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Saison 2 Volume 1Saison 2 Volume 3

Le Virginien

Saison 2 - Volune 2


11. THE FATAL JOURNEY
INÉDIT EN FRANCE

 

 



 

 

 

 

 

 

Scénario : John Hawkins. Réalisation : Bernard McEveety

Résumé :

Le virginien veut inviter à danser Molly, qui tient la Gazette de Medecine Bow. Elle dénonce par ses articles les agissements d’une bande organisée. En mesure de retorsion, Molly est tuée. Le virginien parti pour la venger retrouve la bande et l’infiltre au moment où elle prépare un gros coup.

Critique :

Première disparition d’un personnage récurrent, Molly, la journaliste, qu’incarnait dans  la saison 1 Pippa Scott. Molly était apparue dans six épisodes, et ici, le juge Garth insinue que notre héros le virginien pourrait bien convoler en justes noces. Raison de plus pour la tuer, le héros ne pouvant être lié sentimentalement (un peu le même raisonnement que pour la mort de Tracy Draco dans le James BondAu service secret de Sa Majesté).

D’ailleurs, la comédienne n’est même pas conviée à l’épisode. Lorsque l’épisode fut diffusé, Pippa venait de tourner au cinéma Mes six amours et mon chien et participait à un épisode de la série inédite en France Redigo. Si Molly est un personnage crucial de l’intrigue, la production n’a pas jugé bon de la faire revenir pour que le spectateur assiste à sa mort.

Le scénario est astucieux, car John Hawkins n’aurait pu nous tenir en haleine pendant 1h 15 sur une vendetta. Il imagine donc une attaque planifiée par un colonel de l’armée, un renégat, Calhoun (Robert Lansing). Le plan qu’il a mis au point aurait nécessité, pour sa mise en œuvre, un budget supérieur à un épisode du Virginien. Attaque d’un convoi ferroviaire chargé d’or, dynamitage et envoi de l’ensemble du train dans un ravin après une chute d’un pont de la hauteur de 30 mètres.

On va donc se servir de ce canevas sans le montrer, et Le Virginien plus qu’une histoire de vengeance raconte celle de l’infiltration du héros dans le gang, à la manière de Un flic dans la mafia. Le scénario mélange donc trois genres : le western, le policier et le suspense, car à tout moment, le virginien, pris pour un prisonnier évadé, et le shérif Troy (David McLean) risquent être démasqués. Troy s’est lui aussi trouvé par hasard entre les mains des gangsters et leur a fait croire qu’il était un prisonnier évadé.

Plus que Robert Lansing, pompeux en colonel amer et aigri, ce sont ses acolytes qui valent le détour : ainsi le sadique Jasper Horn (John Milford, le Carver du pilote des envahisseurs : première preuve), Sandy Kenyon en professeur alcoolique (Mac Arthur, le général rebelle et des apparitions dans Les envahisseurs, Cannon, Les rues de San Francisco), Steve Ihnat (disparu jeune, vu au cinéma dans Police sur la ville, F comme Flint, Sept secondes en enfer et un Mannix mémorable : Immeuble insalubre).

On oublie la vendetta pour se consacrer au suspense : le virginien et le shérif Troy vont-ils être percés à jour, pourront-ils empêcher le massacre que prévoit le colonel Calhoun, puisque le convoi d’or se trouvera dans un train de voyageurs ? Mille fois, ils manquent se trahir. On pardonnera à Robert Lansing de manquer un peu de conviction en « grand chef » (Milford lui pique souvent la place avec son personnage sadique). Dans l’opus, le juge Garth et Steve se contentent de faire de la figuration, quelques scènes, tandis que Trampas est aux abonnés absents. La fin est un peu tirée par les cheveux, permettant – ce ne sera pas un spoiler – au virginien de l’emporter, sans  lui, il n’y aurait plus de série.

On passe un excellent moment, à mi chemin entre western et film à suspense. Quatre étoiles largement méritées et pas une minute d’ennui. Et si vous doutiez qu’un homme seul, en l’occurrence le virginien, peut venir à bout de toute une bande de tueurs dangereux, regardez cet épisode.

Anecdotes :

  • La série continuera désormais sans le personnage de Molly, dont l’interprète avait décidé de quitter définitivement l’équipe durant la saison1.

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12. L'HEURE DU SOUVENIR
(A TIME REMEMBERED)

Scénario : Peter Germano. Réalisation : William Witney.

Résumé :

Le juge Garth retrouve une vieille amie, en la personne d’une chanteuse d’opéra, Helen Haldeman dite Elena, venue se produire à Medecine Bow.

Critique :

Il faut avouer que le début de l’épisode est assez ennuyeux, il ne s’y passe pas grand-chose. Le juge Garth retrouve une amie d’enfance. On devine qu’il en est amoureux. Les numéros chantés Plaisir d’amour puis des airs d’opéra nous font passer vingt minutes. Betsy revient au premier plan (alors que le virginien est absent, et Trampas et Steve ne font que de la configuration). Lentement mais sûrement, le téléspectateur se sent gagner par une certaine torpeur. C’est assez inhabituel dans la série. On a le sentiment d’une succession de scènes d’exposition alors que l’on a déjà tout compris. Les décors sont certes somptueux en couleur, mais le réalisateur en use et en abuse.

L’action commence véritablement avec l’homme que tue Elena. Un inconnu arrivé en ville après les représentations, et venu la menacer, Carl Elston. Le shérif Abbott n’entend pas en rester là et mène son enquête. On déchante vite, car l’effet de surprise retombe vite. Malgré cette scène violente, la routine de la visite de la chanteuse chez le juge est à nouveau le seul élément scénaristique.

L’intrigue prend beaucoup trop de temps pour se mettre en place. Il faut attendre plus de quarante minutes pour qu’Elena soit accusée de meurtre.

Il ne reste que vingt minutes pour tenter de nous passionner, puisque c'est seulement lorsque le métrage a atteint cinquante minutes qu' Henry Garth, en qualité d’avocat, commence son plaidoyer. C’est encore un épisode de procès, mais il arrive bien trop tard dans l’intrigue pour nous captiver.

On tombe dans la bluette et le mélodrame, lorsqu’il est établi que l’assistante d’Elena, Karen Osterling (Melinda Plowman) était sa fille et amoureuse de la victime. Tout dans cet épisode est fait pour empêcher l’adhésion du téléspectateur, après une bien trop longue introduction et des images d’Epinal. On perd beaucoup de temps en minauderies, les retrouvailles entre Elena et Garth s’éternisant.

Il reste donc de belles images, l’interprétation de Lee J. Cobb toujours excellent, mais Yvonne De Carlo est nettement sous employée. On ne peut d’ailleurs pas juger de ses talents de comédienne dans cet opus, tant l’essentiel est condensé vers la fin. Melinda Plowman est totalement transparente et peu crédible en Karen. On mesure la différence avec Roberta Shore qui en Betsy a pris de l’assurance.

La scène du procès est totalement bâclée, sans rebondissements, il faut dire que le metteur en scène n’a plus le temps matériel de développer la trame judiciaire, puisque nous sommes déjà près de l’épilogue.

La rencontre entre Yvonne De Carlo et Lee J. Cobb nous laissait espérer un bien meilleur épisode. On sauvera quelques jolies scènes de promenade en calèche, la visite du ranch Shiloh, les cascades d’eau avec un parfum de romantisme. Mais une chose est sûre, nous ne sommes pas dans un western. Et l’épisode a du mal à se raccrocher à l’un des autres genres abordés depuis le début de la série.

Anecdotes :

  • Yvonne De Carlo (1922-2007) a joué dans Les amours de Salomé, Pour toi j’ai tué, Les dix commandements, Le grand McLintock.

  • Melinda Plowman (1941-) a commencé sa carrière enfant à l’âge de huit ans dans Les quatre filles du docteur March. L’essentiel de sa filmographie date de son jeune âge. On la voit en 1966 au cinéma dans Billy the kid vs Dracula. On perd sa trace après un épisode des Mystères de l’ouest en 1968.

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13. LE SIÈGE
(SIEGE)

Scénario : Donn Lullally. Réalisation : Don McDougall.

Résumé :

Trampas revient dans une ville qu’il a quittée il y a cinq ans. Sa fiancée d’autrefois est mariée au marshall. Il se heurte à la bande de tueurs espagnols, les comancheros, dirigée par un certain Lopez qui ont mis main basse sur la ville.

Critique :

Episode que je conseille de voir en VO, la bande son française étant très abîmée et par endroits complétée par la VO. Il s’agit d’une aventure avec Trampas seul.

S’aventurant dans une ville corrompue, vivant sous la terreur, Trampas vient  jouer les redresseurs de torts dans un océan de lâches tremblant devant les comancheros, qui ont notamment tué un couple de petits vieux chez qui le contremaître avait travaillé et qu’il voulait saluer, des années après.

Peu doué pour les scènes romantiques, Doug McClure s’en tire plutôt mal face à celle qui incarne son amour de jeunesse, Elinor Donahue, alias Carole.

Le rythme de l’épisode est assez lent. Il faut dire qu’Elinor Donahue, vue dans Santa Barbara, Les feux de l’amour et au cinéma dans Pretty Woman se révèle une piètre actrice. L’excellent Joseph Campanella est ici doté d’un accent espagnol ridicule. Plus que menaçant, il est grotesque en Lopez, personnage mal écrit. Le scénariste tente bien d’instaurer une ambiance rappelant Le train sifflera trois fois. Il est loin d’y parvenir.

Pour son unique apparition dans la série, le comédien Ron Hayes (Daktari, Hawaii Police d’état) interprète le personnage le plus intéressant, l’intègre marshall Brent, qui prête main forte à Trampas. Il est marié à Carole, sœur de Duke Logan (Philip Carey), qui est le maire pleutre et corrompu.

Le thème des comancheros, blancs hispaniques qui s’associent aux indiens pour faire des pillages, sera repris avec davantage de bonheur dans un film avec John Wayne en 1961. L’épisode révèle un cruel manque de moyens pour la mise en scène. Le réalisateur meuble avec des bavardages, par exemple en développant les discussions conjugales entre Brent et Carole qui sont fort peu intéressantes. Pourtant, ils finissent par avoir plus de temps de présence à l’écran que Trampas !

L’affrontement final oppose Trampas à Lopez, qui terrorise la ville entière. Au dernier moment et heureusement pour notre héros, les habitants retrouvent leur honneur et leur conscience et se rebellent contre les comancheros.

Episode atypique de la série, avec une conclusion qui semblait nécessaire pour que Trampas continue de figurer dans l’équipe du juge Garth, Siège ne méritait pas le talent de Joseph Campanella, ici sous employé, voire rendu ridicule.

Anecdotes :

  • Première des trois apparitions de Joseph Campanella (1924-) dans la série, jouant à chaque fois un personnage différent.

  • Il est fait allusion au père décédé de Trampas que nous avons vu dans le premier épisode de cette saison Ride a dark trail.

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14. LE DÉSERT INTERDIT
(MAN OF VIOLENCE)

Histoire de James Patrick. Adaptation : John D.F. Black. Réalisation : William Witney.

Résumé :

L’oncle de Trampas est tué lors d’un hold-up par deux militaires déserteurs, Wismer et Judson, qui convoitent une mine d’or se trouvant sur le territoire interdit des apaches. Trampas part à leur recherche.

Critique :

Voilà un scénario daté et aujourd’hui complètement dépassé, surtout si l’on a vu Soldat bleu ou Danse avec les loups. Heureusement, ce script désuet est relevé par une réalisation en décors naturels qui nous en offre pour notre argent.

Les fans de Star Trek seront surpris de retrouver ensemble Leonard Nimoy « Monsieur Spock » et DeForrest  Kelley « le docteur Mc Coy » des années avant leur saga spatiale. Nimoy, qui joue l’un des assassins de l’oncle de Trampas, est vite lui-même tué par un chercheur d’or sans scrupules, tandis que Kelley incarne déjà un médecin, le militaire alcoolique lieutenant Beldon.

Grosse erreur de distribution : Peggy Mc Cay (née en 1930) fait bien trop âgée pour son rôle d’Helen, femme inspirant l’amour à la fois de Trampas, mais aussi de son mari assassin Paul Judson.

Comme à son habitude, l’australien Michael Pate incarne à merveille le méchant, McGoff, chercheur d’or, assassin. Mais dans la catégorie des méchants, on se bouscule au portillon : d’abord les indiens, présentés comme de véritables sauvages, alors qu’un traité avec l’armée Yankee leur accorde l’inviolabilité de leurs terres, Wismer et Judson, qui réduisent à néant la famille de Trampas dont le père était déjà mort, et enfin McGoff. En improbable épouse de Paul Judson, Helen tente de sauver son mari en allant le chercher sur un territoire dangereux pour le ramener devant un jury et lui laisser une chance.

L’épisode est très linéaire de part son intrigue, et l’on sombre parfois dans l’ennui. Doug McClure se montre à la hauteur de la situation en l’absence totale du reste de l’équipe. Les rebondissements sont nombreux même si parfois ils tombent dans des situations improbables. On se doute que l’enfer que constitue ce territoire sous un soleil de plomb ne permettra qu’à une faible partie de l’équipe d’en sortir vivant, avec comme priorité notre héros Trampas.

Si Leonard Nimoy ne fait qu’une apparition, DeForrest Kelley et Michael Pate s’en donnent à cœur joie avec toutes les scènes qu’ils ont à défendre. William Bryant est plus stéréotypé en mari d’Helen et co meurtrier de l’oncle de Trampas.

Aujourd’hui, mais n’est-ce pas le sort de la plupart des westerns, on ne diffuserait plus cet épisode au nom du politiquement correct, les apaches étant dépeints comme des sauvages assoiffés de sang et prompts à faire subir les morts les plus atroces.

Les intrigues avec un Trampas solitaire nous changent un peu de la routine du ranch de Shiloh. Ici, toutefois, on trouve le temps parfois un peu long.

Anecdotes :

  • Leonard Nimoy (1931-2015) est célèbre pour ses rôles de Spock dans la saga Star Trek et Paris dans Mission Impossible.

  • DeForrest Kelley (1920-1999) reste à jamais l’homme d’un seul rôle, le docteur Mc  Coy dans Star Trek.

  • Michael Pate (1920-2008), comédien australien, était spécialisé dans les rôles de méchants. Son film le plus intéressant reste Dans les griffes du vampire (1959), oeuvre mélangeant western et fantastique.

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15. THE INVADERS
INÉDIT EN FRANCE

Scénario : Donn Mullaly. Réalisation : Bernard McEveety.

Résumé :

Un ancien ami du juge arrive du Texas, Mike Tyrone, ses fils, sa fille et ses vachers. Il prévoit d’acheter coûte que coûte les ranchs de Medecine Bow et voit d’un mauvais œil l’amitié de sa fille avec Trampas.

Critique :

Le scénario de cet épisode, dans toute sa première partie, nous promet beaucoup pour  aboutir à un résultat décevant et à une fin bâclée. Toute l’argumentation sur l’ancienne amitié entre Mike Tyrone (Ed Begley, excellent) et le juge Garth sert à une trop longue scène d’exposition. En fait Tyrone et ses deux écervelés de fils ont échafaudé un plan pour devenir  le plus grand ranch de l’endroit. L’ébauche de romance entre Margaret Tyrone (Beverley Owen) et Trampas est un élément du scénario qui vient semer le trouble. Les vieux amis deviennent les pires ennemis.

Le problème de cet opus est de nous abreuver de trop d’informations dans la première partie pour ne pas s’en servir ensuite. Si Tyrone/Begley constitue un danger pour la paix de Shiloh et le comédien se révèle convaincant, le complot est tiré par les cheveux. On regrette surtout la faiblesse de l’interprétation de Beverley Owen en fille rebelle de Tyrone : elle ne semble pas croire à son personnage. L’amitié forcée par le scénariste entre Betsy (dont les démêlés avec son piano sont censés nous faire sourire) et Margaret n’est guère crédible.

Doug McClure a des problèmes dans ses scènes avec Beverley Owen qui ne lui renvoie pas la balle. De ce fait, toute cette romance tombe à plat, comme à la fois une pause et aussi une menace dans le complot ourdi par Mike Tyrone. La réception chez le juge, à la moitié du métrage, censée réconcilier tout le monde, dure trop longtemps. Il faut avouer que Roberta Shore et son numéro chanté sont de trop. Le réalisateur abuse de scènes qui  sont relatives au passé, il y a 30 ans, entre Tyrone et Garth, comme si au-delà de cette amitié, certains comptes n’avaient pas été réglés. L’arrogance des texans est outrancière, arrivant en pays conquis à Medecine Bow. Ce qui provoque des conflits inévitables.

The invaders nous promet un drame que l’on attend trop longtemps. La fin est expédiée de façon bien improbable. Les comédiens mis le plus en valeur sont Ed Begley, Lee J. Cobb et Doug McClure, James Drury et Steve Hill pourtant présents n’assurant que la transition entre les scènes.

On pouvait espérer beaucoup mieux de ce qui restera un script prometteur mais faible. C’est davantage une ébauche d’épisode qu’une véritable réalisation. Les paysages, pour une fois, sentent trop les décors des studios Universal, au lieu des grandes chevauchées à laquelle le spectateur s’attend. C’est certes en couleurs, mais cela fait souvent une succession de décors de pacotille, ce qui est gênant dans un pur western.

Anecdotes :

  • Ed Begley (1901-1970) a tourné une centaine de rôles entre 1947 et sa mort. On se souvient de ses participations aux Envahisseurs : La trahison et le labyrinthe, On l’a vu aussi dans Le Fugitif, Les mystères de l’ouest, Bonanza. Au cinéma, on le retrouve dans 12 hommes en colère et Pendez-les haut et court.

  • Beverley Howen (1937-) a fait une courte carrière essentiellement limitée à son rôle récurrent dans la série Les monstres.

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16. ROAR FROM THE MOUNTAIN
INÉDIT EN FRANCE

Histoire de Carey Wilber et Franklin Barton. Adaptation : Carey Wilber. Réalisation : Earl Bellamy.

Résumé :

Un cougar tue un homme du ranch Shiloh. Steve le poursuit et fait la rencontre d’un couple chez qui le cougar a fait des ravages.

Critique :

Cette histoire de cougar tueur est mortellement ennuyeuse sur une durée d’une heure douze. En effet, il ne se passe pas grand-chose. Steve laisse Garth, Trampas et le virginien pour poursuivre seul le cougar, il en fait une affaire personnelle.

On a greffé sur cette chasse une histoire d’amour mal construite. Un couple, Nancy et Charles Mayhew a perdu l’enfant  d’un premier mariage du mari. Si ce n’était pas en VOST, on jurerait que le doublage trahit l’intrigue puisque l’enfant mort n’est pas de Nancy. Néanmoins, depuis ce jour-là, elle méprise son mari car il a manqué de courage face au cougar.

L’intrigue traîne sérieusement en longueur. Comme comédien, Gary Clarke est limité. Si les scènes d’action lui conviennent, il est moins à l’aise dans une intrigue psychologique. Nancy (Joyce Bulifant) forme un couple mal assorti avec le plus mûr Charles (Jack Klugman, excellent). Elle se jette au cou d’un Steve qui n’a rien demandé, voulant faire payer à son mari son manque de courage de jadis.

Omniprésent  jusqu’aux dernières secondes, le cougar est la vraie vedette de l’épisode, imposant sa loi aux humains. Mais l’intrigue manque nettement d’épaisseur et le téléspectateur plonge dans la torpeur, à attendre le fauve dans la ferme des Mayhew. On reproche à beaucoup de protagonistes d’être lâche face à la bête, au début au dresseur de chien que le juge Garth a engagé, puis à Charles, mais l’animal est bigrement dangereux. A noter qu’il est appelé tout au long de l’histoire « the cat », le chat.

Joyce Bulifant est jolie et frêle mais pas vraiment persuasive en femme délaissée prête à tout quitter pour Steve. Ce dernier découvrira à ses dépens que le cougar n’est pas le seul ennemi de l’épisode, et que l’homme jaloux peut être tout aussi dangereux que le fauve.

L’atout de l’épisode est constitué par les beaux paysages, excepté les scènes nocturnes faites visiblement en studio. Un opus peu captivant malgré l’enjeu et qu’il est difficile de supporter jusqu’au bout.

Anecdotes :

  • Joyce Bulifant (1937-) a commencé sa carrière en 1961 et tourne toujours. On l’a vue dans  Y-a-t-il un pilote dans l’avion ?  et dans la version télévisée de Shining .

  • Jack Klugman (1922-2012) est célèbre pour son rôle de héros de la série Quincy.

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17. UN COEUR D'OR
(THE FORTUNES OF J. JIMERSON JONES)

Scénario : Carey Wilber. Réalisation : Don McDougall.

Résumé :

Après vingt ans de dures recherches, un prospecteur d’or, J.Jimerson Jones, découvre une mine. Nouveau riche, il se rend à Chicago et rencontre une vieille connaissance, le juge Garth. Jones ne tarde pas à tomber sur des escrocs. Betsy tombe amoureuse d’un jeune journaliste, Eddie.

Critique :

Episode du genre comédie. Le personnage du mineur Jones est interprété sans nuances par Pat O’ Brien, qui incarne une sorte de gros lourdaud sans éducation débarquant dans la haute société. Son jeu lasse vite. C’est amusant cinq minutes, un quart d’heure, mais ensuite devient pesant. La romance entre Betsy et un jeune journaliste est en filigrane et sans grande importance, ni conséquences pour la suite de la série.

Beaucoup de scènes sont basées sur la méconnaissance de Jones des grands restaurants, des bonnes manières et de la vie de grand luxe. Ainsi, il commande… une huitre, n’arrive pas à la manger, puis une douzaine de homards. Ces scènes, censées être cocasses, sont redondantes.

Sans aucun des protagonistes de la série la plupart du temps à part Lee J. Cobb et Roberta Shore, l’épisode sombre dans le naufrage total. Jeanne Cooper en Julia Montgomery est bien trop âgée pour son rôle de séductrice, et les différentes tentatives d’escroquer le mineur échouent en raison de l’honnêteté de ce dernier. Le juge Garth comprend que Betsy est en train de lui échapper, qu’elle devient une femme, mais cette piste scénaristique ne sera pas finalement approfondie.

Le scénario est particulièrement creux, se contentant de s’appuyer sur la naïveté de Jones, qui se révèle un grand enfant. Il échappe de façon récurrente à tous les pièges qu’un couple de filous essaie de lui tendre (bourse, poker, arnaque au mariage par Julia Montgomery). Ainsi défilent un faux général spécialiste en bourse, un gigolo partenaire de Julia et d’autres comparses sans envergure. Sans qu’il le sache, Jones a trouvé sa bonne étoile en la personne d’une femme de chambre de son âge, revêche mais honnête, qui tente de lui ouvrir les yeux.

L’épisode sombre dans la mièvrerie avec la romance entre le chercheur d’or et la femme de chambre bien intentionnée. On a le sentiment que la production, pour nous proposer un tel navet, est incapable de fournir 30 épisodes de 75 minutes par saison. Jouant la carte de l’anthologie, elle utilise ici le côté comédie plutôt que western, procès judiciaire, intrigue policière ou romance, mais c’est vraiment très mauvais, outrancier, caricatural et mal interprété.

Notons que l’auteur, Carey Wilber, était déjà le scénariste du peu fameux Roar from the mountain. On se demande bien ce que les programmateurs français ont trouvé à cet épisode pour le doubler en français au détriment d’autres bien meilleurs et restés inédits.

Anecdotes :

  • Jeanne Cooper (1928-2013) était Katherine Chancellor dans Les feux de l’amour.

  • Pat O’Brien (1899-1983) a joué dans Les anges aux figures sales, certains l’aiment chaud, Ragtime.

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18. THE THIRTY DAYS OF GAVIN HEATH
INÉDIT EN FRANCE

Scénario : Mel Harrold. Réalisation : John Florea.

Résumé :

Jadis, lors de la guerre de Crimée, Gavin Heath s’est montré lâche. Il revient à Medecine Bow après trois ans d’absence, mais a la malchance d’être mordu par un chien enragé. Il lui reste trente jours à vivre.

Critique :

Episode reposant sur la performance du comédien anglais Leo Genn qui squatte ici la totalité de l’intrigue, ne laissant aucune scène à personne.

L’opus est d’une gravité exceptionnelle pour une série comme Le Virginien, et bourré de références historiques.

Ce drame psychologique est un peu hors sujet dans la série. Gavin Heath veut transformer Medecine Bow en un morceau d’Angleterre, car l’échéance fatale de la rage ne lui laisse pas le temps d’y retourner.

L’histoire est un aller-retour entre le passé et le présent. A 19 ans, Gavin s’est montré lâche et a été dégradé. Il a traîné toute son existence cette affaire avec lui, l’empêchant de goûter à la sérénité que sa fortune lui a donnée.

Leo Genn, admirable, vampirise toutes les scènes et ramène à lui chacune des trames du scénario. Il propose ainsi à Betsy, la fille du juge, de lire du Shakespeare, il achète l’hôtel mais en toute illégalité, à deux jours de la fête de l’indépendance le 4 juillet, y arbore le drapeau de l’Union Jack.

Il y a trois ans, Gavin s’est montré à nouveau lâche lors d’une embuscade avec Trampas contre des voleurs de chevaux. Il est ici en quête d’une rédemption. Contre toute attente, un barman de la ville est aussi un anglais. Ce dernier, qui a vécu la bataille de Baklava en Crimée contre les russes, prend notre homme pour un héros.

C’est très bon, peut-être un peu trop sérieux, et ce qui empêche l’épisode d’atteindre les quatre étoiles est l’inexistence des autres acteurs face à Leo Genn. Même Lee J. Cobb ne parvient pas à se hisser à son niveau, il faut dire que le personnage de Genn, Gavin Heath, est très bien écrit. Il se suffit presque à lui-même, d’où de longues scènes de monologue. La reconstitution finale de la charge de la brigade légère lorsque des apaches prisonniers s’évadent et prennent en otage Trampas nous vaut une belle scène d’action dans une intrigue qui en manque quand même beaucoup. Le scénariste et le réalisateur ont fait un très bon film mais oublié l’aspect distraction.

L’épisode peut se voir aussi comme un documentaire sur les Etats-Unis de 1886 où la rage était une maladie mortelle. Mel Harrold, le scénariste, en a fait un drame shakespearien qui permet à Leo Genn un éblouissant numéro de comédien.

Anecdotes :

  • Nous sommes en 1886. En effet, Heath déclare être parti depuis trois ans de Medecine Bow après la ruine de son ranch, en 1883. Il est fait allusion à la guerre de Crimée en 1855 à laquelle les britanniques ont pris partie et à la fameuse Charge de la brigade légère.

  • Leo Genn (1905-1978) a joué dans « Amicalement vôtre » : « Formule à vendre ».

  • Pasteur a inventé le vaccin contre la rage en 1885.

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19. LA GUERRE DES RANCHS
(THE DRIFTER)

Histoire de Frank Fenton. Adaptation : Carey Wilber. Réalisation : Don McDougall.

Résumé :

Le virginien se souvient de son arrivée à Medecine Bow il a sept ans. Il s’était fait embaucher  par Peterson, un rival du juge Garth.

Critique :

Cet épisode aurait pu être le pilote de la série. On y assiste à l’arrivée du héros sans nom, le virginien, qui est attaqué par les hommes de Shiloh. Son premier contact avec le juge Garth est donc des plus glacials. Lorsqu’il arrive, une guerre des ranchs a commencé depuis cinq mois entre Miles Peterson (Leif Erickson) et Garth.

On note quelques astuces scénaristiques comme le fait que personne ne demande son nom et son prénom au virginien, même Peterson qui l’engage. Il s’avère vite que le rival de Garth a un contremaître véreux, Hugh Stager (Michael Forest). Ce dernier est fiancé à la fille du patron, Maria (Mariette Hartley).

Lee J. Cobb et James Drury ne font ici que s’affronter, ce qui est savoureux alors que l’on connaît leur complicité. On comprend vite que la guerre entre les ranchs est alimentée par Stager. Cela nous donne une excellente intrigue de pur western.

Nous assistons à la réconciliation entre Garth et le virginien, chacun se rendant compte qu’il s’est trompé sur le compte de l’autre. Ils comprennent que Peterson a été tué par son contremaître.

Mélange d’intrigue policière et de western, La guerre des ranchs présenté comme un long flash-back de 72 minutes est digne des meilleurs épisodes de la série. Le script de Frank Fenton nous tient en haleine et ceci sans un seul temps mort.

Anecdotes :

  • Leif Erickson (1911-1986) est le héros de la série western  Chaparral. On le voit relativement peu dans cet épisode, son personnage étant tué au bout de quarante minutes.

  • Mariette Hartley (1940-) a joué dans Pas de printemps pour Marnie et Coups de feu dans la Sierra.

  • On note une petite erreur dans la VF : le personnage de Peterson est d’abord prénommé Miles puis Neals.

  • Nous ne voyons pas Garth engager le virginien, le flash-back s’arrêtant trop tôt.

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20. LE TÉMOIN
(FIRST TO THINE OWN SELF)

 

  

Scénario : Les Crutchfield. Réalisation : Earl Bellamy.

Résumé :

Silas, un chercheur d’or et sa fille Melanie recueillent un jeune guitariste, Randy Benton. Ils sont attaqués et le père tué. Melanie, l’enfant, est le seul témoin de l’innocence de Randy.

Critique :

Superbe intrigue policière plus que western. En effet, le chercheur d’or Silas a été tué par son beau-frère, Reese (Jan Merlin) et par un des hommes de Shiloh, Pell (Bruce Dern). Ils vont donc constituer un danger pour le seul témoin, la petite fille Melanie, réfugiée à Shiloh, mais aussi provoquer la fuite d’un jeune adolescent innocent dont tout le monde, à part Betsy sous son charme, s’accorde à penser qu’il est le meurtrier.

On regrette beaucoup l’absence de Lee J. Cobb. Tout repose sur James Drury, Gary Clarke et Roberta Shore. Randy, le guitariste (incarné par Randy Boone), un adolescent injustement accusé de meurtre mais que la petite Melanie peut évidemment innocenter, est pourchassé par les hommes de Shiloh. Il faut avouer que Randy Boone n’est pas toujours très convaincant dans le personnage, même si le capital sympathie du public féminin lui est acquis.

Quant à Bruce Dern, il compose un méchant démoniaque dont il a le secret. Jan Merlin est un degré au dessous dans le registre du tueur sadique. On émettra le regret que l’intrigue soit écourtée pour laisser place à des numéros chantés à la guitare par Randy Boone trop nombreux dans l’opus. Malgré cela, Le témoin est une intrigue palpitante, savamment étudiée, et qui évoque parfois les œuvres de Sir Alfred par les thèmes abordés : quiproquos, innocent en fuite, témoin qui se manifeste au dernier moment, etc.…

Il ne faudrait pas croire que le drame domine en permanence, certains passages sont cocasses comme la première rencontre entre Betsy et le guitariste nu qui prend son bain dans un abreuvoir de Shiloh. Roberta Shore se montre espiègle et désopilante à souhait.

Le scénariste nous a mijoté un script idéal pour captiver le téléspectateur. On passe un agréable moment, scotché sur notre fauteuil, à trembler pour les deux survivants du meurtre, Melanie et Randy.

Anecdotes :

  • Randy Boone (1942-) est le cousin de Richard et Pat Boone. Mais il n’a pas fait carrière.

  • Bruce Dern (1936-) est célèbre pour  Pendez-les haut et court, Complot de famille entre autres. On l’a vu récemment dans Django Unchained et Les huit salopards.

  • C’est l’un des 20 épisodes où L.Q. Jones incarne Belden, un des hommes du ranch Shiloh.

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