Saison 11
1. LA VÉRITÉ EST AILLEURS, 3E PARTIE Scénario : Chris Carter Réalisation : Chris Carter Résumé : Scully est hospitalisée quand elle perd connaissance, percevant des visions prophétiques envoyées par William : en fait les évènements de l’épisode précédent ! Mulder remonte une piste en espérant retrouver l’Homme à la Cigarette. Mais il découvre à la place les deux dirigeants d’une faction concurrente du Syndicat. Il parvient à revenir à temps à l’hôpital pour empêcher leur tueur d’assassiner Scully. L’Homme à la Cigarette s’assure la collaboration de Skinner en lui révélant être le véritable père biologique de William, grâce à une manipulation scientifique. Mulder et Scully décident d’attendre que William vienne à eux. D’ici là, ils reprennent leur travail au service des Affaires Non Classées. Critique : My Struggle III s’affirme comme un véritable cyclone narratif, accumulant les révélations les plus hallucinantes, tout en les couplant à un montage nerveux des différentes scènes. Chris Carter fait le pari osé de pleinement embrasser le coté plus grand de la vie de l’univers des X-Files, qu’il va jusqu’à hystériser en louchant par moment sur la Telenovela sud-américaine. Il en va ainsi du coup d’éclat du précédent cliffhanger se révélant un rêve similaire à celui de Pam Ewing pour toute la saison 9 de Dallas, autre univers impitoyable. Le delirium familial attient un niveau inusité, avec la confirmation de la paternité de CSM (dont le vrai nom est aussi validé) concernant Mulder et Spender… mais aussi William ! Quel twist ! Quelques bulles de pur délire dérivant dans le scénario viennent compléter le panorama, comme le prologue de L’Homme à la cigarette rappelant l’épisode de la saison 4 Musings of a Cigarette Smoking Man se concluant sur le gag de la vérification de la légende du faux alunissage, ou encore le cerveau de Scully s’exprimant en Morse (à ce niveau-là, l’unique équivalent demeure Doctor Who). Mais la force de My Struggle III et de Chris Carter consiste à ne pas céder à l’emballement narratif, pour au contraire utiliser ses twists de manière au combien intelligente. William cesse ainsi de constituer un MacGuffin intangible pour devenir un acteur à part entière de la Mythologie. L’épisode se découvre à cet égard comme un véritable tremplin pour une prochaine entrée en scène. Le Grand Fumeur redevient tel qu’en lui-même, le marionnettiste suprême de la planète, mais aussi confronté à de nombreux et énigmatiques ennemis. Avec la création d’un néo Syndicat, Chris Carter restaure une Mythologie au bon goût de jadis, avec ses conclaves secrets et ses entrevues dans des parkings. Il ne tourne pas pour autant le dos à la modernité instaurée dans My Struggle I, notamment via la référence aux désormais fameuses Fake News. Carter évite aussi - cette fois - de tomber dans la facilité du spectaculaire, la poursuite en voiture demeurant la seule vraie concession à l’action. Comme metteur en scène, il se montre efficace à cette occasion (même si un dialogue entre L’Homme à la cigarette et Monica vient inutilement scinder la scène), de même que son montage permet de dynamiser une dernière partie de l’épisode toute en dialogues bien dans sa manière. Tout ce nouveau fil rouge maintient suffisamment d’éléments dans l’ombre pour s’assurer une marge de progression. Il en va ainsi de la nature du rêve de Scully, simple échappée onirique, ou vision prophétique à la Buffy ? D’un point de vue plus ludique on peut remarquer que chacun des prologues des My Struggle ont été effectués par une personne différente. On peut dès lors débuter les paris quant à l’identité du quatrième narrateur, une friandise geek. La relation entre Mulder et Scully demeure au cœur de l’épisode, inaltérée par les révélations familiales et portée par l’alchimie toujours aussi palpable entre David Duchovny et une Gillian Anderson nous délivrant ici un nouveau récital. Mulder, démultipliant ses efforts, jusqu’à une conclusion sanguinaire, face à son élue en danger nous rappelle Fight the Future et la grande époque. Là aussi cette ouverture de la saison 11 se découvre comme une belle promesse pour la suite des évènements. On peut regretter quelques scènes mélo en hôpital (derechef), mais elles demeurent en quantité raisonnable. Les autres personnages se voient également fort bien traités. Skinner regagne en complexité et en importance dans l’intrigue, alors que la saison 10 l’avait assez marginalisé. Monica se découvre une véritable utilité, même si la fonction de confident du Mastermind est un marronnier depuis les années 60. De fait, Annabeth Gish délivre l’une de ses meilleures prestations en une Monica déterminée (et qui fumait déjà naguère des Morley), ne craignant pas de porter la contradiction à L’Homme à la cigarette, Les nouveaux conspirateurs se voient également portés par d’excellents comédiens Barbara Hershey et A.C. Peterson. En fait seuls le duo Einstein & Miller effectue une rentrée en demi-teinte. En laissant passer le tueur sans lui barrer le chemin, ils démontrent qu’ils ne sont pas encore assez paranos pour prendre les clefs, sinon du camion, du moins des Affaires non classées. Pas de panique, ils ont encore toute la saison pour y parvenir. Spender réussit un retour réellement émouvant. On continue à espérer à un retour de l’Agent Doggett. Au total, Chris Carter aura suffisamment secoué le cocotier pour démontrer que la série a encore quelque chose à raconter, tout en préservant la relation du duo vedette comme élement essentiel de l’histoire, et en restaurant un conspirationnisme de bon aloi. En effectuant des références aussi bien à la saison 10 qu’à la série classique, My Strugle III affirme d’ailleurs une féconde continuité des X-Files. Certes les rebondissements se situent aux frontières du crédible, mais on peut vouloir y croire. Tel quel, l’opus permet à la saison 11 de débuter sous les meilleurs auspices. Anecdotes :
2. UNE VIE APRÈS LA MORT Scénario : Glen Morgan Réalisation : Glen Morgan Résumé : Ayant été alertés par un mystérieux appel téléphonique d’un Langly décédé depuis bien longtemps, Mulder et Scully triomphent d’une attaque de mercenaires. Ils vont remonter une piste les menant jusqu’à Erika Price. La chef de la faction du Syndicat hostile à l’Homme à la Cigarette a fait dupliquer de brillants esprits sur un serveur informatique. Ces intelligences, dont Langly, vivent dans un univers virtuel et l’aident à mener à bien son projet de conquête spatiale. Nos héros parviennent à stopper la machine infernale, mais Erika disparaît sans laisser la moindre preuve. Critique : L’épisode frappe un grand coup avec sa séquence d’ouverture, parfaitement chorégraphiée et mise en musique. Tout le génie de l’épisode s’y trouve déjà : une affirmation de la continuité de la série comme de son univers, mais aussi une tonalité nouvelle (« en même temps », comme on dit chez nous ces temps-ci). Il en va ainsi d’une relation entre Mulder et Scully d’emblée mise en avant et de nombreux clins d’œil au passé, mais aussi d’un pétaradant Fort Chabrol à la Tara King de Trop d’indices, exercice assez nouveau pour le duo. Il en va pareillement pour un recours à une thématique Cyber seulement traitée dans les X-Files à travers une poignée d’épisodes particulièrement datés aujourd’hui (Un fantôme dans l’ordinateur, Clic mortel, Meurtres sur Internet et Maitreya), alors qu’on en trouve ici une acception résolument contemporaine. Cette introduction remplit parfaitement son office, puisque par la suite Glen Morgan va développer ces diverses dimensions de manière habilement agencée, sans nuisibles interférences entre elles. Le duo Mulder se montre ainsi particulièrement en forme, à la fois tonique et inséparable. Cela fait réellement plaisir de les voir œuvrer de concert, après avoir été quasiment séparés dans les deux derniers épisodes, My Struggle II puis III. This apportera sans doute un vrai plaisir aux Shippers, part importante du public de la série ayant beaucoup contribué à la persistance des X-Files sur les réseaux. En effet l’opus nous offre plusieurs scènes amusantes et complices, voire quelques dialogues gentiment coquins (ah, ces menottes). Gillian et David se régalent, avec peut-être quelques légères réminiscences de Californication pour ce dernier. Il y a un peu d’Hank Moody dans ce Mulder-là, très différent du précédent épisode. Là aussi l’épisode apporte du nouveau, puisque c’est la première fois que Mulder et Scully sont aussi manifestement montrés comme vivant ensemble, dans cette petite maison isolée déjà évoquée par Mulder au début de La Meute. Le bonheur d’être ensemble peut aussi exister dans les X-Files. Les amateurs des Bandits solitaires seront aussi à la fête, puis nous retrouvons Ringo tel qu’en lui-même, geek informatique surdoué et fan des Ramones interprété avec un enthousiasme manifeste par Dean Haglund. Glen Morgan rend un magnifique hommage à l’irrésistible Trio qu’il créa pour notre plus grand bonheur dans Entité biologique extraterrestre. Pour y parvenir, il ne propose pas simplement une histoire évoquant les Bandits solitaires, mais un épisode à la Bandits solitaires, ce qui fait toute la différence. Il projette de la sorte le duo vedette dans un univers délirant, complotiste et paranoïaque qui aurait autrefois fait les belles pages du Lone Gunman : conspiration, version contemporaine des Hommes en noir, Titanpointe, clins d’œil à la légende urbaine du visage apparaissant dans les rêves... Toute une atmosphère. La séquence du Cimetière d’Airlington se montre évidemment paroxystique d’autant que l’on y retrouve également la tombe de Gorge profonde, dont Glen Morgan fut aussi l’un des géniteurs. Évidemment quand on a en souvenir la saison 10 alternative en bande dessinée et que l’on se retrouve devant les tombes du Trio, un frisson nous étreint. En effet les Lone Gunmen y avaient survécu et ces tombes permettaient d’accéder à leur nouveau QG souterrain... Mais il est bon que la série assume en définitive ses choix passés, aussi mauvais soient-ils. La conclusion ouverte reste également archétypale des X-Files. De fait, le recours au Syndicat, ou du moins à la faction de M. Y et Erika Price vient encore pimenter les débats. Naguère le regretté Alex Krycek avait d’ailleurs régulièrement apporté de la sorte sa précieuse contribution à des scénarios ne nécessitant pas vraiment sa présence. Le procédé fonctionne bien, validant le choix de ces épisodes semi-mythologiques, en particulier grâce à une nouvelle superbe prestation de Barbara Hershey. L’actrice sait merveilleusement incarner une méchante grand train, sinistre à souhait, mais aussi très féminine. This met ainsi en valeur les nouveaux venus et gère habilement ce pan de la Mythologie : on en découvre davantage sur ce complot-ci, tandis que l’on préserve l’Homme à la Cigarette pour d’éventuels épisodes pivots, voire une fin de saison choc. L’épisode confirme également le potentiel d’un Skinner devenu davantage ambigu. La thématique Cyber du jour ne résulte pas foncièrement innovante en soi. Ce type d’immortalité permise par l’enregistrement de personnalités sur un serveur a ainsi été déjà explorée en littérature SF, notamment dans la saga Autremonde de Tad Williams, ou dans le fabuleux Cycle de la Culture, d’Iain M. Banks. Mais, telle quelle elle apporte un épisode pleinement contemporain à cette véritable série dans la série que constitue cette petite histoire de l'informatique et des téléphones portables que nous proposent les différentes époques des X-Files, à travers l'évolution des matériels proposés (pur plaisir de Geek). Cette modernité se ressent d'autant plus d'importance que, par l'importance accordée aux écrans sur lesquels apparaît Ringo et la totalité glaciale de l’ensemble, l’ensemble n’est pas sans évoquer l’actuelle série à succès que forme Black Mirror. L’idée de Glen Morgan s’avère d’ailleurs singulièrement proche du tout dernier opus de cette production, Black Museum. On pourra d’ailleurs observer que le traitement apporté par les X-Files n’a rien à envier à celui de la série anglaise, caractérisé par ce ton lourdement moralisateur minorant le succès de l’ensemble de la saison 4 (et tellement moins subtil que dans La Quatrième Dimension). En tant que metteur en scène, Glen Morgan parvient aussi à renouer avec l’ambiance des X-Files classiques (vues de la voiture en ouverture, fascinante beauté des forêts de Colombie britannique, plans soignés pour les dialogues…). Par contre, on reste nettement moins convaincu par la qualité d’image des saisons contemporaines, dépourvue du grain du tournage sur pellicule, qui apportait tant au Vancouver de jadis. C’est le seul vrai regret de cet opus aussi riche que brillant, instituant Langly en parabole des X-Files eux-mêmes : on les croyait morts, mais ils sont toujours au rendez-vous, pour notre plus grand plaisir ! Anecdotes :
3. LES JUMEAUX DIABOLIQUES Scénario : Chris Carter Réalisation : Kevin Hooks Résumé : L’attention des Affaires non classées est appelée sur une petite ville où des habitants rencontreraient des doubles d’eux-mêmes, avant d’être assassinés per ces entités hostiles. Mulder et Scully vont découvrir que le phénomène est l’œuvre de jumeaux télépathes et pervers, dont les pouvoirs se manifestent à travers des parties de Pendu télépathique. Tout en étant troublés par cette affaire évoquant d’anciennes enquêtes alors que tant d’années ont passés, Mulder et Scully vont devoir néanmoins réagir quand ils reçoivent à leur tour la visite de leu double maléfique. Critique : Magnifique épisode que Plus One, aussi bien par l’affaire du jour que ce qu’elle révèle de la situation du duo vedette. Au premier abord, les Doppelgängers constituent une enquête très à la X-Files des années 90. De ce point de vue, il s’agit d’ailleurs de l’opus le plus archétypal découvert jusqu’ici en saison 10 et 11, la présence de l’emblématique Karin Konoval ne doit d’ailleurs rien au hasard. En effet, on y retrouve le Monstre de la Semaine de rigueur et un déroulement de l’enquête très dans le style de l’époque. Nos agents des Affaires non classées remontent ainsi la piste jusqu’à l’esprit torturé (ici double) se dissimulant derrière les phénomènes paranormaux, soit un schéma typique de loner comme Insomnies, Corps astral, Coup de foudre, etc. Mulder et Scully deviennent bien évidemment les ultimes cibles de leur adversaire. De leur côté, les individus soumis au Mal se dévorent entre eux, ce qui représente une autre constante de la série, développée avec les conflits byzantins internes au Syndicat, toute la destinée d’Alex Krycek, la guerre des Eve, le patriarche d’Une petite ville tranquille trucidé par les siens… Mais évidemment le plus grand plaisir de l’exercice demeure de retrouver Mulder et Scully dans leurs rôles respectifs de croyant et de sceptique, ce que les X-Files modernes avaient eu jusqu’ici tendance à fortement minorer. David Duchovny et Gillian Anderson renouent avec un évident plaisir avec cette acception traditionnelle de leur personnage. Ce segment de l’épisode fonctionne efficacement. Le malaise ou l’effroi créé par les Doppelgängers rejoignent la grande tradition fantastique des Doubles de toute obédience, bien connue des amateurs de Chapeau Melon et Bottes de Cuir. La distribution se prête au jeu, on applaudira particulièrement la performance de Gillian Anderson en version maléfique de Scully et le renversant numéro proposé par Karin Konoval (particulièrement pour Judy, pour Chucky on sent un peu trop la présence du maquillage). L’ensemble ne manque pas non plus d’un certain humour noir fort gouleyant. Certes, si le vétéran Kevin Hooks se montre habile derrière la caméra, il ne vaut pas Kim Manners, d’autant qu’il se voit à son tour confronté à cette image digitale contemporaine si différente du grain de pellicule de jadis. Vancouver n’a plus la même saveur. Mais, si sa mise en scène demeure efficiente, son manque de créativité concoure en définitive habilement au véritable dessein de l’épisode : faire pleinement ressentir au spectateur le spleen vécu par Mulder et encore davantage par Scully. En effet, édifier l’aventure du jour en définitive comme un stand alone supplémentaire, sans rien d’exceptionnel, un simple retour en arrière, en soi fait concorder le spleen du spectateur avec celui des protagonistes, ce qui permet de faire pleinement vivre ce dernier. De fait, sans pour autant sombrer dans l’extrême schématisation caractérisant Esprit vengeur, le récit n’hésite pas à simplifier quelque peu l’enquête au profit du portrait du couple formé par Mulder et Scully. Plusieurs scènes, notamment à l’hôtel, plairont aux amateurs de leur relation, y compris sous son expression la plus torride. Mais la véritable coda de l’épisode survient quand une Scully proche de celle de Plus jamais évoque son vide existentiel et sa crainte diffuse de l’avenir. On peut y percevoir la résonance de l’absence de William, mais aussi le sentiment du temps qui passe sans retour, de cet âge qui insidieusement s’en est venu saisir nos héros. A ce titre les retrouvailles charnelles avec Mulder s’entendent comme la confirmation d’un vide qu’elles ne parviennent pas à combler, tout comme cette aventure si similaire dans la forme à celles de jadis ne crée plus les mêmes étincelles. Magistralement interprétée par une grande Gillian Anderson, Scully s’interroge sur l’image que lui envoie d’elle-même son parcours et son présent, dans une belle concordance de thème instaurée par Chris Carter autour des Doppelgängers et de la perception de soi, aux frontières de l’Existentialisme. Le fait d’avoir recours à la superstition (et non pas à la Foi) pour se prémunir du péril en dit également long sur le délitement de ses certitudes, derrière l’affichage de son scepticisme. Sans doute plus dépendant de sa croisade pour donner un sens à sa vie, et se peut par souci viril de rassurer sa partenaire, Mulder affirme a contrario une certaine résilience. Mais le fait qu’il exprime que l’aventure du jour n’est pas la plus marquante qu’ils aient vécus ensemble montre bien que le désenchantement l’atteint aussi. L’épisode Mulder et Scully comme très proches des héros du film Butch Cassidy et le Kid, quand Etta, désillusionnée et craignant l’avenir, décide de se retirer, tandis que ses compagnons masculins restent inexorablement enracinés à l’aventure de leur vie. De fait, Carter démontre une nouvelle fois une parfaite maestria dans la peinture de ses personnages et de leur psychologie, tandis que la tonalité crépusculaire de l’épisode et cette désynchronisation intime du duo annoncent déjà le chant du cygne des X-Files. Anecdotes :
4. L'EFFET REGGIE (THE LOST ART OF FOREHEAD SWEAT) Scénario : Darin Morgan Réalisation : Darin Morgan Résumé : Dans un parking souterrain, Mulder et Scully font la connaissance d’un certain Reggie. Celui-ci leur apprend une étonnante vérité : depuis le début de leurs aventures, il est leur partenaire en tant que troisième membre des Affaires non classées. Ils ne se souviennent plus de lui car leur mémoire a été manipulée par le diabolique Dr. They ! Reggie manifeste une connaissance réellement troublante des diverses enquêtes effectuées, mais est-il bien celui qu’il prétend être ? Critique : Grâce à The Lost Art of Forehead Sweat, Darin Morgan nous offre le Saint Graal ultime des amateurs des séries relevant du Fantastique ou de la Science-fiction : un épisode liant les deux sommets du genre que constituent La Quatrième Dimension et Les X-Files. En saison 10, avec le déjà excellent Mulder and Scully Meet the Were-Monster, l’auteur avait déjà procédé de même, de manière certes moins explicite. Il y développait un conte moral et philosophique typique de nombreuses histoires de Rod Serling, tandis qu’ici il s’adonne avec bonheur aux jeux autour de la notion de réalité, davantage propres à Richard Matheson, second grand auteur de cette anthologie. Ceci peut donner, à première vue, une impression de moindre résonnance ou profondeur, mais l’exercice demeure impressionnant de maîtrise. Il en va ainsi des multiples références à La Quatrième Dimension, insérés au fil du récit ou de cette formidable scène pré générique pastichant l’un des épisodes du programme de Serling les plus annonciateurs des X-Files, Y a-t-il un Martien dans la salle ?, entremêlant Aliens et paranoïa. Dans un effet visuel fort réussi, The Lost Art of Forehead Sweat s’achève également par une montée vers un ciel nocturne étoilé, tout comme chaque épisode de La Quatrième Dimension, lors de la rituelle conclusion de Rod Serling. De plus le jeu autour des notions de réel et de vérité se montre fort distrayant, comme si souvent chez cet auteur suprêmement divertissant et brillant qu’est Darin Morgan. L’introduction de Reggie constitue une belle audace narrative et permet un effet joyeusement déstabilisateur de vertigineux reboot total des X-Files. L’effet semble ici plus abouti que ce qui fut tenté de manière davantage expéditive par Steven Moffat autour de Clara Oswald dans Doctor Who, avec une insertion assez similaire du personnage dans le passé du Docteur, lors de Le Nom du Docteur. Les dialogues entre Reggie, Mulder et Scully, au sein de ce huis-clos à la fois très à la X-Files et à La Quatrième Dimension que constitue les confrontations en parking pétillent d’intelligence et d’humour, notamment quand chacun cherche une explication à une situation apparemment incompréhensible, une situation évoquant Cinq personnages en quête d’une sortie, autre classique de la série des années 60. Mais toutes les scènes brillent de ce sens de l’absurde finement maîtrisé caractérisant les dialogues écrits par Morgan. On retrouve également la griffe de cet auteur si original et particulier dans l’ultime pied de nez à la réalité représenté par l’intervention de Skinner, ou dans le portrait en définitive très sympathique de Reggie. Comme toujours si incisif envers Mulder, Morgan se montre également une nouvelle fois tendre envers son héros du jour : de nouveau il rit avec lui, mais jamais de lui. La profusion des vrais-faux flash-backs et des révélations rend également le récit très tonique. Toutefois Darin Morgan ne se contente pas de cette ludique virtuosité et, en définitive, prolonge son scénario via un regard critique sur un le monde contemporain des années Trump. Ce n’est certes pas original dans les séries actuelles, à Hollywood comme à Vancouver, et d’ailleurs Carter y avait déjà sacrifié lors de My Struggle III cette saison. Mais Morgan va au-delà des références au duel en cours entre Maison Blanche et FBI, ou de l’excellente vanne sur le fabuleux mur construit par les Aliens pour se prémunir des Terriens, pas encore fait, mais bien en construction, c’est officiel (la facture sera-t-elle présentée à l’ONU ?). Il installe toute une critique d’une époque encore plus à la dérive que durant les années 90, quand les X-Files opposaient Vérité et mensonge organisé. Désormais les deux notions se confondent en toute impunité à travers le phénomène des Fake News, un panorama pour le moins glaçant. En tant que réalisateur, Darin Morgan manifeste la même audacieuse et inépuisable inventivité qu’à l’écriture. L’insertion de Reggie au sein d’emblématiques scènes passées de la série produit un effet joyeusement déstabilisant et parfaitement dosé. Plusieurs passages se caractérisent par une belle inventivité visuelle, comme un Mulder enfant éminemment spécial, la reconstitution parfaite de l’atmosphère Twilight Zone lors de la séquence introductive, les hallucinantes statues de Vancouver (l’une des rares fois où les X-Files assument d’être tournés dans cette ville), où la recréation d’un extra-terrestre à soucoupe caractéristique des années 50-60, que l’on peut également retrouver dans le Comment servir l’Homme de Serling. La direction d’acteur se montre également à la hauteur les artistes invités, Brian Huskey en Reggie ou Stuart Margolin en Dr.They, méchant grand train, se régalent manifestement et une vraie complicité se crée directement avec le duo vedette. Comme de coutume David Duchovny et Gillian Anderson apparaissent s’amuser particulièrement lors de cette minisérie au sein de la série que représentent les épisodes de Darin Morgan, sans doute par ce qu’ils leur permettent de s’adonner à une comédie aussi facétieuse qu’intelligente et que la relation entre Mulder et Scully s’y voit régulièrement mise en valeur. De fait, à travers The Lost Art of Forehead Sweat, l’auteur perpétue ce tango très particulier entamé avec les X-Files (et MillenniuM), voici bien longtemps. Il continue à s’y moquer joyeusement des héros, de Mulder encore bien davantage que de Scully, mais aussi à pointer les faiblesses du programme. Quand Reggie déclare Move along, Sugar boobs. This is the X-Files, no women allowed, sans avoir l’air d’y toucher Morgan relaie une récente polémique sur la teneur exclusivement masculine des scénaristes de la série. Si Scully exprime sa préférence pour la version « classique » des épisodes passés, Morgan laisse le spectateur être juge quant à savoir si la version Reggie ne serait pas meilleure. Une partie du public pourra ainsi se demander si, en tant qu’ultime X-Files, la rencontre avec l’Alien ne s’affirme pas en définitive plus amusante et pertinente que l’interminable procès linéaire de The Truth. A travers Mulder terrassé par le Livre de la Vérité ultime, l’auteur pointe également un bug de base de la série, la découverte de la vérité signifierait sa fin. On l’y affirme comme valeur ultime, mais c’est en vérité le mystère qui la dissimule que l’on aime. Morgan interroge aussi le sens de la quête de Mulder à l’époque des Fake News, et donc la pertinence des X-Files dans les années 2010. Davantage encore, il interpelle aussi la Vérité comme étant relative et dépendant de l’Oeil de l’Observateur, comme déjà jadis dans Le Seigneur du Magma. L’observateur taquin pourra également se demander si, à travers le tonitruant reboot de la série qu’il introduit ici, Darin Morgan ne pastiche pas celui entrepris par Chris Carter dans My Struggle III, à propos de la Mythologie. On pourra dire ce que l’on voudra de Chris Carter, mais combien de showrunners auront permis à l’un de leurs auteurs de se montrer aussi librement irrévérencieux envers le programme ? En définitive, l’ultime intérêt de The Lost Art of Forehead Sweat reste de former le guide de lecture des X-Files selon Darin Morgan : une Mythologie ne présentant plus guère de sens, une primauté réaffirmée de la relation entre Mulder et Scully et une ode à cette liberté de l’imagination qu’autorisent le Fantastique et la Science-fiction. L’épisode aurait sans doute constitué une parfaite et originale conclusion à une série dont il constitue l’un des meilleurs opus. Il confirme également ce que l’on savait déjà : Darin Morgan aurait certainement formé un merveilleux auteur pour La Quatrième Dimension. A l’heure où une relance de cette fabuleuse anthologie est annoncée, l’on ne saurait d’ailleurs trop conseiller son embauche ! Anecdotes :
Scénario : James Wong Réalisation : James Wong Résumé : Deux jeunes filles sont hospitalisées après avoir tenté de s’entretuer sous l’influence de Ghouli. Elles recherchaient sur une péniche abandonnée ce monstre faisant l’objet d’une légende urbaine. Mulder et Scully enquêtent sur cette affaire quand cette dernière perçoit de nouvelles visions. Leurs découvertes vont dès lors les rapprocher de leur enfant disparu, William, aujourd’hui menacé. Critique : Là où la période classique de la série nous proposait un double épisode mythologique à mi-saison, la période actuelle nous en propose un seul, de plus entremêlé avec un stand-alone. Soit l’équivalent, autant qu’il est possible, dans la présente configuration. Cette sorte de retour au bon vieux temps se voit pleinement intégrée par Wong, à l’écriture de nombre des meilleurs loners des X-Files. Lors de l’ouverture de Ghouli ce dernier aspect s’avère d’ailleurs particulièrement soigné, avec un agréable mystère horrifique impeccablement narré par un auteur sachant renouer avec les sensations de jadis. La mémorable scène d’ouverture installe un mystère horrifique de bon aloi, avec une astucieuse idée provoquant le drame, à défaut d’être tout à fait originale. Ainsi une bataille entre Wonder Woman et Superman est suscitée de manière très similaire dans l’épisode Paradise Lost du dessin animé Justice League. Dans la meilleure tradition de X-Files, l’intrigue paranormale s’appuie sur le phénomène des légendes urbaines, aussi bien que les traditions ésotériques, comme ici l’évocation des rêves prophétiques d’Edgar Cayce (ce qui nous vaut un amusant échange de piques entre croyant et sceptique, au bon goût de madeleine). Tout ceci s’en vient enrichir un récit de plus porté par l’habile mise en scène d’un Wong ayant visiblement potassé son Kim Manners. Sa caméra met ainsi superbement en valeur l’étonnant et propice site du Chiméra et se montre toujours agréablement fluide par la suite. L’épisode atteint toutefois sa pleine dimension avec le twist particulièrement efficace que constitue le rebond mythologique de la révélation de William. Il faut rendre ici hommage au talent et au professionnalisme d’un Wong sachant gérer au mieux un cahier des charges incroyablement chargé : d’une part traiter le retour de l’enfant prodige, évènement ayant fait phosphoré depuis des années l’ensemble des Philes (et pas seulement les amateurs–trices de fanfics) mais aussi concomitamment développer en récit structuré la masse de révélations suscitée par Chris Carter lors de My Struggle III. Le grand atout de Ghouli demeure que Wong y parvient pour l’essentiel. La rencontre entre Scully et William crée une véritable émotion, dépourvue de pathos ou de ton ronflant. L’épure requise par le temps imparti au volet loner se montre d’ailleurs précieuse à cet égard. L’histoire sait apporter nombre de réponses, tout en ménageant suffisamment d’interrogations pour My Struggle IV. William s’insère avec naturel dans le volet purement conspirationniste, avec ses Hommes en noir et un Fumeur trônant comme naguère dans le bureau d’un Skinner plaisamment ambivalent (ce qui nous ramène quasiment au début des X-Files). Là encore on avance tout en laissant suffisamment de matière au final de saison (ou de série…). C’est notamment le cas de la véritable identité du père de William, sans doute pour ne pas empiéter sur le jardin du Boss, se peut aussi parce que cette question n’intéresse pas plus que cela Wong au sein d’un épisode très centré sur la maternité. Ce sujet autorise un magnifique récital de Gillian Anderson, particulièrement inspirée sur le registre de la souffrance intime, mais aussi lors du lumineux espoir final. A côté de sa partenaire derechef formidable, on apprécie également beaucoup la prestation plus en retenue de Duchovny. Alors que son personnage se voit cantonné au périphérique (les vannes, les théories, la conspiration), sans en faire trop l’acteur sait parfaitement nous faire sentir que pour Mulder il ne s’agit plus du tout d’un X-File ordinaire dès lors que Scully y est personnellement impliquée. Mulder prend sur lui pour avant demeurer un soutien pour Scully, on peut préférer cela à la psychose de My Struggle III. La relation entre Mulder et Scully irrigue ainsi un épisode également caractérisé par une distribution de qualité. Autour du jeune et talentueux Miles Robbins, on reconnaît ainsi François Chau, le Dr. Chang de Lost ou Louis Ferreira, le Colonel Young de Stargate Universe. Ghouli souffre certes de quelques défauts. A son corps défendant il fait ainsi quelque peu doublon avec la saison actuelle de Supernatural, tant il existe de similitudes entre William et Jack (nature hybride du Nephilim, fils du Big Bad ultime de sa série, à la personnalité et aux pouvoirs questionnés, héros amicalement à sa recherche, etc.). On peut aussi tiquer sur certains points de détail, comme Scully ne s’étonnant pas du retour des pouvoirs de William, malgré la piqure de magnétite jadis administrée par Spender. Mais le point le plus embarrassant demeure à quel point le volet Monstre de la Semaine se voit sacrifié en fin d’épisode. Tout expliquer par une blague d’adolescents expédiée en une ligne de dialogue résulte assez piteux. D’ailleurs le mélo entre William et ses deux copines compose clairement l’aspect le plus faible de l’opus, on sent d’emblée que Wong n’y est pas à son affaire. Du coup le mélo en hôpital est in fine de retour, on le chasse par la porte, il revient par la fenêtre. Malgré cela, Ghouli sait trouver un équilibre très pertinent, instituant William en variable clé d’une équation restant toutefois à résoudre par Mulder et Scully. Action, paranormal, conspirationnisme, force du duo protagoniste… Wong sait retrouver et affirmer l’ensemble des qualités traditionnelles de la série. Il complète ainsi harmonieusement Darin Morgan, qui venait précédemment de plutôt questionner les X-Files, en renouant de son côté avec la veine des épisodes décalés et philosophico-humoristiques. Un intéressant dialogue et un panorama complet du programme, décidément cette saison 11 fait bonne figure arrivée à mi-parcours. Anecdotes :
6. LE RETOUR DU MONSTRE Scénario : Gabe Rotter Réalisation : Carol Banker Résumé : Walter Skinner disparaît subitement ; En remontant la piste, Mulder et Scully, en plein doute sur la véritable personnalité de Skinner, parviennent dans une région isolée, où leur supérieur mène l’enquête sur une série de meurtres reliés à son passé durant la guerre du Vietnam. Un secret de cette période va être révélé. Critique : Centrer un épisode sur un personnage « secondaire » particulièrement attachant ou précieux pour sa série se révèle souvent une bonne idée. De prime abord cela apparaît particulièrement pertinent pour l’importante composante des X-Files que représente Walter Skinner, d’autant que ce dernier aura singulièrement été peu servi dans ce domaine par le passé. Outre l’amusant Jeux de menteurs d’Au Cœur du complot, tout juste pourra-t-on pointer comme épisode lui tant dédié La Visite, concernant l’échec de sa vie amoureuse, avec, à un degré moindre, Nids d’abeille pour l’ambigüité récurrente du personnage. On apprécie donc vivement que Kitten s’en vienne réparer une injustice, autant envers le protecteur des Affaires non classées (rendant tout simplement la série possible) qu’envers le très apprécié Mitch Pileggi. C’est d’autant plus vrai que l’opus tombe à pic en cette saison 11 ayant replacé le Directeur adjoint bien davantage dans la partie que la précédente, où sa présence relevait de l’anecdote. De même la période actuelle lui restitue une agréable ambivalence vis-à-vis de l’Homme à la Cigarette. Et c’est bien là que réside le principal mérite de Kitten : outre ses éléments biographiques, nous révéler la véritable personnalité de Skinner quant à son rapport avec un gouvernement manipulateur et ses propres choix moraux, faisant ainsi écho aux évènements actuels. Le moment crucial survient quand Skinner parvient à nous convaincre quant à ses motivations concernant les accusations portées contre ses frères d’arme. Le récit se montre dès lors aussi rassurant que révélateur quant à son jeu actuel, répondant à la méfiance de Mulder mais aussi à celle du spectateur. L’épisode bénéficie aussi de l’agréable mise en scène de Carol Banker, celle-ci maîtrisent visiblement les codes d’une série dans laquelle elle est loin d’être une nouvelle venue. Succédant aux entrevues en parking si chères à Darin Morgan, nous renouons ainsi avec une autre icône visuelle des X-Files : les grandes forêts de Colombie britannique, talentueusement mises en valeur, dans leur beauté, comme dans leur faculté à abriter l’épouvante. La réalisatrice nous propose d’autres effets réussis, comme une photographie bien à la manière de la période classique de la série, l’inquiétante apparition des monstres, le basculement dans la folie que représente la découverte du corps pendu à l’arbre ou l’ambiance claustrophobe souterraine. A côté d’un Mitch Pileggi dominant évidemment son sujet, Haley Joel Osment effectue par ailleurs une prestation convaincante allant au-delà du simple effet de curiosité. Malheureusement le succès de Kitten se voit grevé par plusieurs maladresses parfois gênantes. Son approche historique demeure ainsi assez décevante, avec des excursions dans le passé finalement assez limitées. Quitte à opter pour la reconstitution historique, on aurait préféré l’impact supplémentaire qu’aurait apporté une immersion totale dans la guerre du Viêt Nam, à l’image des enquêtes jadis narrées à Mulder par les Arthur Dales (Compagnons de route, Le Grand Jour). Le choix d’en revenir à ce conflit en 2018 et tant d’années après Insomnies, déjà consacré au sujet, marque inégalement un certain surplace, alors que des séries contemporaines comme Homeland ou l’excellent The Punisher de Marvel (parfait cas d’école sur l’usage de la violence dans une série télé) ont su actualiser le thème du syndrome post traumatique militaire. A tout prendre, plutôt qu’un revival Rambo, il aurait peut-être été plus judicieux de se centrer sur une période voyant Skinner supervisant déjà les Affaires non classées, mais avant l’arrivée de Mulder et Scully, cela aurait apporté une continuité supplémentaire aux X-Files. L’intrigue demeure également très prévisible. Jouer sur la possibilité que Skinner pouvait être un assassin devenait fatalement inopérant avec un personnage aussi apprécié et institué. Chapeau Melon et Bottes de Cuir avait jadis connu la même mésaventure avec, déjà, le supérieur des héros, Mère Grand n’étant évidemment pas un traitre dans L'homme au sommet. Dès lors la solution de l’énigme devient évidente puisqu’il ne reste plus que Davey (un résultat déjà annoncé sans trop de finesse par l’un des personnages secondaires mettant en garde Mulder et Scully). Dès lors la révélation de Davey sous le costume tombe clairement à plat, cela se voit autant venir que la conclusion toujours similaire d’un épisode de Scooby-Doo (je voulais me venger et j’y serais parvenu sans ces deux chenapans !). D’un point de vue davantage anecdotique, pour un amateur de l’Univers DC, comme avoue l’être votre serviteur, ce fameux gaz jaune, bon, c’est tout simplement l’arme phobique de Crane l’Epouvantail, à Gotham City. On préfèrera ici l’approche initiale plus originale et troublante de Mauvais Sang. Alvin Kersh ne constituait pas non plus le personnage dont on espérait le plus le retour. Au total Kitten demeure un épisode remplissant sa mission et tombant à point nommé pour Skinner, mais sans tout à fait rivaliser avec les grands centrics de la période classique des X-Files, comme L'Homme à la cigarette, ou Les Bandits solitaires et Brelan d'as pour le regretté Trio. Anecdotes :
7. RM9SBG93ZXJZ Scénario : Kristen Cloke et Shannon Hamblin Réaslisation : Glenn Morgan Résumé : Mulder et Scully dinent dans un restaurant asiatique branché et high tech, tenu par des robots. Une série de dysfonctionnements conduit Mulder a refuser de verser un pourboire. Dès lors, au fil d’une nuit de plus en plus cauchemardesque, nos héros vont se retrouver confrontés à la colère d’Intelligences artificielles bien décidées à obtenir leur dû. Critique : L’épisode se situe astucieusement à l’intersection de deux fils rouges des X-Files. Ainsi l’ensemble de la série peut se lire comme une petite histoire de l’évolution des technologies (téléphonie, informatique, hardware comme software, etc.) au cours de cette décennie absolument charnière que composèrent les années 90. Concernant cette fois la saison 11, de manière encore plus prononcée que lors de la précédente, les X-Files s’interrogent sur leur signification et leur pertinence dans les années 2010. Cette idée s’est retrouvée à travers le parcours personnel de ses protagonistes, aussi bien que par un étonnant abord du phénomène culturel et politique des Fake News (encore merci à l’inépuisable Darin Morgan). Mais c’est bien à travers des retrouvailles avec cette thématique technologique de longue date que le débat se poursuit à travers Rm9sbG93ZXJz. Le duo d’auteures utilise en effet avec acuité le regard de Mulder et Scully, demeurés fondamentalement des personnages des Nineties, pour pointer du doigt les dangers de la totale immersion des nouvelles technologies dans nos vies. Non seulement nous en devenons totalement dépendants, mais elles nous déshumanisent en nous transformant insidieusement en un élément de leur processus, jusqu’à devenir hostiles quand une rébellion, même minime, se manifeste. En définitive on retrouve ici un procédé bien connu des scénaristes, consistant à faire découvrir un univers via un regard extérieur, mais déployé ici avec efficacité et tonus. On pourrait certes reprocher à l’opus de former un doublon avec le déjà très Cyber This (11-02). De fait on y renoue avec une similaire tonalité à la Black Mirror. Après des connexions avec l’opus Black Museum de cette anthologie (4-06) lors de This, on en retrouve ici de semblables avec Metalhead (4-05), épisode également quasi silencieux, à l’héroïne pareillement isolée et confrontée à un robot canin, ressemblant quelque peu à ceux de Rm9sbG93ZXJz. Mais ce dernier va réussir à affirmer sa spécificité vis-à-vis de This. En effet, l’histoire de This relevait de la pure Science-fiction, tandis que les technologies ici décrites s’inscrivent déjà peu ou prou dans notre quotidien, ou sont en passe de l’être, donc s’inscrivent davantage sur le registre de l’Anticipation. De plus, le conspirationnisme classique de This (convenant idéalement à un épisode invoquant les Mânes des Bandits solitaires) n’est plus de mise. On ne trouve ici pas tant de tireur de ficelles ultime qu’un système révélant sa vraie nature en sombrant dans la folie. On retrouve de fait un paradigme semblable à celui de la géniale conclusion du Prisonnier, où le Numéro 6 se voyait moins confronté au Numéro 1 qu’au Chaos émergeant d’une démence systémique. Pour Mulder et Scully il va falloir parvenir à s’échapper d’un Village technologique contemporain et globalisé. Les différentes technologies auxquelles ils vont se trouver confrontés au cours de cette étrange nuit paraissent idéalement choisies pour brosser un panorama de notre quotidien, immédiat ou en devenir : domotique, téléphonie, GPS, drones, voitures sans chauffeurs, langage par images… La modernité du récit s’affirme comme totale, mais également audacieuse. Incidemment j’ai en effet apprécié que plusieurs des pratiques montrées du doigt (drones de livraison, immixtions dans nos habitudes de consommation) concernent directement Amazon, firme ayant financé Lore, la dernière série de Glen Morgan (ici metteur en scène), à laquelle ont également participé les deux auteures. Bel esprit, qu’auraient apprécié les Bandits solitaires. Certes l’odyssée passe par quelques biais d’écriture, demeurant heureusement secondaires. Pourquoi Mulder et Scully se retrouvent-ils les seuls clients du restaurant ? Comment Scully s’est-elle offerte une telle demeure ? Pourquoi Mulder et Scully semblent-ils tomber de l’arbre face à ces technologies, alors qu’ils sont censés avoir vécu le long hiatus entre les années 1990 et 2010 ? Autant de questions (et quelques autres) que l’on oublie soigneusement de se poser, tant nous sommes emportés par le rythme d’un récit particulièrement mouvemente, dosant idéalement menaces et humour. Rm9sbG93ZXJz s’impose à cet égard comme le plus épique des épisodes de la saison 11 à ce jour. En effet le recours au silence ne se limite pas à un simple exercice de style passablement surréaliste. Les très douées scénaristes que sont Shannon Hamblin et Kristen Cloke veillent en effet à retrouver la tonalité des antiques films muets, aux intrigues peu développées mais formidables par leur entrain et le rythme échevelé de leurs gags et péripéties. Pour pleinement apprécier Rm9sbG93ZXJz, il faut se laisser emporter et le savourer à l’instar d’un vieil épisode d’Histoires sans paroles (oui, j’ai des tempes grisonnantes). La dimension muette et l’évocation de technologies aliénantes n’est d’ailleurs pas sans évoquer, toutes proportions gardées. Les Temps modernes de Chaplin. La principale faiblesse de Rm9sbG93ZXJz demeure sans doute que sa mise en scène ne saurait rivaliser avec le chef d’œuvre d’une qualité tout cinématographique que constituait le pareillement quasi muet Un Silence de Mort de Joss Whedon (Buffy contre les Vampires, 4-10). Mais, s’il n’est pas Whedon, Morgan parvient néanmoins à suffisamment meubler le silence, par des péripéties filmées avec dynamisme et un usage pertinent des couleurs et des effets spéciaux. Il s’était d’ailleurs déjà prêté avec succès à l’exercice lors de l’épisode Qui pilote les oiseaux ? de Space 2063 (1-13), ce qui participe à une satisfaisante impression de maîtrise. Le metteur en scène peut également compter sur les particulièrement expressifs Gillian Anderson et Dave Duchovny, visiblement mobilisés par ce défi d’un épisode muet… Et ultra shipper, jusqu’à un ultime parfait emploi du silence, lors de cette main dans la main qui dit tout. La complicité du duo et de ses interprètes fait encore une fois merveille dans ce récit que les auteures prennent un malin plaisir à agrémenter de clins d’œil au passé, comme la référence à Queequeg, à l’appartement proverbialement négligé de Mulder ou à une certaine batte de baseball. Ces dames vont jusqu’à élargir l’abord des technologies à une rose possession de Scully n’étant pas sans évoquer la solitude dans laquelle l’a si longtemps confinée son Croisé de compagnon. Son Private Massager, en quel sorte, assez logiquement quand on a été jadis comparée à un Android. Ce plaisir nostalgique concernera également les amateurs de Chapeau melon et Bottes de cuir, puisque la domotique infernale dans laquelle est enfermée Scully n’est pas évoquer de loin L’Héritage diabolique de Mrs Peel. Cet appartement ultra moderne fait d’ailleurs également écho à celui de Cathy Gale, qui surprenait tant Steed. On remarque d’ailleurs que cette saison 11 accorde une importance inédite aux logements des protagonistes, à l’instar des Avengers, une jolie façon de boucler la boucle avec ce qui représenta naguère l’une des inspirations initiales de Chris Carter. Rm9sbG93ZXJz constitue décidément un épisode aussi irrésistible que complet. Anecdotes :
8. LES FORCES DU MAL Scénario : Benjamin Van Allen Réalisation : Holly Dale Résumé : Des enfants disparaissent, puis sont retrouvés assassinés dans une petite ville de l’Amérique rurale profonde. Malgré le scepticisme de Scully et l’hostilité de la police locale, Mulder va découvrir un sombre secret concernant plusieurs individus de cette communauté, également liés par la magie noire. Critique : Au-delà du simple plaisir des retrouvailles, cette saison 11 s’était jusqu’ici trouvé une raison d’exister, en interpellant régulièrement le rapport des X-Files à sa contemporanéité, bien loin de ces années 90 dans lesquelles les créa Chris Carter. Ainsi l’opus de Darin Morgan questionnait le modèle même de la série à l’époque des Fake News. Rm9sbG93ZXJz, l’épisode même précédant Familiar, confrontait les nouvelles technologies à Mulder et Scully en tant que personnages des années 90. Il indiquait à quel point leur pénétration de notre quotidien rendait caduque un épisode phare comme Clic mortel, en passant de la pure Science-fiction à la simple Anticipation, tout en rendant caduque la mouvance Cyberpunk 80’s qu’y incarnait Invisigoth, notre présent dépassant désormais son futur. Autant d’éléments d’un passionnant panorama, auquel Familiar va porter un brusque et (quasi) complet coup d’arrêt. En effet, cette semaine Mulder et Scully ont visiblement été pris en stop par Rick et Morty, direction les années 90. Paradoxalement pour un auteur ne l’ayant pas connu, Familiar constitue avant tout la reconstitution archétypale de la période classique de la série. Au sein des immuables forêts de la région de Vancouver se déroule ainsi une succession de meurtres, Mulder et Scully arrivant rituellement trop tard pour les empêcher, tout comme jadis Steed et Emma Peel. Nos amis connaîtront leur habituelle controverse entre scepticisme scientifique et croyance en l’existence du paranormal. Les évènements donneront bien entendu raison à Mulder, même si, inéluctablement, ce dernier terminera son enquête sans aucune preuve concrète d’une manifestation surnaturelle. Les policiers locaux se montreront bourrus mais se soumettront, même de mauvaise grâce, à l’autorité du Bureau, tout en ayant un chef éventuellement compromis dans l’imbroglio du jour. Et cætera. Plusieurs réminiscences s’expriment, comme Les Calusari pour les morts d’enfants ou La main de l’enfer pour l’invocation démoniaque se retournant comme ses auteurs. Telle est la nature de Familiar, madeleine de Proust de cette saison 11, aux retrouvailles aussi plaisantes que rassurantes (mais aussi inévitablement prévisibles) avec un récit au bon goût de jadis. Des X-Files enfin redevenus immobiles dans le mobile d’une époque en frénétique évolution, qu’ils ne se fatiguent ni ne s’aventurent plus à explorer. Dans cette optique il convient de reconnaître que l’exercice de style s’avère impeccable, Benjamin Van Allen s’est emparé avec une parfaite maîtrise des codes et totems de la série classique, une appropriation jamais évidente pour un nouveau venue et ici réussie haut la main. Il faut aussi reconnaître que l’auteur tente d’introduire de la nouveauté, même si marginalement. L’abord à la Black Mirror de notre société contemporaine se voit ainsi poursuive via la présence des émissions pour la jeunesse, les insidieuses conséquences de ce robinet à images inondant les écrans de nos enfants inquiétant spécialistes et sociologues. Mais le sujet ne demeure que survolé, et avant tout abordé sous l’angle horrifique. Davantage intéressant, la mise en scène intègre une violence restituée de manière bien plus explicite que naguère (notamment lors de l’exécution du suspect par le père policier). De ce fait, l’épisode intègre toute la marche globale des séries contemporaines vers une agressivité exprimée de manière littérale et crûe. Par cet aspect l’opus rejoint son époque, au sein d’une mise en scène de grande qualité allant jusqu’à reconstituer la photographie de la période classique de la série. La forêt résulte somptueusement filmée et les scènes d’épouvante se voient exprimées avec impact, à défaut de tout à fait retrouver les cathédrales édifiées par Kim Manners. Les vues des dépouilles des enfants savent conjuguer suggestion et pudeur. Le clin d’œil initial au Ça (le petit garçon en ciré jaune allant à la rencontre de son destin) est également fort bien mené. De fait les deux jeunes acteurs se montrent remarquables. Ils s’insèrent au sein d’une distribution de qualité, représentant un atout supplémentaire pour l’opus. On y reconnaît plusieurs visages connus du petit écran (Jason Gray-Stanford, Roger cross, Erin Chambers…), dont le talent accompagne idéalement le duo vedette renouant avec naturel avec un répertoire tant et tant éprouvé. L’aspect purement fantastique de l’intrigue apporte une valeur ajoutée supplémentaire : apporter en définitive une saveur très à la Supernatural à l’opus, soit une série impulsée par plusieurs anciens de l’équipe technique des X-Files et dans laquelle Kim Manners s’investit passionnément jusqu’à sa mort. Mêmes forets, Amérique profonde, chasse à la Sorcière, protecteur cercle de sel, molosse infernal (certes non plus invisible), présence de Sharon Taylor, qui incarna une mémorable Démone des Carrefours grillée vive dans la cave de Bobby (haut lieu touristique de l’univers Supernatural) … On croit souvent entendre rugir en arrière-plan une Impala 1967. L’épisode diverge toutefois par l’importance dédiée au ressenti des proches des victimes et aux conséquences sociales des meurtres d’enfants. A cet égard il devient l’intéressant cas d’école d’un épisode de Supernatural qui aurait été écrit par les auteurs de Broadchurch. Mais il se distingue aussi par son approche plus imprécise du phénomène surnaturel. On ne sait jamais précisément ce qui se trame, un flou bien pratique pour susciter des effets horrifiques. Le lien entre sorcellerie conventionnelle et émissions télévisées demeure ainsi bien vite expédié, au détour d’une phrase de Mulder. Au total, Familiar se verra sans doute porté aux nues par les nostalgiques, mais laissera quelque peu sur leur faim ceux qui attendent de la présente saison autre chose qu’une simple répétition du passé, aussi aboutie soit-elle. Anecdotes :
9. RIEN N'EST ÉTERNEL Scénario : Karen Nielsen Réalisation : James Wong Résumé : Une secte dirigée par une ancienne vedette de série télévisée prélève les organes de ses victimes, afin de prolonger la jeunesse de ses membres. L’enquête de Mulder et Scully va croiser le chemin d’une jeune femme dont la sœur a été subjuguée par la secte et bien décidée à obtenir vengeance. Critique : Nothing Lasts Forever présente le mérite non dénué de courage de parfaitement assumer le fait de former bien davantage un épisode d’ambiance et psychologique que d’intrigue. De fait, en soi l’enquête tient sur un grain de riz, surpassant de ce point de vue celle déjà particulièrement expédiée lors d’Esprit vengeur, la saison dernière. Auteure n’ayant pas participé à la période classique de la série, Karen Nielsen a recours à un usage immodéré des facilités et accélérations scénaristiques (ces pointes manquantes de grillage repérées ipso facto par Mulder). De plus elle opte pour diviser son intrigue en deux segments demeurant étanches jusqu’au dernier quart de l’épisode (le clan et la Avispa d’une part, les dialogues Mulder & Scully de l’autre). Une division rarement porteuse, mis qu’elle unit néanmoins par le thème de la mortalité et de la décrépitude physique, quitte à insister sans doute un tantinet trop sur le gag des lunettes de Mulder. D’autant que ce dernier en a porté dès le pilote de la, avant il est vrai qu’elles ne disparaissent sans réelle explication. Surtout, ce choix permet à l’opus d’instiller nombre de scènes fort ragoutantes, sur des registres divers. Il convient ici de saluer chapeau bas la mise en scène à la fois inventive et parfaitement maîtrisée de James Wong en matière de Gore grand train. Le metteur en scène se montre une nouvelle fois fort en verve cette saison, après Ghouli. Wong nous régale de scènes aussi insoutenables que délirantes, à la Re-Animator. De ce fait l’opus s’adresse à un public averti, mais les connaisseurs se verront à la fête, grâce à une horreur sachant aussi aller crescendo. Par ailleurs, on apprécie qu’après la savoureuse parenthèse nostalgique de Familiar, les X-Files se confrontent derechef à l’époque contemporaine. En effet lors, le sa période classique, la série avait déjà connu ses épisodes gores, de Sanguinarium à Grotesque, en passant par Home ou encore la mémorable autopsie rigolote de Bad Blood, entre autres exemples. Un sommet avait sans doute été atteint lors d’Ecorchés (9-07), mais le présent opus explose littéralement ce plafond, faisant en sorte que les X-Files s’insèrent parmi des séries actuelles où la violence s’expose désormais de manière bien plus littérale et crue. Les massacres des sectateurs par la sœur vengeresse s’expriment également de manière très contemporaine, entre Van Helsing et Arrow, productions au combien festives. Cela n’empêche pas Karen Nielsen de réellement poser la psychologie des personnages, avec une belle galerie de frappadingues cramés. L’autre versant de l’épisode repose sur les savoureux dialogues entre Mulder et Scully, constituant autant de pépites. Karen Nielsen réitère l’exploit de Benjamin Van Allen, auteur nouveau venu ayant reconstitué à la perfection les enquêtes de jadis lors de Familiar, là où elle retrouve avec bonheur les différentes facettes de la relation Mulder & Scully, autre pilier des X-Files. On savoure chacun de ses dialogues, souvent très amusants (cette saison 11 aura merveilleusement su recourir à l’humour), parfois émouvants et annonçant le prochain retour de William. La complicité entre David Duchovny et Gillian Anderson résulte une nouvelle fois fusionnelle, et on reste tout abasourdi de se dire que ce duo exceptionnel aura très bientôt achevé son parcours, quoi qu’il advienne de la série. This is not happening. L’amateur de Californication se réjouira également de fréquemment retrouver David dans une église, ce qui lui évoquera des scènes oniriques que, pour le coup, on imagine difficilement chez Chris Carter ! Le fait que le fin duo demeure si longtemps en périphérie de l’action principale présente toutefois l’inconvénient de laisser entrevoir que l’épisode pourrait en définitive aisément se passer d’eux, en optant pour la Avispa comme protagoniste. Tout comme le film IWant To Believe, auquel il fait parfois songer, on se dit également que son sujet aurait mieux convenu à MillenniuM, y compris dans on rapport à la Foi catholique. En effet, là où Scully recherche l’élévation spirituelle et l’Illumination, la Avispa, tout comme Frank Black, s’immerge toujours plus profondément dans les Ténèbres, jusqu’à mettre en péril son âme. Talentueusement interprété (Carlena Britch crève l’écran, tout comme avec la Miriam de Supernatural), cet opus ne paraît pas exempt d’une certaine commisération envers les Latinos, opposant la Foi intellectualisée de Scully à celle plus traditionnelle et immergée dans le culte marial de la mère de l’Avispa. On rejoint là une certaine constante des séries américaines, ne datant pas d’hier (Cf. l’épisode The Gift, de La Quatrième Dimension). Mais tel quel, il témoigne de la grande qualité préservée par les X-Files, au soir d’une saison 11 particulièrement réussie. Anecdotes :
10. LA VÉRITÉ EST AILLEURS, 4E PARTIE Scénario : Chris Carter Réalisation : Chris Carter Résumé : Après une information communiquée de Monica Reyes, Mulder se lance à la recherche de William, bientôt suivi par Scully accompagnée par Skinner. Mais les différentes conspirations en présence veulent également s’emparer de William et de ses pouvoirs. Une course poursuite s’engage, débouchant sur une ultime confrontation avec l’Homme à la Cigarette. Critique : My Struggle IV ne constitue sans doute pas la plus mémorable des fins de saison proposées par les X-Files, mais l’épisode s'acquitte en définitive fort honorablement du cahier des charges traditionnellement associé à cet exercice de style. En effet on attend d’un Season Finale un grand bouleversement de l’univers de la série tel que développé durant la période s’achevant, et l’ouverture de nouveaux horizons. Or c’est bien à cela que se dédie l’intrigue du jour, de manière d’ailleurs bien davantage explicite que lors de la conclusion de la saison précédente. En effet, là où My Struggle II débouchait sur un cliffhanger absolu, My Struggle IV prend le temps de boucler les grandes intrigues en cours (les deux conspirations rivales annihilées) et d’achever (dans toutes les acceptions du terme) nombre de destins individuels marquants. La partie laissée ouverte ne concerne plus réellement que Mulder et Scully en tant que couple et parents, et non plus le monde entier. Le sujet politique et conspirationniste de la série est achevé, on ressent bien davantage que précédemment l’impression qu’une grande page est désormais tournée. Désormais loin du FBI, Mulder et Scully se voient tout simplement libres de poursuivre leur vie à leur guise, on ne voit pas en quoi cela signifierait une fin bâclée, voire absente, pour les X-Files. Que reprocher à Chris Carter ? Oui, l’épisode multiplie à l’envi les morts de personnages clefs en tant que moteur narratif. Mais en cela My Struggle IV ne fait que s’insérer dans une ancienne tradition des X-Files. Dès The Erlenmeyer Flask, le tout premier final de saison de la série, en l994, le récit connaissait un effet de choc lors de l’assassinat du si regretté Gorge Profonde. Il demeure malgré tout paradoxal d’opposer comme parfois, les premières saisons de la série, tellement formidables, à son regain, alors même qu’il existe une telle rémanence de procédé, réitérée au fil des saisons. Le tragique décès de Monica ne devient ainsi que le dernier avatar d’une prestigieuse lignée. Avec comme l’arc Anasazi (toutes proportions bien entendu gardées) comme évident modèle d’une narration ultra dynamique multipliant les rebondissements spectaculaires, le nombre de morts apparaît trop important pour ne pas résulter quelque peu artificiel. Mais pointer cette faiblesse revient en définitive à regretter que Chris Carter n’ait pas opté pour un double (voire triple) épisode conclusif. Mais compte tenu du faible nombre d’épisodes disponibles, nous y discernerons plutôt le choix courageux et humble d’un showrunner ayant opté pour laisser le plus d’espace disponible à sa magnifique équipe d’auteurs aux talents si divers, anciens et nouveaux venus, quitte à rogner sur son propre pré carré. Regretter que plusieurs antagonistes (comme Erika Price) disparaissent sans avoir suffisamment imprimé le cours de la série revient de même à critiquer le trop faible nombre d’épisodes de la saison 11. Et pourtant celle-ci s’est souvent avérée de grande qualité et son existence même constitue une réussite à mettre au crédit d’un Chris Carter ayant tiré au mieux parti de ce qui lui était alloué par le diffuseur. Au fil de ces loners pour lesquels il a laissé bride abattue à ses auteurs, tout comme ici, il n’a d’ailleurs pas hésité à sacrifier sa propre création, le duo Einstein/Miller, réellement météorique cette saison. Oui, cette annonce d’un enfant attendu par Scully surgit assez de nulle part, c’est indéniablement maladroit d’autant que couplé avec l’annonce d’un départ définitif par Gillian Anderson. On peut estimer que Chris Carter ne parvient décidément pas à se résoudre à l’achèvement de l’œuvre de sa vie. C’est humainement compréhensible, et, surtout, cela n’entache que modérément un épisode jusque-là souvent captivant par son intrigue endiablée. Cette péripétie finale ne vient pas non plus priver le couple Mulder & Scully de plusieurs moments forts, interprétés par une Gillian Anderson toujours aussi parfaite et un David Duchovny fendant davantage l’armure que précédemment. Carter veille simplement à ne se fermer aucune porte pour un éventuel récit ultérieur, tout en concluant effectivement les intrigues principales de la saison. Voilà tout le drame. En tant que metteur en scène, Chris Carter sait également scander son épisode de nombreuses scènes portes, avec plusieurs plans larges savamment agencés, un huis clos final au montage irrésistiblement nerveux et plusieurs scènes horrifiques grand train, comme William faisant exploser les corps de ses assaillants, à l’image d’un Lucifer dans Supernatural (prolongeant également de manière amusante les convergences existant entre William et Jack le Nephilim, fils du Big Bad ultime de Supernatural). De quoi pallier, certes partiellement, à l’impression de doublon existant avec un My Struggle III accordant également beaucoup de temps à Mulder en voiture. Au total, avec My Struggle IV, Chris Carter joue les meilleurs atouts dont il dispose, tout en subissant de plein fouet le contrecoup d’une saison 11 de qualité, mais trop étriquée pour donner lieu à une Mythologie suffisamment étoffée. Une contrainte que jusqu’au bout il a choisi de subir seul, préservant ainsi ses auteurs nous régalant de superbes loners. En définitive, c’est également cela, « son combat ». Anecdotes :
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Saison 2 - Classement du pire épisode au meilleur épisode 23) Les vampires (3) - Épisode 7 Le premier épisode mauvais de la série, on ne l'attendait pas, et sans crier gare le voilà ! Après une introduction digne des Dessous de Palm Beach, le scénario s'enlise et l'absence de Scully se fait cruelle. La preuve que si la série peut exister sans Mulder (ce qu'elle fera deux saisons durant), l'absence de Scully est-elle particulièrement dommageable. Tout le charme de Mulder et l'essence du personnage naît de son opposition avec Scully. Malgré un thème fascinant et attendu pour les X-Files et les qualités techniques habituelles de la série, cet épisode rate complètement le coche et on perd vite tout intérêt à suivre une intrigue confuse où Mulder est en roue libre et a un comportement incohérent dans une histoire téléphonée sans surprise. Enfin, le tournage à Vancouver montre ses limites, car on ne croit pas une seconde que l'on est en Californie. Sans nul doute, le pire épisode de la saison 2. 22) Aubrey (Aubrey) - Épisode 12 Je me suis franchement ennuyé devant celui-là. Que ce soit un Terry O Quinn sous employé ou une narration ampoulée et trop complexe. La réalisation de Rob Bowman est belle, mais les longueurs s'accumulent et on a vite perdu tout intérêt pour la grande révélation finale. 21) Intraterrestres (Firewalker) - Épisode 9 Un petit retour au Monster of the week après des épisodes mythologiques exceptionnels. Les événements pourtant énormes de l’épisode précédent Coma sont réglés en quatre lignes de dialogue et on est reparti pour un tour à la chasse aux monstres. Malgré la présence de Bradley Withford (A la Maison Blanche), quelques effets gores toujours sympathiques et cette qualité technique et ce soin apporté à la lumière, aux décors, à la photographie typique de X-Files ; on s'ennuie. Les personnages sont transparents et niveau tension et suspense on est loin de Projet Arctique, pourtant sur un sujet similaire. L'histoire est alambiquée et on a du mal à comprendre ce qui se passe. Par contre, j'ai bien aimé la fin délicieusement conspirationniste 20) Insomnies (Sleepless) - Épisode 4 Les éléments mythologiques sont parfaits, que ce soit l’arrivée de Krycek, la rencontre avec Mr. X ou les tensions avec Skinner, A l’opposé, tous les aspects Monster of the week sont routiniers et pas du tout convaincants, malgré un thème intéressant mêlant expériences militaires et pouvoirs paranormaux. Je ne me souvenais pas que dès la fin de l'épisode nous savions déjà que Krycek travaillait pour l'Homme à la Cigarette. Dans les points positifs, l'épisode est une claque visuelle. On retiendra cette scène vers la fin où Krycek et Mulder sont à la poursuite de Cole avec leurs lampes torches, les jeux de lumière sont d'une beauté plastique saisissante. 19) Le vaisseau fantôme (Død Kalm) - Épisode 19 Je me suis toujours ennuyé face aux épisodes plus atmosphériques et spirituels des X-Files. Avec celui-ci, son rythme lancinant et son ton introspectif, on est en plein dedans. Le décor du navire est superbe. On ne sera pas surpris d’apprendre que cet épisode avait été justement écrit pour profiter de la disponibilité d'un vaisseau amiral. Les maquillages sont aussi de qualité. Toutefois, l'épisode comporte de nombreuses longueurs et son intrigue est trop linéaire. 18) Ombre mortelle (Soft Light) - Épisode 23 J'attendais particulièrement celui-ci car c'est le premier signé officiellement de Vince Gilligan, futur créateur de Breaking Bad. J'ai été déçu, tous les éléments loners font penser à une copie appliquée d'un élève désirant bien faire mais se refusant tout changement et toute audace, seuls quelques éléments intéressants surgissent. On pense à la continuité de l’expérience de Scully à Quantico, elle aide ici une de ces anciennes élèves, la présence de Monsieur X est également appréciable. Malheureusement, le loner est par ailleurs trop balisé et sans grand intérêt. 17) Mystère vaudou (Fresh Bones) - Épisode 15 La série continue de revisiter le folklore fantastique avec cet inévitable épisode autour de la magie du vaudou. Grâce à une narration resserrée, une réalisation suave et un rythme soutenu, l'épisode fonctionne bien. On retiendra la dernière scène dans le cimetière très Hammer et une fin effrayante. 16) Le musée rouge (Red Museum) - Épisode 10 On continue avec les histoires d’ADN extraterrestre avec ce loner qui cherche à trop en faire. Le musée rouge reste sympathique dans sa capacité à multiplier les surprises et nous emmener là où on ne l'attend pas. On regrette la disparition abrupte du tueur de Gorge Profonde qui rend au final l'aspect mythologique de l'épisode superficiel. 15) Excelsis Dei (Excelsis Dei) - Épisode 11 Un univers loufoque (d'anciens patients en maison de retraite se vengent d'infirmiers peu avenants à leur égards) qui aurait gagné à être traité dans une veine plus comique, mais on est dans les premières saisons des X-Files et le ton n'est pas encore à la fantaisie. L'épisode reste plaisant à suivre. Le final où Mulder échappe de peu à la noyade est aussi invraisemblable que stupéfiant. 14) Parole de singe (Fearful Symmetry) - Épisode 18 Le plus amusant dans les premières saisons des X-Files c'est de voir des sujets complètement absurdes traités avec le plus grand sérieux et la plus grande sincérité, sans une once d'autodérision. C'est le cas ici avec des enlèvements d'animaux par les extraterrestres pour les inséminer, ce qui nous donne lieu à des scènes complètement délirantes comme l'autopsie d'un éléphant par Scully ou Mulder qui négocie avec un gorille. Et le plus incroyable, c’est que cela fonctionne ! 13) L'hôte (The Host) - Épisode 2 Un loner semi mythologique modèle du genre, avec un monstre effrayant, un suspense constant et des scènes bien gore comme on les aime. L’autopsie de Scully est devenue légendaire ! 12) Les petits hommes verts (Little Green Men) - Épisode 1 On est agréablement surpris de constater que les X-Files ne réouvrent pas tout de suite par un quelconque artifice scénaristique en ce début de deuxième saison. Chris Carter explore ses personnages post X-Files, avec une Gillian Anderson à Quantico et un Mulder en solo plus remonté que jamais. La mythologie continue et c'est un délice, on revient à la fois sur des éléments de la première saison et on en intègre de nouveaux, c'est passionnant et excellemment réalisé. Par ailleurs, on entame la période gros plans seulement sur Gillian Anderson alors enceinte, elle durera jusqu’à Coma. 11) Les Calusari (The Calusari - Épisode 21 J'aime énormément ce mix réussi entre Damien et L'Exorciste. La scène d’ouverture est resté gravée dans ma mémoire, avec la mort d'un bébé, une première à ma connaissance pour une série de prime time, la série repousse déjà les limites. On a connu les X-Files plus inventif mais l'épisode reste excellent de bout en bout. 10) Mauvais sang (Blood) - Épisode 3 Une idée aussi inattendue que géniale parfaitement exploitée dans cet épisode plus Quatrième Dimension que jamais. Je me demande si ils ont dû programmer tous les appareils électroniques pour ajouter ses messages ou si cela a été fait en postproduction avec des effets spéciaux, tant on y voit que du feu. Un grand épisode. 9) Contamination (F. Emasculata) - Épisode 22 Mené tambour battant, cet épisode semi-mythologique alternant entre la propagation d'un virus et la recherche d'évadés est une réussite totale. On saluera la sublime réalisation de Rob Bowman, s'imposant avec Kim Manners comme le meilleur réalisateur de la série, et la qualité des effets spéciaux. 8) Une petite ville tranquille (Our Town) - Épisode 24 Cet épisode est généralement décrié. Pour ma part, j'ai toujours eu un faible pour les X-Files séries B qui réinventaient malicieusement les grands thèmes classiques du cinéma d'horreur tout en en reprenant les codes majeurs. J’ai donc pour Une petite ville tranquille une opinion subversive. En effet, à l'image de La Main de l'Enfer, cet opus est un régal de grand guignol du début à la fin ! Le bonheur de revoir des séries longues est qu'on oublie parfois des éléments clés de l'intrigue et dans ce cas, j'avais oublié que le cannibalisme était au cœur de l'épisode. Malgré de gros trous dans l'intrigue (Mulder retrouve Scully en se dirigeant vers un feu de camp), celui-ci est tellement étonnant et réjouissant de bout en bout que je le compte parmi mes 10 préférés de la saison. 7) Faux frères siamois (Humbug) - Épisode 20 Un grand classique qui des années après n'a rien perdu de sa force comique et dramatique. Le premier épisode véritablement comique des X Files, un tournant historique dans la série. Faux frères siamois est tout aussi drôle qu'effrayant. Porté par un duo vedette en grande forme et ravi d’explorer ce nouveau registre, l’épisode propose aussi un casting de freaks renversant. Multipliant les scènes cultes comme la fameuse dégustation d'insectes de Scully; ce whodunnit horrifique fonctionne parfaitement. On salue la réalisation de Kim Manners qui ne cherche pas du tout à appuyer ou souligner les effets comiques pour un résultat final des plus convaincants. 6) La colonie (Colony/End Game) => - Épisode 16/17 On continue avec les épisodes mythologiques de très haute volée avec l'arrivée du Bounty Hunter qui marquera la série durant plusieurs saisons. La Colonie nous permet enfin de découvrir la famille de Mulder, qui a l'air encore plus dysfonctionnelle que celle de Scully. Le dossier Samantha est enfin réouvert. Ce double épisode est une pure merveille, constamment nerveux et tendu, avec un cliffhanger très angoissant. Le final avec Mulder en Alaska est impressionnant. 5) Coma (One Breath) - Épisode 8 L'image de Scully sur sa barque fait partie de celle qui des années après m'était restée en mémoire. Coma est la digne suite de Duane Barry et forme avec les deux une trilogie cohérente. Dans ce dernier volet, la place est laissée à l'émotion. Coma nous donne la confrontation tant attendue Mulder/Homme à la cigarette. Mr X confirme qu'il est le digne successeur de Gorge Profonde dans une scène d'exécution aussi forte qu'inattendue. J'ai beaucoup aimé ce personnage mystérieux de l'infirmière, pas essentiel à l'intrigue mais qui apporte à l'épisode une substance spirituelle et une touche de mystère bienvenues. 4) Ceux d'outre-tombe (Anasazi) - Épisode 25 L'ouverture de la Sainte Trinité X Files, à la hauteur de sa réputation. Un seul bémol, j'ai trouvé le cliffhanger moins explosif et haletant que dans mes souvenirs. Tout le reste est l'aboutissement de toutes les pièces mis en place cette saison en continuant à ouvrir de nouvelles pistes. 3) Le fétichiste (Irresistible) - Épisode 13 Oppressant et dérangeant, cet épisode est une brillante réussite avec notamment l'interprétation exceptionnelle de Nick Chinlund et une Gillian Anderson bouleversante. Sa séance chez la psy est émouvante. Les épisodes serial killers compteront régulièrement parmi les pépites des X-Files et celui-ci en reste le mètre étalon. 2) La main de l'enfer (Die Hand Die Verletzt) - Épisode 14 Un très grand loner, particulièrement effrayant et une réalisation magistrale de Kim Manners pour sa première incursion dans la série. X-Files embrasse sa veine fantastique et horrifique avec gourmandise. La main de l’enfer nous donne certaines des scènes d’horreur les plus mémorables de la série, que ce soit le repas du boa, la pluie de crapauds ou l'anesthésie du porcinet. 1) Duane Barry (Duane Barry/Ascension) - Épisode 5/6 Un pur chef d'œuvre et facilement le meilleur épisode de la saison 2. Chacune de ses parties propose pourtant un style bien distinct. La première partie est une prise d'otages captivante emmenée par une CCH Pounder qui ne démérite pas l'Emmy Award qu'elle recevra pour sa performance et un Duchovny au sommet de son art. Le deuxième épisode est une course poursuite haletante pour retrouver Scully, avec quelques scènes cultes dont Mulder qui nous fait son Moonraker, avec une cascade d'anthologie autour d’une télécabine. Ce double épisode fonde aussi toute l'imagerie autour des extraterrestres, notamment la fameuse scène dentaire qui revient à mon bon souvenir lorsque mon dentiste approche avec sa fraise! L'imagerie créée par cet épisode donnera le ton et le style pour toute la série ensuite. Un classique qui des années après n'a rien perdu de sa puissance. |
Saison 3 - Classement du pire épisode au meilleur épisode 21) Le Seigneur du magma (Jose Chung's 'From Outer Space') - Épisode 20 J'avais un souvenir exécrable de cet épisode, mais les éloges de l'ensemble de la critique et de la communauté de fans à son sujet m'ont invité à le redécouvrir dans les meilleures dispositions. Malheureusement, il s’est révélé pire que dans mes souvenirs. Je l'ai trouvé insupportable de prétention, complètement raté, réunissant toutes les tares que j'avais noté dans les scénarios précédents de Darin Morgan sans en avoir les qualités. Le Seigneur du magma est trop référentiel, sa narration est ampoulée et souvent incompréhensible. L’épisode multiplie les mises en abyme jusqu'à en perdre le spectateur, il est doté d'une galerie de personnages unidimensionnels gravitant autour d'une histoire gloubi boulga de X-Files sans aucun intérêt. Même les deux points forts constants de la série n'y sont pas : nos deux agents paraissent ailleurs tout au long de l'épisode, même Gillian Anderson pourtant toujours bien servie dans les scénarios de Darin Morgan est bien fade. La réalisation de Rob Bowman est nettement moins soignée qu'à son habitude. Je dois être complètement hermétique à Darin Morgan, tant la réputation de cet épisode parmi les fans me paraît abusive. 20) Malédiction (Teso Dos Bichos) - Épisode 18 Voici un sujet complètement absurde et saugrenu. Le ton se situte entre l’épisode de Chapeau Melon et Bottes de Cuir Un tigre caché et Sydney Fox l'aventurière avec une fin qui rappelle Le Jaguar de Francis Veber. Malédiction aurait gagné à être traité dans une veine purement comique et ici c'est tout le contraire. Le script compte parmi les plus mauvais de la saison 3 enchaînant poncifs de tous genres avec un ton empesé, seules quelques répliques surnagent. A l’opposé, il faut saluer l'excellente réalisation de Kim Manners, si les scripts sont souvent inégaux, la réalisation elle reste une qualité constante chez les X-Files. Mais avec un script aussi paresseux et malgré de belles fulgurances visuelles, l'épisode ne décolle jamais. Quel gâchis. Dans les sous-genres des loners X-Files, la catégorie ethnique est bien la pire. 19) La visite (Avatar) - Épisode 21 La Visite est un épisode contrasté. La bonne surprise, c’est est Mitch Pileggi qui avec un matériel plus riche que d'habitude déploie toute sa gamme d’acteur. Il nous prouve que son talent n'a rien à envier à celui des deux vedettes. Le deuxième élément qui maintient l'intérêt est de voir les réactions de nos deux agents alors que Skinner est inculpé, étonnamment c'est Mulder qui est le plus impliqué et ne met jamais en doute son innocence. Un sentiment de culpabilité suite au crochet du droit qu'il lui avait envoyé lors de la saison 2 sans doute... Malheureusement, l'élément paranormal de l'épisode est à peine explorée et l'intrigue assez poussive, on se croirait plus dans Law & Order que dans X-Files. La série propose souvent d'excellents thrillers sans éléments fantastiques, mais ici ce n'est pas le cas. 18) Révélations (Revelations) - Épisode 11 Un épisode frustrant. Il aborde un des thèmes secondaires les plus passionnants de la série : la foi religieuse de Scully. Malheureusement, il est complètement desservi par une histoire à la trame poussive et prévisible. La réalisation est sans envergure, largement en deçà des standards (certes incroyablement élevés) de la série. Heureusement nos deux agents, avec un Mulder détaché d'humeur badine réjouissant et une Scully exaltée se trouvant bien malgré elle du côté des believers, sauvent cet épisode de la déroute. 17) La règle du jeu (Hell Money) - Épisode 19 Un nouveau loner ethnique, sans être aussi catastrophique que Malédiction, il présente des longueurs et n'a aucun élément fantastique ou paranormal. La qualité de la réalisation et de l'interprétation font encore une fois le sel de l'épisode, toutes les scènes de loterie sont mémorables. C’est toujours un plaisir de retrouver de solides acteurs comme BD Wang et Lucy Liu, même dans un rôle franchement mineur pour cette dernière. 16) La guerre des coprophages (War of the Coprophages) - Épisode 12 Au risque de recevoir l'opprobre de l'ensemble de la communauté X-Files, j'ai trouvé que cet épisode ne fonctionnait pas. A l'image de Voyance par procuration, Darin Morgan ne semble jamais savoir trouver le ton juste et la réalisation est moins soignée qu'à l'habitude. J'ai lu que le réalisateur lui-même n'avait pas été satisfait et avoue avoir été pressé par les congés de Noël qui arrivaient pour l'équipe de tournage. Les scènes d'attaques des cafards restent mémorables et la scène de Scully dans le supermarché, ainsi que sa façon d'aligner des théories extravagantes qui se révèlent toutes justes en début d'épisode, nous permettent de passer malgré tout un agréable moment. 15) Le visage de l'horreur (Grotesque) - Épisode 14 Saluons de prime abord la qualité de la réalisation de Kim Manners qui installe une atmosphère d'épouvante angoissante. L'intrigue est digne d'intérêt et sait ajouter de nouveaux éléments pour éviter de retomber dans le routinier. Seul regret, une conclusion un peu trop abrupte, laissant de nombreuses interrogations en suspens. 14) La liste (The List) - Épisode 5 Épisode bien meilleur que sa réputation le laisse présumer. L'univers carcéral rappelant Oz est oppressant et Scully se montre plus Clarice Starling que jamais. Certes, le scénario suit une trame prévisible, mais c'est tellement bien mis en scène et interprété, qu'on ne s'ennuie pas une seconde. Et les asticots me donnent toujours des frissons ! 13) Hallucinations (Wetwired) - Épisode 23 On avait perdu la trace de ces épisodes semi-mythologiques depuis Musée Rouge en début de saison 2, où quasiment chaque loner était lié de loin ou de près au grand complot et on avait le plaisir de voir quasiment à chaque épisode Gorge Profonde. Ces expériences ratées avaient toujours quelque chose de fascinant et Hallucinations renoue avec bonheur avec cette tradition. Sur un thème déjà (bien) exploité dans Mauvais sang, cet épisode met au coeur la relation entre nos deux agents et nous donne à voir une Scully complètement paranoïaque doutant de la loyauté de son partenaire. Porté par une Gillian Anderson épatante, ce volet de l'intrigue est passionnant, comme celui reprenant les éléments mythologiques. L'autre volet plus classique de l'enquête ainsi que son aspect technologique paraissent eux moins convaincants et visuellement moins riches et surprenants que dans Mauvais sang. 12) Voyance par procuration (Clyde Bruckman's Final Repose) - Épisode 4 Un bon épisode mais dont je trouve la réputation de chef d'œuvre absolu usurpée. Il ne trouve jamais le ton juste entre comédie et drame. Le suicide à la fin paraît complètement saugrenu. L’intrigue est schématique et sans éclats. Voyance par procuration repose sur l'interprétation fantastique de Peter Boyle et une Gillian Anderson toujours jamais aussi bien utilisée que dans les scénarios de Darin Morgan. 11) Corps astral (The Walk) - Épisode 7 Un sujet déjà vu et revu et pas toujours pour le meilleur dans la saison 1. Il faut admettre le scénario corrige les errements de ces épisodes et surtout que la réalisation de Rob Bowman est exceptionnelle. Le réalisateur nous embarque dans cette histoire à bras le corps et on est happé du début à la fin. Rob Bowman nous a toujours habitués à de l'excellent travail, mais là on atteint des sommets, une vraie claque visuelle. 10) Autosuggestion (Pusher) - Épisode 17 Deuxième script de Vince Gilligan pour les X-Files. Sans rejoindre la critique dithyrambique le considérant parmi les meilleurs loners de la série, je le trouve certes nettement meilleur que Ombre mortelle mais je n'ai pas été pleinement convaincu. Le plus frustrant reste le fait que l'on ne comprenne jamais très bien comment le pouvoir de suggestion fonctionne et pourquoi il ne marche jamais sur nos deux agents, excepté dans les dernières minutes. On aurait rêvé de voir un Mulder manipulé attaquant Scully ou l'inverse, on reste sur sa faim. Hormis cette réserve, l'épisode fonctionne bien. Vince Gilligan se démarque du schéma classique des loners pour nous offrir un épisode innovant et bien mené, avec une confrontation finale haletante. Vince Gilligan bénéficie derrière la caméra d'un Rob Bowman qui sait insuffler du rythme et une merveilleuse ambiance à l'ensemble. Il faut saluer la constance du travail de Rob Bowman alors qu'il enchaîne les épisodes lors de cette saison 3. 9) Meurtres sur Internet (2SHY) - Épisode 6 Sans être d'une originalité folle, ce mix entre Le Fétichiste et Tooms est suffisamment bien écrit et particulièrement bien réalisé pour nous maintenir en haleine tout du long, avec une accélération du rythme bienvenue dans sa dernière partie. 8) . Coup de foudre (D.P.O.) - Épisode 3 Le premier loner de la saison 3 est une belle réussite, on retrouve avec bonheur cette ambiance de petite ville américaine comme seule X-Files nous sait les mitonner. Giovanni Ribisi et Jack Black sont deux guest stars de haute volée et la qualité des effets spéciaux ainsi que la réalisation sont sensationnels. 7) Monstres d'utilité publique (Nisei / 731) - Épisode 9/10 L'épisode ne fait pas toujours dans la finesse et confirme l'orientation action des épisodes mythologiques. En effet après Moonraker pour la saison 2, Mulder nous fait son Octopussy et saute sur les trains ! Cependant, inutile de bouder son plaisir, car à nouveau on se régale. Sur le fond, Monstres d'utilité publique développe tous les éléments entamés en ce début de saison 3 et on en apprend enfin un peu plus sur l'enlèvement de Scully, avec l'amorce de son futur cancer. La scène d'ouverture de la deuxième partie rappelant la solution finale nazie m'avait particulièrement marqué à l'époque, elle me donne toujours des frissons aujourd'hui. 6) Souvenir d'oubliette (Oubliette) - Épisode 8 Un épisode génial et passionnant, avec une fois de plus une remarquable réalisation de Kim Manners, l'autre valeur sure de la série avec Rob Bowman. L'interprétation de Tracy Ellis est remarquable. 5) Anagramme (Talitha Cumi) - Épisode 24 Un épisode mythologique brillant où encore une fois les fans doivent être des plus attentifs et avoir une excellente mémoire. En effet, Anagramme repose sur les éléments introduits lors des saisons précédentes et continue la mythologie avec brio. Encore à l'époque du télespectateur binger cela ne pose pas de problèmes, autant on peut comprendre que lors de la diffusion de la série avec une diffusion s'étalant sur plusieurs années, le téléspectateur pouvait parfois s'y perdre ! Le grand intérêt de l'épisode est bien entendu le plaisir de retrouver Roy Thinnes, qui n'a rien perdu de sa présence et de son charisme depuis Les Envahisseurs. Alors que son incursion dans la série me paraissait comme une évidence, elle fut due à une simple coïncidence, suite à une rencontre fortuite lors d'un trajet en avion avec David Duchovny. 4) L'épave (Piper Maru / Apocrypha) - Épisode 15/16 Je ne me souvenais pas à quel point les épisodes mythologiques tiraient la série vers le haut dans les premières saisons. A nouveau, nous avons deux épisodes formidables formant un ensemble parfaitement cohérent, ce n'était pas souvent le cas avant et il y avait souvent une rupture de ton d'un épisode à l'autre. L’épave introduisant un nouvel élément qui restera le plus fascinant de la mythologie : l'huile noire. Superbe effet spécial ! Par contre, on arrive à un moment où si l'on ne connaît pas bien ses gammes X-Files, on peut se sentir largué tant les références aux épisodes précédents se multiplient. Si les épisodes mythologiques antérieurs pouvaient être savourés par des novices, à partir de cet épisode, ce ne sera plus le cas. Les fans attentifs sont eux par contre récompensés. 3) Le chemin de la bénédiction (The Blessing Way) / Opération presse-papier (Paper Clip) - Épisode 1/2 Rien à redire sur cette ouverture de saison, entre action au pas de charge, séquences spirituelles et grandes révélations, avec un Krycek plus méchant que jamais, commettant une horrible bourde. Ce sont clairement deux grands épisodes mythologiques de la série, amorçant une saison 3 riche en surprises et en rebondissements. 2) Les dents du lac (Quagmire) - Épisode 22 Un superbe épisode, plein d'humour et avec des dialogues pétillants, proposant une conclusion poétique. Les échanges sur le rocher entre Mulder et Scully font partie des grands moments comico-romantiques de la série. 1) Âmes damnées (Syzygy) - Épisode 13 Cet épisode dans la veine de La Main de l'Enfer est une belle réussite. Tout d'abord, une Scully de mauvais poil et excédée durant tout l'épisode nous réserve une succession de moments particulièrement savoureux. Les scènes de ménage entre nos deux agents ont toujours fait partie de mes moments préférés de la série. Ensuite, X-Files embrasse à nouveau son côté série B et nous propose un slasher avec deux adolescentes effroyables donnant lieu à un jeu de massacres inventif, aboutissant à une confrontation finale explosive. Mon épisode préféré de la saison 3. |
Top 10 Classement des 10 meilleurs épisodes de X-Files 1) Le Seigneur du Magma (3.20) Avant son retour en saison 10, Darin Morgan prend ici la sortie avec son histoire la plus iconoclaste, jouant avec un brio toujours maîtrisé d’une instigue entrechoquant plusieurs perceptions du réel. Très ludique, cette enquête a nulle autre pareille constitue une parodie brillantissime des codes de la série, La mise en scène se montre suffisamment imaginative pour se mettre au diapason de l’auteur, à l’occasion de cet épisode si brillamment décalé, aux nombreux seconds rôles aussi hilarants qu’attachants. 2) Le Chemin de la bénédiction (3.01-02) Cet épisode conclut brillamment le magnifique arc de trois épisodes établissant le pont entre les saisons deux et trois. Formidablement riche en événements majeurs et en révélations fracassantes, le récit inaugure une pratique devenue depuis courante : bouleverser l’univers d’une série lors d’un changement de saison, permettant ainsi de la relancer. La dimension spirituelle du récit lui apporte de plus toute une dimension supplémentaire, un thème cher à Chris Carter, que l’on retrouvera dans le Babylon de la saison 10. Episode fondamental à l’orée de la série, Compressions inaugure toute une famille majeure d’opus, indépendants de l’intrigue principale, aux enquêtes s’attachant à ces Monstres de la semaine devenus indissociables de la semaine. Premier d’entre deux, Eugène Tooms demeure sans doute également le meilleur de la lignée par l’effroi qu’il suscite et la formidable prestation de Doug Hutchison. Bien que séparé de sa suite survenue plus tard dans la saison, on trouve également ci le premier des doubles épisodes des X-Files. Le duo d’auteurs Glen Morgan & James Wong effectue une entrée en fanfare dans une série qu’il va profondément marquer. 4) Le pré où je suis mort (4.05) Les talents combinés du duo d’auteurs Morgan & Wong et du réalisateur Rob Bowman assurent la plein succès de cette épisode particulièrement ambitieux. Description du phénomène sectaire, évocation de la réincarnation et belle étude de caractère se mêlent dans un ensemble harmonieux et captivant. Les jeux de lumière et de perspectives, ainsi que la magnifique composition de Kristen Locke parachèvent la pleine réussite de cet opus également audacieux en ce qui concerne le relationnel entre Mulder et Scully. Le plan final sur Mulder reste l’un des plus émouvants des X-Files. La Meute demeure sans doute la plus belle démonstration du talent de Kim Manners, le metteur en scène ayant le plus apporté aux X-Files et qui aura démontré que les séries télévisées peuvent se hisser au niveau de qualité du cinéma. En effet l’épisode rivalise sans problème aucun avec les films d’épouvante les plus marquants, tandis que la redoutable histoire concoctée par le duo Morgan & Wong contribuent puissamment à instiller l’angoisse. La famille Peacock, pourtant exempte de tout surnaturel, compte parmi les rencontres les plus effrayantes de la série. C’est à juste titre que la saison 10 fera référence à ce chef d’œuvre lors de Home Again. 6) Rencontre d'un drôle de type (10.03)
7) L'Homme à la cigarette (4.07) Glen Morgan et James Wong rendent ici le plus beau des hommages à l’archi ennemi de Mulder, mais aussi et surtout l’un des éléments clés du formidable succès de la série. Après une magistrale relecture paranoïaque à souhait des principaux traumas de l’histoire américaine d’après guerre, laissant habilement le soin au spectateur de démêler le faux du vrai, le récit se conclue idéalement par un portait soudain plus intimiste de l’antagoniste rehaussant encore sa densité. Outre la belle audace d’un épisode dépourvu du duo vedette, le scénario rappelle également à quel point les Bandits Solitaires pouvaient susciter de bonnes histoires. Entre humour acéré, sens de l’absurde et peinture détaillée des seconds rôles le scénario de Duchovny s’avère particulièrement riche et ambitieux. Il sait ne pas placer son personnage au centre unique des débats, un piège dans lequel tombe trop souvent les acteurs quand ils passent derrière la caméra. Sa mise en scène inventive nous propose un pastiche assez irrésistible de la série transformée en série Z d’horreur et quelques moments étonnants comme l’hommage final à ce Septième art dont il aura étrillé avec saveur les coulisses. Bien avant Californication, la peinture caustique de L.A. et d’Hollywood s’avère déjà un régal. 9) Prométhée Post moderne (5.05) Avec cette variation virtuose sur l’inépuisable classique que constitue Frankenstein, Chris Carter nous propose l’un de ses opus les plus admirables. L’élégance suprême du noir et blanc et la renversante créativité de la mise en scène ne privent pas l’épisode d’aller au-delà de l’exercice de style, entre humour ravageur et son portrait sensible du Grand Mutato. Prométhée Post modern devient un spectacle moderne en recourant également à l’art graphique et à la chanson, tout en se concluant sur l’un de ces précieux moments dont les amateurs de la relation Mulder / Scully se montrent si inlassablement friands. 10) Triangle (6.03) Lors de la diffusion de la saison 10, plusieurs commentaires critiques se sont faits jour quant à l’apport réel de Chris Carter. Tout comme le pilote de la série ou Milagro, entre autres exemples, Triangle vient nous rappeler à quel point il demeure un artisan majeur des X-Files, à travers la fascinante découverte de cet étrange univers miroir, structurée en trois plans séquences de pure anthologie. Outre son formidable travail de production, l’épisode sait entremêler étrangeté, humour et émotion. Il reste également un excellent cru pour les Bandits Solitaires. |