nous permet d’apprécier encore davantage Clu Gulager, vraiment excellent dans son rôle. Anecdotes :
7. BIG IMAGE… LITTLE MAN Histoire de Frank Chase. Adaptation : Frank Chase et Carey Wilber. Réalisation : William Witney. Résumé : A bord de son train personnel, le riche héritier Paul Leland se montre odieux et tyrannique avec tous ceux qui sont sous sa coupe. Sa maîtresse Kitty, humiliée, le jette du train lors d’une dispute. Il se retrouve en plein désert. Critique : Linden Chiles, habitué des séries des années 60-70, incarne à merveille le tyran déchu Paul Leland. Dès le début, on comprend que l’on a affaire à une histoire bien construite, un script solide, qui doit en toute logique nous livrer un très bon épisode. Le virginien trouve Leland à moitié mort de soif et de chaleur et le soigne. L’épisode nous permet de retrouver Steve Hill (pour son avant-dernière apparition) sans qu’aucune explication de son absence ne nous soit donnée. Leland, capricieux et autoritaire, veut faire ses quatre volontés et use la patience du virginien qui le laisse en plein désert devant son manque de coopération. Mais Steve est chargé de le récupérer pour lui éviter une mort certaine. Milliardaire ou pas, le virginien l’oblige Leland à travailler pour payer son voyage. On se régale de la leçon que la vie donne à cet affreux blanc bec. Il est ainsi confronté au propriétaire d’un relais de diligence, Carter, qu’il a ruiné. Lorsqu’il veut séduire sa fille, c’est à peine si le virginien intervient lorsque le père va le tuer. L’épisode n’est jamais ennuyeux ni répétitif. Les millions de Leland ne valent rien alors qu’il est abandonné dans le désert. Il met un peu de temps à le réaliser. Leland décide de corrompre deux hommes du virginien pour fuir. Pour cela, trois chevaux sont volés. Le virginien les récupère abandonnant le trio. Les trois reviennent penauds, mais en colère, Leland provoque un drame. Dure leçon pour le milliardaire. On s’interroge sur sa rédemption. Confronté à cette situation exceptionnelle, l’enfant gâté qui n’a jamais travaillé de sa vie va devoir réagir. Steve apprend à Leland le métier de bouvier. Le virginien observe tout cela d’un œil un peu narquois. Malgré le happy end, la fin est un peu bâclée, mais l’ensemble demeure un excellent épisode à ne pas manquer. Anecdotes :
8. A FATHER FOR TOBY Histoire de Tom Seller. Adaptation : True Boardman. Réalisation : Alan Crosland Jr. Résumé : Dans un orphelinat, le jeune Toby raconte que son père est un espion. En réalité, il a braqué une banque il y a six ans et vient de sortir de prison. Toby s’enfuit de l’orphelinat et tombe sur Trampas qui l’y ramène. L’enfant fait croire aux autres que son père est Trampas. Critique : Dans le rôle de Toby, c’est un tout jeune Kurt Russell, dont on reconnaît les traits, que nous découvrons. Dès le début, avec la scène où les orphelins méritants récitent des poèmes devant le juge Garth et sa fille, on comprend que les bons sentiments vont affluer. Nous devons d’ailleurs supporter, une véritable torture, un récital de chant de Betsy à Shiloh. Dans cette série, les mauvais épisodes se devinent rapidement. A 30 numéros par saison, il était impossible de produire 30 chefs d’œuvre. L’épisode est bien trop bavard et le téléspectateur décroche vite, surtout qu’on lui répète ce qu’il sait déjà. Cela constitue un artifice pour « faire durer ». L’institutrice qui répète à Trampas, lors d’une réception, toute la situation de Toby, ne nous apprend rien. Evidemment, pendant ce temps-là, on s’ennuie. Kurt Russell fait preuve d’une maturité étonnante et joue très juste, on ne s’étonne pas qu’il ait fait une grande carrière adulte. Dans le rôle du père, Jim Shea, le vétéran Rory Calhoun (Rivière sans retour) fait une prestation sans forcer son talent, c'est-à-dire le minimum syndical. La partie la plus indigeste du métrage est la romance entre Trampas et l’institutrice de l’orphelinat, Ellen (Joanna Moore). La comédienne fait beaucoup plus âgée que Doug McClure alors qu’elle est son aînée d’un an. Dès sa sortie de prison, Jim Shea est harcelé par deux complices qui pensent qu’il a caché le fruit du braquage et veut le récupérer. Ceux-ci le retrouvent à Shiloh où Shea s’est fait embaucher sous le nom de Hansen. On sort un peu de notre torpeur puisque l’intrigue, sur la fin, gagne en intensité dramatique. Les deux complices veulent leur part, 6000 dollars, et kidnappent Toby, le retenant dans une cabane. Stupidement, Shea tente de cambrioler le juge Garth pour obtenir la rançon. Le happy end est un peu forcé. On croit un temps que l’épisode va se terminer en drame. Je n’en dirai pas plus, pour ne pas dévoiler le spoiler final. Anecdotes :
9. THE GIRL FROM YESTERDAY Histoire de Mark Rodgers. Adaptation : Mark Rodgers et Louis Vittes. Réalisation : John Florea. Résumé : Au saloon, Steve a la surprise de voir Jane Carlyle, amie d’enfance qu’il a failli épouser il y a cinq ans à Kansas City. Elle fait désormais partie du terrible gang de Jack Wade. Un marshall, Cass, lui demande de l’aide. Critique : C’est le dernier épisode auquel participe Steve Hill/Gary Clarke que l’on ne reverra plus de toute la série. Le juge Garth le convainc d’aider le marshall Cass (Don Collier) afin de capturer le dangereux Jack Wade (Peter Mark Richman) qui sévit depuis trois ans en toute impunité et a occasionné 27 morts lors de braquages qui ont rapporté 300 000 dollars. Ruta Lee en Jane Carlyle est bigrement séduisante. On comprend que l’ambiance est au drame. Le virginien n’est pas dans le secret du piège tendu par le marshall avec l’aide du juge Garth et de Steve et veut venir en aide à ce dernier qu’il juge perturbé. Comme c’est la dernière apparition de Steve, peu vu depuis le début de cette saison, on peut s’attendre à tout, voire à sa mort à la fin de l’opus. Il se fait passer pour un truand auprès de son ex-maîtresse, préparant l’attaque d’un chargement d’or. Malgré leur rupture, Jane a toujours des sentiments pour Steve. Ce dernier fait un esclandre en public et lance sa démission au juge Garth. L’intensité dramatique s’accroît. Si Steve persuade le marshall de la culpabilité de Jane, elle sera pendue, or il est retombé amoureux d’elle. Peter March Richman est superbe en serpent venimeux Jack Wade, et fait une interprétation absolument époustouflante. Il est aidé par le sinistre Neal Fairburn (Charles Bateman), son âme damnée qui le suit comme un ombre et surveille Steve. Le jour venu, Wade tombe dans le piège mais emmène Steve avec lui. Comme on se doute que cela ne pas être une partie de plaisir mais une traque, on craint vraiment pour sa vie. Wade a tout compris sur le rôle de Steve et après avoir dérobé l’or le fait prisonnier. Il a changé ses plans. Contre toute attente, nous avons un happy end et normalement Steve est censé rentrer à Shiloh. Il y avait matière à finir l’histoire en tragédie, ce qui aurait expliqué l’absence définitive de Steve. Ce n’est pas le choix que fit la production, mais l’opus reste un sans-faute. Anecdotes :
10. RETURN A STRANGER
Histoire de George Slavin. Adaptation : True Boardman. Réalisation : Maury Geraghty. Résumé : Le vieux Charley Ryan exploite une mine dont le minéral, l’argent, n’est pas exploitable. Son fils Craig qui revient au pays après avoir fait, pendant quatre ans, des études de géologue a trouvé le moyen de le raffiner sur place. Pour cela, Charley n’a que trois mois pour faire ses preuves, ayant hypothéqué sa maison et sa mine. Critique : Malgré la présence de Leif Erickson en Charley, on sent dès le début que cet épisode va être ennuyeux au possible. Autant le père est bonhomme et sympathique, autant le fils Craig (Peter Brown) est un jeune blanc bec homme d’affaires sans scrupules et rébarbatif. Il se comporte de façon odieuse, écartant tout le monde, ne voulant être dérangé par personne, refusant le droit au braconnier Sam Elberry ( William Fawcett) de poser ses pièges sur ses terres. L’histoire traîne en longueur, et le téléspectateur tend à sombrer dans une certaine somnolence. Pour comble de malchance, nous avons droit à un duo Randy à la guitare et Betsy au piano lors d’un récital improvisé, Roberta Shore chantant faux. Ces passages sont là pour combler les creux du script. Craig, qui n’a pas revu Betsy depuis quatre ans, la trouve très séduisante. Garth et Charley sont de vieux amis et cela nous vaut la présence de Lee J. Cobb pour tromper l’ennui. A la 48e minute (il ne s’est quasiment rien passé jusque-là !), Randy trouve deux animaux morts près de la rivière. Le juge Garth tente d’en savoir plus, mais toute la mine est clôturée. Les associés de Craig voient d’un mauvais œil les visites du juge et tentent de lui démontrer que l’eau n’est pas contaminée. Or, elle l’est et Craig n’était pas au courant. Il doit choisir entre sauver la mine de son père, la Gloria, ou l’intérêt des paysans de Medecine Bow. En fait, Craig est sous la coupe de son associé, Whit Parsons (Whit Bissell), un véritable gangster prêt à laisser mourir le braconnier Sam qui a bu l’eau de la rivière. Parsons menace Craig qui réussit à le mettre KO au moment où il allait jeter Sam mourant dans un ravin. Il le transporte à Shiloh, mais en vain, Sam est mort. Parsons se révèle le seul méchant de l’histoire. L’épisode, on le croit un temps grâce à l’habileté du réalisateur, se termine en tragédie avec la mort de Craig, et celle que l’on ne pleurera pas du cynique Parsons. C’est en fait le braconnier Sam qu’on enterre, Craig Ryan grièvement blessé assiste aux funérailles hors caméras. Le twist final (spoiler) qui permet un happy end inespéré est un peu tiré par les cheveux. En tout cas, on s’est bien ennuyé devant cet épisode inodore. Anecdotes :
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Saison 2 - Volume 3
Scénario: Al C.Ward. Réalisation : Maurice Geraghty. Résumé : Trampas, qui vient de retrouver un vieux compagnon, Pat Wade, se fait voler sa fiancée par un milliardaire venu de Chicago, Gaynor. Il ignore que Pat Wade est devenu un tueur à gages dont la mission est de tuer Gaynor. Critique : J’aurais mis la note maximale à cet épisode s’il ne devenait pas un peu longuet vers la fin. Deux invités vedettes remarquables dominent la distribution : un Peter Graves anté-Mission Impossible en Robert Gaynor, milliardaire sympathique qui conquiert tout le monde (à part Trampas) et Richard Jaeckel en Pat Wade, l’ancien compagnon de route de Trampas devenu tueur, et qui demeure un peu en retrait par rapport à Graves. L’exposition de l’intrigue est longue mais jamais ennuyeuse. Peter Graves séduit la petite amie de Trampas, mais par son côté humble (pour apprendre le métier de vacher, soit cowboy, il oublie ses millions au vestiaire et joue le jeu), s’attire la sympathie. Tout le monde ou presque est au rendez-vous : Le juge, le virginien, Trampas, Betsy qui nous vaut un abominable moment chanté (gare aux oreilles). Seul Steve manque à l’appel. Toutefois, l’épisode oublie nos héros habituels pour se concentrer sur le personnage du self made man Robert Gaylor, auquel Peter Graves donne un immense potentiel de sympathie. On comprend très vite que l’ami de Trampas n’est pas très clair, il est impossible de savoir ce qu’il a fait les deux dernières années : sombre, taciturne, il est devenu tueur à gages et ses commanditaires, de Chicago, en ont après Gaylor. Jaeckel est trop petit, trop frêle pour être vraiment crédible dans le rôle. Peter Graves a tendance à voler la vedette à tout le monde : il symbolise la réussite d’un jeune homme. Son personnage, à son arrivée, est pressenti comme devant être un vieil homme d’affaires. Graves avait 38 ans en 1964. Il incarne l’Amérique conquérante, le capitalisme flamboyant et naissant. On regrette que Lee J. Cobb (le juge) quitte trop vite l’épisode. L’aspect romance ne sert pas trop Doug McClure, comédien limité dans ce domaine. Il est meilleur dans l’action pure. Jean Hale incarne Janet, que se disputent Trampas et Gaylor, ce dernier avec ses billets verts gagnant la partie en pouvant lui offrir une douce existence d’épouse à Chicago. Dès le départ, le combat était inégal. Je ne me suis pas ennuyé une seconde, le talent de Peter Graves nous faisant totalement oublier Jim Phelps. Les morceaux de bravoure sont légion, mais on a décidé de faire de Gaylor un milliardaire sympathique, et même le Virginien, face à lui, lorsque des problèmes surviennent avec les fermiers, ne parvient pas à nous rendre le riche magnat déplaisant. Il est curieux que la France ait zappé l’achat de cet épisode qui en vaut bien d’autres doublés en français. Les nombreux rebondissements font de l’opus une réussite, si ce n’est une fin un peu bâclée et quelques longueurs. Un épisode que je recommande pour tous les fans de Peter Graves, particulièrement brillant. Anecdotes :
22. LE SOURIRE DU DRAGON Histoire de Borden Chase. Adaptation : Cy Chermak et Don Ingalls. Réalisation : Andrew V. Mc Laglen. Résumé : Laissé pour mort lors d’une attaque de diligence, Trampas est pris pour l’un des agresseurs. Un shérif est absolument décidé à retrouver notre héros et à le tuer sans lui laisser le temps de s’expliquer. Trampas en fuite est aidé par une jeune chinoise, une marginale. Critique : Le problème de cet épisode est son intrigue linéaire et parfois un peu lassante. Dans cet épisode n’interviennent que trois des protagonistes de la série : Trampas, Steve et (pour une brève séquence) Betsy, la fille du juge. L’épisode appartient au pur genre western, même si l’identité du complice des brigands le ferait s’approcher du genre policier. Ce n’est que sur le tard, par un twist, que l’on comprend que l’un des principaux protagonistes est le fameux complice.
Doug McClure et Gary Clarke se partagent l’épisode. La mise en scène est assurée par Andrew Victor Mc Laglen qui fera une belle carrière au cinéma (Les oies sauvages, avec Richard Burton et Roger Moore, Le grand Mc Lintock) mais je n’ai pas retrouvé dans ce téléfilm sa maîtrise et son art. La mise en scène est probablement handicapée par un script peu inventif, très conventionnel. Le personnage de la chinoise, Kim Ho, apporte un peu de fraîcheur à l’ensemble. Elle et son père (blessé) ne sont pas dans les bonnes grâces du shérif. Mais très vite, la comédienne qui incarne le rôle saborde cet aspect par son manque de conviction. L’épisode se scinde nettement en deux parties : avant et après l’arrivée de Steve, prévenu par un télégramme à Shiloh de la mort de Trampas (à la 25e minute). Un Trampas qui est mort et enterré lorsqu’il arrive, du moins le croit-il (ou le lui fait on croire). Nous sommes alors à la 41e minute et Steve « prend la main ». Le personnage du shérif Marden est desservi par un Richard Carlson au jeu monolithique. Son obstination envers Trampas le fait parfois ressembler au lieutenant Gerard dans Le fugitif. Avec le talent de Barry Morse en moins.
Les thèmes abordés sont du pur western, comme le lynchage auquel est promis Trampas (il y échappera, évidemment). Les deux personnages chinois sont assez caricaturaux, et représentatifs de la vision des téléspectateurs américains de 1964. Aucune subtilité, on bat le rappel de tous les poncifs sur les asiatiques. J’ai trouvé que Gary Clarke dominait la distribution. Les autres acteurs (Doug McClure en tête) paraissent stéréotypés. Le comédien, dès qu’il sort des scènes d’action, peine à convaincre. L’arrivée trop tardive de Steve dans le métrage nuit à la qualité d’un script pourtant écrit à trois mains.
On apprécie les décors, et ceux-ci sont entièrement en extérieurs, un des atouts du Virginien. Les scènes nocturnes par contre sont ratées, montrant de toute évidence les limites du budget (tournage en studio). On trouve aussi très dépassé le discours sur le racisme anti chinois, le sujet n’étant abordé qu’à la surface des choses, superficiellement. Le but de la série est de nous distraire et lorsqu’elle s’aventure sur le terrain idéologique, on s’ennuie ferme. Tout cela n’est pas arrangé par la comédienne Miyoshi Umeki qui joue particulièrement faux. Ses longues tirades avec Doug McClure sont ennuyeuses.
Constitué du début à la fin d’une longue poursuite entre le shérif et Trampas, avec un Steve Hill qui vient mettre des bâtons dans les roues à une machination, ce film fait passer un moment agréable mais pas inoubliable. Il aurait fallu 50 minutes pour narrer l’histoire, et en l’étirant à 75, on sent les moments inutiles de « remplissages ». Anecdotes :
23. LA CONFÉRENCE Scénario : Dean Riesner. Réalisation : Charles Rondeau. Résumé : Eddie Tighe, jeune journaliste de Chicago, vient rendre visite à Betsy. Cela n’est pas du goût de son père le juge Garth qui prépare une conférence et attend des visiteurs. Il veut organiser la paix avec les indiens. Critique : Eddie Tighe (David Macklin) n’est pas bien accueilli à Shiloh. Les ouvriers du virginien le considèrent comme un jeune blanc bec de la ville. Un témoin à un procès, Mark Troxel (Darren Mc Gavin) surgit du passé du juge. Il fait du trafic d’armes avec les indiens et veut saboter la conférence de paix du juge entre les autorités et les indiens.
L’épisode commence mieux qu’il ne continue. La prise d’otages est bien trop longue. Troxel a un homme de main dont le nom n’est jamais cité (David Carradine). Au bout de 45 minutes, il ne s’est quasiment rien passé côté action, ce qui est inhabituel pour un western. En fait, on s’attarde trop sur les moqueries envers le citadin (Eddie) prétendant de Betsy, de la part des hommes de Shiloh, pour ensuite laisser de la place au complot ourdi par Troxel qui ne veut surtout pas que la guerre avec les indiens cesse.
Troxel en veut au juge d’avoir fait pendre un innocent, le frère de Bear Bristow (Mickey Simpson), un des hommes de Troxel. Le virginien a été grièvement blessé, et Troxel refuse qu’un docteur intervienne. On comprend que le jeune Eddie va devoir montrer qu’il est un homme étant le seul à pouvoir sauver la situation. Mais c’est sans doute présumer de ses forces.
Le juge finit par se souvenir du procès où Joe Bristow fut jugé coupable et pendu. L’affaire remonte à six ans. Garth sème la zizanie en démontrant à Bear Bristow que l’assassin de la petite amie de son frère est Troxel ! C’est ainsi que la prise d’otages se dénoue. Episode plus policier que western, et bien trop bavard. On attend autre chose du Virginien. Finalement, le jeune Eddie sauve tout le monde après que Troxel et Bristow se soient entretués. Tout cela est trop prévisible, et mérite à peine deux étoiles, malgré les moyens mis en œuvre, la couleur, les beaux paysages. La fin est bâclée pour tout ce qui concerne la conférence.
Anecdotes :
24. QUI EST MATHIEU RAYNE ? Scénario : Frank Chase. Réalisation : R.G. Springsteen Résumé : Un jeune protégé du virginien, Dan Grant, est abattu lors d’un hold-up. Le virginien se lance sur la trace des assassins dans le Montana. Ils sont trois, Toliver, Bouffi et un mystérieux Mathieu Rayne, l’homme qui a tué Dan. Critique : Cette fois, c’est du western, du vrai. Le virginien veut retrouver l’homme qui a tué un tout jeune homme de ses amis. La vengeance est un argument classique dans le genre western. Le fil qui permet à notre héros de retrouver la trace des trois hommes du holdup auprès d’un vendeur de chevaux.
James Drury est particulièrement convaincant dans cet opus. Son personnage se rend dans la ville de Concho. Il assiste à une partie de poker. L’homme qu’il recherche est un certain « bouffi », le seul du trio dont il connaisse le nom. Bien que tout soit tourné aux studios Universal, on a l’impression de parcourir les grandes plaines du far West. Encore une fois, la série mélange policier et western, mais ici pour le meilleur.
A la 23e minute (sur 72), le virginien a marqué bien des points, s’étant allié au shérif de Concho. Il a arrêté sur deux des trois cambrioleurs, Bouffi et Toliver, l’autre étant un certain Mathieu Rayne. A la vengeance, le virginien est contraint de choisir la justice. Le meurtrier s’appelle Mathieu Rayne, et est hors de la juridiction du shérif de Concho. Notre contremaître doit s’engager à ne pas le tuer (si possible) et à la ramener à Medecine Bow pour qu’il soit jugé (et pendu évidemment).
Sur son chemin, le virginien fait la connaissance de Karen Anders (Sheree North), mère du jeune Tim. Atteinte de la fièvre, le virginien lui vient en aide. Le mari, Tom (John Agar) est absent. On se demande pourquoi le virginien pense que Mathieu Rayne et Tom Anders ne font qu’un.
Nous avons droit à la séquence du jeune garçon, Tim (Dennis Holmes) qui fait son apprentissage de la vie de fermier et d’homme. La pause chez Karen Anders se prolonge plus longtemps que prévu. Celle-ci fait des confidences, son mariage bat de l’aile. Le virginien comprend que Tom est certainement l’assassin de Dan Grant.
Trois indiens surviennent chez les Anders. Heureusement, le virginien était resté dans les parages. La série ne pourrait plus être programmée aujourd’hui, complètement en déphasage avec le politiquement correct. Les indiens sont des sauvages, les femmes bonnes pour faire la vaisselle. Les indiens sont vite de retour pour piller et tuer et le seul dialogue avec eux est la loi des armes. Le virginien en tue un lors du retour du trio, les deux autres s’échappant.
A la 58e minute, on a droit à la scène du baiser avec Karen. Puis, c’est le retour de Tom. La tension monte. Ce dernier se sert lâchement de Karen et de son fils pour échapper au virginien. Ne voulant pas abattre le tueur devant sa famille, le virginien s’en va. Cela ne suffit pas à l’assassin qui veut réduire au silence le témoin gênant et y perd la vie. Cette fin a des allures de tragédie grecque. Un des sommets de la série depuis le pilote.
Anecdotes :
25. TISSU DE MENSONGES Scénario : Les Crutchfield. Réalisation : Hershel Daugherty. Résumé : Steve Hill, contre l’avis de ses amis, accepte de travailler pour Alma Lowell qui vient d’acheter un ranch. Critique : Steve travaille en temps normal pour le juge Garth. Dans cet épisode, mal lui en prend d’accepter de devenir le régisseur d’Alma Lowell (Diana Milley). Pour lui, c’est pourtant une promotion, par rapport à l’emploi tenu à Shiloh. On comprend vite que Steve est sous le charme de la belle Alma. Mais les hommes ne rendent pas la vie facile au nouveau régisseur. La fille du juge Garth, Betsy, est furieuse de son départ.
Betsy voit un homme (que nous avons vu dans le pré générique) qui veut la tuer. Elle en parle à Steve, mais refuse de prévenir le shérif. Jess Carver (Peter Breck de La grande vallée) lorsqu’il retrouve Alma a affaire à une personne différente, une menteuse, qui le dresse contre Steve dont elle veut se débarrasser. Elle déclare à son ancien amant que Steve lui a volé ses titres de propriété. Parfaite garce, elle raconte ensuite une autre version à Steve pour qu’il tue Jess.
Les hommes qui préfèrent les blondes risquent de changer d’avis après avoir vu cet épisode. Alma tire sur Jess, qui blessé veut se défendre et est abattu par notre bon samaritain Steve Hill. Le shérif Mark Abbott croit à la version de Steve. Mais ce dernier a des soupçons. Il pense avoir été manipulé.
Steve vient demander des conseils au Virginien. Il lui explique la machination dans laquelle l’a plongé Alma. Il finit par dire ses quatre vérités à cette dernière. Steve veut s’en remettre à la justice. Alma ment ensuite effrontément pour enfoncer Steve. Un procès va avoir lieu. Deux avocats vont s’affronter. On ne sent pas la tension dramatique à laquelle on devrait s’attendre. Pourtant, Steve est arrêté, jeté en prison et risque être pendu.
Les américains adorent les procès, et nous avons droit à une audience dans cet épisode. L’avocat de Steve démontre que Jess Carver a cambriolé une banque, et qu’Alma était son épouse et sa complice. Bard Arden, le faux témoin, a chargé Steve. L’avocat Ebberly Packis (Paul Fix) le manipule devant le juge. Il revient sur sa déposition. La victoire est trop facile. On s’attendait à plus de suspense. Steve reprend sa place au ranch Shiloh, mais l’on n’assiste pas à la punition de la criminelle et la fin est bâclée. Dommage.
Anecdotes :
26. LE SECRET DE BRYNMAR HALL Scénario : Herman Groves. Réalisation : Robert Totten. Résumé : Betsy est conduite par Randy Benton dans une pension où tous deux se retrouvent coincés par la tempête. La fille de leur hôte est morte dans un incendie deux ans auparavant. Très vite, quelques jeunes gens invités avec eux se demandent dans quelle galère ils se sont mis, tant l’endroit recèle de mystère. Critique : Cette série se révèle vraiment une anthologie, puisque cet épisode ne relève pas du western. Des personnes qui se retrouvent cloitrées malgré elle dans un endroit maléfique constituent une pure intrigue de mystère aux limites du fantastique. On ressent une atmosphère stressante, qui rappelle parfois les whodunit d’Agatha Christie.
Particularité de cet opus, la plupart des vedettes manquent à l’appel : le juge Garth, le virginien, Trampas, Steve Hill, la fille du juge, Betsy ayant jusque-là tenu un rôle de second plan. C’est la première fois qu’elle est seule en haut de l’affiche d’un épisode. L’endroit est sinistre et l’on se croirait dans un film de la Hammer. Tous les amis de la défunte Mildred sont présents, pour le second anniversaire de sa mort. Ceux-là même qui étaient là lors de l’incendie (en dehors de Randy).
Avec La liste dans la saison 6 et que l’ORTF programma en 1973 un samedi soir l’été, on avait déjà une histoire qui fasse peur et s’écarte complètement du western. Plus on avance dans le film, plus on est scotché par l’angoisse dans notre fauteuil. Les éclairs, le tonnerre, les bruits bizarres et inexpliqués, les toiles d’araignée dans la chambre de Mildred, tous les ingrédients du film d’épouvante sont là. Chacun des invités est en danger. La chute d’un lustre manque tuer quelqu’un.
A la 25e minute, Sarah Brynmar (Jane Wyatt) fait son apparition dans un fauteuil roulant pour accueillir ses invités. L’atmosphère est lugubre, avec la présence de la défunte Mildred parmi les esprits des invités. Ce qui manque à l’opus est tout de même l’un des héros de la série, Randy n’étant pas du tout à la hauteur. Sarah offre à chacun des invités un objet macabre ravagé par le feu, carbonisé, par exemple un livre ou une poupée. Pour Sarah, l’auteur du drame, le responsable, est l’un de ceux qui sont invités et il s’agit d’un traquenard.
Par certains côtés, cet épisode rappelle le film Marie Octobre de Julien Duvivier avec Danielle Darrieux. Betsy se rend compte que Sarah Brynmar a perdu la raison. Elle s’en prend à Jenny (Brooke Bundy) qu’elle accuse d’avoir provoqué la mort de sa fille en l’aidant le soir fatal à fuir avec un garçon. Quelqu’un assomme Randy, puis Jenny. Paul Martinson, devenu révérend (Tom Skerritt) est lui aussi menacé. Jenny avait rendez-vous avec Mildred le soir fatal dans la cave, et elle y a oublié une lampe à pétrole. Elle craint d’être accusée de la mort de la jeune femme.
Le révérend Paul était celui avec lequel Mildred voulait s’enfuir. Elle détestait sa mère (on la comprend !). Le spoiler final nous glace les sangs. La mère, qui n’est pas handicapée et leurre tout le monde avec son fauteuil, a mis le feu pour tuer sa fille. Devenue folle, elle confond Betsy avec Mildred. La fin relève du pur film d’épouvante.
Anecdotes :
27. THE LONG QUEST Scénario : Carey Wilber. Réalisation : Richard L. Bare. Résumé : Le virginien s’est lié de sympathie avec un jeune enfant qui est en fait adopté par Mary Ann Martin, dont la maison est cambriolée. Par hasard à la gare, il rencontre l’actrice Judith Holly, venue avec l’aide d’un détective, récupérer son enfant. Critique : Une actrice qui veut récupérer son enfant (biologique) qu’elle n’a pas vu depuis douze ans est au centre de la trame dramatique de cet épisode. Après le film d’épouvante constitué par l’épisode précédent, la série continue avec un drame de l’adoption. Mary Ann Martin (Patricia Breslin) est la mère adoptive, une femme simple et dévouée. Le shérif vient lui remettre une injonction pour obtenir la garde de Crickett (Casey Peters). La mère naturelle, riche et célèbre, Judith Holly (Ruta Lee), veut récupérer un enfant dont elle ne s’est guère occupée. Elle se paie le meilleur avocat de Medecine Bow, ainsi que le détective Corbett (Joseph Campanella). Mais Mary-Ann est victime d’un accident sur son chariot, d’un grave accident, suite à la rupture d’une roue. Grièvement blessée, elle avoue au virginien qu’elle était en train de fuir avec Crickett. Nous sommes en plein drame familial et judiciaire, encore une façon pour la série d’échapper aux classiques intrigues de western qui à 30 épisodes par saison lasseraient le spectateur.
Dans la distribution, on remarque un Joseph Campanella toujours excellent en détective au service de la mère biologique. Corbett, lors du cambriolage, a volé une bible à Mary Ann que le virginien entend bien récupérer. Corbett tente de l’intimider avec un pistolet, lui faisant croire qu’il dira avoir tué le virginien en le prenant pour un cambrioleur. Un des grands moments de l’épisode est la bagarre entre Corbett et notre héros qui le met KO.
Ruta lee en Judith est fort séduisante, mais cela n’impressionne pas le héros (on a délibérément choisi une actrice au physique plus commun et ingrat pour jouer la mère adoptive), Patricia Breslin. La suite de l’épisode se perd un peu en bavardages entre le virginien et Mary Ann, qu’il tente de convaincre d’abandonner sa requête. Il organise une confrontation entre Judith et Mary Ann sous les yeux de l’enfant. Le face à face mère adoptive mère naturelle est le point d’orgue de l’épisode.
Mais de cette confrontation résulte une violente dispute et la chose sera réglée au tribunal. James Drury n’est pas très à l’aise en quittant la veste de contremaître de Shiloh pour jouer les médiateurs familiaux.
J’ai trouvé que Joseph Campanella dominait la distribution. Ruta Lee et Patricia Breslin tombent parfois dans la caricature, jouant de façon un peu trop appuyé leurs personnages. En fait, Ruta Lee est peu crédible en mère et plus convaincante en séductrice. C’est assez flagrant dans la scène qui oppose la vraie mère au fils, le jeune Casey Peters cabotine, tandis que Ruta Lee semble avoir du mal à lui donner la réplique.
Un épisode qui aurait eu toute sa place dans La petite maison dans la prairie. De la distribution habituelle ne demeurent que le virginien, Betsy et Randy Benton. On s’étonne que le juge Garth n’intervienne pas dans l’opus, Lee J. Cobb étant de loin le meilleur comédien de la série et parfaitement à l’aise en magistrat. Au tribunal, les motivations bien odieuses de la mère pour récupérer Crickett (un héritage dont seul peut bénéficier l’enfant) seront déterminantes. Mais, comme dans Kramer contre Kramer, la gagnante (la mère biologique) se repent et avoue qu’elle usurpe l’identité de Judith morte depuis trois ans. Tout cela n’était qu’une escroquerie. Les bons sentiments triomphent au moment où l’on croyait que la cause était perdue. On s’étonne par contre que les escrocs (Judith et Corbett) ne soient pas inquiétés par la justice, au détriment de toute vraisemblance. On apprend dans les dernières minutes (spoiler) qui est vraiment Judith, ce que je ne révèlerai pas. Anecdotes :
28. A BRIDE FOR LARS Scénario : True Boardman. Réalisation : Earl Bellamy. Résumé : Un propriétaire de ranch suédois, d’âge mûr, Lars Holdstrom, a choisi d’épouser une jeune femme de 20 ans, Katya Swenson. Mais il est victime d’un accident et sa promise s’enfuit. Il demande à Trampas de se rendre à Laramie retrouver la jeune femme. Trampas se retrouve là-bas devant trois sœurs Swenson. Critique : Cet épisode est une franche comédie. Si dans les premières images, nous voyons James Drury et Gary Clarke, c’est en fait Doug McClure en Trampas qui se coltine ce script mal fagoté. Dans le rôle d’Anna Swanson, qui se fait passer pour sa sœur Kathya, Katherine Crawford s’en tire mieux, avec ses airs espiègles, qu’un Doug McClure qui ne trouve jamais le ton juste en Trampas, assez emprunté. Ce n’est pas la faute du comédien mais du scénariste qui a mélangé les fils d’une comédie avec une intrigue d’indiens assez dangereux qui donnent un ensemble mal équilibré. On se lasse vite du beau visage de Katherine Crawford car le métrage dure 72 minutes. Et le scénario se perd en bavardages inutiles. C’est un long dialogue entre Trampas et Anna. On imagine mal cette dernière avec le vieux Lars en tant qu’épouse. Le réalisateur exagère avec les scènes nocturnes, qui sentent le studio à plein nez, alors que l’avantage de la série est le décor naturel. Les apparitions des indiens qui suivent le couple constituent un suspense en pointillé. Mais celui-ci est désamorcé par la connivence entre Anna et les indiens. Même en étant indulgent, on finit par s’ennuyer. Anna cherche en permanence à duper Trampas. On ne peut lui en vouloir, épouser un vieil homme pour elle n’est pas des plus enthousiasmants.
Lorsqu’Anna se lave dans une rivière, et semble prendre beaucoup de plaisir à narguer Trampas, ce dernier se retrouve dans une situation ridicule. Il veut empêcher des cowboys de traverser la rivière. Anna se met à négocier avec le leader, Harkness (Stewart Bradley) pour acheter un cheval. Anna commet l’imprudence de montrer qu’elle a beaucoup d’argent sur elle, environ mille dollars, et Harkness et ses hommes ont l’idée de tendre une embuscade. Nous sommes sans arrêt entre suspense éventé et comédie. Cela devient lassant. Ainsi, lorsque les indiens, tout comme les hommes de Harkness, deviennent menaçants, on n’y croit plus. La fin se veut du plus haut comique, Harkness étant là pour protéger Anna pour le compte de Lars, tout comme les indiens. A force de retournements de situations, on n’y croit plus. La bagarre finale entre le prétendant d’Anna et Trampas relève de la comédie burlesque. Anna révèle au vieux Lars qu’elle n’est pas Katya. En guises de noces de Lars, nous assistons à celles de Sven Norstrund (Ricks Falk) et d’Anna. Je me suis franchement ennuyé pendant cet opus que je ne recommande pas. Un épisode fait pour atteindre les 30 numéros de la saison 2. Le virginien et Steve ne réapparaissent qu’au final.
Anecdotes :
29. LA SAUVAGEONNE Scénario : Frank Chase. Réalisation : Don McDougall. Résumé : Steve Hill et Randy Benton, sur la piste de voleurs de chevaux, sont obligés d’abattre un homme. Randy capture une jeune femme, Billy Jo Conrad, la fille du voleur. Critique : Après la farce de l’opus précédent, cet épisode s’annonce d’emblée dramatique. Billy Jo, qui a 17 ans, me fait penser à Annunciata Vidal, la sauvageonne de La princesse du rail, jouée par Muriel Baptiste. Une fois de plus, le juge Garth manque à l’appel. On le regrette pour Lee J. Cobb. Billy Jo est confiée au ranch Shiloh dans l’attente du jugement de son père. Elle est interprétée par l’actrice Brenda Scott. Les passages chantés par Randy n’étaient pas indispensables. Ils cassent le rythme dramatique de l’intrigue. Surtout qu’après une sérénade country, il risque sa vie en montant un cheval indomptable. Il aurait mieux fait de s’abstenir, il est gravement blessé.
Pour quelqu’un dont on vient de tuer le père, Billy Jo a le chagrin bref, en particulier en présence de Steve et du virginien. Le diagnostic du médecin pour la chute de Randy est sévère : lésion de l’épine dorsale, Randy risque de rester paralysé. Cela rajoute de la gravité au prologue dramatique. Mais dans l’aventure, le personnage prend de l’épaisseur : de chanteur gnan gnan , il devient un potentiel handicapé. Billy Jo est chargé de s’occuper de Randy. Sa difficile rééducation est le principal fil scénaristique de l’épisode.
Aucun humour ne s’insère dans l’épisode. Billy Jo se partage entre visites à la prison où croupit son père dans l’attente de son jugement et rééducation du cowboy chanteur. Bien évidemment, on finit par s’inquiéter : Randy remarchera-t-il un jour ? Billy Jo à son contact s’humanise. Le personnage de sauvageonne est écrit comme celui de la petite gitane Annunciata dans la série d’Henri Spade.
Randy se montre hostile envers Billy Jo. Mauvais malade, mais il a des excuses, il crée une tension entre eux. Frank Chase a écrit un très bon scénario, dont on devine qu’il va se terminer mal. En effet, Billy Jo tombe amoureuse de Randy. Elle est victime de la nature mauvaise de son voleur de père, comme l’était Annunciata avec son paternel dément dans La princesse du rail. Elle a promis (Billy Jo) de l’aider à s’évader. Dans la scène du bal, Randy se trouve frustré, coincé dans un fauteuil. Le virginien comprend que Billy Jo aide son père. En réalité, elle lui a procuré une arme. Pendant que le bal se poursuit, le drame se noue au bureau du shérif. Un véritable amour, impossible, semble se nouer entre Billy Jo et Randy. La fille provoque la mort du père. L’épisode se termine avec une incertitude sur le sort de Randy, qui marche avec des béquilles, et des adieux déchirants dans une gare. Anecdotes :
30. ON RECHERCHE
Scénario : Dean Riesner. Réalisation : William Witney. A noter: Lors de sa diffusion française, écourtée, une partie de l’épisode ne fut pas doublée. Résumé : Au cours d’une promenade, Betsy et Randy trouvent une grotte. Ils y trouvent un trésor en pièces d’or… et un squelette. Critique : On alterne sous titres français et une bande son française abîmée. Aucune allusion à l’épisode précédent et à l’accident de Randy qui gambade sur ses deux jambes. Cela constitue une différence avec les séries/feuilleton d’aujourd’hui. On est bien déçu pour la dernière de cette saison 2 de l’absence du juge Garth. Dans cette série collégiale, il apparaît de moins en moins.
Randy Benton se trouve un ami de son demi-frère, le mystérieux Johnny Kane (Jeremy Slate), venu se faire engager comme ouvrier au ranch Shiloh. On se demande si ce n’est pas le demi-frère de Randy. On a bien raison, puisque c’est le cas, Johnny l’avoue à la 14e minute. Il est en fait un bandit en fuite. Et même un meurtrier, malgré ses dénégations à son frère. Un membre du gouvernement, représentant des finances, Duggan (Dick Foran) vient passer un moment au ranch pour chercher des traces d’un trésor volé. La scène du saloon paraît assez longue. La chanteuse Donna Durrell (Merry Anders ) connaît Johnny. C’est sa maîtresse et sa complice.
Cet épisode est doté d’un suspense constant. Steve Hill comprend que Johnny est le frère de Randy, son visage lui étant familier.Johnny se fait vite adopter en ville. Medecine Bow est une petite bourgade. Mais Randy commence à se méfier de ce frère tombé du ciel qui lui cache des choses. Steve Hill montre au virginien que Johnny s’appelle Benton et est recherché pour meurtre, il lui procure une affiche avec son nom et sa photo. Précisément, au même moment, Johnny assassine Duggan. Le virginien qui semble tout deviner à l’avance se rend à la recherche de Benton et de Randy.
Randy se trouve dans une situation impossible, ce qui en 30e épisode de la saison laisse penser que l’on ne retrouvera pas le personnage la saison suivante. Il doit choisir entre son frère et le virginien. La fin est aussi dramatique qu’une tragédie grecque. Un film à ne pas voir un jour de blues. Tandis que cette saison 2 s’achève, les téléspectateurs de 1964 ont dû se demander si à la rentrée, Randy Boone serait toujours dans la série.
Anecdotes :
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Saison 2 - Volune 2
Scénario : John Hawkins. Réalisation : Bernard McEveety Résumé : Le virginien veut inviter à danser Molly, qui tient la Gazette de Medecine Bow. Elle dénonce par ses articles les agissements d’une bande organisée. En mesure de retorsion, Molly est tuée. Le virginien parti pour la venger retrouve la bande et l’infiltre au moment où elle prépare un gros coup. Critique : Première disparition d’un personnage récurrent, Molly, la journaliste, qu’incarnait dans la saison 1 Pippa Scott. Molly était apparue dans six épisodes, et ici, le juge Garth insinue que notre héros le virginien pourrait bien convoler en justes noces. Raison de plus pour la tuer, le héros ne pouvant être lié sentimentalement (un peu le même raisonnement que pour la mort de Tracy Draco dans le James BondAu service secret de Sa Majesté). D’ailleurs, la comédienne n’est même pas conviée à l’épisode. Lorsque l’épisode fut diffusé, Pippa venait de tourner au cinéma Mes six amours et mon chien et participait à un épisode de la série inédite en France Redigo. Si Molly est un personnage crucial de l’intrigue, la production n’a pas jugé bon de la faire revenir pour que le spectateur assiste à sa mort. Le scénario est astucieux, car John Hawkins n’aurait pu nous tenir en haleine pendant 1h 15 sur une vendetta. Il imagine donc une attaque planifiée par un colonel de l’armée, un renégat, Calhoun (Robert Lansing). Le plan qu’il a mis au point aurait nécessité, pour sa mise en œuvre, un budget supérieur à un épisode du Virginien. Attaque d’un convoi ferroviaire chargé d’or, dynamitage et envoi de l’ensemble du train dans un ravin après une chute d’un pont de la hauteur de On va donc se servir de ce canevas sans le montrer, et Le Virginien plus qu’une histoire de vengeance raconte celle de l’infiltration du héros dans le gang, à la manière de Un flic dans la mafia. Le scénario mélange donc trois genres : le western, le policier et le suspense, car à tout moment, le virginien, pris pour un prisonnier évadé, et le shérif Troy (David McLean) risquent être démasqués. Troy s’est lui aussi trouvé par hasard entre les mains des gangsters et leur a fait croire qu’il était un prisonnier évadé. Plus que Robert Lansing, pompeux en colonel amer et aigri, ce sont ses acolytes qui valent le détour : ainsi le sadique Jasper Horn (John Milford, le Carver du pilote des envahisseurs : première preuve), Sandy Kenyon en professeur alcoolique (Mac Arthur, le général rebelle et des apparitions dans Les envahisseurs, Cannon, Les rues de San Francisco), Steve Ihnat (disparu jeune, vu au cinéma dans Police sur la ville, F comme Flint, Sept secondes en enfer et un Mannix mémorable : Immeuble insalubre). On oublie la vendetta pour se consacrer au suspense : le virginien et le shérif Troy vont-ils être percés à jour, pourront-ils empêcher le massacre que prévoit le colonel Calhoun, puisque le convoi d’or se trouvera dans un train de voyageurs ? Mille fois, ils manquent se trahir. On pardonnera à Robert Lansing de manquer un peu de conviction en « grand chef » (Milford lui pique souvent la place avec son personnage sadique). Dans l’opus, le juge Garth et Steve se contentent de faire de la figuration, quelques scènes, tandis que Trampas est aux abonnés absents. La fin est un peu tirée par les cheveux, permettant – ce ne sera pas un spoiler – au virginien de l’emporter, sans lui, il n’y aurait plus de série. On passe un excellent moment, à mi chemin entre western et film à suspense. Quatre étoiles largement méritées et pas une minute d’ennui. Et si vous doutiez qu’un homme seul, en l’occurrence le virginien, peut venir à bout de toute une bande de tueurs dangereux, regardez cet épisode. Anecdotes :
12. L'HEURE DU SOUVENIR Scénario : Peter Germano. Réalisation : William Witney. Résumé : Le juge Garth retrouve une vieille amie, en la personne d’une chanteuse d’opéra, Helen Haldeman dite Elena, venue se produire à Medecine Bow. Critique : Il faut avouer que le début de l’épisode est assez ennuyeux, il ne s’y passe pas grand-chose. Le juge Garth retrouve une amie d’enfance. On devine qu’il en est amoureux. Les numéros chantés Plaisir d’amour puis des airs d’opéra nous font passer vingt minutes. Betsy revient au premier plan (alors que le virginien est absent, et Trampas et Steve ne font que de la configuration). Lentement mais sûrement, le téléspectateur se sent gagner par une certaine torpeur. C’est assez inhabituel dans la série. On a le sentiment d’une succession de scènes d’exposition alors que l’on a déjà tout compris. Les décors sont certes somptueux en couleur, mais le réalisateur en use et en abuse. L’action commence véritablement avec l’homme que tue Elena. Un inconnu arrivé en ville après les représentations, et venu la menacer, Carl Elston. Le shérif Abbott n’entend pas en rester là et mène son enquête. On déchante vite, car l’effet de surprise retombe vite. Malgré cette scène violente, la routine de la visite de la chanteuse chez le juge est à nouveau le seul élément scénaristique. L’intrigue prend beaucoup trop de temps pour se mettre en place. Il faut attendre plus de quarante minutes pour qu’Elena soit accusée de meurtre. Il ne reste que vingt minutes pour tenter de nous passionner, puisque c'est seulement lorsque le métrage a atteint cinquante minutes qu' Henry Garth, en qualité d’avocat, commence son plaidoyer. C’est encore un épisode de procès, mais il arrive bien trop tard dans l’intrigue pour nous captiver. On tombe dans la bluette et le mélodrame, lorsqu’il est établi que l’assistante d’Elena, Karen Osterling (Melinda Plowman) était sa fille et amoureuse de la victime. Tout dans cet épisode est fait pour empêcher l’adhésion du téléspectateur, après une bien trop longue introduction et des images d’Epinal. On perd beaucoup de temps en minauderies, les retrouvailles entre Elena et Garth s’éternisant. Il reste donc de belles images, l’interprétation de Lee J. Cobb toujours excellent, mais Yvonne De Carlo est nettement sous employée. On ne peut d’ailleurs pas juger de ses talents de comédienne dans cet opus, tant l’essentiel est condensé vers la fin. Melinda Plowman est totalement transparente et peu crédible en Karen. On mesure la différence avec Roberta Shore qui en Betsy a pris de l’assurance. La scène du procès est totalement bâclée, sans rebondissements, il faut dire que le metteur en scène n’a plus le temps matériel de développer la trame judiciaire, puisque nous sommes déjà près de l’épilogue. La rencontre entre Yvonne De Carlo et Lee J. Cobb nous laissait espérer un bien meilleur épisode. On sauvera quelques jolies scènes de promenade en calèche, la visite du ranch Shiloh, les cascades d’eau avec un parfum de romantisme. Mais une chose est sûre, nous ne sommes pas dans un western. Et l’épisode a du mal à se raccrocher à l’un des autres genres abordés depuis le début de la série. Anecdotes :
Scénario : Donn Lullally. Réalisation : Don McDougall. Résumé : Trampas revient dans une ville qu’il a quittée il y a cinq ans. Sa fiancée d’autrefois est mariée au marshall. Il se heurte à la bande de tueurs espagnols, les comancheros, dirigée par un certain Lopez qui ont mis main basse sur la ville. Critique : Episode que je conseille de voir en VO, la bande son française étant très abîmée et par endroits complétée par la VO. Il s’agit d’une aventure avec Trampas seul. S’aventurant dans une ville corrompue, vivant sous la terreur, Trampas vient jouer les redresseurs de torts dans un océan de lâches tremblant devant les comancheros, qui ont notamment tué un couple de petits vieux chez qui le contremaître avait travaillé et qu’il voulait saluer, des années après. Peu doué pour les scènes romantiques, Doug McClure s’en tire plutôt mal face à celle qui incarne son amour de jeunesse, Elinor Donahue, alias Carole. Le rythme de l’épisode est assez lent. Il faut dire qu’Elinor Donahue, vue dans Santa Barbara, Les feux de l’amour et au cinéma dans Pretty Woman se révèle une piètre actrice. L’excellent Joseph Campanella est ici doté d’un accent espagnol ridicule. Plus que menaçant, il est grotesque en Lopez, personnage mal écrit. Le scénariste tente bien d’instaurer une ambiance rappelant Le train sifflera trois fois. Il est loin d’y parvenir. Pour son unique apparition dans la série, le comédien Ron Hayes (Daktari, Hawaii Police d’état) interprète le personnage le plus intéressant, l’intègre marshall Brent, qui prête main forte à Trampas. Il est marié à Carole, sœur de Duke Logan (Philip Carey), qui est le maire pleutre et corrompu. Le thème des comancheros, blancs hispaniques qui s’associent aux indiens pour faire des pillages, sera repris avec davantage de bonheur dans un film avec John Wayne en 1961. L’épisode révèle un cruel manque de moyens pour la mise en scène. Le réalisateur meuble avec des bavardages, par exemple en développant les discussions conjugales entre Brent et Carole qui sont fort peu intéressantes. Pourtant, ils finissent par avoir plus de temps de présence à l’écran que Trampas ! L’affrontement final oppose Trampas à Lopez, qui terrorise la ville entière. Au dernier moment et heureusement pour notre héros, les habitants retrouvent leur honneur et leur conscience et se rebellent contre les comancheros. Episode atypique de la série, avec une conclusion qui semblait nécessaire pour que Trampas continue de figurer dans l’équipe du juge Garth, Siège ne méritait pas le talent de Joseph Campanella, ici sous employé, voire rendu ridicule. Anecdotes :
14. LE DÉSERT INTERDIT Histoire de James Patrick. Adaptation : John D.F. Black. Réalisation : William Witney. Résumé : L’oncle de Trampas est tué lors d’un hold-up par deux militaires déserteurs, Wismer et Judson, qui convoitent une mine d’or se trouvant sur le territoire interdit des apaches. Trampas part à leur recherche. Critique : Voilà un scénario daté et aujourd’hui complètement dépassé, surtout si l’on a vu Soldat bleu ou Danse avec les loups. Heureusement, ce script désuet est relevé par une réalisation en décors naturels qui nous en offre pour notre argent. Les fans de Star Trek seront surpris de retrouver ensemble Leonard Nimoy « Monsieur Spock » et DeForrest Kelley « le docteur Mc Coy » des années avant leur saga spatiale. Nimoy, qui joue l’un des assassins de l’oncle de Trampas, est vite lui-même tué par un chercheur d’or sans scrupules, tandis que Kelley incarne déjà un médecin, le militaire alcoolique lieutenant Beldon. Grosse erreur de distribution : Peggy Mc Cay (née en 1930) fait bien trop âgée pour son rôle d’Helen, femme inspirant l’amour à la fois de Trampas, mais aussi de son mari assassin Paul Judson. Comme à son habitude, l’australien Michael Pate incarne à merveille le méchant, McGoff, chercheur d’or, assassin. Mais dans la catégorie des méchants, on se bouscule au portillon : d’abord les indiens, présentés comme de véritables sauvages, alors qu’un traité avec l’armée Yankee leur accorde l’inviolabilité de leurs terres, Wismer et Judson, qui réduisent à néant la famille de Trampas dont le père était déjà mort, et enfin McGoff. En improbable épouse de Paul Judson, Helen tente de sauver son mari en allant le chercher sur un territoire dangereux pour le ramener devant un jury et lui laisser une chance. L’épisode est très linéaire de part son intrigue, et l’on sombre parfois dans l’ennui. Doug McClure se montre à la hauteur de la situation en l’absence totale du reste de l’équipe. Les rebondissements sont nombreux même si parfois ils tombent dans des situations improbables. On se doute que l’enfer que constitue ce territoire sous un soleil de plomb ne permettra qu’à une faible partie de l’équipe d’en sortir vivant, avec comme priorité notre héros Trampas. Si Leonard Nimoy ne fait qu’une apparition, DeForrest Kelley et Michael Pate s’en donnent à cœur joie avec toutes les scènes qu’ils ont à défendre. William Bryant est plus stéréotypé en mari d’Helen et co meurtrier de l’oncle de Trampas. Aujourd’hui, mais n’est-ce pas le sort de la plupart des westerns, on ne diffuserait plus cet épisode au nom du politiquement correct, les apaches étant dépeints comme des sauvages assoiffés de sang et prompts à faire subir les morts les plus atroces. Les intrigues avec un Trampas solitaire nous changent un peu de la routine du ranch de Shiloh. Ici, toutefois, on trouve le temps parfois un peu long. Anecdotes :
15. THE INVADERS Scénario : Donn Mullaly. Réalisation : Bernard McEveety. Résumé : Un ancien ami du juge arrive du Texas, Mike Tyrone, ses fils, sa fille et ses vachers. Il prévoit d’acheter coûte que coûte les ranchs de Medecine Bow et voit d’un mauvais œil l’amitié de sa fille avec Trampas. Critique : Le scénario de cet épisode, dans toute sa première partie, nous promet beaucoup pour aboutir à un résultat décevant et à une fin bâclée. Toute l’argumentation sur l’ancienne amitié entre Mike Tyrone (Ed Begley, excellent) et le juge Garth sert à une trop longue scène d’exposition. En fait Tyrone et ses deux écervelés de fils ont échafaudé un plan pour devenir le plus grand ranch de l’endroit. L’ébauche de romance entre Margaret Tyrone (Beverley Owen) et Trampas est un élément du scénario qui vient semer le trouble. Les vieux amis deviennent les pires ennemis. Le problème de cet opus est de nous abreuver de trop d’informations dans la première partie pour ne pas s’en servir ensuite. Si Tyrone/Begley constitue un danger pour la paix de Shiloh et le comédien se révèle convaincant, le complot est tiré par les cheveux. On regrette surtout la faiblesse de l’interprétation de Beverley Owen en fille rebelle de Tyrone : elle ne semble pas croire à son personnage. L’amitié forcée par le scénariste entre Betsy (dont les démêlés avec son piano sont censés nous faire sourire) et Margaret n’est guère crédible. Doug McClure a des problèmes dans ses scènes avec Beverley Owen qui ne lui renvoie pas la balle. De ce fait, toute cette romance tombe à plat, comme à la fois une pause et aussi une menace dans le complot ourdi par Mike Tyrone. La réception chez le juge, à la moitié du métrage, censée réconcilier tout le monde, dure trop longtemps. Il faut avouer que Roberta Shore et son numéro chanté sont de trop. Le réalisateur abuse de scènes qui sont relatives au passé, il y a 30 ans, entre Tyrone et Garth, comme si au-delà de cette amitié, certains comptes n’avaient pas été réglés. L’arrogance des texans est outrancière, arrivant en pays conquis à Medecine Bow. Ce qui provoque des conflits inévitables. The invaders nous promet un drame que l’on attend trop longtemps. La fin est expédiée de façon bien improbable. Les comédiens mis le plus en valeur sont Ed Begley, Lee J. Cobb et Doug McClure, James Drury et Steve Hill pourtant présents n’assurant que la transition entre les scènes. On pouvait espérer beaucoup mieux de ce qui restera un script prometteur mais faible. C’est davantage une ébauche d’épisode qu’une véritable réalisation. Les paysages, pour une fois, sentent trop les décors des studios Universal, au lieu des grandes chevauchées à laquelle le spectateur s’attend. C’est certes en couleurs, mais cela fait souvent une succession de décors de pacotille, ce qui est gênant dans un pur western. Anecdotes :
16. ROAR FROM THE MOUNTAIN Histoire de Carey Wilber et Franklin Barton. Adaptation : Carey Wilber. Réalisation : Earl Bellamy. Résumé : Un cougar tue un homme du ranch Shiloh. Steve le poursuit et fait la rencontre d’un couple chez qui le cougar a fait des ravages. Critique : Cette histoire de cougar tueur est mortellement ennuyeuse sur une durée d’une heure douze. En effet, il ne se passe pas grand-chose. Steve laisse Garth, Trampas et le virginien pour poursuivre seul le cougar, il en fait une affaire personnelle. On a greffé sur cette chasse une histoire d’amour mal construite. Un couple, Nancy et Charles Mayhew a perdu l’enfant d’un premier mariage du mari. Si ce n’était pas en VOST, on jurerait que le doublage trahit l’intrigue puisque l’enfant mort n’est pas de Nancy. Néanmoins, depuis ce jour-là, elle méprise son mari car il a manqué de courage face au cougar. L’intrigue traîne sérieusement en longueur. Comme comédien, Gary Clarke est limité. Si les scènes d’action lui conviennent, il est moins à l’aise dans une intrigue psychologique. Nancy (Joyce Bulifant) forme un couple mal assorti avec le plus mûr Charles (Jack Klugman, excellent). Elle se jette au cou d’un Steve qui n’a rien demandé, voulant faire payer à son mari son manque de courage de jadis. Omniprésent jusqu’aux dernières secondes, le cougar est la vraie vedette de l’épisode, imposant sa loi aux humains. Mais l’intrigue manque nettement d’épaisseur et le téléspectateur plonge dans la torpeur, à attendre le fauve dans la ferme des Mayhew. On reproche à beaucoup de protagonistes d’être lâche face à la bête, au début au dresseur de chien que le juge Garth a engagé, puis à Charles, mais l’animal est bigrement dangereux. A noter qu’il est appelé tout au long de l’histoire « the cat », le chat. Joyce Bulifant est jolie et frêle mais pas vraiment persuasive en femme délaissée prête à tout quitter pour Steve. Ce dernier découvrira à ses dépens que le cougar n’est pas le seul ennemi de l’épisode, et que l’homme jaloux peut être tout aussi dangereux que le fauve. L’atout de l’épisode est constitué par les beaux paysages, excepté les scènes nocturnes faites visiblement en studio. Un opus peu captivant malgré l’enjeu et qu’il est difficile de supporter jusqu’au bout. Anecdotes :
17. UN COEUR D'OR Scénario : Carey Wilber. Réalisation : Don McDougall. Résumé : Après vingt ans de dures recherches, un prospecteur d’or, J.Jimerson Jones, découvre une mine. Nouveau riche, il se rend à Chicago et rencontre une vieille connaissance, le juge Garth. Jones ne tarde pas à tomber sur des escrocs. Betsy tombe amoureuse d’un jeune journaliste, Eddie. Critique : Episode du genre comédie. Le personnage du mineur Jones est interprété sans nuances par Pat O’ Brien, qui incarne une sorte de gros lourdaud sans éducation débarquant dans la haute société. Son jeu lasse vite. C’est amusant cinq minutes, un quart d’heure, mais ensuite devient pesant. La romance entre Betsy et un jeune journaliste est en filigrane et sans grande importance, ni conséquences pour la suite de la série. Beaucoup de scènes sont basées sur la méconnaissance de Jones des grands restaurants, des bonnes manières et de la vie de grand luxe. Ainsi, il commande… une huitre, n’arrive pas à la manger, puis une douzaine de homards. Ces scènes, censées être cocasses, sont redondantes. Sans aucun des protagonistes de la série la plupart du temps à part Lee J. Cobb et Roberta Shore, l’épisode sombre dans le naufrage total. Jeanne Cooper en Julia Montgomery est bien trop âgée pour son rôle de séductrice, et les différentes tentatives d’escroquer le mineur échouent en raison de l’honnêteté de ce dernier. Le juge Garth comprend que Betsy est en train de lui échapper, qu’elle devient une femme, mais cette piste scénaristique ne sera pas finalement approfondie. Le scénario est particulièrement creux, se contentant de s’appuyer sur la naïveté de Jones, qui se révèle un grand enfant. Il échappe de façon récurrente à tous les pièges qu’un couple de filous essaie de lui tendre (bourse, poker, arnaque au mariage par Julia Montgomery). Ainsi défilent un faux général spécialiste en bourse, un gigolo partenaire de Julia et d’autres comparses sans envergure. Sans qu’il le sache, Jones a trouvé sa bonne étoile en la personne d’une femme de chambre de son âge, revêche mais honnête, qui tente de lui ouvrir les yeux. L’épisode sombre dans la mièvrerie avec la romance entre le chercheur d’or et la femme de chambre bien intentionnée. On a le sentiment que la production, pour nous proposer un tel navet, est incapable de fournir 30 épisodes de 75 minutes par saison. Jouant la carte de l’anthologie, elle utilise ici le côté comédie plutôt que western, procès judiciaire, intrigue policière ou romance, mais c’est vraiment très mauvais, outrancier, caricatural et mal interprété. Notons que l’auteur, Carey Wilber, était déjà le scénariste du peu fameux Roar from the mountain. On se demande bien ce que les programmateurs français ont trouvé à cet épisode pour le doubler en français au détriment d’autres bien meilleurs et restés inédits. Anecdotes :
18. THE THIRTY DAYS OF GAVIN HEATH Scénario : Mel Harrold. Réalisation : John Florea. Résumé : Jadis, lors de la guerre de Crimée, Gavin Heath s’est montré lâche. Il revient à Medecine Bow après trois ans d’absence, mais a la malchance d’être mordu par un chien enragé. Il lui reste trente jours à vivre. Critique : Episode reposant sur la performance du comédien anglais Leo Genn qui squatte ici la totalité de l’intrigue, ne laissant aucune scène à personne. L’opus est d’une gravité exceptionnelle pour une série comme Le Virginien, et bourré de références historiques. Ce drame psychologique est un peu hors sujet dans la série. Gavin Heath veut transformer Medecine Bow en un morceau d’Angleterre, car l’échéance fatale de la rage ne lui laisse pas le temps d’y retourner. L’histoire est un aller-retour entre le passé et le présent. A 19 ans, Gavin s’est montré lâche et a été dégradé. Il a traîné toute son existence cette affaire avec lui, l’empêchant de goûter à la sérénité que sa fortune lui a donnée. Leo Genn, admirable, vampirise toutes les scènes et ramène à lui chacune des trames du scénario. Il propose ainsi à Betsy, la fille du juge, de lire du Shakespeare, il achète l’hôtel mais en toute illégalité, à deux jours de la fête de l’indépendance le 4 juillet, y arbore le drapeau de l’Union Jack. Il y a trois ans, Gavin s’est montré à nouveau lâche lors d’une embuscade avec Trampas contre des voleurs de chevaux. Il est ici en quête d’une rédemption. Contre toute attente, un barman de la ville est aussi un anglais. Ce dernier, qui a vécu la bataille de Baklava en Crimée contre les russes, prend notre homme pour un héros. C’est très bon, peut-être un peu trop sérieux, et ce qui empêche l’épisode d’atteindre les quatre étoiles est l’inexistence des autres acteurs face à Leo Genn. Même Lee J. Cobb ne parvient pas à se hisser à son niveau, il faut dire que le personnage de Genn, Gavin Heath, est très bien écrit. Il se suffit presque à lui-même, d’où de longues scènes de monologue. La reconstitution finale de la charge de la brigade légère lorsque des apaches prisonniers s’évadent et prennent en otage Trampas nous vaut une belle scène d’action dans une intrigue qui en manque quand même beaucoup. Le scénariste et le réalisateur ont fait un très bon film mais oublié l’aspect distraction. L’épisode peut se voir aussi comme un documentaire sur les Etats-Unis de 1886 où la rage était une maladie mortelle. Mel Harrold, le scénariste, en a fait un drame shakespearien qui permet à Leo Genn un éblouissant numéro de comédien. Anecdotes :
19. LA GUERRE DES RANCHS Histoire de Frank Fenton. Adaptation : Carey Wilber. Réalisation : Don McDougall. Résumé : Le virginien se souvient de son arrivée à Medecine Bow il a sept ans. Il s’était fait embaucher par Peterson, un rival du juge Garth. Critique : Cet épisode aurait pu être le pilote de la série. On y assiste à l’arrivée du héros sans nom, le virginien, qui est attaqué par les hommes de Shiloh. Son premier contact avec le juge Garth est donc des plus glacials. Lorsqu’il arrive, une guerre des ranchs a commencé depuis cinq mois entre Miles Peterson (Leif Erickson) et Garth. On note quelques astuces scénaristiques comme le fait que personne ne demande son nom et son prénom au virginien, même Peterson qui l’engage. Il s’avère vite que le rival de Garth a un contremaître véreux, Hugh Stager (Michael Forest). Ce dernier est fiancé à la fille du patron, Maria (Mariette Hartley). Lee J. Cobb et James Drury ne font ici que s’affronter, ce qui est savoureux alors que l’on connaît leur complicité. On comprend vite que la guerre entre les ranchs est alimentée par Stager. Cela nous donne une excellente intrigue de pur western. Nous assistons à la réconciliation entre Garth et le virginien, chacun se rendant compte qu’il s’est trompé sur le compte de l’autre. Ils comprennent que Peterson a été tué par son contremaître. Mélange d’intrigue policière et de western, La guerre des ranchs présenté comme un long flash-back de 72 minutes est digne des meilleurs épisodes de la série. Le script de Frank Fenton nous tient en haleine et ceci sans un seul temps mort. Anecdotes :
20. LE TÉMOIN
Scénario : Les Crutchfield. Réalisation : Earl Bellamy. Résumé : Silas, un chercheur d’or et sa fille Melanie recueillent un jeune guitariste, Randy Benton. Ils sont attaqués et le père tué. Melanie, l’enfant, est le seul témoin de l’innocence de Randy. Critique : Superbe intrigue policière plus que western. En effet, le chercheur d’or Silas a été tué par son beau-frère, Reese (Jan Merlin) et par un des hommes de Shiloh, Pell (Bruce Dern). Ils vont donc constituer un danger pour le seul témoin, la petite fille Melanie, réfugiée à Shiloh, mais aussi provoquer la fuite d’un jeune adolescent innocent dont tout le monde, à part Betsy sous son charme, s’accorde à penser qu’il est le meurtrier. On regrette beaucoup l’absence de Lee J. Cobb. Tout repose sur James Drury, Gary Clarke et Roberta Shore. Randy, le guitariste (incarné par Randy Boone), un adolescent injustement accusé de meurtre mais que la petite Melanie peut évidemment innocenter, est pourchassé par les hommes de Shiloh. Il faut avouer que Randy Boone n’est pas toujours très convaincant dans le personnage, même si le capital sympathie du public féminin lui est acquis. Quant à Bruce Dern, il compose un méchant démoniaque dont il a le secret. Jan Merlin est un degré au dessous dans le registre du tueur sadique. On émettra le regret que l’intrigue soit écourtée pour laisser place à des numéros chantés à la guitare par Randy Boone trop nombreux dans l’opus. Malgré cela, Le témoin est une intrigue palpitante, savamment étudiée, et qui évoque parfois les œuvres de Sir Alfred par les thèmes abordés : quiproquos, innocent en fuite, témoin qui se manifeste au dernier moment, etc.… Il ne faudrait pas croire que le drame domine en permanence, certains passages sont cocasses comme la première rencontre entre Betsy et le guitariste nu qui prend son bain dans un abreuvoir de Shiloh. Roberta Shore se montre espiègle et désopilante à souhait. Le scénariste nous a mijoté un script idéal pour captiver le téléspectateur. On passe un agréable moment, scotché sur notre fauteuil, à trembler pour les deux survivants du meurtre, Melanie et Randy. Anecdotes :
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Saison 2 - Volune 1
Histoire d’Arthur Browne Jr. Adaptation : E.M. Parsons. Réalisation : John Peyser. Résumé : Le virginien raconte à un jeune homme ivre de vengeance, Lon, l’histoire de Trampas. Son arrivée au ranch Shiloh, sa rencontre avec le juge Garth, Steve et le virginien. Critique : Il s’agit, par le biais d’un flash back d’une très longue durée (1h00 sur 1h12), d’une manière de nous présenter un véritable pilote de la série. Nous y assistons à la première rencontre de Trampas avec le juge Henry Garth, ainsi que Steve et le virginien. On ne s’ennuie pas une seconde dans ce qui ressemble davantage à un long-métrage pour le grand écran qu’à un épisode de série TV. Si par son métier et son talent, Lee J. Cobb domine largement la distribution en juge, Doug McClure et James Drury nous épatent. Au cours de la première saison, ils ne nous avaient pas habitués à de tels numéros d’acteur. On apprend que le père de Trampas se prénommait Frank (On ne sait jamais en revanche celui du fils), qu’il a été tué par le juge Garth lequel a agi en état de légitime défense. Le récit du virginien à Lon prend consistance devant nos yeux comme si l’action se déroulait à l’instant présent. On se croit bien souvent en pleine tragédie grecque : Garth sauve Trampas de la noyade, alors que ce dernier ivre de haine ignore qu’il est l’homme qu’il s’est juré d’abattre. Trampas nous est montré ici comme un personnage futile, tricheur au jeux (cartes, dés), menant une vie chaotique, capable de frapper son père, et ce n’est pas une mince affaire que de nous le transformer à la fin en l’un des héros de la saga. On regrettera, si l’on excepte des entraîneuses de saloon plus très jeunes, l’absence totale de personnage féminin dans l’intrigue. Royal Dano illustre, avec le rôle de Faraway, la mauvaise conscience de Trampas. Par la faute de ce dernier, il est à moitié dévoré par des loups. Or, Faraway est le seul à avoir fait preuve de quelque compassion envers le jeune homme. Nous sommes à des lieues de la protection des loups, ici présentés comme des créatures sauvages et sanguinaires qu’il convient de tuer à moins d’être dévoré. Le juge déclare qu’ils sont pires que les voleurs de bétail, et comparables aux ours. Ce premier épisode de la saison 2, diffusé le 18 septembre 1963 sur NBC et est resté inédit dans nos contrées. Il est très violent (Le sang, en couleurs, lors de l’attaque de Faraway par les loups confirme que Le Virginien contrairement à une idée reçue n’est pas destiné à un jeune public. L’autre héros de la série, Steve (Gary Clarke) est présent mais le personnage est moins fouillé, tout au plus remarque-t-on son hostilité à Trampas. On a du mal en voyant cet opus à imaginer les héros chevauchant de concert ensemble au générique. La mise en scène est absolument superbe et dispose de moyens importants, destinés à en mettre plein la vue au spectateur. Le Virginien est une véritable incitation, en 1963, à acheter un récepteur de télévision en couleurs, car en noir et blanc, on perd beaucoup de la splendeur de ce joyau. Série d’une autre époque, qui en fonction du politiquement correct ne serait plus programmée aujourd’hui, elle vante les vertus du travail et du courage. Elle donne une idée assez probante de ce que furent la vie des pionniers de l’Amérique. Dans ce monde, la lâcheté et la tricherie n’ont pas de place. C’est un peu tout ce que symbolise durant les trois quarts du métrage Trampas, un garçon futile et égoïste, qui va devenir un homme mais au prix de sang, de violence et d’innocentes victimes dont Faraway n’est pas la moindre. On est scotchés devant le petit écran durant 1h12 sans jamais regarder sa montre. C’est de la très grande télévision, je serais tenté de dire « presque du cinéma ». Un bon western, avec une intrigue solide, une interprétation prodigieuse. On applaudit la pirouette des scénaristes d’avoir fait, après une saison de trente épisodes, un pilote que l’on pourrait d’ailleurs regarder avant la saison 1 tant il introduit bien le téléspectateur au monde du Virginien. Anecdotes :
2. TO MAKE THIS PLACE REMEMBER Scénario : Harold Swanton. Réalisation : Robert Ellis Miller. Résumé : Le juge Garth se rend dans une petite ville où un jeune homme dont il a payé les études a été lynché, accusé de meurtre. Critique : Cet épisode n’appartient pas au genre western, mais pourrait figurer dans Perry Mason . C’est en effet un procès passionnant qui nous est proposé sans le virginien ni Trampas. En ce sens, la série est une anthologie puisqu’elle permet, d’un épisode à l’autre, de passer à un nouveau genre de récit. Sans problème, Lee J. Cobb domine l’opus en juge Garth, voulant ramener quelque raison et idée de justice auprès d’habitants d’une petite bourgade haineux et partisans du lynchage. Il est prévisible, dès les premières images, que la victime était non coupable. Le juge retrouve un de ses meilleurs amis dans ce contexte, Frank Sturgis (John Dehner). Il n’y a pas d’action, comme dans toutes les histoires de procès. Ce sont les joutes oratoires qui les remplacent. Audacieux pour 1963, le scénario nous dépeint un homme qui a été jugé sur ses origines sociales, la mère étant une entraîneuse de saloon. To make this place remember rappelle beaucoup le film de John Sturges Un homme est passé (1955) avec Spencer Tracy et Anne Francis, la violence en moins. L’exploit de cet épisode est de nous tenir en haleine 1h12 sans jamais sombrer dans l’ennui. Lee J. Cobb insuffle à son personnage de juge une sorte de force tranquille. Garth symbolise l’homme foncièrement bon et juste, qui ne se laisse pas influencer par la haine. Il est la voix de la raison. On se doute qu’après la saison 4, son départ va cruellement se faire sentir dans la série. Anecdotes :
3. EN SOUVENIR DU PASSÉ Histoire de William R. Cox. Adaptation : Carey Wilber. Réalisation : Don McDougall. Résumé : Le virginien se rend dans une petite ville, Santa Rita, afin de récupérer le montant d’un chèque sans provisions. Il retrouve à cette occasion son ancienne fiancée Cathy, devenue patronne de saloon. Elle est peu après accusée de meurtre du fils à papa auteur du chèque. Le père très puissant veut la pendaison de Cathy. Critique : Devant assurer des scènes intimistes et psychologiques, James Drury se trouve en difficulté, il est bien plus à l’aise dans les chevauchées et les bagarres. Face à Gena Rowlands, comédienne de grand talent, le jeu de Drury est faible. Heureusement, Lee J. Cobb arrive à la rescousse. Il est le grand comédien de la série, ce qui est évident à chacune de ses apparitions. C’est à nouveau un opus de procès judiciaire comme le précédent, du moins dans sa première partie. En procureur, Harold Gould est odieux à souhait, et fait preuve de son talent habituel. Le scénario cependant est assez caricatural. Les personnages sont peu crédibles, avec des traits trop appuyés. Vaughn Taylor en juge Shelly pris sous la coupe du père de l’homme dont Cathy est accusé du meurtre, manque de conviction en raison d’un script mélodramatique. Gena Rowlands ne peut faire preuve de son talent, l’écriture de son personnage l’obligeant à jouer des rebondissements improbables. Cet épisode a bien vieilli. La réalisation grandiloquente multiplie les effets faciles. Plusieurs scènes en extérieurs ne font plus illusion aujourd’hui (rochers et décors de carton pâte). Les studios Universal sont un peu trop mis à contribution. Dès que le juge Garth, soit Lee J. Cobb disparaît, la faiblesse de Drury revient comme une évidence. On ne croit jamais à la romance Savannah/le virginien. Gena Rowlands doit passer du personnage de patronne de saloon à celle d’ingénue, ce qui relève du grand écart périlleux. Une musique sirupeuse avec violons vient alourdir l’aspect mélodrame. La suite traîne en longueur. Le spectateur regarde sa montre et s’ennuie. Le twist final est téléphoné. Sans la prestation de Cobb, l’opus écoperait de la note minimale. Anecdotes :
4. LE TUEUR Scénario : Bob et Wanda Duncan. Réalisation : John English. Résumé : Un chasseur de primes soupçonne un accident de chariot qui a causé la mort d’un homme d’être en fait un assassinat déguisé. Et selon lui, Trampas est le meurtrier. Critique : Série collégiale dont le titre n’est finalement pas excellent (The men from Shiloh titre utilisé pour la saison 9 est meilleur), Le Virginien met tour à tour en vedette l’un des protagonistes : le juge, Trampas, Steve Hill ou le virginien. C’est Trampas qui est ici le principal protagoniste. Il est soupçonné d’être un tueur recherché par un certain George Wolfe (Broderick Crawford), chasseur de primes. Wolfe pense que Trampas a tué son indicateur en aidant à le dégager un soir d’orage de sous son chariot. Le scénario du couple Bob et Wanda Duncan est ingénieux. La thèse de l’accident est remise en question par Wolfe, un homme cruel et vicieux auquel Broderick Crawford apporte son épaisseur et son talent. Le script astucieux se révèle sous la forme de plusieurs tiroirs. Le passé de Trampas est ici habilement mis en lumière. Une deuxième intrigue impliquant une épidémie pour fièvre typhoïde vient se superposer au reste. Betsy, la fille du juge, est atteinte. Cela écarte pendant un temps le personnage de Wolfe. On évite l’écueil du mélodrame avec une histoire solide. Trampas est innocenté au profit d’un personnage dont on est à mille lieues de se douter qu’il est un criminel en fuite. Ce spoiler est bien entendu la clé de l’épisode. Le point faible de la distribution est Gary Clarke en Steve. Le comédien semble trop sûr de lui. Or, il joue faux. Il affiche en permanence une arrogance qui finit par lasser. La fin est poignante, faisant triompher la justice et les bons sentiments. Les comédiens jouent sur du velours à partir d’un scénario en béton. Il y a certes quelques rebondissements, mais l’on évite de tomber dans les invraisemblances, et Le tueur relève plus du film policier à énigme que du western, accréditant la thèse que la série est une anthologie. On passe un moment vraiment agréable et Broderick Crawford apporte une plus value incontestable à l’ensemble. Anecdotes :
5. THE EVIL THAT MEN DO Scénario : Frank Chase. Réalisation : Stuart Heisler. Résumé : Le juge Garth décide de donner une chance de réinsertion à un jeune homme passé directement de l’orphelinat au bagne, et qui peut bénéficier d’une liberté conditionnelle. Critique : Cet épisode, sans conteste le meilleur depuis le pilote de la saison 1, doit tout à l’interprétation magistrale de Robert Redford qui triomphe d’un scénario mièvre pour nous donner une grande leçon de comédie et nous scotcher durant 72 minutes devant le petit écran. En effet, le scénariste a chargé la mule : Matthew Cordell a été abandonné à la naissance, et le seul objet qu’on lui ait jamais donné en signe d’amour fut – enfant – un petit soldat de plomb par une femme qui a hésité à l’adopter pour finalement le laisser dans l’enfer. Aussi, le jour où un autre garçon lui a cassé son jouet, Matthew a-t-il tenté de le tuer et il purge une peine de prison à vie dans un bagne. Lorsqu’il tourne cet épisode, Robert Redford est dans le métier depuis trois ans : on l’a vu dans Maverick, Perry Mason, Alfred Hitchcock présente, La quatrième dimension et les Incorruptibles. C’est son avant-dernier rôle à la télévision, l’année suivante il passe au cinéma et crève l’écran. On peut donner un bonnet d’âne aux programmateurs de l’ORTF d’avoir eu la sottise de ne pas choisir cet épisode pour la diffusion française dès 1966, Robert Redford étant déjà alors connu pour La poursuite impitoyable et Propriété interdite (avec Natalie Wood). La réinsertion est un éternel sujet toujours d’actualité. Cet épisode pourrait être tourné aujourd’hui sans aucun souci. Mais la performance de Redford, beau comme un dieu mais jouant avec une maîtrise évidente, est stupéfiante. Il fallait un talent énorme pour sortir de ce script larmoyant et manichéen avec les honneurs et faire une composition sobre, toute en retenue, et démontrant un talent indéniable au point que dans la distribution, seul Lee J. Cobb est à son niveau. On devine le cheminement de l’épisode, les nombreux clichés, la réinsertion qui tient de la mission impossible. Redford magnétise la caméra, attirant toute l’attention sur lui. Son jeu est absolument éblouissant, et parvenir à rendre crédible Matthew Cordell, là où un Michael Landon aurait fait pleurer dans les chaumières, n’était pas gagné d’avance. Bien entendu, les scènes qui l’opposent à James Drury, au talent limité, sont cruelles pour ce dernier. Robert Redford a déjà le talent de L’homme qui murmurait à l’oreille des chevaux alors qu’il est seulement âgé de 27 ans en 1963. Il est censé incarner un personnage de son âge puisqu’au sortir de l’orphelinat (à 15 ans), il a écopé de onze années de bagne. Au ranch Shiloh, Cordell va faire des ravages, manquer un tuer un cowboy, mais aussi sauver un cheval de Betsy que le virginien voulait abattre. La vie a fait de lui un démon, mais le juge, en lui donnant sa chance, fera émerger l’être « normal » qu’il aurait pu être. Pour nous montrer cette mutation, Redford adopte un jeu réservé, subtil, doté d’un talent qui n’égale que son physique. Les dieux se sont penchés sur le berceau de cet homme vraiment gâté par la vie. Dire que c’est un très grand comédien n’est pas un scoop, mais à le voir dans ce téléfilm, on mesure l’étendue de la frustration qu’il pouvait ressentir : il avait déjà en 1963 l’étoffe et le calibre de tête d’affiche du septième art. Redford nous fait oublier les péripéties improbables du chemin de croix et de rédemption de Matthew Cordell. Ses scènes avec Lee J. Cobb sont un régal. Les autres comédiens (Doug McClure a l’énorme chance d’être absent) sont totalement inexistants. Drury n’est convaincant que dans les scènes d’action et il y en a peu dans cet opus, Gary Clarke et Roberta Shore se prennent très au sérieux. Redford lui est tout simplement génial et l’on a d’yeux que pour lui. Il le mérite grandement. Il fait un sans fautes total. Anecdotes :
6. IT TAKES A BIG MAN Scénario : Harry Kronman. Réalisation : Bernard McEveety. Résumé : Un ami du juge lui confie l’un de ses fils, indomptable, afin qu’il en fasse un homme. Mais le garçon en question, une petite frappe, se montre odieux jusqu’au jour où Trampas est obligé de le tuer. Critique : Dans le précédent épisode, nous avions un scénario fragile, et une interprétation en or. Ici, pas de miracle côté distribution. Ryan O’Neal, vedette surestimée de Love story n’est pour rien dans la réussite de l’opus. C’est le scénariste qui a mijoté une tragédie grecque dont le far West n’est que le décor. Wade Anders (Llyod Nolan) est un vieil ami du juge Garth. Il a deux enfants dont Hank dont il a peur. Un garçon violent, instable, tout le contraire de son frère effacé Ben (Ryan O’Neal). Wade confie Hank au juge Garth afin qu’il le dresse. Le larron n’arrête pas de provoquer au point de se faire mettre à la porte de Shiloh, ce qu’il souhaitait depuis le début. Mais il provoque Trampas qui doit le tuer pour sauver sa vie, en état de légitime défense. Dès lors, Wade Anders jure de se venger de son vieil ami le juge, et surtout de tuer Trampas. Ravagé par la peine, il ne se rend pas compte qu’il n’a jamais témoigné le moindre amour à Ben, pourtant gentil, se concentrant sur l’indomptable fauve qu’était Hank. L’épisode aborde le racisme, qui n’est pas chose coutumière dans la série, Hank détestant les métis et les indiens. Si Llyod Nolan assure son rôle de patriarche dépassé, Ryan O’Neal ne se démène guère pour nous convaincre. Il est vrai que Chris Robinson prend toute la place en Hank, jusqu’au moment du duel fatal avec Trampas. Véritable tête à claques, lâche et écorché vif, se sachant fils d’une squaw (et donc demi-frère de Ben, un secret de famille bien caché qu’il a percé à jour), il en veut à la Terre entière. Il fera, une fois mort, culpabiliser Betsy qui a repoussé ses avances mais se reprochera de ne pas avoir été aimable. Hank ne nous fait guère pleurer sur son sort tant le personnage est détestable, ce que Chris Robinson restitue parfaitement à l’image. Llyod Nolan est brillant en père dépassé par les évènements, quasi paralysé des mains, faisant le malheur de ses deux fils. Si la première partie de l’opus se concentre sur son amitié avec le juge, c’est ensuite la haine qui anime le personnage, tant envers le malheureux Trampas qui n’a fait que se défendre qu’à l’adresse de Garth. Lee J. Cobb est comme d’habitude brillant, Gary Clarke énervant au possible de prétention et James Drury se contente de faire des apparitions, une mission loin de Medecine Bow arrivant à point nommé pour l’éclipser de l’action. J’ai passé un excellent moment, sans une seconde d’ennui, l’épisode se découpant nettement en deux parties, avant et après la mort de Hank. On se gardera de dévoiler la fin surprenante qui vient couronner un script et une réalisation sans failles. Anecdotes : Chris Robinson (1938-) tourne toujours. Il a tenu des rôles récurrents dans deux soap-opera Hôpital central et Amour, gloire et beauté. Lloyd Nolan (1902-1985) a tourné jusqu’à la fin de sa vie, son dernier film Hannah et ses sœurs sortant un an après sa mort. 7. UNE VIEILLE CONNAISSANCE Scénario : William Fay. Réalisation : John English. Résumé : Willy Kane, un ex gangster raté, revient à Medecine Bow comme curé. Un de ses anciens comparses, Benny, de mèche avec un certain Homer Slattery qui prépare un mauvais coup, le reconnaît. Critique : Le genre comédie se marie mal avec la série, contrairement au mystère, au drame, à la tragédie, aux suspenses et aux scènes de procès. Le premier quart d’heure est assez difficile à supporter. Les mimiques d’Albert Salmi en frère Thaddeus font sourire une fois, mais deviennent vite lassantes. C’est à partir du moment où Joe Maross en Homer Slattery apparaît que notre intérêt se développe. Mais trop de temps a été gaspillé en scènes inutiles pour que l’opus soit un chef d’œuvre . Trampas et Steve ne sont pas en forme. L’amour de Trampas envers la chanteuse Floss (Kathie Browne), femme tourmentée sous la coupe de Slattery, font basculer la farce dans le drame. Ce déséquilibre de ton dans l’épisode, avec un Albert Sami cabotin jamais crédible, fait perdre toute efficacité à l’intrigue. Vers la fin de l’épisode, Willy/Sami change radicalement de rôle, passant de l’abruti au héros. C’est un retournement de situation improbable, et le comédien ne fait pas dans la subtilité. Le manque d’action, la lenteur de l’histoire, font de cet épisode un film plutôt ennuyeux. Kathie Browne est particulièrement émouvante en chanteuse de cabaret Floss, et relève le niveau de l’interprétation du reste de la distribution. Lee J. Cobb se contente d’une simple apparition (tout comme sa « fille » Roberta Shore) et Doug McClure ne nous paraît pas à la hauteur pour maintenir la tension. Les décors en studios sont un véritable désastre. Par rapport à la moyenne de la série, cet épisode est le parent pauvre. On remarque qu’une scène n’a pas été doublée (donc occultée de la diffusion française) et l’on se demande bien pourquoi. Elle est présente dans cette édition restaurée. La pauvreté scénaristique de toute la fin est censée être cachée par une longue fusillade destinée à meubler le temps. On sauvera de ce ratage la scène des retrouvailles de Trampas et de la danseuse Floss, mais pour tenir 75 minutes c’est léger. Anecdotes :
8. MARIE VALONNE Scénario : Dean Riesner. Réalisation : Earl Bellamy. Résumé : Le virginien et Steve sont à la Nouvelle Orléans pour vendre un troupeau. Le virginien flirte avec une femme de la haute société, Marie Valonne, qui cache d’importants secrets. La police est en effervescence suite à l’assassinat d’un magistrat. Marie disparaît. Critique : Le virginien amoureux avec un James Drury trop rude pour vraiment nous émouvoir. L’épisode est un mélange de policier et de romance. Cela ne convient guère à James Drury, plus à l’aise dans les chevauchées et les bagarres. Madlyn Rhue en Marie Valonne ne rend pas l’histoire passionnante. Peter Mark Richman en Johnny Madrid, un notable local propriétaire qui jadis engagea comme chanteuse Marie et en fit sa maîtresse, semble avoir de l’influence sur la police. Cette intrigue embrouillée au bout de quarante cinq minutes nous plonge dans la perplexité, sans jamais nous passionner. Johnny Madrid s’avère être un ancêtre des mafieux. On s’ennuie ferme et l’enquête officieuse et privée du virginien pour retrouver Marie Valonne en marge de la police est tout sauf palpitante. Même Richman, habituellement brillant, semble peu inspiré en Johnny Madrid. Ce n’est pas un scénario pour la série. Le réalisateur est bien en peine, en raison d’un tournage aux studios Universal, d’illustrer la Nouvelle-Orléans. Histoire mélodramatique et à l’eau de rose, Marie Vallone déconcerte le spectateur. L’épisode est construit en nombreux flash-back venant éclairer à la fois le spectateur et le héros sur l’histoire de Marie, tombée sous la coupe de Madrid. Le script aurait convenu aux Incorruptibles avec la rivalité entre leaders du monde du crime. Marie devient un enjeu convoité et se voit livrée de force à des monstres. Big Jim Todd (Ken Lynch) se révèle un juge corrompu et le chef de Johnny Madrid. On se désintéresse du sort du virginien pour nous montrer la corruption de la police. Si cette analyse de l’implantation de la mafia aux Etats-Unis est élaborée de façon convaincante, c’est totalement hors sujet dans notre série western. Le virginien n’est pas Eliot Ness, et pour avoir voulu s’y risquer, il va provoquer bien des drames. On préfère, et de loin, les épisodes qui se situent au ranch Shiloh. Anecdotes :
Scénario : Norman Katkoy et Ed Adamson. Réalisation : Herschel Daugherty. Résumé : Steve prend sous son aile Judd, un sourd-muet rejeté de tous, et le fait engager au ranch Shiloh. Bien mauvaise idée car l’homme va lui causer des tas d’ennuis. Il est même suspecté de meurtre. Critique : Belle interprétation de Clu Gulager, ici le simple d’esprit Judd, mais qui reviendra des saisons 3 à 6 dans le rôle du shérif Emmet Ryker. Il trouve le ton juste et n’en fait pas trop. En temps de présence à l’écran, on le voit bien davantage que Steve et le virginien. Gary Clarke joue mieux que d’habitude, son personnage de Steve Hill est mieux écrit et a davantage d’épaisseur. C’est son épisode, le virginien et Betsy ne faisant que des apparitions au début, Trampas et le juge Garth étant aux abonnés absents. Le film se découpe nettement en deux parties : avant et après la fausse accusation de meurtre. Rien ne nous est épargné avec les poncifs et clichés sur le rejet des handicapés. Mais Clu Gulager évite les pièges et nous propose une superbe interprétation rendant crédible l’histoire. Si l’enquête trouve son aboutissement, on regrettera la fin quelque peu bâclée. Nous sommes en 1963 et la télévision américaine est encore empreinte d’une volonté moralisante. Les décors servent une mise en scène soignée, qui est bien davantage ce que l’on attend (un western en couleurs) que Marie Valonne. Dans le rôle de Ruth Ferris, femme qui a perdu ses illusions, Gail Kobe s’en sort avec les honneurs, ne tombant jamais dans la mièvrerie. C’est Ruth qui apprivoisera Judd, accordant du crédit à ce qu’il arrive à communiquer. On passe un excellent moment, sans jamais regarder sa montre, signe d’un bon opus de la série. Il n’était pas gagné d’avance de mettre en avant un seul (et le moins bon) des protagonistes de la série, Gary Clarke. Le pari est réussi. Le scénario relève du genre policier, avec l’énigme du meurtre du joueur professionnel de cartes dont est faussement accusé Judd. Run Quiet méritait nettement mieux une version française que Marie Valonne. Le Virginien peut sembler une série inégale, en fait, c’est le principe de l’anthologie, les épisodes sont très indépendants les uns des autres, avec plus ou moins de réussite lorsque certains thèmes sont abordés. Avec son équipe collégiale de héros, on se rapproche en effet davantage d’une simili-anthologie plus qu’une vraie série western. Anecdotes :
10. INTERMÈDE À MEDECINE BOW
Scénario : Carey Wilber. Réalisation : Richard L. Bare. Résumé : Un train se trouve immobilisé à Medecine Bow en raison d’un éboulement du pont. Il transporte une jeune femme, Caroline Witman, qui en profite pour faire la connaissance d’un ami du Virginien, Tolliver et résider un certain temps en ville. Critique : Il s’agit, au début, d’une comédie, genre qui réussit peu à la série. Dans le rôle de Caroline, jeune femme stricte d’une bonne famille, Joan Freeman ne manque pas de piment et illustre son interprétation d’une fougue et d’un dynamisme étonnant. Dick York est Jeff Tolliver, personnage pittoresque qui arrive dans le train porté par quatre entraîneuses de saloon complètement ivre. C’est l’émancipation de Caroline qui sert de fondement au script. Le virginien la traite de pauvre petite fille riche. Bien que très jolie, Caroline l’agace fortement avec ses manières et ses agissements sans penser aux conséquences. Le scénario part dans des directions légères et futiles, et le spectateur a du mal à se passionner à l’ensemble. Ce sera un peu toujours le cas avec les épisodes comédie du Virginien. Pour donner une tonalité dramatique, on évoque une association d’éleveurs de vigiles voulant protéger leurs propriétés. L’épisode alterne donc scènes de marivaudage et de tension dramatique. Pour séduire Caroline, Tolliver va franchir les frontières de la légalité. A ce moment là, la narration bascule dans le drame. Il n’est plus du tout question de rire, et l’introduction du film dans le compartiment du train est un lointain souvenir. En amoureux transi d’une fille de riche prêt à voler et tuer, Dick York est vraiment convaincant. Jusqu’à la tragédie. Pour une fois, sorti de ses expressions de cowboy, James Drury est bouleversant. Son personnage n’a pas compris qu’il était aimé par Caroline qui par ses manipulations est le centre de gravité de tous les drames de cet épisode. Anecdotes :
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