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 saison 1 saison 3

Hercule Poirot

Saison 2

 
 

1. LA MAISON DU PÉRIL
(PERIL AT END HOUSE)




 

Réalisation : Renny Rye

Scénario : Clive Exton

Distribution

David Suchet : Hercule Poirot

Hugh Fraser : Capitaine Arthur Hastings

Philip Jackson : Inspecteur-chef James Japp

Pauline Moran : Miss Felicity Lemon

Polly Walker : Nick Buckley

John Harding : Commandant George Challenger

Mary Cunningham : Ellen Wilson

Paul Geoffrey : Jim Lazarus

Alison Sterling : Frederica Rice (Freddie)

Christopher Baines : Charles Vyse

Carol MacReady : Mildred Croft (Milly)

Elizabeth Downes : Maggie Buckley

Résumé

Miss Nick Buckley est une jolie jeune femme à marier mais il semble qu’elle ait échappé à plusieurs tentatives de meurtres sans jamais s’en rendre compte. Hercule Poirot et le capitaine Hastings sont heureusement sur place pour veiller sur elle mais sont vite dépassés par les événements.

Critique

Un début de saison plaisant, avec pour la première fois un épisode d’une heure et demie. Plaisant car placé sous le signe des vacances et de la villa au bord de la mer, une eau reluisante et un soleil radieux. Plaisant car on nous fait goûter aux airs de jazz qui font danser les jeunes amoureux. Mais, car il y a un mais, c’est long. Oui, trop long. Le début de l’épisode est plutôt prometteur.

Une rencontre au bord d’une piscine, une visite dans une grande maison est les récits de la demoiselle en détresse, tout cela est fascinant. Mais toutes ces visites rendues à Machin et à Chose pour voir si la jeune femme n’a pas un passé troublant, si ceci si cela…etc. C’est une grande perte de temps. Et quand enfin il se passe quelque chose, et bien, on est déçu…  Parce qu’il y a beau avoir un décès et même deux, on tourne en rond. Jusqu’au rebondissement final qui, cette fois-ci, est magnifiquement orchestré. 

L'avis d'Estuaire44: La Maison du péril présente l’intérêt de préfigurer les téléfilms constituant les saisons plus tardives de Poirot. Cet aspect de prototype se montre logiquement imparfaitement maîtrisé, car cette nature de double épisode se traduit principalement par un étirement du style narratif de la première saison, sans gain de dynamisme ou de profondeur du profil psychologique des protagonistes. D’où une impression parfois bien présente d’action languissante, d’autant que la mise en scène se montre élégante mais peu tonique. Il faut dire que l’intrigue se montre remarquablement fidèle au roman initial (hormis quelques détails et la suppression d‘un suspect) tandis que les récits futurs sauront prendre plus de liberté, afin de trouver une adéquation plus marquée au langage visuel. Mais, outre le chef d’œuvre que représente la mécanique criminelle à l’œuvre, particulièrement machiavélique (et avec quel art de semer les indices bien en amont), l’épisode se rattrape largement sur ses à-côtés.

La caméra parvient au moins à mettre correctement en avant la beauté, de l’art déco, des paysages du Devon et du littoral de la superbe station balnéaire de Salcombe. La mise en scène réussit également un joli coup avec la séance de spiritisme et de l’apparition du « spectre » de Nick, une ambiance fantastique rompant avec l’ordinaire de la série. Le duo Poirot-Hastings se montre également en grande forme, apportant à point nommé humour et malice. Les arrivées successives de Japp et Miss Lemon tombent également à pic pour scander le récit.  L’interprétation se montre, comme si souvent, d’une irréprochable qualité, tandis que les retrouvailles avec Jeremy Young illustrent parfaitement cette propension de Poirot à renouer de temps à autres avec des figures marquantes des séries 60’s. Surtout la distribution offre l’un de ses tous premiers rôles à l’écran à la talentueuse et supérieurement élégante Polly Walker (Nick), alors encore jeune première à la RSC. Un début parfaitement convaincant pour une carrière devant lui apporter des rôles marquants dans des séries comme Rome, Caprica ou encore Warehouse 13.

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2. LA FEMME VOILÉE
(THE VEILED LADY)


Réalisation : Edward Bennett

Scénario : Clive Exton

Inspiré de la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

David Suchet : Hercule Poirot

Hugh Fraser: le Capitaine Arthur Hastings

Philip Jackson : l'Inspecteur-chef James Japp

Frances Barber : Lady Millicent Castle-Vaughan

Terence Harvey  : M. Lavington

Carole Hayman : Mrs Godber

Résumé

Hercule Poirot n’a rien à se mettre sous la dent et s’ennuie fermement. C’est alors qu’une certaine Lady Millicent Castle-Vaughan vient lui demander de l’aide. Elle doit à tout prix récupérer une ancienne lettre compromettante que possède M. Lavington, qui lui réclame la très modeste somme de 20 000 livres. Ne pouvant raisonner ce dernier, Poirot décide de se transformer en cambrioleur et de récupérer lui-même ce précieux document chez Lavington.  

Critique

Cet épisode constitue une parenthèse très amusante dans les aventures d’Hercule Poirot. Il est clair que rien dans cette histoire n’est fait pour donner des frissons. Absolument rien. Pas de meurtre, pas même une tentative. Non, vraiment, c’est une histoire bien courte. Cependant, Poirot réserve bien des surprises en jouant les serruriers-cambrioleurs. La scène du faux cambriolage est délicieuse, et s’y ajoute même un brin de suspens.

Tout cela conduit naturellement notre détective en prison, ce qui lui vaut les ricanements de l’inspecteur Japp. Excellent, je dois dire. Enfin, la chasse à l’homme à travers les  pièces de musée constitue un très bon moment, à la fois comique et digne d’un très bon roman d’espionnage. Trois étoiles pour un épisode comique. Mais juste comique. 

L'avis d'Estuaire44: J’apprécie vivement cet épisode gai, enlevé et original. Le hold up de la première scène est une bonne trouvaille car stimulant déjà l’esprit du spectateur, se demandant comment les fils narratifs vont bien pour voir se nouer. Porté par un Suchet parfaitement à son aise sur le registre de la comédie et toujours aussi en phase avec les autres comédiens récurrents, le récit, solide et au twist très habile, s’adorne de pures pépites d’humour. Il en va ainsi de nombreux dialogues et situations, avec en pointe un Japp se délectant de pouvoir enfin prendre une amicale revanche sur son vieux complice. Tout finit par arriver !

On pourrait tiquer en voyant le Belge et son fidèle Hastings s’embarquer dans un cambriolage à l’Arsène Lupin, ce genre de péripéties ne lui correspondant guère. D’ailleurs l’image de la femme fatale et duplice conduisant un privé aux pires extrémités relève davantage du roman noir et Poirot n’est certes pas Mike Hammer. Mais, outre que cette péripétie se retrouve bien chez Agatha (la nouvelle se trouve dans le recueil Poirot's Early Cases, avec un Hercule encore relativement jeune), elle nous vaut plusieurs scènes à se tordre, avec un Suchet en représentation de gala, affublé d’un béret ou travesti en caricature de cambrioleur. On regrettera par contre que Poirot trouve si miraculeusement la boite chinoise (cette fois contrairement au texte) mais telle est la rançon d’un format court dynamisant par ailleurs le récit.

La production demeure toujours aussi impressionnante de qualité, avec des décors absolument remarquable. Le Natural History Museum sert d’écrin à une percutante course poursuite (autre originalité de cette histoire dépourvue de meurtre) mais ravira également les amateurs de la période Cathy Gale des Avengers. C’est en effet là qu’officiait la dynamique anthropologue avant qu’elle ne trouve son destin en la personne d’un diable d’homme en chapeau melon (Warlock). En Millicent on reconnait Frances Barber, qui incarnera bien plus tard Mme Kovarian, la Big Bad des premières aventures du Onzième Docteur (ou plutôt qui en tiendra lieu, enfin bref).

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3.  LA MINE PERDUE
(THE LOST MINE)


Réalisation : Edward Bennett

Scénario : Michael Baker et David Renwick

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Anthony Bate : Lord Pearson

Colin Stinton : Charles Lester

Barbara Barnes : Mrs Lester

James Saxon : Reggie Dyer

Richard Albrecht : un employé de l'hôtel

John Cording : Jameson

Gloria Connell : Miss Devenish

Résumé

Alors que Poirot constate une erreur sur son compte en banque, le directeur de l’établissement, Lord Pearson, lui rend visite en personne pour lui confier une mission : retrouver Han Wu Ling, l’homme d’affaire chinois censé lui vendre une carte donnant la position d’une mine d’argent en Birmanie. La police londonienne est sur la piste d’un homme d’affaires américain mais il s’avère qu’elle est très loin de la vérité, qui elle n’échappe pas un seul instant à Poirot. 

Critique

C’est un épisode désespérément long et difficile à suivre. 51 minutes de torture visuelle. L’atmosphère est étouffante et l’épisode s’enchaîne à coup de visites dans les endroits sinistres de Londres. De plus, il manque de rythme et d’action. La pauvreté de la mise en scène nuit gravement au scénario qui lui-même n’est pas très palpitant.

La seule scène qui puisse être qualifiée d’intéressante est celle où la police dévoile ses méthodes d’action modernes pendant qu’une équipe est chargée d’arrêter le suspect numéro un dans le quartier chinois. Mise à part cette brève séquence, le reste est irrécupérable. Le jeu de Monopoly auquel jouent inlassablement Poirot et Hastings est un divertissement bien maigre pour compenser la mollesse de cet épisode.

L'avis d'Estuaire44: Effectivement plusieurs éléments de l’épisode ne fonctionnent pas. L’enquête policière classique donc ennuyeuse menée par Japp occupe trop d’espace, au détriment de Poirot et souligne la pesanteur de la mise en scène. Celui-ci ne retrouve d’ailleurs que partiellement le cadre d’enquête où il excelle le plus (huis clos et subtils entrecroisements narratifs). Le petit détail clef habituel, ici la boite d’allumette se révèle transparent. Surtout certains éléments s’avèrent aujourd’hui très datés, comme le mystère de l’orient lointain ou cette histoire de mine pharamineuse. La production  manque clairement de moyens pour reconstituer Chinatown,  hormis pour le décor du casino, évidement retenu pour le rituel du dévoilement. Quelques gags réussis (banque, Monopoly),  permettent toutefois à Suchet d’exprimer sa verve comique, parfaitement relayé par Hastings. Les amateurs du Docteur reconnaitront en Colin Stenton (Lester), le Président des USA vaporisé par le Maître.

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4.  LE MYSTÈRE DES CORNOUAILLES
(THE CORNISH MYSTERY)


Réalisation : Edward Bennett

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Jerome Willis : Edward Pengelley

Amanda Walker : Mrs Pengelley

Chloe Salaman : Freda Stanton

John Bowler : Jacob Radnor

Tilly Vosburgh : Jessie Dawlish

Derek Benfield : Dr Adams

Laura Girling : Edwina Marks

Graham Callan : le notaire

Résumé

Mrs. Pengelley demande à Hercule Poirot de la protéger. Elle soupçonne son mari de l’empoisonner à petit feu et d’avoir une relation amoureuse avec son assistante. Quand Poirot et Hastings se rendent à son domicile, il est malheureusement trop tard : elle est morte une heure plus tôt. Une visite chez sa nièce et le fiancé de cette dernière fait douter Poirot de la culpabilité de Mr Pengelley. Le jour de l’enterrement et de la lecture du testament, la majorité de sa fortune revient à son mari. Lorsque celui-ci est arrêté par l’équipe de l’inspecteur Japp, Poirot devient certain de son innocence.

Critique

Cet épisode tourne autour d’un schéma vieux comme le monde : la perversité de l’héritage. Mais cet épisode gagnerait à introduire des personnages plus orignaux qu’un mari soupçonné d’adultère, une nièce mise à la porte et un fiancé ambitieux. Cette affaire de famille extrêmement classique ne débouche pas sur une résolution surprenante. Hercule Poirot parvient avec trop de facilité à démasquer l’assassin et la personnalité de ce dernier ne fait que confirmer ses soupçons et éveiller les nôtres.

En revanche, l’épisode est sauvé par la venue tardive de l’inspecteur Japp qui a normalement tendance à ralentir le travail du détective. D’autre part, Hastings parvient à se distinguer dans un registre comique, telles ses séances de méditation et sa rencontre mouvementée avec l’assistante du chirurgien-dentiste. 

L'avis d'Estuaire44: La conclusion  se montre décevante, avec une résolution trop rapide et la scène rituelle de la délivrance de la solution de Poirot se résumant à un chantage assez téléphoné. L'intrigue reste classique, avec le jeu coutumier du bénéfiaire ultime du testament.  Toutefois l'épisode joue plutôt la carte de l'atmosphère, avec cette description acérée d'une Angleterre provinciale encore très traditionnelle. La galerie de portraits en dresse un ironique portrait, très dans le style d'Agatha Christie. Le superbe décor en extérieur du village, atout majeur d'une mise en scène soignée, évoque clairement St Mary Mead et l'histoire aurait sans doute gagnée à être plutôt portée par Miss Marple, davantage dans son élément ici.  Le plan du parc londonien est également somptueux. Japp et Hastings relaient le récit avec leur humour coutumier.

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5.  LA DISPARITION DE M. DAVENHEIM
(THE DISAPPEARANCE OF MR DAVENHEIM)


Réalisation : Andrew Grieve

Scénario : David Renwick

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Mel Martin : Charlotte Davenheim

Kenneth Colley : Matthew Davenheim

Tony Mathews : Gerald Lowen

Fiona McArthur : la domestique

Richard Beale : Merritt

Résumé

Matthew Davenheim, riche homme d’affaires, disparaît alors qu’il devait se rendre à une réunion importante à la banque. Sa femme se met à suspecter une de ses relations M. Lowen après s’être rendu compte de la disparition de ses bijoux. L’inspecteur Japp donne l’ordre à ses troupes de fouiller les environs et met Poirot au défi d’apporter la solution de ce mystère sans bouger de son appartement pendant une semaine. Hastings devient ses yeux et ses oreilles et est chargé de noter tous les détails qui pourraient lui être utile, pendant que le détective s’initie à la magie en compagnie d’un perroquet.

Critique

Il était nécessaire de fournir un ressort comique à cet épisode pour nous aider à supporter l’absence d’Hercule Poirot sur les lieux de l’enquête. Le scénariste s’en est donné à cœur joie et a su donner au détective belge tous les outils lui permettant d’occuper son temps et le nôtre. L’intrigue principale ne brille pas par sa complexité ni même son originalité, comme c’est malheureusement le cas de beaucoup d’épisodes courts basés sur des nouvelles. Elle paraît bien maigre à côté d’une succession de sketches censés nous faire rire et nous surprendre : le château de cartes, les scènes cocasses entre Hastings, Poirot et le Perroquet, ou encore les tours de magie.

Mais ces divertissements à la chaîne ne font que confirmer la banalité et la frivolité d’une telle enquête. Poirot ayant parié qu’il pouvait résoudre cette énigme depuis son appartement, tout se passe comme s’il ne s’agissait que d’un simple test basé sur de la pure fiction, un mystère créé de toute pièce afin de mettre à l’épreuve les capacités intellectuelles du détective. 

L'avis d'Estuaire44: L’épisode se montre certes aussi réussi qu’original, grâce à un scénario particulièrement riche. On trouve ici l’une des rares occurrences où tous les personnages réguliers de la série jouent un rôle important au sein de l’intrigue, avec à la clef une savoureuse optimisation du relationnel au sein de l’équipe. La situation diversifie l’intrigue, Poirot se muant cette fois en Mycroft, dont le lectorat de Conan Doyle (tout comme le public de la BBC) sait bien qu’il compose un personnage largement aussi fascinant que Sherlock. 

Outre sa touche purement anglaise, le pari apporte une précieuse connotation ludique au récit, joyeusement relayée par la prestidigitation, le perroquet ou l’humour des dialogues (pauvre et loyal Hastings). Le scénario parvient à ne pas sacrifier l’énigme programment dite, d’un indéniable intérêt, même si les maquillages passeront toujours plus malaisément à la télévision qu’en littérature. Comme toujours la reconstitution historique se montre irréprochable, de même que la musique. L’auteur David Renwick conservera sans doute en mémoire cette réussite, car il créera en 1997 la série à succès Jonathan Creek, où l’assistant d’un magicien résout des crimes jugés impossibles grâce à ses déductions et sa connaissance de l’illusion. 

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6. DOUBLE MANŒUVRE
(DOUBLE SIN)


Réalisation : Richard Spence

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Adam Kotz : Norton Kane

Caroline Milmoe : Mary Durrant

Elspet Gray : Miss Penn

David Hargreaves : Sergent Vinney

Gerard Horan : L'agent de police Flagg

Michael Shannon : Mr Baker Wood

Amanda Garwood : Lady Amanda Manderley

Harry Goodier : Billy Arkwright

Résumé

Hercule Poirot, fatigué et déprimé, dit vouloir prendre sa retraite et Hastings l’accompagne au bord de la mer. Ils rencontrent une jeune femme du nom de Mary Durrant qui transporte dans sa valise des antiquités appartenant à sa tante. Un jour, elle appel à l’aide : les objets précieux ont été volés. Poirot laisse à Hastings la charge de mener l’enquête tout seul. Après avoir poursuivi un couple de jeunes gens des plus originaux, il se rend compte de sa bourde et se sent déboussolé.

Critique

Pour la deuxième fois consécutive, Hercule Poirot est absent du théâtre de l’enquête pendant un long moment. Toutefois, même s’il se refuse à participer à cette affaire pour mieux se consacrer à l’art de la moustache et à l’art du français de France, le capitaine Hastings trouve en lui un soutien quasi paternel. Le leurre créé pour nous détourner de la vérité est très efficace quoique le vrai coupable paraisse un peu trop fragile et innocent pour l’être réellement. Miss. Lemon n’est pas tout à fait écartée de l’épisode puisque pendant son absence, elle passe une nuit blanche au domicile de son patron faute de ne pas avoir retrouvé ses clés.

C’est une manière un peu simple mais joliment tournée, d’autant plus qu’elle utilise la méthode Poirot pour parvenir à ses fins. Métaphore astucieuse qui sous-entend que trouver la clé d’une énigme devrait être aussi simple que de trouver la clé d’un appartement. Ça l’est en tout cas pour notre détective. Le discours de l’inspecteur Japp lors du récit de ses plus grandes aventures est très touchant de vérité. Poirot s’en trouve tout revivifié. Mais il faut attendre le retournement final pour comprendre le pourquoi du comment de sa morosité. En ouvrant notamment de nombreuses séquences sur l’image d’une statue, cet épisode nous offre des prises de vue étonnamment originales.

L'avis d'Estuaire44: De même que lors de l’opus précédent, le scénario joue habilement d’une narration originale (Hastings à la manœuvre) pour compenser les limites du format court et de l’absence d’enjeu liée à un meurtre. Plutôt qu’une approche de l’illusion, l’épisode joue la carte d’un humour plus classique, du fait d’un florilège de réjouissants sarcasmes liés au caractère de diva de notre ami belge, finalement arroseur arrosé. Chacun dans son registre ses partenaires apportent également de belles touches d’humour.

L'histoire souligne d’ailleurs la belle amitié existent entre nos compères. Au total un ton moins original que précédemment, mais bigrement efficace, avec quelques scènes clairement parodiques : poursuite automobile, aventure nocturne de Poirot... Le scénario comporte quelques faiblesses, les pistes alternatives ne sont jamais crédibles, car trop soulignées. L’épisode se montre toutefois visuellement superbe, avec la splendeur Art-déco de l’hôtel Midland et les somptueux paysages naturels du Lake District. En parlant du mannequin à incendier, les gamins font allusion à la tradition de la Guy Fawkes Night, le cinq novembre, récemment mise en scène dans l’épisode The Empty Hearse, de Sherlock.

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7. L'AVENTURE DE L'APPARTEMENT BON MARCHÉ
(THE ADVENTURE OF THE CHEAP FLAT)


Réalisation : Richard Spence

Scénario : Russel Murray

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Samantha Bond : Stella Robinson

John Michie : James Robinson

Jemma Churchill : Elsie

Peter Howell : L’agent immobilier

Jenifer Landor : Carla Romero

Ian Price : Teddy Parker

William Hootkins : l'agent du FBI Burt

Gordon Wharmby : l'employé aux archives

Nick Maloney : Bernie Cole, directeur du night-club

Nigel Whitmey : Luigi Valdarno

Anthony Pedley : L'assassin

Luke Hayden : le mari de Carla Romero

Résumé

Amis de Hastings et Poirot, Stella et James Robinson emménagent dans un appartement excessivement bon marché. Au même moment, l’inspecteur Japp est mis sur une affaire de vol de plan de sous-marin et est contraint de collaborer avec un agent du FBI. Les deux affaires semblent se rejoindre.

Critique

L’épisode est « pas mal », plutôt correct, tout au plus. Il bénéficie de quelques scènes amusantes, à savoir le bricolage clandestin de Poirot, le grand moment de complicité entre Poirot et Miss. Lemon qui pour notre grand plaisir joue  le jeu de l’enquête en se faisant passer pour une journaliste dans un night-club très douteux, les instants conflictuels entre Japp et l’agent du FBI en raison de méthodes de travail divergentes. Samantha Bond joue la très séduisante Stella Robinson mais ses apparitions demeurent rares.

La scène d’action se déroulant dans le fameux appartement est courte mais très réussie car en se voulant discrète, elle se révèle assez comique. Surtout quand Mr. Robinson surgit au dernier moment avec son club de golf alors que Poirot et Hastings filent en douce.  L’épisode vaut moins pour son intrigue que pour une succession de scènes distrayantes. 

L'avis d'Estuaire44: Le mystère de l’appartement séduit d’emblée par son originalité et la curiosité du spectateur rejoint celle de Poirot quand il se saisit de l’affaire. En soi le volet espionnage pourrait sembler se résumer à quelques clichés, mais la narration emprunte astucieusement la forme du film noir. Cette excellente idée renouvelle la série et nous vaut plusieurs scènes savoureuses : la projection du film, Poirot homme d’action ou encore la belle restitution en décors de cinéma des péripéties passées. Une musique à la Mike Hammer accompagne joliment l’ensemble, tandis que l’on apprécie la participation de Miss Lemon à l’action. 

D’agréables seconds rôles agrémentent le récit. On regrettera la caricature trop marquée et répétitive de l’Agent fédéral. Poirot et ses amis regardent la scène finale du film à succès G Men, sorti en avril 1935. Or Bonnie et Clyde sont décrits comme encore vivants, alors qu’ils meurent en 1934. De plus le FBI n’est créé qu’en juillet 1935, auparavant il s’agissait du BOI.

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8. L'ENLÈVEMENT DU PREMIER MINISTRE
(THE KIDNAPPED PRIME MINISTER)


Réalisation : Andrew Grieve

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Lisa Harrow : Mrs Daniels

David Horovitch : Commandant Daniels

Ronald Hines : Sir Bernard Dodge

Patrick Godfrey : Lord Estair

Timothy Block : Major Norman

Jack Elliott : Egan (le conducteur)

Milo Sperber : Fingler (le tailleur)

Henry Moxon : le Premier ministre

Résumé

Alors qu’il se rend à une conférence de la Société des Nations à Paris, le premier ministre est victime d’une tentative d’assassinat et d’un kidnapping. Hercule Poirot est sollicité par les membres du cabinet afin de retrouver dans les 32 heures et 15 minutes l’homme d’Etat. Son absence perturberait en effet l’ordre international alors que l’Allemagne se prépare à la guerre.

Critique

C’est un épisode qui m’a vraiment étonné car la mise en scène est d’une exceptionnelle qualité. Les épisodes précédents étaient plutôt marqués, à de rare exceptions près, par une certaines pauvreté visuelle et scénique, un manque de moyens flagrant. L’enlèvement du Premier ministre, en plus de briller par une intrigue originale à contextualiser au regard des événements de l’avant Seconde guerre mondiale, constitue un plaisir visuel de chaque instant. Sans doute la prédominance de couleurs vives et de décors somptueux participe-t-elle à ce succès.

Je ne vois rien à redire au scénario, passionnant. Les acteurs sont eux aussi formidables, en particulier Lisa Harrow, interprète de Mrs. Daniels.  L’humour, en plus, est aussi présent qu’il est léger : « Non, il n’est pas lent, il est rigoureux ».  Japp et Poirot, le duo comique par excellence de cette série. 

L'avis d'Estuaire44: L’épisode marque une intéressante rupture de ton, car l’on y passe rapidement du récit à énigme à ce qui pourrait tenir lieu, autant que faire ce peut, de thriller. Un choix audacieux car ce genre narratif se situe aux antipodes de la personnalité du Belge, mais l’intrigue joue la carte de l’humour, avant de conclure sur un drame poignant. 

Hercule Poirot a 32 heures pour sauver la Grande Bretagne et, de manière très divertissante, l’opus donne une idée assez juste de ce que deviendrait 24 h Chrono avec lui comme protagoniste : une série où le 10 Downing Street n’apprécie pas à son action mais ne lui met aucun bâton dans les roues, où les interrogatoires demeurent de courtois entretiens, où le héros stoppe la « traque » pour aller dormir toute la nuit. Quelque chose de vaguement différent, donc. On s’amuse aussi beaucoup devant les persiflages sur la méthode Sherlock Holmes (loupe et indics matériels), une pratique occasionnelle d’Agatha. Murder on the links reste un régal de cruauté sur ce point.

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9. L'AVENTURE DE L'ÉTOILE DE L'OUEST
(THE ADVENTURE OF THE WESTERN STAR)


Réalisation : Richard Spence

Scénario : Clive Exton

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Barry Woolgar : L'inspecteur Dougall

Struan Rodger : Henrik Van Braks

Rosalind Bennett : Marie Marvelle

Oliver Cotton : Gregory Rolf

Alister Cameron : Lord Yardly

Caroline Goodall : Lady Yardly

Stephen Hancock : Mullings

Résumé

L’inspecteur Japp travaille sur une affaire de vol de bijoux. Pendant de temps, Hercule Poirot doit recevoir chez lui la grande star du cinéma belge, Marie Marvelle, mais au dernier moment, celle-ci téléphone et lui demande de venir à son hôtel. Très inquiète, elle a reçu trois lettres lui exigeant de restituer le diamant appelé l’Etoile de l’Ouest que son mari avait acheté quelques temps plus tôt à un chinois à San Francisco dans d’étranges circonstances. De son côté, Lady Yardly possède l’étoile de l’Est. Les diamants constituent l’œil gauche et l’œil droit d’un dieu chinois. Alors que cette dernière était venue voir Hercule Poirot, elle tombe sur Hastings qui en déduit qu’elle aussi a reçu des lettres de menace. Lord Yardly a des problèmes financiers et pense à vendre le bijou. Bientôt, les deux diamants sont volés. Entre femmes, faussaires, et maître chanteur, Poirot, Hastings et Japp ont du fil à retordre…

Critique

Encore une fois, l’intrigue est originale et notre curiosité grandit au fil des révélations. Tout l’épisode repose sur une atmosphère relativement pépère mais il n’est pas dénué de rythme. Sans aller jusqu’à dire qu’il est aussi passionnant que L’enlèvement du premier ministre, L’Aventure de l’Etoile de l’Ouest est tout aussi intriguant. Hercule Poirot révèle encore une fois son caractère coquin alors que les autres protagonistes rient de lui en entendant le titre de « Grande star du cinéma belge ». L’autre moment délicieux de l’épisode est la scène où Hastings emploie la méthode Poirot : « Tout est une question de logique, My Lady ». La saison 2 termine donc sa course sur des épisodes d’excellente qualité. J’attends la troisième avec impatience !


L'avis d'Estuaire44: L'épisode résulte partiellement prévisible,  on ne croit jamais un seul instant aux chinoiseries à la  Sax Rohmer.  Le récit manque d’humour, mais bénéficie de l’apport de deux actrices aussi belles que douées (en particulier Catherine Goodall), même si leurs personnages se situent sur un registre un tantinet mélodramatique. La production reste de qualité, notamment avec la résidence grand train ou lors des superbes scènes de l’aéroport. Poirot assure le spectacle en fan transi et les yeux braqués sur la symétrie de sa coiffure. On éprouve un vrai coup de cœur de cœur pour Hastings, homme simple et bon à qui on aurait pu laisser la satisfaction d’avoir enfin réussi une déduction, en amusante conclusion de saison.

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Images capturées par Juliette Vincent.

 

L'Entraide