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Meilleurs épisodes - Top 10Saison 1

Buffy contre les vampires

Meilleurs épisodes - Top 20 par Clément Diaz


20) Bienvenue à Sunnydale (Welcome to the Hellmouth/The Harvest, 1-01/02)

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Bénéficiant enfin du contrôle créatif de son idée après le quasi coup d'état du film original, Joss Whedon la fait enfin découvrir au public : non une vulgaire comédie horrifique aussi poussive que nanarde, mais du Fantastique dépoussiérant les grands codes du genre. L'alternance rapide de comédie, de drame, d'action, et d'émotion, soit le secret du style Whedon, est présent d'entrée.

Multipliant les innovations (féminisme dans un genre télévisuel encore très masculin, mélange des genres gonflé entre le Fantastique et la série ado, désacralisation de l'image du héros...) au sein d'un scénario dégainant les rebondissements à la pelle, le pilote ébauche une prometteuse Mythologie. Répondent à l'appel un casting juvénile d'une énergie gaie, des dialogues claquants, des personnages fêlant déjà les stéréotypes, et un suspense maîtrisé. Le pilote remplit sa triple mission de poser l'ambiance, d'imaginer une histoire intéressante, et de semer les germes des révolutions à venir : la TV américaine ne s'en remettra jamais.

19) La maison hantée (Where the wild things are, 4-18)

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Un des épisodes les plus détestés dû à la passivité complète de Buffy, et ses copulations à répétition avec Riley, sa relation la moins aimée des fans. C'est précisément pour ces raisons que cet épisode est l'un des plus transgressifs de la série. En réussissant sans son leader, le Scooby-gang démontre que l'héroïsme passe par l'amitié et le courage, et non par la puissance. L’épisode charge toutes les doctrines condamnant les plaisirs de la vie avec un ton peu commun à la TV américaine, et exalte le triomphe de la jeunesse. Anya – et son mythique costume d’Halloween – fait un bond en avant par une bravoure à l'opposé de sa piteuse fuite en fin de saison 3. Tourbillons de disputes hilarantes entre nos héros en grande forme et scène culte de Giles chantant à la guitare parachèvent cette réussite.

18) Portée disparue (Out of mind, out of sight, 1-11)

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Le Fantastique frappe toujours plus fort quand l’individu lambda en fait l’expérience, et change de personnalité à son contact. L’émotion assurée, l’épisode file avec talent la métaphore de l’invisibilité comme symbole de l’exclusion sociale. Avec pour conséquences une victime devenant bourreau. Dans un étonnant mouvement inverse, Cordelia descend de son piédestal de solitude, premier pas timide vers son épiphanie finale où elle sera une héroïne désintéressée. Sans doute l’épisode le plus ambitieux de la première saison dans son écriture.

17) Une revenante (This year's girl/Who are you?, 4-15/16)

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On ne le répètera jamais assez, mais Faith demeure l’un des personnages les plus réussis du Whedonverse : d’une morale toute dionysiaque (au sens Nietzschéen), la brune Tueuse est une psychotique de catégorie 1, que sa trépidante vitalité, sa sensualité exacerbée, dissimulent à peine. Faith explose tous les compteurs lorsque sa vengeance contre Buffy vient s’ajouter à ce portrait déjà chargé. Après un premier affrontement d’une électricité inouïe, le subtil jeu de miroirs du changement de corps exploite la relation antagoniste et intime entre les deux femmes avec force. Faith entrevoit avec horreur une impasse morale qu’elle percutera de plein fouet à Los Angeles. Buffy fait l’expérience de la ruine mentale de son ennemie, déclenchant pour elle une quête plus visible de sagesse. L’épisode révèle aussi l’attirance jusque-là niée de Spike pour sa pire ennemie, aux conséquences décisives. Un épisode central, charnière. Et un double épisode parfaitement équilibré, contrairement au plus décisif mais trop inégal Surprise/Innocence.

16) À la dérive (Normal again, 6-17)

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Épisode conceptuel finement métatextuel, Normal again parle directement au spectateur, lui rappelant qu’il est devant une fiction. Par une cruauté consommée, Buffy se prend en pleine figure la résonance, et se retrouve entre deux mondes : la réalité du spectateur, et l’imaginaire du show. Chaque hypothèse rassurante se voit anéantie par une évidence de plus en plus écrasante, dans un suspense désespéré où l’on attend un miracle. La sinistre coda, miroir du film Brazil (mais aussi de La rivière du hibou de La Quatrième Dimension), se montre courageuse par sa radicalité absolue, confirmant la voie plus sombre de la saison 6. Dans un registre similaire, Supernatural plongera de même nos héros dans la réalité (The french mistake), mais avec pour arme principale une franche rigolade !

15) Rouge passion (Seeing red, 6-19)

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Fin rouge sang de la marche vers la catastrophe qu’est la saison 6, Seeing red achève de passer à la broyeuse nos héros hébétés avec un sadisme sidérant. En scène-choc, la tentative de viol de Spike sur Buffy. Par sa volonté d’expier cette faute, le vampire passera définitivement dans le camp du bien, un tournant majeur dans le Buffyverse. En contraste avec la bulle de bonheur formée par Willow et Tara vainquant leurs conflits passés, le reste du Scooby est en pleine crise morale et personnelle, chacun prêt à imploser. Le Trio connait, lui, son apogée avec leur plus grande menace contre la Tueuse. L’assassinat brutal de l’adorable Tara sous les yeux du spectateur choqué couronne l’épisode le plus violent de la série.

14) Un amour de pleine lune (New moon rising, 4-19)

 

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Bien que grevée par une intrigue de sauvetage passe-partout et plusieurs coïncidences peu crédibles, New moon rising s’impose comme l’un des sommets émotionnels de la série. Marti Noxon redonne vie au cliché du triangle amoureux. Elle exacerbe la tension sentimentale entre trois magnifiques personnages, tous pris dans des dilemmes insolubles. D’une dimension toute opératique, l’épisode ouvre les vannes lacrymales jusqu’à la cascade de la coda. Départ sous les vivats d’Oz, tandis que Buffy persiste dans ses audaces en intégrant les séries pionnières dans la représentation positive de l’homosexualité (Roseanne, Ellen, Dawson, Will & Grace, Queer as folk…). Un pur mélodrame, un joyau.

13) Un silence de mort (Hush, 4-10)

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Inspiré par un épisode presque entièrement muet de Space 2063, Joss Whedon raconte l’une de ses histoires les plus terrifiantes en se passant des dialogues durant plus de sa moitié, amputant l’épisode d’un repère rassurant pour le public. Derrière le faux conte de fées gore, Whedon nous rappelle que la parole n’est qu’un langage parmi d’autres, et que la communi(cati)on entre les êtres passe souvent par d’autres voies que la malignité humaine ne peut corrompre (1er acte riche en dialogues méchants). Démonstration par la consolidation via l’épreuve des couples Buffy-Riley et Xander-Anya. Entrée remarquée de Tara, personnage le plus attachant de la série, qui trouble déjà Willow.

12) Acathla (Becoming, 2-21/22)

 

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Comme les meilleurs épisodes finaux de saison, Acathla enchaîne rebondissements, révélations, scènes-choc, et affrontements en crescendo. Dirigé par Angelus, némesis le plus redoutable de Buffy en raison de leur histoire, l’épisode lance une cravachée course contre la montre, semée de revers affreux pour la Tueuse : mort de Kendra, agression sur Willow, enlèvement de Giles, reniement maternel… Le revirement de Spike prépare son progressif changement d’allégeance, perceptible dès son silence hilarant avec Joyce. La chute finale, d’une cruauté noire, consomme la victoire amère, sans happy end, de la Slayer, désormais en butte à un tourment existentiel semblant irréversible. Un grand final tragique.

11) Amours contrariés (Lover’s walk, 3-08)

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Lover’s walk fait figure de réveil cinglant pour un Scooby-gang encore insouciant dans leurs amours. Il est l’illustration de la difficulté de demeurer dans une relation pérenne alors que rôdent les spectres de l’infidélité (Willow-Oz, Xander-Cordélia) et du déni (Buffy-Angel, mais aussi à retardement Spike-Drusilla). Illustration aussi de l’ego masculin se sentant « dévirilisé » dès lors qu’il perd un rôle qu’il voulait dominant dans une relation. Les hormones de la jeunesse n’arrangent rien. Spike, roi de l’épisode, inonde l’épisode de répliques ravageuses, et proclame la fierté d’aimer, même quand l’amour n’est plus que douleur. Le come-back du vampire le plus fun de la TV est un triomphe, d’où sa promotion logique au rang de personnage régulier dès la saison prochaine. Dur, mais beau.

10) Le bal de fin d'année (Homecoming, 3-05)

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Machinerie burlesque tournant à plein régime, Homecoming s’appuie sur la dynamique Buffy-Cordélia, en rivalité ou en alliance forcée. Dans le premier cas, la guéguerre de coups bas, de gags et de répliquesquituent font du concours de miss une des histoires les plus drôles de la série. Dans le second cas, le décalage de Queen C et le réalisme de la Tueuse face aux dangers du labyrinthe mortel s’entrechoquent pour faire des étincelles. Les monstres au cerveau de la taille d’un puceron rachitique ajoutent à l’ambiance par leur débilité immaculée. Une comédie gonflée à bloc, s’achevant par l’apparition de l’un des méchants les plus redoutables de la série : le Maire Richard Wilkins III, déjà magnétique.

9) Cauchemar (Restless, 4-22)

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L’on tient ici l’un des épisodes les plus mystérieux de la télévision, entorse rare au rituel du season finale forcément climatique. Cette plongée lynchienne au cœur de l’âme humaine enchaîne les allégories, les métaphores, pour en exprimer toute la richesse, mais aussi la noirceur. L’intimité des héros ne sera jamais plus explorée qu’à l’occasion de ce voyage onirique. À la subtilité de l’écriture, d’une cérébralité nourrissant l’émotion, correspond une mise en scène troublante, bourrée d’audaces et d’artifices malins évoquant bien les étrangetés des rêves. Une des plus abouties réalisations de la carrière de Joss Whedon.

8) Toute la peine du monde (Two to go/Grave, 6-21/22)

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En contrepoint à Spike, sur un chemin ascendant vers la rédemption, Willow arrive au terme de sa métamorphose enténébrée entamée en saison 5. La mort de Tara libère son Ça chtonien dont l’ultraviolence saisit le spectateur à la gorge. Dans cet épisode mené tambour battant par une Alyson Hannigan possédée, c’est cette fois le Scooby qui fait les frais de la colère de la sorcière. Derrière le fracas des batailles magiques, c’est le déchirement de la perdition de Willow qui domine les esprits. La fuite des héros et la promesse d’apocalypse font de ce finale le plus désespéré du show, malgré le retour miraculeux de Giles. Le dialogue final entre Xander et Willow est en bonne place pour être la scène la plus émouvante de toute la série. Moins que jamais un « Zeppo », le normal guy confirme qu’il est l’âme du groupe.

7) La fin des temps (End of days/Chosen, 7-21/22)

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Buffy s’achève dans un ton qu’elle n’avait qu’évoqué jusque-là : l’épique. Mais avant, la première partie va lancer un long regard d’amour et de mélancolie envers ses personnages, alors qu’ils mesurent le chemin parcouru et leur évolution vers la sagesse. Tout y sonne juste alors même que les rebondissements se succèdent (apparition surprise d’Angel, la Scythe, la mort de Caleb…). Alors le finale de la série peut déclencher l’activation des pions que la saison 7 avait timidement avancés : les Potentielles, la Bouche de l’Enfer, l’essence des pouvoirs des Slayers, la propension au sacrifice de Spike… ce maelstrom d’atouts prend la forme d’un retentissant speech sur le pouvoir des femmes dans une société d’hommes, et d’une bataille ultime au souffle homérique et féministe. Ce choix de double épisode évite le contraste trop tranché de The Gift qui devait agglomérer regard en arrière et bataille finale en un seul épisode. Malgré l’amertume des pertes du camp du Bien, dont la moindre n’est pas Anya, Chosen rayonne d’une conclusion solaire et optimiste, à l’image de son héroïne. Il est intéressant de la comparer avec la conclusion ouverte, sombre, mais à l’héroïsme sublime d’Angel. Alors que tant de fins de série se montrent décevantes, Joss Whedon conclut son grand-œuvre avec panache.

6) Attaque à Sunnydale (School Hard, 2-03)

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C’est avec cet épisode que la série s’émancipe définitivement du lourd héritage du nanar de 1992. Sa meilleure arme ? Une vision modernisée de la figure du vampire qui s’éloigne de l’incarnation traditionnelle du Maître en saison précédente (et ses serviteurs mous du ciboulot), et un Angel encore secret. Un passage de témoin illustré par l’évacuation bienvenue de « L’annoyed one », ultime représentant de cette époque. Cette vision prend corps avec Spike et Drusilla, couple aux amours paroxystiques, profondément ancré dans la pop culture. Si Drusilla fascine par sa folie éthérée, Spike est une explosive révélation, et va devenir l’un des personnages les plus jouissifs du show, porté par un humour grinçant (qui deviendra graduellement plus burlesque), et une aura ténébreuse et pugnace. Joss Whedon et  David Greenwalt signent là l’une de leurs plus grandes créations, et James Marsters trouve le rôle de sa vie. Le scénario enlevé, à rebondissements multiples, soutient l’événement, tandis que Joyce a son heure de gloire face au vampire blond.

5) Halloween (Halloween, 2-06)

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Si John Truby, le grand maître du scénario, indique qu’une prémisse forte est indispensable à une bonne histoire, alors Carl Ellsworth livre un modèle du genre. Grâce à l’idée de transformer les personnages en avatars de leurs costumes d’Halloween, l’épisode livre l’un des plus concentrés cocktails Whedoniens : humour maximum pour le décalage des situations et des personnages, suspense maximum par l’impuissance de Buffy, action maximale par le chaos général. Entrée en force d’Ethan Rayne, trop rare méchant récurrent dont la relation tourmentée avec Giles va ébranler la figure sage de l’Observateur. Modèle de script à montrer dans toute bonne école de cinéma.

4) Un charme déroutant (Bewitched, bothered, and bewildered, 2-16)

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Bel état de grâce pour cette saison 2 ! Le ballet des femmes en folie amoureuse autour d’un Xander mortifié est au cœur de cette catastrophe qui enchaîne frénétiquement des scènes de séduction à hurler de rire. Derrière cette comédie TGV transparaît une charge féroce contre l’orgueil et l’immaturité (souvent masculins) des sujets amoureux, souvent incapables de lâcher prise, blessés dans leur ego. Spike commettra la même erreur dans Amours contrariés. Cordelia évolue en apprenant à penser par elle-même au lieu d’être un mouton de Panurge. La dramatisation effroyable de la situation ne désamorce en rien l’humour tonitruant de Marti Noxon. Dans un registre pourtant éloigné du sien, elle livre l’épisode le plus drôle de la série.

3) Que le spectacle commence ! (Once More, With Feeling, 6-07)

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Comédie musicale synthétisant tous les talents de Joss Whedon et de l’équipe technique, Once more, with feeling fait bondir les intrigues et l’évolution des personnages avec la manifestation la plus intime de leurs sentiments par l’art musical. Un voyage intérieur mis en scène sous une forme bariolée, vive, et brillante : orchestre, acteurs/chanteurs, décors, tenues... s’inondent de couleurs chatoyantes, et accompagnent des chorégraphies sophistiquées. La variété des numéros, de l’aria grave au chœur flamboyant, rivalisent d’inspiration géniale, malgré une Sarah Michelle Gellar peu à son aise et un dernier acte plus terne. Sweet, le démon de la musique, est le vilain idoine de cet épisode étincelant. Les travellings fluides de Whedon dynamisent l’ensemble pour former le maître-étalon toujours actuel de la comédie musicale télévisuelle, semée de morceaux de bravoure.

2) Orphelines (The Body, 5-16)

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Le deuil comme si vous y étiez. Suspendant toutes les intrigues en cours, Joss Whedon force le spectateur à fusionner avec Buffy et au Scooby-Gang, pour qu’il partage leur douleur devant la perte de Joyce. Le naturalisme de l’épisode est complet, le rendant plus « réel » que les autres. Dans un temps ralenti, Whedon filme la douleur, à nu, analyse au microscope chaque réaction des personnages, éventail de toute l’âme humaine devant le choc de la mort, d’autant plus grand qu’il succède à une aventure comique. Sa force cathartique lui vaut de figurer à raison parmi les plus grands épisodes jamais réalisés, en dépit d’une dernière minute superfétatoire. Seul l’épisode Tout le monde est seul de la série Six feet under, dans un prisme encore plus sombre et désespéré, égalisera le pouvoir dévastateur d’Orphelines.

1) La boule de Thésulah (Passion, 2-17)

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Empreint de poésie morbide, Passion nous montre le dévoiement pervers que peut prendre l’amour. Quand l’ardeur devient obsession, quand l’attention devient harcèlement, quand la beauté devient l’abject dans tout son raffinement. Angelus est notre guide profanateur dans cette visite d’un musée du Mal esthétisé, dont la pièce maîtresse est la mise à mort cruelle de Jenny Calendar, et la réaction suicidaire de Giles. Angelus domine Buffy par sa compréhension magistrale des passions humaines, mais ne voit pas qu’il est lui aussi piégé dans les mêmes filets, tandis que la Tueuse, un genou à terre, ne se résigne pas à courber l’échine. David Tyron King signe un épisode-clé où le Mal n’a jamais été aussi somptueux à contempler (caméra magnifique de Michael Gershman), sans perdre son horreur viscérale.

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