Saison 1 1. La Cuisine mystérieuse de Clapham (The Adventure of the Clapham Cook) 2. Meurtre par procuration (Murder in the Mews) 3. L'Aventure de Johnnie Waverly (The Adventure of Johnnie Waverly) 4. La Mort avait les dents blanches (Four and Twenty Blackbirds) 6. Énigme à Rhodes (Triangle at Rhodes) 7. Mystère en mer (Problem at Sea) 8. Vol au château (Incredible Theft) 9. Le Roi de trèfle (The King of Clubs)1. LA CUISINE MYSTÉRIEUSE DE CLAPHAM
Distribution Brigit Forsyth : Mrs Ernestine Todd Dermot Crowley : Arthur Simpson (le locataire) Freda Dowie : Eliza Dunn (la cuisinière) Antony Carrick : Mr Todd Katy Murphy : Annie (la femme de chambre) Daniel Webb : l'employé des chemins de fer Résumé La cuisinière de Mrs. Todd a disparu. Hercule Poirot accepte d'enquêter malgré la banalité de l'enquête. Avec l'aide d'Hastings et de l'inspecteur Japp, il essaie de rétablir le lien entre la cuisinière et un certain monsieur Simpson. Cette affaire le conduira au-delà de ces attentes. Critique Un début de série difficile et une réalisation décevante. L’intrigue vaut pourtant le détour mais il faut admettre que l’épisode tend à traîner en longueur. Le détective aurait mieux fait de ne pas s’intéresser à l’affaire qui lui était proposée, même s’il est vrai que l’argument avancé par Mrs. Todd est inestimable. Le début de l’épisode est prometteur, et on a espoir que l’affaire sera digne de Poirot. En vain. Le reste s’enchaîne au rythme des interrogations, concertations et réflexions. Dommage, à quinze minutes de la fin, toute l’histoire tombe à plat et l’enquête se termine de manière trop rapide, ce qui remet en cause l’intégralité de l’épisode, laissant le spectateur sur sa faim. Sans compter que les personnages tels Annie, la femme de chambre, Eliza Dunn, d’une naïveté improbable, et même le coupable, Arthur Simpson, sont inintéressants et peu dignes d’une enquête d’Hercule Poirot. L’épisode est néanmoins sauvé du néant par l’irremplaçable interprétation de David Suchet et l’ironie du détective dans certains dialogues assez remarquables. « - Joies du foyer : un mari se plonge la tête dans un four à gaz. - Non. - Un employé de banque de Belgravia et d’Outre-mer prend la poudre d’escampette avec une jolie petite fortune. - A combien se monte cette fortune ? - Quatre-vingt-dix mille livres. - Non. - Mais c’est une véritable rançon de roi ! - Si on s’en était servi pour rançonner un roi, ça commencerait à intéresser Poirot. - Une petite dactylo de vingt ans disparaît… - Non non non non non non non… - Mais vous n’avez que l’embarras du choix ! Un mystérieux suicide, une dactylo perdue, un employé de banque en fuite ! - Il n’y a rien qui m’attire beaucoup dans tout ça mon ami. J’ai des affaires personnelles de la plus haute importance qui m’attendent. - Comme par exemple ? - Comme m’occuper de ma garde-robe Hastings !» L'avis d'Estuaire44: D'accord, je trouve aussi que l'employé de chemin de fer a un rôle trop déterminant dans la résolution de l'affaire. On est obligé de le rendre particulièrement observateur et astucieux afin de débloquer la situation, ce qui enlève un peu de mérite à Hercule. Ceci-dit la scène est amusante, notamment grâce à Hastings, qui sera souvent autrement plus savoureux que le Watson de Sherlock Holmes (à l'écran comme en littérature, idem pour Japp face à Lestrade). On retrouve en fait la faiblesse récurrente de la série : une mise en scène statique, ayant trop tendance à s'appuyer sur la qualité des comédiens et de la reconstitution d'époque (essentiellement un travail de production : voitures, costumes, superbes décors art déco...), mais aussi , bien entendu, sur l'astuce de l'intrigue. Là aussi, c'est souvent plus intéressant que les répétitives dissertations sur les échantillons de boue ou les fastidieuses classifications des tabacs, etc. 2. MEURTRE PAR PROCURATION
Réalisation : Edward Bennett Scénario : Clive Exton D’après la nouvelle d’Agatha Christie Feux d’artifices Distribution David Suchet : Hercule Poirot Hugh Fraser: Capitaine Arthur Hastings Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp Pauline Moran : Miss Felicity Lemon Juliette Mole : Jane Plenderleith David Yelland : Charles Laverton West James Faulkner : Major Eustace Résumé Le soir de la Guy Fawkes Night, une femme est retrouvée morte dans son appartement. Tout est parfaitement mis en scène pour que l'on puisse croire à un suicide. Seulement, un témoin va contraindre Poirot, Hastings et l'inspecteur Japp à enquêter sur un meurtre. Critique Deuxième épisode très intéressant et très réussi. L’enquête avance à un rythme très régulier et sans temps mort. Plusieurs fois, on aurait été tenté de croire à un meurtre mais la supercherie est si bien agencée que le rebondissement final nous laisse pantois. Jane Plenderleith, avec la complicité du fiancé de Barbara Allen, Charles Laverton West, personnage aussi prétencieux qu’il est détestable, aurait fait une coupable idéale. Néanmoins, ce serait trop classique. Coupable, elle ne l’est pas du meurtre de sa colocataire mais d’avoir voulu faire exécuter le major Eustace qu’elle détestait. Cette idée n’est pas courante et toute l’originalité de l’intrigue repose sur le fait que la victime n’est pas celle que l’on croit. Ce suicide déguisé en déroute plus d’un et c’est ce qui contribue à la force de l’épisode. Le passage du parcours de golf est délectable ! « Poirot, j’aimerais que vous cessiez de fouiller dans les poubelles !» L'avis d'Estuaire44: Effectivement un épisode très réussi, illustrant parfaitement la propension de la série à ne jamais hésiter à couper dans le corps du texte original, voire à modifier grandement celui-ci. Tout en retombant toujours sur ses pattes et en conservant intact le cœur de l'intrigue, soit la machination ourdie par un esprit brillant, sophistiqué et amoral. Juliette Mole, issue de la Royal Shakespeare Company, participe beaucoup à l'impact de l'épisode. Elle s'est depuis lancée dans une carrière d'artiste graphique. La mise en scène réussit quelques jolis coups, dont les extérieurs et les plans véritablement dérangeants du cadavre. Une vraie atmosphère, très anglaise. 3. L'AVENTURE DE JOHNNIE WAVERLY
Réalisation : Renny Rye Scénario : Clive Exton D’après la nouvelle d’Agatha Christie L’enlèvement de Johnnie Waverly Distribution David Suchet: Hercule Poirot Hugh Fraser: Capitaine Arthur Hastings Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp Pauline Moran : Miss Felicity Lemon Geoffrey Bateman : Marcus Waverly Julia Chambers : Ada Waverly Dominic Rougier : Johnnie Waverly Patrick Jordan : Tredwell (le majordome) Carol Frazer : Jessie Withers (la nounou) Sandra Freeman : Miss Collins (la gouvernante) Robert Putt : Rogers (le vagabond) Résumé Monsieur et madame Waverly reçoivent plusieurs lettres les menaçant l’enlever leur fils Johnnie s’ils ne versent pas la somme de cinquante mille livres. Affolés, ils font appel à Poirot mais l’inspecteur Japp ne veut pas être de la partie. Accompagné d’Hastings, le détective se rend dans la demeure des Waverly et surveille de près le garçon. Alors que Japp arrive finalement sur les lieux accompagné d’une douzaine de policiers, le kidnapping a bien lieu. Hercule Poirot soupçonne un membre de la famille d’être à l’origine de cette mise en scène. Critique Avec une telle intrigue, l’enquête ne peut qu’avoir du mal à démarrer. Le principe est que rien ne peut se passer avant la moitié de l’épisode. Il faut donc s’occuper autrement pendant les trente minutes précédant le kidnapping. Une fois mis en route, c’est nettement plus passionnant. Le reste se débrouille plutôt pas mal, de bons moments passés en compagnie de Poirot et d’Hastings, notamment la scène du tunnel, des pantoufles HP ou encore du petit déjeuner pas très anglais. Un détail laisse interdit. C’est avec consternation que l’on regarde une bande de policiers pourtant nombreux ne pas bouger un pouce à la vue d’une voiture emportant le petit Johnnie. Scène tout à fait improbable et extrêmement énervante. Car cela a beau être une fiction, il n’en reste pas moins qu’un minimum de présence d’esprit est requis. L'avis d'Estuaire44: Premier opus très Dowton Abbey de la série. On y trouve une vaste et superbe demeure objet du complot, une fine description de la relation entre le monde des maîtres et celui de serviteurs, avec ses ombres et ses lumières, le rejet de la nouvelle venue etc. J’ai aussi trouvé que l’exposition de l’affaire était un modèle d’efficacité et que Suchet était en grande forme, sur le registre de l’humour comme de celui de l’indignation. La scène du « système » de Miss Lemon est hilarante, de même que "l’aventure" dans les souterrains. Japp et Hastings sont également bien mis en valeur, cela fonctionne déjà parfaitement entre le protagoniste et ses compagnons. Le détail de Poirot envoyant une facture que l’on imagine vengeresse est aussi bien trouvé. 4. LA MORT AVAIT LES DENTS BLANCHES
Réalisation : Renny Rye Scénario : Russel Murray D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie. Distribution David Suchet : Hercule Poirot Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp Pauline Moran : Miss Felicity Lemon Richard Howard : George Lorrimer Charles Pemberton : Stooge Denys Hawthorne : Bonnington (le dentiste) Holly de Jong : Dulcie Lang (la modèle) Clifford de Rose : Peter Makinson (l'agent) Philip Locke : Cutter Hilary Mason : Mrs Hill (l'infirmière) Cheryl Hall : Molly (la serveuse) Marjie Lawrence : Irene Muller Su Elliott : Edith Résumé Poirot et son dentiste dînent au restaurant. Alors que le détective s’empresse de demander si les clients commandent habituellement les mêmes plats, Molly, la serveuse, lui raconte l’histoire du vieillard qui fréquente le restaurant deux fois par semaine depuis des années. Il s’appelle Henri Gascogne et est peintre. Mais elle s’étonne que ses habitudes aient soudainement changé. Il se trouve qu’il est retrouvé mort quelques temps plus tard en bas de ses escaliers. Fasciné par cette histoire, Poirot est convaincu qu’il ne s’agit pas d’un banal accident domestique mais bien d’un meurtre. Il découvrira par la suite que ce monsieur avait un frère et que celui-ci était décédé une semaine avant lui. Poirot et Hastings se tournent donc vers l’entourage d’Henri, notamment sa muse et son neveu. Critique Bien que très prévisible, La mort avait les dents blanches reste un épisode très facile à ingurgiter. Mais que dis-je, il est excellent ! Quoi de mieux qu’une sombre histoire d’héritage dans le monde fascinant de l’art, mettant en scène deux frères rivaux et un neveu cynique ? Il est très facile de deviner ce qu’il se cache derrière cette tragédie. Deux frères barbus, un neveu comédien, des tableaux qui valent une fortune, une analyse médico-légale prouvant que le vieillard du restaurant n’était pas Henri Gascogne, les liens ne sont pas très difficiles à établir entre tous ces éléments. Si la subtilité ne réside pas dans l’identification du coupable, elle réside cependant dans la preuve. Il est vrai que la résolution est un peu rapide, mais passons. Hercule Poirot nous présente sa face cachée de coquin détective… ! Le plan le montrant avec Hastings se plaçant du bon côté pour regarder Dulcie Lang poser nue devant une ribambelle de peintres est plutôt comique. « - J’ai rendez-vous, je dîne avec mon dentiste. - Votre dentiste ? C’est positivement morbide ! Vous l’évitez comme la peste d’habitude… - Pas du tout. Dans le civil il est tout à fait charmant ! » L'avis d'Estuaire44: J’aime beaucoup Four and Twenty Blackbirds, malgré, il est vrai, une résolution de l’énigme péchant par un mobile et un modus operandi trop évidents, ainsi qu’une théâtralisation inutile de la conclusion. Mais on revoit toujours l’opus avec un vif plaisir pour l’élégance et l’humour des différentes rencontres effectuées par le duo dynamique, dans des milieux très variés, parfois plus encanaillés que leurs habituels terrains de chasse. Suchet se montre parfaitement à son affaire, de même les seconds rôles apportant idéalement un défilé de portraits joliment croqués. La multiplicité de ces rencontres apporte un tonus à la mise en scène, on ne s’ennuie jamais. La reconstitution du music hall de l’époque vaut le coup d’œil. Je me demande si le dentiste est celui qui sera assassiné dans Un, deux, trois ? 5. L'APPARTEMENT DU TROISIÈME
Réalisation : Edward Bennett Scénario : Michael Baker D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie Distribution: David Suchet : Hercule Poirot Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings Philip Jackson: Inspecteur-chef James Japp Pauline Moran: Miss Felicity Lemon Suzanne Burden : Patricia Matthews Nicholas Pritchard : Donovan Robert Hines : Jimmy Amanda Elwes : Mildred Josie Lawrence : Mrs Ernestine Grant Susan Porrett : Trotter (la femme de chambre) Résumé Une certaine Madame Grant emménage dans l’immeuble d’Hercule Poirot. Alors qu’il tente de soigner son rhume, Hastings lui propose de venir au théâtre se changer les idées. Ils y croisent une autre voisine, Patricia Matthews, accompagnée de son fiancé et de deux amis. Mais au retour, celle-ci a perdu ses clés et demande à Donovan et Jimmy d’emprunter le monte-charge afin d’ouvrir son appartement de l’intérieur. Sans s’en rendre compte, ils pénètrent un étage plus bas et découvrent le cadavre d’Ernestine Grant. Poirot et Hastings, qui ont tout entendu, préviennent l’inspecteur Japp et se mettent au travail. Critique Passionnant numéro qui prend cette fois-ci la forme d’un huis clos. En plus d’être bourré d’humour, cet épisode nous emmène loin des sentiers habituels de la série. La partie consacrée à l’enquête respecte l’unité de temps et l’unité de lieu, nous permettant d’accrocher davantage et de nous concentrer pleinement sur l’intrigue. Nous remarquons que l’inspecteur Japp se fait rare, n’apparaissant que pour les formalités d’usage, ce qui donne à Poirot plus de liberté. Le fait que L’appartement du troisième étage soit construit de cette manière renforce son caractère sombre, d’autant plus qu’il se déroule en pleine nuit. Pourtant, le dénouement de l’affaire n’est pas si inattendu. La représentation théâtrale du début s’insère parfaitement dans le reste de l’épisode et est d’une totale crédibilité, effectuant une mise en abîme de l’univers d’Agatha Christie, bien que la pièce paraisse excessivement mal jouée.
« Je trouve cette omelette délicieuse ! Vous savez, mademoiselle Patricia, autrefois j’ai été amoureux d’une ravissante jeune fille anglaise, mais hélas, elle était nulle en cuisine. Nos relations en ont… beaucoup souffert ». L'avis d'Estuaire44: Tout à fait d’accord : effectivement l’un des meilleurs épisodes de la saison et l’un des plus originaux. Contrairement à la plupart des enquêtes si ritualisées d’Hercule, celui-ci nous dépiste longtemps, jusqu’à un magistral retournement de situation faisant retomber sus ses pieds une intrigue particulièrement astucieuse et complexe comme on aime. De manière caractéristique, le crime met bien plus longtemps que d’ordinaire à survenir et la résolution se voit considérablement accélèrée. Une nouveauté bienvenue, d’autant qu’elle ne se borne pas à un exercice de style. En effet le récit entremêle ainsi des moments à la tonalité particulièrement diverse : mystère féminin initial, effervescence amusante du groupe de jeunes gens, drame passionnel, et même une pure scène d’action, une rareté chez Poirot. Un patchwork aussi bigarré que subtilement agencé, captivant le spectateur dont les petites cellules grises sont soumises à rude épreuve. 6. ÉNIGME A RHODES
Réalisation : Renny Rye Scénario : Stephen Wakelam D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Trio à Rhodes Distribution David Suchet Hercule Poirot Frances Low : Pamela Lyall Jon Cartwright : Commandant Chantry Annie Lambert : Valentine Chantry Peter Settelen : Douglas Gold Angela Down : Marjorie Gold Timothy Kightley : Major Barnes Résumé En vacances sur l’île de Rhodes, Hercule Poirot fait la connaissance de Pamela Lyall et de deux couples de touristes anglais, les Gold et les Chantry. Une soudaine proximité se dessine entre Madame Chantry et Monsieur Gold. Hercule Poirot flaire le drame et conseille à Madame Gold de quitter l’île le plus vite possible. Un soir, Madame Chantry boit dans le verre de son mari et meurt empoisonnée. Monsieur Gold est alors accusé et emprisonné, mais Poirot est convaincu de son innocence. Critique Un très bon score pour un épisode qui nous fait fortement penser aux Vacances d’Hercule Poirot, beaucoup plus connu du public. Malgré le fait que le meurtre soit assez tardif, cela n’affecte pas le déroulement pourtant très rapide de l’enquête. Ceux qui auront vu Les Vacances d’Hercule Poirot ou sa version cinématographique Meurtre au Soleil de 1982 devineront aisément le motif et l’identité des coupables, bien que la nature des relations entre ces protagonistes soit officiellement différente. Sans cela, un peu d’imagination fera l’affaire. Hercule Poirot, dans cette enquête improvisée, et accompagné cette fois-ci d’une charmante admiratrice, agit avec davantage de décontraction. Le climat de l’épisode, nous plongeant sous le soleil brûlant de la mer Egée, est très agréable. Un des bémols réside dans son démarrage difficile. L'avis d'Estuaire44: J’ai bien aimé cet épisode exotique. Agatha Christie, c’est aussi toute une atmosphère, liée à une observation malicieuse et sagace de la société anglaise traditionnelle. Cet aspect est moins présent dans les ouvrages se déroulant à l’étranger, même si on y retrouve souvent un savoureux microcosme britannique. Les descriptions locales sont plus sommaires et c’est là que la télévision peut apporter un plus, avec de superbes images. C’est le cas ici, avec un opus ensoleillé et agréablement méditerranéen, ainsi qu'une variation avec l’esthétique art déco caractérisant la série, que l'on adore par ailleurs (idem pour les costumes). Comme souvent, la photographie et la mise en scène sont irréprochables. L’intrigue apparaît certes plus sommaire que lors du diabolique opus précédent, mais demeure solide. Le tempo résulte aussi plus lent, c’est vrai. J’ai trouvé la première partie assez plaisante. Pas mal d’humour et, comme souvent dans les écrits d’Agatha, on se plait déjà à découvrir les lignes de fracture, à supputer qui va y passer, à noter de probables indices. Suchet est toujours irrésistible. La complicité entre cette dame si radieuse et Poirot apporte une autre positive spécificité à l’opus. La scène d’adieux est parfaite, avec comme un diffus regret chez notre ami belge. L’absence de Japp et Hastings est ainsi joliment compensée.A noter un festival de costumes de plage masculins absolument désopilants, les dames s'en sortent nettement plus à leur avantage. une belle évocation de cette époque où le tourisme de masse n'existe pas encore, demeurant l'apanage d'une aristocratie. 7. MYSTÈRE EN MER
Réalisation : Renny Rye Scénario : Clive Exton D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Enigme en mer Distribution David Suchet : Hercule Poirot Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings Melissa Greenwood : Kitty Mooney Victoria Hasted : Pamela Cregan Roger Hume : Général Forbes Ben Aris : Capitaine Fowler Dorothea Phillips : Nelly Morgan Sheri Shepstone : Emily Morgan Louisa Janes : Ismene John Normington : Colonel Clapperton Sheila Allen : Mrs Clapperton Ann Firbank : Ellie Henderson James Ottaway : Mr Russell Geoffrey Beevers : Mr Tolliver Caroline John : Mrs Tolliver Résumé A bord d’un bateau de croisière, Poirot et Hastings côtoient de nombreux protagonistes dont le colonel Clapperton et son insupportable épouse. Arrivés à Alexandrie, tous les passagers descendent, sauf Madame Clapperton. Quelques heures plus tard, de retour dans sa cabine, le colonel trouve son épouse assassinée. Critique Le septième épisode est extrêmement décevant. D’une part, le portrait de Madame Clapperton est caricatural. Odieuse, imbue d’elle-même, hautaine, humiliante, elle est l’incarnation stéréotypée de la vipère à éliminer. Ce qui est attendu est chose faite. Intrigue trop simple et mobile trop évident. Malgré le travail fournit par Poirot, l’identité du coupable n’a rien de surprenant. D’autre part, le cadre de l’histoire, bien que plaisant, est lui aussi très cliché. Une galerie de personnages sans originalité est la faille de trop. Seuls les bons mots de Poirot et la résolution atypique de l’énigme constituent l’intérêt de l’épisode, long, long, long…
« - Mais vraiment Monsieur Poirot, que pourrais-je bien faire si je n’étais pas débordante de vie ? - Mourir, madame. » L'avis d'Estuaire44: J'en conserve plutôt une meilleure impression, même si le récit ne bénéficie plus de l'effet de surprise lié au dépaysement méditerranéen (on pourrait d'ailleurs parler assez aisément de double épisode). L'effet exotique, certes toujours présent, se voit également amoindri par le retour du bon Hastings, d'où un certain retour à une architecture bien connue. cependant Hastings se révèle en grande forme, de même que l'ensemble de l'aréopage. J'ai plutôt apprécié l'aspect franchement satirique des personnages, pour sa drôlerie, mais aussi parce qu'Agatha est une observatrice avisée de ces croisières, où l'inaction et l'entassement conduisent souvent à une certaine exacerbation des caractères. De plus l'interprétation, comme si souvent dans cette série, est savoureuse à souhait. 8. VOL AU CHÂTEAU
Réalisation : Edward Bennett Scénario : David Reid et Clive Exton D’après la nouvelle d’Agatha Christie, L’invraisemblable vol. Distribution : David Suchet : Hercule Poirot Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp Pauline Moran : Miss Felicity Lemon John Stride : Tommy Mayfield Carmen Du Sautoy : Mrs Vanderlyn Ciaran Madden : Lady Mayfield John Carson : Sir George Carrington Phyllida Law : Lady Carrington Guy Scantlebury : Reggie Carrington Albert Welling : Carlile Résumé : Alors que la Seconde Guerre Mondiale approche, Mr. Mayfield conçoit un avion de combat d’une puissance supérieure à ceux des forces allemandes. Ne bénéficiant pas d’un soutien financier car n’ayant pas les bonnes grâces du gouvernement, il décide de se racheter et invite la sympathisante allemande Mrs. Vanderlyn afin qu’elle vole les plans de l’avion qu’elle croit authentiques. Inquiète pour la sécurité de l’Angleterre, mais ignorant les véritables intentions de son mari, Lady Mayfield fait appel à Hercule Poirot. Critique : Ce chapitre intriguant des aventures d’Hercule Poirot ne fait aucun mort ni aucun blessé, mais est cependant très ingénieux. Se confrontant à la réalité historique, l’épisode repose sur une intrigue qui sort pour la première fois des sentiers battus. Les comédiens sont tous bons. Toutefois, on pourrait reprocher le manque de présence de certains personnages, comme par exemple Lady Carrington, dont le caractère bien trempé aurait pu donner un peu plus de piment à l’histoire s’il était davantage creusé. En vain. Les dialogues sont loin d’être inoubliables, si l’on fait exception des répliques hors sujet de Poirot et Hastings. Le point fort de l’épisode est la course poursuite en voiture, bien réalisée et très bien filmée. Point faible : le château en question gagnerait à être mis en valeur mais les plans qui nous sont présentés sont très fades, ce qui nous confine dans une atmosphère assez étouffante. ![]() « -J’ai besoin pour l’instant de vous avoir à portée de la main et incognito. - Pour ce qui est de l’incognito, c’est raté. Tellement de monde à l’hôtel que je dois partager une chambre. Et vous savez avec qui ? - Non ça je ne sais pas… - Japp. - Comment l’inspecteur Japp ? - Et il n’y a un qu’un lit. - Mais pourquoi l’inspecteur Japp est-il ici ? - Vous pourriez compatir ! - Nous avons tous une croix à porter Hastings. J’aimerais mieux partager un lit avec Japp et même plusieurs de ses collègues que bridger avec Lady Carrington. » L'avis d'Estuaire44: Épisode assez réussi, même s'il lui manque l'élément consubstantiel à Poirot qu'est le meurtre. A l'inverse de personnages d'Agatha plus légers et humoristiques (Tommy & Tuppence ou Parker Pyne), sans lui et la tension dramatique qu'il génère, le récit apparaît fatalement d'un intérêt secondaire, purement ludique. Même si elle met un peu trop de temps à se mettre en place, l'intrigue compense en partie par son astuce et sa chute redoutablement efficace. Sauver les couples un moment en péril fait partie des penchants réguliers d'Agatha et j'avoue qu'ici l'interprétation m'a touché. Agatha a aussi toujours une manière bien à elle d'exécuter (au sens figuratif) les séductrices et la nouvelle originelle se montre délectable envers l'espionne et sa jeune proie, on ne retrouve pas tout à fait cela ici. Dès que l'auteure s'attaque au domaine très particulier de l'espionnage son style vieillit bien plus vite que ses immortels Whodunit. L'intrigue souffre légèrement de ce manque de crédibilité, mais bien que dans Les Quatre, sans doute le Poirot le plus faible. 9. LE ROI DE TRÈFLE
Réalisation : Renny Rye Scénario : Michael Baker D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie Distribution David Suchet: Hercule Poirot Hugh Fraser: Capitaine Arthur Hastings Philip Jackson: Inspecteur-chef James Japp Niamh Cusack : Valerie Saintclair David Swift : Henry Reedburn Jonathan Coy : Bunny Saunders Jack Klaff : Prince Paul de Maurania Rosie Timpson : Miss Deloy Gawn Grainger : Ralph Walton Avril Elgar : Mrs Oglander Abigail Cruttenden : Géraldine Oglander Sean Pertwee : Ronnie Oglander Résumé Le tournage du prochain film de Bunny Saunders est troublé par l’attitude méprisable du directeur du studio, Henry Reedburn. Intéressé par l’actrice principale, Valerie Saintclair, il devient de plus en plus exigeant et lui fait des avances déplacées. Le soir-même, il est découvert mort dans sa bibliothèque par l’actrice-même, qui se réfugie dans la maison des Oglander. Craignant pour leur réputation, le fiancé de Saintclair et producteur du film, Paul de Maurania, fait appel aux services d’Hercule Poirot. Critique Curieuse. C’est le seul mot qui me vient à l’esprit pour caractériser cette énigme. Sans saveur, sans dénouement, sans coupable, c’est une des plus pauvres histoires de cette première saison. Le début est pourtant prometteur. L’atmosphère qui se dégage des studios de cinéma donne la sérieuse impression que le reste de l’épisode sera placé sous le signe de la vengeance et du crime passionnel. En vain. La mort d’Henry Reedburn en est presque reléguée au second plan. Japp lui-même ne semble pas savoir où il se dirige. Quant à Poirot, il en conclut que son décès est dû à un banal accident. De notre côté, parvenir à suivre le déroulement de l’enquête devient un jeu difficile tellement elle est à la traîne. En bref, nous nous enfonçons dans un no man’s land sans issue et l’intrigue demeure sans réponse convaincante. Curieux, cet épisode est curieux. ![]() L'avis d'Estuaire44: L’épisode souffre de passer à côté d’un formidable sujet : le monde du cinéma de l’entre deux guerres. La première partie du récit nous met l’eau à la bouche, avec de pittoresques scènes de tournage d’un simili Le Cheik de Rudolph Valentino, parfaitement dans l’air du temps, l’évocation des effets spéciaux artisanaux de l’époque, le regard de Poirot sur ce monde si fantasque etc. On songe à de grands succès similaires chez les Avengers et le Saint, quand soudain l’intrigue ne cesse de diverger toujours davantage, au domicile du producteur, puis chez les voisins, dommage. La frustration s‘accentue par des indices évidents à deviner et au renoncement à la toujours mémorable scène de révélation de la clef de l‘énigme par Poirot. Celle-ci se voit scindée en deux segments assez anodins et mièvres. Les seconds rôles manquent de saveur, hormis la jeune actrice, fort bien interprétée. Reste de superbes décors art déco, une toujours réussie reconstitution historique et des scénettes amusantes avec Japp et Hastings, mais l’ensemble demeure clairement en deçà.
Réalisation : Edward Bennett Scénario : Clive Exton D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Le rêve Distribution David Suchet : Hercule Poirot Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp Pauline Moran : Miss Felicity Lemon Alan Howard : Benedict Farley / Hugo Cornworthy Joely Richardson : Joanna Farley Mary Tamm : Mrs Farley Martin Wenner : Herbert Chudley Christopher Saul : Mr Tremlett Paul Lacoux : Dr Stillingflee Résumé Le riche industriel et leader de la production de pâté en croûte, Benedict Farley, est retrouvé mort dans son bureau, une balle dans la tête. La veille, il avait convoqué Hercule Poirot pour lui parler d’un rêve qu’il faisait depuis plusieurs nuit : lorsque la pendule affiche midi et vingt-huit minutes, il prend son revolver dans le deuxième tiroir de son bureau, se lève, va à la fenêtre et se tire une balle dans la tempe. Poirot, en panne d’inspiration, pense qu’il a été victime d’un hypnotiseur mais la vérité est loin d’être évidente. Critique Un épisode très particulier et très intéressant. David Suchet s’en donne à cœur joie et montre l’étendue de ses talents de comédien. Incarnant un Hercule Poirot parfois sérieux, parfois inquiet, parfois déprimé, parfois comique, ses quelques excès sont à prendre au second degré mais le personnage est ainsi rendu beaucoup plus complexe. L’impression que cela donne est le désir de terminer la première saison en ayant exploré toute la personnalité du détective, pour la première fois soucieux de la santé de ses cellules grises. Ses scènes avec Felicity Lemon sont inestimables. La réalisation balance entre la théâtralisation du dénouement, la caricature de l’industriel nécessairement détestable et la pauvreté de la course poursuite finale, lente et irréaliste. La synthèse des faiblesses et des atouts est toutefois une réussite. Il semblerait qu’Hercule Poirot ait réussi à nous en mettre plein la vue avant la fin du premier acte. ![]() « - Je ne vous reconnais pas Poirot. - Ah et moi je ne reconnais pas mes cellules grises, Hastings ! Je leur ai donné toutes leurs chances, je les ai mitonnées, je suis allé dormir pour qu’elles reprennent des forces, j’ai avalé du poisson au petit déjeuner, résultat : néant ! »
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Images capturées par Juliette Vincent. |