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La revanche de Frankenstein (1958)Frankenstein créa la femme (1967)

Saga Hammer

L’empreinte de Frankenstein (1964)


L'EMPREINTE DE FRANKENSTEIN
(THE EVIL OF FRANKENSTEIN)

Résumé :

En compagnie de son assistant Hans, le baron Frankenstein retourne à Karlstaadt où se trouve son château. Ils y font la connaissance de l’hypnotiseur Zoltan et d’une mendiante sourde et muette qui les accueille alors qu’ils fuient la police. Ils retrouvent la Créature congelée dans la glace. Pour la ranimer, Frankenstein fait appel à Zoltan mais celui-ci détourne le monstre à son profit.

Critique :

Troisième opus chronologiquement de la série des « Frankenstein », ce premier film non réalisé par Terence Fisher (parti tourner « Sherlock Holmes et le Collier de la mort ») et écrit par Anthony Hinds sous son nom de plume habituel de John Elder remplaçant un Jimmy Sangster démotivé, déçoit quelque peu.

Il est d’abord assez lent et contient nombre de scènes inutiles. Le prologue est assez long et redondant avec ce que l’on sait de Frankenstein (surtout en 1964 puisque La Revanche de Frankenstein n’a que cinq ans). Quand le baron évoque ses souvenirs, c’est à une réécriture de plusieurs scènes de Frankenstein s’est échappé qu’on assiste. Ensuite, il n’est pas sans quelques maladresses scénaristiques. Ainsi, Frankenstein revient pour trouver de l’argent mais son château a été pillé…ce qui ne l’empêche pas de s’y installer (alors qu’il vient d’échapper à la police) et de recommencer ses expériences. En outre, il est étonnant que le baron, volontiers paranoïaque, laisse sa Créature sans surveillance !

La Hammer avait noué un partenariat avec la Universal en 1958 qui lui avait donné accès aux grands monstres du catalogue et lancé leurs adaptations. Contrairement au premier film de la série rendu possible parce que les droits du roman était tombé dans le domaine public, celui-ci est né de ce partenariat et voulait relancer la saga. Il existait un projet de suite depuis 1959 et une série télé avait été envisagée (avec Anton Diffing, « l’homme qui trompait la mort »). Ce sont d’ailleurs deux scripts pour cette dernière qui forment l’armature du scénario. Le masque de la Créature se voulait un hommage à celui, mythique, de Boris Karloff mais il est juste parfaitement inexpressif et comme l’acteur qui le porte est loin d’avoir le talent de mime de Christopher Lee, c’est monolithique. Bon prince, Nicolas Stanzyk y voit un hommage au Golem. Accordé. Succès honorable, sans plus, ce film annonce la fin du partenariat Hammer-Universal.

« Pas de côté récréatif » pour Stanzyk, ce film, sans violence, a quelques bonnes idées cependant. Ainsi, Frankenstein est-il proche de sa figure de départ de savant désireux de faire progresser la science et se heurtant à l’obscurantisme des uns (le prêtre) et la méfiance des autres (le chef de la police). Frankenstein paraît sincère quand il se demande pourquoi « on » s’acharne à l’empêcher de travailler.

De plus, il a quelques humanités puisqu’il accueille sans broncher la jeune mendiante sourde et muette (une figure que l’on retrouvera dans Frankenstein et le monstre de l’enfer). Laquelle noue une relation de confiance avec la Créature ; relation chaste qui n’est pas sans rappeler celle dans le roman entre une petite fille et la Créature. L’innocence de l’enfant étant ici remplacée par le handicap. Katy Wild est une des rares « Hammer’s Girl » à ne pas jouer de son physique ni à crier. Pour en revenir au baron, il est même montré en position de faiblesse puisqu’il est contraint à un partenariat avec le peu scrupuleux mais gouaillant Zoltan ; ce qui permet par contraste de donner une image positive de Frankenstein ! L’exploit n’est pas mince ! Le scénario, un peu quand même.

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Anecdotes :

  • Sortie anglaise : 31 mai 1964 Sortie française : 31 mars 1965

  • Réalisation : Freddie Francis

  • Scénario : John Elder

  • C’est le 50ème film produit par Anthony Hinds et un repas commémoratif fut offert en son honneur le 13 novembre 1963 à l’hôtel Savoy. James Carreras rendit hommage à sa réussite.

  • Anthony Hinds donna le secret de son succès dans le dossier de presse britannique : « Donnez-leur ce qu’ils veulent et ils continueront à revenir pour en voir encore. Il n’y a rien de magique dans tout ça. »

  • Il fallut faire 200 croquis avant que la Hammer ne soit satisfaite de l’apparence qu’il fallait donner au monstre.

  • Peter Woodthrope/Zoltan : acteur anglais (1931-2004), membre de la Royal Shakespeare Company, c’est son premier film répertorié. Il a principalement tourné pour la télévision : ZCars (1963), Sherlock Holmes (1968), General Hospital (1973), Les professionnels (1978), Inspecteur Morse (7 épisodes, 1987-1988), Coronation Street (1989), Merlin (1998). Au cinéma, il joua dans Le crépuscule des aigles (1966), La charge de la brigade légère (1968), Le miroir se brisa (1980), La folie du roi George (1994).

  • Katy Wild/la mendiante : actrice galloise, vue au cinéma dans Le train des épouvantes (1965), L’homme qui sortait du bagne (1970) et à la télévision dans Suspense (1960), Chapeau melon et bottes de cuir (1962), ZCars (1968), Spyforce (1971-1973), Secret Valley (1982), A Cœur ouvert (1984), G.P. (1991). Elle ne tourne plus depuis cette date.

  • Kiwi Kinsgton/la Créature : lutteur néo-zélandais (1914-1992), c’est quasiment sa seule apparition devant la caméra.

  • Biographie de Freddie Francis dans Dracula et les femmes, de Sandor Eles (Hans) dans Comtesse Dracula et de Duncan Lamont dans Les monstres de l’espace.

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Le cirque des vampires (1972)
Les étrangleurs de Bombay (1960)

Saga Hammer

La légende des sept vampires d’or (1974)


LA LÉGENDE DES SEPT VAMPIRES D'OR
(THE LEGEND OF THE 7 GOLDEN VAMPIRES)

Résumé :

En 1804, Kha, grand-prêtre des sept vampires d’or, en Chine, vient demander l’aide du comte Dracula pour réveiller les vampires. Dracula va faire bien mieux. Chine, 1904 : le professeur Van Helsing, qui fait des recherches sur les vampires, est contacté par le jeune Hsi Ching qui lui dit venir du village maudit de Ping Kwei qu’avec ses frères, et si Van Helsing veut bien les aider, il veut délivrer de l’emprise des vampires.

Critique :

Un film étrange mêlant pour la seule et unique fois vraisemblablement dans l’histoire du cinéma kung-fu et vampires ! Ce n’est pas absurde et le scénario possède quelques bons éléments. Le souci tient à l’absence de liant entre le domaine proprement fantastique et la partie arts martiaux. Les moyens sont étriqués et le manque d’originalité de bien des aspects saute aux yeux.

En février 1973, le nouveau président de la Hammer, Michael Carreras (fils de James), envoya à Hong Kong (à l’époque colonie britannique) le scénariste Don Houghton pour travailler à une coproduction avec la firme Shaw Brothers. Un accord fut conclu pour deux films (le second étant Shatter en 1974). Pour Houghton, la Hammer avait besoin de la réussite de ces films : « Si les films venaient à échouer, écrivait-il à Carreras le 18 septembre 1973, ce serait désastreux ». Malheureusement, ce fut un échec et la production, épuisante et coûteuse (la Hammer avait dû souscrire un prêt pour financer les deux films, faute du soutien d’un distributeur), greva lourdement les finances de la firme anglaise dont les jours étaient désormais comptés.

Si la scène pré-générique est censée se dérouler en 1804, c’est en 1904 que se passe l’essentiel du film. En ce sens, La légende des sept vampires d’or, est dans la lignée des Dracula « modernisés »…même si ceux-ci se déroulent chronologiquement dans les années 1970. On a donc l’impression que Michael Carreras tente « d’enjamber » les derniers films pour se raccorder quelque peu artificiellement au tout premier Dracula.  Dépayser le film en Chine, pays arriéré à cette époque, permet de rester dans le contemporain tout en évitant une confrontation toujours risquée avec ledit monde contemporain. Cela permet aussi de flatter le complexe de supériorité colonial britannique. Un Chinois vient demander de l’aide à un Occidental car il ne saurait vaincre seul.

Ceci étant, la Hammer se montre plutôt respectueuse des Chinois qu’elle met en scène, du moins ceux qui aident Van Helsing. Les autres se limitent à des commerçants lors d’une scène de marché et à une bande de truands. Schématique certes mais le film ne fait que 85 minutes. On remarque d’ailleurs un manque de maîtrise de la part de la Hammer car, contrairement au Cauchemar de Dracula, qui, en 78 minutes, filait bon train avec une grande efficacité ; ici, il y a de flagrantes ruptures de rythme. L’expédition vers Ping Kwei est interminable même si les décors naturels sont plutôt beaux et que c’est rarissime de voir un tournage en extérieur pour la Hammer.

Question réalisation, Roy Ward Baker parvient à s’en tirer quand même assez bien. C’est un réalisateur de métier qui va réussir à tirer sinon le meilleur au moins le moins mauvais. Quelques scènes fortes rehaussent le film. Ainsi, lorsque Van Helsing raconte la légende des sept vampires d’or, celle-ci nous est présentée de visu. On découvre la pagode où se réunissent les monstres et, de nuit, elle a fort belle allure. Utilisant des éclairages rouges/verts, Baker filme avec intensité le supplice de sept jeunes Chinoises, plus ou moins dénudées, dont les cris résonnent douloureusement aux oreilles du spectateur. La levée des serviteurs maudits est également assez effrayante. Filmer la poursuite au ralenti avec les cris de douleur comme bande-son en l’entrecoupant de très brefs instants de sérénité prêt d’un autel de Bouddha est une excellente idée. Notons tout de même cette curiosité « locale » : les vampires chinois se déplacent à cheval ! C’est sans doute pour éviter le ridicule de l’attaque de la chauve-souris en plastique qu’on redécouvre avec gourmandise !!

Malgré ses efforts, Roy Ward Baker ne peut masquer de nombreuses faiblesses du film. Le scénario est ainsi truffé de grossières erreurs reprises des films antérieurs. Le vampire craint l’argent. Pour le tuer, il faut le viser en plein cœur ; une idée fabuleuse puisqu’étant mort, le cœur du vampire ne bat plus ! Il craint le sacré (très problématique cette idée) mais, comme nous sommes en Chine, ce n’est plus Jésus mais Bouddha qui fonctionne comme repoussoir ! Erreur ! Car, si le bouddhisme a effectivement prospéré en Chine, il n’a jamais été considéré comme un culte national à la différence du confucianisme. Un Occidental comme Robert Van Gulick l’avait très bien compris dès les années 50 lorsqu’il écrivit les enquêtes du Juge Ti. Visiblement, la Hammer ne l’avait pas lu. La plus formidable des énormités concerne le feu dont on nous dit qu’il ne détruit pas les vampires. Un peu plus loin dans le film, le feu détruira un vampire. La cohérence ? Quelle idée surannée ! Quant au kung-fu, il apporte certes une indéniable originalité au film mais les différents – et très bien filmés – combats tombent souvent comme des cheveux dans la soupe et donnent l’impression de devoir être là, pas de servir réellement à quelque chose. Et depuis quand, les vampires combattent à l’épée ?

Le casting achève de plomber le film avec ces clichés et ses insuffisances. Mettons de côté Peter Cushing qui a retrouvé de l’allant et tient son rang avec l’efficacité et la prestance qui ont toujours été les siennes et voyons les autres. David Chiang apporte la « couleur locale » (sans mauvais jeu de mots) et renouvelle la figure de l’exécutant ; un classique du film de vampire. On peut remercier la Hammer de n’avoir pas sacrifié à ce penchant de vouloir grimer en Asiatique des acteurs tout ce qu’il y a de plus Européen. L’année suivante, Chapeau melon et bottes de cuir se ridiculisera avec Le Piège. David Chiang, pour revenir à lui, est une authentique satisfaction. C’est également la dernière. Les frères de Hsi n’ont aucune réalité tangible et ne sont que les porteurs des armes traditionnelles du kung-fu. Shih Szu, qui interprète Maï, est certes un cas rare de femme qui se bat mais son véritable rôle est de tomber amoureuse du jeune premier incarné avec fadeur par Robin Stewart. En voyant ce dernier, on pense à une version mineure de Mike Gambit dans The New Avengers. Peter Cushing étant trop âgé pour être crédible dans les scènes d’action, on embauche un Blanc-bec qui y pourvoira. John Forbes-Robertson mérite notre compassion car il reprend le rôle de Dracula pourtant trop grand pour lui. Au moins joue-t-il avec sobriété. La palme du rôle qu’on a vu venir de loin est celui de Vanessa Buren jouée par Julie Ege. C’est bien simple ; elle ne sert à rien (sinon à faire jolie, ce qui, chez la Hammer, peut suffire) et on sait comment ça va se terminer très en amont. Malgré un final de qualité, ce film est davantage à ranger dans la catégorie des déceptions que des réussites de la Hammer.

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Anecdotes :

  • Scénario :  Don Houghton
  • Réalisation : Roy Ward Baker et Chang Cheh.

  • Une seule autre coproduction naîtra de la rencontre des studios Hammer et Shaw Brothers : Un dénommé Mister Shatter (1974), plutôt versée dans le polar, et signée par le producteur Michael Carreras (bien que commencée par Monte Hellman).

  • Aux États-Unis, c’est une version remontée de 75 minutes et sortie sous le titre The Seven Brothers Meet Dracula qui sera exploitée. Cette version, dans laquelle plusieurs scènes de violence ou de nudité figurent à plusieurs reprises afin de maximiser l’intérêt d’un public considéré comme amateur de sang et de seins nus, apparaîtra en bonus du DVD américain édité par Anchor Bay au début des années 2000.

  • Une suite des 7 Vampires d’or baptisée Kali, the Devil Bride of Dracula fut évoquée : écrite par Anthony Hinds et mettant en scène Dracula et la déesse Kâlî, elle devait être tournée en Inde afin d’utiliser des fonds de la Warner bloqués dans le pays en raison de sa politique fiscale ; cette dernière ayant évolué, la Warner perdit tout intérêt pour le projet qui fut donc abandonné.

  • Une dernière rumeur se propagea que Dracula serait bientôt confronté à Sherlock Holmes et le prêtre sataniste Mocata du film Les Vierges de Satan, dans un projet non abouti réunissant Christopher Lee, Peter Cushing, Vincent Price et Jack Palance. Toujours selon cette rumeur, la direction devait en être confiée à Terence Fisher. Mais la véracité de cette annonce, fantaisiste ou non, ne fut jamais clairement établie.

  • C’est le dernier film de vampires produit par la Hammer.

  • John Forbes-Robertson/Dracula : acteur britannique (1928-2008), vu au cinéma dans Bunny Lake a disparu (1965), The vampire lovers (1970), Le caveau de la terreur (1973) mais plus souvent à la télévision : Starr and Company (1958), Emergency Ward-10 (1960), Le Saint (1962, 1965, 1966), Jason King (1971), Angoisses (1975), Chapeau melon et bottes de cuir (1976), Les deux font la paire (1984)

  • Julie Ege/Vanessa Buren : « mannequin, actrice et sex-symbol » (selon Marcus Hearn) norvégienne (1943-2008) fut Miss Norvège en 1960. Elle apparaît dans Au service secret de Sa Majesté (1968), Les créatures d’un monde oublié (1970). Elle se retire en 1978 avant de succomber à un cancer.

  • David Chiang/Hsi Ching : acteur hongkongais, on l’a vu a cinéma dans Le sabreur solitaire (1969), La rage du tigre (1971), Les cinq maîtres de Shaolin (1974), La mante religieuse (1978), Shanghai 13 (1984), Il était une fois en Chine 2 : la secte du lotus blanc (1992).

  • Shih Szu/Hsi Mai Kwei : actrice taïwanaise née Lei Qiu-si. Sa carrière internationale est relativement brève : Les griffes de jade (1971), Le guerrier du Kublai Khan (1975), Le temple de Shaolin (1976), Le tigre de jade (1977).

  • Robin Stewart/Leyland Van Helsing : acteur anglais né à Calcutta (1946-2015), il a joué dans La maison de l’épouvante (1969), Cromwell (1970), Le vent d’Australie (TV, 1980).

  • Chan Shen/Kha : acteur taïwanais (1940-1984), parmi une riche filmographie surtout locale, on a pu le voir dans La main de fer (1972), La guerre des clans (1976), Le sabre infernal (1976).

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La légende des sept vampires d’or (1974)
L’empreinte du dragon rouge (1961)

Saga Hammer

Les étrangleurs de Bombay (1960)


LES ÉTRANGLEURS DE BOMBAY
(THE STRANGLERS OF BOMBAY)

Résumé :

Alors que la Compagnie anglaise des Indes domine le pays, elle fait face à la disparition de certaines caravanes. De son côté, le capitaine Lewis est convaincu qu’il y a une secte sauvage derrière ces troubles. Mais la Compagnie n’y croit pas.

Critique :

Dans la Grande-Bretagne des années 50, qui vient de perdre le joyau de son ancien Empire (L’Inde accède à l’indépendance en 1947), les stéréotypes raciaux demeuraient assez forts. Néanmoins, la Hammer donne du colonisateur un portrait fort peu flatteur entre les marchands de la Compagnie qui ne songent qu’à leurs profils ou ce capitaine anglais à l’esprit étroit qui aime les évidences et méprise les autochtones. Lewis est bien plus ouvert. C’est pour aider son domestique dont le frère a disparu qu’il va se lancer sur la piste des étrangleurs et c’est parce qu’il écoute et respecte les indigènes qu’il réussit.

Inspiré d’un récit authentique sur le culte meurtrier de Kali dans l’Inde des années 1820, le film prend un parti documentariste en étant tourné en noir et blanc. Mais le script cède à la pression d’orienter le sujet vers le genre horrifique. Dès la scène d’ouverture, très forte et qui fait froid dans le dos, on entre en effet dans un film indéniablement violent. Des bandits punis par les étrangleurs sont torturés, hors champ sans doute mais le résultat (des yeux brûlés) est montré. Une main coupée est jetée sur la table de Lewis. Un charnier est fouillé. Un condamné se pend lui-même etc. Le résultat fut l’interdiction aux moins de 15 ans. Le critique de l’Evening News, Lympson Harman, s’étonna même que le film n’ait pas été classé X.

Le film fut entièrement tourné en Angleterre mais les extérieurs font penser à l’Espagne. La couleur locale tient aussi en l’utilisation d’animaux exotiques réels comme un tigre (!), un cobra et une mangouste. Cette dernière joue même un rôle capital. Sa présence et son combat contre le reptile sont un écho indéniable à l’œuvre de Rudyard Kipling, grand défenseur de l’Empire britannique devant l’Éternel, notamment dans « Rikki-Tivi-Tavi » (une des nouvelles de Le Livre de la jungle).

Par contre, le scénario pèche par plusieurs raccourcis bien trop aisés. Lewis échappe trop facilement à une tentative de meurtre. Alors que la secte est présentée comme une menace sourde et puissante (décors du temple frappant, enseignement des initiés sur les moyens à employer pour tromper et tuer les Anglais) avec des membres infiltrés dans les rangs anglais, Lewis en triomphe avec une déconcertante facilité. Le final est également bien trop expéditif pour être vraiment crédible.

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Anecdotes :

  • Scénario : David Z. Goodman. Scénariste américain (1930-2011), David Zelag Goodman, dont c’est le premier travail, écrivit ensuite les scenarii de Les Chiens de paille (1971), Les yeux de Laura Mars (1978), Un homme, une femme, un enfant (1983). Pour la télévision, il écrivit pour Les incorruptibles (1961-1963) et L’âge de cristal (1976).

  • Réalisation : Terence Fisher

  • Sortie anglaise : 4 décembre 1959 Sortie française : 5 octobre 1960

  • Le dossier de presse américain affirmait que tout était vrai alors que le dossier anglais se montrait bien plus circonspect décrivant le film comme « un film passionnant dont l’histoire est fictive, mais dont les faits fantastiques sont absolument authentiques ».

  • Guy Rolfe/Lewis : acteur anglais (1911-2003), vu au cinéma dans Sarabande (1948), Ivanhoé (1952), Le Roi des rois (1961), ABC contre Hercule Poirot (1965), Nicolas et Alexandra (1971), Les Poupées (1987). Il a aussi tourné pour la télévision : Le Saint (1967), Les Champions (1968), Chapeau melon et bottes de cuir (1969), Cosmos 1999 (1976).

  • Andrew Cruickshank/Colonel Henderson : acteur écossais (1907-1988), vu au cinéma dans L’idole de Paris (1948), Richard III (1955), La bataille du Rio de la Plata (1956), Les 39 marches (1959), Lady détective entre en scène (1964) et à la télévision dans Docteur Finlay’s Casebook (1962-1971), Wagner (1981-1983), Un cadavre dans la bibliothèque (1984)

  • Allan Cuthbertson/Capitaine Christopher Connaught-Smith : acteur britannique (1920-1988), vu au cinéma dans Commando sur le Yang-Tsé (1957), Les canons de Navarone (1961), La septième aube (1964), Les derniers aventuriers (1970), Le miroir se brisa (1980). Il a aussi tourné pour la télévision : Robin des bois (1957), Destination danger (1960), Chapeau melon et bottes de cuir (1961, 1967, 1968), Sherlock Holmes (1965),  Amicalement vôtre (1971), Jason King (1972), Le Couteau sur la nuque (1985).

  • Biographie de Marne Maitland dans La femme reptile et de George Pastell dans La malédiction des Pharaons.

  • Parmi les rôles secondaires, on note la présence de Warren Mitchell et Roger Delgado.

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The vampire Lovers (1970)
Comtesse Dracula (1971)

Saga Hammer

Les sévices de Dracula (1971)


LES SÉVICES DE DRACULA
(TWINS OF EVIL)

Résumé :

Orphelines, Maria et Frida sont recueillies par leur oncle, le très rigoriste Gustave Weil. Si la première semble s’en accommoder, la seconde a soif de liberté et regarde insolemment vers le château Karnstein où le comte du même nom cherche de nouveaux plaisirs pervers.

Critique :

Troisième volet de la « trilogie Karnstein » - une bien étrange trilogie d’ailleurs où chaque partie se suffit à elle-même – ce volet, le seul à être sorti en France, est de bien meilleure qualité que le navet qui l’a précédé. Très impliqué et très présent, Peter Cushing, dans un de ses très rares rôles antipathiques, incarne avec sa conviction habituelle ce chasseur de sorcières obsédé par la traque du Mal. Pour une de leurs rares apparitions à l’écran, les soeurs Mary et Madeleine Collinson, jusque-là surtout connues pour avoir été les premières jumelles à poser nues pour Playboy, sont, selon le mot d’Alain Schlockoff « étonnamment bien », car ce ne sont pas des comédiennes. Leur accent (elles viennent de Malte) et leur mauvaise diction font d’ailleurs qu’elles ont été doublées en version originale ! Le lien avec le roman censé inspirer le film, Carmilla, il est nécessaire de le rappeler, est mince : à peine le nom « Karnstein », d’ailleurs porté par un homme ; et une fugace apparition de Mircalla qui disparaît aussi vite qu’elle était venue sans qu’on sache comment !

A la base, Michael Carreras voulait adapter la pièce de théâtre Children of the Wolf car il avait été frappé par l’histoire de deux jumeaux, un frère et une sœur, qui se vengent de leur mère pour les avoir abandonnés après une tentative d’avortement ratée. Michael Carreras contacta l’auteur, John Peacock, et l’associa au réalisateur Seth Holt. La mort de ce dernier survenu début 1971 et l’aversion d’EMI pour l’histoire mirent fin au projet. Mais l’idée d’un film avec des vampires jumeaux fut discutée entre Peacok et Carreras. D’abord baptisé The Vampire Virgins, le film reçut son nom définitif de son distributeur américain. C’est Tudor Gates (choisi parce que Peacock qui espérait une adaptation de sa pièce ne voulait pas s’impliquer), déjà scénariste de The Vampire lovers et Lust for a vampire, qui rajouta l’idée des jumeaux au scénario initial.

Si on oublie le lien ténu avec les films précédents, on se retrouve avec une bonne production Hammer. Les décors sont superbes, notamment l’intérieur du château. Les rues du village – qui porte le même nom que le château, c’est normal en un sens mais c’est la première fois que cela survient – sont des réutilisations du film Anne des mille jours ; ce qui leur donne un certain cachet. La musique est également une réussite, mélange de gothique et de modernité.

Ce qui frappe, c’est la réussite de la Hammer à avoir réutilisé des éléments déjà connus pour en faire autre chose. Ainsi, en début de film, le comte Karnstein n’est qu’un aristocrate décadent, lassé de ses débauches. Il se rapproche ainsi de sir Hugo Baskerville mais, en en faisant un vampire (le mot est prononcé à la 41ème minute), il se transmute en Dracula. Il en porte ainsi la cape ! Damien Thomas, qui fit surtout carrière à la télévision, est plutôt bon. Il échappe à la figure du bellâtre pour devenir un personnage tragique. C’est par ennui, mais un ennui plus proche du désespoir que du simple spleen, que Karnstein bascule dans l’immortalité. La damnation de Frida vient de son appétit de vie, de sa soif de liberté qu’elle refuse de voir contraints par la dévotion mortifère de l’oncle Gustav. En fait, c’est en voulant vivre intensément que naissent les morts-vivants du film ! Singulier retournement !

Nouveau venu dans la galaxie Hammer, le réalisateur John Hough, par ailleurs, passionné de magie noire, effectue un très bon travail, aidé aussi par une bonne photographie. Il donne un vrai rythme au film, réussit des plans de toute beauté (la métamorphose de Karnstein, sa satisfaction quand Frida tue la paysanne, l’ultime repas de cette dernière…), et parvient à installer un véritable suspense à la fin du film : le comte va-t-il pouvoir kidnapper Maria ? Anton arrivera-t-il à temps ? Enfin, il use à bon escient du nu qui est extrêmement rare.

Si les sœurs Collinson ont des décolletées pigeonnants, ce n’est qu’à la toute fin que Madeleine en montre davantage. Le plus beau, c’est tout de même une scène de déshabillage filmée en ombre chinoise. John Hough réinvente la pudeur de Terence Fisher en l’adaptant à la mode des années 70. Il n’a pas peur non plus de réintroduire du gore : le sang coule comme chez Fisher, bien rouge et liquide. On tue beaucoup dans ce film mais sans que jamais le film ne perde de son élégance.

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Anecdotes :

  • Sortie anglaise : 1971. Sortie française : 10 mai 1972

  • Scénario : Tudor Gates, d’après Carmilla de Sheridan Le Fanu

  • Réalisation : John Hough. Réalisateur britannique, on lui doit La maison des damnés (1973) pour la Hammer.

  • A l’époque, il n’était pas rare que les distributeurs rémunèrent des particuliers pour trouver un titre français.

  • Si les scenarii étaient soumis à la censure anglaise, les tournages étaient libres. C’est pourquoi le public américain recevait des copies censurées quand les Japonais, et parfois les Français, avaient des copies intégrales avec nudités.

  • Fait rarissime : il y a un personnage noir.

  • L’époque et le lieu ne sont pas précisés mais la mention de « l’empereur » et les costumes laissent penser qu’il s’agit du Saint Empire romain germanique au XVIIIème siècle.

  • Mary et Madeleine (1952-2014) Collinson/Maria et Frida : nées à Malte, il s’agit quasiment de leur unique film. Elles furent modèles en Italie. Mary s’installa à Milan quand Madeleine rentra à Malte s’occuper de leur mère. Elle travailla pour le British Council avant de s’installer en Angleterre.

  • Damien Thomas/comte Karnstein : acteur britannique né en Egypte, il a joué dans Jules César (1970),  Sindbad et l’œil du tigre (1977), Pirates (1986), Golem, le tueur de Londres (2016). A la télévision, il joua dans Jason King (1972), Poignes de fer et séduction (1973), Madigan (1973), Les professionnels (1978), Shogun (1980), Mission casse-cou (1986), Hercule Poirot (1996), D’Artagnan et les trois mousquetaires (2005).

  • Dennis Price/ Dietrich : acteur britannique (1915-1973) ; vu au cinéma dans Noblesse oblige (1949), La vérité presque nue (1957), L’académie des coquins (1960), Les dix petits indiens (1965), Les horreurs de Frankenstein (1970), Vampiros Lesbos (1971), Théâtre de sang (1973) et à la télévision dans Jules César (1938), Docteur Jekyll et Mister Hyde (1956), The invisible Man (1958), Chapeau melon et bottes de cuir (1968), Jason King (1971), L’aventurier (1972-1973).

  • Kathleen Byron/Katie Weill : actrice anglaise (1921-2009), vu au cinéma dans Une question de vie ou de mort (1946), Le narcisse noir (1947), La reine vierge (1953), Brûle  sorcière, brûle ! (1962), Elephant Man (1980), Il faut sauver le soldat Ryan (1998). Elle a tourné aussi pour la télévision : Emergency-Ward 10 (1959-1963), Destination danger (1961), Chapeau melon et bottes de cuir (1969), Paul Temple (1970), Les rivaux de Sherlock Holmes (1973), Z Cars (1977), Les professionnels (1978), Sherlock Holmes (1994), Inspecteur Barnaby (1999)

  • David Warbeck/Anton : acteur néo-zélandais (1941-1997), il joue dans L’inceste (1970), Il était une fois la révolution (1971), Le sens commun de la pudeur (1976), Le chat noir (1981), Le temple du dieu soleil (1984). Il succombe à un cancer.  

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Le fascinant capitaine Clegg (1962)
Les pirates du Diable (1964)

Saga Hammer

L’attaque du San Cristobal (1962)


L'ATTAQUE DU SAN CRISTOBAL
(THE PIRATES OF BLOOD RIVER)

Résumé :

Jonathan Standing, fils du pasteur et dirigeant d’une communauté huguenote réfugiée sur une île depuis un siècle, est condamné à l’exil pour avoir eu une relation avec une femme mariée. Envoyé dans une colonie pénitentiaire, il s’échappe pour être recueilli par les pirates du capitaine LaRoche avec lequel il passe un accord. Mais le pirate a son propre plan.

Critique :

En 1962, la Hammer est déjà connue pour ses films gothiques et cherche à se diversifier. The pirates of Blood River (on fera gentiment l’impasse sur le titre français particulièrement inepte) occupe donc le créneau du film d’aventure. Ce film de cape et d’épée ciblait un public jeune. Michael Carreras demanda au bord de la piscine où il se détendait avec sa famille en compagnie de celle de Jimmy Sangster si ce dernier était intéressé par écrire un film de pirates. « Bien sûr » répondit ce dernier ! « Il y a juste un problème, la Hammer ne peut pas s’offrir un bateau ». Effectivement, en dehors de la séquence générique, probablement issue de stock-shot, de bateau, il n’est point question ! Le film connut pourtant un démarrage en fanfare en juillet 1962 et la Hammer put bénéficier d’un classement U (Tout public). Chose rare pour la firme !

L’histoire est relativement linéaire mais elle se suit sans aucun souci. Aucun temps mort. L’ouverture du film présente le héros, Jonathan Standing, en compagnie d’une femme qui n’est pas la sienne. Bel exemple pour la jeunesse ! Mais c’est aussi une condamnation sans équivoque de l’intolérance religieuse. Le thème ne sera pas oublié puisqu’il ressurgira dans Les sévices de Dracula en 1971. Tout aussi condamnée la violence du bagne avec ses conditions de vie extrêmes. A noter que, chose rare, il y a beaucoup d’extérieurs.

Concernant la description des pirates, pas beaucoup d’originalité sous la plume de Jimmy Sangster. Le capitaine LaRoche est incarné par Christopher Lee ; à l’époque second rôle de luxe. Il est vêtu de noir de la tête aux pieds, foulard noir sur la tête, bandeau noir sur l’œil. En VO, son personnage étant Français, l’acteur s’amuse à jouer avec l’accent français. Facile pour cet acteur polyglotte ! Il rend visible, palpable, la dangerosité de LaRoche ; l’absence de scrupules de ce dernier tout autant que son courage physique. Il y a évidemment le second, Hench, courageux, fidèle jusqu’à un certain point, chemise ouverte tout le film. Et Michael Rippert en homme du rang, plein de gouaille et d’allant, mais qui réussit à ne pas faire oublier que son personnage a peut-être le sens de l’humour et de la farce, mais qu’il n’en est pas moins dangereux.

Qui dit pirates dit trésor. Il y en aurait un dans la colonie huguenote mais seul Jason Standing, le père de Jonathan, à qui Andrew Keir, donne une composition réussie mêlant rigueur moral et courage indéniable, saurait où il est caché. La carrure et le talent d’Andrew Keir volent carrément la vedette à Kerwin Mathews, un peu trop jeune premier manquant de charisme pour être pleinement convaincant mais qui se débrouille bien cependant. Le portrait du père est complexe par rapport à celui de Jonathan. S’il paraît faible à l’intérieur, soumis aux anciens, Jason est fort devant l’adversité et, s’il ne veut pas donner le trésor aux pirates, ce n’est nullement par cupidité mais parce qu’il représente l’héritage de la colonie ainsi que ses idéaux.

Le scénario coche ensuite toutes les cases du film de pirates : attaque du village (séquence très dynamique), duel entre pirates pour une femme (un duel somptueux où Peter Arne et Oliver Reed se battent à l’aveugle, un bandeau sur les yeux ; belle utilisation du silence pour installer et maintenir une grande tension pour un effet dramatique réussi), découverte du trésor, mutinerie. Plus rare, la guérilla menée par quelques villageois, Jonathan à leur tête, contre les pirates. Si le final est abrupt (comme souvent avec la Hammer), il symbolise aussi la fin d’une époque pour la colonie qui doit abandonner son passé et se tourner vers autre chose si elle veut survivre.

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Anecdotes :

  • Scénario : Jimmy Sangster

  • Réalisation : John Gilling

  • Sortie anglaise : 31 juillet 1962 Sortie française : 4 juillet 1962

  • En août 1961, le comédien Sammy Davis Jr, fan de la Hammer, visita les studios de Bray et fut, selon Christopher Lee, « carrément époustouflé ».

  • The pirates of Blood River sorti en double programme avec Mysterious Island, adapté de Jules Verne. Ce fut le double programme le plus rentable de l’année.
  • Kerwin Mathews/Jonathan : acteur américain (1926-2007), vu au cinéma dans Le septième voyage de Sinbad (1958), Les voyages de Gulliver (1960), OSS 117 se déchaîne (1963), Banco à Bangkok pour OSS 117 (1964). Il a également tourné pour la télévision : Le monde merveilleux de Disney (1963), Insight (1968), Hôpital central (1972). Il quitta le cinéma pour devenir antiquaire.

  • Glenn Corbett/Henry : acteur américain (1933-1993), vu au cinéma dans Commando de destruction (1960), Les prairies de l’honneur (1965), Chisum (1970), Big Jake (1971), La bataille de Midway (1976). Il a aussi tourné pour la télévision : Route 66 (1963-1964), Des agents très spéciaux (1965), Star Trek (1967), L’immortel (1970), Night Gallery (1971), Tatort (1973), Les Rues de San Francisco (1974), Deux cents dollars plus les frais (1979), L’île fantastique (1981), L’homme qui tombe à pic (1982), Dallas (1983-1991).

  • Peter Arne/Hench : acteur britannique né Peter Randolph Albrecht (1920-1983) à Kuala Lumpur (aujourd’hui Malaisie). Il entame sa carrière d’acteur au théâtre dans les années 1940. Il mourut assassiné dans son appartement londonien. Au cinéma, il a joué dans Commando sur la Gironde (1955), Le secret de Monte-Cristo (1961), Khartoum (1966), Les Chiens de paille (1971), Antoine et Cléopâtre (1972), Le retour de la panthère rose (1975), Providence (1977), A la recherche de la panthère rose (1982), Victor Victoria (1982), L’héritier de la panthère rose (1983). Il a également tourné pour la télévision : Destination danger (1961, 1963, 1965), Chapeau melon et bottes de cuir (1961, 1963, 1966), Le Saint (1964), Alias le Baron (1967), Les Champions (1968), Département S (1970), Poigne de fer et séduction (1972), Pour l’amour du risque (1983).

  • Desmond Llewelyn (Q dans James Bond) a un petit rôle.

  • Biographie de Marla Landi dans Le Chien des Baskerville, d’Andrew Keir dans Dracula, prince des ténèbres, de Michael Rippert dans La femme reptile, d’Oliver Reed dans La nuit du loup-garou et de John Gilling dans L’invasion des morts-vivants.

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