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Lust for a vampire (1971)La légende des sept vampires d’or (1974)

Saga Hammer

Le cirque des vampires (1972)


LE CIRQUE DES VAMPIRES
(VAMPIRE CIRCUS)

Résumé :

Au XIXème siècle, les habitants du village de Schtettel se sont révoltés contre le comte Mitterhouse. Avant de mourir, celui qui se révèle être un vampire, jette une malédiction contre le village. Quinze ans plus tard, alors que la peste fait rage, un cirque fait soudain son apparition. D’abord sans méfiance, les villageois amènent leurs enfants au spectacle.

Critique :

Un des meilleurs Hammer de sa période tardive et pourtant il connut des avatars de production qui montrent que la société était confrontée à de sérieux défis. Michael Carreras était fermement convaincu que la firme devait rester associée au genre horrifique mais c’est le type de film d’horreur à produire qui posait question. En juillet 1971, il écrivit une lettre à son père, James, qui était alarmé par le scénario de Judson Kinberg, pour le rassurer. « Ce que nous essayons de faire avec Le cirque des vampires est de présenter quelque chose de différent mais au sein d’une formule éprouvée ». L’intention était louable mais le film dépassa les délais et sa production fut arrêtée. Le réalisateur Robert Young, dont c’est le premier travail, estima qu’il n’avait pas tout ce qu’il voulait. Le résultat, décevant dans les salles, est pourtant très satisfaisant.

La situation initiale est ainsi fort connue : les villageois, excédés par les prédations commises à leur encontre par un aristocrate violent (et qui porte le titre de comte), se retournent contre lui, le tuent (ou croient le faire) et détruisent son antre. On pourrait se croire au début de Les cicatrices de Dracula mais c’est ici beaucoup mieux tourné. Surtout la violence est visuellement omniprésente et que la dernière victime (mais la première qui nous est présentée) soit une enfant accroît la dureté du propos et crée d’emblée une situation de malaise (ajoutons que le comte est un homme adulte qui se montre caressant avec une fille mineure) rare et que le réalisateur va savoir faire perdurer.

De même, l’omniprésence de la peur qui corrode le courage d’hommes pourtant en pleine force de l’âge et alors qu’aucun n’est présenté comme un lâche ou un peureux, qui paralyse l’action, écœure mais rend impuissant (et l’impuissance crée de l’écœurement dans une spirale infernale), captive le spectateur qui se demande si ces villageois vont pouvoir se relever d’une injuste malédiction. En effet, la malédiction est généralement le lot de profanateurs (voir le cycle de la Momie) mais ici, c’est au nom de leur liberté et pour préserver la vie de leurs enfants que les villageois se sont dressés contre le monstre et c’est le vice qui punit la vertu dans un retournement cinglant de situation.

« La faute des pères retombera sur les enfants » dit un des monstres dans le film et cela rappellerait Une messe pour Dracula sauf que, là encore, on est bien plus loin en termes de qualité. Ainsi, après sa scène initiale, le film va continuer à montrer la mise à mort d’enfants dans un crescendo violent mais jouant sur des modes différents. Rosa est séduite et rendu sexuellement esclave d’Emil quand deux jeunes garçons sont doucement attirés par deux vampires dans une salle aux miroirs déformants. La douceur précède le crime qu’elle place à l’arrière-plan de la perception du spectateur mais sans lui faire oublier ce qui va advenir. C’est abject mais c’est brillant. De ludique, la scène vire ainsi brutalement au cauchemar, dans un effet miroir justement avec ce qui était survenu au bourgmestre précédemment (superbe prestation de Thornley Walters habituellement restreint au rôle de comique de service et qui endosse avec force un rôle autrement dramatique) : « Ils ne jouent pas avec la mort, ils sont la Mort » dira l’instituteur des gens du cirque avec raison.

Signe des temps, le film montre explicitement du contenu violent et le sang gicle comme jamais mais Robert Young n’en fait jamais une fin en soi. Le sang va avec la scène sanglante ; il la crédibilise et la rend plus forte. L’érotisme est également présent à un degré rare. Au début, la femme auprès du comte lui est sexuellement soumise mais de son plein gré et, au-delà de l’aspect onirique de la photographie, et de la fugacité des images, c’est une scène de sexe qui est montrée ! Il n’est pas caché grand-chose des charmes de Domini Blythe au spectateur ! Que ce ne soit pas canonique pour ce qui est du vampirisme n’enlève rien à une certaine beauté. Le film montre ensuite deux jeunes filles aux noms similaires (Rosa et Dora) mais l’une sera déshabillée et pas l’autre ; la vertu, préservée, permettra de sauver physiquement les protagonistes survivants. Le cirque des vampires se place ainsi dans la lignée du gothique anglais tel Le Moine de M.G. Lewis : le vice, bien que complaisamment montré, ne triomphe pas de la morale même malmenée. 

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Anecdotes :

  • Sortie anglaise : 30 avril 1972 Sortie française : 28 mars 1973

  • Scénario :  Judson Kinberg d’après une histoire de George Baxt et Wilbur Stark

  • Réalisation : Robert Young

  • Le nom du village et la référence à « l’empereur » place l’action en Autriche-Hongrie.

  • Adrienne Corri/ La Bohémienne : actrice écossaise née Adrienne Riccobori (1930-2016), vue au cinéma dans Le fleuve (1951),Trois hommes dans un bateau (1956), Les seins de glace (1959), Lancelot, chevalier de la reine (1963), Bunny Lake a disparu (1965), Docteur Jivago (1965), La reine des vikings (1967), Orange mécanique (1971), La malédiction de la panthère rose (1978), elle se taille une solide réputation dans le registre fantastique : Les chevaliers du démon (1961), Sherlock Holmes contre Jack l’Eventreur (1965), Madhouse (1974). Elle tourne aussi pour la télévision : Douglas Fairbanks Jr present (1955), Ivanhoé (1958), L’homme invisible (1959),The Troubleshooters (1967),  Les Champions (1968), Département S (1969), Docteur Who (1980), Les règles de l’art (1992).

  • Anthony Corlan/Emil : acteur anglais né Anthony Higgins, il a joué au cinéma dans Promenade avec l’amour et la mort (1969), Une messe pour Dracula (1970), Le voyage des damnés (1976), Les aventuriers de l’arche perdue (1981), Meurtre dans un jardin anglais (1982), Le secret de la pyramide (1985), La rage de vivre (1996) et à la télévision dans Jason King (1972), Les rivaux de Sherlock Holmes (1973), Inspecteur Lewis (2009), Miss Marple (2010).

  • Laurence Payne/Mueller : acteur anglais (1919-2009), vu au cinéma dans Le prisonnier du temple (1957), Le cavalier noir (1961),  Il a aussi tourné pour la télévision : The Three Musketeers (1954), Le Saint (1966), Docteur Who (1966, 1980, 1985), Sexton Blake (1967-1971), Les Rivaux de Sherlock Holmes (1973), Angoisse (1974).

  • John Moulder Brown/ Anton : acteur anglais, vu au cinéma dans L’Oncle (1966), Ludwig ou le crépuscule des dieux (1972), Dites-le avec des fleurs (1974), La dernière énigme (1987) et à la télévision dans The Bill (1991), Casualty (1992).

  • Richard Owens/Dr Kersh : acteur anglais (1931-2015), vu principalement à la télévision dans Emergency-Ward-10 (1964), Alias le Baron (1966), Le Saint (1966, 1967), L’homme à la valise (1967), Chapeau melon et bottes de cuir (1967, 1969), Les Champions (1969), Maîtres et valets (1974), Inspecteur Mose (1993). Le cirque des vampires est pratiquement sa seule participation au cinéma.

  • Lynne Frederick/Dora : actrice anglaise (1954-1994), vue au cinéma dans Terre brûlée (1970), Les six femmes d’Henri VIII (1972), Phase IV (1974), Le voyage des damnés (1976), le prisonnier de Zenda (1979). Elle participa aussi à Cosmos 1999 (1976). Dépressive, alcoolique, elle disparut des écrans avant de mourir subitement.

  • Domini Blythe/Anna : actrice anglaise (1947-2010), vue au cinéma dans Les démons du passé (1995), L’âge de braise (1998) et surtout à la télévision dans Boys meet Girls (1969), Mont-Royal (1988), Scoop III (1994).

  • Robert Tayman/comte Mitterhaus : acteur anglais, vu et à la télévision dans Jack the Ripper (1973), Chapeau melon et bottes de cuir (1976). Il n’apparaît plus après 1978.

  • Biographie de Thorley Walters dans Dracula, prince de ténèbres et de David Prowse dans Frankenstein et le monstre de l’enfer.

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