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 Un million d’années avant Jésus-Christ (1966)
Le spectre du chat (1961)

Saga Hammer

Hurler de peur (1961)


HURLER DE PEUR
(TASTE OF FEAR)

Résumé :

Peggy Appelby, paralysée des deux jambes, se rend chez ses parents sur la Côte d’Azur. Son père étant absent, elle est accueillie par sa belle-mère, Jane, qui lui dit qu’il est en voyage d’affaires. Par la suite, Peggy voit à plusieurs reprises le cadavre de son père ! Terrorisée, elle se confie au chauffeur de la famille sans savoir qu’il a ourdi avec la belle-mère le meurtre de son père !

Critique :

En 1959, Jimmy Sangster voulait changer de registre et écrivit un thriller qu’il appela See no Evil qui lui fut inspiré par Les Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot. Michael Carreras pensait que cette histoire pouvait être produite à moindre frais et serait moins susceptible d’attirer les foudres de la censure que la Hammer ne connaissait que trop bien. Le script fut rebaptisé Hell hath no fury et Sangster tint le poste de producteur. Ce fut sa première expérience à ce poste.

Au final, le film s’appela Taste of fear. Reçu comme un film de la même veine que Psychose, Hurler de peur (bon titre français) devint le premier des thrillers surnommé par James Carreras, les « mini Hitchcock » qui assoiront la Hammer pour la décennie à venir.

La Hammer montre ici qu’il ne faut en effet pas du tout la réduire aux films gothiques. Le décor de carte postale, la villa avec le confort moderne, la présence régulière de voitures récentes très utilisée (une Simca et une Rolls-Royce au rôle déterminant) ; tout cela installe un cadre contemporain toujours opératoire des années plus tard. Ce n’est néanmoins pas un cadre bucolique pour autant car l’atmosphère y est très vite lourde et angoissante.

Il convient d’admirer l’efficacité du film. En 78 minutes, il installe un cadre, change son atmosphère, transforme le moindre geste anodin en signe menaçant, fait douter de la santé mentale de Peggy ou de la sincérité des autres personnages. Loin de bavardages, quelques dialogues incisifs permettent au spectateur d’avoir tous les éléments pour comprendre le drame, les motivations, les mobiles. Le tout sous forme de conversations anodines à peine soulignée par la mise en scène. Si le rythme est parfois un peu lent, Seth Holt sait parfaitement l’accélérer aux moments importants. La musique participe elle aussi pleinement à l’angoisse lorsque Peggy s’aventure à la recherche du cadavre dont la première apparition est d’autant plus saisissante que la caméra allait plutôt tranquillement et ne nous avait absolument pas préparé au choc qui allait suivre. 

Susan Strasberg était une actrice quasi débutante quand elle a tourné ce thriller mais elle montre un vrai talent. Elle rend d’emblée sympathique Peggy et le spectateur s’identifie à elle et donc craint très vite pour sa santé mentale. Les apparitions/disparitions du cadavre et le piano qui joue tout seul ne sont pas traités à la légère et participent pleinement à la création de l’atmosphère angoissante autour de la jeune héroïne. Susan Strasberg est particulièrement efficace dans la scène où Peggy dîne avec Jane, sa belle-mère, à qui Ann Todd confère une gentillesse sans mièvrerie qui la rend presque plus menaçante dans sa normalité, et le docteur Gerard, joué par Christopher Lee. La brusquerie des manières du praticien qui semble douter de l’infirmité de Peggy, son manque de tact à qui font écho la colère et la froideur abrupte de Peggy renverse les certitudes que le spectateur pouvait avoir sur la culpabilité des uns ou des autres. Très secondaire dans l’histoire, Christopher Lee n’a pourtant que des scènes importantes dont il se tire avec le talent qui est le sien. Ronald Lewis, qui joue le chauffeur, joue un homme rassurant, protecteur envers Peggy, charmeur même (il faut dire que Susan Strasberg est plutôt jolie, d’une beauté simple peu commune chez la Hammer).

A la suite du drame final (qu’on ne voit pas, faute de moyens sans doute), Seth Holt file rapidement mais efficacement vers une conclusion très différente de ce qu’on pouvait imaginer mais qui éclaire soudain la mystérieuse scène initiale. 

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Anecdotes :

  • Sortie anglaise : 1960 Sortie française : 22 novembre 1961

  • Scénario :  Jimmy Sangster

  • Réalisation :  Seth Holt

  • Comme les affiches et les photos, toute la publicité est dominé par la photo de Susan Strasberg hurlant.

  • Curiosité : Christopher Lee incarne le docteur Pierre Gérard ; ce qui était le nom et le métier de son personnage dans L’Homme qui trompait la mort, sorti l’année précédente.

  • Aux États-Unis, le film fut rebaptisé Scream of fear.

  • Le dossier de presse faisait la promesse suivante : « Le dénouement final vous explose au visage avec la force et la surprise d’une bombe atomique à retardement. A la sortie de Taste of fear, vous ne serez plus qu’une boule de nerfs, haletante et à bout de souffle ! Il n’y a jamais eu un thriller au cinéma comme celui-là ! »

  • Le film fut un échec au box-office du Royaume-Uni et aux États-Unis. Toutefois, en Europe continentale, le film fut un succès. Ceci a permis au studio Hammer de produire d’autres thrillers.

  • Susan Strasberg/Peggy Appelby (1938-1999) : actrice américaine, sa carrière comprend La toile d’araignée (1955), Le jeu de la mort (1968), Le faiseur d’épouvante (1978). Pour la télévision, elle a joué dans L’homme à la Rolls (1964-1965), Les envahisseurs (1967), Bonanza (1968), Opération danger (1971), Mannix (1973), Night Gallery (1973), Les rues de San Francisco (1974), Deux cents dollars plus les frais (1974, 1976), La croisière s’amuse (1982), Les enquêtes de Remington Steele (1986). Retirée pour raisons de santé, elle décéda d’un cancer.

  • Ann Todd/Jane : actrice anglaise (1909-1993), vu au cinéma dans La vie future (1936), La chanson du bonheur (1941), Le septième voile (1945), Le procès Paradine (1947), Le fils du capitaine Blood(1962). Elle a aussi tourné pour la télévision : Alfred Hitchcock présente  (1958), Maelström (1985), Maigret (1992).

  • Leonard Sachs/M. Spratt : acteur britannique né en Afrique du Sud (1909-1990), vu au cinéma dans La revanche de Robin des bois (1954), Freud, passion secrète (1962), Panic  (1963), Les aventures amoureuses de Moll Flanders (1965) et à la télévision dans Robin des bois (1956), Ivanhoé (1958), Destination danger (1961), Sherlock Holmes (1965), Le Saint (1965), Docteur Who (1966, 1983), Poigne de fer et séduction (1972).

  • Ronald Lewis/ Robert : acteur britannique (1928-1982), vu au cinéma dans Le vagabond des îles (1954), Hélène de Troie (1956) A main armée  (1957), Traitement de choc (1960), Le rebelle de Kandahar (1965), Deux enfants qui s’aiment (1971) et à la télévision dans Les rivaux de Sherlock Holmes (1973), ZCars (1978). 

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