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 Les sévices de Dracula (1971)
Lust for a vampire (1971)

Saga Hammer

Comtesse Dracula (1971)


COMTESSE DRACULA
(COUNTESS DRACULA)

Résumé :

La comtesse hongroise Élisabeth Báthory découvre que le sang d’une vierge lui permet de retrouver sa jeunesse. Avec l’aide du capitaine Dobi, elle saigne de jeunes villageoises pour se faire passer pour sa fille Ilona et séduire un fringant hussard.

Critique :

Un film intéressant, au grand potentiel dramatique mêlant histoire, horreur et érotisme mais au final, c’est un film certes plaisant mais bien trop sage par rapport à son matériau.

Sur le papier, l’adaptation de la vie d’une des premières tueuses en série de l’histoire, la comtesse hongroise Erszébet (Élisabeth) Báthory, veuve Nadasdy, accusée d’avoir fait assassiner plusieurs jeunes femmes entre 1590 et 1610, et qui se serait régalée à expérimenter l’effet rajeunissant des bains de sang, avait de quoi intéresser la Hammer. Peter Sasdy avait fait du bon travail sur Une messe pour Dracula et fut donc embauché pour réaliser ce film. Mais la Rank, qui produisait le film, fut déçue, tout comme Ingrid Pitt, qui interprète la comtesse, et qui trouva que celle-ci avait vraiment le beau rôle.

L’angle choisi pour raconter cette funeste histoire est contestable puisqu’il ne s’agit que d’une histoire d’amour entre une femme mûrissante et un beau jeune homme avec cet élément dramatique que la mère se fait passer pour la fille en ayant fait disparaître cette dernière. Ilona et Élisabeth n’apparaissent donc plus ensemble et le spectateur comprend tout de suite que là se trouve le baril de poudre qui fera tout sauter à la fin. Le mobile des meurtres est donc clairement présenté comme romantique ; ce qui l’excuserait presque !

 

Jamais la comtesse n’est présentée comme une criminelle ou une sadique, à peine comme une manipulatrice ; c’est « simplement » une femme amoureuse qui a trouvé un moyen contestable de rester jeune pour séduire celui qu’elle aime. Et c’est un véritable amour, non une perversion. Avec un titre pareil, un sujet pareil, on se serait attendu à une production pleine de gore et d’érotisme et on se retrouve avec un filet d’eau tiède !

En revanche, l’interprétation est plutôt convaincante. Certes, Sándor Elès hérite du rôle du jeune premier toujours attendu mais il se montre à la hauteur quoiqu’il soit quelque peu fadasse. Petite déception pour Maurice Denham dont c’est le dernier rôle important. En effet, le rôle du bibliothécaire aurait pu le désigner comme le « sachant » des histoires fantastiques et certaines scènes s’en rapprochent mais sans jamais y aller franchement. Dommage car l’acteur réussissait sous une apparence cocasse à la Merlin l’Enchanteur, à montrer de la malice et de l’intelligence. Il se sort bien de ce rôle avorté. Nigel Green a un beau rôle, l’amant éconduit toujours fidèle mais jouant aussi sa propre partition, sauf que, quelque part, c’était attendu et, s’il est bien joué, le personnage n’évolue pas. Lesley-Anne Down débutait et n’a pas grand-chose à jouer (sinon la scène répétitive de la captive essayant de s’échapper).

La plus grande déception concerne évidemment Ingrid Pitt dont l’association avec la Hammer promettait tellement et qui s’acheva avec ce film. Elle joue très bien, montre parfaitement le dérèglement psychologique de la comtesse (formidable scène de démence et de désespoir nocturne) qui appelle son amant tantôt « Mon fils » (quand elle est vieille) et « Mon amour » (quand elle est jeune) ; ce qui donne une impression écœurante d’inceste mais c’est trop superficiel là encore. Ingrid Pitt fut également furieuse que sa voix soit remplacée en post-production. Pour se venger, elle poussa Peter Sasdy dans une piscine lors d’un festival en Espagne ! On la comprend.

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Anecdotes :

  • Sortie anglaise : 31 janvier 1971 Sortie française : 7 décembre 1972

  • Scénario : Jeremy Paul, d’après une histoire d’Alexander Paal et Peter Sasdy et une idée de Gabriel Ronay.

  • Sur le tournage, Peter Sasdy et Alexander Paal, tous deux d’origine hongroise, se disputaient sans cesse. Lassée, Ingrid Pitt apprit par cœur une phrase en hongrois et la leur hurla du haut des marches. « Ils étaient très perturbés », se rappela l’actrice, « parce que pendant un temps, ils ont cru que j’avais compris l’objet de leur dispute continuelle. Je n’en avais bien sûr pas saisi un traître mot, mais ce fut très amusant. »

  • A la demande de Sir James Carreras, Tom Chantrell réalisa non pas une mais deux illustrations de préproduction.

  • Le tournage se déroula sur les plateaux des studios Pinewood construits pour le film Anne des mille jours ; les mêmes que pour Les sévices de Dracula.

  • Erzsébett Báthory (1560-1614) plus connue en français comme « Élisabeth Báthory », aristocrate hongroise, mariée à Ferenc Nadasdy († 1604). En 1610, après plusieurs plaintes, l’empereur Mathias Ier ordonne une enquête sur des rumeurs d’atrocité la concernant. Pour éviter un scandale, et la saisie des biens considérables de la comtesse, celle-ci est simplement assignée à résidence dans son château de Cachtice (aujourd’hui en Slovaquie). Le nombre total de victimes demeure inconnu, allant de 36 (rapport d’enquête) à 200 (selon le personnel du château). Les chefs d’accusation sont cependant pris avec précaution par les historiens puisque toutes les preuves ont été extirpées par la torture. En outre, aucun corps ne fut retrouvé, contrairement à une scène forte du film. La comtesse n’eut d’ailleurs pas la possibilité de se défendre. L’accusation de bain de sang n’existe même pas dans les procès-verbaux. Elle n’apparaît qu’au XVIIIème (en 1729 dans Tragica historia de Laszlo Turoczi, jésuite hongrois, premier livre consacré à la comtesse), sans doute en relation avec la vogue du vampirisme. La légende a pris le dessus sur l’histoire. Les mobiles ont évolué au cours du temps, passant de la vanité (refus de vieillir) au plaisir sadique. Élisabeth Báthory continue à être une source d’inspiration féconde tant au cinéma, les livres, les jeux et elle inspire de nombreux personnages fictifs.

  • Le rôle de la comtesse Elisabeth Nadasdy fut confié à Ingrid Pitt mais l’actrice Diana Rigg avait été envisagée.

  • Bien qu’il soit bien question ici de la comtesse Bathory, cette dernière est le plus souvent nommée comtesse Nadasdy (parfois prononcé phonétiquement en « Nodosheen »). Ce n’est pas vraiment une erreur par rapport au personnage historique : la comtesse ayant épousé le comte Ferenz Nadasdy elle aurait due logiquement être s’appeler ainsi. Mais, estimant que sa lignée, les Bathory, était plus prestigieuse que celle de son époux, elle préféra conserver son nom de jeune fille.

  • Nigel Green/capitaine Dobi : acteur britannique (1924-1972), vu au cinéma dans L’abominable invité (1955), Le serment de Robin des bois (1960), Jason et les Argonautes (1963), Le masque de Fu Manchu (1965). Il a aussi tourné pour la télévision : Chapeau melon et bottes de cuir (1967, 1969) et Amicalement vôtre (1971). Il succomba à une overdose sans doute accidentelle de somnifères.

  • Sandor Elès/Imre Toth : acteur britannique d’origine hongroise (1936-2002), vu au cinéma dans La lame nue (1961), Sept heures avant la frontière  (1962), L’empreinte de Frankenstein  (1964), L’empire du Grec  (1978) et à la télévision dans Le comte de Monte-Cristo  (1964), Chapeau melon et bottes de cuir  (1964, 1967), Le Saint  (1965, 1968), Alias le Baron  (1966-1967), Département S (1969), Jason King  (1972), Supernatural  (1977), Crossroad (1982, 1983, 1985), Sherlock Holmes and the leaving lady  (1991)

  • Maurice Denham/maître Fabio : acteur anglais (1909-2002), vu au cinéma dans je cherche le criminel (1947), Jusqu’à ce que mort s’ensuive (1948), Cinq heures de terreur (1953), Rendez-vous avec la peur (1957), Coulez le Bismarck !  (1960), Paranoïaque (1963), Confession à un cadavre (1965), Le jardin des tortures (1967), La vierge et le gitan (1970) ; à la télévision dans La chute des aigles (1974), Marie Curie (1977), Les professionnels (1978), The Agatha Christie Hours (1982), Docteur Who (1984), Miss Marple : Le train de 16H50 (1987), Inspecteur Morse (1991), Les souvenirs de Sherlock Holmes (1993).

  • Patience Collier/Julie : actrice anglaise (1910-1987), vue au cinéma dans Le secret du docteur Whitset (1964), La nuit qui ne finit pas (1972), La maîtresse du lieutenant français (1981) et à la télévision dans Chapeau melon et bottes de cuir (1961), Jason King (1972), David Copperfield (1974-1975), Sapphire & Steel  (1981), Les aventures de Sherlock Holmes (1985).

  • Peter Jeffrey/capitaine Balogh : acteur anglais (1929-1999), vu au cinéma dans L’homme de Kiev (1968), Anne des mille jours (1969), L’abominable Docteur Phibes (1971), Le retour de l’abominable Dr Phibes (1972), Le dossier Odessa (1974), Le retour de la panthère rose (1975), Les aventures du baron de Munchausen (1988) et à la télévision dans Le Saint (1964, 1965), Adam Adaman Lives ! (1966), Chapeau melon et bottes de cuir (1966, 1967, 1968, 1976), The Troubleshooters (1967, 1971), Poigne de fer et séduction (1974), Crown Court (11 épisodes, 1976-1978), Docteur Who (1978), Bergerac (1987), La main de l’assassin (1990), The Prince and the Pauper (1996)

  • Lesley-Anne Down/Ilona : actrice anglaise, c’est pratiquement son premier film. Elle joue ensuite dans Jeanne, papesse du Diable (1972), Frissons d’outre-tombe (1974), Quand la panthère rose s’emmêle (1976), Guerre et passion (1979), Le Sphinx (1981), Le Justicier- l’ultime combat (1994). Elle a beaucoup tourné pour la télévision : Maîtres et valets (1973-1975), Un meurtre est-il facile ? (1982), Les derniers jours de Pompéi (1984), Nord et Sud (1985, 1986, 1994), Dallas (1990), Sunset Beach (1997-1999), Des jours et des vies (2001), Amour, gloire et beauté (2003-2012)

  • Biographie d’Ingrid Pitt dans The vampire lovers et de Nike Arrighi dans les vierges de Satan.

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