Saison 1 1. D’un courant à l’autre (Power) 2. La malle ensanglantée (The Glass Ceiling) 3. Un K.O. si parfait (The Knock Down) 4. Élémentaire, mon cher Murdoch (Elementary, My Dear Murdoch) 7. La divine comédie (Body Double) 8. Eaux mortelles (Still Waters) 9. La marionnette diabolique (Belly Speaker) 10. Les nouveaux esclaves (Child’s Play) 11. Meurtres à l'institut (Bad Medicine) PRÉSENTATION DE LA SAISON 1
La première saison plante le décor et propose des enquêtes indépendantes, sans fil rouge. Les principes de la série sont posés : enquêtes scientifiques très modernes, thèmes actuels revisités au début du XXe siècle, reconstitutions complexes et scénarios dignes des meilleurs romans policiers. La saison possède un charme indéniable et bénéficie de l’essai non transformé des téléfilms. Ceux-ci ont pratiquement servis de pilote à la série et celle-ci démarre sur des bases très solides, des comédiens bien en place, des réalisateurs connaissant leur travail et des scénarios au cordeau. Ceux-ci sont tous originaux, les romans de Jennings n’ayant plus été adaptés. 1. D’UN COURANT À L’AUTRE Scénario : R.B. Carney Réalisation : Farhad Mann Résumé : L’inspecteur William Murdoch emmène le Docteur Julia Hogden en promenade lors d’une démonstration pour prouver que le courant alternatif est mortel. Mais, ce n’est pas le chien devant servir de cobaye qui est tué mais la jeune femme actionnant la manette. Murdoch fait alors la connaissance de Nikola Tesla, suspect du crime. Critique Ce premier épisode n’a pas spécialement les allures classiques d’un pilote. Les personnages ne bénéficient d’aucune scène d’exposition mais ce n’est pas vraiment un problème car nous sommes directement précipités au cœur de l’action. La série imprime déjà son rythme enlevé et rapide. Si elle abuse du style "caméra-épaule épileptique", défaut qui disparaîtra par la suite, elle impose ses caractéristiques. Tout d'abord nous voyons les reconstitutions de Toronto même si elles sont assez laides par moments. Il y a ensuite la morgue du docteur Hogden : véritable musée des horreurs en devenir où la jeune femme semble beaucoup s'amuser. Puis c'est la rencontre avec un personnage historique : Nikola Tesla. Enfin, les rapports entre les personnages sont bien marqués, même si l’idylle entre Murdoch et Hogden est encore à peine esquissée. Ajoutons que la réalisation est efficace, punchy, rythmée et nous avons là l'archétype d'un épisode de Murdoch. L’interprétation ne souffre d’aucune faiblesse et nous fait vivre une intrigue plus complexe qu’il n’y paraît de premier abord. Là aussi, la série pose sa marque, elle utilisera souvent ce concept de l’arbre cachant la forêt, parfois jusqu'à l'excès. Il faut rarement prendre pour argent comptant les premiers éléments des enquêtes de Murdoch, car elles réservent souvent nombre de coups de théâtre et retournements de situation. Un épisode intelligent, bien conçu et efficace. Anecdotes
2. LA MALLE ENSANGLANTÉE Scénario : Jean Greig & Cal Coons Réalisation : Shawn Thompson Résumé : L’inspecteur Brackenreid reçoit une malle qui lui est directement adressé au poste 4. A l’intérieur, se trouve le corps nu d’un avocat et une lettre de menace à l’encontre de Brackenreid. Pendant ce temps, Murdoch postule pour devenir inspecteur chef…. Critique Le premier épisode centré sur Brackenreid est une belle réussite. Il fallait du culot pour oser, dès le deuxième épisode, se centrer non pas sur le héros de la série mais sur un personnage secondaire (nous n’avons pas écrit d’arrière-plan). L’inspecteur doit faire face à ce qui ressemble à une vengeance machiavélique à son égard. Comme souvent, la vérité sera plus complexe, mais cela nous permet de mieux découvrir Brackenreid. L’amour et l’attention qu’il porte à sa famille, ses penchants pour la violence lors d’interrogatoires de suspects, sa loyauté à Murdoch, qu’il n’affiche pourtant pas devant lui, ainsi qu’un bon sens de la déduction : il résout en partie l’enquête seul. Peu d’humour ici, le ton ne s’y prête pas. Nous sommes dans une affaire sordide, noire et offre même des images un peu crues : le cadavre dans la malle, l’interrogatoire musclé, ce qui reste une exception à cette époque de la série. La réalisation est très bonne utilisant beaucoup de gros plans, mieux maitrisés que dans le pilote, sans une « caméra-épaule épileptique » cette fois, inventive dans son montage et dans ses reconstitutions. L’épisode utilise pour la première fois le principe de la double intrigue et y aura recourt à plusieurs reprises dans la série. Ce principe est la plaie des séries télé. Elle consiste à ne pas raconter une seule histoire mais deux, voire davantage et elles sont de trois types. La première : l’intrigue principale est trop courte, insuffisante pour tenir tout l’épisode et on a rajouté une seconde histoire, pour combler le vide. Ce sont pratiquement toujours des épisodes ratés, bancals, où aucune des deux histoires n’est intéressante. Deuxième espèce de double intrigue : deux histoires apparemment séparées se rejoignent à la fin pour n’en former qu’une seule. Exercice scénaristique périlleux, qui crée des chefs d’œuvre lorsqu’ils sont réussis et des désastres lorsqu’ils sont ratés. Troisième type : l’histoire secondaire, brève, en arrière-plan, à peine esquissée, et qui ne pèse pas lourd. Elle permet des développements de personnages, d’ajouter de l’humour et sont généralement les bienvenues. Ici, nous en avons une, avec les déboires de Murdoch pour devenir inspecteur chef. Apparemment, ce ne sera pas pour demain… Anecdotes
3. UN K.O. SI PARFAIT Scénario : Alexandra Zarowny Réalisation : Shawn Thompson Résumé : Tandis que l’on célèbre le Jubilé de la Reine Victoria à coups de feu d’artifices dans les rues de Toronto, Amos Robinson, boxeur ayant refusé au cours d’un match décisif, est abattu mort par balle dans sa chambre d’hôtel. Immédiatement les soupçons se tournent vers son épouse, retrouvée avec l’arme du crime en main. Critique Premier épisode traitant de l’erreur judiciaire et, en filigrane, du racisme, mais la sauce ne prend pas. Ce n’est pas spécialement mauvais, c’est juste long, pas très intéressant et on se perd dans des méandres de fausses pistes et de digressions. L’enquête est trop lente et ne progresse pas. Seule l’intuition de Murdoch le pousse à s’obstiner dans la bonne direction. L’idée de départ est bonne mais l’ensemble sera bien mieux traité par la suite dans la série. Celle-ci se montre encore trop timide dans le traitement du racisme dans ses scénarios. De ce fait, ce sont principalement les séquences comiques qui surnagent et nous tirent de notre léthargie. Crabtree obligé de se vêtir d’une robe et de tirer à bout portant sur un cochon mort pour prouver les dires de Murdoch est irrésistible. La chasse à la tache de sang à l’aide d’un furet dans les couloirs de l’hôtel est également très drôle (« Attention monsieur ! Un furet, ça mord ! »). Quelques jolies séquences supplémentaires font que l’épisode n’est pas totalement un échec : le Docteur Hogden admirant le corps d’athlète d’Amos et sa discussion avec Murdoch à propos des goûts féminins en matière d’homme, l’humanité de Brackenreid pour remonter le moral de Murdoch (à l’aide de ses chaussettes !), la compassion de Murdoch envers la suspecte et la méprise qui s’en suit et la manipulation psychologique de Murdoch envers le meurtrier.
Quelques bonnes choses, mais ce n’est clairement pas le meilleur épisode de la saison. 4. ÉLÉMENTAIRE, MON CHER MURDOCH Scénario : Jason Sherman Réalisation : Don McBreaty Résumé : Murdoch rencontre Arthur Conan Doyle et l’accompagne à une séance de spiritisme. Durant la séance, le médium indique à l’inspecteur qu’une femme vient d’être assassinée. Murdoch et Doyle se rendent sur les lieux désignés du crime et y découvrent le cadavre fraichement enterré d’une jeune femme. Critique Intrigant, amusant, mystérieux, l’épisode qui voit la première apparition d’Arthur Conan Doyle est un des meilleurs de la saison. Enlevé, plus sombre que d’ordinaire, il vaut à la fois pour l’intrigue, originale et fort bien troussée, que pour le duo formé par Murdoch et Doyle, basé sur une admiration réciproque et une curiosité aigüe. Murdoch, comme fréquemment lorsqu’il rencontre ses héros, il est un peu déçu par l’homme. Son ingérence dans son enquête agace l’inspecteur mais la sincérité et la bonhommie de Doyle l’empêche de réellement lui en vouloir. Le scénario met habilement en scène le monde du spiritisme et joue subtilement sur le vrai et le faux, se gardant bien de trancher la question. La série utilisera plusieurs fois cette ambigüité, jouant la carte du paranormal par petites touches et le monde des esprits s’y prête parfaitement. Nous ne sommes pas dans X-files, car il s’agit ici d’un prétexte pour développer la psychologie et les sentiments humains des personnages. Beaucoup de scènes magnifiques : la reconstitution du meurtre auquel se livre le duo est une merveille de mise en scène, de montage et de trucage, les échanges entre Hogden et Doyle sur la science sont savoureux, ceeux entre Murdoch et Doyle sur la foi et le monde des esprits posent de vraies questions, tandis que l’admiration servile de Brackenreid pour l’auteur de Sherlock Holmes est hilarante. Signalons encore la scène de flashback relatant les instants de bonheur entre Murdoch et sa fiancée décédée ainsi que la scène spirite qui s’en suit et la discussion avec Hogden à ce sujet. Beaucoup de rebondissements, de coups de théâtre, tout cela nous menant vers des directions inattendues, pour une conclusion parfaitement amenée et originale. Du tout bon, rondement mené, intelligent, fin et raffiné. Anecdotes
5. MARIAGE DE COMPLAISANCE Scénario : Janet MacLean Réalisation : Donc McBrearty Résumé : Un homme est retrouvé mort dans une église quelques instants avant son mariage. Les premiers examens montrent que la victime avait eu, peu avant, des relations sexuelles avec un homme. Murdoch commence à enquêter parmi la communauté homosexuelle de Montréal. Critique Il est très fréquent que le titre original soit bien plus intéressant que le titre français dans cette série (dans les dernières saisons, c’est même toujours le cas) mais ici, pourtant, force est de constater que la VF est bien meilleure. Le film est intelligemment écrit et ménage lui aussi son lot de rebondissements et de fausses pistes. C’est le premier épisode à aborder le thème de l’homosexualité. Le scénario se concentre autour d’une communauté homosexuelle secrète de Toronto. Rappelons qu’à l’époque, au Canda, l’homosexualité est considérée comme un acte indécent, passible de poursuites et de condamnation criminelle. Les considérations des différents personnages reflètent bien cette époque, le dégoût provoqué à l’idée que des hommes puissent se livrer à de telles pratiques étant particulièrement fort chez Murdoch. Sujet de plaisanterie pour Brackendreid, c’est Julia Hogden qui amène un peu tolérance et de réflexion dans ce monde de brutes. Murdoch, d’abord révulsé, finira par faite preuve de compassion. L’affaire en elle-même est complexe, faite de différentes strates, et le cheminement jusqu’à la vérité nécessitera beaucoup de patience et d’investigation à Murdoch ainsi qu’un certain sens de l’introspection. Forcé d’infiltrer le groupe d’homosexuels amis de la victime, il se fait déguiser en « folle » par les hommes du poste de police, hilares et rejoint, mal à l’aise, un club de sport servant de lieu de rencontre. La scène, d’abord très drôle, nous éloigne peu à peu de la caricature et met finalement Murdoch face à ses propres convictions, préjugés et conceptions de la vie. De retour au poste, le voir lâchement s’éloigner lorsque Brackenreid décide de « faire parler » son suspect avec ses poings apporte une fragilité supplémentaire au personnage. La solution est peut-être un peu trop évidente et manque de panache, mais l’enjeu n’est pas là : c’est le cheminement personnel de Murdoch qui nous intéresse. Sans renier ce qu’il est, il fait preuve d’adaptation et se révèle lui aussi capable de beaucoup d’humanité et de davantage de tolérance qu’il ne s’en serait cru capable. Anecdotes
6. LÂCHEZ LES CHIENS Scénario : Jean Creig & Cal Coons Réalisation : Don McBrearty Résumé : Un ivrogne et éleveurs de chiens de combats, est assassiné après un match où il a été violemment pris à partie et accusé de tricherie par un ivrogne. Celui-ci est retrouvé près du corps, complètement ivre. L’enquête ne serait pas un problème si l’homme n’était Harry Murdoch, le père de William… Critique Un très bel épisode, important pour l’histoire de Murdoch, avec l’entrée en scène de son géniteur. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas été gâté. Les deux hommes ont un lourd passif, Murdoch accusant littéralement son père d’avoir assassiné sa mère alors qu’il n’était qu’un enfant. Ainsi, l’enquêteur brillant qu’il est s’obstine à vouloir son père coupable d’un nouveau meurtre. Murdoch révèle des défauts bien humains, en refusant d’écouter un homme qu’il hait et qu’il veut voir condamner, quitte à commettre une erreur judiciaire. Harry Murdoch, figure pathétique de tragédie, n’est qu’un clochard sans un sou, lâche, voleur, menteur, mais qui refuse que son fils puisse le croire de pareilles horreurs. Cela ne sera pas sans mal que l’inspecteur orientera finalement son enquête dans la bonne direction, en écoutant sa raison et non son cœur. Ce sombre passé de Murdoch restera ainsi quelque peu en suspens, appelé à de futurs développements. L’intérêt de l’épisode ne se limite cependant pas au seul développement de la psyché de Murdoch. Le crime en lui-même révèle bien des surprises et une solution triste, pas très agréable à regarder, mais remarquablement écrite. On ressent une vive émotion à l’énoncé des faits tels qu’ils se sont déroulés. S’il est possible, une fois de plus dans un Murdoch, de se faire une assez juste opinion de la situation avant qu’elle ne soit comprise par l’inspecteur, peu importe ici, car c’est fait avec subtilité. Et l’on n’a pas envie de croire à cette hypothèse qui plus est, car notre sympathie va irrémédiablement au coupable. Un grand épisode. Anecdotes
7. LA DIVINE COMÉDIE Scénario : R. B. Carney Réalisation : Shawn Thompson Résumé : Brackenreid se rend au théâtre pour admirer sa comédienne favorite dans le rôle de Lady Macbeth. En plein milieu de la représentation, le plafond s’effondre et un cadavre tombe sur la scène devant les spectateurs… Critique Un épisode particulièrement amusant et savoureux, tournant autour de Brackenreid. Nous pénétrons pour la première fois dans l’univers du théâtre, très cher aux yeux de l’inspecteur chef. Amoureux de Shakespeare, il nous apprend d’ailleurs qu’il a failli faire carrière sur les planches, mais que son mariage a contrarié sa vocation. Subjugué par les comédiens, et surtout les comédiennes, il aura bien des déconvenues à errer dans les décors. Après une spectaculaire introduction, l’enquête progresse au fil d’interrogatoires extrêmement drôles et cocasses. Les acteurs incarnant les comédiens en font trois tonnes, pour notre plus grand plaisir, surjouent beaucoup, et nous offrent de très belles compositions. Se croyant en permanence sur scène, les histoires qu’ils débitent sont autant de merveilleux spectacles.
Rapidement, l’enquête s’oriente dans une direction : le crime commun. N’ayant pas de temps de retard sur nous, les investigations de Murdoch sont d’autant plus passionnantes. Persuadés que tous ses suspects lui mentent et ont créé de toute pièce une histoire à leur servir, il va enquêter sur leur passé et sur le théâtre lui-même. La reconstitutions mentale au cours de laquelle Murdoch évolue au milieu de l’ensemble des protagonistes pour déterminer comment s’est déroulé le crime est une des plus belles de toute la série, parfaitement orchestrée, huilée et mis en scène. Un vrai ballet pour le coup. Ajoutons à cela de multiples coups de théâtre (évidemment), un final digne de meilleures tragédies et un humour intense et mordant, voilà bien l’un des tous meilleurs épisodes de la saison. 8. EAUX MORTELLES Scénario : Derek Schreyer Réalisation : Don McBrearty Résumé : Un jeune homme de bonne famille est retrouvé noyé dans la rivière, portant une tenue de barreur d’aviron. Il apparaît rapidement qu’il a d’abord été battu et Murdoch s’intéresse alors à ses camarades sportifs. Critique Un épisode en deçà, dont l’intrigue est intéressante mais guère originale. Il s’agit de toute évidence d’une transposition policière du Prince et la pauvre, traité du côté du pauvre. La machination à l’œuvre pour détourner notre attention du vrai coupable ne fonctionne pas et nous ne sommes pas dupes une seconde. Tout est fait pour nous dissuader de nous intéresser aux bonnes personnes et nous avons constamment un temps d’avance sur Murdoch lors de ses découvertes, ce qui nous fait perdre l’intérêt de l’enquête. Alors, il faut saluer les « à côtés » agréables : Murdoch invente une machine à détecter les mensonges qu’il décide de tester et se retourne contre lui lorsqu’il est confronté au Docteur Hogden. C’est la première fois que leurs sentiments respectifs s’animent et c’est avec beaucoup de plaisir et d’amusements que nous découvrons leurs errances amoureuses. Cela deviendra redondant au fil des saisons, mais pour l’instant c’est délectable. Empotés, maladroits, ce sont deux inadaptés sociaux électriquement attirés l’un par l’autre. Hogden n’a aucune vie sociale en dehors de sa morgue et l’un des seuls êtres vivants qu’elle côtoie s’avère être Murdoch. De son côté, ce dernier n’est pas plus doué pour gérer ses émotions, en particulier face à elle. Voir Murdoch se jeter fougueusement sur elle pour l’embrasser et être ensuite tiré de sa rêverie par Julia est un choc magnifique, comme la série en aura d’autres par la suite. Le retour à la réalité est brutal pour l’inspecteur. Non, il n’embrassera pas Julia aujourd’hui… Mais patience, patience… L’épisode n’est donc pas totalement raté, mais nous passons à côté du sujet principal. Des deux intrigues, c’est la secondaire qui est réussie, car elle explore les personnalités des héros. Mais elle n’occupe pas assez d’importance dans le film pour rendre ce dernier mémorable. Anecdotes
9. LA MARIONNETTE DIABOLIQUE Scénario : Larry Lalonde & Philip Bedard Réalisation : Farhad Mann Résumé : Arthur Conan Doyle est de retour à Toronto. Il s’intéresse à une ancienne affaire de meurtre concernant un Chinois et assiste également Murdoch sur une autre enquête. Celui-ci s’intéresse de près au meurtre de Rod Grimsby. Tout accuse le fils de la victime, un ventriloque. Celui-ci a-t-il pu commettre le crime sous l’influence de sa poupée maléfique, Mycroft ? Critique Voici, sans aucun doute possible, le meilleur épisode de la saison. Ingénieux, mystérieux, sombre, cette histoire de marionnette diabolique est une merveille. Exploitant une idée éculée, l’épisode parvient à nous tenir en haleine d’un bout à l’autre, jusqu’au magnifique rebondissement final, laissant un arrière-goût amer dans la bouche. Le film est divisé en deux intrigues qui fonctionnent parfaitement toutes les deux : l’affaire du ventriloque et l’enquête de Doyle. La première repose sur la possibilité d’être en face d’un fou d’un simulateur. Grimsby est étrange et dérangeant mais sa marionnette l’est bien davantage. Usée, fatiguée, sa personnalité odieuse apporte beaucoup d’ambiance dans l’épisode. Démêler les mensonges de Mycroft et les élucubrations de son maître (mais qui est « réellement » le maître ?) n’est pas une mince affaire, mettant à rude épreuves les nerfs des agents du poste 4, en particulier ceux de Crabtree. Le scénario est brillant, puissamment mis en scène et interprété et il n’y a aucune fausse note à ce sujet. La seconde intrigue est en réalité une affaire personnelle inhérente au personnage de Doyle, très triste, trouvant un écho chez Murdoch et dans l’affaire Grimsby. Que Doyle soit revenu si tôt dans la saison est la preuve des possibilités offertes par ce personnage. Ses relations avec Murdoch s’étoffent, les deux hommes se rapprochant par la tragédie qui les frappe tous les deux : la maladie d’un être cher. C’est une des forces de la série : insérer au milieu d’enquêtes policières et scientifiques de belles touches d’émotion et de sensibilité, sans tomber dans la mièvrerie. Nous l’avons évoqué : le final est de toute beauté. Phénomène rare dans la série, l’enquête se solde par un échec qui, curieusement, ne sera plus jamais évoqué dans la série. Il y avait pourtant de la matière à faire une suite. Mais qu’importe, cette fin n’en a que plus d’importance. Grinçante, dérangeante, la dernière scène est parfaite. Quant à la « vision » dont est témoin Murdoch, elle est la première d’une série apportant une légère touche de surnaturelle au sein d’une série chantre du rationnel. Petite et excellente particularité. Anecdotes
10. LES NOUVEAUX ESCLAVES Scénario : Alexandra Zarowny Réalisation : Shawn Thompson Résumé : Un homme important, impliqué dans le placement d’orphelins dans des familles d’accueil est retrouvé mort, juste derrière chez lui, frappé à la tête. Rapidement, les premiers indices matériels indiquent à Murdoch qu’il doit se lancer sur la piste d’un enfant... Critique Intelligente réflexion menée autour du travail des enfants qui va bien au-delà de la simple évocation historique, nous renvoyant une fois encore à notre monde contemporain et aux supplices que subissent encore des millions d’enfants sur notre planète à l’heure actuelle. L’histoire qui nous est racontée est donc tragique, horrible à bien des aspects, mais sombre un peu, par moments dans un misérabilisme qu’on croirait sorti de l’esprit de Dickens, et cela amoindrit la portée du film. Les enfants ne jouent pas forcément très bien qui plus est, et c’est une pénalité supplémentaire. Pourtant, l’épisode est globalement réussi, car les autres personnages sont forts et puissants. Brackenreid, tout de rudesse, dévoile une sensibilité étonnante à la fin de l’épisode, le poussant à agir pour ces enfants défavorisés. Révolté à l’idée de ce que la petite Rockwood a subi de multiples violences et des attouchements de la part de son beau-père, l’inspecteur chef se décide à agir, pour le meilleur bien. La réalisation quant à elle évoque les horreurs subies mais reste pudique quant à leur vision, plaçant le spectateur comme témoin et non comme voyeur. Plus qu’un moyen d’éviter la censure, il faut y voir un choix délibéré de la série de ne pas verser dans l’exhibition de bas étage, un atout évident pour une série de la qualité de Murdoch. Un épisode intéressant, pas complètement réussi, mais à la thématique forte et doté d’un subtil traitement. Anecdotes
11. MEURTRES À L'INSTITUT Scénario : Derek Schreyer Réalisation : John L’Ecuyer Résumé : Dans un institut psychiatrique, un homme est abattu par un personnage encapuchonné de trois carreaux d’arbalète. Alors que Murdoch s’intéresse aux pensionnaires de l’établissement, Miss Pensall, médium, vient avertir Murdoch de son prochain assassinat d’un carreau d’arbalète. Critique Murdoch chez les fous ! Tel pourrait être le titre de cet épisode ingénieux, amusant et terriblement désuet. Après une introduction percutante, ou perforante c’est selon, l’épisode prend place dans un institut médical destiné à soigner des patients atteints de troubles psychiques particuliers, peuplé d’êtres étranges et hauts en couleur. Chaque « malade » présente une pathologie particulièrement exacerbée, attisant une atmosphère faite d’étrange et de mystère. Entre le bricoleur voyant en 3D, la violoniste atone, l’autiste expert en dates et calculs et le paralytique seulement capable de bouger un doigt… On se demanderait presque ce que vient faire un fantôme la dedans. Mais c’est bien cet inquiétant personnage qui emporte le lot, et de loin. Véritable plongée dans le paranormal, renforcée par les scènes médiumniques, nous commençons à nous inquiéter pour Murdoch, dont Miss Pensall a prédit la mort. Dès lors, les meurtres s’enchaînent, véritable carnage dans cet institut. Trop de morts ? Peut-être, mais nous sommes ici clairement dans une fantaisie. Peu d’humour certes, mais l’aspect grandiloquent général, gothique, fait passer l’ensemble pour un épisode léger. C’est, une fois de plus, dans le passé qu’il faudra chercher les causes de tous ces meurtres, un passé trouble et, à nouveau, assez triste. Pas de grande originalité, mais cela fonctionne bien dans un épisode où la mise en scène est si importante. La reconstitution des meurtres est brillante et dotée de magnifiques éclairages et d’un montage rythmé, fort séduisant. Anecdotes
12. COMPLOT ROYAL Scénario : Alexandra Zarowny Réalisation : John L’Ecuyer Résumé : Son Altesse Royale le Prince Alfred, petit-fils de la Reine Victoria, effectue une visite protocolaire à Toronto. Le chef de la sécurité du Prince vient avertir Brackenreid qu’il est possible que des rebelles irlandais pourraient attenter à la vie du jeune homme. Pendant ce temps, une jeune irlandaise, connectée aux activistes, est sauvagement assassinée. Critique Le sujet était intéressant, découvrir le dévergondé Prince Alfred, « l’hédoniste », est tout d’abord très plaisant. Chargé de sa surveillance, Murdoch l’abandonne pourtant pour enquêter sur le meurtre d’une jeune femme, laissant Crabtree gérer les affres du Prince. Et c’est là que les problèmes débutent. D’abord amusantes, les séquences de Crabtree tentant d’empêcher le Prince de faire du bruit ou d’aller courir la gueuse deviennent répétitives et ne font que rallonger le métrage. Elles nous donnent un aperçu, certes, peu reluisant de la royauté britannique, mais qui n’apportent rien au scénario en fin de compte. Au moins, nous voyons Crabtree faire preuve d’un courage exemplaire face à l’adversité… La seconde enquête est bien sûr liée à la première et met en présence un ancien ami de Murdoch. Mais le comédien manque de charisme et son implication dans le complot est bien trop évidente. Quant à son complice, l’acteur est tellement désagréable, hautain et suffisant, que l’on devine aussitôt son rôle dans l’affaire. Trop d’évidences, trop de coïncidences, la suite de l’épisode sombre dans la banalité, jusqu’au final, téléphoné et donnant dans le misérabilisme. Qui plus est, la thématique des terroristes irlandais n’a vraiment rien d’originale ici. Heureusement que Complot royal n’est pas le dernier de la saison… Anecdotes
13. LA PLANÈTE ROUGE Scénario : Paul Aitken Réalisation : Shawn Thompson Résumé : Un homme est retrouvé mort, en haut d’un arbre, sans qu’aucune empreinte de pied ne soit visible au sol. L’enquête de Murdoch le mène sur une piste dans laquelle semblent être impliqués les services secrets. Critique Après Murdoch chez les fous, voici Murdoch chez les martiens ! Evidemment, ce n’est pas réellement au cœur de la Science-Fiction que nous pénétrons, mais bien dans les arcanes de la science. Pétri d’X-Files, cet épisode est un excellent divertissement, très mystérieux et exploite habilement la thèse du complot extraterrestre en trouvant un auditeur attentif en la personne de Crabtree. Avec elle, son lot de personnages louches, de rebondissements, d’adeptes des théories martiennes, etc. La solution de l’énigme amènera bon nombre de surprises, nous permettant de faire la connaissance d’un des personnages récurrents les plus savoureux de la série : Terence Meyers. Homme de l’ombre du gouvernement canadien, secret, menteur, manipulateur, assassin, Meyers sera tantôt adversaire, tantôt partenaire de Murdoch. Ni sympathique ni réellement antipathique, ce personnage fait partie de ces gens que l’on adore détester. Ici, il n’est encore esquissé qu’à gros traits, il gagnera en épaisseur du temps, assurant son apparition annuelle dans chaque saison par la suite. Avec le gouvernement dans le coup, Murdoch fait participer toute la fine équipe à l’enquête, jusqu’à Brackenreid. Mais face aux services secrets, il ne peut rien et devra renoncer à l’affaire. Ce petit sentiment d’inachevé est cohérent avec le scénario mais laisse une vague sensation brouillonne. La première saison des Enquêtes de Murdoch s’achève cependant sur un épisode de bonne facture, solide et prometteur. Anecdotes
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- Meurtres à l'institut (Bad Medicine) : un médecin psychiatre est assassiné en pleine nuit dans un parc à l’aide d’une arbalète. Murdoch se rend à l’institut dans lequel la victime travaillait afin d’y enquêter.
- Complot royal (The Prince and the Rebel) : Crabtree doit servir de garde du corps à un prince, tandis que Murdoch doit déjouer un complot destiné à assassiner ce même prince durant son voyage à Toronto.
- La planète rouge (Annoying Red Planet) : Murdoch enquête sur la mort d’un homme retrouvé dans un arbre alors qu’il n’y a aucune empreinte de pas à proximité.
Présentation
Présentation générale Murdoch, c’est avant tout un personnage de romans, né sous la plume de Maureen Jennings. Canadienne, née en 1939 au Royaume Uni où elle passe son enfance, elle émigre à 17 ans au Canada. Elle a, à ce jour, publié sept aventures de Murdoch (de 1997 à 2007). Très impliquée dans le développement de la série, elle y est créditée comme consultante au scénario. Trois téléfilms ont tout d’abord été portés à l’écran, tous adaptés des romans en 2004, avec un casting différent de celui que nous connaissons depuis dans la série. L’ambiance, très proche des romans, est assez noire, glauque même, présentant un Murdoch bien plus fragile psychologiquement que l’incarnation de Yannick Bisson. Ces téléfilms n’ayant pas été un grand succès, l’idée d’en faire une série est enterrée pendant trois années. Murdoch est ressuscité par Shaftesbury Films et diffusé sur ITV puis sur CBC à partir de la sixième saison, donnant une nouvelle jeunesse à la série. Elle est toujours en cours de diffusion (les premiers épisodes de la neuvième saison viennent tout juste d’être diffusés au Canada). Les enquêtes de Murdoch est une série mêlant habilement l’histoire du Canada, celle du début du XXe siècle d’une manière générale et des thèmes contemporains : émancipation de la femme, eugénisme, homosexualité, etc. Le personnage de Murdoch, très moderne, utilise des méthodes peu conventionnelles et novatrices pour l'époque (empreintes, tests sanguins, analyses) au cours de ses enquêtes, allant jusqu’à créer des inventions susceptibles de l’aider. Personnages William Murdoch est inspecteur (« detective » en VO) au poste n°4 de la ville de Toronto au début du XXe siècle. Originaire de Montréal, donc catholique convaincu et pratiquant, ce qui ne sera pas sans lui poser parfois des ennuis ; homme de sciences compétent, d’une intelligence supérieur, timide avec les femmes, détestant les armes, le personnage, toujours vêtu d’un austère complet noir, détonne parmi les enquêteurs traditionnels des séries policières de son époque. Expert en toxicologie, en sciences légales, il se comporte comme un « expert » mais évolue à vélo dans les rues de Toronto et se signe à chaque fois qu’il est face à un cadavre. Il est interprété par le Québequois Yannick Bisson. Julia Hogden est, au début de la série, le médecin légiste assigné au poste n°4. La jeune femme se débat entre une volonté de reconnaissance par un milieu misogyne et une nature féministe qui s’accentuera au fur et à mesure de la série. Le personnage va connaître de multiples évolutions professionnelles et personnelles au fil des ans, pas toujours très heureuses, et vivre une histoire d’amour complexe, pour ne pas écrire compliquée, avec Murdoch. Elle est interprétée par Hélène Joy qui jouait un rôle bien différent dans le troisième téléfilm de la première tentative d’adaptation de la série. Thomas Brackenreid est l’inspecteur chef (« inspector » en VO) du poste n°4 et, à ce titre, le responsable hiérarchique de Murdoch. Anglais, râleur, colérique, violent et porté sur la bouteille, ce personnage est beaucoup plus subtil que ses premières apparitions pourraient le laisser supposer. Profondément humain, doté d’un grand sens de la justice, il s’emporte aisément mais est loin d’être idiot et a toute confiance en Murdoch pour résoudre les crimes. Marié et bon père de famille, il ne dédaigne pas de lorgner sur les jolies femmes et apprécie autant le théâtre que l’opéra. Les épisodes centrés sur lui sont généralement de petites merveilles. Il est interprété par le Britannique Thomas Craig. George Crabtree est agent de police (« constable » en VO) et l’adjoint attitré de Murdoch. Contrepoint d’humour de l’inspecteur (qui en est, lui, particulièrement dépourvu), les idées farfelues de Crabtree sont souvent géniales sans qu’il s’en rende compte. Sa fougue et son enthousiasme l’emportent fréquemment mais c’est un très bon policier, capable et droit, courageux et volontaire. Il développe dans la série un certain sens littéraire, devenant un écrivain populaire et l’on est souvent frappé de ses merveilleuses intuitions quant au futur de notre monde. Il est interprété par Jonny Harris. Henry Higgins est le second agent de police régulier de la série et apparaît dans presque tous les épisodes et ce, dès le pilote. Moins doué que Crabtree, il est volontiers tire au flanc, un peu lâche et pas forcément très malin. Mais c’est un policier sympathique et les quelques épisodes qui s’intéressent de plus près à lui valent le détour. Il prend d’ailleurs de plus en plus d’importance au fil des saisons. Il est interprété par, coïncidence amusante, Lachlan Murdoch ! Emily Grace est le second légiste du poste n°4, qui remplacera le Docteur Hogden dans la saison 5 et sera créditée au générique comme personnage principal à partir de la saison 6, alors que le Docteur Hogden retrouvera la médecine plus traditionnelle. Mutine, gracieuse, terriblement jolie, elle fera battre le cœur de l’agent Crabtree, se révélant aussi douée que Julia dans son travail. Personnage pétillant et plein d’humour, il est interprété par Georgina Reilly. Particularités de la série Les enquêtes de Murdoch est à la fois un prétexte pour explorer le début du XXe siècle, traiter de thématiques contemporaines, disserter avec humour et légèreté sur la science et faire défiler un nombre impressionnant de figures historiques, le tout au cœur d’intrigues policières parfois fort complexes. Chaque saison verra ainsi défile son lot d’hommes et de femmes célèbres (de Nikola Tesla à Mark Twain en passant par Sherlock Holmes en personne), comme ami, témoin ou suspect, avec plus ou moins de bonheur. Le générique, inchangé depuis le premier épisode, est une merveille du genre. Court (42 secondes), inventif, il est doté d’une musique percutante à base de percussions frappées en cadences alternées, d’orgue, de xylophone et de cuivres de divers tonalités. Défilent des images intrigantes : ampoule étincelante, marionnette de bois, chariot de morgue, plans de machines sophistiquées, etc. Le montage est vif, brillant, original. Les premières saisons utilisent un excellent effet de mise en scène pour reconstituer les crimes. Lorsque Murdoch, dans sa tête, se « refait le film » du crime (l’analogie est là), il revoit la scène, souvent en noir et blanc, avec des effets hachés, comme une vieille bobine de film passée en accéléré et à laquelle il manquerait des images. Murdoch est toujours situé sur les lieux et observe, selon de multiples points de vue, les allers et venues de ses suspects et lui permet souvent de trouver la clef de l’énigme. Ce processus, réellement très habile, rythmé et si particulier de la série, sera malheureusement peu à peu délaissé dans les dernières saisons. Le format télé et des couleurs très chaudes, automnales, sont caractéristiques des premières saisons, jusqu’au passage de la série sur CBC. Le ton commencera à changer à cette époque, allant vers davantage de sérieux, de noirceur ou carrément de folie pure, les épisodes franchement humoristiques faisant leur apparition. Les couleurs se feront plus naturelles et le format cinéma sera adopté, l’image s’affinera et les reconstitutions ainsi que les effets spéciaux, point faible des premières saisons, s’amélioreront sans cesse. Les scénaristes développeront dès lors des fils rouges par saison, fils rouges étant pratiquement tous centrés sur le personnage de Julia Hogden (pas toujours pour une grande réussite), procurant à la série une nouvelle ambiance, la renouvelant également. |
Saison 3 1. L'Inconnu de Bristol (The Murdoch Identity) 2. La Grande Muraille (The Great Wall) 3. Victor, Victoria (Victor, Victorian) 4. Enfant riche, enfant pauvre (Rich Boy, Poor Boy) 7. Cirque sanglant (Blood and Circuses) 8. Futur imparfait (Future Imperfect) 9. Le passé déterré (Love and Human Remains) 10. Manoir hanté (Curse of Beaton Manor)
La troisième saison des Enquêtes de Murdoch est un excellent cru, la série bien posée sur des rails solides. Les affaires criminelles se suivent et ne se ressemblent pas et les scénaristes prennent toujours le temps de s’attarder sur la psychologie des personnages, principaux et secondaires pour le plus grand bonheur des spectateurs. Certains personnages récurrents font leur apparition, comme les Pendrick et Terence Meyers se paie sa tournée annuelle. La production sait parfois faire preuve de beaucoup d’audace pour se renouveler et explore de nouvelles voies, offrant des épisodes très sombres ou franchement drôles. La première grande période pour Murdoch s’achève – déjà – avant de bientôt connaître une ère de flottement. 1. L'INCONNU DE BRISTOL Scénario : Jean Creig Réalisation : Laurie Lynd Première diffusion : 14/03/2010 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Murdoch est poursuivi par deux personnages louches dans les rues de Bristol, en Angleterre. Blessé par balle, il trouve refuge dans l’auberge de la ravissante Anna Fullford. Totalement amnésique, il ne se souvient plus de qui il est ni de ce qu’il fait précisément ici. Pendant ce temps, à Toronto, le poste numéro 4 tente de comprendre ce qu’il est arrivé à l’inspecteur, officiellement porté disparu. Critique : Si l’épisode débute très fort – la course poursuite dans les rues de Bristol est une belle accroche de saison – le soufflé retombe malheureusement assez vite. Le scénario, assez simple et linéaire ne présente qu’un unique mystère dont il nous est impossible d’anticiper le dénouement. Les intrigues à propos de personnages amnésiques ne sont généralement pas les meilleures que l’on puisse trouver à la télévision. En particulier si l’amnésique est le personnage principal de la série. Toute énigme le concernant ne pourra pas fonctionner car on sait pertinemment qu’il retrouvera la mémoire en cours d’épisode. Il faut donc tout le talent du comédien pour faire ressentir la détresse de son personnage afin que l’on s’intéresse réellement à lui. Et force est de constater, qu’ici, Yannick Bisson se montre un peu en-deçà de nos espérances. Hélène Joy et Johnny Harris semblent bien plus concernés par l’événement. Détail amusant, mais qui nuit à la crédibilité de l’ensemble : tenter de faire passer les rues de Québec et de Toronto pour celles de Bristol en Angleterre. Cela ne fonctionne tout simplement pas, tant les deux villes ne se ressemblent pas. Pourtant, l’épisode se regarde sans grand déplaisir. Le personnage d’Anna Fulford est sympathique et sa relation avec Murdoch intéressante. Le gag de Crabtree qui regarde à travers la plaie béante de la victime est très drôle, quant à l’attitude désabusée de Brackenreid et de Slorach elle fait joliment sourire. . Bref, de bonnes choses tout de même, juste cette irrésistible sensation derrière la nuque qui vous rappelle que vous vous ennuyez un peu. Anecdotes :
2. LA GRANDE MURAILLE Scénario : Alexandra Zarowny Réalisation : Harvey Crossland Première diffusion : 21/03/2010 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : L’assassinat de l’agent de police Cooper, du poste 5, en plein quartier chinois provoque l’ébullition dans la police. Note : 3 sur 4 Critique : Un épisode subtil et intelligent où les apparences sont aisément trompeuses. L’occasion de découvrir le sort des communautés chinoises à Toronto au siècle dernier et la vie quotidienne des agents de police lorsqu’ils ont des loisirs. C’est le premier récit habile traitant du racisme dans la série et il offre de belles scènes d’affrontements entre les forces de police de deux postes rivaux. Les jeux auxquels ils se livrent pour une saine compétition dégénèrent bien vite en bagarre généralisée, révélant le mauvais fond de certains des hommes. Evidemment, le suspens n’est pas bien grand et on devine assez aisément qui est le coupable. Mais qu’importe : le plaisir n’est pas forcément là dans les Murdoch. L’intérêt réside dans l’étude psychologique d’un autre temps mis au regard de notre époque. Le résultat peut s’avérer lourd mais c’est fait ici avec un agréable mélange de légèreté et de profondeur dans la grande muraille. Ce titre est d’ailleurs des plus intelligent : il mesure à quel point un mur immense sépare ces cultures si différentes au sein d’un Canada de plus en plus cosmopolite. Un bon épisode, à voir et revoir. Anecdotes
3. VICTOR, VICTORIA Scénario : Alexandra Zarowny Réalisation : Laurie Lynd Première diffusion : 28/03/2010 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Lors de son intronisation dans une loge maçonnique, un homme décède d’une façon des plus étranges. Lors de l’examen de son corps, cet homme se révèle être… une femme ! Critique : L’épisode parvient à allier humour macabre, intrigue policière, décors inquiétants, critique sociale et défense du féminisme. Ce mélange, qui pourrait fort bien être indigeste, se révèle des plus brillant et enlevé. Soutenue par des dialogues très percutants et très drôles, nous suivons une enquête serrée, palpitante et mystérieuse. L’intrigue tourne autour de la lutte naissante des femmes pour leurs droits. Le féminisme du XIXe siècle se voit teinté de revendications plus contemporaines, mais qu’à cela ne tienne : cela fonctionne. L’émancipation, au cœur de nombre d’épisodes, se fait tragique dans cette histoire passionnelle, forte en émotion, un peu trop parfois – un peu de surjeu par moment, faute sans doute à une direction d’acteurs un peu lâche – et une exploration, partielle du monde de la franc-maçonnerie. Les relations entre Julia et Murdoch évoluent doucement : la jeune femme s’affirme de plus en plus, pétillante, intrigante et déterminée à faire valoir ses droits. Un bel épisode. Anecdotes
4. ENFANT RICHE, ENFANT PAUVRE Scénario : Carol Hay Réalisation : Harvey Crossland Première diffusion : 04/04/2010 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Le fils de Brackenreid est enlevé au parc. Les soupçons se tournent vers les nombreux ennemis que l’inspecteur s’est fait au cours de sa carrière. Critique : A nouveau un bon épisode, rondement mené, centré autour de Brackenreid. Nous pénétrons un peu plus dans l’intimité de sa sphère familiale, à l’instar de la malle ensanglantée (Saison 1, épisode 2), où on le découvre père inquiet, mari au bord de la crise de nerf, plus que jamais sur la brèche et prêt à céder aux pulsions de violence qui l’animent alors. Murdoch doit faire preuve de beaucoup de tact, de compréhension mais également de fermeté pour apaiser son supérieur et faire progresser l’enquête. Celle-ci se révèle plus intéressante qu’il n’y paraît au premier abord, la vérité se faisant jour aux trois quarts de l’épisode, permettant un final finement déroulé, sans précipitations. Le dialogue entre Brackenreid et le ravisseur de son fils est particulièrement touchant, Thomas Craig prouvant une fois encore qu’il est le pilier de la série, là où Murdoch en est le héros. Peu de fioritures, peu d’humour, un épisode droit dans ses bottes. 5. SUSPECTS MULTIPLES Scénario : Paul Aitken Réalisation : Donc McCutcheon Première diffusion : 11/04/2010 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Alexander Taylor, au moment de fêter son soixantième anniversaire, est sauvagement assassiné à coups de hache à son domicile. Le suspect idéal est sa fille, Charlotte, responsable du meurtre d’après Madame Taylor. Cependant, Murdoch devient soudain dubitatif lorsqu’il comprend que Charlotte souffre de troubles de la personnalité. Critique : L’un des sommets de la série, un épisode brûlant, acre et d’une noirceur rare, dans la lignée de la marionnette diabolique (Saison 1, épisode 9), peut-être plus brillant encore. Pas une once de l’humour traditionnel de la série, ici, on n’a pas le cœur à rire. Ou alors, à rire « noir ». La réussite du film est une conjugaison de multiples facteurs dont chacun concourt à élever le métrage vers la perfection. Le scénario est diaboliquement retors, fait de faux semblants, de suspens, de fausses pistes et d’une mécanique parfaitement implacable. La réalisation se montre très efficace dans des plans originaux et un rythme très soutenu. La lumière est particulièrement travaillée, accentuant le sordide de la situation. Quant à l’interprétation, elle se révèle hors pair. Sans doute conscients de participer à un épisode à part et soutenu par une parfaite direction d’acteurs, le casting principal se montre extrêmement subtil et charge d’émotion. Quant aux guests, ils sont tout simplement sublimes, avec une mention évidemment très spéciale à Anastasia Phillips qui écrase littéralement toute la distribution. Ses multiples personnalités sont autant d’occasion de déployer tout son talent d’actrice. Les scènes d’interrogatoire où Murdoch tente de percer à jour laquelle de ses personnalités est ou non responsable de la mort de son père sont autant de moments d’anthologie de la série. Celle-ci, avec cette merveille d’épisode, prouve une fois de plus que les enquêtes de Murdoch, loin de l’image traditionnelle d’une série policière classique, est tout à fait capable de s’aventurer sur des sentiers originaux et sombres, bien différents des scénarios qu’elle propose d’ordinaire. Pétri d’émotion, puissant, prenant, surprenant, Suspects multiples (inepte titre français au regard de l’original) est, sans conteste, l’un des chefs d’œuvres de la série. Anecdotes :
6. ASCENSEUR POUR UN TABLEAU Scénario : Carol Hay Réalisation : Cal Coons Première diffusion : 25/04/2010 (CAN) ; 30/11/2011 (FRA) Résumé : Lorsqu’un tableau de grande valeur est volé en sa présence, dans l’ascenseur ultra moderne et sécurisé de l’immeuble d’un grand industriel, Murdoch flaire une affaire louche… Critique : Un épisode intéressant, à défaut d’être passionnant, présentant une variation sur le thème du crime impossible. Celui-ci, pour original qu’il soit – un audacieux vol de tableau dans un ascenseur au nez et à la barbe de la police – n’est guère plausible : réaliser un tel crime dans un laps de temps aussi bref relève de la gageure. Mais peu importe, c’est la loi du genre, et Carol Hay n’est pas John Dickson Carr, le maître du genre. Ascenseur pour un tableau est surtout intéressant pour sa présentation de James Pendrick, figure récurrente de la série, un antagoniste à la hauteur de Murdoch : bel homme, arrogant, supérieurement intelligent, en avance sur son époque, l’industriel fascine et horripile l’inspecteur avec une aisance surprenante, tout comme son ensorcelante épouse l’envoûte et le charme. Leurs personnalités façonnent cet épisode, qui alterne maladroitement de fines études psychologiques avec des séquences drolatiques parfois malvenues. On s’amuse de la gêne de Murdoch devant la nudité de Madame Pendrick, des dissertations artistiques de Crabtree devant un « triangle » de peinture, mais tout cela n’est pas toujours de très bon goût. De plus, si abondance de biens ne nuit pas, surabondance de rebondissement peut finir par alourdir une intrigue convenue. Vol, fausse piste, faux vol, meurtre, double meurtre des meurtriers du premier crime, etc. L’histoire progresse au rythme de ces coups de théâtre qui surviennent au petit bonheur de la chance et l’enquête procède davantage du hasard que des talents d’enquêteur de Murdoch. Au total, un épisode indispensable pour le fil rouge – ténu et naissant – de la saison, mais sans plus. Anecdotes
7. CIRQUE SANGLANT Scénario : Paul Aitken & Alexandra Zarowny Réalisation : David Sutherland Première diffusion : 02/05/2010 (CAN) ; 30/11/2011 (FRA) Résumé : Le cirque Barnett vient d’être victime d’un accident. La jeune dompteuse, Kitty Walker, est retrouvée à demi dévorée par son tigre. Cependant, il semblerait qu’il s’agisse d’un meurtre et non d’un accident. Critique : Un épisode assez faible, Cirque sanglant ne possède pas un très bon scénario. Peu passionnant, l’enquête piétine lentement, pour s’avancer finalement vers une solution très classique de crime passionnel. Tourné quasiment exclusivement en studio – probablement pour des questions de budget – le film aurait sans doute gagné à s’aérer en extérieur ou, a minima, au cirque. Or, rares sont les scènes s’y déroulant, pratiquement toute l’affaire se résolvant au poste de police. Murdoch semble très mal à l’aise face aux « phénomènes » du cirque mais ceux-ci ne sont pas très convaincants et la référence du cultissime Freaks ne va pas au-delà de la simple référence. Tout tourne là aussi d’une histoire d’amour ayant mal tourné et d’une vengeance mais tout cela n’est pas palpitant, faute peut-être à des comédiens pas très convaincants et une réalisation molle et sans grande imagination. Restent quelques scènes amusantes, notamment celles entre Brackenreid et le petit signe Athéna, ou les supputations amoureuses de Crabtree et Higgins à propos des sœurs siamoises. Un épisode hautement oubliable. 8. FUTUR IMPARFAIT Scénario : Cal Coons Réalisation : Cal Coons Première diffusion : 09/05/2010 (CAN) ; 06/11/2011 (FRA) Résumé : Alors que Murdoch et le docteur Hogden assistent à une conférence sur l’eugénisme présidée par James Pendrick et l’auteur H. G. Wells, un chien débarque en portant dans la gueule un bras humain tranché… Critique : James et Sally Pendrick : le retour ! Ils n’ont pas été bien longs à revenir mettre les nerfs et le cœur de l’inspecteur Murdoch à rude épreuve. Cette fois-ci, Pendrick se passionne pour l’eugénisme, mouvance philosophique et scientifique très en vogue à la fin du XIXe siècle. Le rejet en bloc de cette théorie va de pair avec la méfiance et la haine viscérale que Murdoch voue à Pendrick, ici, exacerbée comme jamais. Leurs affrontements hauts en couleur occupent une bonne du métrage et l’intrigue policière se voit reléguer quelque peu au second plan. L’affaire des vols de chiens que Crabtree s’obstine à mener donne une impulsion intéressante et mène Murdoch dans la bonne direction. Mais beaucoup de parasitent orbitent autour de l’inspecteur et l’empêche de progresser rapidement : le retour de Ruby Ogden, l’attachement naissant de cette dernière envers Crabtree l’apparition amusante de H. G. Wells, la toujours envoûtante Sally Pendrick, tout cela permet de combler un épisode un peu vide. On tourne un peu en rond, mais cela reste du Murdoch classique, assez bien écrit et filmé. Anecdotes
9. LE PASSÉ DÉTERRÉ Scénario : Lori Spring Réalisation : David Sutherland Première diffusion : 16/05/2010 (CAN) ; 13/11/2011 (FRA) Résumé : Un chantier en ville met à jour deux cadavres momifiés et parfaitement conservés par la tourbe. Ce couple paraît avoir été assassiné il y a plus de cinquante ans. Murdoch décide alors de déterrer le passé… Critique : Nouvelle merveille d’intelligence, le passé déterré possède une atmosphère mystérieuse et bénéficie d’un scénario extrêmement solide. L’enquête policière est, pour une fois, réellement passionnante et rondement menée, à la façon d’une affaire de Sherlock Holmes. Murdoch remonte habilement les fils du passé afin d’éclairer un double assassinat vieux de plus de cinquante ans. Emprunt de tristesse et de mélancolie, l’épisode s’intéresse à de petites gens apparemment parfaitement innocents et il faudra toute la sagacité et la compréhension de Murdoch pour percer à jour le mystère. D’un banal fait divers devenu tragédie humaine, l’inspecteur extrait une sombre vérité et se révèle extrêmement humain aux vues des circonstances. La morale de cette histoire pourrait être que l’amour est plus fort que la haine, que tout passé n’est pas bon à déterrer et que justice n’est pas toujours aisée à rendre. L’intrigue secondaire tourne autour de la cousine de Crabtree, en visite à Toronto, et n’est pas passionnante, mais elle se révèle tellement discrète qu’elle ne nuit en rien à l’épisode. On s’amuse de plus volontiers des velléités de Brackenreid de faire la une des plus grands journaux internationaux. Indispensable. 10. MANOIR HANTÉ Scénario : Paul Aitken Réalisation : John L’Ecuyer Première diffusion : 23/05/2010 (CAN) ; 20/11/2011 (FRA) Résumé : Le manoir Beaton serait maudit : depuis le suicide de Timothy Beaton, ses frères semblent être la proie d’un fantôme bien décidé à les exterminer, un par un. Critique : Non, nous ne sommes pas dans une « histoire de fantômes chinois », mais dans une histoire de fantômes haïtiens, plus originale. La thématique de la maison hantée est habilement exploitée, mais sans grande surprise. L’atmosphère est plus amusante qu’inquiétante et on se croirait presque dans un épisode de Scooby-doo avec son lot d’apparitions fantomatiques, de portes qui claquent, de plancher qui grince et de suspects tous plus louches les uns que les autres. Faute à un manque d’audace scénaristique, la vérité se devine aisément grâce à de nombreux indices et ce, dès les premières minutes. La réalisation pallie aux défauts les plus évidents mais ne peut pas non plus faire des miracles face aux clichés, nombreux, sur les histoires de fantômes. Plus intéressant se trouve être le traitement du racisme, mais cela reste très discret et presque anecdotique. On ne passe pas un mauvais moment mais rien d’inoubliable non plus. Anecdotes :
Scénario : Philip Bedard & Larry Lalonde Réalisation : Don Mc Cutcheon Première diffusion : 30/05/2010 (CAN) ; 27/11/2011 (FRA) Résumé : Cecil Fox, un criminel notoire, est pendu pour un crime dont il se dit innocent. Mais lors de son autopsie par le docteur Hogden, l’homme se relève d’entre les morts et s’enfuit… Critique : Un bon épisode traitant de l’erreur judiciaire et du questionnement – timide – à propos de la peine de mort. L’aspect historique est parfaitement respecté en plus d’une affaire policière intelligente, rythmée et relativement crédible. Bien sûr, il serait possible d’objecter que l’astuce utilisée par le condamné pour survivre est tirée par les cheveux mais c’est suffisamment bien fait pour attirer notre indulgence. L’enquête fonctionne, Murdoch remontant les fils du mystère patiemment, l’affaire se révélant parfaitement limpide. Julia se montre, à l’occasion de ce film, une maîtresse femme, seule à même de dénouer l’un des écheveaux de l’affaire, avec poigne et fermeté. Cette première prise de position est annonciatrice de la fin de la saison, même si elle survient un peu tard pour être totalement plausible. Soulignons une musique particulièrement plaisante, aussi bien dans les scènes nostalgiques, d’humour ou d’enquête. Anecdotes
12. LA VÉRITÉ NUE Scénario : Jean Creig Réalisation : Steve Wright Première diffusion : 06/06/2010 (CAN) ; 04/12/2012 (FRA) Résumé : Une jeune femme est retrouvée étranglée dans un parc. En fouillant son appartement, la police découvre des photographies dénudées de cette femme, en compagnie de plusieurs hommes influents de Toronto… Critique : Sous des abords légers, la vérité nue se révèle ingénieux, complexe et assez passionnant. Formant un diptyque avec l’épisode final, le scénario prend un malin plaisir à nous égarer sur des fausses pistes et on se prend au jeu des faux semblants distillés par les suspects. La toujours enivrante Sally Pendrick jette le trouble entre Murdoch et Julia tandis que celle-ci s’apprête à changer de carrière, annonçant le bouleversement de fin de saison. Les confrontations entre Murdoch et Pendrick trouvent ici leur paroxysme et on ne se lasse pas de regarder le petit air satisfait de Murdoch lorsqu’il parvient enfin à le coincer. Cette faiblesse bien naturelle de l’inspecteur étoffe le jeu de Yannick Bisson, parfois un peu trop monolithique. Thomas Craig n’est pas en reste, avec quelques scènes d’interrogatoire jouissives comme il est le seul à savoir les jouer. Comme souvent dans Murdoch, c’est un petit détail entr’aperçu au début de l’épisode qui s’avère révélateur. Il est ici astucieusement dissimulé, nous amenant à croire à une vérité cependant pour le moins douteuse dont… la lumière ne sera faite que dans l’épisode suivant. Anecdotes :
13. L'EFFET TESLA Scénario : Cal Coons Réalisation : Steve Wright Première diffusion : 13/06/2010 (CAN) ; 11/12/2011 (FRA) Résumé : Alors que Julia s’apprête à quitter ses fonctions de médecin légiste pour devenir responsable d’un hôpital pour enfants à Buffalo, un homme est retrouvé électrocuté dans une chambre d’hôtel, littéralement « cuit » de l’intérieur. Murdoch reçoit à cette occasion l’aide de Nicolas Tesla. Critique : Un superbe final de saison, extrêmement bien écrit et réalisé. L’épisode démarre très fort avec une scène d’assassinat glaçante à souhait. Puis, l’enquête s’oriente vers l’affaire scientifique avec le retour appréciable de Nicolas Tesla, puis vers une possible implication de James Pendrick. L’obstination de Murdoch à vouloir croire ce dernier coupable, tout en étant tourmenté par le prochain départ du docteur Hogden amène sa charge d’émotion, celle-ci culminant dans l’ultime scène de l’épisode. Par ailleurs, le retour du toujours excellent Terence Meyers prouve l’importance de l’espionnage dans cette affaire, genre qui a toujours réussi à la série. Le scénario est efficace, intelligent, avec de belles pointes d’humour et de passion. Les théories scientifiques développées – ici une arme mortelle utilisant les particules à micro-ondes – sont extrêmement crédibles, même pour l’époque, et il est plaisant de revenir aux sources de la série, c’est-à-dire l’exploitation des avancées technologiques du XIXe siècle au profit du crime ou de la criminalistique, teinté de steampunk. L’interprétation est hors pair dans ce film : Peter Stebbings est réellement excellent dans le rôle de Pendrick, tout en complexité. Kate Greenhouse montre enfin tout son talent dans le rôle de son épouse, dont nous découvrons enfin le vrai visage : il faut voir la tête de Murdoch lorsqu’il comprend qu’elle l’a manipulé depuis le début ! Quant à Peter Keleghan, il rend à chaque fois le personnage de Meyers plus jouissif qu’à son apparition précédente. Gros bouleversement : Julia Hogden quitte Toronto pour la ville de Buffalo ! L’actrice reste dans la série, comme nous le verrons dans la saison suivante, mais son personnage ne sera plus jamais le même. Il était nécessaire aux scénaristes de trouver une astuce pour éloigner Julia et William, puisqu’ils ne souhaitaient pas, à cette époque, les rapprocher et les marier. Le seul moyen qu’ils ont trouvé fut donc de faire quitter la ville au médecin. Mais dès lors, Julia ne sera plus la jeune femme brillante et espiègle que nous avions connu jusque-là. La production, ne sachant clairement plus quoi faire du personnage pendant un long moment, lui fera perdre énormément de son essence, par diverses expérimentations douteuses. Anecdotes :
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Saison 2 1. La loi du Far West (Mild, Mild West) 2. L'éventreur de Toronto (Snakes and ladders) 3. Dans la Gueule du Dinosaure (Dinosaur fever) 4. Le Roi de l'évasion (Houdini Whodunit) 7. Le crime est une science (Big murderer on campus) 8. L'arme absolue (I, Murdoch) 9. Crabtree mène l'enquête (Convalescence) 11. Meurtre à la synagogue (Let us ask the maiden)
1. LA LOI DU FAR WEST Scénario : Derek Schreyer Réalisation : Paul Fox Première diffusion : 10 février 2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Le spectacle de Buffalo Bill est en ville. Alors que Murdoch, le docteur Hogden, Brackenreid et Crabtree se détendent en assistant au show, un numéro tourne mal. Un cowboy est tué d’une balle tirée par son partenaire. Ce dernier prétend pourtant qu’il s’agit d’un accident. Critique : Murdoch au far west ! La deuxième saison s’ouvre sur un épisode décevant, mou et à l’interprétation peu convaincante. Implanter le far west dans une ambiance typiquement canadienne est amusante mais cela ne va guère plus loin. A l’instar du Buffalo Bill Show, tout ici est de pacotille, les cowboys ne sont absolument pas convaincants dans leurs personnages, caricatures d’eux-mêmes. Aucun cliché sur l’Ouest ne nous est épargné, de l’homme aux dents en or au chasseur de prime ténébreux, jusqu’à cette improbable et ridicule séquence où Murdoch attrape un suspect au lasso depuis un cheval emprunté pour l’occasion. L’enquête en elle-même progresse logiquement, suivant un petit train-train établi et sans grande surprise jusqu’à une vérité somme toute prévisible, bien qu’intéressante. Mais l’intrigue est de plus desservie par certains comédiens peu convaincants (et mal doublés dans la VF), Buffalo Bill en tête. Tout n’est pourtant pas à jeter dans cet épisode. Les reconstitutions du passé tournées à la façon des vieux westerns muets constituent une excellente idée, parfaitement mis en scène. La relation ambiguë entretenue par Brackenreid avec la cowgirl Annie Oakley est également très amusante. Superbe scène : Murdoch se fait passer un savon par Madame Brackenreid après que celle-ci a trouvé les bouteilles de whisky dans son bureau. Furibond, il vient claquer la porte de l’inspecteur-chef, ce dernier souffrant d’une terrible gueule de bois après avoir passé la nuit à boire en compagnie d’Annie Oakley. Au total, un début un peu décevant pour la saison. Heureusement, le niveau va se relever rapidement. Anecdotes :
2. L'ÉVENTREUR DE TORONTO Scénario : Cal Coons Réalisation : Farhd Mann Première diffusion : 10 février 2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Des femmes sont sauvagement assassinées dans les rues de Toronto. L’inspecteur Scanlon, de Scotland Yard, est en ville, persuadé d’être sur la piste de Jack l’Eventreur. Il sollicite la collaboration de Murdoch et de son équipe. Critique : Un classique, tout simplement l’un des meilleurs épisodes de la série et, incontestablement, le meilleur de la saison. Noir, violent, pratiquement aucun humour, une intrigue secondaire réduite au minimum, une affaire resserrée, particulièrement bien écrite et mise en scène, L’éventreur de Toronto fonctionne à la perfection. L’affaire se déroule par strates, marquée par la forte personnalité de l’inspecteur Edward Scanlon. Joué à la perfection par l’Ecossais Alastair Mackenzie (Lewis, Barnaby, Dracula), l’homme est ambigu, mystérieux, colérique, mais également doué d’empathie et de diplomatie. Les scènes entre lui et Higgins sont savoureuses et fines. Apport très heureux tout autant que bref à l’univers de Murdoch, Scanlon est sans conteste l’atout majeur de l’épisode, de ces plus-values remarquables faisant d’un épisode aux atours classiques une petite perle. Tout le ballet orchestré autour du jeu « Serpent et échelles », donnant son nom à l’épisode, est particulièrement révélateur : objet d’apparence banal, qui sert de liant entre les personnages, il évoque les jeux entre le meurtrier et les policiers et se révèlera déterminant pour arrêter le coupable. Subtile mise en abyme amenant à la puissante confrontation finale. Si le dénouement peut se deviner, il n’en est pas moins fort bien amené et réalisé. A ce sujet, les plans sont léchés, très travaillés, en longs travellings et plan séquences intelligents. Même les scènes où Murdoch et Julia apprennent à danser sont importantes. Non seulement elles servent l’évolution de leur relation, annoncent l’épisode suivant et offrent à Hélène Joy une belle performance dans la dernière scène où, traumatisée, blessée, elle se laisse un peu aller dans les bras de Murdoch. Bref, du tout bon ! Anecdotes :
3. DANS LA GUEULE DU DINOSAURE Scénario : Jean Greig Réalisation : Paul Fox Première diffusion : 17 février 2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Au bal des dinosaures où doit être présenté une nouvelle sorte de fossile découvert dans l’Alberta, un éminent paléontologue est retrouvé mort dans la gueule d’un squelette de dinosaure. Critique : Quelle déception ! Après un épisode passionnant, voici une bien piètre histoire qui se traîne terriblement en longueur. Après une introduction percutante et originale – la découverte du corps est aussi brutale que drôle – nous tombons dans des platitudes insondables. Il est en effet difficile de se passionner pour cette histoire grotesque de dinosaures et de paléontologues à l’ego surdimensionné. S’inspirant du canular de l’homme de Piltdown – fausse découverte d’un fossile fabriqué de toute pièce en 1912 – nous suivons une enquête lente et sinueuse pour pas grand-chose. Inutilement compliqué, avec des reconstitutions en deçà des habituelles productions à laquelle nous a habitué la série, l’épisode respire l’ennui. L’aventure grotesque est ralentie par une absurde histoire d’autopsie retardée qui alourdit l’enquête, une enquête qui progresserait bien trop vite autrement. La solution du crime, mainte fois repoussée, est finalement fort banale et nous l’oublions bien vite. Seule l’ultime scène du film est intéressante. Murdoch fantasme son futur, futur où il s’est reconverti dans la paléontologie et fait des fouilles dans l’Alberta. Il a un fils et est marié à une mystérieuse jeune femme dont nous ne verrons pas le visage. Scène amusante, elle est cependant totalement détachée du reste de la série et n’aura aucune conséquence dans les saisons suivantes. 4. LE ROI DE L'ÉVASION Scénario : Alexandra Zarowny Réalisation : Farhad Mann Première diffusion : 24 février 2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Alors que les forces de police assistent au spectacle du jeune prodige Harry Houdini, un braquage sanglant est commis dans une banque jouxtant le théâtre. Aussitôt les soupçons se portent sur le magicien tandis que le docteur Hogden découvre que l’assistante d’Houdini n’est autre que Ruby, sa jeune sœur. Critique : La magie s’invite pour la première fois dans la série dans un agréable épisode mais sans grande surprise. Un peu mou, un peu fade, peu rythmé, et à l’intrigue guère palpitante. Cela se regarde, certes, mais on se demande par moments s’il n’y a pas mieux à faire car le mystère est loin de retenir notre attention. Une belle conclusion, pleine d’illusion et, une fois encore, à base de maquette, ne suffit cependant pas à susciter l’intérêt. Heureusement que de savoureux échanges sont là pour relever le niveau et qu’Harry Houdini s’avère très drôle, surtout lorsqu’il décide de faire tourner Brackenreid en bourrique. Leurs échanges plein de fougue, de hargne et de vannes est un régal ; jusqu’au gag final bien trouvé. Autre atout : Ruby Hogden. Stricte opposée de sa sœur, son côté « rentre dedans » bouleverse un peu les codes de la série. On sent Murdoch un peu sous le charme de la jeune femme, qui n’a aucun scrupule à se servir de son sex-appeal pour obtenir ce qu’elle veut. La scène du restaurant est très bien trouvée. Loin de succomber, on sent Murdoch imaginer Julia en dévergondée. A l’évocation du passé de la jeune femme où, encore adolescente, elle s’était faite arrêter avec des camarades pour s’être baignées nues dans une rivière, Murdoch se fait bien rêveur. Amusant, léger, un peu trop peut-être, cet épisode ne laisse pas un grand souvenir, plutôt une petite impression pas désagréable. Anecdotes :
5. LA FÉE VERTE Scénario : Bobby Theodore Réalisation : Don McBrearty Première diffusion : 03/03/2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Une bombe incendiaire est jetée dans le salon d’une maison close faisant fuir ses occupants. L’incendie est rapidement maîtrisé mais le cadavre sauvagement assassiné d’une jeune prostituée est découvert à l’étage. L’affaire implique une connaissance de Murdoch, un magistrat de la ville et un artiste peintre. Critique : Historique ! Cet épisode marque le premier réel pas en avant entre Murdoch et Julia qui succombent enfin l’un à l’autre. Et c’est bien ce qui constitue l’atout majeur de l’épisode. En effet, l’enquête policière qui nous est narrée est intéressante, mais guère plus. Pas de grande surprise ni de mécanique diabolique pour nous tenir en haleine. Juste une histoire correcte de crime passionnel mais dont la solution, une fois de plus, est assez prévisible. Quelques digressions (le peintre, le magistrat et son fils, la tenancière de la maison close et ses relations avec l’inspecteur…), fort prévisibles, tentent de nous éloigner de la vérité. Si Murdoch, au lieu de se préoccuper de ses affaires personnelles, avait ne serait-ce que poussé un peu plus loin ses investigations, il serait parvenu à la découvrir bien plus rapidement et aurait peut-être même pu empêcher une autre mort. Mais c’est que l’inspecteur a bien d’autres préoccupations en tête. Il a une expérience à mener. Et quelle expérience ! Pour découvrir si, oui ou non, on compte parmi les vertus de l’absinthe d’être un puissant soporifique, il décide d’en boire jusqu’à plus soif et invite à cette fin Julia. Ces derniers, ainsi, se livrent à une libation des plus jouissives lors d’un mémorable piquenique. Les effets de l’absinthe les libèrent et ils se jettent enfin dans les bras l’un de l’autre. C’est parfaitement écrit, joué et mis en scène. Il fallait une bonne dose de d’euphorie pour désinhiber ces deux-là ! Alors on se réjouit que la production n’ait pas attendu plus longtemps pour les voir se mettre ensemble même s’ils le cachent à leurs collègues. A cet instant, on ne se doute pas encore que les réjouissances seront de si courte durée. Anecdotes :
6. HISTOIRES DE FEMMES Scénario : Laura Phillips Réalisation : Don McBrearty Première diffusion : 10 mars 2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Lilly Dunn sort de chez un médecin, titubante et se met à saigner abondamment des yeux. Quelques heures plus tard, elle est retrouvée, entièrement dévêtue, dans la rivière. Elle est littéralement vidée de son sang. L’enquête s’oriente rapidement vers un avortement clandestin. Critique : Un épisode bien sombre et terriblement réaliste. Produire un épisode évoquant les avortements clandestins du début du XXe siècle était un sujet osé pour le Canada, toujours très conservateur. Le sujet est traité crûment, sans concession et avec réalisme. L’enquête policière révèle peu à peu le monde sombre des faiseuses d’anges et des médecins « complaisants ». N’oublions pas qu’avorter et aider une femme à avorter, de quelque manière que ce soit, était passible de la peine de mort à l’époque. La triste aventure de ces jeunes femmes livrées à elles-mêmes est superbement transposée, dans un épisode très dur. Murdoch se montre tout d’abord inflexible face à la loi, et ses convictions religieuses s’en mêlent sans prendre pour autant le pas sur son devoir ou sa raison. A la fois comprend-t-il ces femmes et à la fois ne peut-il pas leur pardonner leur geste. C’est à un véritable combat intérieur que se livre finalement Murdoch et Yannick Bisson s’y montre remarquable. Là où il pêche davantage c’est dans ses rapports avec Julia. Ces scènes sont surjouées et peu convaincantes : la jalousie soudaine de Murdoch s’exprimant de la plus ridicule des manières. A l’inverse, Helène Joy apporte une profondeur extrêmement touchante à son personnage et l’enrichit de manière complexe. Mais quelle idée, en revanche, que d’avoir brisé ce couple si durement acquis si tôt dans la saison ! S’il est aisé d’en comprendre les raisons : dramatiquement, les producteurs avaient une peur panique de « caser » les personnages et que toute tension sexuelle disparaisse entre eux. Il était évident que leur relation n’allait pas durer. Mais pourquoi ne pas leur avoir accordé au moins un épisode de répit ? Sitôt ensemble, sitôt séparé. Ni eux ni le spectateur n’a eu le temps d’apprécier l’événement. Cela dommage véritablement l’épisode qui ne peut donc emporter la note maximale. Une grande scène, cependant, pour conclure : Murdoch menace l’homme ayant mis enceinte Lilly. Ce dernier hausse la voix et veut s’en prendre à Murdoch. Mais celui-ci s’emporte soudain et nous rappelle à quel point c’est un faux calme, doué d’une grande force physique et que, les rares moments où il s’énerve, il vaut mieux ne pas être sur le chemin de cet ex bucheron. Il répète même ses gestes brutaux dans l’épisode, face au médecin véreux. Du grand Murdoch. Anecdotes :
7. LE CRIME EST UNE SCIENCE Scénario : Carol Hay Réalisation : Laurie Lynd Première diffusion : 17/03/2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Le professeur Samuel Bennet, directeur du département de physique de l’université de Toronto, est assassiné d’une balle de fusil alors qu’il faisait des observations au télescope. La balle aurait été tiré depuis la cour où plusieurs témoins jurent n’avoir vu aucun tireur. L’enquête se complique par la récente séparation de Murdoch et Julia. Critique : Un excellent cru ! Episode intelligent, brillamment écrit et parfaitement mis en scène, le scénario est passionnant. Pour le coup, l’enquête policière retient toute notre attention. Machiavélique, le crime est obscur, de même que ses motifs. Mais la mécanique policière qui se met en place ressert parfaitement l’étau autour des suspects, jusqu’à les enserrer dans une nasse inextricable. Et tout le monde s’y met : Crabtree est mis à forte contribution, frôlant la mort, et il faudra toute l’astuce de Brackenreid pour venir à bout des coriaces coupables. L’utilisation de l’arme du crime est ingénieuse, digne de Mission : Impossible et la mise en place du meurtre est somptueuse. La manipulation finale à laquelle se livre Murdoch pour arrêter les meurtriers est très drôle, réalisée à la perfection et ne déparait pas dans un épisode aussi intelligent. L’excellente interprétation des trois suspects renforce la bonne impression de la vision de cet épisode. Les personnages sont retors, malins et le jeu auxquels ils se livrent avec les forces de police est très réjouissant. La situation nous rappelle Criminologie appliquée de Columbo, par sa mécanique, sa logique, ses protagonistes, et son machiavélisme. Deux intrigues secondaires complètent élégamment, pour une fois, l’épisode. La première consiste en la découverte de Crabtree de l’existence de sa mère biologique. Après avoir passé une petite annonce pour la retrouver, il se trouve bien embarrassé lorsque deux mères se présentent à lui et se disputent leur maternité. C’est la diplomate docteur Hogden qui parviendra à trancher la question, tel Salomon. La seconde intrigue est bien évidemment centrée autour des déboires entre Murdoch et Julia, qui s’évitent depuis leur séparation à l’épisode précédent. S’il me semble toujours aussi stupide d’avoir fait cela sitôt dans la saison, le sujet est néanmoins très bien traité : leurs maladresses respectives sont parfaitement jouées, discrètes et ne prennent pas le pas sur l’intrigue secondaire. Anecdotes :
8. L'ARME ABSOLUE Scénario : Lori Spring Réalisation : Laurie Lynd Première diffusion : 24 mars 2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Le petit Alvin, huit ans, vient signaler au poste de police qu’un géant en armure sème la terreur sur les bords du fleuve. Intrigué, Murdoch part enquêter mais ne découvre que quelques traces de roue. Ramenant l’enfant chez lui, il fait la connaissance de la mère d’Alvin, Enid Jones. Pendant ce temps, un brillant ingénieur est assassiné dans les rues de Toronto après qu’un aveugle lui ait donné un coup de canne dans le pied. Critique : Toronto : nid d’espions ! L’introduction est sympathique et originale : cette intrusion dans la science-fiction comme on n’en avait pas vu depuis la fin de la saison 1 est la bienvenue. L’être étrange que traque Murdoch tient autant du robot que du bonhomme de fer du Magicien d’Oz. Une solution plus prosaïque viendra révéler une vérité très « scientiste », intelligente et offre un final époustouflant. Les enquêtes de Murdoch flirtent aisément et avec bonheur sur la mouvance steampunk, empruntant ici à Jules Verne sa thématique (ainsi que d’amusantes références au film de Billy Wylder La vie privée de Sherlock Holmes, avec la mort du nain). Mélangeant polar, fantastique, espionnage et aventure, cet épisode est une belle parenthèse, légère et bien réalisée. Terence Meyers, plus retors que jamais, apporte une belle plus-value à cette histoire. Murdoch se révélant finalement plus futé que lui, on se délecte à sa déconfiture. Par ailleurs, l’aventure qui débute entre Murdoch et Enid Jones est un moyen de créer une diversion dans les amours entre Murdoch et Julia. Cette histoire, pour touchante et romantique qu’elle soit, n’est pas très logique et Murdoch succombe aisément à une nouvelle jeune femme, lui qui était si coincé jusque-là. Cela nous fournit cependant l’une des plus jouissives séquences oniriques de la série, avec Julia en tortionnaire masochiste, mais cela demeure une astuce scénaristique un peu facile, empêchant l’épisode d’obtenir la note maximale. Un épisode très amusant donc, enlevé et qui tranche avec le reste de la saison, plutôt sombre. Anecdotes :
9. CRABTREE MÈNE L'ENQUÊTE Scénario : Paul Aitken Réalisation : Eleanor Lindo Première diffusion : 31 mars 2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Traquant un suspect sur les toits de Toronto, Murdoch fait une grave chute et se retrouve contraint de prendre du repos dans la chambre de sa pension. Tandis que Crabtree reprend l’enquête de l’inspecteur à son compte, Murdoch remarque de bien curieux phénomènes au sein de la pension. Critique : Un petit bonheur : Murdoch alité, coincé au lit, agonisant, tandis que de son côté Crabtree monte temporairement en grade et se voit chargé d’une enquête à résoudre. Que demander de plus ! Inversion des rôles, enquêtes brillantes et intelligentes, en n’oubliant pas les jeux très amusants d’un triangle amoureux des plus réjouissants. Le personnage d’Enid Jones n’est plus là que pour jouer les utilités : elle a du chien, du panache et ses apparitions gênées avec Julia sont savoureuses. Crabtree se retrouve à la tête de sa première affaire et il aura bien du mal à démêler les écheveaux de ce crime : aidé d’Higgins, c’est grâce à un perroquet que la vérité se fera jour. Une bonne histoire, rondement menée, et il est vraiment agréable de voir George prendre de l’importance. Trop sûr de lui tout d’abord, c’est en appliquant les méthodes de l’inspecteur et l’aide de Brackenreid qu’il va faire progresser son affaire. A nouveau, nous plongeons dans l’onirisme pour explorer la psyché – compliquée – de l’inspecteur Murdoch. Ces séquences, très belles, sont à la fois là pour lui permettre d’avancer dans sa vie privée entre sa (ses) femme(s) et pour l’amener à résoudre une sombre enquête depuis son lit. Beaucoup d’intrigues donc, qui s’entrecroisent, s’entrechoquent, et pourtant, c’est digeste, lisible et aucune histoire ne souffre de comparaison avec une autre. N’oublions pas l’humour, omniprésent : le perroquet qui insulte à qui mieux-mieux Brackenreid, Crabtree qui manque de tourner de l’œil pendant l’autopsie alors que Julia est toute guillerette… Autant de scènes plaisantes qui font de cet épisode une petite perle. Anecdotes :
Scénario : Alexandra Zarowny Réalisation : Eleanor Lindo Première diffusion : 6 mai 2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Une jeune télégraphiste est retrouvée morte dans une barque sur la rivière. De prime abord, on pourrait croire à un suicide mais l’enquête s’oriente rapidement sur un meurtre. Murdoch apprend que la jeune femme entretenait une relation « virtuelle » avec un autre télégraphiste, renvoyé il y a peu. Critique : Quelle bonne idée ! Transposer les sites internet de rencontres dans l’univers de Murdoch en utilisant le système du télégraphe tient du génie. L’affaire est sombre, violente et pousse Murdoch dans ses retranchements. Contraint d’utiliser les talents d’Enid Jones pour traquer le meurtrier, il n’hésite pas à se servir d’elle et de sa vie privée pour arriver à ses fins. Une très belle scène, pleine de tensions entre les deux amoureux, n’augure rien de bon pour la suite de leur relation. Mais elle prouve que la série est déjà capable d’oser malmener ses personnages et que Murdoch n’est pas parfait. Un beau suspens, une affaire délicate, une résolution intéressante et plus originale qu’il y paraît de prime abord, d’autant plus que le mobile du crime est très bien trouvé : du tout bon. La seconde intrigue se centre à nouveau sur Brackenreid et ses problèmes d’alcool qui déteignent sur sa vie privée et sur son travail. Encore une fois, le scénario est parfaitement écrit et tout le talent de Thomas Craig explose dans toutes les scènes où il apparaît. Soucieux d’arrêter de boire, il se retrouve en état de manque et contraint de demeurer au poste de police alors que son état se dégrade. Un échange des plus rudes s’ensuit entre lui et Crabtree. Scène puissante, là encore, la série sort des sentiers battus, pour notre plus grand bonheur. Intelligent, original, intrigant et parfaitement mené. Du grand Murdoch ! 11. MEURTRE À LA SYNAGOGUE Scénario : Jason Sherman Réalisation : Harvey Crossland Première diffusion : 13 mai 2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Un jeune Juif meurt pendant l’office en se cramponnant à un livre interdit. Murdoch découvre rapidement que la promise du jeune homme, très malade, semble elle aussi à l’article de la mort. Critique : Sacrée déconvenue que ce Meurtre à la synagogue après cette succession de bons épisodes. On retombe dans des platitudes auxquelles la série ne nous a pas habitués. C’est mou, c’est long, c’est pénible et c’est incohérent. Après une introduction somme toute réjouissante qui nous rappellerait presque le Nom de la rose, nous pénétrons dans un univers religieux qui nous égare sur une fausse piste. Dès lors, les mystères se multiplient sans que nous parvenions à nous y retrouver. Histoire d’argent, histoire de femme, histoire de communauté… Trop de possibilités et une réponse des plus confuses. On suppose avoir découvert le meurtrier, car rien n’est clair. Quant au final, c’est un des plus bâclé de la série. Murdoch semble persuadé de tenir son coupable, mais il n’a aucune preuve. Heureusement qu’un autre suspect s’en vient et assassine le premier : quelle belle opportunisme de scénariste incompétent. Un des pires épisodes de la série. Le plus mauvais de la saison 2, incontestablement. 12. LE MYSTÈRE DU LOUP-GAROU Scénario : Paul Aitken Réalisation : Kelly Makin Première diffusion : 20 mai 2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Des notables de la ville sont sauvagement assassinés par un loup. Mais la rumeur qu’il s’agisse en réalité d’un loup-garou se répand. Murdoch penche davantage pour une machination visant un groupe d’éminents chasseurs au passé trouble. Critique : Un épisode peu palpitant, utilisant le thème du loup-garou, en le renouvelant par le spectre du chamanisme indien. Pourquoi pas ? Mais ce n’est pas forcément passionnant et l’enquête policière est totalement éclipsée par un récit d’aventure de chasse au trésor. La série a parfois le tort de s’égarer sur ce genre de sentiers et c’est rarement pour le meilleur. L’épisode se résume rapidement à la traque d’un monstre, s’avérant finalement être un homme, détruit psychologiquement. Le mobile est cohérent mais n’efface pas une impression brouillonne de déjà-vu. Les meilleures scènes concernent les échanges entre Crabtree et Jimmy, le guide indien traquant la bête. Une amitié nait entre les deux hommes, pleine de fraternité et de respect. Mais, à nouveau, on n’évoquera plus le personnage dans la suite de la série : encore une belle occasion manquée, typique de cette saison 2. L’épisode en profite pour conclure l’histoire entre Murdoch et Enid Jones, en une sorte de faux happy-end crétin et malvenu. Le petit Alvin, que l’on ne veut pas faire souffrir, ressortira inévitablement blessé de cette histoire et la scène finale, qui se veut émouvante, est surtout particulièrement irritante et met très mal à l’aise. Un épisode très oubliable. Anecdotes :
13. MURDOCH, PÈRE ET FILS Scénario : Laura Phillips Réalisation : Kelly Makin Première diffusion : 27 mai 2009 (CAN) ; ? (FRA) Résumé : Murdoch est contraint de collaborer avec Jasper Linney, un sergent de la police montée, traquant un tueur dont la particularité est de faire passer ses meurtres en accidents. Leur enquête commune, houleuse, les conduit jusqu’au fin fond de la Colombie Britannique où ils ont chacun la grande surprise de retrouver Harry Murdoch : leur père ! Critique : Un bon divertissement. Construit en flashback, l’épisode est bien écrit et vaut surtout pour les relations entre Murdoch, son père et celui qui se trouve être… Son demi-frère ! Cette révélation, fort amusante, arrive cependant un peu tardivement dans un métrage où le spectateur a déjà pressenti la véritable nature du Sergent Linney. Cela amoindrit légèrement la séquence mais n’enlève rien aux excellents échanges entre le sergent et l’inspecteur. C’est à un véritable combat de coqs que se livrent les deux hommes, combat des plus jouissifs, pour démonter les fils d’une enquête bien obscure dont les véritables motivations sont pécuniaires. Alternant les scènes d’enquête avec celles de Murdoch, père et fils (avec deux « S ») aux prises avec des bandits armés, l’épisode affiche un rythme soutenu, sans temps morts et se permet même de résoudre les problèmes entre Murdoch et Harry. Une belle distribution, un bon montage, une réalisation solide qui se permet quelques plans plus originaux qu’à l’accoutumée. La scène de reconstitution est remarquable, avec l’intrusion du sergent dans les méandres intellectuels de Murdoch, avec beaucoup d’humour. Une conclusion très plaisante pour la saison, drôle, enlevé, mais un épisode un peu à part. Anecdotes :
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