Saison 3 1/2. Le chemin de la bénédiction (The Blessing Way) / Opération presse-papier (Paper Clip) 4. Voyance par procuration (Clyde Bruckman's Final Repose) 6. Meurtres sur Internet (2SHY) 8. Souvenir d'oubliette (Oubliette) 14. Le visage de l'horreur (Grotesque) 15/16. L'épave (Piper Maru / Apocrypha) 18. Malédiction (Teso Dos Bichos) 19. La règle du jeu (Hell Money) 20. Le Seigneur du magma (Jose Chung's 'From Outer Space' ) Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter Résumé : Le corps de Mulder n’ayant pas été retrouvé, Scully et le FBI le déclarent mort. Scully est renvoyée sous prétexte d’avoir désobéi à sa hiérarchie. La tribu d’Albert Hosteen le navajo retrouve le corps de Mulder et entonne un rituel destiné à ce que son âme réintègre son corps. Scully découvre un implant métallique dans sa nuque et apprend qu’elle est aussi menacée de mort. Le Syndicat tente de retrouver la cassette numérique. L'aide des Bandits Solitaires permet de dévoiler qu'une société miniaire désaffectée cache une révélation qu'aucun homme n'aurait jamais pu imaginer... Critique : Suite et fin du magnifique arc triple initié par Ceux d’outre-tombe, et qui porte la Mythologie à un sommet qu’elle n’atteindra plus qu'occasionnellement par la suite. La tension et l’intensité du récit demeurent particulièrement élevées (très léger ralentissement dans Le chemin) durant ces deux épisodes voyant toujours coups de théâtre et saisissantes révélations se succéder à un rythme incroyable. Même après avoir tant de fois revu ces épisodes, on en reste rivé sur son fauteuil ! Les moments inoubliables se succèdent de bout en bout comme, parmi tant d’autres : la séquence onirique marquée par le savoureux retour de Gorge Profonde, plus philosophe que jamais, le deuxième cliffhanger, presque aussi haletant que le premier, l’assassinat aussi brutal et soudain de Melissa (The Krycek’s touch) ou évidemment le site dantesque où s'entassent les millions de fiches, entre Kafka et Borges. L’épisode reste également marqué par les premières facétieuses réunions du Syndicat, dont l’ambiance de panier de crabes nous vaudra par la suite des scènes assez jouissives. À cette occasion apparaissent l’Homme aux mains bien manucurées, au charme si anglais (John Neville, figure importante de la RADA et du théâtre anglais désormais installé au Canada, fut élevé au rang d’OBE en… 1965 !) ainsi que le plus torve First Elder. Schisme Krycek/Fumeur, alliance tendue mais finalement renouvelée entre Skinner et le duo, puce électronique qu’enlève Scully sans se douter des conséquences, connexion entre Conspiration et la famille Mulder… le décor de la saison 3 apparaît également idéalement posé par ce récit. Il est émouvant de voir Mulder et Scully sortir épuisés de ce tumulte, désirant retrouver leurs marques et leur univers familier avant de poursuivre le combat. Le spectateur les comprend, car lui aussi sort moulu de l’aventure, mais ravi ! À noter que Scully, née en 1964, a quatre ans de plus que son interprète, et que Mulder, né en 1961, un an de moins ! Enfin, on ne peut s’empêcher de penser que ces trois épisodes assemblés auraient constitué un formidable premier film pour les X-Files ! Anecdotes : Le chemin de la bénédiction est un des épisodes préférés de Chris Carter. Il l’écrivit alors qu’il venait de perdre un proche, ce qui explique son ton plus personnel et introspectif. Son affection pour cet épisode tient aussi à la relation Mulder-Scully qui prend une tournure plus spirituelle. L'épisode est dédié à Larry Wells, un des costumes designer de la série qui venait de mourir. Opération presse-papiers est, lui, dédié à Mario Mark Kennedy, un fan de la série qui venait de trouver la mort dans un accident d’avion. Fox William Mulder est né le 13 octobre 1961 (Chris Carter est né un 13 octobre !), Samantha Ann Mulder est née le 21 novembre 1965 (la femme de Chris Carter est née un 21 novembre !). Ils sont nés au 2 Creer Street à Chilmark. Sam avait donc 8 ans quand elle fut kidnappée, et Mulder en avait 12. Dana Scully est née en 1964 à Annapolis dans le Maryland. Alex Krycek collabore à l’assassinat de Mélissa Scully dans ce double épisode. Ironique quand on sait que Nicholas Lea avait à ce moment-là une liaison avec Mélinda McGraw ! Mélissa reviendra cependant dans Emily (saison 5). Mulder habite à l’appartement 42, le nombre SF par excellence : d’après H2G2, le guide du voyageur galactique de Douglas Adams, 42 est la réponse ultime à la Grande Question sur la Vie, la Mort, le Reste, question dont l’énoncé a cependant été perdu ! Nombre de geeks ont fait de cette recherche fondamentale une affaire personnelle. Dans la meilleure tradition des Avengers, Scully a la clé de l’appartement de Mulder (et sans doute réciproquement). Ambiance paranoïaque oblige : après le FBI, les nazis, et le gouvernement, c’est la CIA qui vient mettre son grain de sel ! Oswald paraît bien inintéressant à côté… Premier épisode voyant l’apparition du Syndicat. Parmi les hommes de main tabassant Skinner, on voit Tony Morelli, le coordinateur des cascades qui interprêtera le rôle titre du Seigneur du Magma. Erreur de taille pour une scientifique comme Scully : la constante de Napier est 2.71828... et non 2.7828 ! Comment ont-ils alors réussi à ouvrir la porte secrète de l’entrepôt ? Scully dit que la cassette est protégée par un système anti-copie alors qu'elle en a pourtant fait une dans Ceux d’outre-tombe. Si la légende du bison blanc est en effet une légende indienne, elle n'est toutefois pas navajo. Scénario : Howard Gordon Résumé : En Oklahoma, plusieurs personnes trouvent la mort frappées par la foudre, qui éclate bien trop souvent pour que ces « accidents » soient de simples coïncidences. Mulder et Scully apprennent qu’un adolescent du nom de Darin Peter Oswald se trouvait sur les lieux du dernier décès. Or, il a été frappé par un choc électrique quand il était enfant. De plus, il est amoureux de son institutrice et cela le rend très irritable… Critique : On prend d’entrée un méchant coup de vieux lors de la séquence pré-générique de ce premier loner de la saison, avec ces jeux d’arcade sur lesquels on s’est tant éclaté et qui paraissent totalement obsolètes aujourd’hui (Pac Man ! Street Fighters !). Au-delà de ces radotages séniles, cette introduction apparaît magnifique, intelligemment tournée comme un cauchemar hurlant (excellente bande-son, comme durant tout l’épisode). Coup de foudre confirme ce début électrique, avec un bon emploi de l’esthétique toujours si spectaculaire de la foudre, réveillant en nous comme des terreurs ancestrales, et astucieusement déclinée sous diverses formes. On remarque les superbes compositions de deux acteurs alors encore peu connus, mais appelés à de belles carrières. Giovanni Ribisi (Friends, Captain Sky…) accomplit une grande performance, en morveux dégoulinant d’antipathie et de petitesse. Un véritable poème. Jack Black est lui aussi excellent en poisson pilote, très loin de ses numéros comiques à l’incroyable succès. Un épisode réussi, quoique très classique (quasiment un remake de L’Incendiaire, en moins ambitieux), mais justement il reste plaisant pour le spectateur de retrouver ses héros dans un cadre familier après la tempête. On est rassuré, la série continue malgré tout ! Bonne transition d’ailleurs sur ce point chez Mulder et Scully, bénéficiant par ailleurs de dialogues toujours acérés. L’épisode demeure de plus magnifié par la grande beauté de Karen Witter, ancienne playmate (Miss Avril 1982…) ayant déjà illuminé les 80’s dans de nombreuses séries, et très bonne actrice au demeurant. Saluons également l'humour du titre français, alors que ces traductions s’avèrent régulièrement affligeantes dans les X-Files. Anecdotes : Howard Gordon sympathisa immédiatement avec Giovanni Ribisi et déclara que durant la production de l'épisode, ils passaient tous les deux une grande partie de temps à jouer aux jeux vidéo ! Mulder est abonné à des magazines érotiques. Le prénom de Darin Peter Oswald est un clin d’œil à Darin Morgan, scénariste de la série et acteur occasionnel. L’Astadourian Lightning Observatory est nommé d’après Mary Astadourian, assistante personnelle de Chris Carter. La nurse de nuit est jouée par Bonnie Hay, la doubleuse habituelle de Gillian Anderson. A côté de la photo de Mme Kiveat, on voit celle de Kim Manners, le réalisateur de l’épisode. Scénario : Darin Morgan Résumé : Un homme assassine plusieurs voyantes qu’il juge incompétentes. Alors que Yappi, un charlatan mandé par la police, tire des conclusions absurdes sur ce qui s’est passé ; Clyde Bruckman, un vieil homme, semble lui, réellement capable de prédire l’avenir. Plus particulièrement la mort des victimes du tueur. Mais il refuse d’aider Mulder et Scully car il déteste son don. Mulder va tenter de le convaincre… Critique : Un de mes loners préférés de toute la série ! L’histoire, admirablement écrite (la griffe de Darin Morgan), mêle l’humour et l’émotion avec une rare réussite. On s’amuse effectivement beaucoup, que cela soit pour le ridicule de Yappi (que l’on reverra brièvement dans l’inouï Seigneur du magma), la drôlerie de très nombreuses situations, le côté lunatique de l’assassin, et une mise en scène jouant habilement du ludisme de ces visions du futur. L’épisode va plus loin grâce à l’étonnante composition de Peter Boyle en voyant philosophe. Qu’il ait obtenu l’Emmy Award du second rôle pour cette composition n’est que justice, tant il donne humanité, profondeur, et facétie à son personnage. La rencontre, d’abord contrariée, avec Scully, est un grand moment, débouchant sur une scène particulièrement émouvante. Le gambit* final (Ah, l’intuition féminine) trouve le ton juste pour brillamment conclure ce très grand épisode des X-Files. À noter également une scène onirique aussi splendide que macabre dans son déroulement. Scully récupère le hideux Queequeg, au funeste destin. *Le gambit est une figure du jeu d'échecs spectaculaire où le sacrifice d'un pion (ici Clyde) permet d'obtenir un avantage, comme faire chuter le roi adverse (le groom). Anecdotes :
Cet épisode n’est pas sans rappeler Infanterie Platon, un épisode de La Quatrième Dimension où un homme a pareillement le don de prédire les morts, don qu’il déteste. La scène du putréfaction de Clyde Bruckman causa des problèmes car la censure était très stricte sur la description simultanée de la scène par la voix off. Darin Morgan dut alors édulcorer son texte. On remarquera que pendant cette scène, Bruckman porte un T-Shirt blanc alors que sa voix dit qu’il se rêve nu lors de la scène. Clyde Bruckman est le nom d’un scénariste-réalisateur américain qui travailla des années 20 jusqu’à son suicide en 1955. Il fut le co-scénariste et le co-réalisateur d’une des plus célèbres comédies de l’histoire du cinéma : Le Mécano de la Général (1926) avec Buster Keaton. Il y a beaucoup d'autres références à Keaton dans l'épisode. L’assassin est interprété par Stu Charno, le mari de Sara Charno - qui depuis 2000 signe toutefois ses opus sous le nom de Sara B. Cooper - scénariste de deux épisodes de la saison 2 : Aubrey et Les Calusari. Première apparition du fameux Queequeg, le chien de Scully. Lui et sa nouvelle maîtresse regardent à la télévision Laurel et Hardy toréadors (1945) à la fin de l’épisode. La victime trouvée dans la boue s’appelle Claude Dunkenfield, vrai nom du célèbre acteur W.C.Fields (1880-1946). Bruckman dit que son don est apparu le jour où il a prédit la mort de Big Bopper qui avait gagné à pile ou face une place dans l’avion de Buddy Holly qui devait s’écraser. En fait, ce n’est pas lui mais Ritchie Valens qui gagna la place fatale de cette façon. Bopper se trouvait aussi dans l’avion mais parce qu’il avait la grippe et ne se sentait pas d’attaque pour faire le voyage en bus. Scénario : Chris Carter Résumé : Neech Manley, au moment de passer sur la chaise électrique, jure qu’il « reviendra » et se vengera des cinq hommes qu’il juge coupables de sa mort. Deux jours après son exécution, un gardien est retrouvé mort. Mulder et Scully découvrent que Neech croyait fermement aux sciences occultes et avait fait une liste (introuvable) des cinq personnes qu’il a « désignés ». Pendant que le duo cherche la liste, d’autres cadavres sont retrouvés… Critique : Pfou, le toboggan ! Incroyable qu’un aussi mauvais épisode succède au joyau précédent ! L’épisode apparaît en fait comme un bien faible remake du déjà médiocre Mystère vaudou. Mêmes clichés, même déroulement prévisible de l’intrigue, mêmes effets faciles et écœurants, même univers carcéral, jusqu’à la voiture s’encastrant dans un arbre ! Les scènes de prison sont nimbées d’un vert qui se voudrait sans doute stressant, mais qui n’est que ridicule, on se croirait dans une série Z de la TNT. On s’ennuie beaucoup durant ce pesant et morne récit, malgré la solide interprétation de J.T. Walsh (Dark Skies). Le moment le plus faible de cette excellente saison 3. Anecdotes : Chris Carter fit appel à Debbie Coe, une dresseuse d’animaux, pour tourner les scènes avec les asticots. Elle raconte avoir donné des foies séchés aux charmantes bébêtes pour qu’elles soient plus grouillantes ! Lors de la scène de l’autopsie, un ver tomba sur l’orbite du cascadeur jouant le cadavre ; sans broncher, Gillian Anderson l’en débarrassa d’un coup d’ongle avant de reprendre le cours de la scène ! Lorsque le directeur de la prison se crashe contre un arbre, on voit un gros plan où le sang s’écoule latéralement de son visage, mais lors des plans suivants, le sang s’écoule verticalement. Un des producteurs de la série, Joseph Patrick Finn, joue le premier de ses trois rôles religieux dans la série : il est le chapelain dans l’épisode, avant d'être le confesseur de L'âme en peine (saison 5), et un prêtre murmurant dans X-Files : Régénération. Perry Simon, le bourreau, est le nom d’un producteur exécutif familier de Carter. Scénario : Jeffrey Vlaming Résumé : Lors d’un rendez-vous galant, un homme embrasse une femme… ce qui la tue car elle est bientôt recouverte d’une substance visqueuse asphyxiante ! Ce n’est pas la première victime à mourir de cette manière, mais toutes étaient des femmes seules et « rondes » qui cherchaient l’âme sœur sur Internet… Qui est et quelles sont les motivations du tueur ? Critique : L’épisode joue habilement sur les peurs suscitées par un Internet alors naissant, dont les dangers restent il est vrai tristement d’actualité. Il demeure amusant de voir les personnages manifester un certain effarement devant ce nouveau monde mystérieux : de l’eau a passé sous les ponts depuis 1995 ! L’histoire se double d’une solide intrigue policière, même si classique, avec un suspense constant admirablement soutenu par la fascinante musique de Mark Snow. L’admirable mise en scène valorise l’excellente composition de Timothy Lahart, inquiétant et monstrueux à souhait. On remarque que les habiles artistes de la série se sont ici surpassés, tant chez les victimes que chez leur bourreau. L’autopsie du jour de Scully donne d’ailleurs lieu à une des images les plus jouissivement gore de la série ! Les scénaristes survoltés ont le plus souvent fait de ces scènes de grands moments, drôles ou horrifiques, durant lesquels absolument tout peut arriver. On ne s’en lasse pas, il s’agit vraiment d’une série dans la série. Allez voir les Experts après ça... Un épisode de fort bonne tenue, auquel on peut toutefois reprocher une certaine similitude avec Tooms, jusque dans la bataille finale avec Scully. Mais bon, quand le modèle est génial… Anecdotes : 1013 du jour : Il est 10h13 lorsque Mulder interroge Scully sur l’analyse de la peau de Virgil. L’épisode fait référence à Charles Manson (1934). Manson est un criminel fondateur d’une secte hippie « la famille » qui fut reconnue coupable de viols au sein de sa communauté, et surtout de meurtres en série dans les années 60. Ce fut lui qui dirigea le très médiatisé meurtre de Sharon Tate, l’épouse du cinéaste Roman Polanski. Son procès fut le plus long et le plus coûteux de l’histoire judiciaire des Etats-Unis. Il a été condamné à la prison à vie. Globalement, les épisodes d’X-Files suivent l’ordre chronologique. Mais ici, nous apprenons que l’épisode se déroule le 29 août (Scully le dit lors de son autopsie) alors que Coup de foudre et Meurtre par procuration se déroulent en septembre. Scénario : John Shiban Résumé : Un soldat dépressif tente de se suicider mais une force mystérieuse l’en empêche. Mulder et Scully apprennent que d’autres soldats ont tenté de se tuer après que leurs familles aient été tuées par cette même force, mais n’y sont jamais arrivés. Cet « assassin » veut en effet les faire souffrir durablement en tuant leurs proches, tout en empêchant ses cibles de se tuer. Le principal suspect semble être Rappo, un soldat haïssant sa hiérarchie ; problème : la guerre l’a privé de ses bras et de ses jambes ! Pendant ce temps-là, une capitaine est retrouvée noyée sans qu’aucune trace ait été retrouvée, et le général Callahan reçoit un enregistrement inquiétant… Critique : Le scénariste John Shiban entre en scène avec cet épisode solide. Il va devenir avec Carter, Spotnitz, et Gilligan, le 4e maître d'oeuvre de la série, et va surtout se spécialiser dans les épisodes faisant appel au Fantastique inspiré de différentes civilisations (africaines, indiennes, mexicaines...) ou comme ici sur des sujets assez peu explorés dans l'ordinaire des séries fantastiques. L’on pourrait légitimement estimer avoir déjà vu et revu dans les X-Files l'histoire de The Walk, mais elle se voit rehaussée par divers éléments : des scènes chocs particulièrement pimentées, une mise en scène inspirée (Mark Snow, maquilleurs, et équipe des SFX accomplissent encore une fois des prodiges), et des comédiens de grande qualité, tels Willie Garson, à mille lieues du pétillant Stanford de Sex and The City, et la très belle Nancy Sorel (Les 4400, Stargate, Tru Calling…). Rarement la fibre anti-militariste de la série aura été aussi manifeste, d’autant que nous sommes ici hors Mythologie. Le rôle de Ian Tracey apparaît habilement équivoque, entre victime et bourreau. Mais comment les magiciens de la série ont-ils réussi à faire de Ian Tracey un amputé aussi convaincant ? Incroyable ! La scène de conclusion reste une des plus sinistres de la série ! Une très habile exploitation du thème majeur du Fantastique qu’est le corps astral. Le thème de l’homme sans bras ni jambes aux terribles pouvoirs psychiques a été également magnifiquement illustré dans un des chefs-d’œuvre de Dick, Dr Bloodmoney (1963), un des plus beaux textes post-apocalyptiques jamais écrits. Anecdotes : Ian Tracey n’est pas un comédien invalide. Dans les scènes de fauteuil roulant, ses jambes étaient dissimulés dans le double fond du fauteuil, et ses bras étaient fixés sur des planchettes derrière son dos. Mat Beck, directeur des effets spéciaux, explique que le résultat est le fruit d’une longue réflexion pour rendre le tout crédible. Rappo regarde à la télévision Sun Valley Serenade (1941), une comédie musicale avec notamment Glenn Miller. Scénario : Charles Grant Craig Résumé : Amy Jacobs, une fille de 15 ans, est kidnappée dans son lit par Carl Wade, un ravisseur qui lui dit « rien ne pourra plus jamais nous séparer ». Au même moment, une jeune femme, Lucy Householder, s’évanouit en saignant abondamment dans le restaurant où elle travaillait. Mulder s’aperçoit bientôt que chaque émotion et blessure physique subie par Lucy, ancienne victime du même ravisseur, correspond à celle d’Amy en danger. Pour retrouver Carl Wade, il doit scruter chaque émotion de Lucy, qui plonge dans la folie au fur et à mesure que se prolonge le calvaire d’Amy… Critique : Cet épisode particulièrement sombre connaît un début rappelant étrangement Ne vous retournez pas ou Le Joker chez les Avengers, avec le maniaque découpant sinistrement la photo de sa future victime. Cette histoire, si sombre que l’épisode fut partiellement censuré en France, rappelle celle du Fétichiste, mais avec l’introduction d’un Fantastique particulièrement élégant et suggestif. L’étonnante composition de Tracey Ellis donne beaucoup de profondeur à l’épisode. L’épisode sait admirablement développer le personnage et placer au cœur de l’intrigue la relation très forte se nouant avec Mulder (excellent Duchovny). Lucidement, Scully reste ici au second plan, d’autant que sa propre expérience passée aurait pu lui faire ressentir un peu plus d’humanité ; cette histoire demeure clairement une de celles où elle apparaît le moins sympathique et le plus « fonctionnaire », comme le dira très bientôt l’ami José Chung. Cette fine écriture n’altère pas la mise en place d’un très intense suspense, digne des meilleurs thrillers, tandis que la mise en scène alternant habilement brillants champs-contrechamps et passages caméra sur l’épaule (la virtuosité typique de Manners), maintient efficacement la tension. Michael Chieffo (Roswell) est glaçant à souhait en atroce pervers, tandis que Jewel Staite, à l’orée de sa carrière (Firefly, Serenity, Dead like me, SGA…) se montre déjà particulièrement convaincante. Anecdotes : La thérapeute est jouée par Bonnie Hay, la doublure de Gillian Anderson. Cet épisode ne fut pas diffusé par M6 lors de la première diffusion de la saison 3 en raison de l’affaire du pédophile Marc Dutroux qui monopolisait alors les médias belges et français. Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter, Howard Gordon, Frank Spotnitz (1re partie), et Frank Spotnitz (2e partie)Réalisation : David Nutter (1re partie) et Rob Bowman (2e partie)
Résumé :
Mulder entre en possession d’une cassette vidéo montrant des scientifiques autopsiant le corps d‘un alien (!) avant qu’ils ne se fassent tuer par un commando de soldats. Son informateur est assassiné mais Mulder parvient à arrêter l'assassin... avant de devoir le libérer sur ordre de Skinner car c’est un diplomate japonais ! Mulder tente alors de décrypter des papiers mystérieux qu’il a escamotés de la mallette du diplomate. Scully est accueillie par un groupe de femmes qui prétendent toutes avoir été enlevées par des extra-terrestres dans les mêmes conditions qu’elle, ce qui la mène dans un centre où se trouvent les résultats atroces de tests scientifiques. Mulder, pris en chasse par des militaires, atterrit dans un wagon où se trouve une bombe, un alien (?)... et quelqu'un d'autre... Critique : Alors, cela débute très fort avec un amusant pastiche de la fameuse autopsie bidon d’alien ayant défrayé la chronique à l’époque (comme quoi Mulder ne regarde pas que certaines vidéos…), puis run, Mulder, run, l’action se poursuit sur le tempo frénétique d’Anasazi (à un rythme moindre toutefois), avec une pause bienvenue chez les Bandits Solitaires (quelle veste en pelage de mouton fort seyante pour Frohike !) et un Skinner se faisant de nouveau braquer lors d’une visite nocturne chez Mulder ; on ne doit pas faire beaucoup de barbecues entre collègues au FBI ! Le tout débouche sur un nouveau cliffhanger de folie (ah, ces portables !), après une intervention réussie du toujours charismatique X. La partie la plus intéressante demeure néanmoins celle de Scully, qui en une scène bien parano comme on aime, fait accomplir une avancée foudroyante à la Mythologie et ouvre la voie à sa maladie. Les trois scénaristes parviennent à mener de front deux intrigues parfaitement abouties, un bel exploit. Une entrée en bouche fort relevée, prenant encore une dimension supplémentaire dans la seconde partie, débutant par une scène mémorable et se poursuivant par un haletant suspense pré Jack Bauer en huis clos pour Mulder, et un voyage au pays du cauchemar pour Scully (scènes très impressionnantes et beau face-à-face avec The First Elder, qui a visiblement tout compris du mode de pensée de notre amie rousse). Le tout se conclut sur une fracassante et énigmatique intervention de X et une apparition incroyablement bien filmée du Fumeur (la flamme dans les lunettes, génial). Encore une réussite pour la Mythologie, même si l’on n’atteint pas l’incomparable densité d'Anasazi. La Mythologie apparaît ici clairement maîtrisée, Carter et Spotnitz savent où ils vont ! La rupture de ton entre les deux épisodes paraît aussi maîtrisée que bienvenue. Les dialogues entre Mulder et Scully crépitent réellement. Très belle composition de tueur au sang-froid de Stephen McHattie, The Red-Haired Man (toujours ces pseudos hallucinants), tandis que le sénateur Matheson effectue un retour apprécié. Apparition du sympathique Agent Pendrell qui en pince déjà visiblement pour Scully… La Quête continue ! Anecdotes : Première apparition de l’agent Pendrell (nommé d'après la rue où se trouvait les studios d’X-Files), interprété par Brendan Beiser. Pour l’anecdote, un des professeurs de comédie de l’acteur n’était autre que William B. Davis ! Mulder est très prudent : il a toujours deux révolvers sur lui. Il a étudié le français au lycée (l’espagnol en VF), il a donné une clé de son appartement à Skinner, dispose d’une femme de ménage, et son numéro de téléphone est 928-28-31. Scully habite à l’appartement 5 de son immeuble. Nisei (« seconde génération ») est un terme japonais désignant un américain ou canadien né de parents japonais. 731 est le numéro désignant la vraie équipe japonaise qui pratiqua durant la seconde guerre mondiale des expériences inhumaines sur des prisonniers. Gillian Barber joue la femme qui ouvre la porte de la maison à Scully et qui la voyant s’exclame « She is one ! ». Or, dans Le musée rouge (saison 2), elle jouait la mère d’un des adolescents retrouvés avec l’inscription She is one sur le dos ! Les docteurs sont tués dans le wagon 82594. Or, le 8/25/94 (notation anglo-saxonne), Chris Carter fit ses débuts de réalisateur avec Duane Barry. Dans l’introduction de 731, David Duchovny n’est pas doublé lors de la scène où il est en équilibre sur le train. Durant tout l’épisode, le train qu’on voit est une maquette, mais celui qui explose est un vrai ! 1013 du jour : le code d’ouverture de la porte est 101331. 517 du jour : Le wagon où est enfermé Mulder est 82517. En VO, la vidéo a coûté à Mulder 29.95 $ contre 28.80 $ en VF. Nisei :
731:
Scénario : Kim Newton Résumé : Au cours d’une messe, un prêtre reçoit les stigmates devant l’assemblée ébahie. A la fin, un vieil homme l’aborde puis l’assassine brutalement ! Mulder et Scully s’aperçoivent que les stigmates étaient en fait factices. Quand Kevin, un très jeune garçon, reçoit à son tour les stigmates, mais cette fois véritables, le vieil homme tente de le retrouver. Mulder et Scully tentent de prendre de vitesse ce fanatique dangereux, mais devront faire face à plusieurs phénomènes inexplicables, d’autant qu’ils ignorent qui ils sont en train d'affronter... Critique : Ce récit retrouve la veine des épisodes « chrétiens » de la série, ce qui, outre une sollicitation intéressante des personnages (foi de Scully toutefois en conflit avec Dieu, scepticisme de Mulder, soit une inversion de la relation classique), nous vaut toujours une atmosphère très particulière. L’histoire se laisse suivre sans déplaisir, les références bibliques de rigueur lui donnant comme un air de Damien de l’autre bord. L’épisode bénéficie également de seconds rôles de luxe, avec le toujours spectaculaire Michael Berryman (La Colline a des yeux) et surtout le formidable Kenneth Welsh, insufflant à son personnage toute la malice et l’aura de l’inoubliable Windom Earle de Twin Peaks. Mais cette comparaison met le doigt sur la grande faiblesse de l’épisode : une réalisation très plate, à des années-lumière des fulgurances de Lynch. Cette fadeur limite singulièrement la portée de l’histoire. Dommage, d’autant que le jeune Kevin Zegers campe un gamin moins tête à claques que de coutume. Anecdotes : Scully ne s’est pas confessée depuis six ans au moment de l’épisode. Mulder fait la grasse matinée le dimanche. Mulder plaisante en disant que Kevin a été enlevé par « le frère jumeau maléfique d’Homer Simpson ». Les Simpson allaient bientôt faire, un an après, un hilarant hommage à la série avec The Springfield Files (saison 8) mettant en scène les deux agents du FBI (conjointement avec Leonard Nimoy et deux caméos du Fumeur). Darin Morgan a travaillé sur cet épisode. Contrairement à ce que disent Mulder et Scully, St. Ignatius n’est pas mentionné dans la Bible. Il est en fait un des premiers pères de l’Eglise. Scénario : Darin Morgan Résumé : Un dératiseur est tué par une énorme colonie de cafards ! Par téléphone, Scully parvient à convaincre Mulder que cette soudaine invasion n’a rien de mystérieux. Mais quand Mulder rencontre Bambi Barenbaum, spécialiste de la question, il est amené à réviser son jugement, d’autant que les morts s'accumulent, et que les cafards commencent à devenir un peu trop nombreux… Critique : Dès les premières images, on comprend que l’on est face à un des chefs-d’œuvre des épisodes humoristiques, troisième grande famille de la série, à côté des loners classiques et autres Mythics. L’intro joyeusement gore (précédant bien d’autres scènes réussies du même genre) puis le plan génial du ciel étoilé, s’avérant n'être qu'un reflet sur lequel saute un insecte, font déjà rire à gorge déployée le spectateur. Toute l’histoire résulte portée par cet humour narquois et corrosif, la griffe du grand auteur Darin Morgan qui va jusqu’à malmener les propres héros de la série. Le récit s’articule ainsi longtemps sur une idée géniale : Scully demeurant en retrait chez elle. Cela nous permet de lui découvrir une vie aussi passionnante que celle de son collègue : toilette du hideux Queequeg (en même temps que son revolver !), soirée pot de glace seule devant la télé, etc. Mulder le Martien ne semble pas non plus épargné de son côté. L’ironie de Morgan envers ses personnages s’avère assez irrésistible. L’épisode atteint son pic avec l’entrée en scène de la sculpturale Bambi, qui nous vaut d’ailleurs une arrivée très rapide de Scully sur le théâtre des opérations... Le récit se double alors d’une piquante comédie de mœurs chez nos héros. Le fait qu’il ne se passe rien entre Bambi et Mulder illustre bien qu'il n’est pas Hank ni X-Files, Californication ! Le scientifique avec son proto K-9 insectoïde reste lui aussi très amusant. L’épisode vaut également pour sa réjouissante satire des classiques du cinéma SF des années 50, avec leur cortège d’insectes monstrueux et/ou radioactifs, extraterrestres etc. Le titre demeure très explicite là-dessus ! La ville s’appelle ainsi Miller’s Grove, tandis que dans La Guerre des mondes, les Martiens attaquent Grover’s Mill. Magnifique réussite (annonciatrice du Seigneur du magma, mon épisode préféré), cette histoire demeure hilarante de bout en bout ! Anecdotes : Darin Morgan eut l’idée de l’épisode parce qu’il avait des cafards chez lui. Il eut aussi l’idée de Bambi car il voulait introduire une pointe de jalousie chez Scully. Mais le public féminin s’indigna en grande pompe sur Internet du fait que Mulder put s’intéresser à une autre femme que Scully ! Un des épisodes préférés de Chris Carter. L’épisode est resté célèbre chez les fans mais aussi dans le « milieu » grâce à une anecdote véridique : lors de la scène où Bill Dow est assis dans les toilettes, les cafards devaient sortir de leur cachette et s’immiscer partout dans la cabine ; mais les cafards n’ont jamais voulu bouger, malgré les efforts de Debbie Coe, la dresseuse. Kim Manners plongea alors la tête dans le seau à cafards et leur ordonna quand il dirait « Action ! » de bouger… et le miracle se produisit, les cafards bougèrent sous les ordres du réalisateur ! Depuis cet épisode, Kim Manners eut une sacrée réputation, et dit qu’on fait souvent appel à lui pour des épisodes de série où il y’a des insectes. Le tournage fut d’ailleurs éreintant car pas moins de 300 cafards furent nécéssaires selon Debbie Coe. Il fallait toujours ensuite les ramasser et les recompter ! Mulder ne connaît rien en insectologie. Il est même insectophobe depuis le jour où, enfant, il a croisé le chemin d’une mante. On apprend aussi qu’il a déjà violé une propriété d’état. Scully semble être assez spartiate quand elle dîne chez elle : de l’eau, de la salade, du citron, et c’est tout. Quelle modération après s’être goinfrée dans Le Musée rouge (saison 2) ! Elle lit dans l’épisode Breakfast at Tiffany’s de Truman Capote (1924-1984). Ecrit en 1958, ce court roman est une des œuvres les plus connues de l’écrivain, surtout grâce à son adaptation cinématographique par George Axelrod Diamants sur canapé, réalisée par Blake Edwards, et avec Audrey Hepburn et George Peppard. Le décor représentant le salon de Scully est aussi celui de Teena Mulder. Gillian Anderson faisait une tournée de promotion durant cet épisode. Darin Morgan dut donc s’arranger pour écrire une histoire la mettant en retrait, d’où l’idée des amusantes conversations téléphoniques. Avec la scène finale et celle du supermarché, Gillian ne tourna qu’un seul jour ! La scène de l’accident de voitures, au moment où Scully rentre dans le supermarché, n’était à l’origine pas préméditée : ce fut un réel accident ! Professionnelle, Gillian Anderson ne s’arrêta pas et continua de tourner la scène. Manners exultait du fait qu’il y avait « au premier plan la scène, et à l’arrière-plan, une cascade » et conserva la scène en état. A 30’50, un cancrelat passe sur l’objectif de la caméra : ce plan est bien sûr prémédité, et Mat Beck, tout comme le public de l’époque, apprécia cette touche. « Smart is sexy » fait Scully en regardant les deux scientifiques s’éloigner. C’est un clin d’œil aux magazines télé qui parlaient beaucoup de la relation Mulder-Scully en ses termes. Bambi Barenbaum tient son nom du Dr.Barenbaum de l’Entomology Department at the University of Illinois, auteur de plusieurs ouvrages sur les insectes. Un des reporters de la TV s’appelle Skye Leikin, nom d’une des fans de la série. L’expression « vulgum pecus » mentionné en VF est un barbarisme latin (vulgum n’existe pas dans cette langue) signifiant « le commun des mortels ». Scénario : Chris Carter Résumé : Deux adolescents sont retrouvés morts. Margi et Terri, deux adolescentes très soudées, prétendent avoir assisté à un rituel satanique où la deuxième victime a été tuée. Soudain, le cercueil de la deuxième victime s'enflamme comme par enchantement ! Scully est de mauvaise humeur : elle soupçonne Mulder non de rester à cause de l’affaire, mais parce que la belle shérif Angela White ne le laisse pas insensible… Les « accidents » mortels se multiplient, et les villageois en viennent à soupçonner que c’est l’œuvre du Diable lui-même… Critique : L’humour est toujours présent dans cet épisode, avec notamment de désopilantes « scènes de ménage » entre Scully et Mulder, mais aussi les effets délirants induits par l’alignement planétaire. On observe ainsi une torride romance entre la Shérif et un Mulder abusant de la vodka, avec une survenue de Scully (qui se met à cloper pas mal de son côté) digne du meilleur Boulevard. Mais l’essentiel de l’épisode réside dans son atmosphère inquiétante, ses scènes chocs parfaitement tournées et le portrait particulièrement troublant de jeunes filles médiocres saisies par le vertige de la toute puissance. On retrouve dans cet épisode réussi comme une saveur digne des meilleurs moments de La Quatrième Dimension. Sinon, on peut remarquer que Duchovny paraît déjà très convaincant dans les scènes de beuverie et de parties de jambes en l’air… Anecdotes : Syzygy est un terme désignant un alignement remarquable de planètes. Le jour de la diffusion de l’épisode (12 janvier 1996), il y’eut un syzygy de Mercure, Mars, et Uranus, comme dans l’épisode ! Le problème est que l’action est sensée se dérouler le 17 janvier ! Autre problème temporel : Scully dit que cela fait deux ans qu’elle et Mulder travaillent ensemble. Mais comme leur rencontre date de mars 1992, cela devrait faire 4 ans (nous sommes en 1996). La musique qu’on entend à la télévision est la tourbillonnante Danse du Sabre, avant-dernière danse du ballet Gayaneh d’Aram Khatchatourian, la pièce la plus célèbre du compositeur. Scénario : Howard Gordon Résumé : John Mostow, qui prend des cours de dessin, assassine avec une violence barbare le modèle. Arrêté, il déclare avoir agi sous l’influence du Diable. On découvre chez lui des statues en argile et des dessins représentants des visages torturés ou des monstres abominables. Mais un autre meurtre brutal a lieu alors qu’il est toujours en cellule. L’agent Bill Patterson, qui s'occupe de l'affaire, fait appel à Mulder pour l’assister. Mulder, tel un profiler, se met dans la peau du meurtrier, mais son adversaire est si fort qu’il va devoir risquer sa vie et sa propre raison… Critique : Quand les X-Files rencontrent Profiler… L’épisode reprend un thème classique, celui du policier s’identifiant à sa proie pour le capturer au point d’en demeurer transformé. Mais le traitement en demeure fort habile, avec une immersion de Mulder dissimulant celle de Paterson. Le procédé, à défaut d’être tout à fait imprévisible, nous vaut des scènes particulièrement intenses, notamment grâce au jeu très éloquent de Duchovny et de Kurtwood Smith (That 70s Show, Robocop). Ce joli duel entre comédiens se superposant à celui des personnages constitue un des points forts de l’épisode, auquel on peut rajouter une très efficace mise en scène mêlant obscurité, bleu crépusculaire et scènes effroyables pour donner à l’ensemble la dimension d’un véritable cauchemar. La musique apporte également beaucoup à l’atmosphère. On ne peut encore une fois qu’applaudir les artistes de la série, tant les nombreux dessins et sculptures paraissent saisissants d’effroi. Du bel ouvrage, qui maintient cependant Scully à l’écart et la cantonnant dans un rôle de coéquipière loyale et préoccupée, également très classique, même si superbement maîtrisé par Gillian Anderson. Évoquant parfois Le fétichiste avec lequel il partage une rare absence du surnaturel, Le visage de l’horreur reste une fascinante évocation des sombres mystères de la folie, ainsi qu’un magnifique prologue à MillenniuM ! Anecdotes : Howard Gordon déclara avoir été tenté d'écrire pour MillenniuM et que cet épisode était le reflet de son intérêt. Toutefois, Carter ne lui proposa jamais d'écrire pour son autre grande série. Grotesque signifie gargouille en anglais. Mulder a toujours une lampe torche sur lui. L’agent Nemhauser est nommé d’après le directeur de la post-production Lori Jo Nemhauser. La série a de la suite dans les idées puisque Kurtwood Smith (Patterson) est dans la série That 70’s show Reginald Foreman, père de Laurie Foreman, interprétée par Lisa Robin Kelly qui jouait Terri Roberts dans l’épisode précédent ! Cela n’est toutefois qu’une coïncidence, That 70’s show n’ayant été créée que deux ans après cet épisode. Lorsque la cellule de Mostow s’ouvre, on aperçoit brièvement la jambe d’un des membres de l’équipe. Épisode Mythologique Scénario : Frank Spotnitz & Chris Carter Résumé : Le plongeur Gautier du bateau « Piper Maru » découvre l’épave d’un avion américain datant de la seconde guerre mondiale avec le pilote toujours vivant dedans ! Une fumée noire passe dans les yeux du pilote, et lorsque Gautier remonte à la surface, il a perdu la mémoire mais la fumée noire passe à présent dans ses yeux. Quand le bateau revient au port, l’équipage entier - sauf Gautier - souffre d’horribles brûlures radioactives ! Scully apprend que des évenements similaires se sont produits 50 ans auparavant mais également qui a assassiné sa soeur. L’enquête de Mulder le mène à Hong Kong où il retrouve une vieille connaissance puis un membre du Consortium. Pendant ce temps, l’entité noire change de corps, Skinner est victime d'un attentat, et l'Homme à la Cigarette tente d'éteindre les fuites concernant la localisation d'un OVNI... Critique : La série prend désormais le rythme de ces doubles épisodes scandant la Mythologie par des évolutions majeures. Comme de coutume, les coups de théâtre se succèdent, tandis que tous les personnages principaux de la série apparaissent : les Bandits Solitaires, très amusants, le Fumeur toujours glacial, l’Homme aux mains bien manucurées qui prend ici une importance vraiment centrale, tandis que son conflit larvé avec le Fumeur commence à devenir incandescent. Le First Elder reste en retrait ; on ne se méfiera jamais assez de ce personnage apparemment moins flamboyant que ses deux autres comparses, mais diablement subtil… Les scènes de la Conspiration sont toujours formidablement excitantes, et cet épisode n’y fait pas exception. La grande vedette demeure cependant ce pauvre Krycek (saisissante apparition !) autour duquel s’organise une gigantesque partie de Catch me if you can. On aura rarement vu un héros de série télé se mettre dans une mélasse pareille, et ça n’est pas fini. L’éprouvante conclusion le laisse d’ailleurs dans une situation particulièrement délicate ! Nicholas Lea accomplit une grande performance. Les interprètes principaux restituent à la perfection les tourments de leur personnages, dans une histoire les concernant de très près. Toutefois si tous les ingrédients du genre répondent à l’appel, la sauce prend moins bien que dans l’exceptionnel Anasazi/The Blessing Way, même si le niveau global demeure excellent. Les surprises restent (un tout petit peu) plus convenues, le rythme moins soutenu, l’excitation moindre, le cliffhanger relativement prévisible, même si la cohérence de la Mythologie demeure parfaite. L’épisode ne reste pas pour autant comme une relative déception car il met en scène avec une redoutable efficacité une nouvelle venue qui va faire les beaux jours de la série comme du premier film : l’Huile Noire. Terrifiante, cette grandiose idée de scénariste suscite immédiatement l’enthousiasme tant elle apporte d’originalité et de force à la Mythologie. Ce regard où se manifeste soudain une obscure présence indiciblement maléfique restera comme l’une des images les plus inoubliables de l’univers des séries télé ! On apprécie également la présence française (avec l’accent québécois, nous sommes encore au Canada…), avec un début d’épisode à la Cousteau et le rappel des essais de Mururoa alors dans l’actualité ! Pour l’anecdote, Piper Maru est un clin d’œil à Piper Maru Anderson, fille de Gillian, née deux ans auparavant. Anecdotes : 5 mois se sont écoulés entre les évenements du Chemin de la bénédiction et cet épisode. Mélissa Scully est née en 1962. Elle était donc l’aînée et avait 33 ans lors de son assassinat. L’Homme à la Cigarette fumait déjà le 29 août 1953, ce qui entre en contradiction avec les événements relatés plus tard dans L’Homme à la Cigarette (saison 4). Scully a des connaissances en avions : toute petite, elle regardait son père et ses frères construire des avions de guerre. Gamine, elle aimait jouer à un jeu appellé Le bouchon et le cache-tampon. Skinner lit le Washington Herald. Sa secrétaire s’appelle Kimberly. Frank Spotnitz eut l’idée de l’épisode au retour d’une convention sur la série à Minneapolis, après avoir entendu un fan lui demander pourquoi l’impact de la mort de Mélissa sur Dana n’était pas davantage développé. Il écrivit alors l’intégralité du synopsis pendant le trajet du retour dans les marges du magazine de la convention. « Piper Maru », dérivé du japonais, signifie « bateau ». Gillian ignorait que ce prénom avait une signification ! Curieusement, c'est aussi le nom d'une marque de mode française lancée en 2000. « Apocrypha » fait référence aux évangiles apocryphes qui, non reconnus par l’Eglise, sont des documents officieux, comme les documents de la cassette numérique de l’épisode. On notera que c’est aussi le nom du brise-glace dans Alien vs. Predator. La musique entendue quand les Bandits Solitaires sont sur la patinoire est Le Beau Danube Bleu de Johann Strauss fils, une de ses valses les plus célèbres. « L’Huile Noire » est en fait obtenue en filmant de l’encre dans de l’eau, et ajouté par ordinateur sur les cornées des comédiens (Mat Beck). 1121 du jour : le vol 1121 est celui emprunté par Mulder et Krycek. 1013 du jour : Krycek, dans la scène finale, est enfermé dans la cellule 1013. 517 du jour : le numéro du cas est #621517, tout comme le numéro du casier où se trouve la cassette. Erreurs :
Scénario : Vince Gilligan Résumé : Robert Patrick Modell, dit « Le Pousseur », est un tueur en série qui vient d’être interpellé par la police : mais il utilise son puissant don de suggestion mentale pour provoquer un accident de voiture et forcer un policier de lui donner la clé de ses menottes. Le Pousseur semble ravi de trouver en Mulder un adversaire à sa taille, et met en scène un macabre jeu de pistes qu’il devra suivre. Mulder aura besoin de toute sa volonté s’il veut vaincre Modell... Critique : Et encore un épisode exceptionnel ! Que cette saison 3 est bonne. On retrouve ici selon moi le troisième meilleur adversaire de Mulder parmi ceux utilisant sciemment leur pouvoir pour faire le mal (derrière Tooms et l’Incendiaire) : spirituel, brillant, charmeur (au sens propre), le Pousseur bénéficie en plus de la prestation époustouflante de Robert Wisden, comptant parmi les plus grands numéros d’acteurs d’une série où ils s’avèrent si nombreux. Ce personnage apparaît très fouillé psychologiquement (la marque de Gilligan). Le suspense demeure haletant jusqu’au bout de cette superbe intrigue impeccablement mise en scène, jusqu’à un duel final à couper le souffle. L’épisode constitue également un grand moment de la relation entre Mulder et Scully finissant l’épisode main dans la main (Duchovny et Gillian sont géniaux), et qui trouvent dans leur amitié la force de résister au maléfique pouvoir d’un Pousseur fort surpris. Toutes les scènes de suggestion restent de grands moments. On observe que seul Skinner résiste finalement facilement au Pousseur, le personnage a de la ressource ! Joli clin d’œil : dans le tabloïd apparaît le Flukeman ! Apparemment il refait parler de lui… On remarque la présence de Roger R. Cross, finalement dans un rôle très proche de celui qu’il occupera dans 24h Chrono. Après vérification, "céruléen", évoqué dans l'épisode, signifie : de l’azur du ciel ou des flots de la mer. Un épisode majeur, inoubliable dans sa lumineuse simplicité. Tout comme Tooms (mais hélas pas l’Incendiaire), le Pousseur reviendra nous rendre visite (Kitsunegari, saison 5). Anecdotes : Vince Gilligan avait l’ambition de réaliser un film avec cette idée de scénario, mais son projet n’aboutit pas. Il décida donc d’en faire un épisode pour la série. La scène climatique posa problème car la censure interdisait des scènes de roulette russe à la télévision ! Gilligan parvint à convaincre les censeurs à laisser la scène en état. La secrétaire qui moleste Skinner s’appelle Holly, une référence à Holly Rice, petite amie de Vince Gilligan. En effet, l'auteur va à partir de cet épisode mentionner sa dulcinée au moins une fois par scénario ! Le choix de Robert Wisden est un choix de dernière minute : l’équipe n’arrivait pas à trouver un acteur suffisamment convaincant pour le rôle, jusqu’à son arrivée providentielle, très peu de temps avant le début du tournage. D'après lui, les barres énergétiques qu'il devait manger étaient immangeables ! Clin d’œil à la 35e minute : le gros plan sur le technicien mort montre qu’il est joué par Doug Hutchinson, interprète d’Eugène Victor Tooms, premier grand méchant de la série (Compressions et Le retour de Tooms de la saison 1) Quand Modell entre dans l’appartement du FBI, on voit Dave Grohl, le batteur du groupe Nirvana (et membre du groupe Foo Fighter), avec sa femme. Le film qu’on voit à la télévision dans l’appartement de Modell est Svengali (1931) d’Archie Mayo, avec John Barrymore. La maison « Loudoun County Courthouse » est en fait le nom de la maison dans laquelle vit actuellement Vince Gilligan. Énorme erreur : sur le building du FBI, on voit marqué l’inscription « United States Bureau of Investigation » au lieu de « Federal Bureau of Investigation » ! Scénario : John Shiban Résumé : Amérique du Sud, une équipe archéologique trouve un objet rituel appartenant à une femme shaman d’une ancienne civilisation. Malgré l’avertissement des autochtones, le chef de l’expédition envoie l’objet au musée de Boston, mais est tué la nuit même par ce qui semble être un énorme jaguar ! D’autres cadavres sauvagement mutilés sont retrouvés. Mulder et Scully enquêtent alors sur le Dr.Billac, membre de l’expédition dont le comportement devient de plus en plus dément... Critique : À partir d’une trame usée jusqu’à la corde (un objet sacré des temps anciens déchaîne une malédiction sur ceux qui l’ont profané en le déterrant), les X-Files parviennent à bâtir un film d’horreur à couper le souffle. Pour cela, l’épisode joue habilement, grâce à une réalisation à la diabolique habileté, de plusieurs frayeurs distinctes, se faisant écho sans que l’intensité de chacune d’elle en pâtisse : la peur du noir (une partie impressionnante de l’épisode est tournée dans l’obscurité sans que la lisibilité en souffre), la claustrophobie avec une succession de couloirs et salles sans fenêtres, des souterrains méphitiques où nos héros semblent enfermés à l’heure du péril, et bien sûr la vision de ces hordes d’animaux déchaînés, rats et chats, admirablement filmées. Cette horreur diffuse de l’épisode s’enflamme d’ailleurs lors de scènes particulièrement fortes comme l’invasion des rats dans les toilettes (bon appétit !) ou l’hallucinante course-poursuite finale. Le spectateur n’est pas épargné mais en redemande ! Il n’y a pas jusqu’à l’habituelle scène croquignolette de l’autopsie qui ne se révèle particulièrement insoutenable… Jusqu’à la chute surprenante, l’histoire nous offre donc un spectacle irrésistible d’intensité, servi de plus par d’excellents comédiens se donnant visiblement à fond. Et puis, une intrigue où apparaissent des chats rendus follement agressifs et d’une force surnaturelle rappellera forcément de bons souvenirs aux amateurs des Avengers ! D’ailleurs étrangement cet épisode n’est généralement guère apprécié, ce qui rappelle également Le monstre des égouts ! Anecdotes : Le titre original signifie « cimetière des petits animaux ». Gillian Anderson étant allergique aux chats, la scène où un chat lui saute dessus est en fait factice : il s’agit d’une marionnette fixée sur un bâton tenu par un des membres de l’équipe. La scène dans le tunnel fut très compliquée car les chats étaient tous trop calmes, et furent donc multipliés artificiellement par ordinateur pour avoir l’air plus menaçant ! Une des victimes s’appelle Mona Wustner, il s’agit du prénom et du nom de la mère de John Shiban. Le scénariste raconte que son père n’apprécia que modérément ce clin d’œil : « Tu tues ta mère ! » La musique qu’écoute le professeur dans l’introduction est la Sonate n° 8 en ut mineur op.13 « Pathétique » de Ludwig van Beethoven, une de ses sonates les plus renommées. Erreur « exotique » : le breuvage bu par Billac est du « yaje » ou « ayahuasca » , mais ce breuvage est consommé par les tribus d’amazonie alors qu’il prétend avoir connu cette boisson sur les lieux du site, c’est-à-dire en Équateur. Dans l’introduction, il neige d’un côté de la scène mais pas de l’autre ! Si l’on en croit Imdb, cet épisode est le moins apprécié de la série, avec une note de 6.0/10. Scénario : Jeffrey Vlaming Résumé : Un immigré chinois est retrouvé carbonisé dans une salle de crémation. Accompagnés de l’inspecteur Chao, Mulder et Scully plongent dans Chinatown et ses coutumes étrangères. Pendant ce temps-là, dans une salle secrète, des chinois jouent à un jeu sordide pour tenter de rapporter deux millions de dollars, mais la mise est très très élevée… Critique : Â de nombreuses reprises, les X-Files se sont éloignés du Fantastique à la mode occidentale pour s’ouvrir à d’autres cultures, africaines, indiennes, latino-américaines (on ne dira jamais assez à quel point la série ne se résume pas à des histoires d’extraterrestres…). Cette diversité nous vaudra la plupart du temps de belles réussites… mais pas ici ! En effet, Vlaming, tout à son envie de monter un épisode exotique, en fait beaucoup trop sur le décorum chinois, ce qui finit par dévorer à belles dents son intrigue. C’est ainsi que tous les sempiternels clichés chinois sont de la partie (la médecine, la gastronomie, le dragon festif, la jade, les fantômes, les feux d’artifices, etc.) tandis que l’intrigue se résume à bien peu de choses : une histoire de greffons humains élucidée très rapidement, avec de surcroît une totale absence de Fantastique (simples évocations de la cosmogonie chinoise, visions dûes à la drogue..). Attendez ? Des greffes, un opéré sauvé in extremis, peu de fantastique ? Voici qui nous rappelle un certain film… Le récit se voit de plus plombé par le jeu peu inspiré de la jeune Lucy Liu en Cosette chinoise. Elle ne semble vraiment pas dans son emploi, tant l’explosive Ling d’Ally McBeal nous ravira par la suite. Tout ceci finit par provoquer un ennui poli chez le spectateur, confronté de plus à une mise en scène plus paresseuse que de coutume, au rythme aussi lent que les méandres du Fleuve Jaune, et à une prose de Scully passablement pesante (Je sais une seule chose. C’est que votre peine de prison ne sera jamais à la hauteur de vos crimes). Surnagent les numéros réussis de B.D. Wong et du vétéran James Hong, quelques bonnes vannes de Mulder (SOS Fantômes) et surtout la fameuse autopsie de Scully (la célèbre série dans la série), très réussie. C’est insuffisant, et cet épisode demeure comme un trou d’air dans une saison 3 particulièrement étincelante par ailleurs. Anecdotes : Quatrième apparition de Doug Abrahams après Nous ne sommes pas seuls, Masculin-féminin (saison 1), et La main de l’enfer (saison 2). Le jeton rouge trouvé chez Hsin veut dire « arbre » et non « forêt » comme il est dit. Scénario : Darin Morgan Ils veulent que l’on se noie dans leurs bobards, ces enfants de purée ! Mulder est très intéressé par tout ce qui est insolite, il ne rejette jamais rien totalement. Mais tu es devenu dingue ? Demandez-lui si le troisième extraterrestre avait un accent russe. Les prétendues autorités compétentes se sont ramenées avec deux Hommes en Noir. L’un d’eux était travesti, déguisé en femme, mais je n’ai pas été dupe une seconde : il s’était mis une perruque rousse, mais elle était vraiment trop rousse. Et l’autre, si vous aviez vu ce genre de grande bringue ! Un regard complètement vide, un visage sans expression. Je me demande si c’était vraiment un humain, ou juste un androïde. Vous ne pouvez pas camoufler la Vérité ! Roswell, Roswell ! Tout en demeurant une femme intelligente, sensible et honnête, Dana Lesky reste avant tout une fonctionnaire, tandis que la démence et la violence latente de son collègue Reynard Muldrake menacent d’exploser à chaque instant. Résumé : L’écrivain José Chung demande à Scully de lui faire le récit d’une enquête paranormale qu'elle a mené avec Mulder pour son prochain roman. L'enquête choisie par Scully concerne un jeune couple prétendant avoir été enlevé par des extraterrestres mais dont chacun a une version différente de l‘histoire. Lorsqu’un dessinateur allumé, un illuminé paranoïaque, deux hommes en noir caricaturaux, un cadavre extra-terrestre bidon, un shérif vulgaire, et le Seigneur du Magma en personne sont entrés dans la danse, la situation a viré au parfait n'importe quoi… Critique : Et voici tout simplement mon épisode préféré ! En effet, Le Seigneur du magma marque l’apogée comme le chant du cygne - du moins jusqu'à la saison 10 - de Darin Morgan, soit l’auteur des X-Files le plus iconoclaste et imaginatif. Son humour ravageur et son audace créatrice lui font imaginer une histoire totalement folle, où s’entremêlent une vérité à tiroirs et les témoignages d’une série de divers cinglés magnifiques des plus réjouissants. L’idée de faire s’entrechoquer la version de Scully avec celles de ces allumés successifs (les véritables héros de cette histoire) permet des contrastes vraiment hilarants, et parfaitement maîtrisés. Cette excellente idée sera réutilisée de nouveau avec succès dans Le shérif a les dents longues, opposant cette fois le fin duo. Mais l’épisode ne se contente pas de cette géniale architecture et pare celle–ci d’un feu d’artifice de scènes totalement hallucinées, comme les Hommes en Noir interprétés par de célèbres animateurs de télé ou les scènes d’hypnose totalement parano. Outre l’absurde brillant et les réparties irrésistibles, on se rend compte que la série n’hésite pas à se moquer de ses propres codes, voire d’une partie non négligeable de son audience : les fanatiques d’OVNI et de conspiration à la paranoïa caricaturée de manière hilarante (l’emblématique Blaine, soit l’un des personnages les plus drôles que l’on ait vu dans une série télé, a d’ailleurs un poster I want to believe dans sa chambre), une superbe audace ! Ce clin d’œil est joliment souligné par l’emploi du thème du générique à l’intérieur de l’épisode (une première), décliné sur un mode subtilement ironique. Cette idée lumineuse de rendre hommage à ses fans tout en se moquant gentiment d'eux sera reprise par la série héritière des X-Files, Supernatural (Ghostfacers, Fan Fiction...). À ce niveau de loufoque, l’autopsie rituelle se devait d’être particulièrement gratinée ! Effectivement, on verse là franchement dans le génial avec un pastiche irrésistible de la fameuse vidéo de Roswell (déjà utilisée dans Nisei) présenté par... Yappi ! L’épisode y va vraiment à fond, c’est jouissif au possible. La mise en scène se met au diapason, avec une inventivité de chaque instant : le gros plan sur un vaisseau à la Star Wars se révélant être un élévateur, les paroles censurées du shérif, les surimpressions de l’hypnose sur le réel, les effets spéciaux volontairement rudimentaires de Lord Kinbote (hommage à Harryhausen), etc… Le rythme ne faiblit jamais. À noter une première scène de lit (non partagé) pour nos héros... Le fin duo lui-même passe à la moulinette ravageuse de Morgan, avec un Mulder paraissant encore fonctionner au LSD et une Scully traversant l’épisode à différents stades de l’effondrement. Les comédiens s’amusent visiblement beaucoup en caricaturant leurs personnages et montrent une vis comica réellement stupéfiante. Si Gillian Anderson rend très explicite les effarements de Scully, la palme revient tout de même d’une tête à Duchovny pour la folie douce qu’il insuffle à son personnage. Il accomplit vraiment une performance époustouflante dans la scène culte de la Tarte aux Légumes (Lynch et Dale Cooper ne sont pas loin), et gagne déjà ses galons de grand acteur comique. Toute la distribution se montre d’ailleurs exceptionnelle, avec une mention spéciale pour le grand comédien de théâtre Charles Nelson Reilly, dont le duo avec Gillian fonctionne incroyablement bien, et qui nous a quitté en 2007. Le Seigneur du magma s’impose comme la réussite la plus éblouissante de la troisième famille de la série : les loners humoristiques, et évite l’écueil du fourre-tout en parvenant à raconter une véritable histoire entre les scènes de pur délire. Une superbe réussite auto-parodique, emblématique de l’incroyable niveau de qualité de cette saison 3 où l’on observe, avec une certaine émotion, les X-Files bâtir leur légende épisode après épisode. José Chung, auteur d’une très belle conclusion sur la solitude, réapparaîtra (hélas pour lui) dans MillenniuM (Jose Chung's Doomsday Defense, nouveau chef-d’œuvre de Morgan), et on reconnaît dans l’hypnotiseur de Mulder un certain futur chirurgien démoniaque... Anecdotes : Aka. Eth Snafu. Eth est une inversion de l'article "The", tandis que Snafu désigne un acronyme courant en anglais : Situation Normal All Fouled Up. Scully est une fan de Jose Chung et de son thriller « le disciple de Caligari ». Le livre qu'elle lit à la fin de l'épisode est en fait une copie du script sur lequel on a rajouté une couverture SF ! Le titre original de l’épisode est bien entendu une référence au célèbre nanar Plan 9 from outer espace d’Ed Wood, un des plus grands maîtres des séries B et Z. Darin Morgan avait d'abord écrit les répliques du shérif Manners en y incluant des jurons (clin d'oeil au réalisateur Kim Manners qui avait l'habitude de jurer quand il n'était pas content). Lorsque la censure s'y opposa, Morgan fit de ce revers une arme avec l'idée des bips, ce qui selon lui a rendu les scènes plus drôles. Il déclara par ailleurs ne pas avoir écrit la scène de la tarte aux légumes avec Twin Peaks en tête. On pouvait s'y tromper car Dale Cooper, un des modèles de Mulder, est renommé pour son obsession pour les tartes. D'ailleurs, David Duchovny a joué un rôle de travesti (!) récurrent dans cette série. Charles Nelson Reilly fut le choix naturel de Darin Morgan. Ce devait être Johnny Cash, le fameux chanteur surnommé « l’homme en noir » qui devait jouer, humoristiquement, l’homme en noir finalement interprété par Alex Trebek. Jesse Ventura, l'autre homme en noir, confessa n'avoir rien pigé à ses répliques totalement absurdes ! Tony Morelli, le coordinateur des cascades, est celui qui endosse le costume du Seigneur du Magma. Pendant qu’il dîne avec Mulder dans le restaurant, le lieutenant Schaefer fait une montagne avec sa purée, clin d’œil à Rencontres du troisième type de Spielberg. Dans le même genre, les premières images de l’intro sont un clair hommage à l’ouverture de Star Wars. Mulder, à la fin de l’épisode, regarde le film Bigfoot (1967) qui provoqua une controverse dans les milieux scientifiques, car « démontrant » l’existence du sasquatch, une créature légendaire qui vivrait au Canada. Ce semi-documentaire fut soupçonné d’être truqué ce que les auteurs ont toujours nié. A la fin de l’épisode, Roky déménage à El Cajon, en Californie. C’est la ville où Glen et Darin Morgan sont nés. Épisode Semi-Mythologique Scénario : Howard Gordon, d’après une histoire d’Howard Gordon & David Duchovny Résumé : Skinner, déprimé par son prochain divorce d’avec sa femme, se saoule et couche avec Carina, une ravissante belle femme. Mais Skinner, au cours de cette même nuit, fait un horrible cauchemar où une vieille femme l’agresse. Quand il se réveille, Carina est morte, la nuque brisée. Mulder émet l'hypothèse que Carina était un succube, un démon visiteur séduisant des hommes. Scully repère une substance inidentifiable sur le cadavre de Carina, et Mulder s’aperçoit que Skinner est la cible d’une vaste conspiration... Critique : Cet épisode particulièrement dense entremêle habilement trois thèmes majeurs : la dimension fantastique des apparitions de la Succube, un détour par la Mythologie, et une très belle étude du caractère de Skinner. Chacun d’eux s’avère particulièrement réussi. Les scènes d’apparition de l’esprit s’imposent avec un étonnant impact, compte tenu du peu de moyens mis en œuvre ; d’ailleurs leur esthétisme évoque parfois clairement David Lynch ! Les scènes de la Conspiration développent parfaitement l’ambiance méphitique et glaciale qu’on leur connaît, et se voient de plus couronnées par une spectaculaire apparition du Fumeur, vraiment bien amenée. Une image vaut souvent mieux qu’un long discours ! Le cœur de l’épisode réside bien à ce moment dans ce portrait approfondi de Walter Skinner, dont l’importance et la profondeur n’ont cessé de croître depuis ses premières apparitions en temps que féal de CSM. L’immense talent de Mitch Pileggi (quelle présence, vraiment) et les diverses péripéties que traverse le personnage donnent encore plus de densité à ce désormais héros à part entière de la série. Un superbe exercice de style, d’autant que l’auteur a la grande habileté de lui conserver une part de mystère. L’épisode parvient à jouer de ces diverses partitions sans qu’elles se télescopent l’une l’autre pour former un tout harmonieux porté par la musique de Mark Snow. Vraiment une authentique réussite ! L’épisode s’offre de plus le luxe d’évoquer avec ironie les scandales sexuels défrayant la chronique de l’époque (affaire Heidi Fleiss). On s’amuse de la réaction épidermique de Scully face à ces turpitudes, tandis que Mulder touche par sa loyauté… et sa soif de découverte ! Ultime bonne surprise de cette Visite réussie, une des plus belles guest stars de la série, avec la magnifique et si douée Amanda Tapping, que Pileggi retrouvera dans Stargate SG1/Stargate Atlantis une fois qu’elle sera devenue le major Carter ! Jennifer Hetrick (Vash dans Star Trek Next Gen et Deep Space Nine) est également très convaincante. Nouvelle apparition de l’Agent Pendrell toujours épatant, et dont on ne connaît toujours pas le prénom ! Anecdotes :
La visite est le premier épisode de X-Files à contenir une scène sexuelle (ici entre Skinner et Carina). Ce genre de scènes demeurera très exceptionnel dans la série. Lorsque Skinner tente de rattraper le bus, une petite fille regarde par la fenêtre. La rumeur dit qu’il s’agit de Piper Maru Anderson, la fille de Gillian. I wasn’t a choir boy ; I inhaled déclare Skinner en parlant de son passé au Viet-Nam, faisant une référence (inversée) à une réplique de Bill Clinton quand on lui demandait s’il avait essayé la marijuana au collège, ce qu’il avait nié. Lorsque Mulder et Scully examinent le corps de Carina, Amanda Tapping ne peut s’empêcher de bouger les yeux. Scénario : Kim Newton Résumé : Géorgie. Un gardien de parc est aspiré vers le lac par une "créature" inconnue. Mulder et Scully enquêtent car les disparitions s’accumulent de plus en plus autour de ce lieu. Et quand le lac recrache ses cadavres, ils sont affreusement mutilés, semblant avoir été « dévorés ». Pour Mulder, le coupable est « Big Blue », Monstre du Loch Ness local qui alimente les ragots du village. Scully penche pour une explication plus rationnelle… Critique : Le mythe de Nessie occupe une place importante dans l’univers des séries télé, et les X-Files, dans leur patiente édification d’une anthologie globale du Fantastique, ne pouvaient certes y demeurer indifférents. Mais la série va avec talent traiter le sujet à sa manière, avec beaucoup d’humour, et en le reliant à une thématique contemporaine lui tenant à cœur : l’écologie. C’est en effet la raréfaction de la nourriture liée à la pollution qui entraîne le Nessie local, Big Blue (et son voisin le crocodile) à s’aventurer près des rivages - un point très Godzilla par ailleurs. Cela nous vaut une séquence d’ouverture absolument prophétique où l’on reconnaît la querelle actuelle opposant la majorité des scientifiques liant activité humaine et réchauffement climatique à une poignée d’autres plus dubitatifs (et appréciés de l’industrie). On remarque également un défilé d’hurluberlus, qui ne reste pas sans évoquer sur un mode mineur (de la caricature du fan de Nessie au drogué à la bave de crapaud, déjà vu dans la Guerre des coprophages) Le Seigneur du magma. Par ailleurs, sans que cela nuise un seul instant à la fluidité du récit, l’épisode délivre un dossier très complet sur Nessie, des différentes thèses envisagées jusqu’au mercantilisme effréné qu’il provoque chez les commerçants locaux, en passant par la fascination que suscite cette énigme. Comme le ressent Mulder, Nessie représente une occasion unique de matérialiser le merveilleux dans le monde réel, d’où sa magie unique. Outre un beau suspense et un rythme haletant, l’épisode offre également des passages très amusants où les scènes gores typiques des productions similaires apparaissent toujours réalisées sur un ton subtilement ironique, proches du pastiche (le titre français paraît pour une fois bien trouvé !). On admire de plus de magnifiques panoramas sur les forêts, lacs et montagnes canadiennes, toutes choses qui se perdront hélas par la suite… Enfin, cet épisode éminemment abouti met particulièrement en avant Mulder et Scully (celle-ci d’ailleurs accompagnée, plus pour longtemps, de Queequeg, troisième monstre de l’histoire). Mulder se montre excité en diable par cette occasion de toucher le Fantastique du bout des doigts, tandis Scully parait clairement agacée par tout ce qu’elle voit (très joli numéro de Gillian Anderson, très amusante), ce qui nous vaut quelques échanges de vannes assez délectables. On remarquera que la (pas si) tragique disparition de Queequeg ne verra pas Scully être particulièrement réconfortée par Mulder, tout à son enquête… Se détache la scène nocturne de l’îlot, à laquelle Darin Morgan aurait contribué, où c’est cette fois un dialogue face-à-face très dense qui s’instaure entre Scully et Mulder /Achab, dont on peut dire qu’il se poursuit encore dans I Want To Believe, entre le Croisé et celle pour qui il existe une vie à côté de la Vérité. Et, parce que nous sommes dans les X-Files, l’histoire se conclut sur un coup de théâtre final fort bien amené ! Au total, un chef-d’œuvre de plus pour cette saison 3, où une série en pleine possession de ses moyens continue à s’édifier sous nos yeux admiratifs. So long, Queequeg ! Anecdotes : Quagmire signifie marécage en anglais, et par extension une situation difficile ou irritante. Scully sait conduire un bateau. Toujours aussi fan de Moby Dick, elle nous rappelle que Queequeg est le nom d’un des harponneurs du roman, qu’elle surnommait son père « Achab » et que ce dernier l’appelait « Starbuck » . Clin d’œil : Queequeg finit dévoré par le monstre alors que dans le roman, Queequeg est cannibale ! Dans Moby Dick, la citation que Mulder préfère est l’enfer est une idée née après une indigestion de pommes au four ! Le duo de jeunes joués par Tyler Labine et Nicole Parker avait déjà été vu dans La guerre des coprophages. Ces deux-là ne sont jamais là où ils devraient être décidément. On remarque qu’ils sont toujours aussi shootés ! Mulder dit que la bête s’est rapprochée de plus en plus du rivage au fur et à mesure qu’elle ne trouvait plus sa nourriture. Mais il oublie l’affaire de la vache d’Ansel qui fut capturée par le monstre alors qu’il n’était qu’enfant. Épisode Semi-Mythologique Scénario : Mat Beck Résumé : Un homme est en train d’enterrer le cadavre d’un homme qu’il vient de tuer, mais le cadavre semble revenir à la vie ! Épouvanté, il le maîtrise et le cache dans sa voiture : mais lorsque la police l’interpelle, il découvre avec stupeur qu’il n’a pas tué un « assassin » comme il le pensait mais sa propre femme ! D'autres meurtres du même genre se répètent. Tous ont un point commun : les assassins regardaient des reportages à la télévision avant d’halluciner et de passer à l’acte. Avec l’aide des Bandits Solitaires, Mulder met au jour une conspiration générale auquel le Fumeur ne semble pas étranger. Mais Scully, après avoir regardé la télévision, sombre dans une spirale de démence… Critique : Cet épisode laisse des impressions mitigées. C’est ainsi que l’on se rend très rapidement compte que, pour l’essentiel, le sujet a déjà été traité dans Mauvais sang (saison 2), la télévision remplaçant le portable. Mais l’épisode dépasse la simple question des images subliminales (l’auteur est l’un des principaux responsables des effets spéciaux de la série) pour élaborer une très fine parabole sur les dangers suscités par la télévision et la violence qu’elle charrie. La lucarne magique apparaît certes fautive, mais ses victimes sont elles-mêmes des consommateurs pathologiques en faisant un usage immodéré… Sachons sauvegarder notre esprit critique et une relative distance ont l'air de nous conseiller les X-Files. D’autre part, l’intrigue semble jouer un jeu toujours dangereux : vouloir mêler trop de thèmes dans une seule histoire. Alors que Mauvais sang développait son propos sans se disperser, distillant ainsi une atmosphère d’une rare densité, Hallucinations bascule à mi-parcours en passant des télévisions au délire de Scully et à sa poursuite par Mulder, puis à une fenêtre entr'ouverte sur la Mythologie. Psychose paranoïaque et haute technologie, il est fort logique que Hallucinations recourt aux Bandits Solitaires, soit toujours une solide valeur ajoutée pour un épisode ! Remarquons également que Scully tire une nouvelle fois sur Mulder ! On apprend également que Mulder est daltonien. Pour l’anecdote, Skinner déclare que Scully a tiré quatre fois, alors qu’elle l’a fait à six reprises.. On remarque enfin la présence de Colin Cunningham (Stargate, Le Collecteur…). Anecdotes : On apprend que Mulder est daltonien. Ce qui cause d’ailleurs un sérieux problème : s’il l’est réellement, comment a-t-il pu intégrer le FBI qui n’accepte pas le daltonisme chez ses membres ? Sinon, il aime boire du coca-cola. Pire peur de Scully : que Mulder la trahisse. Les shippers en déduiront ce qu’ils voudront… Une des victimes s’appelle John Gilnitz. Ce nom réapparaîtra dans quelques épisodes de X-Files. Il s’agit d’un mot-valise regroupant trois des scénaristes de la série : John Shiban, Vince Gilligan, Frank Spotnitz. 517 du jour : Mulder arrive au repaire des méchants à 5h17. C’est le coproducteur Paul Rabwin qui prête sa voix à la narration des documentaires. Le film que regardent les deux garçons avant d’être surpris par les deux agents du FBI est Piège de Cristal (1988), avec Bruce Willis. Dans la scène où Scully cherche des cassettes dans le coffre, elle a tantôt la main gauche recouverte d’un gant, tantôt non. Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter, d'après une histoire de David Duchovny & Chris Carter Résumé : Désespéré par son licenciement, un homme prend en otage tout un magasin de fast-food et tire sur trois personnes avant d’être abattu par la police. C’est alors qu’un homme étrange guérit miraculeusement les quatre victimes de leurs blessures mortelles avant de disparaître ! Lorsque Mulder et Scully retrouvent Jeremiah Smith, le « saint homme », il déclare ne se souvenir de rien avant de disparaître à nouveau. Exactement au même instant, des hommes de main kidnappent… Jeremiah Smith ! Parallèlement, Teena Mulder reçoit la visite impromptue de L’Homme à la Cigarette sans savoir qu’ils sont épiés. Peu après, Teena est victime d’une attaque cardiaque… Critique : Et voici venue l’heure du désormais traditionnel double épisode mythologique de fin de saison, avec à la clef son toujours tétanisant cliffhanger. Malheureusement, si le plaisir demeure toujours des plus vifs, le spectacle n’apparaît pas aussi parfaitement abouti que lors de l’incroyable arc Anasazi/The Blessing Way/Paper Clip. En effet, le Duo Carter/Duchovny parvient certes à susciter les scènes chocs que l’on attend à cette occasion, dont un face-à-face pour le moins nerveux - quelle surprise - entre le Fumeur et Mulder, ou les apparitions du Bounty Hunter plus Terminator que jamais. Toutefois, le liant entre ces moments forts semble bien conventionnel et prévisible, se déroulant de surcroît à un rythme beaucoup moins frénétique que précédemment. Le tout donne une impression de relative artificialité, dépourvue de l’intense excitation connue naguère. Nous découvrons certes les développements de la mythologie requis, mais comme s’il s’agissait d’une partition appliquée. Et puis que le Fumeur ait eu une liaison avec la mère de Mulder me semble constituer un des premiers excès d’une Mythologie fonctionnant jusqu’ici à la perfection. Cela demeure un effet assez facile et bien excessif, sans parler de ce qui en découlera... Et puis une fin de saison sans les Bandits Solitaires… À noter toutefois une scène de rupture très intense entre X et Mulder, où les masques tombent dans la meilleure tradition de la tragédie. Le toujours excellent Williams a cependant perdu sa barbe diabolique au profit de simples moustaches (sans doute du fait du rôle débuté parallèlement dans une autre série), et son impact s’en voit diminué. À quoi tiennent les choses ! Bien entendu, on aura compris que toutes ces réserves ne revêtent pas la moindre importance. Parce que Anagramme reste avant toute chose l’épisode voyant l’apparition de Roy Thinnes dans les X-Files ! Outre l’excellent clin d’œil le faisant interpréter un Alien colonisateur (mais n’y croyant plus), revoir ce grand acteur nous ayant apporté de si grands moments reste bien entendu un immense plaisir et une authentique émotion. D’autant qu’il s’impose toujours avec une rare présence, avec notamment une confrontation éblouissante avec le toujours excellent Davis (et quelle joie de revoir Deep Throat !). Carter souligne ainsi fort élégamment la dette dûe par les X-Files aux Envahisseurs, pour le thème de l’invasion extraterrestre souterraine, conjointement à Night Stalker pour les enquêtes paranormales (McGavin aura également droit à son apparition)... et aux Avengers pour la relation si subtile entre Mulder et Scully (pas de Macnee dans les X-Files, malheureusement !). Le reste de la distribution demeure à un très haut niveau avec en premier lieu un grand Duchovny donnant beaucoup d’expressivité aux tourments vécus par son personnage. Et c’est sur cette formidable rencontre que s’achève dignement cette brillante et incroyablement relevée troisième saison, qui aura vu les X-Files s’élever définitivement au-dessus du statut d’excellente production pour devenir un monument véritablement unique dans les annales des séries télévisées ! C’est bien logiquement qu’elle acquiert un public toujours plus vaste et un flot de récompenses. Bientôt la saison 4. Mulder saura-t-il convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé ? (Pas pu m’en empêcher...) Anecdotes :
1) Le Seigneur du magma Crédits photo : FPE. Images capturées par Estuaire44. |
Saison 2 1. Les petits hommes verts (Little Green Men) 5/6. Duane Barry (Duane Barry/Ascension) 9. Intraterrestres (Firewalker) 10. Le musée rouge (Red Museum) 14. La main de l'enfer (Die Hand Die Verletzt) 15. Mystère vaudou (Fresh Bones) 16/17. La colonie (Colony/End Game) 18. Parole de singe (Fearful Symmetry) 19. Le vaisseau fantôme (Død Kalm) 20. Faux frères siamois (Humbug) 21. Les Calusari (The Calusari) 22. Contamination (F. Emasculata) 23. Ombre mortelle (Soft Light) 24. Une petite ville tranquille (Our Town) Épisode Mythologique Scénario : Glen Morgan & James Wong Résumé : Plusieurs semaines ont passé depuis la fermeture du Bureau des Affaires Non Classées. Mulder est muté aux écoutes téléphoniques, et Scully enseigne la médecine à Quantico. Ils ne se voient que rarement et en cachette car ont conscience qu'ils sont surveillés. Par le sénateur Matheson, un de ses rares alliés politiques, Mulder apprend qu’un signal extraterrestre vient d’être enregistré dans l’observatoire abandonné d’Arecibo à Porto Rico. Il s’y rend en secret mais sait qu’il ne dispose que de peu de temps avant que ses ennemis ne retrouvent sa trace. Critique : La saison 2 démarre avec un épisode mythologique très réussi, mettant parfaitement en scène le décor de la période à venir. C’est ainsi que le Fumeur se dévoile un peu plus et connaît une confrontation directe avec Mulder, tandis que Skinner commence à se rebeller. Si l’histoire paraît assez prévisible, elle distille une paranoïa très efficace et comporte de solides moments de bravoure, tels l’enlèvement de Samantha enfin dévoilé ou l’haletante poursuite finale. Mais plus que les petits hommes verts (lire ou relire Martiens, go home, de Fredric Brown !), l’épisode touche principalement par la relation unissant Mulder et Scully, très émouvante. Mulder parle très martialement à Scully au début de l’épisode (scène du parking) avant de reconnaître dans la scène finale toute l’importance qu’elle représente pour lui. Duchovny et Gillian Anderson (à qui les lunettes vont à ravir) sont absolument formidables. Le sénateur Richard Matheson (hommage au grand auteur !), superbement incarné par le grand comédien de théâtre Raymond J. Barry, reviendra dans deux autres épisodes : Meurtres d’utilité publique (saison 3) et Compte à rebours (saison 6). Le rôle avait d’abord été proposé à Darren McGavin qui incarnait Kolchak, The Nightstalker, ayant inspiré Mulder à Chris Carter. Il interprètera finalement l’agent retraité Arthur Dales dans Compagnons de route (saison 5), et Agua Mala (saison 6). Anecdotes :
Scénario : Chris Carter Résumé : Mulder est envoyé enquêter sur un cadavre retrouvé dans les égoûts. L’affaire semblant banale, il est persuadé que sa hiérarchie a fait exprès de lui confier cette affaire inintéressante. Mais l’agresseur invisible frappe de nouveau et se révèle être un monstre répugnant qui n’a rien de terrestre. Mulder réussira-t-il à l’attraper ? Et qui l’a mis sur cette affaire ? Qui souhaite autant que lui et Scully la réouverture des X-Files ?… Critique : Pour ce premier loner de la saison, Chris Carter prend la plume et nous régale d’un excellent gore des familles, comme on l’aime. De nombreuses scènes tâchent bien : l’autopsie par Scully (ah, ces autopsies…) d’un corps putréfié et envahi par la vermine, les égouts, la douche sanglante, la morsure, les bestioles, etc. Le monstre lui-même apparaît comme une merveille d’abomination ! Le Flukeman mérite sa place au premier rang de l’incroyable panthéon des horreurs de la série. L’épisode comporte aussi pas mal d’humour, avec notamment d’excellentes vannes de Mulder. L’intrigue constitue une merveille d’efficacité et la réalisation demeure haletante jusqu’au bout. Le fabuleux décor des collecteurs est somptueusement utilisé et évoque nombre de ces légendes urbaines que la série aime tant mettre en scène. L’hôte marque aussi les grands débuts de M. X, le nouvel informateur, encore invisible, de Mulder. Le personnage sera plus ambigu et cynique que Gorge Profonde, et sa relation avec Mulder restera surtout une association d’intérêts. Il devra beaucoup à l’étonnant charisme de Steven Williams. Le Flukeman est incarné par Darin Morgan, frère de Glen, co-producteur et grand scénariste de la série. Darin deviendra lui aussi un scénariste parmi les plus brillants de la série (La guerre des coprophages, Le Seigneur du magma…), et un des maîtres d’œuvre de MillenniuM, puis de l’excellente reprise de Nightstalker. Les temps changent, Darin a récemment travaillé sur Bionic Woman… Anecdotes :
Scénario : Glen Morgan & James Wong, d’après une histoire de Darin Morgan. Résumé : A Franklin, plusieurs personnes sans histoire se mettent à tuer les premières personnes autour d’eux. Mulder et Scully enquêtent et s’aperçoivent que des « messages » sont apparus aux différents tueurs, leur ordonnant de passer à l’acte. Comment et par qui sont envoyés ses ordres mortels ? Critique : Cet épisode très riche et imaginatif (dans la famille Morgan, je demande Glen) pousse la paranoïa ambiante de la série jusqu’à ses ultimes retranchements. L’histoire mêle habilement plusieurs grandes peurs contemporaines : pollution chimique, manipulations agricoles, messages subliminaux, massacre dans une école… Le procédé des messages sur écrans apparaît diablement efficace et produit toujours son effet jusqu’à l’ultime apparition, laissant pantois Mulder comme le spectateur. On retrouve un thème récurrent des loners : le pauvre bougre dépassé par les événements ou par ses pouvoirs et s’acheminant inévitablement vers le drame, même s’il résiste héroïquement comme ici. Bizarrement les abeilles irradiées (et non pas génétiquement modifiées) font comme un clin d’œil à la mythologie ! Heureusement, les Lone Gunmen refont surface, ce qui nous vaut comme toujours une scène très amusante. Frohike en pince décidemment pour Scully ! L’épisode comporte d’excellents comédiens dans les rôles secondaires, mais reste dominé par l’effarante prestation de William Anderson. Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Howard Gordon Résumé : Un homme appelle les pompiers car il y a le feu chez lui. Lorsque les pompiers arrivent, il n’y a aucune trace d’incendie, mais l’homme est mort : ses organes ont brûlé ! D’autres morts tout aussi étranges surviennent. Mulder, secondé par Alex Krycek, remplaçant de Scully, enquête et constate que toutes les victimes n’avaient plus dormi depuis 24 ans et qu‘une d’entre elles était un médecin spécialisé dans les maladies du sommeil… Critique : Épisode mixte loner/mythologie, Insomnies montre un double visage. La partie indépendante ne convainc guère car trop linéaire et appuyée. Le Viêt-Nam est un poncif auquel toute série américaine doit succomber, les X-Files ne feront pas ici exception. De plus, hormis l’impressionnante scène d’ouverture, les autres suggestions de Cole ne sont guère ébouriffantes. Le talent de Tony-Candyman-Todd répond, lui, au rendez-vous ; il constitue l’attrait majeur de cette partie. La partie mythologie s’avère plus stimulante. Mr X se dévoile physiquement (impressionnant Williams) et, surtout, voici qu’apparaît le séduisant, le diabolique, le maudit Alex Krycek. Déjà porté par un talentueux Nicholas Lea (Kyle XY), il va devenir « l’autre » méchant récurrent d’une série lui devant nombre de scènes formidables. Mais tout cela est à venir. Pour l’instant, on s’amuse simplement à le voir jouer le jeune premier de la classe, propre sur lui. Il pousse le vice jusqu’à paraître choqué devant un cadavre, alors que c’est un tueur fini ! Le gaillard a du talent. Gillan Anderson, proche de l’accouchement, se met en retrait tandis que la caméra évite de s’attarder sur son ventre. La menace du Fumeur annonce son retrait provisoire. On retrouve le policier Horton de Masculin/Féminin, tandis que Jon Gries, le Broots du Caméléon, fait une apparition remarquée. Tiens, l‘armée américaine a mis au point une pilule anti-sommeil… Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter (1re partie) et Paul Brown (2e partie) Résumé : Duane Barry, un ancien membre du FBI interné dans un asile psychiatrique, est convaincu avoir été enlevé par des extraterrestres plusieurs années auparavant. Convaincu que cela va se reproduire dans peu de temps, il perd son sang-froid et s’évade, puis prend en otage quatre personnes. Mulder est envoyé négocier la libération des otages. Au cours de leur confrontation, Mulder est convaincu qu’il dit la vérité mais Scully, après avoir consulté le dossier médical de Barry arrive à une autre conclusion. Qui a raison ? La situation se complique lorsque Scully est kidnappée... Critique : Ce double épisode exceptionnel débute par une (pas si) classique prise d’otages, filmée avec une vraie incandescence et ponctuée de moments forts comme les terrifiantes visions de Duane, ou quand l’Agent Hazdin (très solide CCH Pounder) traite Krychek en garçon de courses ! La relation entre Mulder et Duane est intensément rendue, d’autant que les comédiens réalisent un grand numéro. La scène de la lecture laser est un petit bijou d’intrusion de l’étrange dans la vie quotidienne. Et on est désormais certain que X n’est pas Gorge Profonde… Mais c’est dans la deuxième partie que l’ensemble prend véritablement son envol. La balade hallucinée de Duane (musique géniale), la reconstitution en pensée de la terrible scène d’enlèvement par Mulder, la scène très 007 du téléphérique (Moonraker), le dialogue entre Mulder et Skinner menant à la réouverture tant attendue des Affaires Non Classées représentent autant de grands moments de télévision, qui distinguent définitivement X-Files du commun des séries (voire des seulement excellentes !). On est saisi par cette fascination mêlée d’effroi exprimée par la mélopée enregistrée de Duane, accompagnant un Mulder qui fixe silencieusement le muet mystère des étoiles. Ce plan final est un chef-d’œuvre, précédé par la particulièrement émouvante scène de la croix. L’intensité ne faiblit pas un seul instant durant tout cet épisode magnifiquement écrit et mis en scène, servi par des comédiens en état de grâce tel Steven Railsback qui fait de Duane un des personnages les plus marquants de toute la série. Quelle émotion devant une telle réussite ! Duane Berry, c’est aussi le départ momentané de Gillian pour cause d’accouchement ! Anecdotes :
Résumé : Alors que Scully est portée disparue et que Krycek a pris la fuite, Mulder tente de résoudre seul une affaire de vampires qui veulent obtenir la vie éternelle en commettant des meurtres sanglants. Mais Mulder est dangereusement attiré par une femme faisant partie de la bande… Critique : Oh, le mauvais épisode ! C’est simple, rien ne fonctionne ! Les vampires sont vulgaires et grotesques, la mise en scène accumule les effets trop appuyés, les dialogues demeurent jusqu’au bout pesants comme des enclumes et inutilement emphatiques. On pourrait vraiment croire que Chris Carter a tout manigancé pour bien faire percevoir l’importance de Scully, tant Mulder fonctionne à vide sans elle. On se distrait comme on peut en constatant à quel point les vampires ressemblent à Kurt Cobain. Quelques jolies scènes surnagent : la réouverture des Affaires Non Classées, avec les fameux tiroirs, la croix de Scully, toujours émouvante, le face-à-face inégal entre Mulder et le shérif local, mais elles ne suffisent pas à sauver les vampires et la vamp du pire. Étonnant tout de même de voir à quel point X-Files, qui a si souvent adapté avec succès les classiques de l’épouvante (golem, gargouilles…), échoue à ce point lors de son rendez-vous avec le mythe central du Vampire ! Vivement le retour de Scully et surtout le shérif aux dents longues ! En 1994, la Californie brûlait déjà… Anecdotes :
Épisode Mythologique Scénario : Glen Morgan & James Wong Résumé : Scully réapparaît miraculeusement dans un hôpital, dans le coma et aux portes de la mort. Mulder, furieux et angoissé, tente de savoir qui est responsable de son enlèvement. Il fait la connaissance de Mélissa, sœur de Dana. Mais Scully s’éloigne de plus en plus de la rive de la Vie pendant que Mulder essaye de la venger. Critique : Un épisode de mythologie particulièrement dense, où chaque personnage se révèle à nu. Mulder et le Fumeur se montrent finalement très semblables dans le néant de leur vie (films pornos contre soirées bières et cigarettes). Leur confrontation tendue marque un vrai moment d’anthologie de la série. Mr X confirme être un manipulateur ambitieux et sans scrupules (scènes très fortes) tandis que Skinner choisit définitivement son camp et revêt toute sa dimension lors de son émouvante confession. Scully se dévoile également, notamment dans l’une des séquences d’ouverture les plus réussies de la série. Les images du rêve auraient pu paraître ridicules, mais grâce au talent de la mise en scène et de Gillian Anderson, c’est tout le contraire qui s’accomplit. L’épisode nous vaut aussi la rencontre avec un nouveau personnage, Mélissa, l’éthérée et assez irrésistible sœur de Scully. Mélissa est promise à un tragique destin du fait de Krycek, dont on peut penser qu’il est le rendez-vous manqué de Mulder grâce à cette même Mélissa. Les caprices du destin… La gravité de la situation déteint sur les Bandits Solitaires, plus graves que de coutume (encore que Frohike en nœud pap vaut le coup d’œil). Leur fascination naïve devant Internet et l’ADN nous rappelle que l’épisode date bien des années 90 ! Un épisode visuellement magnifique où la couleur des paysages oniriques contraste avec l’obscurité et les espaces clos de la réalité, le tout porté par la magnifique musique de Snow. Le thème toujours efficace du coma sera de nouveau employé dans Audrey Pauley, un des meilleurs épisodes de la saison 9. Anecdotes :
Scénario : Howard Gordon Résumé : Un comité de surveillance scientifique reçoit un signal de détresse d’une équipe de recherche volcanique : un cadavre et une « chose » non identifiable ont frappé l'équipe. Mulder et Scully rejoignent l’équipe, figée dans la paranoïa et la terreur depuis que leur chef Trepkos, leur a faussé compagnie après s’être transformé en tueur. Critique : Reprise de service agitée pour Scully, dans une mission crapahutage-huis clos dans la droite lignée de Quand vient la nuit ou surtout Projet Arctique dont l’épisode constitue un authentique remake. La recette est désormais connue et, même si l’ensemble continue à fonctionner efficacement, la réussite paraît moindre. On aurait pu espérer plus de peps et d’originalité pour le retour de Scully. Certains effets gores restent réussis mais ne rendent pas l’ensemble vraiment exaltant. Les amateurs de l’excellente The West Wing reconnaîtront Josh, ceux de Saw, Amanda. Bradley Whitford et Shawnee Smith ne semblent pas à leur meilleur niveau, comme d’ailleurs le reste de la distribution. Anecdotes :
![]() Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter Résumé : A Delta Glen, de jeunes adolescents disparaissent la nuit et reviennent au matin en violent état de choc, portant une inscription tracée au sang : « C’en est un(e) ». Mulder et Scully soupçonnent une secte prônant l’interdiction de la viande d’être mêlée à cette affaire, mais devront faire face à une vérité plus complexe, tout à fait inattendue... Critique : Une de ses balades dans l’Amérique profonde dont la série a le secret, se révélant ici particulièrement réussie. L’intrigue, aussi riche que fluide et cohérente, entremêle adroitement différents fléaux contemporains : bœuf aux hormones, sectes intrusives dans la vie privée, manipulations médicales… Le tout est filmé avec une rare densité, avec un détour surprenant et bienvenu dans la Mythologie (So long, Deep Throat !). Comme toujours, les X-Files prennent une position progressiste, pour la tolérance et... le bio ! Notons que la garde-robe de Scully se révèle, ici, très classieuse tandis qu’elle arbore une des plus belles coiffures de la série. Une Scully grand crû donc (superbe numéro de Gillian Anderson lors de la reconnaissance de l’assassin), d’autant que la scène de restaurant, très détendue, avec Mulder reste particulièrement amusante. Les amateurs de l’excellent Profiler auront reconnu Mark Rolston, qui interpréta longtemps le terrible Jack. Anecdotes :
11. EXCELSIS DEI Scénario : Paul Brown Résumé : Dans un hospice pour personnes âgées, une infirmière ambiguë prétend avoir été violée par un agresseur invisible… qui serait un de ses vieux et frêles patients ! Notre duo constate que certains vieillards semblent en pleine forme, et guérissent inexplicablement de la maladie d’Alzheimer. De plus, certains patients avertissent nos héros que des « esprits » hantent les lieux… Critique : L’épisode emploie une formule bien éprouvée, maintes fois vue ailleurs, même si la mise en scène demeure correcte. Le décor de l’institution paraît idéalement sinistre, tandis que l’interprétation ressort convaincante, avec plusieurs acteurs vétérans des séries télé. On remarque une inversion originale lors de la fameuse scène d’exposition, toujours cruciale : Scully (qui a repéré les cassettes n’appartenant pas à Mulder…) présente cette fois l’affaire. Comme toujours, c’est moins délirant, et comme toujours, Mulder renâcle. Malheureusement l’intrigue, par trop prévisible, ne décolle jamais vraiment. Même si les dialogues Mulder-Scully restent divertissants, l’épisode semble relativement anodin. Détail amusant, l’infirmière est interprétée par Teryl Rothery, qui montera bientôt en grade en étant le Dr Frasier de Stargate ! Anecdotes :
Scénario : Sara B. Cooper (créditée comme "Sara B. Charno") Résumé : Grâce à une vision, L’inspecteur Morrow retrouve un os humain enterré d’un agent du FBI qui avait disparu alors qu’il enquêtait sur des viols et des meurtres gores commis sur de jeunes femmes en 1940. Le tueur, Harry Cokely, a aujourd’hui purgé sa peine. Mais des meurtres similaires recommencent. Mulder et Scully constatent le comportement de plus en plus angoissé de la jeune détective, elle-même agressée par le tueur… un jeune homme qui serait en fait Cokely tel qu’il était en 1940 !... Critique : Un de ces épisodes faisant que X-Files ne se regarde pas seulement comme une excellente série de SF, mais bien comme un monument de la télévision. L’histoire, originale et implacablement funèbre, sait nous dévoiler progressivement l’Horreur, ressentie avec un rare impact. La mise en scène et la musique de Snow paraissent incroyablement oppressantes. L’interprétation, souvent d’un haut niveau, atteint ici des sommets. Règle de base : tout épisode avec Terry O’Quinn, quelque soit la série, sera génial. BJ, dont les tourments rendent cette histoire réellement troublante, est magnifiée par une Deborah Strang inouïe. Un des personnages secondaires les plus inoubliables de la série. Certaines scènes se révèlent particulièrement éprouvantes, attouchant au film d’épouvante. Scully réalise un numéro percutant, Bones n’a rien inventé ! Mulder demeure supérieurement pénétrant, comme on l’aime. On sort aussi ravi qu’éprouvé de cet épisode où l’on aura touché les Ténèbres du bout des doigts. Un des sommets de la saison 2 (le suivant fera aussi très fort dans le genre). Décidemment les champs inspirent la série, on s’en rendra de nouveau compte dans le fabuleux Le pré où je suis mort (saison 4). Anecdotes :
Donald Pfaster profane des tombes renfermant des jeunes femmes pour voler des morceaux de leurs corps. Mais bientôt, cela ne lui suffit plus, et il commence à tuer dans le même but. Scully est violemment secouée par l’atmosphère macabre de l’affaire et commence à perdre pied... Critique : Après un Aubrey particulièrement sombre, la saison 2 continue à explorer les tréfonds de l’âme humaine, avec une idée aussi forte qu’audacieuse : l’abandon du Fantastique. Pas d’Extraterrestres ou de pouvoirs paranormaux dans cet épisode, mais un serial killer d’autant plus inquiétant qu’il n’est qu’humain. Sans recourir à des effets faciles, Nick Chinlund, parfait, suinte la perversion et le dérèglement mental comme rarement on les aura vus à la télévision. Le parcours de Mulder amuse, évoluant graduellement d’une négligence à peine dissimulée (comme toujours quand il n’est pas intéressé) jusqu’à la frénésie après l’enlèvement de Scully lui rappelant de biens mauvais souvenirs encore récents. Mais les scènes les plus fortes sont au crédit de Scully (et de son interprète), dont le désarroi puis la frayeur saisissent littéralement le spectateur à la gorge. Gillian Anderson montre une fois de plus toute l’étendue de son talent dans le domaine de l’émotion, notamment dans le passage où l’on voit Scully sangloter dans les bras de Mulder. L’épisode reste aussi comme un moment fort de la relation entre les deux héros! On a la surprise de reconnaître Christine Willes en psychiatre du FBI, alors qu’elle compose par ailleurs la très allumée Dolores de Dead like me ! Anecdotes :
Scénario : Glen Morgan & James Wong Résumé : Un rite satanique organisé « pour rire » par des adolescents vire au cauchemar avec la mort brutale et « surnaturelle » de l’un d’eux. Mulder et Scully découvrent qu’un véritable clan satanique regroupe plusieurs professeurs de l’école où étudient les jeunes. Les morts violentes se multiplient lorsqu’une inquiétante enseignante est engagée dans l‘établissement... Critique : Un loner parfaitement maîtrisé, avec un explosif cocktail de scènes d'épouvante (le serpent, la dissection, le massacre final...) et de vraies pépites d'humour (la pluie de grenouilles avec une Scully estomaquée, l'adieu ironique du Démon...). Dans la plupart des séries fantastiques, les épisodes mettant en scène le Diable en personne revêtent toujours un cachet particulier ; celui-ci ne fera pas exception, bien au contraire. Sans être aussi dérangeant que Aubrey, l'ensemble fonctionne à merveille, et on ne peut qu'en admirer la virtuosité. On éprouve réellement une jolie frayeur devant cet authentique film d'horreur, nettement plus efficace que bien des longs-métrages. L'interprétation est au diapason, avec une Susan Blomaert fabuleuse en professeur démoniaque (La main de l'Enfer prend parfois des allures de Buffy en plus sombre), et surtout Heather McComb dans son rôle fétiche d'ado à problèmes qu'elle reprendra dans Profiler, MillenniuM, etc. Le message final apparaissant au tableau présente un double sens : les brillants auteurs Glen Morgan et James Wong quittant la série pour créer Space 2063 (il reviendront dans la saison 4 après l'échec du projet). Un rude coup pour la série, car ils comptaient parmi ses meilleurs scénaristes (Quand vient la nuit). L'épisode représente un moment clé de la série car il marque également l'entrée en lice du regretté Kim Manners, qui deviendra le principal réalisateur des X-Files (52 épisodes dont le finale de la série, et un rôle très important de producteur à partir du Vaisseau fantôme). Son talent éclate ici avec force, grâce à une caméra mobile (fabuleux plans circulaires), d'incroyables champs-contrechamps mêlés d'effets de lumière donnant l'impression vivace d'un cauchemar éveillé, et bien d'autres excellentes idées de mises en scène. Du bel ouvrage ! Anecdotes :
15. MYSTÈRE VAUDOU Scénario : Howard Gordon Résumé : Un des soldats chargé de garder une caserne de sans-papiers hawaïens devient fou et meurt en faisant percuter sa voiture contre un arbre portant une inscription vaudoue. D’autres soldats semblent frappés par cette « malédiction » qui serait l’œuvre d’un des réfugiés, pour l’heure bouclé dans une cage. Mulder et Scully enquêtent dans la caserne, au bord de l’implosion… Critique : La série continue son tour du monde du paranormal, l'étape du jour s'avérant Haïti et le vaudou. À chacun sa sensibilité, personnellement les histoires de vaudou m'ennuient le plus souvent, et même X-Files ne fera pas ici exception. Tout le catalogue du genre défile pesamment sous nos yeux incrédules, avec un clinquant manque de goût. Certaines scènes (les vers, la plaie de Scully...) se voudraient effrayantes alors qu'elles ne sont qu'écœurantes. Le tout culmine avec un duel de sorcellerie passablement grotesque, dans un cimetière toc au possible. On croirait un navet d'Hollywood ! Mais ici ni humour, ni distanciation, on en demeure à un premier degré bien pompier. Quant à la chute finale, elle est tellement prévisible quelle en finit par "achever" l’épisode. Mystère vaudou s'avère plus intéressant dans sa condamnation de l'arbitraire, où l'on pourrait reconnaître Guantanamo et Abou Ghraib. X-Files a toujours choisi une optique progressiste, mais cet aspect demeure ici trop secondaire, même s'il nous vaut une apparition comme toujours réussie de M. X. Et puis, l'épisode connaît la malchance de survenir après une succession de loners exceptionnels, sa faiblesse ne pardonne donc pas. Pourtant, les histoires de vaudou réussies existent, on pourra ainsi lire les écrits venimeux de Poppy Z. Brite (Les contes de la Fée Verte). Anecdotes :
16/17. LA COLONIE Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter, d’après une histoire de David Duchovny & Chris Carter (1re partie), et Frank Spotnitz (2e partie) Résumé : Un tueur invincible et polymorphe assassine plusieurs personnes qui sont toutes des sosies ! Mulder et Scully tentent d’empêcher d’autres morts et pensent avoir mis le doigt sur une Conspiration soviétique visant à gangrener les États-Unis. Mais la vérité est bien plus renversante. De plus, Mulder reçoit un coup de fil de son père : sa sœur est revenue... L'enchaînement démentiel des événements amènera Mulder jusqu'en Arctique... Critique : La colonie constitue un de ces doubles épisodes mythologiques que la série saura multiplier avec bonheur, sur le modèle de Duane Barry, tout en marquant l'entrée en scène d'un artisan majeur de la série : Frank Spotnitz, qui va vite devenir le bras droit du boss, et diriger avec lui toute la Mythologie de la série. Ce double épisode reste un des plus réussis, par la densité de l’histoire et la stupéfiante accumulation de rebondissements laissant le spectateur pantois mais ravi (scène d’introduction, transformations, groupe de clones, confrontation incandescente entre X et Skinner…). Le moindre d’entre eux n’est certes pas la supposée réapparition de Samantha, à laquelle bien entendu on ne croit pas mais qui produit tout de même son effet. Mulder va de révélations en révélations dans cet épisode courant jusqu’au bout le risque d’en faire trop. Heureusement, il apparaît parfaitement écrit, et soutenu par une mise en scène sans faille, ainsi que des décors somptueux. Le cliffhanger de transition reste un modèle du genre (durant toute la saison 2, seule la scène finale fera encore mieux). Il permet également de nous souvenir que les X-Files furent sans doute la première série à intégrer les téléphones portables au cœur de son action, avec un refrain devenu un véritable identifiant de la série : Mulder, c’est moi. La colonie ne se contente pas de développer la Mythologie, mais en constitue un véritable saut qualitatif avec la découverte de tout un univers SF jusqu’ici seulement envisagé. La rupture s’avère bien tranchée avec la saison 1 ! Le double épisode voit également l’apparition très efficace de la version X-Files de Terminator : le Bounty Hunter. Le pastiche paraît savoureux, d’autant que Brian Thompson (d’ailleurs brièvement apparu dans T1) semble présenter comme un air de famille avec Gobernator. Son pouvoir de polymorphe fait d’ailleurs furieusement penser au T1000 de Judgement Day, incarné par nul autre que Robert Patrick, le futur remplaçant de Mulder dans les deux dernières saisons ! Les parents de Mulder sont également fort habilement introduits, d’autant que le jeu tout en finesse de Peter Donat nous laisse déjà supposer que William Mulder comporte lui aussi sa part d’ombre. Petite anecdote : à la demande de Bowman, Williams et Pileggi n’ont pas fait dans la demi-mesure, le premier s’est ainsi brisé une phalange de la main droite en frappant le second, tout en faisant s'effondrer le décor de l'ascenseur ! Ah, j’oubliais, encore une histoire où Scully se fait enlever... Anecdotes :
Scénario : Steve de Jarnatt Résumé : Un éléphant invisible sème la pagaille après s’être échappé de sa cage où il était en captivité. Mulder et Scully soupçonnent une douteuse organisation pour la libération totale des animaux d’avoir fomenté la tentative d’évasion, mais d’autres animaux dont une gorille passionnément protégée par la directrice du zoo disparaissent et réapparaissent à leur tour. Et si « quelqu’un » d’autre était derrière tout ça ? Critique : Une scène d’introduction totalement folle, aux stupéfiants effets spéciaux, ouvre un épisode où la sensibilité progressiste coutumière aux X-Files prend cette fois fait et cause pour la défense des espèces menacées. Mais cette démonstration ne prend pas des allures d’incantation verbeuse, l’intrigue conservant mystère et suspense jusqu’à un étonnant dénouement aux dérangeantes intonations prophétiques. On se souviendra longtemps d’une des autopsies les plus improbables de Scully, qui a pourtant souvent fait fort en la matière. La pauvrette se retrouve cette fois immergée dans un éléphant alors que Mulder veille soigneusement à conserver ses distances ! L’épisode bénéficie également d’une spectaculaire apparition en visioconférence des toujours irrésistibles Bandits Solitaires, cette fois sans Langly, encore plus paranos que de coutume (si, si, c’est possible). Coïncidence, Au Cœur du Complot comportera également un épisode consacré à un singe étrangement intelligent : La planète des Frohikes ! Toujours superbement efficace, Jayne Atkinson tient un rôle finalement assez proche de la Karen Hayes de 24h chrono, en femme à poigne ne transigeant pas sur ses convictions. Anecdotes :
Scénario : Howard Gordon & Alex Gansa, d’après une histoire d’Howard Gordon Résumé : Des passagers d’un bateau en détresse près de la Suède sont recueillis par un autre bateau, mais les sauveteurs constatent avec horreur que les passagers ont excessivement vieilli et meurent peu après de vieillesse ! Mulder, Scully, et leur guide Trondheim montent à bord du navire mystérieux, mais leur propre bateau est mystérieusement volé. Prisonniers du vaisseau maudit et d’une sorte de faille temporelle, ils commencent à vieillir rapidement. De plus, ils ne sont pas seuls à bord... Critique : Dans la lignée de Quand vient la nuit et autres, nous retrouvons nos héros coupés du monde, dans un huis clos mortel. L’effet de surprise a désormais totalement disparu, au profit d’une prévisibilité presque totale durant tout l’épisode. Et pourtant, Le vaisseau fantôme tire son épingle du jeu. Tout d’abord, l’histoire s’insère habilement dans la tradition des légendes des mers, un monde fascinant dont l’atmosphère se trouve parfaitement reconstituée. On y dénote également une tonalité très H.P. Lovecraft, auquel « le Dieu du Mal tombé du ciel » des marins fait clairement allusion. L’eau contaminée serait-elle une émanation du Grand Cthulhu ? On admire également le magnifique décor du navire, idéalement sinistre et de plus en plus oppressant au fil de l’intrigue. Les scènes extérieures fleurent bon le décor, mais l’esthétique demeure très aboutie. La mise en scène tire parfaitement parti du décor et joue à merveille des coursives obscures et des craquements de la coque. On ressent au plus vif l’inexorable détérioration des corps et du métal. Si l’interprétation est particulièrement convaincante, les vraies vedettes demeurent les spectaculaires maquillages de Mulder et Scully ! On ne saluera jamais assez le talent de maquilleurs et des différents artistes de la série. Ces effets spéciaux certes traditionnels revêtent toujours un grand impact dans la main d’un maître, comme ici avec Rob Bowman. L’intrigue s’enrichit également d’un contrepoint subtil : l’humour. Cela débute dès l’introduction avec un Mulder en plein trip Bandits Solitaires, mêlant Roswell, un Triangle nordique, l’Expérience de Philadelphie (à l'origine de l'excellent film de 1984) et... ayant tout faux ! Par la suite, Mulder et Scully prennent comme des allures de vieux couple tandis que la terrible scène de la noyade de Trondheim reste un joli moment d’ironie. John Savage ne traquait pas encore Max Guevara dans Dark Angel, tandis que David Cubitt maniait déjà le pistolet avec autant d’efficacité que dans Medium ! On retrouvera le magnifique thème du vaisseau fantôme dans l’encore plus ambitieux Triangle (saison 6). Anecdotes :
Scénario : Darin Morgan Résumé : Plusieurs meurtres barbares sont commis dans un cirque de « monstres humains ». Mulder et Scully y rencontrent tous ces énergumènes au comportement souvent étrange. Leur enquête les mène dans des situations de plus en plus intenses et rocambolesques... Critique : Un épisode inoubliable, véritable festival d’humour de créativité mais aussi de bon gore… Les X-Files nous font plonger avec délices dans l’univers étrange et bariolé des caravanes de monstres de foire (au sens strict), jadis immortalisé sur un mode sombre par Freaks (1932), et plus récemment par Carnivale. On retrouve d’ailleurs ici l’emblématique Michael J. Anderson - le nain de Twin Peaks - au sein d’un ensemble de guests particulièrement relevé, comportant notamment le toujours impayable Vincent Schiavelli. L’épisode est également marqué par la présence d’authentiques artistes tels Jim Rose qui reprend quelques-uns de ses numéros masochistes faisant sensation dans son cirque créé à Seattle au début des années 90, et où se produit également « l’ogre » The Enigma. Ces éléments contribuent à une immersion particulièrement réussie, portée par une mise en scène dynamique et enjouée. En effet, contrairement à Freaks, le ton reste ici résolument à l’humour, avec de nombreuses scènes aussi percutantes qu’irrésistibles. Scully se trouve particulièrement à la fête, avec une Gillian Anderson s’amusant visiblement beaucoup ! Le double regard croisé avec Larry sur leurs proéminences respectives, la vision au réveil d’une chute se révélant du trampoline, la visite au musée des horreurs, et bien entendu la dégustation d’un criquet : notre héroïne donne un vrai récital ! À noter que Gillian a vraiment mis l’insecte dans sa bouche, et le mâcha vigoureusement, ce qui lui valut un vrai triomphe parmi l’équipe de tournage (supplément DVD) ! Ce sera au tour de Mulder de paraître plus en évidence dans Maleeni le prodigieux (saison 7), autre plaisante exploration, cette fois du monde des prestidigitateurs. L’épouvante et la tension dramatique ne sont pas négligées pour autant : le récit débute et se termine d’ailleurs par des scènes particulièrement impressionnantes ! Cet épisode où chaque scène paraît aussi explosive qu’étonnante (on croit revivre nos émerveillements d’enfance dans les fêtes foraines) se révèle de plus un vibrant plaidoyer pour l’acceptation des différences, bien dans la sensibilité engagée des X-Files. Humbug constitue également un moment fort dans la vie de la série car il s’agit de son premier épisode ouvertement humoristique. Ce type d’histoires, culminant parfois au pastiche, va se révéler une véritable troisième voie pour les X-Files, entre loners « classiques » et Mythics. La série leur devra d’excellents moments (dont mon épisode préféré, Le Seigneur du magma) avec en particulier la patte du toujours habile Darin Morgan (petit frère de Glen) ou de Vince Gilligan, et un vrai talent comique chez Duchovny, préfigurant Californication. Il finissent par occuper la suprématie dans les pétillantes saisons 6 puis 7, au moment où les deux autres types d’épisodes commencent à décélérer. En quatre petits épisodes seulement, Darin Morgan va tout bonnement étendre les potentialités de la série : gore, loufoque, excentricité, méta-récit, exploration plus audacieuse de la psychologie du couple vedette... Faux frères siamois s’impose bien comme un des pics absolus des X-Files, et l'on comprend que Kim Manners ait été honoré d'avoir réalisé la première d'une longue liste de comédies X-Filesiennes. Anecdotes :
21. LES CALUSARI Scénario : Sara B. Cooper (créditée comme "Sara B. Charno") Résumé : Teddy Holvey, un garçon de deux ans, meurt écrasé par un train en essayant de rattraper son ballon de baudruche. Or, ce ballon semble avoir été « poussé » par une force inconnue. La famille endeuillée voit alors ses membres successivement assassinés, à chaque fois par cette même force maléfique que la grand-mère décrit comme étant l’œuvre du Démon. Mulder et Scully, secondés par des exorcistes roumains, les Calusari, vont tenter de mettre fin à ses agissements… Critique : L’épisode pèche par le trop grand manque d’originalité de son histoire, quelque part entre Damien et L’Exorciste. Il bénéficie néanmoins d’une mise en scène soignée, à défaut de novatrice, mettant bien en valeur les successifs passages obligés de ce type d’histoire. Surtout, comme dans bien d’autres épisodes, les X-Files s’aventurent dans les mythes et légendes de diverses contrées du monde, ici la Roumanie et l’Europe Orientale. Cette savoureuse originalité des Calusari confère du cachet à l’épisode, évitant ainsi une copie trop conforme des thèmes rabattus. On note également l’apparition du sympathique Dr. Charles Bucks, qui viendra de temps à autre assister nos héros (Hollywood, etc.). Scully n’étant ni Mrs Peel, ni Cathy Gale, l’éventail de ses compétences demeure en effet raisonnablement circoncis ! Un épisode plaisant et efficace, le spectacle reste de bonne qualité même quand les X-files s’accordent une petite respiration ! Une pause avant une fin de saison 2 particulièrement riche ! Anecdotes :
Épisode Semi-Mythologique Scénario: Chris Carter & Howard Gordon Résumé : Un scientifique meurt atrocement après avoir reçu du pus d’un cadavre d’un animal infecté par un insecte mortel. Le cadavre de l’animal est envoyé dans une prison où il infecte et tue plusieurs personnes en moins de 24 heures. Deux prisonniers infectés se sont par ailleurs évadés et risquent de contaminer la population. Mulder et Scully sont envoyés faire la lumière sur cette affaire, mais le Gouvernement surveille ce qui se passe, et Scully se retrouve piégée dans la prison mortelle… Critique : L’épisode joue très habilement sur deux cordes : le gore, rarement autant crûment affiché dans la série, et le suspense, l’implacable tension de l’intrigue ne laissant pas un instant de répit au spectateur. Le huis clos sinistre et claustrophobe de la prison renforce l’angoisse engendrée tout au long du récit. Certes classique, cette histoire de crise sanitaire demeure bâtie avec une totale efficacité, d’autant qu’elle finit par rencontrer la mythologie lors d’une scène électrique entre Mulder et le Fumeur. Cet affrontement préfigure la fin de la saison mais on éprouve par contre du mal à comprendre le retour en arrière de Skinner, qui s’était progressivement allié avec Mulder au cours de cette saison. Gillian Anderson apparaît particulièrement crédible et émouvante lors de son duo avec son collègue médecin constituant une véritable histoire dans l’histoire. La boite à insecte demeure une superbe idée visuelle, illustrant parfaitement l’aspect cauchemardesque que revêt progressivement ce tronçon de l’intrigue. Anecdotes :
23. OMBRE MORTELLE Épisode Semi-Mythologique Scénario : Vince Gilligan Résumé : Victime d’une expérience nucléaire, le Dr.Benton a désormais une ombre mortelle : elle désintègre quiconque y marche dedans. Terrifié à l’idée de commettre d’autres meurtres accidentels, il se cache dans l’ombre. Mulder et Scully tentent de le retrouver, mais ignorent que le Gouvernement suit l’affaire de près… Critique : L'épisode marque l'entrée en scène d'un tout jeune scénariste de 24 ans appelé Vince Gilligan. Expert en scénarios à suspense, en psychologie de personnages, amateur d'épouvante et d'humour déjanté - ici en veilleuse - il va totalement éblouir à la fois le public et Chris Carter, et devenir le 3e meneur de la série après lui et Spotnitz (le 4e apparaîtra en saison prochaine). Si jeune et déjà plein à ras-bord de talent, Gilligan va s'imposer comme le meilleur scénariste de la série avec Carter, avant de mettre à profit son expérience pour créer la culte Breaking Bad. Le succès est là dès le premier coup car de cet épisode émane une ambiance très Twilight Zone, entre un étrange poétique et un héros écrasé par son destin. L’excellent Tony Shalhoub habite réellement cet épisode où il préfigure étonnamment son futur personnage fétiche de Monk. Cette superbe performance s’insère dans une brillante histoire au sujet très original (le Corps Noir demeure très disputé aujourd’hui), et s’enrichissant en plus de multiples thèmes secondaires : renouvellement habile du mystère de la chambre close, classique d’entre les classiques de la littérature policière (avec un joli clin d’œil à un Tooms l’ayant déjà pratiqué), la solidarité féminine affichée par une Scully qui n’a décidemment pas de chance avec les collègues qu’elle désire aider, une nouvelle immersion dans la Mythologie mettant en exergue le fascinant personnage de X (splendide Williams, comme toujours). L’intrigue prend en effet le risque d’en finir prématurément avec l’enquête pour trouver un beau second souffle dans l’épanouissement de la paranoïa anti-gouvernement de la série. Une audace payante pour un bel effet de bascule tout à fait inattendu ! La mise en scène joue habilement des ombres et de leur mystère coutumier, tandis que les effets spéciaux se révèlent aussi superbes qu’étonnants. Vraiment, les X-Files ont toujours su accomplir des exploits en la matière malgré un budget de télévision ! Seul bémol : Scully demeure quelque peu à la remorque durant toute l’histoire, se contentant de coller aux basques de son collègue. Mais les dialogues entre nos deux héros restent très piquants durant tout un épisode ne négligeant aucun composant de sa réussite. À noter que la très belle Kate Twa, incarnant la jeune protégée de Scully, jouait la version féminine du Marty de Masculin féminin (saison 1). Anecdotes :
24. UNE VILLE BIEN TRANQUILLE Scénario : Frank Spotnitz Résumé : Plusieurs disparitions et morts se sont produits à Dudley, qui seraient liés à des lueurs étranges et des événements inexpliqués. La ville doit ses revenus à sa société de production de viande de poulets qui pourraient bien être contaminés par une infection. De plus, l’une des victimes était une très jeune femme de… 47 ans ! Mulder et Scully vont tenter de percer le mystère de Dudley... Critique : L’épisode tente d'aborder de façon originale la maladie de Creutzfeld-Jacob, dans une de ces virées dans l’Amérique profonde qui d’habitude réussissent si bien à la série. Malheureusement, ici rien ne fonctionne : multiplication de scènes ridicules ou grand-guignolesques, mise en scène outrée et sans finesse, acteurs moins performants que de coutume… L’épisode se traîne considérablement entre images peu ragoûtantes et dialogues des plus pesants. Même la fin semble tirée par les cheveux, avec un Mulder faisant fuir une foule avec un seul coup de révolver. Et Scully se fait enlever encore une fois… Étonnamment, le plus mauvais loner de la saison en constitue aussi le dernier, à croire que l’on a désiré le repousser jusqu’au bout ! Bon, on oublie ; heureusement cette excellente saison 2 va connaître une conclusion digne d’elle, avec un épisode d’une tout autre stature ! Anecdotes :
25. CEUX D'OUTRE-TOMBE Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter, d’après une histoire de David Duchovny & Chris Carter Résumé : Des indiens découvrent le corps d’un alien. Un hacker pirate les fichiers secrets du Gouvernement et obtient sous forme de cassette la preuve irréfutable que le Gouvernement collabore avec les extra-terrestres. Il la remet à Mulder. Aussitôt, le « Syndicat » met tout en œuvre pour récupérer Mulder et la cassette, cryptée cependant en navajo. De plus, le père de Mulder est impliqué dans l’affaire. Mulder tente de briser le code mais lui-même se comporte bizarrement tandis que Scully est directement menacée… Critique : Premier d’un arc de trois, cet épisode m’avait à l’époque fait hurler de rage et de frustration (et frapper la télé…), c’est dire combien je l’adore ! Il s’agit sans doute du meilleur segment de la Mythologie, dont il constitue une vraie croisée des chemins mettant en œuvre tous les principaux personnages de la série. Tout le cheminement effectué au cours des deux premières saisons trouve ici son accomplissement, parfaitement structuré et compréhensible. Sublimé par l’envoûtante musique de Snow, le récit enchaîne à un train d’enfer scènes chocs et révélations tonitruantes, sans que le rythme ne faiblisse un seul instant. On ne sait que citer parmi ce déferlement : Scully tirant sur Mulder, l’affrontement de ce dernier avec Krycek, la mort de son père, le tir sur Scully à travers la fenêtre, etc. On a parfois l’impression d’assister à plusieurs épisodes condensés en un seul, sans que la continuité et la fluidité narratives en souffrent le moins du monde. Aucun personnage ne se voit négligé, tous bénéficient au moins d’une scène forte. On apprécie vivement de voir Scully prendre solidement en main la direction des opérations lors du délire de Mulder, cette mise en avant se déroule naturellement et correspond à l’envergure du personnage. Et puis cela nous vaut une première scène de lit avec Mulder… On croyait avoir déjà tout vu jusqu’ici en matière de paranoïa, mais Anasazi va encore plus loin, avec le panorama mondial sur la Conspiration et l’idée géniale d’un immeuble entier lentement intoxiqué au LSD ! Fondamental dans l’évolution de la série, cet opus unifie les divers fragments de la Mythologie en un tout cohérent qu’elle ne fera pratiquement plus que décliner (hormis l’entrée en scène de l’Huile Noire) jusqu’à une parfois trop grande complexité. Un épisode flamboyant, que l’on peut considérer comme le porte-étendard des X-Files dans leur ensemble. Il s’achève par un des cliffhangers les plus étourdissants de l’histoire des séries télé, ayant considérablement échauffé les esprits à l’époque ! Deux anecdotes connues pour boucler cette saison 2 ayant vu l'épanouissement des X-files et leur accession au rang de série star : les quantités énormes de peinture ocre pour transformer cette région de Vancouver en Nouveau-Mexique (6000 litres !), et la brève apparition de Chris Carter en personne, jouant un agent qui interroge Scully dans le bureau de Skinner. Anecdotes :
TOP 5 SAISON 2
1) Ceux d'outre-tombe Crédits photo : FPE. Images capturées par Estuaire44. |
Saison 1 Nous ne sommes pas seuls (Pilot) 1. Gorge profonde (Deep Throat) 4. Le diable du New Jersey (The Jersey Devil) 5. L’ombre de la mort (Shadows) 6. Un fantôme dans l'ordinateur (Ghost in the Machine) 13. Masculin-féminin (Genderbender) 15. Vengeance d'outre-tombe (Young at Heart) 16. Entité biologique extraterrestre (E.B.E.) 17. L’église des miracles (Miracle Man) 19. Quand vient la nuit (Darkness Falls) 20. Le retour de Tooms (Tooms) Scénario : Chris Carter Critique : Épisode exceptionnel, marqué bien entendu par la rencontre de nos héros et l’apparition en embuscade du Fumeur (il glace déjà Scully !) ; mais aussi par un excellent suspense, une séquence d’ouverture impressionnante, et une brillante mise en scène distillant de grands moments : la poignée de main, l’avion, les montres… La thématique de la série et le caractère des personnages demeurent particulièrement bien introduits. Mulder est déjà le Martien… Un épisode fondateur, incontournable. Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter Critique : La série continue à poser ses jalons, même si l’histoire paraît plus schématique et un tantinet moins inspirée que lors du pilote. L’intérêt réside surtout dans le portrait des deux héros et la mise en place définitive de leur amitié (toi et moi contre l’Univers) ; et surtout, alors que la Conspiration n’est encore qu’évoquée, dans l’apparition du fabuleux Gorge Profonde. Sa relation unique avec Mulder se dessine, elle demeurera un des atouts maîtres de cette saison 1. Jerry Hardin est impressionnant de justesse, d’humanité et de profondeur de jeu, et... ses disparitions soudaines m’ont toujours amusé ! Les amateurs de Buffy pourront reconnaître Seth Green, le futur Oz. Premier changement de coiffure pour Gillian, cette série-ci débute aussi… Scénario : Glen Morgan & James Wong Critique : Un épisode très spécial pour moi car c’est là que j’ai pris le train en marche, en cette lointaine année 1994. C’était dans l’horreur d’une profonde nuit… Quel choc, quelle révélation ! Je n’avais rien vu d’aussi fort depuis Twin Peaks. J’ai tout de suite su que j’avais découvert LA série ! L’épisode en lui-même est particulièrement excellent, car mettant en scène l'un des adversaires de Mulder les plus inoubliables : Eugène Tooms. Loin d’être un de ces personnages dépassés par leurs pouvoirs qui peupleront la série, c’est un authentique prédateur, prototype annonçant l’Incendiaire, le Fétichiste, le Pousseur… Un classique de la série et un de ses épisodes les plus terrifiants. Doug Hutchison est inoubliable. Épisode Mythologique Scénario : Alex Gansa & Howard Gordon Critique : La Quête débute… l’épisode introduit, avec beaucoup d’émotion, une pièce maîtresse de la mythologie, le fil rouge de la série : l’énigme de la disparition de Samantha Mulder. Comme par la suite, Mulder se montre particulièrement exalté sur la question. L’histoire n’oublie pas pour autant de distiller un efficace suspense aux nombreux rebondissements, et des personnages très humains. Don Gibb est toujours aussi amusant. Et puis quel plaisir de retrouver les imprimantes à aiguille et les sorties listing, toute une époque ! Mulder montre une inclinaison religieuse à la fin de l’épisode, par la suite cela sera plutôt Scully qui prendra le relais dans ce domaine. Scénario : Chris Carter Critique : Aïe ! Je n’ai jamais trop accroché à celui-ci. Peut-être parce que l’adversaire fait finalement plus pitié qu’autre chose, ou que la fin est trop mélo, ou bien en fait que cet épisode est plus policier que SF. On y trouve de très bonnes choses toutefois (même un épisode moyen des X-Files demeure cent coudées au-dessus du lot). On apprécie en particulier de découvrir la « vie » de Scully en dehors du Bureau.Les autres hommes commenceraient-ils à lui paraître fades ? Il n’est pas évident de la reconnaître, mais Claire Stansfield, le fameux diable, est bien connue des fans de Xéna (bah oui, on ne se refait pas…) pour son interprétation de la chamane Alti, une ennemie récurrente de la Princesse Guerrière. Scénario : Glen Morgan & James Wong Critique : Un excellent épisode, bien dans la tonalité de la saison 1, encore sise entre policier et SF. Les interprètes paraissent très relevés et les effets spéciaux absolument remarquables une fois de plus. Tout cela est mis au service d’une intrigue astucieuse, où l’angoisse reste prégnante de bout en bout. Le fin duo apparaît désormais bien en place, avec des rôles clairement définis pour chacun. La série est en ordre de marche ! À noter un clin d’œil amusant : lors du changement d’attribution de la place de parking de Graves, le nom du nouveau titulaire est Tom Braidwood, qui n’est autre que le futur interprète de l'inénarrable Melvin Frohike. Il est à l’époque assistant réalisateur, comme il le sera également sur MillenniuM. Scénario : Alex Gansa & Howard Gordon Critique : Celui-ci a pris vraiment un coup de vieux. Son approche des IA reste très datée (COS fait d’ailleurs furieusement penser à l'X41 des New Avengers), et empreinte des tics des Cyberpunks dont la vague n’est pas encore retombée en 1993 (Ghost in the machine est une de leurs phrases cultes). L’effondrement de la Bulle est passée par là, laminant toute cette pseudo mystique autour de la Silicon Valley et de ses gourous. Le personnage de Wilczek paraît totalement imbuvable aujourd’hui. De plus l’épisode manque absolument d’humour, alors que Maitreya sera au moins divertissant, et Clic mortel bien plus prenant et rythmé. Ghost demeure bien le maillon faible de la trilogie Cyber des X-Files. La réalisation demeure parfaitement efficace et les acteurs excellents, mais on ne s’intéresse tout simplement pas à ce que raconte l’histoire. On apprécie de voir Mulder nous rappeler que ceteris paribus il reste un détective hors normes, ainsi que d'assister à l’apparition de Gorge Profonde (le meilleur moment de l’épisode). La galanterie m’empêchant de souligner à quel point Scully est encore mal habillée, je me contenterai de préciser que son style demeure évolutif. Notons que la nouvelle attraction de Disneyland montre un fantôme hanter un ascenseur précipitant dans le vide ses passagers. Cependant, la Tour de la Terreur ne se réclame pas des X-Files mais… de la Quatrième Dimension ! La vie est parfois bien injuste. Scénario : Glen Morgan & James Wong Critique : La grande ombre de The Thing plane sur cet épisode qui, contrairement au précédent, n’a pas vieilli d’un pouce. On y retrouve la paranoïa gagnant les prisonniers d’un enfer glacé, aux prises avec un ennemi tapi dans l’un d’entre eux - le Midnight de Doctor Who n'est pas loin. La mise en scène, remarquable, paraît incroyablement anxiogène ; le huis clos se montre réellement étouffant, tandis que la progression dramatique ne connaît aucun temps mort, culminant avec nos héros se menaçant mutuellement de leurs armes. Le suspense saisit réellement à la gorge. L’interprétation est au diapason, grâce notamment au toujours excellent Xander Berkeley, le futur George Mason de 24h chrono. Duchovny sort aussi le grand jeu mais on reste surtout béat d’admiration devant l’incroyable performance de Gillian Anderson. Elle confère une force incroyable à Scully qui, courageuse, émouvante, magnifique, revêt ici toute sa dimension. Un caractère en acier trempé dont la retenue naturelle ne doit surtout pas faire illusion ! Projet Arctique reste aussi le prototype d’une série d’épisodes montrant nos héros isolés dans un environnement hostile, dans l’atmosphère brûlante d’un volcan ou se desséchant dans un navire à la dérive, le meilleur demeurant les effrayantes spores de Quand vient la nuit, un des plus relevés de la série. Scénario : Chris Carter Critique : Un épisode empreint d’une funèbre poésie, évoquant avec une force rare les splendides mystères de l’Univers et les sombres menaces y demeurant tapies. Ce grand thème de la Science-Fiction n’est pas ici mis en scène à travers les fanfares parfois tapageuses du Space Opera, mais avec plus d’impact encore au travers des souffrances morales et physiques d’un homme aux prises avec l’inconnu. Ce splendide et émouvant portrait se trouve renforcé par la grande finesse d’écriture de l’intrigue, qui met habilement en retrait nos héros pour laisser toute sa place à la superbe prestation d'Ed Lauter. Sa fin pathétique demeure une des scènes les plus poignantes de la série. Le personnage de la très belle Susanna Thompson (la future reine des Borgs de Star Trek Voyager...) semble d’un intérêt plus limité et l’aspect « Apollo 13 » un tantinet trop démonstratif. Le plan final sur les étoiles du drapeau apparaît par contre esthétiquement magnifique. L’incomparable attraction que les étoiles exercent sur nous demeurera un thème constant de la série, qu’elles soient contemplées par Mulder ou psalmodiées par Duane Barry. Dans un tout autre registre, avec sa coupe de cheveux la plus rébarbative de la série et ses sémillants petits tailleurs, Scully continue à faire godiche avec une constance qui force l’admiration. Épisode Mythologique Scénario : Howard Gordon & Alex Gansa Critique : Un des tout premiers épisodes mettant en scène la Conspiration. L’ange déchu conserve la simplicité de cette époque de la série, loin des méandres développés plus tardivement. Le fil rouge des X-Files se développe avec une belle démonstration de la flamme de Croisé s’embrasant dans l’esprit de Mulder quand on en vient à ce sujet. Il n’hésite pas un instant à mettre en péril les Affaires Non Classées pour poursuivre sa quête, soutenu par la fidélité sans faille de Scully. Celle-ci ne se refuse cependant pas à lui asséner ses quatre vérités, ce n’est surtout pas une groupie ! Gorge Profonde s’impose de plus en plus en mentor subtil. Le personnage gagne également en complexité avec une pointe d’ambiguïté morale bienvenue. L’histoire est menée tambour battant, la dynamique réalisation bénéficiant, comme souvent dans la série, d’effets spéciaux visuellement superbes (comme l’enlèvement de Fenig) ou redoutablement efficaces dans leur astucieuse simplicité, lorsque que le spectateur voit par les « yeux » de l’extraterrestre découvrant notre monde. Le toujours efficace Marshall Bell compose un militaire parfaitement crédible. Le sympathique et émouvant personnage de Max Fenig est introduit, montrant que loin de demeurer seul dans son combat pour la vérité, Mulder est suivi par toute une communauté. Aujourd'hui, ce rappel du souffle libertaire et idéaliste marquant les premiers temps de la dissémination de l’Internet fait plaisir à voir… Max reviendra dans le double épisode Tempus Fugit / Max (saison 4). ![]() Scénario : Chris Brancato & Kenneth Biller Critique : Cet épisode met en scène avec une parfaite efficacité le thème toujours très porteur des Doubles, comme si souvent chez les Avengers. L’étonnant jeu des sœurs Krievins y est pour beaucoup, ainsi qu’une mise en scène sachant alterner suspense et action. On lui doit quelques moments intenses, comme la course-poursuite finale, très efficacement menée. La série évoque une fois de plus l'une des grandes terreurs contemporaines : la manipulation génétique ; les clones reviendront d’ailleurs régulièrement dans la série. Sous l’argument scientifique, c’est une horreur glacée qui s’installe au fur et à mesure que se déroule l’épisode, d’autant que le mal réside ici chez des enfants. L’épisode sait faire ressentir avec beaucoup de finesse que quelque chose est profondément déréglé chez elles. Harriet Sansom Harris apporte tout son talent à ce cauchemar moderne, toujours parfaitement à l’aise dans les rôles très sombres, comme on l’a vu récemment dans The Lost Room. On apprécie de constater que même Mulder peut commettre des erreurs, ce qui humanise le personnage. Les extraterrestres demeureront son principal moteur mais aussi sa grande faiblesse. Même si elle le prend avec le sourire, Scully paraît légèrement contrariée d’être congédiée par Mulder et soupçonne tout de suite un rendez-vous galant… Scénario : Chris Carter Critique : Celui-ci fait vraiment partie de mes préférés. La touche britannique se révèle très agréable : les accents, accentués comme on l’aime, s’avèrent très amusant en V.O.. La superbe résidence anglaise du début aurait pu constituer un joli décor pour les Avengers, tandis que Mulder arbore un parapluie ! (Trois membres du Parlement décédant de combustion spontanée, bonne idée de scénario ça…) La famille de la haute société anglaise se montre aussi très plaisamment caricaturale. La très tonique Phoebe Green (Amanda Pays, vue notamment dans Max Headroom et Flash) montre également un solide sens de l’humour, notamment avec l’entrée en matière de la cassette (une cassette audio, nous sommes vraiment en 1993…). Scully se montre instantanément jalouse de la relation entre Phoebe et Mulder, ce qui nous vaut des scènes très divertissantes durant tout l’épisode. Il semblerait que la relation Mulder/Scully progresse plus vite de son côté ! L’humour caractérise également l'adversaire du jour, interprété tout en cruauté et délire … flamboyants par l’excellent Mark Sheppard. On le retrouve tout aussi éblouissant dans le rôle très similaire du Dr. Charles Walker, l’ennemi récurrent d’Allison Dubois (Medium). La mise en scène multiplie les morceaux de bravoure comme la scène du bar, un final spectaculaire, ou le mot de la fin de L’Ively. L’épisode a d’autant plus d’impact qu’il sait spectaculairement jouer avec la peur primale du feu tapie en chacun de nous, bien plus intensément ressentie que celle envers les Petits Gris. Mulder (qui a fait Oxford !) s’y montre d’ailleurs particulièrement sensible. Cependant, sauf erreur de ma part, cette phobie ne se manifestera plus par la suite. Un excellent épisode, très représentatif de la saison 1, avec un recours au fantastique encore relativement modeste et un méchant superbement écrit. La série saura retrouver de savoureux accents britanniques avec l'Homme bien manucuré, somptueusement interprété par John Neville, OBE, figure du West End. Scénario : Glen Morgan & James Wong Critique : Cet épisode particulièrement funèbre, où l’on peut percevoir une influence du Silence des Agneaux (1991), permet à Gillian Anderson de montrer toute l’étendue de son talent pour l’expression de l’émotion. L’actrice conforte ici sa place dans la série. L’atmosphère se révèle terriblement oppressante, grâce à une mise en scène crépusculaire à souhait et à l’étonnante composition de Brad Dourif (Dune, Le Seigneur des Anneaux…), tout à son affaire ici. Le regretté Don S. Davis, l’autre guest star de l’épisode, semble décidément abonné aux rôles d’officier, après Twin Peaks et avant Stargate SG1 ! Dans un mouvement intéressant, appelé à se reproduire quand il sera question de religion, Mulder et Scully échangent leur rôle de sceptique et de croyant. L’épisode marque aussi l’apparition d’un nouveau personnage récurrent, Margaret. La mère de Scully n’en a pas fini avec les drames… Dans un registre plus léger, Scully ironise sur le goût bien connu de Mulder pour les films… X ! Scénario : Paul Barber & Larry Barber Critique : Un titre à la Voisin voisine pour un épisode en demi-teinte. Une fois le constat initial posé, l’intrigue suit un chemin trop prévisible pour réellement captiver, et botte en touche sur la fin. L’épisode nous rappelle toutefois un des attraits de la série : Mulder et Scully n’hésitant jamais (enfin, surtout lui…) à se rendre aux quatre coins du pays, la série nous fait découvrir une Amérique différente, souvent peu reluisante et peuplée de sombres mystères. Un autre point commun avec David Vincent ! Nous découvrons Nicholas Lea, qui n’est pas encore le facétieux Alex Krycek, et qui ne force guère ici son talent. "Sœur" Scully s’étonne que des gens puissent faire l’amour sans se connaître… Horton réapparaîtra dans Insomnies. Étrangement cet épisode présente un côté très Night Shyamalan, entre Le Village et Signes (scène finale). Déjà que l’on voyait des dead people dans l’histoire précédente… Au total, un épisode pas inintéressant mais dans l’ensemble assez pesant. Scénario : Alex Gansa & Howard Gordon Critique : Nous avons ici une belle illustration du toujours troublant thème du transfert de la personnalité (d’ailleurs nous avons une Lula, presque une Lola…). La saison 1 a l’art de susciter l’étrange avec une grande économie d’effets. Le suspense demeure constant jusqu’au bout d’une intrigue très astucieuse, tandis que Scully subit son premier enlèvement de la série. Cette immixtion plus poussée que de coutume dans le domaine du polar nous rappelle que X-Files est aussi une excellente série policière, un aspect encore particulièrement marqué en ce début de parcours. Scénario : Scott Kaufer et Chris Carter Critique : Un épisode bien construit à défaut d’être inoubliable. Le jeu du chat et de la souris entre Mulder et son adversaire reste plaisant à suivre. On apprécie l’évocation du Mulder d’avant les Affaires Non Classées (la suite de sa biographie entamée dans L’incendiaire), le personnage gagne encore en consistance. L’ensemble de l’intrigue manque tout de même de souffle, on a droit à un thème passablement éculé du polar, certes revisité par le Fantastique, mais avec de plus une fin très prévisible. Un épisode solide donc, mais guère enthousiasmant, d’autant que Scully reste périphérique. On note l’apparition de Christine Estabrook, la future Martha Huber des Desperate Housewives ! 16. ENTITÉ BIOLOGIQUE EXTRATERRESTRE Épisode Mythologique Scénario : Glen Morgan & James Wong Critique : Quel excellent épisode de la Mythologie ! Ce chef-d’œuvre se construit autour de la personnalité attachante mais énigmatique de Gorge Profonde. Le personnage gagne en mystère au fur et à mesure qu’il se dévoile, et nous fait percevoir l’ampleur du complot que Mulder doit combattre. Les scènes entre les deux personnages restent fabuleuses, interprétation, mise en scène et dialogues sont simplement parfaits. La trame de l’épisode maintient un suspense échevelé jusqu’à la révélation finale. La réalisation distille une paranoïa communicative au possible, digne des grands moments des Envahisseurs. La découverte du fameux stylo espion achève de nous faire basculer dans le cauchemar ! Le personnage de Scully, tout en courage et fidélité, émeut lui aussi, d’autant que la scène de dispute est très forte. Scully éprouve assez d’affection envers Mulder pour se heurter à lui quand les passions de celui-ci étouffent sa brillante intelligence. EBE, c’est bien entendu également l’apparition des Francs-Tireurs, euh, des Bandits Solitaires, déjà follement paranos, déjà géniaux, déjà hilarants. La relation avec Mulder mais aussi Scully fonctionne idéalement dès le premier instant. Frohike, Byers, Langly, des noms à retenir ! 17. L'ÉGLISE DES MIRACLES Scénario : Chris Carter & Howard Gordon Critique : Ce voyage dans l’Amérique profonde se révèle une fascinante description du phénomène des Prêcheurs et autres églises étranges. C’est devenu une espèce de rituel, toute série fantastique se doit d’avoir un épisode là-dessus, comme on l’a vu récemment dans Supernatural ou Dead Zone, mais on se souvient que c’était déjà le cas pour les Envahisseurs ! Certaines scènes sont réellement impressionnantes, comme l’invasion biblique de criquets ou la mort du jeune messie. La conclusion apparaît inattendue et cruellement ironique. Comme toujours, Mulder perd le contrôle dès qu’il est question de sa sœur, ce qui nous vaut des moments très forts. La qualité de l’interprétation demeure frappante pour l’ensemble des personnages secondaires, comme si souvent dans la série. On reconnaît Chilton Crane, des 4400. Scénario : Marilyn Osborn Critique : Un épisode très riche, mêlant adroitement le thème occidental du loup-garou (lycanthrope dirait Scully) au shamanisme amérindien. Il est aussi l’occasion, sans démonstration pesante, de nous faire toucher du doigt l’amère situation des Indiens, dont les luttes pour la reconnaissance sont également évoquées. Le souvenir de Hoover ne sort pas non plus grandi de cette histoire ! La série conservera toujours une sensibilité proche de la gauche américaine. À défaut d’une formidable originalité, cette saveur amérindienne renouvelle agréablement le mythe, d’autant que les personnages sont bien dessinés et que la mise en scène reste très efficace (le classique moment de la métamorphose est très correctement exécuté). L’épisode se suit avec plaisir, d’autant que les scènes de nuit apparaissent toujours aussi effrayantes dans les X-Files ! Regrettons toutefois que le duo dynamique s’en tienne à un minimum syndical même si Sœur Scully se troublant parce qu’on lui suggère qu’elle a déjà eu la chair de poule nous vaut une scène amusante (excellente Gillian Anderson), et que Mulder se montre déjà en sympathie avec la culture indienne. Les thèmes amérindiens reviendront avec bonheur dans la série (Anasazi, La Vérité…). Michel Horse est, comme toujours, excellent, d’autant que son personnage rappelle ici furieusement Twin Peaks ! Un "cross-over" Twin Peaks / X-Files demeure un pur fantasme personnel... La saisissante vue finale sur la forêt profonde de Vancouver et ses périls semble introduire à merveille le magnifique épisode suivant ! Scénario : Chris Carter Critique : Alors, celui-ci représente vraiment un sommet de la saison, voire de la série toute entière. Il dépasse le similaire et déjà excellent Projet Arctique, diffusé cette même saison. Après une scène d’ouverture particulièrement effrayante et mystérieuse, nous assistons à un modèle d’un des standards des X-Files : l’exposé du Mystère par un Mulder déjà parti et tout guilleret (« Nous cherchons quelque chose d’inexplicable... ton petit ami ? » ah, ah, ah), et une Scully peu convaincue et prompte au sarcasme (« À quoi penses-tu ? À Bigfoot ? »). Après cet intermède pétillant, nous pénétrons très rapidement dans un pur cauchemar dont nous ne sortirons plus. Les abominations vertes (thématique écolo très originale) sont réellement terrifiantes, et inspirent une authentique phobie. La structure du récit distille un suspense constant et incandescent, d’autant qu’il s’installe autour d’une simple ampoule. Cette incertitude quant au devenir des personnages ne laisse pas un instant de répit au spectateur, d’autant qu’il doit déjà faire face au rare impact claustrophobique du décor naturel et de la maison. La conjonction de ces divers éléments résulte parfaitement maîtrisée par une mise en scène oppressante au possible, soutenue par la musique inspirée de Snow. Quelques scènes demeurent de purs moments d’épouvante, comme la découverte du sinistre cocon (on ne dira jamais assez à quel point les artistes de la série ont accompli un incroyable travail), la mort atroce du patron des bûcherons, ou la révélation de la multitude d’insectes qui fera paniquer jusqu’à la très solide Scully. L’interprétation est excellente, Duchovny et Gillian Anderson réalisant une performance assez incroyable. Scully (tiens, une coupe de cheveux sympathique !) entame la succession d’autopsies hors normes qui émaillera la série. Le seul bémol demeure la conclusion un peu légère voyant nos héros survivre miraculeusement à l’attaque des spores, la cavalerie arrivant juste à temps, bon… Ce léger défaut est plus que compensé par une scène finale astucieusement ouverte, et montrant surtout un Mulder diminué et effrayé, chose rare, par les menaces de l’avenir. Cette vision de notre champion un genou à terre demeure l’ultime vision angoissante d’un épisode inoubliable ! Épisode Semi-Mythologique Scénario : Glen Morgan & James Wong Critique : Cet adversaire formidablement terrifiant qu’est Tooms revient, toujours incarné avec une étonnante présence par Doug Hutchinson. Mêmes causes, mêmes effets : un scénario bien agencé et une mise en scène astucieusement organisée autour du personnage conduisent à un épisode de haute cuvée, à l’intensité dramatique des plus performantes. On retrouve avec plaisir les fameuses vis se dévissant de l’intérieur tandis que la scène finale est à couper le souffle, aux lisières du gore. Un grand moment de frayeur ! Les passages autour du squelette présentent une allure à la Bones très amusante ! Toutefois, cette impression de recommencement est trompeuse. Tel le transformiste Tooms, la série s’apprête à connaître de profonds changements, comme le pressent Mulder dans une scène finale aussi prophétique que brillante. La saison 1, l’enfance innocente des X-Files, s’achemine vers son dénouement, et la Mythologie, jusqu’ici brossée à grands traits, va prendre son envol. Ce virage est non seulement symbolisé par le retour au premier plan du Fumeur, mais surtout par l’apparition de Walter S Skinner, futur allié du Duo, mais pour l’heure encore sceptique et inféodé à son sinistre patron. Cette idée d’évolution (comme dirait Duchovny) est évoquée, non seulement par la chrysalide, mais également astucieusement par l’extrait de La Mouche noire. Le retour de Tooms réussit donc la prouesse de paraître à la fois un excellent loner et un moment important de la Mythologie. Une belle réussite, d’autant que cette séparation sera beaucoup plus marquée à l’avenir. Pour le pire ou le meilleur, la série n’empruntera que rarement cette voie alternative. Scénario : Howard Gordon & Alex Gansa Critique : Un épisode nous rappelant, alors que la saison 1 approche lentement mais sûrement de son terme, à quel point la série demeurait proche, à cette époque, du policier. L’enquête est aussi classiquement que rigoureusement menée, et l’élément fantastique n’apparaît pas comme central. Les clichés du policier abondent, avec flics ripoux et scènes de commissariat (la traditionnelle prostituée…) : ce n’est pas cela que l’on recherche quand on regarde les X-Files. Tout ceci manque cruellement d’audace et d’imagination, d’autant que nos héros s’en tiennent à une partition vraiment minimaliste. Demeurent des scènes de meurtre bien troussées, un final spectaculaire (mais ce ne sont vraiment pas les meilleurs SFX vus dans la série !), et surtout l’étonnante composition de la jeune Andrea Libman. L’hypnose est de nouveau utilisée, et pas pour la dernière fois. Même Mulder finira par y passer ! On note la présence de quelques guest stars : Maggie Wheeler (Friends, Tout le monde aime Raymond...), Lynn Johnson (Supernatural, Dead Zone...)… Scénario : Chris Ruppenthal Critique : En total contraste avec l’épisode précédent, au sujet très similaire, on baigne ici clairement dans une atmosphère essentiellement fantastique, avec un scénario autrement mieux bâti. Et cela dès une séquence d’ouverture particulièrement réussie et saisissante, où l'on se croirait dans Les contes de la crypte ! L’épisode demeure avant tout dominé par l’époustouflante prestation en autiste du toujours impressionnant Ivanek, grâce à qui Roland demeurera un des personnages les plus émouvants de la série. On peine à l’imaginer dans l’impitoyable Drazen Junior de la première saison de 24h chrono ! La mise en scène, imaginative et spectaculaire lors des meurtres (On retrouvera l'idée de l’azote liquide pompée dans Jason X…), sait à merveille devenir douce et humaniste lors de l’approche de Roland et de son amie autiste. David Nutter sait toujours admirablement jouer d’une palette très sensible (Duane Barry). L’interprétation est globalement excellente. L’enquête demeure un tantinet routinière, mais cela n’entache que bien partiellement cet épisode riche et inspiré. Par contre cela fait tout de même au total quatre épisodes au thème très proche, avec L’ombre de la mort, Lazare, et Renaissance… Petite parenthèse : à l’évidence, l’épisode s’inspire très librement d’un chef-d’œuvre de la SF, Des fleurs pour Algernon, que je ne peux que conseiller. Ah, j’oubliais, Scully se surpasse point de vue look et établit de nouveaux records en la matière. Il faut véritablement le voir pour le croire. 23. LES HYBRIDES Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter Critique : L'épisode commence par une poursuite à la Starsky et Hutch, où rien ne nous est épargné, (sirènes, camions obstacles, matraques, etc…) quand soudain l’action dérape : le fugitif se révèle d’une force inhumaine, et s’enfuit dans l’océan en laissant une traînée de sang vert ! On ne saurait signifier avec d’avantage d’éloquence qu’avec cet épisode charnière, la série largue les amarres avec des débuts encore empreints de policier pour désormais voguer sur les hauts-fonds de la Science-Fiction. Tout l’épisode est ainsi bâti tel un immense lever de rideau sur la Conspiration, couronnant les éléments disséminés tout au long de la saison. Mulder participe activement à ce printemps de la série en se montrant émoustillé comme jamais. Duchovny s’y entend à merveille pour nous communiquer l’enthousiasme de son personnage lors de cette ouverture de la boite de Pandore. Scully ressent également le basculement en cours, mais, fort logiquement, s’arc-boute sur la réalité consensuelle. Gillian Anderson est également magnifique de conviction. L’enlèvement de Mulder achève de nous faire pénétrer dans un inconnu angoissant, de même que l’expédition solitaire de Scully (quel suspense !), débouchant sur la découverte de l’indicible. Sa collaboration inédite avec Gorge Profonde contribue également à abattre les points de repère jusqu’ici codifiés. Le processus de déstructuration culmine avec la disparition déchirante de ce personnage unique. Trust no one… Certains jugent les phrases cultes de X-Files passablement idiotes, mais force est de constater que celle-ci résonne à cet instant avec un rare impact. La fermeture des Affaires Non Classées confirme la fin d’une période, tandis que l'homme à la Cigarette conclut admirablement la trajectoire de la saison 1, en y apparaissant dans la première comme dans la dernière scène, dans le décor impressionnant du Pentagone. Au terme de cet épisode magistral, Chris Carter aura eu le courage visionnaire de brûler ses vaisseaux en abattant l’univers édifié jusqu’ici pour permettre à une nouvelle ère de débuter. Un superbe travail, annonciateur des futurs étonnants cliffhangers de fin de saison. La collision des deux scènes de Mulder et du Fumeur annonce avec éloquence le grand duel à venir. Notons également que, dès cet épisode, l’essentiel de la Conspiration est présenté : constitution d’un hybride mêlant les ADN humains et alien comme Saint Graal du Syndicat, et sa reproduction par colonies (inoubliable scène de la découverte des clones par Mulder). Enfin Purity Control évoque l’Huile Noire, désignée également par le terme Purity (entre autres !). 1) Compressions/Le retour de Tooms Crédits photo : FPE. Images capturées par Estuaire44. |
Saison 10
Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter Résumé : Désormais séparés, Mulder et Scully sont contactés via Skinner par Tad O'Malley. Cette vedette médiatique indique être persuadée que les autorités dissimulent la présence des extra-sur Terre. Il leur présente la jeune Sveta, enlevée à plusieurs reprises par les Aliens et ayant fait l’objet d’une hybridation génétique. Mulder rencontre ensuite le Pr. Garner, ayant reconstitue un vaisseau extra-terrestre aux mirifiques propriétés, puis un vieil homme temoin du crash de Roswell et de l’exécution du pilote alien par un Homme en noir. Un test réalisé par Scully indique que l’ADN de Sveta ne comporte aucun élément alien. O’Malley dévoile alors que la jeune femme a été trompée. Les autorités exploitent la technologie issue de Roswcll, mais la présence supposée des Aliens n’est qu’un mythe destiné à dissimuler un complot gouvernemental plus vaste, visant à asservir l’humanité. Il décide de révéler tout cela dans sa prochaine émission, mais Sveta déclare alors à la presse qu’O’Malley l’a soudoyée pour obtenir un faux témoignage. Ce dernier disparait inexplicablement, tandis que Garner et Sveta sont exécutés, cette dernière par un vaisseau alien. Un message anonyme incite Mulder et Scully à ne pas renoncer et l’Homme à la cigarette apprend alors la réouverture des X-Files. Critique : Ce pilote d’une nouvelle saison (sinon de toute une nouvelle aventure) séduit d’emblée grâce à sa séquence rétrospective inaugurale. Les superbes photographies s’avèrent particulièrement bien choisies, titillant la curiosité des nouveaux venus et valant tout un feu d’artifice de souvenirs aux X-Philes de toujours. Évidemment le procédé conduit à se limiter aux monstres de la semaine les plus visuellement spectaculaires, excluant quelques mémorables adversaires tels Modell le Pousseur ou le John Lee Roche de Paper Hearts. La narration s’effectue efficacement, synthétisant le fil rouge complexe de la série, même si elle demeure floue sur le fait que le destin de Samantha est désormais connu. Consacrer une photographie aux Bandits Solitaires ne relevait pas de l’impossible. Surtout en dynamisant et esthétisant le procédé bien connu de l’album photo, ce flash-back présente le mérite de déjà annoncer le grand mérite de l’épisode : nous faire pleinement retrouver l’univers paranoïaque des X-Files, tout en l’adaptant intelligemment aux temps nouveaux. En effet le scénario de Chris Carter nous fait replonger d’emblée dans la meilleure tradition de la série : complot gouvernemental, référence centrale à Roswell, enlèvements et technologie extraterrestre, importance de sources elles-mêmes énigmatiques, duo vedette au relationnel fusionnel mais aux conceptions antagonistes, retour de l’Adversaire emblématique... Rien ne manque à la Mythologie des X-Files telle qu’on l’apprécie depuis 1993 et pourtant tout change pour que rien ne change. Carter sait pleinement intégrer l’époque contemporaine à son univers, d’une manière encore plus qu’aboutie que la déjà très réussie saison 9 de 24h Chrono. D’objet encore exotique et hautement fantasmé (notamment certains opus des années 90 relevant encore clairement des Cyberpunks 80’s), l’Internet se révèle ici comme devenu le média central de notre société, le scénario exploitant parfaitement toutes ses dimensions modernes (même si évoquant soigneusement d’évoquer Google et YouTube), désormais pleinement intégrées dans notre quotidien. Mais, au-delà de la dimension technique, la modernité s’étend jusqu’à la Conspiration elle-même, passant de secrète à multi-médiatique et s’étendant à tous les domaines possibles, mais aussi d’un modus operandi encore inspiré de la l’espionite de la Guerre Froide à une stratégie multi-facettes embrassant toutes les failles de notre monde contemporain devenu si complexe et enchevêtré. Alpha et Oméga du Syndicat de jadis (aux fameuses rencontres sises dans des pièces obscures), les secrets technologiques et la présence même des Petits Gris ne constituent plus désormais qu’un domaine de la lutte parmi bien d’autres. Tout nier en bloc n’est certainement plus la seule stratégie et l’introduction du nouveau personnage représenté par O’Malley (l’une des meilleures surprises de l’opus) participe pleinement à ce mouvement, croisé des temps nouveaux luttant avec la même diversité d’armes que ses adversaires et ne dédaignant pas de s’enrichir au passage, là aussi nous nous situons dans le Nouveau Monde. Introduire un jeune idéaliste (une pensée pour Max), à qui Mulder aurait transmis la flamme aurait constitué un poncif absolu, ici Carter opte pour un stimulant contrepied scénaristique en faisant de Mulder le Padawan et de O’Malley le maître en modernité. La violence de la réaction des Conspirateurs s’avère à la hauteur de la menace et que cela soit sur O’Malley et non sur Mulder que tombe la foudre s’avère très parlant. L’un des enjeux du développement prochain de la Mythologie sera d’exposer comment Mulder va savoir s’approprier cet enseignement tout en y agglomérant sa propre expérience. On applaudit au passage la performance de Joel McHale, aussi bluffant de naturel que dans Community, une excellente recrue que l’on espère retrouver bientôt. Mais cet ambitieux virage mythologique, permettant de justifier le retour de la série au-delà du simple plaisir des retrouvailles, butte sur le format court de ce qui demeure une mini série de six épisodes dont plusieurs loners. Chris Carter a toujours excellé dans le temps long, développant savamment les passionnants méandres de sa Conspiration. Ici il doit faire vite, puisque dans les faits la nouvelle Mythologie devrait essentiellement reposer sur ses propres épisodes, et devoir travailler sur ce tempo le conduit à se montrer parfois abrupt. Les retournements de croyance de Mulder donnent le tournis, il faut parfois recourir à certains clichés (la recherche sur ce qui, donc, n’est pas Google, promis, juré, après le film I Want To Believe) ou autres accélérations (la réouverture bien soudaine des X-Files). Carter corse encore la difficulté en ne se contentant pas de créer du nouveau mais aussi en remettant en cause le passé, via la disparition (à vérifier) de l’implication extraterrestre au sein du complot. Cela ajoute une problématique à l’utilité douteuse et contestée par d’innombrables scènes des saisons passées, à commencer par l’histoire de la Colonisation ici passée prestement aux pertes et profits, à travers une obscure référence de Mulder à 2012, c’est assez vertigineux. On ne saisit pas l’intérêt de ce mouvement, d’autant que Mulder était déjà devenu passagèrement sceptique par le passé, donc cette option avait déjà été explorée. Si l’intrigue est moins chargée que traitée au galop du fait du faible temps imparti (parfois jusqu’à l’ellipse), ici elle se disperse inutilement. Si Carter maîtrise moins efficacement le tempo rapide que, par exemple, lors de l’arc Anasazi, la nécessité de maintenir le rythme présente néanmoins comme heureuse conséquence que le récit n’en fasse pas des tonnes sur la la séparation entre Mulder et Scully. On nous aura au moins épargné le mélodrame, le Conspirationnisme était un sujet autrement intéressant à traiter. De plus, tel quel, leur lien demeure fusionnel et représente toujours l’un des grands atouts de la série. La caractérisation des personnages ne résulte toutefois pas sans défaut. S’il manifeste fort heureusement toujours le même humour, le fait que Mulder épouse toutes les révélations (ou prétendues telles) véhiculées par le récit risque fort de le présenter aux nouveaux spectateurs comme un esprit bien crédule. La disparition d’O’Malley doit absolument lui permettre de devenir plus actif et décisionnaire à l’avenir. Il en va pareillement pour Scully, confinée tout au long du récit à un registre larmoyant et impulsant encore moins le récit que son partenaire. Hormis la réunion avec Mulder, notre amie plus si rousse se cantonne à quelques clichés scénaristiques (discussions entre femmes autour des enfants, tests médicaux à refaire, flirt express de couguar…), My Stuggle n’est que marginalement celui de Scully. Il est aussi maladroit de la décrire comme si impliquée dans l’aide à l’enfance malheureuse, pour ensuite prestement tout laisser tomber pour chasser le Dahu avec Mulder, là encore le rythme s’avère terrible. De plus David Duchovny se montre légèrement figé et Gillian Anderson pas tout à fait à son aise dans le lacrymal dépressif, accentuant souvent ses effets. L’actrice avait d’ailleurs indiqué que les retrouvailles avec Scully n’aient pas été immédiates, cela se confirme. Mitch Pileggi et William B. Davis (certes plus fugaces à l’écran) semblent par contre d’emblée à leur affaire. A près les émouvantes retrouvailles avec le générique emblématique qu’il a eu la clairvoyance de conserver, Chris Carter nous convainc également entant que metteur en scène en scène. Là aussi il conjugue habilement la modernité (notamment avec d’impressionnantes images de synthèses lors de la reconstitution réussie de Roswell) avec l’atmosphère identifiant la série, qu’il reconstitue parfaitement. De même que lors du film I Want To Believe, Vancouver et son clair obscur permettent un retour aux sources particulièrement bienvenu pour affirmer la pérennité de l’univers de la série, y compris avec l’intégration d’inflexions positives apportées à la Mythologie. Tout comme lors de l’explosion du building dans Fight the Future, Carter cède parfois à la tentation d’un spectaculaire superfétatoire, dès lors qu’il en a les moyens, comme lors de l’exécution de Sveta, mais il s’agit d’un inconvénient très secondaire. Les inoubliables forêts de la Colombie britannique nous manquent encore, mais le voyage ne fait que recommencer. Au total, My Struggle représente un recours réussi pour une série sachant renouveler son univers et l’adapter aux années 2010, tout en conservant ses fondamentaux et son atmosphère si particulière. Les contraintes inhérentes au format court de la mini saison conduisent toutefois Carter à certaines accélérations dommageables et à laisser Mulder et Scully trop passifs. Priorité est accordée à la mise en place du décor, mais les prochaines enquêtes doivent permettre au duo vedette de retrouver toute sa dynamique. Anecdotes :
2. LES ENFANTS DU CHAOS
Scénario : James Wong Résumé :
Anecdotes :
3. RENCONTRE D'UN DRÔLE DE TYPE
Scénario : Darin Morgan Résumé : Alors que Mulder déprime devant les Affaires non classées s’étant dégonflées d’elles-mêmes en son absence, de mystérieux meurtres se déroulent dans une petite bourgade où un monstre ressemblant à un homme lézard a également été repéré. Une étrange enquête attend Mulder, entre personnalités locales hors normes et un monstre sympathique qu’une morsure transforme périodiquement en être humain. Toutefois il peut compter sur les applications de son téléphone tout neuf pour découvrir le véritable coupable. Mais Scully y arrive avant lui, tout en se trouvant un nouveau chien. Critique : Après le pilote mythologique et le loner, Mulder and Scully Meet The Were-Monster tombe à pic pour compléter le panorama des X-Files, en renouant avec les souvent hilarants épisodes décalés. Grand spécialiste du genre et l’un des meilleurs scénaristes de la série, Darin Morgan crée de nouveau la sensation avec cet opus irrésistible d’humour, d’intelligence et d’audace narrative. Morgan joue ainsi à plein sur la connivence existant avec le public de la série, la seule réserve suscitée par l’opus étant que, contrairement aux deux précédents, il s’adresse avant tout aux amateurs de longue date, les nouveaux venus ne pouvant que malaisément comprendre nombre de clins d’oeil. L’auteur nous régale d’un véritable jeu de pistes, multipliant private jokes et références à ses épisodes précédents, autant de gags éveillant de grands souvenirs de la série (Jose Chung's 'From Outer Space', War of the Coprophages, Clyde Bruckman's Final Repose, Humbug). Ce regard dans le rétroviseur s’effectue en symbiose parfaite avec la mise en scène, entre action nocturne, retrouvailles enfin opérées avec les forêts de Vancouver, hommages à Jack Hardy et Kim Manners, etc. En plus des références à X-Files, Darin Morgan élargit le focus à la série MillenniuM, pour laquelle il n’écrivit que deux épisodes ultra décalés, chacun dans une rupture de ton massive avec une série dont il n’appréciait ni le thème, ni l’ambiance. Les commentaires insérés sur le manque d’intérêt des tueurs en série et sur le fait que « quand on en a vu un, on les a tous vus » s’avèrent très explicites sur le sujet. Cet album de souvenirs, brillant d’un humour geek ultra référencé, mais où l’on ressent une passion commune à celle vécue par les fans, n’empêche toutefois pas le développement d’un authentique scénario d’enquête. L'histoire est plus classiquement ordonnancée que lors de Jose Chung's 'From Outer Space', auquel on songe parfois. On retrouve là aussi pleinement la griffe de Darin Morgan sur le registre de la comédie, avec nombre de gags frisant ouvertement une parodie encore soulignée par la musique délibérément caricaturale de Mark Snow. La singularité bien connue de Darin Morgan se retrouve également dans le thème du jour, grâce à une magistrale réécriture inversée du thème rebattu du Lycanthrope, avec cette fois le monstre devenant humain suite à la morsure fatidique. Outre son originalité d’un absurde aux confins de la poésie d’un Boris Vian, cette inversion des rôles donne lieu à une fable plaisante sur l’incongruité de la vie des Hommes, dès lors qu’elle se considère du point de vue de Sirius. On apprécie que l’auteur prenne le temps de développer cette dimension, au lieu d’empiler du sensationnalisme facile. Le jeu de Rhys Darby, au premier abord emprunté, se révèle du coup parfaitement conforme à cet humain improvisé. Mulder and Scully Meet The Were-Monster permet également de retrouver ces irrésistibles seconds rôles dont Darin Morgan peupla ses récits, autant d’irrésistibles excentriques envers lesquels il éprouva toujours une tendresse pleinement retrouvée ici. Que cela soient les junkies, le transsexuel, l’hôtelier ou Guy Mann lui-même, on rit toujours avec eux, bien davantage qu’à leurs dépens. L’épisode bat sans doute le record de personnages défoncés découverts jusqu’ici dans les X-Files. De ce côté Duchovny est en terrain connu après Californication, mais cela permet surtout à Darin Mogan d’instaurer toute une étrangeté ambiguë autour du monstre, s’ajoutant aux anges biscornus ou aux endroits insolites : chacune des personnes l’ayant vu est soit droguée, soit ivre, soit démente (le serial killer), un effet très réussi. Si Darin Morgan chérit toujours ses perdants magnifiques, il maintient également son ton volontiers caustique envers Mulder. L’espèce de semi-dépression due au dégonflement d’affaires non classée en son absence, mais aussi face au temps qui passe, le conduit à des attitudes puériles hilarantes (le téléphone, l’alcool) loin des interrogations existentielles de Scully dans Never Again. Même s’il résout en définitive l’affaire plus rapidement qu’un Dale Cooper, il reste très amusant, voire iconoclaste d’ainsi égratigner le Héros, tout en jouant habilement d’une inversion du binôme sceptique/croyant, que la nouvelle Mythologie avait relativement marginalisé. La complicité avec Scully demeure touchante, et elle bénéficie elle aussi de scènes fortes, dont l’inoubliable fantasme de Guy Mann, déjà l’un des moments cultes de cette saison 10. L’amusement de Mulder et Scully retrouvant leurs enquêtes aux frontières du réel s’avère particulièrement communicatif et constitue en soi une éloquente évocation de la magie des X-Files. Duchovny et Andeson ont désormais pleinement réintégré leur personnage et jouent le jeu avec gourmandise. Un épisode définitivement hors gabarit, mêlant avec génie l’autodérision et une ode la série et faisant bien plus que tenir ses promesses.
Anecdotes :
4. ESPRIT VENGEUR
Scénario : Glen Morgan Résumé : A Philadelphie, plusieurs agents publics s’en prenant aux sans abris sont tués et démembrés de manière atroce, dans des circonstances inexplicables. Les Affaires non classées débutent leur enquête, quand Scully apprend que sa mère Margaret est mourante, après avoir subi une crise cardiaque. Elle veille sa mère et s’efforce de joindre ses frères, avant d’être rejointe par Mulder venu la soutenir. Le décès de Margaret lui fait également ressentir douloureusement l’absence de William. Scully tente de se changer les idées en rejoignant l’enquête. Elle et Mulder vont découvrir qu’un peintre des rues a involontairement créé une entité vengeresse et mortifère. Critique : L’épisode débute par une séquence pré générique d’anthologie, déjà ultra violente mais dont le ton sinistre s’accompagne d’un authentique mystère avec l’entité s’envelissant lui-même dans la benne, une image forte titillant diaboliquement l'imagination du spectateur. L’enquête embraye sans perdre de temps, posant le décor avec une efficacité très américaine, tout en incorporant déjà cet humour à la fois pétillant et nostalgique qui irriguera régulièrement les dialogues. On trépigne d’enthousiasme devant un duo vedette très en forme, quand survient la sortie de route dont l’épisode va éprouver le plus grand mal à s’en remettre. Toute la séquence hospitalière apparaît comme à part, totalement indépendante de celle de l’enquête en dehors du parallèle guère convaincant établi entre les abandon d'enfant et dépôt d'ordure. Tout se passe comme si, peut-être pour compenser le faible nombre d’épisodes de la mini saison, on tentait d’entasser deux dans le même espace. Il advient dès lors ce qui s’observe souvent dans ce cas de figure : aucun des deux tronçons ne dispose d’assez ampleur pour se développer correctement. Ainsi le temps perdu fera que l’enquête sera bâclée après le retour de Scully, une vertigineuse accélération nous faisant passer en une minute de l’hôpital au repaire du peintre. Les deux histoires n’auront cessé de s’interrompre l’une l’autre. Encore la séquence hospitalière aurait-elle pu dégager un intérêt propre. Mais elle se voit plombée d’entrée par un sentiment de saturation. Dans I Want To Believe, nous avions Scully bouleversée dans un hôpital à propos de l’enfance malheureuse, bis repetitas dans My Struggle avec les gamins naissant sans oreilles, et encore ici, le passage de médecin à celui de parente ne changeant rien à l’affaire. On se croirait presque devant le Jour de la Marmotte. A la différence des épisodes One Breath ou Audrey Pauley, aucune intrigue n’a le temps de se mettre véritablement en place. On se contente d’accumuler du pathos à l’état pur, avec quelques moments forts comme l’affaire outrancière du chariot (Grey’s Anatomy est dans les cordes) ou le poncif absolu de la comateuse reprenant ses esprits juste avant de mourir. On aurait préféré pleinement retrouver Margaret plutôt que de la voir réduite au prétexte du tsunami lacrymal. Tant qu’à faire revenir des personnages aimés, autant qu’ils soient vivants (et cela ne concerne pas que Margaret). L’évocation apparaît également plus mélodramatique et moins créative que lors de Founder’s Mutation, de ce point de vue l'ordre initial des épisodes était sans doute meilleur. Les flashbacks s’enchaînent également sans trop de finesse. Fort heureusement Gillian Anderson, particulièrement à son affaire, déploie tout son formidable talent et finit par réellement nous émouvoir. Elle achève de nous emporter quand Scully est rejointe par Mulder, la relation toujours aussi transcendantale entre les personnages jouant à plein, de même que la dynamique complémentaire des interprètes. Il en va pareillement pour la scène finale, très réussie, mais on espère malgré tout retrouver dès l’opus prochain la Scully femme d’action tonique et à l’esprit acéré, loin du mélo. Si, du fait du temps consacré aux sanglots, le scénario ne peut dissimuler la maigreur de l’enquête, la satire sociale s’avère éloquente. Surtout Morgan se montre formidablement à la hauteur en tant que metteur en scène, établissant une convergence avec Home, tant il a retenu les leçons de Kim Manners. Chacun des meurtres s’avère un parfait alliage de Gore et de suspense, mais aussi d’humour noir (mention spéciale au Downtown de Pétula Clark et au non-dit très parlant de la séquence). On trouve là du X-Files à son meilleur niveau, d’autant que le Monstre de la semaine s’avère particulièrement gratiné en semi Tulpa veillant cette fois sur les Damnés de la Terre et non sur des bourgeois réacs (on songe aussi au Golem de Kaddish). Morgan manifeste un vrai sens de l’image et une vive imagination, comme la caméra comme collée au visage de Scully se rendant à l’hôpital ou les faisceaux des lampes torche se croisant pour former un X ("Scully, back in the day is now"). La confrontation finale se montre aussi très X-Files avec le monstre s’évanouissant de lui-même et sans laisser de trace probante après avoir perpétré son dernier meurtre. Si le public de toujours se trouvera en terrain plaisamment connu, les nouveaux venus des années 2010 se sentiront par contre peut-être frustrés. Anecdotes :
Scénario : Chris Carter Résumé : Après qu’un attentat suicide ait dévasté une galerie d’art du Texas, Mulder et Scully sont approchés par les Agents Einstein et Miller. Ces derniers, qui évoquent fortement le duo vedette en plus jeune, sont à la recherche d’un moyen de communiquer avec l’un des terroristes ayant survécu, mais plongé dans un coma irréversible. Le but est d’obtenir des informations permettant de prévenir une autre attaque. Scully et Miller œuvrent paisiblement sur un dispositif scientifique, mais Mulder agace prodigieusement Einstein, une cartésienne au caractère bien trempé, en évoquant doucettement un champignon hallucinogène aux vertus miraculeuses. D’une manière inexplicable Mulder remporte cependant son pari, malgré qu’Einstein ne lui ait secrètement fourni qu’un placébo. Critique : Avec sa succession échevelée de scènes fortes ou renversantes, mais aussi la multiplicité et la profondeur des sujets abordés, Babylon prend le risque de laisser une impression de trop plein au spectateur peinant à s’adapter au rythme trépidant de l’ensemble. Il s’agit d’ailleurs d’une (relative) faiblesse de cette mini-saison, tendant à remplir à ras-bord chacun de ses opus, hormis celui de Darin Morgan, au parfait équilibre. On peut y voir la conjonction du long hiatus précédent sa survenue, de son faible nombre d’épisodes et de la double casquette systématique entre réalisateur et auteur. Chaque œuvre manifeste l’ambition de composer comme un manifeste de la série, jusqu’au risque de démesure. Et pourtant, au sein de ce qui ressemble de prime abord à un récit épars, Chris Carter impulse avec soin un thème central, celui de l’incommunicabilité, fléau de notre monde contemporain si éclaté. Toujours désireux, après My Struggle, d’y insérer les X-Files, il prend comme thème la Tour de Babel, symbole de l’incompréhension installée entre les peuples, et sise au sein de ce Moyen-Orient plus que jamais déchiré par des conflits enchevêtrés, épicentre de notre chaos. L’évocation du terrorisme islamique y fait pleinement écho, avec un propos plus pessimiste que ne le montre le happy end du récit. On est ainsi sidéré de voir Mulder aborder l’esprit d’un Musulman via une image aussi catholique que celle d’une Pietà : la difficulté à communiquer provient de nos différences culturelles profondes, même si la volonté peut in fine passer outre. Carter évite de pointer du doigt un seul camp, montrant avec force comment on peut s’enfermer dans la confrontation et le ressentiment, à travers l’infirmière et les agents de la sécurité. Privilège du showrunner, Chris Carter personnalise également à l’extrême le récit, en élargissant son thème de l’incommunicabilité à celle installée entre différents plans d’existence. Il en va ainsi du cœur céleste, incompréhensible mais transcendantal, de l’évocation d’un espace spirituel on l’on se tient avant de passer totalement dans l’au-delà et du mystère même de ce qui est réellement advenu à l’Agent Fox Mulder ce jour-là, à l’hôpital de Dallas ou dans la Quatrième Dimension. Le plan final recoupant celui d’Improbable souligne encore cette idée d’une force supérieure œuvrant au-delà de notre perception, que certains appelleront Dieu. Le choix d’une bande son très riche, composée de chansons reconnaissables, distinctes des mélodies de Snow, souligne également un parallèle subtil entre les deux épisodes, à l’instar de Home et Home Again. Ce procédé contribue également à arrimer les X-Files à la modernité, ce type de bande sonore étant plus fréquent parmi les séries contemporaines (Supernatural, Sons of Anarchy…) que durant les 90’s. Le parti-pris spiritualiste de Carter pourra lui aussi dépister une partie du public, il apparaît néanmoins fascinant par son pouvoir d’évocation et inscrit l’opus parmi une tradition féconde des X-Files, exprimée entre autres par Le Message, Les Chemins de la bénédiction / Opération presse-papiers, Le pré où je suis mort, Cœurs de tissu, Amour fou, Délivrance, Audrey Pauley… Sur un ton davantage léger et humoristique, cette difficulté à communiquer se prolonge au sein du relationnel entre les personnages. L’irruption du duo dynamique Einstein / Miller suscite ainsi une résurrection de la farouche opposition entre croyants et sceptiques, et des dialogues de sourds désormais devenus impossibles entre Mulder et Scully. L’effet miroir pourrait résulter artificiel, mais Carter pare fort judicieusement à ce danger en scindant les couples, permettant aussi à Mulder et Scully de retrouver pleinement leur registre de naguère, afin de participer à la fête. Si une communicabilité féconde s’établit au sein du duo Scully / Miller, celui-ci paraît relativement atone vis-à-vis de l’explication de l’hilarante explication de gravures se déroulant à-côté, cotillons et serpentins. Miller a finalement avant tout besoin de quelque chose en croire face à l’horreur, et Scully lui apporte cette présence rassurante. Elle-même est animée par des sentiments quasi maternels, dans le contexte que l’on sait et développé tout au long de la saison autour de William. De plus, face à la mère éplorée, elle est évidement émue de se trouver derechef confrontée au malheur au sein d’un hôpital, décidément un autre fil rouge, pas le meilleur, de la période. On prend les paris pour le season finale, quel suspense. Si l’excellent Robbie Amell apporte une belle sensibilité à Miller, on doit avouer que sa prestation se voit quelque peu éclipsée par l’énorme sensation Lauren Ambrose que véhicule le deuxième duo. Les prises de bec entre Mulder et Einstein à bord du Crazy train se montrent ébouriffantes de drôlerie, tant les répliques vachardes de l’une et ironiquement mielleuses de l’autre tournent au tir de barrage. On rit aux larmes, il s’agit probablement d’une des scènes les plus drôles d’une série en comptant pourtant un nombre plus que conséquent. L’abattage et le chien d’une sublime Lauren Ambrose tout feu tout flammes font merveille (quelle vitalité et quel tempérament !), tandis que Duchovny retrouve avec gourmandise un registre goguenard joyeusement proche des vannes d’Hank Moody. Après Mulder et Scully, Reyes et Doggett, mais aussi Frank et Catherine Black, on s’émerveille de la faculté de Chris Carter à réinventer des couples passionnants. On apprécie également que Lauren Ambrose vienne couronner cette succession de comédiens ayant tenu des rôles réguliers au sein de séries notables, et acceptant d’intervenir en simples guests durant cette saison, parce que ce sont les X-Files. Le relationnel sert aussi judicieusement de caisse de résonnance à l’épiphanie apportée par le voyage spirituel (ou le trip à l’acide, au choix) de Fox Mulder. La sagesse apportée par ce dépassement de l’incommunicabilité permet à Einstein et Miller de franchir une étape. Outre de fort heureusement montrer que Miller n’est pas une carpette face à sa partenaire bulldozer (le duo ne doit pas être déséquilibré non plus), leur ultime scène montre le progrès accompli dans leur complicité. Il reste du chemin à accomplir (le casque remis, le silence) mais qu’importe, ils ne sont qu’au début de leur voyage. De leur côté Mulder et Scully atteignent une plénitude sereine dans leur relation fusionnelle : au-delà de l’amour ils deviennent désormais les âmes sœurs qu’ils n’étaient pas encore dans Le pré où je suis mort, tout en s’insérant dans la musique céleste. Par cette magnifique scène de fin, Chris Carter réaffirme qu’au cœur des X-Files et de leur succès impérissable, on trouve bien la relation entre leurs deux protagonistes. Certes, tout n’est pas parfait dans Babylon. Carter joint les différents fils d’une intrigue, parfois écartelée entre loner et épisode décalé, avec moins de subtilité et de grâce que Darin Morgan dans la merveilleuse fable que représente Mulder et Scully meet the Were-Monster. Efficace derrière la caméra, il cède néanmoins à son péché mignon de placer dès qu’il le peut une spectaculaire explosion dans ses récits. Cela s’avère régulièrement contre-productif, comme lors de l’intervention extraterrestre inutile et pompière de My Struggle, ou encore ici. Outre le souvenir du 11 septembre parmi le public américain, passer de personnes explicitement montrées en train de brûler vives à des scènes humoristiques relève quelque peu du grand écart, à moins d’être devant Supernatural. L’odyssée fongique (un champignon cousin du fongus de Spores ?) s’avère tellement énorme, tellement irrésistible, tellement hors normes au sein de la série, qu’elle menace d’éclipser tout le reste, y compris l’entrée en scène du nouveau duo. On ne boudera toutefois pas son plaisir d’enfin retrouver les Lone Gunmen, ne serait-ce que pour un bien fugace instant. Mention spéciale à Melvin, comme souvent, il reste tellement dommage qu’il ne puisse rencontrer l’Agent Einstein.
Anecdotes :
6. LA VÉRITÉ EST AILLEURS (2/2) Épisode Mythologique Scénario : Chris Carter, d'après une histoire d'Anne Simon, Margaret Fearon & Chris Carter Résumé : Alors que Mulder a disparu, Tad O'Malley révèle que la phase finale de la Grande Conspiration est sur le point d’advenir. Une pandémie va annihiler l’humanité, hormis une poignée d’élus choisis par les comploteurs dirigés par l’Homme à la Cigarette. Le fléau débute et prend rapidement de l’ampleur, sans que rien ne semble pouvoir l’arrêter. Mais Monica Reyes, passée depuis des années au service de l'Homme à la Cigarette, communique une information cruciale à Scully : la composante alien de l’ADN de cette dernière n’est pas un facteur déclenchant, mais au contraire empêche la destruction programmée du système immunitaire ! Dès lors Scully, aidée par l’Agent Einstein, met au point un remède. Mulder est parvenu à remonter jusqu’à l’Homme à la Cigarette mais est terrassé par la maladie durant leur confrontation. L’Agent Miller parvient à l’exfiltrer et Mulder et Scully se retrouvent enfin, au sein d’une foule en panique. Tous font silence quand un vaisseau extraterrestre survole la scène. Critique : A l’occasion de ce final de saison, Chris Carter continue à édifier son décalogue des grandes peurs occidentales contemporaines, un moyen toujours efficace et percutant d’ancrer les X-Files dans la modernité. Après le grand complot devenu global et médiatisé, puis le terrorisme islamique, il aborde ici le réchauffement climatique et la théorie conspirationniste en vogue des Chemtrails, mais davantage encore l’épouvante des pandémies. Sans cesse exacerbé par l’accumulation du SIDA, du H1NI en passant par l’Ebola et autre Zika, ce phénomène éveille une peur profonde. L’écho de la Grande peste noire retentit toujours comme une fin du Monde pour nos sociétés. On peut d’ailleurs regretter que Carter ne saisisse pas l’occasion d’établir une référence à MillenniuM, alors que la conclusion de la saison 2 voyait des éléments du Groupe répandre également une épidémie. Il s’avère toujours porteur de développer des liens entre les différents segments d’un univers narratif, et l’événement aurait pu s’insérer comme une répétition à plus petite échelle du drame ici en cours. C’était la séquence « MillenniuM mérite aussi de revenir». Après une nouvelle ouverture réussie en forme d’album photos, la narration de la pandémie suscite un indéniable impact auprès du spectateur, car le scénario joue pleinement la carte de la sidération, à l’instar de la longue et effroyablement fascinante première partie du Fléau, chef d’œuvre de Stephen King. Cet aspect crucial de l’épisode se révèle particulièrement réussi, entremêlant avec un parfait sens du tempo différentes sources d’informations, afin de brosser un panorama particulièrement évocateur du déroulement de la tragédie. Les événements se succèdent à un rythme le plus souvent soutenu, de quoi faire oublier la passivité de personnages centraux longtemps simples commentateurs horrifiés des événements. De fait, le scénario constitue une variation efficace d’un grand classique, le premier mouvement d’un drame voyant les antagonistes triompher lors de l 'accomplissement de leur maître plan, tandis que les héros sont dans les cordes. De ce point de vue, le récit accorde judicieusement une place importante à l’Homme à la Cigarette, avec la clef de diaboliques dialogues et un grand récital de William B. Davis, dont les années n’ont en rien altéré l’aura. La confrontation avec Mulder demeure sans dote le moment paroxystique de l’opus, d’autant que découvrir Mulder l’arme au poing face à C.G.B. apporte un savoureux clin d’œil de plus au passé au sein de cette saison, ici à One Breath (2.08) et à Talitha Cumi (3.24). Contempler le Génie du Mal exposer sa machination au Héros avec une délectation perverse et narcissique demeure décidément un insubmersible classique, et l’on ne s’en plaint certes pas. L’événement se voit d’ailleurs joliment annoncé par la séquence de Monica Reyes. On apprécie que Monica dispose de véritables dialogues et d’une authentique participation aux événements, contrairement aux infortunés Lone Gunmen et Margaret Scully, voire Skinner lui-même. La positionner en nouvelle source d’informations de Mulder et Scully reste un moyen astucieux et rapide de la faire revenir aux affaires, d’autant que l’endroit de la rencontre entre elle et Scully sonne très juste, on croirait y voir Mulder et Deep Throat y palabrer jadis. Annabeth Gish apporte avec naturel sa coutumière présence, elle réalise une prestation marquante en à peine une poignée de minutes, rendant Monica d’une lumineuse dignité face aux accusations un rien puériles de lâcheté proférées par Scully, brûlante de colère rentrée face au Grand Fumeur. On espère la revoir en saison 11, tout en craignant le destin habituellement connu par les sources du service des Affaires non-classées ! La gestion des autres personnages convainc moins. L’intrigue souffre malgré tout de se voir quasiment privé du moteur formé par le duo Mulder / Scully, mais aussi Miller/Einstein. Dans ce récit aux personnages sans doute trop nombreux, ces derniers avancent en ordre dispersé. Le seul tandem réellement constitué, entre Scully et Einstein, ne produit guère d’étincelles. Il demeure en effet enserré dans des postures finalement assez convenues de crise sanitaire, au-delà du twist astucieux de l’ADN alien protecteur (assez envisageable après l’intervention salvatrice du Bounty Hunter auprès de Teena Mulder, à la fin d’Herrenvolk). Les situations conventionnelles ne siéent guère à la personnalité haute en couleurs de Lauren Ambrose et on a déjà beaucoup vu et revu Scully dans un hôpital ces derniers temps, d’où un sentiment d’enfermement du personnage. Miller joue principalement les utilités, même si cela permet de confirmer la finesse du jeu de Robbie Amell. My Struggle II s’affirme également comme l’un des épisodes où la participation concrète de Mulder à l’action principale résulte la plus ténue, tandis que Tad O'Malley demeure également en marge. Ce final de saison présente également la particularité de porter à son paroxysme ce qui restera sans doute la faiblesse transversale de cette 10ème saison, pourtant si convaincante par tant d’aspects : des épisodes dont le trop plein impulse une schématisation des scénarios, relative mais malgré tout dommageable, afin de pouvoir tenir dans le format. Ici l’intrigue aurait clairement nécessité un double épisode, afin d’éviter ellipses et raccourcis. Les six semaines de disparition d’O'Malley et sa connaissance quasi absolue des rouages de la conspiration ne se voient en rien explicités, de même que l’identité du personnage ayant écrit le message sur la voiture de Scully dans My Struggle. Carter ne va pas nous faire son Moffat non plus, à apporter des réponses à des questions posées trois saisons plus tôt. On ne comprend pas très bien non plus pourquoi Mulder se refuse à communiquer avec Scully ou Skinner. La volte-face accomplie par Monica se justifie de manière expéditive (la situation aurait plus naturellement convenu à Marita), car ce qu’en attendait concrètement C.G.B. reste flou, au-delà des cigarettes ! Bien entendu le silence autour de John Doggett est assourdissant. On nous refait le coup de la première analyse médicale défectueuse, exactement comme dans My Struggle I. La bagarre entre Mulder et l’homme de main résulte aussi inutile à l’intrigue que hors sujet au sein de la série, elle ne fait que souligner à quel point une confrontation avec Alex Krycek aurait été électrique, voire abyssale. La recherche d’un effet visuel autour du faux nez du C.S.M. semble ridicule quand on se souvient que l’homme s’est pris un missile dans la figure. On veut bien fermer les yeux sur l’invraisemblance de sa survie, mais il faut nous aider un minimum en n’en rajoutant pas vainement. Quand le récit se relance en passant de la peinture du fléau à la contre-attaque menée par Scully et Einstein grâce à Monica (ce sont les femmes qui sauvent le monde, dans les X-Files également), on n’évite pas un problème de timing : compte tenu des incontournables délais de production et de diffusion, jamais le remède n’arrivera à temps pour éviter une catastrophe majeure, le suspense en prend un coup. Le thème de William surgit un peu de nulle part en toute fin d’histoire, comme une référence obligée au fil rouge de la saison (des cellules souches à administrer en urgence, sérieusement ?). Autant d’éléments qui auraient été abordés avec davantage de réussite avec une moindre nécessité de presser le pas. Mais ces réserves n’empêchent pas ce final de saison d’apparaître très prenant, parfois enthousiasmant, validant ainsi la richesse de la nouvelle mythologie développée (sans Super Soldats) par Chris Carter. Cette trop brève saison, même si parfois menée à un train d’enfer, aura confirmé le potentiel inaltéré de ces X-Files dont elle constitue une synthèse convaincante des diverses facettes, tout en incorporant de performants nouveaux personnages. On attend déjà la suivante de pied ferme. Le cliffhanger apporte d’ailleurs un joli coup d’audace, pleinement dans la tradition de la série. Anecdotes :
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