20 scènes cultes 1) Le premier baiser entre Angel et Buffy (Angel, 1-07) Ce baiser déclenche le premier twist mémorable de la série, car dévoilant la nature vampirique de celui qui, jusque-là demeurait un énigmatique beau ténébreux. Outre la grande interprétation, l’évènement est à l’origine de deux récits clefs du Buffyverse, la relation aussi intense que singulière entre la Tueuse et le Vampire, mais aussi le parcours personnel et tourmenté d’Angel, que le récit va progressivement dévoiler. Jusque-là relativement fidèle au déroulement du film origine, la série s’en émancipe avec éclat. 2) Buffy tue le Maître (Le Manuscrit, 1-12) Après avoir défailli devant la perspective de sa fin annoncée par la Prophétie, l’ordalie traversée lors de sa première mort renforce la volonté de Buffy, ce qui lui permet, avec l’aide de ses amis, de triompher de l’horrifique Maître des Vampires. La Tueuse affirme ainsi son potentiel de Tueuse, mais aussi sa spécifique destinée, qu’elle se décide à embrasser pleinement. Même si mouvement aura à être parachevé en début de saison suivante, Buffy achève sa transformation de jeune fille hésitante devant son destin en héroïne pleine et entière. Cela tombe bien, car Spike et Drusilla sont sur le point de débarquer à Sunnydale ! 3) Angel devient Angelus (Innocence, 2-14) La transformation d’Angel en Angelus apporte un twist magistral à la saison, qu’elle va totalement renouveler en propulsant le nouveau venu à la tête du clan vampirique alors affronté par Buffy. Cette cristallisation de la malédiction portant sur l’amant de Buffy va également faire basculer leur relation dans une période plus sombre, jusqu’à la condamner dès la saison suivante. L’instant marque d’autant plus le spectateur que Boreanaz excelle d’entrée dans le rôle d’un des ennemis les plus diaboliques de Buffy et que Whedon a l’habileté de permettre au Vampire de se moquer cruellement d’une Tueuse encore inconsciente du changement opéré. Un moment aussi implacable qu’inoubliable pour le spectateur. 4) Giles découvre Jenny assassinée par Angelus (La boule de Thésulah, 2-17) Artistiquement macabre et ironique, la découverte du corps de Jenny par Giles telle qu’orchestrée par Angelus couronne l’un des épisodes les plus cruels de la série, instituant le Vampire comme le plus diabolique et sophistiqué des ennemis de Buffy. La scène bouleverse d’autant plus le spectateur qu’il la découvre à travers les yeux de l’Observateur, ajoutant le choc émotionnel à la perfection formelle. Ce sadisme consommé dépasse l’effroi palpable de la mise à mort de Jenny par Angelus et dramatise la suite de la saison, puisque Buffy n’a désormais plus le choix face à son ancien amour. 5) La rencontre entre Joyce et Spike (Acathla, 2-22) L’humour de la scène s’apprécie d’autant plus qu’il ne s’insère dans ce qui constitue sans doute l’un des épisodes les plus tragiques de la série. De ce point de vue elle demeure emblématique du talent de Joss Whedon pour entremêler drame et comédie. On adore le dialogue surréaliste et les silences irrésistibles d’embarras entre les deux protagonistes, le moment reste d’ailleurs l’un des très rares voyant Spike fermer son clapet. La rencontre sera le point de départ d’une relation finalement étonnamment complice (Joyce sera la confidente du Vampire punk dans Lovers Walk, la saison suivante), tandis que la mère de Buffy se méfiera toujours d’Angel, comme quoi tout est toujours possible en ce monde. 6) Buffy envoie Angel en Enfer (Acathla, 2-22) Grand maître en la matière, Joss Whedon supplicie ici son public comme jamais. A l’issue de l’un des duels les plus impressionnants de la série, afin de sauver le monde Buffy se voit contrainte d’exécuter Angel, son grand amour. Or celui-ci vient de redevenir lui-même, ayant repoussé la personnalité diabolique d’Angelus grâce aux efforts des Scoobies. La Tueuse le perçoit mais accomplit néanmoins son devoir après un ultime baiser, ce qui va la plonger dans la dépression et la pousser à quitter Sunnydale. Conclusion sans doute la plus dramatique de la série, à l’issue d’une saison elle-même très sombre, la scène constitue l’un des moments forts d’une relation amoureuse particulièrement populaire chez les amateurs du Buffyverse. 7) Les lycéens remercient Buffy, leur protectrice (Les chiens de l’enfer, 3-20) A travers plusieurs moments émotionnels très intenses, l’épisode The Prom aura su idéalement mettre en orbite le final de saison. Les fameux chiens, auxquels le titre français choisit malheureusement de faire référence, constituent d’ailleurs le moindre d’entre eux. Bien au contraire, la remise surprise d’un prix à la Tueuse par les lycéens la reconnaissant comme leur protectrice se montre particulièrement émouvante. Que le trophée, un parapluie fantaisie, se voit remis par Jonathan est une autre excellente idée, lui qui fut considéré comme un asocial, comme aura pu l’être la Tueuse. Le passage conclue par le haut les années lycée de Buffy, soit le premier grand chapitre de la série, à la veille de la grande bataille contre le Maire. 8 ) La confrontation entre Faith et Buffy (La Cérémonie, 3-21) Dans une série d’aventures, que forme aussi Buffy contre les Vampires, toute bonne saison passe obligatoirement par un vilain de haut vol. La saison 3 nous aura particulièrement gâtés là-dessus, avec le Maire, mais aussi Faith. Le parcours psychologique de la Tueuse rebelle et tourmentée reste l’un des points forts de la période, ainsi que sa relation passionnelle avec Buffy, sa sœur ennemie. La haine s’installe progressivement entre les deux rivales quand Faith tombe dans le côté obscur et connaît un paroxysme quand elle blesse fatalement Angel. La confrontation avec Buffy venue chercher son sang comme viatique résulte comme l’un des affrontements les plus sauvages de la série et les actrices savent en exprimer le côté émotionnel. Cet idéal prologue à la bataille contre le Maire sauvegarde heureusement Faith, tout en débouchant sue l’une des autres scènes cruciales du fabuleux final de la saison 3, Buffy offrant sa gorge à Angel pour le sauver. 9) La destruction de Sunnydale High et du Maire (La Cérémonie, 3-22) La colossale explosion, détruisant aussi bien le Maire (jouissif Big Bad alors devenu un Démon ophidien) que l’emblématique lycée, conclue avec éclat le grande Bataille de Sunnydale. Cette conclusion de la première grande période de la série se voit tournée avec un grand sens de l’action et de l’image. Whedon sait ainsi mettre en valeur l’annihilation de décors essentiels, tels l’iconique Bibliothèque de Giles. Le succès de la séquence l’incitera d’ailleurs à renouveler le procédé par la suite, lors de moments marquants. La chute du Maire permet de parfaire la parabole de l’épisode, affirmant la jeunesse comme maîtresse de l’avenir comme de son propre destin, malgré tous les plans dressés pour elle par ses aînés. 10) Le combat des Titans entre Harmony et Alex (Intrigues en sous-sol, 4-07) La série aura toujours su particulièrement soigner la réalisation de ses combats et nombre d’entre eux résultent absolument épiques. Toutefois l’un d’entre eux brille par son irrésistible drôlerie. Il oppose Alex, le membre des Scoobies le plus dépourvu en pouvoirs, à Harmony, blonde écervelée délicieusement emblématique et vampirisée lors de la Bataille de Sunnydale. Accompagnées par une musique très ironique, les mimiques des deux acteurs s’avèrent irrésistibles tout au long de cette échauffourée d’écoliers ne comptant aucune victime. A la fois amorale et très attachant, le potentiel comique d’Harm lui vaudra de réapparaitre régulièrement dans les deux séries du Buffyverse, mais aussi dans leur suite en Comics. 11) La conférence muette de Giles, au rétroprojecteur (Un Silence de mort, 4-10) Au sein d’un épisode demeuré mythique pour l’originalité d’une très longue séquence muette couplée à un esthétisme de cauchemar, la séquence de la conférence insuffle un humour aussi bienvenu qu’irrésistible. Du fait de la chape de silence, Giles a recours à un rétroprojecteur (nous sommes en 1999), afin d’expliquer aux Scoobies qui sont les mystérieux Gentlemen. La découverte de dessins à la fois enfantins et totalement sanguinaires, accompagnés par la Danse macabre de Camille Saint-Saëns, produit un effet hilarant, d’autant que le jeu muet des comédiens se montre parfois étonnamment explicite ! 12) L’apparition surprise de Dawn (Buffy contre Dracula, 5-01) Tout au long de son parcours, Buffy contre les vampires aura su ménager de nombreuses surprises de tous ordres au spectateur, ainsi que quelques sonores retournements de situation. L’apparition surprise d’une petite sœur de Buffy demeure l’un des plus tonitruants de ceux-ci. La justification très astucieuse de cette révélation va impulser l’ensemble de la saison 5. De plus l’arrivée de Dawn se voit idéalement insérée au terme d’un épisode présentant en trompe l’œil l’arrivée de Dracula comme constituant l’évènement du jour. Le procédé permet de rebondir immédiatement sur un épisode suivant centré sur le nouveau personnage, suscitant inévitablement une vive curiosité. Au total Dawn aura effectué un démarrage très réussi, la suite est une autre histoire. 13) Spike est sorti se promener (Sœurs ennemies, 5-05) A l’image de nombre des personnages du Buffyverse, Spike connaît une évolution marquée et passionnante tout au long de la série. Après l’insertion de la fameuse puce électronique par l’Initiative, l’ancien Big Bad de la saison 2 doit réfréner son agressivité. Durant une longue période Spike va compenser en distillant de nombreuses vannes invariablement irrésistibles, fustigeant les travers des Scoobies (tout en intégrant partiellement l’équipe) ou resplendissantes de morgue. La fameuse diatribe (en cinq mots ou moins) en constitue l’un des plus mémorables exemples, mais elle indique aussi la progression de l’un des paris les plus risqués de Whedon : la relation entre Spike et Buffy. 14) Buffy découvre le corps de Joyce (Orphelines, 5-16) Rentrant chez elle, Buffy découvre le cadavre de sa mère, Joyce ayant brusquement décédé des suites d’une tumeur au cerveau pourtant apparemment opérée avec succès. Totalement inattendue, cette mort a réellement bouleversé le public, par son côté totalement déconnecté des intrigues fantastiques de la série, mais aussi parce que Joyce était un pilier particulièrement apprécié du programme depuis ses débuts. La scène est filmée avec une incroyable intensité, très en silence et en temps réel. Elle repose sur l’une des plus grandes prestations de Sarah Michelle Gellar, impériale dans l’expression de l’état de choc traversé par une Buffy prenant progressivement conscience du drame. L’avènement va également avoir de grandes conséquences, la Tueuse devenant désormais soutien de famille. 15) Le sacrifice de Buffy (L’Apocalypse, 5-22) L’héroïne était déjà « morte » en saison 1, mais il s’agissait seulement d’un coma profond. Ici Buffy se sacrifie bel et bien, afin d’éviter que les portes de l’Enfer ne s’ouvrent sur la Terre. Cette conclusion de la saison 5 bouleverse d’autant plus le spectateur d’alors qu’elle a toutes les chances de devenir celle du programme lui-même, alors non reconduit par son diffuseur WB. Concluant une formidable bataille, toute la scène se montre impressionnante pour les moyens de l’époque et vient idéalement couronner toute une évolution psychologique de la Tueuse, en proie à un doute existentiel depuis la mort de sa mère. L’image de la tombe de Buffy est devenue iconique de la série. 16) La résurrection de Buffy (Chaos, 6-01) A travers cette scène, Buffy ressuscite à l’unisson d’une série ayant désormais changé de diffuseur. Whedon à le génie de dépasser ce qui pourrait apparaître comme une facilité scénaristique, non seulement en la rendant particulièrement horrifique, mais aussi en l’intégrant intelligemment au récit principal. La blessure morale qu’a emportée avec elle une Tueuse ramenée sur terre depuis le Paradis, après avoir pleinement accompli son destin, va en effet imprégner l’ensemble de la saison, particulièrement sombre et dépressive. Les conséquences en seront déterminantes (ressentiment envers les Scoobies, relation avec Spike, déséquilibre de Willow face à la magie, future venue de la Force). Le Buffyverse ne deviendra pas un univers où la résurrection des protagonistes sera aisée et joyeuse, bien au contraire. 17) Buffy prise dans une boucle temporelle (Tous contre Buffy, 6-05) L’épisode reste sans doute le plus drôle de ceux consacrés au Trio, cette ligue très particulière de Bigs Bads génies du mal, mais surtout délicieusement Geeks. Chacun d’entre eux oppose l’une de ses créations à Buffy, au cours d’une compétition aussi humoristique qu’immature. Le sortilège de Jonathan va lui permettre d’enfermer la Tueuse dans une boucle temporelle, un procédé devenu incontournable dans les séries relevant de la Science-fiction ou du Fantastique depuis le succès du film Un jour sans fin. La séquence sait tirer parti des potentialités de l’exercice et se montre irrésistible par l’irritation croissante d’une Buffy triomphant en définitive grâce à son astuce. 18) La mort de Tara (Les Foudres de la vengeance, 6-20) Joss Whedon n’a jamais hésité à faire mourir des personnages très populaires, afin de prendre totalement par surprise le spectateur. La mort de Tara représente l’un de ces moments les plus forts, par son aspect imprévisible et totalement fortuit créant réellement un choc (Tara est victime d’une balle perdue alors que Warren visait Buffy). Whedon réussit ainsi le coup de maître d’insérer une mort tristement réaliste au sein d’un univers relevant du Fantastique, avec un impact total. En un instant, l’évènement bouleverse la saison car il va entraîner l’émergence d’une nouvelle Big Bad, Dark Willow. Whedon surprend d’autant plus le spectateur que Tara figure pour la première et la dernière fois au générique en tant que personnage principal ! 19) Alex sauve Willow et le monde (Toute la peine du monde, 6-22) Par la terrible menace qu’elle représente, la mort horrible de Warren mais aussi la dérive personnelle de la meilleure amie et alliée de Buffy, l’avènement de Dark Willow avait rendu particulièrement sombre l’arc final de la saison 6. Une nouvelle Apocalypse menace et cette fois Buffy semble bien impuissante (et elle a Dawn sur les bras). Lors de la cathartique confrontation entre la sorcière et Alex, celui-ci parvient à sauver la situation, sauvant le monde. Mais, aussi et surtout, il parvient à extraire son amie de l’ensevelissement de douleur dans lequel elle s’était abîmée depuis la mort de Tara. Alyson Hannigan et Nicholas Brendon se montrent particulièrement émouvants, lors de cet évènement confirmant le Normal Guy comme cœur émotionnel des Scoobies. 20) L’Adieu à Sunnydale (La Fin des Temps, 7-22) La formidable bataille finale contre les Vampires, Démons et autres Forces du Mal s’achève par le sacrifice de Spike permettant enfin refermer la Bouche de l’Enfer dissimulée sous la ville de Sunnydale. L’événement permet à la série de se conclure par l’inoubliable scène voyant tout Sunnydale s’effondrer autour de la Tueuse et des Scoobies, tandis qu’ils s’enfuient à toute vitesse pour échapper au gouffre s’ouvrant sous leur pied. Ce final épique représente encore aujourd’hui l’un des plus bels exemples du penchant de Joss Whedon pour les destructions de décors ponctuant les grands tournants de ses histoires. Le lumineux sourire de Buffy parachève le succès de Chosen, idéale conclusion de la série. |
Meilleurs épisodes - Top 20 par Clément Diaz 20) Bienvenue à Sunnydale (Welcome to the Hellmouth/The Harvest, 1-01/02) Bénéficiant enfin du contrôle créatif de son idée après le quasi coup d'état du film original, Joss Whedon la fait enfin découvrir au public : non une vulgaire comédie horrifique aussi poussive que nanarde, mais du Fantastique dépoussiérant les grands codes du genre. L'alternance rapide de comédie, de drame, d'action, et d'émotion, soit le secret du style Whedon, est présent d'entrée. Multipliant les innovations (féminisme dans un genre télévisuel encore très masculin, mélange des genres gonflé entre le Fantastique et la série ado, désacralisation de l'image du héros...) au sein d'un scénario dégainant les rebondissements à la pelle, le pilote ébauche une prometteuse Mythologie. Répondent à l'appel un casting juvénile d'une énergie gaie, des dialogues claquants, des personnages fêlant déjà les stéréotypes, et un suspense maîtrisé. Le pilote remplit sa triple mission de poser l'ambiance, d'imaginer une histoire intéressante, et de semer les germes des révolutions à venir : la TV américaine ne s'en remettra jamais. 19) La maison hantée (Where the wild things are, 4-18) Un des épisodes les plus détestés dû à la passivité complète de Buffy, et ses copulations à répétition avec Riley, sa relation la moins aimée des fans. C'est précisément pour ces raisons que cet épisode est l'un des plus transgressifs de la série. En réussissant sans son leader, le Scooby-gang démontre que l'héroïsme passe par l'amitié et le courage, et non par la puissance. L’épisode charge toutes les doctrines condamnant les plaisirs de la vie avec un ton peu commun à la TV américaine, et exalte le triomphe de la jeunesse. Anya – et son mythique costume d’Halloween – fait un bond en avant par une bravoure à l'opposé de sa piteuse fuite en fin de saison 3. Tourbillons de disputes hilarantes entre nos héros en grande forme et scène culte de Giles chantant à la guitare parachèvent cette réussite. 18) Portée disparue (Out of mind, out of sight, 1-11) Le Fantastique frappe toujours plus fort quand l’individu lambda en fait l’expérience, et change de personnalité à son contact. L’émotion assurée, l’épisode file avec talent la métaphore de l’invisibilité comme symbole de l’exclusion sociale. Avec pour conséquences une victime devenant bourreau. Dans un étonnant mouvement inverse, Cordelia descend de son piédestal de solitude, premier pas timide vers son épiphanie finale où elle sera une héroïne désintéressée. Sans doute l’épisode le plus ambitieux de la première saison dans son écriture. 17) Une revenante (This year's girl/Who are you?, 4-15/16) On ne le répètera jamais assez, mais Faith demeure l’un des personnages les plus réussis du Whedonverse : d’une morale toute dionysiaque (au sens Nietzschéen), la brune Tueuse est une psychotique de catégorie 1, que sa trépidante vitalité, sa sensualité exacerbée, dissimulent à peine. Faith explose tous les compteurs lorsque sa vengeance contre Buffy vient s’ajouter à ce portrait déjà chargé. Après un premier affrontement d’une électricité inouïe, le subtil jeu de miroirs du changement de corps exploite la relation antagoniste et intime entre les deux femmes avec force. Faith entrevoit avec horreur une impasse morale qu’elle percutera de plein fouet à Los Angeles. Buffy fait l’expérience de la ruine mentale de son ennemie, déclenchant pour elle une quête plus visible de sagesse. L’épisode révèle aussi l’attirance jusque-là niée de Spike pour sa pire ennemie, aux conséquences décisives. Un épisode central, charnière. Et un double épisode parfaitement équilibré, contrairement au plus décisif mais trop inégal Surprise/Innocence. 16) À la dérive (Normal again, 6-17) Épisode conceptuel finement métatextuel, Normal again parle directement au spectateur, lui rappelant qu’il est devant une fiction. Par une cruauté consommée, Buffy se prend en pleine figure la résonance, et se retrouve entre deux mondes : la réalité du spectateur, et l’imaginaire du show. Chaque hypothèse rassurante se voit anéantie par une évidence de plus en plus écrasante, dans un suspense désespéré où l’on attend un miracle. La sinistre coda, miroir du film Brazil (mais aussi de La rivière du hibou de La Quatrième Dimension), se montre courageuse par sa radicalité absolue, confirmant la voie plus sombre de la saison 6. Dans un registre similaire, Supernatural plongera de même nos héros dans la réalité (The french mistake), mais avec pour arme principale une franche rigolade ! 15) Rouge passion (Seeing red, 6-19) Fin rouge sang de la marche vers la catastrophe qu’est la saison 6, Seeing red achève de passer à la broyeuse nos héros hébétés avec un sadisme sidérant. En scène-choc, la tentative de viol de Spike sur Buffy. Par sa volonté d’expier cette faute, le vampire passera définitivement dans le camp du bien, un tournant majeur dans le Buffyverse. En contraste avec la bulle de bonheur formée par Willow et Tara vainquant leurs conflits passés, le reste du Scooby est en pleine crise morale et personnelle, chacun prêt à imploser. Le Trio connait, lui, son apogée avec leur plus grande menace contre la Tueuse. L’assassinat brutal de l’adorable Tara sous les yeux du spectateur choqué couronne l’épisode le plus violent de la série. 14) Un amour de pleine lune (New moon rising, 4-19)
Bien que grevée par une intrigue de sauvetage passe-partout et plusieurs coïncidences peu crédibles, New moon rising s’impose comme l’un des sommets émotionnels de la série. Marti Noxon redonne vie au cliché du triangle amoureux. Elle exacerbe la tension sentimentale entre trois magnifiques personnages, tous pris dans des dilemmes insolubles. D’une dimension toute opératique, l’épisode ouvre les vannes lacrymales jusqu’à la cascade de la coda. Départ sous les vivats d’Oz, tandis que Buffy persiste dans ses audaces en intégrant les séries pionnières dans la représentation positive de l’homosexualité (Roseanne, Ellen, Dawson, Will & Grace, Queer as folk…). Un pur mélodrame, un joyau. 13) Un silence de mort (Hush, 4-10) Inspiré par un épisode presque entièrement muet de Space 2063, Joss Whedon raconte l’une de ses histoires les plus terrifiantes en se passant des dialogues durant plus de sa moitié, amputant l’épisode d’un repère rassurant pour le public. Derrière le faux conte de fées gore, Whedon nous rappelle que la parole n’est qu’un langage parmi d’autres, et que la communi(cati)on entre les êtres passe souvent par d’autres voies que la malignité humaine ne peut corrompre (1er acte riche en dialogues méchants). Démonstration par la consolidation via l’épreuve des couples Buffy-Riley et Xander-Anya. Entrée remarquée de Tara, personnage le plus attachant de la série, qui trouble déjà Willow. 12) Acathla (Becoming, 2-21/22)
Comme les meilleurs épisodes finaux de saison, Acathla enchaîne rebondissements, révélations, scènes-choc, et affrontements en crescendo. Dirigé par Angelus, némesis le plus redoutable de Buffy en raison de leur histoire, l’épisode lance une cravachée course contre la montre, semée de revers affreux pour la Tueuse : mort de Kendra, agression sur Willow, enlèvement de Giles, reniement maternel… Le revirement de Spike prépare son progressif changement d’allégeance, perceptible dès son silence hilarant avec Joyce. La chute finale, d’une cruauté noire, consomme la victoire amère, sans happy end, de la Slayer, désormais en butte à un tourment existentiel semblant irréversible. Un grand final tragique. 11) Amours contrariés (Lover’s walk, 3-08) Lover’s walk fait figure de réveil cinglant pour un Scooby-gang encore insouciant dans leurs amours. Il est l’illustration de la difficulté de demeurer dans une relation pérenne alors que rôdent les spectres de l’infidélité (Willow-Oz, Xander-Cordélia) et du déni (Buffy-Angel, mais aussi à retardement Spike-Drusilla). Illustration aussi de l’ego masculin se sentant « dévirilisé » dès lors qu’il perd un rôle qu’il voulait dominant dans une relation. Les hormones de la jeunesse n’arrangent rien. Spike, roi de l’épisode, inonde l’épisode de répliques ravageuses, et proclame la fierté d’aimer, même quand l’amour n’est plus que douleur. Le come-back du vampire le plus fun de la TV est un triomphe, d’où sa promotion logique au rang de personnage régulier dès la saison prochaine. Dur, mais beau. 10) Le bal de fin d'année (Homecoming, 3-05) Machinerie burlesque tournant à plein régime, Homecoming s’appuie sur la dynamique Buffy-Cordélia, en rivalité ou en alliance forcée. Dans le premier cas, la guéguerre de coups bas, de gags et de répliquesquituent font du concours de miss une des histoires les plus drôles de la série. Dans le second cas, le décalage de Queen C et le réalisme de la Tueuse face aux dangers du labyrinthe mortel s’entrechoquent pour faire des étincelles. Les monstres au cerveau de la taille d’un puceron rachitique ajoutent à l’ambiance par leur débilité immaculée. Une comédie gonflée à bloc, s’achevant par l’apparition de l’un des méchants les plus redoutables de la série : le Maire Richard Wilkins III, déjà magnétique. 9) Cauchemar (Restless, 4-22) L’on tient ici l’un des épisodes les plus mystérieux de la télévision, entorse rare au rituel du season finale forcément climatique. Cette plongée lynchienne au cœur de l’âme humaine enchaîne les allégories, les métaphores, pour en exprimer toute la richesse, mais aussi la noirceur. L’intimité des héros ne sera jamais plus explorée qu’à l’occasion de ce voyage onirique. À la subtilité de l’écriture, d’une cérébralité nourrissant l’émotion, correspond une mise en scène troublante, bourrée d’audaces et d’artifices malins évoquant bien les étrangetés des rêves. Une des plus abouties réalisations de la carrière de Joss Whedon. 8) Toute la peine du monde (Two to go/Grave, 6-21/22) En contrepoint à Spike, sur un chemin ascendant vers la rédemption, Willow arrive au terme de sa métamorphose enténébrée entamée en saison 5. La mort de Tara libère son Ça chtonien dont l’ultraviolence saisit le spectateur à la gorge. Dans cet épisode mené tambour battant par une Alyson Hannigan possédée, c’est cette fois le Scooby qui fait les frais de la colère de la sorcière. Derrière le fracas des batailles magiques, c’est le déchirement de la perdition de Willow qui domine les esprits. La fuite des héros et la promesse d’apocalypse font de ce finale le plus désespéré du show, malgré le retour miraculeux de Giles. Le dialogue final entre Xander et Willow est en bonne place pour être la scène la plus émouvante de toute la série. Moins que jamais un « Zeppo », le normal guy confirme qu’il est l’âme du groupe. 7) La fin des temps (End of days/Chosen, 7-21/22) Buffy s’achève dans un ton qu’elle n’avait qu’évoqué jusque-là : l’épique. Mais avant, la première partie va lancer un long regard d’amour et de mélancolie envers ses personnages, alors qu’ils mesurent le chemin parcouru et leur évolution vers la sagesse. Tout y sonne juste alors même que les rebondissements se succèdent (apparition surprise d’Angel, la Scythe, la mort de Caleb…). Alors le finale de la série peut déclencher l’activation des pions que la saison 7 avait timidement avancés : les Potentielles, la Bouche de l’Enfer, l’essence des pouvoirs des Slayers, la propension au sacrifice de Spike… ce maelstrom d’atouts prend la forme d’un retentissant speech sur le pouvoir des femmes dans une société d’hommes, et d’une bataille ultime au souffle homérique et féministe. Ce choix de double épisode évite le contraste trop tranché de The Gift qui devait agglomérer regard en arrière et bataille finale en un seul épisode. Malgré l’amertume des pertes du camp du Bien, dont la moindre n’est pas Anya, Chosen rayonne d’une conclusion solaire et optimiste, à l’image de son héroïne. Il est intéressant de la comparer avec la conclusion ouverte, sombre, mais à l’héroïsme sublime d’Angel. Alors que tant de fins de série se montrent décevantes, Joss Whedon conclut son grand-œuvre avec panache. 6) Attaque à Sunnydale (School Hard, 2-03) C’est avec cet épisode que la série s’émancipe définitivement du lourd héritage du nanar de 1992. Sa meilleure arme ? Une vision modernisée de la figure du vampire qui s’éloigne de l’incarnation traditionnelle du Maître en saison précédente (et ses serviteurs mous du ciboulot), et un Angel encore secret. Un passage de témoin illustré par l’évacuation bienvenue de « L’annoyed one », ultime représentant de cette époque. Cette vision prend corps avec Spike et Drusilla, couple aux amours paroxystiques, profondément ancré dans la pop culture. Si Drusilla fascine par sa folie éthérée, Spike est une explosive révélation, et va devenir l’un des personnages les plus jouissifs du show, porté par un humour grinçant (qui deviendra graduellement plus burlesque), et une aura ténébreuse et pugnace. Joss Whedon et David Greenwalt signent là l’une de leurs plus grandes créations, et James Marsters trouve le rôle de sa vie. Le scénario enlevé, à rebondissements multiples, soutient l’événement, tandis que Joyce a son heure de gloire face au vampire blond. 5) Halloween (Halloween, 2-06) Si John Truby, le grand maître du scénario, indique qu’une prémisse forte est indispensable à une bonne histoire, alors Carl Ellsworth livre un modèle du genre. Grâce à l’idée de transformer les personnages en avatars de leurs costumes d’Halloween, l’épisode livre l’un des plus concentrés cocktails Whedoniens : humour maximum pour le décalage des situations et des personnages, suspense maximum par l’impuissance de Buffy, action maximale par le chaos général. Entrée en force d’Ethan Rayne, trop rare méchant récurrent dont la relation tourmentée avec Giles va ébranler la figure sage de l’Observateur. Modèle de script à montrer dans toute bonne école de cinéma. 4) Un charme déroutant (Bewitched, bothered, and bewildered, 2-16) Bel état de grâce pour cette saison 2 ! Le ballet des femmes en folie amoureuse autour d’un Xander mortifié est au cœur de cette catastrophe qui enchaîne frénétiquement des scènes de séduction à hurler de rire. Derrière cette comédie TGV transparaît une charge féroce contre l’orgueil et l’immaturité (souvent masculins) des sujets amoureux, souvent incapables de lâcher prise, blessés dans leur ego. Spike commettra la même erreur dans Amours contrariés. Cordelia évolue en apprenant à penser par elle-même au lieu d’être un mouton de Panurge. La dramatisation effroyable de la situation ne désamorce en rien l’humour tonitruant de Marti Noxon. Dans un registre pourtant éloigné du sien, elle livre l’épisode le plus drôle de la série. 3) Que le spectacle commence ! (Once More, With Feeling, 6-07) Comédie musicale synthétisant tous les talents de Joss Whedon et de l’équipe technique, Once more, with feeling fait bondir les intrigues et l’évolution des personnages avec la manifestation la plus intime de leurs sentiments par l’art musical. Un voyage intérieur mis en scène sous une forme bariolée, vive, et brillante : orchestre, acteurs/chanteurs, décors, tenues... s’inondent de couleurs chatoyantes, et accompagnent des chorégraphies sophistiquées. La variété des numéros, de l’aria grave au chœur flamboyant, rivalisent d’inspiration géniale, malgré une Sarah Michelle Gellar peu à son aise et un dernier acte plus terne. Sweet, le démon de la musique, est le vilain idoine de cet épisode étincelant. Les travellings fluides de Whedon dynamisent l’ensemble pour former le maître-étalon toujours actuel de la comédie musicale télévisuelle, semée de morceaux de bravoure. 2) Orphelines (The Body, 5-16) Le deuil comme si vous y étiez. Suspendant toutes les intrigues en cours, Joss Whedon force le spectateur à fusionner avec Buffy et au Scooby-Gang, pour qu’il partage leur douleur devant la perte de Joyce. Le naturalisme de l’épisode est complet, le rendant plus « réel » que les autres. Dans un temps ralenti, Whedon filme la douleur, à nu, analyse au microscope chaque réaction des personnages, éventail de toute l’âme humaine devant le choc de la mort, d’autant plus grand qu’il succède à une aventure comique. Sa force cathartique lui vaut de figurer à raison parmi les plus grands épisodes jamais réalisés, en dépit d’une dernière minute superfétatoire. Seul l’épisode Tout le monde est seul de la série Six feet under, dans un prisme encore plus sombre et désespéré, égalisera le pouvoir dévastateur d’Orphelines. 1) La boule de Thésulah (Passion, 2-17) Empreint de poésie morbide, Passion nous montre le dévoiement pervers que peut prendre l’amour. Quand l’ardeur devient obsession, quand l’attention devient harcèlement, quand la beauté devient l’abject dans tout son raffinement. Angelus est notre guide profanateur dans cette visite d’un musée du Mal esthétisé, dont la pièce maîtresse est la mise à mort cruelle de Jenny Calendar, et la réaction suicidaire de Giles. Angelus domine Buffy par sa compréhension magistrale des passions humaines, mais ne voit pas qu’il est lui aussi piégé dans les mêmes filets, tandis que la Tueuse, un genou à terre, ne se résigne pas à courber l’échine. David Tyron King signe un épisode-clé où le Mal n’a jamais été aussi somptueux à contempler (caméra magnifique de Michael Gershman), sans perdre son horreur viscérale. |
Buffy Contre les Vampires (1997-2003) Saison 7 2. Démons intérieurs (Beneath You) 3. Vice versa (Same Time, Same Place) 5. Crise d'identité (Selfless) 7. Connivences (Conversations with Dead People) 9. Le sceau de Danzalthar (Never Leave Me) 14. Rendez-vous dangereux (First Date) 15. Retour aux sources (Get It Done) 16. Sous influence (Storyteller) 17. Un lourd passé (Lies My Parents Told Me) Scénario : Joss Whedon Réalisation : David Solomon Turquie : une jeune femme se fait tuer par des hommes en robe. Angleterre : Willow émerge peu à peu de son égarement dans les ténèbres (cf. les trois derniers épisodes de la saison 6) et apprend la rédemption aux côtés de Giles. Sunnydale : c’est la rentrée pour Dawn. Avec deux autres lycéens, elle chute dans un labyrinthe souterrain peuplé de fantômes. Buffy saute à son tour dans le trou pour la sauver. Ce faisant, elle croise Spike, qui a récupéré son âme, mais cela l'a rendu fou… La critique de Clément Diaz
- That waitress downtown wished her husband was a frog - you made him French. Ouverture allegro con brio de la dernière saison (du moins à la télévision) avec Lessons. Toujours roi des dialogues vifs et affûtés, Whedon prend tranquillement son temps pour nous remettre dans le bain : Buffy est désormais le professeur particulier de Dawn en slayage – hilarante introduction du cimetière – Willow revient douloureusement vers la lumière, Anya fait du racisme anti-français (le french bashing étant un sport national aux USA, on peut considérer qu'Anya finit son apprentissage de la culture américaine), Alex le vaillant fidèle, Spike est en mode aaaaah, je souuuuuuffre de mes pêchéééés (appelé aussi mode Angel), et Dawn... ben, Dawn quoi. Saluons aussi la tordante Hallifrek, et la visite de Wayne Palmer à Sunnydale (franchement, il aurait dû amener Jack Bauer aussi, Buffy aurait pu prendre des vacances dès la semaine suivante). On retrouve nos repères, l'humour des personnages, les grosses vannes de la Slayer (I want Dawn be my girlfriend/ Wrong sister, I'm the one who dates dead guys, and sorry but they were hotties)... Les apparitions brutales des esprits, à la violence à peine contenue, font trembler à chaque fois, et équilibrent les passages plus drôles. Leur manière de tourmenter leurs victimes est efficace, et les scènes d'action sont toujours aussi bien chorégraphiées. La décrépitude de Spike est affolante, avec une grande composition de James Marsters (par contre la perruque blonde, non, là, ça va pas être possible, au secours !), tandis que la Slayer se bat en mettant une brique dans son sac, ah le voilà enfin le lien avec Chapeau melon et bottes de cuir ! (Pas anodin que ce soit une référence à… Tara !). Buffy est embauchée comme conseiller scolaire ; super, il a fallu la 7e saison pour que la Slayer trouve enfin un job (minablement) rémunéré ET qui lui convienne. La persévérance paye on dirait. La scène finale est une belle surprise, où tous les méchants de la série apparaissent l'un après l'autre. Quelle joie de tous les revoir ! Warren, Glory, Dru, Le Maître, le Maire, Adam (et Buffy ??!!!). La nostalgie nous parle, et on a un regard attendri pour ces grands big bads qui nous ont fait passer tant de bons moments. Rien que pour ça, l'épisode est immanquable. N'oublions pas les sublimissimes scènes Willow-Giles dans la campagne anglaise : que d'émotion, que de beauté, que d'amour… La critique d'Estuaire44 Pilote de saison très maîtrisé, Lessons apparaît comme une savoureuse mise en place de décor, avec une narration que le Roi du Geekland rend malicieusement assez similaire aux Slayer Movies type Freddie. On retrouve avec beaucoup de plaisir les différents personnages centraux de la série. Le récit est (déjà) très centré sur Buffy, mais chacun a droit à son moment. Mention spéciale pour la superbe propriété d’Anthony Head, où furent tournées les scènes anglaises. Les deux comédiens s'y montrent une nouvelle fois parfaits. Xander porte cravate, les années passent ! D. B. Woodside se montre excellent et fonctionne très bien avec Sarah Michelle Gellar. La procession finale des Big Bads de la série demeure particulièrement mémorable. Le rouge va toujours très bien à Glory et cela fait quelque chose de revoir encore une fois Dru. Chaque Big Bad a droit à une tirade bien dans son style, c’est très joliment fait. Le Maire passe un peu rapidement, mais ce n'est que partie remise. On découvre ici un atout de la saison 7, qui multipliera les clins d’œil au parcours de la série. Sarah Michelle Gellar va se régaler avec l’alter ego maléfique de Buffy. Les dialogues introduisent souvent un humour bienvenu après une saison 6 très éprouvante. Deux réserves toutefois. Le nouveau Sunnydale High s'avère tout à fait aseptisé par rapport au style néo hispanique très californien de l'ancien. Et puis Spike se montre ennuyeux, ce n’est pas le registre de Marsters (Boreanaz est bien meilleur là dessus) et on a envie de retrouver le fauve sarcastique que l’on aime bien. Sa coiffure est également plus ridicule qu'autre chose.
2. DÉMONS INTÉRIEURS Scénario : Douglas Petrie Réalisation : Nick Marck Xander fait la connaissance de Nancy, une jeune femme avec qui il flirte. Toutefois, les maléfices d’Anya risquent fort de tout compromettre. Pendant ce temps, Buffy tente de découvrir la raison du comportement de Spike… La critique de Clément Diaz Sunnydale. Come for the food, stay for the dismemberment. - Spike, have you completely lost your mind ? On commence en fanfare par un pastiche fort réussi d’Alias, avec la poursuite survitaminée d’une simili Sydney Bristow sous fond de musique techno. Passé ce portique, Petrie développe un scénario assez plaisant qui met en valeur les personnages (sa spécialité), tout en restant résolument comique. Sous un défilé de répliques assassines, Xander rencontre la jolie Nancy. Excellente idée d’intégrer un personnage extérieur au Scooby, cela produit de la comédie basée sur le classique mais toujours percutant choc des cultures. Nancy permet de nous rendre compte que vu de l’extérieur, le Scooby, groupe si familier et “normal” à nos yeux, ressemble plus à un groupe de dingos échappés de l’asile qu'à des justiciers ! Un regard rafraîchissant. La catastrophe d’Anya est d’un humour noir tordant : la scène du Bronze, ou celle au QG de Buffy sont des pépites d’humour. Xander n’a pas de chance : alors qu’il trouve enfin une femme normale, faut que l’aventure fasse tout foirer. Le monstre est plutôt pas mal, mais on le voit pas trop, budget oblige. Willow et Giles, c’est toujours aussi magique ; on se languit de retrouver notre sorcière favorite à Sunnydale. L’épisode est le gros must see pour les fans du Spike, désormais moinquerien, détruit par ses sentiments envers la Tueuse. S’il tente bien de rejouer au fanfaron lors de sa bagarre de saloon, il suffit du petit accident avec le ver géant pour tout faire s’effondrer. On peut critiquer son évolution : Spike n’est plus celui qu’on aimait tant, mais cette humanisation et cette quête d’une rédemption rien moins qu’assurée émeut. Le final de l’église rentre sans hésiter dans le top 10 des plus grandes scènes de la série, avec une composition ravageuse et ravagée de James Marsters. Les larmes de Buffy sont aussi logiques que le chagrin destructeur du vampire. Un grand moment. La critique d'Estuaire44 On apprécie un amusant pastiche très sympa d'Alias en ouverture, d'autant que l'on croit se souvenir que Syd a effectivement réalisé une mission en punkette à Berlin. Le coup du regard d'une tierce personne posé sur Gang est bien réalisé, même si pas tout à fait original. Le ver de terre géant dévastant carrément la ville est un peu over the top mais cela parlera forcément aux amateurs de Dune ou de Tremors (le Trio aurait adoré l'idée). La vedette reste Anya, enfin, Anyanka, quia repris un sacré poil de la bête, elle est vraiment hilarante. On a toujours du mal avec Spike, moins pour une question d'interprétation que de personnage. Angel était un homme de peu de mots, donc son spleen se ressentait en bonne partie dans son attitude et son regard, tandis que le Spike aura toujours été un bavard extraverti. D'où une logorrhée pas inintéressante en soi, mais vraiment trop envahissante et démonstratrice. Aller s'immoler sur la croix, quelle diva vraiment... Le petit jeu autour de ne pas révéler qu'il avait regagné son âme est assez gratuit, à quoi bon ? Par contre c'était effectivement poignant de le voir singer ce qu'il était naguère, pour sauver la face. Ce serait bien de baisser sur le pathos à gros bouillon pour tenter davantage le suggéré.
3. VICE VERSA Scénario : Jane Espenson Réalisation : James A. Contner Le Scooby-Gang attend Willow à l’aéroport de Sunnydale, mais ils ne la voient pas. Pourtant Willow est bien à l’aéroport, mais elle constate que ses amis ne sont pas là !! A cette situation impossible, s’ajoute le cadavre d’un homme écorché vif, retrouvé sur le chantier où travaille Xander… La critique de Clément Diaz Here's something you should know about vengeance demons: We don't group with the "sorry." We prefer "Oh, God, please stop hitting me with my own rib bones." Décidément, les auteurs sont en pleine forme, Same time, same place est sans doute le meilleur opus de Jane Espenson, et certainement un des meilleurs de la série entière. L’auteur nous surprend en réussissant dans un genre qui n’est pourtant pas celui de l’humour, sa spécialité : le suspense et le gore. On se croirait piégé dans La Quatrième Dimension, avec un suspense intenable, une étrangeté de la situation à effet durable et prenant, et un monstre absolument salopard tout à fait repoussant malgré un look un peu... limite. On est dans une réalité dont l'absurde finit par devenir oppressante. Chaque scène est filmée de deux façons : le point de vue de Willow, et celui de Buffy-Dawn-Xander ; le procédé est répété intelligemment pour instaurer une frénétique tension en crescendo. Ce trip en plein cauchemar ne faiblit jamais. Les quelques pointes d'humour (délivrés pour la plupart par Anya, toujours aussi givrée) marchent bien, tandis que William the bloody mad carbure toujours à l'acide ; sa vanne à Xander est un classique. L'épisode se centre évidemment sur Willow, dont la peur à l'idée de ne pas être pardonnée, accueillie par ceux qu'elle aime, est captée à merveille par Alyson Hannigan. Le Gnarl est absolument horrifiant, son sadisme incessant, son excitation animale, sa manière d'éviscérer avec une suprême lenteur notre rousse amie portera pas mal de cœurs au bord des lèvres. Attendez-vous à trépigner de joie quand il crève. Personnellement, le monstre qui m'a le plus marqué dans la série (avec les bavards Gentlemen of course). Le tempo lent instille une angoisse sans faille. La chute est un peu extravagante, mais on comprend l'excellent raisonnement de l'auteure. 42 minutes de stress permanent, un loner en or massif. La critique d'Estuaire44 Clairement l’un des meilleurs opus de la saison, pour son postulat très Twilight Zone et ses moments joyeusement Gore. Le scénario ouvre d'ailleurs une amusante perspective sur ce qu’arait donné une participation de Jane Espenson à Supernatural. Le démon est une merveille d’horreur, notamment grâce au génie de. Camden Toy, comédien spécialiste des maquillages insensés (il joue aussi le chef des Gentlemen, le premier Ubervamp, et le Prince des Mensonges dans l’épisode sous-marin d’Angel). La saison trouve le temps de s’intéresser à l’évolution psychologique des Scoobies, en plus de développer son intrigue centrale. Ici Willow est intelligemment mise en avant, avec une Alyson Hannigan une nouvelle fois géniale. L’épisode scelle la réconciliation entre Buffy et Willow, enfin.
Scénario : Rebecca Rand Kirshner Réalisation : Rick Rosenthal Cassie Newton, une lycéenne, révèle à Buffy qu’elle “sait” qu’elle mourra dans deux jours. En enquêtant sur Cassie, Buffy découvre qu'elle semble douée d’un don de prédiction. Malgré tout, Buffy va tout faire pour sauver la vie de Cassie et empêcher la prédiction de se réaliser… La critique de Clément Diaz - Buffy the Vampire Slayer would break down this door. L’épisode présente l'intérêt de voir qu'en dehors de son rôle de serviteur loyal de la Maison Blanche, Aaron Pierce est également un serviteur fidèle de la dive bouteille, toujours dans l’entourage de Wayne. Bon c’était la minute maniaque du fan de 24 heures chrono. Pour le reste, malgré une Azura Skye inhabituellement juste (l'actrice m'a énervé plus d'une fois dans ses autres apparitions télévisées), le script mélange trop d'éléments de soap estudiantin avec en plus un final en remake de Reptile boy, avec cette secte d'adolescents qui réussit l'exploit d'être encore plus crétine que l'original, c'est dire. Centré sur Buffy et Dawn, l'épisode subit l'absence des autres membres du Scooby, d'où un ton assez terne pour une enquête qui ne l'est pas moins. Sept ans avant Scully, Willow a déjà compris que Google pouvait résoudre des énigmes plus vite que ton ombre, une bien peu reluisante idée du scénario. Buffy trouve la solution grâce à la conjonction de deux ficelles scénaristiques : "les pièces" du poème, et le fait qu'elle passe précisément où Wood ouvre le casier rempli de pièces. Les fausses pistes du père et de l'amoureux éconduit ne tiennent pas la route. On aimerait bien que Spike se secoue ; Marsters est fantastique encore une fois, mais ça s'éternise. Volens nolens, l'épisode doit beaucoup à Cassie Newton, dont la fragilité, la maturité, et le courage résigné frappent juste. L'atmosphère Nervalienne de ses poèmes est d'une morbide beauté. L'intervention inattendue de Spike dans la battle finale met du baume au cœur (She'll tell you someday, she'll tell you), tandis que le twist final est un des plus durs de la série. Quelques éléments qui empêchent l'épisode de ne pas sombrer totalement. La critique d'Estuaire44 Help résulte comme un épisode uniquement fonctionnel, destiné à montrer Buffy dans son nouveau métier et à créer le personnage, certes réussi, de Cassie (malgré une poésie très empesée). Cette dernière est uniquement là pour pallier à l'absence de Tara dans le prochain et très marquant Connivences. Cela fait beaucoup de grandes manœuvres dépourvues de réel intérêt dramatique. Ces histoires de sociétés secrètes étudiantes n'ont pas produit de grands épisodes par le passé et c'était autrement plus drôle avec Queen C, malgré la méritoire performance d’Azura Skye. Le démon fait également pale figure, surtout après celui découvert lors de l'épisode précédent. Bonne interprétation ceci dit et quelques scènes réussies, dont la découverte de la sympathique Amanda. Cela reste un tantinet léger. N continue à se divertir des efforts désespérés tentés par la série pour trouver une utilité à Dawn, une héroïque et vaine performance. Merci à Aaron de continuer à veiller incognito sur Wayne, en cas d’attaque terroriste à Sunnydale, on sait qui appeler.
5. CRISE D’IDENTITÉ Scénario : Drew Goddard Réalisation : David Solomon Au lycée, Willow découvre une étudiante en état de choc dans un placard : une araignée géante a commis un carnage et tué douze étudiants qui s’étaient moqués d’elle. Anya est la responsable. Comprenant qu’elle a franchi un point de non retour, Buffy déclare qu’elle doit tuer Anya, malgré les protestations de Xander… La critique de Clément Diaz Buffy, are there any friends of yours left you haven't tried to kill ? Whedon a décidément beaucoup de flair. La venue de Drew Goddard dans l’équipe des scénaristes va apporter un surcroît d’efficacité à cette saison. Bien qu’il s’agisse ici de son tout premier coup d’essai, Goddard montre déjà ses talents narratifs, qui feront merveille plus tard dans Angel, Alias, et au cinéma (Whedon coscénarisera La cabane dans les bois, réalisé par Goddard) Goddard bâtit une bonne histoire, centrée sur cette dingue d'Anya, sauf qu'Anya est en mode mi-Dark Willow/mi-Angel ; du coup, pour la poilade, on repassera. Les séquences nordiques avec Olaf le Troll sont d’un décalage tellement énorme qu’on doit se pincer pour y croire. Kitsch et réussi à la fois. Le scénario souffre du fait qu'Anya basculant du côté obscur, on a déjà eu ça en fin de saison 6 avec Willy. Cela dit, la vision d'horreur de l'intro est efficace, on ne peut le nier. Emma Caulfield a l'occasion de sortir de son rôle comique pour incarner une Anya prise entre vengeance obstinée et douleur intérieure. Elle mène tout l'épisode avec ce dilemme fracassant qui conduit à plusieurs scènes du meilleur jus : la dispute avec Willow, et surtout la passe d'armes entre Buffy et Xander sur le sort réservé à la démone. Un arrière-texte éthique bien développé qui donne de la chair à cet épisode. Le duel des Titans est particulièrement bien orchestré, même si la porte de sortie (Bye Bye, Hallie) est un peu trop facile. Willow commence à faire du surplace, comme Spike. Zut, bougez-vous un peu, là, vous tirez la tronche depuis le début de la saison. L’épisode est renommé pour I will be his Mrs. la chanson d'Anya (qui se déroule à peu près en même temps que Going though the motions dans Once more with feeling), qui fait partie des meilleurs opus de Whedon. Goddard n’a pas eu froid aux yeux en demandant carrément au boss une chanson. Le créateur, bien que pris dans trois séries simultanées, pressa son génie pour en faire sortir un moment magique : la voix d’Emma rayonne dans des médiums allègres et des aigus lyriques, la musique, convoquant piano et cordes, demeure dans des eaux argentées, la chorégraphie est toute en énergie contenue mais manifeste, les costumes sont merveilleux. On peut certes pinailler en disant que c’est assez gratuit, mais le moment est si enchanteur qu’on se rend sans discuter. Et puis, la nostalgie parle quand on songe au temps béni où Anya et Xander s’aimaient… Très bon épisode, mais le Scooby semble encore assez tristounet, à part Buffy et Xander (le Zeppo hein ? Tu parles, il sauve encore la vie d'Anya, Love you Alex...). La critique d'Estuaire44
On aime bien cet épisode, assez patchwork mais plein de bonnes idées, dont les passages vikings délirants, le massacre et l’araignée lovecraftienne ou les connexions entre passé et le temps présent donnant lieu à des effets réussis façon LOST. Le débat moral sur le sort d'Anya est bien vu et permet de mettre joliment en avant Alex, plus que jamais la conscience morale du groupe. Il a beau être le meilleur ami et le frère d'armes de Buffy depuis des années, il fallait tout même oser se lancer comme ça sur la Slayer en mode combat, toute en réactivité et réflexes. Bien joué ! Le duel lui même se montre rythmé à souhait. Hallifrek permet de s'en sortir à bon compte mais finalement c'est assez raccord avec la personnalité tortueuse de D’Hoffryn (qui nous quitte sur ce dernier lugubre exploit). Le superbe moment musical autour d'Anya constitue l'un de ces agréables clins d’œil au parcours de la série, apparaissant de ci de là en cours de saison. La chanson fut écrite en une unique soirée par un Whedon alors en surcharge de travail, ayant pas moins de trois séries simultanément sur les bras. Il allait finir la saison en état d'épuisement avancé.
Scénario : Drew Z. Greenberg Réalisation : Michael Gershman Dawn tombe amoureuse d’un séduisant étudiant, R.J. Mais il apparaît qu’elle a beaucoup de rivales. Buffy elle-même ne résiste pas à son charme, pas plus qu’Anya et Willow. Spike et Xander, inquiets de la tournure des événements, décident de prendre les choses en main… La critique de Clément Diaz - I looked into him and saw his soul. Him souffre de la comparaison avec Bewitched, Bothered, and Bewildered (saison 2) dont il est le remake avoué - il est même mentionné par Xander. Il est dépourvu aussi de l’arrière-texte malin, ou du crescendo grinçant de Marti Noxon ; ce n’est qu’une comédie pour elle-même, au rythme plus poussif, d’autant que le chouchou de ces dames est assez transparent, rien à voir avec Xander. Toutefois, l’épisode réussit quand même son pari, les gags se montrant très souvent irrésistibles. Par un très rusé retournement, Drew Greenberg se sert du côté boulet de Dawn comme un atout, en le caricaturant à outrance. Voir Michelle Trachtenberg s’autoparodier jusqu’à plus soif est un grand spectacle à savourer sans modération. Mention pour ses deux chutes lamentables : l’intro et le concours de pom-pom girls. Ses crises de larmes/jalousie/rage/dégoût de soi sont si outrancières qu’on rit de bon cœur. Il faut aussi la voir en bombasse au Bronze, où elle se sexualise totalement sous les yeux ébahis de sa grande soeur. Faut pas croire, la donzelle a de sacrés atouts dans sa manche (pas que dans sa manche d'ailleurs). Déclarations grandiloquentes, ralentis éthérés, musique niaiseuse, voire tentative de suicide par amour... l’épisode dézingue toutes les histoires de cœur estudiantines qui ont plus ou moins pollué la télévision. Le tout avec un entrain certes modéré mais quand même de l’entrain. La scène où Buffy succombe à son tour au charme de RJ est une leçon de comédie de la part de Sarah Michelle Gellar qui y va à fond. Quand Xander les surprend dans une position, huhum, licencieuse, on rit aux éclats. La question quant à savoir si Buffy a réellement eu une relation sexuelle avec R.J. n’est toujours pas résolue. Chaque fan en décidera. Quand c’est le tour d’Anya puis de Willow (hein, Willow ???!!!!!), on nage en pleine WTFitude. Leurs dialogues de sentimentales jusqu’au-boutistes risquent de tuer le spectateur plusieurs fois de suite, Barbara Cartland peut aller se rhabiller. Le split-screen à la 24h chrono est du même métal, on imagine bien Jack Bauer se ruer à Sunnydale pour sauver Dawn (ou dans un salutaire réflexe ne rien faire pour sauver le Boulet, c'est selon). Au final, un épisode distrayant. La critique d'Estuaire44 Outre nombreuses scènes amusantes, l’épisode brille particulièrement par ses regards dans le rétroviseur. On adore Buffy retrouvant le bazooka du Juge pour trucider Robin, ou ces pom pom girls avec lesquelles on remonte carrément jusqu'à Bichette la Terreur. Dawn utilise d’ailleurs la tenue portée par Buffy en saison 1. On se situe dans un excellent Fantastique, privilégiant l’étrange aux effets spéciaux. Mais le sujet a effectivement été traité, avec davantage d'ambition, dans l'excellent Un Charme Déroutant. Ici on sent bien qu'il ne s'agit que d'un prétexte pour aligner les gags, ce qui est certes appréciable en soi, d'autant que la suite de la saison va être très sombre. L'affaire se résout aussi très facilement trop facilement, c'est assez léger. Un épisode très drôle avec d'excellentes actrices s'en donnant à cœur joie (coup de cour à Trachtenberg, vraiment épatante). Mais on sent poindre l'envie que le Big Bad se manifestât plus conséquemment.
7. CONNIVENCES Scénario : Jane Espenson, Drew Goddard, Marti Noxon (non créditée), et Joss Whedon (non crédité) Réalisation : Nick Marck Willow reçoit la visite du fantôme de Cassie Newton : elle vient lui apporter un message de Tara. Dawn est confrontée à une force démoniaque qui hante la maison familiale. Buffy se confie à Holden, un vampire psychanalyste. Jonathan et Andrew s’introduisent dans le lycée pour déterrer une porte magique, mais Jonathan ignore qu’Andrew est manipulé par le fantôme de Warren… La critique de Clément Diaz Of course I'm scared. Last time we were here, 33.3 bar percent of us were flayed alive ! Nouvel exercice de style, Conversations with dead people est certainement l'épisode le plus déconcertant de toute la série (sauf Restless et Normal again hors catégorie). Postulat : on parle avec un habitant de l'au-delà, et de cette conversation, ressort des vérités ou des présages fondamentaux pour la suite des événements. Cet épisode extrêmement original multiplie les audaces et les coups de génie, découpés en 4 segments indépendants. L’effet « film à sketches » très rarement présent dans un épisode de série télé, normalement un tout cohérent, marche ici très bien ; mais les histoires de cet épisode sont d'inégale importance. Jane Espenson n'a pas été méga inspirée pour le front Dawn. On assiste à un déferlement de forces démoniaques dans la maison, avec Dawn tantôt en criarde apeurée, tantôt en warrior obstinée... et c'est tout. Moui, pas grand-chose. Certes, les apparitions de Joyce font leur effet - le message final est glaçant - mais avec toute cette suggestion et ce noir presque absolu, on se croirait dans un sous-film d'horreur fauché et répétitif. Marti Noxon s'occupe du front Willow, mais là encore ce n'est pas une réussite. Certes, les performances d'Alyson Hannigan et d'Azura Skye sont sans prix, mais tout est trop linéaire. La tension ne monte jamais, et la situation se dénoue bien maladroitement. Tara nous manque vraiment. Drew Goddard a plus de chance avec le retour gagnant des trois losers... enfin des deux losers... enfin, non trois quand on y pense... mais quand même deux puisque Warren... Raaaaaaaah ! Bref, étalage de geekitude assurée, quelques déconnades parci-parlà (la chute slapstick d'Andrew, le dictionnaire klingon), mais frisson quand Warren apparaît et réapparaît, manipulant Andrew avec une précision et une efficacité mortelle. La chute finale est renversante, et a causé chez les fans pas mal de protestations. Il sera dit que dans Buffy, tout mais vraiment tout peut arriver ! Cependant, elle va permettre à Andrew de s’imposer dans la saison, mixant un humour pétaradant et une future recherche de rédemption et de maturité. L’ histoire du sceau est loin d'être finie. On reste en ligne. Le segment le plus enthousiasmant réside dans les séquences de Joss Whedon lui-même : Buffy rencontrant le pire cauchemar de toute Slayer : le vampire... psychanalyste !!!! Alors là, attendez-vous à piquer des fous rires vraiment massifs. Je ne sais pas quels acides on a perfusé au roi du Geekland, mais Whedon s'est vraiment lâché. L'improbable hénaurme de la situation est vraiment extrême, ce qui mène à des dialogues tantôt ciselés comme de la dentelle (You do have a superiority complex, and you've got an inferiority complex about it) tantôt tirés au bazooka (Buffy, I'm here to kill you, not to judge you). Prestation hilarante et très fine du beau Jonathan M.Woodward en ce qui restera comme le personnage le plus décalé de toute la série (à l'heure qu'il est, il doit être en train de manger du fromage en bonne compagnie). Voir d'abord Buffy et Holden parler comme de vieux potes, puis ensuite voir la première s'allonger sur une tombe comme un divan Freudien est un déphasage de la plus belle eau. La séance psy est passionnante, profonde, drôle, intense, émouvante. Sarah Michelle Gellar joue à merveille la douleur de l'héroïne solitaire et la professeure en vampirologie (we don't say "vampify", we say "sired"). Et puis, on dirait que le Spike a ENFIN décidé de redevenir le bad guy qu'on aimait tant. Un épisode hors normes, fascinant quoiqu'inabouti, avec un des meilleurs guests de la série. La critique d'Estuaire44 Les dialogues du Vampire psy sont vraiment finement écrits et l’interprétation de Jonathan M. Woodward s’avère vraiment remarquable. On le retrouvera d’ailleurs dans Angel, toujours excellent, avec le fourbe Knox (l’un des rares personnages du Buffyverse que l’on apprécie vraiment de voir crever). Pour le segment Dawn l’équipe des effets spéciaux se fait plaisir genre Poltergeist. c’est un tantinet gratuit mais assez plaisant en même temps. Et puis cela fait plaisir de retrouver « Joyce »une dernière fois. La mort de Jonathan, en plus aussi sordide que celle des Lone Gunmen dans un autre univers, est un vrai drame pour la série, je continue à regretter qu’une autre issue n’ait pas pu être trouvée. Mais il faut reconnaître que, désormais seul, le personnage d’Andrew va pleinement profiter de l’espace offert et se révéler beaucoup plus amusant qu’en saison 6, où l’on se focalise plus sur Warren et Jonathan. La saison 7 va lui devoir beaucoup, notamment par ses dialogues hilarants avec Spike et lors du formidable (et totalement barré) épisode qu’est Storyteller. Et puis Adam Busch montre toujours un abattage de folie en « Warren ». Le cœur de l’épisode reste cependant le dialogue entre Willow et Cassie. Amber Benson a refusé d’interpréter une Tara maléfique devenue le pantin du Big Bad, mais le substitut représenté par Cassie s'avère en définitive une alternative judicieuse. La mise en scène restitue parfaitement une présence immanente de Tara et l’on ne peut qu’applaudir la prestation si sensible d’Alyson Hannigan. Quel talent ! La scène fonctionne parfaitement et le renversement se ressent avec une force terrible quand le signal d’alarme s’allume. Le Big Bad est ici à son meilleur, comme effet rétroviseur d’une série revisitant grâce à lui ses grands disparus. L’effet va se répéter un peu trop souvent au cours de la saison, mais Whedon aura le bon sens de s’en tenir à Buffy avant que cela ne devienne trop mécanique. On regrettera l’absence d’une rencontre entre Giles et « Jenny », mais Robia Lamorte est alors passée à tout autre chose et n’allait certainement pas se lancer dans quelque chose d’aussi sulfureux, Dommage ! La structure narrative totalement éclatée de l’épisode lui confère une vraie originalité, d’autant que cela se justifie, le Big Bad divisant pour mieux régner. Ce brillant exercice de style se complète par de nombreuses références aux saisons passées, par une ultime discussion assaisonnée de pop culture en folie entre le Duo et par l'évolution de Spike, qui ouvre un relatif point d’interrogation sur l’avenir. Un carton quasiment plein pour ce qui restera le seul épisode de la série sans Alex, qui n’a sans doute pas grand monde à rencontrer !
Scénario : David Fury et Jane Espenson Réalisation : Alan J. Levi Buffy soupçonne non seulement que la puce de Spike ne marche plus, mais qu’il est redevenu mauvais. Elle l’espionne pour découvrir le fin mot de l’histoire. Spike est en réalité tombé sous la coupe d’un esprit qui a pris son apparence… La critique de Clément Diaz - If I get vamped, I'm gonna bite your ass. Il ne faut pas abuser des bonnes choses. Les auteurs cèdent à la tentation de prolonger l'exercice de style précédent, en se centralisant cette fois sur Spike (Anya et Alex dorment tranquille). L’idéal eut été d’incorporer cette histoire dans l'épisode précédent, mais comme il y'avait aussi à gérer le Trio, enfin le Duo... bon, le Uno maintenant… du coup le segment Spike est projeté ici, mais il s'étend sur les 42 minutes de l'épisode. Du coup, l'épisode délaye sur trois actes une histoire tenant en un seul, tout en n'ayant qu'un rôle fonctionnel : celui d'expliciter le Big Bad de saison. Le suspense de l'histoire tient le choc, car la composition ambiguë et renversante de James Marsters sème le trouble dans l'esprit du spectateur sur la culpabilité ou non de Spike. Premiers indices de la mise au placard du Scooby cette saison, ici relégué au rang de passe-plats (Xander assommé, Anya et Willow à la maison, Dawn... bon, voilà), Buffy faisant finalement tout le boulot. L'enquête a bien moins de force et il est dommage de sacrifier des personnages qui nous ont tant enchanté. Les effets anthropomorphes de La Force, pour aussi effectives qu'elles soient, commencent déjà à sentir le réchauffé. Whedon va heureusement s’arrêter à temps sur ce point. Marsters et Gellar sont au diapason, et leur duel à distance dose bien la tension dramatique. Quelques scènes réussies comme Buffy filant Spike, et un joli défilé de twists : la fausse Buffy, la belle black du Bronze (So that all I was to you ? A one-bite stand ?), l'apparition spectaculaire des vampires enterrés, Spike multiplié par deux... Mais LA scène de l'épisode est certainement Anya se retrouvant à faire des avances façon Faith à Spike un peu hébété par tant d'ardeur (il est pas le seul) ; excellent happening comique d'Emma et James. On finit sur un cliffhanger à se mordre les doigts jusqu'au sang (Giiiiiiiiiiiiiles !!!). Épisode anodin mais pas sans qualités. La critique d'Estuaire44 Un épisode efficace, avec un Marsters qui retrouve enfin ses marques. L’effet rétroviseur joue à plein et cela fait à plaisir de retrouver fugacement le Spike de la saison 2, même s’il s’agit d’un lavage de cerveau. On savoure une scène très drôle avec Anya, le pieu à la main ainsi qu’un final particulièrement déstabilisant avec Giles. C’est efficacement fait, mais aussi un peu gratuit, parce que sa mort est tout simplement inimaginable. L’intrigue centre enfin les débats sur le Big Bad, qui va enfin se décider à entrer franchement en scène. Billy Idol a du pomper son look sur celui de Spike ! On apprécie la performance musicale d’Aimee Mann, amis aussi que l'invité de la semaine du Bronze ait enfin quelque chose à dire.
9. LE SCEAU DE DANZALTHAR Scénario : Drew Goddard Réalisation : David Solomon Wood découvre le cadavre de Jonathan et décide de l’enterrer en toute discrétion. Willow rencontre Andrew en ville. Elle le ramène de force chez Buffy en tant que prisonnier. Buffy tente de sauver Spike de l’influence de La Force. Les Bringers, les serviteurs de La Force, envahissent soudainement la maison des Summers. Mais dans quel but ?… La critique de Clément Diaz - You're Conan. You're The Destroyer. It's you against nature. You're the hunter, you're primal. You live off the land. You're Andrew. Everyone knows you. You play by your own rules. It's kill or be killed. Tout plein de bonnes choses dans Never leave me : pack certes appliqué, parfois artificiel, de tout ce qu'on aime dans la série : le drame, l'action, le Fantastique, les personnages, la déconne. Chaque atout de la série se voit fort bien exploité par Drew Goddard. L'amplitude de la lutte Bien/Mal prend des proportions ahurissantes, forçant la pleine adhésion du spectateur. On retient l'évacuation promptement spectaculaire de l'intégralité du Conseil et de ses contacts. Ouch ! Giles est invisible, le principal commence à devenir louche, et Spike devient sacrément dangereux, la Mythologie de cette saison commence vraiment à démarrer à partir d'ici. L'impressionnante invasion nocturne de la maison par les adorateurs de The First (une pensée émue pour la société d'assurances qui s'occupe de la maison des Summers) vaut le coup d’œil avec une Dawn qui a fait des progrès inattendus en matière de baston. Le final avec Spike sanguinolent attaché à la roue et le gros monstre dégueu fait son effet, même si le monstre aurait pu trouver un meilleur costume. Boulevard des personnages, la relation entre Spike et Buffy devient de plus en plus intéressante, avec la deuxième se rendant compte enfin de l'humanité du premier, alors même que Spike mord tout ce qui bouge. La scène de la cave est riche en dialogues justes et émouvants, sur le dégoût de soi-même au-delà du supportable de Spike, et une évolution de Buffy vers plus de sagesse. L'épisode est aussi traversé par une bourrasque d'humour défoncé grâce à ce cher Andrew. C'est hallucinant de voir que la Force est aussi branchée geek : les discussions Warren-Andrew sont autant de perles référencées (Babe, Matrix, Conan...) qui excitent le rire en permanence - le massacre raté du cochon est un sommet de crétinerie irrésistible. La fausse complainte de Jonathan est tout aussi désopilante. La blague hénaurme de son anémie est à pleurer de rire. Le clash Willow-Andrew détonne (Alyson Hannigan est impayable dans cette scène), mais vire bientôt à un concours de répliques de menaces nanar. Ajoutons Xander et surtout Anya qui jouent aux méchants avec entrain, et malgré la Force, on peut ne pas dire qu’on ne se soit pas bidonné ! La critique d'Estuaire44 Andrew est dans la place et commence à vraiment dynamiser la saison, notamment avec les scènes cultes du cochon (et ses références à Babe) ou de sa rencontre avec Willow. Hilarant, mais il est temps que la Force fasse venir des renforts. Les scènes d’action sont spectaculaires, comme celle de l’attaque des Bringers. Adieu à Jonathan, enterré par le toujours plus charismatique et mystérieux proviseur. L’épisode contient également une scène clé, avec l’éradication du Conseil. Scène très forte avec une ultime superbe performance d’Harris Yulin, plus Churchill que jamais. Le Conseil s’apprêtait à débarquer à Sunnydale pour mener le combat aux côté de Buffy, trop tard. Giles le rebâtira ultérieurement, avec les survivants et... Andrew. Que la Force revête la forme de Buffy est une idée géniale (et justifiée), particulièrement troublante. Elle va permettre à Sarah Michelle Gellar de montrer de novelles facettes de son grand talent. Un épisode décidément particulièrement riche (un tournant de cette saison), conclu par l’apparition bien horrifique comme on aime du premier Ubervamp.
10. L’AUBE DU DERNIER JOUR Scénario : Marti Noxon et Douglas Petrie Réalisation : David Grossman Giles revient à Sunnydale avec trois adolescentes. Ce sont des Potentielles, des jeunes filles dont chacune pourrait être la prochaine Slayer. Giles a décidé de regrouper toutes les potentielles non tuées par les Bringers pour constituer une armée capable de contrecarrer les plans de La Force. Pendant ce temps, un vampire surpuissant, un übervamp, hante la ville, et Spike est torturé par La Force… La critique de Clément Diaz From now on, we won't just face our worst fears, we will seek them out. We will find them, and cut out their hearts, one by one, until the First shows itself for what it really is. And I'll kill it myself. There is only one thing on this earth more powerful than evil. And that's us. Any questions ? Le scénario mêle une intrigue insipide et longuette à d'excellentes scènes individuelles. La Force, au lieu d'échafauder son master plan, ne trouve rien d'autre à faire que de torturer Spike. Un statu quo énervant. Le plus triste est de voir les auteurs gaspiller leurs atouts : on se réjouit du retour de Giles mais il ne fait pas grand-chose. L’arrivée des potentielles semble apporter un vent de fraîcheur, mais tarare, elles se montrent sans saveur - et ça ne va pas s’améliorer. Cette idée est bien entendu indispensable pour amener la conclusion pensée par Whedon, mais va donner lieu avant à pas mal de fadeur : les Potentielles sont trop nombreuses, aucune ne va vraiment se détacher et susciter notre émotion. Ici, nous avons en plus le gros cliché de la "lâche" qui en fuyant, se fait dessouder. Il y a bien entendu quelques surprises (l'übervamp), mais que de facilités : La Force ne trouve rien de mieux que d'aller au précédent endroit de son apparition en saison 3, et pourquoi le Turok-Han n'achève-t-il pas Buffy quand il en a l'occasion ? Il s'est pourtant pas retenu avec Annabelle ! Mais le point qui irrite le plus est de voir Buffy vouloir tout régler toute seule. Six ans qu'elle ne doit ses victoires qu'à l'aide du Scooby, et elle se la joue justicier solitaire. Bon, on apprécie que l'übervamp lui fasse ravaler cet orgueil, mais tant cette mise à l'écart du gang que cette bouffée d'ego agacent. Volens nolens, on apprécie quelques bons moments, dispensés par Andrew le geek au-delà du geek (WonderWoman, Star Wars, Superman, Harry Potter... tout y passe !!), avec un Tom Lenk réjouissant dans la bêtise de son personnage. Sa complicité involontaire dans ce domaine avec Xander procure quelques décalages. Dawn commence à s'endurcir, allez t'es sur la bonne voie, Dawnie. Wood est de plus en plus sphinx. Les apparitions de Joyce sont savoureusement ambiguës : est-ce la Force, ou réellement elle ? Mais évidemment, les plus grands moments de l'épisode, ce sont les numéros démentiels de Juliet Landau. Eh oui, même si c'est la Force qui prend son apparence, quel plaisir de revoir Drusilla qui nous refait son show de démente dingue folle ! L'actrice est toujours autant en apesanteur. Ses monologues haletants, suaves, inimitables n'ont rien perdu de leur pouvoir de fascination. Pour Dru, et rien que pour elle. Et pour la splendide tirade finale de Buffy qui appelle au combat. Walking through the fire !! La critique d'Estuaire44 Les combats contre l’Ubervamp sont parfaitement chorégraphiés, mais Buffy commençant par prendre une raclée avant de gagner plus tard, on a déjà vu ça contre le Maître, Adam, Gloria et pas mal de Monstres de la semaine. Et bientôt avec Caleb. Sans surprise et assez ressassé donc. La saison 7 recycle massivement, souvent avec talent, mais ne crée pas grand-chose pour l'instant, en fait, hormis une Buffy toujours plus cheftaine. Excellente nouvelle, Giles est de retour à Sunnydale. Mauvaise nouvelle, il ramène avec lui les Potentielles, dont le pépiement incessant va nous saturer les oreilles jusqu’au final. Et en tout premier Kennedy, qui sera un supplice de bout en bout, Lyari Limon joue atrocement mal. En fait la saison 7 a raison de ne pas innover, finalement. Bon emploi de "Dru", cela nous rappelle le lavage de cerveau de Giles en saison 2, un moment particulièrement fort. Ultime apparition de "Joyce" dans la série, au revoir à la mère courage.
11. EXERCICE DE STYLE Scénario : David Fury Réalisation : Michael Grossman Le moral des Potentielles est au plus bas. Buffy comprend qu’elle doit réussir à tuer le Turok-Han pour reconstruire le moral de ses troupes, mais elle découvre que l’une des Potentielles est une intruse. Spike est toujours torturé par La Force. Kennedy, une des potentielles, semble beaucoup s’intéresser à Willow… La critique de Clément Diaz - You broke my heart, Anyanka. Showtime se montre plus relevé que le précédent. Certes, côté scénario, David Fury ne se foule pas trop, mais il négocie bien l’aspect désespéré du combat de Buffy et Cie. La mise à l’écart du Scooby et le recentrage sur l’héroïne passent décidément mal. Bon, Anya lance quelques blagues, Andrew inonde l’épisode de références toutes plus hilarantes (Mad Max, Misery, 007, La menace fantôme...), notamment devant une Dawn complètement abasourdie. Par contre, Giles, Anya, Dawn, et Xander se contentent de boucher les trous, mais Willow est déjà plus dans le feu de l’action. Parmi les potentielles, Kennedy semble moins trouillarde que les autres, mais manquera toujours d’espace et surtout de justesse pour s’imposer. Sa technique de drague envers Willow amuse par son peu de subtilité. Whedon voulait être sûr qu'elle soit différente de Tara ? Ok, on a compris le message. Mais cassons le suspense : Kennedy ne fera pas oublier la douce blonde, malgré ses efforts. Spike reste enchaîné du début à la fin, mais ça permet à Sarah Michelle Gellar de se montrer bien badass en First Evil. Les retrouvailles finales sonnent juste. La lutte désespérée du Scooby est bien racontée, surtout grâce aux deux twists qui électrisent un récit déjà bien tendu : la fausse potentielle, et le diabolique plan de Buffy-Willow-Xander, mi-préparé, mi-improvisé. Le grand duel final est plein de suspense massif, c’est en effet Showtime ! L’Œil de Beljoxa est parfaitement dégoûtant à regarder… j’adore ! Les craintes des Potentielles sont palpables et compréhensibles, et on comprend toute la difficulté du Scooby à mener de front leur double combat : contre la Force et contre leurs peurs. Rien à dire, c’est du bon. La critique d'Estuaire44 Suite directe de l’épisode précédent, servant quasi uniquement (hormis la bonne entourloupe de la Force) à boucler le cas du premier Ubervamp. Adonc, à la surprise effarée générale, Buffy finit par le vaincre, après avoir été précédemment écrabouillée deux fois. Ah la la, on ne l’avait pas vu venir. Ceci dit le combat est absolument remarquable d’intensité, au sein d’une série en comportant pourtant quantité d’excellents. Applaudissements pour la décapitation au fil de fer, tellement exquise. Sinon effectivement cela tilte déjà entre Willow et Kennedy, une histoire peu convaincante et tombant comme un cheveu sur la soupe à quelques encablures de la fin de série (Comme pour Jenny et Shane, à une poignée d’épisodes de la conclusion de The L Word). Et puis c’est un peu rapide après Tara. Une conséquence de l'arrivée des Potentielles est de placer ipso facto Buffy en position de patronne, bien davantage qu'elle ne l'a jamais été envers le Gang. Et la tension suscitée par la Force va l'inciter à adopter le même comportement envers les Scoobies, d'où un malaise que l'on ressent déjà. Whedon choisit cette voie, et la forme davantage feuilletonesque, pour doter sa saison d'une vraie identité, au-delà du recyclage plaisant. Un choix audacieux et assumé (on apprécie toujours les prises de risque), mais qui va progressivement abasourdir nombre de fans. Pour l'heure, Faith est légèrement occupée à L.A., avec, une tentative de meurtre ourdie par la Force (dans la lignée des Potentielles), une Apocalypse en Marche, l'émergence d'un Prince Démon et le facétieux retour de l'ami Angélus. C'est un peu chaud l'ambiance ultime rempart, mais la Rogue Slayer va bientôt avoir réglé ces menus soucis... Stay tuned !
Scénario : Rebecca Rand Kirshner Réalisation : James A. Contner Alors que les Potentielles s’entraînent, un sortilège de Willow révèle une vérité percutante : Dawn serait une des Potentielles ! Buffy décide de tester les Potentielles en les confrontant à un vampire. Amanda, une lycéenne, vient trouver Dawn : elle a enfermé un vampire dans une salle de classe… La critique de Clément Diaz - It's like, well, it's almost like this metaphor for womanhood, isn't it ? The sort of flowering that happens when a girl realizes that she's part of a fertile heritage stretching back to Eve, and… Potential montre les limites de la direction de la saison 7. Déjà, Giles est en voyage, et La Force prend des vacances. On se concentre donc sur l’entraînement des Potentielles hélas toutes plus ennuyeuses les unes que les autres. Bon, on apprécie l’excellente scène du bar, mais à part ça, les tirades de chef oui chef Buffy s’accumulent et finissent par perdre tout effet. Finalement, l’histoire de Potentielles est une fausse bonne idée : leur nombre, et surtout leur peu d’intérêt en elles-mêmes forcent la saison à rester statique. C’est d’autant plus grave que Whedon opte pour cette saison une formation plus feuilletonesque, ce qui demande plus de rapidité, d’événements (la saison 4 d'Angel sera beaucoup plus trépidante, Mythologie écrite sous absinthe oblige). L'absence d’action de cet épisode se situe à l’opposé. On apprécie le double twist sur l’identité de la nouvelle potentielle, qui nous mène en bateau, mais Rebecca Rand Kirshner ne peut cacher la vacuité de son scénario avec seulement ça. La vadrouille de Dawn et Amanda est sans rythme, et on se demande pourquoi le vampire les a sagement attendues, alors que rien ne l’assurait qu’Amanda allait revenir. L’intrigue ne marche pas, pas plus que l’entraînement. On sauve évidemment Andrew qui d’épisode en épisode va toujours plus loin dans les références massives (DragonBall Z… non là, j’en peux plus, j’ai failli m’étouffer tellement je riais), ainsi que la merveilleuse réplique finale de Xander qui console Dawn. Ah, le Zeppo, le seul à ne pas avoir de pouvoir, mais pourtant le cœur du groupe, cette coda lui rend un bel hommage. Nicholas Brendon a un jeu pas possible dans cette scène, et Spike retrouve des couleurs. Malgré cet échec, on y croit encore. La critique d'Estuaire44 On avouera ne pas conserver souvenir marquant de celui-ci, sinon qu'il s'agit d'un épisode Dawn, donc down. La Miss est en grande forme, toujours plus énervante de seconde en seconde. Qu'elle soit une Potentielle aurait porté un grand coup à la crédibilité de la série, mais il s'agit déjà clairement de l'épisode le plus faible de la saison. Xander a enfin droit à une scène forte (effectivement très Zeppo comme tonalité, You're not special, you're extraordinary), alors qu'il a été relativement marginalisé jusqu'ici sur la période. En soi les Potentielles pourquoi pas, mais il y en a trop, les personnages ne sont pas assez développés et les actrices ne s'imposent guère. Pourtant on adore Felicia Day, qui va ensuite tout casser dans le Geekland et dans Supernatural, mais là elle n'imprime pas encore. Et puis la Force qui doit prendre du recul car son Ubervamp a été battu cela ne pose guère un Big Bad. A moins qu'elle ne s'absente pour activer Caleb à ce moment là, ce n'est pas clair dans le récit.
Scénario : Drew Z. Greenberg Réalisation : David Solomon La puce de Spike se dégrade, ce qui pourrait avoir des conséquences fatales. Buffy et Spike s’infiltrent dans les locaux abandonnés de l’Initiative dans l’espoir de trouver une solution. Kennedy et Willow s’embrassent… ce qui a pour effet de transformer Willow en Warren !! Qui a ensorcelé Willow ?… La critique de Clément Diaz
Okay, well, if you leave me here alone, I'll-I'll do something evil, like burning something or gluing things together. On rate de peu le chef-d’œuvre. Pourtant, la double intrigue du jour (puce de Spike, maléfice frappant Willow) était très bien imaginée par Drew Greenberg. On tique devant l’intrigue Giles qui n’est finalement que du vent, et qui ne sert à qu’à faire s'agiter un peu le Scooby, au chômage technique depuis le début de la saison. Et puis Andrew a laissé ses répliques geek au vestiaire, pas cool. Mais le voir intégrer peu à peu le Scooby est assez amusant. Imaginer une dégradation de la puce de Spike est une excellente idée, cela instaure un suspense monstrueux, culminant avec l’infiltration dans les locaux abandonnés de l’Initiative (et un gros monstre dégueu, on aime bien les monstres dégueus dans Buffy, c'est fun). Il est frustrant de ne pas voir Riley, mais il donne un sérieux coup de main à Buffy en lui laissant les mains libres concernant Spike (bon gag de l’assface : Riley et Spike, c’est loin des yeux loin du cœur, loin de moi avant que j’te démonte la face). C’est très chevaleresque, et confirme une fois de plus qu'il est injustement déprécié dans la série. Kennedy rencarde Willow. Le personnage et l’actrice ne sont pas si mauvais que ça, ils forment une alternative plausible à Tara. Sauf que Willow et Tara, c’était vachement plus alchimique (et il y avait plus de temps aussi). Et puis, quand on regarde Buffy, ce n’est pas pour voir des scènes de drague aussi académiques. Par contre la spectaculaire métamorphose de Willow est énorme, et donne lieu à un galimatias galactique réjouissant. Les alternances entre Warren et Willow, d’abord comiques, virent peu à peu au frisson avec le come-back inattendu d’Amy, toujours aussi garce. Elisabeth Allen est divine en Ethan Rayne féminin, toujours jouissive quand elle sème le chaos. Par contre sa motivation (jalousie) ne paraît pas super crédible. Le fond est impeccable : refaire sa vie avec quelqu’un, ne signifie pas qu’on méprise la mémoire de celui (celle) qui vous a quitté(e). Grâce à Kennedy, Willow parvient à franchir le cap, même si le baiser final est sacrément naïf. Le duel final, un rien trop démonstratif, bénéficie des performances d'Alyson Hannigan et Adam Busch, totalement transportés. Bon épisode, mais inabouti. La critique d'Estuaire44 Opus assez inégal et trop éclaté, avec plusieurs éléments ne fonctionnant qu'imparfaitement : la redite de la quête spirituelle dans le désert, qui n’apporte strictement rien, le flirt convenu et si peu intense entre Kennedy et Willow, où l’on ne distingue que fort peu d’étincelles (décidément rien à voir avec Oz ou Tara), le retour bricolé à la hâte des débris de l’Initiative. Que l’on ne se donne même pas la peine de faire intervenir Riley en dit long sur le manque d’approfondissement de cet acte, destiné à faire enlever une puce ne servant plus qu’à brider inutilement Spike. Que Buffy, qui recrute tout le monde, ne saisisse pas l'occasion de parler des Ubervamps aux militaires est simplement absurde. Et puis on se doute bien du choix de Buffy, le cliffhanger n'en est pas vraiment un. L’épisode est néanmoins sauvé par le retour gagnant d’Amy et cette excellente idée à la Twilight Zone de Willow exprimant ses remords en se transformant en Warren (on aura rarement vu un personnage mort être aussi présent ultérieurement !). Il est éloquent de constater que le défunt Willow/Tara suscite bien davantage d’émotion que l’actuel Willow/Kennedy. Adam Busch est une nouvelle fois exceptionnel, c’est une très bonne surprise que de le revoir encore une fois. Même s'il n'est pas Angelus ou le Maire, Warren reste généralement trop déprécié comme Big Bad. Amy deviendra définitivement méchante dans la saison BD, en compagnie de... Warren. Décidément.
14. RENDEZ-VOUS DANGEREUX Scénario : Jane Espenson Réalisation : David Grossman La Force s’en prend maintenant à Andrew et l’incite à trahir le Scooby-Gang. Le principal Wood propose un rencard à Buffy. Elle accepte, et apprend alors de drôles de choses sur Wood. Pendant ce temps, Xander sort avec une belle inconnue, qui n’est peut-être pas celle qu’elle prétend être… La critique de Clément Diaz - Another demon woman was attracted to me, but I've got the answer […] I'm going gay, I've decided I'm turning gay ! Willow, gay me up. Come on. Let's gay... Let's get this gay show on the gay road ! Pour changer, Jane Espenson décide de construire un épisode sur une idée très… décalée (on ne change pas une recette qui gagne) : alors que la Force est sur le point de détruire le monde, Buffy et Xander acceptent des rencards ! Malheureusement, la saison 7 ne parvient pas à s’extirper de l’impasse narrative dans laquelle elle s’est fourrée. La Force continue d’agir, mais à employer toujours le même procédé, on ne décolle pas de la planète Déjà Vu. En fait, la seule vraie intrigue consiste à la voir tourmenter Andrew avec l’apparence de Jonathan, mais on est confondu par la naïveté du Scooby à placer des micros (La Force elle-même se sent insultée). Plaisir de revoir Danny Strong, mais l’intrigue n’a pas beaucoup de chair. Le rendez-vous d’Alex est une très mauvaise idée, car le comique de répétition de « l’aimant à démons femelles », ça devient lourd à force. A part admirer la plastique d’Ashanti et l’hilarant coup de gueule de Xander qui souhaite devenir gay, on passe. Le segment Wood est plus convaincant, dont la vraie identité est un formidable twist. D.B. Woodside est super, et l'alchimie marche bien avec Sarah Michelle Gellar. Son personnage compte parmi les idées les plus réjouissantes de cette saison pas toujours heureuse dans ses innovations. Le problème est que la révélation finale était éventée depuis longtemps. Quiconque a survolé Fool for love en saison 5 aura tout de suite fait le parallèle avec Wood. Spike a de nouveau rangé ses crocs, eh zut, on attend impatiemment qu’il les ressorte. Pas la catastrophe de Potential, mais encore un épisode anodin. Le problème de la saison 7 est qu’elle doit meubler en attendant le final de la série, ne laissant pas grand-chose jusque-là à se mettre sous la dent. La critique d'Estuaire44 L’épisode doit traîner un véritable boulet avec l’absence manifeste de talent d’Ashanti. Certainement le guesting le moins inspiré de toute la série. Ses poses mièvres et ses gloussements mettent les nerfs du spectateur à vif, tandis que la comparaison avec les précédents épisodes centrés sur Alex s’avère terrible pour cette saison. Les états d’âme perpétuels de Spike recommencent à nous lasser sérieusement, on est loin d’Angel. L’histoire de Robin Hood se montre plus intéressante mais il s’avère une nouvelle fois absurde que Giles remette en cause à ce point les choix de Buffy, alors qu’il s’était justement exilé pour lui permettre de les exercer. Les épisodes continuent à s’émietter en divers axes, sans ligne directrice. La saison 7 prend des allures d’interminable veillée d’armes. En fait Whedon semble moins maîtriser la forme feuilletonnesque que sériesque. La saison 4 concomitante d'Angel revêt elle aussi la forme d'un feuilleton, avec quelques problèmes à la clé (intrigue excessivement à rallonge au tour de Jasmine, surenchère épuisante des péripéties). Whedon reviendra d’ailleurs à la série classique pour l'ultime saison d'Angel.
15. RETOUR AUX SOURCES Scénario : Douglas Petrie Réalisation : Douglas Petrie Après que La Force ait poussé au suicide une des Potentielles, Buffy éprouve le désir de faire une action importante. Les effets personnels de Nikki Wood comprennent une boîte qui donne accès à une autre dimension. Buffy franchit le portail et va connaître le grand secret des Slayers. Simultanément, un démon de cet autre dimension a franchi la porte et fuit au-dehors. Spike doit le ramener, sans quoi Buffy ne pourra pas refranchir le portail... La critique de Clément Diaz
- We're also your friends. Même emberlificoté dans les lignes narratives hasardeuses de son patron, Douglas Petrie reste un très grand scénariste, et il le prouve avec Get it done, l’épisode le plus réjouissant depuis longtemps de cette saison maladroite. Cela grâce à un saut brutal mais calculé dans la noirceur. On commence dans la comédie, avec la sortie Anya-Spike, ou la visite de Wood du QG (Andrew en marmiton, un gagnant jusqu'au bout) avec Kennedy en sous-chef fort en gueule - ça sert de sortir avec la plus puissante sorcière du pays. Aussi on est pas du tout préparé quand survient la tragédie de Chloé. Une bascule foudroyante qui réoriente totalement ce brillant scénario vers les ténèbres : excitation de la Force à l'idée de tous les tuer, tirade sévère mais réaliste de Buffy à l'adresse des Potentielles, un des grands moments de cette saison. L'idée de faire revenir la première Tueuse est une riche idée car permettant ce fameux retour aux sources où Buffy fait face à l'origine de son pouvoir, et au prix à payer pour pleinement l'utiliser : son humanité. La séquence "alterdimensionnelle" est fascinante et superbement bien filmée avec ses angles bizarres, anormaux, sa photographie hallucinée. Une fontaine d’idées visuelles de la part de l’auteur, qui fait preuve d’excellents dons de réalisateur. Énorme cri du cœur quand le Spike de la saison 2 refait son retour : manteau de cuir, rock'n'roll attitude, castagne bien musclée contre le géant, jouissance dans la bagarre. On a retrouvé le Spike FUN !! Ah cette allumette craquée sur le cadavre, quelle frime, quelle classe. Marsters est impérial, comme d'hab. La tension entre lui et Wood commence déjà à sentir mauvais, très mauvais, c’est génial ! Willow convoque sa darkside, ce qui effraye Kennedy. Vraiment pas de chance, la Will, même quand elle utilise la magie pour une bonne cause, y'a toujours un truc qui se dérègle... On finit sur la vision d'horreur finale. Youououh, on sait déjà que le finale de la série va être bien blockbuster, on prépare déjà le pop-corn. La critique d'Estuaire44 La saison 7 continue de progresser en utilisant les précédentes comme carburant. Après l’Initiative, le recyclage du jour concerne la Première Tueuse. Par contre c’est ici très réussi. Cela nous vaut de très belles images, dont ce théâtre d’ombre chinoises. Une authentique merveille, esthétique et poétique. On regrette cependant la perte du mystère nimbant l’origine de cette créature mythologique. Le sortilège initial, aussi spectaculaire soit-il, réduit considérablement la dimension mystique. L’inconnu est toujours plus mystérieux(il en ira de même pour le Jacob de LOST). On a aussi droit à une fugace réapparition de Dark Willow, mais ne débouchant sur rien de concret. Pour le reste, l’affrontement de Spike (enfin de retour !) et Hood se profile davantage, et l’on apprécie l’historique autour de l’emblématique veste de cuir. Elle connaîtra une triste fin dans l’épisode tardif et ultra décalé d’Angel qu’est The Girl in Question. Gros rire incrédule et catastrophé devant Kennedy, la pseudo Faith soft, en cheftaine des Potentielles. Pitié.
16. SOUS INFLUENCE Scénario : Jane Espenson Réalisation : Marita Grabiak Andrew réalise un documentaire sur la vie au quotidien du Scooby-Gang et des Potentielles. Pendant ce temps, tous les élèves et professeurs du lycée sont frappés de démence à cause de l’ouverture partielle du Sceau de Danzalthar. Buffy doit trouver un moyen de le refermer avant que le désordre s’étende… La critique de Clément Diaz - For God's sake, Andrew ! You've been in the bathroom for 30 minutes. What are you doing ? Encore une fois, on avait tout pour avoir un chef-d’œuvre, et encore une fois le traitement n’apparaît pas tout à fait enthousiasmant. Confier la narration à Andrew dynamite cependant les codes de la série, et on s’en régale. Il est visible que Jane Espenson s’autoréférence, car on est pas loin de Superstar en saison 4, Andrew remplaçant son valeureux camarade. De plus, la forme rejoint le fond du scénario : la fuite des responsabilités, les rôles dans lequel nous aimons nous travestir pour ne pas voir une réalité cruelle, comme Andrew qui se voit obligé de faire de sa vie et de son entourage un film, un conte, pour dissimuler sa culpabilité d’assassin. L’histoire de l’auteure est totalement bigarrée, déviée, chamarrée, mais ce style décousu, et l’alternance comédie/drame trop systématique, nuit à l'ensemble. Cela dit, on se fend la pêche avec cette mise en abyme où Andrew brise le 4e mur pour nous parler directement et nous fait suivre la série de son regard… particulier : introduction qui replonge dans les anthologies théâtrales, hénaurme clip au ralenti de Buffy et Anya en bombasses évanescentes, et Spike en adonis torse nu, interview de Xander et Anya qui les amènent à faire l’amour, version revue et corrigée de son affrontement avec Dark Willow, ou de sa position au sein du Trio (c’est moi le boss), sans oublier comme climax le We are as gods au-delà du kitsch. Andrew a un vrai talent de conteur, joyeusement contredit par sa bouffonnerie permanente. Ces saynètes tranchent sèchement avec la gravité du sceau de Danzalthar et le chaos lycéen. L’épisode dévie de sa trajectoire décalée pour se fondre dans une histoire classique. Un virage un peu gauche. Heureusement, le final opératique avec Andrew prenant enfin conscience de ce qu’il a fait est superbe, avec une bouleversante composition de Tom Lenk. Une grande coda lyrique qui sort le personnage hors du rôle brillant mais limité du comique de service. Un des meilleurs épisodes de la saison. La critique d'Estuaire44 Les deux segments de l'histoire trouvent une belle cohérence en narrant le passage à l'âge adulte d'Andrew, précipité et dramatique. Il y a un avant et un après. Il s'agit de mon épisode préféré de la saison (avec le Grand Final). Depuis The Blair Witch Project, cette technique immersive du récit filmé caméra sur l’épaule par l’un des protagonistes a suscité nombre d’excellents moments, sur grand comme sur petit écran (Cf. X-Cops dans les X-Files, entre autres). Ici cela fonctionne à merveille grâce à cette plongée dans la psyché certes souvent très drôle, mais parfois aussi abyssale, d’Andrew. Certes il s‘agit encore ici d‘un élément provenant d’une saison précédente, mais la Sept parvient à lui donner une toute autre dimension, avec ce feu d’artifice de scènes tout à fait hilarantes et étonnantes, depuis le conseiller conjugal jusqu’au petit déjeuner torride en passant par la complicité avec Spike ou cette relecture particulière des aventures du Trio. Un vrai festival. On apprécie particulièrement ces épisodes hors normes, nous surprenant à chaque instant. Sous influence parachève sa réussite par son final admirablement mis en scène, en rupture complète avec les délires précédents, nous montrant une Buffy très dure mais aussi astucieuse. Andrew réalise son entrée dans la maturité comme une ordalie, cela vous brise le cœur (Tom Lenk est réellement surprenant). Une vraie seconde chance pour celui qui va savoir rebondir et muer par la suite (et que l'on reverra par deux reprises chez Angel dernière période). Un très grand épisode, parfaitement orchestré entre rire et émotion, inventivité de chaque instant et structure narrative orchestrée. Au revoir à ce cher Jonathan, qui ne participera pas à l'époque BD. Un seul regret : une Buffy magnétisée cela aurait fait un grand épisode du Trio, dommage !
17. UN LOURD PASSÉ Scénario : David Fury et Drew Goddard Réalisation : David Fury *L’épisode 4.15 Orphée de la série Angel s’enchaîne à cet épisode. Willow reçoit un coup de téléphone de Winifred Buckle (cf. Saison 4 d'Angel) qui lui demande son aide à Los Angeles. Le Scooby-Gang fouille dans le passé de Spike pour comprendre par quel point faible la Force tentera de l’utiliser. Wood, décidé à se venger de Spike qui a tué sa mère, s’allie avec Giles - qui le voit également comme une menace pour le groupe - pour écarter Buffy, et préparer son règlement de comptes avec William the Bloody… La critique de Clément Diaz
Any apocalypse I avert without dying. Those are the easy ones. L'impeccable scénario de David Fury et Drew Goddard repose sur une évolution toujours plus amère du personnage de Buffy qui pour rester chef de guerre, est contrainte de sacrifier tout ce qu'elle aime pour The Greater Good. Autant la mise au placard du Scooby laisse bien des regrets, autant l'orientation voulue par Whedon se comprend sans peine : en temps de guerre, il faut faire des choix douloureux, y compris se détacher d'amis qui ne peuvent vous aider, car sans pouvoir ou incapables de l'utiliser (Willow). Giles le lui rappelle, mais avec une ironie cruelle, cela se retourne contre lui quand Buffy lui signifie son congé dans les dernières secondes. Une scène qui fait très mal pour notre Giles adoré, peut-être un peu excessive. Cela s'entend aussi quand Buffy déclare qu'elle serait prête à sacrifier Dawn s'il le fallait. Aucun doute, la saison commence enfin à décoller niveau personnages (à défaut de l'histoire ; la Force continuant de se prélasser au soleil). Les flash-backs de la jeunesse de William the Bloody sont somptueux. On respire cette atmosphère victorienne comme si on y était, ainsi que ses vers absolument atroces (Nosférax le Poète peut aller se rhabiller). La relation exclusive, quasi Œdipienne entre William et sa môman, est d'abord touchante, mais vire vite au malaise. On sent que Dru est pas super ravie. Il y'a quelque chose d'horriblement beau quand William vampirise sa mère par amour, avant de subir son énorme déballage. Mais d'un autre côté, malgré la cruauté insigne de la mère, qui peut nier qu'il n'y a pas une part de vérité dans ce qu'elle raconte (quoiqu'imaginer cette lecture incestueuse est sans doute exagérée) ? La thérapie de Spike se fait de manière inattendue, mais c'est tout à fait crédible. Wood se rend compte qu'un fils de Slayer passe après le devoir de la Slayer, un processus qui trouve une résonance avec les décisions actuelles de Buffy. Son duel au sommet avec Spike, définitivement ressuscité, est le clou de l'épisode. Les deux personnages sont en pleine lumière, et nous livrent des scènes hors pair. Un grand épisode, révélateur, profond, subtil, superpsychologique, rapide, énergique. Tout ce qu'on aime... La critique d'Estuaire44 L’épisode contient des éléments passionnants, comme ces immersions historiques réussies, un combat certes classique mais filmé avec intensité, une nouvelle superbe composition de D. B. Woodside, un étonnant décor, une Buffy plus dure et lucide que jamais, un duo Spike et Dru décidément inépuisable et une brillante étude psychologique. De quoi constituer un récit solide et de qualité, mais on n’adhère pas à la trahison absurde de Buffy par Giles. Après toutes ces victoires, après que Giles ait traversé un océan pour que Buffy puisse prendre pleinement ses décisions, voici qu’il la contrecarre dès le premier choix difficile. Diantre ! C’est d’autant plus dommage que l’on aurait pu aisément imaginer l’histoire simplement entre Spike et Hood, l’intervention de Giles étant clairement superfétatoire. On ne peut pas troubler les lignes comme cela, simplement pour remplir un script. Fred vient d’appeler Willow à l’aide. On a besoin d’elle à L.A. pour actionner une Orbe de Thesulah… On peut déjà mettre le champagne au frais car elle ne va pas revenir seule !
18. L’ARMÉE DES OMBRES Scénario : Drew Goddard Réalisation : Michael Gershman *L’épisode 4.15 Orphée de la série Angel précède cet épisode. Caleb, prêtre renégat à la force surhumaine, est un serviteur de la Force. Il blesse gravement une Potentielle en signe d’avertissement pour la Slayer. Accompagnée de Willow, Faith revient de Los Angeles pour soutenir Buffy dans sa croisade. Buffy, Faith, le Scooby, et les Potentielles attaquent le repaire de Caleb, mais leur plan tourne au désastre… La critique de Clément Diaz
Faith. Her name alone invokes awe. Faith. A set of principles or beliefs upon which you're willing to devote your life. The dark slayer. A lethal combination of beauty, power, and death. For years and years, or - to be more accurate - months, Faith fought on the side of good, terrorizing the evil community. But like so many tragic heroes, Faith was seduced by the lure of the dark side. She wrapped evil around her like a large, evil Mexican serape. She became a cold-blooded killer. Nobody was immune to her trail of destruction. Not friends, not family. Dirty Girls enclenche brutalement la pédale d'accélérateur avec l'entrée en scène du dernier Big Bad de la série, Mr.Caleb, joué par Nathan Fillion, comédien habitué du « Whedonverse » et qui est tout à fait à l'aise dans ce rôle de prêtre défroqué et... flippant. Emphatique, froidement dingo, surpuissant, adepte des mots d'auteur. Son introduction hallucinée avec son gloubi-boulga biblico-sanguinaire donne le la. Ses scènes avec la Force pétillent d'une relation perverse, tordue (Sarah Michelle Gellar en bad girl, toujours un bon effet). Mais en fait, l'important, c'est LE RETOUR DE FAITH !!!!!!!!!!!! Cris de joie hystérique en revoyant Eliza Dushku qui n'a rien perdu de son bagoût : cogneuse, vanneuse, hypersexuelle, rentre-dedans massive. Le quiproquo avec Spike au début, ou bien quand elle doit apprendre tout ce qui s'est passé depuis 3 ans, sont autant de pépites comiques. Coup de cœur avec une scène complice et sexy entre elle et Spike, avec ses dialogues soit à double sens, soit pas du tout (ce qui est encore pire), et une tension sexuelle à trancher à la tronçonneuse (Ouh, Buffy est jalouuuuuuuuuse). Et puis, encore mieux, la Faith saga par Andrew, du sensationnalisme jouissivement délirant, avec le dérapage Star Trek adonf. Au milieu de tout ça, le Zeppo nous fait une magnifique tirade aux Potentielles sur sa foi en Buffy. Un épisode gonflé à bloc. Drew Goddard opère magistralement le tête-à-queue à 180° lors de l'invasion catastrophique du repaire de Caleb. Ce gars-là semble encore plus invincible que Glory, et le voir disposer de tout le monde, y compris le trio Spike-Buffy-Faith, donne la chair de poule. Le double meurtre des Potentielles est assez choquant, mais on vire dans l'atroce pur lorsque Xander subit sa fureur sanglante (The one who sees everything... oh, c'est cruel). Sauvage et inattendu. La guerre est déclarée : Caleb 1-Buffy 0. Allez, on est dans la dernière ligne droite, et on est déjà tout excité (les tenues de Faith y sont aussi pour quelque chose). La critique d'Estuaire44 Faith est de retour, est-il besoin d’en dire davantage ? Félicitations à Miss Lehane, qui, après s’être coltinée la Bête et Angelus, enchaîne directement sur Caleb, la Force et ses séides. Pas de vacances pour les Slayers ! L’épisode exploite à merveille la relation si piquante de sœurs ennemies existant entre Faith et B. (hilarantes retrouvailles du cimetière, moue jalouse de Buffy devant la complicité de Spike et Faith…). Faith est revenue à la lumière mais n’est pas pour autant devenue une Mary Sue, on aime ça (de même qu’Andrew reste un Geek fini, on peu évoluer et rester soi même). Les clins d’œil au parcours de Faith apparaissent finement ciselés (l’hôpital, la prison, les couteaux, la fameuse première rencontre si sexuée avec Spike). On apprécie aussi que Faith tout comme Willow précédent épargne Buffy en ne lui parlant pas ouvertement d’Angélus. Alors, oui, la saison 7 continue à recycler massivement, mais des cadeaux pareils, on les prend des deux mains et avec le sourire. De plus la période réalise ici sa meilleure innovation, avec l’entrée en lice de Caleb, un hommage parfaitement glaçant au terrible Harry Powell de La Nuit du Chasseur. Nathan Fillion, protagoniste de Firefly et grand ami du Joss, reste l’un des meilleurs acteurs du Whedonverse et il rend la menace incarnée par Caleb incroyablement prégnante. A l’instar des autres grandes séries fantastiques, Buffy contre les Vampires s’entend décidément à créer des méchants d’anthologie. L’entrée en lice de Caleb et Faith marque le début de la ligne droite finale. On pourrait tiquer sur l’énième utilisation de la sempiternelle formule de la série (Buffy preant une dérouillée avant de triompher) mais le combat est aussi formidablement tourné qu’intense et tragique. Excellente exploitation du décor original de la cave à vin. Et puis il pose insidieusement une habile question sacrilège: Buffy a-t-elle commis une erreur ? Bon, le piège était évident mais elle n’est pas arrivée jusqu’ici en privilégiant la prudence. Par contre il va falloir qu’elle et Giles se réconcilient, là on n’en peut plus du climat empoisonné et glacé, on dirait Bette et Tina à la pire époque. Un épisode enthousiasmant, comment a-ton pu se passer aussi longtemps de Faith ?
Scénario : Drew Z. Greenberg Réalisation : James A. Contner Sunnydale se vide de ses habitants à l’imminence de la bataille à venir. Andrew et Spike vont en Californie pour obtenir des informations sur Caleb. Faith profite de l’absence de Buffy (assommée par Caleb au lycée) pour s’occuper des Potentielles, qui préfèrent davantage sa coolitude plutôt que l’attitude despotique de Buffy. Cette dernière va d’ailleurs en faire les frais… La critique de Clément Diaz - Is this a mission from which you intend Spike to return alive? On se dirigeait bien vers le big finish, mais zut, Empty places se fige dans un immobilisme gonflant. L'épisode n'a de justification que pour sa longue coda car avant... bon, il y a bien la touchante scène de Willow au chevet de Xander (quelle merveilleuse amitié que cette relation hors du commun) ou le p'tit bonjour de Caleb, toujours aussi suave et puncheur - litote. Eliza Dushku continue de crever l'écran en reine du dancefloor (même si personne ne peut rivaliser avec Angel et Wesley, les kings incontestés), ou en fêlant bellement sa coolitude, mais il ne se passe rien. Andrew et Spike font un p'tit tour en Californie où ils apprennent... à peu près rien. Faith et Cie vont relâcher la pression au Bronze, mais ce n'est que du remplissage, la bataille contre les flics ne servant... à rien aussi. Buffy marche dans Sunnydale sans résultat. Bref, il y a beaucoup de vide en fait. Drew Greenberg a manifestement tout misé sur ce final inattendu qu'est la destitution de Buffy. Mais malgré la justesse des dialogues et des acteurs, tout semble bien forcé. Le revirement de Willow, Giles, Xander, et surtout Dawn - qui la chasse ! - paraît bien rapide (bon, Anya on peut comprendre, étant donné le personnage, et encore). La mutinerie est certes classique en temps de guerre, et que la série l'utilise est logique. Sauf qu'on a du mal à y croire. Cela dit, Buffy n'est pas sans reproche, et malgré qu'elle soit persuadé de faire le bon choix, sans doute son ego a gonflé (remettant en cause même le principe de démocratie). C'est sur cette face plus dure de Buffy que la saison 7 a pleinement réussi son objectif. Pour le reste, les choses ont intérêt à rebouger de nouveau, extinction des feux dans trois épisodes ! La critique d'Estuaire44 Il arrive parfois que la virtuosité et le génie basculent dans l'excès et c’est ce qui survient hélas ici . Il apparaît que Whedon a décidé depuis le début de la saison de donner une dimension biblique à son récit, avec Buffy/Moïse conduisant son peuple de disciples et de Potentielles jusqu’à la Terre Promise, à travers le Désert qu’est devenue Sunnydale (on retrouve exactement la même ambiance dans le second volume du Fléau, chez King). Or il n’existe pas de figure biblique sans trahison (le Veau d’Or, les trois reniements de Pierre avant le chant du coq, le baiser de Judas donné ici par Dawn etc.). Pour que le parcours de Buffy soit complet, son créateur décide donc qu’elle doit subir cette épreuve. On assiste donc à cette scène absurde, du reniement par le groupe de celle qui l’a toujours amené à la victoire depuis 7 ans, de celle qui est non seulement l’héroïne mais aussi l’amie fidèle de tous les mauvais jours : Buffy. Tout ça parce que la période est difficile (elle a toujours été difficile) et au profit de Faith. Le souvenir que celle-ci a laissé à Sunnydale rend l’ensemble encore plus tristement ubuesque. C'est bien écrit, bien joué, mais on n'y entre pas. Dernière apparition de Clem mais surtout du Bronze, lieu emblématique de Buffy contre les Vampires. Avant la Fin du Monde c’est vrai qu’on irait bien s’en siffler une avec Faith.
Scénario : Rebecca Rand Kirshner Réalisation : David Solomon Au fond du gouffre, Buffy loue une chambre d’hôtel. Ulcéré par la fronde des Potentielles et du Scooby, Spike part à la recherche de Buffy pour la convaincre de reprendre le combat. Faith, désormais cheftaine des Potentielles, échafaude un plan pour trouver l’unique arme qui pourrait détruire Caleb, ne sachant pas encore qu’elle va s’en mordre les doigts… La critique de Clément Diaz When I say I love you, it's not because I want you, or because I can't have you. It has nothing to do with me. I love what you are. What you do. How you try. I've seen your kindness, and your strength. I've seen the best and the worst of you, and I understand, with perfect clarity, exactly what you are. You're a hell of a woman. You're the One, Buffy. On dirait vraiment que la saison 7 de Buffy suit le même chemin que la 9 des X-Files. En plus de ne pas être tout à fait à la hauteur, le chemin menant au final est constellé de sorties de piste. Touched échoue sur à peu près tout, le scénario se distingue par une absence d’action intégrale, excepté dans les cinq dernières minutes. Pendant 35 minutes, les Potentielles râlent toutes en chœur, Buffy erre dans les ruines de sa confiance, Andrew commence à devenir lourd, Caleb reste au chaud, et même Faith semble perdre de son mordant. La voir débordée par sa nouvelle tâche fait pâlir son aura légendaire. La triple scène d’amour (sur une musique balourde) : Alex-Anya, Faith-Wood, Willow-Kennedy, ça fait très faisons l’amour avant de nous dire adieu ou un truc dans ce genre. On comprend que nos héros cèdent ainsi à la panique (comme dirait Oz dans Graduation Day) mais la mise en scène souligne un peu trop le constat, malgré les toujours excellents jeux de lumières de David Solomon. Ok, Willow-Kennedy, c’est la première scène d’amour saphique de la TV, toute soft soit-elle (on est pas dans The L Word), mais les auteurs n’ont jamais pris le temps de développer la relation entre les deux femmes ; du coup, l’émotion ne marche pas. Kennedy est solide et forte en caractère, mais la comparaison avec la douce et sympathique Tara n’est pas flatteuse pour elle. D’autant qu’avec Tara, on a pu assister à un rapprochement bien orchestré ; pas ici. Alors, on se console avec quelques friandises, comme la Force prenant l’apparence du Maire pour corrompre Faith, l’occasion d’un dernier numéro réjouissant d’Harry Groener, toujours aussi sensass. La cœur de l’épisode demeure la scène Spike-Buffy où le premier console et renforce la deuxième, au bout du rouleau. Une magnifique scène de réconfort, chaste, bien plus émouvante et chaleureuse que les trois décollages au 7e ciel. Et révélant la plus grande profondeur de leur amour, plus spirituel, plus transcendant, très loin de la relation sexuelle destructrice de la saison 6. C'est certainement le zénith de ce ship si troublant qu'est le Spuffy. Quel plaisir de revoir au lendemain la Slayer repartir au combat contre Caleb ! L’arme mystique est un peu cliché, mais dans ce genre de batailles épiques, il faut toujours une arme magique pour tuer le méchant, alors on garde. Le meilleur est pour la fin : un p… de cliffhanger à se flinguer ; c’est plus Buffy, c’est Alias là ! Bon, la Kro est au frais, le paquet de mouchoirs à portée de main, les chips juste à côté, les doubles coussins bien calés. Allez, en avant pour Buffy the vampire slayer Finale !! Déjà la fin... La critique d'Estuaire44 L’épisode se montre appréciable car, si on y délaisse le récit pour se centrer sur les personnages, les diverses attitudes sonnent justes. Nos amis pensent que c'est sans doute leur dernière nuit en ce monde donc ils ne vont pas regarder Thalassa et son reportage sur la Mer de Corail. Les acteurs sont toujours épatants, la revue de détail des troupes avant la bataille se montre très attachante. Le meilleur se situe entre Spike et Buffy, c'est sans doute l'un des sommets de leur relation. C'est aussi bien vu que Faith ne soit pas une leader à la hauteur de Buffy, elle a toujours été une louve solitaire alors que Buffy a assuré le leadership depuis des années. Et puis le retour du Maire, quel plaisir, mon Big Bad préféré avait bien mérité cet ultime tour de piste avec sa chère pupille. Le problème de l'Arme des Tueuses est qu'elle fait un peu jouet, je trouve. C'est parti pour le Dernière bataille !
21-22. LA FIN DES TEMPS Scénario : Douglas Petrie et Jane Espenson (1re partie), et Joss Whedon (2e partie) Réalisation : Marita Grabiak (1re partie), et Joss Whedon (2e partie) *Ce double épisode s'enchaîne à l’épisode 4.22 Une vraie famille de la série Angel Buffy a trouvé la Scythe, l’arme ultime de la Slayer. Angel donne à Buffy l'amulette de Lilah Morgan que seul Spike peut porter, et qui pourrait influencer le cours de la bataille. Le lendemain matin, Buffy, les Potentielles, et le Scooby-Gang ouvrent la Porte de l’Enfer pour livrer l’ultime bataille, celle qui décidera du sort du Monde… La critique de Clément Diaz
From now on, every girl in the world who might be a Slayer, will be a Slayer. Every girl who could have the power, will have the power. Can stand up, will stand up. Slayers, every one of us. Make your choice. Are you ready to be strong ? End of days lance avec efficacité la great great battle royale, commençant par un beau portrait de groupe. Whedon a eu bien raison de confier à Jane Espenson et Douglas Petrie, qui comptent parmi les scénaristes les plus doués du staff, pour écrire cet avant-dernier épisode centré tour à tour sur tous les personnages, dont chacun a son heure de lumière. Anya reste peut-être Anya mais ça n’empêche pas l’émotion, Emma Caulfield transcrit bien la dualité du personnage, à la fois méprisant et aimant les humains, pestant contre eux, mais incapable de les quitter. Andrew accepte de n’être qu’à l’arrière-garde, mais accepte son rôle, aussi “modeste” soit-il ; la wheelchair battle est un petit moment d’allégresse. Xander, l’âme du groupe, reçoit la pleine confiance de Buffy de veiller sur Dawn, qui malheureusement pour lui doit être très proche d’une certaine Ophélie de L.A dans Californication… Beau dialogue entre les deux Slayers, sur leur solitudes respectives, et sur le mûrissement de Faith, rappelant qu’Eliza Dushku n’excelle pas seulement dans les rôles destroy, mais aussi dans les scènes plus émotionnelles – rôdant déjà sa reconversion en étudiante sensible qui aime faire des loopings temporels pour se retrouver dans des mélasses bien craignos. Fantastique scène avec Spike (apparemment fan de Sacré Graal !, il m'étonnera toujours le William). Le Spuffy est décidément plein de richesses et d’ambiguïté. On ne comprend pas trop comment Buffy trouve « La Gardienne », mais ça permet un joli mano a mano versus Caleb, que Nathan Fillion campe avec son enthousiasme communicatif. L’intervention deus ex machina d’Angel a été parfaitement minutée. On est pas mécontent de le retrouver, la fête n’aurait pas été complète sans lui. Chosen est le grand finale ultime que l'on attendait. Whedon a pleinement réussi son pari : terminer sur 42 minutes nous faisant rire, pleurer, trembler, divertir, réfléchir... passer par autant de gammes d'émotions en un laps de temps si réduit démontre si c'est encore nécessaire sa maîtrise scénaristique hors pair. La première moitié prend le temps de planter le décor, avec toujours ces dialogues fondus à l'or, à l'humour cette fois beaucoup plus inspiré que dans les précédentes apocalypses. On rit bien volontiers avant le règlement de comptes, et on s'émeut de nos personnages : résignation sereine pour Spike, Buffy impériale en leader de choc, Angel qui disparaît de nouveau dans l'ombre après une discussion simultanément drôle et émouvante, Xander l'enthousiaste, Dawn la courageuse, Willow reprenant confiance grâce à Kennedy (au moins, elle aura servi à ça), Faith mûrit et rentre ses griffes (hilarant dézingage de la brune brûlante par un Wood très sûr de lui), et Potentielles galvanisées. Il y'a une géniale ironie qui fait que La Force inspire à Buffy son Masterplan, qui détruit avec une agilité prodigieuse une des pierres angulaires de la série : In every generation there is a Chosen One. Whedon a tenu là une de ses plus splendides idées, nimbée d'une lecture féministe puissante. Il parachève sa démonstration que le Fantastique n'était que l'habillage de sa série qui parle plus de rapports humains et de sujets sociétaux que de monstres. Adios, Caleb, voilà une belle sortie de scène (bon faut s'y prendre à deux fois, on le comprend, il avait pas envie de quitter la scène aussi facilement). Et puis vient la bataille, à la fois épique et somptueusement filmée, avec un budget relevé, ou chacun se donne à fond. La musique de Robert Duncan est un chef-d'oeuvre d'intensité, moteur explosif de ce final blockbuster qui déchaîne toutes ses forces : figurants au kilomètre, excellents CGI, énergie ravageuse des combattants... rarement un finale de série aura été aussi électrisant ! Un héros très aimé tombe au champ d'honneur, (trop) triste mais habile moyen de fêler sans casser le happy end. Willow en déesse blanche fait un sacré effet ! Et puis Buffy blessée mortellement qui se relève au ralenti en narguant La Force, tout cela, c'est de l'épique pur. Spike emporte le morceau final en faisant le sacrifice ultime, plongeant dans une mort héroïque en riant. Spike a vécu FUN, Spike est mort FUN. On pouvait pas rêver meilleure fin. Buffy ne porte plus le fardeau du monde sur ses épaules, elle est libre enfin ; et quelque part dans un univers parallèle, une attardée mentale guérit et part vivre sa vie. Buffy a conquis sa liberté, la maîtrise de son destin, en détruisant une vieille règle misogyne et hors d'âge, et après avoir beaucoup souffert. Au revoir, Buffy Anne Summers, au revoir, membres du Scooby-gang. Vous suivre a été un plaisir sans prix, nous nous identifions à vous tous, humains, démons, sorcières, vampires, mais tous de grands guerriers, ceux que nous rêvons d'être métaphoriquement dans notre vie. Merci à Joss Whedon, Merci à tous les artistes du show. Mais ce n'est pas encore fini. De nouvelles aventures bigger than life, bien extrêmes, bien spectaculaires vous attendent dans les suites en comics. Le spectacle continue ! La critique d'Estuaire44
Quelques petites réserves : on renâcle à l’utilité d’avoir tué Anya, alors que les morts de plusieurs potentielles suffisaient à éviter le côté par trop happy end, pour une fois qu’elles servaient à quelque chose. . La multiplication des Tueuses est une manière habile de conclure la série télé et de vaincre la Force, mais on regrette la perte de cette unicité de Destin participant pleinement à la mystique de l’Elue. Mais qu’importe, le message féministe et rayonnant emporte tout. On trouve ici la même succession frénétique de moments d’anthologie caractérisant les meilleurs finales : la venue presque inespérée d’Angel, la lumière dans les yeux de Buffy quand elle le voit, la lutte terminale avec Caleb, redoutable et hilarant jusqu’au dernier souffle, l’émotion nostalgique des quatre Scoobies historiques se retrouvant comme à l’issue du pilote (que de souvenirs, quel voyage), l’apothéose dantesque de l’affrontement contre l’armée de la Force, le témoin passant de Tueuse en Tueuse, l’ultime face à face avec La Force (une garce de première classe jusqu’au bout), Buffy se relevant à force de volonté et renversant le cours de la bataille (peut-être l’instant le plus épique de l’histoire des séries télé), le sacrifice de Spike, mort tel qu’en lui-même, riant à la face du Destin, l’adieu bouleversant de Buffy (Angel reste son grand amour, mais elle a réellement eu Spike dans son cœur), l’effondrement titanesque de Sunnydale, etc. De grands moments d’action et d’émotion, où tout sonne juste, filmés avec une indéniable maîtrise. Les effets spéciaux sont au summum de ce qui pratiquait à l'époque et cette fois ont plutôt bien vieilli. C’est parfait, tout simplement. Et puis ce si lumineux sourire de Buffy, la conclusion idéale pour cette œuvre si fine et audacieuse à la fois, où tant de talents divers se seront croisés et mutuellement fécondés Coup de cœur pour le titre VO de l’ultime épisode, Chosen, réussir à synthétiser l’une des meilleures séries jamais réalisées en un seul mot, il fallait le faire. Et puis le Spike sera de nouveau là en saison 5 d’Angel, qui va accueillir à bras ouverts et dans l’allégresse son vieil ami. Le début d’une chaleureuse collaboration.
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Buffy Contre les Vampires (1997-2003) Saison 6 4. La tête sous l'eau (Flooded) 5. Tous contre Buffy (Life Serial) 6. Baiser mortel (All The Way) 7. Que le spectacle commence ! (Once More, With Feeling) 12. Fast Food (DoubleMeat Palace) 13. Esclave des sens (Dead Things) 14. Sans issue (Older and Far Away) 15. La roue tourne (As You Were) 16. La corde au cou (Hell's Bells) 17. À la dérive (Normal Again) 19. Rouge passion (Seeing Red) Scénario : Marti Noxon (1re partie) et David Fury (2e partie) Réalisation : David Grossman Cinq mois se sont écoulés depuis la mort de Buffy. Le Scooby-Gang continue de lutter contre les démons de Sunnydale en se servant du BuffyBot pour taire la mort de la Slayer. L'annonce de sa mort déchaînerait en effet les monstres. Mais une bande de démons bikers perce à jour la supercherie. Willow a réuni tous les ingrédients pour un maléfice qui pourrait ressusciter Buffy, mais les démons bikers arrivent à Sunnydale et interrompent le rituel… La critique de Clément Diaz That'll put marzipan in your pie plate, bingo ! La saison 6, la plus noire de la série, s’ouvre avec ce double épisode (seule la saison 1 s’ouvre aussi par un double épisode) à l’ambiance déjà délétère. Elle commence avec une des plus enthousiasmantes introductions avec cette belle bataille de quatre minutes et demie dans le cimetière où on retrouve avec plaisir nos persos chéris : Willow en boss télépathique, Tara la sorcière, Xander et Anya le couple de caractère mais toujours décalé, le valeureux Giles, Spike le battant vanneur, (Poor Watcher, your life pass before your eyes : cup of tea, cup of tea, almost got shagged, cup of tea), et Dawn... enfin, Dawn quoi. Dawn donc qui hérite d'un rôle douloureux : celle qui veut que le BuffyBot remplace tout à fait sa sœur (on est pas loin du Solitaire de la Twilight Zone) ; on est en droit de se demander si nous agirions comme elle dans sa situation. Horreur, Anthony Head n'est plus au générique, l’acteur va en effet prendre du champ et être absent une bonne partie de la saison. On le regrettera. Excellente idée de réintégrer le BuffyBot, ce qui permet à l’actrice principale d'être présente dès le premier épisode de la saison. Elle est une source comique infinie, avec des répliques totalement barges assurés de muscler les zygomatiques - la rencontre parents-professeurs est assez énorme. Marti Noxon soigne ses dialogues percutants et l'humour - l'urne d'Osiris sur eBay, c'est génial. Cela permet de meubler son peu consistant scénario, reposant uniquement sur le sortilège de Résurrection. Donc, il ne se passe pas grand-chose, mais on accepte de retrouver tout le monde. Spikounet qui veille sur Dawn en souvenir de Buffy, c'est émouvant, comme Anya la capitaliste toujours plus sensible qu'elle veut le laisser paraître. Willow est un bon choix de chef suppléant, elle a l'autorité et la vivacité qu'il faut. Belle scène d'adieux de Giles. On remet la tension à la fin quand le gang de bikers arrive à Sunnydale pile au moment où Willow se fait malmener par Osiris ; chouette. La deuxième partie use d'une formule efficace, quoiqu'ici pas toujours bien utilisée : les alliés séparés qui doivent se retrouver pour vaincre les gros méchants. L'histoire convainc toutefois dans le retour difficile à la vie d'une Buffy traumatisée et hagarde. Sarah Michelle Gellar, en femme à peine humaine, est étincelante. Les longs plans de Buffy errant dans les ruines sont incroyables d'effroi, mais il manque un peu d'intensité, que l'action et les “retrouvailles” pas super festives ne compensent pas. La mise à l'écart de Spike-Dawn est regrettable. Tara accomplit son unique assassinat de bad guy dans la série (Nobody messes with my girl ! Ca rappelle une réplique de Buffy à propos d'Angel). Le finale au sommet de la tour branlante est un peu longuet ; Fury demande beaucoup à Michelle Trachtenberg, mais elle s'en sort avec les honneurs. On finit sur un happy end instable, car Buffy doit encore se retrouver. Chapeau à David Grossman, dont la caméra emprisonne chaque scène dans un cadre anxiogène pregnant. Une satisfaisante ouverture de saison. Pensée émue pour le BuffyBot qui tombe au champ d'honneur. La critique d'Estuaire44 Avec ce premier épisode, cette fois d'entrée connecté au corpus principal, Whedon introduit un changement notable, à l'image de cette saison assez hors normes, ayant désorienté pas mal de fans. Outre des péripéties très prenantes, Il annonce subtilement la couleur, avec une première partie très humoristique (le Gang, l'impayable Buffybot...) et un second temps particulièrement sombre et dramatique, à l'image de la saison elle même : Willow jouant avec la magie noire, Tara confrontée à la violence, le départ de Giles, la sentence prémonitoire prononcée à cette occasion par Xander et bien entendu une Slayer en plein trouble existentiel, voire dépressive. Une ouverture réussie, même si les démons peuvent sembler assez lourds et trop à découvert. Mais après tout ce déferlement est assez logique, toutes les autorités de la ville ayant été anéanties (la Slayer, l'Initiative, mais aussi le Maire, qui, à sa manière, tenait en main sa ville). Grand numéro des comédiens, à commencer par une Sarh Michelle Gellar très concluante sur un double registre au grand écart. Les trucages de la série ont souvent vieilli mais celui de la résurrection de Buffy reste performant.
Scénario : Jane Espenson Réalisation : David Solomon La maléfice de Willow a eu un effet secondaire : en contrepartie de la résurrection de Buffy, elle a amené sur Terre un esprit démoniaque qui possède tour à tour plusieurs membres du Scooby-Gang. Comment supprimer l’esprit sans tuer Buffy ? Buffy confie à Spike un secret à propos de son séjour dans l’au-delà. La critique de Clément Diaz I was torn out of there. My friends pulled me out. And everything here is bright and hard and violent... Everything I feel, everything I touch... this is Hell. After life ou le retour à la vie. Jane Espenson réussit le plus difficile : Buffy émergeant peu à peu de son état "zombie" pour redevenir celle que nous connaissons. Les doutes et les peurs du Scooby-Gang à avoir fait joujou avec des forces qui les dépassent sont superbement interprétés. Tara est la plus lucide, tandis que Willow est plus trouble - et Spike s'en rend compte - elle a beau dire qu'elle ne savait pas qu'il y'aurait un "prix à payer", on pense surtout qu'elle n'a voulu faire aucune recherche sérieuse, aveuglée par sa volonté de ramener la Slayer. L’addiction de la jeune sorcière à la magie commence à se prononcer de plus en plus, ce sera un axe majeur et très réussi de la saison. Spike n'est plus aussi déjanté que naguère, il devient plus un second "Angel", plus dans le tourment, les regrets, et le romantisme. Mais avec James Marsters, la copie surclasse aisément l'original, du moins dans Buffy (David Boreanaz n’étant vraiment dans cet élément que depuis la série Angel). Toutes ses scènes avec Buffy, ou son algarade avec Xander résonnent avec une force particulière. Xander et Anya n'ont par contre pas changé, mais qui voudrait voir Emma Caulfield autre chose qu’en grande gueule ou Xander en geek courageux ? Dawn impressionne de plus en plus ; en petite soeur attentionnée et impuissante, elle est une solide caution "émotion". Cette lente marche vers la ressurrection est menée par Sarah Michelle Gellar, toujours royale. L'histoire du démon clandestin est par contre pas super. Bon, Anya qui rit comme une démente ou Dawn qui se prend pour une cracheuse de feu, c'est pas mal, mais le monstre n'a pas assez de présence pour inquiéter. Le duel final est bâclé. Par contre, le twist final est un des plus cataclysmiques de la série, qui fait penser au génial A nice place to visit de La Quatrième Dimension, mais inversé. On sent que la Slayer ne sera hélas plus jamais la même, une blessure qui ne s'en ira jamais. Spike est le seul à connaître la vérité, il s’agit d’un autre axe fondamental de la saison : le rapprochement de ces deux êtres. Efficace. La critique d'Estuaire44 L'épisode se présente comme la suite immédiate et moins aboutie du pilote de saison, le tout semble bien sentencieux, avec la révélation finale sur le Paradis qui en fait trop dans le mélo, d’une manière assez théâtrale. Et puis l’intimité avec Spike commence à être trop poussée, quel intérêt d’avoir un doublon d’Angel ? On perd le Spike déjanté et hilarant qu'on aimait, pour obtenir une copie qui fait un peu série voulant retrouver sa martingale du bon vieux temps alors même que le duo Boreanaz/Sarah Michelle Gellar avait sa magie bien à lui, non transposable. Le monstre ne convainc guère, malgré quelques effets spéciaux réussis. Tout cela fait assez songer à Charmed, série très regardable mais tellement moins forte que Buffy. L'absence de Giles se fait également cruellement ressentir. Dawn crachant du feu résulte davantage grotesque qu'effrayante, on peut se demander si les auteures s'acharnent sur le personnage à dessein. Demeurent la toujours irrésistible Anya et un moment émouvant quand Buffy fixe l'image de sa mère, on se demande si elles n'étaient pas ensemble là haut. Après une ouverture réussie, la saison 6 semble peiner à trouver son sujet. On sent que Jane Espenson n'est pas à son affaire sur une tonalité se voulant aussi sombre (pas étonnat qu'elle n'ait guère collaboré à Angel). Tout ceci aurait du être intégré au double épisode pilote, cela aurait autorisé une grandiose aventure du Trio en plus.
4. LA TÊTE SOUS L’EAU Scénario : Douglas Petrie et Jane Espenson Réalisation : Douglas Petrie La maison des Summers croule sous les dettes depuis la mort de Buffy. Elle doit trouver un moyen de remonter la pente tout en matant un démon. Giles, de retour d’Angleterre, s’inquiète que Willow puisse tomber dans la dépendance à la magie. Pendant ce temps, trois méchants flamboyants et terrifiants font leur entrée : ils sont géniaux dans leurs domaines respectifs (démonologie, magie, gadgets) mais aussi geeks, abrutis, crétins, lâches, délirants : voici le Trio … La critique de Clément Diaz - You hired me to create chaos and carnage for you. Told me you were powerful men, commanding machines, magicks, the demon realms below. Un épisode narrativement frustrant, vu que Douglas Petrie et Jane Espenson n'écrivent pas le quart de la moitié du commencement d'une vraie histoire. A part un monster-of-the-week anodin, l'épisode a l'idée compréhensible mais non payante de se pencher sur le quotidien de Buffy : factures, fuites, factures, démarches administratives, factures, etc. Très loin de l'exaltation que l'on ressent quand elle botte le cul des méchants. Le tempo assez lent se fait sentir, malgré la mise en scène plutôt bien faite de Petrie, pour la première fois derrière la caméra. Finalement, l'ensemble marche plutôt bien. D'abord, parce que les malheurs de Buffy (on est pas loin de Girls de Lena Dunham), ne sont pas sans humour, malgré la gravité de la situation. Cela doit beaucoup à la tornade Anya, toujours aussi délirante (Emma, Emma, épouse-moi...). Entre elle et Xander, c'est tension, tension, et encore tension ; leur duo marche à fond. On retrouve les vannes qui tuent de la Slayer et les petits délires de Dawn. Spike se rapproche de plus en plus de Buffy, les Spuffers trépignent d'impatience. Le retour de Giles amène de superbes scènes, dont de chaleureuses retrouvailles avec la Slayer, et le plaisir de ses tics d'Anglais. La scène la plus forte reste la confrontation Willow-Giles. La magie corrompant l’esprit de Willow lui donne une face inquiétante. Pourtant, extérieurement, Willow apparaît toujours un peu timide. Alyson Hannigan, dont je répète pour la 1533e fois qu'elle est la reine du casting, joue à merveille ces deux faces. Et puis, il y'a le Trio... Alors, huhum, oui, alors là, bravo, hein bravo. On se demande qu'est-ce qu'il y'avait dans les bouteilles de Whedon pour qu'il ait imaginé un trio d'abrutis pareils ! Aussi geeks que quinze Ringo Langly, aussi cons (et veinards) que vingt Max la Menace, d'un courage indissolublement absent... ils font un numéro mais totalement hors classe : le marchandage, le tableau blanc, leur QG de pro, leurs dialogues gambadant au cœur du Geekland... danger de se pisser dessus à force. Warren le gadgetman (Adam Busch), Jonathan le magicien (Danny Strong), et Andrew le spécialiste des démons (Tom Lenk) sont des maîtres en inventivité et en loufoquerie. Un épisode qui remporte l’adhésion grâce à son humour carbonique. La critique d'Estuaire44 Vaste éclat de rire que cet épisode certes un tantinet patchwork, tombant à point nommé après le marasme précédent. Toutes les scènes de tuyauteries et d'évocation de la problématique financière sont à mourir de rire, de même bien entendu que la révélation du Trio de Nerds dont on se pince pour croire qu’il va être le Big Bad de la saison. Quelle idée géniale ! Les flamboyants seigneurs duc rime de Sunnydale sont déjà au top niveau, et ce n'est pas fini. On est en terrain connu avec Warren et Jonathan, Andrew devra faire ses classes mais nous convaincra vite de son vaste potentiel. Le personnage est juste hallucinant. On voit bien l’influence des Bandits Solitaires des X-Files, qui s’exercera sur d’autres groupes américains du même genre dans diverses séries fantastiques (dont Supernatural, avec les Ghostfacers). Du tout bon, avec cette négociation avec le démon bien débile comme on aime. Champagne, Giles est de retour (et il n’est pas content). Angel aussi mais là on touche à la première conséquence de la séparation des chaines puisque le cross over demeurera invisible, chez Angel comme chez Buffy (et seulement imaginé par les Scoobies dans le comics correspondant : Réunion). Les deux séries vont désormais se croiser beaucoup moins souvent, même si Angel sera là pour le grand final.
5. TOUS CONTRE BUFFY Scénario : David Fury et Jane Espenson Réalisation : Nick Marck Pour conquérir Sunnydale, le Trio tente d’en savoir plus sur les capacités de Buffy, toujours à la recherche d’un boulot. Chacun lui tend un piège : Warren fait accélérer le temps autour de la Slayer, Andrew invoque des démons, et Jonathan lance une boucle temporelle. Pendant ce temps, Spike emmène Buffy à une soirée mémorable… La critique de Clément Diaz The only person I can even stand to be around is a neutered vampire who cheats at kitten poker. Life serial, nous arrache (un peu) à notre incrédulité à penser que les Nerds vont être les grands méchants de la saison (jusqu’à l’arrivée de…). Débiles, oui, mais de vrais génies créatifs dans leur genre. Avec un tel sujet, l’épisode tire sans vergogne la carte de l'épisode décalé. Le Trio est ingénieux et imaginatif, mais leur crétinerie hors normes est telle que les prendre au sérieux est encore compliqué – c'est tout à fait volontaire de la part des auteurs. Les références Geek qui pleuvent sont relativement accessibles pour que la majorité s’esclaffe (X-Files, Star Wars, 007)... On a beau aimer Buffy, on s'éclate devant l'avalanche d'emmerdes qui lui tombe dessus. Si le piège académique d'Andrew déçoit (euh, des monstres, c'est tout ?), le piège de Warren est déjà plus élaboré - le temps accéléré - mais on accorde la prime à la boucle temporelle de Jonathan, un des moments les plus n'importe quoi de la série. Fury et Espenson se déchaînent, et Sarah Michelle Gellar nous fait une grande performance comique. On atteint l'apothéose avec Jonathan en démon de l'enfer pleurnichard ; non arrêtez, je vais avoir une crampe à force de me serrer les côtes. La soirée de beuverie est aussi hilarante avec cette homérique partie de poker entre démons. Là, c'est sûr que Buffy a touché le fond. Sans doute manque-t-il à cet épisode plus de chair, la suite de sketches est un peu artificielle. La scène du chantier souffre par ailleurs de sa longueur. Malgré la comédie, on voit que Buffy n'a aucun moyen d'échapper à son destin - tragi-comique scène du cours de sociologie. Elle ne sait être qu'une Slayer, boulot non lucratifs. Ses essais d'avoir une vie normale échouent – le début de la saison 3 le laissait déjà présager, et la tentative du Doublemeat palace le confirmera. Le réconfort de Giles est un leurre : il va bientôt repartir ; une belle pointe amère. La saison a trouvé son rythme, mais il manque encore un petit quelque chose. La critique d'Estuaire44
Sans doute le meilleur épisode du Trio, dans son acception humoristique. L’histoire regorge d’imagination et d’humour, les comédiens sont survoltés et le spectateur écoulé de rire devant ces gadgets SF/Fantastiques à la fois débiles et géniaux (comme toujours avec le Triumvirat du Crime). Ces discussions de Geeks massifs (notamment sur 007) surpassent ce tout ce que l’on pourra entendre plus tard dans Chuck ou Big Bang Theory. Mine de rien, Whedon développe un méta récit, le public de sa série étant lui-même pas mal composé de Geeks (et Whedon lui-même reste plus que jamais l'une des figures majeures du Geekland en 2014). L'effet d'assimilation joue à plein puisque une bonne part du public, hormis les Shippers, se reconnaît dans ce miroir joyeusement caricatural que lui tend l'auteur, à l'instar de Chris Carter avec les Ufologues en délire du Seigneur du Magma. L’épisode a l’audace de se structurer en films à sketchs, ce qui permet de tirer le meilleur parti des trois rigolos, mais aussi d’esquisser avec fluidité un panorama général de la situation des différents Scoobies en ce début de saison. La scène du chantier permet aussi de découvrir un Xander mature et affirmé, ayant parcouru tout un chemin depuis la saison 1. Anya est irrésistible dans son paradis capitaliste, il n'y avait qu'elle pour oser infliger une retenue sur salaire à la Tueuse en personne ! On avouera un faible particulier pour le Verrou temporel de Jonathan, une brillante synthèse de ce que cette idée peut offrir, un passage obligé pour les séries SF ou fantastiques (même Xena y a eu droit). . On trouve d’ailleurs un clin d’œil au Monday des X-Files (la banque qui explose) au beau milieu du fatras de références véhiculé par les trois terreurs. Bon l'idylle se met en place avec Spike. Un épisode massivement barré mais aussi plus subtilement écrit qu'il n'y paraît.
6. BAISER MORTEL
Scénario : Steven S. DeKnight Réalisation : David Solomon Xander annonce que lui et Anya sont fiancés. Tara reproche à Willow d’utiliser systématiquement la magie. C’est Halloween, et Dawn se fait une petite virée nocturne avec Janice sa meilleure amie, et deux beaux garçons. Mais à Sunnydale, il n’est pas franchement conseillé de se promener la nuit d’Halloween… La critique de Clément Diaz - What happened to Xander ? Previously on Twilight, euh pardon on Buffy the vampire slayer, nous avons donc All the way qui nous présente une sortie entre potes de... Dawnie. Et là, ça fait mal. Le personnage joue pleinement son registre habituel : la peste irritante. Dawn se la joue cool pour être "in", fait les 400 coups avec sa rousse amie. Les amateurs de Dr.House ne seront pas dépaysés en voyant Amber Tamblyn qui joue l'amie un peu greluche vu que chez le plus grand médecin des séries télé, elle jouera un docteur un peu... greluche. Événement à faire trembler le Buffyverse, Dawn découvre ce que c'est que d'embrasser un garçon. Hélas, ledit garçon est un vampire et elle devra sacrifier sa première expérience sentimentale - au sens propre d'ailleurs. Coulée de sucre et de guimauve richement caloriques, à déconseiller aux diabétiques. Heureusement, l'interprétation toujours en sans faute de Michelle Trachtenberg limite un tantinet la casse. S'il y'a bien un bon twist, cette histoire tire trop la corde ado. Attendez-vous quand même à une plage d’hilarité quand Spikey et Buff arrivent sur le terrain : au lieu de fighter les evil guys, Buffy prend le temps de se disputer débilement avec Dawn. Quelques pépites éparses parviennent à briller au milieu de cette chantilly : les fiançailles d'Alex et Anya sont simultanément désopilantes et dramatiques : Anya fait sa showgirl, tandis qu'Alex semble atteint du classique syndrome de "peur de l'engagement" (l'épisode La corde au cou sera centré sur cette peur). La puissance magique de Willow commence à fichtrement inquiéter. Son tour final est à grincer des dents. Après Buffy et Giles, Willow commence à découvrir sa darkside. Le jeu tranché, excessif d’Alyson Hannigan, à l'unisson de cette évolution réellement inattendue de Willow, convainc largement. Épisode assez bouche-trou quand même. La critique d'Estuaire44 Un épisode pour rien, même avec l’annonce, enfin, du mariage entre Anya et Alex. On croirait une chute de pellicule de la première saison, tant les diverses situations ont été vues et revues, avec des vampires parfaitement quelconques. Non seulement Dawn est pire que jamais (ras le bol massif) mais en plus Buffy s’appuie trop sur Giles, le duo parait en souffrance. Rien d‘enthousiasmant donc. Quel dommage d’avoir eu des épisodes d’Halloween aussi forts par le passé pour ensuite tomber aussi bas. Willow perd de plus en plus ses repères et s’autorise à ensorceler Tara pour mettre fin à une dispute, un évènement lourd en conséquences, qui en dit long sur l’étendue de sa dérive, le seul élément réellement fort de l'épisode. On ne nous enlèvera pas de l'idée que la production de cet épisode a été expédié pour donner du temps au tournage du suivant (où Dawn sera de nouveau enlevée par le méchant, on ne change pas une équipe qui perd).
7. QUE LE SPECTACLE COMMENCE Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Tout Sunnydale est transformé en comédie musicale géante !! Chaque habitant ne peut s’empêcher de chanter, de danser, et parfois de finir brûler vif à force de danser ! Le Scooby-Gang, également touché par l’événement, enquête entre deux chansons pour trouver le responsable de ce karaoké à grande échelle… La critique de Clément Diaz
What a lot of fun, you guys have been real swell. Le quatrième épisode « mythique » de la série est un tonitruant séisme musical et kaléidoscopique. Écrit, dirigé, composé par le boss himself (et orchestré par deux excellents musiciens : Christopher Beck et Jesse Tobias), Once more with feeling mérite tout à fait sa réputation d'épisode culte, le plus connu de la série, renommé y compris en dehors du cercle de fans. Via un excellent McGuffin - le démon de la musique invoqué par erreur - Sunnydale se transforme en comédie musicale bariolée et joyeuse, mais dont l'euphorie est subtilement contredite par les effets pervers du maléfice : les secrets cachés qui soudaient le Scooby-Gang sont révélés au grand jour, fêlant totalement leur harmonie. Ce mélange joie/drame est un plus pour cet épisode qui exalte le triomphe de la musique en tant que moteur fondamental de nos vies. Whedon peut aussi se reposer sur le talent vocal général de ses acteurs. Notons qu'Emma Caulfield aura l’occasion de chanter de nouveau dans Crise d’identité (saison 7), avec une nouvelle chanson composée pour elle. En démon de la musique, unique adversaire à triompher du Scooby, Hinton Battle, grande figure de Broadway, est époustouflant. Le scénario est aussi simple qu'efficace, avec un brillant twist final simultanément burlesque et noir. Le faux happy end est une nouvelle et géniale transgression. Les décors sont à tomber, et la réalisation de Whedon est une fontaine infinie d'inspiration. Certes, l'épisode musical n'est pas une nouveauté. En 1980, Les Drôles de Dames ont fait un premier essai (En avant le music-hall), et en 1990, il y'eut la comète Cop/Rock, série de Steven Bochco qui racontait des enquêtes policières sous forme de comédie musicale. La tentative de Joss Whedon est une pleine réussite. Et c'est avec un plaisir intact que l'on visionne, écoute, et chante à chaque fois que l'on voit l'épisode. Ce coup d’audace enchanteur, à l’ambition démesurée, est encore à ce jour le modèle absolu de l’épisode musical. L’épisode souffre toutefois d’un talon d'Achille : Joss Whedon a beau être un génie à plusieurs casquettes, il n'est pas compositeur, et se montre inégal. Les deux premiers tiers de l'épisode sont de purs chef-d’œuvres, mais le 3e est bien moins convaincant. La voix de Sarah Michelle Gellar, bien que juste, est assez ingrate, plombant chacun de ses solos (excepté la première chanson qui joue malicieusement de ce défaut). La réorchestration du générique par Christopher Beck nous fait entrer de plain-pied dans cette histoire de conte de fées : l’agressive guitare électrique est remplacée par des cordes pincées malicieuses, un célesta, de doux violons, une harpe… aux reflets moirés et enchanteurs. On jurerait voir un rideau de scène se lever quand les timbales résonnent. L'ouverture (également composée par Beck) expose les deux thèmes de l'épisode comme le ferait une ouverture d’opéra : le thème de la musique avec le choeur Life is a show, et le thème d'amour Under your spell (la chanson de Tara). Le premier est joué par un piano puis aux violons sous un ostinato joyeux de cordes, pour créer un tissu musical qui nous plonge en pleine félicité. Le deuxième est joué par un hautbois amoureux, sous les miroitements des violons et du célesta. Un début magique. Sous un battement de piano puis des cordes, s'élève la chanson d'entrée de Buffy, Going through the motions. Pure ivresse sonore, c’est une parodie amoureuse des chansons sucrées de Disney. La voix de Sarah Michelle Gellar, à l’aigu adolescent, non travaillé, convient parfaitement à une chanson qu’aurait pu chanter Judy Garland dans un Magicien d’Oz décalé. La chorégraphie et les hilarantes interventions des monstres équilibrent la portée dramatique du texte, où Buffy chante sa souffrance de ne pas se sentir « vivante ». Comment ne pas être transporté par cette mélodie très lyrique, animée et contenue à la fois ? La richesse symphonique de la musique, variant à chaque couplet (tambours, cordes en battements, bois affectueux, tutti final) est une solide valeur ajoutée. I've got a theory met en valeur le contraste entre les voix de chacun des artistes. Les pizzicati moelleux du pupitre des cordes, ou un piano pop font un accompagnement discret pour laisser la place aux voix. Satisfecit pour la parenthèse hard rock d'Anya, grosse louche de décibels parodique qui dézingue à l’acide les textes violents de ces groupes de musique, tout en permettant à Emma Caulfield de se déchaîner comme jamais. La deuxième partie du morceau Why can’t we face ? est un nouveau sortilège mélodique, où batterie et guitares forment une nappe presque lyrique pour soutenir la profession de foi du groupe, indestructible tant qu’ils sont unis. On note cependant que passée l'atmosphère particulière de sa chanson d'introduction, que la voix de Sarah Michelle Gellar ne se prête pas au chant : perçante, crispante, la voix est juste, mais fait bien trop midinette. Le gros gag musical de la moutarde (chanté par le scénariste David Fury) achève cette scène. Le sublime sublime Under your spell est un sommet d’envoûtement musical. Ballade romantique d’une beauté ineffable, les charmes de la guitare, de la batterie, d’une douce percussion, et des interventions du violoncelle, entourent la mélodie principale à donner la chair de poule. La voix d’Amber Benson est tout simplement parfaite, d’une justesse et d’une grâce à rendre fou ! Si la comédie a gagné une actrice, la chanson a indéfectiblement perdu une grande voix. Photographie colorée et ardente, danse romantique, complicité entre les deux actrices, texte fabuleusement intense (le dernier couplet est carrément érotique)... un moment d'éternité. I'll never tell, duo d'amour de Xander-Anya pas dénué d'ironie massive, est d’une grande diversité musicale : récitatif, brefs “verses”, plus longues échappées, trompette de music-hall, numéros de danse volontairement drôles... Ce patchwork ne trouve pas de cohérence, et l’hommage aux duos genre Fred Astaire-Ginger Rogers n’apparaît pas abouti. Les paroles de Whedon sont toutefois de l’or en barres, enlevés, hilarants et acides. Le tout vaut moins que la somme des parties. Les interprètes se débrouillent bien, petite prime pour Emma Caulfield - et sa tenue la moins habillée de la série - Il s’agit narrativement des premiers effets pervers du maléfice : les petits secrets que gardent chacun, incapables d’être retenus, sont dévoilés et jettent une ombre sur leurs relations. Le numéro s’enchaîne à un remarquable plan-séquence où la scénariste Marti Noxon est impayable en contrevenante tentant d’apitoyer l’agent de police. Mention au numéro élégant des balayeurs, sous un brass band 100% jazzy qui nous replonge dans les années 50. Rest in peace est la chanson rock de l'épisode, naturellement dévouée à Spike. James Marsters assure avec émotion, puissance, et gravité, la subtile psychologie du texte, décrivant simultanément les deux sentiments ressentis par quiconque souffre d'un amour non partagé : l'envie furieuse de ne plus voir l'objet de son désir, et la volonté qu'il reste à vos côtés, quand bien même il vous fait du mal. La musique est à l'unisson : les deux couplets calmes (l'un à la guitare, l'autre à l'orgue) symbolisent l'amertume et l'impuissance, le refrain énergique et éclatant, la colère et la honte. Michelle Trachtenberg, ayant une voix chantée de petite fille difficilement supportable, eut le bon sens de ne pas demander trop de chant. Son Dawn's lament est très court, et s'enchaîne à son vrai numéro : une séquence dansée avec les créatures du démon musical. Musicalement, l'accompagnement doit beaucoup aux maîtres russes : le chatoiement des timbres (très Stravinsky, un des thèmes du cor anglais fait d'ailleurs penser à un thème du Sacre du printemps), l'évolution dramatique des harmonies (Prokofiev), et l'hédonisme mélodique (Tchaïkovski), concourent à un nouveau numéro d'anthologie. La danse de Dawn est divertissante, très honorable, mais n'a pas la virtuosité de son équivalent par exemple de Clair de Lune (épisode Mariage secret). Les masques des serviteurs, appartenant à l'univers des jouets, donne un parfum d'enfance qui convient tout à fait. Un nouveau show de malade se produit avec la chanson du démon. Son numéro de claquettes est aussi dense que prenant. Il s'agit du morceau qui est le plus dans le ton de la comédie musicale. Hinton Battle est flamboyant de charme et de charisme, se déhanchant avec exultation et séduction. Sa voix suave, chaude, et grave fait de What you feel un morceau capiteux. Les petites interventions de Dawn, très mélodieuses, sont une excellente surprise, elles forment un complément doux et innocent au texte parfois joyeusement sauvage du Démon. La musique, qui use de belles attaques de cuivres et d'une batterie ad hoc, est pleine de jubilation communicative. La mise en scène, avec notamment le gag de la porte, est d'une magnifique luxuriance. Standing, la chanson de Giles, est une balade mélancolique dominée par une guitare contemplative et une batterie régulière. C'est peut-être le moment le plus émouvant de l'épisode, où Giles, figure paternelle, se rend compte qu'il empêche l'évolution vers la vie adulte de Buffy qui se repose trop sur lui. Il chante sa douleur de devoir la quitter pour son bien alors qu'il ne désire que rester près d'elle. Par une amère ironie, Buffy ne l'entend pas, comme si le fossé déjà était creusé. La voix d'Anthony Stewart Head est un nouvel enchantement, entre pudeur, douleur, dignité, et affection. La musique monte et descend par vagues pour traduire ce flux d'émotions contradictoires. La fusion avec la reprise d'Under your spell de Tara est un nouveau coup de génie, où la métaphore de l'enchantement devient ironiquement du premier degré, signant là la rupture prochaine entre les deux amantes. Ce duo reprend des thèmes des deux chansons, le résultat est prodigieux. L'hommage au Tonight quintet du West Wide Story de Léonard Bernstein est flagrant dans Walk though the fire, la chanson de rassemblent du Scooby. Mais Bernstein est un des plus grands compositeurs du XXe siècle, et Whedon, malgré son talent, ne peut rivaliser. Le manque d'allant est flagrant, ce que Whedon a d'ailleurs reconnu. Les limites vocales de Sarah Michelle Gellar la frappent de plein fouet, chutant la qualité de la chanson. En dépit d'une mélodie accrocheuse et de paroles puissantes pour exalter le courage de chacun, la chanson est trop sage pour enflammer. Notons cependant un tour de force avec un acrobatique contrepoint où les thèmes musicaux de chaque personnage sont chantés simultanément. Les paroles sont toujours de la meilleure inspiration, mais il est visible que Whedon commence à épuiser ses forces créatrices. La perfection des images en surimpression et surtout des travellings sont toutefois à se damner. Les deux dernières chansons sont celles de trop. Something to sing about est carrément médiocre, en cause des ruptures de ton continuelles qui cassent toute émotion alors qu'il s'agit de la grande révélation de Buffy. Sarah Michelle Gellar fait un grand numéro d'actrice, mais sa voix continue d'être trop grèle. Les sections dansées nagent dans un rock du plus mauvais goût. La musique principale se traîne dans des harmonies répétitives, et le pseudo-lamento de Buffy et de Spike est terriblement pathos. Si l'intermède chanté du Démon est délicieux, il est dissipé par le morceau le moins enthousiasmant de l'épisode, et qui se trouve être cruellement... le chorus final ! Where do we go from here ? Terne, en discontinu, c'est une bien frustrante coda pour cet épisode. Les paroles de ces dernières chansons ne sont d'ailleurs pas du plus haut vol. Heureusement, nous nous quittons sur le premier baiser Spike-Buffy avec évidemment le mélange de leurs deux thèmes musicaux. Dans ce dernier acte, les décors, l'interprétation, et la mise en scène sont au top, mais pas la musique. Heureusement, on finit sur une bonne note avec un générique de fin jazzy et enlevé et le fameux “Grrr... Aaargh” chanté par Whedon lui-même, savoureux clin d'oeil. Un grand épisode musical, psychologique, et narratif, mais il manque un Bernstein, un McCartney... pour sublimer tout cela. Qu'importe, cet épisode est véritablement un des plus grands épisodes de série télé, osé, audacieux, très riche, et à ce jour le modèle inégalé de l'épisode musical. Ce qui ne veut pas dire que les tentatives des autres séries ne valent rien. Ainsi, le My musical de Scrubs sera moins ambitieux, plus modeste, (deux fois) plus court, mais aussi moins irrégulier. N.B. La VF est certes déconseillée pour l'ensemble de la série, mais ici elle est carrément à bannir. Les exécrables voix françaises se sont sentis obligées de chanter à la place des acteurs, sur des traductions mièvres (et à l'inverse de Scrubs, c'est un carnage). Que l'auditeur ne s'y trompe pas ! La critique d'Estuaire44 Sans disposer d'une culture musicale très étendue, on avouera avoir tout aimé dans cet épisode hors normes, sans doute le plus remémoré de la série. La virtuosité vocale atteint un sommet lors du duo entre Amber Benson et Anthony Head, mais les performances des autres comédiens ne déçoivent jamais. Belle et novatrice ambition d'ensemble, avec un spectacle total, puisque la mise en scène est aussi hyper sophistiquée, avec cette impression de facilité que produit toujours le vrai talent. Les comédiens prouvent qu'ils sont des artistes complets. Les Spuffy seront à la fête puisque l'on a le premier vrai baiser entre le Spike et son élue à lui (une pensée émue et solidaire pour le joyeux drille vêtu de noir en train d'entonner Yesterday dans la nuit de L.A.). On apprécie vivement que Sweet s'en sorte, car, même démoniaques, on ne tue pas la Musique, le Chant et la Danse. Sweet connaît davantage un match nul qu'une victoire mais c'est déjà une belle performance face à la Slayer et aux siens. Un seul vrai regret : l'absence de chanson pour le Trio, on aurait bien aimé savoir ce que Whedon aurait imaginé pour eux. Il y avait pas mal de d'idées marrantes à perpétrer (pot pourri de génériques de séries, les voir détruire celui de Star Trek cela aurait été ultime...).
Scénario : Rebecca Rand Kirshner Réalisation : David Grossman Tara en veut à Willow d’avoir manipulé son esprit. Willow ne retient pas la leçon et jette un nouveau sortilège d’oubli… tellement efficace qu’il rend tout le Scooby-Gang amnésique !! Buffy et ses amis doivent réapprendre à se connaître. Tâche difficile, d’autant qu’ils sont harcelés par un démon à qui Spike doit une dette de jeu… La critique de Clément Diaz - Oh, listen to Mary Poppins. He's got his crust all stiff and upper with that nancy-boy accent. You Englishmen are always so... Bloody hell ! Sodding, blimey, shagging, knickers, bollocks… oh God, I'm English too ! Le script de Tabula rasa est assez bancal. Entre un premier quart d'heure sans action et une coda "à l'américaine" assez cliché, le cœur du récit lui-même hésite à tirer totalement la carte de la comédie. On se laisse quand même prendre avec cette idée démente de scénariste consistant à effacer la mémoire des protagonistes - Willow qui foire ses sortilèges commence à devenir un vrai running gag. Cascades d'humour à rythme modéré mais plaisant : "Randy" Spike fils de Giles, Anya épouse de Giles, Joan the vampire slayer, Willow petite amie de Xander... un galimatias énorme qui atteint bien son objectif. Les acteurs ne cachent pas leur plaisir d’envoyer à la corbeille leurs registres coutumiers pour jouer un enchaînement de quiproquos enlevé. Il y’a aussi ce côté méta-récit - approfondi plus tard par l’épisode OVNI A la dérive - où la série se moque d’elle-même : le regard des héros devenus étrangers au monde qui les entoure rend l’aspect Fantastique à laquelle nous sommes habitués comme une intrusion. Il est difficile pour les personnages de croire à nouveau en leur monde Fantastique, et c’est cette réappropriation de leur place dans cet univers qui est aussi intéressante. Gros coup de cœur pour l'alliance plus ou moins forcée de "Joan et Randy", ou pour les catastrophes en chaîne d'Anya la magicienne (lapins, lapins, squelette, lapins...). Rupture entre Willow et Tara, la première étant définitivement "magic addict", et ne voyant pas les conséquences de ces actes, au départ altruistes, mais in fine égoïstes. La douleur de leur séparation est conduite par les jeux très expressifs d'Alyson Hannigan et Amber Benson. Le méchant du jour n'est pas inoubliable, mais difficile d'oublier son apparence cauchemardesque. Départ définitif de Giles, qui prend conscience qu'il empêche Buffy de devenir indépendante. Ajoutons la culpabilité du Scooby d'avoir arraché Buffy du Paradis, et l’épisode drôle se termine dans la tristesse. Dans l'ensemble, c'est du bon. Par contre, Spike en costume élégant... euh, non, non, désolé, on y croit pas ! La critique d'Estuaire44 La série exploite ici brillamment un thème fantastique devenu classique, lancé par un épisode culte de la Quatrième Dimension (Cinq personnages en quête d’une sortie), se retrouvant jusque dans la trilogie des Cubes Labyrinthe. Un groupe de personnages amnésiques se retrouvent enfermés dans un lieu étrange, devant pour en sortir résoudre une énigme liée au mystère de leur identité. Une légère impression de déjà vu donc, d’autant que Tous contre buffy charriait déjà des thèmes connus. Mais une nouvelle fois cela fonctionne totalement ,la série jouant pleinement la carte de l’audace et de l’humour. On éprouve un faible particulier envers les deux Anglais se prenant pour père et fils, quand on songe à la saison 2 on a parcouru du chemin. La virtuosité avec laquelle Whedon joue des relations existant entre ses personnages apparaît parfois vertigineuse. Angel la série connaîtra une réussite similaire avec l'épisode La Bouteille Vide. Survient une rupture finalement logique entre Tara et Willow et surtout le départ cette fois définitif de Giles, apportant une importance accrue à cet exercice de style réussi.
9. ÉCARTS DE CONDUITE Scénario : Drew Z. Greenberg Réalisation : Turi Meyer Sonnée que Tara l’ait quittée, Willow plonge toujours plus dans la magie. Réussissant à rendre à Amy Madison sa forme humaine (cf. épisode Intolérance de la saison 3), elle trouve en elle une compagne qui l’entraîne à abuser toujours plus de son pouvoir. Pendant ce temps, Spike découvre qu’il peut frapper Buffy malgré sa puce. Une révélation aux conséquences… explosives ! La critique de Clément Diaz - Hi. How've you been ? I'm curious Maddie... euh pardon, Smashed ne s'intéresse aucunement à une quelconque histoire, mais se centre tout entier sur ses personnages. Une grande audace pour un nouveau-venu du staff d’écriture. Mais Drew Z. Greenberg connaît bien les persos et réussit un excellent développement dramatique, en dépit de quelques longueurs. Une relation plus maternelle se noue entre une Tara à la dérive, et une Dawn toujours aussi... Dawn. Retour inattendu d'Amy, la damoiselle n'a perdu ni son charme, ni ses aptitudes à semer le b ordel. Alors, quand elle croise Willow en pleine spirale de son addiction, les deux belles deviennent de vraies terreurs. Dérangeant de voir la sympathique rousse se transformer en enfant capricieuse qui use et abuse de sa magie rien que pour un plaisir égoïste. Elizabeth Anne Allen et Alyson Hannigan se déchaînent, un plaisir mêlé de malaise. Le Trio, moitié Einstein moitié Max la Menace, persiste vers toujours plus de crétinerie geek : rayon laser glaçant, chantage débile de la figurine de Star Trek…, on est à la fête ! On apprécie aussi la dévastation intérieure de Buffy, complètement sonnée par le départ de son père spirituel. Et c'est à ce moment-là que la série renoue avec un ingrédient plus utilisé depuis la saison 2 : la tension sexuelle dynamite. Malgré les râteaux qu'envoie la Slayer au Spike (enfin, là, c'est carrément tout le stock de jardinage), on sent que la Buff a du mal à contenir le désir qu'elle sent en elle. Spike ne demande pas mieux que de libérer cette force. Le crescendo de suspense monte, monte, et explose dans un pur remake de LA scène de Clair de Lune, avec une bagarre violente et fulgurante comme prélude à un déchaînement d’érotisme exacerbé. Whedon ne tombe pas dans le piège de la copie du Bangel, qui était quand même plus…"soft". Le Spuffy va être un ship certes moins alchimique mais beaucoup plus profond et frénétique que son prédécesseur. Naissance d’un nouveau couple dans Buffy, et pas des moindres, oh non ! La critique d'Estuaire44 Le Trio apparaît de nouveau très en verve, avec un pastiche passablement délirant autour du rayon glacé bien connu des amateurs de Comics de super héros. Mais le meilleur reste Jonathan et Andrew faisant craquer Spike lui-même en 15 secondes, grâce à Doctor Who ! L’un de mes passages les plus drôles de la série autour de l'identité anglaise de William le Sanguinaire. Greenberg convent idéalement au Trio, même si l'on peut s'étonner de découvrir un Spike aussi amateur de Star Trek ! Dommage que le Trio n’ait pas viré de bord, on aurait bien aimé une série dérivée avec ces trois débiles en justiciers minables mais géniaux, mais minables. Chuck est tellement sans saveur à côté. Amy effectue son retour sans doute au pire moment pour Willow. Elizabeth Anne Allen se montre toujours parfaite. Le parallèle addiction à la magie/drogue est souvent critiqué pour sa lourdeur, mais l’étude des différents ressorts la provoquant est bien décrite (pour mémoire Amy et Warren sont destinés à former un couple très spécial dans la saison 8 Comics). L'épisode se voit en partie gâché par le ridicule de Spike et Buffy démolissant toute une maison par la violence de leurs émois. Outre son caractère outré, le passage restreint la relation avec Spike à une attraction avant tout et explicitement sexuelle, loin de la fusion romantique avec Angel.
Scénario : Marti Noxon Réalisation : David Solomon Malgré son dégoût et sa honte, Buffy s’enferme dans une relation toxique avec Spike. Toujours plus accro à la magie, Willow va même voir un sorcier pour recevoir régulièrement de fortes doses de magie. Complètement droguée, elle est à deux doigts de commettre l’irréparable… La critique de Clément Diaz - The magic wasn't all great. I won't miss the nosebleeds and the headaches and stuff. On a reproché à Marti Noxon de ne pas y être allée de main morte avec une lourde métaphore magie = drogue ; tout y est, y compris l’état de manque final. Cependant, ce parallèle renforce le drame de Willow. C’est davantage un premier acte sans action qui dérange. C’est plus pour la métamorphose terrifiante de la jolie rousse que pour le sous-texte transparent que l’épisode intéresse. Fascination de la magie noire, trip délirant devant une Dawn effrayée (nous de même), réveil brutal de l’accident, aveu d’impuissance qui s’achève en une déchirante aria où elle crie à l’aide devant une Slayer dure mais aimante : la progression est prévisible, mais la monumentale performance d’Alyson Hannigan rachète entièrement cette voie. Sinon, Dawn qui lâche le sous-entendu sexuel le plus énorme de la série… Houla, quelle surprise ! Spuffy en pleine confusion. Comment résister aux regards ras-la-honte de Sarah Michelle Gellar, dans un rôle très Cathy Gale, ou à la cour effrénée pas génialement poétique de son soupirant ? Leurs disputes sont presque aussi dévastatrices que David et Maddie de Moonlighting (manque plus que les tirades simultanées), et franchement, quel contraste avec l’amuuuur impossible du joyeux privé de L.A. Là, on retrouve les bons vieux couples qui se battent entre deux étreintes. La question se pose pour ce couple : est-ce une immonde parodie du Bangel, la relation « pure », ou un amour qui ne connaît que le sexe et la colère comme expressions, mais amour quand même ? La fin de la saison 7 fera évoluer cette relation à un plus haut degré. De nos jours, les fans n’ont toujours pas résolu le mystère du One True Love de Buffy, malgré un clair avantage Bangel. La critique d'Estuaire44 Will touche le fond... Un épisode fort et réaliste à travers le miroir du Fantastique, un peu gâché par quelques éléments (Dawn et sa 53ème galère, ressort trop usé, le démon grotesque, le dealer caricatural) mais contenant un moment absolument terrible : Willow suppliant Buffy de lui pardonner et celle-ci continuant de s’éloigner pendant une seconde. Très éprouvant aussi pour le spectateur ! L’amitié entre les deux filles (soit l’un des axes fondateurs de la série) semble s‘effilocher, voire commencer à vaciller. Pendant ce temps Buffy continue à rechercher chez Spike la vitalité qui lui manque depuis sa résurrection, que cela soit par les prises de bec ou... autrement. Cela présente un côté profondément triste, voire pathétique. La Tueuse s'abîme dans cette parodie de ce qu'elle a connu jadis, avec ce vampire chez qui une puce électronique tient lieu d'âme. Cela va mal, plus profondément que lors de la mini crise de la saison 4. Dès que le Trio n’est plus là, la saison 6 est vraiment Dark de chez Dark père et fils !
Scénario : David Fury Réalisation : David Fury Buffy n’arrive pas à convaincre Doris, une assistante sociale, qu’elle est apte à s’occuper de Dawn, qui va devoir désormais vivre avec son père. Dans le même temps, le Trio a inventé une arme projetant des rayons qui rendent invisible. Buffy est accidentellement touchée par l’arme… et devient invisible ! Mais il se trouve que l’arme n’est pas tout à fait au point et qu’elle a un effet secondaire mortel… La critique de Clément Diaz
- You guys are so immature, we're villains ! […] En plus de marquer la première incursion (réussie) du scénariste David Fury derrière la caméra, ce loner est une perle comique à consommer à un intégral premier degré. Le thème de l’invisibilité ne devient pas une parabole comme Out of sight, out of mind, mais est utilisé pour passer un petit moment agréable sans prétention. C’est cette modestie qui fait le succès de cet épisode mineur, qui court à un bon rythme. Le Trio est plus génial et crétin que jamais, entre multi-références geeks, gaffes à la pelle, et esprit d’équipe entièrement absent - le final dans les jeux d’arcade est assez énorme. On retient en particulier les deux scènes Buffy-Doris, l’assistante sociale : la première où Doris croit avoir affaire à une cinglée homosexuelle shootée aux fréquentations douteuses, et la seconde où Buffy invisible se venge en la rendant zinzin. Les farces de Buffy sont irrésistibles, et on sent que la Tueuse profite à fond de sa parenthèse de liberté pour s’amuser, elle qui a été plutôt sous pression ces derniers temps. Xander dérangeant Spike en pleine partie de jambes en l’air est pas mal non plus. La révélation centrale des effets secondaires apporte une dramatisation bienvenue, tout comme la trahison de Warren, bien plus sombre que ses acolytes. Le Trio commence à avoir quelques touches qui le rendent moins lisse qu’il n’y paraît. Pendant ce temps, Willow triomphe avec succès de sa première journée sans magie, on veut croire qu’elle commence à retrouver la forme. Premier épisode sans Tara depuis longtemps, Bouhouhou, on attend impatiemment qu’elle revienne bientôt dans les bras de notre rousse chérie. La critique d'Estuaire44 L'épisode propose une nouvelle relecture d'un classique du Fantastique, l'invisibilité, via les expérimentations du Trio, mais le thème a déjà été traité en saison 1. Buffy qui s'émancipe de ses soucis est une bonne idée mais on préfère le portrait psychologique de la fille ignorée dans Portée disparue. Il se confirma que Spike n'est essentiellement pour Buffy qu'un simple dérivatif sexuel à son mal être et à l'accumulation des soucis de toutes sortes, ce qui constitue à la fois l'intérêt et la limite de cette relation. On assiste enfin à la première confrontation directe entre Buffy et les trois affreux gamins, très amusante. Warren commence toutefois à bifurquer vers des territoires plus obscurs. Sarah Michelle Gellar décide de changer la coupe de cheveux de Buffy, le résultat en est une insoutenable abomination. Un épisode utile au développement de la saison.
12. FAST-FOOD Scénario : Jane Espenson Réalisation : Nick Marck Buffy décroche un job de caissière au Doublemeat palace, une chaîne de fast-food. Elle soupçonne que quelque chose de pas clair se déroule au sein des locaux. Pendant ce temps, Anya reçoit la visite d’une ancienne collègue démone : Halifrek, qui lui dit de se méfier de Xander… La critique de Clément Diaz It's not beef, it's people ! The Doublemeat Medley is people ! The, the meat layer is definitely people, It's people ! It's people ! Probably not the chickeny part. But who knows ? Who... knows ? Cet épisode prend un pari audacieux : celui de nous faire ressentir l’ennui que cause un « petit boulot », celui qu’on prend sans plaisir, chronophage, fatiguant, pour des raisons uniquement pécuniaires - un sujet ô combien actuel ! Mais le scénario de Jane Espenson ne fonctionne pas car on se demande où est l’intérêt de suivre le travail d’une serveuse dans une série Fantastique. La satire attendue de la « restauration rapide » n’a de plus pas lieu. On se demande pourquoi les restaurateurs de fast-food se sont sentis visés car leur industrie est à peine égratignée. Le ton documentaire adopté ne sied pas du tout. La scénariste tente de meubler avec une Buffy méconnaissable dans son costume de travail, une galerie d’apathiques assez croquante, ou bien le clip initial de l’entreprise, aussi hilarant que vomitif ; le whodunit est une jolie surprise, la référence à Soleil Vert fonctionne. Mais ces bribes sont noyées dans une enquête vaine, au ralenti. Le duel final franchit plusieurs bornes dans le ridicule, raccord maladroit pour donner quand même à l’épisode un peu de Fantastique. Lent, poussif, atone… les qualificatifs de ce genre ne manquent pas pour décrire la torpeur assurée devant un tel épisode. Les auteurs ne savent pas quoi faire d’Amy. Elle devient donc une figure de tentatrice outrancière. Willow, tout à son chemin de rédemption, parvient à éviter la rechute, mais bon sang, aucun suspense, aucun drame, et une rupture prévisible. La visite d’Halifrek ne débouche sur rien. Le navet de la saison. La critique d'Estuaire44 L'épisode hésite entre plusieurs voies différentes (Gore à la Tales from the Crypt, pure comédie, légère satire sociale anti fast food, whodunnit) et se mélange les pinceaux sans jamais parvenir à choisir. Du coup, aucun de ces aspects n'est pleinement convaincant ni développé. On pourrait imaginer aisément nettement plus gore et sanguinolent (c'est gentillet, là), plus acide dans la satire, une intrigue plus subtile? etc. Le démon reste lui assez réussi à mon sens. Une responsabilité de plus à gérer pour Buffy, qui doit bien regretter le lycée. A cette histoire assez bancale on peut largement préférer l'épisode équivalent des X-Files, Hungry, qui lui dépote sévère avec Kim Manners et Vince Gilligan aux manettes et chosit astucieusement de raconter l'histoire vue par les yeux du monstre.
13. ESCLAVE DES SENS Scénario : Steven S. DeKnight Réalisation : James A. Contner La dernière invention du Trio permet de soumettre les filles à leurs moindres désirs, y compris les moins avouables. Warren séduit ainsi Katerina, son ex, mais tout ne se passe pas comme prévu… Buffy, errant dans les bas-fonds de son esprit, est tout à fait désarmée quand elle croit avoir tué un être humain innocent… La critique de Clément Diaz
- This place is okay for a hole in the ground. You fixed it up. Foudroyante bascule qu’est Dead things, le tournant de la saison qui abandonne sa part d’humour vers plus de noirceur. Symboliquement, le Trio met mal à l’aise dès le départ : même s’ils paraissent toujours aussi cons et pathétiques, leur plan pour asservir les femmes rend mal à l’aise. C’est le comble quand Warren franchit le rideau sanglant du meurtre, et entraîne les deux idiots avec lui. Cette progression du comique initial (le repérage débile dans le bar) au sang versé, choque profondément. Terrible hasard, le Trio charge Buffy du crime au moment où elle est en pleine crise psychologique. La relation entre Spike et Buffy ne cesse de se sophistiquer, de marcher pleinement sur la frontière de l’ambiguïté (le Bangel, bien que plus émouvant, est tout de même simpliste à côté), car la Tueuse ne sait plus à quel sentiment se vouer. Attirée malgré elle par les ténèbres, terrifiée à l’idée d’être réellement amoureuse de Spike, qu’elle ne soit pas que son dérivatif sexuel qui lui donne l’illusion de vivre, Buffy n’est plus que l’ombre d’elle-même. La réalisation de James A. Contner est une merveille de jeu d’ombres/lumières. La scène où Buffy se laisse enlacer par Spike pendant qu’elle regarde ses amis de loin, ou bien la bagarre étourdissante dans l’allée, sont de grands moments de noir absolu. La réplique qui tue est pour William the Bloody : You always hurt the ones you love, pet. Plus Shakespearien que jamais, Spike, joué par un James Marsters absolument fantastique, est bien le personnage le plus fascinant de la série, qui brouille la frontière bien/mal jusqu’à la faire disparaître. Le processus de culpabilité de la Slayer, fortement écrit, ne contribue pas à rendre tout ça bien rieur. On finit sur une Buffy clairement au bout du rouleau, pleurant dans les bras de la compatissante mais impuissante Tara. Seul bémol, Dawn (ah bon ?) qui se met en colère contre sa sœur parce qu’elle est trop absente ; un brin mélo, mais on passe. Un épisode sombre, sombre, sombre, à l’intensité omniprésente. Il est aisé de comprendre qu’il soit l’épisode préféré de Steven S. DeKnight, le scénariste, qui signe ici un nouvel opus ténébreux. La lumière semble s’être définitivement envolée, et on ne va pas s’arrêter en si bon chemin. Bienvenue en enfer. La critique d'Estuaire44 L'épisode a le mérite de faire évoluer le décor général de la saison mais c'est en faisant basculer le Trio dans l'ombre et le sordide. On ne s'amusera plus jamais avec lui comme avant et c'est bien dommage. Même le dérivatif que Buffy tire de Spike en jouet sexuel se nuance maintenant de honte et de dégoût. La saison devient vraiment sombre, c'est très dur, presque trop vis à vis de la tonalité générale de la série. Le pire est que Buffy se confie sur Spike à Tara et non à Willow, ce qui en dit long sur leur éloignement. Objectivement l'épisode est très réussi, mais attention à la surdose de sinistrose.
14. SANS ISSUE Scénario : Drew Z. Greenberg Réalisation : Michael Gershman Un soir, tout le Scooby-Gang est emprisonné dans la maison de Buffy : impossible pour quiconque de s’en aller ! Leur cohabitation prolongée ouvre petit à petit des failles entre les personnages… Pendant ce temps, un démon passe-muraille les agresse sporadiquement… La critique de Clément Diaz - Ah, you have some weird friends. Once more with feeling, par son faste, a fait exploser le budget de la saison. Il est donc logique que Whedon, pour amortir un peu les coûts, ait dû commander un bottle épisode : peu de décors, peu de personnages, action unique. Cela vaut toujours mieux qu’un clip-show sans âme. L’épisode marche à l’économie. Il s'appuie sur un thème très intéressant : le huis-clos : enfermés pour une raison X ou Y, les protagonistes sont forcés de rester ensemble, et il n'en sort pas que du bien. L'épisode s'inspire ouvertement de l'Ange exterminateur (1962) mais Drew Greenberg n'atteint pas la pure férocité de Luis Buñuel et Luis Alcoriza, et n'ose pas aller trop dans la noirceur. Un autre point faible est que l'épisode est centré pas mal sur Dawn la râleuse, ce qui en limite l'intérêt. Vous avez remarqué, mais depuis le début de la saison, c'est toujours Dawnie qui fait des bêtises. Et le démon qui passe et repasse est un prétexte qui écorne l'effet du huis clos. Bon, ceci dit, l'épisode est quand même bien dialogué. Les piques de Tara à propos du "muscle" du Spike sont comiques, voir Xander jouer au poker avec Spike et Clem, on est en plein dans les Outer limits. Mais ce sont surtout les dissensions du Scooby qui font le prix de l'épisode. Emma Caulfield livre une grande performance en Anya claustrophobe paranoïaque qui s'en prend sévèrement à Willow. Tara protégeant Willow, mais refusant encore de lui pardonner, c'est émouvant. La terreur de Willow de replonger dans sa spirale est poignante. La jalousie de Spike qui voit une Buffy se supportant de moins en moins lui échapper, préfigure leur rupture prochaine. La peine d'Anya d'être "trahie" par Dawn humanise le personnage, tandis qu'Halifrek est véritablement cruelle. Dommage que la pirouette finale la fasse passer pour une bouffonne. Un bon huis-clos, qui aurait gagné à être plus sombre. La critique d'Estuaire44 Après l'épisode d'Halloween moins bon que de coutume cette saison,, il en va de même pour l'anniversaire de Buffy. Cela tourne à la catastrophe comme de coutume, mais l'histoire manque d'humour et de fantaisie pour bien fonctionner. Une fois enfermés, on ne sait plus trop quoi faire des personnages et l'introduction du démon chargé de remplir ne fait pas illusion là-dessus. Les gamineries de Dawn on n'en peut plus, quel boulet. Sa kleptomanie maladive constitue le détail de trop, la saison pousse trop les choses au pire tout le temps, cela finit par tourner au procédé systématique, donc passablement artificiel. On apprécie toutefois que Tara ait cette fois davantage à accomplir et pas seulement en relation avec Willow. Cette fois la Tueuse jette l'éponge : il n'y aura pas d'anniversaire en dernière saison !
15. LA ROUE TOURNE Scénario : Douglas Petrie Réalisation : Douglas Petrie Riley Finn revient à Sunnydale. Surprise, il est accompagné de Samantha, sa femme ! Il est venu demander l’aide de son ex : un démon qu’ils traquent depuis des jours s’est réfugié à Sunnydale. Ils doivent le retrouver, ainsi que l’endroit où un trafiquant nommé « le Docteur » cache les œufs du démon… En parlant avec Riley, Buffy prend conscience de la nocivité de sa relation avec Spike… La critique de Clément Diaz I hate my uncle. I hate my whole family. That's why I'm marrying you : to start a new family, have children, make them hate us, then, when they get married, sleep on their couch. It's the circle of life. As you were marque le retour du sympathique Riley (que l’auteur de ces lignes continuera toujours à défendre envers et contre tous, etc.). Petrie commence fort par une hilarante introduction où un vampire refuse d'attaquer la Slayer parce qu'elle bouffe des cochonneries !! Un vampire qui fait gaffe à son cholestérol ? Euh, au secours... Malheureusement, Petrie d'habitude très doué, se casse les dents sur une des plus stupides intrigues de la série avec une chasse au démon dénuée de rythme, d'adrénaline, de suspense, etc. Sa réalisation est d'ailleurs assez passable. La ravissante Ivana Milicevic n’a rien à faire dans un rôle sans intérêt. Elle joue la femme de Riley, et... ? A part dire admirer la Tueuse ou parler boutique avec Xander, elle est surtout là pour prendre la pose. Manque fort de chaleur dans les scènes Riley-Buffy, un peu trop froids. Dialogues également assez faibles, mis à part Anya et Xander en plein stress alors que la cérémonie arrive à grands pas. Bref, rien ne marche pendant une demi-heure, puis dès que Riley fait irruption chez Spike, là, ça devient un peu plus festif. Explications de texte des deux côtés, Slayer toute honteuse, belle scène d'adieux entre Buffy et son ex. Riley devient la catharsis qui permet à Buffy de prendre enfin le courage de rompre avec Spike. On remarquera que Buffy prend tous les torts sur elle, une belle leçon de psychologie : même les héroïnes ne sont pas irréprochables. Mais elle commet l’erreur de sous-estimer les sentiments du vampire punk, qui n’a jamais fait dans la demi-mesure dans le sentiment (qu’on se rappelle Drusilla). Ainsi finit le Spuffy première mode, dans un calme surprenant - bon, ça va pas durer, rassurez-vous. On note l'affectueux "William" de la part de l'héroïne, preuve de sa volonté à traiter Spike en être humain. Un peu de chaleur dans cette scène difficile. Episode médiocre, bonne fin. La critique d'Estuaire44 Quelque part dans le vaste multivers doivent encore exister des fans de Riley, donc qu'on les rassure sur le devenir du héros américain, pourquoi pas ?. Pour les autres (97% de l'audience) tout ceci ne présente qu'un intérêt anecdotique mais il faut reconnaître que l'épisode se construit efficacement, sans temps mort et avec un monstre qui percute. De plus les dialogues entre Riley et Buffy sonnent assez justes, soyons honnêtes. On aime bien l'idée que Spike soit encore une canaille, ça fait du bien à l'âme. La pseudo Lara Croft est tellement pathétique et les deux font tellement GI Joe/Barbie que l'on ne peut que croire à du second degré bien ironique. Un épisode pas déplaisant dans l'ensemble, avec une remarquable scène de rupture entre Buffy et « William », la plus notable en date de leur relation, finalement. Le retour de Willow apparaît également réussi.
16. LA CORDE AU COU Scénario : Rebecca Rand Kirshner Réalisation : David Solomon Le jour du mariage d’Anya et Xander est arrivé. Le Scooby-Gang, les amis démons d’Anya, et la famille de Xander sont présents. Un vieil homme s’approche de Xander : c’est le Xander du futur ! Il a voyagé dans le temps pour prévenir le Xander jeune qu’il ne doit pas épouser Anya : il lui montre une boule de cristal dans lequel ce dernier peut voir son désastreux avenir… La critique de Clément Diaz - I, Anya, promise to cherish you... Ew, no, not cherish. Uh, I promise to have sex with you whenever... *I* want, and, uh, uh, pledge to be your friend, your wife, and your confidant, and your sex poodle... La descente de la saison vers plus en plus de noirceur se confirme avec Hell’s bells. Après Buffy ténébreuse, Willow addict et sa rupture avec Tara, Dawn frustrée de sa solitude, le départ de Giles, la fin du Spuffy, la série s’attaque au dernier bastion de bonheur des personnages : la relation si attachante entre Anya et Alex. On ne s’attendait pas à une telle cruauté de la part de Whedon, mais elle est justifiée vu le parcours de plus en plus chaotique des personnages. Cet épisode a beaucoup contribué à baisser la “côte d'amour” de Xander auprès du public. C'est oublier que dans sa situation, sa décision terrible est tristement logique : il est très très jeune (20 ans), a vu toutes les relations amoureuses de ses amis foirer, va épouser, lui, un humain, une ex-démone, et il a cette grande haine de lui-même, de ne pas être à la hauteur (The Zeppo, Restless). Avec tout cela, difficile de ne pas flancher. Malheureusement, le McGuffin de la rupture n'apparaît pas convaincant, bien trop exogène, et survenant lors d'un twist final discutable. Malgré tout, les acteurs sont au top, en particulier dans la douloureuse scène de séparation où Nicholas Brendon et Emma Caulfield arracheraient des larmes à une pierre. Les séries ont fréquenté ce genre d’histoire d'abandon devant l’autel - How I met your mother le fit récemment en saison 4 avec la rupture Ted-Stella - mais pas avec autant de réussite que pour cet épisode. Par ailleurs, on remarquera que les robes des demoiselles d’honneur ressemblent beaucoup à celle portée par Ally McBeal dans l’épisode Car Wash (début de la saison 3), où l’avocate allumée fera capoter à elle toute seule le mariage de sa cliente. Conseil aux futurs mariés : n’habillez jamais vos témoins de cette façon… Durant tout l’épisode, numéros sur numéros : allégresse impatiente et répliques hilarantes d’Anya, gène et doute chez Xander, autodérision de Willow et Buffy, Spike tentant de rendre jalouse Buffy. Sans oublier le joyeux choc des cultures entre les démons et la famille Harris (mention au père, un trouble-fête de catégorie ultime). Un épisode échouant sur le fond, mais réussissant sur la forme. Le cliffhanger est à faire couler des sueurs froides ; l’Anya, elle rigole plus… La critique d'Estuaire44 L’épisode réussit parfaitement le mélange entre émotion et humour, avec pas mal de scènes étonnamment drôles autour du drame central (mention spéciale à Spike qui se la joue une de perdue dix de retrouvée avec sa nouvelle copine). Dans un premier temps on croit vrait se trouver face à un Alex revenu du Futur, son récit ayant quelque chose de crédible. Mais à ce niveau de la saison on est blasé, la rupture avec Anya c’est un malheur de plus sur une très longue liste, on sature quelque peu. L’effet d’accumulation n’est pas assez bien dosé tout au long de la saison. Elle en paie ici le prix alors que l’épisode en soit reste très réussi. Sinon elles ne sont pas si effroyables que cela, les robes des demoiselles d’honneur, très à la Cthulhu. La famille d'Alex, enfin révélée, s'avère à la hauteur de sa légende.
17. À LA DERIVE Scénario : Diego Gutierrez Réalisation : Rick Rosenthal Buffy Anne Summers n’est pas une Tueuse de vampires. Il s’agit d’une pauvre jeune fille frappée de folie depuis l’adolescence : ses aventures à Sunnydale ne sont en fait qu’une émanation de son cerveau malade !!! Son médecin à l’asile où elle est internée déclare à Hank et Joyce que le seul moyen pour Buffy de guérir est de tuer tous ses amis imaginaires, seuls liens qui l’attachent à son monde fantaisiste. Quelle est la vraie réalité ? Celle de Sunnydale ou bien celle de l’asile ?… La critique de Clément Diaz
In her mind, she's the central figure in a fantastic world beyond imagination. She's surrounded herself with friends, most with their own superpowers. Together they face grand, overblown conflicts against an assortment of monsters, both imaginary and rooted in actual myth. Le cinquième épisode « mythique » de la série a été écrit par l’assistant personnel de Joss Whedon. Méta-récit postmoderne, Normal again est l’épisode le plus choquant de la série, encore aujourd’hui source de débats enflammés. Il brise un tabou suprême de la fiction : la fausseté de la création artistique. Une création, née d’un auteur, est par nature une fiction. Le public passe un contrat avec le créateur en plongeant dans un univers plus ou moins connecté au réel, et en le prenant pour la réalité durant l’immersion dans la création. Ici, toute la Mythologie de la série est remise en question, et le spectateur ne peut plus s’immerger dans cet univers familier qui ne lui paraît plus crédible. Cet épisode méga traumatisant poursuit donc le crescendo de noirceur de la saison puisque cette fois la victime, c'est... le public ! Le postulat de Diego Guttierez est sidérant : tout ce qu'on a vu depuis le pilote (et même l'inénarrable film de 1992), c'est du vent. Au départ, on y croit pas, vu que les visions de l'asile sont déclenchées par la piqûre du démon. Mais plus l'épisode avance, plus nos repères se détruisent. L'on voit tout d'un autre œil : l'arrivée de Dawn, la seconde mort de Buffy, s'expliquent médicalement. Le délire monumental du monde dans lequel vit Buffy, forcément, ça ne peut être le fruit que d'un malade mental. La course effrénée de la saison vers la noirceur, où tout le Scooby perd pied, forcément, c'est Buffy qui commence à retrouver sa tête. Les explications du médecin sont convaincantes et effrayantes. Peu à peu, on ne sait plus à quelle réalité se vouer, d'autant que le Trio reste volontairement flou sur l'effet du poison du démon. Buffy en cinglée est une vision d'horreur pure, et pour une fois, on est pas du tout ravi de voir Joyce (et Hank !) qui veulent arracher Buffy à l'univers que nous, fans, aimons regarder. Le Scooby a beau faire front autour de Buffy, ou Spike demeurer tristement pertinent sur le sadomasochisme de la Slayer, "accro au malheur", le spectateur lui aussi est acculé à une terrible vérité. Et lorsque Buffy tente de tuer ses amis, ça devient cataclysmique. Le happy end est totalement anéanti par un dernier plan dans l'asile qui semble nous dire : il n'y a qu'une seule réalité, et ce n'est pas celle que vous voulez... Cette hypothèse insoutenable n’est heureusement pas la seule en piste, même si c’est clairement le point de vue affiché par l’épisode, dont la raison d’être est de nous choquer. La possibilité la plus crédible reste la présence de deux univers parallèles - un thème existant dans la série - et que le poison du démon ne soit qu'un "révélateur" des deux réalités (Lost, déjà...). N'empêche que la fin pue le soufre. L'épisode s'interroge aussi sur notre rapport à l'imaginaire, et notre capacité à s'y perdre lorsqu'on veut vivre un réel trop douloureux. Ainsi, le cas où le Buffyverse ne soit qu'une illusion, alors qu'on a envie que cette illusion soit la vraie, rappelle cette vieille maxime des artistes pour qui la Vérité ne siège dans l'Imaginaire. On est alors pas loin d'un fameux épisode de La Quatrième Dimension – auquel le présent épisode aurait pu constituer un parfait opus – nommé La rivière du hibou, au thème similaire. Un des épisodes les plus transgressifs de l'histoire des séries télé, un choc énorme. La critique d'Estuaire44 When Worlds collide. Buffy contre les Vampires croise ici la Twilight Zone, et ses changements de perspective parfois vertigineux sur la notion de réalité consensuelle. On songe pas mal à la bascule de A Stop at Willoughby. Ce qui demeurera sans doute l’arme la plus vicieuse du Trio conduit à un dilemme parfaitement orchestré par Joss Whedon. On avouera préférer le résoudre en posant qu’il existe deux réalités concomitantes et non une excluant l'autre. Quelque part dans le multivers une jeune femme schizophrène s’imagine un monde fantasmagorique mais ce monde est tout à fait réel ailleurs. Le démon du Trio ouvre une connexion entre les deux mondes, mais sans que la réalité de l’un s’impose à l’autre, on a une juxtaposition temporaire. Sinon, si la jeune femme « Buffy », est emmurée hors du réel, comment fait-elle pour imaginer toutes les références culturelles dont se gavent les membres du Trio ? Accessoirement, comment s'imaginer volontairement une sœur comme Dawn ? Personne ne s'infligerait une telle souffrance morale. Un épisode virtuose et audacieux, comptant parmi les plus effrayants de la série, avec l’émotion supplémentaire de retrouver Joyce.
Scénario : Drew Z. Greenberg Réalisation : James A. Contner Anya, redevenue démone, veut se venger de Xander après qu’il l’ait abandonnée devant l’autel. Ne pouvant faire justice elle-même, elle tend un piège au Scooby-Gang pour qu’au moins l’un d’entre eux fasse le souhait qu’il arrive quelque chose à Xander. Elle pourrait alors exaucer ce souhait littéralement… La critique de Clément Diaz
There's just so much to work through. Trust has to be built again on both sides. You have to learn if - if we're even the same people we were. If you can fit in each others lives. It's a long and important process, and can we just skip it ? C-Can you just be kissing me now ? La course à l’abîme vers les ténèbres continue. Nouvelle surprise : passée l'introduction déphasée, on assiste à une évacuation complète du Fantastique - mis à part le fugitif changement de visage d'Anya. Au menu, les persos, les persos, et les persos. La réussite de Drew Greenberg est la preuve indiscutable que le Fantastique, pour aussi présent qu'il soit, est secondaire en regard de la virtuosité incomparable dont font preuve les auteurs pour écrire la psychologie de nos héros. Voir Xander picoler lamentablement est une image dure, et on passe au niveau supérieur quand il retrouve Anya pour une douloureuse confrontation. Centré sur Anya, l'épisode distille un suspense terrible, où le sort de Xander ne tient qu'à une petite phrase que chacun des membres du Scooby peut dire à tout moment - remarquable idée de scénariste qu'un démon ne peut se faire justice tout seul. On a surtout peur quand Anya questionne Dawn Lagaffe... Touchant de voir le Scooby rester pur dans ses sentiments, et ne souhaiter aucun mal à Xander. Tour à tour amoureuse désespérée, sanguinaire vengeresse... et gagwoman, Emma Caulfield se surpasse une nouvelle fois. Sa scène de beuverie instaure un double suspense très vif, couronné par un dénouement très cynique : Anya obtient vengeance par un moyen dépourvu de tout Fantastique, et blesse cruellement Xander. Comme si ça ne suffisait pas, Xander apprend l'existence de la relation Spike-Buffy. Là, c'est bon, on a touché le fond : tout le monde est au fond du gouffre... sauf Tara et Willow qui se réconcilient, belle image de fin réconfortante. Ouf, parce que qu'est-ce que c'est noir ! La critique d'Estuaire44 L'épisode se contente de poursuivre un rien mécaniquement les histoires en cours, sans apporter grand chose de neuf. La bombe de la caméra du Trio exacerbe les sentiments des uns et des autres, genre vaudeville, mais n'apporte rien de fondamentalement nouveau en soi. Quelques bons gags comme la gnôle de Giles en guise d'élixir magique, mais l'épisode manque un peu de consistance en ne jouant quasiment que la seule carte du relationnel, déjà beaucoup pratiquée cette saison. On retient par contre la réconciliation très touchante entre Tara et Will, un vrai rayon de soleil dans la noirceur ambiante.
19. ROUGE PASSION Scénario : Steven S. DeKnight Réalisation : Michael Gershman Le Trio trouve dans une caverne les orbes de Nezzia’Khan, qui rendent invincibles leur détenteur. Warren a l’intention de les utiliser pour combattre et tuer Buffy à coup sûr. Spike, tourmenté par son amour envers Buffy, franchit la ligne jaune. Alors qu’elle se réconciliait avec Willow, une catastrophe irréversible foudroie Tara…… La critique de Clément Diaz
- It's not written in any ancient language we could identify. Il ne semble pas y avoir de limite à l’escalier infernal des personnages, et Seeing red martyrise tout le Scooby jusqu’à l’insoutenable. Le scénario démoniaque de Steven S. DeKnight, qui accomplit ici son opus le plus mémorable, dose à la perfection ses effets, de l’idyllique scène d’amour initiale au bain de sang final. Un contraste cru sépare les heureuses scènes de Willow et Tara, douillettement bien au chaud, du chaos extérieur. Le Trio s’impose comme un Big Bad curieux : pathétiques, minables, méprisables, ils sèment la désolation sans vraiment s’en rendre compte. Jonathan reste le plus humain des trois (il sauve Buffy en lui disant le secret de Warren), et Andrew est davantage un couard ; son « décollage raté » m’a personnellement donné un fou rire énorme pendant une minute, Beep-beep et Coyote n’auraient pas fait mieux. A l’opposé, il n’existe aucune rédemption pour Warren, mené par un Adam Busch toujours plus flamboyant dans la noirceur. Son égoïsme et son ivresse démente de puissance, que ce soit dans la scène du bar ou dans le duel épique – mâtinée de délicieuses répliques volontairement nanardes - contre la Slayer sont effrayants. Xander est complètement lessivé, tous les événements l’ont achevé. Spike atteint le paroxysme de la souffrance quand dans un coup de folie, il tente de violer Buffy. La scène est très forte, dérangeante dans la mesure où Spike dans son rôle de bourreau est aussi victime que Buffy, luttant désespérément contre ses pulsions destructrices. C’est une des scènes les plus intenses de toute la série. Voir Buffy l’icône féministe, agressée sexuellement, et Spike complètement détruit par ses sentiments est horrifiant. L’on comprend que James Marsters eut beaucoup de mal à tourner cette scène dérangeante. Anya continue de nourrir ses regrets et ses rancoeurs, quelle ambiance ! L’enquête avance efficacement, pas de temps mort. Et puis vient ce final d’une brutalité phénoménale. Alors que Xander et Buffy, et Tara et Willow se réconfortent l’un l’autre, Warren explose le happy end. Les foudres du ciel s’abattent sur Tara, qui nous quitte sans qu’on l’ait vu venir une seconde. L’effet Psychose fonctionne à la perfection : qui pouvait imaginer qu’au moment où Amber Benson était enfin créditée au générique que son personnage mourrait ? Tara faisait partie du Scooby, si vraiment on avait imaginé sa mort, on aurait pensé à un départ en fanfare... bin non, une stupide balle perdue. C'est vraiment boire le calice jusqu'à la lie... ainsi qu'un génial détournement des codes de la série où le quotidien trivial peut faire plus mal que la magie elle-même. Willow hurle vengeance, ça fait peur. Viol et violence, cet épisode est un des plus dévastateurs de la série, ouvrant un arc final de trois épisodes, marche symphonique vers un cataclysme dantesque. La critique d'Estuaire44 L'Heure Zéro pour Tara mais aussi pour l'ensemble d'une saison qui touche ici au port de sa descente dans les ténèbres et la déchéance. La mort de Tara frappe bien entendu par son imprévisibilité révoltante, mais aussi son absurde total, alors qu'elle n'était même pas visée. Whedon a l'habilité de tourner la scène sans effets particuliers, dans sa brutale immédiateté, ce qui la rend encore plus forte et crédible. Il en va aussi de même pour la tentative de viol, elle aussi filmée avec un réalisme crû bien plus dérangeant que les pires monstres de la série. Très grande interprétation, encore une fois. Mais la chute atteint aussi Warren, qui s'était rêvé en génie du mal de Comics avec ses copains et qui se retrouve en vulgaire assassin, brutal et maladroit. D'une manière un peu transverse, on se sent aussi triste pour lui. Quel gâchis. On se réjouit par contre pour sursaut de Jonathan, qui est définitivement plus quelqu'un qui se cherche une vie qu'un vrai méchant. Andrew est lui complètement déconnecté du réel, comme un autiste léger. Spike quitte Sunnydale sur sa moto de biker démoniaque. Il ne sera pas là pour le grand final, ne revenant que quand il s'estimera digne de Buffy. Celui-ci se révèlera tout à fait spectaculaire mais finalement moins fort et touchant que les moments simplement humains ponctuant ce très grand épisode.
20. LES FOUDRES DE LA VENGEANCE Scénario : Marti Noxon Réalisation : David Solomon L'assassinat de Tara fait basculer Willow dans une rage folle. Elle s’abreuve de magie noire et traque sans relâche Warren dans toute la ville pour lui faire payer son crime. Le Scooby-Gang tente vainement de la raisonner… La critique de Clément Diaz
- Wanna know what a bullet feels like, Warren ? A real one ? It's not like in the comics. […] The pain will be unbearable, but you won't be able to move... A bullet usually travels faster than this, of course. But the dying ? It seems like it takes forever. Something, isn't it ? One tiny piece of metal destroys everything. It ripped her insides out... It took her light away. From me. From the world... And now the one person who should be here is gone - and a waste like you gets to live. A tiny piece of metal. Can you feel it now ? Fureur, sang, vengeance, meurtre, destruction… Villains ne lésine pas sur la violence qui colore cette fin de saison au fer rouge. La métamorphose de Willow est aussi soudaine que ravageuse, avec une interprétation d’une férocité absolue d’Alyson Hannigan, totalement méconnaissable. Elle devient le personnage central et engloutit tout sur son passage : scène où elle laisse la magie noire la consumer, prise de contrôle de la voiture, serment de vengeance mortelle, poursuite implacable dans les bois, jusqu’à l’horrible climax que représente la torture et l’exécution de Warren. Les dialogues de Marti Noxon sont aussi tranchants que la balle fatale, et on sent le triomphe des ténèbres à chaque image. Cette croisade sanglante prend aux tripes. La réalisation de David Solomon ne nous épargne rien, tout est là pour secouer le spectateur, qui ne sait plus comment réagir en voyant cette métamorphose d’une héroïne douce et fidèle en une machine de destruction massive. L’amour, sentiment le plus puissant qui existe en chaque être humain, est capable de toutes les folies. Dark Willow en est la preuve vivante. Son nihilisme, sa plongée pleine et entière dans la colère est à glacer le sang, métaphore évidente des tragédies humaines ayant pour motif ce noble sentiment. Par opposition, Buffy - qui semble plus mature, plus adulte physiquement - rayonne de sa pureté lumineuse qui la pousse à ne pas se mêler des affaires des hommes, et à s’en remettre à leur justice, aussi défaillante soit-elle. Elle a bien compris que vouloir tout contrôler soi-même, fut-ce au départ dans un but bénéfique (punir un criminel), ne peut mener qu’à un fanatisme monstrueux, celui-là même dans lequel tombe notre sorcière bien-aimée. On apprécie le tout petit filet de lumière que représente Anya, qui choisit de ne pas servir le dieu de la vengeance, mais ses amis. Spike part dans un but mystérieux. On termine encore sur un cliffhanger, Jonathan et Andrew ont du souci à se faire. On se demande si le cauchemar va se terminer, c’est extraordinairement oppressant. La critique d'Estuaire44 Clairement Warren aurait du profiter de sa fusée pour s'enfuir là où il aurait été moins en danger. Le cheminement psychologique aussi subtil que désenchanté entrepris au cours de la saison débouche sur ce final certes impressionnant mais qui renoue avec les conclusions pyrotechniques standards de la série. On peut se demander si le déferlement d’effets spéciaux et l’exécution atroce de Warren, certes spectaculaires, n’étouffent pas une expression plus fine du chagrin de Willow. Il existe une discordance regrettable entre la chronique intimiste et noire observée jusqu’ici et ce déferlement de sorcellerie ultra visuelle parfois excessif que la qualité de l’interprétation et l’affrontement Buffy/Willow ne suffisent pas tout à fait à faire admettre. On est davantage dans une version apocalyptique de Charmed que chez Bufffy. Ce sera encore plus marqué ensuite avec cette apocalypse improvisée autour d’un temple maudit surgit dont on ne sait où.
21-22. TOUTE LA PEINE DU MONDE Scénario : Douglas Petrie (1re partie) et David Fury (2e partie) Réalisation : Bill L. Norton (1re partie) et James A. Contner (2e partie) Spike passe plusieurs épreuves dans le but d’obtenir quelque chose d’un démon. L’exécution de Warren n’a point étanché la soif de destruction de Willow. Elle veut maintenant s’en prendre à Jonathan et Andrew. Le Scooby-Gang tente de l’arrêter ce qui ne fait qu’accroître sa fureur. Willow s’en prend alors directement à eux. Au terme de ce jour de cauchemar, elle fait apparaître un temple satanique dans l’intention de détruire la Terre… La critique de Clément Diaz
- You've come pretty far : ending the world, not a terrific notion ! But the thing is ? Yeah. I love you. I loved crayon-breaky Willow and I love ... scary veiny Willow. So if I'm going out, it's here. If you wanna kill the world ? Well, then start with me. I've earned that. Two to go ne laisse pas un instant de répit. Dark Willow perd tout contrôle, se perd dans son chemin de vengeance, et les êtres qu'elle chérissait le plus au monde en font les frais. La bataille est tellement inégale qu'on se dit que c'est perdu d'avance. Face à une puissance d'une telle ampleur, qui ne semble souffrir d'aucun talon d'Achille, le Scooby alterne combats désespérés et fuites forcées. Douglas Petrie mène son scénario tambour battant, on est sous pression. La tapageuse évasion de la prison entre explosions, téléportations, démonstrations de force... et course-poursuite à la Bullitt maintient la pression. Il est clair que contrairement à tout le reste de la saison, la psychologie est assez réduite, mais le finale est justement le résultat de toute l’évolution de la saison. L’émotion est apportée ici par la Super Big Bad. Le duo Clem-Dawn apporte une rare touche de lumière, vite évacuée lorsque Willow menace carrément de s'en prendre à elle. Le face-à-face avec Buffy (et la décisive Anya) suivi de leur combat fratricide est un premier clou du spectacle. On ne lésine pas sur la puissance, la violence. Au moment où tout semble perdu, arrive le plus réconfortant des cliffhangers. Il tombe a tempo, pour un effet massif. Yeaaaaah ! Sans doute manque-t-il cette "patte" Whedon pour conclure cette saison en beauté. Effectivement, Grave souffre d'un certain surplace. Ceci dit, David Fury s'en sort très bien. Le début est poussif : malgré la joie des retrouvailles Giles-Buffy, les voir s'esclaffer paraît très déplacé. Anya qui se laisse posséder par Willow est une excuse pas crédible pour relancer la machine. Bon, voir Giles se prendre une raclée royale par une Dark Willow plus cruelle que jamais, ça permet de retrouver l'adrénaline. Ensuite, les techniciens se lâchent : boule de feu intelligente, armée souterraine, pyrotechnie blockbuster, apparition du temple de Satan - ok avec le recul, c'est un peu too much, mais sur le moment, on ne réagit pas... plein la vue. Moment vibrant où Willow télépathe avec Buffy en lui accordant le droit de "mourir en héroïne", ou Anya veillant sur Giles, dont on se rend compte que son sacrifice était en fait soigneusement calculé. C'est du grand grand art, on l'aime comme ça notre Giles, toujours prêt à prendre des risques énormes pour avoir une toute petite chance de réussir (il mise carrément la planète dans son coup de poker). La coda est prodigieuse, avec la confrontation ultime entre Dark Willow et Xander le Brave, qui est prêt à souffrir, à mourir même pour arrêter la folie de Willow. C'est dialogué au cordeau, c'est joué et réalisé à la perfection. Oh, quelle merveilleuse idée que ce soit le "normal guy" qui sauve le monde, c'est un hommage sublime au personnage. On finit sur le twist avec Spike… ben voilà, Whedon nous a encore eu. Une très belle fin de saison, spectaculaire et émotionnelle. La critique d'Estuaire44 Un épisode très fort, parfois visuellement impressionnant, avec pour les fans l'image déchirante de la guerre ouverte entre Willow et Buffy même si on ne croit jamais vraiment à une issue fatale. Même à la grande époque, personne n’a sérieusement cru que la Slayer allait avoir à tuer sa meilleure amie, ce qui n’enlève rien à l’intensité de l’histoire et à son tempo d’enfer. La réussite n'est cependant pas parfaite, du fait d'une recherche trop marquée du spectaculaire à tout prix, histoire de marquer le coup. Willow sur son camion ça fait Terminator, idem pour ce temple maléfique surgissant du diable vauvert (si cela avait été au moins annoncé un minimum en cours de saison, mais non). On sent qu'il faut placer une apocalypse à tout prix en fin de saison, même si elle n'est absolument pas nécessaire : c’est dans le contrat. On est vraiment ravi de revoir Rupert mais son retour donne d’abord lieu à une bataille pyrotechnique à la Dragon Ball, assez infantile. Heureusement l'épisode ménage une vraie scène de retrouvailles touchantes avec Buffy (ouf !). Enfin une pure émotion surgit quand Willow abandonne toute cette colère pour se retrouver grâce à Alex, soit la coda de l'épisode et de l'ensemble de la saison. Buffy est l'Alpha rayonnante du groupe, mais le Zeppo en reste l'âme. Sinon il nous faut subir Dawn jusqu'au bout, cette histoire de potentielle on y croit pas du tout. Spike récupère son âme c'est-à-dire que pour retrouver Buffy il accepte de devenir un Angel bis (ou quasi, d'accord). Pour se perpétuer le Spuffy devient un autre Bangel, ce qui indique assez à qui revient la prédominance. Sinon le Duo reste divertissant jusqu'au bout, avec un Andrew continuant à nous inonder de ses références Geeks, de Star Wars jusqu'aux X-Men, tandis que Jonathan semble (un peu) plus mature. On vous aime tout de même les gars, direction le Mexique et à la saison prochaine !
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