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 saison 1 saison 3

Downton Abbey

Saison 1


1. Question de Succession

2. Le Nouvel Héritier

3. Le Diplomate Turc

4. Entre Ambitions et Jalousies

5. La Rumeur se Propage

6. Secrets Dévoilés

7. La Famille Grantham s'Agrandit

 


1. QUESTION DE SUCCESSION




Scénario : Julian Fellowes
Réalisation : Brian Percival

Résumé :

Avril 1912. Le Royaume-Uni se réveille douloureusement après l’annonce du naufrage du Titanic. Le Comte de Grantham, Robert Crawley, et son épouse Cora, apprennent la disparition de Patrick et James Crawley, qui étaient les deux héritiers potentiels du château de Downton et de la fortune de la famille. Le comte n’a que trois filles : Mary, Edith et Sybil. Or seul un homme peut prétendre à l’héritage du domaine. Matthew Crawley, cousin éloigné de Lord Grantham, est donc invité à s’installer à Downton avec sa mère Isobel.

Un nouveau venu frappe à la porte du manoir. C’est John Bates, ancien compagnon d'armes du comte pendant la guerre des Boers. Il a été choisi pour être son valet de chambre. Seul hic : il boite à cause d’une vieille blessure de guerre et ne peut se déplacer sans sa canne. Son arrivée provoque la jalousie de Thomas, simple valet de pied et prétendant au poste depuis un certain temps. Mais même si son handicap semble lui attirer les foudres de ses supérieurs, Robert Crawley hésite à le renvoyer chez lui. Thomas et Sarah O’Brien mettent alors tout en œuvre pour se débarrasser de cet indésirable.

Critique :

Le problème, avec ce type d’épisode, c’est que le scénario n’est pas passionnant mais que presque chaque scène a son importance. Pour comprendre la série, il faut l’avoir vu. C’est en quelque sorte un passage obligé.

Ce premier épisode est une formalité. Il n’est ni mauvais, ni extraordinaire. En fait, il a le mérite d’être, selon la formule consacrée, clair, net et précis. Une introduction sert, au risque de paraître très clichée, à nous présenter les personnages, leur caractère et leurs affinités, le décor, le contexte et la problématique.

Question de succession remplit ce rôle à la perfection.

Nous apprenons tout d’abord que le Titanic a fait naufrage. Cette catastrophe est à l’origine de toute l’intrigue de Downton Abbey. Parallèlement, un train roule dans la campagne anglaise, avec à son bord un homme élégant qui s’avèrera être John Bates, nouveau valet de chambre du Comte de Grantham. Ce sont les premières images de l’épisode.

Avant de nous introduire à la grande famille aristocratique que sont les Crawley, la caméra s’attarde longuement sur le réveil et le travail des domestiques. Valets ou femmes de chambre, gouvernante ou majordome, cuisinières ou simple filles de ménage, tous se hâtent à remettre de l’ordre dans le château. C’est à ce moment précis que nous découvrons les somptueux décors de la série.

Viennent après, et seulement après, les membres de la famille Crawley. Ensemble le père et ses trois filles, puis Cora et Lady Violet un peu plus tard. Au même moment, Bates se présente aux membres du personnel, ce qui pour nous spectateurs est l’occasion de comprendre « qui est qui » et « qui fait quoi ». L’épisode est alors définitivement lancé.

 

 

 

Une des scènes les plus abouties est visite de Lady Violet au château de Downton, au grand dam de Cora. Cet échange révèle à quel point la mère de Robert Crawley est une femme imposante et dotée d’un sens de l’humour des plus douteux. Maggie Smith tient de prime abord un rôle secondaire, mais néanmoins très important. C’est elle qui est à l’origine de la plupart des répliques cultes de la série, ce qui n’est pas totalement négligeable. Et une fois n’est pas coutume, lorsque l’on a une belle-mère, il y a des risques pour que la relation ne soit pas très amicale.


 

 

 

Mary, Edith et Sybil, les trois filles du Comte de Grantham n’ont décidément rien en commun, si ce n’est le nom de famille. Alors que l’ainée est un véritable frigo sur pattes, la cadette est pleine de douceur et d’attention envers les gens qui l’entourent. Quant à la seconde, jalouse de la beauté et de l’élégance de sa sœur ainée, elle est en quelque sorte le vilain petit canard de la famille, ou encore celle à qui Mary se croit obliger de refiler le linge sale à chaque fois qu’elle la croise. Les légers différends entre les deux sœurs ne manquent pas de se faire attendre, donnant lieu à des dialogues plutôt croustillants, à faire passer Mary pour une véritable garce, hautaine et imbue d’elle-même et Edith une martyre de première classe, ce qui n’est pas totalement faux.  Il y a du Scarlett O’hara en Mary !

Du côté des domestiques, on se réjouit on non de l’arrivée de John Bates. Du nôtre, on ne le situe pas très bien non plus. On peut le trouver modeste, respectable et sympathique tout comme on ne peut pas le sentir. Personnellement, Bates, dès le premier épisode, me tape déjà sur les nerfs. Ce doit être ce côté « never complain, never explain » et ce regard innocent qui cache certainement quelque chose de louche.

La visite du Duc au château de Downton est un passage dont on aurait pu volontiers se passer, puisqu’elle ne fait pas du tout avancer l’histoire. On en retient cependant que Thomas est homosexuel, que Sarah O’Brien est  une véritable garce (il faut la voir mettre à terre ce pauvre Bates) et que les déceptions sentimentales de Mary font le bonheur de sa sœur Edith.

Finalement, cela ne fait que confirmer la venue à Downton du nouvel héritier, Matthew Crawley, qui n’apparaît avec sa mère que dans la dernière scène de l’épisode.


Question de succession donne le ton de la série mais la suite s’avèrera bien plus convaincante. Les quelques longueurs de l’épisode nous laissent le temps d’apprécier les décors et les costumes mais sont vite rattrapées par la qualité de la mise en scène et par l’interprétation des acteurs, Maggie Smith en tête, comme toujours.

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2. LE NOUVEL HÉRITIER



Scénario:
Julian Fellowes
Réalisation : Ben Bolt

Résumé

Matthew Crawley et Isobel souhaitent trouver leur place dans la famille du Comte mais ne veulent pas pour autant renoncer à exercer une activité. Alors que sa mère s’engage comme infirmière à l’hôpital, Matthew continue à exercer son métier d’avocat. Ce dernier a du mal à s’adapter au mode de vie très strict de Downton Abbey, ce qui lui vaut les foudres de Mary, qui, on espère, épousera le jeune homme.

 

Carson reçoit une lettre de Charles Grigg, son ancien compagnon de scène, lui réclamant de l’argent.

 

Critique     

 

Alors que le premier épisode de la série s’attarde longuement sur le château de Downton, Le nouvel héritier fait place à l’autre partie de la famille Crawley. La différence saute aux yeux. Plus simples et moins formels, Matthew et Isobel font preuve de davantage de souplesse et de modernité dans leur mode de vie. C’est peut-être cela qui rend en partie l’épisode plus agréable à regarder.

Nous assistons très vite à la première prise de bec entre Mary et Matthew. Furieux de devoir se marier de force et de s’adapter à la manière de vivre de ses cousins, il montre ardemment son incompréhension et sa réticence envers la haute société. Au même moment entre Lady Mary qui surprend la fin de la conversation la concernant. Matthew est interloqué et, comme pris d’un violent coup de foudre, ne peut placer un mot. Leur relation est d’ores et déjà placée sous le signe de la discorde.


 

 

L’arrivée de Matthew et Isobel chez leurs cousins est la rencontre de deux mondes. Les scènes de diner mettent en avant les divergences fondamentales de manière assez formidable. Voir le comte ouvrir de grands yeux lorsque Matthew lui apprend qu’il travaille, Thomas se croyant obligé d’expliquer qu’il se tient penché pour que Matthew puisse se servir, ou encore Lady Violet se demander ce qu’est un week-end (What… What is a week-end???) est signe que les deux tribus n’ont absolument rien en commun, et l’on se demande bien comment tout ce petit monde compte s’extirper de la situation. C’est aussi l’occasion pour Isobel et Violet de montrer leurs crocs respectifs. Maintes fois la comtesse tente de tailler aussi parfaitement et élégamment que possible sa lointaine cousine, rappelant implicitement qu’ici, la patronne, c’est elle, et qu’il est inutile de vouloir être utile à la société quand on n’a aucun titre.

Matthew en prend lui aussi pour son grade. Peu habitué (et c’est un euphémisme) à se faire habillé par un valet de chambre, apprenant tout juste à se comporter en Lord, découvrant à peine le domaine de Downton, ce pauvre homme ne sait quoi dire devant l’insolence de sa promise, qui se permet de le comparer au monstre des mers chargé de dévorer Andromède sur son rocher. Quelle ambiance, dites-moi, j’aurais aimé être un valet ce soir-là rien que pour assister à ce spectacle !

Carson est pris dans une histoire de chantage. Honteux de son passé d’acteur et de danseur comique, il est trop accroché à l’honneur et à la dignité pour l’avouer et préfère se complaire aux volontés de son escroc d’ancien compagnon de scène, qui vient le trouver à Downton et révèle la situation au Comte de Grantham. Bref, on ne voit pas trop l’intérêt de ce passage, si ce n’est de décoincer le majordome et de voir en lui un peu plus qu’un homme dépourvu de fantaisie.

 

 

 

Alors qu’en haut des escaliers la tension est perpétuellement à son comble, en bas, les autres rigolent doucement. On est quand même assez content de voir que Sarah O’Brien se fait remonter les bretelles (qu’elle n’a pas, mais en admettant qu’elle en ait), par Cora Crawley lorsqu’elle la surprend à médire sur Matthew (Mr Nooobody from Noooowhere !). Comme quoi, il y a des passages plutôt amusants à regarder dans la salle à manger des domestiques. Je pense notamment à la scène du Grizzly Bear, où Thomas entraîne Daisy dans un numéro de danse gentillet.

Isobel Crawley fait de son mieux pour participer à la vie du village de Downton. Elle travaille désormais à l’hôpital, au grand désespoir de Lady Violet, cette dernière ne tardant pas à prévenir le Dr Clarkson qu’elle n’est pas à sa place et qu’il doit la renvoyer. Il est nécessaire d’ajouter qu’elle est la directrice de cet hôpital. Heureusement, Mrs Crawley n’est pas tout à fait idiote et conseille elle-même au docteur le moyen de sauver un des patients. Violet voit alors d’un très mauvais œil cette réussite. Les deux femmes éprouvent une telle animosité l’une envers l’autre que cela en devient plus que comique.

Bien meilleur que Question de succession, Le nouvel héritier ne souffre pas de trop de longueurs scénaristiques. Bien sûr, il est un peu plombé par une histoire tout à fait inutile, celle de Carson, mais heureusement, cela ne dure pas assez longtemps pour que l’on soit obligé de zapper la moitié de l’épisode.

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3. LE DIPLOMATE TURC



Scénario:
Julian Fellowes
Réalisation:
Ben Bolt

Résumé

Evelyn Napier est invité à Downton mais est accompagné d’un séduisant diplomate turc Kemal Pamuk, qui ne met pas longtemps avant de séduire Mary Crawley. Seulement, le soir venu, Pamuk est victime d’une crise cardiaque dans le lit de la jeune fille, qui est donc déshonorée. Elle demande l’aide de sa femme de chambre Anna et de sa mère pour déplacer le corps. Mais Daisy les surprend.

Gwen suit des cours par correspondance et souhaite devenir secrétaire. Elle est contrainte de révéler son secret mais son projet ne semble guère être soutenu par les habitants de Downton, à l’exception d’Anna, Bates et Lady Sybil, qui, elle, cherche à l’aider.

Critique

Brillamment réalisé et mis en scène, c’est à partir de cet épisode que la série commence à gagner en qualité et en intérêt. Après un démarrage en douceur, Le diplomate turc met davantage en exergue la personnalité des personnages et commence tout juste à en révéler certains qui restaient jusque-là en retrait de l’histoire, notamment Lady Sybil et Gwen, le duo naissant de cet épisode. Et même si l’intrigue principale ne tourne pas autour d’elles, leur complicité ne manque pas de faire sourire.

Gwen est une femme de chambre que l’on regrettera plus tard dans la série. Plutôt discrète et intelligente, cette dernière a l’ambition de devenir secrétaire, au grand dam du reste du personnel, qui ne croit pas du tout à sa réussite, même si elle avoue prendre des cours par correspondance. Son secret est découvert par Anna lorsque celle-ci tente de débarrasser une énorme malle trainant sur le haut de l’armoire, et qui contient en vérité la machine à écrire de sa compagne de chambre. Si à première vue, cette découverte nous parait à nous, gens du 21ème siècle, tout à fait insignifiante, elle ne l’est pas pour ceux de Downton. On ressent là le gouffre de 100 ans qui nous sépare de ce monde un peu spécial.

Gwen a le sentiment que tout est perdu d’avance. La scène où elle fond en larmes en présence d’Anna et de Bates est assez touchante. J’ai même éprouvé de la sympathie pour Bates à ce moment-là (chic type) ! Et pourtant, on se prend au jeu et on se met à rêver avec la jeune fille de réussite sociale. Vous trouvez que c’est exagéré ? Alors vous serez peut-être d’accord avec Lady Violet : « Pourquoi vouloir travailler dans un petit bureau mal éclairé alors qu’il est si plaisant de servir dans une grande et ravissante demeure ? ». Tout le monde n’est pas de cet avis, à commencer par Sybil. Enfin ! Après Edith et Mary, les sœurs fâchées, on se familiarise avec la cadette, très discrète jusque-là. La superbe brune décide de  prendre en main la carrière de Gwen et de la lancer sur le « marché du travail ». 

En fait, on comprend vite que Sybil a envie que les choses changent et qu’elle voit en Gwen la femme de demain, exactement ce qu’elle voudrait être : « Je trouve ça fantastique de se lancer dans la vie ! Surtout pour une femme ! ».

 

 

 

Bates décide de résoudre son problème de boitement et se rend chez un prothésiste. Son appareil le fait horriblement souffrir mais on ne comprend toujours pas pourquoi il cherche à tout prix à le cacher, surtout lorsque la moitié de la maison le voit gémir de douleur en plein service. Bates est décidément modeste et réservé, mais son silence exagéré ne finit-il pas par agacer ? Heureusement, Mrs. Hugues insiste pour avoir des explications et, en effet, le spectacle n’est pas joli. On a quand même l’impression que cette intrigue était un prétexte pour rallonger le scénario. Mais ce n’est pas grave car cela n’enlève rien à sa qualité.

Pendant ce temps, Matthew se fait draguer par Edith. Alors qu’ils visitent une des églises du village, elle tente en vain de lui faire des passes désespérées. Matthew s’empresse alors de demander des nouvelles de Mary, au grand désarroi d’Edith qui décidément, ne peut pas supporter sa sœur ainée. Que voulez-vous, ces deux-là sont faits pour être ensemble, n’allons pas contre la nature ! Pauvre Edith quand même, elle n’a vraiment pas de bol avec les hommes.

 

 

 

 

Venons-en maintenant au fait. L’épisode tourne autour de la venue du riche Evelyn Napier au château de Downton. Joué par Brendan Patricks, ce charmant garçon, beau, intelligent, aimable et de bonne famille, ferait un parfait époux pour Mary, qui aurait bien besoin d’un peu de discipline et de stabilité. Mais non, il a fallu que cette allumeuse soit irrésistiblement attirée par le diplomate turc Kemal Pamuk, le beau brun ténébreux de l’épisode. Toutefois, on ne regrettera pas sa présence qui aura fait remuer plus d’oreillers qu’à l’ordinaire ! La seule chose que l’on puisse regretter, c’est la présence de Matthew. Le pauvre homme assiste désemparé à ce jeu de séduction qui s’instaure entre Mary et Pamuk.  

Et là, attention les yeux, si vous loupez cette partie de l’épisode, vous ne comprendrez plus rien à la suite de la série. Enfin si, vous pourrez, mais il vous manquera l’essentiel. Parce que c’est en une soirée que tout se joue, et c’est en une soirée que Mary va se compromettre, mais aussi recevoir la claque qui la calmera pour le restant de ses jours. Non, pas une vraie, mais elle n’est vraiment pas passé loin. Elle se fait ouvertement séduire par Pamuk après le diner et celui-ci l’entraine dans une pièce voisine, où il l’embrasse fougueusement et la plaque contre le mur sans aucun remord. Furieuse, la jeune femme lui laisse entendre qu’il devrait avoir honte et retourne voir sa famille. Pourtant, lorsque le diplomate arrive dans sa chambre, bien que surprise, elle se laisse faire et on suppose qu’ils passent une nuit torride jusqu’à ce Kemal Pamuk soit victime d’une crise cardiaque au petit matin.

Effondrée, Mary doit demander l’aide d’Anna et de sa mère, les seuls qui pourront garder son secret assez longtemps.  On ne sait pas si on doit sourire ou se taire à ce stade de l’épisode mais il est tellement bien fait que le rire finit quand même par l’emporter. Il faut voir les trois femmes transporter le corps d’un bout du château à l’autre ou encore Mary essayer sans succès de fermer les yeux du cadavre. Elle reçoit enfin la leçon qu’elle méritait tant : « J’espère qu’à l’avenir, tu te comporteras de façon exemplaire ! ». Bim ! Rendez-vous compte, c’est de la pure action, ça !

“No Englishman would dream of dying in someone else's house, especially someone they didn't even know!”

Suite au décès de Pamuk, Mary reste à pleurer dans la chambre où il avait été ramené. Carson, qui passe pour vérifier que tout est bien rangé, la surprend, la rassure et la console comme il peut. Il finit par lui dire que des trois sœurs, c’est elle qu’il préfère. En effet, Carson la considère comme sa petite protégée et cette presque relation père/fille a quelque chose de très touchant.

Le diplomate turc lance définitivement la série et l’épisode est incontournable.

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4. ENTRE AMBITIONS ET JALOUSIES



Scénario :
Julian Fellowes et Shelagh Stephenson
Réalisation : Brian Kelly

Résumé

Mai 1913. Molesley semble être victime d’une allergie et Isobel et Violet se querellent pour en déterminer l’origine. Mrs. Hughes doit rencontrer un ancien fiancé à la foire du village de Downton mais ne sait que répondre à sa seconde demande en mariage. Branson, le nouveau chauffeur, découvre que Lady Sybil s’intéresse à la politique et l’encourage dans ce domaine. Thomas invite Daisy à la foire et Patmore met en garde cette dernière sur les intentions de Thomas.

Critique

A travers de nombreuses intrigues, cet épisode creuse encore une fois le caractère des personnages : Mrs. Hugues, Daisy, Thomas, William, Sybil et Isobel.

On en sait désormais un peu plus sur le passé de Mrs. Hughes : fille de fermière, elle a été fiancée dans sa jeunesse à un certain Joe Burns qu’elle a finalement refusé d’épouser. Ce dernier lui donne rendez-vous à la foire du village dans le but de renouveler sa demande en mariage. Avec de grands regrets, elle décline sa proposition. Il faut dire qu’intérieurement, même si on ressent de la peine pour elle, on est quand même un peu soulagé. Ce n’est pas que le personnage de Joe Burns est un vieux poivrot, bien au contraire, cet homme est même adorable, c’est juste que l’on voit mal Mrs. Hughes, un des piliers de la série, nous quitter pour aller se refaire une seconde jeunesse. Et puis quand on y réfléchit bien, elle ne peut pas se résoudre à laisser Carson diriger le navire tout seul.

 

 

 

Lady Violet cherche à connaître les termes exacts de l’acte de succession de la famille Crawley. Elle fait appel à Matthew. Cette requête donne lieu à un moment plutôt croustillant dans le bureau de Matthew, la comtesse s’apercevant qu’elle est assise sur une chaise pivotante :
« - Sur quoi suis-je assise ?
- C’est un fauteuil tournant.
- Encore une invention moderne…
- Non elle date de Jefferson.
- Pourquoi dois-je toujours affronter un américain ?
- Je vais aller en chercher une autre.
- Oh non j’ai le pied marin ! »


Isobel intervient de façon plus agaçante dans l’épisode. Voulant à tout prix soigner l’infection de son valet Molesley, elle s’improvise médecin à l’insu du Dr. Clarkson. Croyant qu’il s’agit d’un érysipèle (voir Wikipédia pour plus de détails) elle s’incruste à l’hôpital et se sert dans la ‘‘trousse à pharmacie.’’ Ce comportement dérange un peu, on finit par être saturé des bonnes intentions de cette femme dont l’ambition est de contrôler l’intégralité de la famille Crawley. Légère incohérence : le Dr Clarkson apprend le problème de Molesley mais ne l’examine pas. A notre grand bonheur, Lady Violet parvient avec une grande classe à démonter le pronostic de sa cousine, annonçant qu’il s’agit d’une banale allergie. Et elle s’en va fièrement, l’œil malin et le sourire aux lèvres, trop heureuse d’avoir remporté la dernière bataille, et impatiente de remporter la prochaine…

William, désespérément amoureux de Daisy, n’ose pas révéler ses sentiments à la jeune fille qui préfère Thomas. Ce triangle nous emmène aux confins de la perversité et de la cruauté amoureuse. On est atterré par la naïveté de Daisy qui se complairait presque à voir ce pauvre William constamment rabaissé par son collègue aux intentions douteuses, dont elle préfère vanter les qualités physiques et le savoir démesuré. Oh Grand Dieu ! Bates vient à la rescousse ! Fichtre, je crois qu’au fur et à mesure que je redécouvre les épisodes, je commence à vraiment apprécier ce type, et pourtant ce n’était pas gagné, il aura fallu un temps fou pour me convaincre… Enfin bref, on le voit réprimander Thomas un bon nombre de fois mais malheureusement, ce n’est pas suffisant pour écraser ce sale cafard de footman.

 

 

 

Lady Sybil est davantage mise en avant alors qu’elle demeurait jusque-là un personnage presque secondaire. Toujours prête à aider Gwen, elle se révèle être une jeune femme ambitieuse au caractère bien trempé. Avec la complicité du nouveau chauffeur, Branson, elle commence à s’intéresser à la politique et notamment au droit de vote des femmes. L’épisode ne développe pas encore totalement cette facette de Sybil, mais nous y aurons droit une prochaine fois. Par contre, la fin de l’épisode est l’occasion de la voir en costume d’inspiration turque, sous l’œil attendri de Branson et la probable désapprobation de sa grand-mère (Bouh un pantalon !). Bon juste un détail qui cloche : la caméra préfère la reluquer de haut en bas puis de bas en haut, telle Emma Peel dans Le Club de l’Enfer, plutôt que de nous donner un aperçu global de sa tenue, ce qui aurait été plus judicieux (et surtout, j'aurais pu obtenir une meilleure capture d'écran).



Quelques moments notables :

Robert et Carson, à propos de l’ancien chauffeur :
« - Dire que Taylor va gérer un salon de thé, sa retraite ne sera pas reposante ! Qu’en pensez-vous Carson ?
- Je préfèrerai être pendu monsieur… »


Cora et Lady Violet, qui prennent le thé à l’autre bout du parc, faut pas s'étonner si la boisson est froide :
« - Elle a été très affectée par la mort de ce pauvre Monsieur Pamuk…
- Mais pourquoi, elle ne le connaissait pas ? On ne peut s’effondrer dès qu’un étranger meurt, ou bien on s’évanouirait en ouvrant le journal… »


Mary, en pleine crise de larmes, à sa mère :
« Papa a un fils maintenant, il a eu ce qu’il a toujours voulu. Matthew peut tout avoir, pour vous je ne le mérite pas. Mais admettez-le ! Je suis une âme perdue pour vous ! J’ai pris un amant sans idée de mariage, un turc de surcroît !»

Robert essaie de convaincre Mary qu’il ne peut la faire hériter, que les ancêtres se sont battus pour Downton, qu’il ne peut pas céder devant la loi, qu’il ne peut gâcher des siècles de labeur, blablablablabla…, tout en contemplant avec admiration le château, ce qui nous vaut donc une scène à la Autant en Emporte le Vent.

Je n’ai pas grand-chose à dire de plus sur cet épisode. Placé sous le signe de la fête, il se laisse agréablement regarder et je pourrai même lui donner quatre étoiles, mais ce privilège est néanmoins réservé aux épisodes brillantissimes. De bonnes intrigues, de bons dialogues, mais il manque un petit quelque chose, peut-être un rebondissement de dernière minute, ou bien une prise de tête mémorable Mary/Edith, un énième scandale à paraitre dans le Times une baston à la Matrix dans le drawing room, ou encore une partie de strip-cricket ou de strip-bridge….

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5. LA RUMEUR SE PROPAGE


 

Réalisation : Brian Kelly
Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Thomas vole du vin à la cave et Bates s’en aperçoit. Craignant de perdre sa place, Thomas décide de le faire accuser du vol d’une tabatière de Lord Grantham.  Mary et Matthew finissent par se rapprocher mais lors d’un diner avec Sir Anthony Strallan, Edith et sa sœur se lancent le défi de séduire le cinquantenaire.

Daisy, ne pouvant garder son secret plus longtemps, décrit à Edith la scène qu’elle a surprise le soir où Kemal Pamuk est décédé. Jalouse de Mary, elle en fait part à l’ambassadeur turc.
C’est l’exposition florale annuelle de Downton et Isobel apprend que Lady Violet remporte la coupe tous les ans, comme s’il s’agissait d’une tradition locale. Elle tente de faire changer la donne.


Critique

Je ne peux pas me permettre de donner plus de deux étoiles à cet épisode, qui a non seulement du mal à démarrer, mais qui ne se surpasse pas par la suite. Trop lent et répétitif, seules quelques trop rares scènes sauvent la mise.

Daisy se souvient de la nuit où elle a surpris Lady Mary transporter le cadavre du diplomate turc. Prise d’angoisse dans la chambre de la jeune femme, elle ne peut plus garder son secret et est poussée par O’Brien à en parler à Lady Edith. En ce qui concerne Mary, il ne faut pas en parler à n’importe qui, rappelons-le. Cette histoire traîne, traîne, traîne, tout le monde répète la même chose, Daisy finit par se prendre la tête alors qu’on attend juste qu’elle se lâche. On doit attendre plus de la moitié de l’épisode pour qu’elle aille vider son sac, et 25 minutes, quand rien d’autre ne se passe, c’est long, mais long… ! Et puis Daisy… Retenez-moi ou je l’étrangle ! Surtout qu’à côté, l'anti dream team Thomas/O'Brien prépare un autre mauvais coup contre Bates et on s’en lasse très vite. Dans les premiers épisodes, je ne dis pas, ça passe encore, mais il faut bien avouer qu’il ne doit plus rester grand-chose de ce pauvre valet de chambre.

 

 

 

Quelques trames parviennent à sauver l’épisode du naufrage.

La première confronte Isobel et Violet au sujet de l’exposition florale de Downton. Sujet pas très passionnant, mais vu le niveau global de ce qui nous est donné à voir, c’est un lot de consolation. Plusieurs scénettes sur le sujet, ce qui n’est pas pour nous déplaire, on s’amuse toujours de voir Violet poussée dans les orties par sa chère et tendre cousine Crawley. Et vice versa.

Mais à la réflexion, je crois que je sous-estime la force humoristique de cet English plot… Oui parce qu’enfin, les dialogues sont délicieux… Appréciez le regard de Cora lors de ces chamailleries, on croirait voir une gosse au théâtre de Guignol.
« - Vous êtes vraiment formidable. Vous débordez d’optimisme en toutes circonstances, j’ai rarement vu un tel zèle réformateur.
- Merci, j’accepte le compliment.
- Je me suis mal exprimée, je crois. »


Voici un moment vraiment cruel… Alors que Cora apprend à sa fille ainée que la rumeur sur sa relation avec Pamuk se propage à Londres, celle-ci lui conseille de se concentrer sur Edith qui, selon elle, « a vraiment besoin d’aide ». Et sa mère de rajouter : « Ne sois pas méchante, Edith a moins d’atouts que toi ». Ce qu’elles ne savent pas, c’est que la jeune demoiselle en question a surpris la conversation et est derrière la porte… Pauvre Edith, là, franchement, je ferai n’importe quoi pour qu’elle trouve un peu de bonheur…

Dieu que c’est banal, tout se passe à table dans cette série… ! Les Crawley ont invité de chics voisins pour le diner, dont un certain Anthony Strallan, implicitement chargé de séduire Mary qui s’accroche comme elle peut à Matthew. Remarquant que « le vieux machin » (c’est pas moi qui l’ai dit !) ennuie à mourir sa sœur ainée, Edith s’adresse ouvertement à lui et impressionne les convives de par son audace.

Pendant ce temps, Patmore devient aveugle à cause de sa cataracte et confond le sucre avec le sel, qu’elle répand généreusement sur le dessert. Moment assez drôle, Strallan lâche un « Oh good God ! » sorti du cœur et Mary est pliée en deux.
Dans le salon, enfin, Mary et Edith se prennent le chou et se lancent un défi : séduire Strallan. Malheureusement, Matthew, qui était plein d’espoir, se sent abandonné et s’en va sans faire de bruit, tandis qu’Edith n’a rien de mieux à faire que de s’isoler dans la pièce.

Le lendemain, après une discussion pleine de doubles sens et d’allusions au sujet de feu Mr. Patrick, Anna avoue enfin à Bates qu’elle est amoureuse de lui : « Je vous aime Monsieur Bates. Je sais qu’une femme du monde ne le dirait pas, mais je ne suis pas une femme du monde et je ne prétends pas l’être ». Dommage, on aurait voulu que ce guignol de Bates lui rende la pareille mais non, il a fallu qu’il réponde par « Vous êtes une femme incroyable. Je n’en connais pas de meilleure ». Grrrmmpphhhhhh…. Oui alors je vois venir les « Mais il n’est pas libre ! », « Il est prisonnier à l’intérieur de lui-même ! », « Il ne peut pas le dire ! », « Sa femme le persécute », « C’est un homme d’honneur !», oh et hein bon, ça va, laissez-moi rêver !

Voilà, voilà, je crois avoir tout dit. Ce n’était pas grand-chose parce qu’une partie de l’épisode est à la limite de l’irrécupérable. Je ne dis pas qu’il est catastrophique vu qu’il se laisse regarder mais vous feriez mieux de passer à l’épisode suivant. Deux étoiles, pas plus…

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6. SECRETS DÉVOILÉS



- I was only going to say that Sybil is entitled to her opinions

- No! She isn’t until she’s married. Then her husband will tell her what her opinions are.

Réalisation : Brian Percival
Scénario : Julian Fellowes et Tina Pepler

Résumé

 

Mai 1914. Cora révèle à Violet le secret de sa fille. Lady Sybil assiste à plusieurs reprises à des meetings politiques mais est blessée pendant une bagarre. Sir Anthony Strallan, au grand étonnement des Crawley, courtise Lady Edith. Thomas et O’Brien accusent Bates d’avoir volé le vin de la cave mais Carson et Mrs. Hughes ont du mal à y croire. Daisy, sous l’influence des deux compères, est contrainte de porter un faux témoignage mais avoue que tout ce qui est dit n’est que mensonge.

Matthew finit par demander Mary en mariage, mais la jeune femme hésite.

 

Critique

Quelques détails sont imparfaitement traités, mais cet épisode globalement plus intéressant que le précédent grâce à des histoires mieux ficelées et orchestrées.

La scène d’introduction de Secrets dévoilés nous plonge dans un univers tout à fait inhabituel. Rares sont les scènes d’émeute ou de manifestation dans Downton Abbey, dont l’atmosphère reste toujours très cloisonnée, que ce soit dans le village ou dans le château. Cette fois-ci, les scénaristes ont décidé d’innover. Sybil assiste à un meeting politique mouvementé, accompagnée de Branson et d’Isobel.  On savait cette jeune fille très portée sur la modernité et le progrès, mais on la croyait plus sensée et raisonnable et que ce qui nous est donné à voir. Alors qu’elle se fait bousculer de toute part au milieu d’une foule agitée et à la limite de la violence, elle se tient émerveillée et accepte difficilement de quitter les lieux. Est-ce parce que la série adopte le principe du saut dans le temps perpétuel ou bien parce que c’est une adolescente et que beaucoup d’adolescentes un jour ou l’autre sont prises d’un élan réformateur, mais on aurait voulu voir Sybil évoluer un tout petit peu plus que ce qui a été fait dans les épisodes précédents pour se convaincre que c’est une force de la nature dont les opinions politiques sont si fermes qu’elle se sent l’âme d’une suffragette impitoyable. Ici, on a juste l’impression d’avoir loupé un épisode.

Un autre meeting politique a lieu vers les trois quarts de l’épisode, mais celui-ci tourne mal pour Sybil, qui à la suite d’une bagarre, est blessé à la tempe. Alors là, légère incohérence. Mathieu, qui était présent, est salué comme le héros du jour pour avoir soi-disant sauvé la jeune fille. Mais si on regarde bien, Sybil est tombée justement parce que Mathieu a répondu aux provocations d’un loubard. Il est étonnant que Mathieu ne l’ait pas remarqué et avoué.


Entre temps, Thomas et O’Brien mettent encore Bates dans l’embarras et le font accuser de vol. Comme je le disais la dernière fois, cette trame n’a que trop duré. Certes, leurs mauvais coups font bouger un peu le sous-sol, mais on aurait espéré qu’ils s’en prennent cette fois-ci à un autre personnage. D’autant plus que Bates nie dans son bon droit les faits qui lui sont reprochés, mais n’en reste pas là. Il se sent obligé de dire que par le passé il a effectivement été un alcoolique et un voleur, et demande sa démission. Soit, on comprend que c’est un homme d’honneur et tout le tralala qui va avec, mais même en portant un tel fardeau, il a comme eu l’opportunité de trouver un travail et on voit mal, ou du moins je vois mal, pourquoi, alors qu’intérieurement ne le souhaite pas, il se rabaisse et insiste pour se faire virer. C’est un peu capilotracté comme dirait Desproges.

De son côté, Edith se fait courtisée par Anthony Strallan, sous l’œil désapprobateur de sa sœur et au grand étonnement de ses parents, qui croyaient réellement qu’elle allait rester vieille fille : « Je crains que ce soit elle qui s’occupera de nous pour nos vieux jours ». Même si on aurait préféré un autre partenaire masculin pour Edith, on se réjouit qu’elle prenne enfin le dessus. A noter qu’elle adopte tout au long de l’épisode une coiffure Premier Empire qui lui sied bien mieux que ces espèces de pains au raisin style Princesse Leia qui ne la mettent pas du tout en valeur.

Ca y est, on croit Mary et Matthew casés, et pour de bon. Le baiser qu’on attendait tant est enfin arrivé ! Et puis quand on apprend que Mary n’a pas encore accepté sa demande en mariage, on se dit que finalement, c’était un coup d’un soir. Mais heureusement, sinon il ne resterait pas grand-chose à raconter à ce niveau-là. Les scénaristes ont bien fait de ne pas faire avancer les choses parce que ce serait trop facile d’avoir un happy end à la fin de la saison 1.   

Notez simplement la réaction de Cora lorsqu’elle apprend qu’il s’est enfin passé quelque chose :

« - J’espère que tu as remercié Mathieu comme il fallait.

- Je lui ai fait faire des sandwiches.

- Je ne pensais pas vraiment à ça…

- Et il m’a demandé de l’épouser.

- Ciel ! Qu’est-ce qu’ils ont mis à l’intérieur ? »

On n’en dirait pas autant pour Bates et Anna qui, comme par hasard en même temps, sont seuls dans la cour et sont sur le point d’échanger leur premier baiser. Mais non, eux n’ont pas la chance d’aller jusqu’au bout vu que quelqu’un, toujours comme par hasard, arrive à ce moment-là. Il faut attendre la saison 2 pour que ça aboutisse.  

Le drame sentimental de Mary met Carson dans l’embarras, qui tarde à faire part à Cora de la lettre qui lui est parvenue à ce sujet. On savait déjà que la rumeur circulait à Londres depuis pas mal de temps mais les scénaristes en remettent une couche, comme pour combler un vide.

Ceci dit, sans cette couche supplémentaire, on n’assisterait pas au délicieux entretien de Lady Grantham et Violet, qui apprend par sa nièce les exploits de sa petite-fille. Regard atterré de Violet, silence de Cora, tout est bon à prendre.  

«  -Y’a-t-il une once de vérité ?

- …

- Je vois. Il y a une part de vérité.

- …

- En quelle proportion ?

- …

- Mon Dieu… »

Un trois étoiles pour un épisode prenant, malgré quelques détails qui irritent, mais qui au fond ne sont pas bien méchants.  

 

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7. LA FAMILLE GRANTHAM S'AGRANDIT


 

Scénario : Julian Fellowes
Réalisation : Brian Percival

 

Résumé

 

Eté 1914. Le Dr. Clarkson apprend à Cora qu’elle est enceinte. Sous le choc, Lord Grantham est néanmoins heureux d’accueillir un nouveau-né, surtout si c’est un garçon, ce qui changerait la donne en termes d’héritage. Suite à cela, Mary ignore si elle doit accepter ou refuser la demande en mariage de Matthew. Elle demande conseil à sa tante, Lady Rosamund. Entre temps, la jeune femme apprend que c’est Edith qui est à l’origine de la divulgation de son secret.

 

Suite à un malentendu, O’Brien est convaincue que Cora cherche à la remplacer. Furieuse, elle laisse traîner un savon dans la salle de bain de la comtesse qui glisse et perd l’enfant qu’elle portait. C’était un garçon. Mrs. Patmore est envoyée à Londres pour soigner sa cataracte et est remplacée par Mrs. Bird, cuisinière d’Isobel Crawley.

 

Lors de la Garden Party, Mary cherche à sa venger et dit à Sir Anthony Strallan qu’Edith n’est pas intéressée par lui. Matthew annonce qu’il quitte Downton, tout comme Thomas, qui lui cherche à se faire engager dans le corps médical. O’Brien se rend compte de son erreur et est prise de remords. Lord Grantham reçoit un télégramme et apprend que le Royaume-Uni vient de déclarer la guerre à l’Allemagne.   

 

Critique

 

La première saison s’achève sur une bonne note. Après une suite d’épisodes assez inégaux, Downton Abbey retrouve un niveau très correct. Quatre étoiles auraient pu être attribuées à ce dernier opus, mais malheureusement, il traine un peu trop en longueur.

 

Commençons par la grossesse de Cora tout à fait inattendue, 18 ans après son dernier accouchement. Rebondissement de dernière minute, tentative ratée de donner un héritier à Downton Abbey, mais surtout le meilleur moyen pour faire échouer l’union entre Matthew et Mary, qui ne sait plus si elle doit accepter ou refuser. Certains pourront trouver que cette histoire est un peu tirée par les cheveux, mais il faut avouer que Julian Fellowes a fait son possible pour ne pas tomber dans le cliché en imaginant une intrigue originale qui puisse provoquer la rupture des amants.

 

Ouf, O’Brien passe ses nerfs sur quelqu’un d’autre, et c’est de Cora dont il s’agit. Non pas que Bates soit totalement mis de côté, mais pour la première fois, la femme de chambre se trouve une autre cible. Croyant que Cora cherche à la remplacer, O’Brien, furieuse, saisit l’occasion pour se venger. Et pas n’importe comment. Il a suffi que la comtesse fasse tomber un savon de sa baignoire et qu’O’Brien ne ramasse que la moitié et le tour est joué. Elle glisse et perd l’enfant qu’elle portait. Lorsqu’elle apprend que c’était Lady Violet qui cherchait une nouvelle femme de chambre, Miss O’Brien est prise de remords. Il est à noter que c’est la première fois que nous voyons Robert Crawley pleurer dans la série. Assez touchant.

 

 

A ce propos, il existe une scène très spéciale dans l’épisode. Qui est vraiment Cora ? Est-ce une femme complètement déconnectée de la réalité ou au contraire fait-elle semblant de ne pas garder les pieds sur terre ? Ainsi, lorsqu’elle rend visite à sa belle-mère et que cette dernière se plaint du départ de sa femme de chambre, elle lui dit sur un ton qui peut mettre le doute : « Je vous plains c’est affreux… Y’a-t-il une chose pire que de perdre sa femme de chambre ? » Un comble ! Mais admettons que cette réplique constitue à elle seule l’esprit de la série.

 

Décidément, la fausse couche de Lady Grantham en révèle d’autres. William, enfin, s’affirme face à l’insolence de Thomas. C’est ce qu’on attendait depuis le début. Il aura suffi d’un mot de trop pour que William se lève de sa chaise, se jette sur cette raclure et le cogne de toutes ses forces. Le jeune homme, qu’on croyait faible et effacé, peut à nouveau grimper dans notre estime. Thomas, à notre soulagement, peut dire adieu à Downton puisqu’il a l’intention de s’engager dans le corps médical.   

 

Carson est un élément très précieux dans cet épisode. Il faut le voir faire son fier aux côtés de Mrs. Hughes à la Garden Party superbement orchestrée, s’entraîner à répondre au téléphone ou encore esquisser un sourire admiratif après que Violet ait lancé sa vanne quotidienne à Isobel.

 

« - D’abord l’électricité et maintenant le téléphone. Parfois j’ai l’impression de vivre dans un roman de H.G Wells. Mais les jeunes sont très calmes face au changement. Regardez Matthew, je l’admire, vraiment.

- Ah oui ?

- Qu’est-ce que j’ai fait encore ?

- Je vous en prie ! Ne me dites pas que la soudaine réticence de Mary ne vient pas de vous.

 - C’est à ma fille Rosamund que vous devez-vous en prendre, pas à moi. Alors mettez ça dans votre pipe et fumez-la. »


 

C’est au tour de Mrs.Patmore d’attirer l’attention. La cuisinière en chef sérénissime a la cataracte. Je lui accorde le fait qu’on est en 1914 et qu’à cette époque on est plutôt frileux face à la médecine, mais par pitié, qu’elle arrête de croire qu’on va la virer ! Surtout que Lord Grantham  l’envoie de bonne grâce à l’hopital sans faire d’histoire. Pfiou quelle aventure pour la faire tenir en place et la convaincre que oui, elle a le droit de s’asseoir en présence de son Lordship… !

La Garden Party est formidablement filmée, la caméra passe d’un groupe à un autre sans coupures inutiles, de façon très naturelle. Aucun personnage principal n’est omis. Gwen décroche enfin le job, à la grande joie de Sybil et Branson, Thomas annonce qu’il quitte Downton, Matthew également, O’Brien se rend compte de sa bourde, Daisy se réconcilie avec William, Mary passe ses nerfs sur Edith qui l’a trahie. Grâce à Anna, Bates apprend qu’il ne sera pas viré. Pour finir, Robert apprend que la guerre est déclarée.  

Un épisode de référence qui constitue une transition idéale  avec la saison 2.

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Images capturées par Juliette Vincent

 saison 1 saison 3

Downton Abbey

Saison 2

 


1. LA FIANCÉE DE MATTHEW





Réalisation : Ashley Pearce
Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Novembre 1916. Alors que les soldats britanniques, dont Matthew et Thomas, sont dans les tranchées de la Somme, une nouvelle femme de chambre, Ethel Parks, arrive à Downton. Véra, la femme de Bates, tente de le faire chanter en menaçant de révéler à Lord Grantham le secret de la relation entre Mary et Pamuk, 4 ans plus tôt.
Pendant ce temps, le domaine se mobilise en organisant un gala de charité au profit de l'hôpital local et Branson révèle ses sentiments à Lady Sybil, qui cherche à devenir infirmière.
Isobel annonce à Lord Grantham la venue à Downton de Matthew et de sa fiancée, Lavinia Swire. William souhaite partir au front mais étant enfant unique, son père le lui interdit.


Critique

La saison 2 démarre avec brio et sans temps mort. L’arrivée et le départ de personnalités permettent à la série de se renouveler dans un registre tout à fait différent de la saison précédente, à la fois épique, tragique et dramatique. Nous retrouvons Downton Abbey deux ans après le début de la Première Guerre Mondiale. La famille Crawley vit au rythme des œuvres de charité très comme il faut mais ne participe encore pas pleinement à l’effort de guerre.

Sans pré-générique, la première scène annonce d’office le ton de la deuxième saison et nous transpose à des kilomètres de Downton, dans les tranchés sanglants de la Somme en 1916. Ouverture réussie et réaliste même si l’on est loin d’égaler la mise en scène d'un film de guerre.

Suite au générique, nous retrouvons la famille de Lord Grantham au complet dans leur somptueuse demeure inébranlable du sud de l’Angleterre. Violet se porte toujours aussi bien et il semble qu’elle ait même rajeuni depuis la fin de la saison 1. Il est même étonnant et déridant de la voir soutenir avec Isobel le projet de sa petite-fille Sybil qui souhaite s’engager en tant que nurse, elle qui était contre toute forme de travail et contre toutes les décisions prises par Isobel. Apprenant que Mary et Matthew arriveront presqu’au même moment à Downton, alors que la jeune fille en est toujours amoureuse, elle n’en perd pas moins son sens de l’ironie face à une réplique tout à fait insensée de sa cousine Crawley :
« - Matthew et Lavinia descendent en voiture, ils ne verront pas Mary dans le train.
- Quel soulagement ! Je déteste les tragédies grecques, vous savez, quand tout se passe en dehors de la scène… ».


Les habitants de Downton Abbey ont des avis divergents à propos de Miss Lavinia Swire. Alors que Carson et Lady Violet font preuve d’un sarcasme impitoyable, Cora, Robert et Mary l’accueillent chaleureusement. Jolie, discrète, élégante et intelligente, elle semble avoir tout pour elle, si ce n’est qu’elle paraît, et seulement paraît, quelque peu naïve. Malheureusement, ou heureusement, il s’avère que Matthew n’a pas oublié l’ainée des filles de Lord Grantham. On voit d’ici quel sera le défi à relever : la difficulté est de récupérer Matthew  sans faire trop de mal à Lavinia à qui on a du mal à reprocher quoi que ce soit. 

Après en avoir entendu vaguement parler dans la première saison, nous découvrons qui est la femme de John Bates. Je me dois ici de saluer l’incroyable performance de Maria Doyle Kennedy, interprète de la reine Catherine d’Aragon dans Les Tudors. Ceux qui ont un peu vu cette série auront peut-être même du mal à la reconnaître. La personnalité de cette dernière est le parfait opposé de celle de Vera Bates, et il faut admettre que l’actrice est bluffante de justesse dans son rôle d’épouse tyrannique et manipulatrice. Ce pauvre John n’a pas fini de se faire avoir de toute part. Après O’Brien et Thomas, c’est au tour de Vera de le martyriser et de le faire chanter. Pauvre Anna… Alors que John vient de la demander en mariage au cas où il arriverait à divorcer, il doit malgré-lui quitter Downton et suivre bobonne. Ça craint grave…

Une nouvelle femme de chambre est engagée. Ethel Parks agace ou amuse la galerie mais on ne s’attend pas à ce qu’elle devienne un personnage à part dans la suite de la série. Pour l’instant, elle reste une fille insolente et effrontée qui ne récolte que ce qu’elle mérite. Mais au moins, au contraire de Daisy, elle croque la vie à pleine dent. Alors que Thomas est parti se battre, O’Brien s’occupe comme elle peu et voit en Ethel une cible de qualité, ce qui nous vaut plusieurs prises de têtes très sympathiques, bien plus joviales et bon enfant que du temps où Bates était la tête de turc.
« - Je ne vois toujours pas ce qu’il y avait de drôle à me faire passer pour une idiote… Vous n’étiez même pas là pour vous en amuser…
- Pas d’inquiétude, on a tous savouré ce moment d’ici-bas. »

Sybil découvre les joies de la cuisine, Carson s’en inquiète et Cora en a presque les larmes aux yeux. Décidément, nous ne sommes pas du tout sur la même longueur d’onde… Surtout que Her Ladyship précise que ce que fait sa fille doit rester une surprise alors qu’elle reste clouée derrière les carreaux et qu’il suffit d’un regard pour que Sybil découvre la présence de sa mère. Le scénario est parfois inquiétant…

D’autres choses se passent en coulisse. Branson finit par avouer ses sentiments à Lady Sybil, alors que cette dernière arrive au centre de rééducation. Mieux vaut tard que jamais, mais autant vous dire que rien ne se passera avant le septième épisode de la saison. Daisy souhaite remonter le moral de William en l’embrassant comme il l’aurait souhaité auparavant mais il est incroyable que depuis tout ce temps Daisy n’ait pas remarqué qu’il était amoureux d’elle, et que par conséquent, ce baiser la mettrait dans un embarras monstrueux. Cette fille est irrécupérable…

 

 

Une très belle entrée en matière pour cette seconde saison. Un épisode à ne pas louper.

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2. L'ENTRAIDE


Réalisation : Ashley Pearce
Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Thomas est engagé à l’hôpital de Downton aux côtés de Lady Sybil. Il se lie d’amitié avec un soldat aveugle, mais celui-ci finit par se suicider. De son côté, Edith travaille dans la ferme des époux Drake et flirte avec Monsieur.
Lady Sybil demande à sa famille de transformer Downton Abbey en maison de convalescence au grand regret de Violet.
Sir Richard Carlisle arrive à Downton Abbey avec la sœur de Lord Grantham, Lady Rosamund. Lady Violet voit d’un mauvais œil la liaison entre Carlisle et Mary. Elle regrette surtout que Matthew ait choisi Lavinia Swire pour fiancée, qui n’est pas digne selon elle d’être Comtesse de Grantham. Pour couronner le tout, Lady Rosamund surprend Carlisle en train de menacer Lavinia.

Un nouveau valet est engagé : Monsieur Lang, qui rentre du front et est terrifié à l’idée d’y retourner. Son obsession devient maladive et nuit à son travail. Carson fait un malaise en plein service et est donc contraint de rester alité. Lady Mary lui rend visite et Carson lui conseille d’avouer à Matthew qu’elle a toujours des sentiments pour lui. Mais la jeune femme voit bien que Lavinia ne le supporterait pas. William est accepté dans l’armée. Mrs. Patmore apprend que son neveu est porté disparu au front.

Critique

Aucune longueur ne porte atteinte à la qualité du scénario. Cet épisode est un régal et les très nombreuses trames tiennent le spectateur en haleine de bout en bout.

La tâche est compliquée pour Lady Mary, qui semble porter Lavinia dans son cœur tout en la considérant comme une rivale. Soyons honnête, c’est une fille adorable. Damn it ! Pourtant, dans un délicieux moment de complicité, Carson rehausse l’égo de sa petite protégée en lui assurant qu’aucun homme censé ne pourrait préférer cette « Miss Swiiiiiire ». Dur, dur !

Vous reconnaîtrez Iain Glen, alias Richard Carlisle, interprète de Jorah Mormont dans la série Game of Thrones, mais uniquement de visage, car certainement pas de caractère. Ce personnage n’est pas encore tout à fait l’homme détestable qu’il deviendra en fin de saison mais on devine vite l’indésirable qui se cache en lui : riche, arrogant, snob, pragmatique plus que romantique, on comprend que Mary cherche avant tout à s’assurer un avenir confortable en l’épousant. Mais c’est surtout par dépit. Et en période de guerre, je vous avouerais que c’est compliqué d’attendre le prince charmant.

Un nouveau valet est engagé pour s’occuper de Lord Grantham : Monsieur Lang, soldat réformé. La guerre l’a traumatisé, et on ne peut pas lui en vouloir. Cependant, ses nombreux pataquès à ce sujet le rendent profondément pénible. Et ce n’est encore que le début.

Thomas finit par avoir l’autorisation de travailler à  l’hôpital de Downton. Après s’être volontairement blessé pour pouvoir rentrer en Angleterre, il exerce aux côtés de Lady Sybil et se lie d’amitié avec un soldat devenu aveugle. Tous deux se mettent à se raconter leur vie et on sent alors que Thomas est un écorché vif, mais sans toutefois éprouver la moindre compassion au regard de tous ses coups fourrés de la saison 1. Apprenant qu’il va être transféré dans un autre centre de rééducation à cause du manque de place de celui de Downton, le soldat se suicide. Pas crédible. On nous fait croire qu’il ne supporterait pas d’être éloigné de ses bienfaiteurs que sont Sybil et Thomas, mais il est évident que la raison est qu’il est désespéré à l’idée de ne plus pouvoir vivre comme avant. Faut pas nous faire chercher midi à quatorze heures… Espérons qu’il est assez intelligent pour comprendre qu’étant donné qu’il retrouve progressivement ses capacités physiques, il peut laisser sa place. A noter que c’est la première fois que l’on voit Thomas pleurer.

Il est amusant de constater que Lady Rosamund est tout le portrait de sa mère. Ce n’est pourtant pas à priori un personnage très attachant. On l’avait découverte dans le dernier épisode de la saison 1 mais son portrait est ici mieux tracé. Coriace, fouineuse, elle se plait à s’incruster dans les affaires de cœur de Mary.

Edith apprend à conduire et trouve sa vocation : fermière. Pour la première fois dans la série, elle se démarque très positivement de ses sœurs. Nous comprenons rapidement pourquoi elle prend tant de plaisir à la tâche, puisque voilà qu’elle s’acoquine avec monsieur Drake. Edith a décidément un don pour s’empêtrer dans les situations les plus délicates et s’éprendre d’hommes dont elle n’a justement pas le droit de tomber amoureuse.

Le match Cora-Violet de l’épisode :

« - C’est une idée ridicule ! C’est une maison, pas un hôpital. Des amputations dans la salle à manger ? Des réanimations dans le garde-manger ? Je l’interdis !

- Je vous rappelle que c’est ma maison à présent, celle de Robert et la mienne, et que nous prendrons la décision tous les deux.

- Oh je vois. Alors je suis une étrangère maintenant, je n’ai plus le droit de donner mon avis…

- C’est vous qui le dites, mais c’est exactement ça ».

Cora 1 – Violet 0.

En résumé, un épisode de 52 minutes très agréable à regarder.

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3. LA MAISON DES INTRIGUES


Réalisation : Andy Goddard

Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Downton Abbey est transformée en maison de repos sur les ordres d’Isobel Crawley. Malheureusement pour elle, Cora n’entend pas se faire marcher sur les pieds et être à la merci de sa cousine, qui a en tête de mettre toutes les pièces du château à la disposition des officiers. Sur le conseil d’O’Brien, qui souhaite à tout prix la protéger, elle propose à son mari de placer Thomas à la tête de cette organisation.

Lady Violet et Lady Rosamund invitent Lavinia à prendre le thé dans le but d’en savoir plus sur son histoire avec Richard Carlisle. Elle révèlera à Mary que son père devait à Sir Richard une certaine somme d’argent qu’il était dans l’impossibilité de rembourser, mais aussi qu’elle était à l’origine d’un scandale politique cinq ans plus tôt, en 1912.

Matthew et ses supérieurs sont de passage dans la région et choisissent de passer une soirée à Downton Abbey, permettant à Isobel, Cora et en particulier Edith d’être félicitées pour leur travail.

Anna découvre que Bates a quitté Londres et qu’il travaille dans un pub de Kirkbymoorside. Elle part à sa rencontre et il lui avoue qu’il va pouvoir divorcer. Carson a du souci à se faire avec Monsieur Lang, qui est incapable d’assurer sa fonction de valet de chambre. Quant à William, il demande à Daisy de l’épouser, mais ne l’aimant pas, la jeune fille hésite. Mrs. Patmore la pousse à accepter. 

Critique

Hop ! Changement d’ambiance. Mais ne nous voilons pas la face, on passe d’un quatre étoiles à un deux étoiles. Ce troisième opus voit la naissance d’une nouvelle maison de convalescence au sein de Downton Abbey. L’organisation repose sur la rivale coopération d’Isobel, Cora et the evil footman Thomas. C’est en vérité un épisode moyen et il faut attendre un certain temps pour prendre le train en marche. Mais juste une remarque, c’est quoi ce titre pourri ? La maison des intrigues ? On veut nous faire croire à un épisode d’X-Files ?

Les scènes d’installation des lits, des tables, des chaises et du matériel nécessaire au confort des soldats plombent sans conteste l’épisode, qui met un temps fou à démarrer.   

Cora, vous nous surprendrez toujours… Saviez-vous qu’elle avait de l’autorité et qu’elle savait s’en servir ? Maintenant, oui. Avouez que depuis le début de la série, elle s’écrase pas mal devant son mari. Quel bonheur de voir Elizabeth MacGovern faire les gros yeux à Isobel. Il faut dire que la bonne femme prend ses désirs pour des réalités. Lady Grantham rocks, et ça lui va très bien ! Et ça met en valeur ses yeux par la même occasion… 

 

 

Anna aperçoit Bates au village alors qu’il est censé être à Londres. Mesdames et messieurs, je vous présente notre nouvel illusionniste, capable d’apparaître et de disparaître en un clin d’œil ! Si, si, je vous assure ! Prenez Anna, par exemple. Elle le voit, il est caché, très mal d’ailleurs, derrière un arbre. Pas d’issue à droite, pas d’issue à gauche, la place est quasiment vide, pas de passage secret, pas de cabine téléphonique magique qui permettrait à Bates d’enfiler son costume de Superman et de s’envoler dans des contrées lointaines... Aucun moyen en apparence de s’évaporer à la vitesse de la lumière, surtout avec une jambe qui boite. Et pourtant, c’est ce  qu’il fait ! Il se passe des choses étranges, très étranges dans ce village et un jour je ferai la lumière sur ce mystère. Mulder et Scully, où êtes-vous quand on a besoin de vous ?  

Le secret de Lavinia est percé. Souvenez-vous, dans l’épisode précédent, Lady Rosamund avait surpris Richard Carlisle en train de la menacer derrière les buissons. Bon, maintenant on a l’explication. De un, le père de Lavinia avait des dettes envers Carlisle, qu’il était incapable de rembourser. De deux, Carlisle était prêt à passer l’éponge si Lavinia lui remettait des documents d’Etat appartenant à Jonathan Swire, son oncle, qu’il révèlerait dans la presse. De trois, Lavinia est par conséquent à l’origine d’un scandale politique. Oui, cet arc ne sert à rien parce que Matthew n’en saura jamais rien et qu’il ne renoncera donc pas à épouser Lavinia… Disons que ça sert simplement à faire passer le temps.  

Matthew est de passage à Downton et est accompagné de ses supérieurs. Cette soirée constitue à peu près le seul intérêt de l’épisode. En outre, ces scènes bénéficient d’une très jolie lumière d’été. Quoi qu’il en soit, Cora a l’air de s’éclater.  

L’effort de guerre permet à Edith d’évoluer positivement et de se rendre utile. La pimbêche égoïste de la saison 1 devient une femme serviable et heureusement que ce dernier point est souligné en cours d’épisode. La pauvre, elle avait déjà été virée de la ferme, on désespérait ! Branson, transformé en valet le temps d’une soirée, songe à passer ses nerfs sur un général mais échoue. L’important c’est de participer… ! Mais que devient Carson sans footman ? Telle est la question.

Monsieur Lang est le personnage de trop. Il n’a pas sa place à Downton Abbey. Je comprends qu’on puisse se focaliser sur lui le temps de quelques minutes au cours un épisode, et un seul, mais il était inutile de recommencer dans celui-ci. Non seulement, il ne cesse de plomber l’ambiance en cuisine mais en plus, il croit porter toute la souffrance du monde sur ses épaules. Non, ça ne va pas du tout. Les scènes où Lang apporte effectivement quelque chose de positif à l’épisode sont peu nombreuses. En effet, il n’y en a qu’une. Il s’agit de celle où il ose dire à Mrs. Patmore que les préoccupations des domestiques sont peu de choses à côté des souffrances des soldats en France. On le soutient sur ce coup-là.

William demande à Daisy de l’épouser. Qu’on aime Daisy ou qu’on ne l’aime pas, il faut dire que le dilemme est terrible. Que doit-elle faire ? Accepter pour être sûr qu’il s’en aille le cœur léger ou refuser parce qu’elle n’est pas amoureuse de lui ? Bon choix d’intrigue pour Daisy. Mais pauvre William quand même.

O’Brien a retrouvé un semblant d’humanité et donnerait sa vie pour protéger Lady Grantham de la méchante Isobel Crawley. D’accord, c’est exagéré. Il faut dire qu’après lui avoir gâché sa grossesse elle a des raisons de vouloir se faire pardonner. Quoi qu’on en dise, il est toujours aussi succulent de la voir, elle et Thomas, fouiner derrière les portes comme dans les vieux jours.

Cet épisode est moyen mais n’est pas trop long. Il se laisse regarder une fois mais pas deux.

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4. PORTÉS DISPARUS


 

 

Réalisation : Brian Kelly

Scénarion : Julian Fellowes

Résumé

1918. Les tensions entre Isobel et Cora se font de plus en plus vives. Véxée, la mère de Matthew décide de rejoindre la Croix-Rouge en France, laissant Molesley et Mrs. Bird tuer le temps. Alors que Daisy s’inquiète du sort de William, Lord Grantham apprend que lui et Matthew sont portés disparus. Ils reviennent finalement en plein milieu d’un concert. Branson se fait plus pressant auprès de Sybil, et lui avoue qu’il ne quittera pas Downton tant qu’elle n’aura pas décidé de faire sa vie avec lui en Irlande. Mais Mary surprend leur conversation et met en garde sa petite sœur. Lord Grantham apprend que Bates travaillle dans un pub et le convainc de revenir travailler à Downton. Hughes surprend Ethel et le major Bryant dans une situations délicate. La femme de chambre est renvoyée sur le champ, mais revient annoncer sa grossesse à Mrs. Hughes à la toute fin de l’épisode.  

Critique

Ce quatrième épisode est riche d’avancées scénaristiques mais souffre çà et là de certains manques de crédibilité.

Le départ d’Isobel apporte un vent de liberté au sein de Downton Abbey, mais surtout, il permet à des personnages secondaires de s’affirmer et d’avoir enfin un rôle à part dans l’épisode. Molesley et Mrs. Bird tuent d’abord le temps à ranger, re-ranger, re-re-ranger la maison, prendre le thé dans la cuisine, faire des allers retours entre Downton Abbey et le village. En témoignent les très drôles scènes de la cuisine. Mais O’Brien, jamais très loin, découvre que Mrs. Bird, Patmore, Daisy et Molesley nourissent en fait les soldats blessés de Downton qui sont réduits à la mandicité et en informe Lady Grantham. Celle-ci se rend alors dans les cuisines de la maison d’Isobel. Cette scène sonne malheureusement faux car Julian Fellowes a cru bien faire en jouant sur un suspens qui n’a pas lieu d’être. Alors que Cora pose toute sorte de questions et qu’elle semble désapprouver leur bonne action, nous devinons facilement qu’il n’en n’est rien. Elle a à son palmarès d’inombrables œuvres caritatives et il est par conséquent évident qu’elle ne  refuserait pas de les soutenir. Crédibilité zéro.

« If you were the only girl in the world », chanson écrite en 1916 par Nathaniel Davis Ayer, interprétée dans l’épisode par Michelle Dockery. Première écoute difficile car la voix est loin d’être travaillée. Pourtant chanteuse de jazz, on ose espérer que l’actrice ait fait exprès de la rendre très imparfaite, ce qui semblerait être dans la logique des choses. On s’y habitue vite. Néanmoins, la reprise de la chanson par l’ensemble de la maison est un véritable plaisir visuel et auditif. En toute objectivité, je dirais que c’était sans compter la réapparition idyllique, héroïque, miraculeuse de Matthew, qui constitue le moment un peu gnangnan de l’épisode, surtout quand ce dernier s’avance vers Mary et entonne de sa belle voix de Prince Charmant le dernier couplet de la chanson.

Sortie de scène prévisible pour Ethel. Accumulant les gaffes, il est normal qu’elle ne sorte pas indemne de Downton Abbey. Une nouvelle intrigue se forme et le personnage prend enfin de l’envergure. C’est la dernière fois que nous la voyons insouciante. En effet, dès le moment où Mrs. Hughes la découvre dans une situation très incommode, le personnage s’assombrit. Il a fallu qu’elle pousse le bouchon jusqu’au bout. En  plus d’être virée, elle paie son erreur par une grossesse. Standing ovation pour Phyllis Logan, interprète de Mrs. Hughes, incroyable de justesse tout au long de l’épisode.

 

 

Le retour tant attendu de Bates est enfin arrivé. Son absence nuisait profondément au personnage d’Anna, qui n’était plus que l’ombre d’elle-même et faisait même office de potiche. Enfin, les choses vont pouvoir s’accelérer. Il est préférable de transposer les problèmes de Bates à Downton plutôt que de les traiter dans un pub du Kirkbymoorside trop rarement. Le fait de l’avoir éloigné enlevait une part d’intrigue pourtant intéressante et nécessaire.  

Les choses se précisent entre Sybil et Branson. Mais même si cet arc est un des meilleurs de la série, son point culminant ne se situe pas encore dans cet épisode. S’il commence à prendre de l’importance à ce moment précis, c’est que Sybil s’aperçoit qu’elle voudrait franchir le pas. La bonne chose est que cette relation, malgré les apparences, est loin d’être une énième version de Roméo et Juliette, ce qui nous évite le côté passionnel abrutissant.

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5. LE POIDS DU SECRET


 

 

Réalisation : Brian Kelly

Scénario : Julian Fellowes

Résumé

1918. Matthew et William sont blessés pendant un assaut. Tous deux sont ramenés en Angleterre. William est gravement touché au poumon. Installé à Downton Abbey, il demande une dernière fois à Daisy de l’épouser avant de mourir. Mrs. Patmore et Mrs. Hughes la poussent à accepter. Matthew est atteint à la moelle épinière et pourrait ne plus jamais remarcher. Mais en plus de ça, il est impuissant, ce qui compromet son union avec Lavinia. Refusant d’être un obstacle à son bonheur, il la renvoie à Londres.

Une nouvelle employée est engagée à Downton : Jane Moorsum. Veuve, elle élève un fils de 12 ans. Vera Bates revient à Downton et promet de faire éclater un scandale. Mary confie alors à Richard Carlisle son aventure avec le diplomate turc. Il accepte de payer le silence de Mrs. Bates, en se réservant l’exclusivité de l’information, mais elle promet de revenir pourrir la vie de son mari. Branson apprend que le tsar a été assassiné.

Critique

C’est lorsque quelque chose de grave arrive que la série gagne en intensité. Ici, le côté mélodramatique ne joue pourtant pas tellement en sa faveur. Malgré le fait qu’il soit bon, cet épisode se veut tire-larme sans vraiment y parvenir. Les seuls qui pleurent, ou presque, se trouvent dans le décor. D’ailleurs vous pouvez les compter, ils sont nombreux cette fois-ci : Daisy, William, Violet, Mary, Matthew, Lavinia…

La première séquence nous montre l’assaut dans lequel William et Matthew sont blessés. Deux choses ne vont pas. La première est la musique de fond. Mettre des violons lancinants pour accentuer le côté dramatique ne fait qu’empirer les choses. En soi, ce n’est pas dérangeant, mais dans le fond, c’est du déjà-vu. A cause de cela, on devine aisément quelle sera en sera l’issue. Ne pas avoir mis de musique aurait pu laisser planer le doute. La seconde est que Julian Fellowes a souhaité entrecouper cette scène de deux scénettes où Daisy et Mary sont toutes les deux prises d’un malaise, au moment même où William et Matthew se trouvent en danger de mort. Passe encore que Daisy ait un mauvais pressentiment. Mais le fait que Mary en vienne à renverser sa tasse de thé relève de la plus profonde niaiserie. Non pas que ce phénomène ne puisse pas arriver dans la réalité, mais la façon dont est mis en scène ce passage est très mauvaise. Alors qu’elle voit que sa fille va mal et qu’elle vient de renverser sa tasse, tout se passe comme si c’était normal et Cora ne bouge pas d’un pouce. Crédibilité ? Euh… joker.

Maggie Smith resplendit de justesse de bout en bout. La scène où elle tente de parler au téléphone est un monument de la série, une cultissime leçon de comédie ! Elle forme d’ailleurs avec Laura Carmichael, Lady Edith, un duo très soudé. L’alchimie entre ces deux actrices fonctionne à merveille.

 

 

Michelle Dockery joue particulièrement faux tout au long de l’épisode. A commencer par la séquence que nous venons de citer. Admettons que le personnage de Mary ne soit pas très sympathique et qu’elle n’exhibe pas ses sentiments en public. C’est un fait. Mais c’est ce qui est particulièrement dommage dans la série. L’interprète joue de façon très monotone et la chose est encore plus visible lorsqu’elle est censée passer d’une émotion à une autre. Finalement, le problème vient-il de l’interprète ou du personnage ? Nous serions tentés de croire que cela vient du personnage, mais malheureusement, cela ne rend pas assez bien pour nous le confirmer. Au contraire de Laura Carmichael dont le jeu est très varié, Dockery n’est pas assez convaincante.

Dan Stevens surjoue son personnage, au point de rendre insupportables ses quelques scènes de désespoir. Faisant mine de pleurer sans jamais y parvenir, Matthew perd en crédibilité. Je fais référence au moment où, après avoir appris qu’il ne remarcherait pas et qu’il est impuissant, il ordonne à Lavinia de le quitter, de l’oublier et de retourner à Londres. Entre souffle haletant, voix cassée et zéro larme, le cocktail ne se digère pas bien.

 

 

Réapparition de Vera Bates, encore plus cruelle qu’au début de la saison 2. Celle-ci veut en finir avec son mari et promet de lui pourrir la vie jusqu’au bout. Les ennuis ne sont donc pas terminés, au grand désespoir d’Anna. La saga Bates continue et n’est pas prête de s’arrêter ! Cet arc devient de plus en plus intéressant au fur et à mesure des épisodes. Maintenant que Vera est revenue, les confrontations sont inévitables et les tensions battent leur plein !  Merci Madame Bates pour venir mettre un peu d’ambiance du côté des domestiques !

Le décès de William marque la fin d’une époque. En fait, malgré les apparences, la disparition du personnage affecte beaucoup la série. William était peut-être un peu effacé mais était aussi un garçon très gentil et très attachant. Comme quoi, ce sont toujours les meilleurs qui partent les premiers, et ce n’est qu’un début. Sa perte met fin à une période d’insouciance pour Daisy, qui va devoir supporter le poids du veuvage et ses conséquences.  La scène de sa mort est certes triste, mais est surtout teintée de mélancolie.

 

Malgré les points négatifs relevés, Le poids du secret est un épisode que l’on ne peut pas rater. L’aspect mélodrame ne fonctionne pas assez, mais l’histoire en elle-même est très prenante.  

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6. RETOUR A DOWNTON


 

 

Réalisation : Andy Goddard

Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Gravement défiguré, le Major Patrick Gordon est accueilli à Downton Abbey et confie à Edith qu’il n’est autre que Patrick Crawley, supposé mort lors du naufrage du Titanic. Cette nouvelle trouble toute la famille mais Matthew, compte-tenu de sa paralysie, pense que cela vaudrait mieux pour lui de ne plus être l’héritier. Lord Grantham charge Murray d’investiguer mais en conclut qu’il s’agit probablement d’un ami du vrai Patrick Crawley, Peter Gordon. Seule Edith croit en sa sincérité. Mary et Richard Carlisle envisage d’acheter un château près de Downton Abbey. Ils demandent à Carson d’être leur majordome. Il finit par accepter.  Isobel envisage de rendre Downton utile dès la fin de la guerre et d’en devenir la patronne. Cora et Violet comptent bien l’en empêcher.

Ethel apprend que le Major Bryant a été tué à la bataille de Vittorio Veneto. Elle se retrouve donc définitivement seule en charge de son fils Charlie,. Bates doit encore se battre pour que sa femme accepte de divorcer. Il se rend à Londres mais quelques jours plus tard, Vera est retrouvée morte à son domicile.

L’armistice est signé et la guerre prend fin.

Critique

Que c’est long et décevant… Une ou deux scènes plutôt bonnes mais beaucoup trop rares.

Un certain Patrick Gordon débarque à l’improviste à Downton Abbey et prétend être Patrick Crawley. D’accord pour le concept. Mais franchement, n’y avait-il pas un autre moyen de l’introduire ? Il aurait survécu au naufrage du Titanic, souffert d’amnésie et été identifié par erreur comme passager canadien, pour ensuite retrouver la mémoire et revenir à Downton ? Non, c’est un peu facile… Mais visiblement, Edith semble lui accorder de l’importante. Pourtant, il est évident qu’il y a baleine sous gravier et que ça sent la mascarade à plein nez. Le dénommé Gordon se contente de raconter des souvenirs bateau et suppose que cela est suffisant pour se faire accepter. D’autant plus qu’il fait exprès de faire planer le doute le jour de son départ en laissant une lettre signée « P. Gordon », sans indiquer s’il s’agit de Peter ou de Patrick.  Ce personnage ennuyeux qui monopolise les trois quarts de l’épisode n’aura en fin de compte servi à rien. Erreur de casting. Oust !

Ethel devient enfin un personnage à part. Dans l’épisode précédent, son apparition fut assez brève et pas assez développée. Ici, on sent qu’elle va se mettre à casser les murs et à se battre pour que les parents du Major Bryant acceptent de reconnaître le bébé comme leur petit-fils.

 

Sir Richard Carlisle et Mary se décident à acheter un énorme château pas loin de Downton Abbey, à Haxby. Je ne sais pas s’ils réalisent le non-sens de vouloir engager Carson comme leur majordome. Ce projet ne paraît pas du tout réaliste. C’est comme demander à Violet ce qu’est un week-end : ce n’est pas possible. Carson est le raison de vivre de Downton. Pas de Carson, pas de Downton. Pas de Downton, pas de Downton. En bref, cette trame des plus inutiles, comme celle du Major Gordon, est à mettre à la corbeille, sans regret et sans recyclage.  

Grand moment de réjouissance à l’annonce de la fin de la guerre… En plus, on va enfin savoir si Sybil acceptera de partir avec Branson. Et bien… Non, pas encore. Oh ! Comme si ces regards tendres que l’un porte sur l’autre peuvent une seule fois nous faire douter de l’issue de cet arc. Cette  relation affectueuse est la plus passionnante de toute la série. Juste ce qu’il faut de sentiments et de mots pour en faire une très belle histoire. Et même si Branson peut être très rude à cause de ses opinions politiques et éprouver de l’aversion pour la haute société, sa sincérité et sa patience jouent en sa faveur et son comportement reste tout de même très courtois, faisant de lui un bien chic type.

 

 

Jane Moorsum semble faire effet sur Robert. Avouez que l’on n’avait pas envisagé qu’il puisse avoir une aventure avec une de ses domestiques. Remarquez, ça le décoince un brin. Ceci dit, rien ne se passe encore dans cet épisode. Mais on sent la soudaine proximité qui s’instaure et les regards qui se perdent.  

Isobel se fait une fois de plus démonter par Violet. La mère de Matthew souhaite définitivement faire de Downton Abbey une maison de convalescence. La réaction de Lady Grantham est hilarante. Cora et Violet, associées contre l’usurpation ! C’est puissant !!!

Bates sort les griffes. Pour la première fois, il va prendre les commandes de sa propre vie. En témoigne une réplique choc dont le ton ne lui est pas familier : « Si seulement elle était l’  « ex » madame Bates, milord. Ou mieux encore « Feu » madame Bates ». Plein de projets, on se rend bien compte que la tâche va être impossible si Vera ne sort pas de son champ de vision. La seule solution est donc de la faire mourir. On peut reprocher à Fellowes de ne pas montrer comment se  passe la dernière confrontation entre Bates et sa femme. Cet homme étant toujours très calme, cela aurait permis de jouer sur son côté sombre, parce que l’on sait qu’il en a un. Il est là, quelque part, mais il existe bien. Ou alors, on peut simplement supposer et laisser notre imagination l’emporter.

 

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7. NOUVELLES VIES


 

 

Réalisation : James Strong

Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Downton Abbey redevient une propriété privée. Matthew retrouve l’usage de ses jambes. Il annonce alors son mariage avec Lavinia. Mais Violet lui conseille de bien prendre le temps de réfléchir et de ne pas faire l’erreur d’épouser la mauvaise.

Alors que les parents du Major Bryant sont invités à déjeuner, Ethel s’introduit dans la salle à manger et leur présente le petit Charlie, rendant M. Bryant furieux. Carlisle demande à Anna d’espionner Mary. Elle refuse et en parle à Carson et Mrs. Hughes. Carson n’accepte pas d’être son majordome et décide de rester finalement à Downton. Lord Grantham se rapproche de Jane et l’embrasse fougueusement, laissant la jeune femme sous le choc.

Sybil retrouve Tom dans le garage et lui annonce qu’elle est enfin prête à vivre avec lui en Irlande. Ils s’enfuient mais Mary et Edith les rattrapent et demandent à leur sœur de ne pas décevoir leurs parents et de leur donner du temps pour s’y faire. Enfin, Thomas se rend compte qu’il s’est fait escroquer dans sa tentative de marché noir.

Critique

J’avoue avoir eu du mal à noter cet épisode. Des moments de qualités mais éclipsés par quelques longueurs scénaristiques. J’accepte finalement de lui donner trois étoiles. On n’est pas encore dans le genre passionnant que seront les deux derniers opus de cette saison, mais le niveau se relève largement par rapport au précédent. 

L’arrivée d’Ethel donne un sérieux coup de fouet à l’épisode. Elle a la ferme intention de présenter le petit Charlie à ses grands-parents. Son intrusion rend cette femme moins sotte que l’on pouvait soupçonner. Il était temps qu’elle agisse par elle-même, au lieu de passer sans arrêt par Mrs. Hughes. Mais manque de chance, le père du Major Bryant ne l’entend pas de cette oreille.

Thomas se lance dans le marché noir pour Mrs. Patmore. Daisy et elle se rendent compte qu’il s’est fait rouler. Furieux, il se rend dans la réserve et est pris d’une colère foudroyante. Thomas sous un jour nouveau. C’est bête, c’est la première fois qu’il se rendait utile. Sublime réplique d’O’Brien à la cuisinière en chef : « And when will that be, O Mighty One ? » (En anglais, ça rend mieux).

 

 

 

Sir Richard Carlisle se rend encore plus détestable qu’il ne l’était avant. Effectivement, il fait une demande des plus originales à Anna : espionner Mary et lui établir le compte-rendu de ses journées. A partir de maintenant, on espère que Mary va laisser tomber cet homme, assumer le chantage qu’il lui avait promis, c’est-à-dire révéler son histoire avec Pamuk, retrouver Matthew, et vite, vite, vite ! Carson décide de ne pas accepter la proposition de Carlisle, à notre plus grand soulagement. De toute façon, cela sent la rupture à plein nez.

Bates a encore du souci à se faire. Il se souvient de la mort au rat que lui avait demandé d'acheter Vera quelques mois avant sa mort. Sa femme avait donc prévu le coup. Elle aura tenu sa promesse de lui pourrir la vie même depuis sa tombe. Gros retournement de situation.

Matthew retrouve miraculeusement l’usage de ses jambes. Ce n’est pas sans déplaire à Lord Grantham, qui voit dans cette guérison plus qu’une bénédiction : « Mon cher ami vous n’imaginez pas tout ce que cela représente pour moi ! ». Heureusement que Cora est plus humaine. Vous avez-vu cette extrême expressivité ? On peut difficilement faire mieux.

 

 

 

Mais il est encore coincé avec Lavinia. Et ce n’est pas tout, il annonce son prochain mariage, qui aura lieu à Downton Abbey même. Violet vient alors trouver Matthew dans sa chambre et lui conseille de bien réfléchir à sa décision, donc de ne pas se tromper d’épouse : « Il n’y a pas d’échappatoire pour les gens comme nous. Vous allez passer quarante ou cinquante ans de votre vie avec la même femme, donc soyez sûr de votre choix ». Bien essayé, mais Matthew est un homme d’honneur… Et ce n’est pas fini !

Cet événement  donne des idées à Sybil, qui va retrouver Branson dans le garage. Le moment tant attendu est arrivé. « They finally kiss! ». C’était sans compter la remarque de Sybil, un peu inappropriée : « Oui, vous pouvez m’embrasser, mais c’est tout pour le moment ». Pas d’inquiétude Sybil, Tom n’est pas du style sauvage ! Non mais qu’est-ce qu’elle croyait… Qu’ils allaient vivre un moment à la Jack et Rose dans Titanic ?

 

 

Leur fuite n’était pas tellement utile. Non seulement, elle n’aboutit pas puisque Sybil accepte bien sagement de retourner chez elle. Mais en plus, on avait du mal à croire qu’elle puisse couper les ponts aussi brutalement avec sa famille. Branson fait alors preuve d’un peu trop de préjugés : « Ne les écoute pas, elles veulent juste nous séparer », « Rentre avec elles si tu crois que tu peux être plus heureuse là où tu es ». Bon ça c’est le côté agaçant du bonhomme.

 

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8. ÉPIDÉMIE


 

 

Réalisation : James Strong

Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Le mariage de Lavinia et Matthew avance à grand pas. Sybil et Branson annonce à la famille qu’ils ont l’intention de partir en Irlande et de se marier. Robert est furieux et ne compte pas laisser sa fille aux mains de son chauffeur. Il tente de convaincre Tom par tous les moyens possibles mais celui-ci reste sur sa décision. Sybil, de son côté, ne cède pas aux pressions de son père et de sa grand-mère. A trois jours du mariage, une épidémie de grippe espagnole sévit à Downton et le château en est affecté. Cora, Lavinia, Carson et deux femmes de chambre sont victimes de la maladie. Le mariage doit donc être reporté.

Anna et Bates se marient en secret à Ripon. Thomas, ayant perdu toutes ses économies en entrant dans le marché noir, veut retrouver un poste à Downton Abbey, qu’il avait laissé en rentrant dans l’armée. Il profite alors de l’absence de Carson pour se racheter et le convaincre de le réembaucher.

Un soir, alors que Lavinia est alitée, Matthew met en marche le gramophone. Mary le rejoint et lui accorde une danse, mais ils finissent par s’embrasser. C’est à ce moment que Lavinia descend les escaliers et les surprend. Loin d’être en colère, mais très amoureuse, la jeune femme avoue à Matthew qu’elle ne se mettra pas en travers du chemin. Cora est au plus mal et est à deux doigts d’y passer. Mais alors qu’elle se remet d’une nuit cauchemardesque, Lavinia décède. Matthew est persuadé que lui et Mary sont responsables de sa mort. A son enterrement, Lord Grantham donne à Sybil sa bénédiction.

Critique

L’avant dernier épisode constitue en vérité une fin de saison idéale. Des scènes formidablement écrites viennent mettre un terme à la plupart des interrogations qui pesaient tout au long de cette période 1914/1919.

Contre la volonté de ses sœurs, Sybil annonce son mariage avec Branson en fin de soirée. Cette scène est presque impeccable et les acteurs sont très justes, plus particulièrement Robert. On peut simplement regretter qu’elle soit coupée, car non seulement on ne s’arrête pas en si bon chemin, mais en plus de cela, il aurait été judicieux de voir comment elle arrive à se dépatouiller pour annoncer la nouvelle à ses parents. Il manque donc un bout. Ne pas louper l’expression de Maggie Smith à ce moment précis :

« - Ta grand-mère a le droit de savoir au même titre que les autres.

- Pourquoi je ne trouve pas ça rassurant… ? »

La scène entre Robert et Branson permet de mettre en avant les défauts de Lord Grantham, qui est prêt à le payer pour qu’il sorte de la vie de sa fille. Tom réussit à lui dire ses quatre vérités : « Vous êtes persuadé qu’elle ne pourrait être heureuse que dans une autre version de Downton Abbey. Vous savez quel est votre problème ? Vous êtes comme tous les gens de votre espèce, vous pensez avoir le monopole de l’honneur ».

 

L’épisode donne somme toute une très mauvaise image de Robert. Il accumule en un laps de temps assez réduit de multiples gaffes. Le fait que Cora soit souffrante l’isole et lui donne l’occasion de flirter à nouveau avec Jane. Cette dernière se montre très familière et intrusive, et surtout, elle manque de finesse. Lord Grantham n’est pas non plus à épargner. Son indélicatesse et son esprit « Je suis le maître  donc j’ai tous les droits » sont dérangeants. Lui qui s’oppose si farouchement au mariage de sa fille avec un prolétaire se permet d’embrasser fougueusement une femme de chambre pendant que son épouse est en train de souffrir le martyr. Quelles mœurs étranges… 

Ethel rencontre pour la deuxième fois les parents du Major. Mais Monsieur Bryant est loin de vouloir accorder à Ethel le droit de voir son fils lorsqu’elle l’aura confié à eux. Son histoire avance, mais encore une fois, cela n’aboutit pas encore. Elle refuse de le leur laisser. Bonne ou mauvaise décision, on ne sait pas. Mais tout ce que l’on peut deviner, c’est que ce n’est encore fini. Sa décision a l’air irrévocable mais il semble impossible qu’elle s’en tienne là. A suivre.  

Alors qu’on la croyait hors de danger, Lavinia meurt. Manière un peu radicale d’éliminer une indésirable mais la fin justifie les moyens… « Fais-moi plaisir, soit heureux, s’il te plaît ». C’est un peu cliché mais cela tient. D’un côté, elle était tellement amoureuse de lui qu’il est légitime qu’elle lui dise ce genre de chose sur son lit de mort, mais d’un autre, cela nous rappelle tous les bons vieux films américains avec la scène finale mélodramatique où le meilleur ami agonise et lance un : « Tu lui diras que je l’aimais…» et meurt juste après avoir énuméré ses dernières volontés. Heureusement qu’ils n’y ont pas ajouté la traditionnelle quinte de toux. Là, je me serais fâchée.

 

En revanche, du côté de Cora, le mal était plus sévère mais s’est finalement dissipé. Scènes de presque agonie très réalistes (vomissement, sueur, saignement de nez, respiration bruyante...etc). Elizabeth MacGovern se distingue dans un autre registre et elle s’en tire à bon compte.

Matthew adopte une tête de chien battu tout au long de l’épisode, particulièrement agaçante. Cependant, Dan Stevens réussit à convaincre lorsqu’il doit faire le deuil de Lavinia. Son égarement, sa façon de ne pas comprendre ce qu’il se passe autour de lui et son regard abattu sont des attitudes qu’il manie très bien.

 

 

 

 

Les choses avancent à grands pas en ce qui concerne Anna et Bates. Prudente, elle préfère l’épouser avant qu’il ne lui arrive quoi que ce soit en rapport avec le suicide de sa femme. Julian Fellowes nous donne même l’occasion de voir une scène de lit mais très pudique. No sex please we’re British ! L’épisode se termine sur une note grave. Lavinia est enterrée, Matthew et Mary mettent fin à leur relation et Bates est effectivement arrêté.

 

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9. DOUBLE ÉPISODE « SPÉCIAL NOËL »


 

Réalisation : Brian Percival

Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Décembre 1919. Toute la famille Crawley se réunit pour fêter Noel. Lady Rosamund, accompagnée de sa femme de chambre Miss. Shore, invite à Downton un certain Lord Hepworth, qu’elle a l’intention d’épouser. Violet se rend bien compte qu’il est en fait ruiné et ne l’épouse que par intérêt, ce que sa fille accepte néanmoins.

Pendant ce temps, John Bates est en prison et attend son procès qui doit avoir lieu à York. Mrs. Hughes, O’Brien et Lord Grantham sont appelés à témoigner, mais la peine de mort est proclamée. Cependant, son avocat, Murray, parvient à faire changer le verdict pour la prison à vie.

Mary supporte de moins en moins Carlisle, et son père, qui a appris son histoire avec Pamuk, lui demande quand même de le quitter et de partir aux Etats-Unis pour un temps. Après une bagarre avec Matthew, Carlisle quitte Downton Abbey.

Daisy se laisse influencée par Miss. Shore qui lui fait comprendre qu’elle vaut bien plus que ce qu’elle est. Elle commence alors à se plaindre mais Monsieur Mason, le père de William, à qui elle rend visite, lui conseille plutôt d’en parler intelligemment à Mrs. Patmore.

Thomas souhaite être promu valet de chambre pendant l’absence de Bates, mais Carson ne parvient pas à convaincre Lord Grantham. Il décide donc de se faire remarquer et cache Isis, la chienne, dans la forêt. Alors que toute la maison est mobilisée  pour la retrouver, Mary avoue à Matthew son aventure avec le diplomate. D’abord choqué, il n’en tient finalement pas compte. Lady Violet a l’idée d’inviter Anthony Strallan pour faire plaisir à sa petite fille Edith. Lady Grantham reçoit une lettre de Sybil qui lui annonce qu’elle est enceinte.

Longtemps réticent après la mort de Lavinia, Matthew finit par convaincre Mary de rester et, un genou à terre le soir du bal des serviteurs, la demande en mariage. Elle accepte.

Critique                                           

L’ultime épisode de la saison 2 offre un panel de talentueux acteurs venant s’ajouter au casting initial. Il se concentre sur les trames les plus développées de la saison, à savoir le procès de Bates, le triangle Carlisle-Mary-Matthew, mais aussi sur celles qui n’ont pas eu le temps de davantage s’étendre, notamment en ce qui concerne Daisy et son sentiment de culpabilité après avoir épousé William. C’est également l’occasion pour des personnages laissés de côté assez longtemps de revenir à la charge, tels Sir Anthony Strallan, que l’on avait oublié depuis le dernier épisode de la saison 1, mais aussi Lady Rosamund. A la fois festif et grave, mélangeant finement les genres, cet épisode est un final resplendissant, même en l’absence de deux personnages clé : Sybil et Tom Branson, qui se sont mariés en toute discrétion en Irlande.  

Commençons avec le procès de Bates qui se tient enfin après des mois de spéculation, permettant aux acteurs Brendan Coyle et Joanne Froggatt de se distinguer dans un registre plus tragique. L’issu du procès est inévitable, mais étant donné que Downton Abbey est une série qui joue beaucoup sur les rebondissements, nous nous attendons à ce que la situation se renverse. C’est chose faite, mais il faut avouer que le suspens tient jusqu’au bout. Au contraire de Thomas qui n’éprouve aucune compassion et préfère remarquer que la disparition de Bates va laisser la place à un nouveau valet, O’Brien prend un visage humain et s’en prend même à son ancien complice.

 

 

C’est également le cas de Lord Grantham. Nous nous étions arrêtés sur une image péjorative de Robert Crawley. A la fin du dernier épisode, la mort de Lavinia l’avait néanmoins fait réfléchir sur ce qui était réellement important, puisque même la guerre n’avait pas pu lui faire cet effet et ne le fera pas, quoiqu’il en dise. Dans cet épisode de Noël, le procès de Bates lui pesant sur la conscience, il surprend en adoptant un comportement plus doux et compréhensif, spécialement envers sa fille ainée à qui il demande de partir en Amérique. Il n’éprouve même aucune colère lorsque sa femme lui révèle que Kemal Pamuk était mort dans le lit de Mary. Considérant que cela remonte à l’année 1912 ou 1913, on peut comprendre que cela lui fasse ni chaud ni froid. Sans oublier qu’il a lui-même fait une très grave erreur en s’aventurant Jane, l’ancienne femme de chambre.  

L’esprit festif que suppose le titre de l’épisode est présent au début et à la fin. Décoration de l’immense sapin,  remise des cadeaux, jeux de charade, fête du nouvel an, puis bal final, tout cela ne prend qu’une bonne vingtaine de minutes. Plaisant et léger, savourez ces quelques instants. Il ne faut absolument pas rater la très subtile réplique d’Isobel insinuant que Violet, qui se demande ce qu’on lui a offert, a tendance à les lui casser : « C’est un casse-noix. On a pensé que ça vous ferait plaisir. Pour casser les noix ». Au passage, Lady Violet aborde une garde-robe imbattable.

Nous clôturons ainsi la décennie 1910. Le jour de l’an 1920 semble bien amer pour la Dowager,  qui fait remarquer : « Quand on voit ce qu’il s’est passé en dix ans, qui sait ce que nous réserve l’avenir ». Encore beaucoup de choses, des bonnes comme des terribles, mais il est peu probable qu’elle soit encore de ce monde pour déclarer : « Je vous l’avais bien dit ! ».

 

 

 

Daisy trouve une place de choix dans ce dernier volet. Depuis son mariage avec William, elle n’avait cessé de culpabiliser, et refusé de voir le père de son défunt mari. Mrs. Patmore arrive à la convaincre en misant sur la naïveté de sa protégée, ce qui fonctionne à merveille. Les domestiques avaient effectivement ressorti une vieille planche d’Ouija, instrument supposé communiquer avec les esprits. Mrs. Patmore s’en saisit et fait semblant de se laisser guider par l’esprit de William, ce qui trouble Daisy.

C’est l’un des rares personnages de la série qui n’évolue pas, et ce depuis la saison 1. Heureusement, le fait de se rendre chez le père de William va lui donner un peu de bon sens. Tout d’abord envers son statut de veuve et ses devoirs envers le père de son mari, mais aussi envers sa propre profession. On peut donc envisager qu’après deux saisons, soit 7 ans de stagnation, elle va songer à voler de ses propres ailes et prendre sa vie en main.

 

 

Comme dit précédemment, le neuvième épisode fait resurgir d’anciennes connaissances. A commencer par Anthony Strallan, ancien amoureux d’Edith, pour ne pas dire amant ou fiancé. Remontée à la surface très inattendue pour un personnage qui ne cassait pas trois pattes à un canard et très ennuyeux.  Edith est jeune, le monde change, mais Fellowes s’obstine à vouloir la caser avec un cinquantenaire peu reluisant qui avoue lui-même qu’il aurait besoin non pas d’une épouse mais d’une infirmière. Lady Rosamund non plus ne semble pas avoir trouvé le bon filon. Mais elle, c’est déjà moins grave. Pourtant, le personnage de Lord Hepworth est à première vue très plaisant, même si c’est un opportuniste. Dommage qu’il fricote avec Miss. Shore dans les couloirs de Downton.

Venons-en maintenant à l’axe le plus important de l’épisode, celui qui concerne Mary, Matthew et Richard Carlisle. Important, mais pas forcément très bien abordé car assez répétitif. Fellowes insiste lourdement sur le détestable caractère de Carlisle. En cette période de fêtes, Matthew semble avoir fait le deuil de Lavinia mais est tout d’abord catégorique. Il ne se remettra pas avec Mary, quoiqu’en pense sa mère Isobel. Sans être un élément moteur, cette dernière demande à plusieurs prises à son fils de faire preuve d’un minimum de bon sens. Carlisle finit par quitter Downton Abbey après s’être battu avec Matthew la veille au soir, scène d’ailleurs un peu trop courte. Comme quoi, il a suivi les conseils de sa mère : « Il faut que tu te battes pour elle ». Voici enfin l’achèvement d’un périple amoureux qui aura duré sept ans. Sept ans durant lesquels la relation entre Mary et Matthew tournait en rond.

 

 

Le bal des serviteurs a lieu après avoir appris que Bates ne sera finalement pas pendu. Une des meilleures scènes de l’épisode. Entre valse et danses guillerettes, la musique joyeuse et entraînante donne premier aperçu de l’esprit des années folles et constitue une très belle conclusion de cette saison 2.

 


Matthew demande maintes fois à Mary si elle compte toujours partir en Amérique. Inutile d’aller plus loin, on comprend où cela va nous mener. La demande en mariage est certes très romantique mais aussi très improbable. Je tiens à rappeler qu’on est en janvier, qu’il neige, que donc il fait froid, que par conséquent on ne sort pas en petite tenue. Apparemment cela ne pose aucun problème à Mary qui passe plusieurs minutes à l’extérieur largement découverte. Mais peu importe, la deuxième saison s’achève sur un joli plan de Downton enneigé.

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Images capturées par Juliette Vincent.

 

L'Entraide

 saison 3 saison 5

Downton Abbey

Saison 4


1. ÉPISODE 1





Réalisation: David Evans
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Février 1922. Six mois ont passé depuis la mort de Matthew et Mary, qui porte toujours le deuil, erre dans les couloirs de Downton Abbey. Son entourage s’inquiète et Tom est convaincu qu’il lui faudrait s’intéresser à l’héritage du petit George. Carson s’en mêle. Mary accepte finalement de quitter ses habits noirs. Edith passe plus de temps à Londres en compagnie de Michael Gregson. A condition de devenir citoyen allemand, celui-ci pourra divorcer et épouser Edith.

Un matin, Sarah O’Brien quitte Downton pour rejoindre les Flintshire sur la route de l’Inde et devenir femme de chambre de Susan. Edna, que nous avons eu l’occasion de connaître lors du précédent épisode, devient la nouvelle femme de chambre de Cora. Mrs. Hughes, Carson et Tom craignent des répercussions qui pourraient s’avérer désastreuses. 

Carson reçoit une lettre de son ex compagnon de scène, Charles Grigg, mais jette l’enveloppe. Mrs. Hughes la récupère et décide d’aller rendre visite à Grigg qui travaille dans des conditions lamentables dans un hospice. Elle demande de l’aide à Mrs. Crawley, qui accueille le malheureux. Molesley, ayant perdu son emploi après la mort de Matthew, désespère de se remettre un jour à travailler. Violet le présente à une amie à elle.

C’est la Saint Valentin et alors que les lettres circulent dans les cuisines, Daisy reçoit une carte d’un mystérieux prétendant, espérant qu’il s’agisse d’Alfred. De son côté, Thomas s’entend très mal avec la nounou des enfants, Miss West, et se charge de la faire renvoyer. Cora la surprend traiter la petite Sybil de « sale batarde » et  lui ordonne de s’en aller sur le champ.

Critique 

La mort de Matthew porte un sacré coup à Downton Abbey et cela se ressent méchamment. Je ne reviendrai pas sur le fait que la série aurait dû s’arrêter à la saison 3. Le couple formé par lui et Mary était porteur de la série depuis ses débuts. A présent, il faut au moins que le personnage de Mary puisse endosser cette responsabilité. Mais pour l’instant, il n’en est rien. L’histoire sera désormais centrée sur des questions d’héritage  et dans tout ça, la jeune veuve, qui s’enferme dans sa solitude, fait figure de personnage fantôme. Ce qui fait que l’épisode est un peu vide et nous nous sentons un peu seuls aussi. 

Les premiers plans de l’épisode montrent une campagne anglaise dans le creux de l’hiver, ce qui donne parfaitement le ton de ce début de saison : le vide. Comment filmer l’absence ? Les cris du petit George dans les premières heures du matin, l’indifférence de Mary à l’égard de son fils, allant jusqu’à l’appeler « pauvre petit orphelin », les photos du mariage, l’intrusion au cimetière où nous est dévoilée la tombe de Matthew. Le contraste entre la saison 3 et la saison 4 est explicitement mis en évidence par un rappel de mise en scène et de costume. Dans l’épisode du mariage, Mary descend les escaliers toute de blanc vêtue, dans une longue robe finement brodée, puis s’arrête. Dans le premier épisode de la présente saison, elle descend ces mêmes escaliers, toute de noire vêtue, dans une robe qui n’est pas sans rappeler dans ses formes sa tenue blanche, puis s’arrête. Dans cette même prise de vue, le regard a changé et le contraste est saisissant.

La complicité entre Carson et Mary est à nouveau mise sur le devant de la scène dans ce passage émouvant où la jeune femme fond en larmes dans ses bras. Une autre scène significative et très représentative de notre opinion sur la mort de Matthew est celle où Mary quitte la table dans un mouvement de colère : « Après tout ce qu’il a enduré pendant la guerre, il meurt dans un stupide accident de voiture ! ». Oui. Merci de le reconnaître.

Lady Edith fait figure de grande star. Sa relation avec Michael Gregson est à présent un point central de la série et dans ce contexte, nous allons être transportés loin de Downton Abbey. A Londres, dans un grand restaurant, elle apparaît dans une magnifique longue robe fendue, et se prend même à embrasser publiquement son amant, sans scrupule et sans gêne. Une dimension intéressante est le fait qu’il veuille se faire citoyen allemand pour pouvoir divorcer d’avec sa femme, qui je le rappelle, est internée dans un hôpital psychiatrique. La loi britannique ne reconnaissant pas la démence comme cause valable de divorce, il est prêt à rejoindre « la race la plus haïe d’Europe ». Fabuleux ! Soit c’est très prometteur pour l’avenir de la série, soit ce sera un échec total. Et si ça foire, je crains que le personnage d’Edith ne régresse à nouveau.  

C’est la Saint Valentin, et voilà qu’on nous ressert de l’Alfred-Daisy-Jimmy-Ivy. Je le dis, je le répète : c’est barbant. Le personnage de Jimmy est encore plus détestable qu’avant et Alfred est incapable de s’imposer et d’agir comme un homme. Et puis ça ne tient pas debout. Alfred, Ivy et Jimmy sont à peu près arrivés en même temps, dans l’année 1920, à quelques mois d’intervalle. Nous sommes en 1922. Depuis 2 ans, Alfred est amoureux d’Ivy et Ivy le sait, Jimmy est un petit con et ça, tout le monde le sait. Ivy est attiré par Jimmy mais Jimmy n’aime que lui. Partant de ce principe, et depuis le temps que ça dure, pourquoi tout le monde doute-t-il des sentiments de tout le monde ??? La gestion du temps dans cette série est tout de même très spéciale. Et en plus de cela, Fellowes n’est pas tendre avec Daisy. Il ne lui suffit pas de la faire stagner depuis la saison 1, il faut en plus qu’elle sache qu’elle ne séduit personne. Ce n’est pas un homme qui lui a envoyé une carte. C’est Mrs. Patmore qui craignait qu’elle n’en reçoive pas. Sympa. Oui, sympa, mais pas très habile. 

Départ d’un autre personnage culte de la série : O’Brien. Ça va faire mal. Et ça va faire mal parce qu’elle est remplacée par une tête qui ne nous est pas inconnue : Edna, vue dans le dernier épisode de la saison 3. Remplacer une femme de chambre sadique irremplaçable par une autre femme de chambre encore plus sadique mais cette fois-ci indésirable est de très mauvaise augure. Une autre indésirable : Rose. Elle amène avec elle toute la décadence de son jeune âge, dans le mauvais sens du terme, avec le détail supplémentaire que c’est un pot de colle en forme de pouf. Et inutile de dire qu’elle apporte un nouveau souffle à la série. Inutile de tortiller, c’est une pouf. Tom Branson est resté à Downton mais n’est plus le jeune socialiste plein de convictions et de caractère. Il est devenu très modéré et c’est malheureux que l’on ne le reconnaisse pas..   

L’épisode ne brille pas vraiment par son intrigue. Entre autres, celle de Molesley est pitoyable. Quant à celle de Carson et de son ancien acolyte, Charles Grigg, que nous avons déjà vu dans le 2ème épisode de la 1ère saison, elle arrive bien tard. L’incorporer à une des saisons précédentes aurait été plus judicieux D’une part, parce qu’une fois qu’on fait connaissance avec le bonhomme, on souhaiterait comprendre quel est le problème, et ce le plus vite possible. D’autre part, parce que ce thème serait peut être passé comme une lettre à la poste dans un épisode dont la qualité aurait pu compenser la faiblesse de ce dernier. Et enfin parce que j’appelle ça du recyclage. Se souvenir d’un personnage déjà très chiant à l’époque, lui inventer une vie, le faire revenir et nous plomber un épisode. Dans la saison 1, Grigg nous apprenait que Carson et lui faisaient de la scène. Dans la saison 4, on se doute qu’une femme est à l’origine de leur dispute. Encore faudrait-il que ce soit intéressant. Mais non. On a déjà pu se rendre compte que Carson appartenait à la race humaine. J’ai juste envie de dire : c’est trop tard. 

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2. ÉPISODE 2


Réalisation: David Evans
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Mary reçoit un colis contenant une boite remplie des affaires de Matthew. Carson, croyant bien faire, le donne d’abord à Robert pour éviter de la chagriner. A l’intérieur d’un livre, il y découvre une lettre, dans laquelle son gendre écrit qu’il fait de Mary sa seule héritière. Après en avoir fait part à sa famille, il l’envoie à Murray pour qu’il l’examine et qu’il voit si elle est valable en tant que testament. Lord Grantham est réticent à l’idée de devoir partager son pouvoir avec Mary. Finalement, il en résulte que la lettre peut servir de testament. Lady Violet demande à Tom d’emmener Mary visiter le domaine, afin qu’elle sache quels sont les enjeux de sa gestion. Edith retrouve Michael Gregson dans son appartement londonien et l’invite à passer quelques jours chez elle lors d’une grande réception le mois suivant. Anna chaperonne Rose lors d’un « thé dansant » à York. Un jeune fermier du nom de Thawley, l’invite à danser. Elle se fait passer pour femme de chambre au service de la famille Crawley.

Mr. Molesley est au bout du rouleau et Anna, touchée par sa misère, lui propose de lui prêter de l’argent. Bates imite sa signature et rédige une reconnaissance de dette, prétendant lui devoir 30 livres que Molesley lui aurait prêtés lors de son arrivée à Downton.

Edna abîme un vêtement appartenant à Cora, et Thomas dénonce Anna comme étant à l’origine de ce petit incident. Lord Grantham réprimande Bates pour la prétendue jalousie d’Anna.

Carson est agacé par l’intrusion de Mrs. Crawley dans la vie de Charles Grigg, mais alors que ce dernier a trouvé un emploi à Belfast, accepte de le rencontrer sur le quai de la gare. Là, ils se rappellent Alice Neal, jeune femme qui était parti avec Grigg alors Carson en était lui aussi amoureux. Il se trouve que morte cinq ans plus tôt, elle avait avoué que Charlie Carson était le meilleur des deux. 

Critique

C’est un épisode que nous ne pouvons qu’assimiler au précédent. Pratiquement rien ne diffère, et à cause de cela, il aurait été plus judicieux de combiner ces deux volets. Le doute est levé sur la raison pour laquelle Grigg et Carson se sont disputés. Sans surprise, il s’agit d’une femme. Cette histoire est complètement inutile. Elle intervient trop tard.

Autre déplacement loin de Downton, à York. Un « thé dansant », appelé de cette manière dans la version originale, fait l’objet de toutes les excitations de Rose qui fait sa belle, la main dans les cheveux et la bouche en avant, attitude qui nous donne plus qu’envie de la gifler, étant donné que la série nous a habitué à beaucoup plus de classe et de discrétion. Rose est une tâche. Rose ne sert à rien. Rose ne remplacera jamais Lady Sybil, quand bien même elles se rapprochent par leurs idées neuves et leur envie de réformer le monde entier. Jamais Rose n’égalera Sybil. Cette idée d’introduire un air de fox-trot n’est pas de trop mais il est dommage que les festivités prennent fin si tôt.

L’ambiance est décidément très différente des saisons précédentes. Plus on avance, plus on s’éloigne de l’esprit originel de la série. Et cette transition ne s’effectue pas de la meilleure manière. A la fin de la saison 2, lors du Spécial Noël, le bal des serviteurs était l’occasion de marquer le début des années folles. Mais 3 ans ont passé et la saison 3 n’avait pas perpétué ce nouveau souffle d’insouciance. Le début de la saison 4 tente de le faire, vaguement et de manière expéditive, en excluant le château de Downton de cette nouveauté. 

La lecture des volontés testamentaires de Matthew est un passage plein de nostalgie. Enfin, la position de Mary sera vite fixée. Mais au fil du temps, Lord Grantham devient de plus en plus pathétique. Heureusement que Violet est là pour redresser le niveau, et dépitée devant l’obstination et l’ignorance de son fils, déclame magnifiquement : « Quand tu parles de la sorte, j’ai envie d’appeler Nanny et de t’envoyer au lit sans diner ». Cependant, je suis particulièrement déçue par passage en particulier. « J’ai une idée, annonce Lady Violet, je veux que Tom soit ton instructeur. Emmenez Mary lors de vos inspections, qu’elle apprenne les difficultés des fermiers, Expliquez-lui les céréales, le bétail, qu’elle voie les problèmes que rencontre le domaine ». Je suis « époustouplifiée » comme dirait l’autre. En quoi est-ce une merveilleuse idée ? N’est-ce pas censé être d’une logique implacable ? Je ne comprends pas pourquoi Mary, sachant qu’elle allait probablement être à la tête de Downton Abbey, n’en n’a jamais pris l’initiative toute seule.  Ceci dit, ces excursions nous donnent l’occasion d’apercevoir la campagne anglaise et les alentours du véritable Highclere Castle. 

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3. ÉPISODE 3


Réalisation: Catherine Morshead
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Une grande réception est organisée à Downton Abbey. Beaucoup de travail s’annonce pour les domestiques, et Mrs. Patmore, en particulier, est débordée. Parmi ces invités, Anthony Foyle, dit Comte Gillingham, que Mary a connu étant enfant. Tom se sent profondément mal à l’aise parmi cette horde d’aristocrates et confesse à Lord Grantham qu’il ne fera jamais parti des siens. Edna profite de sa faiblesse pour l’attirer vers elle.

Michael Gregson est également de la partie et tente de se faire accepter par le père d’Edith, sans grand succès. Lord Grantham est entraîné dans une partie de poker, remportée haut la main par Mr. Sampson. Gregson propose alors une revanche et cette fois ci, défiant la tricherie de son adversaire, gagne la partie, restituant l’argent à Robert et aux autres joueurs. C’est ainsi que Lord Grantham finit par reconnaître que le compagnon de sa fille est un brave homme.

Mrs. Crawley n’est pas prête à reprendre les festivités suite à la mort de son fils. Voyant Mary se rapprocher de Tony et retrouver le sourire, elle éprouve une certaine gêne mais reconnaît qu’elle est elle-même partagée entre l’envie de vivre à nouveau normalement et la culpabilité. Pourtant, Violet la convainc de venir assister au récital de Dame Nelly Melba.

Bates est agacé par le valet de Lord Gillingham, Mr. Green, qui s’intéresse particulièrement à Anna. Il apparaît d’abord sympathique mais un soir, alors que les convives et les domestiques assistent au spectacle de la cantatrice Melba et qu’Anna descend pour calmer un mal de tête, il la suit et la viole. Sans rien dire à son mari, mais ayant mis Mrs. Hughes au courant, elle quitte la maison, physiquement et psychologiquement blessée, et en larmes. 

Critique

Avec cet épisode, nous retrouvons la qualité à laquelle Downton Abbey nous avait habitués, malgré ceci : il a beaucoup fait parler de lui à cause une scène particulièrement choquante et inattendue, mais que la plupart des acteurs ont quand même défendue. Nous y reviendrons à la fin de cette critique.

Pour commencer, abordons l’atmosphère de ce nouvel opus. Une grande galerie de personnages s’entremêle à la famille Crawley, et certains resteront le temps de quelques épisodes, voire jusqu’à la fin de la saison. Il s’agit de Tony Gillingham et son valet Mr. Green, Mr. Sampson et pour finir, Sir John Bullock, fervent admirateur de Lady Rose. Il est temps pour la quatrième saison de sortir du coma, puisque je trouve l’expression appropriée. Le grand point positif de cette histoire est que Tom va à nouveau plonger dans un environnement qui n’est pas le sien. En quelque sorte, il retrouve un peu de son authenticité, c’est-à-dire ce pourquoi il est un personnage attrayant. Sans aller jusqu’à déclamer haut et fort ses opinions politiques ni être sujet à des gaffes répétées. C’est exactement ce qu’il manquait aux deux épisodes précédents. La contrepartie de ce retournement est que sa faiblesse tourne à l’avantage d’Edna, qui ne fait pas du tout l’unanimité et que l’on a eu la grande déception de retrouver en ce début de saison. 

Violet a le don pour être une grande réaliste. A la fois conservatrice, traditionnaliste, elle a néanmoins la possibilité d’être lucide et jouer sur les particularités de son statut de femme et d’aristocrate. Et elle nous le prouve encore une fois dans ce dialogue avec un Tom désorienté. 

«  - Ne l’appelez pas Votre Grâce.

- Je pensais que c’était correct.

- Pour un serviteur ou une personne officielle lors d’une cérémonie, oui, mais en société, appelez-la Duchesse.

- Mais pourquoi ? Je ne vous appelle pas Comtesse.

- Certainement pas !

- Ce n’est pas logique.

- Si je voulais trouver de la logique, je n’irai pas en chercher dans l’aristocratie anglaise. »

Il n’est pas désagréable de voir Mary sortir de chagrin, car comme dit Aliszt du forum Avengers, « elle a le deuil chiant ». Tout de même, la vue du gramophone n’est pas sans lui rappeler une certaine époque, trois ou quatre ans plus tôt, lorsqu’elle avait dansé avec Matthew dans ce même hall (saison 2, épisode 8). Le charme de ce nouveau venu est incontestable. Il est riche, c’est un bon point. C’est un comte, c’est encore mieux. Mais voilà, il est fiancé. C’est bête. Quant à Isobel, elle remonte petit à petit la pente et cet épisode lui laisse beaucoup plus le temps de s’exprimer sur la mort de son fils, que ce soit à Tom ou à Lady Violet, chose qui avait été balayée assez rapidement précédemment.  Rendons à César ce qui est à César.

« - J’ai cette impression que quand je ris, que je lis un livre ou fredonne un air, cela veut dire que je l’ai oublié. Juste un instant. Et c’est cela que je ne supporte pas.

- Mais c’est tellement mieux d’oublier et sourire, plutôt que de se souvenir et être triste.

- Rosetti écrivait ça à propos de sa propre mort, pas celle de son fils. »

Quelques détails. Le premier, irritant : Mrs. Patmore se sent obligée d’en faire des tonnes et de s’user à la tâche. Le scénario est à ce sujet trop facile. Quoi de plus efficace pour déclencher une crise cardiaque ? Le deuxième, amusant : une réplique très discrète de Molesley mais tellement drôle, qui rappelle toujours combien il a de la chance :

«  - A quoi jouaient-ils ?

- Poker.

- Evidemment. On ne perd pas une fortune en jouant à la bataille…

- Moi je pourrais. »

Et pour finir, la controverse de l’épisode : le viol. Ce n’est pas un passage facile et beaucoup de personnes peuvent ne pas le supporter. On ne voit pas, on entend. On entend des cris et il est inutile d’aller plus loin. Par-là, l’initiative de Fellowes est intelligente. Je pense aussi que le fait que le réalisateur de cet épisode soit une femme, pour la première fois, permet de ne pas dépasser les bornes. Demander à une femme de diriger une actrice lors du tournage d’une scène de viol est sans doute lucide. Beaucoup de fans ont été choqués par l’existence d’une telle scène dans une série qu’ils considéraient inoffensive. Il est vrai que c’est inattendu. Mais elle reste suggérée. En partie, puisque nous ne voyons pas le pire.            

Mais était-ce utile pour autant ? Non. Je ne vois rien qui puisse justifier une telle intrigue. Bates sort de prison. Pourquoi s’acharner et ne pas leur foutre la paix ? Quel est le but recherché ? Le réalisme ? Pourquoi pas. Encore faudrait-il que ce réalisme plaise. Je pense que nous avons eu notre dose de moments déprimants depuis le début de la série, en comptant bien sûr sur les décès à répétition. La mort de Matthew, elle, était réaliste même si stupide, mais pas à ce point choquante. La mort de Sybil, réaliste, mais quelle était l’alternative ? Le viol d’Anna, lui, est inutile. Cela ne ressemble pas à la série et ce n’est pas ce que l’on attend d’elle.

En plus de cela, je pense que c’est un léger manque de respect que de faire intervenir cette scène en plein milieu du récital de Dame Nelly Melba, incarnée par la cantatrice néo-zélandaise Kiri Te Kanawa. Est-elle mise en valeur ? Non, même s’il y a un contraste évident entre sa voix et les cris d’Anna. Les scènes sont entrecoupées et c’est profondément désagréable. Je ne conteste pas la logique, puisqu’il ne faut pas que l’on puisse entendre Anna se débattre en bas, mais d’un autre côté, c’est un manque de respect, un moyen d’évitement. Kiri Te Kanawa est un moyen d’évitement de luxe. 

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4. ÉPISODE 4


Réalisation: Catherine Morshead
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Bates s’inquiète de la distance prise avec sa femme. Mrs. Hughes, qui a juré de ne rien dire, comprend que le violeur d’Anna était Mr. Green. Anna demande à reprendre une chambre à Downton car ne se sent pas de vivre avec son époux.  Mary, Tom et Rose se rendent à Londres chez Rosamund, et alors que Mary descend pour le diner, tombe sur Lord Gillingham. Rose leur propose d’aller danser dans un club très huppé de la capitale où Jack Ross, chanteur de jazz, invite la jeune fille à danser. Elle se fait fortement réprimander. A leur retour, Tony Gillingham, qui a pris le train incognito en 3ème classe, demande Mary en mariage. Elle ne peut que refuser.

Michael Gregson est sur le point de partir à Munich et le dernier soir, fait signer à Edith les papiers lui donnant le pouvoir de gérer ses affaires en son absence. Ils passent la nuit ensemble et elle rentre au petit matin chez Rosamund. Sa tante est furieuse mais n’en touchera pas mot à Robert et Cora.

Tom se ronge les sangs car Edna, avec qui il a passé la nuit, le prévient que si elle est enceinte, il devra l’épouser. Il en parle à Mrs. Hughes qui découvre qu’elle avait tout fait pour ne pas tomber enceinte mais en déduit qu’une fois qu’elle aurait eu la parole de Tom, elle aurait trouvé l’homme qui lui fera un enfant. Edna quitte Downton, et Thomas, ravi, suggère à Lord Grantham une nouvelle femme de chambre. Alfred lit dans le journal qu’un concours sera organisé à Londres pour recruter un chef cuisinier. Souhaitant en parler à Ivy, il la découvre dans les bras de Jimmy. 

Critique

Le niveau de la saison 4 grimpe doucement mais sûrement. Outre le plombage provoqué par le viol d’Anna, cet épisode est tout à fait correct. Mary, Edith et Tom font l’objet de trois intrigues intéressantes, mais downstairs, le calme est à son comble. En espérant qu’il réapparaisse vite, il est évident que la série a perdu l’humour qui lui était propre. Les sujets abordés sont plus graves et aucune place n’est laissée à la fantaisie, ce qui n’empêche pas que cet épisode soit de bonne qualité.

L’auteur se trompe en considérant que le viol d’Anna rajoute un élément dramatique à la série. En vérité, il aplatit parfaitement le scénario en privant les personnages d’Anna et Bates d’une histoire commune. A la place, Anna se replie sur elle-même et Bates est mis à l’écart, inquiet, dépourvu de moyen de la faire parler. Ce couple a un intérêt immense dans la série, et il est infiniment dommage que Fellowes ne prenne pas en compte nos attentes.

Dans la saison précédente, l’absence de Bates était parfois pesante. Et voilà que Julian Fellowes recommence et agace, car notre seul désir est qu’Anna dénonce Mr. Green afin que le nœud se dénoue. Mais elle ne le fera pas car elle a peur que son mari soit pendu pour avoir tué l’homme qui a bafoué son honneur. Partant de ce principe, elle peut se taire une éternité. L’obstination exaspérante d’Anna, qui continue de dire que tout va bien alors qu’il est évident que tout va mal, est une torture également pour nous. 

Tom est dans l’embarras car Edna l’a mis devant le fait qu’il était probable qu’elle se retrouve enceinte. En voilà une histoire qu’elle est bonne ! L’évincer de cette manière n’est pas une mauvaise idée. Quant à Edith, qui prend la liberté de rester une nuit avec Michael Gregson, elle prend aussi un risque considérable, tel celui que Mary avait pris dix ans plus tôt avec Kemal Pamuk. La conséquence est prévisible, mais c’est osé, et surtout, cela apporte un peu de piquant.   

Grande innovation dans le monde de Downton Abbey. Si Fellowes a pris un énorme risque et s’est effectivement trompé en introduisant le viol dans la série, il fait ici un choix qui passe à deux doigts d’être judicieux. Jack Ross, chanteur de jazz est le premier personnage noir de la série. Mais la faille est grande : il fait partie des hommes qui tombent aux pieds de la redoutable Lady Rose. C’est la coutume. Le scénariste est à l’aise avec les Roméo et Juliette des temps modernes et des temps plus anciens mais n’a pas plus d’audace que cela.

La demande en mariage de Gillingham est inattendue (NDLR : vraiment ?). Mais elle est prématurée et intervient à un moment où Mary devrait davantage s’occuper de son fils que l’on n’a d’ailleurs pas beaucoup vu. Il semble oublier que Matthew est mort un peu plus de six mois plus tôt. Je n’ai rien contre le personnage, au contraire, mais je trouve cela assez déplaisant et déplacé de vouloir à tout prix recaser Mary sous prétexte que c’est son devoir. Remarquez la délicatesse et le tact dont il fait preuve : « Je suis sûr que Matthew était quelqu’un d’extraordinaire. Mais il est mort, et moi je suis vivant ». Mary refuse mais, n’étant pas indifférente au comte, dans une scène des plus étranges, l’embrasse. 

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5. ÉPISODE 5


 

Réalisation: Philip John
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Anna s’obstine à cacher la vérité à M. Bates, qui force Mrs. Hughes à lui révéler les faits. Effondré, il est persuadé de la culpabilité de Green mais pour ne pas effrayer Anna et ne pas provoquer une catastrophe, elle tente de le convaincre que c’est le fait d’un inconnu qui est entré de force à Downton. Bates et Anna recommencent à se parler mais alors que l’histoire semble enterrée, il jure qu’il retrouvera le violeur de sa femme. Alfred souhaite intégrer le Ritz  en tant que chef et pour cela participe à une sélection. Mme. Baxter, que Thomas a proposé, entre au service de Lady Grantham et semble cacher un secret.

Un villageois, Mr. Drewe, souhaite reprendre la ferme de son père mais Lord Grantham, Mary et Tom ne sont pas d’accord sur la réponse à lui apporter. Lady Grantham propose d’organiser un anniversaire surprise pour Robert et Rose a des idées en tête. Lady Edith se rend à Londres afin de consulter un médecin. Isobel propose à Violet d’embaucher un jeune jardinier, ce à quoi elle se soumet de mauvaise grâce. Tom envisage de commencer une nouvelle vie aux Etats-Unis avec sa fille. Mary apprend le prochain mariage de Lord Gillingham. Enfin, Evelyn Napier est de retour à Downton. 

Critique

Je pense que l’on retrouve peu à peu le Downton d’antan : la guerre des vieilles, les relations apaisées entre Anna et Bates, une femme de chambre douteuse, un gendre au brûlant désir de s’envoler, une fille sortie de son deuil, etc. Pour ce cinquième épisode, il semblerait que la vie ait repris son cours normal et que l’on rencontre très prochainement des excellentes intrigues à quatre étoiles. Si ce n’est pas le cas ici, c’est un début très prometteur. 

Isobel et Violet se prennent à nouveau le chou, ce qui n’était pas arrivé depuis le début de la saison en raison de la mort de Matthew. Downton Abbey redevient drôle grâce à ce duo de choc et au talent sans conteste de Maggie Smith et Penelope Wilton, les deux meilleures ennemies de la série. Alors que dans les deux premières saisons, Isobel était un personnage abusivement intrusif et à la limite de l’insupportable, elle devient plus douce et même plus amusante. En ce qui concerne Violet, elle est encore plus vieille chouette qu’avant, en témoignent ses « Hu Hu Hu » à répétition, un mélange de fou rire et de foutage de gueule adressés principalement à sa meilleure rivale.

Nous avons droit en exclusivité à une séquence Top Chef  mais hélas, notre réputation française en prend un sacré coup. Et ce n’est pas peu dire. Le grand chef cuisinier, jury du concours, détruit la langue de Shakespeare de manière à bien faire perdurer le mythe de l’accent français.  Ah, c’est tellement Paris ! Et deuxième remarque à propos de cette séquence : les mimiques d’Alfred, donc de son interprète, m’insupportent.


L’aspect technique de cet épisode concerne les problèmes de gestion de Downton et cette fois ne sont pas vraiment palpitants, surtout que l’on se confronte une nouvelle fois à cet âne de Lord Grantham. Je trouve que Robert devrait songer à évoluer plus rapidement car son côté buté tend à être franchement désagréable, un comble pour un personnage principal. Remarquons soit une incohérence au niveau du scénario soit l’impulsivité profondément agaçante du comte dans ce petit dialogue : « - Sais-tu pourquoi ils t’ont convoqué ?

- Aucune idée.

- J’espère que ce ne sera pas sujet à dispute…

- Comment puis-je te répondre alors que je ne sais pas de quoi il s’agit ? »  Je ne vois absolument pas l’utilité de réagir de cette façon puisque Lady Grantham faisait le plus simplement du monde une remarque qui n’attendait aucune réponse et que celle-ci savait pertinemment qu’il ne la lui fournirait pas. Tendu, Robert ? Cora, elle, est remarquablement détendue de A à Z, et il faut la voir notamment déguster avec un plaisir coupable son jus d’orange à l’américaine. Elizabeth MacGovern la joue plus relax et plus juste, rien que dans sa démarche et dans ses gestes, moins retenus. 

Le passage de la nursery est assez unique en son genre. Il réunit en dehors de toute formalité Tom, Mary et leurs enfants respectifs, Sybil et George. Le père joue avec sa fille et pour la première fois, nous voyons la mère prend son fils sur ses genoux. Il est fort dommage que la scène ne soit pas plus longue. Thomas retrouve un semblant de lui-même dans sa complicité suspecte avec la nouvelle femme de chambre de Lady Grantham, Miss. Baxter. Son secret est pour le moment bien gardé et il est certain qu’il ne nous sera pas relevé avant longtemps. Plus sympathique que les précédentes, je pense que malgré son apparente fragilité, elle se révèlera être un personnage de qualité et chargé positivement. Evelyn Napier est de retour, mais une incohérence frappe soudainement les esprits : n’était-il pas censé être présent pendant la guerre, à Downton, alors que le château était transformé en maison de repos, ainsi qu’annoncé dans une lettre ? Pourquoi dans ce cas dit-il que Mary et lui ne se sont pas vus depuis l’affaire du diplomate turc ?

Anna est démasquée. Il était temps de crever l’abcès car la situation devenait ridicule et intenable. La scène où Mrs. Hughes se confronte à Bates est un brillant dialogue « ping-pong » et la justesse d’interprétation des deux acteurs est à son point fort. Bates a les yeux en sang dès le moment où il surprend très volontairement une conversation douteuse entre sa femme et Mrs. Hughes, mais le sommet de l’épisode est sa réplique finale : « Be aware. Nothing is over. Nothing is done with ». 

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6.  ÉPISODE 6


 

Scénario: Julian Fellowes
Réalisation: Philip John

Résumé

C’est très bientôt l’anniversaire de Robert et Rose fait appel à un groupe de jazz londonien pour venir jouer à Downton Abbey le soir de la fête. Evelyn Napier, chargé de mission auprès du gouvernement, revient accompagné de son patron, Charles Blake, et Mary voit en cette occasion l’opportunité de discuter l’avenir de son domaine.  Edith n’a aucune nouvelle de Michael Gregson et craint le pire. Pour couronner le tout, elle reçoit une lettre de son médecin à Londres qui lui confirme qu’elle est enceinte. Robert tente de la rassurer mais rien n’y fait. Le jeune Peg, que Violet avait accepté en tant que second jardinier, se fait virer pour avoir volé son inestimable coupe-papier Isobel, révoltée, entre chez elle en son absence, simulant un malaise auprès de son domestique, et trouve le précieux objet sous le coussin d’un fauteuil. Triomphante lorsqu’elle revient vers Violet, et persuadée que celle-ci n’est pas revenue sur sa décision, elle est choquée d’apprendre que le jeune homme est bel et bien  de retour.  

Thomas charge Baxter de lui raconter tout ce qu’elle peut entendre dans la chambre de Cora. Mais s’entendant bien avec sa patronne et le reste du personnel, elle choisit son camp et renonce à jouer à l’espionne. Alfred est accepté au Ritz après le désistement des autres candidats. C’est avec beaucoup de chagrin et de désillusion que Daisy doit lui dit au revoir. Molesley approche Carson pour reprendre du service mais il le lui refuse. Mrs. Hughes prend les devants et Carson, au pied du mur, accepte de le réembaucher. Jimmy et Ivy sortent un soir au cinéma mais au retour, sur un banc, il prend une initiative qui est très loin de plaire à la jeune fille. Anna ne peut pas oublier ce qui lui est arrivé et est persuadée que cela a jeté une ombre sur son couple. Le soir de la fête d’anniversaire arrive et la maison entière est extrêmement surprise par la venue d’un chanteur noir. 

Critique

Un gros quatre étoiles pour un épisode pétillant et plein d’humour. Nous avons enfin atteint le point crucial de la saison en retrouvant toutes les caractéristiques qui ont fait les grandes heures de Downton Abbey. Je suis fière d’annoncer qu’enfin, la série s’est retrouvée. Ce fut long, parfois douloureux, décevant, puis ce fut une petite lumière qui vint nous donner un peu d’espoir, et enfin, ce fut le coup de cœur ! Toutefois, pour éviter de nous emballer et de nous contredire, une petite précision s’impose : un quatre étoiles pour un épisode de la saison quatre ne vaut pas vraiment un quatre étoiles pour un épisode de la saison trois. Disons trois et demi pour être tout à fait précise. En règle générale, le niveau de la saison actuelle est un peu en-dessous mais relativement à cette dernière, c’est un excellent épisode et un très bon épisode dans l’ensemble de la série.

Isobel et Violet participent largement à ce succès mérité. Elles ont beau se crêper le chignon, on sait qu’elles s’adorent et c’est cela qui les rend drôles. Je ne dis rien d’original en insistant encore une fois sur le talent de Maggie Smith, dont le jeu d’actrice extrêmement précis est encore plus flagrant dans cet épisode. Sa façon de se servir des objets qui l’entourent, ses mimiques, ses mouvements brusques, ses intonations, sa manière de faire passer une émotion à travers un seul regard, constituent le temps de quelques scènes de brillantes leçons de comédie. Elle utilise absolument tout ce qui est à sa disposition et tout son corps pour se donner vie à Lady Violet. Penelope Wilton n’a pas à en rougir. Une formidable comédienne à la diction parfaite qui ne se fige pas lorsque ce n’est pas à son tour de donner la réplique et qui, d’un très discret mouvement de tête, d’un bref coup d’œil, fait deviner ce que pense exactement son personnage. Ces deux-là ponctuent l’épisode de dialogues hilarants:

- How you hate to be wrong!

- I wouldn’t know, I’m not familiar with the sensation…”

“-I wonder you don’t just set fire to the Abbey and dance around it, painted with woad and howling!

-I might, if it would do any good!”

Le moment crucial de l’épisode est réalisé quand Edith reçoit une lettre de son médecin : « Vos symptômes correspondent à ceux du premier trimestre de grossesse » (NDLR : je suis navrée d’alterner entre la VO et la VF, mais je ne suis pas assez bonne traductrice pour conserver l’esprit d’origine d’une réplique qui a un intérêt sur le plan artistique ou humoristique). C’est un nouveau scandale prêt à éclater si elle ne trouve pas une solution dans les meilleurs délais et le plus discrètement possible. C’est une chose à laquelle on s’attendait. Et oui, il faut consulter son calendrier ranianiesque avant de se jeter dans la gueule du loup.

Mon premier fou rire de la saison 4 a finalement eu lieu. Jimmy dit à Mrs. Patmore qu’Ivy et lui vont voir Le Cheik, film avec Rudolph Valentino. Mrs. Patmore retourne dans sa cuisine en se frottant les mains : « Oh I like that Rudolph Valentino, he makes me shiver all over ! », ce à quoi Carson répond, les pupilles des yeux se dilatant soudainement : « What a very disturbing thought… ». A côté de cela, revenons sur le couple Bates. Anna ne se remet toujours pas de ce qui lui est arrivé et c’est normal. Ce viol est une part d’ombre indélébile et il est certain que plus rien ne sera jamais comme avant. C’est pour cela que c’était une idée absurde. Fellowes a purement et simplement merdé sur ce coup-là. Je lui pardonne la mort de Matthew mais pas ça. Pour la deuxième fois, Mary et Tom se retrouvent dans la nursery, cette fois-ci en compagnie d’Isobel, et les trois veufs se confient sur leur propre expérience de l’amour. C’est un dialogue inhabituel pour la série et l’occasion de réaliser que Sybil et Matthew nous manquent beaucoup.

Et pour finir, la venue du chanteur de jazz Jack Ross secoue les domestiques et les Crawley, qui ont l’air de n’avoir jamais croisé un black de leur vie. Carson en particulier, en fait presque tomber sa tasse. L’abasourdissement de chacun donne lieu à des situations embarrassantes où l’on se dit que c’est vraiment une autre époque.  Mais du jazz à Downton, enfin ! 

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7. ÉPISODE 7


 

Réalisation: Ed Hall
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Lord Grantham est appelé en Amérique pour sauver le frère de Cora d’un scandale financier. Bates échappe de justesse au voyage car Mrs. Hughes en touche deux mots à Lady Mary qui convainc alors  son père de ne pas prendre son valet avec lui. Thomas part à sa place et charge Baxter de découvrir pourquoi. Violet tombe malade et Isobel insiste pour lui consacrer du temps. Edith et Rose partent à Londres. La première met sa tante au courant de sa grossesse et se met en tête d’avorter, mais renonce au dernier moment. La seconde passe la journée en compagnie de Jack Ross. Mary s’entend mal avec Charles Blake qui est déçu par les nombreuses familles qui ne sont pas prêtes à se sacrifier pour sauver leur domaine, dont les Crawley. Pendant l’absence de Robert, des cochons arrivent à la ferme du domaine mais ils sont déshydratés. Mary montre qu’elle est prête à tout pour sauver son bacon.

Tom participe à un meeting politique et rencontre là-bas Sarah Bunting. Carson reçoit une lettre d’Alfred bientôt de passage dans le village mais il est hors de question de réveiller la jalousie entre Ivy et Daisy. Il insiste pour venir le chercher à la gare et l’éloigner des deux filles. Lord Gillingham revient à Downton Abbey tandis qu’Anna et Mrs. Hughes sont très inquiètes du retour de Mr. Green, que Bates soupçonne plus que jamais.

Critique

La fin est proche et la tension est palpable. Les langues se délient et le flou s’éclaircit. La connaissance l’emporte sur l’ignorance. Notre second grand cru de la saison est un épisode très riche. Chose amusante, la première scène est construite de la même manière que celle de l’épisode 1 de la saison 1 : le son d’un télégraphe annonceur de mauvaise nouvelle. Nous avions déjà entendu parler du frère de Cora à plusieurs reprises. Il s’appelle Harold, passe sa vie sur des yachts, fait des bêtises, et les femmes l’aiment pour son argent. Quoiqu’il en soit, Lord Grantham est appelé auprès de lui car être le beau-frère d’un comte ça fait bien. Pourquoi pas, après tout si ça peut mettre Robert à distance… Robert qui a pris un sacré coup de vieux. On peut le voir dans la scène de son départ.

La palme d’or de la scène la plus improbable revient à celle des cochons. Mary couverte de boue se démène pour sauver son bacon et prouver qu’elle se battra jusqu’au bout pour sauver Downton. La séquence est drôle mais ce n’est pas non inoubliable. Maintenant ce qui est réellement impressionnant est le fait qu’elle sache se faire cuire un œuf. Qui l’eût cru ?

C’est aussi l’épisode qui nous fout les pétoches parce que Violet est gravement malade. Ce n’est pas passé loin. Mais peut-être est-ce un message caché. Peut-être que sa maladie nous prévient qu’elle n’est pas vulnérable et qu’il est très probable qu’elle s’en aille à son tour. Ce serait un désastre et si cela venait à se produire, la série ne pourrait pas continuer. C’est une certitude. C’est fou de se dire que cette série est extra dans l’ensemble mais ne tient qu’à la vie d’un seul personnage. Mais en attendant, gare à celui qui touche à un seul cheveu de la Dowager !! Faites-la mourir en paix un jour de pluie, mais jusque-là par pitié, ne la maltraitez pas. Ceci dit, dans ses délires, la vieille chouette continue à être drôle et est peut-être plus sincère que jamais. La pauvre Isobel s’en prend plein la tronche : « Faites venir un autre infirmière, celle-ci parle trop ! » « Pourquoi la nourriture est-elle si mauvaise tout à coup ? » Mon second fou rire de la saison : « Oh ! Goody, goody ! »

Pendant que Jack et Rose se prélassent dans une barque pas aussi grosse que le Titanic, Edith prie pour que Michael Gregson soit toujours en vie mais sait qu’après s’être présenté à l’hôtel, il est sorti et n’est jamais revenu. Ne pouvant plus garder le secret plus longtemps, elle met Rosamund dans la confidence et ce passage nous donne droit à des répliques pleines de bon sens (« Have you met my niece and her charming bastard ? ») Elle ne veut pas garder l’enfant et se rend accompagnée de sa tante dans un sinistre endroit pour y avorter. Mais elle renonce au dernier moment. C’est un nouveau défi, car Edith devra d’une part cacher sa grossesse, et dans ce cas partir à l’étranger semble être la seule alternative possible et réalisable, confier l’enfant à un couple inconnu, et vivre comme si rien ne s’était passé, ce qui n’est pas facile. Donc renoncer à l’avortement n’est pas une si mauvaise idée. Cela ouvre plein de possibilités pour le personnage d’Edith. Mais il faut tout de même espérer que Gregson pointera le bout de son nez sinon elle risque de sombrer à nouveau dans le pathos. 

Mr. Green est de retour à Downton Abbey. Mrs. Hughes prend le risque considérable d’aller le voir et de fermer la porte derrière elle.  “ I know who you are and I know what you’ve done. And while you’re here, if you value your life, I shall stop playing the joker and keep to the shadows.” Mrs. Hughes a toujours eu énormément de cran et je pense que Phyllis Logan mérite des applaudissements pour son interprétation impeccable. Grand moment de panique lorsque Green se trahit. Au diner, parce que Baxter regrette de ne pas avoir été présente lors du récital de Dame Nelly Melba, il lui assure qu’il ne supportait pas ses cris de chat écrasé.  “Well I came down here for a bit of peace and quiet, that’s what”. Il est grillé et Bates, les yeux en sang et les mains tremblantes, ne va pas le louper. Exactement comme à la fin du cinquième épisode, il est décidé à se venger. 

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8. ÉPISODE 8


Réalisation: Ed Hall
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Lady Grantham doit organiser toute seule la kermesse qui se tiendra dans les jardins de Downton Abbey. Rose ne semble pas vouloir lui donner un coup de main car elle trop occupée ailleurs. Elle a l’intention d’épouser Jack Ross et Mary tient à l’en dissuader. Lady Rosamund a l’idée de partir en Suisse avec Edith de manière à ce qu’elle accouche sans que sa famille ne soit mise au courant. Elle pourra ensuite confier l’enfant à un jeune couple de là-bas. Mais sa tante fait preuve d’un peu trop de compassion et Violet se doute de quelque chose. Tom rencontre plusieurs fois Sarah Bunting qui s’avère être l’institutrice du village. La jeune femme est par principe opposée à la famille à laquelle Tom appartient désormais. Mary est courtisée de toute part, Blake inclus, mais dit ne pas être sur le marché. 

Alfred écrit à Ivy : il lui demande de l’épouser et de venir à Londres. Elle ne l’aime pas donc refuse mais Daisy est mise au courant et elle lui en veut de lui briser le cœur encore une fois. Quand il vient à Downton le jour de la kermesse, Mrs. Patmore conseille à Daisy de s’éloigner et la jeune fille part voir le père de William, Mr. Mason. Anna finit par dénoncer Mr. Green à Lady Mary. En visite à Londres, sans dire pourquoi, elle demande à Lord Gillingham de le renvoyer sur le champ. Elle en profite pour passer voir Jack Ross à son club et lui demander de renoncer à Rose. Pendant l’absence d’Anna, qui est partie accompagner Mary, Bates prétend se rendre à York. Le jour de la kermesse, Gillingham annonce à Mary que Mr. Green est mort renversé par un bus.  

Critique

C’est le dernier grand épisode de la saison 4 avant le Spécial Noel. C’est incontestablement le meilleur. Julian Fellowes a réussi le pari de faire accepter la nouveauté et les changements de mœurs au sein de la série, qui auparavant plaisait parce qu’elle s’inscrivait dans un cadre social et géographique très fermé. L’introduction d’une multitude de personnages issus de diverses classes sociales et le tournage dans des lieux londoniens aussi variés que des boîtes de nuit, des grands restaurants, un appartement bourgeois, et autres, autrefois bannis de la série sont à présent des éléments qui sont définitivement intégrés.

Les deux vieilles ne se prennent plus la tête mais leurs scènes sont tout aussi intéressantes. La première apparition de Violet à moitié endormie sur son livre est un petit détail extrêmement drôle. La comtesse douairière continue d’être ingrate avec sa cousine Isobel et ose lui dire qu’elle est toujours mieux que rien. C’est encore une de ses répliques de la mort qui tue sans lesquelles la série ne serait pas aussi géniale.

« - I’m an entire substitute for the all Crawley family!

- Which is better than nothing.

- How warming you make that sounds »

Nous retrouvons un personnage complètement oublié : Lord Merton, père de Larry Grey, celui qui avait humilié Tom lors de son premier diner à Downton Abbey (saison 3 épisode 1).  Son soudain intérêt pour Isobel est surprenant mais plus crédible que les avances du docteur Clarkson dans le Spécial Noel de la saison 3. Le fait qu’il oublie un temps qu’Isobel est la mère de Matthew et que ce dernier est mort est parfaitement incohérent pour plusieurs raisons. La première est qu’il est le parrain de Mary. La seconde est qu’il était invité au mariage. La troisième est qu’il vient de déjeuner avec Violet, Edith et Isobel. Donc à moins de s’être exilé pendant dix mois au Taumatawhakatangihangakoauauotamateaturipukakapikimaungahoronukupokaiwhenuakitanatahu (Nouvelle-Zélande) ou de s’être tourné les pouces à midi, ce n’est pas logique. 

 

Enfin, la scène du goûter façon conseil de guerre entre Violet, Edith et Rosamund est à mourir de rire. D’ailleurs je me pose des questions sur l’intelligence de Rosamund qui se sent obligée de dire qu’Edith doit être chérie… Et voilà qu’elle propose de partir en Suisse pour quelques mois. Pour apprendre le français. Non, ce n’est pas du tout capilotracté… Lorsque Mary l’apprend, elle demande à Edith sur un ton cynique si c’est une excuse pour partir à la recherche de Michael Gregson. Remarque assez déplacée de la part d’une veuve qui a passé six mois à se morfondre dans sa chambre. 

Mary a un nouveau prétendant : Charles Blake. Comme si la liste n’était pas déjà assez longue. Je trouve qu’à force, c’est du remplissage qui témoigne d’une panne d’inspiration. La scène où Blake prend le petit George, encore en costume de marin, dans ses bras est mignonne comme tout mais il subsiste néanmoins quelque part (au niveau du vécu) un tout petit faux raccord : il est clair qu’ils ont rajouté  les cris du bébé après avoir tourné la scène parce que s’il pleure effectivement au moment où Blake l’assoit sur ses genoux, on voit qu’il est calme le reste du temps. Rien d’extraordinaire mais … ça se voit. Donc ça ne colle pas. Donc faux raccord. Mais ça reste mignon.

Jack Ross était un bon personnage mais le souci est qu’il était comme beaucoup d’autres sous le charme de Rose. Et si ça n’avait pas été Rose ça aurait été Mary. La raison pour laquelle il renonce à l’épouser est un brin clichée : « Je l’aime, je ne veux que son bonheur et je ne veux pas que les gens la rejettent si je l’épouse ». C’est extrêmement décevant. Je le pensais un peu plus courageux mais malheureusement, on va être obligé de se coltiner Rose jusqu’à la fin de la série. 

La kermesse rappelle moins les fêtes foraines que le match de cricket de la saison 3, peut-être même la Garden Party de la saison 1, bien que celle-ci laisse à bien des égards d’amers souvenirs. Bref, les créateurs de la série ont pour habitude de conclure une saison par un épisode plutôt festif. Musique guillerette, légèreté, décontraction, le résultat est superbe. Molesley se rapproche de Miss Baxter et les deux font la paire. Gros rebondissement dans l’affaire Green : il est mort. Ecrasé par un bus. Et c’est le jour où Bates a prétendu se rendre à York. Donc on est quasiment sûr qu’il n’est pas mort par hasard…

Charles Blake trouve tout naturel que Mary, un verre de champagne à la main entre la pêche au canard et le tir au pigeon, lui demande ce qu’il penserait s’il découvrait qu’un homme avait dans son plein droit commis un crime. Personnellement, ce n’est pas vraiment le genre de requête auquel je réponds tous les jours, mais si c’est un habitué, je m’incline. Dans le même état d’esprit, lorsque Tom confie à Isobel qu’il a fait une découverte qui pourrait mettre certaines personnes dans l’embarras, en parlant de Jack et Rose, elle n’a même pas l’idée de lui demander le pourquoi du comment. C’est invraisemblable. Donc j’aimerais que l’on m’explique pourquoi, dans cette série, les gens ne sont pas curieux !

C’est donc l’avant dernier épisode de la saison 4. Mais le dernier avant le traditionnel Spécial Noël, et beaucoup de questions demeurent sans réponse. Que cache Miss Baxter ? Où est Michael Gregson ? Bates a-t-il tué Mr. Green ? Qui sera le nouveau fiancé de Mary ? Bates a-t-il tué Mr. Green ? Tom courtisera-t-il Sarah Bunting ? Bates a-t-il tué Mr. Green ? Isobel ira-t-elle plus loin avec Lord Merton ? Bates a-t-il tué Mr. Green ?

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9. DOUBLE ÉPISODE « SPÉCIAL NOËL »
(THE LONDON SEASON)


Réalisation: Jon East
Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Eté 1923. Les Crawley sont à Londres pour assister au bal des débutantes au cours duquel Rose sera introduite à la famille royale. Martha Levinson et le frère de Cora, Harold, viennent spécialement d’Amérique pour assister à l’événement. Ce dernier se sent particulièrement mal à l’aise au milieu des membres de l’aristocratie. Lorsque Terence Sampson s’empare d’une lettre qui pourrait compromettre le fils du roi George V, Lord Grantham craint d’en être aussi affecté. Lord Gillingham et Charles Blake se battent pour les beaux yeux de Lady Mary. Lady Edith, revenue il y a peu de temps de Suisse où elle a accouché et donné son enfant, sans nouvelle de Michael Gregson, souhaite de revenir sur sa décision et confier sa fille à un couple de fermiers.

Tom Branson, resté quelques jours de plus à Downton, invite Sarah Bunting à visiter le château mais ils sont surpris par Thomas. Le valet d’Harold Levinson fait des avances à Daisy, qui refuse de le suivre aux Etats-Unis. Elle laisse Ivy le faire à sa place. Molesley incite Miss. Baxter à se détacher de Thomas. A la fin des événements, les domestiques ont le droit de partir une journée au bord de la mer. 

Critique

La saison s’achève et malgré un prodigieux casting et des décors exceptionnels tombe presque aussi bas qu’à ses débuts. Nos attentes ne sont pas comblées et les intrigues sont résolues à la va vite, voire pas du tout, ce qui est terriblement frustrant. Par contre, nous avons le plaisir de retrouver l’américaine Shirley MacLaine, alias Martha Levinson. A ces côtés, Paul Giamatti joue Harold Levinson, le frère de Cora, jusqu’alors inconnu au bataillon, et le très talentueux James Fox dans le rôle de Lord Aysgarth. 

Il est clair que ce Spécial Noël est luxueux, mais peut-être un peu trop. Car s’il faut compter sur des scènes d’action dans les couloirs de Buckingham Palace, autant aller voir ailleurs. Cet English plot a le malheur de tourner autour de Rose et de la suivre au bal des débutantes. Les intrigues sont creuses, en témoigne la recherche d’une lettre compromettant la famille royale. Donc ce n’est pas bien passionnant. Les scènes de bal souffrent du mal de la répétition. Sauf la qualité de la mise en scène et la musique, dont la merveilleuse Valse des Patineurs et la très célèbre Valse de l’Empereur, il n’y a aucun intérêt à les regarder puisque d’un point de vue scénaristique, elles sont pauvres. Quelques personnages devraient songer à prendre leur destin en main. Tom Branson, en particulier, toujours le cul entre deux chaises, fait mine de vouloir prendre son indépendance sans arriver à un résultat concret. Daisy, qui se voit offrir une opportunité en or, décide de rester à Downton Abbey au lieu de partir aux Etats-Unis avec le jeune homme qui est tombé amoureux d’elle. Mais que demande le peuple ? Mary, le cul entre deux chaises elle aussi, semble prendre un certain plaisir à se faire courtiser de tous les côtés. Et Rose, naturellement investie d’une mission sacrée vouée à sauver la peau de la monarchie et qui a le privilège de danser avec la Prince de Galles. Les seuls à tirer leur épingle du jeu sont Edith, Anna & Bates et Molesley & Baxter. Violet aussi mais il est inutile de le repréciser. Quant à Harold Levinson, je trouve que c’est un personnage intéressant qui mériterait de revenir. Shirley MacLaine et Paul Giamatti forment un duo épatant.

Nous ne savons toujours pas ce qui est arrivé à Michael Gregson. Julian Fellowes semble vouloir fait durer le suspense et nous donner une réponse au cours de la saison 5. Je ne sais pas quel en est l’intérêt. Edith a néanmoins accouché, a donné sa fille à M. et Mme. Schroeder, le regrette et la fait revenir à Downton en la confiant à un couple de fermier, les Drewe. Espérons que cela comblera son vide sentimental sinon ça risque de devenir chiant. Remarquons qu’un enfant qui vient au monde à Downton est privé de l’un de ses parents. Baxter s’émancipe de la tutelle machiavélique de Thomas et se rapproche de Molesley, ce qui est un grand pas en avant pour les deux personnages, sauf que son terrible secret n’est pas révélé. Le moment fort de l’épisode est atteint quand Mrs. Hughes trouve un ticket dans la poche de la veste de Mr. Bates. Cela confirme qu’il était à Londres le jour où Green a été renversé. Il est donc évident qu’il a commis le meurtre de sang-froid. Heureusement, Mary jette ledit ticket au feu et grâce à elle, on peut espérer qu’Anna et lui retrouveront un semblant de bonheur. L’épisode s’achève sur un plan espéré par les fans de la série : Carson et Mrs. Hughes main dans la main. En toute amitié.

The London Season a d’autres mérites : des décors somptueux, de magnifiques costumes et une qualité d’image exceptionnelle. Au regard des sommes qu’ils ont dû dépenser, c’est la moindre des choses de compenser le manque de scénario par ces plaisirs visuels. Mais c’est cher payé. Et puis il serait temps de nous offrir un Spécial Noël qui soit réellement un Spécial Noël

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Images capturées par Juliette Vincent.

L'Entraide

 saison 2 saison 4

Downton Abbey

Saison 3


1. MARIAGE À DOWNTON





Réalisation : Brian Percival
Scénario : Julian Fellowes 

Résumé

Mars 1920. Le mariage de Mary et Matthew approche à grand pas. Mais alors que Robert perd toute se fortune dans un mauvais investissement, Matthew apprend qu’il est l’héritier potentiel de Reggie Swire, le père de Lavinia, ce qui pourrait sauver la famille Crawley. Il refuse toutefois le moindre sous, mettant Mary hors d’elle. Sybil et Tom reviennent à Downton Abbey. Se joint également la mère de Cora, la très riche américaine Martha Levinson. Du côté des domestiques, Mrs. Patmore a du fil à retordre avec Daisy. Quant à Carson, il recrute un nouveau valet, Alfred, neveu d’O’Brien.

Critique

Le premier épisode de la saison 3 est très prometteur. Il se distingue radicalement de l’ambiance très cloisonnée des deux premières saisons en misant sur une certaine décontraction ainsi que sur une galerie impressionnante de personnages. C’est un opus d’à peine plus d’une heure. Les histoires sont très nombreuses. Par conséquent, pas de temps mort.

L’arrivée de Martha Levinson est très théâtrale, comme en témoigne sa toute première réplique : « En temps de paix comme en temps de guerre, Downton résiste et les Crawley y sont toujours ». Il ne faut pas plus de quelques secondes pour se faire une idée de la personnalité de la mère de Cora. Riche, très riche, chic, imposante, cynique, pompeuse, elle est la version américaine de Lady Violet, en pire. Shirley MacLaine semble prendre beaucoup de plaisir à interpréter cette femme somme toute très bouffante et grossière. Cora elle-même semble prendre ses distances. Néanmoins, sa présence marque le début d’une toute nouvelle ère, plus moderne et réformatrice. Julian Fellowes lui réserve des répliques de la mort qui tue. Que ce soit Matthew, Violet, Edith, Carson, Mrs. Hughes, tout le monde en prend pour son grade. «  -Oh ma chère, la guerre a fait de nous des vieilles choses … »

Le retour de Tom Branson semble lui aussi ébranler l’inébranlable. Il est encore très mal vu par Lord Grantham persuadé que son gendre fait beaucoup parler de lui au village. Tom est toujours un peu rude envers le monde aristocratique. Mais alors que ce sentiment le rongeait intégralement dans la saison 2, il commence à s’adoucir. Son inadaptation est à l’origine de très bonnes scènes. La première lorsque Violet lui demande si ne pas se changer pour le diner est une tradition irlandaise. La seconde lorsque Larry Keen verse dans son verre une sorte de drogue le faisant passer pour ivre. Ses moments plus intimes mais très pudiques avec Sybil montre que le couple est très bien assorti. Aucun problème à ce niveau-là.

Maggie Smith en Lady Violet est toujours aussi exquise. Huit ans ont beau avoir passé depuis le début de la première saison, la Dowager garde la forme. Encore mieux, elle rajeunit. Seule sa garde-robe est dépassée. Sa répartie, elle, n’a pas pris une ride : « Comme toutes les femmes de chambre, elle vit pour les mystères ». Quant à Isobel, elle est égale à elle-même. Penelope Wilton a un jeu d’actrice particulièrement remarquable à chacune de ses apparitions. Cela va sans dire, le trio Isobel-Violet-Martha est un très gros atout de ce début de saison. 

Penchons-nous sur ce qu’il se passe en bas. Anna et Bates filent le parfait amour, sauf que Monsieur est resté en prison. Daisy est encore une fois à gifler. Thomas se trouve un nouvel adversaire, Alfred, le nouveau valet de pied. Carson est toujours d’une autorité draconienne. De ce côté-là, rien d’original. Bon bref, rien de très palpitant en bas.

Lady Edith est la personne qui attire le plus d’attention. Déjà, dans la saison 2, son personnage était devenu beaucoup plus doux et sympathique. Nous retrouvons à présent une jeune femme pleine de vie et beaucoup plus agréable à regarder que précédemment. Laura Carmichael, dont le jeu est déjà fort bon, exploite désormais tout son talent pour donner à Edith plus de charisme. Ce réveil est en partie dû à la réapparition d’Anthony Strallan.   

Mary et Matthew n’ont pas fini de vivre des hauts et des bas. Encore et toujours, jusqu’au bout, le couple vacillera. La tournure que prend l’épisode à quelques minutes de la fin est de trop. Et surtout, pas crédible. Première saison : une séparation. Seconde saison : une impossibilité de mise en relation. Troisième saison : annulation du mariage ??? Franchement, mes chers, ce serait le plus mauvais des canulars. 

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2. UN DÎNER À L'AMÉRICAINE


Réalisation : Brian Percival
Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Mary et Matthew sont de retour de leur voyage de noce, mais l’Etat des finances de Robert n’a pas bougé. Prêtes à tout pour sauver Downton Abbey, Violet et Mary s’arrangent pour que Martha les aide à leur léguer une part de sa fortune. Elles organisent donc un grand diner mettant en valeur le potentiel de la maison, mais rien ne se déroule comme prévu. Finalement, la soirée est un succès mais Martha refuse de leur léguer quoi que ce soit. De son côté, Matthew refuse toujours de prendre l’argent de Reggie Swire, ce que Robert semble, en apparence, comprendre plus que sa fille.

Carson est débordé et Mrs. Hughes s’inquiète d’un kyste. Accompagnée de Mrs. Patmore, elle va voir le docteur Clarkson qui doit attendre deux mois avant d’avoir les résultats des analyses. Carson est débordé et est à court de valet de pied. Alfred est alors engagé comme valet de Matthew mais Thomas voit cette rapide promotion d’un mauvais œil. Il lui donne de mauvais conseils et O’Brien se venge.

Robert demande à Strallan de ne plus fréquenter sa fille. Mais lorsque cette dernière lui demande de revenir sur sa décision, il abandonne. Quelques jours plus tard, Sir Anthony demande la main d’Edith.   

Critique

La saison 3 continue son excellent démarrage avec une intrigue centrée sur la mission de sauvetage de Downton Abbey et des chemises de monsieur le Comte.

Martha Levinson joue ici un rôle déterminant mais sa présence devient aussi très pesante. A la fois réconfortante et envahissante, il nous tarde de la voir s’en aller à la fin de l’épisode. Notons qu’elle est arrivée pour le mariage de Mary et Matthew et qu’elle est toujours là lorsqu’ils rentrent de leur voyage de noce. Ça fait cher le séjour à Downton. « Aucun invité ne devrait être admis sans connaître la date de leur départ », dixit Violet, perturbée par la gloutonnerie et la soi-disant vulgarité de sa consœur.

D’un côté, Martha apporte une touche de réconfort, surtout envers Edith, et est une des seules à ne pas trop s’inquiéter du drame que peut engendrer une panne de four dans les cuisines. La tête froide et haute, elle s’en va sauver du désastre une soirée promise à la catastrophe en organisant un pique-nique / buffet partout dans la maison. Elle pousse la chansonnette en  entonnant Let me Call you Sweetheart, (I’m in looooove wiiiith Yoooooouuuuuuuuuu), chanson écrite par Leo Friedman et Beth Slater Whitson en 1910, en faisant semblant de faire du gringue à Violet, qui le prend plutôt… enfin vous aurez compris. 

Pendant ce temps, Edith se rapproche du « pauvre vieux » Strallan et envisage de l’épouser. C’était sans compter Robert, bien déterminé à l’en éloigner mais qui, face à une Martha insistante et à une fille déboussolée, finit par céder. « En plus, Edith me dit qu’il a une propriété, qu’il est riche, qu’il a un titre, tout ce qui vous importe généralement ! ». Encore une fois, Laura Carmichael sait nous prendre par les sentiments. Pauvre Edith.

Venons-en au fait : où sont les chemises de Monsieur le Comte ? Qui a fait le coup ? Oui, on sait, c’est O’Brien, mais quelle audace ! Robert est forcé de mettre sa tenue décontractée (nœud papillon noir à la place du nœud papillon blanc) ! Quel désastre ! La soirée est foutue ! J’en reviens, pas, quel cinéma… Et ce n’est pas fini. De son côté, Matthew n’a pas pu récupérer à temps sa veste noire chez le teinturier, ou plutôt c’est Molesley qui devait s’en charger, parce que faut quand même pas exagérer, c’est trop fatiguant d’y aller comme un grand, et est obligé d’en mettre une autre, avec en plus, un nœud papillon noir. Ils sont tous tarés… A commencer par la Dowager, qui prend du coup Robert pour un valet de pied. 

On s’intéresse maintenant à ce qu’il se passe en bas. Mrs. Hughes constate la présence d’un kyste et craint un cancer. Accompagnée de Mrs. Patmore, elle se rend chez le docteur Clarkson, qui lui dit d’attendre deux mois avant le résultat de ses analyses. « OH MYYYYY …! » s’écrit Patmore, hilarante d’un bout à l’autre de l’épisode.

 

L’épisode se termine sur une note assez mélancolique. Tout d’abord, Martha redevient très calme et exprime à Mary puis à Robert, dans une très émouvante scène, tout ce qu’elle pense de cet immense château, construit dans des temps anciens, et leur conseille de s’adapter très vite à un nouveau style de vie. On regrette de ne pas l’avoir vu aussi sincère et sympathique auparavant. « La meilleure façon de vivre dans notre monde, c’est de ne pas l’ignorer. Si vous l’ignorez, vous en ressortirez blessé ».

Mrs. Hughes ferme le bal et, après avoir calmement parlé à Carson, sur les nerfs tout au long de l’épisode, s’en va sereinement avec Mrs. Patmore en déclarant : « Un jour, je mourrai. Lui aussi, vous aussi, ainsi que chaque personne sous ce toit. Il faut remettre les choses à leur place, Mrs. Patmore. Et je pense que je peux le faire, maintenant ».

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3. AU PIED DE L'AUTEL


Réalisation : Andy Goddard
Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Edith prépare son mariage avec grand enthousiasme. Alors que Matthew s’obstine à refuser l’héritage que lui lègue le père de Lavinia Swire, il reçoit une lettre écrite de la main du défunt, lui assurant qu’il était néanmoins parfaitement au courant de sa brève infidélité car sa fille lui avait elle-même écrit quelques heures avant de mourir. Cependant, Matthew et le reste de la famille n’en n’ont jamais rien su. Puisque rien ne peut sauver son domaine, Robert décide d’emmener le clan Crawley dans leur future demeure, ironiquement réduite au nom de Downton Place.

Mrs. Hugues attend les résultats de ses analyses et Carson, curieux et inquiet, s’affaire à demander autour de lui ce qui la tracasse. Il met au courant Lady Grantham qui lui assure l’aide de la famille quand le temps sera venu. Bates a des ennuis en prison mais quelqu’un le met en garde contre un piège tendu par son compagnon de cellule et un des gardiens. Quant à elle, Anna rend visite à la plus proche amie de Vera, mais l’entretien s’avère stérile. Thomas et O’Brien se déclarent définitivement la guerre.

Mary, qui ne supporte pas l’idée de devoir quitter Downton Abbey, demande aux domestiques si l’un deux n’auraient pas posté une lettre écrite par Miss. Swire le jour de sa mort deux ans plus tôt. Il s’avère que Daisy s’en était occupé mais n’avait pas trouvé l’utilité d’en faire part à Carson ou à Mrs. Hugues. Matthew peut alors garder l’argent et Robert l’accepte à condition que son gendre gouverne à ses côtés. Alors que le grand jour arrive pour Edith, Anthony Strallan prend conscience de son erreur et la laisse au pied de l’autel.

Critique

Ce nouvel épisode est un moment clé de la saison 3. Agréable à regarder, drôle et cynique à la fois,  il nous sort quelque peu du Downton ordinaire.

 

Alors qu’il a fait faillite et qu’il a perdu les moyens de faire vivre son domaine, Lord Grantham se résout à récupérer une relative petite parcelle de terrain nommée Downton Place. On a un peu du mal à y croire. En fait, c’est tout le principe de Downton Abbey : rien n’est jamais définitif. Julian Fellowes ne va jamais au bout du scénario et retourne en arrière en apportant une solution miracle à tous leurs problèmes. Mais pour une fois que Daisy sert à quelque chose, j’ai envie de dire, on ne va pas se plaindre.

Et Mrs. Hughes. Elle aussi s’en sort bien, finalement. En fait, Fellowes ne s’intéresse que de manière secondaire à l’intrigue réelle. Ce qui le motive, ce sont les conséquences psychologiques que peut provoquer la survenue d’un événement, même s’il n’aboutit pas ou est évité de peu. Il se concentre beaucoup sur le vécu. Ce n’est pas nécessairement original, puisqu’après tout, tout dans la vie est fait pour provoquer des émotions, c’est le propre de l’être humain. Mais dans la série, cela devient systématique. Nous savons d’avance que rien ne durera, et qu’il y a de bonnes raisons pour cela, sauf si pour faute de casting ou d’intempérie, le scénariste est obligé de donner un petit coup de fouet et apporter son lot de drôles de drames…

Dans notre cas, le supposé cancer de Mrs. Hughes permet, entre autres, de mettre en avant le sentimentalisme bien caché de Carson. Et l’histoire n’est pas le cancer en lui-même. C’est ce qu’il provoque chez les autres, et un autre en particulier. Evidemment, quand je parle de réactions psychologiques, je n’ai pas la prétention de comparer Downton Abbey à X-Files ou Dr. House, mais c’est beaucoup mieux traité quand dans tout autre soap opéra.  

Evidemment, on ne peut pas en dire de même pour Lady Edith. Mais à chaque problème ses solutions, même les plus tardives…. Cet épisode est le citron qui fait déborder le thé. Il n’empêche que c’est jouissif pour nous spectateurs. L’apothéose de son malheur, la Honte, avec un grand H. Mais pour nous les non-sentimentaux, c’est tant mieux. Anthony Strallan, franchement. Mais franchement (soupir)… ! Je n’ai jamais vu un type aussi ringard. Louis Mariano est un rigolo à côté. Bon enfin, tout ça pour dire que je suis ravie de son départ. Pauvre Edith, bien sûr, mais il faut de tout pour faire un monde.

Encore une dernière chose, l’histoire d’Ethel devient barbante. Encore et toujours les Bryant. Voyez, ça par exemple, ça dure un peu trop. Je ne dis pas que c’est inintéressant. Mais ce qui est agaçant, c’est de la voir intervenir petit bout par petit bout à chaque épisode plutôt que de résoudre son problème une bonne fois pour toute, et qu’on n’en reparle plus. Ce scénario est contre-productif à outrance. 

Mais ne nous arrêtons pas sur une note négative et délectons-nous des phrases cultes de Madame la Comtesse, Sybil avalant l’air de rien son thé après une pseudo blague vaseuse…

«- Je ne fermerai pas l’œil de la nuit.

- Ce soir ou demain ?

- Sybil, la vulgarité n’a jamais remplacé l’esprit.

- C’est vous qui avez commencé ». 

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4. LE CHEMIN DE LA PERDITION


 

 

Scénario : Julian Fellowes
Réalisation : Andy Goddard

Résumé

Tom arrive précipitamment à Downton Abbey, sans Sybil. Il est recherché par les autorités irlandaises qui le soupçonnent d’avoir participé à la destruction et à l’incendie d’une grande demeure aristocratique. Pourtant il confesse à sa belle-famille qu’il le regrette et ne pensais pas que la scène qui se déroulait sous ses yeux prendrait une telle ampleur. Robert, furieux, accepte de se rendre à Londres pour lui éviter des problèmes. Sybil arrive en Angleterre le lendemain, mais ils se retrouvent coincés dans le pays.

Ethel accepte de confier Charlie à ses grands-parents paternels qui viennent le chercher chez Isobel. Anna ne reçoit plus de lettres de Bates et Bates ne reçoit pas de lettres d’Anna. Mais il a  des ennuis en prison et est en défaveur. Son compagnon de cellule et un des gardiens tentent de lui tendre un piège mais, alerté par un autre prisonnier, s’en rend compte et retourne la situation. 

Matthew, après avoir sauvé Downton de la faillite, met son nez dans les affaires de Robert et s’aperçoit que la propriété et le domaine sont très mal gérés depuis des années. Néanmoins, Lord Grantham tente d’éviter le sujet et Matthew en parle à Violet. De son côté, la lettre d’Edith concernant le droit de vote des femmes au « Sketch » est publié, au grand dam de Robert, qui ne croit pas au talent de sa fille. 

Un nouveau valet de pied arrive à Downton, Jimmy. Il attire tout de suite l’œil des femmes de chambre mais aussi celui de Thomas, décidément très perturbé par le jeune blondinet.  Mais il se montre prétentieux et sûr de lui, ce qui dérange Alfred. En revanche, Mrs. Patmore engage une nouvelle fille de cuisine, Ivy, permettant à Daisy d’enfin devenir assistante cuisinière. Mais amoureuse d’Alfred, elle ne supporte pas qu’Ivy lui fasse de l’ombre.

Critique

Du grand Downton Abbey comme on l’aime. Cet épisode est parfait. D’une part, la résolution du problème « Charlie » qui me gave depuis la fin de la saison 2. D’autre part, les gros soucis de Tom.

C’est là que commence à se former le pentagone amoureux de la cuisine de Mrs. Patmore. Daisy aime Alfred qui aime Ivy qui aime Jimmy qui aime Jimmy qui n’aime pas Thomas qui aime Jimmy qui n’aime pas Alfred qui n’aime pas Daisy qui n’aime par Ivy. Youhooouuuuu ! Et ce n’est que le début. Cette histoire va empoisonner le reste des épisodes jusqu’à la fin de la saison 4. Pour l’instant. Je n’en dis pas plus, mais je n’en pense pas moins. Déjà que j’ai du mal à supporter Daisy, pleurnicheuse et jalouse en temps normal, mais s’il faut en plus qu’elle se prenne la tête avec Alfred, Jimmy et Daisy, ce n’est plus la peine, continuez sans moi…  Par contre, l’arrivée de Jimmy nous offre un joli spectacle : Mrs. Hughes débarquant dans la cuisine figée par la présence du nouveau beau gosse, se demandant ce qui a bien pu leur arriver, comprenant très vite l’objet de leur désir en lançant un regard à la fois amusé et sévère  sur les femmes de chambres.

La traque de Tom et son arrivée inattendue aux portes de Downton est une excellente chose. Le récit de ses aventures, sans aller jusqu’à être palpitant, apporte un petit brin de rébellion. Parfait, c’est tout juste ce qu’il manquait. J’adore ce genre de confrontations qui animent les diners et les afternoon tea ! Surtout quand on apprend que Tom avait participé à un certain complot contre les forces anglaises. Robert use de son don pour la répartie façon Louis de Funès : « -Mais je… - ALLEZ VOUS COUCHER !! ». D’accord capitaine. Si vous le prenez comme ça, je monte me coucher. Trop peur. Lady Violet, elle, s’en donne à cœur joie. Encore des répliques à inscrire dans les annales.

«  - Ils les ont fait sortir de la maison et y ont mis le feu…

- Quelle tragédie !

- Alors oui et non, cette maison était affreuse… Mais bien sûr ce n’est pas une excuse ! »

« - Et pourquoi y étiez-vous ? Parce que la destruction d’une propriété privée vous amuse ?

- Ces endroits sont différents pour moi. Je n’y vois pas aucun charme, aucune grâce. J’y vois quelque chose d’horrible…

- En ce qui concerne Drumgoole Castle, je suis plutôt d’accord…

- Maman vous n’aidez pas ! » 

« - J’ai toujours été contre la violence personnelle, je vous le jure.

- Ah au moins, nous pouvons dormir sur nos deux oreilles ! »

Ethel se décide enfin à confier son fils à ses grands-parents paternels. Décision difficile, mais sans ça, son histoire ne prendrait pas fin. Donc c’est un soulagement pour tout le monde. C’est en tout cas une scène très émouvante, très bien jouée, bien dosée,  avec qu’il faut de sentiments et pas trop de larmes. 

En conclusion, très bon épisode, bien agrémenté, qui permet à Sybil et Tom de prendre place dans la saison 3 et non d’en être des invités occasionnels. Du moins, on peut encore espérer… Une grande place laissée à l’humour mais aussi aux sentiments, mais mon dieu, qu’est-ce que j’ai l’air cruche et fleur bleue quand je dis ça moi…   

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5. QUAND LE DESTIN FRAPPE


 

Réalisation : Jeremy Webb
Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Sybil est sur le point d’accoucher. Robert engage un obstétricien, Sir Philippe Tapsell. Cora lui préfère le docteur Clarkson pour s’occuper de sa fille. Très mal en point, la jeune femme s’inquiète de l’avenir du bébé et réalise qu’il devra être baptisé en Angleterre, et non en Irlande, qu’il faudra donc lutter pour qu’il puisse être catholique, puisque tel est la volonté de Tom.

Pendant ce temps, au village, Mrs. Crawley propose à Ethel d’assister Mrs. Bird en cuisine, mais celle-ci refuse de travailler avec une prostituée. Déçue par sa réaction, Isobel la laisse partir et engage Ethel comme cuisinière. Mrs. Bird avertit Molesley qui en parle à Carson. Ce dernier interdit aux domestiques de fréquenter cette maison.  

Le soir de son accouchement, Sybil est confuse et présente les symptômes de pré-éclampsie et inquiète Clarkson, qui, bien qu’avertissant la famille entière, n’obtient pas le soutien de Robert pour l’emmener d’urgence à l’hôpital. Tapsell refuse l’évidence, réduit Clarkson au silence, et assure qu’une césarienne serait trop dangereuse pour la mère et l’enfant. Tom veut la transférer mais il est trop tard, Sybil accouche à Downton Abbey et donne naissance à une petite fille. Alors que tout semblait aller pour le mieux, en plein milieu de la nuit, elle est prise de malaises et violents maux de têtes, de convulsions et finit par décéder, entourée de ses proches. 

La mort de Sybil est un choc pour les domestiques, particulièrement Anna, Daisy, Mrs. Hughes, Carson et encore davantage Thomas qui l’aimait beaucoup, après qu’ils aient travaillé ensemble pendant la guerre. Cora, qui passe du temps aux côtés du corps de sa fille, tient son mari pour responsable de sa mort. 

Critique

L’épisode est centré sur l’accouchement de Lady Sybil et par conséquent, les intrigues secondaires n’ont que très peu de temps pour exister. C’est un épisode déchirant. Un mort, vous me direz que ce n’est rien comparé à Game of Thrones ou je ne sais quelle autre série multi ravages. Mais quand une série donne le temps de s’attacher aux personnages, la mort de l’un des protagonistes est très difficile. C’est une  fiction. Mais une fiction qui retrace le quotidien d’une famille et qui au départ n’avait pas vocation à tuer ses personnages principaux. La mort y est violente et inattendue. On peut pleurer ou ne pas pleurer devant cet épisode, mais l’émotion qui se dégage des acteurs, en particulier Elizabeth MacGovern, et ce deuil que nous partageons avec les personnages ne peuvent pas nous être tout à fait indifférent, surtout celle d’un personnage très populaire. 

Sybil et Tom s’étaient installés à Downton Abbey lors du dernier épisode. Sybil n’aura fait que des brèves apparitions durant la saison 3, ce qui est très dommage. Je n’aurais pas été contre quelques scènes filmées en Irlande, voire même un extrait de leur mariage lors de la saison précédente, même encore un épisode avant celui de l’accouchement. N’empêche, on a l’impression qu’ils sont devenus des personnages à part, ni extérieurs ni intégrés à cette troisième saison. La mort de Sybil, est comme je l’ai décrite plus tôt, d’une violence rare pour ce genre de série. La scène est certes très choquante, mais le sommet est atteint quand Thomas ne peut s’empêcher de fondre en larmes. Toutefois, si beaucoup de fans ont reproché à Julian Fellowes cette manière de faire, elle était inévitable puisque Jessica Brown Findlay quittait Downton Abbey pour d’autres contrées.  

Ce qui est le plus décevant dans toute cette histoire est le comportement ignoble de Robert, qui préfère écouter Tapsell, « pour ne pas le blesser ». Et c’est là la faille de l’épisode. Depuis quand Lord Grantham, d’ordinaire méfiant et intelligent, est-il assez stupide pour s’en fier à un parfait inconnu et sacrifier sa fille uniquement parce qu’il ne veut pas le blesser et parce que Clarkson « se croit meilleur que les autres praticiens ? » ? Si c’est uniquement pour justifier la mort de Sybil, est-ce vraiment cohérent avec le personnage ?  Je ne le crois. On sait que Robert peut être têtu mais pas à ce point-là. 

 

Autre élément, toujours à propos de Robert. Lorsque Violet rejoint sa famille dans le salon, la première chose qu’il trouve à lui dire est « Tu seras contente de savoir qu’ils ont engagé une nourrice pour le bébé ». Sérieux ? Bon alors, l’hypothèse la plus plausible est qu’il cache sa douleur en évitant le sujet. Mais comme ça, à peine quelques heures après le drame ? La retenue fait peut-être partie de son éducation et sans doute pas assez de la nôtre, mais son apparente indifférence est limite dérangeante. Ceci dit, parler du bébé est naturel, mais je ne sais pas si c’est ce qui vient spontanément à l’esprit dans la vraie vie. Voilà, on fait le rapprochement entre Mary et Robert qui sont tous deux des personnes très opaques et qui ne montrent pas leurs sentiments. Ils préfèrent ne pas montrer leur douleur en public, ce qui est concevable pour les gens de la haute aristocratie, mais cela semble irréaliste et dur. Il en rajoute une couche en disant à Cora qu’elle n’a pas besoin d’écrire à Clarkson. Mais bon sang, n’a-t-il toujours pas compris que c’est lui qui avait raison ? Robert comprend, un peu trop tard cependant, qu’il était en partie responsable de la mort de sa fille. 

Bref, tout ça pour dire que l’étoile qui manque à l’épisode vient du fait que le comportement de Robert est un peu tiré par les cheveux et ne semble pas en adéquation avec le personnage qu’il était censé incarner, quand bien même étroit d’esprit mais toujours bienveillant et prudent. En fait le personnage de Robert prend une autre tournure. On sait qu’il est conservateur. Mais à partir de maintenant, il va entrer en opposition avec tout ce qui bouge. 

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6.  L'INSOUTENABLE CHAGRIN


 

Scénario: Julian Fellowes
Réalisation: Jeremy Webb

Résumé 

Suite à la mort de Sybil, Robert perd le contrôle de Downton et Cora lui fait payer le prix fort. Tom se sent mal à l’aise face à son beau-père et souhaitant faire baptiser sa fille catholique, rencontre ses hostilités. Violet fait appel au docteur Clarkson pour convaincre Cora du caractère inévitable du décès de sa fille.

Carson, à son tour, perd le contrôle de sa troupe de domestiques. Outre le pentagone amoureux formé de Thomas, Daisy, Ivy, Alfred et Jimmy, il fait face à la prétendue légèreté de Mrs. Patmore qui ose pénétrer dans la maison d’Isobel et venir en aide à Ethel alors que celle-ci est une ancienne prostituée. L’avocat de Bates trouve enfin le moyen de le faire sortir de prison. M. Mason propose à Daisy d’hériter de sa ferme et de venir habiter avec lui. 

Critique 

Cet épisode est une suite formidable à la mort de Sybil, d’abord parce qu’il est construit de façon symétrique. Robert d’un côté et Carson de l’autre, tous deux perdent un peu de leur influence et sont dépassés par l’attitude de ceux qui se soumettent d’habitude de bonne grâce à leurs volontés. Les précédents événements, de la mort de Sybil au baptême de mini-Sybil en passant par le déjeuner d’Ethel, ainsi que l’arrivée d’une nouvelle génération de domestiques, ont chamboulé un moment les codes de conduite de la maison. Ce qui n’est pas de trop alors que nous attaquons le début d’une nouvelle décennie. Il était temps que cette organisation se disloque.

Un bémol vient jeter une ombre sur ce brillant opus : on se sent déjà lassé par la comédie sentimentale en bas des escaliers. Tous, excepté Thomas, sont insignifiants et vont nous prendre la tête jusqu’à la fin de la saison 4 et peut-être même encore après si cela est possible. Et Daisy, qui a une opportunité en or, refuse de faire le pas. Mais qu’a-t-elle dans la tête ?

Robert souffre des attaques de sa femme mais encore une fois, ne paie pas assez longtemps sa faute et s’en sort trop facilement. Violet fait en sorte de réparer le différend entre lui et sa femme par le presque mensonge de Clarkson mais cette solution ne permet pas à Robert de reconnaître pleinement ses torts. Le docteur se voit obligé de dire que la césarienne aurait été une opération inutile et oh, heureusement que Robert ne l’a pas autorisée, cela n’aurait fait qu’empirer la crainte et la douleur ! De quoi rehausser la fierté de Lord Grantham. Ceci dit, la scène finale montrant Cora et Robert dans les bras l’un de l’autre coupe un instant la frustration. Son chagrin a peut-être été suffisant pour lui faire comprendre ses erreurs en tant que Grand Manitou. 

Bates est libéré : enfin ! Ça y est, peut-être sommes-nous entrés dans une nouvelle ère ! 

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7. UNE NOUVELLE ÈRE


 

Réalisation : David Evans
Scénario : Julian Fellowes

Résumé

Il est temps de baptiser la petite Sybil mais Robert s’oppose encore à ce qu’elle soit catholique. Cora, réconciliée avec son mari, souhaite que Tom puisse agir selon les désirs de sa défunte femme. Ce dernier demande à Mary d’être la marraine de sa fille et à son frère, Kyrian, le parrain. Edith part pour Londres pour rencontrer le rédacteur en chef du Sketch et accepte d’en devenir une des éditorialistes, soutenue par sa grand-mère. Lord Grantham, comme à son habitude, voit d’un très mauvais œil cette reconversion. La maison d’Isobel est très mal vue depuis qu’Ethel y travaille. Violet se charge de faire passer des annonces pour lui trouver une nouvelle place, loin de Downton.

Bates sort de prison. Lui et Anna passent beaucoup de temps à se promener dans le domaine et attendent de prendre un cottage à côté du village. Alfred s’intéresse de plus en plus à Ivy, qui repousse ses avances. Thomas, suivant les conseils malavisés de Mrs. O’Brien, entre dans la chambre de Jimmy et l’embrasse alors qu’il dort profondément. A cet instant, Alfred pousse la porte et surprend la scène. Jimmy se réveille et jette Thomas dehors. Alfred hésite mais en touche finalement deux mots à Carson, sous le choc. 

Matthew souhaite faire évoluer Downton Abbey en améliorant la production grâce à de nouveaux procédés mais se heurte à l’opposition  de Robert et de Jarvis, conseiller financier, qui démissionne. Il va falloir trouver un soutien et Violet a l’idée d’inclure Tom dans la gestion du domaine. 

Critique

Il est temps de sortir du deuil et d’avancer. Si le précédent épisode chamboulait les codes de la discipline, celui-ci, dans une certaine continuité, rassemble les éléments décisifs pour le grand final de la saison 3. A commencer par le retour de Bates, qui va pouvoir à nouveau profiter de son statut de personnage clé. Mis en quarantaine, le bonhomme perdait de son intérêt, et il était plus qu’impératif qu’il reprenne ses fonctions. 

Edith est de plus en plus séduisante. Sa garde-robe, sa coiffure, en bref, son élégance, à laquelle nous pouvons rajouter un soupçon de modernité, peuvent la placer dans notre baromètre affectif devant sa sœur ainée, qui pourtant a fait beaucoup de progrès. Robert, en revanche, n’a pas retenu la leçon. Ce type a le mot OPPOSITION gravé sur son front. Rien ne va : sa fille, son beau-fils, son second beau-fils, le baptême de sa petite-fille, le frère de son beau-fils, etc. C’est un des rares personnages statiques de la série. Une seule chose a de la valeur à ses yeux : lui. Il n’apprend rien de ses erreurs, que ce soit la perte de sa fortune dans de mauvais investissements ou la mort de sa fille. A ce stade là, ce n’est même plus une question de tradition, c’est une question d’intelligence. A l’inverse de Violet, pourtant conservatrice convaincue. 

Thomas, mal dans sa peau, ne pouvant vivre en toute liberté son homosexualité, tombe de haut quand Jimmy lui fait violemment comprendre qu’il ne s’était jamais rien passé entre eux. Littéralement bouleversé par ce piège que lui a tendu la rancunière O’Brien, c’est la deuxième fois qu’on compatit à son égard. 

Cet épisode réserve quelques moments d’anthologie, comme par exemple, la scène du diner où Edith doit annoncer qu’elle est désormais journaliste. Violet, portant secours à sa petite-fille face à Lord Grantham, déclare tout naturellement et sans gêne : « Je ne dis pas que la place d’une femme est à la maison, je pense qu’elle a le droit de prendre du bon temps avant cela. En plus, Edith ne rajeunis pas, peut-être n’est-elle pas faite pour la vie de famille ! ». Je vous laisse imaginer le blanc qui s’ensuit. Autre passage amusant, l’arrivée de Kyrian, qui a un grand penchant pour l’alcool, à Downton. « Et je parie qu’avant la fin de la soirée, nous aurons tous droit d’entendre Molly Malone ». 

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8. SECRETS ET CONFIDENCES


Scénario : Julian Fellowes
Réalisation : David Evans

Résumé

Suite à l’affaire entre Thomas et Jimmy, Carson prend la décision de le laisser partir en lui écrivant une bonne lettre de recommandation. Mais O’Brien s’en mêle et conseille à Jimmy de le dénoncer à la police s’il s’en tire de cette manière. Carson doit se plier. Bates, mis au courant par Mrs. Hughes, elle-même mise au courant par Thomas, trouve le moyen de faire chanter O’Brien en lui rappelant une histoire vieille de six ans. Dans le même temps, Bates et Anna rénovent et s’installent dans leur cottage. Ethel accepte de travailler chez une Mrs. Watson, vivant à proximité des Bryant.

M. Gregson, rédacteur en chef du Sketch, s’intéresse de près à Edith, mais celle-ci se renseigne à son sujet et découvre qu’il est marié. Trouvant cela très déplaisant pour une personne de son rang, elle souhaite mettre fin à son contrat. Gregson la retient car sa femme, démente et incapable de se souvenir de lui, est internée dans un asile psychiatrique. 

Mary et Matthew qui s’inquiétait au sujet de leur fertilité, mais Mary finit par avouer qu’il lui a fallu une petite opération pour régler son problème. Tous les deux se croisent à Londres, où ils retrouvent Edith et Rose MacClare, jeune filleule de Violet et petite cousine de Robert. Cette dernière flirte avec un homme marié dans une boite de jazz. Matthew menace d’en parler à sa mère si elle continue de le fréquenter.

Tom est mis en premier plan dans la gestion du domaine aux côtés de Matthew, toujours très ferme sur son envie de moderniser les techniques de production. Robert accepte de coopérer si Tom participe au match de cricket annuel, opposant la maison au village de Downton.  

Critique

Voici le dernier grand épisode de la série avant la légère retombée de la saison 4. Plusieurs éléments sont remarquables. Le premier concerne l’introspection du personnage de Thomas. Hautement mis en valeur d’un bout à l’autre de l’épisode, Fellowes nous propose de comprendre comment il s’est construit. « C’est à force d’être gentil que j’ai eu des problèmes ». Fait-il allusion au seul baiser qu’il a donné à Jimmy ou parle-t-il se sa vie avant d’entrer à Downton ? Le mystère n’est pas levé, mais on se doute qu’il a dû souffrir. Cette plongée est néanmoins sublimée par l’acteur Rob James-Collier qui donne une interprétation très sensible de son personnage.  Son visage décomposé, son regard vide, sa voix lente et monotone, donnent à Thomas beaucoup de relief. La fin de cette histoire est marquée par sa réhabilitation, permise en partie grâce à Bates. Comment O’Brien se résout-elle à convaincre Jimmy de le laisser partir en paix ? Tout simplement en lui murmurant à l’oreille, sans savoir de quoi il parle : « Le savon de Madame ». Alors, vous vous rappelez ? 

Et d’ailleurs à ce propos, j’ai toujours trouvé que la fausse couche de Cora était un sujet très obscur. Résumons : O’Brien fait glisser le savon à côté de la baignoire en faisant croire qu’il est en dessous. Lady Grantham se lève et dérape. Jamais personne n’a fait le lien. Pourquoi ne s’est-elle jamais doutée de rien ? Car même si elle avait reconnu qu’il s’agissait d’un accident, et qu’O’Brien n’avait pas voulu que cela arrive, elle aurait tout de même pu reprocher à O’Brien d’avoir été maladroite. Elle sait quand même qu’elle a glissé sur un savon, enfin ça passe pas inaperçu ! 

 

Rose MacClare et le jazz font leur entrée dans l’univers de la série. Alors que le second est le bienvenu dans ce monde de débauche et de liqueur, la première laisse un goût plutôt amer. Pour dire les choses clairement : c’est une pouf. Mais pas une pouf inoffensive, non, une post-adolescente rebelle, maquillée comme une voiture volée, habillée comme un sac à patates, qui joue la demoiselle de bonne famille devant Violet mais qui court les boîtes de Londres en compagnie d’un mec qui a le double de son âge et ne vaut pas plus qu’elle. Catastrophe !  

En revanche, Edith grimpe, grimpe, grimpe dans mon estime ! Il aura fallu attendre la fin de la saison 3 pour qu’elle s’affirme et qu’elle parvienne à penser par elle-même. Toujours dans l’ombre de sa sœur, elle n’est cependant plus la jeune fille jalouse, disgracieuse et mauvaise langue que l’on a connu jusqu’à très récemment. Elle s’émancipe, porte des habits d’une élégance et d’une modernité qu’ignorait même Sybil, si l’on s’en tient à la saison 3, et devient vraiment jolie. Je n’ai rien à redire sur le style vestimentaire de Mary, toujours égale à elle-même, toujours élégante, mais à qui il manque un grain d’audace.   

Terminons sur ce splendide match de cricket, où les Crawley et le village s’affrontent tous vêtus de blanc sous un soleil anglais, les femmes sous leurs ombrelles et les autres se prélassant sur des chaises longues en sirotant du thé ou d’autres fameux nectars concoctés par Mrs. Patmore et sa jeune équipe. Dans une très jolie scène, Tom et Cora parlent de l’avenir de sa fille. Il décide de rester jusqu’à ce que Sybil soit assez grande. Et là, ça sent la fin de saison. Le romantisme est à son comble, Matthew et Mary se réjouissent de pouvoir enfin avoir un enfant et Tom permet aux Crawley de remporter le match de cricket. O Joie !

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9. DOUBLE ÉPISODE « SPÉCIAL NOËL »


 

Réalisation: Brian Percival

Scénario: Julian Fellowes

Résumé

Nous sommes en septembre 1921. Mary est enceinte de 8 mois et les Crawley partent dans la résidence d’été de leurs cousins Flintshire, en Ecosse, dans le château de Duneagle. Emmenant Bates, Anna, O’Brien et Molesley avec eux, le reste du personnel reste à Downton. Tom n’est pas du voyage et influencé par une nouvelle femme de chambre, Edna, se rapproche des domestiques. Mrs. Crawley et le docteur Clarkson passent un certain temps ensemble jusqu’à ce qu’il fasse allusion à l’éventualité de se remarier. Carson permet à tout ce petit monde de participer à la fête foraine, et c’est à cette occasion que Thomas porte secours à Jimmy au cours d’une bagarre.

Dans les Highlands, les hommes organisent des parties de chasse. Lady Flintshire est en conflit permanent avec sa fille Rose, alors que son mari, le dénommé Shrimpie, en difficulté financière, se détache de sa famille. Robert réalise que Matthew a fait le bon choix en ce qui concerne l’avenir de Downton. Michael Gregson, qui a fait le voyage pour retrouver Edith, rencontre sa famille mais Robert est toujours très soupçonneux quant à ses intentions. Edith ne fléchit pas et décide de ne pas laisser partir son rédacteur en chef.

Alors qu’est organisé un bal traditionnel, Mary ressent des contractions et est contrainte de rentrer avant le reste des Crawley, qui s’empressent à leur tour de prendre le chemin du retour. Elle accouche à l’hôpital de Downton d’un petit garçon. Matthew arrive peu de temps après, mais sur la route menant à Downton Abbey, il entre en collision avec une camionnette et meurt sur le coup. 

Critique

Episode largement décrié par les fans de la série. Triste achèvement d’une brillante saison. Tiraillement entre le caractère inévitable de la mort de Matthew et le sentiment qu’on se fout allègrement de notre gueule. 

Situé dans un cadre très atypique, A Journey to the Highlands sépare les personnages de la série. D’un côté les Crawley et de l’autre les domestiques. Pourquoi pas. Mais on sort d’une certaine tradition qui consiste à souder tous les personnages, quelle que soit leur place. A présent, sous les seuls ordres de Carson, qui leur laisse un peu de liberté, ils deviennent des villageois ordinaires. A vrai dire, je vois plutôt cet épisode comme un bonus, comme s’il faisait partie de l’univers étendu de Downton Abbey. Il est très différent de ce que l’on a l’habitude de voir et cela a un côté dérangeant. 

On sent Fellowes en panne d’inspiration puisqu’il peine à meubler le temps à Downton. Sinon, pourquoi aurait-il eu l’idée de rapprocher si soudainement Clarkson et Mrs. Crawley ? Vraiment, quel en est l’intérêt ? Si encore, ce couple était l’objet de nos fantasmes perpétuels, why not ! Après tout, on fantasme tous sur Carson et Mrs. Hughes. La fête foraine est un outil passe-partout. C’est plaisant, certes, mais ce n’est pas original puisqu’ils nous l’ont déjà servi lors de la saison 1. A part Mrs. Crawley gonflant un ballon et les attractions, ce n’est pas très palpitant. Surtout que c’est à ce moment-là qu’Edna s’approche d’un peu trop très de Tom, à notre grand déplaisir. Thomas grimpe encore un peu dans notre estime en défendant Jimmy..

Au château de Duneagle, l’ambiance est tout à fait différente. On peut le constater lors d’une transition très réussie, passant de cris d’encouragements d’un événement populaire au calme d’une partie de pêche huppée. Mettons de côté les parties de chasse et les pique-niques, très plan-plan, et venons-en à la soirée dansante, beaucoup plus fun que la fête foraine, et qui nous offre un des passages les plus drôles de l’épisode : Molesley complètement bourré, sautillant sur un pied, suscitant l’amusement de Mary et Matthew et la désolation de Violet.

“- They say there’s a wild man inside all of us.

 -If only he could say inside!” 

La fin de l’épisode nous réserve de jolis moments, plus particulièrement entre Carson et la petite Sybil et entre Branson et Mrs. Hughes. Et le principal, bien évidemment, à l’hôpital, entre Matthew, Mary et leur nouveau-né, l’héritier, celui-dont-on-ne-connaît-pas-le-nom, mais on saura par la suite après qu’il s’appelle George… Coïncidence ? Je ne le crois pas ! 

 

Bon. La mort de Sybil, je peux comprendre. C’était triste et justifié, et en plus on a pu faire son deuil. Mais je ne peux pas concevoir qu’un personnage aussi important que Matthew soit évincé de la sorte ! Je ne peux pas concevoir qu’après avoir attendu deux saisons entières pour les voir ensemble, Mary et Matthew soient séparés ! Je ne peux pas concevoir qu’après nous avoir fait […] au début de la saison 1 avec un problème d’héritier, Fellowes choisissent de continuer la série alors que Dan Stevens la quitte ! Je ne comprends pas ! Tout ça pour en arriver là ? Tout ça pour un accident de voiture grotesque ? Tout ça parce qu’il a eu son permis dans un kinder surprise ? Tout ça parce qu’en Grande-Bretagne, on peut quitter une série au bout de trois ans ? Mais cette fin est horrible ! Et le pire, dans tout ça, ce n’est pas la mort de Matthew en elle-même, enfin si c’est la mort de Matthew, mais c’est qu’aucun des personnages ne se doute de ce qu’il vient de se passer.  C’est d’un frustrant ! Mais c’est la vie. Comme le disait Marcel Pagnol : « Telle est la vie des hommes, des moments de joie très vite effacés par d’inoubliables chagrins ».Voilà. C’est la fin de la saison 3. A très bientôt pour de nouvelles aventures ! 

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Images capturées par Juliette Vincent.

 

L'Entraide

 saison 1 saison 3

Downton Abbey

Présentation


 

Downton Abbey est une série britannique créée par Julian Fellowes. Elle est diffusée sur ITV 1 depuis le 26 septembre 2010 au Royaume-Uni et sur TMC depuis le 10 décembre 2011 en France.

C'est le château de Highclere, construit en 1839 dans le Hampshire, qui sert de décor à la série.
La musique est composée par John Lunn et les différents réalisateurs sont Brian Percival, Andy Goddard, Brian Kelly, Ben Bolt, Ashley Pearce, James Strong, David Evans, Jeremy Webb. Les costumes sont créés par Susannah Buxton, Rosalind Ebbutt, Caroline McCall.

Elle a remporté entre autres et jusqu’ici (février 2013) :

5 Primetime Emmy Awards (meilleure réalisation, meilleur scénario, meilleure actrice dans un second rôle pour Maggie Smith en 2011 et en 2012, meilleure mini-série ou téléfilm)

1 Emmy Award (meilleurs costumes pour une mini-série ou téléfilm)

1 Golden Globe (meilleure mini-série ou téléfilm)

1 Producer Guild Award (meilleure mini-série)

1 Satellite Award (meilleure actrice dans un second rôle pour une série télévisée, Maggie Smith)

Synopsis

Downton Abbey, c'est l'histoire d'une famille d'aristocrates anglais au début du 20ème siècle. L'intrigue commence en avril 1912, juste après le naufrage du Titanic. Les héritiers de la famille Crawley n'ayant pas survécu à la catastrophe, l'avenir de Downton est compromis. Le propriétaire du domaine, Robert Crawley, ne peut céder sa fortune, qu'il tient d'ailleurs de sa femme Cora, à ses filles, Mary, Edith et Sybil, et se doit de rechercher le plus proche parent mâle afin de la lui léguer. C'est Matthew Crawley, cousin éloigné du Lord, qui héritera.
Robert Crawley cherche alors à marier sa fille ainée Mary à ce jeune premier, qui accepte mal le mode de vie de la haute aristocratie. Il y sera bien forcé mais apportera un souffle nouveau à cette famille. L'idée d'un mariage arrangé ne plaît guère à l'intéressée, et la saison 1 est une succession de hauts et de bas, entre rejet et attirance, tout comme la saison 2, qui se situe en plein milieu de la première guerre mondiale. La pression familiale pèse alors énormément sur les choix de la jeune fille qui souhaite décider toute seule de son avenir. Certains événements viendront bousculer l'ordre naturel des choses et entraînera la remise en question de ce mariage.

C'est aussi l'histoire de leurs domestiques. Fidèles ou simplement de passage, tous se mêlent plus ou moins aux histoires de la famille pour qui ils travaillent. Ils ont leur vie et tentent de la vivre au mieux, entre ambition, dévouement, amour, disputes et drames.

Distribution – personnages principaux

La famille Crawley

Robert Crawley (Comte de Grantham) : Hugh Bonneville

Cora Crawley (Comtesse de Grantham) : Elizabeth McGovern

Lady Violet (mère de Robert Crawley, Comtesse douairière de Grantham) : Maggie Smith

Lady Mary Crawley (fille ainée du comte) : Michelle Dockery

Lady Edith Crawley (seconde fille du comte) : Laura Carmichael

Lady Sybil Crawley (fille cadette du comte) : Jessica Brown Findlay

Matthew Crawley (héritier et cousin du comte de Grantham) : Dan Stevens

Isobel Crawley (mère de Matthew Crawley): Penelope Wilton

 

Les domestiques

 

Mr. Carson (Majordome) : Jim Carter

Mrs. Hughes (Gouvernante) : Phyllis Logan

John Bates (valet de chambre du Comte de Grantham) : Brendan Coyle

Sarah O’Brien (femme de chambre de la comtesse de Grantham) : Siobhan Finneran

Thomas Barrow (premier valet de pied) : Rob James-Collier

William Mason (valet de pied) : Thomas Howes

Anna Smith (femme de chambre des filles Crawley) : Joanne Froggatt

Gwen Dawson (femme de chambre) : Rose Leslie

Mrs. Patmore (cuisinière) : Lesley Nicol

Daisy (aide cuisinière puis cuisinière) : Sophie McShera

Tom Branson (chauffeur) : Allen Leech

Ethel Parks (femme de chambre) : Amy Nuttall

Alfred (valet de chambre, neveu de Sarah O’Brien) : Matt Milne

Ivy Stuart (nouvelle aide cuisinière) : Cara Theobald

James Kent (valet de chambre puis premier valet de pied) : Ed Speleers

Joseph Molesley (valet d’Isobel Crawley): Kevin Doyle

 

Autres

 

Dr Richard Clarkson : David Robb

Martha Levinson (mère de Cora Crawley) : Shirley MacLaine

Lady Rosamund Painswick (sœur de Robert Crawley) : Samantha Bond

Sir Anthony Strallan (soupirant d’Edith Crawley) : Robert Bathurst

Vera Bates (première femme de John Bates) : Maria Doyle Kennedy

Sir Richard Carlisle (patron de presse) : Iain Glen

Lavinia Catherine Swire (fiancée de Matthew Crawley) : Zoe Boyle

Mr Mason (père de William) : Paul Copley

Lady Rose MacClare (petite nièce de Lady Violet) : Lily James