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 saison 4Présentation

Le Virginien

Saison 1  - Volume 3

 


21. THE SMALL PARADE
INÉDIT EN FRANCE

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

Histoire : Bernard Girard.

Adaptation : John et Ward Hawkins.

Réalisation : Paul Nickell.

De passage à Coyote Wells, le Virginien, Trampas et Steve rencontrent Martin Reese, propriétaire d’un chimpanzé nommé William. C’est un végétarien venu donner des conférences. Puis le trio fait la connaissance d’une femme qui a recueilli des enfants qu’elle veut conduire à un orphelinat.

Diffusé le 20 février 1963, cet opus ressemble à un épisode de Noël, dans une ambiance très Dickens. On sent la volonté du scénariste d’avoir recherché l’originalité. « Oliver Twist » est mentionné souvent ici et des passages en sont lus par Ellen Beecher (jouée par une Barbara Barrie qui semble porter sur ses épaules toute la misère du monde). Le trio de cowboys de Shiloh veut éviter l’orphelinat à une bande d’enfants trouvés. Les enfants attrapent la rougeole et les voilà en transformés en nurse !

Ce n’est pas un épisode raté, mais le sujet est trop ambitieux pour une série western, et assez hors sujet. Les bons sentiments sont accumulés (Le virginien empêchant le lynchage de Reese accusé de meurtre). Si tout est cette-fois tourné en extérieurs, les 75 minutes nous paraissent longues. Non pas que le récit soit poussif, il aborde simplement des thèmes trop éloignés d’une série qui peut conjuguer western, policier, suspense, aventures, mais n’a pas la faculté d’étendre à l’infini la palette de tous les registres de la fiction télévisée.

Le jeu des comédiens est très daté, en particulier David Wayne qui pour son personnage plutôt étrange ne semble pas avoir trouvé le ton juste (il faut dire que le rôle est particulier). Face à une Barbara Barrie geignarde, les enfants comédiens s’en sortent plutôt bien, mais la palme est à attribuer à Drury, McClure et Clarke qui ne tombent jamais dans le ridicule. Avec un scénario pareil, on peut leur tirer notre chapeau car ce n’était pas évident.

La série fait privilégier les bons sentiments, inaugurant en cela ce que proposeront plus tard « La petite maison dans la prairie » et « Docteur Quinn femme médecin ». Ce n’était pas utile d’aborder ce registre ici. A la différence d’épisodes violents, « The small parade » peut être vu par des enfants. Le Virginien dit « croire aux miracles » et il en arrive beaucoup lors des rebondissements de ce scénario. Trop américain pour le téléspectateur français de 1966, on comprend qu’il soit resté inédit dans nos contrées.

Il est déconseillé de commencer par cet épisode, qui inaugure le coffret 3 de la saison 1 dans l’édition française, car il n’est pas représentatif de la série.

  • R.G. Armstrong (1917-2012), figure familière des séries sixties, reviendra dans un épisode de la saison 7, dans un autre rôle.

  • Barbara Barrie (1931-) que le public français a découvert en infirmière dans l’épisode des « Envahisseurs » « L’ennemi » joue toujours un peu le même personnage d’un film à l’autre. On l’a vue aussi dans « Le Fugitif », « Les Incorruptibles »,  « L’homme de fer ». Elle semble avoir arrêté de tourner en 2011.

  • David Wayne (1914-1995) a joué dans « « Madame porte la culotte » (1949), « Comment épouser un millionnaire» (1953), « Le mystère Andromède » (1971). C’est sa seule participation au « Virginien ».

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22. VENGEANCE
(VENGEANCE IS THE SPUR)

Histoire : John Francis O’Mara.

Adaptation : Harry Kleiner.

Réalisation : Robert Ellis Miller.

Une riche et mystérieuse étrangère, Mrs Frances, arrive à Medecine Bow, intriguant tout le monde. Elle semble espionner chaque jour Betsy et le virginien lors de ses balades à cheval. Elle simule une chute pour se faire héberger à Shiloh. Tout cela pour que le Virginien la conduise auprès de Mike O’Rourke.

Cet épisode raconte l’histoire d’une vengeance de la part d’une femme dont la fille s’est suicidée après s’être retrouvée enceinte, et que le prétendant, devenu un brigand des montagnes, l’ait abandonnée. Dans lesdites montagnes, Frances découvre que son « gendre » fait partie de la bande d’un irlandais, Mike O’Rourke (Michael Rennie), prédécesseur du Virginien à Shiloh. Mike s’est retrouvé au mauvais endroit au mauvais moment, lors d’une beuverie où le sang a coulé. Bien que Garth l’ait défendu, il a été condamné à la prison et évadé, est devenu chef de bande.

Habituellement magistral, Michael Rennie en fait trop ici dans le genre « bandit au grand cœur » et l’on comprend qu’il ne représente jamais une quelconque menace. Il tombe amoureux de Frances (Nina Foch), venue tuer un de ses hommes.

La mise en scène relègue le Virginien au second plan, les trois personnages principaux étant Frances, Mike et le lâche Eddie Thorpe (Ed Kemmer). Après une longue introduction, où Frances s’arrange pour se faire admettre à Shiloh en simulant une chute, l’intrigue, qui semblait être passionnante se fige devenant trop bavarde, Rennie s’accaparant le rôle principal. On le regrette car cela détruit tout ressort dramatique, oblige les situations à se répéter (multiples tentatives de Frances de tuer Thorpe), et l’on aurait apprécié que Rennie soit plus dur et dangereux. Même en chef de bande, il semble plus limpide que nos héros.

Malgré un scénario qui la dessert, Nina Foch reste d’un bout à l’autre crédible dans son personnage et une fois ses motivations révélées, elle ne dévie jamais  de son attitude. Acceptera-t-elle l’amour que lui offre Mike et de renoncer à sa vengeance ?

Les extérieurs sont ceux que nous connaissons de Medecine Bow, Shilow, mais aussi les montagnes, en revanche, toutes les scènes dans le refuge d’O’Rourke sont faites en studio. Compliments à Robert Ellis Miller qui réussit à chaque fois les raccords intérieurs-extérieurs à la différence de l’épisode 18 « Le Grizzly » de William Witney.

Le scénario n’a pas été assez travaillé, on sent que c’est ce qui empêche cet opus de nous ravir.  Malgré tout, on est bien plus ici dans l’univers de la série que dans « The small parade », et c’est déjà un très bon point.

Le dénouement est totalement inattendu, on n’en dira évidemment rien, mais il relève le niveau d’un script parfois verbeux.

  • Michael Rennie (1909-1971) est célèbre pour plusieurs participations à la série « Les Envahisseurs », ainsi que  « Le jour où la terre s’arrêta », « La guerre des cerveaux ». Il incarne le régisseur que le virginien a remplacé, Mike O’Rourke.

  • O’Rourke est un émigrant irlandais. Il a été en prison durant son séjour à Medecine Bow et sa fiancée en est morte.

  • Nina Foch (1924-2008) a joué dans « Les dix commandements », « Spartacus », « Un américain à Paris ». Elle est ici Frances.

  • Retour du Shérif Mark Abbott, crédité au générique de fin simplement sous sa fonction.

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23. THE MONEY CAGE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire : Don Mullally.

Adaptation : Jameson Brewer.

Réalisation : Alan Crosland Jr.

Dans un train qui arrive à Medecine Bow, une femme seule, Lydia Turner est importunée par un vendeur de lingerie féminine, Charlie Dorsey. Un homme,  William C. Martin, se porte à son secours, mais ils sont en fait complices. Lydia est la fille du directeur de la banque de Medecine Bow.

Episode où personne n’est celui qu’il semble être. Steve Forrest, héros de la série « Le Baron », est Roger Layton, mais il a usurpé l’identité d’un célèbre géologue, William C. Martin. Il a mis au point une escroquerie simulant la présence de pétrole dans le sol et se sert d’un physique avantageux. Son comparse Charlie (Ronald Foster) lui a permis de rendre amoureuse la fille du directeur de la banque.

Lydia fait preuve d’une rare intelligence, elle comprend qu’elle a raté sa chance dans la vie est s’est enfermée dans une prison d’argent, d’où le titre original. « The money cage » est aussi une astuce que trouve le faussaire pour duper les clients lors d’une crise financière de confiance qui secoue le pays et  met les organismes en banqueroute. Chose qu’il ne fait pas par philanthropie, il veut que l’argent reste en banque pour le faire investir dans son pétrole imaginaire

Le personnage de Lydia toutefois évoque une vieille fille qui n’a plus d’illusion, et la comédienne qui l’incarne, Bethel Leslie, est sans doute trop belle pour être crédible. On lui met dans certaines séquences des lunettes qu’elle ôte dès qu’elle voit William Martin/Layton, mais cela ne suffit pas à l’enlaidir. D’ailleurs, la maîtresse de Layton, Jenny (Joanna Moore) est bien moins jolie, et dans une scène avec son amant lui dit ne pas être dupe de l’attirance qu’il a pour Lydia.

Le juge Garth et sa fille Betsy se trouvent un peu artificiellement mêlés à l’intrigue,  invités au repas où le père de Lydia a convié Layton. Horatio Turner, le banquier, fait partie de la grande bourgeoisie, en tant que directeur de banque, mais n’a pas de domestiques, et ce sont Betsy et sa fille qui font la vaisselle après le dîner, chose qui paraît bien improbable.

Le réalisateur Alan Crosland Jr fait un habile fondu enchaîné entre les doigts graciles de Lydia au piano et ceux plus rudes du joueur du saloon qui fait danser Trampas. Mais il est obligé de faire avec des décors factices lors des scènes nocturnes, qui jurent avec la nature et la beauté des montagnes et de la verdure, ou de peintures en arrière plan visibles au premier coup d’œil, censées représenter Medecine Bow de jour. A Universal, on a décidé de faire des économies et au détriment du plaisir du spectateur.

La ficelle du script est un peu grosse, Layton est là pour escroquer le père de Lydia (et accessoirement le juge). L’affaire traîne en longueur et les malfaiteurs prennent des risques insensés en restant sur place alors que l’hameçon lancé ne prend pas.

Contre toute attente, nous basculons d’une intrigue policière qui se serait fort bien passée du juge Garth, de sa fille, de Trampas et de Steve Hill à une histoire romantique, dans laquelle Steve Forrest, du moins son personnage, change de camp par amour. C’est moins niais que « Les feux de l’amour », et l’opus a un côté roman photos désuet qui n’est pas déplaisant. Bethel Leslie et Steve Forrest forment un couple qui occupe tout l’espace, rendant les protagonistes de la série dispensables. On passe un bon moment, même s’il n’y a aucune action durant le métrage et que ce dernier est fort bavard. Cependant, jamais l’ennui ne se fait sentir, ce qui est déjà un très bon point. Et au-delà de l’histoire de Martin et Lydia s’insinue en filigrane les crises économiques d’un pays basé sur le capitalisme. Même si l’intrigue se passe plus de 30 ans avant, tout cela a un arrière goût de crise de 1929.

  • Episode sans le Virginien.

  • Bethel Leslie (1929-1999) qui incarne Lydia Turner, la fille du banquier, reviendra sans un autre personnage dans la saison 8. On l’a vue dans « Au nom de la loi », « Perry Mason », « Alfred Hitchcock présente », « Rawhide », « Bonanza », « Le Fugitif »,  « Gunsmoke », « La grande caravane », « Les mystères de l’ouest », « Chaparral », « Mannix », « Kung Fu », « Equalizer », mais elle s’est surtout spécialisée dans le soap opera  avec « The doctors », « On ne vit qu’une fois » et « La force du destin ». On l’a remarquée au grand écran en 1999 dans « Une bouteille à la mer », qui fut aussi son dernier rôle.

  • Steve Forrest (1925-2013) reste surtout connu pour la série britannique ITC  « Alias le Baron ».

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24. THE GOLDEN DOOR
INÉDIT EN FRANCE

Histoire : Thomas Fitzroy et Maxwell Shane.

Adaptation : Maxwell Shane.

Réalisation : John Brahm.

Betsy découvre un certain Andrew Keal assassiné chez lui et en est fortement choquée. Un couple d’exilés lettons, Maria et Karl Rilke, sont conduits par Trampas à Shiloh car le mari possède le fusil de la victime. Karl Rilke est accusé de meurtre et le juge Garth accepte d’être son avocat lors du procès.

On se croirait dans un épisode de « Perry Mason », et Lee J. Cobb s’en tire bien en troquant l’habit de juge en retraite pour celui d’avocat. A vrai dire, il s’agit d’un épisode complètement atypique, où le spoiler qui n’en est pas vraiment un est révélé en milieu de métrage. L’immigrant russe est coupable, il l’avoue à sa femme lors d’une conversation dans sa cellule. Alors qu’il protestait de son innocence depuis les premières images.

Par conséquent, il faut chercher l’intérêt de « The Golden door » ailleurs : la formidable prestation de Lee J. Cobb en avocat pour une fois. Le couple de russes est un peu agaçant, la femme en particulier assez geignarde. Ilse Taurins, née en 1934, est une authentique lettonne, mais pas une actrice. Elle se contente de mimiques, et n’aura tourné que dans cet emploi de femme russe au cours d’une dizaine de rôles à l’époque du « Virginien ». Karlheinz Böhm en accusé immigrant russe ne retrouve jamais la prestance qu’il avait en empereur dans la saga « Sissi », et il joue ici assez mal.

Le virginien et Trampas n’ont que des rôles secondaires, quelques dialogues avec le juge, Trampas pouvant se vanter de participer à l’arrestation de Rilke au début et d’un petit interrogatoire par son patron comme témoin lors du procès mais guère plus. L’opus parle de l’attirance que représentait l’Amérique pour les immigrants, le fameux rêve américain, et la façon dont ceux-ci étaient reçus à l’époque de la série. Robert Duvall réussit l’exploit d’avoir une tête de parricide, alors que le téléspectateur sait, vers le milieu de l’intrigue, la vérité.

Il est un peu dommage de voir certaines scènes répétitives gâcher l’ensemble : les différents malaises de Maria, enceinte, la prévenance un peu superficielle de Betsy à son égard, les disputes entre les époux. Lee J. Cobb nous régale cependant d’un numéro de comédien éblouissant, et à lui seul porte l’épisode sur ses épaules. Il aurait d’ailleurs fait un très bon Perry Mason, serein mais prêt à réagir au moindre fait nouveau, il met tellement de talent dans sa prestation de juge Garth que l’on ne finit par n’avoir d’yeux que pour lui, oubliant que l’on est dans « Le Virginien ».

La tension réussit à être haletante bien que le spoiler soit dévoilé en route, ce qui en dit long sur la qualité du script, mais surtout de la mise en scène de John Brahm. Peu d’extérieurs ici, on passe les trois quart du temps au tribunal.

Roberta Shore accuse un manque de métier flagrant, et semble éternellement nous resservir la gamine de quinze ans qui aimerait encore que son père lui lise des histoires comme dans l’épisode 2,  « Woman from White Wing ». Paul Carr en procureur Kane est un adversaire à la hauteur pour le juge, ce qui permet à Cobb de se surpasser.

J’ai passé un excellent moment avec cet épisode qui frise la perfection. Cela dit, un amateur de western sera forcément déçu car c’est un jeu d’adresse et de joutes oratoires entre un avocat et un procureur plus qu’une aventure du cowboy le virginien.

  • Encore un changement de shérif, c’est ici Russell Thorson qui interprète l’officier Stan Evans.

  • Robert Duvall (1931- ) vu dans « Le Parrain » et « Apocalypse Now » incarne Johnny Keel, le fils de la victime.

  • Karlheinz Böhm (1928-2014) était allemand. Il joua le rôle de l’empereur mari de Romy Schneider dans les « Sissi ».

  • Paul Carr (1934-2006) vu dans « Dallas », « Hawaii Police d’état », « Les feux de l’amour », reviendra plusieurs fois dans la série, mais en y tenant des rôles différents, parfois sans être crédité au générique.

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25. LIBÉRATION ANTICIPÉE
(A DISTANT FURY)

Histoire : Howard Browne et John Francis O’Mara.

Adaptation : Howard Browne.

Réalisation : John English.

Ed Frazer, condamné pour vol à cinq ans de prison a été libéré pour bonne conduite. Steve Hill avait témoigné contre lui et pense qu’il est revenu se venger. La belle Gloria Blaine fait tourner les têtes des jeunes comme Steve, tandis que sa mère est la maîtresse et complice de Frazer.

Joey Heatherton (Gloria) est sans doute la plus belle actrice que nous ayons vue dans cette saison 1. C’est un véritable régal pour le téléspectateur, notamment dans la scène du bal. L’intrigue, après l’épisode judiciaire, revient au début au genre western classique, avec le voleur sortant de prison qui veut récupérer son magot, avant de passer dans l’enquête policière. Ida Lupino  en Helen Blaine, côté comédie,  domine la distribution, tandis qu’Howard Duff assure ce que l’on attend de son personnage.

Gloria à qui l’on donnerait le bon Dieu sans confession fait merveille dans le rôle de la jeune garce. Malgré son jeune âge, elle compte bien garder l’argent du vol de Frazer. Joey Heatherton apporte incontestablement un plus à cet épisode.

L’épisode semble hésiter entre une potentielle vengeance de Frazer contre Steve Hill, et la fuite de Gloria et sa mère avec les 30 000 dollars du vol. Mais à la 37e minute, Helen Blaine tue Frazer et l’on comprend que ce pauvre Steve va être accusé de meurtre. La criminelle a tout fait pour attirer dans un piège fatal son amant sans attirer les soupçons sur elle.

Le shérif Abbott est particulièrement belliqueux envers Steve dans cet épisode. Cet opus devient prévisible, d’autant que Steve a échappé à un accident mortel qu’il impute à un sabotage de Frazer. On craint un instant de revivre un épisode de procès, et puis tout cela nous empêche de voir la belle Gloria pendant un long moment ! Quel gâchis.

C’est l’épisode de Steve Hill/Gary Clarke, même si cet acteur n’a pas du tout l’envergure d’un Lee J. Cobb ou d’Ida Lupino. Il est dès lors de toutes les scènes lorsqu’il est accusé. Sans avoir le manque de métier de Roberta Shore, on ne peut pas s’extasier devant son talent. Il a du mal à renvoyer la balle à Ida Lupino, actrice magistrale au jeu sûr (Ida lui file deux gifles de suite au sens propre).

Gloria se révèle une adolescente perverse, trouvant Steve plus attirant dès lors qu’il est suspecté du meurtre de Frazer. Mais sans cesser de penser un instant au fameux magot. Pourtant, lorsqu’elle sait l’identité du meurtrier, elle déchante vite et est effarée.

L’ophtalmologiste Wilfred Simms, éconduit par Gloria qu’il avait demandée en mariage, met involontairement Steve sur la piste des Blaine mère et fille.

Les circonstances font qu’ensuite Gloria/Joey Heatherton revient au premier plan, pour notre plus grand plaisir. Hélas, la puritaine Amérique de 1963 ne fait pas de Gloria le démon que l’on espérait. Le happy end obligatoire semble artificiel et obligé, on le regrette.

Un épisode avec une présence minimale de Cobb, Drury et McClure. On aurait aimé que Joey Heatherton soit plus sulfureuse et audacieuse, mais l’époque ne s’y prêtait pas.

  • On ne présente plus Ida Lupino (1918-1995), actrice réalisatrice qui a tourné autant pour la télévision (vue deux fois dans « Columbo » notamment) que pour le cinéma (« La grande évasion »).

  • Howard Duff (1913-1990) fut la vedette de la série policière « Brigade criminelle ».

  • Joey Heatherton (1944-) tournait là le second rôle de sa carrière d’actrice, mais elle est aussi chanteuse, danseuse, et connue pour des démêlées avec la justice. On l’a vue dans « Le motel du crime », « Barbe bleue » au cinéma, mais a fait peu de télévision (« Opération vol »). Elle fut considérée comme la rivale d’Ann Margret.

  • Retour du shérif Mark Abbott. Ici de façon très affirmée. Il n’a jamais eu une présence si importante à ce jour.

  • On apprend que Shiloh est à deux heures du centre ville de Medecine Bow.

  • Paul Carr reprend son rôle de procureur de John Kane du précédent épisode, mais sans être crédité au générique.

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26. LUI OU MOI
(ECHO OF ANOTHER DAY)

Scénario : Frank Fenton.

Réalisation : William Graham.

Sam Harder, vieil ami de Trampas, a purgé cinq ans de prison pour complicité dans un vol de 50 000 dollars en or. Il a toujours refusé de dire où le butin fut caché. L’affaire a eu lieu lors de l’attaque d’un train postal.

La série s’éloigne si souvent de son principe de base que l’on est tout étonné lorsqu’elle nous propose un western classique pur et dur comme c’est le cas ici. L’ami de Trampas a participé à l’attaque du fourgon postal longtemps avant celui de Glascow-Londres en 1963. On est peu surpris de retrouver « Lou Grant » Edward Asner, un détective, George Johnson, qui cherche pour le compte de l’état à retrouver la cachette d’or. Au milieu des cowboys, il jure en costume de ville et cravate. Il est dit d’ailleurs par un personnage qu’il monte très mal à cheval.

L’intrigue est linéaire et classique, la recherche du trésor, forcée pour Trampas pris en otage avec son ami Harder. Quelques beaux décors naturels sont gâchés par des scènes carton-pâte de studio, l’un des défauts majeurs de cette saison 1.

L’alternance des shérifs continue avec le retour de Stan Evans. Cinq épisodes se tournant simultanément d’après James Drury, le même acteur ne pouvait sans doute pas figurer dans chacun.

Bleeck (John Debner) est le complice resté dehors qui se lance dans la chasse à l’or, dont Harder cherche à se venger, mais l’homme, malin, se méfie. Le virginien lui ne se soucie que du sort de Trampas otage, et aura l’occasion de le rappeler au détective Johnson qui voudrait donner l’assaut au gang composé de Harder, Bleeck et deux comparses.

Ce qui gâche un peu l’épisode est l’absence de rebondissements et de surprises. Depuis le début de la série, les réalisateurs semblent toujours utiliser le studio pour les scènes nocturnes, et l’on se demande pourquoi. Une scène de feu de camp par exemple est un désastre, et de ce point de vue, la série a mal vieilli.

Bradford Dillmann en Sam Harder est égal à lui-même d’un rôle à l’autre. Son jeu en 1963 dans cet épisode est exactement le même que dans « Gold » de Peter Hunt en 1974. Toujours les mêmes expressions à son registre.

La fin est sans surprises et même convenue. Pas de twist final. Dès le début, on comprend que l’un seul des deux antagonistes, Bleeck ou Harder, survivra. Le téléspectateur un peu avisé comprend vite qui s’en sortira. Comme l’explique le détective Johnson, on a juste condamné Harder à cinq ans de prison pour rébellion, mais il n’a pas été inculpé pour l’organisation du vol.

Ce n’est jamais long ni bavard, mais routinier et classique. La série en ne restant que sur le seul canevas western serait aujourd’hui oubliée. En voyant « Lui ou moi », on constate l’absence de la moindre intrigue policière, genre vers lequel a tendance à souvent tomber la série, même de façon détournée.

  • John Debner (1915-1992) a tourné plus de 280 rôles, mais il a marqué les esprits dans « Ces garçons qui venaient du Brésil ».

  • Edward Asner (1929) tourne toujours, mais reste surtout connu pour la série « Lou Grant ».

  • Bradford Dillmann (1930-) a arrêté sa carrière avec la série « Arabesque » en 1995.

  • Dans une scène, le virginien montre au détective Johnson qu’il a plus d’autorité que le shérif, puisque la décision qu’il prend est celle qui l’emporte.

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27. STRANGERS AT SUNDOWN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire :  Thomas Fitzroy.

Adaptation : Morton Fine et David Friedkin.

Réalisation : David Friedkin.

De retour d’un voyage dans le Montana, le juge et Betsy se trouvent à bord d’une diligence. Ils sont attaqués par des inconnus et se réfugient dans une étape, à Sundown.

On est assez consterné par la mise en scène au début de l’épisode. En effet, il est évident que tout est tourné en studio, la diligence ne fait pas illusion une seconde, pour un peu on se croirait dans l’épisode de « Chapeau melon et bottes de cuir » « Les fossoyeurs » avec le faux voyage en train qui était drôle. Le contraste avec les images de la plaine, vue de loin, est catastrophique. Mélange de stock shot ou de scènes captées à part,  la diligence semble filmée avec les procédés des années 40.

La suite ne nous promet guère d’améliorations, avec le siège de Sundown, qui nous confine à nouveau dans des scènes d’intérieurs.

Malcolm Atterbury dans le rôle de Wallace ressemble beaucoup physiquement au shérif Stan Evans/Russell Thorson. Il incarne ici une grande brute qui abat pour le plaisir une biche, faisant pleurer Betsy. Ce passager de la diligence veut livrer George Wilson, l’homme recherché par le chef des bandits Pauk (Paul Richards). Mais aucun des passagers ne veut dire qu’il est Wilson.

Harry Clark (Richard Anderson) nous semble être le fameux Wilson, du moins le metteur en scène fait tout pour nous le faire croire. Clark est atteint d’une maladie qui lui laisse tout au plus six mois à vivre. Il se lance dans de grands discours.

Pauk reproche à George Wilson d’avoir trahi leur bande de braqueurs de banque et fait pendre son ami Grayson. Cet épisode évoque souvent du théâtre filmé, tout en intérieurs, en dialogues, en grandes déclarations.

Evans Evans, que l’on reconnaît pour avoir été  dans le téléfilm d’Hitchcock « J’ai tout vu » » avec John Forsythe, est ici Phyllis Carter, la femme de George Wilson. Elle a un jeu introverti, tandis que le comédien Harry Morgan (le bonimenteur Jonesy, vendeur de machines à coudre) nous arrache un sourire en allant négocier avec Pauk pour qu’au cours d’une éventuelle fusillade, son matériel ne soit pas abîmé.

Le fameux George Wilson s’avère être le mari de Phyllis, Jed Carter (Skip Homeier). Tout est prétexte à « faire durer » pour atteindre les 75 minutes. Aucun crédit ne semble avoir été alloué pour cet épisode, à part le cachet des acteurs, qui récitent interminablement des litanies.

Pour la première fois dans la saison, Lee J. Cobb semble s’ennuyer autant que le téléspectateur. Il manque des moyens évidents à cet opus qui aurait pu devenir passable, même si le script de Thomas Fitzroy n’est pas inventif. En l’état présent, c’est un ratage total.

  • Richard Anderson (1926-) est célèbre pour son rôle d’Oscar Goldman dans « L’homme qui valait trois milliards ».

  • Le virginien, Trampas et Steve sont absents.

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28. THE MOUNTAIN OF THE SUN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire : Lou Morheim.

Adaptation : Harry Kleiner.

Réalisation : Bernard Mc Eveety

Dans un train pour la ville frontière de San Pablo où il doit livrer un taureau primé, le virginien rencontre trois femmes missionnaires inconscientes du danger de l’endroit. Il décide le les protéger. Il est également venu pour dénicher un voleur, Dixon, qui a dépouillé le juge Garth et Trampas.

J’ai l’impression qu’Universal a dépensé tout le budget octroyé pour la première saison de la série, en voyant cet opus aussi fauché que le précédent. Bon samaritain, le virginien ne peut se résoudre à laisser trois bigotes en danger de mort, alors qu’elles veulent rejoindre un endroit fort périlleux. Le scénario est anémique, et l’on constate que les décors ne coûtent rien, contrairement à bien des scènes vues lors des premiers épisodes.

Abus de décors factices, de séquences de « remplissages », le cœur n’y est pas. Les trois missionnaires ignorent tout du désert : comment trouver de l’eau, échapper aux serpents et aux indiens Yaquis. Voulant les effrayer, le virginien leur raconte que trois missionnaires ont été massacrés un an plus tôt, on leur a coupé la langue et le talon d’achille, avant de les laisser mourir dans le désert. Il ignore qu’il s’agissait des maris des trois femmes qui courent à la mort.

Nous devons subir de nouveaux bavardages et des scènes de studio. Dolores Hart en Cathy semble la plus obstinée des trois, étant la plus jeune. Ces femmes sont suicidaires plus que mues par la religion. Au fil de l’intrigue, notre héros et les femmes rencontrent des victimes des Yaquis, un mexicain et sa fille qui a perdu la raison. Un véritable bain de sang est évoqué durant depuis des lustres, et le contremaître de Shiloh est résigné face à ce conflit. Il n’a pas de solutions.

L’épisode est moralisateur et montre la foi inébranlable des américains en Dieu. Ne pas répondre à la violence par la violence. Pourtant, outre les indiens Yaquis, se trouvent dans cette montagne du soleil des bandits sauvages. Le portrait des mexicains est peu flatteur. Et sans doute ne serait plus admis dans les séries politiquement correctes d’aujourd’hui.

La longue route dans le désert souffre de décors de cartons pâte visibles. On nous propose alors une histoire d’amour entre Cathy et le virginien, vouée à l’échec car la dame ne jure que par sa vocation religieuse. Pour une fois, réalité et fiction se rejoignent puisque l’actrice qui interprète Cathy, Dolores Hart a pris le voile juste après cet épisode ! Nous n’avons pas perdu une grand interprète car d’un bout à l’autre de l’épisode, j’ai trouvé son jeu surfait, maladroit et médiocre.

La fin de l’opus s’enlise dans un discours sur l’histoire : la guerre avec les indiens dure depuis que les espagnols ont conquis le pays, et chacun rend en atrocité ce que fait l’autre. L’épisode est doté d’une musique envahissante et assourdissante.

On voit le premier Yaquis au bout d’une heure deux minutes. Il n’a de toute évidence aucune envie de se voir endoctriner par la charité chrétienne.

La fin nous entraîne au royaume des Bisounours, et tient d’une affligeante morale abêtissante.

  • Le virginien confie à Cathy Maywood avoir vécu un grand amour, qui s’est, d’après ses dires, « consumé ».

  • Il est question ici de la guerre de l’armée Mexicaine contre les indiens Yaquis.

  • Jeanette Nolan (1911-1998) a joué dans « L’homme qui tua Liberty Valance ».

  • Le virginien parle l’espagnol.

  • Dernier rôle de l’actrice Dolores Hart (1938-) qui a l’instar de son rôle de missionnaire est entrée dans les ordres !

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29. ESCAPADE
(RUN AWAY HOME)

Histoire : Gene Roddenberry. 

Adaptation : Howard Browne.

Réalisation : Richard L. Bare.

Le virginien et Steve se rendent dans une ville pour vendre du bétail pour 40 000 dollars. La somme est retirée par Walter Moody,  le fondé de pouvoir de l’acheteur juste avant la banqueroute, et un fermier, dépouillé de ses économies par la faillite, veut les récupérer sur l’argent du juge.

Episode bien meilleur que les deux opus précédents. Le ressort du script n’est pas très moral, car le juge Garth se trouve avantagé au détriment des autres clients de la banque. Karl Swenson, le fermier, en ce sens n’est pas un voleur, mais veut récupérer son bien. A plusieurs reprises, il revendiquera seulement la part de ses économies que la banqueroute lui a prise, se limitant à 12500 dollars.

L’opus tourne vite à la comédie lorsque le virginien, se sauvant avec l’argent du juge dans un train de marchandises en passager clandestin, fait la connaissance d’une jolie jeune femme, Amy Pryor (Jeannine Riley), affabulatrice et un peu fofolle. Le scénario est parfois décousu. On s’écarte du canevas de départ. Dans son histoire avec Amy, le virginien a quelque peu l’air d’un grand dadais éloigné du héros habituel. La sacoche avec les 40 000 dollars devient vite un sujet d’obsession pour le cow boy.

Le réalisateur semble vouloir profiter des décors et prendre son temps au détriment du rythme. Il en résulte un épisode léger, sans morts ni blessés alors que les cadavres sont habituellement fréquents lors des échanges de coups de feu, avec beaucoup de quiproquos, où le virginien fait une conquête, la belle Amy. Mais notre héros ne sort pas grandi de cette aventure, notamment en raison d’une séquence où il soupçonne un couple de fermiers de lui avoir volé l’argent. Non seulement, il se trompe, mais les oblige à ouvrir une malle contenant les jouets et la photo de leur unique enfant décédé. Une séquence semblable fut tournée dans un épisode du « Commissaire Moulin » où des bœuf carottes, sans respect aucun, pénètrent dans la chambre du fils de Moulin, Frédéric, pour y mener leurs investigations.

« Escapade », à hésiter entre le suspense et la comédie, aboutit à un résultat mitigé. James Drury se montre parfois limité. Le réalisateur tente au maximum d’utiliser les décors naturels, privilégiant malgré la longue séquence du train les extérieurs. Jeannine Riley ne manque pas de malice et est l’atout charme de l’opus. On est loin cependant des grandes réussites de la saison qui mêlaient mystère et suspense. On ressent un certain essoufflement de fin de saison.

  • Karl Swenson (1908-1978), qui a participé plusieurs fois à la série, joue ici un personnage qui porte son propre nom.

  • Jeannine Riley (1940-) a joué dans « Les mystères de l’ouest » « Des agents très spéciaux », et au cinéma dans « ELectra Glide in blue » (1973).

  • Gene Roddenberry (1921-1991) est le créateur de « Star Trek ».

  • Le juge Garth, Betsy et Trampas, bien que mentionnés, ne figurent pas dans l’épisode.

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30. THE FINAL HOUR
INÉDIT EN FRANCE

 

 

Histoire : Ward Hawkins et Bernard Girard.

Adaptation : Harry Kleiner.

Réalisation : Robert Douglas.

Le juge Henry Garth doit décider s’il accepte ou non la construction d’une mine de charbon sur ses terres où seront employés des ouvriers polonais. Les habitants de Medecine Bow y sont hostiles car cela réduira les troupeaux sur les collines,  mais lui semble favorable au projet.

C’est par un drame que se termine cette saison 1. La cohabitation de polonais mineurs pour le compte du juge et de la population de Medecine Bow est difficile. Jan Wolski (Dean Fredericks) était fiancé en Pologne à la belle Polcia qui enflamme les cœurs mais elle n’avait guère de liberté avec un homme jaloux et qui lui refusait le voir le monde. A peine arrivée, elle tourne autour de Jake Henderson (Don Galloway), mais aussi de Trampas, dont elle tombe folle amoureuse.

Le père de Jake, Milo Henderson (Bert Freed) est celui qui était le plus hostile à l’installation de la mine, que le juge a faite au nom du progrès, et surtout à l’arrivée de polonais. Jaloux, Jan tue son fils Jake lors d’une bagarre, mais est acquitté par le jury. Les habitants de Medecine Bow décident de se passer de la justice du shérif Abbott et de lyncher Jan, mais les polonais sont en masse et armés. C’est donc un carnage qui se prépare après l’enterrement de Jake, ami depuis quatre ans de Trampas.

Le film aborde l’éternel problème des immigrés. Les polonais ici ne se mêlent pas aux autres et adoptent ce que l’on appellerait aujourd’hui le communautarisme. Roméo et Juliette se trouvent au milieu. Trampas est à la fois menacé par Milo, père de son ami, mais aussi par la jalousie de Jan. Surtout que la superbe Polcia lui a annoncé qu’elle voulait épouser le beau cowboy, lequel n’a jamais connu une telle passion, jusqu’ici il s’amusait avec les filles comme les jeunes de son âge.

La tension monte jusqu’au drame inévitable. Le sang coule et laisse des plaies au cœur. Sans révéler le spoiler, le juge Garth comprend la douleur de Trampas, ayant perdu un être cher (épisode 2 « Woman from White Wing »).

La lumière de cet opus est la belle Ulla Jacobson, trop tôt disparue, actrice suédoise qui joue ici une polonaise. Elle évoque parfois Ingrid Bergman. Rarement, Doug McClure, qui en trente épisodes a acquis de la maturité, aura joué si bien, si vrai. Ce n’est pas un western, mais une histoire d’amour tragique sur fond d’incompréhension entre résidents et migrants. L’opus ne tombe pas dans la prise de tête et est plus destiné à faire pleurer dans les chaumières, en attendant la saison 2.

  • Ulla Jacobson (1929-1982) qui incarne Polcia a joué dans  « Elle n’a dansé qu’un seul été », qui la révéla, « Zoulou », Sourires d’une nuit d’été », « Les héros de Télémark », mais fit fort peu de télévision. Un épisode de « Haute tension », de « Ben Casey ». Elle se dédiait au cinéma et est morte jeune d’un cancer.

  • Don Galloway (1937-2009) qui incarne Jack Henderson est célèbre pour son rôle d’Ed Brown dans « L’homme de fer ».

  • Le shérif est cette-fois Mark Abbott.

  • Le virginien ne fait qu’une brève apparition dans l’épisode.

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 saison 4Présentation

Le Virginien

Saison 1  - Volume 2

 


11. LES ENFANTS DU DIABLE
(THE DEVIL'S CHILDREN)

 




 

 

 

 

 

 

 

 

 

Scénario : John et Ward Hawkins.

Réalisation : William Witney.

Tabby Mc Callum, fille d’un père tyrannique qui la bat, a un complexe de persécution. Elle incendie les écuries du ranch Shiloh, pour se venger du Virginien qui l’a réprimandée. Son fiancé Dan Flood donne l’alerte et risque sa vie, sauvant les chevaux. Sam Hicks, du ranch, tire sur la fuyarde et on la retrouve le lendemain morte. Les Mc Callum accusent Dan Flood de l’incendie.

D’emblée, c’est un épisode dramatique, qui laisse présager le genre « tragédie ». Le père est caricatural, Tucker Mc Callum, incarné par un Charles Bickford rude et sauvage. Mc Callum est ivre de vengeance. Il se souvient que le père de Dan, qu’il rend responsable de la mort de sa fille, a été pendu pour vol de chevaux. Bruce, le fils (Carl Reindel) est du même tonneau.

La victime s’avère avoir été une petite peste, une enfant qui avait tué son premier poney, toujours prête à manipuler les autres pour faire du mal. Le vieux Tucker, qui menait ses enfants à la baguette, est un patriarche aigri. Charles Bickford joue un tyran sans nuances.

L’épisode est prévisible, le téléspectateur comprend les drames qui vont arriver et que personne ne pourra empêcher. On regrette l’absence de Lee. J. Cobb, dont le personnage aurait amené un peu de raison. Dan est jugé complice de la défunte Taby. Les Mc Callum veulent le tuer. Le propriétaire d’une fabrique de bois, Pingree (Ed Prentiss) veut jouer les juges à la place de Garth absent et réclame la peine la plus dure.

Les Mc Callum père et fils, remplis de haine et de mauvaise foi, décident d’appliquer leur justice, ou ce qu’ils estiment en être une. Le malheureux fiancé qui n’a rien fait écope de trente jours de prison, mais pour sa « belle famille », ce n’est pas assez. L’enfant du diable Bruce abat Sam Hicks après avoir tenté d’étrangler Dan. Dès lors, le carnage est inévitable. L’absence du Virginien durant une partie cruciale de l’épisode (il ne revient qu’à la 55e minute) n’est en rien justifiée par le script.

L’épisode, dans lequel le nombre des victimes augmente, est peu aidé par la prestation d’un James Drury assez gauche dans son jeu. S’il est maladroit dans les scènes dramatiques, il prendra sa revanche en jouant les détectives dans l’épisode 16 « The Exiles ». Ici, il compense ses faiblesses de comédiens par ses prouesses physiques.

L’opus manque de peu de recevoir la note minimale : tout est ici mélodramatique, larmoyant, avec des situations vues cent fois ailleurs. On ne nous épargne aucune pleurnicherie comme la mort de la mère Mc Callum malade du cœur. On restera dans l’incertitude sur le sort de l’assassin de Sam Hicks, qui sera arrêté. Le « happy end » a un goût prononcé de « Bitter end ». Carl Reindel dans le rôle d’enfant du diable, frère de Taby, joue comme un cochon.

L’épisode ne donne pas envie, à la différence d’autres, d’être revu après vision.

  • Ce n’est pas Roger Rudel qui double James Drury dans cet épisode. Inconvénient de la VF, le Virginien change de voix !

  • Joan Freeman (1942-) qui incarne Tabby reviendra dans la série à trois reprises de 1963 à 1965 mais avec des personnages différents.

  • Charles Aidman (1925-1993) était le remplaçant occasionnel de Ross Martin dans « Les Mystères de l’ouest » dans le rôle de Jeremy Pike.

  • Au cimetière, on ne voit malheureusement pas l’année de décès de Taby sur sa plaque au cimetière, ce qui aurait permis de dater l’année de l’intrigue.

  • Le shériff Stan Evans (Russell Thorson) remplace inexplicablement Mark Abbott/Ross Elliott. Thorson est doublé par Claude Bertrand, la voix française de Roger Moore.

  • Betsy participe activement à l’épisode, alors qu’elle d’habitude effacée.

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12. FIFTY DAYS TO MOOSE JAW
INÉDIT EN FRANCE

Scénario : Maxwell Shane et Donald S. Sanford.

Réalisation : Maxwell Shane.

Pour éviter au juge Garth une faillite, Le Virginien doit conduire 2000 têtes de bétail au Canada à Moose Jaw afin de les vendre. Slim Jessup, ouvrier piégé par sa patronne allumeuse, a dû tuer le frère du mari de la dame en état de légitime défense pour se sauver. C’est un vieil ami du Virginien.

Dans cette intrigue assez linéaire, il s’agit de convoyer du bétail. On se croirait dans un western de John Wayne. Les beaux paysages ne comblent pas les lacunes du scénario. James Gregory et Brandon De Wilde, dans leurs rôles de vétéran et de novice, volent la vedette au Virginien et à Trampas.

Jessup prend sous sa coupe un orphelin, James Cafferty, maltraité par son beau-père. Ce qui déplaît à Trampas dans la scène où il vole le violon du jeune homme.

Mais l’étau se resserre autour de Jessup, piégé par une femme dont le mari veut absolument la tête car elle s’est jetée à son coup et en se défendant, il a tué le beau-frère. Le beau-père de James traque lui le jeune homme, même si ses intentions se révèleront moins belliqueuses.

On peut reprocher au réalisateur de mauvais raccords entre le troupeau (des scènes de stock shot) avec le reste.

On commence à s’ennuyer un peu, le réalisateur s’appesantissant sur le sort de James et Jessup. Pour la première fois, le metteur en scène est contraint de « meubler » par des scènes inutiles pour atteindre les 75 minutes. Par exemple, les séquences d’étape du convoi s’éternisent et n’apportent rien à l’histoire. Maxwell Shane multiplie les bavardages inutiles et tire à la ligne. La série est brillante lorsqu’elle dispose de bons scénarii, ce qui n’est pas le cas dès le début ici. La fin est larmoyante et moralisatrice, et le téléspectateur, qui a subi beaucoup trop de scènes en studio, a le sentiment de s’être fait avoir, par rapport à la qualité habituelle de la série.  Universal ne disposait pas des moyens d’un scénario à la fois trop ambitieux (convoi de bétail de Shiloh au Canada) mais aussi très terne.

On aboutit donc, comme pour l’épisode « Les héros » à un ratage. Un peu pour les mêmes raisons d’aileurs. Episode verbeux, qui part dans toutes les directions, voulant conjuguer en fait trois intrigues en une : le sort de James, qui tient du conflit familial, celui de Jessup qui s’est trouvé au mauvais moment au mauvais endroit, et le sauvetage de l’exploitation d’un juge Garth bien trop absent.

Brandon De Wilde et James Gregory font ce qu’ils peuvent, mais leur histoire de fils voulant se découvrir un père est cousue de fil blanc. Besty fait plusieurs apparitions, confortant l’importance de son personnage. Roberta Shore profite de l’absence de Lee J. Cobb pour bénéficier de quelques scènes intéressantes, toute l’intrigue ne se déroulant pas dans le seul convoi mais aussi un peu à Shiloh.

Sur 30 épisodes, il ne peut y avoir 30 réussites. Pour en faire une série plus parfaite, il fallait simplement envisager moins d’épisodes. Sur son site, James Drury raconte que parfois, on tournait simultanément cinq épisodes de la série en même temps. On ressent ici cette quantité privilégiée au détriment de la qualité, ce qui heureusement n’est pas le cas trop souvent.

  • Un télégramme envoyé au début de l’épisode nous apprend que nous sommes le 9 juillet 1890, soit huit ans avant les évènements de la saison 1 censés se dérouler en 1898.

  • James Gregory (1911-2002) vu dans « Le secret de la planète des singes », incarne ici Jessup. Il reviendra trois fois dans la série dans d’autres rôles. On se souvient de sa prestation de gangster dans l’épisode de « Mission Impossible : la fiancée » en 1972 où il était Joe Corvin, l’heureux élu de Casey-Linda Day George.

  • Brandon De Wilde (1942-1972) mort jeune dans un accident de la route, incarne ici le jeune James Cafferty. Au cinéma, on l’a vu dans « L’homme des vallées perdues » (1953), « Le plus sauvage d’entre tous » (1963) et « Première victoire » (1965).

  • Cet épisode explore une facette antipathique de la nature de Trampas. Ce sera de moins en moins évoqué au fur et à mesure de l’évolution de la série pour en faire un alter-ego du Virginien.

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13. L'ACCUSATRICE
(THE ACCOMPLICE)

Histoire : Winston Miller.

Adaptation : Howard Browne et William P. McGivern.
Réalisation : Maury Geraghty.

Le jour de son anniversaire, Trampas est arrêté par des adjoints au shérif de Rocky Point pour une tentative de meurtre et un cambriolage qui a rapporté 60 000 dollars.

Trampas est reconnu par deux témoins, dont Mlle Celia Miller (Bette Davis) comme ayant braqué leur banque et tué un homme. Cette situation de départ laisse prévoir un bon épisode. Notons qu’ici, compte tenu de l’accusation et du mandat d’arrêt, il est impensable que le prénom de Trampas ne nous soit pas indiqué.

Visuellement, on ne fait pas de différence entre Rocky Point et Medecine Bow au niveau du centre ville. Lin Mc Carthy (vu dans trois épisodes des « Envahisseurs ») est ici un journaliste, Malcolm Brent, en réalité l’auteur du hold up et le meurtrier. Ce qui n’est guère vraisemblable car Lin Mc Carthy et Doug McClure ne se ressemblent pas du tout. Brent vient se jeter dans la gueule du loup ce qui est aussi peu crédible.

L’opus aborde la question de la fragilité du témoignage humain, en particulier de celui d’un des deux accusateurs qui a de gros problèmes de vision. Ce dernier retire vite son témoignage, mais Mlle Miller persiste. Dès la 28e minute, elle déclare au « journaliste » Brent qu’elle ment et sait que Trampas est innocent, puisqu’elle le reconnait lui. En fait, elle fait chanter le tueur, exigeant 10 000 dollars.

James Drury inégal selon les épisodes, parfois crédible uniquement dans les scènes d’action, livre ici une belle composition. Il semble chercher ses marques durant cette saison. Il est fortement aidé dans son interprétation lorsque le scénario est solide.

Bette Davis est comme habituellement impeccable. Son personnage, d’un cynisme effarant, est campé avec assurance. Le Virginien, toutefois, va ébranler la détermination de Mlle Miller.

A la 41e minute, notre héros entrevoit la vérité. Le procès commence à la 43e, les américains – friands du genre, on le sait depuis « Perry Mason » - sont contents, mais il est ici vite repoussé. La fuite de Malcolm Brent en plein procès permet au Virginien de comprendre qu’il est impliqué.

Harold Gould en procureur s’avère décevant, par rapport à son niveau habituel. Il est ici toute en retenue, trop sobre dans son jeu, pas assez féroce. On suppose qu’après 1962, il a pris davantage d’assurance. Vers la fin, il devient même « gentil », ce qui est anachronique.

Bette Davis défend jusqu’au bout son mensonge. Altière, effrontée, arrogante, elle fait face à un James Drury très en verve qui lui tient tête. Le talent de Bette Davis permet au suspense de nous tenir en haleine. Avec « Le Virginien », il ne faut pas être cardiaque. Nous savons la vérité deux minutes avant la fin, ce qui tient du suspense à la Hitchcock. Cela cependant nous empêche d’avoir un épilogue.

Un des meilleurs opus de la saison.

  • Le cambriolage a lieu le 18 mai 1897. Puis nous voyons un calendrier de l’année 1898 en fondu enchaîné pour l’anniversaire de Trampas. Le nombre de bougies (Betsy en a oublié) ne permet pas cependant de connaître l’âge du personnage.

  • Trampas a été engagé au ranch Shiloh en juin 1897. Ce qui infirme la date du télégramme de l’épisode précédent où l’action se déroule à partir du 9 juillet 1890 ! Autre erreur de continuité : le shérif est Mark Abbott et dit se souvenir de l’arrivée de Trampas, or dans le pilote, le shérif en place – Trampas était présent – était Neil Brady.

  • Bette Davis (1908-1989) a joué dans « L’insoumise » (1938), « Victoire sur la nuit » (1939), « Une femme cherche son destin » (1942), « Eve » (1950), « Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? » (1962). Elle a tourné pour la télévision dans « Alfred Hitchcock présente », « La grande caravane », « Perry Mason », « Gunsmoke » et quelques téléfilms.

  • Il étonnant de constater que l’ORTF n’ait pas doublé des bribes de dialogues, qui sont en VOST. Sans doute simplement pour raccourcir quelque peu le métrage.

  • Harold Gould (1923-2010) est connu pour avoir été Honoré Vashion dans quatre épisodes de « Hawaii Police d’état ».  Il a joué deux fois dans « Les Envahisseurs », mais aussi « Mannix », « Columbo » et a tourné jusqu’à sa mort (« Cold Case, « Nip/Tuck »). Il tient ici le rôle de l’avocat général, Tom Finney.

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14. TU AS GÂCHÉ MA VIE
(THE MAN FROM THE SEA)

Scénario : David Friedkin et Morton Fine.

Réalisation : Herschel Daugherty.

Deux jumelles arrivent à Medecine Bow : Judith et Susan Morrow. Kevin Doyle, un marin, a envie d’acheter une ferme et de se marier. Il est arrivé par le même train. Molly conduit les jumelles à Shiloh. Très vite, il apparaît que Judith Morrow est atteinte d’une profonde psychose.

Trop jeune, on reconnaît à peine voire pas la jolie Carol Lynley, Elyse Reynolds dans « Les Envahisseurs : les défenseurs », et qui – plus âgée – était ravissante dans un « Hawaii Police d’état ». Carol, en Judith, ne ressemble pas du tout à l’actrice censée jouer sa jumelle Susan (Shirley Knight).

Susan fabrique de la poterie qu’elle vend. Elle est sûre d’elle, tandis que Judith est une écorchée vive, rebelle et sensible. Judith se saisit d’une arme et tire au hasard dans la bibliothèque du juge Garth. Nous comprenons le malaise qui s’installe, et pressentons un drame. Cependant, dans les vingt premières minutes, il ne se passe pas grand-chose : politesses, minauderies, conversations de salon. Lee J. Cobb accapare l’écran. Il est vraiment un grand comédien, son personnage de juge distillant une sagesse et une sérénité enviables. Face à lui, Carol Lynley semble déstabilisée, et a du mal à exister.

Kevin fait sa cour à Molly sans grand succès. On commence à trouver le temps long et à se demander où les scénaristes veulent nous entraîner. Une bonne trentaine de minutes est passée. Le marin s’attaque ensuite à Judith et se fait refouler. Les bavardages continuent entre le juge et Judith. Le temps devient long, et il ne se passe strictement rien.

On se croit dans un soap opera ! Pour le jubilé de Medecine Bow, on nous offre un spectacle de boxe. Trampas tente sa chance contre un champion, va-t-il nous sortir de notre torpeur ? Il se retrouve groggy tandis que Kevin gagne.

Pour sa dernière apparition dans la série, Molly/Pippa Scott n’est pas gâtée. Le script est un véritable gruyère. Judith semble folle. Mais l’histoire de son personnage n’est pas travaillée ni fouillée. L’écriture est paresseuse. On a le sentiment de feuilleter un bel album d’images.

45 minutes ont passé et l’épisode est bien compromis. Voilà un sérieux concurrent comme épisode le plus ennuyeux de la saison 1. La séquence de la course à pied le jour de la fête rappelle les pitreries de l’épisode 7 « Les héros » lors du match de polo. Doug McClure et Gary Clarke n’ont pas peur du ridicule.

Quand on pense au nombre d’épisodes non doublés en français, on se pose des questions sur les choix des programmateurs de l’ORTF de 1966. On pourrait suggérer un autre titre à l’épisode, « Tu as gâché mes 75 minutes ». On est en plein « Feux de l’amour ».

La folie de Judith finit par épouvanter son prétendant. Le téléspectateur lui dort d’un sommeil profond. C’est le premier épisode de la série sans scénario. Le juge Henry Garth consterné se voit obligé de jouer les docteur Freud.

Une grosse prise de tête attend le téléspectateur, et ce n’est pas la tragédie finale qui donnera un sens quelconque à cet opus. A fuir.

  • Dernière apparition du personnage de la journaliste Molly.

  • Carol Lynley (1942-) est célèbre pour « Bunny Lake a disparu » (1965).

  • Tom Tryon (1926-1991) a joué dans « Le Cardinal » (1963) et « Première victoire » (1965).

  • Shirley Knight (1936-) a joué notamment avec Jack Nicholson dans « Pour le pire et pour le meilleur » (1997)

  • On va fêter le 25e anniversaire de Medecine Bow.

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15. DUEL À SHILOH
(DUEL AT SHILOH)

Scénario : Don Ingalls, adapté d’une histoire de Bordon Chase et D.D.Beauchamp et du roman « Man without a star » de Dee Linford.

Réalisation : Jerry Hooper.

Steve Hill se souvient de son arrivée à Medecine Bow, passager clandestin d’un train de marchandises, en compagnie d’un certain Johnny Wade qui lui a tout appris.

Cet épisode est un flash back, et nous montre comment Steve connut le juge et sa fille Betsy. Il raconte la lutte entre Georgia Price (Geraldine Brooks) et le juge Garth, au sujet de l’herbe nécessaire aux troupeaux, mais qui n’appartient pas légalement à Garth et aux fermiers. Johnny Wade (Brian Keith) est celui qui apprend le métier au jeune Steve après l’avoir sauvé de la pendaison. On découvre ainsi un jeunot qui ne sait pas servir d’un révolver.

L’opus est parsemé de bagarres assez violentes, et l’on voit comment Steve devient un homme. Pour l’occasion, il faut rajeunir l’actrice Roberta Shore, ce qui est fait avec sa coiffure et quelques autres astuces vestimentaires, puisque nous sommes dans le passé, à une date et une année qui ne seront jamais précisées. La même chose est moins aisée avec l’acteur Gary Clarke, qui incarne un Steve qui ne fait pas plus « jeune » que d’habitude. Au début, lorsque Steve se rend avec des fleurs sur une tombe, on pense à sa dulcinée morte (Louella, évoquée dans l’épisode 6 « Big day, great day »). Mais pour deux raisons, on ne va voir le nom et la date sur la tombe. Il ne s’agit pas de la jeune femme, et révéler l’identité du mort constitue le « spoiler ». D’autre part, cela évite aussi d’indiquer le nombre d’années qui séparent cet épisode de 1898, chose qui aurait compliqué la tâche du metteur en scène, en obligeant à recourir à des comédiens plus jeunes (une petite fille pour Betsy par exemple) alors que nous restons ici dans un espace temps non précisé.

Dès le départ, le scénariste s’inspire de deux sources différentes : un roman de Dee Linford (il faut dire que le roman d’Owen Wister a depuis longtemps été totalement adapté), mais aussi un scénario original écrit à deux mains par Bordon Chase et D.D. Beauchamp. L’histoire n’ayant rien d’exceptionnel, on se demande bien pourquoi la production a eu recours à autant de sources au lieu d’un seul scénario original.

L’arrivée assez tardive du Virginien dans l’histoire est surprenante. L’intrigue basée sur la propriété de l’herbe n’est pas ce que l’on peut appeler passionnante en soit, mais Geraldine Brooks ne manque pas de charme, jouant pour l’époque une femme très émancipée, commandant des hommes.

Cela se suit sans ennui, mais pas avec passion. Heureusement, la mise en scène de Jerry Hooper donne du dynamisme à l’ensemble. Nous avons droit à des scènes spectaculaires, comme celle où un troupeau de bétail charge la clôture du juge Garth, et où le Virginien parvient à le détourner.

Après la phase de « l’apprentissage », Steve l’élève dépasse le maître. Ce qui constitue un moment très dramatique, toutefois sans jamais atteindre le degré de « The Brazen bell ».

Les bons moments de ce film, dans lequel Lee J. Cobb n’a pas l’importance qu’il a d’habitude, restant surtout dans le rôle de quelqu’un qui se défend, sont la liaison de Georgia avec Johnny Wade, histoire d’amour qui prendra un tour tragique. N’en dévoilons pas trop cependant.

Il y a aussi tout le début dans lequel en dehors de Steve nous ne retrouvons pas de personnages familiers. On est même surpris lorsqu’il est dit que l’on est à Medecine Bow tant la ville est différente de celle que nous connaissons. Wade est un migrant qui a besoin d’espaces sans fin, et n’aime pas les fermiers, qui lui ont fait fuir son Texas natal. Il est cependant pourchassé par le progrès, les fermiers ayant aussi investi le Wyoming. Brian Keith en Wade se montre un « maître » crédible pour l’élève Steve, après lui avoir sauvé la vie. On passe beaucoup de temps dans le train et à l’arrivée en gare, où un meurtrier est recherché, ce qui aurait dérouté le téléspectateur si dès le début il n’avait pas su que toute l’histoire était un flash back.

James Drury arrivant tardivement, il se limite aux scènes d’action, prêtant main forte au juge. L’absence de Trampas peut être interprétée comme un signe selon lequel il serait arrivé à Shiloh après Steve, le scénario n’est pas explicite sur le sujet.

J’ai passé un bon moment, la mise en scène ne lésinant pas sur les décors naturels toujours aussi enchanteurs. On en a pour son argent. Pas de scènes de rochers factices en carton comme dans l’épisode 9 avec Lee Marvin pour les gros plans, ce qui est un progrès appréciable.

Le titre de l’épisode est un mystère, car il n’y a jamais un vrai duel comme dans les westerns mythiques, avec une longue préparation, une tension qui monte. « Man without a star » aurait constitué, une fois qu’on a vu l’opus, un meilleur titre.

  • Trampas est absent de cet épisode.

  • Brian Keith (1921-1997) fut le héros des séries « Cher oncle Bill » et « Le juge et le pilote ». Il a participé à de nombreux épisodes de « Alfred Hitchcock présente », « Les Incorruptibles », « Le Fugitif ». Au cinéma on l’a vu dans « Le jugement des flèches » (1957), « Sur la piste des Comanches » (1958), « Nevada Smith » (1966), « Le lion et le vent » (1975), « Meteor » (1979), « La fureur sauvage » (1980). Il s’est suicidé dix semaines après celui de sa fille Daisy en 1997.

  • Geraldine Brooks (1925-1977) fut souvent vedette invitée de séries : « Mannix », « Opération vol », « Match contre la vie ». Ce fut aussi une vedette de cinéma : « La possédée », « Les désemparés », « Le gantelet vert », « Le défi de Lassie », « Le solitaire de l’ouest ».

  • Signalons dans cet épisode la présence de DeForrest Kelley (1920-1999), célèbre pour la série « Star Trek », il tient ici le rôle de Ben Tully, un « méchant ».

  • Erreur de continuité : lorsque Steve arrive à Medecine Bow, le shérif n’est pas Neil Brady/John Larch comme dans le pilote.  On peut cependant supposer que cela se passe avant l’arrivée de Brady ?

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16. THE EXILES
INÉDIT EN FRANCE

Histoire : Thomas Fitzroy.

Adaptation : William P. McGivern et Howard Browne.

Réalisation : Bernard Girard.

Le juge Garth risque la pendaison pour avoir tué un certain Jeff Ballard qui l’a pris en embuscade mais aurait été désarmé. Ralph Slocum, un représentant, a volé la carabine du mort. Et il est parti pour le Montana, à North Bend, par le train, où le Virginien se rend pour sauver son patron. Dans le train, il rencontre une chanteuse, Angie Clark, qui vient de Seattle. Lorsque cette dernière est engagée au saloon de North Bend, elle fait l’objet de menaces de mort pour l’obliger à partir.



Premier épisode de la série à aborder le genre mystère policier, ce qui est une idée géniale : se servir du cadre du western, mais y intégrer des histoires qui pourraient être des enquêtes de Sherlock Holmes ou de Mannix, tout en bénéficiant des décors enchanteurs du far West. Cela évite la lassitude des sempiternelles intrigues de western. A noter que ce détournement de genre existait déjà dans la bande dessinée avec « Flèche Noire le Cheyenne » (« Strongbow the Mohawk » puis « Blackbow the Cheyenne ») imaginé par Edward Homes en 1957 et publiée en français dans « Rintintin » dans les années 60-70.

A la différence de la série « Les mystères de l’ouest » qui détourne constamment le western vers l’espionnage, la SF et l’aventure, « Le Virginien » n’use qu’occasionnellement de cette piste scénarique. « La liste » dans la saison 6 utilise exactement le même canevas que « La liste rouge de Morgan », une aventure de Flèche Noire.

L’épisode présent a ceci de particulier qu’il nous éloigne de Medecine Bow. Bien entendu, rien ne ressemblant à une reconstitution de ville du far West qu’une autre, on se doute que l’on n’a pas été tourner « The Exiles » dans le Montana. L’éloignement sert de ressort à l’intrigue. Slocum a imaginé un plan diabolique pour extorquer une fortune au juge Garth, et il sait qu’une citation à comparaître, valable dans le Wyoming n’aura aucune valeur dans le Montana.

J’avais quelques craintes avec le réalisateur Bernard Girard, auteur du médiocre épisode 7 « Les héros », mais il s’était racheté avec le scénario du 8 « Impasse », et cette-fois nous propose une mise en scène splendide. Thomas Fitzroy a greffé une deuxième intrigue, celle des menaces contre la chanteuse, ce qui permet d’éviter la lassitude en 75 minutes, et de donner encore plus de mystère à résoudre au téléspectateur ébahi.

Les comédiens servent leurs personnages à merveille. Ed Nelson, le fameux docteur Rossi de « Peyton Place », est ici un salaud intégral que le hasard a mis en possibilité d’exercer un chantage et une extorsion. Faussement naïve et très sexy, Tammy Grimes  nous livre une Angie Clark chanteuse de saloon qui sera la première grande idylle du Virginien. Malgré ce qu’elle promet à fin, on ne la reverra pas dans la série, il faut laisser la place à d’autres actrices potentielles flirts du héros. Brad Weston est Fred Daly, l’adjoint du shérif, l’homme qui tente de faire passer pour folle Angie et de la faire quitter North Bend. Toutefois, son rôle se limite à celui d’une grande brute,  un homme de main qui sert de mystérieux intérêts que l’on découvrira en fin d’épisode, donc spoiler. Tous les rôles sont bien distribués, jusqu’au débonnaire propriétaire du saloon, le très paternel Mr Hardy, joué par Frank Cady, vu dans la série  « Les Arpents verts ».

Malgré un zeste de vulgarité, Angie se montre attachante. Lorsqu’elle négocie son contrat avec Hardy, elle démontre un certain aplomb et nous arrache des sourires. Les trains qui passent à North Bend, les chasses à la vérité de nuit dans les recoins de la ville, les mystères qui entourent cette pourtant paisible bourgade de 6000 habitants sont fort bien filmés et jusqu’aux dernières minutes, on passe un moment haletant. On ne peut s’empêcher de penser à Holmes et Watson qui auraient pu mener la même enquête que le virginien, celle-ci nécessitant plus de neurones que de muscles. James Drury, qui a peu de scènes d’action et exerce une mission d’enquêteur s’en sort bien mieux que l’on aurait pu penser à le voir dans les premiers épisodes. Il ne manque jamais d’humour, et la facette romantique de son personnage nous est révélée.

L’affaire de la chanteuse s’avère un mystère bien plus construit que le chantage de Ralph Slocum. La mystification qui permettra de le mettre hors d’état de nuire et surtout de sauver un juge Garth en danger de peine de mort croise habilement les deux intrigues. Cet épisode se révèle une réussite totale, sans prise de tête, nous sommes dans la pure fiction, pas réaliste pour un sou, à la différence d’autres opus vus dans la série.

  • Trampas et – c’est un comble – le juge Garth sont absents de l’épisode.

  • Ed Nelson (1928-2014) est célèbre pour la série « Peyton Place » où il incarna le docteur Rossi de 1964 à 1969. On l’a vu aussi dans le pilote de » Banacek ».

  • Tammy Grimes (1934-) qui tourne toujours a bien failli être Samantha dans « Ma Sorcière bien aimée », elle a refusé le rôle car elle préfère le théâtre. Elle est surtout connue pour le soap « Amoureusement vôtre » et avoir été la voix de plusieurs personnages de dessins animés comme « La dernière Licorne ». On l’a vue au cinéma dans « High Art » (1998) de Lisa Cholodenko.

  • Premier épisode montrant une romance du Virginien.

  • Brad Weston qui a arrêté de tourner en 1978 est un comédien spécialisé dans le western : « La diligence vers l’ouest » (1966), « Violence à Jericho » (1967), « Barquero » (1970).

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17. LE VERDICT
(THE JUDGEMENT)

Histoire : Lawrence Roman.

Adaptation : Bob et Wanda Duncan.

Réalisation : Earl Bellamy.

Le juge Garth raconte à Betsy pourquoi il a pris sa retraite : une affaire qui s’est déroulée il y a dix ans l’y a poussé. Les frères Jake et Lennie Carewe étaient venus à Medecine Bow pour faire changer d’avis Garth au sujet d’une sentence de condamnation à mort contre leur frère Billy en menaçant sa fille, les jurés, les habitants, et beaucoup lui ont alors tourné le dos, morts de peur.

Cet épisode se déroule dix ans en arrière, ce qui nous vaut une Betsy enfant (le nom de la petite fille comédienne n’est pas mentionné). On y retrouve Clu Gulager qui reviendra pour un rôle récurrent à partir de la saison 3 du bon côté de la barrière, comme shérif. Il tiendra d’ici là à nouveau un petit rôle dans la saison 2.

Le principe du flash back vient d’être utilisé dans l’épisode 15 « Duel à Shiloh ». On se demande bien pourquoi il est employé à nouveau, à moins de justifier la triple absence du Virginien, de Trampas et de Steve. On lorgne ici du côté du « Train sifflera trois fois », avec la lâcheté des habitants laissant le juge seul face au coupable et à sa famille. Les gens ont peur. Un après l’autre, ils lâchent le juge.

Outre ses problèmes avec les frères Carewe, Henry Garth  devait de marier avec Alice Finley (Patricia Barry) mais le nouveau shérif Burt Adams est devenu, depuis un mois, l’amant de cette dernière, ce qui provoque la rupture. Toute la ville le sait sauf le potentiel cocu. Notons que la scène où Alice s’explique à ce sujet avec le juge a été censurée par la prude ORTF de 1966, elle est en VOST. La valse des shérifs de Medecine Bow nous déroute. La production semble penser que le téléspectateur est amnésique d’un épisode à l’autre, et se moque de cela comme de purs détails. Lorsque l’on regarde les épisodes l’un après l’autre, cela nous choque.

L’avocat novice Oliver Smith (John Kerr) croit à ses livres de droit et se trouve brutalement confronté à la réalité de la violence de racailles qui ne respectent rien. Il apprend la loi de la jungle.

Le rythme de l’opus est assez lent. On se surprend à s’ennuyer en cours de route. Deux comédiens seulement dominent la distribution : Lee J. Cobb et Clu Gulager en fripouille abjecte de mauvaise foi.

Plus qu’un western, l’opus est une réflexion sur le courage. Seul le juge en aura et cette vision nous paraît idyllique puisque, Lee J. Cobb étant présent ensuite, on comprend sans dévoiler un spoiler qu’il va triompher. Gulager est haïssable à souhait, passant de la mièvrerie à la menace en une seconde. Malheureusement, comme on dit, « c’est du cinéma », notre société actuelle aurait bien besoin de juges comme Henry Garth qui ne fléchissent pas devant les bandits et appliquent la loi au péril de leur vie.

C’est donc une longue histoire que raconte le juge à sa fille, puisque cela dure tout l’épisode, soit presque 75 minutes. Earl Bellamy à trop vouloir privilégier les discours a oublié le suspense et l’aspect distraction, ce qui fait que l’épisode obtient seulement deux étoiles. On aurait apprécié un peu plus de suspense, de bagarres, de tension, voire de retournements de situation.

Le reste de la distribution n’est pas à la hauteur, et l’on se serait épargné l’intrigue sentimentale saugrenue entre Alice, femme bien trop jeune pour être l’épouse d’un homme comme Garth, dont on comprend la tentative de trouver un compagnon plus approprié. Cela nous aurait évité le numéro pathétique de Patricia Barry tentant de se raccrocher aux branches après sa rupture avec l’amant qui se révèle un lâche. La dame en fin de compte perdra sur tous les plans.

Ce n’est pas un ratage, mais non plus un grand opus. Lee J. Cobb est un excellent comédien, mais avec lui seul, il ne faut pas espérer la moindre scène d’action.

  • Le Virginien, Trampas et Steve sont absents.

  • Erreur de continuité : il y a dix ans, soit en 1888, le shérif qui vient d’être élu à Medecine Bow est Burt Adams (David McLean), le précédent était Joseph Denton (Regis Toomey). Ce ne sont donc ni Neil Brady ni Mark Abbott. Il semble que la production ne soit pas soucieuse de ce point. Burt Adams démissionne (par peur des Carewe) et Denton reprend sa plaque.

  • Le Ranch Shiloh est un projet en 1888, le juge se dédiant pour le moment à sa seule fonction sans être fermier (contradiction avec l’épisode 2 « Woman from White Wing »).

  • Nous apprenons que la cour est celle du 15e district de l’état de Wyoming.

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18. LE GRIZZLY
(SAY GOODBYE TO ALL THAT)

Scénario : Al C. Ward.

Réalisation : William Witney.

Un grizzly appelé Moïse descend des montagnes en hiver et attaque les écuries, tuant le cheval de Trampas en lui brisant la nuque. On fête les 21 ans d’un fils de fermier, le jeune Martin Beldon, fiancé à Alice. Le père de Martin, un véritable tyran, va provoquer un drame.

De toute évidence, cet opus a été réalisé pour profiter de la couleur et des décors, ainsi que du grizzly. Le script est plutôt léger et l’ensemble est compensé par le bal, les danses, les beaux costumes. Le jeune public, avec l’animal sauvage, à la différence d’autres intrigues violentes, est ciblé. D’ailleurs, les légendes indiennes sont évoquées assez souvent par Faraway (incarné par un Royal Dano métamorphosé et méconnaissable physiquement par rapport à « The Brazen bell », étant à la fois inoffensif et un peu mystique). Dano est très éloigné de son registre habituel, jouant quelqu’un qui a été élevé chez les indiens. Il faut avouer que cela ne lui réussit pas du tout.

Le père de Martin, John Beldon, provoque Trampas en duel parce qu’il danse avec la fiancée du fils, et notre héros est obligé de se défendre. Bien qu’évitant de tuer l’homme, il le rend paraplégique.

La chasse au grizzly est évidemment le point d’orgue de cette histoire. On aimerait y assister rapidement, mais en parfait rabat-joie, et dès le début, le Virginien fait passer le travail avant la vengeance : sa préoccupation est de rassembler le bétail.

Le public féminin est visé ici avec la présence d’une idole de l’époque, le chanteur Fabian. Il faut avouer qu’il compose un cowboy d’opérette et que son manque d’expérience comme comédien est criante. La recherche de la crédibilité n’est pas  évidente de la part du metteur en scène. Fabian a beaucoup de mal à rendre vraisemblable son personnage. Nous sommes dans le mélodrame, avec le jeune,  victime des grandes brutes. Il faut dire que le caractère de Martin n’est pas des plus souples. Il arrive même à mettre à bout de patience Trampas. Au lieu de se marier avec la belle Alice, il veut jouer les terreurs et se retrouve seul.

A la 44e minute, le grizzly attaque, toutefois toute violence est écartée, nous ne voyons pas le cowboy  tué. La chasse à l’animal devient prétexte à des plans en décors naturels. On regrettera qu’au lieu de faire appel à un cascadeur, on nous montre Fabian contourner un rocher de carton- pâte au dessus d’un vide en fond d’écran. William Witney rate complètement le raccord avec les scènes de décors naturels. Si le téléspectateur de 1963 se faisait abuser, ce genre d’images ne passe plus aujourd’hui. La fin est une catastrophe mélangeant d’une image à l’autre vrais et faux rochers.

Charles McGraw en patriarche Belden est horripilant et en rajoute dans le rôle du paralysé en fauteuil roulant. Le comédien ne fait pas dans la sobriété. Avec le rejeton, ils composent une famille mal assortie. L’action et les rebondissements ne manquent pas, mais on a un sentiment de travail un peu bâclé. Le scénariste n’a pas posé de bases solides, et l’on perçoit parfois un peu d’improvisation.

Trampas confie au Virginien avoir un vrai cas de conscience car si Martin le défie, il devra le tuer. Mais les choses sont remises en cause par la lutte commune de l’homme de Shiloh et du jeune contre le grizzly. Le film a beaucoup vieilli, avec des effets spéciaux et des prises de vue en studio qui nous déconcertent. La fin est digne de « La petite maison dans la prairie », les bons sentiments sont légion, et nous assistons à une mise au point familiale qui nous éloigne de la série lors d’une grande fête qui fait double emploi avec le bal du début. Un épisode qui se laisse regarder, mais reste un opus mineur.

  • Martin est interprété par un chanteur en vogue à l’époque, Fabian (1943-).

  • Katherine Crawford (1944-) a joué dans le pilote de « Match contre la vie » : « Vivez dangereusement » (« Rapture at two forty »), qui faisait partie de l’anthologie « Haute Tension ». Elle reviendra trois fois dans « Le Virginien » dans d’autres rôles.

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19. LE MORT A DISPARU
(THE MAN WHO COULDN'T DIE)

Histoire : John Francis O’Mara.

Adaptation : Harry Kleiner.

Réalisation : David Friedkin.

Le juge Garth se rend à San Francisco pour menacer un homme d’affaires, Paul Willson. Une bagarre éclate entre les deux hommes, un coup de feu part, et Willson s’affaisse, mort. Mais lorsque la police se rend sur les lieux, le cadavre a disparu.

Il y a un six mois, Willson et son associé Bradford ont grugé Garth, en promettant  d’établir le chemin de fer, mais après avoir encaissé l’argent, n’ont jamais entrepris les travaux. Cette scène nous est montrée en flash-back, procédé dont la série semble abuser. Les scènes à San Francisco sont toutes faites en studio. L’épisode, loin du western, est du genre policier.

Une certaine Mrs Wallace, une veuve (Vera Miles) passe alors une annonce pour ouvrir une institution de jeunes filles à Medecine Bow. Garth la convainc de devenir l’institutrice et gouvernante de Betsy (Ceci toujours dans le flash back). Le téléspectateur le moins attentionné comprend vite que l’institutrice est une espionne agissant pour Willson et Bradford. Toutefois, elle apporte une touche « comédie » à l’intrigue. Cela nous vaut quelques scènes cocasses avec Trampas qui ici se contente de passer les plats et dont la présence n’est pas justifiée.

Roberta Shore bénéficie dans cet épisode de plus de scènes que d’habitude. Mais par leur métier, Vera Miles et Lee J. Cobb dominent le jeu. Au fil des épisodes, le juge Garth semble un éternel célibataire voulant absolument trouver une compagne. Betsy quant à elle montre peu de goût pour devenir une demoiselle du grand monde, trouvant Homère plus ennuyeux que Shakespeare, ce qui selon elle n’est pas peu dire.

Le problème de l’épisode, chose qui semble arriver souvent dans la série, est que l’ennui s’installe au milieu de l’intrigue. Il faut trop de temps à Garth pour percer la véritable identité de Mrs Wallace.

C’est au bout d’1h 03 minutes que le flash back s’arrête. Ce qui semblait une bonne idée au départ s’avère une montagne qui accouche d’une souris. La construction du scénario est défaillante. Les comédiens ne sont pas en cause, ils font ce qu’ils peuvent mais le script, pas assez travaillé, ébranle l’édifice. L’argument policier révélé à la fin n’est pas en soit mauvais. Mais tout cela ne permettait pas un développement sur 75 minutes.

Bien sûr, il n’est pas question de révéler le spoiler, mais si toutes les pièces du puzzle se mettent en place à la l’épilogue, on a l’impression d’une intrigue policière étirée artificiellement en longueur, ce qui est dommage.

  • David White (1916-1990) était le patron du mari de la « Sorcière bien aimée ». Il incarne ici l’homme que le juge dit avoir tué, Willson.

  • Vera Miles (1929-) a joué dans « Le faux coupable », « Psychose », « L’homme qui tua Liberty Valance ». Elle a arrêté sa carrière en 1995. Elle reviendra deux fois dans la série dans d’autres rôles.

  • Garth veut envoyer Betsy en pension à Boston apprendre les bonnes manières.

  • Le Virginien, Trampas et Steve ne font que des apparitions au cours de l’épisode.

  • Quand on a vu cette histoire, on se rend compte que le titre original révèle le spoiler !

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20. C'EST MOI QUI L'AI TUÉ
(IF YOU HAVE TEARS)

 

 

Histoire : Thomas Fitzroy et Howard Browne.

Adaptation : Frank Fenton et Frank Chase.

Réalisation : Richard L. Bare.

Kyle Lawson, vieux compagnon de guerre du Virginien, vient demander de l’aide. Il est accusé du meurtre du mari de Leona Kelland, à qui il faisait la cour, dans le Montana, à Moncorpus.

Cet épisode est du genre policier, avec un aspect sentimental. Dana Wynter, au début parfaite sainte nitouche en veuve, séduit le Virginien, mais a auparavant eu une amitié ambigüe avec Kyle Lawson. Notons que l’ex Commandant Monastario de « Zorro » est ici un beau garçon injustement accusé d’un meurtre.

Il y a de nombreux personnages : la veuve, son amant (elle a peu de goût, il s’agit de John Milford !), sa sœur, son frère alcoolique, l’ami qui semble avoir été séduit pour être attiré dans un piège. Dana Wynter incarne Leona, une femme mariée avec un homme violent qui la battait, et pensait le quitter. C’est la confiance aveugle que le Virginien a en son ami Kyle qui le pousse à faire une enquête. Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’il va tomber amoureux de Leona.

L’abondance de personnages permet de multiplier les suspects : Leona, Kyle, la sœur, le frère, l’amant,  tous ayant de bons mobiles.

Moncorpus dans le Montana est surtout filmé en intérieurs, en fait dans les studios Universal, mais les quelques extérieurs sont vraiment agréables et recherchés. Avec ce script solide, un bon polar, on ne s’ennuie pas une minute jusqu’à la révélation finale.

C’est Dana Wynter qui fait la plus belle composition d’actrice ici. Elle sait faire passer les différentes facettes de son personnage, tantôt angélique, tantôt machiavélique, ni une oie blanche, mais pas sans doute la vilaine criminelle que l’on imagine. Le Virginien, tombé sous son charme, comprend très vite qu’elle protège quelqu’un, mais qui ?

Robert Vaughn avait à l’époque des progrès à faire, car il rend son personnage, pourtant important, inconsistant en manquant de présence et de maturité. Phyllis Avery, dans le rôle de Martha Clain, la sœur vieille fille tirée à quatre épingles au charme étriqué, est parfaite dans son emploi. James Drury, dans une composition qui ne demande aucune scène d’action, s’en tire avec les honneurs. Ce Whodunit qui se sert du cadre « western » de façon minimale, est une réussite totale.

L’enquête de Trampas et du Virginien à Moncorpus se déroule un peu trop facilement, les habitants ont le sang froid, et le shérif local, Jonathan Ballard, est bienveillant, pensant Kyle innocent. Mais nous passons 75 minutes plaisantes, sans jamais le moindre sentiment d’ennui. On souhaiterait que cela soit le cas à chaque opus.

Le Virginien, après sa belle conquête la chanteuse Angie dans l’épisode 16 « The Exiles » récidive ici, en cœur d’artichaut, tombant amoureux de Leora. On comprend que son destin dans la série ne sera jamais d’avoir une compagne, puisque ses amours sont éphémères. Dana Wynter fait une « fiancée » davantage digne de lui que Tammy Grimes sexy mais vulgaire.

Un très bon épisode.

 

  • Dana Wynter (1931-2011), Leona Kelland, est devenue célèbre avec « L’invasion des profanateurs de sépulture » (1956).

  • Robert Vaughn (1932-), Simon, le beau-frère alcoolique de la victime, n’avait pas encore accédé à la célébrité que lui apporta Napoléon Solo dans « Des agents très spéciaux ».

  • Nancy Sinatra (1940-) tient un petit rôle, celui de Cary, une entraîneuse, qui chante en s’accompagnant à la guitare dans le saloon. Son personnage flirte avec Trampas.

  • John Milford (1929-2000), Perry Allen, l’assistant du shérif, bien connu des amateurs des « Envahisseurs » où il fit plusieurs apparitions, reviendra dans cinq autres épisodes du « Virginien », dans d’autres rôles.

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Le Virgnien - Présentation200 dollars plus les frais - Présentation

Le Virginien

Présentation 


A PARTAGER! LES GÉNÉRIQUES CULTES DE SÉRIES TV - Le Virginien (Saison 1)Fan du Virginien ? Retrouvez notre grand dossier sur la série par Patrick Sansano sur Le Monde des Avengers : http://theavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-1960/le-virginien-1962-1971Rejoignez la discussion autour du Virginien sur le forum : http://avengers.easyforumpro.com/t4693-serie-le-virginien

Posted by Le Monde des Avengers on Tuesday, December 1, 2015

A l’origine, « Le Virginien » est un roman d’Owen Wister (1860-1938), publié en 1902 : « The Virginian, a horseman of the plains ». Il fallu attendre 1958 pour avoir une traduction française, « Le Cavalier de Virginie ». La même année (1958), la TV américaine décide d’adapter le roman dans le cadre de l’anthologie inédite en France « Decision ». L’épisode s’appelle tout simplement « The Virginian », et pour jouer le rôle titre du cowboy sans nom, on fait appel au comédien James Drury. « Décision » est une anthologie diffusée durant l’été et ne comporte que 13 épisodes, deux toutefois suscitent l’attention pour être développées sous forme de séries. L’une est « Man against crime » avec Darren Mac Gavin, et reste un pilote sans suite. Pour l’autre, il faut attendre la rentrée 1962, et James Drury reprend le rôle qu’il a tenu. Mac Gavin trouvera la gloire plus tard, avec une autre série, « Dossiers brûlants » (« Kolchak : the night stalker »).

Bien entendu, le roman d’origine ne suffit plus et il faut faire appel à toute une palette de scénaristes pour écrire les trente épisodes de ce qui sera la première saison.

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« Le Virginien » est plus une série collégiale que celle d’un héros solitaire. Aux côtés de James Drury, Doug Mc Clure développe le personnage de Trampas qui va devenir tellement important que des épisodes seront interprétés sans la présence de Drury. S’il sera toujours crédité au générique, ce comédien ne jouera pas tous les épisodes.

La série fait un triomphe aux Etats Unis, sous la forme d’épisodes de 75 minutes, ce qui constitue, avec la publicité, un programme de 90 minutes. D’années en années, elle est renouvelée. Lors de l’arrivée de la neuvième saison, la série change de titre et devient « The men from Shiloh », les hommes du ranch Shiloh, que l’on voit dès le premier épisode. Toutefois, cette neuvième saison (1970-71) sera la dernière et la série est annulée. Si l’on additionne les 24 épisodes de « The men from Shiloh » aux 225 des huit saisons précédentes, on obtient un total de 249 épisodes de 75 minutes.

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En France, la série n’arrive qu’en 1966 et sera souvent diffusée en « bouche trou ». 59 épisodes seront doublés en Français, toutefois elle ne connaîtra jamais la popularité qui est la sienne dans son pays d’origine. En nombre d’épisodes, « Le Virginien » est la quatrième plus longue série western de l’histoire de la télévision américaine après « Gunsmoke » (635 épisodes soit 20 saisons de 1955 à 1975) et « Bonanza » (14 saisons de 1959 à 1973, et 430 épisodes), "La grande caravane" (284 épisodes 1957-62). La cinquième si l'on compte l'anthologie "Les aventuriers du Far West" (558 épisodes mais de 25 minutes sans acteur vedette commun d'un opus à l'autre).

La France propose quatre « saisons » en prime time en panachant dans diverses saisons américaines, en 1966, 1967, 1970 et 1973. Au cours de la diffusion de 1973 le samedi soir en deuxième partie de soirée sur la 2e chaîne ORTF est programmé l’épisode de la saison 6 « La liste » (« The deadly past ») joué par le seul Trampas/Doug McClure. C’est suite à la programmation de cet épisode, qui appartient davantage au genre mystère que western et qui distille une intrigue tout à fait adaptable à une série policière, que votre serviteur s’intéressa vraiment à cette série. Malheureusement, après l’été 1973, la série sera rarement rediffusée et surtout systématiquement l’après-midi, plus jamais en soirée. De ce fait, le public français l’a un peu oubliée. Bizarrement, et c’est ce que l’on constate dans le premier épisode de la saison 1, la prude ORTF a censuré certains épisodes en ne doublant qu’une partie et procédant à des coupures, qui avec le recul rendent bien difficile la compréhension pour les spectateurs français de l’époque.

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La série nous propose deux héros :

Le Virginien (James Drury). Il est régisseur du ranch du juge Henry Garth (Lee J. Cobb). Mais Cobb n’a tourné que 120 épisodes, soit les quatre premières saisons américaines de 30 opus chacune. Il se mettra donc ensuite au service des successeurs de Garth propriétaires du ranch « Shiloh ».

Trampas (Doug Mc Clure) est initialement le bras droit du Virginien. Comme Purdey dans « The new avengers », ce héros n’a que ce nom. Il deviendra vite l’alter-égo du personnage principal, puisque, comme je l’ai expliqué pour le fabuleux épisode « La liste », il permet parfois à James Drury de prendre des vacances ou de faire d’autres tournages. Pendant les années soixante, Drury jouera par exemple dans un épisode de « Opération vol » avec Robert Wagner, « A thief is a thief » en 1968, mais tout en se dédiant quand même principalement à son personnage de régisseur du ranch Shiloh. Notons que dans le roman qui a été à l’origine de la série, le personnage de Trampas était un méchant ! Il n’apparaît pas dans l’adaptation faite en 1958 et nous le découvrons donc sous les traits de Doug McClure en septembre 1962.

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Le ranch Shiloh est situé à Medecine Bow, dans le Wyoming. Lorsque la série commence, même si ce n’est pas précisé, nous sommes en 1898. Une petite indication nous sera donnée à ce sujet dans l’épisode 5 de la saison 1, « The Brazen bell » Mais l’idée des créateurs de la série ne fut jamais de dater les histoires et d’en faire un feuilleton. Toutefois, des téléspectateurs attentifs ont remarqué dans divers épisodes de la saison 1 que lorsque des personnages meurent, on grave sur leur tombe l’année 1898.

Dès le générique de la saison qui montre quatre cavaliers à l’écran, soit le Virginien, Trampas, le juge Garth et le jeune Steve Hill (Gary Clarke), on comprend qu’il s’agit d’une série collégiale. Dans la saison 1 sont crédités au générique en premier Lee J. Cobb seul, puis Doug McClure seul, ensuite Gary Clarke. James Drury apparait ensuite seul, comme l’ont fait les autres, et devient le cavalier central, comme s’il était un « rassembleur », entouré, à sa hauteur, de McClure et Clarke. Il fait ensuite un signe de mains à ses deux complices et continue de chevaucher seul face à la caméra, tandis que les deux autres prennent des chemins différents.

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La musique du générique, signée Percy Faith, est tellement entraînante qu’on la retient du premier coup, comme celles de « Mannix », « Mission Impossible » ou « Amicalement vôtre ». A sa façon, le thème musical est aussi l’une des stars de la série. La musique « sautille » à l’image des cavaliers que l’on voit.

Plus qu’une série, « Le Virginien », par la longueur des épisodes, évoque des long-métrages de cinéma. La vision du premier épisode, « L’exécution », donne le sentiment qu’il s’agit d’une série plus profonde qu’elle ne semble au premier regard, avec des mystères, des questions sans réponses, qui ne sont pas sans faire penser à l’épisode mentionné de la saison 6, « La liste », lequel n’est donc pas un cas isolé. "L'exécution" ne propose aucun cliché western (duels, indiens...) et se concentre sur une histoire fort solide avec des personnages hauts en couleurs et crédibles. Cela augure donc le meilleur pour la suite.

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Aux USA, la série a remplacé sans démériter en 1962 à sa case horaire une autre série que nous avons vue en France dans les années 60, « La grande caravane » (« Wagon Train ») sur la chaîne NBC, mais elle continua parallèlement au Virginien sur la chaîne concurrente ABC, totalisant 8 saisons et 284 épisodes de 1957 à 1965, laissant la place à la série qui nous occupe sur le réseau NBC à la rentrée 1962.

Lee J. Cobb est le seul comédien qui bénéficie d'un plan avant que son nom s'inscrive au générique.

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Toucher le fond… (Broken - Part 1)

 saison 4Présentation

Le Virginien

Saison 1 - Volune 1

 


1. L'ÉXÉCUTION
(THE EXECUTIONNERS)

 

 



 

 

 

 

 

 

 

 

 

Scénario : Morton S. Fine et David Friedkin, d’après le personnage imaginé par Owen Wister.

Réalisation : David Friedkin.

On procède à la pendaison de Tom Newcomb, accusé d’avoir tué une femme. Son seul alibi est qu’il était avec l’institutrice à l’heure du crime, mais celle-ci a démenti. Très vite, le Virginien a des doutes sur la culpabilité du pendu. Arrive alors en ville un étranger, Paul Taylor, qui sème rapidement le trouble en parlant de cette affaire.

Cet épisode est une véritable claque. On s’attend à un western traditionnel et l’on se retrouve avec une tragédie grecque, où il est question de sexe, d’honneur, de peine de mort. Très audacieux pour son époque (Septembre 1962), on comprend aisément que la prude ORTF ait censuré le film en 1966 lors de sa première diffusion, coupant tellement de passages qu’il ne reste qu’environ 50 sur 75 minutes en français.

Les premières images sont un électrochoc. La pendaison d’un homme. Rarement, on aura filmé avec un tel réalisme une exécution dans une série de distraction des années 60. Dans mon souvenir, la série était un programme visible par les enfants, ce qui n’est pas le cas ici. Le personnage de Celia Ames, l’institutrice, est un esprit torturé et on évoque clairement sa sexualité. Dans une scène, elle demande à l’étranger qui vient d’arriver, Paul Taylor, de l’embrasser pour savoir au moins une fois dans sa vie ce que c’est d’embrasser un homme. Mais elle est surveillée en permanence par le shérif Neil Brady qui lui rappelle la respectabilité qu’elle doit maintenir en raison de son statut d’institutrice, et veut également faire partir Paul Taylor.

Ce pilote nous montre l’importance du Virginien, pourtant simple régisseur du ranch, qui parvient à faire engager Paul à Shiloh contre l’avis de son propriétaire, le juge Henry Garth. En comparaison, le personnage de Trampas, pas assez développé, est ici plutôt transparent : Doug McClure, débutant, cherche encore ses marques. D’ailleurs, il sera absent malheureusement de plusieurs épisodes de cette saison 1. Il prendra sa revanche par la suite en jouant des épisodes dans lequel le virginien sera absent. Ici, il est un juvénile cowboy qui aide le régisseur mais ne prend pas d’initiatives, tout comme son comparse Steve Hill (Gary Clarke) qui sera absent 17 fois de la série alors qu’il quittera le feuilleton au 9e épisode de la saison 3, en 1964. Il apparaîtra seulement dans 46 épisodes sur les 63 que prévoyait son contrat.

Tôt dans le récit, on comprend qu’il ne s’agit pas d’un épisode traditionnel avec bagarres, duels, indiens, et tout le folklore du western. Une réflexion sur la peine de mort commence, et très vite, nous comprenons que le condamné n’était pas coupable. L’attention du téléspectateur est centrée sur la pendaison, on ne sait rien de la victime et l’on ne saura rien de son assassin, dont le réalisateur se désintéresse complètement. L’opus va nous conduire vers une analyse de la petite communauté de Medecine Bow où une mère de famille trouve qu’il est très bien d’assister une pendaison comme si c’était un spectacle en y amenant son enfant. Le shérif Neil Brady (John Larch que l’on reverra dans « Les envahisseurs » et « Hawaii Police d’état ») est loin de donner une image rassurante de celui qui est censé assurer le maintien de l’ordre. En fait, il est jaloux de Tom Newcombe, le pendu, puis de l’étranger Paul Taylor, car ils tournent autour de Celia qu’il convoite lui-même. Une vieille fille déjà bien trop âgée pour Paul, elle le lui dira, et qui est accusée de se livrer à la sorcellerie. Ce sera le premier mystère de la série. Le Virginien est intrigué par cette femme dont on dit qu’elle danse seule le soir dans la forêt sous la lune. En fait, cette piste scénarique va être écartée lorsqu’il sera évident que Celia Ames (Colleen Dewhurst) est simplement titillée par ses hormones mais qu’elle ne peut assumer une sexualité en raison de son statut. Les américains acceptaient ce type de discours dans une série western en 1962, pas les programmateurs français. Toutes les scènes qui évoquent cela sont donc en VOST, mais l’importante coupure dans le métrage nuit à la compréhension.

Comme dans une tragédie grecque, Paul Taylor (Hugh O’Brian) cache une personnalité de vengeur que le Virginien va mettre à jour. Malgré les menaces du shérif, il ne lâche pas prise avec l’institutrice, mais vers le milieu de l’épisode, il devient évident pour tout le monde que Paul est le fils du condamné mis à mort. Colleen Dewhurst et Hugh O’Brian par leurs personnages complexes et leurs compositions réussies en arrivent à éclipser le héros, James Drury ne jouant pas sur le même registre. Drury, c’est le Virginien, et son personnage est destiné à apporter de la pure distraction. Il est là pour assurer le suspense, décrypter les mystères et chevaucher dans les plaines, pas pour faire de la psychologie. Le comédien se montre vite limité dans cette partie et manque cruellement de crédibilité. Tout au plus peut on en déduire, et c’était courageux pour la télévision américaine de 1962, que son personnage n’est pas un farouche partisan de la peine de mort.

Lee J. Cobb, le maître des lieux en la personne du juge Garth, ne peut vraiment s’imposer dans ce pilote car ses scènes sont trop brèves. Mais à chacune de ses apparitions, il laisse transparaître un talent immense et écrase complètement Drury dont les ambitions sont plus modestes. En 1962, le comédien est déjà un vétéran et il ne signera un contrat que pour 120 épisodes, soit quatre saisons, avant de tirer sa révérence. Or sur 120 opus, il sera absent 64 fois. En ne jouant que dans 56 épisodes après avoir signé pour quatre saisons, le comédien ne semble pas s’être vraiment passionné pour son personnage surtout comme ici, dans le pilote, où il ne fait que des apparitions. On comprend vite qu’il ait jeté l’éponge et demandé à être remplacé.

C’est donc le couple Dewhurst-O’Brian qui domine la distribution, reléguant par exemple l’actrice Roberta Shore, qui incarne Betsy, personnage important de fille du juge, à la portion congrue. Dans ce pilote, Roberta ne s’impose pas. Betsy est une adolescente en quête de flirts, mais elle n’a que quinze ans et est encore trop jeune pour prétendre vivre des histoires d’amour. Roberta Shore signe un contrat pour 68 épisodes, et sera assidue car absente seulement 11 fois. Nous allons donc avoir le temps de nous familiariser avec son personnage, mais pas dans ce pilote.

« Le Virginien » d’emblée se montre une série ambitieuse, avec des intrigues fortement charpentées, voulant nous offrir du spectacle mais en évitant la facilité et les scripts clichés. Chaque épisode va se présenter comme un long-métrage, la durée permettant de proposer des intrigues fouillées en prenant son temps, ce qui n’est plus le cas de nos jours avec des séries de 42 minutes où il faut aller très vite. Universal a mis les moyens pour une série télévisée, et le réalisateur n’est jamais obligé de recourir à des artifices pour cacher des économies budgétaires. Le téléspectateur en a pour son argent, la série rivalisant avec les western du grand écran. Nous sommes donc partis pour une belle aventure, et l’on n’est pas étonné qu’elle dura presque dix ans.

  • James Drury est né en 1934 et trouvait avec « Le Virginien » le rôle de sa vie. Il a commencé sa carrière en 1955 et tourne toujours, tout en ayant nettement ralenti ses activités. Au cinéma, on l’a vu dans « Planète interdite » et « Coup de feu dans la Sierra ». A la télévision, il est apparu en vedette invitée dans « Alfred Hitchcock présente », « Opération vol », « L’homme qui tombe à pic », « Walker Texas Ranger », « Kung Fu, la légende continue ». Il a fait un caméo dans une tentative de remake de la série en 2000 qui en est restée au stade d’un téléfilm où Bill Pullman prenait sa succession. Après ses années du Virginien, il a fait du théâtre dans les années 70. Il a joué dans « Don Juan in Hell » donnant la réplique à Patrick MacNee qui lui incarnait le Commandeur. Agé de 80 ans, il ne se considère pas comme retraité et participe activement à des conventions sur les western où il dédicace encore des photos de sa série. Sa voix étant très connue par les américains, il a participé à de nombreux documentaires et livres audio.

  • Doug McClure (1935-1995) a eu une seconde opportunité après la série de trouver une carrière ciné avec « Le sixième continent » (1975), « Centre Terre septième continent » (1976), « Le Continent oublié » (1977). Il a aussi tenu un rôle récurrent dans une série diffusée en France, « Echec et mat » que l’ORTF programma en 1965.

  • Lee J. Cobb (1911-1976) a tourné une centaine de films, dont « L’esclave aux mains d’or », « Sur les quais », « 12 hommes en colère », « Exodus », « La conquête de l’ouest », « Les quatre cavaliers de l’Apocalypse » « Notre homme Flint »,  « L’exorciste ». Il a commencé sa carrière en 1931 et fut victime de la chasse aux sorcières du sénateur Joseph Mc Carthy. Il a fait beaucoup de théâtre, notamment à Broadway. Ses dernières années d’activité l’ont vu beaucoup tourner en Italie.

  • Gary Clarke (1934-) n’a pas fait grand-chose après avoir quitté la série. Des apparitions dans « Cannon », « Les rues de San Francisco », « Dynastie », « L’agence tous risques ». Il tourne toujours.

  • Roberta Shore (1943-) a arrêté sa carrière en 1965 en quittant la série.

  • Hugh O’Brian (1925-) a joué dans, « Les dix petits indiens »,  « Le dernier des géants », « Jumeaux », « Wyatt Earp » avant se retirer vers le milieu des années 90.

  • Collen Dewhurst (1924-1991) a joué dans « Annie Hall », « Dead Zone », « Le bonheur au bout du chemin » et sa suite.

  • John Larch (1914-2005), outre ses apparitions dans des séries télé mentionnées plus haut, a joué dans « Un frisson dans la nuit », « L’inspecteur Harry », « Amityville, la maison du diable ».

  • Le réalisateur David Friedkin (1912-1976) a surtout œuvré à la télévision avec la série « Les espions », mais a aussi mis en scène des épisodes de « L’homme de fer », « Kojak », « Hawaii Police d’état ». Il a été également scénariste et producteur.

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2. WOMAN FROM WHITE WING
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Burt Kennedy.

Adaptation : Morton Fine et David Friedkin.

Réalisation : Burt Kennedy

En faisant un parcours de reconnaissance loin de Medecine Bow, Le Virginien et Steve Hill découvrent que dans une maison isolée, en construction, que le juge Garth a commencée et jamais terminée en souvenir d’une femme qu’il a aimée, un certain Frank Dawson, flanqué de deux comparses, vient demander des comptes au propriétaire du ranch Shiloh.

Il n’y a pas de secrets : lorsque vous avez un scénario béton, une mise en scène impeccable et des moyens financiers, vous faites un bon film. Ce deuxième épisode, inédit en France, s’aborde plus comme un long-métrage qu’un opus de série. D’abord, les chevauchées se font en décors naturels, et la couleur ajoute beaucoup au plaisir que l’on prend. « Woman from White Wing » est l’histoire d’une vengeance, celle de Frank Dawson (Barry Sullivan) contre le juge Henry Garth. Barry Sullivan et Lee J. Cobb, étant donné l’importance de leurs rôles et la place qu’ils prennent dans cette intrigue, relèguent au second plan le Virginien et Trampas, ainsi que le personnage plus mineur de Steve.

Après le pilote, on oublie le shérif Brady et l’institutrice Celia Ames qui ont laissé pendre un innocent. On suppose qu’ils ont été bannis de Medecine Bow. Il n’y aura plus de shérif récurrent dans cette saison 1, et l’on créera des personnages de représentant de la loi au gré des besoins du scénario. En revanche, Betsy Garth, la fille du juge, devient le personnage central de ce film. Elle maintiendra son importance tout au long de la saison.

Face à Frank Dawson et à sa détermination, le Virginien se sent vite dépassé. Il n’ose rapporter à son patron les menaces de l’homme, et demande à Steve de n’en rien dire. Le juge va nous éclairer sur la relation entre le Virginien, Trampas et Steve Hill : « Vous êtes des amis, presque des frères, comme les trois doigts d’une main ». Confronté à son passé, Garth essaie de se confier, mais la chose n’est pas aisée pour lui. Doit-il révéler à sa fille Betsy, toute fière des bottes qu’il vient de lui offrir, la réelle identité de Frank Dawson ?

Lee J. Cobb se livre à un grand numéro de comédien, sans jamais nous ennuyer. Ce qui aurait pu être un épisode bavard devient grâce à lui un opus passionnant. On pardonnera à Roberta Shore son manque d’expérience. La comédienne n’a que dix-neuf  ans et son manque de maturité, pour incarner une fille de quinze ans, devient presque un atout. On découvre le passé du juge Garth, au fil de séquences comme celle où Betsy lui rappelle qu’il lui racontait chaque soir des histoires avant de s’endormir. Lorsque la jeune fille, à quinze ans, lui dit regretter qu’il ne vienne plus en faire autant, on se dit que la société a bien changé, ou que Betsy est vraiment une adolescente attardée. Dans une scène délicate, toute en nuances, le juge va tenter de révéler la vérité à Betsy en imaginant un conte, celui d’une fontaine de Jouvence.

Tout ceci ne peut fonctionner qu’à partir d’un scénario en or, que Burt Kennedy a lui-même mis en scène. Kennedy étant un scénariste-réalisateur spécialiste du western (mais pas seulement, il a réalisé des séries policières comme « Magnum » et « Simon et Simon »), il en connaît tous les codes. Ici, ce qu’il faut souligner, c’est qu’il évite de tomber dans le déjà vu et nous propose une intrigue intemporelle. Il alterne les scènes d’émotion, toutes en pudeur et retenue, avec les séquences de chevauchée dans les plaines.

Le scénario écartant James Drury, Doug McClure et Gary Clarke, le film repose sur les épaules d’un trio : Barry Sullivan, Lee J. Cobb et Roberta Shore, qui sont pratiquement de toutes les scènes, ce qui n’a sans doute guère tenté les acheteurs de l’ORTF en 1966. C’est fort dommage, car certains épisodes doublés, on le constatera avec « La clôture », le quatrième, au script anémique, sont des désastres.

Barry Sullivan, l’inoubliable Jordan Braddock de la série « L’immortel » avec Christopher George, incarne un Frank Dawson partagé entre deux sentiments forts : se venger, ce dont il rêve depuis quinze ans, mais aussi l’amour profond et réel qu’il éprouve pour son enfant que le destin lui a arraché. Sullivan fait passer sur son visage, dans son regard, les deux sentiments contradictoires. Il est un père venu récupérer son enfant, et l’ancien meilleur ami d’un juge qu’il veut détruire. Les scènes qui mettent face à face Roberta Shore et Barry Sullivan sont réussies au-delà de toute espérance. Le loup qu’il est, qui a passé quinze ans dans un pénitencier, devient un agneau. Il est devant cette jeune femme qui ignore tout de lui, et ne comprend pas l’intérêt qu’il lui porte.

Betsy est née il y a quinze ans, dans des circonstances dramatiques, sa mère Annie est morte trois mois après sa naissance. Elle était partie – enceinte – avec le meilleur ami de son mari, Henry Garth. Un autre personnage est omniprésent, même s’il n’est pas à l’écran, Ben. Car ce dernier est mort. A la 25e minute du film, le juge fait sa confession au Virginien, qui tient là le simple rôle d’auditeur et permet au téléspectateur de comprendre le drame qui se noue. Les notions de bien et de mal volent en éclat, lorsque Garth raconte son passé. Il est juge, représentant de la loi, censé être irréprochable, et pourtant Dawson a de sérieuses et réelles raisons de lui en vouloir. Nous n’en dirons pas plus pour ne pas dévoiler l’intrigue, mais s’il est devenu un modèle de vertu depuis quinze ans, soit son arrivée à Medecine Bow et la création du ranch Shiloh, il n’en demeure pas moins que Dawson, flanqué de deux tueurs évadés du pénitencier, n’est pas un démon. Cela dépasse peut être le virginien, cowboy qui prend la vie comme elle vient sans se poser de questions, mais le juge lui dit que les évènements qui sont arrivés auraient pu le concerner lui, Trampas et Steve.

Après cet opus, on ne verra plus jamais le juge Garth de la même manière. Mais il nous est plus humain, plus proche. Le script est-il trop ambitieux pour une série comme « Le Virginien » ? Vu le plaisir que l’on prend à la vision de l’épisode, on serait tenté de dire non. Il y a du suspense, de l’action, et le dénouement va nous déconcerter, nous prenant complètement par surprise, montrant que rien n’est tout blanc ni tout noir dans l’existence. L’émotion, série western oblige, reste toutefois contenue, et on ne tombe jamais dans des scènes larmoyantes. Sans le métier et le talent de Barry Sullivan et Lee J. Cobb, l’opus aurait pu être un désastre, d’un ennui mortel. Le génie de Burt Kennedy est d’avoir su conjuguer une intrigue forte, sans jamais perdre de vue qu’il est dans un spectacle, un western, et qu’il faut donc distraire le spectateur, pas lui prendre la tête.

Le seul point faible, qui ne m’empêchera pas de mettre la note maximum à l’épisode, est la comédienne Roberta Shore, parfois trop confondante de naïveté, qui surcharge un personnage déjà un peu caricatural. Que les amateurs de western se rassurent, ils auront leur dose de suspense, bagarres, fusillades, règlements de compte, chevauchées dans des paysages naturels enchanteurs, mais tout ceci vient à point dans une histoire digne du « Train sifflera trois fois » ou de « Rio Bravo ».

Afin de détendre l’atmosphère, nous avons droit à une scène assez comique, le juge Garth qui a des ambitions politiques fait venir un sénateur qui fait un long discours. Cela agace le Virginien, qui, bien qu’il ait reçu l’ordre contraire, libère un taureau car il estime que les vaches souffrent au soleil et entassées dans un wagon, doivent être vite débarquées. Outre l’aspect hilarant de la scène, on note l’indiscipline du Virginien capable de désobéir à son patron sans se faire congédier. Il ruinera ici la carrière politique de Garth, le sénateur n’appréciant pas que son discours soit perturbé par les mugissements des vaches.

  • Burt Kennedy (1922-2001) a consacré sa vie au western avec la triple casquette de scénariste, producteur et réalisateur. On lui doit « Le retour des sept », « La caravane de feu », « Ne tirez pas sur le Shérif », « Un colt pour trois salopards », « Les voleurs de train ». Il  a aussi réalisé, avec moins de bonheur, les deux téléfilms de 1979 80 destinés à faire revivre « Les mystères de l’ouest » (Un troisième prévu fut annulé suite au décès de Ross Martin). Il a su aussi se diversifier, réalisant 17 épisodes de « Simon et Simon », « Combat » (une série de guerre), « Magnum », et a même tenté la transposition du western dans les îles avec la série « Big Hawaii » inédite en France. « Woman from white Wing » est son seul épisode du « Virginien ».

  • Barry Sullivan (1912-1994) a joué au cinéma dans « La loi du Far West » (1943), « J’ai épousé un hors la loi » (1949), « Les ensorcelés » (1952), « La planète des vampires » (1965), « Pat Garrett et Billy le kid » (1973), « Tremblement de terre » (1974). A partir des années 50 et jusqu’à sa retraite en 1987, il s’est aussi beaucoup consacré à la télévision. En dehors de son personnage dans « L’immortel », on l’a vu dans « Alfred Hitchcock présente », « Match contre la vie », « Mission Impossible », « Bonanza », « Des agents très spéciaux », « Opération vol », « Chaparral », « Un shérif à New York », « Mannix », « Hawaii Police d’état », « Le sixième sens », « Kung Fu », « L’homme de fer », « Cannon », « Super Jaimie »,  cinq épisodes des « Rues de San Francisco », « Police Story », « L’île fantastique »,  « Drôles de dames », « La croisière s’amuse », « La petite maison dans la prairie ». Il aurait pu revenir dans son rôle de père de Betsy dans « Le Virginien » mais choisira d’attendre la saison 8 en 1969 pour incarner un autre personnage dans « The power seekers ». Barry Sullivan a tenté également une carrière de metteur en scène mais après trois tentatives dans les années cinquante à la télévision, il n’a pas poursuivi.

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3. THROW A LONG ROPE
INÉDIT EN FRANCE

Scénario : Harold Swanton.

Réalisation : Ted Post.

Un ancien militaire, le major  Cass, décide d’éliminer tous les nouveaux colons qui veulent s’implanter dans  le Wyoming. Il considère que ce sont des voleurs de bétail et veut les faire pendre, mettant à mal l’autorité du juge Garth.

Après deux épisodes sans faute, cet opus est un pensum indigeste que la France a bien fait de ne pas acheter. Le script d’Harold Swanton n’a en effet absolument rien de distrayant, et aborde de façon ennuyeuse la justice expéditive, pendaison pour les voleurs de bétail et de chevaux. Pour la première fois, il est fait allusion (en voix of) au passé du Virginien qui nous déclare être originaire du Comté de Fairfax en Virginie. Il se trouvait à Mexico en 1878 où une centaine d’hommes furent tués dans des circonstances analogues à la crise qui survient à Medecine Bow. Puis il évoque, « quelques années après  Mexico», une hécatombe du même tonneau dans le Montana. La guerre entre les possesseurs de gros ranchs envers les petits propriétaires pour les bêtes et les terres. Les grands propriétaires contre les fermiers voulant s’installer et cherchant des terres. Les premiers, qui ont transformé les étendues sauvages en pâturages, n’acceptent pas les colons, qui les privent d’eau et d’herbe. Le Virginien nous précise que parfois, c’est à juste titre que les colons sont taxés d’être des voleurs.

Le problème de cet épisode est qu’au début, tant le juge que son équipe, le Virginien et Trampas, sont du côté du major Cass (John Anderson), pour ensuite retourner leur veste et tenter de réparer les dégâts, Garth dont on a vu dans l’épisode 2 que son passé était loin d’être irréprochable hésitant le plus longtemps possible à prendre parti. Du coup, le téléspectateur est perdu : qui sont les bons, qui sont les méchants ? Jubal Tatum (Jack Warden), avec sa petite famille, soit sa femme Melissa (Jacqueline Scott) et son jeune fils de 13 ans Homer (Roger Mobley), deviennent des symboles. Jubal manque être pendu au début de l’histoire, il échappe à la corde pouvant prouver qu’il n’a pas volé la vache du major Cass, mais il s’avère plus tard qu’il est malgré tout un voleur.

Devenu handicapé, Jubal est récupéré par les vrais voleurs (pratique que lui n’a faite qu’occasionnellement) et deux formes de justice s’opposent. Celle du major, qui a tant massacré d’indiens que le sang lui manque et qu’il ne demande qu’à remettre cela en levant une armée de propriétaires, et la justice officielle, que le Virginien va tenter d’incarner en attendant que le juge Henry Garth se décide à choisir son camp. Le problème est que le magistrat met presque 75 minutes à trancher. Entre les propriétaires inhumains, mais dans leur bon droit, de Cass, et les « petits » dont certains sont honnêtes et d’autres non, nous ne savons que penser. Cela devient un épisode très politique, chose que l’on ne demande pas à une série western. Dès lors, cet opus devient une véritable prise de tête, qui ne propose aucune détente, une réflexion sommaire car le scénario de Swanton n’approfondit jamais les choses.

Drôle de pays et de civilisation où l’on pend un homme parce qu’il a volé une vache. La scène de l’église nous montre toute la bande réunie autour de Jubal occuper une moitié de l’assistance et se mettre  chanter des louanges, tandis que l’autre, celle de Cass,  où Garth et nos héros se trouvent, se fige dans le silence. Ils vont réaliser qu’ils ont choisi le camp du mal et affronter le vieux militaire. L’histoire est bourrée de clichés, les gentils pauvres, les méchants riches. Par exemple, Jubal est handicapé suite à une chute provoquée lors de sa pendaison, alors qu’il allait s’en sortir, car son fils le jeune Homer a pris une carabine et tiré au hasard. Le médecin déclare qu’il est impossible que Jubal se déplace désormais autrement que sur des béquilles. C’est donc le Virginien qui va faire le travail de fermier à sa place.

Ted Post ne fait rien, côté réalisation, pour nous soulager de la pesanteur ambiante. Les longs débats entre le juge Garth et le Virginien sont verbeux et pesants. Toutes les scènes d’action sont manichéistes (lynchages dont on voit la préparation par les hommes de Cass) et l’absence de nuances et surtout de talent du tandem Swanton/Post nous proposent donc un plat indigeste. Les comédiens font ce qu’ils peuvent pour sauver l’entreprise du naufrage, Jack Warden dont le personnage se déclare être un « looser » et un martyr n’a pas beaucoup d’occasions de nuancer son jeu. John Anderson est caricatural en major Cass, il pourrait être aussi bien chef du Ku Klux Klan, et ses discours avec les gros propriétaires, parlant des fermiers colons, pourraient être destinés à des noirs. J’ai vu cet épisode après le 4e, « La clôture » (en VF)  avec Riccardo Montalban, et cela m’a fait revoir à la hausse une histoire qui était loin d’atteindre des sommets. Même les décors ici ne sauvent pas le spectacle, l’action se situant la plupart du temps à la ferme de Jubal, celui par qui le scandale arrive. Série réaliste, le premier plan, extrêmement violent, propose comme le pilote, la pendaison d’un homme en gros plan (sauf que Jubal s’en tire). Ce n’est donc pas, comme dans mes souvenirs, une série pour les enfants ou en tout cas visible par les plus jeunes.

Si les deux premiers épisodes étaient de vrais joyaux, celui-ci est une bien mauvaise surprise. On peut donc le zapper sans regrets à moins de vouloir voir toute la série dans un esprit complétiste. James Drury s’en sort plutôt bien, en « rebelle » Virginien qui ne choisit pas le camp de son chef dans une grande partie du métrage.

  • Jacqueline Scott (1932-) est célèbre pour avoir été Donna,  la sœur de Richard Kimble-Le Fugitif de 1963 à 1967.

  • Jack Warden (1920-2006) a joué dans « Les envahisseurs » (« Le rideau de lierre ») et au cinéma dans « 12 hommes en colère » et « Les hommes du Président ».

  • John Anderson (1922-1999) a tourné près de 240 rôles entre 1950 et 1992. On se souvient de son rôle de Scotty dans la suite du « Riche et le pauvre » : « Les Héritiers ».

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4. LA CLÔTURE
(THE BIG DEAL)

Histoire de Richard Jessup.

Adaptation : Winston Miller.

Réalisation : Earl Bellamy.

Enrique Cuellar, un richissime colombien, arrive à Medecine Bow où il possède un lopin de terre au milieu de celles du juge Garth. Le père de Cuellar les louait. Il pense le vendre, et en plaisantant propose un prix élevé. Le juge prend la mouche et le colombien, vexé, décide de faire clôturer sa terre, ce qui empêchera la transhumance du bétail. Et à terme ruinera Garth.

Episode qui commence dans le genre comédie et se termine dans le drame, « La clôture » est un opus très moyen qui gagne cependant un galon lors d’une deuxième vision. Enrique Cuellar  est au début de l’intrigue une sorte d’hidalgo sympathique, cultivé, voyageur,  dont les poches sont bourrées de billets verts, et qui est galant avec les dames. Joueur de poker émérite, il a beaucoup de style. Pour accueillir ce visiteur, on a installé une horloge au centre de la ville, la seule qui existe à l’ouest de Saint Louis d’après celui qui l’installe.

Riccardo Montalban est très à l’aise dans son rôle, surtout dans la partie « décontractée » du début avant le litige avec Garth. Les scènes comiques de l’hôtel le premier soir à Medecine Bow sont réussies sans jamais tomber dans le saugrenu. Le réalisateur nous régale ensuite de belles images dignes de cartes postales, puisqu’il s’agit de faire visiter au nouveau venu la propriété. Et au téléspectateur surtout à l’heureux possesseur d’un poste de TV couleur en 1962. Il en a pour son argent.

L’ambiance est donc au début très détendue, Betsy faisant quelques gaffes sans conséquences, le sud -américain lui faisant une cour gentille et sans arrière pensées. La première demi-heure est particulièrement tranquille, paisible, et l’on se demande où le scénariste va nous entraîner.

Le drame vient du fait que Betsy parle trop, et révèle l’importance cruciale de la situation de la terre. A force de trop de plaisanter, demandant 100 000 dollars pour le lot, Enrique Cuellar vexe Garth et réciproquement le magistrat se met à dos son invité. Dès lors, les choses s’enveniment. C’est le postulat de départ qui rend l’épisode bancal. La longue introduction n’était pas destinée à nous proposer un drame. On a donc du mal à faire alors la transition. D’autant que le Virginien et Trampas ont des rôles minorés, excepté lors des scènes comiques à l’hôtel où plus aucune chambre n’est libre. Le reste du temps, le duo ne sert que de faire valoir à l’invité vedette.

Il n’y en a que pour l’étranger. On le trouve sympathique, parfois un peu farfelu, mais il n’a rien d’un « méchant ». Ce séducteur et beau parleur n’a pas mauvais fond, et Riccardo Montalban lui a donné une connotation positive qui a séduit le téléspectateur. Par exemple, il se montre beau joueur après avoir gagné au poker et désamorce avec sa bonne éducation une tension débutante.

D’ailleurs, s’il ne prend pas au sérieux la gamine du juge, Cuellar a l’intention de conclure avec la journaliste Molly. Il est bel homme, et l’autre n’est pas trop réticente.

Le réalisateur continue de nous gratifier de fort belles images, notamment la traversée de la rivière par le troupeau. Le complot monté par Cuellar avec son argent contre le juge prend cependant un tour sérieux et plus personne n’a envie de rire. Richard Jessup, le scénariste, à trop nous faire languir, nous déroute puisque le mélange comédie drame s’agence mal.

Riccardo Montalban domine la distribution d’un bout à l’autre de l’épisode. Il sait se montrer gentleman, mais aussi sévère en affaires. Le téléspectateur, une fois gavé des belles images, trouve le temps un peu long. C’est nettement meilleur que le trop sérieux « Throw a long rope », mais pas du tout à la hauteur des deux premiers opus de la saison 1.

Quelques scènes sont anachroniques : pour 1898, il est assez impensable que Cuellar puisse deux fois en public embrasser sur la bouche une dame respectable (Molly). De même, on doute que les convenances de l’époque permettent à un père, juge de surcroît, de laisser sa fille faire une escapade à cheval seule avec un inconnu.

Sans révéler la fin, le réalisateur parvient à atténuer les choses et à souligner l’absurdité de la situation. L’un des personnages récurrents de la série a bien failli nous quitter, et le scénariste qui avait tenté de noircir Cuellar en chemin redonne son capital de sympathie au voyageur.

  • Ricardo Montalban (1920-2009) a connu la gloire avec la série « L’ile fantastique » et le personnage de Khan dans la saga Star Trek. On l’a vu aussi beaucoup à la télévision, notamment dans « Hawaii Police d’état ».

  • Pippa Scott (1935-) tient le rôle de la journaliste Molly Wood déjà présente dans le pilote. Son personnage apparaît en tout six fois dans la saison 1. Elle est connue pour « La prisonnière du désert » (1956).

  • Le réalisateur Earl Bellamy (1917-2003) a signé 130 titres entre 1954 et 1991, abordant tous les genres. Il s’est surtout spécialisé dans la télévision (Citons « Rintintin », « La grande caravane », « Lassie », huit épisodes du « Virginien », « Max la menace », « L’homme qui valait trois milliards », « Starsky et Hutch », « L’ile fantastique », « La croisière s’amuse », « Pour l’amour du risque », terminant sa carrière avec un épisode de la série de SF « V ».

  • Le scénariste Richard Jessup (1925-1982) est l’auteur du « Kid de Cincinnati ».

  • Une remarque savoureuse nous ont dit long sur l’hygiène de Trampas, parlant de Cuellar, s’adressant au Virginien  : « Un homme qui prend un bain par jour, ce n’est pas normal, non ? »

  • Tandis qu’on lui offre du Champagne, Trampas ne veut pas de verre et boit à la bouteille.

  • Le juge Garth lisant l’article de Molly s’insurge que Cuellar parle des habitants comme les « natifs », réaction à Trampas : « Il nous prend pour des aborigènes ? »

  • Betsy précise qu’elle vient juste de fêter ses quinze ans.

  • On apprend que Shiloh (nom du ranch) vient d’une bataille de la guerre de sécession.

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5. THE BRAZEN BELL
INÉDIT EN FRANCE

Scénario : Roland Kirbee.

Réalisation : James Sheldon.

Un couple, Sarah et Arthur Lilley, arrive à Medecine Bow qui n’a plus d’instituteur. Or Lilley l’est mais il a fui une école en feu par lâcheté, à Crichton Hall. A peine prend-il ses fonctions que Lilley est en proie à un élève insolent et violent, une petite frappe du nom de Luke. Onze bagnards se sont évadés d’un pénitencier, dont Molder, qui devait être pendu sous trois jours pour le meurtre de sa femme et n’a plus rien à perdre. Meurtrier cultivé et intelligent, Molder a choisi pour l’aider dans sa fuite un demeuré, Dog. Le destin du couple Lilley et des deux tueurs en fuite vont se croiser.

Au bout de trois visions, « The Brazen bell » se révèle un sérieux candidat pour le titre de « meilleur épisode de la saison 1 ». Après une entrée en scène classique, le virginien, le juge Garth, Trampas et Steve laissent la place à un affrontement entre un tueur en fuite, incarné avec justesse par l’inquiétant Royal Dano, et un instituteur lâche qui n’a pensé qu’à sauver sa vie lors de l’incendie d’une école, laissant ses élèves mourir, Arthur Lilley, formidablement interprété par un grand comédien de cinéma, George C. Scott. Mais avant d’aller plus loin, il faut souligner notre étonnement devant l’intemporalité de cet opus, avec le personnage de Luke (Rick Murray), lequel n’a rien à envier aux pires racailles des banlieues des années 2000 qui insultent les professeurs, et la prise d’otage, d’une violence inouïe, qui évoque sans ambigüité les terroristes qui sévissent de nos jours. La présence du personnage de Luke, qui menace de frapper le professeur, et provoque sa brûlure à la main contre un poêle à charbon, m’a énormément étonné, d’une part pour l’époque du récit (1898) mais surtout pour la date de diffusion (Octobre 1962).

« Le Virginien » est vraiment une série collégiale, car ni James Drury, ni Doug McClure ne tiennent ici des rôles importants. En dehors du trio George C. Scott, Royal Dano et Rick Murray, seul, dans les personnages habituels, Lee J. Cobb garde son importance en juge Garth. La scène, vers le début, où il calme la classe d’un regard, et notamment le teigneux Luke, est un grand moment de la série. On se dit en la voyant, alors que le malheureux Lilley est ridiculisé par le voyou Luke avec un serpent (l’instituteur ne sait pas qu’il s’agit d’une couleuvre sans danger), que des types comme le juge Garth auraient toute leur place dans certaines écoles de zones de non droit.

Dans un rôle d’abruti complet, mais cruel et vicieux, John Davis Chandler, « Dog », en fait parfois un peu trop. Mais si l’on le prend pour un idiot complet au début, il ne tarde pas, en tuant froidement l’épouse de Liley, Sarah (Anne Meacham), à devenir une bête féroce que l’on a envie, tout comme son comparse Molder, de voir six pieds sous terre. En tout cas, « The Brazen bell » permet d’affirmer définitivement que « Le Virginien », série violente, n’est absolument pas faite pour le jeune public.

James Drury le Virginien n’a ici qu’un rôle de shérif provisoire, le vrai, Mark Abbott (Ross Elliott) ayant dû partir à la chasse aux bagnards. Le Virginien nomme Trampas et Steve Hill shérifs adjoints, mais ils ne servent ici qu’à nous faire sourire dans des scènes secondaires, comme Trampas courtisant la journaliste Molly, ou croyant faire une blague (bien méchante) aux nouveaux arrivants les Lilley en leur disant que le ranch Shiloh est une pension de famille, ce que Garth va modérément apprécier, en ponctionnant leur séjour sur le salaire de Trampas (5 dollars).

L’épisode montre la lutte féroce entre deux hommes instruits et intelligents, Molder (Royal Dano), qui cite Kipling et les ravages de la prison, et sera sensible aux citations d’Oscar Wilde, et l’instituteur lâche Arthur Lilley, qui a dans ses mains le sort des enfants, dont la fille du juge, Betsy. Encore que l’on n’aurait pas pleuré s’il était arrivé quelque chose à Luke. Lilley doit surmonter le chagrin de la mort de sa femme, qui arrive assez vite lors de la prise d’otage, abattue par « Dog », ainsi que sa peur. Après l’incendie de Crichton Hall, il sait qu’il doit se reprendre quitte à sacrifier sa vie et se faire passer après ses élèves. Mais de sa vie, il n’a jamais voulu tenir une arme. Lors d’une scène où il part chercher des provisions laissant les enfants en otage aux deux bagnards, Steve, sur l’ordre de Garth, tente bien de lui montrer le maniement d’une carabine. Hélas, il se révèle peu doué.

Une fois de plus, on se croit au cinéma et non devant une série télé. La tension est à son maximum, et la mise en scène de James Sheldon une merveille de suspense. Si le script est très bon, c’est le metteur en scène que nous avons envie de saluer, dirigeant d’une façon magistrale Royal Dano et George C. Scott. Il y a moins d’extérieurs que d’habitude, en dehors des scènes des bagnards au début, tout se passe à huis clos dans l’école. Durant 75 minutes malgré cette unité de lieu et de temps, nous sommes littéralement scotchés à l’écran. « The Brazen bell » pourrait être autre chose qu’un western, on peut imaginer la même histoire un peu n’importe où en 2015. Les faits, les sentiments, les éléments du scénario mis en avant sont  tellement actuels que l’on pourrait en faire un remake sous forme de polar urbain.

L’épisode ne tombe jamais dans la mièvrerie ni la sensiblerie. La seule arme de Lilley, c’est un poème d’Oscar Wilde qu’il lit à un homme qui reproche à la société l’existence des prisons. Les thèses que développe Molder sont bien sûr insupportables, car il oublie de dire qu’avant de passer par la case prison, il a tué sa femme. C’est un fauve d’autant plus dangereux qu’il est incroyablement intelligent, allant jusqu’à éventer la tentative du juge Garth de l’empoisonner avec du café. Cet homme, rebelle, agit à chaque instant comme un terroriste, il en est l’équivalent des contemporains, plus dangereux encore car il n’est aveuglé par aucune idéologie ou religion. Lilley va tenter de le flatter en le comparant à Oscar Wilde, qui a écrit le poème qu’il récite en sortant de prison.

  • Cet épisode permet de savoir que nous sommes en 1898, car l’instituteur cite un livre d’Oscar Wilde qui vient juste d’être publié, « La ballade de la geôle de Reading », publié par le poète à sa sortie de prison.

  • On apprend que le ranch Shiloh est situé à 25 kilomètres du centre de Medecine Bow.

  • Dans cet épisode, le journal local nous informe que nous sommes le samedi 4 octobre. Par ailleurs, la chose est confirmée au début lorsque le juge Garth déplore, ce qui n’est pas le cas de Betsy, qu’aucun enseignant n’a pu être trouvé alors que nous sommes en octobre.

  • George C. Scott (1927-1999) a joué avec Diana Rigg dans « L’hôpital », mais aussi dans « Docteur Folamour », « L’Arnaqueur »,  « Patton », « Le jour du dauphin ».

  • Royal Dano (1922-1994) est connu pour son rôle dans l’épisode de « Cimarron » : « Le monstre de la vallée ». Il ne faut pas oublier son importance au cinéma (« Josey Wales hors la loi », « Mais qui a tué Harry ? », « L’étoffe des héros »), et de grands rôles en vedette invitée dans des séries comme « Hawaii Police d’Etat » ou « Twin Peaks ». Il a un physique inoubliable.

  • John Davis Chandler (1935-2010), qui a lui aussi un physique immédiatement reconnaissable, a fait à la fois une belle carrière à la télévision (dans « Cannon », « Le Fugitif », « Match contre la vie », « Columbo, édition tragique » où il joue aussi les simplets comme ici) et au cinéma (« Pat Garrett et Billy le kid », « Josey Wales hors la loi », « Le triomphe d’un homme nommé cheval »).

  • Malgré sa prestation remarquable en petite frappe fils à papa Luke, le comédien Rick Murray n’a pas fait carrière, une dizaine de rôles souvent sans être crédité au générique.

  • Anne Meacham (1925-2006) qui incarne l’épouse de l’instituteur, est surtout une actrice de théâtre, spécialisée dans les pièces de Tennessee Williams. Elle a très peu tourné et rien d’inoubliable.

  • James Sheldon est un réalisateur de télévision qui a surtout œuvré pour « La quatrième dimension », « Le Fugitif », « L’homme de fer ». Il a signé huit épisodes du « Virginien ».

  • Le scénariste Roland Kibbee (1914-1984) est célèbre pour avoir imaginé la série « Opération vol » avec Robert Wagner.

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6. LE DERNIER COMBAT
(BIG DAY, GREAT DAY)

Scénario : Charles Larson.

Réalisation : Harmon Jones

Le juge Garth a acheté à prix d’or un lit à baldaquin qu’il a fait venir d’Italie, mais il a été livré à Casper, autre ville du Wyoming. Il s’y rend pour le récupérer avec Trampas et Steve, mais un incendie l’a détruit. Au moment de repartir, il retrouve un mauvais garçon que pendant ses années d’activité comme juge, il a remis sur le droit chemin, en faisant le champion du monde de catch, Frank Krause. Ce dernier insiste pour qu’il reste, car c’est non seulement le 4 juillet fête de l’indépendance, mais il va se marier après un ultime combat.



Après le terrible drame des enfants pris en otage dans l’opus précédent, cet épisode – du genre comédie – nous prouve que la série (qui se prive ici de son héros !) est presque une anthologie, abordant tous les styles. Aldo Ray en catcheur Frank Krause et Lee J. Cobb, juge à la retraite, ici loin de Shiloh, se disputent la scène, chacun voulant voler la vedette à l’autre. On se régale car les deux comédiens jouent à merveille. On sera plus indulgent avec Doug McClure/Trampas et Gary Clarke/Steve qui, visiblement « en manque, n’arrêtent pas de courtiser les filles, une « Maxine » en particulier, mais cabotinent parfois, manquant de métier. Dans les saisons suivantes, Doug McClure prendra une importance qu’on lui imagine mal ici, même si le Virginien est absent (c’est en fait le juge Garth qui est le représentant de Medecine Bow et des héros de la série qui se colle à la tâche de « premier rôle »).

Aucune faute dans la distribution. Mieux dirigé que McClure et Clarke, Aldo Ray, et c’est heureux, ne tombe jamais dans le cabotinage. C’est un comédien du cinéma de série B qui a ses fervents admirateurs (Je me souviens avoir eu entre les mains un « fanzine » dédié à sa longue carrière). Il y aurait pu avoir un drame dans cet épisode sans morts – une prouesse dans une série western – mais il est évité par un stratagème que je ne révélerai pas et qui constitue le spoiler de l’épisode. Le manager véreux de Frank, Cappy, a voulu droguer son poulain, qui au début de l’histoire, situé à Boston a refusé une magouille, se coucher devant l’adversaire, le challenger Muldoon (seule ombre au tableau de ce film, car Mickey Shaugnessy rend ridicule le personnage). C’est d’ailleurs ce qui coûte sa quatrième étoile à cet opus.

La partie « fleur bleue » de la romance entre Maxine et Steve est une seconde intrigue qui se greffe à la principale, le sacre de Frank Krause qui le soir de son mariage dispute le match de catch qui le rendra champion du monde. Un mariage de pur forme puisqu’il vit depuis quinze ans avec sa chérie, la truculente Pearl (Rosemary Murphy) qui est la patronne de « l’oriental Palace », le saloon. Le juge en retraite Henry Garth est ami avec le couple, et donne ici une image de l’Amérique rassurante. Ceux qui n’ont pas vu l’épisode 2 de la saison, « Woman from White Wing » lui donneraient le bon Dieu sans confession tant on a l’impression que sa vie a été guidée par le justice et l’intégrité, alors qu’il a volé la femme et l’enfant d’un autre mais cela n’est semble-t-il plus évoqué.

Ici, les bagarres sont un passe temps de cowboy, et jamais violentes. Trampas nous fait un caprice pour faire partie du voyage initialement destiné au seul juge et à Steve. En Maxine, faisant beaucoup moins que son âge, Carolyn Kearney hésite entre les rôles de midinettes et d’entraîneuse de saloon destinée à prendre la succession de Pearl après son mariage. Le début de l’opus et les magouilles de Cappy, et la fameuse scène plus tard que je ne révèlerai pas qui permet une grande surprise à la fin, laissaient présager un épisode dramatique. Il n’en est rien. Les décors extérieurs ici sont sacrifiés puisque nous ne voyons que le centre de la ville de Casper, et que tout se déroule ensuite dans le saloon de Pearl, combat de catch compris.

Connaissant déjà Aldo Ray depuis « La guerre des cerveaux », il n’a pas été pour moi une révélation, mais cet épisode me renforce dans la bonne opinion que j’ai de Lee J. Cobb, comédien qui dispose d’un talent nettement supérieur à celui de James Drury habituellement là pour la partie « action », mais moins doué pour la psychologie. Il y a aussi beaucoup d’humour dans l’épisode, tant dans les réparties entre le juge et le couple Pearl-Frank que dans les rivalités amoureuses entre Trampas et Steve à propos de Maxine.

  • James Drury ne fait qu’une apparition d’une minute au début de cet épisode. C’est donc un épisode du « Virginien » sans le Virginien !

  • On apprend que le pourtant jeune Steve Hill a aimé et perdu la fille de son cœur, Louella, décédée. Il garde sa photo en permanence sur lui, et fait une fixation sur Maxine, qui la lui rappelle.

  • De nombreux mois sont passés depuis l’épisode précédent, puisque nous sommes le 4 juillet, jour de la fête de l’indépendance. Le cinquième épisode se déroulait en octobre.

  • Aldo Ray (1926-1991) était Bruce dans « La guerre des cerveaux » en 1967, film à suspense de Byron Haskin. Il a fait très peu de télévision, un épisode de « Match contre la vie », « L’homme à la Rolls », « Bonanza », « Sur la piste des cheyennes », « Chips » et « Falcon Crest ». Il a préféré se consacrer au cinéma, jouant souvent des seconds rôles comme « Les bérets verts » avec John Wayne, « La course du lièvre à travers les champs ». Un cancer l’a emporté en 1991.

  • Carolyn Kearney (1930-2005), la jolie Maxine, avait 32 ans lors de cet épisode où elle fait beaucoup plus jeune, puisqu’elle incarne la jeune femme que Steve veut épouser. Elle n’a fait qu’une courte carrière, qui s’arrêta en 1965, et son seul autre rôle dans une série importante fut dans « La Quatrième dimension ».

  • Mickey Shaughnessy (1920-1985) qui incarne ici le champion de catch rival d’Aldo Ray, a tourné au cinéma « Tant qu’il y aura des hommes », « Le rock du bagne » avec Elvis Presley, « Le Salaire de la violence ». Il a fait très peu de télévision à part « Les Incorruptibles » et « Match contre la vie » en guest star.

  • Rosemary Murphy (1925-1989) est surtout connue pour « La force du destin » au cinéma en 1970. A noter que seulement cinq ans la séparent de Carolyn Kearney, elle est la femme, déjà mûre, qu’épouse Aldo Ray dans cet épisode, et l’autre une minette.

  • Richard Shannon (1920-1989), ici le shérif de la ville de Casper, a tourné des western tant au cinéma (« Du sang dans le désert » en 1957) qu’à la télévision (« La grande caravane », « Laramie » », « Gunsmoke », « Rawhide » avec Clint Eastwood).

  • Dennis Patrick (1918-2002) qui incarne le manageur véreux d’Aldo Ray, Cappy, est surtout connu aux USA pour une série culte inédite en France, « Dark Shadows ».

  • Le rêve de Steve Hill est de partir s’établir comme fermier dans un ranch au Texas.

  • Maxine répond à la demande de Steve en mariage qu’il est le premier homme à le faire en état de sobriété.

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7. LES HÉROS
(RIFF RAFF)

Scénario : John Booth.

Réalisation : Bernard Girard

Molly Wood, la journaliste, parle à Trampas de la guerre qui sévit entre l’Espagne et les Etats-Unis suite au fait que l’Espagne ait coulé le bateau de guerre « Le Maine ». Steve et Trampas, par goût de l’aventure, se laissent prendre et s’engagent dans l’armée pour aller combattre. Le Virginien est chargé par le juge de les ramener. 

Assez tôt dans la vision de cet épisode, j’ai senti le désastre. C’est un épisode écrit à la va-vite, histoire de mettre une intrigue de guerre dans la série. Tout le début (le prestige de l’uniforme selon Molly pour Steve et Trampas), tient de la pure comédie. Le Virginien leur tient un discours assez dur. Pour nourrir les soldats, il faut du bétail, donc le ranch Shiloh. On reste d’ailleurs assez longtemps dans la comédie avec la fuite de Trampas. « Il est fait pour être soldat comme moi pour être évêque » dit le Virginien. Mais il envoie Steve le ramener, qui se laisse enrôler. On assiste alors aux manœuvres, avec un Trampas incapable d’obéir aux ordres, et qui passe pour un débile. La rencontre de Steve avec les deux trappeurs n’augurait rien de bon. La suite est à l’avenant, sur une musique pompière. Une succession de scènes comiques, montrant notamment Trampas hermétique aux ordres. Il n’y a aucune atmosphère dramatique, et Doug McClure et Gary Clarke semble livrés à eux-mêmes, sans aucune direction d’acteur.

L’absence de Lee J. Cobb se fait cruellement sentir. Nous entrons ensuite dans un discours ennuyeux entre le lieutenant Hamilton (Ray Danton) et le capitaine Larry Langhborne (Don Durant), le premier voulant convaincre le second que les fermiers de l’ouest peuvent faire de bonnes recrues. En Colonel Theodore Roosevelt, Karl Swenson est ridicule et caricatural. McClure et Clarke semblent se demander ce qu’ils font là, pas du tout concernés par l’intrigue. L’épisode devient bavard, voire carrément loufoque lors de la partie de polo entre le Virginien et les gens de Shiloh opposés aux militaires.

Venu demander la libération de Trampas et Steve, le Virginien va se prendre au jeu. Militaires et fermiers rivalisent sur ceux qui montent le mieux à cheval. On se dit que l’opus est perdu quand au bout d’une demi-heure, la partie de polo commence. James Drury, comme je le craignais en fait depuis le début de la série, révèle un jeu très limité dès qu’il est mal dirigé et n’a pas un script solide et dramatique à interpréter. Notons que si le juge Garth est souvent cité, l’acteur qui tient son rôle brille cruellement par son absence totale.

La partie de polo tourne à la bouffonnerie, sur des airs de cavalcade. Comment peut-on être dans la même série qui a proposé « The Brazen bell » ? « La viande de bœuf, c’est très important » plaide le Virginien auprès du Colonel Roosevelt. Il se laisse flatter par le militaire comme étant un chef, un homme combatif.

Pendant ce temps, à Medecine Bow, Betsy et Molly apprennent par un télégramme que nos trois comparses sont à Cuba pour combattre les espagnols. A la cinquantième minute, se prépare la bataille finale. A partir de ce moment là, on oublie l’humour pour tomber dans le film de guerre. Le gros déséquilibre entre les différents segments de l’histoire reflète un manque total de cohérence. Il s’agit pour les américains de monter à l’assaut d’une colline pour prendre un canon aux ennemis. On passe donc du comique au sérieux sans transition, sans références aux premiers épisodes. Le Virginien est devenu caporal dans l’armée. On s’ennuie ferme, ayant l’impression de s’être trompé de série. Les moyens manquent cruellement pour la bataille finale à laquelle on ne croit pas une seconde. A la deuxième vision, j’ai trouvé l’épisode encore plus mauvais qu’à la première. Entre les scènes de bataille, nous avons droit à des bavardages destinés à meubler et atteindre les 75 minutes. J’ai défendu jusqu’ici la série, et sais que des épisodes de saisons ultérieures sont excellents, mais là il est impossible de sauver quoi que ce soit de ce naufrage. Toute la partie finale est teintée d’héroïsme mais la violence des images nous déroute après les farces lors du recrutement de Trampas. Le visage noirci comme celui d’un ramoneur, James Drury est tout fier de lui. La morale de l’histoire est que les « cavaliers » fermiers (en fait ils ont mené l’attaque sous forme d’infanterie) sont complémentaires des militaires.

On parle encore du juge Garth à l’épilogue, mais Lee J. Cobb se garde bien de montrer le bout de son nez.

  • Ray Danton (1931-1992) malgré quelques rôles au cinéma (« La chute d’un caïd ») s’est surtout consacré à la télévision dès les années 50. Il a participé un peu à  toutes les séries, citons « Hawaii Police d’état », « Cannon », « Les rues de San Francisco », « La grande vallée », « La grande caravane », arrêtant sa carrière en 1977. Il incarne le lieutenant Hamilton.

  • Karl Swanson (1908-1978) a joué dans « Les oiseaux », « Jugement à Nuremberg », puis tenu un rôle récurrent dans « La petite maison dans la prairie ».

  • Don Durant (1932-2005) tenait là un de ses derniers rôles, quittant le métier en se lançant dans la finance. Il était déçu par la tournure que prenait sa carrière. On l’a vu dans « La quatrième dimension », « Alfred Hitchcock présente », « La grande caravane ».

  • l est clairement dit si l’on se base sur les faits historiques (l’attaque de la colline de San Juan)  que nous sommes en 1898.

  • A la fin de l’épisode, au retour à Medecine Bow, le Virginien indique que cinq mois se sont écoulés depuis leur départ.

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8. IMPASSE
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Bernard Girard.

Adaptation : Donn Mullally.

Réalisation : Maury Geraghty.

Loin de Shiloh, le Virginien, Trampas, Steve et quelques hommes rencontrent cent chevaux sauvages, des mustangs. Pour honorer une commande de l’armée, ces bêtes tombent à point nommé. Mais c’est compter sans le vieux Cal Kroeger, père tyrannique de quatre fils et d’une fille. Kroeger étant arrivé depuis quinze ans, soit selon lui avant le juge Garth, il estime que tout cheval sauvage est à lui. La situation étant bloquée, Kroeger accepte de partager le cheptel et de le ramener avant l’hiver, avec un plan tordu dans la tête, tandis que le Virginien tente de retourner les enfants contre que le père et que la fille tombe amoureuse de Trampas.

Depuis le début de la série, voilà le premier western pur et dur, ce que l’on est en droit d’attendre de cette série. Dans l’action classique, et il n’y a que cela ici, ce qui convient à James Drury qui y fait merveille. On ne s’ennuie pas une seconde. Un futur bon comédien est au rendez-vous, Tom Skerritt (« Alien » et la série « Un drôle de Shérif/High secret city »), tandis que Robert Colbert sera l’un des deux héros de « Au cœur du temps ». Denise Alexander en fille Kroeger fait une apparition prometteuse, et la scène où Trampas la séduit nous rappelle celle de Sean Connery et Honor Blackman dans « Goldfinger ». Malheureusement, malgré la promesse qui est faite en fin d’épisode, le personnage de l’actrice ne reviendra jamais dans la série, et la comédienne qui tourne toujours résumera sa carrière à plusieurs soap-opera : « Des jours et des vies », « Hôpital central », « Sunset Beach », tournant des milliers d’épisodes et consacrant son talent à ce seul genre. Eddie Albert (« Switch » avec Robert Wagner, vu aussi dans « Columbo ») est un adversaire à la hauteur pour le Virginien en chef de clan Kroeger.

L’épisode est intéressant car il nous montre la construction de l’Amérique, le début de l’instinct de propriété, donc de la société capitaliste. Garth marque ses chevaux, Kroeger non. Le vent de l’histoire va aller dans le sens du premier. Le spectacle prime ici sur les discours, et c’est du western grand spectacle, excepté les scènes de feu de camp qui sentent les décors carton pâte des studios Universal. J’avoue avoir eu quelques craintes en voyant le nom de Bernard Girard, metteur en scène du calamiteux précédent opus, comme coscénariste. Peur non fondée, puisque l’épisode est un spectacle de pure distraction qui offre 75 minutes de plaisir au téléspectateur. On regrettera l’absence de Lee J. Cobb (il est en vacances ?) dont le personnage est maintes fois cité mais qui n’est pas là. Le chef de Shiloh devient donc le Virginien et il doit se montrer plus rusé que Cal Kroeger. Il a un atout pour cela, l’âge du patriarche. Il tyrannise ses cinq enfants qui estiment tout haut qu’il a fait son temps.

On voit que la production ne lésine pas sur les moyens, la chaîne disposant de neuf lieux de tournage, certains en studios CBS et Universal, mais aussi en Californie de décors naturels : Lone Pine, Bronson Canyon, Iverson Ranch. Les plaines, collines, montagnes ne sont pas ici des décors factices qui auraient tué dans l’œuf la série.

L’épisode ne comporte aucun temps mort, et présente une intrigue linéaire, sans prologue ni épilogue. La mise en scène doit donc être irréprochable, c’est le cas, car il ne faut pas compter sur un changement d’unité de lieu et de temps pour les rebondissements. Ceux-ci, prévisibles, ne sont pas amenés de façon brutale, et en 75 minutes, le metteur en scène dispose de tout le temps qu’il lui faut pour nous conter son histoire. On assiste à la fois à la défection de quatre membres du ranch Shiloh, des lâches, qui laissent le Virginien avec seulement trois comparses dont bien sûr Trampas et Steve, mais aussi au doute qui s’installe chez les fils Kroeger, lequel va surestimer les liens du sang. La fille, Mildred, est considérée comme une bonne à tout faire, et dans une scène elle regrette même de ne pas être un garçon. Elle va chercher son émancipation pour vivre en ville et devenir une demoiselle que l’on courtise, ce que la vie avec son père interdit. Kroeger ne se rend pas compte d’ailleurs qu’il commet l’erreur de briser les ambitions de ses quatre fils, et il va le payer au prix fort. Ils sont loin d’être bêtes, et le Virginien, par quelques paroles bien placées, va ébranler leur certitude d’un sort figé par un patriarche dépassé. Eddie Albert ici est un salaud intégral, loin des rôles bon enfants qu’il interprétera ensuite  dans des séries comme « Les Arpents verts » et  « Switch » ou en guest « La Croisière s’amuse », « L’homme qui tombe à pic » voire le général meurtrier victime d’un chantage dans « Columbo ». Il excelle dans son rôle de vieil homme imperméable au progrès et fier de ses prérogatives, qui ne comprend jamais qu’il court à sa perte.

On ne trompe pas le téléspectateur et il y a bien une centaine de chevaux à l’image, ce qui signifie du grand spectacle. Lorsque l’un s’échappe, ou que Mildred en libère un, voulant éviter un carnage entre sa famille et un Trampas dont elle est tombée amoureuse, il faut les rattraper au lasso, ce qui nous vaut des morceaux de bravoure. A certains moments, et c’est dire la qualité du film, on se demande si John Wayne ne va pas débouler d’une colline pour prêter main forte aux comédiens. Le Virginien en l’absence du juge affirme une autorité que personne ne lui conteste, et se montre un adversaire à la hauteur du vieux Kroeger. James Drury, depuis le début de la série, n’a jamais joué si juste, il est dans son registre, on lui demande ici d’être un homme d’action. L’humour est moins présent et l’on nous épargne les plaisanteries de potaches qui ont torpillé l’épisode 7 « Les héros », par contre, on ne tombe jamais dans la tragédie façon « The Brazen bell ». Les protagonistes se battent d’égal à égal, sans otages, sans dramatisation à outrance. C’est la loi du Far West qui règne ici, mais pas la loi du plus fort tout à fait, même Kroeger reconnaît l’autorité du juge Garth qu’il craint, une autorité qu’il combat, mais dont au fond il sait que la bataille qu’il livre est perdue d’avance. Ainsi, il dit à ses garçons de ne pas tuer les hommes de Shiloh, car il sait que la potence l’attendra s’il fait cela. Il voudrait encore ne pas marquer les chevaux sauvages et dire qu’ils lui appartiennent car il était là avant, mais dans le même temps, reconnaissant la loi, il sait que la propriété qui passe par le marquage et les années à venir vont marquer la fin de son règne.

On passe donc un très bon moment, se régalant des décors, trouvant bien belle une Mildred qui s’estime « moche », et surtout on se distrait sans se prendre la tête.

  • Cal Kroeger prétend être là depuis quinze ans, et avoir un droit d’antériorité par rapport au juge Garth, ce que le Virginien admet. C’est une erreur de continuité par rapport à l’épisode 2, « Woman from White Wing » où il est bien expliqué que le juge Garth a construit le ranch Shiloh il y a quinze ans. Et rien dans l’opus n’indique que des années ont passé depuis l’épisode 2.

  • Eddie Albert (1906-2005) a été la vedette de deux séries : « Les Arpents verts » (1965-1971, 170 épisodes) et « Switch » avec Robert Wagner. Il a commencé à tourner en 1938. Au cinéma, ses rôles les plus connus sont la comédie musicale « Oklahoma » (1955), « Vacances romaines » (1955),  « Les racines du ciel » (1958), « Un silencieux au bout du canon » (1974), « Plein la gueule » (1974 où il incarne un sadique gardien de prison),  « La cité des dangers » avec Burt Reynolds (1975), « Airport 80 Concorde » (1979). Après le « Virginien », il fut guest-star dans « La grande caravane », « Voyage au fond des mers », « Au-delà du réel », « Rawhide », « Haute Tension », « L’homme à la Rolls », « Des agents très spéciaux », « Columbo », « Un shérif à New York », « Kung Fu », « L’homme qui tombe à pic », « Simon et Simon », « La Croisière s’amuse », « Les routes du Paradis », « Falcon Crest », « Arabesque ». Il fut un actif défenseur de l’environnement avec sa femme Margo, une actrice mexicaine, avec laquelle il resta marié jusqu’à sa mort en 1985. Atteint de la maladie d’Alzheimer, il mit un terme à sa carrière en 1997 et mourut à 99 ans.

  • Tom Skerritt (1933-) est la vedette de la série « Picket fences » qui a eu deux titres en France, d’abord « Un drôle de Shérif », puis « High secret city, la ville du grand secret » (87 épisodes). On l’a vu au cinéma dans « Alien » , « Dead Zone », « Et au milieu coule une rivière », et à la télévision en vedette invitée dans « La grande caravane », « Voyage au fond des mers », « Le Fugitif », « Au cœur du temps », « Mannix », « Cimarron », « Match contre la vie », « Hawaii Police d’état », « Bonanza »,  « Dossiers brûlants », « Le justicier » avec Ken Howard, « Cannon », « Baretta », « New York Unité Spéciale », « LA Enquêtes prioritaires », « The Good Wife ».

  • Robert Colbert (1931-) sera le docteur Doug Phillips dans la série « Au cœur du temps » (1966-67), sans jamais ensuite retrouver un rôle majeur.

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9. IT TOLLS FOR THEE
 INÉDIT EN FRANCE

Scénario et Réalisation : Samuel Fuller.

Un homme que le juge Garth a condamné en 1871, Martin Kalig, et qui s’est évadé, a juré de se venger. Son but, kidnapper le juge, promettre de le rendre contre une rançon de 100 000 dollars, pour le tuer finalement. Afin de réaliser son coup, Kalig tue un chef de bande, Sharkey, et enrôle ses hommes, mais il a commis une erreur terrible : Sharkey n’est pas mort.

Pendant 75 minutes, avec l’immense, le génial Samuel Fuller aux commandes tant à la mise en scène qu’à l’écriture, et Lee Marvin en vedette, incarnant le diabolique Kalig, je me suis vraiment cru au cinéma, tant les moyens mis en œuvre ici dépassent ceux de la télévision. Le seul petit bémol est qu’Universal ait eu la mauvaise idée d’utiliser des décors en carton très visibles  pour les gros plans nocturnes devant le ranch Shiloh ou lorsque des bandits sont accolés à un rocher lors de la fuite, des économies de bout de chandelle facilement repérables de nos jours. Mais ne boudons pas notre plaisir : Lee Marvin en grand manteau, l’acteur de « Cat Balou » et « L’homme qui tua Liberty Valance » devant nos yeux incrédules, dans une série télé, incarne ici un salaud intégral : Kalig. Il veut se venger du juge Henry Garth. Ayant semé les morts derrière lui, il ignore que Sharkey (Warren J. Kemmerling) est à ses trousses.

On a mis les petits plats dans les grands avec des décors fabuleux : entrée du chemin de fer destiné à accueillir des musiciens de Chicago (un orchestre de musique de chambre) en l’honneur du retour de la journaliste Molly Wood. L’épisode débute par la préparation de la fête, et nous avons notre saoul d’images absolument fabuleuses. La ville de Medecine Bow n’a jamais paru aussi réelle et éclatante de réalisme devant nos yeux. Chaque détail est minutieusement étudié pour le plaisir du spectateur. Nous avons donc une première partie festive, où nos héros rivalisent tous pour être le plus beau cavalier pour Molly. C’est à qui se disputera la meilleure eau de Cologne, la meilleure eau chaude dans la baignoire. Cette débauche de luxe se déroule tandis que Kalig pense avoir liquidé le chef de bande Sharkey.  Molly a interviewé le grand Joseph Pullitzer, qui lui a fait cadeau d’une montre en or gravée au nom du juge Henry Garth, sur lequel il veut écrire un article de presse.

Bien entendu, tout bascule lorsqu’un cowboy ivrogne que le Virginien a renvoyé vient gâcher la fête. Furieux, ce dernier se bat avec lui et manque le tuer en continuant de le frapper à terre, obligeant le juge à lui filer un coup de poing. Rancunier, le Virginien boude jusqu’au moment du rapt de son patron. A cette occasion, nous découvrons un élément important de la série, désormais, le shérif de Medecine Bow est Mark Abbott (Ross Elliott), que l’on a vu dans les épisodes 4 et 5, et qui restera jusqu’à la neuvième saison en 1971 ! Après Neil Brady/John Larch dans le pilote, seul Ross Elliott s’était collé à la tâche et il semble avoir été convaincant pour la production.

Commence alors la fuite de Kalig avec le juge en otage, poursuivi à la fois par le Virginien, Trampas et Steve, mais aussi par la bande de Sharkey (d’anciens complices lui étant restés fidèles), un chef de bande revenu d’entre les morts. Kalig a commis l’erreur de lui tirer une seule balle dans le dos, et l’autre a feint la mort. C’est d’ailleurs cette cohorte de différents poursuivants qui causera la défaite de Kalig.

Que dire sinon que Lee Marvin est absolument fabuleux de réalisme. Loin de la brute sans cervelle, il incarne ici un malfrat pervers, intelligent, ayant dès son enfance mis son destin au service du mal en volant les économies de son grand-père. Il est capable, de mémoire, de réciter le réquisitoire que prononça le juge lors de sa condamnation à mort. Bien sûr, le personnage est répugnant, mais le talent du comédien est immense. C’était l’époque où la télévision pouvait se l’offrir, il jouera trois fois dans « Les Incorruptibles », deux dans « La Quatrième dimension » et dans un double épisode de « Haute Tension ». Notons que Fuller lui ne boudera pas la télévision en tournant six « Cheval de fer ». Mais les deux hommes sont des géants du septième art, et cela nous fait tout de même une sacrée bonne surprise de les retrouver dans un épisode de série télé.

On mesure l’étendue du talent de Lee Marvin en voyant le médiocre Warren Kemmerling qui rate complètement sa prestation en Sharkey, personnage haut en couleurs qui est le rival de Kalig. Il ne nous convainc jamais en chef de bande, alors que d’un regard, Marvin s’impose.

Les dames sont aussi à l’honneur, c'est-à-dire Pippa Scott en journaliste Molly dans son avant-dernière apparition dans la série, et Roberta Shore en Betsy. Elles ont mis leurs plus belles robes pour la cérémonie du début qui va virer au drame.

En dehors des bagarres, fusillades et scènes d’action, les dialogues entre Marvin et Lee J. Cobb, enfin de leurs personnages respectifs,  sur la violence et la justice, ne sont jamais ennuyeux, preuve de l’extrême haut niveau de la série, il est vrai cette-fois écrite par Samuel Fuller. On se demande comment un tel joyau a pu rester inédit en France (Je ne doute pas que les fans de Marvin et Fuller se soient procurés le dvd américain zone 1 avant cette édition française). Limité aux scènes d’action, James Drury ne fait pas honte à la distribution magistralement dominée par Marvin et Cobb. Tout au plus aurait on pu éviter cette ridicule scène de bouderie entre le Virginien et le juge, qui l’a simplement empêché de tuer le cowboy renvoyé pour ivresse et groggy à terre.

Lee Marvin exerce sur le spectateur la fascination du mal. Bien entendu, ce n’est « que du cinéma », mais l’on ne peut s’empêcher d’admirer l’autorité, la prestance de l’acteur, qui grand par le talent et par la taille, domine ici tout le monde. C’était un comédien magistral, et cette composition toute en finesse de Martin Kalig annonce tant de grands rôles au cinéma à venir. Nous sommes subjugués par son talent. Et pas une seconde étonnés qu’il soit devenu une star de cinéma quand on voit l’envergure qu’il avait dans une production télévisée. Il est l’incarnation du méchant de western type, dans toute sa splendeur.

Cet épisode est d’un bout à l’autre une pure merveille.

  • Lee Marvin (1924-1987) a commencé à tourner en 1950. Fritz Lang le repère en 1953 dans un film noir,  « Règlement de comptes ». La gloire arrivera avec « L’homme qui tua Liberty Valance » (1962). Il tournera ensuite des chefs d’œuvre dans autant de genre différents que possible (policier, western, guerre). « A bout portant » (1964), « Cat Balou » (1965), « La nef des fous » (1965), « Les 12 salopards » (1967) qui fait de lui une star mondiale, « Le point de non retour » (1967), « Duel dans le pacifique » (1968), « La kermesse de l’ouest » (1969), « Au-delà de la gloire » (1980). On regrettera que son talent ait été gâché vers la fin de sa vie dans des films indignes de lui comme « Canicule », d’Yves Boisset (1984).

  • Samuel Fuller (1912-1997) est célèbre pour « Le port de la drogue » (1953), « La maison de bambou » (1955), « Quarante tueurs » (1957), « Les maraudeurs attaquent » (1962), « Shock Corridor » avec Peter Breck (1963) auquel « Vol au-dessus d’un nid de coucou » doit beaucoup, « Au-delà de la gloire (1980) avec Lee Marvin. Il n’a pas boudé la télévision tournant des épisodes du « Cheval de fer », série western. En 1973, la série allemande « Tatort » a pu s’enorgueillir de sa présence comme réalisateur d’un épisode, resté semble-t-il confidentiel dans son œuvre. On s’étonnera que, à ses heures perdues, il ait trouvé utile de jouer comme acteur dans le calamiteux « David Lansky », série avec Johnny Hallyday.

  • Compte tenu de la personnalité de Fuller et Lee Marvin, aucun autre nom de la distribution ne mérite d’être mentionné à la suite.

  • Un repère chronologique dans cet épisode, 1871, date où le juge Garth condamne Kalig.

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10. UN JOYEUX LURON
(WEST)

 

 

Histoire : Irwin R. Blacker.

Adaptation : Douglas Heyes.

Réalisation : Douglas Heyes.

Trampas se laisse entraîner par Jamie Dobbs, un vieil ami, et deux comparses, dans une chasse à une bande de brigands qui sévissent dans l’impunité, la bande du loup des collines, dirigés par un certain Jack Scratch. Mais agissant en marge de la loi, et ayant quitté Shiloh, Trampas va aller de déboires en déboires.

Un opus qui constitue un moment de détente surtout au début, et dans lequel le Virginien ne fait que de brèves apparitions. Trampas est le seul héros récurrent présent (Le juge Garth et Steve sont absents). L’histoire est une succession de situations plus ou moins cocasses qui arrivent aux quatre larrons, sans réel enjeu dramatique. Jamie Dobbs (Steve Cochran) a connu le Wyoming vingt ans auparavant et est resté dans l’illusion d’un monde qui n’existe plus. Dobbs et ses amis veulent capturer la bande du loup des collines dirigée par Jack Scratch (Leo Gordon) à la place du shérif qui refuse d’intervenir car les méfaits des truands ne sont pas de sa compétence territoriale. On a en permanence le sentiment que Dobbs ne prend aucune situation au sérieux. Cela devient vite répétitif. Le Virginien n’est là que pour payer les dégâts occasionnés par Trampas et Dobbs au début de l’histoire.

En fait, Dobbs, Lump et le troisième larron Lucky vivent dans une époque révolue et sont des irresponsables, se prenant pour des héros alors que leurs méthodes peu orthodoxes en font des hors la loi. La plaisanterie tourne vite au vinaigre.

Cela se laisse regarder sans déplaisir, mais c’est loin d’être un chef d’œuvre. Les compères sont ici bien naïfs. On passe du rire aux larmes, ce qui est assez inhabituel dans la série.

Doug McClure donne une épaisseur à Trampas qu’il n’a pas eu jusqu’ici, ce qui préfigure ses épisodes en solitaire dans les saisons futures. On est un peu étonnés quand même de voir son personnage pleurer. Le Virginien n’aura fait que des apparitions, revenant pour l’épilogue. On trouve quand même que Trampas est un peu jeune pour avoir autant de nostalgie pour un passé datant de vingt ans qu’il semble avoir vécu de façon intense. On aurait tort de voir dans cet opus simplement une pochade qui tourne mal, c’est une histoire sur le temps qui passe et le fait que l’on ne peut jamais revenir en arrière niant l’évolution de la société sans y laisser des plumes, voire plus.

Après beaucoup de rires, c’est le registre de l’émotion qui est au rendez vous.

  • l est précisé au début que nous en sommes en 1897.

  • Claude Akins (1926-1994) qui incarne Lump fut le héros de la série «L’aventure est au bout de la route » diffusée par Antenne 2 en 1976.

  • Steve Cochran (1917-1965) faisait là un de ses derniers tournages. Il a joué aussi dans deux épisodes des « Incorruptibles ». On l’a retrouvé mort seul à bord de son yacht en pleine océan Pacifique le 15 juin 1965 à la dérive.

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