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Paranoiac (1964)Présentation générale

Saga Hammer

Confession à un cadavre (1965)


CONFESSION À UN CADAVRE
(THE NANNY)

Résumé :

Le jeune Joey, dix ans, accusé d’avoir tué sa petite sœur, sort de l’hôpital psychiatrique où il avait été enfermé alors qu’il crie à la culpabilité de sa nourrice. La confrontation entre le garçon perturbé et la gouvernante imperturbable est violente et constante, éprouvant toute la famille.

Critique :

Si le titre français est en partie inexact puisqu’il ne se rapporte qu’à une seule scène, il correspond aussi à la scène capitale de ce thriller implacable. Tout au long du film, il est impossible de savoir si Joey est un sociopathe en puissance ou bien un innocent qui lutte pour sa vie. Rien dans le comportement de « Nanny » - elle n’aura jamais d’autre nom hormis un « Mary Poppins » jeté avec ironie par une jeune voisine ; ce qui en fait la personnification de ces gouvernantes indissociable de la bonne société anglaise – ne prête le flanc à ces accusations. Mais c’est justement le talent de film éprouvant et au final vraiment dur et sordide que de faire de cette absolue normalité une angoissante situation ! L’angoisse est un sentiment qu’on ne peut supporter qu’un temps alors il est effroyable d’imaginer que angoisse et vie quotidienne soient synonymes !

Les gouvernantes aident au bon fonctionnement de la « maison », la famille et le lieu où celle-ci habite. Et c’est exactement ce que fait Nanny. On la voit préparer et servir le dîner, coiffer sa maîtresse, la réconforter, être attentive aux besoins de chacun. Comme le dit le père, elle fait partie de la famille. Or, Joey la défie dans chacune de ses tâches : il refuse de manger ce qu’elle prépare, qu’elle l’aide pour le bain ou quoique ce soit donc. Il l’atteint donc dans son être propre ; il lui dénie le droit d’exister. Les dialogues ; toutes les scènes, entre William Dix et Bette Davis sont d’une grande violence psychologique. Même les tentatives de Nanny pour expliquer ou excuser le comportement dérangeant et choquant du jeune garçon finissent par mettre mal à l’aise. Pourquoi fait-elle ça ?

La cellule familiale où revient Joey est parcourue de tensions et de mal-être. Mais sont-ils la cause ou la conséquence de l’internement et du retour de l’enfant ? Le père est un despote rigide obsédé par la bonne tenue et les apparences. Son travail l’accapare certes mais il est incapable d’apporter le moindre réconfort à sa femme qui est brisée, rongée par la peur et l’angoisse. Le seul dîner familial qu’on nous montre tourne au désastre. Les tensions ont fait exploser l’apparence de normalité mais, en fait, cela ne résout rien car un puissant non-dit existe. A la base de tout sentiment ce culpabilité, il y a un péché originel.

Dans ce thriller éprouvant, Bette Davis – la seule star internationale à avoir tourné pour la Hammer – réalise une prestation de haut vol. Sa Nanny est irréprochable et l’actrice varie très peu ses expressions puisqu’une bonne gouvernante n’en montre rien. Ce qui rend justement chacune des variations qu’on observe si précieuses et si dérangeantes. On ne sait jamais si elle réagit à un mensonge odieux ou à une vérité qui l’est tout autant. En face d’elle, le jeune William Dix fait un très bon travail. Il est peu expressif mais c’est précisément ce qu’il faut. En effet, comment prendre au sérieux une accusation de meurtre quand celui qui la profère a le visage lisse ? N’est-ce-pas un comportement de sociopathe que de demander à regarder la télévision alors qu’on vient, soi-disant, d’échapper à un meurtre ? Il faut également saluer la performance de Jill Bennett, « tante Pen », venu garder son neveu et qui découvre la vérité au cours de la nuit. L’actrice la joue d’abord légère et un peu superficielle avant d’en montrer tout à la fois la force et la fragilité, et la tragique lucidité.

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Anecdotes :

  • Sortie US : 27 octobre 1965 Sortie anglaise : 5 novembre 1965 Sortie française : 2006 (DVD)

  • Scénario :  Jimmy Sangster d’après un roman d’Evelyn Piper

  • Réalisation : Seth Holt. Réalisateur britannique (1923-1971), on lui doit Hurler de peur (1961), Le coup du lapin (1967), la momie sanglante (1972). Il succombe à une crise cardiaque.

  • Dans son Guide des films, Jean Tulard fait ce commentaire : «  Un drame psychologique où l’horreur est distillée peu à peu grâce à un remarquable scénario de Jimmy Sangster et à une parfaite direction d’acteurs. »

  • Le réalisateur Seth Holt a trouvé « impossible » de travailler avec Bette Davis.

  • C’est le dernier film Hammer à être réalisé en noir et blanc.

  • Le rôle de la nounou était à l’origine destiné à Greer Garson, qui a accepté avant de se désister, affirmant que le scénario ne serait pas bon pour sa carrière. Jimmy Sangster, qui a écrit et produit le film, a déclaré: « Je suis allé à Santa Fe et j’ai rencontré Greer. Elle a dit qu’elle aimait le scénario et que tout allait bien. À mon retour à Londres, nous avons reçu un message de Los Angeles indiquant que Greer Garson ne pensait pas que le scénario ferait beaucoup de bien à sa carrière. Je n’ai pas aimé dire qu’elle n’avait pas fait de carrière à cette époque. »

  • La co-vedette William Dix, âgée de 10 ans, n’a pas pu assister à la première britannique du film en raison du classement « X » qu’il avait obtenue à l’origine.

  • Confession à un cadavre marque le début d’un accord de distribution entre la Hammer, la 20th Century Fox aux États-Unis et ABPC au Royaume-Uni.
  • Jimmy Sagnster résista à Bette Davis qui tentait de le séduire mais dû céder à la Fox qui voulait une fin heureuse. Bette Davis reprocha à Sangste d’avoir « compromis » le film.

  • Pour les publicitaires de la Hammer, le décor du film fournissait l’opportunité de promouvoir de la porcelaine, des tourne-disques et même du mobilier de cuisine.

  • Bette Davis/Nanny : actrice américaine née Ruth Elizabeth Davis (1908-1989), elle débute au théâtre avant d’être révélé au cinéma dans L’homme qui jouait à être Dieu (1932). Suivront L’Emprise (1934), L’Intruse (1936, Oscar de la meilleure actrice), Femmes marquées (1937), L’Insoumise (1938, Oscar de la meilleure actrice), La Vipère (1941), Eve (1950, Prix d’interprétation féminine à Cannes), Qu’est-il arrivé à Baby Jane ? (1962), The Anniversary (1968), Mort sur le Nil (1978).

  • William Dix/Joey Fane : acteur anglais, seulement crédité, à part ce film, pour L’extravagant docteur Doolittle (1967) et Superstition (2001). Il participa au documentaire The world of Hammer (1994).

  • Wendy Craig/Virginie Fane : actrice britannique, c’est son premier vrai rôle au cinéma. On l’a vue ensuite dans Just like a woman (1967), Joseph Andrews (1977) mais elle a fait l’essentiel de sa carrière à la télévision : Destination danger (1961), The Troubleshoters (1977), Nanny (1981-1983), Inspecteur Barnaby (2002), Miss Marple (2013),

  • Jill Bennet/Tante Pen : actrice britannique (1931-1990) née à Pengang dans les États malais fédérés. On l’a vue au cinéma dans Moulin Rouge (1952), La vie passionnée de Vincent Van Gogh (1956), Les criminels (1960), La charge de la brigade légère (1968), Jules César (1970), Rien que pour vos yeux (1981), Un thé au Sahara (1990). Elle se suicida en avalant des barbituriques.

  • James Villiers/Bill Fane : acteur britannique (1933-1998), vu au cinéma dans Les damnés (1962), Répulsion (1965), Dieu pardonne, elles jamais ! (1969), La momie sanglante (1971), Asylum (1972), Rien que pour vos yeux (1981), Au-dessous du volcan (1984), Aux sources du Nil (1990). Il a également tourné pour la télévision : Ivanhoé (1958), Le Saint (1964), Chapeau melon et bottes de cuir (1966), L’homme à la valise (1967), The Troubleshooters (1972), Angoisse (1975), Le club des cinq (1978), House of Cards (1990), Les mémoires de Sherlock Holmes (1994). Il succomba à un cancer.

  • Pamela Franklin/Bobbie Medman : actrice britannique née à Yokohama, elle a notamment joué au cinéma dans Le Lion (1962), Les nouvelles aventures de Flipper le dauphin (1964), And soon the darkness (1970), Et demain les monstres (1976). A la télévision, elle a joué dans Cannon (1972, 1974), Hawaï Police d’État (1977), L’île fantastique (4 épisodes, 1978, 1979, 1981). Elle se retire au début des années 80.

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