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Southland TalesThe Return

Saga Sarah Michelle Gellar

The Grudge 2 (2006)


THE GRUDGE 2
(THE GRUDGE 2)

classe 4

Résumé :

A Tokyo, Aubrey Davis rend visite à sa sœur Karen, à l’hôpital où cette dernière se trouve après les évènements de The Grudge. Kayako parvient néanmoins à tuer Karen et Aubrey, en compagnie d’un journaliste, se rend dans la maison fatidique afin de percer le mystère de la mort de sa sœur. Tous deux subissent à leur tour la malédiction. Deux ans plus tard, trois jeunes filles s’y rendent également, par jeu. L’ultime survivante s’enfuit à Chicago mais Kayako et ses âmes damnées la rejoignent, tout en communicant leur rage homicide aux voisins de l’immeuble.  

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Critique :

A l’affiche en octobre 2006, The Grudge 2 confirme à son corps défendant la théorie largement répandue selon laquelle les suites ne valent jamais les premiers opus d’une saga. La faute en revient à plusieurs options scénaristiques contreproductives. Le film reprend la même trame non chronologique que son prédécesseur, entremêlant les séquences de trois histoires (Aubrey, les lycéennes, Chicago). Cela habille une intrigue en elle-même aussi simple et linéaire que lors du premier opus, mais avec un effet résultant bien moindre.

En effet The Grudge jouait admirablement de l’énigme représentée par cette maison comme passerelle entre ses segments, les unifiant dans un tout coordonné vers la résolution du mystère. Cela créait une vraie valeur ajoutée, ainsi que toute une ambiance tragique et prégnante. Ici tout s’opère de manière bien plus mécanique, alors même que l’effet de surprise ne joue plus, du coup la ficelle se distingue avec une cruelle netteté et tourne à l’exercice de style passablement creux.

Somptueusement filmée par Takashi Shimizu et conçue avec une profonde intelligence du décor, la maison hantée apportait une unité d’espace au premier film, précieuse du point de vue dramatique. Ici l’action se déroule beaucoup plus à l’extérieur, sans même parler de sa déportation à Chicago. D’où un effet d’émiettement d’un récit n’existant plus guère que comme prétexte aux manifestations de spectres, sans consistance propre. 

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Par ailleurs The Grudge 2 ne s’affranchit pas de quelques poncifs ou naïvetés inhérentes aux films de ce genre, davantage absentes dans le premier épisode de la saga. Même dument avertie, Aubrey n’aura évidemment de cesse de se rendre dans la Maison de l’Horreur et les victimes de Kayako s’acharnent à demeurer seules afin de lui faciliter la tâche. On aussi droit au cliché de la demeure hantée devenu légende urbaine, où se rendent les jeunes pour s’amuser à se faire peur.

Le scénario commet aussi l’erreur de vouloir trouver une explication fatalement décevante au mystère de l’existence de Sisoko (jurisprudence midi-chloriens), tandis qu’il accorde beaucoup d’importance au fait que la maison ait été incendiée, alors qu’elle apparaît rigoureusement intacte (mais il s’agit peut-être d’une symbolique japonaise du feu que l’on ignore).

Si son intérêt se résume essentiellement aux scènes d’épouvante, The Grudge 2 demeure néanmoins fort efficace dans ce domaine, grâce au sens de l’épouvante toujours aussi troublant de Takashi Shimizu. Les différentes manifestations de Kayako constituent toujours autant de purs joyaux d’effroi, le metteur en scène parvenant à les renouveler suffisamment pour éviter toute satiété liée à la répétition. Contorsionniste en diable et littéralement possédée par son rôle, Takako Fuji assure toujours le spectacle d’une manière unique, elle crève vraiment l’écran.  La saga Ju-On/ The Grudge restera aussi la chronique d’une authentique performance. 

Takashi Shimizu manifeste derechef la même intelligente exploitation des décors, rendant claustrophobe à souhait l’immeuble de Chicago, sans doute la meilleure séquence des trois. On apprécie par ailleurs les instannés japonais qu’il continue à parsemer au long du récit, mention spéciale à l’hôtel de passe à la fois high tech et ultra kitch ! Le fait que les âmes prises par Kayako lui deviennent soumises apporte un intéressant renouvellement horrifique, efficacement exploité jusqu’au final.

A côté de Takako Fuji, The Grudge 2 souffre également d’un casting inégal. Comme à son accoutumée, Jennifer Beals, son charme, sa présence, son raffinement, apportent immensément à son personnage connaissant des états d’âme particulièrement variés. La scène où elle ébouillante vif et assassine proprement son mari ouvre avec tonus les débats, tandis que l’on ne peut s’empêcher d’imaginer ce qu’en penserait la Bette Porter de The L Word. Le reste de la distribution résulte beaucoup plus dispensable, avec notamment une Amber Tamblyn jouant juste mais tellement moins marquante que Sarah Michelle Gellar lors du premier opus.

Celle-ci n’a guère manière à monter son talent, avec une participation centrée sur une seule séquence, réussie mais moins forte que d’autres du film. Sarah Michelle Gellar exprime néanmoins parfaitement les angoisses de Karen, même si brièvement et passe superbement le témoin ç Amber Tamblyn. Surtout on s’amuse de voir son personnage mourir lors d’une chute depuis le sommet d’un édifice, ce qui établit comme un fil rouge dans sa carrière, après le sacrifice de Buffy ou Scream 2

Anecdotes :

  • L’équipe du film est la même que pour le premier volet de la saga, avec le producteur Sam Raimi, le réalisateur Takashi Shimizu (suggérant les idées de départ du scénario) et l’auteur Stephen Susco.

  • Takako Fuji interprète de nouveau Kayako (The Grudge Girl), qu’elle aura au total joué six fois, y compris dans des films de jeunesse de Shimizu. Ayant beaucoup grandi entretemps, Yūya Ozeki ne joue plus Toshio (désormais il s’agit de Ohga Tanaka). Il demeure toutefois crédité au générique pour des scènes de flash-back.

  •  Shimizu choisit les acteurs japonais, les anglo-saxons (américains, canadiens et australiens) le furent par les producteurs.

  • Comme précédemment, le maquillage de Tayako nécessite deux heures de travail.

  • Le film connut un succès moindre que le premier opus, rapportant malgré tout près de 71 millions de dollars, pour un budget de 20 millions.

  • The Grudge 2 n’est pas un remake de The Ju-on 2, leurs histoires divergent totalement.
  • Le film voit les débuts au cinéma de Misako Uno, depuis devenue une vedette tous médias (télévisons, cinéma, télévision, chansons…) au Japon.

  • Afin de promouvoir la film, Sony fit diffuser sur internet  trois courts métrages préalables à sa sortie et mettant en scène chacun une apparition horrifique de Kayako. Ils furent réalisés par Toby Wilkins, qui devait ultérieurement réaliser The Grudge 3 (2009).

  • Au début du générique, la traditionnelle image de Columbia Pictures (une représentation s’inspirant de la Statue de la liberté) se transforme fugacement en Kayako.

  • La première du film se déroula au parc de loisirs Knott's Berry Farm, ouvert pour l’occasion à l’ensemble de l’assistance. Le parc se situe à Buena Park, banlieue résidentielle du Grand Los Angeles comportant une forte population d’origine asiatique.

  • Le tournage eut lieu intégralement au Japon, alors qu'une partie du film se déroule aux Etats-Unis. Connaissant mal la culture et l’art de vivre américains, le chef décorateur Iwao Saito, collaborateur de longue date de Takashi Shimizu, se rendit à Chicago afin de concevoir les décors de concert avec John Marcynuk. Celui-ci fut notamment le directeur artistique de la série Dark Angel et deviendra celui de Supernatural, de 2007 à 2015.

  • L’extérieur censé représenter Chicago se situe en fait à Yokohama. Les décors intérieurs furent construits aux grands studios Tōhō de Tokyo, où furent notamment tournés les différents films d’Akira Kurosawa et les Godzilla originaux.

  • Amber Tamblyn (Aubrey), fille de Russ Tamblyn (West Side Story) avait auparavant participé à une autre adaptation d’un film d’épouvante japonais, The Ring (2002). Elle est notamment connue pour les rôles d’Emily Quatermaine (General Hospîtal) et de Martha Masters (House). Elle tient également le premier rôle dans la série Le monde de Joan (2003-2005). Elle participe à Buffy contre les Vampires en incarnant Janice Penshaw, la meilleure amie de Dawn (All the Way - 6.06).

  • La participation de Sarah Michelle Gellar ne s’étendit que sur un jour de tournage, l’actrice ne participant qu’au passage de la mort de son personnage. L’héroïne du film n’est plus Karen Davis, mais sa sœur Aubrey.

  •  Le scénariste Stephen Susco  a indiqué que le scénario dut être réécrit à plusieurs reprises, et qu’une des principales difficultés résidait dans le rôle tenu par Sarah Michelle Gellar. Les hésitations furent longues quant à l’importance de la présence de Karen, mais aussi du moment de son insertion, la trame du film n’étant pas chronologique. L’une d’une des versions prévoyait une participation atteignant près de la moitié du film. 

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