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 saison 2 saison 4

Hercule Poirot

Saison 3

 
 

1. LA MYSTÉRIEUSE AFFAIRE DE STYLES
(THE MYSTERIOUS AFFAIR AT STYLES)




 

Réalisation : Ross Devenish

Scénario : Clive Exton

D’après le roman éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Beatie Edney : Mary Cavendish 

David Rintoul : John Cavendish 

Gillian Barge : Emily Inglethorp 

Michael Cronin : Alfred Inglethorp 

Joanna McCallum : Evelyn Howard 

Anthony Calf : Lawrence Cavendish 

Allie Byrne : Cynthia Murdoch 

Lala Lloyd : Dorcas (la bonne)

Résumé

En 1917, alors que la guerre fait rage en Europe, le capitaine Hastings, qui se remet d’une blessure à la jambe, est invité à demeurer quelques temps chez John Cavendish à Styles Court. La mère de ce dernier s’est récemment remariée avec un homme bien plus jeune qu’elle, Alfred Inglethorp, détesté par l’ensemble de la famille. Là-bas, Hastings croise un vieil ami à lui, Hercule Poirot, qui a fui la Belgique pour s’installer au village de Styles Saint-Mary, logé aux bons soins de Madame Emily Inglethorp. Les disputes conjugales semblent se répéter et un jour, au petit matin, la vieille dame est prise de crises sévères qui lui sont fatales. Le médecin est formel : elle a été empoisonnée. Son mari est alors soupçonné de meurtre avec préméditation. Poirot et Hastings fouillent la maison de fond en comble à la recherche du moindre indice.

Critique

L’épisode d’introduction de la troisième saison est en fait l’adaptation du premier roman d’Agatha Christie, soit le premier ouvrage dont le personnage principal est un dénommé Hercule Poirot, accompagné du fidèle Capitaine Hastings et de l’Inspecteur Japp. Ecrit en 1917, le roman a été publié trois ans plus tard. Le saut dans le passé entre la fin de la saison 2 et ce début de saison 3 peut à priori dérouter mais l’on s’en accommode on ne peut plus rapidement. Hastings semble d’abord être le personnage principal de cette grande intrigue car Poirot ne fait son apparition qu’après dix minutes de visionnage dans des circonstances des plus loufoques et décalées. Avec ses quinze ou vingt ans de moins, le détective belge n’est pas encore le londonien que l’on connaît mais semble se délecter des très « amusantes » coutumes anglo-saxonnes.

Pour en revenir à la Mystérieuse affaire de Styles, je dirais que cette énigme a beaucoup de qualités, à ceci près que certains éléments sont très prévisibles et que la résolution n’est pas étonnante. L’enquête est menée de main de maître par un Poirot déjà méticuleux mais si ordonné qu’il ne laisse échapper le centième d’un grain de poussière et que nous nous prenons au jeu, d’un regard suspicieux et à l’affût du moindre petit détail. Comme lors de chaque enquête, l’ambigüité des personnages force le spectateur à redoubler d’attention et à considérer un suspect comme un innocent potentiel et un innocent comme un potentiel suspect. L’identité du coupable n’est donc pas surprenante, mais encore faut-il le prouver, et pour cela, Hercule Poirot ne manque pas d’imagination et surtout d’instinct. Ce qui pourrait être surprenant, et ce qui en effet devrait l’être, c’est l’identité de son complice. Mais là encore, rien d’inimaginable. Il faut se méfier de l’eau qui dort comme de l’orage. Malgré ces points infiniment regrettables, je tiens à souligner la qualité globale de cet épisode, sur tous les plans que ce soit. Enfin, terminons par une citation de l’auteure : « Tout le problème d'un bon roman policier, c'est qu'il doit y avoir un coupable évident, dont on doit découvrir, pour une raison quelconque, que sa culpabilité n'est pas si évidente que ça et même qu'il n'a pas pu commettre le crime dont on l'accuse. Bien qu'au bout du compte, et cela va sans dire, ce soit bel et bien lui qui ait fait le coup »

L'avis d'Estuaire44: Après un défilé d’astucieuses et souvent distrayantes adaptations de nouvelles, la saison 3 débute en changeant de braquet, avec un passage réussi au format long, tout en s’attaquant à l’un des romans les plus célèbres et emblématiques d’Agatha Christie. Interprétation et reconstitution d’époque se montrent toujours aussi dignes d’éloges, de même que la mise en scène se monte particulièrement soignée. Jusqu’ici  l’adaptation des textes (souvent déplacés une décennie plus tard) s’est montrée très libre autour du noyau de l’intrigue. Mais l’on apprécie ici une grande fidélité à l’intrigue originale, évidemment simplifiée. 

L’incontournable rendez-vous de la Grande Guerre n’est pas manqué, ainsi que le parfait déroulement de cette remarquable intrigue entremêlant esprit machiavélique et éclatantes premières amours, complexité ludique des évènements et dévoilement de la solution aussi clair que plaisant par le protagoniste. De fait la série s’éloigne de son humour coutumier, pour explorer d’autres territoires. Poirot et Hastings se montrent à leur meilleur et le scénario a la bonne idée de ne pas perdre de temps à établir leur précieuse complicité, pour leur première enquête. Ils dosent précisément leur effet, évitant de tomber dans le piège de scènes destinées à présenter Miss Lemon, ce qui aurait été artificiel.

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2. COMMENT POUSSENT DONC VOS FLEURS ?
(HOW DOES YOUR GARDEN GROW?)


Réalisation : Brian Farnham

Scénario : Andrew Marshall

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Comment poussent vos fleurs ?

Distribution

Anne Stallybrass : Mary Delafontaine

Tim Wylton : Henry Delafontaine

Margery Mason : Amelia Barrowby

Catherine Russell : Katrina Reiger  

Peter Birch : Nicholai

Ralph Nossek : Dr Sims

Résumé

A l’occasion de l’exposition florale de Chelsea, Hercule Poirot fait la connaissance de Mme. Amelia Barrowby, qui est accompagnée de sa nièce et de sa dame de compagnie, Katrina Reiger. La vieille dame paraît terriblement inquiète, et de retour chez lui, Poirot reçoit une lettre de sa part, lui disant qu’elle craint pour sa vie. Le soir-même, elle meurt empoisonnée. Les soupçons se tournent immédiatement sur la jeune Reiger, qui doit hériter de la fortune de sa patronne.

Critique

Retour au format court avec une formule usée jusqu’à la moelle : l’héritage. Il est vrai que c’est un mobile de meurtre valable mais encore faut-il un nombre suffisant de protagonistes pour que cela rende l’intrigue plus passionnante, ou du moins pétillante. Car l’entourage de Madame Amelia Barrowby est bien pauvre et nous n’avons pas un très grand choix de suspects. Les soupçons se portent soit sur la dame de compagnie soit sur sa nièce et son mari. Or, comme l’on suspecte la première beaucoup trop rapidement, il est fort probable que nous soupçons se tournent davantage vers les seconds, ce qui gâche fort le suspense. Il n’y a aucun effet de surprise.

Cette petite et modeste histoire est cependant bien portée à l’écran, l’humour omniprésent et la mise en scène comme toujours de qualité. Hastings se tient à l’écart de l’affaire pour cause d’allergie. C’est Miss. Lemon qui fait figure d’assistante et heureusement, ses interventions ne sont pas inutiles à l’avancée de l’enquête. La réflexion de Poirot est très astucieuse, mais ce n’est pas à lui que l’on doit l’exposition finale des faits. Cela se tient, mais c’était sans compter la tentative de fuite ridicule du coupable qui est inutilement utilisée.   

L'avis d'Estuaire44: La résolution de l’affaire demeure sans doute trop immédiate. En effet, avec l’une des deux seules suspectes disculpées, l’autre devient de facto la coupable, avec de plus un évident mobile. Les à-côtés de l’histoire maintiennent toutefois un réel intérêt, avec quelques jolis clins d’œil à la société anglaise traditionnelle : passion du jardinage, boutiques bourgeoises, domesticité, équitation, la grande exposition florale de Chelsea (ou se rendit le Docteur lors du roman The Taking Of Chelsea 426), Etc. On se plait aussi à retrouver certains passages obligés chez Agatha, comme le poison arme de femme ou le bonheur d’un jeune couple sauvé par Poirot. Quelques détails secondaires de l’énigme posent également d’astucieuses énigmes intermédiaires. La fine équipe de l’Agence se montre en grande forme, en particulier Miss Lemon, cette fois mise en avant dans l’enquête et dragon veillant jalousement sur la comptabilité de Poirot. La fatuité de ce dernier face à « sa » rose reste aussi un grand moment. Un épisode à l’intrigue prévisible,  mais particulièrement riche en humour.  La chanson à laquelle fait allusion Poirot est la berceuse traditionnel Mary, Mary, quite contrary. 

Mary, Mary, quite contrary,

How does your garden grow?

With silver bells, and cockle shells,

And pretty maids all in a row.

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3. UN MILLION DE DOLLARS DE BONS VOLATILISÉS 
(THE MILLION DOLLAR BOND ROBBERY)


Réalisation: Andrew Grieve

Scénario: Anthony Horrowitz

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Vol d'un million de dollars de bons

Distribution

David Quilter : M. Shaw

Ewan Hooper : M. Vavasour

Paul Young : M. McNeil

Lizzy McInnerny : Miranda Brooks

Oliver Parker : Philip Ridgeway

Natalie Ogle : Esmee Dalgleish

Résumé

Un million de dollars de bons doivent être transférés aux Etats-Unis par les soins de M. Shaw, employé de la London and Scottish Bank. Pourtant, ce même monsieur est victime de deux tentatives d’assassinat, et c’est son assistant Philip Ridgeway, qui prend la relève. Poirot et Hastings sont appelés auprès de la victime pour éclaircir cette histoire. La fiancée de Ridgeway demande au détective de l’accompagner à bord du Queen Mary et de veiller sur lui car elle sait qu’il ne résistera pas à la tentation de jouer de l’argent aux cartes. Poirot et Hastings  embarquent donc, ce qui n’empêche pas ce million de dollars de bons de disparaître.

Critique

Un très bon score pour un épisode qui suit un schéma devenu extrêmement banal : un empoisonnement à la strychnine, le troisième en trois épisodes, un capitaine Hastings presque effacé car en proie à un mal de mer certain, alors qu’il était pris d’éternuements dans le dernier épisode, un happy end et un couple enfin réuni pour le meilleur et pour le pire. Bref, tout cela aurait pu agacer un spectateur à la recherche d’originalité, mais pourtant, cet épisode est très réussi pour plusieurs raisons.

La première est le cadre de l’enquête : à bord d’un somptueux paquebot devenu un  des personnages principaux de l’intrigue et non simplement le décor de l’enquête. La deuxième est l’identité du coupable : des plus inattendues, même si à force, on devient quelque peu paranoïaque. La troisième est l’absence de motif évident, si l’on soustrait du lot la dépendance au jeu qui paraît beaucoup trop simpliste. L’enquête avance à un rythme assez soutenu et heureusement, et malgré les apparences, n’a rien à voir avec ce très mauvais cru qu’était La Mine Perdue.      

L'avis d'Estuaire44: Comme à l'accoutumée, l'intrigue, basée sur un déguisement, souffre du passage à l'écran. Malgré les méritoires efforts des maquilleuses, la supercherie saute immédiatement aux yeux, à l'inverse de la littérature. On pourra aussi reprocher l'introduction d'un trivial double de clé venant quelque peu fausser les règles de l’énigme. L'idée centrale n'en demeure pas moins astucieuse et menée avec entrain. Les événements galopent durent cette aller-retour express entre Londres et New York, encore dynamisée par un hilarant Hastings et un magnifique récital final de Poirot. 

La reconstitution du navire apparaît particulièrement réussie, d'autant qu'elle se voit relayée par de superbes images d'archives dues à l'astucieux adossement de l'intrigue à un événement historique (la première traversée transatlantique du Queen Mary, le 27 mai 1936). L'introduction de Poirot et Hastings au sein des actualités constitue également un joli coup. L'épisode illustre également le romantisme teinté de féminisme  d'Agatha Christie, avec le portrait de deux femmes prêtes à tous les risques pour des amoureux n'en valant pas forcément la peine. La satire acidulée de la City, de son fourmillement comme de l'atmosphère guindée des bureaux, vient encore compléter cet opus de fort bonne cuvée. Le métro de la scène d'ouverture se situe sur Threadneedle Street, artère animée de la City donnant directement sur Bank Junction et siège de la Banque d'Angleterre.

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4. L'EXPRESS DE PLYMOUTH
(THE PLYMOUTH EXPRESS)


Réalisation : Andrew Piddington

Scénario : Rod Beacham

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

John Stone : Mr Halliday

Kenneth Haigh : McKenzie

Julian Wadham : Rupert Carrington

Alfredo Michelson : Comte de Rochefort

Marion Bailey : Jane Mason

Shelagh McLeod : Florence Carrington

Steven Mackintosh : le distributeur de journaux

Résumé

Mr. Halliday, riche  entrepreneur minier et patron du groupe industriel Yellow Creek, s’inquiète que le Comte de Rochefort tourne autour de sa fille Florence, étant donné que celle-ci a déjà été mariée et que son ex-époux est venu lui soutirer de l’argent. Le Comte est en effet à l’origine d’une rumeur mettant en doute la découverte d’un nouveau filon dans ses mines, faisant plonger les actions du groupe. Il demande à Poirot de la surveiller de près. Mais peu de temps après, dans le train en destination de Plymouth, Florence est retrouvée morte et ses bijoux ont disparus.

Critique

C’est une bien sinistre histoire qui mérite la plus haute distinction qui soit : 4 étoiles. Une intrigue déroutante et des acteurs des plus convaincants font de cet épisode un grand must.  Et pourtant, entre financiers, escrocs et compagnons fauchés, la recette paraît on ne peut plus légère et donne à priori une impression de déjà-vu. Une partie de ce succès peut être résumée par la fameuse formule : la fin justifie les moyens. Mais en attendant d’arriver à ce dénouement, il faut passer l’épreuve des doutes, suspicions et interrogatoires qui n’amènent à rien de clair et de satisfaisant.

Jusqu’à ce que notre regard se pose sur une personne quasiment ignorée pendant quarante-cinq minutes et que l’on s’écrie « bon sang mais c’est bien sûr ! » en sautant partout parce qu’il fallait vraiment être à l’ouest pour ne pas s’en apercevoir. J’exagère à peine. Le motif et le déroulement du crime sont sordides et cette fois-ci, ni humour ni happy end ne viennent clore l’affaire du sinistre meurtre de Florence Carrington. 

L'avis d'Estuaire44: Publiée dès 1923, la nouvelle sera reprise et considérablement  amplifiée cinq ans plus tard par la Duchesse de la Mort, pour devenir un roman, Le Train Bleu. De fait on conserve surtout ce dernier livre en mémoire, d’où l’impression de contempler  une intrigue souvent réduite à ses articulations fondamentales, même si développant quelques fausses pistes. Mais l’épisode bénéficie toutefois d’une authentique atmosphère, grâce à une mise en scène savamment lugubre, d’avantage qu’à l’accoutumée. 

Accompagnée d’une photographie glaciale à souhait, les idées macabres fusent avec talent, comme cette ampoule de flash photographique s’éteignant à l’unisson de la malheureuse victime ou un restitué particulièrement cru et réaliste du meurtre. Il ne s’agit plus d’un élément ludique, mais bel et bien d’un moment de pure horreur. Le travail de production demeure comme toujours de grande qualité, de même que l’interprétation. Les amateurs des Avengers reconnaîtront les verrières de la gare de Paddington, aperçues au début de Balles costumées. En 2014, Julian Wadham (Carrington) interprètera John Steed, dans les enregistrements audio des épisodes perdus de la saison 1.

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5. LE GUÊPIER
(WASP'S NEST)


Réalisation : Brian Farnham

Scénario : David Renwick

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Martin Turner : John Harrison

Melanie Jessop : Molly Deane

Peter Capaldi : Claude Langton

John Boswall : Dr Belvedere

Kate Lynn-Evans : Mrs Henderson

Résumé

Poirot rencontre au cours d’une fête foraine le fils d’un vieil ami à lui, M. John Harrison, auteur de quelques romans philosophiques. Il vit avec le célèbre mannequin Molly Deane, qu’il a piqué à son meilleur ami Claude Langton. Le détective belge prédit à ce couple un avenir ténébreux et s’efforce de prévenir un drame.

Critique

Une enquête peu banale qui ne fait pas de mal à une mouche. Malgré l’absence de victimes et de coupables, la tension est entretenue par les vas et viens de Claude Langton et de Molly Deane, par la figure inquiétante et déconcertante du vieil homme inconnu et par les plans rapprochés sur le guêpier.

La révélation finale que l’on peut ou pas soupçonner provoque le même effet que dans l’épisode précédent : le sentiment s’insatisfaction et d’impuissance. Malgré tout, et contrairement à L’Express de Plymouth, l’humour a repris sa place et même gagné du terrain : « - Envisagez-vous de vous rendre au cabinet de toilette dans la prochaine demi-heure Poirot ? 

- Attendez, je consulte mon agenda… Non ! Rien de prévu à ce sujet ! » 

L'avis d'Estuaire44: L'intrigue se montre certes originale, Poirot cherchant à empêcher un meurtre et non pas à l'élucider, mais l'on en apprécie surtout la tonalité sombre, parfois à la limite du macabre. Le mystère se montre ainsi particulièrement appréciable quant à la véritable nature du drame pressenti par Poirot, alors que l'ambiance devient toujours plus dramatique. La traditionnelle scène d'exposition finale devient de la sorte particulièrement émouvante (même si très anglaise dans la maîtrise de soi), Poirot sauvant moralement le potentiel coupable. 

La qualité de l'interprétation empêche brillamment cette conclusion de verser dans le mélodrame. La beauté bucolique des lieux (Marble Hill Park) soutiennent efficacement le récit par leur mélancolie naturelle.. L'épisode s'embellit de quels à-côtés réussis, comme la foucade photographique d'Hastings ou le remarquable et très élégant défilé de mode. Une curiosité supplémentaire provient de la participation d'un jeune Peter Capaldi, le futur Douzième Docteur intervenant dans un récit où le Temps qui passe occupe une place cruciale (indice du d'un calendrier et Poirot lisant l'avenir dans les feuilles de thé !).

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6. TRAGÉDIE À MARSDON MANOR
(THE TRAGEDY AT MARSDON MANOR)


Réalisation : Renny Rye

Scénario : David Renwick

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, La tragédie de Marsdon Manor

Distribution

Ian McCulloch : Jonathan Maltravers

Geraldine Alexander : Susan Maltravers

Alistair Duncan : Capitaine Black

Anita Carey : Miss Rawlinson 

Desmond Barrit : Samuel Naughton

Ralph Watson : Danvers

Edward Jewesbury : Dr Bernard

Résumé

Hercule Poirot et Arthur Hastings se trouvent dans les environs de Marsdon Manor quand Jonathan Maltravers est retrouvé mort dans le parc de sa propriété. Il semble être décédé des suites d’une opération chirurgicale rendue nécessaire par un ulcère, mais Poirot suspecte très vite un meurtre. Sa femme Susan est depuis quelques temps terrifiée par un fantôme qui hanterait un cèdre. De plus, le retour du Capitaine Black, très amoureux de Mme. Maltravers, donne à Poirot, Hastings et Japp du fil à retordre.

Critique

Tragédie à Marsdon Manor est une énigme originale et passionnante brillamment mise en scène. Son principal défaut serait à la limite d’être prévisible et que le spectateur ne croit pas une seule seconde à la responsabilité des puissances maléfiques dans le meurtre de Jonathan Maltravers. Mais ceci n’est pas important, car quel que soit l’individu à l’origine de ces visions terrifiantes ou que ces visions ne soit que pure invention, il n’en demeure pas moins que l’atmosphère qui pèse sur les lieux du crime est inquiétante et que les troubles psychologiques de Mme. Maltravers peuvent parfois être déroutants.

Toutefois,  l’on essaie de nous effrayer par une musique tout droit sortie des enfers tout en insistant lourdement sur la figure fantomatique présente dans le cèdre, ce qui à répétition, ne fait plus aucun effet. La supercherie dévoilée, le meurtre n’est plus un simple crime mais une opportune, sadique et prodigieuse façon de se débarrasser de l’indésirable, savamment étudiée et mise en application par un talentueux coupable.  

L'avis d'Estuaire44: Manoir hanté, musée de cire, statuette démoniaque, peinture biscornue... Poirot s'aventure ici aux confins du Fantastique, genre avec lequel Agatha a souvent flirté avec succès (comme l’illustre le somptueux recueil de nouvelles qu’est Le Flambeau). Cela apporte un authentique cachet à l'épisode. La réalisation soutient efficacement cette innovation, avec de nombreux ressorts classiques mais éprouvés. Il en va pareillement de la troublante prestation de Géraldine Alexander, excellent comédienne de théâtre, membre de la direction de la RADA et ici parfaitement à son affaire. 

Mais l'opus sait aller au-delà de cette spécificité, en développant un passionnant puzzle, aux indices ludiques savamment insérés de manière espacée. Il s'agit sans doute de la plus complexe depuis le lancement de la série. Il devient préférable de revoir l'épisode pour décrypter la situation, en préalable à la révélation de la solution par Poirot. Le spectateur se régalera également d'une nouvelle grande demeure anglaise, à la verrière particulièrement somptueuse. Quelques perles d'humour viennent encore enrichir cet opus particulièrement savoureux, notamment autour de l'inépuisable fatuité de Poirot et du sympathique aubergiste. On s'amuse à reconnaître Alastair Duncan (Capitaine Black), le chef du commando du Conseil traquant Faith dans Buffy & Angel.

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7. UN INDICE DE TROP
(THE DOUBLE CLUE)


Réalisation: Andrew Piddington

Scénario: Anthony Horowitz

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, Le double indice

Distribution

Kika Markham : Comtesse Vera Rossakoff

David Lyon : Marcus Hardman

David Bamber : Bernard Parker

Charmian May : Lady Runcorn

Nicholas Selby : Mr Johnstone

Michael Packer : Redfern 

William Chubb : Blake

Résumé

L’inspecteur Japp est embêté : il risque de se faire virer de Scotland Yard s’il ne parvient pas à mettre la main sur un cambrioleur récidiviste.  Un soir, Marcus Hardman donne une grande réception dans sa propriété, l’occasion rêvée pour dérober des objets de valeur. Hercule Poirot intervient, mais tombe sous le charme d’une comtesse russe, Vera Rossakoff, avec qui il passe ses journées. Hastings et Miss Lemon prennent la relève.

Critique

Un très grand épisode, à la fois passionnant, prenant, mais aussi extrêmement drôle. Poirot s’éprend platoniquement d’une charmante comtesse russe, exilée comme lui de sa mère patrie. Envoutée par son allure et son élégance, il passe le plus clair de son temps en sa compagnie, acceptant de l’accompagner au musée et l’invitant à déjeuner. Ce qui a le don d’exaspérer le capitaine Hastings et Miss. Lemon, inquiets pour leur avenir si Poirot venait à se marier.

En attendant, pour remplacer le détective qui n’est pas « le seul détective privé de Londres », les deux acolytes vont d’entretiens foireux en entretiens foireux puisqu’Hastings s’y prend comme un manche : « J’allais satisfaire des besoins naturels, ça vous va ? – Y’aurait-il des témoins pour confirmer la scène ? », pendant que Japp se ronge les sangs face à un cambrioleur insaisissable. D'ailleurs, toute cette mise en scène ne décontenance en aucun cas le spectateur, qui voit en cette accumulation d'indices et de fausses pistes une grosse farce destinée à déstabiliser les enquêteurs, ce que ne semble pas comprendre Hastings. Mais la stratégie de Poirot est à la fois intelligente et douteuse. En laissant partir le coupable, il commet une faute qu’il sera amené à regretter quelques années plus tard…  

L'avis d'Estuaire44: Un titre très Avengers pour cette intrigue se réduisant en elle même à peu de choses (un simple vol de bijoux, l'identité du coupable évidente dès le début), mais dont le traitement séduit. On songe un peu à Irène Adler, avec cette romance de Poirot portée par deux excellents comédiens. Si son personnage d’aristocrate russe relève du cliché, Kika Markham manifeste une merveilleuse présence. 

On apprécie une nouvelle fois l'expressivité de Suchet, sur une gamme peu usuelle pour son personnage. Mais la grande idée de l'opus réside dans la mise en avant des si attachants seconds rôles de la série, avec Japp davantage sur le grill qu'à l'ordinaire et surtout Hastings et Miss Lemon s'improvisant détectives afin de sauver la mise à ce dernier. 

Le récit joue ainsi avec succès l'alternance de deux registres, le romantique et l'humoristique, parvenant presque à faire oublier le manque quasi total d'action (hormis l'heure de gloire du valeureux Hastings sous le feu ennemi). La conclusion se montre particulièrement brillante, avec un Poirot plus Deus ex machina que jamais. Il est toujours plaisant de voir une série jouer brillamment de ses propres codes, mais la foi portée au Belge par ses compagnons fait légèrement froid dans le dos !

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8. LE MYSTÈRE DU BAHUT ESPAGNOL
(THE MYSTERY OF THE SPANISH CHEST)


Réalisation: Andrew Grieve

Scénario: Anthony Horowitz

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

John McEnery : Colonel Curtiss

Caroline Langrishe : Marguerite Clayton

Pip Torrens : Major Rich

Malcolm Sinclair : Edward Clayton

Antonia Pemberton : Lady Chatterton

Peter Copley : Burgoyne (le majordome de Rich)

Résumé

Lors d’une représentation à l’opéra, Hercule Poirot et le capitaine Hastings rencontrent Lady Chatterton qui leur confie son inquiétude au sujet de son amie la très séduisante Marguerite Clayton, dont le mari, d’ordinaire violent, a depuis quelque temps un comportement étrange et distant. Elle craint le pire mais au lendemain d’une soirée donnée par le Major Rich, proche ami de Madame Clayton, à laquelle était conviée Poirot, Edward Clayton est retrouvé mort, l’œil crevé, dans le bahut espagnol de l’appartement où ont eu lieu les festivités.

Critique

On ne s’arrête pas en si bon chemin et l’on enchaîne avec un autre épisode épatant. Epatant, mais pas pour autant imprévisible car il suffit d’utiliser ses yeux et son instinct pour repérer le coupable. Quoique… D’ordinaire, utiliser son flair ne suffit pas, car n’est pas forcément criminel celui qui en a l’air ou celui qui a la tête de l’emploi. Mais dans ce cas précis, je dois dire qu’il n’est pas nécessaire d’aller bien loin dans la réflexion pour découvrir l’auteur de ce meurtre abominable. De ce fait, l’épisode se laisse très agréablement savourer.

La scène d’ouverture est tournée de manière originale, mettant en scène un duel entre les deux prétendants de Marguerite Clayton, puis est suivie de la scène de la représentation à l’opéra. Hercule Poirot improvise sous nos yeux ébahis quelques pas de charleston pendant qu’Hastings lui donne des leçons de modestie. Le détective se permet d’organiser la mise en scène de l’arrestation d’un faux coupable afin de faire réagir le véritable criminel mais cette formule a ma foi déjà été utilisée par le passé. Malgré cet infime détail et à l’évidence de la solution, l’épisode est fortement appréciable grâce à la qualité toujours excellente de la mise en scène, appréciez en particulier les mouvements de caméra et les deux scènes de duel, et du charisme des acteurs. 

L'avis d'Estuaire44: Le récit souffre d'un temps d'exposition beaucoup trop long, s'étendant sur près de la moitié de l'épisode. Cette période ne passionne guère, d'autant que les interventions de Poirot et Hastings s'y avèrent assez minimalistes, en dehors de l'ouverture sur Rigoletto et quelques plaisantes mini scènes de ménage. Surtout cette longue introduction accumule bien trop éléments explicatifs, tant matériels que psychologiques, rendant la solution du mystère particulièrement évidente. 

De fait l'intrigue sacrifie la complexité ludique à un sensationnalisme macabre et mélodramatique, volontiers emprunté à la Edgar Poe, mais dépourvu de son aura particulière. Soit une imitation facile, à laquelle recoure souvent Conan Doyle (Le ruban moucheté) et dont fort heureusement Agatha Christie se distingue le plus souvent. L'ultime confrontation en rajoute encore dans ce domaine. Comme souvent demeure néanmoins une reconstitution historique de qualité, avec l'originalité des tenues d'escrime de l'époque, ainsi qu'une interprétation très convaincante.

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9. CHRISTMAS PUDDING
(THE THEFT OF THE ROYAL RUBY)


Réalisation : Andrew Grieve

Scénario : Anthony Horowitz et Clive Exton

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Frederick Treves : Colonel Lacey

Stephanie Cole : Mrs Lacey

David Howey : Jesmond

Tariq Alibai : Prince Farouk

Helena Michell : Sarah Lacey

John Vernon : David Welwyn

Nigel Le Vaillant : Desmond Lee-Wortley

Robyn Moore : Gloria Lee-Wortley

John Dunbar : Peverill, le majordome

Alessia Gwyther : Bridget

Jonathan R. Scott : Colin

Edward Holmes : Michael

Siobhan Garahy : Annie Bates, la domestique

Susan Field : Mrs Ross, la cuisinière

Résumé

Le Prince Farouk d’Egypte se fait dérober son rubis au cours d’un diner à Londres. Alors que Poirot comptait passer Noel tranquillement chez lui, il est appelé par le gouvernement britannique : pour préserver les intérêts de la Nation, il doit retrouver le précieux objet et ramener le voleur. Il s’invite donc chez le Colonel Lacey, égyptologue, qui est sur le point de vendre une partie de sa collection.

Critique

Cet épisode est assez léger et conventionnel puisqu’il n’y a aucune originalité dans l’intrigue. Le récit du vol suit un schéma tout à fait traditionnel, pour ne pas dire ennuyeux. L’enquête démarre tardivement. Les coupables sont vite identifiés, nous sont connus depuis le début, sans compter que la discrétion n’est pas véritablement leur fort, comme le prouve la scène de la messe. L’appât improvisé par Poirot est astucieux mais il est dommage qu'il soit aussi évident, car une telle mise en scène aurait pu conduire à des bouleversements spectaculaires, ce qui est très loin d'être le cas.

Force est de constater que les « à-côtés » demeurent amusants et distrayants : le dîner de Noël, les charades, la visite de Poirot chez le chocolatier... Bref, tout cela n’est pas très glorieux, et si le dénouement est loin d’être impressionnant et que le personnage du Prince Farouk est particulièrement détestable, Christmas Pudding est un épisode correct mais sans grand intérêt, une parenthèse au milieu de cette glorieuse troisième saison. Rectification : une parenthèse, vraiment ? 

L'avis d'Estuaire44: Christmas Pudding offre un merveilleux conte de Noël à la série. L'intrigue nous présente en effet nombre des charmantes traditions anglaises existant autour de l’événement, à commencer par cet ingénieux gâteau surprise dont nous avouerons volontiers qu'il nous a fait saliver à travers l'écran. La famille Lacey se montre d'une chaleur et d'un attachement particulièrement communicatifs, apportant une bonne humeur indéniable tout au long du récit. On se réjouit que rien de grave n'arrive vraiment, même si, bien entendu, le scénario s'amuse à nous inquiéter sur ce point. 

Le mélange d'Art Déco, de tradition anglaise et d’Égyptologie conduit à un environnement original et fantaisiste, admirablement propice à cet épisode festif. L'intrigue sait alterner rebondissements et mystères, demeurant entraînante de bout en bout, la prédictibilité et le manque de crédibilité ne posant guère problème dans le cadre d'un opus spécial de Noël. Un humour supplémentaire se voit encore ajouté par le désopilant portrait du jeune et imbuvable Farouk, qui finira effectivement par être déposé en 1952. L'absence de ses complices habituels permet en outre de centrer le récit sur Poirot, jusqu'à en donner un irrésistible portrait. Entre malice, vitalité, sybaritisme enjoué, côté fleur bleue assumé, fatuité désarmante et allergie cocasse à toute péripétie de héros d'aventures, notre justicier apparaît ici particulièrement irrésistible.

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10. LE BAL DE LA VICTOIRE
(THE AFFAIR AT THE VICTORY BALL)


Réalisation : Renny Rye

Scénario : Andrew Marshall

D’après la nouvelle d’Agatha Christie, L’Affaire du bal de la Victoire

Distribution

Mark Crowdy : Vicomte Cronshaw

David Henry : Eustace Beltaine

Haydn Gwynne : Coco Courtney

Nathaniel Parker : Chris Davidson

Natalie Slater : Mrs Davidson

Kate Harper : Mrs Mallaby

Andrew Burt : James Ackerley

Résumé

Poirot et Hastings sont conviés au Bal de la Victoire. Ils y croisent une bande d’amis dont fait partie le jeune et riche vicomte Cronshaw et sa fiancée, l’actrice Coco Courtney. Tous deux trouvent la mort dans la même soirée, l’un poignardé et l’autre victime d’une overdose de cocaïne. Poirot doit sauver sa réputation en résolvant cette sombre affaire.

Critique

La grande faiblesse de cet épisode est l’absence de compassion totale envers les personnages. Ceux-ci sont dénués de sympathie, ce qui a pour résultat de créer un sentiment d’indifférence. Or, pour qu’une intrigue puisse attirer notre attention, il faut que les protagonistes de l’histoire éveillent notre affect et nos émotions. Il n’en n’est rien. Ce qui est dommage, c’est de rater l’exploitation de tout ce qui touche monde fascinant du spectacle et du paraître. Les costumes font figure de boucliers et de traîtres.

Cet échec s’est déjà produit deux saisons auparavant quand Poirot et Hastings enquêtaient dans des décors de cinéma. Mais encore une fois, l’humour est maître de cérémonie et c’est-à-lui que revient le privilège d’égayer ces cinquante minutes d’investigation. L’exposition finale d’Hercule Poirot a le grand avantage de sortir de l’ordinaire puisqu’il accepte d’enregistrer la fin de son enquête dans les studios de la BBC.  

L'avis d'Estuaire44: L’épisode conviendra sans doute davantage au public anglais, bien plus féru et amateur de pantomime que le français. En effet, en dehors de son aspect culturel, l'apport des Colombine et autres Arlequins conduit essentiellement à étirer démesurément le temps d'exposition, afin de présenter costumes et personnages traditionnels, ainsi qu'à ajouter un surplus de mélodrame au final de l'histoire. 

On consacre davantage de temps à mettre en place les figures de la Commedia dell'arte qu’aux protagonistes de l'affaire du jour, un choix contre-productif. Empesée de la sorte l'intrigue n'a guère matière à se développer, au-delà d'une machination assez minimaliste. Outre l'humour naturel de Poirot, homme célèbre par définition, on appréciera l'aspect Radio Days du récit, avec cette description réussie de cette autre passion britannique que sont les dramatiques radio de la BBC. Peut-être aurait-il fallu plutôt centrer les débats sur cet univers. 

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11. LE MYSTÈRE DE HUNTER'S LODGE 
(THE MYSTERY OF HUNTER'S LODGE)


Réalisation : Renny Rye

Scénario : T.R. Bowen

D’après la nouvelle éponyme d’Agatha Christie

Distribution

Diana Kent : Zoe Havering

Jim Norton : Roger Havering

Shaughan Seymour : Archie Havering

Roy Boyd : Jack Stoddard

Bernard Horsfall : Harrington Pace

Christopher Scoular : le sergent Forgan

Raymond Trickitt : l'agent de police Cooke

Arthur Whybrow : Mr Anstruther, l’employé des chemins de fer

Denyse Alexander : Mrs Middleton

Victoria Alcock : Ellie

Clare Travers-Deacon : Joan 

Résumé

Hastings est invité à une partie de chasse chez Harrington Pace. Hercule Poirot l’accompagne mais tombe malade et reste cloué au lit. C’est alors que Mr. Pace est retrouvé mort dans son bureau, une balle en plein cœur. Fort peu apprécié de sa famille, chacun a une bonne raison d’avoir voulu sa mort. L’inspecteur Japp se joint à ses compagnons pour mener l’enquête

Critique

La saison 3 s’achève sur des notes tristement basses, alors qu’elle n’avait cessé de nous étonner, et ce depuis le début. L’épisode se révèle extrêmement fade, mais il faut reconnaître que cela est dû en grande partie à l’atmosphère dans laquelle il se déroule. Les personnages, la plupart étant de désagréables parasites, évoluent dans une campagne enveloppée dans le creux de l’hiver ainsi que dans une demeure trop peu chaleureuse pour l’occasion. On en vient à regretter à juste titre l’ambiance familiale et accueillante de Christmas Pudding. Trop de scènes prennent l’apparence d’un huis clos, renforçant ce sentiment d’étouffement et de lourdeur. La solution de l’énigme paraît claire à Poirot depuis le début, mais le personnage manque de présence.

Comme dit précédemment, les principaux protagonistes, à l’exception de Zoe Havering, sont tout simplement insupportables et manquent cruellement d’originalité : nous retrouvons ici le prototype même de l’accusé niant inlassablement son crime jusqu’à en être ridicule afin de faire passer Hercule Poirot pour un affabulateur. D’autre part, l’hypothèse du déguisement n’est que trop évidente. Le recours au chien, le « Poirot canin », est une consolation bien maigre. L’humour, quant à lui, a préféré se faire la malle. 

L'avis d'Estuaire44: The Mystery of Hunter's Lodge séduit d'emblée par la complexité accentuée de son intrigue, l'une des plus machiavéliques découvertes jusqu'ici. Sa richesse et le dévoilement progressif des indices permettent de passer partiellement outre l'habituelle difficulté d'un maquillage aisément réparable, puisqu’il ne révèle en définitive qu'une partie limitée du pot aux roses. A l'inverse le récit souffre même d'un léger trop plein, le format court de l'opus obligeant à une présentation très rapide des nombreux protagonistes. 

On appréciera également une interprétation de grande qualité, de superbes panoramas hivernaux parfaitement mis en valeur par la photographie, ainsi qu'une prestation particulièrement savoureuse de Poirot et de ses deux acolytes. Le récital du Belge se délectant de toujours conserver une substantielle avancée sur ses rivaux et amis, même cloué au lit, s'avère délectable. Un épisode de haute volée, en conclusion d'une saison 3 voyant Agatha Christie's Poirot connaître une audience toujours grandissante, achever de s’installer et gagner encore en qualité, avant d'aborder de nouveaux rivages, en passant au formant long.

 

Images capturées par Estuaire44.

 

L'Entraide