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 saison 1 saison 3

 X-Files (1993-2002)

Saison 3


1/2. LE CHEMIN DE LA BÉNÉDICTION / OPÉRATION PRESSE-PAPIER
(THE BLESSING WAY / PAPER CLIP)


Épisode Mythologique

Scénario : Chris Carter
Réalisation : R.W.Goodwin (1re partie) et Rob Bowman (2e partie)

Résumé :

Le corps de Mulder n’ayant pas été retrouvé, Scully et le FBI le déclarent mort. Scully est renvoyée sous prétexte d’avoir désobéi à sa hiérarchie. La tribu d’Albert Hosteen le navajo retrouve le corps de Mulder et entonne un rituel destiné à ce que son âme réintègre son corps. Scully découvre un implant métallique dans sa nuque et apprend qu’elle est aussi menacée de mort. Le Syndicat tente de retrouver la cassette numérique. L'aide des Bandits Solitaires permet de dévoiler qu'une société miniaire désaffectée cache une révélation qu'aucun homme n'aurait jamais pu imaginer...

Critique :

Suite et fin du magnifique arc triple initié par Ceux d’outre-tombe, et qui porte la Mythologie à un sommet qu’elle n’atteindra plus qu'occasionnellement par la suite. La tension et l’intensité du récit demeurent particulièrement élevées (très léger ralentissement dans Le chemin) durant ces deux épisodes voyant toujours coups de théâtre et saisissantes révélations se succéder à un rythme incroyable. Même après avoir tant de fois revu ces épisodes, on en reste rivé sur son fauteuil !

Les moments inoubliables se succèdent de bout en bout comme, parmi tant d’autres : la séquence onirique marquée par le savoureux retour de Gorge Profonde, plus philosophe que jamais, le deuxième cliffhanger, presque aussi haletant que le premier, l’assassinat aussi brutal et soudain de Melissa (The Krycek’s touch) ou évidemment le site dantesque où s'entassent les millions de fiches, entre Kafka et Borges.

L’épisode reste également marqué par les premières facétieuses réunions du Syndicat, dont l’ambiance de panier de crabes nous vaudra par la suite des scènes assez jouissives. À cette occasion apparaissent l’Homme aux mains bien manucurées, au charme si anglais (John Neville, figure importante de la RADA et du théâtre anglais désormais installé au Canada, fut élevé au rang d’OBE en… 1965 !) ainsi que le plus torve First Elder. Schisme Krycek/Fumeur, alliance tendue mais finalement renouvelée entre Skinner et le duo, puce électronique qu’enlève Scully sans se douter des conséquences, connexion entre Conspiration et la famille Mulder… le décor de la saison 3 apparaît également idéalement posé par ce récit.

Il est émouvant de voir Mulder et Scully sortir épuisés de ce tumulte, désirant retrouver leurs marques et leur univers familier avant de poursuivre le combat. Le spectateur les comprend, car lui aussi sort moulu de l’aventure, mais ravi ! À noter que Scully, née en 1964, a quatre ans de plus que son interprète, et que Mulder, né en 1961, un an de moins !

Enfin, on ne peut s’empêcher de penser que ces trois épisodes assemblés auraient constitué un formidable premier film pour les X-Files !

Anecdotes :

  • Le chemin de la bénédiction est un des épisodes préférés de Chris Carter. Il l’écrivit alors qu’il venait de perdre un proche, ce qui explique son ton plus personnel et introspectif. Son affection pour cet épisode tient aussi à la relation Mulder-Scully qui prend une tournure plus spirituelle. L'épisode est dédié à Larry Wells, un des costumes designer de la série qui venait de mourir. Opération presse-papiers est, lui, dédié à Mario Mark Kennedy, un fan de la série qui venait de trouver la mort dans un accident d’avion.

  • Fox William Mulder est né le 13 octobre 1961 (Chris Carter est né un 13 octobre !), Samantha Ann Mulder est née le 21 novembre 1965 (la femme de Chris Carter est née un 21 novembre !). Ils sont nés au 2 Creer Street à Chilmark. Sam avait donc 8 ans quand elle fut kidnappée, et Mulder en avait 12. Dana Scully est née en 1964 à Annapolis dans le Maryland.

  • Alex Krycek collabore à l’assassinat de Mélissa Scully dans ce double épisode. Ironique quand on sait que Nicholas Lea avait à ce moment-là une liaison avec Mélinda McGraw ! Mélissa reviendra cependant dans Emily (saison 5).

  • Mulder habite à l’appartement 42, le nombre SF par excellence : d’après H2G2, le guide du voyageur galactique de Douglas Adams, 42 est la réponse ultime à la Grande Question sur la Vie, la Mort, le Reste, question dont l’énoncé a cependant été perdu ! Nombre de geeks ont fait de cette recherche fondamentale une affaire personnelle.

  • Dans la meilleure tradition des Avengers, Scully a la clé de l’appartement de Mulder (et sans doute réciproquement).

  • Ambiance paranoïaque oblige : après le FBI, les nazis, et le gouvernement, c’est la CIA qui vient mettre son grain de sel ! Oswald paraît bien inintéressant à côté… Premier épisode voyant l’apparition du Syndicat.

  • Parmi les hommes de main tabassant Skinner, on voit Tony Morelli, le coordinateur des cascades qui interprêtera le rôle titre du Seigneur du Magma.

  • Erreur de taille pour une scientifique comme Scully : la constante de Napier est 2.71828... et non 2.7828 ! Comment ont-ils alors réussi à ouvrir la porte secrète de l’entrepôt ? Scully dit que la cassette est protégée par un système anti-copie alors qu'elle en a pourtant fait une dans Ceux d’outre-tombe. Si la légende du bison blanc est en effet une légende indienne, elle n'est toutefois pas navajo.

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    3.COUP DE FOUDRE
    (D.P.O.)


    Scénario : Howard Gordon
    Réalisation : Kim Manners

    Résumé :

    En Oklahoma, plusieurs personnes trouvent la mort frappées par la foudre, qui éclate bien trop souvent pour que ces « accidents » soient de simples coïncidences. Mulder et Scully apprennent qu’un adolescent du nom de Darin Peter Oswald se trouvait sur les lieux du dernier décès. Or, il a été frappé par un choc électrique quand il était enfant. De plus, il est amoureux de son institutrice et cela le rend très irritable…

    Critique :

    On prend d’entrée un méchant coup de vieux lors de la séquence pré-générique de ce premier loner de la saison, avec ces jeux d’arcade sur lesquels on s’est tant éclaté et qui paraissent totalement obsolètes aujourd’hui (Pac Man ! Street Fighters !). Au-delà de ces radotages séniles, cette introduction apparaît magnifique, intelligemment tournée comme un cauchemar hurlant (excellente bande-son, comme durant tout l’épisode). Coup de foudre confirme ce début électrique, avec un bon emploi de l’esthétique toujours si spectaculaire de la foudre, réveillant en nous comme des terreurs ancestrales, et astucieusement déclinée sous diverses formes.

    On remarque les superbes compositions de deux acteurs alors encore peu connus, mais appelés à de belles carrières. Giovanni Ribisi (Friends, Captain Sky…) accomplit une grande performance, en morveux dégoulinant d’antipathie et de petitesse. Un véritable poème. Jack Black est lui aussi excellent en poisson pilote, très loin de ses numéros comiques à l’incroyable succès. Un épisode réussi, quoique très classique (quasiment un remake de L’Incendiaire, en moins ambitieux), mais justement il reste plaisant pour le spectateur de retrouver ses héros dans un cadre familier après la tempête. On est rassuré, la série continue malgré tout ! Bonne transition d’ailleurs sur ce point chez Mulder et Scully, bénéficiant par ailleurs de dialogues toujours acérés.

    L’épisode demeure de plus magnifié par la grande beauté de Karen Witter, ancienne playmate (Miss Avril 1982…) ayant déjà illuminé les 80’s dans de nombreuses séries, et très bonne actrice au demeurant.

    Saluons également l'humour du titre français, alors que ces traductions s’avèrent régulièrement affligeantes dans les X-Files.

    Anecdotes :

    Howard Gordon sympathisa immédiatement avec Giovanni Ribisi et déclara que durant la production de l'épisode, ils passaient tous les deux une grande partie de temps à jouer aux jeux vidéo !

  • Mulder est abonné à des magazines érotiques.

  • Le prénom de Darin Peter Oswald est un clin d’œil à Darin Morgan, scénariste de la série et acteur occasionnel. L’Astadourian Lightning Observatory est nommé d’après Mary Astadourian, assistante personnelle de Chris Carter.

  • La nurse de nuit est jouée par Bonnie Hay, la doubleuse habituelle de Gillian Anderson.

  • A côté de la photo de Mme Kiveat, on voit celle de Kim Manners, le réalisateur de l’épisode.

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    4. VOYANCE PAR PROCURATION
    (CLYDE BRUCKMAN'S FINAL REPOSE)


    Scénario : Darin Morgan
    Réalisation : David Nutter

    Résumé :

    Un homme assassine plusieurs voyantes qu’il juge incompétentes. Alors que Yappi, un charlatan mandé par la police, tire des conclusions absurdes sur ce qui s’est passé ; Clyde Bruckman, un vieil homme, semble lui, réellement capable de prédire l’avenir. Plus particulièrement la mort des victimes du tueur. Mais il refuse d’aider Mulder et Scully car il déteste son don. Mulder va tenter de le convaincre…

    Critique :

    Un de mes loners préférés de toute la série ! L’histoire, admirablement écrite (la griffe de Darin Morgan), mêle l’humour et l’émotion avec une rare réussite. On s’amuse effectivement beaucoup, que cela soit pour le ridicule de Yappi (que l’on reverra brièvement dans l’inouï Seigneur du magma), la drôlerie de très nombreuses situations, le côté lunatique de l’assassin, et une mise en scène jouant habilement du ludisme de ces visions du futur.

    L’épisode va plus loin grâce à l’étonnante composition de Peter Boyle en voyant philosophe. Qu’il ait obtenu l’Emmy Award du second rôle pour cette composition n’est que justice, tant il donne humanité, profondeur, et facétie à son personnage. La rencontre, d’abord contrariée, avec Scully, est un grand moment, débouchant sur une scène particulièrement émouvante. Le gambit* final (Ah, l’intuition féminine) trouve le ton juste pour brillamment conclure ce très grand épisode des X-Files.

    À noter également une scène onirique aussi splendide que macabre dans son déroulement. Scully récupère le hideux Queequeg, au funeste destin.

    *Le gambit est une figure du jeu d'échecs spectaculaire où le sacrifice d'un pion (ici Clyde) permet d'obtenir un avantage, comme faire chuter le roi adverse (le groom).

    Anecdotes :

    • Si l’on en croit Imdb, cet épisode est un des plus appréciés de la série derrière Ceux d’outre tombe (saison 2) et Le shérif a les dents longues (saison 5), avec une note de 9.3/10. Il est par ailleurs l'épisode préféré du scénariste Howard Gordon. Impressionné par le talent de Darin Morgan, il fut particulièrement ravi de le revoir comme collègue de travail dans la série Awake (2012).

    • Le « Stupéfiant Yappi » reviendra dans Le Seigneur du Magma. Son interprète, Jaap Broeker, est en fait la doublure de David Duchovny. Darin Morgan a écrit le personnage de Yappi pour lui en s’inspirant de sa façon de parler.

  • Cet épisode n’est pas sans rappeler Infanterie Platon, un épisode de La Quatrième Dimension où un homme a pareillement le don de prédire les morts, don qu’il déteste.

  • La scène du putréfaction de Clyde Bruckman causa des problèmes car la censure était très stricte sur la description simultanée de la scène par la voix off. Darin Morgan dut alors édulcorer son texte. On remarquera que pendant cette scène, Bruckman porte un T-Shirt blanc alors que sa voix dit qu’il se rêve nu lors de la scène.

  •  Clyde Bruckman est le nom d’un scénariste-réalisateur américain qui travailla des années 20 jusqu’à son suicide en 1955. Il fut le co-scénariste et le co-réalisateur d’une des plus célèbres comédies de l’histoire du cinéma : Le Mécano de la Général (1926) avec Buster Keaton. Il y a beaucoup d'autres références à Keaton dans l'épisode.

  • L’assassin est interprété par Stu Charno, le mari de Sara Charno - qui depuis 2000 signe toutefois ses opus sous le nom de Sara B. Cooper - scénariste de deux épisodes de la saison 2 : Aubrey et Les Calusari.

  • Première apparition du fameux Queequeg, le chien de Scully. Lui et sa nouvelle maîtresse regardent à la télévision Laurel et Hardy toréadors (1945) à la fin de l’épisode.

  • La victime trouvée dans la boue s’appelle Claude Dunkenfield, vrai nom du célèbre acteur W.C.Fields (1880-1946).

  • Bruckman dit que son don est apparu le jour où il a prédit la mort de Big Bopper qui avait gagné à pile ou face une place dans l’avion de Buddy Holly qui devait s’écraser. En fait, ce n’est pas lui mais Ritchie Valens qui gagna la place fatale de cette façon. Bopper se trouvait aussi dans l’avion mais parce qu’il avait la grippe et ne se sentait pas d’attaque pour faire le voyage en bus.

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    5. LA LISTE
    (THE LIST)


    Scénario : Chris Carter
    Réalisation : Chris Carter

    Résumé :

    Neech Manley, au moment de passer sur la chaise électrique, jure qu’il « reviendra » et se vengera des cinq hommes qu’il juge coupables de sa mort. Deux jours après son exécution, un gardien est retrouvé mort. Mulder et Scully découvrent que Neech croyait fermement aux sciences occultes et avait fait une liste (introuvable) des cinq personnes qu’il a « désignés ». Pendant que le duo cherche la liste, d’autres cadavres sont retrouvés…

    Critique :

    Pfou, le toboggan ! Incroyable qu’un aussi mauvais épisode succède au joyau précédent ! L’épisode apparaît en fait comme un bien faible remake du déjà médiocre Mystère vaudou. Mêmes clichés, même déroulement prévisible de l’intrigue, mêmes effets faciles et écœurants, même univers carcéral, jusqu’à la voiture s’encastrant dans un arbre !

    Les scènes de prison sont nimbées d’un vert qui se voudrait sans doute stressant, mais qui n’est que ridicule, on se croirait dans une série Z de la TNT. On s’ennuie beaucoup durant ce pesant et morne récit, malgré la solide interprétation de J.T. Walsh (Dark Skies). Le moment le plus faible de cette excellente saison 3.

    Anecdotes :

  • Chris Carter fit appel à Debbie Coe, une dresseuse d’animaux, pour tourner les scènes avec les asticots. Elle raconte avoir donné des foies séchés aux charmantes bébêtes pour qu’elles soient plus grouillantes ! Lors de la scène de l’autopsie, un ver tomba sur l’orbite du cascadeur jouant le cadavre ; sans broncher, Gillian Anderson l’en débarrassa d’un coup d’ongle avant de reprendre le cours de la scène !

  • Lorsque le directeur de la prison se crashe contre un arbre, on voit un gros plan où le sang s’écoule latéralement de son visage, mais lors des plans suivants, le sang s’écoule verticalement.

  • Un des producteurs de la série, Joseph Patrick Finn, joue le premier de ses trois rôles religieux dans la série : il est le chapelain dans l’épisode, avant d'être le confesseur de L'âme en peine (saison 5), et un prêtre murmurant dans X-Files : Régénération. Perry Simon, le bourreau, est le nom d’un producteur exécutif familier de Carter.


  • 6. MEURTRES SUR INTERNET
    (2SHY)


    Scénario : Jeffrey Vlaming
    Réalisation : David Nutter

    Résumé :

    Lors d’un rendez-vous galant, un homme embrasse une femme… ce qui la tue car elle est bientôt recouverte d’une substance visqueuse asphyxiante ! Ce n’est pas la première victime à mourir de cette manière, mais toutes étaient des femmes seules et « rondes » qui cherchaient l’âme sœur sur Internet… Qui est et quelles sont les motivations du tueur ?

    Critique :

    L’épisode joue habilement sur les peurs suscitées par un Internet alors naissant, dont les dangers restent il est vrai tristement d’actualité. Il demeure amusant de voir les personnages manifester un certain effarement devant ce nouveau monde mystérieux : de l’eau a passé sous les ponts depuis 1995 !

    L’histoire se double d’une solide intrigue policière, même si classique, avec un suspense constant admirablement soutenu par la fascinante musique de Mark Snow. L’admirable mise en scène valorise l’excellente composition de Timothy Lahart, inquiétant et monstrueux à souhait. On remarque que les habiles artistes de la série se sont ici surpassés, tant chez les victimes que chez leur bourreau. L’autopsie du jour de Scully donne d’ailleurs lieu à une des images les plus jouissivement gore de la série ! Les scénaristes survoltés ont le plus souvent fait de ces scènes de grands moments, drôles ou horrifiques, durant lesquels absolument tout peut arriver. On ne s’en lasse pas, il s’agit vraiment d’une série dans la série. Allez voir les Experts après ça...

    Un épisode de fort bonne tenue, auquel on peut toutefois reprocher une certaine similitude avec Tooms, jusque dans la bataille finale avec Scully. Mais bon, quand le modèle est génial…

    Anecdotes :

  • 1013 du jour : Il est 10h13 lorsque Mulder interroge Scully sur l’analyse de la peau de Virgil.

  • L’épisode fait référence à Charles Manson (1934). Manson est un criminel fondateur d’une secte hippie « la famille » qui fut reconnue coupable de viols au sein de sa communauté, et surtout de meurtres en série dans les années 60. Ce fut lui qui dirigea le très médiatisé meurtre de Sharon Tate, l’épouse du cinéaste Roman Polanski. Son procès fut le plus long et le plus coûteux de l’histoire judiciaire des Etats-Unis. Il a été condamné à la prison à vie.

  • Globalement, les épisodes d’X-Files suivent l’ordre chronologique. Mais ici, nous apprenons que l’épisode se déroule le 29 août (Scully le dit lors de son autopsie) alors que Coup de foudre et Meurtre par procuration se déroulent en septembre.


  • 7.CORPS ASTRAL
    (THE WALK)


    Scénario : John Shiban
    Réalisation : Rob Bowman

    Résumé :

    Un soldat dépressif tente de se suicider mais une force mystérieuse l’en empêche. Mulder et Scully apprennent que d’autres soldats ont tenté de se tuer après que leurs familles aient été tuées par cette même force, mais n’y sont jamais arrivés. Cet « assassin » veut en effet les faire souffrir durablement en tuant leurs proches, tout en empêchant ses cibles de se tuer. Le principal suspect semble être Rappo, un soldat haïssant sa hiérarchie ; problème : la guerre l’a privé de ses bras et de ses jambes ! Pendant ce temps-là, une capitaine est retrouvée noyée sans qu’aucune trace ait été retrouvée, et le général Callahan reçoit un enregistrement inquiétant…

    Critique :

    Le scénariste John Shiban entre en scène avec cet épisode solide. Il va devenir avec Carter, Spotnitz, et Gilligan, le 4e maître d'oeuvre de la série, et va surtout se spécialiser dans les épisodes faisant appel au Fantastique inspiré de différentes civilisations (africaines, indiennes, mexicaines...) ou comme ici sur des sujets assez peu explorés dans l'ordinaire des séries fantastiques. L’on pourrait légitimement estimer avoir déjà vu et revu dans les X-Files l'histoire de The Walk, mais elle se voit rehaussée par divers éléments : des scènes chocs particulièrement pimentées, une mise en scène inspirée (Mark Snow, maquilleurs, et équipe des SFX accomplissent encore une fois des prodiges), et des comédiens de grande qualité, tels Willie Garson, à mille lieues du pétillant Stanford de Sex and The City, et la très belle Nancy Sorel (Les 4400, Stargate, Tru Calling…). Rarement la fibre anti-militariste de la série aura été aussi manifeste, d’autant que nous sommes ici hors Mythologie. Le rôle de Ian Tracey apparaît habilement équivoque, entre victime et bourreau.

    Mais comment les magiciens de la série ont-ils réussi à faire de Ian Tracey un amputé aussi convaincant ? Incroyable ! La scène de conclusion reste une des plus sinistres de la série !

    Une très habile exploitation du thème majeur du Fantastique qu’est le corps astral. Le thème de l’homme sans bras ni jambes aux terribles pouvoirs psychiques a été également magnifiquement illustré dans un des chefs-d’œuvre de Dick, Dr Bloodmoney (1963), un des plus beaux textes post-apocalyptiques jamais écrits.

    Anecdotes :

  • Ian Tracey n’est pas un comédien invalide. Dans les scènes de fauteuil roulant, ses jambes étaient dissimulés dans le double fond du fauteuil, et ses bras étaient fixés sur des planchettes derrière son dos. Mat Beck, directeur des effets spéciaux, explique que le résultat est le fruit d’une longue réflexion pour rendre le tout crédible.

  • Rappo regarde à la télévision Sun Valley Serenade (1941), une comédie musicale avec notamment Glenn Miller.

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    8. SOUVENIR D'OUBLIETTE
    (OUBLIETTE)


    Scénario : Charles Grant Craig
    Réalisation : Kim Manners

    Résumé :

    Amy Jacobs, une fille de 15 ans, est kidnappée dans son lit par Carl Wade, un ravisseur qui lui dit « rien ne pourra plus jamais nous séparer ». Au même moment, une jeune femme, Lucy Householder, s’évanouit en saignant abondamment dans le restaurant où elle travaillait. Mulder s’aperçoit bientôt que chaque émotion et blessure physique subie par Lucy, ancienne victime du même ravisseur, correspond à celle d’Amy en danger. Pour retrouver Carl Wade, il doit scruter chaque émotion de Lucy, qui plonge dans la folie au fur et à mesure que se prolonge le calvaire d’Amy…

    Critique :

    Cet épisode particulièrement sombre connaît un début rappelant étrangement Ne vous retournez pas ou Le Joker chez les Avengers, avec le maniaque découpant sinistrement la photo de sa future victime. Cette histoire, si sombre que l’épisode fut partiellement censuré en France, rappelle celle du Fétichiste, mais avec l’introduction d’un Fantastique particulièrement élégant et suggestif.

    L’étonnante composition de Tracey Ellis donne beaucoup de profondeur à l’épisode. L’épisode sait admirablement développer le personnage et placer au cœur de l’intrigue la relation très forte se nouant avec Mulder (excellent Duchovny). Lucidement, Scully reste ici au second plan, d’autant que sa propre expérience passée aurait pu lui faire ressentir un peu plus d’humanité ; cette histoire demeure clairement une de celles où elle apparaît le moins sympathique et le plus « fonctionnaire », comme le dira très bientôt l’ami José Chung. Cette fine écriture n’altère pas la mise en place d’un très intense suspense, digne des meilleurs thrillers, tandis que la mise en scène alternant habilement brillants champs-contrechamps et passages caméra sur l’épaule (la virtuosité typique de Manners), maintient efficacement la tension.

    Michael Chieffo (Roswell) est glaçant à souhait en atroce pervers, tandis que Jewel Staite, à l’orée de sa carrière (Firefly, Serenity, Dead like me, SGA…) se montre déjà particulièrement convaincante.

    Anecdotes :

  • La thérapeute est jouée par Bonnie Hay, la doublure de Gillian Anderson.

  • Cet épisode ne fut pas diffusé par M6 lors de la première diffusion de la saison 3 en raison de l’affaire du pédophile Marc Dutroux qui monopolisait alors les médias belges et français.

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    9/10. MONSTRES D'UTILITÉ PUBLIQUE
    (NISEI / 731)

    xfiles 3 9


    Épisode Mythologique

    Scénario : Chris Carter, Howard Gordon, Frank Spotnitz (1re partie), et Frank Spotnitz (2e partie)
    Réalisation : David Nutter (1re partie) et Rob Bowman (2e partie)
     
    Résumé :

    Mulder entre en possession d’une cassette vidéo montrant des scientifiques autopsiant le corps d‘un alien (!) avant qu’ils ne se fassent tuer par un commando de soldats. Son informateur est assassiné mais Mulder parvient à arrêter l'assassin... avant de devoir le libérer sur ordre de Skinner car c’est un diplomate japonais ! Mulder tente alors de décrypter des papiers mystérieux qu’il a escamotés de la mallette du diplomate. Scully est accueillie par un groupe de femmes qui prétendent toutes avoir été enlevées par des extra-terrestres dans les mêmes conditions qu’elle, ce qui la mène dans un centre où se trouvent les résultats atroces de tests scientifiques. Mulder, pris en chasse par des militaires, atterrit dans un wagon où se trouve une bombe, un alien (?)... et quelqu'un d'autre...

    Critique :

    Alors, cela débute très fort avec un amusant pastiche de la fameuse autopsie bidon d’alien ayant défrayé la chronique à l’époque (comme quoi Mulder ne regarde pas que certaines vidéos…), puis run, Mulder, run, l’action se poursuit sur le tempo frénétique d’Anasazi (à un rythme moindre toutefois), avec une pause bienvenue chez les Bandits Solitaires (quelle veste en pelage de mouton fort seyante pour Frohike !) et un Skinner se faisant de nouveau braquer lors d’une visite nocturne chez Mulder ; on ne doit pas faire beaucoup de barbecues entre collègues au FBI ! Le tout débouche sur un nouveau cliffhanger de folie (ah, ces portables !), après une intervention réussie du toujours charismatique X.

    La partie la plus intéressante demeure néanmoins celle de Scully, qui en une scène bien parano comme on aime, fait accomplir une avancée foudroyante à la Mythologie et ouvre la voie à sa maladie. Les trois scénaristes parviennent à mener de front deux intrigues parfaitement abouties, un bel exploit. Une entrée en bouche fort relevée, prenant encore une dimension supplémentaire dans la seconde partie, débutant par une scène mémorable et se poursuivant par un haletant suspense pré Jack Bauer en huis clos pour Mulder, et un voyage au pays du cauchemar pour Scully (scènes très impressionnantes et beau face-à-face avec The First Elder, qui a visiblement tout compris du mode de pensée de notre amie rousse). Le tout se conclut sur une fracassante et énigmatique intervention de X et une apparition incroyablement bien filmée du Fumeur (la flamme dans les lunettes, génial).

    Encore une réussite pour la Mythologie, même si l’on n’atteint pas l’incomparable densité d'Anasazi. La Mythologie apparaît ici clairement maîtrisée, Carter et Spotnitz savent où ils vont ! La rupture de ton entre les deux épisodes paraît aussi maîtrisée que bienvenue. Les dialogues entre Mulder et Scully crépitent réellement. Très belle composition de tueur au sang-froid de Stephen McHattie, The Red-Haired Man (toujours ces pseudos hallucinants), tandis que le sénateur Matheson effectue un retour apprécié. Apparition du sympathique Agent Pendrell qui en pince déjà visiblement pour Scully… La Quête continue !

    Anecdotes :

  • Première apparition de l’agent Pendrell (nommé d'après la rue où se trouvait les studios d’X-Files), interprété par Brendan Beiser. Pour l’anecdote, un des professeurs de comédie de l’acteur n’était autre que William B. Davis !

  • Mulder est très prudent : il a toujours deux révolvers sur lui. Il a étudié le français au lycée (l’espagnol en VF), il a donné une clé de son appartement à Skinner, dispose d’une femme de ménage, et son numéro de téléphone est 928-28-31.

  • Scully habite à l’appartement 5 de son immeuble.

  • Nisei (« seconde génération ») est un terme japonais désignant un américain ou canadien né de parents japonais. 731 est le numéro désignant la vraie équipe japonaise qui pratiqua durant la seconde guerre mondiale des expériences inhumaines sur des prisonniers.

  • Gillian Barber joue la femme qui ouvre la porte de la maison à Scully et qui la voyant s’exclame « She is one ! ». Or, dans Le musée rouge (saison 2), elle jouait la mère d’un des adolescents retrouvés avec l’inscription She is one sur le dos !

  • Les docteurs sont tués dans le wagon 82594. Or, le 8/25/94 (notation anglo-saxonne), Chris Carter fit ses débuts de réalisateur avec Duane Barry.

  • Dans l’introduction de 731, David Duchovny n’est pas doublé lors de la scène où il est en équilibre sur le train.

  •  Durant tout l’épisode, le train qu’on voit est une maquette, mais celui qui explose est un vrai !

  • 1013 du jour : le code d’ouverture de la porte est 101331.

  • 517 du jour : Le wagon où est enfermé Mulder est 82517.

  • En VO, la vidéo a coûté à Mulder 29.95 $ contre 28.80 $ en VF.

  • Nisei :

    • Quand Mulder force le bateau, il laisse la porte ouverte. Mais elle est fermée dans le plan suivant.

    • Quand Mulder poursuit Sakurai, tantôt il pleut, tantôt non.

  • 731:

    • Entre plusieurs plans, le pistolet de Mulder n’a pas la même apparence.

    • Alors que le train freine, on peut voir furtivement l’équipe.

    • Lorsque le train s’arrête prétendument en Iowa, une chaîne de montagnes est visible, alors que la région est dépourvue de reliefs montagneux.

    • Le journal japonais est constitué de photocopies de la même page (facilité d'accessoiriste assez répandue).


  • 11. RÉVÉLATIONS
    (REVELATIONS)


    Scénario : Kim Newton
    Réalisation : David Nutter

    Résumé :

    Au cours d’une messe, un prêtre reçoit les stigmates devant l’assemblée ébahie. A la fin, un vieil homme l’aborde puis l’assassine brutalement ! Mulder et Scully s’aperçoivent que les stigmates étaient en fait factices. Quand Kevin, un très jeune garçon, reçoit à son tour les stigmates, mais cette fois véritables, le vieil homme tente de le retrouver. Mulder et Scully tentent de prendre de vitesse ce fanatique dangereux, mais devront faire face à plusieurs phénomènes inexplicables, d’autant qu’ils ignorent qui ils sont en train d'affronter...

    Critique :

    Ce récit retrouve la veine des épisodes « chrétiens » de la série, ce qui, outre une sollicitation intéressante des personnages (foi de Scully toutefois en conflit avec Dieu, scepticisme de Mulder, soit une inversion de la relation classique), nous vaut toujours une atmosphère très particulière.

    L’histoire se laisse suivre sans déplaisir, les références bibliques de rigueur lui donnant comme un air de Damien de l’autre bord. L’épisode bénéficie également de seconds rôles de luxe, avec le toujours spectaculaire Michael Berryman (La Colline a des yeux) et surtout le formidable Kenneth Welsh, insufflant à son personnage toute la malice et l’aura de l’inoubliable Windom Earle de Twin Peaks. Mais cette comparaison met le doigt sur la grande faiblesse de l’épisode : une réalisation très plate, à des années-lumière des fulgurances de Lynch. Cette fadeur limite singulièrement la portée de l’histoire. Dommage, d’autant que le jeune Kevin Zegers campe un gamin moins tête à claques que de coutume.

    Anecdotes :

  • Scully ne s’est pas confessée depuis six ans au moment de l’épisode.

  • Mulder fait la grasse matinée le dimanche.

  • Mulder plaisante en disant que Kevin a été enlevé par « le frère jumeau maléfique d’Homer Simpson ». Les Simpson allaient bientôt faire, un an après, un hilarant hommage à la série avec The Springfield Files (saison 8) mettant en scène les deux agents du FBI (conjointement avec Leonard Nimoy et deux caméos du Fumeur).

  • Darin Morgan a travaillé sur cet épisode.

  • Contrairement à ce que disent Mulder et Scully, St. Ignatius n’est pas mentionné dans la Bible. Il est en fait un des premiers pères de l’Eglise.


  • 12. LA GUERRE DES COPROPHAGES
    (WAR OF THE COPROPHAGES)


    Scénario : Darin Morgan
    Réalisation : Kim Manners

    Résumé :

    Un dératiseur est tué par une énorme colonie de cafards ! Par téléphone, Scully parvient à convaincre Mulder que cette soudaine invasion n’a rien de mystérieux. Mais quand Mulder rencontre Bambi Barenbaum, spécialiste de la question, il est amené à réviser son jugement, d’autant que les morts s'accumulent, et que les cafards commencent à devenir un peu trop nombreux…

    Critique :

    Dès les premières images, on comprend que l’on est face à un des chefs-d’œuvre des épisodes humoristiques, troisième grande famille de la série, à côté des loners classiques et autres Mythics.

    L’intro joyeusement gore (précédant bien d’autres scènes réussies du même genre) puis le plan génial du ciel étoilé, s’avérant n'être qu'un reflet sur lequel saute un insecte, font déjà rire à gorge déployée le spectateur. Toute l’histoire résulte portée par cet humour narquois et corrosif, la griffe du grand auteur Darin Morgan qui va jusqu’à malmener les propres héros de la série. Le récit s’articule ainsi longtemps sur une idée géniale : Scully demeurant en retrait chez elle. Cela nous permet de lui découvrir une vie aussi passionnante que celle de son collègue : toilette du hideux Queequeg (en même temps que son revolver !), soirée pot de glace seule devant la télé, etc. Mulder le Martien ne semble pas non plus épargné de son côté. L’ironie de Morgan envers ses personnages s’avère assez irrésistible.

    L’épisode atteint son pic avec l’entrée en scène de la sculpturale Bambi, qui nous vaut d’ailleurs une arrivée très rapide de Scully sur le théâtre des opérations... Le récit se double alors d’une piquante comédie de mœurs chez nos héros. Le fait qu’il ne se passe rien entre Bambi et Mulder illustre bien qu'il n’est pas Hank ni X-Files, Californication ! Le scientifique avec son proto K-9 insectoïde reste lui aussi très amusant.

    L’épisode vaut également pour sa réjouissante satire des classiques du cinéma SF des années 50, avec leur cortège d’insectes monstrueux et/ou radioactifs, extraterrestres etc. Le titre demeure très explicite là-dessus ! La ville s’appelle ainsi Miller’s Grove, tandis que dans La Guerre des mondes, les Martiens attaquent Grover’s Mill. Magnifique réussite (annonciatrice du Seigneur du magma, mon épisode préféré), cette histoire demeure hilarante de bout en bout !

    Anecdotes :

  • Darin Morgan eut l’idée de l’épisode parce qu’il avait des cafards chez lui. Il eut aussi l’idée de Bambi car il voulait introduire une pointe de jalousie chez Scully. Mais le public féminin s’indigna en grande pompe sur Internet du fait que Mulder put s’intéresser à une autre femme que Scully !

  • Un des épisodes préférés de Chris Carter.

  • L’épisode est resté célèbre chez les fans mais aussi dans le « milieu » grâce à une anecdote véridique : lors de la scène où Bill Dow est assis dans les toilettes, les cafards devaient sortir de leur cachette et s’immiscer partout dans la cabine ; mais les cafards n’ont jamais voulu bouger, malgré les efforts de Debbie Coe, la dresseuse. Kim Manners plongea alors la tête dans le seau à cafards et leur ordonna quand il dirait « Action ! » de bouger… et le miracle se produisit, les cafards bougèrent sous les ordres du réalisateur ! Depuis cet épisode, Kim Manners eut une sacrée réputation, et dit qu’on fait souvent appel à lui pour des épisodes de série où il y’a des insectes. Le tournage fut d’ailleurs éreintant car pas moins de 300 cafards furent nécéssaires selon Debbie Coe. Il fallait toujours ensuite les ramasser et les recompter !

  • Mulder ne connaît rien en insectologie. Il est même insectophobe depuis le jour où, enfant, il a croisé le chemin d’une mante. On apprend aussi qu’il a déjà violé une propriété d’état.

  • Scully semble être assez spartiate quand elle dîne chez elle : de l’eau, de la salade, du citron, et c’est tout. Quelle modération après s’être goinfrée dans Le Musée rouge (saison 2) ! Elle lit dans l’épisode Breakfast at Tiffany’s de Truman Capote (1924-1984). Ecrit en 1958, ce court roman est une des œuvres les plus connues de l’écrivain, surtout grâce à son adaptation cinématographique par George Axelrod Diamants sur canapé, réalisée par Blake Edwards, et avec Audrey Hepburn et George Peppard.

  • Le décor représentant le salon de Scully est aussi celui de Teena Mulder.

  • Gillian Anderson faisait une tournée de promotion durant cet épisode. Darin Morgan dut donc s’arranger pour écrire une histoire la mettant en retrait, d’où l’idée des amusantes conversations téléphoniques. Avec la scène finale et celle du supermarché, Gillian ne tourna qu’un seul jour !

  • La scène de l’accident de voitures, au moment où Scully rentre dans le supermarché, n’était à l’origine pas préméditée : ce fut un réel accident ! Professionnelle, Gillian Anderson ne s’arrêta pas et continua de tourner la scène. Manners exultait du fait qu’il y avait « au premier plan la scène, et à l’arrière-plan, une cascade » et conserva la scène en état.

  • A 30’50, un cancrelat passe sur l’objectif de la caméra : ce plan est bien sûr prémédité, et Mat Beck, tout comme le public de l’époque, apprécia cette touche.

  • « Smart is sexy » fait Scully en regardant les deux scientifiques s’éloigner. C’est un clin d’œil aux magazines télé qui parlaient beaucoup de la relation Mulder-Scully en ses termes.

  • Bambi Barenbaum tient son nom du Dr.Barenbaum de l’Entomology Department at the University of Illinois, auteur de plusieurs ouvrages sur les insectes. Un des reporters de la TV s’appelle Skye Leikin, nom d’une des fans de la série.

  • L’expression « vulgum pecus » mentionné en VF est un barbarisme latin (vulgum n’existe pas dans cette langue) signifiant « le commun des mortels ».


  • 13.ÂMES DAMNÉES
    (SYZYGY)


    Scénario : Chris Carter
    Réalisation : Rob Bowman

    Résumé :

    Deux adolescents sont retrouvés morts. Margi et Terri, deux adolescentes très soudées, prétendent avoir assisté à un rituel satanique où la deuxième victime a été tuée. Soudain, le cercueil de la deuxième victime s'enflamme comme par enchantement ! Scully est de mauvaise humeur : elle soupçonne Mulder non de rester à cause de l’affaire, mais parce que la belle shérif Angela White ne le laisse pas insensible… Les « accidents » mortels se multiplient, et les villageois en viennent à soupçonner que c’est l’œuvre du Diable lui-même…

    Critique :

    L’humour est toujours présent dans cet épisode, avec notamment de désopilantes « scènes de ménage » entre Scully et Mulder, mais aussi les effets délirants induits par l’alignement planétaire. On observe ainsi une torride romance entre la Shérif et un Mulder abusant de la vodka, avec une survenue de Scully (qui se met à cloper pas mal de son côté) digne du meilleur Boulevard.

    Mais l’essentiel de l’épisode réside dans son atmosphère inquiétante, ses scènes chocs parfaitement tournées et le portrait particulièrement troublant de jeunes filles médiocres saisies par le vertige de la toute puissance. On retrouve dans cet épisode réussi comme une saveur digne des meilleurs moments de La Quatrième Dimension.

    Sinon, on peut remarquer que Duchovny paraît déjà très convaincant dans les scènes de beuverie et de parties de jambes en l’air…

    Anecdotes :

  • Syzygy est un terme désignant un alignement remarquable de planètes. Le jour de la diffusion de l’épisode (12 janvier 1996), il y’eut un syzygy de Mercure, Mars, et Uranus, comme dans l’épisode ! Le problème est que l’action est sensée se dérouler le 17 janvier !

  • Autre problème temporel : Scully dit que cela fait deux ans qu’elle et Mulder travaillent ensemble. Mais comme leur rencontre date de mars 1992, cela devrait faire 4 ans (nous sommes en 1996).

  • La musique qu’on entend à la télévision est la tourbillonnante Danse du Sabre, avant-dernière danse du ballet Gayaneh d’Aram Khatchatourian, la pièce la plus célèbre du compositeur.


  • 14. LE VISAGE DE L'HORREUR
    (GROTESQUE)


    Scénario : Howard Gordon
    Réalisation : Kim Manners

    Résumé :

    John Mostow, qui prend des cours de dessin, assassine avec une violence barbare le modèle. Arrêté, il déclare avoir agi sous l’influence du Diable. On découvre chez lui des statues en argile et des dessins représentants des visages torturés ou des monstres abominables. Mais un autre meurtre brutal a lieu alors qu’il est toujours en cellule. L’agent Bill Patterson, qui s'occupe de l'affaire, fait appel à Mulder pour l’assister. Mulder, tel un profiler, se met dans la peau du meurtrier, mais son adversaire est si fort qu’il va devoir risquer sa vie et sa propre raison…

    Critique :

    Quand les X-Files rencontrent Profiler

    L’épisode reprend un thème classique, celui du policier s’identifiant à sa proie pour le capturer au point d’en demeurer transformé. Mais le traitement en demeure fort habile, avec une immersion de Mulder dissimulant celle de Paterson. Le procédé, à défaut d’être tout à fait imprévisible, nous vaut des scènes particulièrement intenses, notamment grâce au jeu très éloquent de Duchovny et de Kurtwood Smith (That 70s Show, Robocop). Ce joli duel entre comédiens se superposant à celui des personnages constitue un des points forts de l’épisode, auquel on peut rajouter une très efficace mise en scène mêlant obscurité, bleu crépusculaire et scènes effroyables pour donner à l’ensemble la dimension d’un véritable cauchemar. La musique apporte également beaucoup à l’atmosphère.

    On ne peut encore une fois qu’applaudir les artistes de la série, tant les nombreux dessins et sculptures paraissent saisissants d’effroi. Du bel ouvrage, qui maintient cependant Scully à l’écart et la cantonnant dans un rôle de coéquipière loyale et préoccupée, également très classique, même si superbement maîtrisé par Gillian Anderson. Évoquant parfois Le fétichiste avec lequel il partage une rare absence du surnaturel, Le visage de l’horreur reste une fascinante évocation des sombres mystères de la folie, ainsi qu’un magnifique prologue à MillenniuM !

    Anecdotes :

    Howard Gordon déclara avoir été tenté d'écrire pour MillenniuM et que cet épisode était le reflet de son intérêt. Toutefois, Carter ne lui proposa jamais d'écrire pour son autre grande série.

  • Grotesque signifie gargouille en anglais.

  • Mulder a toujours une lampe torche sur lui.

  • L’agent Nemhauser est nommé d’après le directeur de la post-production Lori Jo Nemhauser.

  • La série a de la suite dans les idées puisque Kurtwood Smith (Patterson) est dans la série That 70’s show Reginald Foreman, père de Laurie Foreman, interprétée par Lisa Robin Kelly qui jouait Terri Roberts dans l’épisode précédent ! Cela n’est toutefois qu’une coïncidence, That 70’s show n’ayant été créée que deux ans après cet épisode.

  • Lorsque la cellule de Mostow s’ouvre, on aperçoit brièvement la jambe d’un des membres de l’équipe.


  • 15/16. L'ÉPAVE
    (PIPER MARU / APOCRYPHA)

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    Épisode Mythologique

    Scénario : Frank Spotnitz & Chris Carter
    Réalisation : Rob Bowman (1re partie) et Kim Manners (2e partie)

    Résumé :

    Le plongeur Gautier du bateau « Piper Maru » découvre l’épave d’un avion américain datant de la seconde guerre mondiale avec le pilote toujours vivant dedans ! Une fumée noire passe dans les yeux du pilote, et lorsque Gautier remonte à la surface, il a perdu la mémoire mais la fumée noire passe à présent dans ses yeux. Quand le bateau revient au port, l’équipage entier - sauf Gautier - souffre d’horribles brûlures radioactives ! Scully apprend que des évenements similaires se sont produits 50 ans auparavant mais également qui a assassiné sa soeur. L’enquête de Mulder le mène à Hong Kong où il retrouve une vieille connaissance puis un membre du Consortium. Pendant ce temps, l’entité noire change de corps, Skinner est victime d'un attentat, et l'Homme à la Cigarette tente d'éteindre les fuites concernant la localisation d'un OVNI...

    Critique :

    La série prend désormais le rythme de ces doubles épisodes scandant la Mythologie par des évolutions majeures. Comme de coutume, les coups de théâtre se succèdent, tandis que tous les personnages principaux de la série apparaissent : les Bandits Solitaires, très amusants, le Fumeur toujours glacial, l’Homme aux mains bien manucurées qui prend ici une importance vraiment centrale, tandis que son conflit larvé avec le Fumeur commence à devenir incandescent. Le First Elder reste en retrait ; on ne se méfiera jamais assez de ce personnage apparemment moins flamboyant que ses deux autres comparses, mais diablement subtil… Les scènes de la Conspiration sont toujours formidablement excitantes, et cet épisode n’y fait pas exception.

    La grande vedette demeure cependant ce pauvre Krycek (saisissante apparition !) autour duquel s’organise une gigantesque partie de Catch me if you can. On aura rarement vu un héros de série télé se mettre dans une mélasse pareille, et ça n’est pas fini. L’éprouvante conclusion le laisse d’ailleurs dans une situation particulièrement délicate ! Nicholas Lea accomplit une grande performance. Les interprètes principaux restituent à la perfection les tourments de leur personnages, dans une histoire les concernant de très près.

    Toutefois si tous les ingrédients du genre répondent à l’appel, la sauce prend moins bien que dans l’exceptionnel Anasazi/The Blessing Way, même si le niveau global demeure excellent. Les surprises restent (un tout petit peu) plus convenues, le rythme moins soutenu, l’excitation moindre, le cliffhanger relativement prévisible, même si la cohérence de la Mythologie demeure parfaite. L’épisode ne reste pas pour autant comme une relative déception car il met en scène avec une redoutable efficacité une nouvelle venue qui va faire les beaux jours de la série comme du premier film : l’Huile Noire. Terrifiante, cette grandiose idée de scénariste suscite immédiatement l’enthousiasme tant elle apporte d’originalité et de force à la Mythologie. Ce regard où se manifeste soudain une obscure présence indiciblement maléfique restera comme l’une des images les plus inoubliables de l’univers des séries télé ! On apprécie également la présence française (avec l’accent québécois, nous sommes encore au Canada…), avec un début d’épisode à la Cousteau et le rappel des essais de Mururoa alors dans l’actualité !

    Pour l’anecdote, Piper Maru est un clin d’œil à Piper Maru Anderson, fille de Gillian, née deux ans auparavant.

    Anecdotes :

  • 5 mois se sont écoulés entre les évenements du Chemin de la bénédiction et cet épisode.

  • Mélissa Scully est née en 1962. Elle était donc l’aînée et avait 33 ans lors de son assassinat.

  • L’Homme à la Cigarette fumait déjà le 29 août 1953, ce qui entre en contradiction avec les événements relatés plus tard dans L’Homme à la Cigarette (saison 4).

  • Scully a des connaissances en avions : toute petite, elle regardait son père et ses frères construire des avions de guerre. Gamine, elle aimait jouer à un jeu appellé Le bouchon et le cache-tampon.

  • Skinner lit le Washington Herald. Sa secrétaire s’appelle Kimberly.

  • Frank Spotnitz eut l’idée de l’épisode au retour d’une convention sur la série à Minneapolis, après avoir entendu un fan lui demander pourquoi l’impact de la mort de Mélissa sur Dana n’était pas davantage développé. Il écrivit alors l’intégralité du synopsis pendant le trajet du retour dans les marges du magazine de la convention.

  • « Piper Maru », dérivé du japonais, signifie « bateau ». Gillian ignorait que ce prénom avait une signification ! Curieusement, c'est aussi le nom d'une marque de mode française lancée en 2000. « Apocrypha » fait référence aux évangiles apocryphes qui, non reconnus par l’Eglise, sont des documents officieux, comme les documents de la cassette numérique de l’épisode. On notera que c’est aussi le nom du brise-glace dans Alien vs. Predator.

  • La musique entendue quand les Bandits Solitaires sont sur la patinoire est Le Beau Danube Bleu de Johann Strauss fils, une de ses valses les plus célèbres.

  • « L’Huile Noire » est en fait obtenue en filmant de l’encre dans de l’eau, et ajouté par ordinateur sur les cornées des comédiens (Mat Beck).

  • 1121 du jour : le vol 1121 est celui emprunté par Mulder et Krycek.

  • 1013 du jour : Krycek, dans la scène finale, est enfermé dans la cellule 1013.

  • 517 du jour : le numéro du cas est #621517, tout comme le numéro du casier où se trouve la cassette.

  • Erreurs :

    • Quel est le prénom de Gautier ? Marcel ou Bernard ? Les deux prénoms figurent sur les feuilles que fouille Mulder dans son appartement.

    • On peut voir le reflet de l’équipe quand Mulder et Scully sortent de la voiture pour aller dans le silo à grains.

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    17. AUTOSUGGESTION
    (PUSHER)

    Scénario : Vince Gilligan
    Réalisation : Rob Bowman

    Résumé :

    Robert Patrick Modell, dit « Le Pousseur », est un tueur en série qui vient d’être interpellé par la police : mais il utilise son puissant don de suggestion mentale pour provoquer un accident de voiture et forcer un policier de lui donner la clé de ses menottes. Le Pousseur semble ravi de trouver en Mulder un adversaire à sa taille, et met en scène un macabre jeu de pistes qu’il devra suivre. Mulder aura besoin de toute sa volonté s’il veut vaincre Modell...

    Critique :

    Et encore un épisode exceptionnel ! Que cette saison 3 est bonne.

    On retrouve ici selon moi le troisième meilleur adversaire de Mulder parmi ceux utilisant sciemment leur pouvoir pour faire le mal (derrière Tooms et l’Incendiaire) : spirituel, brillant, charmeur (au sens propre), le Pousseur bénéficie en plus de la prestation époustouflante de Robert Wisden, comptant parmi les plus grands numéros d’acteurs d’une série où ils s’avèrent si nombreux. Ce personnage apparaît très fouillé psychologiquement (la marque de Gilligan). Le suspense demeure haletant jusqu’au bout de cette superbe intrigue impeccablement mise en scène, jusqu’à un duel final à couper le souffle.

    L’épisode constitue également un grand moment de la relation entre Mulder et Scully finissant l’épisode main dans la main (Duchovny et Gillian sont géniaux), et qui trouvent dans leur amitié la force de résister au maléfique pouvoir d’un Pousseur fort surpris. Toutes les scènes de suggestion restent de grands moments. On observe que seul Skinner résiste finalement facilement au Pousseur, le personnage a de la ressource ! Joli clin d’œil : dans le tabloïd apparaît le Flukeman ! Apparemment il refait parler de lui…

    On remarque la présence de Roger R. Cross, finalement dans un rôle très proche de celui qu’il occupera dans 24h Chrono.

    Après vérification, "céruléen", évoqué dans l'épisode, signifie : de l’azur du ciel ou des flots de la mer.

    Un épisode majeur, inoubliable dans sa lumineuse simplicité. Tout comme Tooms (mais hélas pas l’Incendiaire), le Pousseur reviendra nous rendre visite (Kitsunegari, saison 5).

    Anecdotes :

  • Vince Gilligan avait l’ambition de réaliser un film avec cette idée de scénario, mais son projet n’aboutit pas. Il décida donc d’en faire un épisode pour la série. La scène climatique posa problème car la censure interdisait des scènes de roulette russe à la télévision ! Gilligan parvint à convaincre les censeurs à laisser la scène en état. La secrétaire qui moleste Skinner s’appelle Holly, une référence à Holly Rice, petite amie de Vince Gilligan. En effet, l'auteur va à partir de cet épisode mentionner sa dulcinée au moins une fois par scénario !

  • Le choix de Robert Wisden est un choix de dernière minute : l’équipe n’arrivait pas à trouver un acteur suffisamment convaincant pour le rôle, jusqu’à son arrivée providentielle, très peu de temps avant le début du tournage. D'après lui, les barres énergétiques qu'il devait manger étaient immangeables !

  • Clin d’œil à la 35e minute : le gros plan sur le technicien mort montre qu’il est joué par Doug Hutchinson, interprète d’Eugène Victor Tooms, premier grand méchant de la série (Compressions et Le retour de Tooms de la saison 1)

  • Quand Modell entre dans l’appartement du FBI, on voit Dave Grohl, le batteur du groupe Nirvana (et membre du groupe Foo Fighter), avec sa femme.

  • Le film qu’on voit à la télévision dans l’appartement de Modell est Svengali (1931) d’Archie Mayo, avec John Barrymore.

  • La maison « Loudoun County Courthouse » est en fait le nom de la maison dans laquelle vit actuellement Vince Gilligan.

  • Énorme erreur : sur le building du FBI, on voit marqué l’inscription « United States Bureau of Investigation » au lieu de « Federal Bureau of Investigation » !


  • 18. MALÉDICTION
    (TESO DOS BICHOS)


    Scénario : John Shiban
    Réalisation : Kim Manners

    Résumé :

    Amérique du Sud, une équipe archéologique trouve un objet rituel appartenant à une femme shaman d’une ancienne civilisation. Malgré l’avertissement des autochtones, le chef de l’expédition envoie l’objet au musée de Boston, mais est tué la nuit même par ce qui semble être un énorme jaguar ! D’autres cadavres sauvagement mutilés sont retrouvés. Mulder et Scully enquêtent alors sur le Dr.Billac, membre de l’expédition dont le comportement devient de plus en plus dément...

    Critique :

    À partir d’une trame usée jusqu’à la corde (un objet sacré des temps anciens déchaîne une malédiction sur ceux qui l’ont profané en le déterrant), les X-Files parviennent à bâtir un film d’horreur à couper le souffle. Pour cela, l’épisode joue habilement, grâce à une réalisation à la diabolique habileté, de plusieurs frayeurs distinctes, se faisant écho sans que l’intensité de chacune d’elle en pâtisse : la peur du noir (une partie impressionnante de l’épisode est tournée dans l’obscurité sans que la lisibilité en souffre), la claustrophobie avec une succession de couloirs et salles sans fenêtres, des souterrains méphitiques où nos héros semblent enfermés à l’heure du péril, et bien sûr la vision de ces hordes d’animaux déchaînés, rats et chats, admirablement filmées.

    Cette horreur diffuse de l’épisode s’enflamme d’ailleurs lors de scènes particulièrement fortes comme l’invasion des rats dans les toilettes (bon appétit !) ou l’hallucinante course-poursuite finale. Le spectateur n’est pas épargné mais en redemande ! Il n’y a pas jusqu’à l’habituelle scène croquignolette de l’autopsie qui ne se révèle particulièrement insoutenable… Jusqu’à la chute surprenante, l’histoire nous offre donc un spectacle irrésistible d’intensité, servi de plus par d’excellents comédiens se donnant visiblement à fond.

    Et puis, une intrigue où apparaissent des chats rendus follement agressifs et d’une force surnaturelle rappellera forcément de bons souvenirs aux amateurs des Avengers ! D’ailleurs étrangement cet épisode n’est généralement guère apprécié, ce qui rappelle également Le monstre des égouts !

    Anecdotes :

  • Le titre original signifie « cimetière des petits animaux ».

  • Gillian Anderson étant allergique aux chats, la scène où un chat lui saute dessus est en fait factice : il s’agit d’une marionnette fixée sur un bâton tenu par un des membres de l’équipe. La scène dans le tunnel fut très compliquée car les chats étaient tous trop calmes, et furent donc multipliés artificiellement par ordinateur pour avoir l’air plus menaçant !

  • Une des victimes s’appelle Mona Wustner, il s’agit du prénom et du nom de la mère de John Shiban. Le scénariste raconte que son père n’apprécia que modérément ce clin d’œil : « Tu tues ta mère ! »

  • La musique qu’écoute le professeur dans l’introduction est la Sonate n° 8 en ut mineur op.13 « Pathétique » de Ludwig van Beethoven, une de ses sonates les plus renommées.

  • Erreur « exotique » : le breuvage bu par Billac est du « yaje » ou « ayahuasca » , mais ce breuvage est consommé par les tribus d’amazonie alors qu’il prétend avoir connu cette boisson sur les lieux du site, c’est-à-dire en Équateur. Dans l’introduction, il neige d’un côté de la scène mais pas de l’autre !

  • Si l’on en croit Imdb, cet épisode est le moins apprécié de la série, avec une note de 6.0/10.


  • 19. LA RÈGLE DU JEU
    (HELL MONEY)


    Scénario : Jeffrey Vlaming
    Réalisation : Tucker Gates

    Résumé :

    Un immigré chinois est retrouvé carbonisé dans une salle de crémation. Accompagnés de l’inspecteur Chao, Mulder et Scully plongent dans Chinatown et ses coutumes étrangères. Pendant ce temps-là, dans une salle secrète, des chinois jouent à un jeu sordide pour tenter de rapporter deux millions de dollars, mais la mise est très très élevée…

    Critique :

    Â de nombreuses reprises, les X-Files se sont éloignés du Fantastique à la mode occidentale pour s’ouvrir à d’autres cultures, africaines, indiennes, latino-américaines (on ne dira jamais assez à quel point la série ne se résume pas à des histoires d’extraterrestres…). Cette diversité nous vaudra la plupart du temps de belles réussites… mais pas ici !

    En effet, Vlaming, tout à son envie de monter un épisode exotique, en fait beaucoup trop sur le décorum chinois, ce qui finit par dévorer à belles dents son intrigue. C’est ainsi que tous les sempiternels clichés chinois sont de la partie (la médecine, la gastronomie, le dragon festif, la jade, les fantômes, les feux d’artifices, etc.) tandis que l’intrigue se résume à bien peu de choses : une histoire de greffons humains élucidée très rapidement, avec de surcroît une totale absence de Fantastique (simples évocations de la cosmogonie chinoise, visions dûes à la drogue..). Attendez ? Des greffes, un opéré sauvé in extremis, peu de fantastique ? Voici qui nous rappelle un certain film…

    Le récit se voit de plus plombé par le jeu peu inspiré de la jeune Lucy Liu en Cosette chinoise. Elle ne semble vraiment pas dans son emploi, tant l’explosive Ling d’Ally McBeal nous ravira par la suite. Tout ceci finit par provoquer un ennui poli chez le spectateur, confronté de plus à une mise en scène plus paresseuse que de coutume, au rythme aussi lent que les méandres du Fleuve Jaune, et à une prose de Scully passablement pesante (Je sais une seule chose. C’est que votre peine de prison ne sera jamais à la hauteur de vos crimes).

    Surnagent les numéros réussis de B.D. Wong et du vétéran James Hong, quelques bonnes vannes de Mulder (SOS Fantômes) et surtout la fameuse autopsie de Scully (la célèbre série dans la série), très réussie. C’est insuffisant, et cet épisode demeure comme un trou d’air dans une saison 3 particulièrement étincelante par ailleurs.

    Anecdotes :

  • Quatrième apparition de Doug Abrahams après Nous ne sommes pas seuls, Masculin-féminin (saison 1), et La main de l’enfer (saison 2).

  • Le jeton rouge trouvé chez Hsin veut dire « arbre » et non « forêt » comme il est dit.


  • 20. LE SEIGNEUR DU MAGMA
    (JOSE CHUNG'S 'FROM OUTER SPACE')


    Scénario : Darin Morgan
    Réalisation : Rob Bowman

    Ils veulent que l’on se noie dans leurs bobards, ces enfants de purée !

    Mulder est très intéressé par tout ce qui est insolite, il ne rejette jamais rien totalement.

    Mais tu es devenu dingue ?

    Demandez-lui si le troisième extraterrestre avait un accent russe.

    Les prétendues autorités compétentes se sont ramenées avec deux Hommes en Noir. L’un d’eux était travesti, déguisé en femme, mais je n’ai pas été dupe une seconde : il s’était mis une perruque rousse, mais elle était vraiment trop rousse. Et l’autre, si vous aviez vu ce genre de grande bringue ! Un regard complètement vide, un visage sans expression. Je me demande si c’était vraiment un humain, ou juste un androïde.

    Vous ne pouvez pas camoufler la Vérité ! Roswell, Roswell !

    Tout en demeurant une femme intelligente, sensible et honnête, Dana Lesky reste avant tout une fonctionnaire, tandis que la démence et la violence latente de son collègue Reynard Muldrake menacent d’exploser à chaque instant.

    Résumé :

    L’écrivain José Chung demande à Scully de lui faire le récit d’une enquête paranormale qu'elle a mené avec Mulder pour son prochain roman. L'enquête choisie par Scully concerne un jeune couple prétendant avoir été enlevé par des extraterrestres mais dont chacun a une version différente de l‘histoire. Lorsqu’un dessinateur allumé, un illuminé paranoïaque, deux hommes en noir caricaturaux, un cadavre extra-terrestre bidon, un shérif vulgaire, et le Seigneur du Magma en personne sont entrés dans la danse, la situation a viré au parfait n'importe quoi…

    Critique :

    Et voici tout simplement mon épisode préféré ! En effet, Le Seigneur du magma marque l’apogée comme le chant du cygne - du moins jusqu'à la saison 10 - de Darin Morgan, soit l’auteur des X-Files le plus iconoclaste et imaginatif. Son humour ravageur et son audace créatrice lui font imaginer une histoire totalement folle, où s’entremêlent une vérité à tiroirs et les témoignages d’une série de divers cinglés magnifiques des plus réjouissants. L’idée de faire s’entrechoquer la version de Scully avec celles de ces allumés successifs (les véritables héros de cette histoire) permet des contrastes vraiment hilarants, et parfaitement maîtrisés. Cette excellente idée sera réutilisée de nouveau avec succès dans Le shérif a les dents longues, opposant cette fois le fin duo.

    Mais l’épisode ne se contente pas de cette géniale architecture et pare celle–ci d’un feu d’artifice de scènes totalement hallucinées, comme les Hommes en Noir interprétés par de célèbres animateurs de télé ou les scènes d’hypnose totalement parano. Outre l’absurde brillant et les réparties irrésistibles, on se rend compte que la série n’hésite pas à se moquer de ses propres codes, voire d’une partie non négligeable de son audience : les fanatiques d’OVNI et de conspiration à la paranoïa caricaturée de manière hilarante (l’emblématique Blaine, soit l’un des personnages les plus drôles que l’on ait vu dans une série télé, a d’ailleurs un poster I want to believe dans sa chambre), une superbe audace ! Ce clin d’œil est joliment souligné par l’emploi du thème du générique à l’intérieur de l’épisode (une première), décliné sur un mode subtilement ironique. Cette idée lumineuse de rendre hommage à ses fans tout en se moquant gentiment d'eux sera reprise par la série héritière des X-Files, Supernatural (Ghostfacers, Fan Fiction...).

    À ce niveau de loufoque, l’autopsie rituelle se devait d’être particulièrement gratinée ! Effectivement, on verse là franchement dans le génial avec un pastiche irrésistible de la fameuse vidéo de Roswell (déjà utilisée dans Nisei) présenté par... Yappi ! L’épisode y va vraiment à fond, c’est jouissif au possible. La mise en scène se met au diapason, avec une inventivité de chaque instant : le gros plan sur un vaisseau à la Star Wars se révélant être un élévateur, les paroles censurées du shérif, les surimpressions de l’hypnose sur le réel, les effets spéciaux volontairement rudimentaires de Lord Kinbote (hommage à Harryhausen), etc… Le rythme ne faiblit jamais. À noter une première scène de lit (non partagé) pour nos héros...

    Le fin duo lui-même passe à la moulinette ravageuse de Morgan, avec un Mulder paraissant encore fonctionner au LSD et une Scully traversant l’épisode à différents stades de l’effondrement. Les comédiens s’amusent visiblement beaucoup en caricaturant leurs personnages et montrent une vis comica réellement stupéfiante. Si Gillian Anderson rend très explicite les effarements de Scully, la palme revient tout de même d’une tête à Duchovny pour la folie douce qu’il insuffle à son personnage. Il accomplit vraiment une performance époustouflante dans la scène culte de la Tarte aux Légumes (Lynch et Dale Cooper ne sont pas loin), et gagne déjà ses galons de grand acteur comique. Toute la distribution se montre d’ailleurs exceptionnelle, avec une mention spéciale pour le grand comédien de théâtre Charles Nelson Reilly, dont le duo avec Gillian fonctionne incroyablement bien, et qui nous a quitté en 2007.

    Le Seigneur du magma s’impose comme la réussite la plus éblouissante de la troisième famille de la série : les loners humoristiques, et évite l’écueil du fourre-tout en parvenant à raconter une véritable histoire entre les scènes de pur délire. Une superbe réussite auto-parodique, emblématique de l’incroyable niveau de qualité de cette saison 3 où l’on observe, avec une certaine émotion, les X-Files bâtir leur légende épisode après épisode. José Chung, auteur d’une très belle conclusion sur la solitude, réapparaîtra (hélas pour lui) dans MillenniuM (Jose Chung's Doomsday Defense, nouveau chef-d’œuvre de Morgan), et on reconnaît dans l’hypnotiseur de Mulder un certain futur chirurgien démoniaque...

    Anecdotes :

  • Aka. Eth Snafu. Eth est une inversion de l'article "The", tandis que Snafu désigne un acronyme courant en anglais : Situation Normal All Fouled Up.

  • Scully est une fan de Jose Chung et de son thriller « le disciple de Caligari ». Le livre qu'elle lit à la fin de l'épisode est en fait une copie du script sur lequel on a rajouté une couverture SF !

  • Le titre original de l’épisode est bien entendu une référence au célèbre nanar Plan 9 from outer espace d’Ed Wood, un des plus grands maîtres des séries B et Z.

  • Darin Morgan avait d'abord écrit les répliques du shérif Manners en y incluant des jurons (clin d'oeil au réalisateur Kim Manners qui avait l'habitude de jurer quand il n'était pas content). Lorsque la censure s'y opposa, Morgan fit de ce revers une arme avec l'idée des bips, ce qui selon lui a rendu les scènes plus drôles. Il déclara par ailleurs ne pas avoir écrit la scène de la tarte aux légumes avec Twin Peaks en tête. On pouvait s'y tromper car Dale Cooper, un des modèles de Mulder, est renommé pour son obsession pour les tartes. D'ailleurs, David Duchovny a joué un rôle de travesti (!) récurrent dans cette série.

  • Charles Nelson Reilly fut le choix naturel de Darin Morgan. Ce devait être Johnny Cash, le fameux chanteur surnommé « l’homme en noir » qui devait jouer, humoristiquement, l’homme en noir finalement interprété par Alex Trebek. Jesse Ventura, l'autre homme en noir, confessa n'avoir rien pigé à ses répliques totalement absurdes !

  • Tony Morelli, le coordinateur des cascades, est celui qui endosse le costume du Seigneur du Magma.

  • Pendant qu’il dîne avec Mulder dans le restaurant, le lieutenant Schaefer fait une montagne avec sa purée, clin d’œil à Rencontres du troisième type de Spielberg. Dans le même genre, les premières images de l’intro sont un clair hommage à l’ouverture de Star Wars. Mulder, à la fin de l’épisode, regarde le film Bigfoot (1967) qui provoqua une controverse dans les milieux scientifiques, car « démontrant » l’existence du sasquatch, une créature légendaire qui vivrait au Canada. Ce semi-documentaire fut soupçonné d’être truqué ce que les auteurs ont toujours nié.

  • A la fin de l’épisode, Roky déménage à El Cajon, en Californie. C’est la ville où Glen et Darin Morgan sont nés.

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    21. LA VISITE
    (AVATAR)

    Épisode Semi-Mythologique

    Scénario : Howard Gordon, d’après une histoire d’Howard Gordon & David Duchovny
    Réalisation : Jim Charleston (crédité comme "James Charleston")

    Résumé :

    Skinner, déprimé par son prochain divorce d’avec sa femme, se saoule et couche avec Carina, une ravissante belle femme. Mais Skinner, au cours de cette même nuit, fait un horrible cauchemar où une vieille femme l’agresse. Quand il se réveille, Carina est morte, la nuque brisée. Mulder émet l'hypothèse que Carina était un succube, un démon visiteur séduisant des hommes. Scully repère une substance inidentifiable sur le cadavre de Carina, et Mulder s’aperçoit que Skinner est la cible d’une vaste conspiration...

    Critique :

    Cet épisode particulièrement dense entremêle habilement trois thèmes majeurs : la dimension fantastique des apparitions de la Succube, un détour par la Mythologie, et une très belle étude du caractère de Skinner. Chacun d’eux s’avère particulièrement réussi.

    Les scènes d’apparition de l’esprit s’imposent avec un étonnant impact, compte tenu du peu de moyens mis en œuvre ; d’ailleurs leur esthétisme évoque parfois clairement David Lynch ! Les scènes de la Conspiration développent parfaitement l’ambiance méphitique et glaciale qu’on leur connaît, et se voient de plus couronnées par une spectaculaire apparition du Fumeur, vraiment bien amenée. Une image vaut souvent mieux qu’un long discours ! Le cœur de l’épisode réside bien à ce moment dans ce portrait approfondi de Walter Skinner, dont l’importance et la profondeur n’ont cessé de croître depuis ses premières apparitions en temps que féal de CSM. L’immense talent de Mitch Pileggi (quelle présence, vraiment) et les diverses péripéties que traverse le personnage donnent encore plus de densité à ce désormais héros à part entière de la série. Un superbe exercice de style, d’autant que l’auteur a la grande habileté de lui conserver une part de mystère. L’épisode parvient à jouer de ces diverses partitions sans qu’elles se télescopent l’une l’autre pour former un tout harmonieux porté par la musique de Mark Snow. Vraiment une authentique réussite !

    L’épisode s’offre de plus le luxe d’évoquer avec ironie les scandales sexuels défrayant la chronique de l’époque (affaire Heidi Fleiss). On s’amuse de la réaction épidermique de Scully face à ces turpitudes, tandis que Mulder touche par sa loyauté… et sa soif de découverte !

    Ultime bonne surprise de cette Visite réussie, une des plus belles guest stars de la série, avec la magnifique et si douée Amanda Tapping, que Pileggi retrouvera dans Stargate SG1/Stargate Atlantis une fois qu’elle sera devenue le major Carter ! Jennifer Hetrick (Vash dans Star Trek Next Gen et Deep Space Nine) est également très convaincante. Nouvelle apparition de l’Agent Pendrell toujours épatant, et dont on ne connaît toujours pas le prénom !

    Anecdotes : 

    • Deuxième prénom de Skinner : Sergeï. Nous apprenons entre autres qu’il est marié depuis 17 ans (cela fait 8 mois qu’il vit cependant séparé de sa femme), et qu’il semble amateur de tonic citron. 
  • La visite est le premier épisode de X-Files à contenir une scène sexuelle (ici entre Skinner et Carina). Ce genre de scènes demeurera très exceptionnel dans la série.

  • Lorsque Skinner tente de rattraper le bus, une petite fille regarde par la fenêtre. La rumeur dit qu’il s’agit de Piper Maru Anderson, la fille de Gillian.

  • I wasn’t a choir boy ; I inhaled déclare Skinner en parlant de son passé au Viet-Nam, faisant une référence (inversée) à une réplique de Bill Clinton quand on lui demandait s’il avait essayé la marijuana au collège, ce qu’il avait nié.

  • Lorsque Mulder et Scully examinent le corps de Carina, Amanda Tapping ne peut s’empêcher de bouger les yeux.


  • 22. LES DENTS DU LAC
    (QUAGMIRE)


    Scénario : Kim Newton
    Réalisation : Kim Manners

    Résumé :

    Géorgie. Un gardien de parc est aspiré vers le lac par une "créature" inconnue. Mulder et Scully enquêtent car les disparitions s’accumulent de plus en plus autour de ce lieu. Et quand le lac recrache ses cadavres, ils sont affreusement mutilés, semblant avoir été « dévorés ». Pour Mulder, le coupable est « Big Blue », Monstre du Loch Ness local qui alimente les ragots du village. Scully penche pour une explication plus rationnelle…

    Critique :

    Le mythe de Nessie occupe une place importante dans l’univers des séries télé, et les X-Files, dans leur patiente édification d’une anthologie globale du Fantastique, ne pouvaient certes y demeurer indifférents. Mais la série va avec talent traiter le sujet à sa manière, avec beaucoup d’humour, et en le reliant à une thématique contemporaine lui tenant à cœur : l’écologie. C’est en effet la raréfaction de la nourriture liée à la pollution qui entraîne le Nessie local, Big Blue (et son voisin le crocodile) à s’aventurer près des rivages - un point très Godzilla par ailleurs. Cela nous vaut une séquence d’ouverture absolument prophétique où l’on reconnaît la querelle actuelle opposant la majorité des scientifiques liant activité humaine et réchauffement climatique à une poignée d’autres plus dubitatifs (et appréciés de l’industrie).

    On remarque également un défilé d’hurluberlus, qui ne reste pas sans évoquer sur un mode mineur (de la caricature du fan de Nessie au drogué à la bave de crapaud, déjà vu dans la Guerre des coprophages) Le Seigneur du magma. Par ailleurs, sans que cela nuise un seul instant à la fluidité du récit, l’épisode délivre un dossier très complet sur Nessie, des différentes thèses envisagées jusqu’au mercantilisme effréné qu’il provoque chez les commerçants locaux, en passant par la fascination que suscite cette énigme. Comme le ressent Mulder, Nessie représente une occasion unique de matérialiser le merveilleux dans le monde réel, d’où sa magie unique. Outre un beau suspense et un rythme haletant, l’épisode offre également des passages très amusants où les scènes gores typiques des productions similaires apparaissent toujours réalisées sur un ton subtilement ironique, proches du pastiche (le titre français paraît pour une fois bien trouvé !). On admire de plus de magnifiques panoramas sur les forêts, lacs et montagnes canadiennes, toutes choses qui se perdront hélas par la suite…

    Enfin, cet épisode éminemment abouti met particulièrement en avant Mulder et Scully (celle-ci d’ailleurs accompagnée, plus pour longtemps, de Queequeg, troisième monstre de l’histoire). Mulder se montre excité en diable par cette occasion de toucher le Fantastique du bout des doigts, tandis Scully parait clairement agacée par tout ce qu’elle voit (très joli numéro de Gillian Anderson, très amusante), ce qui nous vaut quelques échanges de vannes assez délectables. On remarquera que la (pas si) tragique disparition de Queequeg ne verra pas Scully être particulièrement réconfortée par Mulder, tout à son enquête… Se détache la scène nocturne de l’îlot, à laquelle Darin Morgan aurait contribué, où c’est cette fois un dialogue face-à-face très dense qui s’instaure entre Scully et Mulder /Achab, dont on peut dire qu’il se poursuit encore dans I Want To Believe, entre le Croisé et celle pour qui il existe une vie à côté de la Vérité. Et, parce que nous sommes dans les X-Files, l’histoire se conclut sur un coup de théâtre final fort bien amené ! Au total, un chef-d’œuvre de plus pour cette saison 3, où une série en pleine possession de ses moyens continue à s’édifier sous nos yeux admiratifs. So long, Queequeg !

    Anecdotes :

  • Quagmire signifie marécage en anglais, et par extension une situation difficile ou irritante.

  • Scully sait conduire un bateau. Toujours aussi fan de Moby Dick, elle nous rappelle que Queequeg est le nom d’un des harponneurs du roman, qu’elle surnommait son père « Achab » et que ce dernier l’appelait « Starbuck » . Clin d’œil : Queequeg finit dévoré par le monstre alors que dans le roman, Queequeg est cannibale ! Dans Moby Dick, la citation que Mulder préfère est l’enfer est une idée née après une indigestion de pommes au four !

  • Le duo de jeunes joués par Tyler Labine et Nicole Parker avait déjà été vu dans La guerre des coprophages. Ces deux-là ne sont jamais là où ils devraient être décidément. On remarque qu’ils sont toujours aussi shootés !

  • Mulder dit que la bête s’est rapprochée de plus en plus du rivage au fur et à mesure qu’elle ne trouvait plus sa nourriture. Mais il oublie l’affaire de la vache d’Ansel qui fut capturée par le monstre alors qu’il n’était qu’enfant.

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    23. HALLUCINATIONS
    (WETWIRED)

    Épisode Semi-Mythologique

    Scénario : Mat Beck
    Réalisation : Rob Bowman

    Résumé :

    Un homme est en train d’enterrer le cadavre d’un homme qu’il vient de tuer, mais le cadavre semble revenir à la vie ! Épouvanté, il le maîtrise et le cache dans sa voiture : mais lorsque la police l’interpelle, il découvre avec stupeur qu’il n’a pas tué un « assassin » comme il le pensait mais sa propre femme ! D'autres meurtres du même genre se répètent. Tous ont un point commun : les assassins regardaient des reportages à la télévision avant d’halluciner et de passer à l’acte. Avec l’aide des Bandits Solitaires, Mulder met au jour une conspiration générale auquel le Fumeur ne semble pas étranger. Mais Scully, après avoir regardé la télévision, sombre dans une spirale de démence…

    Critique :

    Cet épisode laisse des impressions mitigées. C’est ainsi que l’on se rend très rapidement compte que, pour l’essentiel, le sujet a déjà été traité dans Mauvais sang (saison 2), la télévision remplaçant le portable. Mais l’épisode dépasse la simple question des images subliminales (l’auteur est l’un des principaux responsables des effets spéciaux de la série) pour élaborer une très fine parabole sur les dangers suscités par la télévision et la violence qu’elle charrie. La lucarne magique apparaît certes fautive, mais ses victimes sont elles-mêmes des consommateurs pathologiques en faisant un usage immodéré… Sachons sauvegarder notre esprit critique et une relative distance ont l'air de nous conseiller les X-Files. D’autre part, l’intrigue semble jouer un jeu toujours dangereux : vouloir mêler trop de thèmes dans une seule histoire. Alors que Mauvais sang développait son propos sans se disperser, distillant ainsi une atmosphère d’une rare densité, Hallucinations bascule à mi-parcours en passant des télévisions au délire de Scully et à sa poursuite par Mulder, puis à une fenêtre entr'ouverte sur la Mythologie.

    "Qui trop embrasse mal étreint", mais cette faiblesse se voit dépassée par l’incroyable numéro d’actrice que nous offre alors Gillian Anderson, restituant avec une extraordinaire acuité les affres traversées par son personnage. Son immense talent emporte la décision, soutenu par une mise en scène efficace, et fait de cet épisode un spectacle captivant. Quand à l’incursion dans la Mythologie, elle nous permet de retrouver X, que nous avions un peu perdu de vue, et nous vaut une scène assez électrique entre lui et CGB. X apparaît cependant déjà en retrait…

    Psychose paranoïaque et haute technologie, il est fort logique que Hallucinations recourt aux Bandits Solitaires, soit toujours une solide valeur ajoutée pour un épisode ! Remarquons également que Scully tire une nouvelle fois sur Mulder ! On apprend également que Mulder est daltonien. Pour l’anecdote, Skinner déclare que Scully a tiré quatre fois, alors qu’elle l’a fait à six reprises.. On remarque enfin la présence de Colin Cunningham (Stargate, Le Collecteur…).

    Anecdotes :

  • On apprend que Mulder est daltonien. Ce qui cause d’ailleurs un sérieux problème : s’il l’est réellement, comment a-t-il pu intégrer le FBI qui n’accepte pas le daltonisme chez ses membres ? Sinon, il aime boire du coca-cola.

  • Pire peur de Scully : que Mulder la trahisse. Les shippers en déduiront ce qu’ils voudront…

  • Une des victimes s’appelle John Gilnitz. Ce nom réapparaîtra dans quelques épisodes de X-Files. Il s’agit d’un mot-valise regroupant trois des scénaristes de la série : John Shiban, Vince Gilligan, Frank Spotnitz.

  • 517 du jour : Mulder arrive au repaire des méchants à 5h17.

  • C’est le coproducteur Paul Rabwin qui prête sa voix à la narration des documentaires.

  • Le film que regardent les deux garçons avant d’être surpris par les deux agents du FBI est Piège de Cristal (1988), avec Bruce Willis.

  • Dans la scène où Scully cherche des cassettes dans le coffre, elle a tantôt la main gauche recouverte d’un gant, tantôt non.

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    24. ANAGRAMME
    (TALITHA CUMI)


    Épisode Mythologique

    Scénario : Chris Carter, d'après une histoire de David Duchovny & Chris Carter
    Réalisation : R.W.Goodwin

    Résumé :

    Désespéré par son licenciement, un homme prend en otage tout un magasin de fast-food et tire sur trois personnes avant d’être abattu par la police. C’est alors qu’un homme étrange guérit miraculeusement les quatre victimes de leurs blessures mortelles avant de disparaître ! Lorsque Mulder et Scully retrouvent Jeremiah Smith, le « saint homme », il déclare ne se souvenir de rien avant de disparaître à nouveau. Exactement au même instant, des hommes de main kidnappent… Jeremiah Smith ! Parallèlement, Teena Mulder reçoit la visite impromptue de L’Homme à la Cigarette sans savoir qu’ils sont épiés. Peu après, Teena est victime d’une attaque cardiaque…

    Critique :

    Et voici venue l’heure du désormais traditionnel double épisode mythologique de fin de saison, avec à la clef son toujours tétanisant cliffhanger. Malheureusement, si le plaisir demeure toujours des plus vifs, le spectacle n’apparaît pas aussi parfaitement abouti que lors de l’incroyable arc Anasazi/The Blessing Way/Paper Clip. En effet, le Duo Carter/Duchovny parvient certes à susciter les scènes chocs que l’on attend à cette occasion, dont un face-à-face pour le moins nerveux - quelle surprise - entre le Fumeur et Mulder, ou les apparitions du Bounty Hunter plus Terminator que jamais. Toutefois, le liant entre ces moments forts semble bien conventionnel et prévisible, se déroulant de surcroît à un rythme beaucoup moins frénétique que précédemment. Le tout donne une impression de relative artificialité, dépourvue de l’intense excitation connue naguère.

    Nous découvrons certes les développements de la mythologie requis, mais comme s’il s’agissait d’une partition appliquée. Et puis que le Fumeur ait eu une liaison avec la mère de Mulder me semble constituer un des premiers excès d’une Mythologie fonctionnant jusqu’ici à la perfection. Cela demeure un effet assez facile et bien excessif, sans parler de ce qui en découlera... Et puis une fin de saison sans les Bandits Solitaires… À noter toutefois une scène de rupture très intense entre X et Mulder, où les masques tombent dans la meilleure tradition de la tragédie. Le toujours excellent Williams a cependant perdu sa barbe diabolique au profit de simples moustaches (sans doute du fait du rôle débuté parallèlement dans une autre série), et son impact s’en voit diminué. À quoi tiennent les choses !

    Bien entendu, on aura compris que toutes ces réserves ne revêtent pas la moindre importance. Parce que Anagramme reste avant toute chose l’épisode voyant l’apparition de Roy Thinnes dans les X-Files ! Outre l’excellent clin d’œil le faisant interpréter un Alien colonisateur (mais n’y croyant plus), revoir ce grand acteur nous ayant apporté de si grands moments reste bien entendu un immense plaisir et une authentique émotion.

    D’autant qu’il s’impose toujours avec une rare présence, avec notamment une confrontation éblouissante avec le toujours excellent Davis (et quelle joie de revoir Deep Throat !). Carter souligne ainsi fort élégamment la dette dûe par les X-Files aux Envahisseurs, pour le thème de l’invasion extraterrestre souterraine, conjointement à Night Stalker pour les enquêtes paranormales (McGavin aura également droit à son apparition)... et aux Avengers pour la relation si subtile entre Mulder et Scully (pas de Macnee dans les X-Files, malheureusement !). Le reste de la distribution demeure à un très haut niveau avec en premier lieu un grand Duchovny donnant beaucoup d’expressivité aux tourments vécus par son personnage.

    Et c’est sur cette formidable rencontre que s’achève dignement cette brillante et incroyablement relevée troisième saison, qui aura vu les X-Files s’élever définitivement au-dessus du statut d’excellente production pour devenir un monument véritablement unique dans les annales des séries télévisées ! C’est bien logiquement qu’elle acquiert un public toujours plus vaste et un flot de récompenses. Bientôt la saison 4. Mulder saura-t-il convaincre un monde incrédule que le cauchemar a déjà commencé ? (Pas pu m’en empêcher...)

    Anecdotes :

    • La réplique préférée de William B. Davis lors de cette troisième saison est l’énorme sous-entendu sexuel que son personnage adresse à Teena Mulder : « He was a good water-skier, your husband. Not as good as I was, but then... that could be said about so many things, couldn't it ? ». Huhum… donc, on va simplement dire que Le Fumeur et Bill Mulder faisaient du ski nautique ensemble quand ils étaient jeunes… Mais il s’agit également d’une petite private joke, William B. Davis étant en effet alors un des meilleurs skieurs nautique du Canada dans la catégorie 55-65 ans. Sinon, on apprend le Fumeur souffre du cancer (ben tiens, à force de fumer comme un pompier…).

    • Teena Mulder n’est plus revenue dans le cottage familial depuis son divorce (excepté son bref passage lors du retour de « Samantha » dans La Colonie [saison 2]).

    • Le titre de l’épisode signifie « Mon enfant, réveille-toi » en araméen. La phrase est tiré des Frères Karamazov de Féodor Dostoievski. D’ailleurs, L’Homme à la Cigarette cite avec philosophie ce même roman en disant lors de son face-à-face avec Smith : Anyone who can appease a man's conscience can take his freedom away. Autre référence au roman russe : le fast-food de l’intro s’appelle Brothers K. ! En réalité, Talitha Cumi est la parole que prononce le Christ dans l’Evangile de Marc (5.41) lorsqu’il ressuscite une petite fille. 

    • Alors que Chris Carter écrivait le scénario, David Duchovny se retrouva dans le même avion que Roy Thinnes. Il proposa alors à Carter de l’engager pour cet épisode. Carter, fan convaincu des Envahisseurs, approuva immédiatement cette idée.

    • Bonnie Hay, doublure de Gillian Anderson, fait une apparition en tant qu’infirmière.

    • Jeremiah Smith est emprisonné par Le Fumeur dans la cellule B18, numéro du hangar où sont censés être déposés les restes du crash de Roswell.

    • 1121 du jour : Il est 11h21 quand Mulder va voir sa mère à l’hôpital, et aussi 11h21 quand Scully découvre toutes les photos de Jeremiah Smith sur son ordinateur.

    TOP 5 SAISON 3

    1) Le Seigneur du magma
    2) Le chemin de la bénédiction / Opération presse-papier
    3) Voyance par procuration
    4) Les dents du lac
    5) Souvenir d'oubliette

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    Crédits photo : FPE.

    Images capturées par Estuaire44.