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 saison 1 saison 3

Hercule Poirot

Saison 1

 
 

1. LA CUISINE MYSTÉRIEUSE DE CLAPHAM
(THE ADVENTURE OF THE CLAPHAM COOK)




 

Distribution

Brigit Forsyth : Mrs Ernestine Todd

Dermot Crowley : Arthur Simpson (le locataire)

Freda Dowie : Eliza Dunn (la cuisinière)

Antony Carrick : Mr Todd

Katy Murphy : Annie (la femme de chambre)

Daniel Webb : l'employé des chemins de fer

Résumé 

La cuisinière de Mrs. Todd a disparu. Hercule Poirot accepte d'enquêter malgré la banalité de l'enquête. Avec l'aide d'Hastings et de l'inspecteur Japp, il essaie de rétablir le lien entre la cuisinière et un certain monsieur Simpson. Cette affaire le conduira au-delà de ces attentes.

Critique

Un début de série difficile et une réalisation décevante. L’intrigue vaut pourtant le détour mais il faut admettre que l’épisode tend à traîner en longueur. Le détective aurait mieux fait de ne pas s’intéresser à l’affaire qui lui était proposée, même s’il est vrai que l’argument avancé par Mrs. Todd est inestimable. 

Le début de l’épisode est prometteur, et on a espoir que l’affaire sera digne de Poirot. En vain. Le reste s’enchaîne au rythme des interrogations, concertations et réflexions. Dommage, à quinze minutes de la fin, toute l’histoire tombe à plat et l’enquête se termine de manière trop rapide, ce qui remet en  cause l’intégralité de l’épisode, laissant le spectateur sur sa faim. Sans compter que les personnages tels Annie, la femme de chambre, Eliza Dunn, d’une naïveté improbable, et même le coupable, Arthur Simpson, sont inintéressants et peu dignes d’une enquête d’Hercule Poirot. L’épisode est néanmoins sauvé du néant par l’irremplaçable interprétation de David Suchet et l’ironie du détective dans certains dialogues assez remarquables.

« - Joies du foyer : un mari se plonge la tête dans un four à gaz.

- Non.

- Un employé de banque de Belgravia et d’Outre-mer prend la poudre d’escampette avec une jolie petite fortune.

- A combien se monte cette fortune ?

- Quatre-vingt-dix mille livres.

- Non.

- Mais c’est une véritable rançon de roi !

- Si on s’en était servi pour rançonner un roi, ça commencerait à intéresser Poirot. 

- Une petite dactylo de vingt ans disparaît…

- Non non non non non non non…

- Mais vous n’avez que l’embarras du choix ! Un mystérieux suicide, une dactylo perdue, un employé de banque en fuite !

- Il n’y a rien qui m’attire beaucoup dans tout ça mon ami. J’ai des affaires personnelles de la plus haute importance qui m’attendent.

- Comme par exemple ?

- Comme m’occuper de ma garde-robe Hastings !»

L'avis d'Estuaire44: D'accord, je trouve aussi que l'employé de chemin de fer a un rôle trop déterminant dans la résolution de l'affaire. On est obligé de le rendre particulièrement observateur et astucieux afin de débloquer la situation, ce qui enlève un peu de mérite à Hercule. Ceci-dit la scène est amusante, notamment grâce à Hastings, qui sera souvent autrement plus savoureux que le Watson de Sherlock Holmes (à l'écran comme en littérature, idem pour Japp face à Lestrade). On retrouve en fait la faiblesse récurrente de la série : une mise en scène statique, ayant trop tendance à s'appuyer sur la qualité des comédiens et de la reconstitution d'époque (essentiellement un travail de production : voitures, costumes, superbes décors art déco...), mais aussi , bien entendu, sur l'astuce de l'intrigue. Là aussi, c'est souvent plus intéressant que les répétitives dissertations sur les échantillons de boue ou les fastidieuses classifications des tabacs, etc.

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2. MEURTRE PAR PROCURATION
(MURDER IN THE MEWS)


Réalisation : Edward Bennett

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle d’Agatha Christie Feux d’artifices 

Distribution

David Suchet : Hercule Poirot

Hugh Fraser: Capitaine Arthur Hastings

Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp

Pauline Moran : Miss Felicity Lemon

Juliette Mole : Jane Plenderleith

David Yelland : Charles Laverton West

James Faulkner : Major Eustace

Résumé

Le soir de la Guy Fawkes Night, une femme est retrouvée morte dans son appartement. Tout est parfaitement mis en scène pour que l'on puisse croire à un suicide. Seulement, un témoin va contraindre Poirot, Hastings et l'inspecteur Japp à enquêter sur un meurtre.

Critique

Deuxième épisode très intéressant et très réussi. L’enquête avance à un rythme très régulier et sans temps mort.

Plusieurs fois, on aurait été tenté de croire à un meurtre mais la supercherie est si bien agencée que le rebondissement final nous laisse pantois. Jane Plenderleith, avec la complicité du fiancé de Barbara Allen, Charles Laverton West, personnage aussi prétencieux qu’il est détestable, aurait fait une coupable idéale. Néanmoins, ce serait trop classique. Coupable, elle ne l’est pas du meurtre de sa colocataire mais d’avoir voulu faire exécuter le major Eustace qu’elle détestait. Cette idée n’est pas courante et toute l’originalité de l’intrigue repose sur le fait que la victime n’est pas celle que l’on croit. Ce suicide déguisé en déroute plus d’un et c’est ce qui contribue à la force de l’épisode.

Le passage du parcours de golf est délectable !

« Poirot, j’aimerais que vous cessiez de fouiller dans les poubelles !» 

L'avis d'Estuaire44: Effectivement un épisode très réussi, illustrant parfaitement la propension de la série à ne jamais hésiter à couper dans le corps du texte original, voire à modifier grandement celui-ci. Tout en retombant toujours sur ses pattes et en conservant intact le cœur de l'intrigue, soit la machination ourdie par un esprit brillant, sophistiqué et amoral. Juliette Mole, issue de la Royal Shakespeare Company, participe beaucoup à l'impact de l'épisode. Elle s'est depuis lancée dans une carrière d'artiste graphique. La mise en scène réussit quelques jolis coups, dont les extérieurs et les plans véritablement dérangeants du cadavre. Une vraie atmosphère, très anglaise.

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3. L'AVENTURE DE JOHNNIE WAVERLY
(THE ADVENTURE OF JOHNNIE WAVERLY)


Réalisation : Renny Rye

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle d’Agatha Christie L’enlèvement de Johnnie Waverly 

Distribution 

David Suchet: Hercule Poirot

Hugh Fraser: Capitaine Arthur Hastings

Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp

Pauline Moran : Miss Felicity Lemon

Geoffrey Bateman : Marcus Waverly

Julia Chambers : Ada Waverly

Dominic Rougier : Johnnie Waverly

Patrick Jordan : Tredwell (le majordome)

Carol Frazer : Jessie Withers (la nounou)

Sandra Freeman : Miss Collins (la gouvernante)

Robert Putt : Rogers (le vagabond) 

Résumé 

Monsieur et madame Waverly reçoivent plusieurs lettres les menaçant l’enlever leur fils Johnnie s’ils ne versent pas la somme de cinquante mille livres. Affolés, ils font appel à Poirot mais l’inspecteur Japp ne veut pas être de la partie. Accompagné d’Hastings, le détective se rend dans la demeure des Waverly et surveille de près le garçon. Alors que Japp arrive finalement sur les lieux accompagné d’une douzaine de policiers, le kidnapping a bien lieu. Hercule Poirot soupçonne un membre de la famille d’être à l’origine de cette mise en scène.

Critique 

Avec une telle intrigue, l’enquête ne peut qu’avoir du mal à démarrer. Le principe est que rien ne peut se passer avant la moitié de l’épisode. Il faut donc s’occuper autrement pendant les trente minutes précédant le kidnapping.  Une fois mis en route, c’est nettement plus passionnant. Le reste se débrouille plutôt pas mal, de bons moments passés en compagnie de Poirot et d’Hastings, notamment la scène du tunnel, des pantoufles HP ou encore du petit déjeuner pas très anglais. Un détail laisse interdit. C’est avec consternation que l’on regarde une bande de policiers pourtant nombreux ne pas bouger un pouce à la vue d’une voiture emportant le petit Johnnie. Scène tout à fait improbable et extrêmement énervante. Car cela a beau être une fiction,  il n’en reste pas moins qu’un minimum de présence d’esprit est requis.

L'avis d'Estuaire44: Premier opus très Dowton Abbey de la série. On y trouve une vaste et superbe demeure objet du complot, une fine description de la relation entre le monde des maîtres et celui de serviteurs, avec ses ombres et ses lumières, le rejet de la nouvelle venue etc. J’ai aussi trouvé que l’exposition de l’affaire était un modèle d’efficacité et que Suchet était en grande forme, sur le registre de l’humour comme de celui de l’indignation. La scène du « système » de Miss Lemon est hilarante, de même que "l’aventure" dans les souterrains. Japp et Hastings sont également bien mis en valeur, cela fonctionne déjà parfaitement entre le protagoniste et ses compagnons. Le détail de Poirot envoyant une facture que l’on imagine vengeresse est aussi bien trouvé.

C’est vrai que la scène de l’enlèvement aurait gagné à être mise en scène de manière plus dynamique, elle y aurait gagné en crédibilité. La résolution de l’affaire est également trop aisée (mobile à peu près évident, absence de suspects crédibles), mais l’intérêt réside plutôt dans la description d’un milieu et d’un drame familial. Par contre le fait qu’Hercule arrive avant le drame m’a semblé apporter une vraie originalité, cela permet de prendre le temps de développer cette précieuse atmosphère constituant l’intérêt de l’épisode. Pas le meilleur de la série, mais néanmoins digne d’intérêt.

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4. LA MORT AVAIT LES DENTS BLANCHES
(FOUR AND TWENTY BLACKBIRDS)


 

Réalisation : Renny Rye

Scénario : Russel Murray

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie.

Distribution

David Suchet : Hercule Poirot

Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings

Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp

Pauline Moran : Miss Felicity Lemon

Richard Howard : George Lorrimer

Charles Pemberton : Stooge

Denys Hawthorne : Bonnington (le dentiste)

Holly de Jong : Dulcie Lang (la modèle)

Clifford de Rose : Peter Makinson (l'agent)

Philip Locke : Cutter

Hilary Mason : Mrs Hill (l'infirmière)

Cheryl Hall : Molly (la serveuse)

Marjie Lawrence : Irene Muller

Su Elliott : Edith

Résumé

Poirot et son dentiste dînent au restaurant. Alors que le détective s’empresse de demander si les clients commandent habituellement les mêmes plats, Molly, la serveuse, lui raconte l’histoire du vieillard qui fréquente le restaurant deux fois par semaine depuis des années. Il s’appelle Henri Gascogne et est peintre. Mais elle s’étonne que ses habitudes aient soudainement changé. Il se trouve qu’il est retrouvé mort quelques temps plus tard en bas de ses escaliers. Fasciné par cette histoire, Poirot est convaincu qu’il ne s’agit pas d’un banal accident domestique mais bien d’un meurtre. Il découvrira par la suite que ce monsieur avait un frère et que celui-ci était décédé une semaine avant lui. Poirot et Hastings se tournent donc vers l’entourage d’Henri, notamment sa muse et son neveu.  

Critique

Bien que très prévisible, La mort avait les dents blanches reste un épisode très facile à ingurgiter. Mais que dis-je, il est excellent ! Quoi de mieux qu’une sombre histoire d’héritage dans le monde fascinant de l’art, mettant en scène deux frères rivaux et un neveu cynique ?

Il est très facile de deviner ce qu’il se cache derrière cette tragédie. Deux frères barbus, un neveu comédien, des tableaux qui valent une fortune, une analyse médico-légale prouvant que le vieillard du restaurant n’était pas Henri Gascogne, les liens ne sont pas très difficiles à établir entre tous ces éléments. Si la subtilité ne réside pas dans l’identification du coupable, elle réside cependant dans la preuve. Il est vrai que la résolution est un peu rapide, mais passons.

Hercule Poirot nous présente sa face cachée de coquin détective… ! Le plan le montrant avec Hastings se plaçant du bon côté pour regarder Dulcie Lang poser nue devant une ribambelle de peintres est plutôt comique.

«  - J’ai rendez-vous, je dîne avec mon dentiste.

- Votre dentiste ? C’est positivement morbide ! Vous l’évitez comme la peste d’habitude…

- Pas du tout. Dans le civil il est tout à fait charmant ! »

L'avis d'Estuaire44: J’aime beaucoup Four and Twenty Blackbirds, malgré, il est vrai, une résolution de l’énigme péchant par un mobile et un modus operandi trop évidents, ainsi qu’une théâtralisation inutile de la conclusion. Mais on revoit toujours l’opus avec un vif plaisir pour l’élégance et l’humour des différentes rencontres effectuées par le duo dynamique, dans des milieux très variés, parfois plus encanaillés que leurs habituels terrains de chasse. Suchet se montre parfaitement à son affaire, de même les seconds rôles apportant idéalement un défilé de portraits joliment croqués. La multiplicité de ces rencontres apporte un tonus à la mise en scène, on ne s’ennuie jamais. La reconstitution du music hall de l’époque vaut le coup d’œil. Je me demande si le dentiste est celui qui sera assassiné dans Un, deux, trois ?

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5. L'APPARTEMENT DU TROISIÈME
(THIRD FLOOR FLAT)


 

Réalisation : Edward Bennett

Scénario : Michael Baker

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution:

David Suchet : Hercule Poirot

Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings

Philip Jackson: Inspecteur-chef James Japp

Pauline Moran: Miss Felicity Lemon

Suzanne Burden : Patricia Matthews

Nicholas Pritchard : Donovan

Robert Hines : Jimmy

Amanda Elwes : Mildred

Josie Lawrence : Mrs Ernestine Grant

Susan Porrett : Trotter (la femme de chambre)

Résumé

Une certaine Madame Grant emménage dans l’immeuble d’Hercule Poirot. Alors qu’il tente de soigner son rhume, Hastings lui propose de venir au théâtre se changer les idées. Ils y croisent une autre voisine, Patricia Matthews, accompagnée de son fiancé et de deux amis. Mais au retour, celle-ci a perdu ses clés et demande à Donovan et Jimmy d’emprunter le monte-charge afin d’ouvrir son appartement de l’intérieur.  Sans s’en rendre compte, ils pénètrent un étage plus bas et découvrent le cadavre d’Ernestine Grant. Poirot et Hastings, qui ont tout entendu, préviennent l’inspecteur Japp et se mettent au travail.   

Critique

Passionnant numéro qui prend cette fois-ci la forme d’un huis clos. En plus d’être bourré d’humour, cet épisode nous emmène loin des sentiers habituels de la série. La partie consacrée à l’enquête respecte l’unité de temps et l’unité de lieu, nous permettant d’accrocher davantage et de nous concentrer pleinement sur l’intrigue. Nous remarquons que l’inspecteur Japp se fait rare, n’apparaissant que pour les formalités d’usage, ce qui donne à Poirot plus de liberté. Le fait que L’appartement du troisième étage soit construit de cette manière renforce son caractère sombre, d’autant plus qu’il se déroule en pleine nuit. Pourtant, le dénouement de l’affaire n’est pas si inattendu. La représentation théâtrale du début s’insère parfaitement dans le reste de l’épisode et est d’une totale crédibilité, effectuant une mise en abîme de l’univers d’Agatha Christie, bien que la pièce paraisse excessivement mal jouée.

 

«  Je trouve cette omelette délicieuse ! Vous savez, mademoiselle Patricia, autrefois j’ai été amoureux d’une ravissante jeune fille anglaise, mais hélas, elle était nulle en cuisine. Nos relations en ont… beaucoup souffert ».  

L'avis d'Estuaire44: Tout à fait d’accord : effectivement l’un des meilleurs épisodes de la saison et l’un des plus originaux. Contrairement à la plupart des enquêtes si ritualisées d’Hercule, celui-ci nous dépiste longtemps, jusqu’à un magistral retournement de situation faisant retomber sus ses pieds une intrigue particulièrement astucieuse et complexe comme on aime. De manière caractéristique, le crime met bien plus longtemps que d’ordinaire à survenir et la résolution se voit considérablement accélèrée. Une nouveauté bienvenue, d’autant qu’elle ne se borne pas à un exercice de style. En effet le récit entremêle ainsi des moments à la tonalité particulièrement diverse : mystère féminin initial, effervescence amusante du groupe de jeunes gens, drame passionnel, et même une pure scène d’action, une rareté chez Poirot. Un patchwork aussi bigarré que subtilement agencé, captivant le spectateur dont les petites cellules grises sont soumises à rude épreuve.

La structure verticale du décorum, mais aussi de l’action (au sens propre) autorise également de jolis effets de mise en scène. Comme toujours la reconstitution historique s’avère d’une irréprochable qualité (élégante architecture art déco, costumes voiture). La photographie est également superbement travaillée. Le courant passe à merveille entre la malice de Suchet et l’énergie des jeunes comédiens, tous très doués. Une brillantissime variation sur le thème toujours inusable de la chambre close, auxquels Japp et Hastings apportent un précieux concours. J’ai juste regretté que le Belge se fasse berner dans la cave, mais on se situe à ce moment dans une course poursuite plus à la Sherlock Holmes. Poirot est très Mycroft à ses heures.

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6. ÉNIGME A RHODES
(TRIANGLE AT RHODES)


 

Réalisation : Renny Rye

Scénario : Stephen Wakelam

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Trio à Rhodes

Distribution

David Suchet Hercule Poirot

Frances Low : Pamela Lyall

Jon Cartwright : Commandant Chantry

Annie Lambert : Valentine Chantry

Peter Settelen : Douglas Gold

Angela Down : Marjorie Gold

Timothy Kightley : Major Barnes

Résumé

En vacances sur l’île de Rhodes, Hercule Poirot fait la connaissance de Pamela Lyall et de deux couples de touristes anglais, les Gold et les Chantry. Une soudaine proximité se dessine entre Madame Chantry et Monsieur Gold. Hercule Poirot flaire le drame et conseille à Madame Gold de quitter l’île le plus vite possible. Un soir, Madame Chantry boit dans le verre de son mari et meurt empoisonnée. Monsieur Gold est alors accusé et emprisonné, mais Poirot est convaincu de son innocence.

Critique 

Un très bon score pour un épisode qui nous fait fortement penser aux Vacances d’Hercule Poirot, beaucoup plus connu du public. Malgré le fait que le meurtre soit assez tardif, cela n’affecte pas le déroulement pourtant très rapide de l’enquête. Ceux qui auront vu Les Vacances d’Hercule Poirot ou sa version cinématographique Meurtre au Soleil de 1982 devineront aisément le motif et l’identité des coupables, bien que la nature des relations entre ces protagonistes soit officiellement différente. Sans cela, un peu d’imagination fera l’affaire. Hercule Poirot, dans cette enquête improvisée, et accompagné cette fois-ci d’une charmante admiratrice, agit avec davantage de décontraction. Le climat de l’épisode, nous plongeant sous le soleil brûlant de la mer Egée, est très agréable. Un des bémols réside dans son démarrage difficile.

L'avis d'Estuaire44: J’ai bien aimé cet épisode exotique. Agatha Christie, c’est aussi toute une atmosphère, liée à une observation malicieuse et sagace de la société anglaise traditionnelle. Cet aspect est moins présent dans les ouvrages se déroulant à l’étranger, même si on y retrouve souvent un savoureux microcosme britannique. Les descriptions locales sont plus sommaires et c’est là que la télévision peut apporter un plus, avec de superbes images. C’est le cas ici, avec un opus ensoleillé et agréablement méditerranéen, ainsi qu'une variation avec l’esthétique art déco caractérisant la série, que l'on adore par ailleurs (idem pour les costumes). Comme souvent, la photographie et la mise en scène sont irréprochables. L’intrigue apparaît certes plus sommaire que lors du diabolique opus précédent, mais demeure solide. Le tempo résulte aussi plus lent, c’est vrai. J’ai trouvé la première partie assez plaisante. Pas mal d’humour et, comme souvent dans les écrits d’Agatha, on se plait déjà à découvrir les lignes de fracture, à supputer qui va y passer, à noter de probables indices. Suchet est toujours irrésistible. La complicité entre cette dame si radieuse et Poirot apporte une autre positive spécificité à l’opus. La scène d’adieux est parfaite, avec comme un diffus regret chez notre ami belge. L’absence de Japp et Hastings est ainsi joliment compensée.A noter un festival de costumes de plage masculins absolument désopilants, les dames s'en sortent nettement plus à leur avantage. une belle évocation de cette époque où le tourisme de masse n'existe pas encore, demeurant l'apanage d'une aristocratie.

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7. MYSTÈRE EN MER
(PROBLEM AT SEA)


 

Réalisation : Renny Rye

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Enigme en mer

Distribution

David Suchet : Hercule Poirot

Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings

Melissa Greenwood : Kitty Mooney

Victoria Hasted : Pamela Cregan

Roger Hume : Général Forbes

Ben Aris : Capitaine Fowler

Dorothea Phillips : Nelly Morgan

Sheri Shepstone : Emily Morgan

Louisa Janes : Ismene

John Normington : Colonel Clapperton

Sheila Allen : Mrs Clapperton

Ann Firbank : Ellie Henderson

James Ottaway : Mr Russell

Geoffrey Beevers : Mr Tolliver

Caroline John : Mrs Tolliver

Résumé 

A bord d’un bateau de croisière, Poirot et Hastings côtoient de nombreux protagonistes dont le colonel Clapperton et son insupportable épouse. Arrivés à Alexandrie, tous les passagers descendent, sauf Madame Clapperton. Quelques heures plus tard, de retour dans sa cabine, le colonel trouve son épouse assassinée.

Critique 

Le septième épisode est extrêmement décevant. D’une part, le portrait de Madame Clapperton est caricatural. Odieuse, imbue d’elle-même, hautaine, humiliante, elle est l’incarnation stéréotypée de la vipère à éliminer. Ce qui est attendu est chose faite. Intrigue trop simple et mobile trop évident. Malgré le travail fournit par Poirot, l’identité du coupable n’a rien de surprenant. D’autre part, le cadre de l’histoire, bien que plaisant, est lui aussi très cliché. Une galerie de personnages sans originalité est la faille de trop. Seuls les bons mots de Poirot et la résolution atypique de l’énigme constituent l’intérêt de l’épisode, long, long, long…

 

« - Mais vraiment Monsieur Poirot, que pourrais-je bien faire si je n’étais pas débordante de vie ?

- Mourir, madame. »

L'avis d'Estuaire44: J'en conserve plutôt une meilleure impression, même si le récit ne bénéficie plus de l'effet de surprise lié au dépaysement méditerranéen (on pourrait d'ailleurs parler assez aisément de double épisode). L'effet exotique, certes toujours présent, se voit également amoindri par le retour du bon Hastings, d'où un certain retour à une architecture bien connue.  cependant Hastings se révèle en grande forme, de même que l'ensemble de l'aréopage. J'ai plutôt apprécié l'aspect franchement satirique des personnages, pour sa drôlerie, mais aussi parce qu'Agatha est une observatrice avisée de ces croisières, où l'inaction et l'entassement conduisent souvent à une certaine exacerbation des caractères. De plus l'interprétation, comme si souvent dans cette série, est savoureuse à souhait.

J'ai vraiment pris beaucoup de plaisir à contempler les lignes élégantes du bateau (tout le travail de production est formidable). L'intrigue est effectivement un tantinet trop simple à découvrir, mais cela se compense par le numéro de Suchet lors de la surprenante scène de la poupée qui parle, qui plaira aux amateurs de la Quatrième Dimension (étonnant de mêler une enfant à tout cela, l'éducation anglaise, sans doute). La scène finale fait joliment écho à celle de l'opus précédent : elle vient opportunément nos rappeler que, sous ses apparences affables et souvent amusantes, Poirot demeure un impitoyable justicier.

- It was a cruel, dirty trick you played, Monsieur Poirot.
- I do not approve of murder. Mademoiselle. 

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8. VOL AU CHÂTEAU
(INCREDIBLE THEFT)


 

Réalisation : Edward Bennett

Scénario : David Reid et Clive Exton

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, L’invraisemblable vol.

Distribution :

David Suchet : Hercule Poirot

Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings

Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp

Pauline Moran : Miss Felicity Lemon

John Stride : Tommy Mayfield

Carmen Du Sautoy : Mrs Vanderlyn

Ciaran Madden : Lady Mayfield

John Carson : Sir George Carrington

Phyllida Law : Lady Carrington

Guy Scantlebury : Reggie Carrington

Albert Welling : Carlile

Résumé :

Alors que la Seconde Guerre Mondiale approche, Mr. Mayfield conçoit un avion de combat d’une puissance supérieure à ceux des forces allemandes. Ne bénéficiant pas d’un soutien financier car n’ayant pas les bonnes grâces du gouvernement, il décide de se racheter et invite la sympathisante allemande Mrs. Vanderlyn afin qu’elle vole les plans de l’avion qu’elle croit authentiques. Inquiète pour la sécurité de l’Angleterre, mais ignorant les véritables intentions de son mari, Lady Mayfield  fait appel à Hercule Poirot.

Critique :

Ce chapitre intriguant des aventures d’Hercule Poirot ne fait aucun mort ni aucun blessé, mais est cependant très ingénieux. Se confrontant à la réalité historique, l’épisode repose sur une intrigue qui sort pour la première fois des sentiers battus. Les comédiens sont tous bons. Toutefois, on pourrait reprocher le manque de présence de certains personnages, comme par exemple Lady Carrington, dont le caractère bien trempé aurait pu donner un peu plus de piment à l’histoire s’il était davantage creusé. En vain. Les dialogues sont loin d’être inoubliables, si l’on fait exception des répliques hors sujet de Poirot et Hastings. Le point fort de l’épisode est la course poursuite en voiture, bien réalisée et très bien filmée. Point faible : le château en question gagnerait à être mis en valeur mais les plans qui nous sont présentés sont très fades, ce qui nous confine dans une atmosphère assez étouffante.

«  -J’ai besoin pour l’instant de vous avoir à portée de la main et incognito.

- Pour ce qui est de l’incognito, c’est raté. Tellement de monde à l’hôtel que je dois partager une chambre. Et vous savez avec qui ?

- Non ça je ne sais pas…

- Japp.

- Comment l’inspecteur Japp ? 

- Et il n’y a un qu’un lit.

- Mais pourquoi l’inspecteur Japp est-il ici ?

- Vous pourriez compatir !

- Nous avons tous une croix à porter Hastings. J’aimerais mieux partager un lit avec Japp et même plusieurs de ses collègues que bridger avec Lady Carrington. »

L'avis d'Estuaire44: Épisode assez réussi, même s'il lui manque l'élément consubstantiel à Poirot qu'est le meurtre. A l'inverse de personnages d'Agatha plus légers et humoristiques (Tommy & Tuppence ou Parker Pyne), sans lui et la tension dramatique qu'il génère, le récit apparaît fatalement d'un intérêt secondaire, purement ludique. Même si elle met un peu trop de temps à se mettre en place, l'intrigue compense en partie par son astuce et sa chute redoutablement efficace. Sauver les couples un moment en péril fait partie des penchants réguliers d'Agatha et j'avoue qu'ici l'interprétation m'a touché. Agatha a aussi toujours une manière bien à elle d'exécuter (au sens figuratif) les séductrices et la nouvelle originelle se montre délectable envers l'espionne et sa jeune proie, on ne retrouve pas tout à fait cela ici. Dès que l'auteure s'attaque au domaine très particulier de l'espionnage son style vieillit bien plus vite que ses immortels Whodunit. L'intrigue souffre légèrement de ce manque de crédibilité, mais bien que dans Les Quatre, sans doute le Poirot le plus faible.

L'impeccable travail de production, notamment musical, se voit en effet en partie saboté par une mise en scène trop inerte, mais l'on apprécie tout de même les précieuse aérations que représentent les scènes de l'avion et de la filature automobile. Suchet excelle toujours, efficacement relayé par les figures régulières de la série (Japp, Hastings et Miss Lemon sont particulièrement amusants). Les amateurs des séries Sixties s'amuseront à reconnaître John Carson en Sir Carrington : le Fitch des Avengers et autres savoureux antagonistes (notamment chez le Saint) se montre toujours impeccable. L'aspect le plus remarquable du récit reste sans doute la description d'un très anglais complexe "militaro-industriel" où les fréquentations personnelles et les bon diners entres membres du gouvernement et industriels ne choquent personne. Autres temps, autres mœurs (ou pas). Pas l'intrigue la plus captivante, mais un relationnel fort plaisant comme efficace relai.

I am not a bloody little Frog ! I am a bloody little Belgian !

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9. LE ROI DE TRÈFLE
(THE KING OF CLUBS)


 

Réalisation : Renny Rye

Scénario : Michael Baker

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

David Suchet: Hercule Poirot

Hugh Fraser: Capitaine Arthur Hastings

Philip Jackson: Inspecteur-chef James Japp

Niamh Cusack : Valerie Saintclair

David Swift : Henry Reedburn

Jonathan Coy : Bunny Saunders

Jack Klaff : Prince Paul de Maurania

Rosie Timpson : Miss Deloy

Gawn Grainger : Ralph Walton

Avril Elgar : Mrs Oglander

Abigail Cruttenden : Géraldine Oglander

Sean Pertwee : Ronnie Oglander

Résumé

Le tournage du prochain film de Bunny Saunders est troublé par l’attitude méprisable du directeur du studio, Henry Reedburn. Intéressé par l’actrice principale, Valerie Saintclair, il devient de plus en plus exigeant et lui fait des avances déplacées. Le soir-même, il est découvert mort dans sa bibliothèque par l’actrice-même, qui se réfugie dans la maison des Oglander. Craignant pour leur réputation, le fiancé de Saintclair et producteur du film, Paul de Maurania, fait appel aux services d’Hercule Poirot.

Critique

Curieuse. C’est le seul mot qui me vient à l’esprit pour caractériser cette énigme. Sans saveur, sans dénouement, sans coupable, c’est une des plus pauvres histoires de cette première saison. Le début est pourtant prometteur. L’atmosphère qui se dégage des studios de cinéma donne la sérieuse impression que le reste de l’épisode sera placé sous le signe de la vengeance et du crime passionnel. En vain. La mort d’Henry Reedburn en est presque reléguée au second plan. Japp lui-même ne semble pas savoir où il se dirige. Quant à Poirot, il en conclut que son décès est dû à un banal accident. De notre côté, parvenir à suivre le déroulement de l’enquête devient un jeu difficile tellement elle est à la traîne. En bref, nous nous enfonçons dans un no man’s land sans issue et l’intrigue demeure sans réponse convaincante. Curieux, cet épisode est curieux.


L'avis d'Estuaire44: L’épisode souffre de passer à côté d’un formidable sujet : le monde du cinéma de l’entre deux guerres. La première partie du récit nous met l’eau à la bouche, avec de pittoresques scènes de tournage d’un simili Le Cheik de Rudolph Valentino, parfaitement dans l’air du temps, l’évocation des effets spéciaux artisanaux de l’époque, le regard de Poirot sur ce monde si fantasque etc. On songe à de grands succès similaires chez les Avengers et le Saint, quand soudain l’intrigue ne cesse de diverger toujours davantage, au domicile du producteur, puis chez les voisins, dommage. La frustration s‘accentue par des indices évidents à deviner et au renoncement à la toujours mémorable scène de révélation de la clef de l‘énigme par Poirot. Celle-ci se voit scindée en deux segments assez anodins et mièvres. Les seconds rôles manquent de saveur, hormis la jeune actrice, fort bien interprétée. Reste de superbes décors art déco, une toujours réussie reconstitution historique et des scénettes amusantes avec Japp et Hastings, mais l’ensemble demeure clairement en deçà.

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10. LE SONGE
(THE DREAM)


 

Réalisation : Edward Bennett

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Le rêve

Distribution

David Suchet : Hercule Poirot

Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings

Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp

Pauline Moran : Miss Felicity Lemon

Alan Howard : Benedict Farley / Hugo Cornworthy

Joely Richardson : Joanna Farley

Mary Tamm : Mrs Farley

Martin Wenner : Herbert Chudley

Christopher Saul : Mr Tremlett

Paul Lacoux : Dr Stillingflee

Résumé

Le riche industriel et leader de la production de pâté en croûte, Benedict Farley, est retrouvé mort dans son bureau, une balle dans la tête. La veille, il avait convoqué Hercule Poirot pour lui parler d’un rêve qu’il faisait depuis plusieurs nuit : lorsque la pendule affiche midi et vingt-huit minutes, il prend son revolver dans le deuxième tiroir de son bureau, se lève, va à la fenêtre et se tire une balle dans la tempe. Poirot, en panne d’inspiration, pense qu’il a été victime d’un hypnotiseur mais la vérité est loin d’être évidente. 

Critique

Un épisode très particulier et très intéressant. David Suchet s’en donne à cœur joie et montre l’étendue de ses talents de comédien. Incarnant un Hercule Poirot parfois sérieux, parfois inquiet, parfois déprimé, parfois comique, ses quelques excès sont à prendre au second degré mais le personnage est ainsi rendu beaucoup plus complexe. L’impression que cela donne est le désir de terminer la première saison en ayant exploré toute la personnalité du détective, pour la première fois soucieux de la santé de ses cellules grises. Ses scènes avec Felicity Lemon sont inestimables. La réalisation balance entre la théâtralisation du dénouement, la caricature de l’industriel nécessairement détestable et la pauvreté de la course poursuite finale, lente et irréaliste. La synthèse des faiblesses et des atouts est toutefois une réussite. Il semblerait qu’Hercule Poirot ait réussi à nous en mettre plein la vue avant la fin du premier acte.  


«  - Je ne vous reconnais pas Poirot.

- Ah et moi je ne reconnais pas mes cellules grises, Hastings ! Je leur ai donné toutes leurs chances, je les ai mitonnées, je suis allé dormir pour qu’elles reprennent des forces, j’ai avalé du poisson au petit déjeuner, résultat : néant ! »

L'avis d'Estuaire44: Excellent épisode pour conclure la saison, avec une féroce satire sociale des débuts de l’industrialisation alimentaire, conduisant aux brillants résultats que l’on connaît aujourd’hui. La mise en scène s’aère considérablement plus que lors de l’opus précédent, de même que les personnages rencontrés se voient davantage écrits. Les décors de l’usine et des bureaux renouvellent agréablement les visuels de la série. La résolution de l’originale intrigue onirique se montre astucieuse, avec un brillant emploi de l’espace, mais souffre néanmoins d’une traditionnelle difficulté quand on passe de la littérature à l’écran : l'emploi de maquillages saute aux yeux.

On note une remarquable distribution féminine, avec la regrettée Mary Tamm, disparue en 2012 (Lady Romana I, l’un mes meilleurs Compagnons classiques du Docteur), mais aussi Joely Richardson, bien avant Nip/Tuck et les Tudors. Remarquable composition de l’acteur interprétant le magnat. Poirot et ses complices s’avèrent également particulièrement en forme pour ce final de saison (hilarants sketchs de la machine à écrire et de la folle jeunesse de Poirot). Anecdote : le chef d’orchestre dans la scène initiale est joué par Christopher Gunning, le compositeur de la fameuse musique du générique.

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Images capturées par Juliette Vincent.

 

L'Entraide

 

 saison 1 saison 3

Hercule Poirot

Saison 2

 
 

1. LA MAISON DU PÉRIL
(PERIL AT END HOUSE)




 

Réalisation : Renny Rye

Scénario : Clive Exton

Distribution

David Suchet : Hercule Poirot

Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings

Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp

Pauline Moran : Miss Felicity Lemon

Polly Walker : Nick Buckley

John Harding : Commandant George Challenger

Mary Cunningham : Ellen Wilson

Paul Geoffrey : Jim Lazarus

Alison Sterling : Frederica Rice (Freddie)

Christopher Baines : Charles Vyse

Carol MacReady : Mildred Croft (Milly)

Elizabeth Downes : Maggie Buckley

Résumé

Miss Nick Buckley est une jolie jeune femme à marier mais il semble qu’elle ait échappé à plusieurs tentatives de meurtres sans jamais s’en rendre compte. Hercule Poirot et le capitaine Hastings sont heureusement sur place pour veiller sur elle mais sont vite dépassés par les événements.

Critique

Un début de saison plaisant, avec pour la première fois un épisode d’une heure et demie. Plaisant car placé sous le signe des vacances et de la villa au bord de la mer, une eau reluisante et un soleil radieux. Plaisant car on nous fait goûter aux airs de jazz qui font danser les jeunes amoureux. Mais, car il y a un mais, c’est long. Oui, trop long. Le début de l’épisode est plutôt prometteur.

Une rencontre au bord d’une piscine, une visite dans une grande maison est les récits de la demoiselle en détresse, tout cela est fascinant. Mais toutes ces visites rendues à Machin et à Chose pour voir si la jeune femme n’a pas un passé troublant, si ceci si cela…etc. C’est une grande perte de temps. Et quand enfin il se passe quelque chose, et bien, on est déçu…  Parce qu’il y a beau avoir un décès et même deux, on tourne en rond. Jusqu’au rebondissement final qui, cette fois-ci, est magnifiquement orchestré. 

L'avis d'Estuaire44: La Maison du péril présente l’intérêt de préfigurer les téléfilms constituant les saisons plus tardives de Poirot. Cet aspect de prototype se montre logiquement imparfaitement maîtrisé, car cette nature de double épisode se traduit principalement par un étirement du style narratif de la première saison, sans gain de dynamisme ou de profondeur du profil psychologique des protagonistes. D’où une impression parfois bien présente d’action languissante, d’autant que la mise en scène se montre élégante mais peu tonique. Il faut dire que l’intrigue se montre remarquablement fidèle au roman initial (hormis quelques détails et la suppression d‘un suspect) tandis que les récits futurs sauront prendre plus de liberté, afin de trouver une adéquation plus marquée au langage visuel. Mais, outre le chef d’œuvre que représente la mécanique criminelle à l’œuvre, particulièrement machiavélique (et avec quel art de semer les indices bien en amont), l’épisode se rattrape largement sur ses à-côtés.

La caméra parvient au moins à mettre correctement en avant la beauté, de l’art déco, des paysages du Devon et du littoral de la superbe station balnéaire de Salcombe. La mise en scène réussit également un joli coup avec la séance de spiritisme et de l’apparition du « spectre » de Nick, une ambiance fantastique rompant avec l’ordinaire de la série. Le duo Poirot-Hastings se montre également en grande forme, apportant à point nommé humour et malice. Les arrivées successives de Japp et Miss Lemon tombent également à pic pour scander le récit.  L’interprétation se montre, comme si souvent, d’une irréprochable qualité, tandis que les retrouvailles avec Jeremy Young illustrent parfaitement cette propension de Poirot à renouer de temps à autres avec des figures marquantes des séries 60’s. Surtout la distribution offre l’un de ses tous premiers rôles à l’écran à la talentueuse et supérieurement élégante Polly Walker (Nick), alors encore jeune première à la RSC. Un début parfaitement convaincant pour une carrière devant lui apporter des rôles marquants dans des séries comme Rome, Caprica ou encore Warehouse 13.

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2. LA FEMME VOILÉE
(THE VEILED LADY)


Réalisation : Edward Bennett

Scénario : Clive Exton

Inspiré de la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

David Suchet : Hercule Poirot

Hugh Fraser: le Capitaine Arthur Hastings

Philip Jackson : l'Inspecteur-chef James Japp

Frances Barber : Lady Millicent Castle-Vaughan

Terence Harvey  : M. Lavington

Carole Hayman : Mrs Godber

Résumé

Hercule Poirot n’a rien à se mettre sous la dent et s’ennuie fermement. C’est alors qu’une certaine Lady Millicent Castle-Vaughan vient lui demander de l’aide. Elle doit à tout prix récupérer une ancienne lettre compromettante que possède M. Lavington, qui lui réclame la très modeste somme de 20 000 livres. Ne pouvant raisonner ce dernier, Poirot décide de se transformer en cambrioleur et de récupérer lui-même ce précieux document chez Lavington.  

Critique

Cet épisode constitue une parenthèse très amusante dans les aventures d’Hercule Poirot. Il est clair que rien dans cette histoire n’est fait pour donner des frissons. Absolument rien. Pas de meurtre, pas même une tentative. Non, vraiment, c’est une histoire bien courte. Cependant, Poirot réserve bien des surprises en jouant les serruriers-cambrioleurs. La scène du faux cambriolage est délicieuse, et s’y ajoute même un brin de suspens.

Tout cela conduit naturellement notre détective en prison, ce qui lui vaut les ricanements de l’inspecteur Japp. Excellent, je dois dire. Enfin, la chasse à l’homme à travers les  pièces de musée constitue un très bon moment, à la fois comique et digne d’un très bon roman d’espionnage. Trois étoiles pour un épisode comique. Mais juste comique. 

L'avis d'Estuaire44: J’apprécie vivement cet épisode gai, enlevé et original. Le hold up de la première scène est une bonne trouvaille car stimulant déjà l’esprit du spectateur, se demandant comment les fils narratifs vont bien pour voir se nouer. Porté par un Suchet parfaitement à son aise sur le registre de la comédie et toujours aussi en phase avec les autres comédiens récurrents, le récit, solide et au twist très habile, s’adorne de pures pépites d’humour. Il en va ainsi de nombreux dialogues et situations, avec en pointe un Japp se délectant de pouvoir enfin prendre une amicale revanche sur son vieux complice. Tout finit par arriver !

On pourrait tiquer en voyant le Belge et son fidèle Hastings s’embarquer dans un cambriolage à l’Arsène Lupin, ce genre de péripéties ne lui correspondant guère. D’ailleurs l’image de la femme fatale et duplice conduisant un privé aux pires extrémités relève davantage du roman noir et Poirot n’est certes pas Mike Hammer. Mais, outre que cette péripétie se retrouve bien chez Agatha (la nouvelle se trouve dans le recueil Poirot's Early Cases, avec un Hercule encore relativement jeune), elle nous vaut plusieurs scènes à se tordre, avec un Suchet en représentation de gala, affublé d’un béret ou travesti en caricature de cambrioleur. On regrettera par contre que Poirot trouve si miraculeusement la boite chinoise (cette fois contrairement au texte) mais telle est la rançon d’un format court dynamisant par ailleurs le récit.

La production demeure toujours aussi impressionnante de qualité, avec des décors absolument remarquable. Le Natural History Museum sert d’écrin à une percutante course poursuite (autre originalité de cette histoire dépourvue de meurtre) mais ravira également les amateurs de la période Cathy Gale des Avengers. C’est en effet là qu’officiait la dynamique anthropologue avant qu’elle ne trouve son destin en la personne d’un diable d’homme en chapeau melon (Warlock). En Millicent on reconnait Frances Barber, qui incarnera bien plus tard Mme Kovarian, la Big Bad des premières aventures du Onzième Docteur (ou plutôt qui en tiendra lieu, enfin bref).

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3.  LA MINE PERDUE
(THE LOST MINE)


Réalisation : Edward Bennett

Scénario : Michael Baker et David Renwick

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Anthony Bate : Lord Pearson

Colin Stinton : Charles Lester

Barbara Barnes : Mrs Lester

James Saxon : Reggie Dyer

Richard Albrecht : un employé de l'hôtel

John Cording : Jameson

Gloria Connell : Miss Devenish

Résumé

Alors que Poirot constate une erreur sur son compte en banque, le directeur de l’établissement, Lord Pearson, lui rend visite en personne pour lui confier une mission : retrouver Han Wu Ling, l’homme d’affaire chinois censé lui vendre une carte donnant la position d’une mine d’argent en Birmanie. La police londonienne est sur la piste d’un homme d’affaires américain mais il s’avère qu’elle est très loin de la vérité, qui elle n’échappe pas un seul instant à Poirot. 

Critique

C’est un épisode désespérément long et difficile à suivre. 51 minutes de torture visuelle. L’atmosphère est étouffante et l’épisode s’enchaîne à coup de visites dans les endroits sinistres de Londres. De plus, il manque de rythme et d’action. La pauvreté de la mise en scène nuit gravement au scénario qui lui-même n’est pas très palpitant.

La seule scène qui puisse être qualifiée d’intéressante est celle où la police dévoile ses méthodes d’action modernes pendant qu’une équipe est chargée d’arrêter le suspect numéro un dans le quartier chinois. Mise à part cette brève séquence, le reste est irrécupérable. Le jeu de Monopoly auquel jouent inlassablement Poirot et Hastings est un divertissement bien maigre pour compenser la mollesse de cet épisode.

L'avis d'Estuaire44: Effectivement plusieurs éléments de l’épisode ne fonctionnent pas. L’enquête policière classique donc ennuyeuse menée par Japp occupe trop d’espace, au détriment de Poirot et souligne la pesanteur de la mise en scène. Celui-ci ne retrouve d’ailleurs que partiellement le cadre d’enquête où il excelle le plus (huis clos et subtils entrecroisements narratifs). Le petit détail clef habituel, ici la boite d’allumette se révèle transparent. Surtout certains éléments s’avèrent aujourd’hui très datés, comme le mystère de l’orient lointain ou cette histoire de mine pharamineuse. La production  manque clairement de moyens pour reconstituer Chinatown,  hormis pour le décor du casino, évidement retenu pour le rituel du dévoilement. Quelques gags réussis (banque, Monopoly),  permettent toutefois à Suchet d’exprimer sa verve comique, parfaitement relayé par Hastings. Les amateurs du Docteur reconnaitront en Colin Stenton (Lester), le Président des USA vaporisé par le Maître.

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4.  LE MYSTÈRE DES CORNOUAILLES
(THE CORNISH MYSTERY)


Réalisation : Edward Bennett

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Jerome Willis : Edward Pengelley

Amanda Walker : Mrs Pengelley

Chloe Salaman : Freda Stanton

John Bowler : Jacob Radnor

Tilly Vosburgh : Jessie Dawlish

Derek Benfield : Dr Adams

Laura Girling : Edwina Marks

Graham Callan : le notaire

Résumé

Mrs. Pengelley demande à Hercule Poirot de la protéger. Elle soupçonne son mari de l’empoisonner à petit feu et d’avoir une relation amoureuse avec son assistante. Quand Poirot et Hastings se rendent à son domicile, il est malheureusement trop tard : elle est morte une heure plus tôt. Une visite chez sa nièce et le fiancé de cette dernière fait douter Poirot de la culpabilité de Mr Pengelley. Le jour de l’enterrement et de la lecture du testament, la majorité de sa fortune revient à son mari. Lorsque celui-ci est arrêté par l’équipe de l’inspecteur Japp, Poirot devient certain de son innocence.

Critique

Cet épisode tourne autour d’un schéma vieux comme le monde : la perversité de l’héritage. Mais cet épisode gagnerait à introduire des personnages plus orignaux qu’un mari soupçonné d’adultère, une nièce mise à la porte et un fiancé ambitieux. Cette affaire de famille extrêmement classique ne débouche pas sur une résolution surprenante. Hercule Poirot parvient avec trop de facilité à démasquer l’assassin et la personnalité de ce dernier ne fait que confirmer ses soupçons et éveiller les nôtres.

En revanche, l’épisode est sauvé par la venue tardive de l’inspecteur Japp qui a normalement tendance à ralentir le travail du détective. D’autre part, Hastings parvient à se distinguer dans un registre comique, telles ses séances de méditation et sa rencontre mouvementée avec l’assistante du chirurgien-dentiste. 

L'avis d'Estuaire44: La conclusion  se montre décevante, avec une résolution trop rapide et la scène rituelle de la délivrance de la solution de Poirot se résumant à un chantage assez téléphoné. L'intrigue reste classique, avec le jeu coutumier du bénéfiaire ultime du testament.  Toutefois l'épisode joue plutôt la carte de l'atmosphère, avec cette description acérée d'une Angleterre provinciale encore très traditionnelle. La galerie de portraits en dresse un ironique portrait, très dans le style d'Agatha Christie. Le superbe décor en extérieur du village, atout majeur d'une mise en scène soignée, évoque clairement St Mary Mead et l'histoire aurait sans doute gagnée à être plutôt portée par Miss Marple, davantage dans son élément ici.  Le plan du parc londonien est également somptueux. Japp et Hastings relaient le récit avec leur humour coutumier.

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5.  LA DISPARITION DE M. DAVENHEIM
(THE DISAPPEARANCE OF MR DAVENHEIM)


Réalisation : Andrew Grieve

Scénario : David Renwick

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Mel Martin : Charlotte Davenheim

Kenneth Colley : Matthew Davenheim

Tony Mathews : Gerald Lowen

Fiona McArthur : la domestique

Richard Beale : Merritt

Résumé

Matthew Davenheim, riche homme d’affaires, disparaît alors qu’il devait se rendre à une réunion importante à la banque. Sa femme se met à suspecter une de ses relations M. Lowen après s’être rendu compte de la disparition de ses bijoux. L’inspecteur Japp donne l’ordre à ses troupes de fouiller les environs et met Poirot au défi d’apporter la solution de ce mystère sans bouger de son appartement pendant une semaine. Hastings devient ses yeux et ses oreilles et est chargé de noter tous les détails qui pourraient lui être utile, pendant que le détective s’initie à la magie en compagnie d’un perroquet.

Critique

Il était nécessaire de fournir un ressort comique à cet épisode pour nous aider à supporter l’absence d’Hercule Poirot sur les lieux de l’enquête. Le scénariste s’en est donné à cœur joie et a su donner au détective belge tous les outils lui permettant d’occuper son temps et le nôtre. L’intrigue principale ne brille pas par sa complexité ni même son originalité, comme c’est malheureusement le cas de beaucoup d’épisodes courts basés sur des nouvelles. Elle paraît bien maigre à côté d’une succession de sketches censés nous faire rire et nous surprendre : le château de cartes, les scènes cocasses entre Hastings, Poirot et le Perroquet, ou encore les tours de magie.

Mais ces divertissements à la chaîne ne font que confirmer la banalité et la frivolité d’une telle enquête. Poirot ayant parié qu’il pouvait résoudre cette énigme depuis son appartement, tout se passe comme s’il ne s’agissait que d’un simple test basé sur de la pure fiction, un mystère créé de toute pièce afin de mettre à l’épreuve les capacités intellectuelles du détective. 

L'avis d'Estuaire44: L’épisode se montre certes aussi réussi qu’original, grâce à un scénario particulièrement riche. On trouve ici l’une des rares occurrences où tous les personnages réguliers de la série jouent un rôle important au sein de l’intrigue, avec à la clef une savoureuse optimisation du relationnel au sein de l’équipe. La situation diversifie l’intrigue, Poirot se muant cette fois en Mycroft, dont le lectorat de Conan Doyle (tout comme le public de la BBC) sait bien qu’il compose un personnage largement aussi fascinant que Sherlock. 

Outre sa touche purement anglaise, le pari apporte une précieuse connotation ludique au récit, joyeusement relayée par la prestidigitation, le perroquet ou l’humour des dialogues (pauvre et loyal Hastings). Le scénario parvient à ne pas sacrifier l’énigme programment dite, d’un indéniable intérêt, même si les maquillages passeront toujours plus malaisément à la télévision qu’en littérature. Comme toujours la reconstitution historique se montre irréprochable, de même que la musique. L’auteur David Renwick conservera sans doute en mémoire cette réussite, car il créera en 1997 la série à succès Jonathan Creek, où l’assistant d’un magicien résout des crimes jugés impossibles grâce à ses déductions et sa connaissance de l’illusion. 

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6. DOUBLE MANŒUVRE
(DOUBLE SIN)


Réalisation : Richard Spence

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Adam Kotz : Norton Kane

Caroline Milmoe : Mary Durrant

Elspet Gray : Miss Penn

David Hargreaves : Sergent Vinney

Gerard Horan : L'agent de police Flagg

Michael Shannon : Mr Baker Wood

Amanda Garwood : Lady Amanda Manderley

Harry Goodier : Billy Arkwright

Résumé

Hercule Poirot, fatigué et déprimé, dit vouloir prendre sa retraite et Hastings l’accompagne au bord de la mer. Ils rencontrent une jeune femme du nom de Mary Durrant qui transporte dans sa valise des antiquités appartenant à sa tante. Un jour, elle appel à l’aide : les objets précieux ont été volés. Poirot laisse à Hastings la charge de mener l’enquête tout seul. Après avoir poursuivi un couple de jeunes gens des plus originaux, il se rend compte de sa bourde et se sent déboussolé.

Critique

Pour la deuxième fois consécutive, Hercule Poirot est absent du théâtre de l’enquête pendant un long moment. Toutefois, même s’il se refuse à participer à cette affaire pour mieux se consacrer à l’art de la moustache et à l’art du français de France, le capitaine Hastings trouve en lui un soutien quasi paternel. Le leurre créé pour nous détourner de la vérité est très efficace quoique le vrai coupable paraisse un peu trop fragile et innocent pour l’être réellement. Miss. Lemon n’est pas tout à fait écartée de l’épisode puisque pendant son absence, elle passe une nuit blanche au domicile de son patron faute de ne pas avoir retrouvé ses clés.

C’est une manière un peu simple mais joliment tournée, d’autant plus qu’elle utilise la méthode Poirot pour parvenir à ses fins. Métaphore astucieuse qui sous-entend que trouver la clé d’une énigme devrait être aussi simple que de trouver la clé d’un appartement. Ça l’est en tout cas pour notre détective. Le discours de l’inspecteur Japp lors du récit de ses plus grandes aventures est très touchant de vérité. Poirot s’en trouve tout revivifié. Mais il faut attendre le retournement final pour comprendre le pourquoi du comment de sa morosité. En ouvrant notamment de nombreuses séquences sur l’image d’une statue, cet épisode nous offre des prises de vue étonnamment originales.

L'avis d'Estuaire44: De même que lors de l’opus précédent, le scénario joue habilement d’une narration originale (Hastings à la manœuvre) pour compenser les limites du format court et de l’absence d’enjeu liée à un meurtre. Plutôt qu’une approche de l’illusion, l’épisode joue la carte d’un humour plus classique, du fait d’un florilège de réjouissants sarcasmes liés au caractère de diva de notre ami belge, finalement arroseur arrosé. Chacun dans son registre ses partenaires apportent également de belles touches d’humour.

L'histoire souligne d’ailleurs la belle amitié existent entre nos compères. Au total un ton moins original que précédemment, mais bigrement efficace, avec quelques scènes clairement parodiques : poursuite automobile, aventure nocturne de Poirot... Le scénario comporte quelques faiblesses, les pistes alternatives ne sont jamais crédibles, car trop soulignées. L’épisode se montre toutefois visuellement superbe, avec la splendeur Art-déco de l’hôtel Midland et les somptueux paysages naturels du Lake District. En parlant du mannequin à incendier, les gamins font allusion à la tradition de la Guy Fawkes Night, le cinq novembre, récemment mise en scène dans l’épisode The Empty Hearse, de Sherlock.

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7. L'AVENTURE DE L'APPARTEMENT BON MARCHÉ
(THE ADVENTURE OF THE CHEAP FLAT)


Réalisation : Richard Spence

Scénario : Russel Murray

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Samantha Bond : Stella Robinson

John Michie : James Robinson

Jemma Churchill : Elsie

Peter Howell : L’agent immobilier

Jenifer Landor : Carla Romero

Ian Price : Teddy Parker

William Hootkins : l'agent du FBI Burt

Gordon Wharmby : l'employé aux archives

Nick Maloney : Bernie Cole, directeur du night-club

Nigel Whitmey : Luigi Valdarno

Anthony Pedley : L'assassin

Luke Hayden : le mari de Carla Romero

Résumé

Amis de Hastings et Poirot, Stella et James Robinson emménagent dans un appartement excessivement bon marché. Au même moment, l’inspecteur Japp est mis sur une affaire de vol de plan de sous-marin et est contraint de collaborer avec un agent du FBI. Les deux affaires semblent se rejoindre.

Critique

L’épisode est « pas mal », plutôt correct, tout au plus. Il bénéficie de quelques scènes amusantes, à savoir le bricolage clandestin de Poirot, le grand moment de complicité entre Poirot et Miss. Lemon qui pour notre grand plaisir joue  le jeu de l’enquête en se faisant passer pour une journaliste dans un night-club très douteux, les instants conflictuels entre Japp et l’agent du FBI en raison de méthodes de travail divergentes. Samantha Bond joue la très séduisante Stella Robinson mais ses apparitions demeurent rares.

La scène d’action se déroulant dans le fameux appartement est courte mais très réussie car en se voulant discrète, elle se révèle assez comique. Surtout quand Mr. Robinson surgit au dernier moment avec son club de golf alors que Poirot et Hastings filent en douce.  L’épisode vaut moins pour son intrigue que pour une succession de scènes distrayantes. 

L'avis d'Estuaire44: Le mystère de l’appartement séduit d’emblée par son originalité et la curiosité du spectateur rejoint celle de Poirot quand il se saisit de l’affaire. En soi le volet espionnage pourrait sembler se résumer à quelques clichés, mais la narration emprunte astucieusement la forme du film noir. Cette excellente idée renouvelle la série et nous vaut plusieurs scènes savoureuses : la projection du film, Poirot homme d’action ou encore la belle restitution en décors de cinéma des péripéties passées. Une musique à la Mike Hammer accompagne joliment l’ensemble, tandis que l’on apprécie la participation de Miss Lemon à l’action. 

D’agréables seconds rôles agrémentent le récit. On regrettera la caricature trop marquée et répétitive de l’Agent fédéral. Poirot et ses amis regardent la scène finale du film à succès G Men, sorti en avril 1935. Or Bonnie et Clyde sont décrits comme encore vivants, alors qu’ils meurent en 1934. De plus le FBI n’est créé qu’en juillet 1935, auparavant il s’agissait du BOI.

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8. L'ENLÈVEMENT DU PREMIER MINISTRE
(THE KIDNAPPED PRIME MINISTER)


Réalisation : Andrew Grieve

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Lisa Harrow : Mrs Daniels

David Horovitch : Commandant Daniels

Ronald Hines : Sir Bernard Dodge

Patrick Godfrey : Lord Estair

Timothy Block : Major Norman

Jack Elliott : Egan (le conducteur)

Milo Sperber : Fingler (le tailleur)

Henry Moxon : le Premier ministre

Résumé

Alors qu’il se rend à une conférence de la Société des Nations à Paris, le premier ministre est victime d’une tentative d’assassinat et d’un kidnapping. Hercule Poirot est sollicité par les membres du cabinet afin de retrouver dans les 32 heures et 15 minutes l’homme d’Etat. Son absence perturberait en effet l’ordre international alors que l’Allemagne se prépare à la guerre.

Critique

C’est un épisode qui m’a vraiment étonné car la mise en scène est d’une exceptionnelle qualité. Les épisodes précédents étaient plutôt marqués, à de rare exceptions près, par une certaines pauvreté visuelle et scénique, un manque de moyens flagrant. L’enlèvement du Premier ministre, en plus de briller par une intrigue originale à contextualiser au regard des événements de l’avant Seconde guerre mondiale, constitue un plaisir visuel de chaque instant. Sans doute la prédominance de couleurs vives et de décors somptueux participe-t-elle à ce succès.

Je ne vois rien à redire au scénario, passionnant. Les acteurs sont eux aussi formidables, en particulier Lisa Harrow, interprète de Mrs. Daniels.  L’humour, en plus, est aussi présent qu’il est léger : « Non, il n’est pas lent, il est rigoureux ».  Japp et Poirot, le duo comique par excellence de cette série. 

L'avis d'Estuaire44: L’épisode marque une intéressante rupture de ton, car l’on y passe rapidement du récit à énigme à ce qui pourrait tenir lieu, autant que faire ce peut, de thriller. Un choix audacieux car ce genre narratif se situe aux antipodes de la personnalité du Belge, mais l’intrigue joue la carte de l’humour, avant de conclure sur un drame poignant. 

Hercule Poirot a 32 heures pour sauver la Grande Bretagne et, de manière très divertissante, l’opus donne une idée assez juste de ce que deviendrait 24 h Chrono avec lui comme protagoniste : une série où le 10 Downing Street n’apprécie pas à son action mais ne lui met aucun bâton dans les roues, où les interrogatoires demeurent de courtois entretiens, où le héros stoppe la « traque » pour aller dormir toute la nuit. Quelque chose de vaguement différent, donc. On s’amuse aussi beaucoup devant les persiflages sur la méthode Sherlock Holmes (loupe et indics matériels), une pratique occasionnelle d’Agatha. Murder on the links reste un régal de cruauté sur ce point.

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9. L'AVENTURE DE L'ÉTOILE DE L'OUEST
(THE ADVENTURE OF THE WESTERN STAR)


Réalisation : Richard Spence

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Barry Woolgar : L'inspecteur Dougall

Struan Rodger : Henrik Van Braks

Rosalind Bennett : Marie Marvelle

Oliver Cotton : Gregory Rolf

Alister Cameron : Lord Yardly

Caroline Goodall : Lady Yardly

Stephen Hancock : Mullings

Résumé

L’inspecteur Japp travaille sur une affaire de vol de bijoux. Pendant de temps, Hercule Poirot doit recevoir chez lui la grande star du cinéma belge, Marie Marvelle, mais au dernier moment, celle-ci téléphone et lui demande de venir à son hôtel. Très inquiète, elle a reçu trois lettres lui exigeant de restituer le diamant appelé l’Etoile de l’Ouest que son mari avait acheté quelques temps plus tôt à un chinois à San Francisco dans d’étranges circonstances. De son côté, Lady Yardly possède l’étoile de l’Est. Les diamants constituent l’œil gauche et l’œil droit d’un dieu chinois. Alors que cette dernière était venue voir Hercule Poirot, elle tombe sur Hastings qui en déduit qu’elle aussi a reçu des lettres de menace. Lord Yardly a des problèmes financiers et pense à vendre le bijou. Bientôt, les deux diamants sont volés. Entre femmes, faussaires, et maître chanteur, Poirot, Hastings et Japp ont du fil à retordre…

Critique

Encore une fois, l’intrigue est originale et notre curiosité grandit au fil des révélations. Tout l’épisode repose sur une atmosphère relativement pépère mais il n’est pas dénué de rythme. Sans aller jusqu’à dire qu’il est aussi passionnant que L’enlèvement du premier ministre, L’Aventure de l’Etoile de l’Ouest est tout aussi intriguant. Hercule Poirot révèle encore une fois son caractère coquin alors que les autres protagonistes rient de lui en entendant le titre de « Grande star du cinéma belge ». L’autre moment délicieux de l’épisode est la scène où Hastings emploie la méthode Poirot : « Tout est une question de logique, My Lady ». La saison 2 termine donc sa course sur des épisodes d’excellente qualité. J’attends la troisième avec impatience !


L'avis d'Estuaire44: L'épisode résulte partiellement prévisible,  on ne croit jamais un seul instant aux chinoiseries à la  Sax Rohmer.  Le récit manque d’humour, mais bénéficie de l’apport de deux actrices aussi belles que douées (en particulier Catherine Goodall), même si leurs personnages se situent sur un registre un tantinet mélodramatique. La production reste de qualité, notamment avec la résidence grand train ou lors des superbes scènes de l’aéroport. Poirot assure le spectacle en fan transi et les yeux braqués sur la symétrie de sa coiffure. On éprouve un vrai coup de cœur de cœur pour Hastings, homme simple et bon à qui on aurait pu laisser la satisfaction d’avoir enfin réussi une déduction, en amusante conclusion de saison.

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Images capturées par Juliette Vincent.

 

L'Entraide

 saison 2 saison 4

Hercule Poirot

Saison 4


 
 

1. A.B.C. CONTRE POIROT
(THE ABC MURDERS)

herculepoirot 4 1


 

Réalisation : Andrew Grieve

Scénario : Clive Exton

D’après le roman éponyme d’Agatha Christie 

Distribution

Donald Sumpter : Alexander Cust

Donald Douglas : Franklin Clarke

Nicholas Farrell : Donald Fraser

Pippa Guard : Megan Barnard

Cathryn Bradshaw : Mary Drower

Nina Marc : Thora Grey

David McAlister : l'inspecteur Glen

Vivienne Burgess : Lady Clarke

Ann Windsor : Miss Merrion

Michael Mellinger : Franz Ascher

Miranda Forbes : Mrs Turton

Peter Penry-Jones : Superintendent Carter

Lucinda Curtis : Mrs Marbury

Jeremy Hawk : Deveril (le majordome des Clarke)

Allan Mitchell : Dr Kerr

Résumé

Hercule Poirot reçoit d’étranges lettres anonymes signées « A.B.C », un tueur en série qui le met au défi de l’arrêter. A chaque fois, il l’avertit de son prochain meurtre, mais  ses victimes sont choisies par ordre alphabétique. Pour Poirot, ce ne sont pas les actes d’un maniaque mais d’un grand stratège qui souhaite cacher l’identité de sa principale victime.

Critique

L’un des plus grands romans d’Agatha Christie est enfin transposé à l’écran. Difficile de faire mieux : l’adaptation n’est effectivement pas aussi brillante, mais cela peut se comprendre. La distribution reste impeccable, mention très bien pour Donald Sumpter, alias Alexander Cust, qui est un personnage attachant malgré les faits qui lui sont reprochés. L’intrigue souffre peut-être de rares temps morts mais ils demeurent très discrets face à son originalité et à l’interprétation de ses acteurs. Le trio Poirot-Higgins-Japp continue à être l’élément comique au meilleur de sa forme. On sent une production émancipée des contraintes financières car elle nous offre des prises de vue et des décors de grande qualité. Sans aller jusqu’à se mettre à plat ventre devant cet épisode, il faut admettre que c’est un bon cru. 

L'avis d'Estuaire44

Le passage au format long tombe à pic pour que l'épisode rende parfaitement compte de la nature singulière d'A.B.C. contre Poirot au sein de l’œuvre d'Agatha Christie. Le scénario reste très proche de l'original. Avoir le temps de développer chacune des séquences illustre ainsi l'éclatement total du huis-clos coutumier chez l'auteure. La peinture approfondie des personnages souligne à quel point ceux-ci demeurent souvent externes à cette bonne société, londonienne ou provinciale, sur laquelle se centrent tant les écrits de Dame Agatha. En corollaire, l'émoi des proches des victimes est rendu plus expressif qu'à l'accoutumée, conférant à l'ensemble un air de critique sociale feutrée, opposant la sincérité du peuple à l'aristocratie guindée. L'excellent jeu des comédiens apporte une intensité particulière à cette dimension. Une narration bénéficiant de davantage d'espace permet également de mettre en avant le caractère particulièrement diabolique du complot du jour.

Quelques bémols, avec un assassin assez prévisible (mais encore faut-il déterminer le modus operandi) et une légère surexposition de Cust. Un double tranchant du passage au format long réside dans un caractère paisible de la mise en scène désormais rendu davantage sensible. Mais l'épisode, l'un des préférés de David Suchet, y pallie notamment par une reconstitution et une localisation de qualité (superbe station balnéaire de Bexhill-on-Sea, De La Warr Pavilion au style si Art déco...). Par ailleurs, si le trio principal pétille toujours autant (hilarant sketch du caïman), on regrette l'absence inexpliquée de Miss Lemon, qui ne participera pas à cette saison. Le film projeté à Doncaster est Number Seventeen, d'Alfred Hitchcock (1932). L'affiche du De La Warr Pavilion indique la programmation de The Strawberry Blonde. Or l'action est censée se dérouler en 1936 et le film n'est sorti qu'en 1941.

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2. LA MORT DANS LES NUAGES
(DEATH IN THE CLOUDS)

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Réalisation : Stephen Whittaker

Scénario : William Humble

D’après le roman éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Sarah Woodward : Jane Grey (l'hôtesse de l'air)

Shaun Scott : Norman Gale

Cathryn Harrison : Lady Horbury

David Firth : Lord Horbury

Amanda Royle : Venetia Kerr

Richard Ireson : l'inspecteur Fournier

Jenny Downham : Anne Giselle

Eve Pearce : Madame Giselle

Roger Heathcott : Daniel Clancy

Guy Manning : Jean Dupont

Gabrielle Lloyd : Elise (la domestique de Mme Giselle)

John Bleasdale : Mitchell (le steward)

Harry Audley : Raymond Barraclough

Résumé

Après un séjour à Paris, Hercule Poirot embarque dans un avion qui le ramène en Angleterre mais s’endort au moment où la très riche Mme. Gisèle est assassinée, victime d’une fléchette empoisonnée. Etonnamment, et compte-tenu de la petite taille de l’appareil, personne n’a rien vu. Quasiment tous les passagers avaient de bonnes raisons de vouloir sa mort. Poirot mène l’enquête et est accompagné dans ses recherches de l’hôtesse de l’air, Jane Grey.

Critique

La mort dans les nuages est un épisode musclé sur tous les plans. Les premières minutes introduisent un décor de carte postale : Paris et ses hauts lieus de culture et de sociabilité. Après un détour par notre capitale, filmée sous un soleil radieux, la caméra s’arrête quelques minutes dans un avion de ligne, un des meilleurs endroits pour mettre en scène un meurtre. Ambiance huis-clos, arme insolite, indices subtiles et suspects au compte-goutte, Agatha Christie nous offre ce qu’elle sait faire de mieux, à l’instar des Dix Petits Nègres, Mort sur le Nil, du Crime de l’Orient Express ou encore des Travaux d’Hercule. Les acteurs, faut-il le rappeler, sont absolument parfaits, et je citerais volontiers parmi eux Cathryn Harrison, petite-fille de Rex. Visiblement, le talent ne se perd pas. La mise en scène est d’une très grande solidité, puisqu’aucune prise n’est inutile. Tous les à-côtés de l’intrigue sont parfaitement justifiés, au moins divertissants, et même l’absence du capitaine Hastings passe quelques temps inaperçue. Le personnage féminin de l’épisode apporte un peu de fraîcheur à la traditionnelle équipe de la série. 

L'avis d'Estuaire44

L’épisode centre la majeure partie de son action sur paris, ce qui ? comme souvent  Quand une série anglaise traverse le Channel, sera très appréciable pour le public français. Cela s’avère d’autant plus appréciable que les monuments visités sont parfaitement mis en valeur sous un ciel radieux (seul bémol, une reconstitution minimaliste de Roland Garros). L’esthétisme demeure une valeur sûre de l’opus, avec les superbes vues aériennes d’un avion d’époque, le fameux Douglas DC-3, dont le bleu et le blanc s’harmonisent à merveille avec l’azur des cieux. Par ailleurs, après l’original  A.B.C. Contre Poirot, l’intrigue revient en terrain classique mais solide (huis clos, haute société souvent détestable, affaires de cœur…).

Le passage à l’écran permet de mieux visualiser la disposition clef des passagers, même si le récit préfère astucieusement se centrer sur les personnages. On apprécie particulièrement quelques jolis portraits de femmes, lumineuses ou tourmentées, excellemment interprétées (notamment de la part de Cathryn Harrison en Lady Horbury). On regrettera toutefois l’absence d’Hastings, le duo formé avec l’hôtesse de l’air demeurant charmant mais assez superficiel. Heureusement le duel amicalement sarcastique entre Japp et Poirot se montre toujours fort distrayant. Death in the Clouds deviendra l’une des inspirations majeures de l’épisode Agatha Christie de Doctor Who (The Unicorn And The Wasp), qui verra notamment le Docteur en présenter un exemplaire imprimé en l’an 5 000 000 000 !

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3. UN, DEUX, TROIS...
(ONE, TWO, BUCKLE MY SHOE)

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Réalisation : Ross Devenish

Scénario : Clive Exton

D’après le roman éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Joanna Phillips-Lane: Gerda Grant

Peter Blythe: Alastair Blunt

Carolyn Colquhoun: Mabelle Sainsbury-Seale

Christopher Eccleston : Frank Carter

Karen Gledhill: Gladys Neville

Laurence Harrington: Henry Morley

Rosalind Knight: Georgina Morley

Sara Stewart: Jane Olivera

Helen Horton: Julia Olivera

Kevork Malikyan : Mr Amberiotis

Trilby James : Agnes Fletcher (la cuisinière)

Joe Greco: Alfred Biggs

Oliver Bradshaw: Mr Hendry

Jean Ainslie : Alison Hendry

Bruce Alexander : Albert Chapman

Mary Healey : Beryl Chapman

Résumé

Après la visite d’Hercule Poirot chez son dentiste, Henry Morley, celui-ci est retrouvé mort dans son cabinet, un révolver à la main et un trou dans la tempe. Tout porte à croire qu’il s’agit d’un suicide, surtout lorsqu’un certain M. Amberiotis trouve lui aussi la mort à la suite d’une crise cardiaque, provoquée par un trop plein de substances anesthésiantes que lui avait injectées Morley. Mais Hercule Poirot ne veut pas se rendre à l’évidence et suspecte un meurtre, intuition confirmée après la disparition et la découverte du corps massacré d’une femme qui n’était pas étrangère aux protagonistes de l’enquête. 

Critique

L’introduction du dernier épisode de la saison manque de faire de l’effet. Image sépia, échos, ralenti, rires de petites filles, musique inquiétante, ce cocktail fantomatique a le malheur d’être devenu un rituel dans notre série. D’autre part, il ne restitue pas véritablement l’esprit de l’épisode, celui-ci n’étant pas aussi angoissant que ne peut l’être un huis-clos ou aussi sombre que les dernières adaptations des romans d’Agatha Christie. En bref, c’est une introduction inadaptée, bien qu’effectivement, certains éléments de l’intrigue laissent perplexes, comme la mort de M. Amberiotis. Le déguisement, si cher à l’auteure, est consternant. Si vous souhaitez faire passer votre femme pour votre secrétaire, mettez-lui des lunettes histoire de la faire passer pour une vieille fille, et voilà, vous avez réussi, elle est moche, et bien et comme il faut en plus. Cependant, il reste à l’épisode quelques éléments positifs : musique, rebondissements, fausses accusations, personnages imbuvables... L’ensemble de l’épisode tient la route, mais j’ai souvenir d’un roman nettement plus passionnant.   

L'avis d'Estuaire44

L'intrigue séduit par sa complexité, optimisant le format long désormais mis en place. L'énigme s'avère passionnante par la multiplicité des options proposées par le va-et-vient de nombreux suspects au sein du fatidique cabinet de dentistes. Ce ballet mortel acquiert une dimension tragique, le Destin de chacun convergeant inexorablement vers le drame. Le piège d'une production télévisuelle reste de se laisser porter par un spectacle de grande qualité, tandis que la lecture oblige à bien suivre mentalement l'ordonnancement des évènements et leur chronologie. De fait, l'épisode nécessite une vraie implication du spectateur pour devenir pleinement appréciable (voire à recourir à la télécommande), même si l'adaptation au format télévisuel est impeccable.

Comme toujours les travestissements résultent identifiables, c'est particulièrement le cas ici. L'ampleur de l'intrigue, mais aussi son prolongement politique, oblige également à minorer les à-côtés humoristiques que l'on apprécie tant entre Japp et Poirot, mais le duo parvient malgré tout à produire quelques étincelles. La reconstitution demeure de qualité, on avouera que la vision d'un cabinet de dentiste d'avant guerre inquiète quelque peu ! La mise en scène abuse un peu trop des passages à la simili David Lynch, assez hors sujets. Le commentaire emphatique des actualités d'époque se montre par contre hilarant. Les amateurs de Docteur Who s'amuseront de la présence de Christopher Ecclestone, très crédible en nazillon.

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Images capturées par Estuaire44.

 

L'Entraide

 saison 2 saison 4

Hercule Poirot

Saison 3

 
 

1. LA MYSTÉRIEUSE AFFAIRE DE STYLES
(THE MYSTERIOUS AFFAIR AT STYLES)




 

Réalisation : Ross Devenish

Scénario : Clive Exton

D’après le roman éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Beatie Edney : Mary Cavendish 

David Rintoul : John Cavendish 

Gillian Barge : Emily Inglethorp 

Michael Cronin : Alfred Inglethorp 

Joanna McCallum : Evelyn Howard 

Anthony Calf : Lawrence Cavendish 

Allie Byrne : Cynthia Murdoch 

Lala Lloyd : Dorcas (la bonne)

Résumé

En 1917, alors que la guerre fait rage en Europe, le capitaine Hastings, qui se remet d’une blessure à la jambe, est invité à demeurer quelques temps chez John Cavendish à Styles Court. La mère de ce dernier s’est récemment remariée avec un homme bien plus jeune qu’elle, Alfred Inglethorp, détesté par l’ensemble de la famille. Là-bas, Hastings croise un vieil ami à lui, Hercule Poirot, qui a fui la Belgique pour s’installer au village de Styles Saint-Mary, logé aux bons soins de Madame Emily Inglethorp. Les disputes conjugales semblent se répéter et un jour, au petit matin, la vieille dame est prise de crises sévères qui lui sont fatales. Le médecin est formel : elle a été empoisonnée. Son mari est alors soupçonné de meurtre avec préméditation. Poirot et Hastings fouillent la maison de fond en comble à la recherche du moindre indice.

Critique

L’épisode d’introduction de la troisième saison est en fait l’adaptation du premier roman d’Agatha Christie, soit le premier ouvrage dont le personnage principal est un dénommé Hercule Poirot, accompagné du fidèle Capitaine Hastings et de l’Inspecteur Japp. Ecrit en 1917, le roman a été publié trois ans plus tard. Le saut dans le passé entre la fin de la saison 2 et ce début de saison 3 peut à priori dérouter mais l’on s’en accommode on ne peut plus rapidement. Hastings semble d’abord être le personnage principal de cette grande intrigue car Poirot ne fait son apparition qu’après dix minutes de visionnage dans des circonstances des plus loufoques et décalées. Avec ses quinze ou vingt ans de moins, le détective belge n’est pas encore le londonien que l’on connaît mais semble se délecter des très « amusantes » coutumes anglo-saxonnes.

Pour en revenir à la Mystérieuse affaire de Styles, je dirais que cette énigme a beaucoup de qualités, à ceci près que certains éléments sont très prévisibles et que la résolution n’est pas étonnante. L’enquête est menée de main de maître par un Poirot déjà méticuleux mais si ordonné qu’il ne laisse échapper le centième d’un grain de poussière et que nous nous prenons au jeu, d’un regard suspicieux et à l’affût du moindre petit détail. Comme lors de chaque enquête, l’ambigüité des personnages force le spectateur à redoubler d’attention et à considérer un suspect comme un innocent potentiel et un innocent comme un potentiel suspect. L’identité du coupable n’est donc pas surprenante, mais encore faut-il le prouver, et pour cela, Hercule Poirot ne manque pas d’imagination et surtout d’instinct. Ce qui pourrait être surprenant, et ce qui en effet devrait l’être, c’est l’identité de son complice. Mais là encore, rien d’inimaginable. Il faut se méfier de l’eau qui dort comme de l’orage. Malgré ces points infiniment regrettables, je tiens à souligner la qualité globale de cet épisode, sur tous les plans que ce soit. Enfin, terminons par une citation de l’auteure : « Tout le problème d'un bon roman policier, c'est qu'il doit y avoir un coupable évident, dont on doit découvrir, pour une raison quelconque, que sa culpabilité n'est pas si évidente que ça et même qu'il n'a pas pu commettre le crime dont on l'accuse. Bien qu'au bout du compte, et cela va sans dire, ce soit bel et bien lui qui ait fait le coup »

L'avis d'Estuaire44: Après un défilé d’astucieuses et souvent distrayantes adaptations de nouvelles, la saison 3 débute en changeant de braquet, avec un passage réussi au format long, tout en s’attaquant à l’un des romans les plus célèbres et emblématiques d’Agatha Christie. Interprétation et reconstitution d’époque se montrent toujours aussi dignes d’éloges, de même que la mise en scène se monte particulièrement soignée. Jusqu’ici  l’adaptation des textes (souvent déplacés une décennie plus tard) s’est montrée très libre autour du noyau de l’intrigue. Mais l’on apprécie ici une grande fidélité à l’intrigue originale, évidemment simplifiée. 

L’incontournable rendez-vous de la Grande Guerre n’est pas manqué, ainsi que le parfait déroulement de cette remarquable intrigue entremêlant esprit machiavélique et éclatantes premières amours, complexité ludique des évènements et dévoilement de la solution aussi clair que plaisant par le protagoniste. De fait la série s’éloigne de son humour coutumier, pour explorer d’autres territoires. Poirot et Hastings se montrent à leur meilleur et le scénario a la bonne idée de ne pas perdre de temps à établir leur précieuse complicité, pour leur première enquête. Ils dosent précisément leur effet, évitant de tomber dans le piège de scènes destinées à présenter Miss Lemon, ce qui aurait été artificiel.

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2. COMMENT POUSSENT DONC VOS FLEURS ?
(HOW DOES YOUR GARDEN GROW?)


Réalisation : Brian Farnham

Scénario : Andrew Marshall

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Comment poussent vos fleurs ?

Distribution

Anne Stallybrass : Mary Delafontaine

Tim Wylton : Henry Delafontaine

Margery Mason : Amelia Barrowby

Catherine Russell : Katrina Reiger  

Peter Birch : Nicholai

Ralph Nossek : Dr Sims

Résumé

A l’occasion de l’exposition florale de Chelsea, Hercule Poirot fait la connaissance de Mme. Amelia Barrowby, qui est accompagnée de sa nièce et de sa dame de compagnie, Katrina Reiger. La vieille dame paraît terriblement inquiète, et de retour chez lui, Poirot reçoit une lettre de sa part, lui disant qu’elle craint pour sa vie. Le soir-même, elle meurt empoisonnée. Les soupçons se tournent immédiatement sur la jeune Reiger, qui doit hériter de la fortune de sa patronne.

Critique

Retour au format court avec une formule usée jusqu’à la moelle : l’héritage. Il est vrai que c’est un mobile de meurtre valable mais encore faut-il un nombre suffisant de protagonistes pour que cela rende l’intrigue plus passionnante, ou du moins pétillante. Car l’entourage de Madame Amelia Barrowby est bien pauvre et nous n’avons pas un très grand choix de suspects. Les soupçons se portent soit sur la dame de compagnie soit sur sa nièce et son mari. Or, comme l’on suspecte la première beaucoup trop rapidement, il est fort probable que nous soupçons se tournent davantage vers les seconds, ce qui gâche fort le suspense. Il n’y a aucun effet de surprise.

Cette petite et modeste histoire est cependant bien portée à l’écran, l’humour omniprésent et la mise en scène comme toujours de qualité. Hastings se tient à l’écart de l’affaire pour cause d’allergie. C’est Miss. Lemon qui fait figure d’assistante et heureusement, ses interventions ne sont pas inutiles à l’avancée de l’enquête. La réflexion de Poirot est très astucieuse, mais ce n’est pas à lui que l’on doit l’exposition finale des faits. Cela se tient, mais c’était sans compter la tentative de fuite ridicule du coupable qui est inutilement utilisée.   

L'avis d'Estuaire44: La résolution de l’affaire demeure sans doute trop immédiate. En effet, avec l’une des deux seules suspectes disculpées, l’autre devient de facto la coupable, avec de plus un évident mobile. Les à-côtés de l’histoire maintiennent toutefois un réel intérêt, avec quelques jolis clins d’œil à la société anglaise traditionnelle : passion du jardinage, boutiques bourgeoises, domesticité, équitation, la grande exposition florale de Chelsea (ou se rendit le Docteur lors du roman The Taking Of Chelsea 426), Etc. On se plait aussi à retrouver certains passages obligés chez Agatha, comme le poison arme de femme ou le bonheur d’un jeune couple sauvé par Poirot. Quelques détails secondaires de l’énigme posent également d’astucieuses énigmes intermédiaires. La fine équipe de l’Agence se montre en grande forme, en particulier Miss Lemon, cette fois mise en avant dans l’enquête et dragon veillant jalousement sur la comptabilité de Poirot. La fatuité de ce dernier face à « sa » rose reste aussi un grand moment. Un épisode à l’intrigue prévisible,  mais particulièrement riche en humour.  La chanson à laquelle fait allusion Poirot est la berceuse traditionnel Mary, Mary, quite contrary. 

Mary, Mary, quite contrary,

How does your garden grow?

With silver bells, and cockle shells,

And pretty maids all in a row.

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3. UN MILLION DE DOLLARS DE BONS VOLATILISÉS 
(THE MILLION DOLLAR BOND ROBBERY)


Réalisation: Andrew Grieve

Scénario: Anthony Horrowitz

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Vol d'un million de dollars de bons

Distribution

David Quilter : M. Shaw

Ewan Hooper : M. Vavasour

Paul Young : M. McNeil

Lizzy McInnerny : Miranda Brooks

Oliver Parker : Philip Ridgeway

Natalie Ogle : Esmee Dalgleish

Résumé

Un million de dollars de bons doivent être transférés aux Etats-Unis par les soins de M. Shaw, employé de la London and Scottish Bank. Pourtant, ce même monsieur est victime de deux tentatives d’assassinat, et c’est son assistant Philip Ridgeway, qui prend la relève. Poirot et Hastings sont appelés auprès de la victime pour éclaircir cette histoire. La fiancée de Ridgeway demande au détective de l’accompagner à bord du Queen Mary et de veiller sur lui car elle sait qu’il ne résistera pas à la tentation de jouer de l’argent aux cartes. Poirot et Hastings  embarquent donc, ce qui n’empêche pas ce million de dollars de bons de disparaître.

Critique

Un très bon score pour un épisode qui suit un schéma devenu extrêmement banal : un empoisonnement à la strychnine, le troisième en trois épisodes, un capitaine Hastings presque effacé car en proie à un mal de mer certain, alors qu’il était pris d’éternuements dans le dernier épisode, un happy end et un couple enfin réuni pour le meilleur et pour le pire. Bref, tout cela aurait pu agacer un spectateur à la recherche d’originalité, mais pourtant, cet épisode est très réussi pour plusieurs raisons.

La première est le cadre de l’enquête : à bord d’un somptueux paquebot devenu un  des personnages principaux de l’intrigue et non simplement le décor de l’enquête. La deuxième est l’identité du coupable : des plus inattendues, même si à force, on devient quelque peu paranoïaque. La troisième est l’absence de motif évident, si l’on soustrait du lot la dépendance au jeu qui paraît beaucoup trop simpliste. L’enquête avance à un rythme assez soutenu et heureusement, et malgré les apparences, n’a rien à voir avec ce très mauvais cru qu’était La Mine Perdue.      

L'avis d'Estuaire44: Comme à l'accoutumée, l'intrigue, basée sur un déguisement, souffre du passage à l'écran. Malgré les méritoires efforts des maquilleuses, la supercherie saute immédiatement aux yeux, à l'inverse de la littérature. On pourra aussi reprocher l'introduction d'un trivial double de clé venant quelque peu fausser les règles de l’énigme. L'idée centrale n'en demeure pas moins astucieuse et menée avec entrain. Les événements galopent durent cette aller-retour express entre Londres et New York, encore dynamisée par un hilarant Hastings et un magnifique récital final de Poirot. 

La reconstitution du navire apparaît particulièrement réussie, d'autant qu'elle se voit relayée par de superbes images d'archives dues à l'astucieux adossement de l'intrigue à un événement historique (la première traversée transatlantique du Queen Mary, le 27 mai 1936). L'introduction de Poirot et Hastings au sein des actualités constitue également un joli coup. L'épisode illustre également le romantisme teinté de féminisme  d'Agatha Christie, avec le portrait de deux femmes prêtes à tous les risques pour des amoureux n'en valant pas forcément la peine. La satire acidulée de la City, de son fourmillement comme de l'atmosphère guindée des bureaux, vient encore compléter cet opus de fort bonne cuvée. Le métro de la scène d'ouverture se situe sur Threadneedle Street, artère animée de la City donnant directement sur Bank Junction et siège de la Banque d'Angleterre.

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4. L'EXPRESS DE PLYMOUTH
(THE PLYMOUTH EXPRESS)


Réalisation : Andrew Piddington

Scénario : Rod Beacham

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

John Stone : Mr Halliday

Kenneth Haigh : McKenzie

Julian Wadham : Rupert Carrington

Alfredo Michelson : Comte de Rochefort

Marion Bailey : Jane Mason

Shelagh McLeod : Florence Carrington

Steven Mackintosh : le distributeur de journaux

Résumé

Mr. Halliday, riche  entrepreneur minier et patron du groupe industriel Yellow Creek, s’inquiète que le Comte de Rochefort tourne autour de sa fille Florence, étant donné que celle-ci a déjà été mariée et que son ex-époux est venu lui soutirer de l’argent. Le Comte est en effet à l’origine d’une rumeur mettant en doute la découverte d’un nouveau filon dans ses mines, faisant plonger les actions du groupe. Il demande à Poirot de la surveiller de près. Mais peu de temps après, dans le train en destination de Plymouth, Florence est retrouvée morte et ses bijoux ont disparus.

Critique

C’est une bien sinistre histoire qui mérite la plus haute distinction qui soit : 4 étoiles. Une intrigue déroutante et des acteurs des plus convaincants font de cet épisode un grand must.  Et pourtant, entre financiers, escrocs et compagnons fauchés, la recette paraît on ne peut plus légère et donne à priori une impression de déjà-vu. Une partie de ce succès peut être résumée par la fameuse formule : la fin justifie les moyens. Mais en attendant d’arriver à ce dénouement, il faut passer l’épreuve des doutes, suspicions et interrogatoires qui n’amènent à rien de clair et de satisfaisant.

Jusqu’à ce que notre regard se pose sur une personne quasiment ignorée pendant quarante-cinq minutes et que l’on s’écrie « bon sang mais c’est bien sûr ! » en sautant partout parce qu’il fallait vraiment être à l’ouest pour ne pas s’en apercevoir. J’exagère à peine. Le motif et le déroulement du crime sont sordides et cette fois-ci, ni humour ni happy end ne viennent clore l’affaire du sinistre meurtre de Florence Carrington. 

L'avis d'Estuaire44: Publiée dès 1923, la nouvelle sera reprise et considérablement  amplifiée cinq ans plus tard par la Duchesse de la Mort, pour devenir un roman, Le Train Bleu. De fait on conserve surtout ce dernier livre en mémoire, d’où l’impression de contempler  une intrigue souvent réduite à ses articulations fondamentales, même si développant quelques fausses pistes. Mais l’épisode bénéficie toutefois d’une authentique atmosphère, grâce à une mise en scène savamment lugubre, d’avantage qu’à l’accoutumée. 

Accompagnée d’une photographie glaciale à souhait, les idées macabres fusent avec talent, comme cette ampoule de flash photographique s’éteignant à l’unisson de la malheureuse victime ou un restitué particulièrement cru et réaliste du meurtre. Il ne s’agit plus d’un élément ludique, mais bel et bien d’un moment de pure horreur. Le travail de production demeure comme toujours de grande qualité, de même que l’interprétation. Les amateurs des Avengers reconnaîtront les verrières de la gare de Paddington, aperçues au début de Balles costumées. En 2014, Julian Wadham (Carrington) interprètera John Steed, dans les enregistrements audio des épisodes perdus de la saison 1.

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5. LE GUÊPIER
(WASP'S NEST)


Réalisation : Brian Farnham

Scénario : David Renwick

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Martin Turner : John Harrison

Melanie Jessop : Molly Deane

Peter Capaldi : Claude Langton

John Boswall : Dr Belvedere

Kate Lynn-Evans : Mrs Henderson

Résumé

Poirot rencontre au cours d’une fête foraine le fils d’un vieil ami à lui, M. John Harrison, auteur de quelques romans philosophiques. Il vit avec le célèbre mannequin Molly Deane, qu’il a piqué à son meilleur ami Claude Langton. Le détective belge prédit à ce couple un avenir ténébreux et s’efforce de prévenir un drame.

Critique

Une enquête peu banale qui ne fait pas de mal à une mouche. Malgré l’absence de victimes et de coupables, la tension est entretenue par les vas et viens de Claude Langton et de Molly Deane, par la figure inquiétante et déconcertante du vieil homme inconnu et par les plans rapprochés sur le guêpier.

La révélation finale que l’on peut ou pas soupçonner provoque le même effet que dans l’épisode précédent : le sentiment s’insatisfaction et d’impuissance. Malgré tout, et contrairement à L’Express de Plymouth, l’humour a repris sa place et même gagné du terrain : « - Envisagez-vous de vous rendre au cabinet de toilette dans la prochaine demi-heure Poirot ? 

- Attendez, je consulte mon agenda… Non ! Rien de prévu à ce sujet ! » 

L'avis d'Estuaire44: L'intrigue se montre certes originale, Poirot cherchant à empêcher un meurtre et non pas à l'élucider, mais l'on en apprécie surtout la tonalité sombre, parfois à la limite du macabre. Le mystère se montre ainsi particulièrement appréciable quant à la véritable nature du drame pressenti par Poirot, alors que l'ambiance devient toujours plus dramatique. La traditionnelle scène d'exposition finale devient de la sorte particulièrement émouvante (même si très anglaise dans la maîtrise de soi), Poirot sauvant moralement le potentiel coupable. 

La qualité de l'interprétation empêche brillamment cette conclusion de verser dans le mélodrame. La beauté bucolique des lieux (Marble Hill Park) soutiennent efficacement le récit par leur mélancolie naturelle.. L'épisode s'embellit de quels à-côtés réussis, comme la foucade photographique d'Hastings ou le remarquable et très élégant défilé de mode. Une curiosité supplémentaire provient de la participation d'un jeune Peter Capaldi, le futur Douzième Docteur intervenant dans un récit où le Temps qui passe occupe une place cruciale (indice du d'un calendrier et Poirot lisant l'avenir dans les feuilles de thé !).

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6. TRAGÉDIE À MARSDON MANOR
(THE TRAGEDY AT MARSDON MANOR)


Réalisation : Renny Rye

Scénario : David Renwick

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, La tragédie de Marsdon Manor

Distribution

Ian McCulloch : Jonathan Maltravers

Geraldine Alexander : Susan Maltravers

Alistair Duncan : Capitaine Black

Anita Carey : Miss Rawlinson 

Desmond Barrit : Samuel Naughton

Ralph Watson : Danvers

Edward Jewesbury : Dr Bernard

Résumé

Hercule Poirot et Arthur Hastings se trouvent dans les environs de Marsdon Manor quand Jonathan Maltravers est retrouvé mort dans le parc de sa propriété. Il semble être décédé des suites d’une opération chirurgicale rendue nécessaire par un ulcère, mais Poirot suspecte très vite un meurtre. Sa femme Susan est depuis quelques temps terrifiée par un fantôme qui hanterait un cèdre. De plus, le retour du Capitaine Black, très amoureux de Mme. Maltravers, donne à Poirot, Hastings et Japp du fil à retordre.

Critique

Tragédie à Marsdon Manor est une énigme originale et passionnante brillamment mise en scène. Son principal défaut serait à la limite d’être prévisible et que le spectateur ne croit pas une seule seconde à la responsabilité des puissances maléfiques dans le meurtre de Jonathan Maltravers. Mais ceci n’est pas important, car quel que soit l’individu à l’origine de ces visions terrifiantes ou que ces visions ne soit que pure invention, il n’en demeure pas moins que l’atmosphère qui pèse sur les lieux du crime est inquiétante et que les troubles psychologiques de Mme. Maltravers peuvent parfois être déroutants.

Toutefois,  l’on essaie de nous effrayer par une musique tout droit sortie des enfers tout en insistant lourdement sur la figure fantomatique présente dans le cèdre, ce qui à répétition, ne fait plus aucun effet. La supercherie dévoilée, le meurtre n’est plus un simple crime mais une opportune, sadique et prodigieuse façon de se débarrasser de l’indésirable, savamment étudiée et mise en application par un talentueux coupable.  

L'avis d'Estuaire44: Manoir hanté, musée de cire, statuette démoniaque, peinture biscornue... Poirot s'aventure ici aux confins du Fantastique, genre avec lequel Agatha a souvent flirté avec succès (comme l’illustre le somptueux recueil de nouvelles qu’est Le Flambeau). Cela apporte un authentique cachet à l'épisode. La réalisation soutient efficacement cette innovation, avec de nombreux ressorts classiques mais éprouvés. Il en va pareillement de la troublante prestation de Géraldine Alexander, excellent comédienne de théâtre, membre de la direction de la RADA et ici parfaitement à son affaire. 

Mais l'opus sait aller au-delà de cette spécificité, en développant un passionnant puzzle, aux indices ludiques savamment insérés de manière espacée. Il s'agit sans doute de la plus complexe depuis le lancement de la série. Il devient préférable de revoir l'épisode pour décrypter la situation, en préalable à la révélation de la solution par Poirot. Le spectateur se régalera également d'une nouvelle grande demeure anglaise, à la verrière particulièrement somptueuse. Quelques perles d'humour viennent encore enrichir cet opus particulièrement savoureux, notamment autour de l'inépuisable fatuité de Poirot et du sympathique aubergiste. On s'amuse à reconnaître Alastair Duncan (Capitaine Black), le chef du commando du Conseil traquant Faith dans Buffy & Angel.

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7. UN INDICE DE TROP
(THE DOUBLE CLUE)


Réalisation: Andrew Piddington

Scénario: Anthony Horowitz

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Le double indice

Distribution

Kika Markham : Comtesse Vera Rossakoff

David Lyon : Marcus Hardman

David Bamber : Bernard Parker

Charmian May : Lady Runcorn

Nicholas Selby : Mr Johnstone

Michael Packer : Redfern 

William Chubb : Blake

Résumé

L’inspecteur Japp est embêté : il risque de se faire virer de Scotland Yard s’il ne parvient pas à mettre la main sur un cambrioleur récidiviste.  Un soir, Marcus Hardman donne une grande réception dans sa propriété, l’occasion rêvée pour dérober des objets de valeur. Hercule Poirot intervient, mais tombe sous le charme d’une comtesse russe, Vera Rossakoff, avec qui il passe ses journées. Hastings et Miss Lemon prennent la relève.

Critique

Un très grand épisode, à la fois passionnant, prenant, mais aussi extrêmement drôle. Poirot s’éprend platoniquement d’une charmante comtesse russe, exilée comme lui de sa mère patrie. Envoutée par son allure et son élégance, il passe le plus clair de son temps en sa compagnie, acceptant de l’accompagner au musée et l’invitant à déjeuner. Ce qui a le don d’exaspérer le capitaine Hastings et Miss. Lemon, inquiets pour leur avenir si Poirot venait à se marier.

En attendant, pour remplacer le détective qui n’est pas « le seul détective privé de Londres », les deux acolytes vont d’entretiens foireux en entretiens foireux puisqu’Hastings s’y prend comme un manche : « J’allais satisfaire des besoins naturels, ça vous va ? – Y’aurait-il des témoins pour confirmer la scène ? », pendant que Japp se ronge les sangs face à un cambrioleur insaisissable. D'ailleurs, toute cette mise en scène ne décontenance en aucun cas le spectateur, qui voit en cette accumulation d'indices et de fausses pistes une grosse farce destinée à déstabiliser les enquêteurs, ce que ne semble pas comprendre Hastings. Mais la stratégie de Poirot est à la fois intelligente et douteuse. En laissant partir le coupable, il commet une faute qu’il sera amené à regretter quelques années plus tard…  

L'avis d'Estuaire44: Un titre très Avengers pour cette intrigue se réduisant en elle même à peu de choses (un simple vol de bijoux, l'identité du coupable évidente dès le début), mais dont le traitement séduit. On songe un peu à Irène Adler, avec cette romance de Poirot portée par deux excellents comédiens. Si son personnage d’aristocrate russe relève du cliché, Kika Markham manifeste une merveilleuse présence. 

On apprécie une nouvelle fois l'expressivité de Suchet, sur une gamme peu usuelle pour son personnage. Mais la grande idée de l'opus réside dans la mise en avant des si attachants seconds rôles de la série, avec Japp davantage sur le grill qu'à l'ordinaire et surtout Hastings et Miss Lemon s'improvisant détectives afin de sauver la mise à ce dernier. 

Le récit joue ainsi avec succès l'alternance de deux registres, le romantique et l'humoristique, parvenant presque à faire oublier le manque quasi total d'action (hormis l'heure de gloire du valeureux Hastings sous le feu ennemi). La conclusion se montre particulièrement brillante, avec un Poirot plus Deus ex machina que jamais. Il est toujours plaisant de voir une série jouer brillamment de ses propres codes, mais la foi portée au Belge par ses compagnons fait légèrement froid dans le dos !

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8. LE MYSTÈRE DU BAHUT ESPAGNOL
(THE MYSTERY OF THE SPANISH CHEST)


Réalisation: Andrew Grieve

Scénario: Anthony Horowitz

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

John McEnery : Colonel Curtiss

Caroline Langrishe : Marguerite Clayton

Pip Torrens : Major Rich

Malcolm Sinclair : Edward Clayton

Antonia Pemberton : Lady Chatterton

Peter Copley : Burgoyne (le majordome de Rich)

Résumé

Lors d’une représentation à l’opéra, Hercule Poirot et le capitaine Hastings rencontrent Lady Chatterton qui leur confie son inquiétude au sujet de son amie la très séduisante Marguerite Clayton, dont le mari, d’ordinaire violent, a depuis quelque temps un comportement étrange et distant. Elle craint le pire mais au lendemain d’une soirée donnée par le Major Rich, proche ami de Madame Clayton, à laquelle était conviée Poirot, Edward Clayton est retrouvé mort, l’œil crevé, dans le bahut espagnol de l’appartement où ont eu lieu les festivités.

Critique

On ne s’arrête pas en si bon chemin et l’on enchaîne avec un autre épisode épatant. Epatant, mais pas pour autant imprévisible car il suffit d’utiliser ses yeux et son instinct pour repérer le coupable. Quoique… D’ordinaire, utiliser son flair ne suffit pas, car n’est pas forcément criminel celui qui en a l’air ou celui qui a la tête de l’emploi. Mais dans ce cas précis, je dois dire qu’il n’est pas nécessaire d’aller bien loin dans la réflexion pour découvrir l’auteur de ce meurtre abominable. De ce fait, l’épisode se laisse très agréablement savourer.

La scène d’ouverture est tournée de manière originale, mettant en scène un duel entre les deux prétendants de Marguerite Clayton, puis est suivie de la scène de la représentation à l’opéra. Hercule Poirot improvise sous nos yeux ébahis quelques pas de charleston pendant qu’Hastings lui donne des leçons de modestie. Le détective se permet d’organiser la mise en scène de l’arrestation d’un faux coupable afin de faire réagir le véritable criminel mais cette formule a ma foi déjà été utilisée par le passé. Malgré cet infime détail et à l’évidence de la solution, l’épisode est fortement appréciable grâce à la qualité toujours excellente de la mise en scène, appréciez en particulier les mouvements de caméra et les deux scènes de duel, et du charisme des acteurs. 

L'avis d'Estuaire44: Le récit souffre d'un temps d'exposition beaucoup trop long, s'étendant sur près de la moitié de l'épisode. Cette période ne passionne guère, d'autant que les interventions de Poirot et Hastings s'y avèrent assez minimalistes, en dehors de l'ouverture sur Rigoletto et quelques plaisantes mini scènes de ménage. Surtout cette longue introduction accumule bien trop éléments explicatifs, tant matériels que psychologiques, rendant la solution du mystère particulièrement évidente. 

De fait l'intrigue sacrifie la complexité ludique à un sensationnalisme macabre et mélodramatique, volontiers emprunté à la Edgar Poe, mais dépourvu de son aura particulière. Soit une imitation facile, à laquelle recoure souvent Conan Doyle (Le ruban moucheté) et dont fort heureusement Agatha Christie se distingue le plus souvent. L'ultime confrontation en rajoute encore dans ce domaine. Comme souvent demeure néanmoins une reconstitution historique de qualité, avec l'originalité des tenues d'escrime de l'époque, ainsi qu'une interprétation très convaincante.

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9. CHRISTMAS PUDDING
(THE THEFT OF THE ROYAL RUBY)


Réalisation : Andrew Grieve

Scénario : Anthony Horowitz et Clive Exton

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Frederick Treves : Colonel Lacey

Stephanie Cole : Mrs Lacey

David Howey : Jesmond

Tariq Alibai : Prince Farouk

Helena Michell : Sarah Lacey

John Vernon : David Welwyn

Nigel Le Vaillant : Desmond Lee-Wortley

Robyn Moore : Gloria Lee-Wortley

John Dunbar : Peverill, le majordome

Alessia Gwyther : Bridget

Jonathan R. Scott : Colin

Edward Holmes : Michael

Siobhan Garahy : Annie Bates, la domestique

Susan Field : Mrs Ross, la cuisinière

Résumé

Le Prince Farouk d’Egypte se fait dérober son rubis au cours d’un diner à Londres. Alors que Poirot comptait passer Noel tranquillement chez lui, il est appelé par le gouvernement britannique : pour préserver les intérêts de la Nation, il doit retrouver le précieux objet et ramener le voleur. Il s’invite donc chez le Colonel Lacey, égyptologue, qui est sur le point de vendre une partie de sa collection.

Critique

Cet épisode est assez léger et conventionnel puisqu’il n’y a aucune originalité dans l’intrigue. Le récit du vol suit un schéma tout à fait traditionnel, pour ne pas dire ennuyeux. L’enquête démarre tardivement. Les coupables sont vite identifiés, nous sont connus depuis le début, sans compter que la discrétion n’est pas véritablement leur fort, comme le prouve la scène de la messe. L’appât improvisé par Poirot est astucieux mais il est dommage qu'il soit aussi évident, car une telle mise en scène aurait pu conduire à des bouleversements spectaculaires, ce qui est très loin d'être le cas.

Force est de constater que les « à-côtés » demeurent amusants et distrayants : le dîner de Noël, les charades, la visite de Poirot chez le chocolatier... Bref, tout cela n’est pas très glorieux, et si le dénouement est loin d’être impressionnant et que le personnage du Prince Farouk est particulièrement détestable, Christmas Pudding est un épisode correct mais sans grand intérêt, une parenthèse au milieu de cette glorieuse troisième saison. Rectification : une parenthèse, vraiment ? 

L'avis d'Estuaire44: Christmas Pudding offre un merveilleux conte de Noël à la série. L'intrigue nous présente en effet nombre des charmantes traditions anglaises existant autour de l’événement, à commencer par cet ingénieux gâteau surprise dont nous avouerons volontiers qu'il nous a fait saliver à travers l'écran. La famille Lacey se montre d'une chaleur et d'un attachement particulièrement communicatifs, apportant une bonne humeur indéniable tout au long du récit. On se réjouit que rien de grave n'arrive vraiment, même si, bien entendu, le scénario s'amuse à nous inquiéter sur ce point. 

Le mélange d'Art Déco, de tradition anglaise et d’Égyptologie conduit à un environnement original et fantaisiste, admirablement propice à cet épisode festif. L'intrigue sait alterner rebondissements et mystères, demeurant entraînante de bout en bout, la prédictibilité et le manque de crédibilité ne posant guère problème dans le cadre d'un opus spécial de Noël. Un humour supplémentaire se voit encore ajouté par le désopilant portrait du jeune et imbuvable Farouk, qui finira effectivement par être déposé en 1952. L'absence de ses complices habituels permet en outre de centrer le récit sur Poirot, jusqu'à en donner un irrésistible portrait. Entre malice, vitalité, sybaritisme enjoué, côté fleur bleue assumé, fatuité désarmante et allergie cocasse à toute péripétie de héros d'aventures, notre justicier apparaît ici particulièrement irrésistible.

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10. LE BAL DE LA VICTOIRE
(THE AFFAIR AT THE VICTORY BALL)


Réalisation : Renny Rye

Scénario : Andrew Marshall

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, L’Affaire du bal de la Victoire

Distribution

Mark Crowdy : Vicomte Cronshaw

David Henry : Eustace Beltaine

Haydn Gwynne : Coco Courtney

Nathaniel Parker : Chris Davidson

Natalie Slater : Mrs Davidson

Kate Harper : Mrs Mallaby

Andrew Burt : James Ackerley

Résumé

Poirot et Hastings sont conviés au Bal de la Victoire. Ils y croisent une bande d’amis dont fait partie le jeune et riche vicomte Cronshaw et sa fiancée, l’actrice Coco Courtney. Tous deux trouvent la mort dans la même soirée, l’un poignardé et l’autre victime d’une overdose de cocaïne. Poirot doit sauver sa réputation en résolvant cette sombre affaire.

Critique

La grande faiblesse de cet épisode est l’absence de compassion totale envers les personnages. Ceux-ci sont dénués de sympathie, ce qui a pour résultat de créer un sentiment d’indifférence. Or, pour qu’une intrigue puisse attirer notre attention, il faut que les protagonistes de l’histoire éveillent notre affect et nos émotions. Il n’en n’est rien. Ce qui est dommage, c’est de rater l’exploitation de tout ce qui touche monde fascinant du spectacle et du paraître. Les costumes font figure de boucliers et de traîtres.

Cet échec s’est déjà produit deux saisons auparavant quand Poirot et Hastings enquêtaient dans des décors de cinéma. Mais encore une fois, l’humour est maître de cérémonie et c’est-à-lui que revient le privilège d’égayer ces cinquante minutes d’investigation. L’exposition finale d’Hercule Poirot a le grand avantage de sortir de l’ordinaire puisqu’il accepte d’enregistrer la fin de son enquête dans les studios de la BBC.  

L'avis d'Estuaire44: L’épisode conviendra sans doute davantage au public anglais, bien plus féru et amateur de pantomime que le français. En effet, en dehors de son aspect culturel, l'apport des Colombine et autres Arlequins conduit essentiellement à étirer démesurément le temps d'exposition, afin de présenter costumes et personnages traditionnels, ainsi qu'à ajouter un surplus de mélodrame au final de l'histoire. 

On consacre davantage de temps à mettre en place les figures de la Commedia dell'arte qu’aux protagonistes de l'affaire du jour, un choix contre-productif. Empesée de la sorte l'intrigue n'a guère matière à se développer, au-delà d'une machination assez minimaliste. Outre l'humour naturel de Poirot, homme célèbre par définition, on appréciera l'aspect Radio Days du récit, avec cette description réussie de cette autre passion britannique que sont les dramatiques radio de la BBC. Peut-être aurait-il fallu plutôt centrer les débats sur cet univers. 

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11. LE MYSTÈRE DE HUNTER'S LODGE 
(THE MYSTERY OF HUNTER'S LODGE)


Réalisation : Renny Rye

Scénario : T.R. Bowen

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Diana Kent : Zoe Havering

Jim Norton : Roger Havering

Shaughan Seymour : Archie Havering

Roy Boyd : Jack Stoddard

Bernard Horsfall : Harrington Pace

Christopher Scoular : le sergent Forgan

Raymond Trickitt : l'agent de police Cooke

Arthur Whybrow : Mr Anstruther, l’employé des chemins de fer

Denyse Alexander : Mrs Middleton

Victoria Alcock : Ellie

Clare Travers-Deacon : Joan 

Résumé

Hastings est invité à une partie de chasse chez Harrington Pace. Hercule Poirot l’accompagne mais tombe malade et reste cloué au lit. C’est alors que Mr. Pace est retrouvé mort dans son bureau, une balle en plein cœur. Fort peu apprécié de sa famille, chacun a une bonne raison d’avoir voulu sa mort. L’inspecteur Japp se joint à ses compagnons pour mener l’enquête

Critique

La saison 3 s’achève sur des notes tristement basses, alors qu’elle n’avait cessé de nous étonner, et ce depuis le début. L’épisode se révèle extrêmement fade, mais il faut reconnaître que cela est dû en grande partie à l’atmosphère dans laquelle il se déroule. Les personnages, la plupart étant de désagréables parasites, évoluent dans une campagne enveloppée dans le creux de l’hiver ainsi que dans une demeure trop peu chaleureuse pour l’occasion. On en vient à regretter à juste titre l’ambiance familiale et accueillante de Christmas Pudding. Trop de scènes prennent l’apparence d’un huis clos, renforçant ce sentiment d’étouffement et de lourdeur. La solution de l’énigme paraît claire à Poirot depuis le début, mais le personnage manque de présence.

Comme dit précédemment, les principaux protagonistes, à l’exception de Zoe Havering, sont tout simplement insupportables et manquent cruellement d’originalité : nous retrouvons ici le prototype même de l’accusé niant inlassablement son crime jusqu’à en être ridicule afin de faire passer Hercule Poirot pour un affabulateur. D’autre part, l’hypothèse du déguisement n’est que trop évidente. Le recours au chien, le « Poirot canin », est une consolation bien maigre. L’humour, quant à lui, a préféré se faire la malle. 

L'avis d'Estuaire44: The Mystery of Hunter's Lodge séduit d'emblée par la complexité accentuée de son intrigue, l'une des plus machiavéliques découvertes jusqu'ici. Sa richesse et le dévoilement progressif des indices permettent de passer partiellement outre l'habituelle difficulté d'un maquillage aisément réparable, puisqu’il ne révèle en définitive qu'une partie limitée du pot aux roses. A l'inverse le récit souffre même d'un léger trop plein, le format court de l'opus obligeant à une présentation très rapide des nombreux protagonistes. 

On appréciera également une interprétation de grande qualité, de superbes panoramas hivernaux parfaitement mis en valeur par la photographie, ainsi qu'une prestation particulièrement savoureuse de Poirot et de ses deux acolytes. Le récital du Belge se délectant de toujours conserver une substantielle avancée sur ses rivaux et amis, même cloué au lit, s'avère délectable. Un épisode de haute volée, en conclusion d'une saison 3 voyant Agatha Christie's Poirot connaître une audience toujours grandissante, achever de s’installer et gagner encore en qualité, avant d'aborder de nouveaux rivages, en passant au formant long.

 

Images capturées par Estuaire44.

 

L'Entraide

 saison 4 saison 6

Hercule Poirot

Saison 5

 
 

1. LA MALÉDICTION DU TOMBEAU ÉGYPTIEN
(THE ADVENTURE OF THE EGYPTIAN TOMB)

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En Egypte, les membres d’une expédition ayant mis à jour une tombe royale décèdent les uns après les autres. Bien qu’il s’agisse apparemment de morts naturelles ou de suicides, la rumeur d’une malédiction se met à courir. La mère d’un jeune homme appartenant aux victimes potentielles demande à Hercule Poirot de faire  le jour sur cette mystérieuse affaire. Accompagné de son fidèle Hastings, le détective belge se rend sur les lieux.

A l’occasion de cette saison 5, la série en revient au format de 50 minutes, ce qui peut s’assimiler à un  certain retour en arrière, alors que les téléfilms de la période précédente s’étaient avérés convaincants. Ce sentiment se ressent avec d’autant plus de force que ce premier opus ne convainc que partiellement. Publiée en 1923, La nouvelle d’Agatha présentait l’intérêt de se situer dans l’actualité de la fameuse affaire de la malédiction du tombeau de Toutankhamon (1922) et la mise en scène sait jouer sur cet aspect, avec un environnement égyptien troublant à souhait. Le Faux Dieu apparaissant fugacement dans la nuit n’est autre qu’Anubis, ce qui parlera aux amateurs de Stargate ! La Porte des Etoiles sera d’ailleurs découverte non loin de là, en 1928.

Mais le récit s’éteint par la suite, toute la première moitié de l’épisode étant consacrée à une succession de meurtres vite répétitive. Faute de moyens, la réalisation ne peut développer grand-chose et cette histoire égyptienne aurait sans doute gagné à être tournée à l’époque des grands téléfilms tel Appointment with Death. Le séjour d’Hastings à New York parait de même totalement artificiel, avec d’ailleurs des inserts déjà employés dans The Million Dollar Bond Robbery. La tardive entrée en scène de Poirot apporte enfin du sang neuf mais l’assassin est facile à découvrir, ne serait-ce que pour des raisons d’opportunité. Concernant son mobile, des informations clé sont révélées trop tardivement. Le duo formé avec Hastings produit toujours des étincelles, mais l’on regrette le traitement réservé à Miss Lemon. Alors que l’on enregistre enfin son retour, elle se voit affublée d’une image de vieille fille à chats et de superstitieuse crédule, ce qui n’est guère heureux. 

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2. L'AFFAIRE DE L'INVENTION VOLÉE
(THE UNDERDOG)

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Poirot parvient à se faire inviter chez Reuben Astwell, riche et puissant industriel. En effet ce dernier possède une superbe collection de statuettes belges que Poirot, grand admirateur, souhaite contempler. Mais son hôte se révèle être un homme en tous points détestable et un tyran pour ses proches. Aussi les suspects ne manquent-ils pas quand il est assassiné peu de temps après, chez sa famille, comme chez ses collaborateurs. Poirot va tâcher de déterminer lequel d’entre eux est passé  à l’acte.

L’épisode souffre d’une intrigue adaptant maladroitement celle d’Agatha Christie. Ce défilé ininterrompu transformant le bureau de la victime en salle des pas perdus avoisine l’auto-parodie. Il demeure dommageable que le mobile de l’assassin  ne soit présenté par le récit qu’après la révélation de son identité, le spectateur n’ayant pas toutes les cartes en main pour participer à la partie. Le recours à l’hypnose pour approfondir le témoignage d’un témoin capital apparaît hors sujet, voire comme quasiment un faux-fuyant (on se croirait dans les X-Files). Les fausses pistes se montrent trop  évidentes pour ne pas susciter la défiance. Au moins l’opus a-t-il la bonne idée de confier le rôle d’hypnotiseur à Miss Lemon, au lieu du professionnel de la nouvelle d’Agatha, un effet particulièrement amusant.

Fort heureusement les qualités traditionnelles de la série perdurent également au-delà de ce scénario décevant. L’interprétation se montre ainsi d’une grande qualité, tandis que les localisations du tournage (résidence et usine) relèvent de l’Art Déco le plus esthétique et lumineux que l’on puisse imaginer. Le reste de la reconstitution historique brille de son élégance coutumière. Le trio vedette instille davantage d’humour que lors du précédent The Adventure of the Egyptian Tomb (notamment lors de l’épatant tag de fin). On aurait tout de même espéré un opus plus marquant au moment où la série achève sa première moitié (35ème épisode sur 70).

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3. L'IRIS JAUNE
(THE YELLOW IRIS)

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Poirot a jadis connu un échec. Se rendant dans le ranch argentin de son ami Hastings,  il séjourne  à Buenos Aires quans il assiste à la mort soudaine de la jeune Iris Russel, dans un restaurant.  La police conclua à un suicide par poison, et ne permit pas à un Poirot dubitatif de mener à bien son quête. Deux ans plus tard, le veuf éploré d’Iris réunit à Londres les personnes assistant au dîner fatal, pour commémorer le drame. Poirot va saisir l’opportunité de résoudre pour de bon cette énigme.

On pourra certes objecter le côté artificiel de la situation posée par le récit, mais les enquêtes du Belge se déroulent souvent  plus ou moins au sein d’un cadre particulier, tel  est le prix à payer pour leur aspect si ludique. L’étrangeté de ce double dîner apporte par contre une originalité supplémentaire à l’énigme du jour, tout en doublant des indices d’un niveau de difficulté plus aisé qu’à l’accoutumée, tant du point du vue du modus operandi que du mobile. La réalisation apparaît toujours aussi soignée, avec notamment une photographie particulièrement raffinée lors des scènes semi-obscures.

L’épisode a aussi l’excellente idée de profiter d’une action somme toute assez figée pour creuser ses personnages secondaires, réalisant une belle galerie de portraits, de l’industriel marron et anxieux au jeune couple aux excellentes scènes de dépit amoureux. Suchet demeure bien entendu au centre des débats, aussi impérial dans le drame que dans la comédie et évidement lors d’un enthousiasmant final, théâtral à souhait. L’adaptation développe sans doute un peu trop le contexte historique argentin sans que cela soit réellement utile, mais cela nous vaut une agréable ambiance musicale et une incandescente diva argentine, l’un des grands souvenirs de cette saison

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4. L'AFFAIRE DU TESTAMENT DISPARU
(THE CASE OF THE MISSING WILL)

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Voici plusieurs années, le très riche Andrew Marsh décide publiquement de léguer sa fortune à des œuvres de bienfaisance et à quelques parents. Il dédaigne sa pupille Violet, estimant qu’une femme doit être entretenue par son mari. Sentant venir la fin de ses jours, il confie à son ami Hercule Poirot vouloir réécrire son testament, se repentant de son mépris pour Violet. Mais il décède subitement, apparemment de causes naturelles, avant d’avoir pu agir. Poirot ne va pas s’en laisser conter.

L’intrigue diffère singulièrement de l’originale, mais l’épisode n’en perd pas en intérêt pour autant. On retrouve certes le jeu coutumier de « à qui profite le crime ? » autour du testament rituel, mais agréablement complexifié. La personnalité de la victime se montre également plus subtile et attachante qu’à l’accoutumée, évitant la double poncif du simple prétexte ou du tyran imbuvable. Son amitié de longue date avec Poirot apporte également une intensité particulière au déroulement de la partie en cours, ainsi que plusieurs scènes marquantes (notamment chez l’avoué).

L’opus s’adorne également d’éléments culturels enrichissant le récit : les rites de cet univers éminemment particulier qu’est le Cambridge des 30’s, mais aussi les luttes féministes de l’entre-deux guerres. Les situations discriminantes présentées apparaissent caricaturales mais leur époque n’est pas si éloignée. Cet aspect rejoint le féminisme discret mais  incisif d’Agatha Christie, bien entendu plus présent chez Miss Marple et Tuppence que chez le Belge. Le retour de l’Inspecteur Japp, et de son inépuisable rivalité amicale avec Poirot, parachève le succès de l’épisode, d’autant que Philip Jackson a conservé tout sa malice. 

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5. UN DÎNER PEU ORDINAIRE
(THE ADVENTURE OF THE ITALIAN NOBLEMAN)

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Via l’achat d’une voiture de luxe par Hastings, Poirot est amené à s’intéresser zu Comte Foscatiniti, noble italien installé à Londres. Celui-ci, qui serait en délicatesse avec l’Italie fasciste, est retrouvé assassiné. Or il s’avère que le valet du défunt est devenu très proche de Miss Lemon ! De son côté Hastings est fasciné par la beauté latine de la brune Margharita, vendeuse de voitures. Poirot va s’attacher à découvrir la vérité cachée de cette affaire embrouillée.

Tout en conservant le Whodunit emblématique d’Agatha Christie (certes simplifié), l’épisode met en place une véritable intrigue de roman noir : multiplicité des intervenants, milieu interlope, intrigue tortueuse, MacGuffin de rigueur (voire deux, l’argent et les lettres), etc. Cette originalité apporte une touche savoureuse au récit, même si ce dernier se montre parfois trop ambitieux, le format court obligeant à en laisser certains aspects dans le flou (pourquoi l’employé d’ambassade prend-il le risque de dénoncer son supérieur à Poirot ?). La dimension italienne, avec ses personnages relevant du cliché mais sans lourdeur, représente un atout supplémentaire.

La malicieuse Margharita tire particulièrement son jeu (sublime Anna Mazzotti). Toutes ses scènes avec un Hastings totalement dépassé représentent autant de moments de pure comédie. Notre valeureux Capitaine connaît tout toutefois enfin son heure de gloire lors de la course poursuite, jusqu’ici la plus nerveuse de la série. Les autres complices du Belge se voient également gâtés, avec une Miss Lemon (Felicity) peu abattue par la déception amoureuse et récupérant un chat après le drame de début de saison et un Inspecteur Japp à la présence considérablement accrue vis-à-vis de la de la nouvelle initiale, où il était simplement évoqué. 

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6. LA BOÎTE DE CHOCOLATS
(THE CHOCOLATE BOX)

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Poirot accompagne l’inspecteur Japp à Bruxelles, où celui-ci doit recevoir une importante distinction policière. Faisant visiter Bruxelles à son ami, Poirot lui narre l’une de ses premières enquêtes de policier, voyant un important homme politique être assassiné via une boite de chocolats belges empoisonnés. Japp va découvrir que Poirot y a fait la connaissance de la belle Virginie, un souvenir particulièrement cher à son cœur.

Cet épisode particulièrement riche brille de multiples qualités. Il s'avère visuellement magnifique, tant du point des costumes que des superbes images de Belgique, avec un excellent choix de localisation (gare d'Anvers, Grande Place et Palais de Justice de Bruxelles, etc.). Le soin accordé au travail de production reste l'une des forces de cette série. Entre renversements de situation et profils psychologiques aiguisés, l’enquête du jeune Poirot, impressionnant dans son uniforme, se montre absolument prenante et ludique. On apprécie également que l'inspecteur Japp ne se limite pas au seul rôle de confident et qu'il apporte une vraie saveur au récit, tandis que son épouse prend toujours davantage des allures de Mme Columbo ! Mais l'attrait majeur de l'opus réside bien entendu dans son précieux éclairage de Poirot, à la fois biographique (la fameuse boutonnière) et psychologique. Jusqu'ici essentiellement dédiée à l'humour et à l'observation caustique des travers britanniques, c'est toute sa dimension belge qui va prendre chair.

Plus jeune (félicitations aux maquilleurs et accessoiristes), vêtu tout comme le Commissaire Valentin, c'est un Poirot encore en devenir que nous découvrons, plus direct et ouvert  avec ses compatriotes qu'il ne le deviendra avec les Anglais. Suchet sait parfaitement exprimer cette dualité, au long de flashbacks parfaitement cadencés et portés par une musique convenant idéalement à cette histoire profondément mélancolique sous son humour apparent. Les ombres du passé s'incarnent en Virginie, à qui Anna Chancellor apporte toute sa beauté authentiquement aristocratique (et qui incarnera évidement Irène Adler par la suite). Le duo, irrésistiblement complice, restitue avec talent cette merveilleuse rencontre, à l'émotion si éloignée du quotidien du Poirot actuel. Cet immense comédien qu'est Suchet se montre bouleversant lors d'une chute surprenante, qui répond avec cruauté à une interrogation informulée mais omniprésente tout au long du récit. Assurément l'un des tous meilleurs de la série, l’opus nous révèle sans doute l'une des causes principales de l'exil anglais prolongé d’« Hercule ».

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7. LE MIROIR DU MORT
(DEAD MAN'S MIRROR)

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Poirot souhaite acheter aux enchères un superbe miroir, mais se voit devancé par l’intrigant affairiste Gervais Chevenix. Celui-ci propose au Belge un étonnant marché : il lui remettra le miroir si Poirot parvient à démontrer que l’un de ses associés en affaires l’escroque. Poirot se rend chez Chevenix et y découvre une famille déchirée, à l’atmosphère oppressante. Soudain Chevenix est assassiné.

Après le marquant et très original The Chocolate Box, on en revient ici à une intrigue totalement classique. Après l’amusante scène des enchères, les évènements se déroulent sans surprise aucune. Les personnages secondaires s’avèrent trop passe-partout pour vraiment dynamiser le récit, le seul réellement intéressant étant la victime ! On peut regretter que dans une série aussi reliée à l’Art Déco, la dimension artistique de l'opus n’ait pas été davantage développée.

La mise en scène demeure atone et souffre de quelques maladresses, comme cette musique omniprésente voulant évoquer le mystère et ressemblant en fait à une sirène de pompiers. Le manque de relief de l’ensemble permet toutefois par contraste de distinguer la scène de l’incendie. Le mystère de la chambre close tombe trop vite et l’identité de l’assassin se devine aisément, même si le modus operandi se montre astucieux.

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8. VOL DE BIJOUX À L'HÔTEL MÉTROPOLE
(THE JEWEL ROBBERY AT THE GRAND METROPOLITAN)

herculepoirot 5 8


Fatigué, Poirot est envoyé par son médecin respirer le bon air marin de Brighton et prendre du repos. La première d’une importante pièce de théâtre va y être donnée et Poirot n’apprécie guère que sa présence soit détournée publicitairement par le producteur. Ce dernier présente également une somptueuse parure portée par l’actrice principale. Or le bijou disparaît soudainement. Les soupçons pèsent sur une jeune domestique, mais Poirot en a plus qu’assez de ses vacances.

Pour son ultime opus de format cout, la série opte clairement pour la comédie. Le sujet du jour résulte plus léger qu’à l’ordinaire et son traitement amuse volontiers, entre un producteur pittoresque (et son épouse ayant autrement plus les pieds sur terre) et un Poirot fulminant en permanence. Son moindre enjeu n’empêche pas de constituer un intéressant problème, à la solution d’une redoutable simplicité. Tout ceci apparaît quelque peu théâtral mais correspond bien, en définitive, à l’univers décrit

Comme toujours l’interprétation se montre de qualité, avec notamment une Hermione Norris particulièrement convaincante dans le rôle de la sympathique Clarisse. On apprécie que ce final de saison voie les  quatre figures de la bande à Poirot participer pleinement à l’action, ce qui ne survient pas si souvent. L’épisode s’enrichit également des belles vues de Brighton (Art déco et environnement marin), ainsi que de plusieurs références à Oscar Wilde (De l’importance d’être Constant, Salomé…). L’ultime scène permet à cette saison assez inégale de s’achever sur un pur moment d’humour insolite.

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Images capturées par Estuaire44.

 

L'Entraide