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 saison 1 saison 3

Le Saint (1962-1969)

Saison 2

 


1. LE COMPAGNON DE VOYAGE
(THE FELLOW TRAVELLER)

Date de diffusion : 18 septembre 1963

Un ingénieur talentueux est employé à Stevenage, par une entreprise d'électronique travaillant pour la Défense. Alors qu'il croule sous des dettes de jeu, on fait pression sur lui afin qu'il révèle des informations sensibles. Désespéré, il appelle alors à l'aide le célèbre Simon Templar, mais est alors abattu devant le Saint, sans avoir pu lui révéler grand-chose. Simon remonte la piste et découvre qu'un groupe d'espions venus du froid se dissimule derrière la couverture du casino The Blue Goose.

La saison deux ne débute certes pas triomphalement avec ce bien terne Fellow Traveller. Dès le long et laborieux lancement du récit, apparaît ce qui va devenir le chemin de croix de l'épisode.  En effet, l'argument s'avère si mince, si dépourvu de substance, que l'auteur va incroyablement délayer afin d'atteindre la durée réglementaire. Cela revêt la forme de multiples et interminables discussions avec les interlocuteurs successifs de Simon, aux antipodes de la proverbiale efficacité narrative anglo-saxonne. Par ailleurs, l'ensemble se voit filmé la caméra rivée au plancher, avec des personnages invariablement statiques. Quelle déception de la part de Peter Yates, incapable de trouver l'inspiration lui permettant de dynamiser l'ensemble par quelques plans suggestifs.

Commettre un épisode non pas avec une histoire, mais plutôt une simple idée passe-partout de scénario, conduit inévitablement au bavardage insipide. L'interprétation ressort également assez faible, en particulier l'impavide tueur aux poses si figées et caricaturales. Dawn Addams s'en sort mieux, mais les poncifs mélodramatiques plombent le personnage. Flamboyante et si sexy, Janine Gray insuffle enfin de la vie, mais son apparition reste malheureusement bien fugitive. Outre les roulements de tambour passablement ridicules et appuyés, le plus triste demeure la révélation prétendument surprenante de l'identité du chef du réseau, alors qu'il s'agit de l'unique personnage secondaire disponible pour cela. Les discussions se sont éternisées au point d'avoir empêché le développement de plusieurs pistes.

Le site de Stevenage suscite néanmoins quelques plans intéressants, même si secondaires. Le talent de Yates ne transparaît véritablement que dans les deux scènes d'action de l'épisode. Celle en automobile souffre néanmoins de l'absence de Roger Moore, d'où une doublure évidente et surtout un montage trop haché et artificiel. L'affrontement final se montre cependant spectaculaire et nerveux à souhait, mais au combien tardif. Que Ray Austin joue l'un des espions suscitera cependant un intérêt supplémentaire pour l'amateur des Avengers.

Stevenage, la ville où se déroule l'action ainsi qu'une bonne partie du tournage, existe réellement. Située dans le Herfordshire, elle se trouve à 50 kilomètres au nord de Londres. Son histoire remontre à l'occupation romaine, mais la ville moderne appartient à une série de villes modernes bâties autour de Londres lors de la reconstruction de l'immédiat après-guerre. D'où une apparence plus contemporaine que de nombreux villages aperçus dans diverses séries du temps, dont les Avengers.

Le site où se déroule la scène d'action entre la Volvo et le camion  se situe à Box Hill, dans le Surrey. Les virages de cette côte ont si marqués qu'elle est surnommée The Zig-Zag Road. Elle a servi de décor à des passages du même genre, pour diverses séries de l'époque (Les Champions, L'Homme à la valise, Destination Danger…), ainsi que d'emplacement pour des courses cyclistes. Cette particularité se doit à la présence de nombreuses collines, rendant Box Hill très réputé pour sa beauté naturelle. Jane Austen y situe l'action de son célèbre roman  Emma (1815). Situé près d'Epsom, Box Hill constitue en effet un lieu de promenade traditionnel pour la haute société.

Le Blue Goose est en fait la superbe résidence privée nommée High Canons, située non loin d'Elstree. Elle apparaît dans nombre de productions de l'époque dont les Avengers. On peut l'apercevoir lors du tag final de The Girl from Auntie, ou dans From Venus with Love, lors  du passage où Mrs Peel poursuit la lumière du laser.

Peter Yates se fit connaître comme réalisateur en tournant sept épisodes du Saint et en participant à Destination Danger. Il connut par la suite une brillante carrière au cinéma (Bullitt, 1968, La bande des Quatre, 1979), se prolongeant jusqu'aux années 2000.

Ray Austin (Marsh) fut un grand cascadeur, apparaissant également parfois dans de petits rôles. Il accomplit par la suite une brillante reconversion, devenant un metteur en scène reconnu et participant à de très nombreuses séries. Il réalisa ainsi deux épisodes ultérieurs du Saint (The People Importers et The Desperate Diplomate), ainsi que neuf épisodes de Chapeau Melon (y compris pour The New Avengers), série pour laquelle il occupa une place centrale dans l'organisation des diverses cascades et scènes d'action.

Janine Gray (la réceptionniste du Blue Goose) fut l'une de ces jolies actrices apparaissant dans nombre de séries des années 60. Elle incarne ainsi la mystérieuse jeune femme s'opposant à Cathy Gale dans le formidable Don't Look Behind You.

Après avoir fait demi-tour, Roger Moore heurte  l'encadrement de la porte (8'09'').

Un gros plan sur la Volvo permet de s'apercevoir qu'à l'évidence ce n'est pas Roger Moore qui conduit (15'55').

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2. LE SAINT EN VEDETTE
(STARRING THE SAINT)

Date de diffusion : 26 septembre 1963 (Brief for a Murder : 28 septembre 1963)

Un film va être tourné sur la vie du célèbre Simon Templar ! Le brutal producteur Byron Ufferlitz propose au Saint de jouer son propre rôle, en formant un duo avec la vedette féminine April Quest. D'abord recruté pour interpréter le Saint, l'acteur Orland Flane se voit éjecté du projet quand Simon, séduit par April, accepte la proposition. Or, peu de temps après, Ufferlitz est assassiné ! Simon mène l'enquête, tout comme l'Inspecteur Teal…

Après près un Fellow Traveller imbibé de somnifère, la série débute réellement cette deuxième saison avec un roman policier de grande cuvée, dont l'éclatant succès se bâtit sur deux piliers principaux : une implacable et efficace mécanique scénaristique et une subtile étude de caractères.  L'intrigue se montre en effet particulièrement riche, avec une impeccable orchestration du jeu, certes classique, des divers suspects, mobiles et alibis. Le suspense se montre constant, jusqu'à un ultime coup de théâtre. Tout au long d'un scénario dévoilant avec un art consommé ses différents ressorts, on perçoit clairement l'indéniable métier de Charteris. L'intrigue s'offre même le luxe d'un duel acéré opposant un soupçonneux « Claude » à Simon, s'avérant tout sauf négligeable. Une opposition d'autant plus relevée que ce Teal là, tout en rondeur, malice et apparente bonhommie (vite dissipée), s'avère un redoutable antagoniste !

 Mais Teal ne constitue lui-même qu'un des éléments de l'aussi sombre que remarquable galerie de portraits déployée par le récit, transcendée par une impeccable distribution. Les amateurs des Avengers apprécieront de retrouver une nouvelle savoureuse composition de l'excellent Ronald Radd, dans le rôle d'un reptilien homme de pouvoir, d'apparence plus courtoise que le pittoresque affairiste du Point de Mire, mais en définitive au combien moins sympathique. L'individu se montre remarquablement glaçant ! Autour de lui gravitent réalisateur, interprètes et secrétaire avec leurs espoirs parfois sordides, leurs secrets inavouables et leurs failles profondes. Un trouble panorama  remarquable d'intensité, digne de des meilleures œuvres du genre. On regrettera simplement que les auteurs, sans doute pour ne pas rebuter le public par une atmosphère par trop enténébrée, aient cru bon d'introduire leurs alter ego passablement bouffons et hors sujets ici (on se croirait chez leur équivalent de Clowneries).

La mise en scène se montre électrique, optant pour un rythme agréablement soutenu et une caméra suffisamment mobile. A l'inverse de l'opus précédent, Starring The Saint a l'excellente idée de ne pas laisser s'éterniser les scènes de dialogues et d'accélérer le tempo. Quelques scènes se détachent, comme la découverte du cadavre, ou l'accident de voiture, remarquablement filmées.Le tournage au sein de studios d'Elstree servant eux mêmes de décors autorise un nombre plus élevé qu'à l'accoutumée d'extérieurs, constituant autant de précieux clins d'œil à cette épopée  des Sixties anglaises. Evidemment évocation de l'envers du décor de l'industrie du cinéma fera que l'amateur des Avengers ne pourra qu'avoir en tête l'éblouissant Epic tout au long du visionnage.

Avouons que le chef d'œuvre hors normes et protéiforme de Chapeau Melon manifeste davantage d'ambition et de créativité que cette série noire d'excellente facture, mais ne développant aucune vertigineuse mise en abîme.  Cette même semaine Plaidoirie pour un meurtre bénéficie d'ailleurs d'atouts policiers et psychologiques similaires à Starring the Saint, mais manifeste déjà cette propension à la fantaisie clivant les deux séries. Le Saint a ici trouvé un parfait rythme de croisière, mais, à l'orée de leur troisième saison, les Avengers commencent à prendre leur envol. 

Ronald Radd (Ufferlitz) participera à trois épisodes de la série, de même pour les Avengers (Le point de mire, le retour du traître et Mission très improbable). Ce grand acteur de théâtre, aperçu dans de nombreuses séries de l'époque, décédera après une représentation, des suites d'une hémorragie cérébrale. Il est ici accompagné d'Alfred Burke, grande figure des séries anglaises, ayant participé à The Girl from Auntie.

L'Inspecteur Teal n'est toujours pas interprété par Ivor Dean, mais par Wensley Pithey. Ce comédien s'était spécialisé dans les rôles d'autorité : policiers, officiers, politiques...

Ivor Dean participe cependant à l'épisode, mais dans le rôle de David Brown. Il précise que son maquillage (regard, visage) était destiné à souligner l'aspect pervers et débauché de l'avocat.

Jackie Collins (April Quest) est la sœur cadette de la fameuse Joan Collins, que Roger Moore devait retrouver dans Amicalement vôtre (Five Miles To Midnight). Cette apparition dans Le Saint marque quasiment le fin de la brève carrière d'actrice de Jackie. A partir de la fin des années 60, celle-ci se reconvertira cependant avec succès dans l'écriture de best-sellers policiers, vendus à plus de 400 millions d'exemplaires à travers le monde. Elle demeure encore aujourd'hui l'une des figures marquantes de Beverly Hills.

L'épisode s'ouvre par une vue extérieure des studios d'Elstree, qui sera réemployée dans Marcia.

Un insert montre que Simon et April passent la soirée au Talk of the Town. Il s'agit d'un cabaret - restaurant alors très côté, en activité de 1958 à 1982. Il a accueilli nombre des plus grandes vedettes des Sixties, lors de mémorables concerts. L'établissement se situe dans l'Hippodrome (Cité de Westminster), un grand bâtiment construit en 1900 et ayant abrité plusieurs théâtres et salles de spectacle au cours de son histoire.

Toujours aussi friand des sublimes Boeings de la Pan Am, Simon débute son aventure en se posant à l'aéroport d'Heathrow. Le plus grand des six aéroports internationaux desservant Londres, inauguré au début des années 50, vient tout juste de connaître une extension majeure : l'ouverture du Terminal Océanique, en novembre 1961. L'insert initial montre cette superbe et imposante structure, permettant la gestion des longs courriers. Les diverses scènes du Saint relatives à l'aviation démontrent à quel point celle-ci demeure élitiste au début des années 60.

Teal et Simon, poursuivant la voiture d'Orland Flane, passent devant le  London Wall puis dans Cheapside. Le London Wall est la muraille édifiée par les Romains à  la fin du deuxième siècle, autour de Londinium, leur principale cité en Bretagne. Situé dans la Cité actuelle, il mesurait 3,2 km et atteignait une hauteur de six mètres. Ses portes ont eu un rôle prépondérant dans le développement originel de Londres. Plusieurs tronçons sont encore visitables aujourd'hui. Le Saint passe dans l'artère longeant le côté nord du  tracé du Mur, ayant adapté son nom. Il s'agit alors d'une urbanisation très récente, débutée en 1957.

Cheapside est également une importante rue de la Cité. Elle a longtemps abrité un marché de denrées fort étendu, au sein d'un quartier populaire. Cela lui vaut de figurer dans de nombreux ouvrages de la littérature anglaise, comme représentant le cœur vivant de Londres (Jane Austen, Charles Dickens…). Très touchée par le Blitz, Cheapside vient elle aussi de bénéficier d'une importante reconstruction, depuis la fin des années 50. Elle abrite désormais de nombreux commerces de détail et des secteurs piétonniers.

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3. JUDITH
(JUDITH)

Date de diffusion : 3 octobre 1963 (The Undertakers : 4 octobre 1963)

A Montréal, après un léger accident automobile, Simon fait la connaissance de Judith Northwade. Le père de la jeune femme a mis au point un moteur révolutionnaire. Cependant, du fait de problèmes d'argent, il a du céder à vil prix le brevet à son frère, le riche et brutal Burt Northwade. L'épouse de ce dernier, Ellen, déplore cette situation, également due à une ancienne rivalité amoureuse ayant opposé les deux frères. Judith veut dérober l'invention pour la remettre à son père et demande à Simon de l'aider. Celui-ci accepte, malgré la méfiance manifeste de la police québécoise. Le Saint comprend néanmoins que la prétendue Judith est une arnaqueuse, qui tente de le manipuler. Il s'allie à Ellen pour que le moteur revienne à son légitime propriétaire, tout en permettant à Judith, pour qui il éprouve la plus vive des sympathies, d'échapper à la police.

Cette mission à Montréal débute idéalement par un Simon fendant l'armure, totalement déchaîné durant un match de hockey sur glace. Roger Moore se montre hilarant tout en délivrant une savoureuse métaphore à propos des différences de  mentalités existant entre Grande Bretagne, États Unis et Canada, l'une des meilleures scènes d'introduction découvertes jusqu'ici. L'exposé de l'argument s'affranchit ensuite brièvement de la présence du Saint, un procédé efficace, évitant également de trop se prolonger. Elle nous vaut également une nouvelle intense composition de David Bauer, toujours étonnant de conviction, tout en installant une intrigue assez riche, entre rivalité fraternelle, sentiment amoureux et enjeu industriel; toute une saga condensée en quelques minutes.

Mais, en définitive, l'épisode débute réellement lors de la rencontre entre Simon et Judith, survenue lors d'un léger incident automobile, ce qui ne sera pas sans éveiller quelques réminiscences chez les amateurs des Avengers. Le charme, l'humour et le talent de Julie Christie s'imposent en effet d'emblée, lui valant de venir clairement la Templar Girl la plus marquante depuis le lancement de la série. Le couple formé avec Roger Moore s'avère parfait, glamour en diable, mais aussi agréablement acidulé. On devine assez rapidement l'excellente arnaque mise en œuvre par l'astucieux scénario mais le jeu du chat et de la souris entre Simon et Judith n'en devient que plus délectable encore, porté par des dialogues souvent distrayants. Cette irrésistible comédie romantique se voit également portée par la beauté des décors et des costumes, toujours l'un des atouts de la série, ainsi que par l'élégance de la mise en scène. Cette mémorable  rencontre nous fait cette fois regretter le rituel de la succession des Templar Girls, tant l'on aurait aimé retrouver la délicieuse Judith. Mais le cinéma va bien vite accaparer Julie Christie, une simple évidence au vu de cet opus enthousiasmant.

En habile contrepoint du couple vedette, Ellen Northwade peint un beau portrait de femme, menant son combat pour sauver son mariage avec celui qu'elle continue à aimer, tout en restaurant la justice. L'émotion s'instaure, notamment grâce une superbe interprétation, en dépit de l'aspect quelque peu daté de la situation. Le duo de policiers apporte un humour bon enfant et distrayant, particulièrement grâce à l'Inspecteur Lavin, sybarite et malicieux. On remarque au passage qu'ils emploient un superbe accent français, en rien québécois ! On regrettera d'ailleurs l'absence de réel effort d'évocation de Montréal, une plaque minéralogique et quelques inserts anonymes ne pouvant suffire. Montréal n'a pas de chance, ici invisible et à peine abordée (au sens propre) par les Avengers ! Roger Moore, au sommet de son art, nous régale d'une impressionnante tirade en un parfait Français, s'attachant déjà à la composition précise et détaillée d'un cocktail !

Julie Christie  (Judith), alors encore uniquement connue pour la série A for Andromeda,  est ici à l'orée d'une grande carrière cinématographique (Fahrenheit 451, Dr Jivago, Neverland etc..). Couronnée par un Oscar en 1965 pour Darling, elle fut également une muse de Christian Delacroix. Julie Christie aurait été envisagée pour incarner la mythique (et si limitée) Honey Rider, mais les producteurs auraient finalement préféré Ursula Andress, pour sa poitrine plus avantageuse.

Robert S. Baker rapporte que l'équipe de tournage fut initialement peu convaincue par la prestation de  Julie Christie, celle-ci se montrant hésitante en début de tournage et incapable de se souvenir de son texte. Elle se révéla cependant extraordinaire par la suite.

Quand Simon ouvre le coffre-fort, le cercle de lumière est à l'évidence créé par une source extérieure à la scène.

Simon explique à l'inspecteur qu'il est venu à Montréal pour déguster une omelette, spécialité d'un célèbre restaurant local. Le Saint avait déjà exprimé sa passion pour l'omelette dans l'introduction de The Careful Terrorist.

L'imposante résidence de Northwade est en fait Haberdashers' Aske's School, située à proximité immédiate des studios d'Elstree. Cette prestigieuse école, fondée en 1690, accueille les enfants de la haute société et oriente le plus souvent vers Oxford et Cambridge. Lors du tournage de l'épisode, l'institution vient récemment d'intégrer ces locaux, en 1961.

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4. THERESA
(TERESA)

Date de diffusion: 10 octobre 1963 (Man with Two Shadows : 12 octobre 1963)

A Mexico, le Saint fait la connaissance de la belle Teresa, dont le mari, Gaspar, a mystérieusement disparu après une tentative d'assassinat du président, voici deux ans. Simon décide de l'aider à le retrouver quand Miguel, un ami commun,  est assassiné. Il venait d'indiquer à Teresa la lointaine petite localité de San Pedro comme possible destination de Gaspar. Commence alors un long périple à travers déserts et montagnes, durant lequel le Saint et la jeune femme vont être confrontés à la police,  au redoutable assassin de Miguel, au légendaire El Rojo, le Roi des Bandits ainsi qu'à l'énigmatique Casernegas,  survenant périodiquement pour leur porter secours.

Malgré une introduction plus expéditive qu'à l'ordinaire, cette escapade mexicaine du Saint va se révéler fort plaisante. Fort judicieusement  les auteurs ne tentent pas de bâtir un road movie dans les règles de l'art, ce qui serait risqué et passablement hors sujet dans le cadre de cette série. Cela n'empêche pas une vraie relation, toute en amicale complicité, de s'instaurer entre Theresa et Simon mais prime se voit clairement donnée à l'aventure. Nerveux à souhait, le scénario joue  habilement des différentes oppositions et interactions des trois forces en présence (les héros, la police désireuse de retrouver Gaspar et les anciens associés de celui-ci, cherchant au contraire à s'assurer de son silence) et parvient ainsi à maintenir un tempo élevé.

Autour d'un Roger Moore plus grave qu'à l'accoutumée l'interprétation s'avère le plus souvent à la hauteur, avec un pittoresque Eric Pohlmann et une Lana Morris toute en sensibilité. Mais le clou de l'épisode demeure l'étonnante prestation de Marne Mitland, en tueur taciturne et inexorable. Les divers assassinats qu'il perpètre, parfois des plus imaginatifs,  manifestent un étonnant impact, également  grâce à a suggestivité de la caméra d'un  Roy Ward Baker en grande forme (malgré quelques doublures évidentes durant les scènes de voiture). Le duel final entre lui et le Saint revêt astucieusement des allures de western, parfaitement synchrone avec l'environnement mexicain.

 L'évocation du Mexique se révèle par contre inégale, avec de joli inserts nous montrant le pimpant Mexico des années 60, encore éloigné de la mégalopole actuelle et un florilège d'accents très réjouissants. On remarque que comme les Québécois arboraient précédemment un accent français, les Mexicains  parlent ici un pur Castillan, ou du moins s'y efforcent. Par contre, après The Pearls of Peace, l'environnement latino-américain semble décidément prédisposer Charteris et ses adaptateurs à la Telenovela, tant la conclusion détonne par son mélodrame exacerbé, considérablement plus daté que cet épisode agréablement mouvementé.

Eric Pohlmann (Casamegas), d'origine autrichienne; gagnera Londres en 1939, son épouse étant juive. De langue allemande, il jouera un rôle actif dans les émissions de la BBC à destination de l'Allemagne. il rencontre, notamment grâce à son accent exotique, un grand succès à la télévision. Il participe ainsi à l'épisode Le Clan des Grenouilles, des Avengers. Son accent lui valut de jouer la voix de Blofeld dans Opération Tonnerre (1965).

Marne Mitland (Barota) devait retrouver Roger Moore dans L'homme au Pistolet d'Or, où il interprète Lazar, le fabricant des balles en or utilisées par Scaramanga.  Il participe quatre fois au Saint ainsi qu'à l'épisode des Avengers La Porte de la Mort.

Ricardo Montez (Carlos Segoia), originaire de Gibraltar, joua de nombreux rôles d'Espagnols ou de Sud-Américains dans les séries anglaises des années 60. Il interviendra ainsi pas moins de sept fois dans Le Saint et interpréta le Colonel Josino dans l'épisode Escape in Time des Avengers.

Lana Morris (thérésa) fut une actrice populaire du cinéma anglais des années 20, avant de s'orienter vers la télévision durant la décennie suivante. Elle apparaît dans plusieurs séries puis dans de nombreux jeux télévisés.

Teresa est le premier épisode mis en scène par Roy Ward Baker pour Le Saint, il en réalisera un total de 18. Baker a également réalisé 8 épisodes de Chapeau Melon et Bottes de cuir.

On retrouve pour la troisième fois la vue de l'hôtel déjà présente dans The Golden Journey et The Pearls of Peace.

L'insert  de la fête à Mexico représente en fait l'Oktoberfest, à Munich. On distingue d'ailleurs des termes allemands sur les édifices et un climat guère évocateur du Mexique. Tenue durant deux semaines depuis 1810, il s'agit de la plus grande fête foraine au monde. Elle est notamment réputée pour son imposant défilé inaugural, comportant des milliers de participants vêtus du costume folkloriques  bavarois. Des activités ludiques et de nombreux concerts de musique traditionnelle accompagnent également des grandes consommations de bières. 7 100 000 litres ont ainsi été débités lors de la dernière édition (dont 151 000 de bière sans alcool).

Parmi les images de Mexico on reconnaît l'imposante Cathédrale Métropolitaine. Elle fut construite initialement par Hernan Cortes comme symbole de la domination espagnole sur le Nouveau Monde, puis considérablement développée par la suite. Elle demeure encore aujourd'hui la plus grande d'Amérique.

L'attentat étant logiquement survenu en 1961, le chef d'Etat visé était Adolfo Lopoz Mateos, qui dirigea le Mexique durant toute la première moitié des années 60. Ce président relativement modéré se livra à une dure répression de mouvements revendicatifs, mais demeura néanmoins populaire, notamment pour la création de l'équivalent de la sécurité sociale. Partisan de l'ouverture internationale du pays, il fut à l'origine de la candidature réussie du Mexique à l'organisation des Jeux de 1968.

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5. L'INSAISISSABLE ELLSHAW
(THE ELUSIVE ELLSHAW)

Date de diffusion : 17 octobre 1963 (The Nutshell : 19 octobre 1963)

A Londres, devant participer à une chasse organisée par Sir Ripwell, le Saint se rend dans une boutique d'armement avec la fille de ce dernier, sa charmante amie Anne. Alors qu'il achète un fusil, la propriétaire de l'établissement, Mrs Ellshaw, ancienne secrétaire de Ripwell, voit passer dans la rue son mari, supposé se trouver au Canada. Elle le rattrape, mais celui-ci la conjure de ne révéler sa présence à personne. La dame se confie néanmoins au Saint, qui demeure sceptique. Peu après, Mrs Ellsahw est cependant retrouvée assassinée. Sir Ripwell fait également l'objet d'une tentative d'assassinat, avant d'être blessé durant la chasse. Ces évènements semblent disjoints, mais l'enquête du Saint va révéler un étonnant complot.

La séquence d'introduction se montre cette fois particulièrement divertissante, avec une description finement ajustée de la passion anglaise pour la chasse. Le tumulte causé par l'apparition d'Ellshaw, suivie du spectaculaire assassinat de son épouse, semble tout d'abord annoncer un récit d'aventures et une trépidante enquête menée en tandem par Anne et Simon. Cette perspective apparaît d'autant plus séduisante que l'association entre les deux héros pétille dès la première minute. Anne s'impose  comme une Templar Girl particulièrement ébouriffante, délicieusement féminine mais aussi d'un caractère bien trempé, fumant en public et n'hésitant pas à volontiers houspiller le Saint. La superbe Angela Browne trouve ainsi l'opportunité de démontrer se talents d'actrice, davantage que chez les Avengers où elle intervenait plus brièvement. Une évidente complicité s'instaure avec Roger Moore, leur duo s'avérant aussi glamour que tonique.

Hélas, le récit opère un virage à 180 degrés, lors du déplacement de l'action chez Sir Ripwell. Dès ce moment il revêt la forme d'un Whodunnit à la Agatha Christie passablement prévisible. Le Saint devient le seul ordonnateur des évènements, avec Anne comme immédiate victime collatérale. La dynamique jeune femme voit son rôle réduit à la portion congrue, se transformant en confidente éplorée,  rouage de l'intrigue passé définitivement en arrière-plan. Un joli gâchis ! L'intrigue se mettant en place bénéficie de ressorts certes éprouvés, mais ne se départant jamais du classicisme le plus traditionnel. Malgré de rares scènes d'action, la mise en scène s'installe dans un immobilisme bavard vite lassant.

Outre que l'on devine quasi instantanément l'identité du coupable, on bute contre certains maladresses ; ainsi il n'est jamais explicité pourquoi Ellshaw, qui doit faire croire à sa mort, ne trouve rien de mieux que se promener devant le magasin où travaille son épouse ! The Ellusive Ellshaw échappe cependant à la catastrophe, grâce à une remarquable interprétation, soutenant des personnages habilement dessinés, tels les trois suspects ou le digne Sir Ripwell, si anglais. Grâce aux comédiens, une authentique atmosphère, vénéneuse et oppressante, s'instaure par moments, mais trop fugacement. Assez terne, Claude déçoit quelque peu, on ressent vraiment l'envie de découvrir Ivor Dean étrenner le rôle !

L'Inspecteur Teal est incarné par Norman Pitt, dernier de ses interprètes avant que ne survienne Ivor Dean.

Philip Latham (Ellshaw) participe aux épisodes de Chapeau Melon La Naine Blanche et  Avec vue imprenable. Il est principalement connu à l'écran pour le rôle récurrent de Willy Izard dans The Troubleshooters (1965-1972). Au cinéma il figure à l'affiche de Dracula Prince des Ténèbres (1966) où il interprète Klove, le serviteur du Dracula de Christopher Lee

Richard Vernon (Sir Ripwell), s'est spécialisé durant sa longue carrière dans les rôles d'aristocrates anglais très dignes. Il fut également très actif dans les dramatiques radiodiffusées de la BBC. Il participa à Goldfinger (1964) où il interpréta le Colonel Smithers, représentant de la Banque d'Angleterre confiant un lingot d'or nazi à 007 pour appâter Goldfinger. Dans Chapeau Melon, il fut le trouble Lord Matterley de The Mauritius Penny.

Anthony Bate (Martin Irelock) a commencé sa carrière en 1957 et a fait de nombreuses apparitions à la télévision, dans Le Saint (trois épisodes), Les Champions,Ivanhoé, L'Inspecteur Morse, Poirot, Frost et plus récemment L'Inspecteur Barnaby. Il est Oliver Lacon dans les romans de John Le Carré portés à l'écran. Dans Chapeau Melon il incarne Earle, dans Trop d'indices.

La sublime Angela Browne (Anne) tint deux rôles dans Chapeau Melon : Pamela (Intercrime) et la fatale Sara, de How to Succeed… At Murder. Elle participe à de nombreuses autres séries de l'époque : Le Prisonnier (le Numéro 86), Destination Danger, L'Homme à la valise

Plusieurs sites londoniens sont perçus au cours de l'épisode : Picadilly Circus, Belsize Crescent, Belgrave Square, Pont Street, Roland Gardens etc.

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6. MARCIA
(MARCIA)

Date de diffusion : 24 octobre 1963 (Death of a Batman : 26 octobre 1963)

La star de cinéma Marcia Landon se suicide, après que son visage ait été vitriolé par un agresseur demeuré inconnu. La jeune actrice Claire Avery bénéficie d'une grande opportunité lorsqu'elle remplace la vedette sur une importante production. Inquiète, elle demande à son ami Simon Templar de veiller sur elle jusqu'à la fin du tournage. Elle reçoit alors une lettre anonyme lui enjoignant de verser 5 000 Livres, sinon elle subira la même attaque que Marcia.  Alors que les menaces s'accumulent sur Claire, le Saint va mener une difficile enquête dans les coulisses du studio,  afin de découvrir l'identité du maître chanteur.

Episode particulièrement riche et dense que Marcia, mais l'on reste surpris par le ton sombre et dur de l'ensemble, qui cette fois va jusqu'à se communiquer à la traditionnelle scénette initiale. On aura rarement vu une enquête se transformer autant en un réquisitoire envers la victime, notamment lors du passage à la fois terriblement violent et brillant de la révélation du mari. L'interprétation, absolument remarquable et portée par plusieurs figures du théâtre anglais, reste dominée, hormis Roger Moore, par la ravissante Samantha Eggar. Celle-ci crève étonnamment l'écran et il s'agit certainement d'une des actrices les plus douées que nous ait jusqu'ici présenté la série. Le talent des comédiens appuie à merveille la fine écriture des personnages (quelle galerie de portraits !), ce qui permet de passer outre à un léger ralentissement de l'intrigue, devenant un tantinet répétitive à mi parcours. De plus le scénario conserve d'autres atouts, comme le développement d'un habile suspense, bien plus marqué que lors de l'épisode précédent, et surtout un aspect « Nuit Américaine » que l'on apprécie toujours.

Ce versant apparaît d'autant plus réussi que les auteurs, via la première enveloppe, ont la malice de nous indiquer que l'on se situe bien dans les studios d'Elstree. Par ailleurs cette excursion demeure l'occasion d'un portrait au vitriol de ce petit monde. On apprécie le côté mi figue mi raisin de Roger Moore/Simon Templar affirmant qu'il n'a aucun talent de comédien ! La mise en scène utilise à merveille les différents ressorts du décor particulier des plateaux et instille une atmosphère très Sixties, alors que les épisodes de la saison 1, très Série Noire, relevaient encore en bonne partie des années 50. La qualité du N&B s'affirme également en net progrès. On apprécie quelques détails historiques, comme le clin d'œil au réseau autoroutier anglais, alors en pleine expansion. Un épisode de haut vol, où l'on regrettera simplement le côté daté de l'aspect « damoiselle en détresse » de Marcia. Les Avengers se situent décidément en avant sur ce point, de même que leur épisode consacré pareillement au monde du cinéma, Epic, saura en donner une vision vertigineuse et  moins empreinte de classicisme (litote).

Samantha Eggar (Claire) réalisa par la suite une très belle carrière au cinéma (The Collector), ainsi qu'à la télévision (Anna et le Roi, et de nombreuses autres séries américaines).

Philip Stone (Inspecteur Carlton) joue le Dr. Richard Tredding, associé du cabinet médical du Dr. Keel, au cours de la première saison des Avengers.

La jeune femme représentant Marcia sur la photographie du studio apparaît en fait lors de la scène de bar de The Ever-Loving Spouse, cette même saison. Elle y arbore la même parure.

Pareillement la photographie de l'actrice Jeanne Moody est réutilisée (en plus petit format) dans cet épisode, où elle incarne la Templar Girl du jour.

Parmi les autres photographies d'actrices on reconnaît celle d'Yvonne Romain, qui participe à l'épisode The King of Beggars, également situé cette saison.

La vue extérieure des studios d'Elstree, aperçue à deux reprises au cours de l'épisode, avait déjà été utilisée dans Starring The Saint.

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7. LE CHEF D'ŒUVRE D'ART
(THE WORK OF ART)

Date de diffusion : 31 octobre 1963 (Novembre Five : 2 novembre 1963)

Simon visite Paris en compagnie d'une amie, la piquante Juliette. Or le frère de celle-ci, Eric,  est accusé du meurtre de son associé, Jean. Celui-ci travaillait en fait pour la rébellion algérienne de l'OAS et son représentant, le Major Quintana. Celui-ci cherche à lever des fonds en vendant de faux bons américains, mais Jean a tenté de le doubler, et de dérober l'argent. Quintana a découvert la vérité et l'a assassiné. Aidé par Juliette, le Saint va identifier les membres du réseau, se servant d'un bal masqué pour se libérer de la méfiante police française. Grâce à son intervention,  l'Inspecteur Quercy arrête finalement Quintana et son faussaire. Le Saint n'oublie pas de prélever sa commission dans le trésor de guerre de Quintana !

Après Un souvenir de famille, le Saint prend de nouveau ses quartiers dans la capitale française, une destination qui lui réussira toujours. On retrouve d'ailleurs ici nombre des ingrédients contribuant déjà au succès de l'épisode précédent, avec une reconstitution française le plus souvent divertissante. Les accents se montrent caricaturaux à souhait et les seconds rôles parisiens absolument pittoresques, en particulier la spécialiste en faux documents alliée de Simon. Elle se déguise fort judicieusement en sans culotte lors d'un bal masqué particulièrement endiablé, représentatif de ce Paris festif et encanaillé si apprécié outre-manche. Les amateurs de James Bond pourront d'ailleurs y découvrir un Roger Moore grimé en clown, bien avant Octopussy. Plusieurs éléments culturels participent à ce bel ouvrage, dont des inserts forts réussis (Champs Elysées, Montmartre et ses peintres, Station Kléber…). L'aspect automobile apparaît également soigné, avec nombre de voitures hexagonales, (DS, Peugot 403…) mais aussi la ST1 puisque Paris constitue la première destination étrangère où la Volvo accompagne Simon. Parmi d'autres comédiens mémorables de Chapeau Melon, la multi facettes Yolande Turner constitue également une superbe partenaire pour Moore, d'autant que Juliette ne manque pas de chien !

Cependant la réussite n'apparaît pas ici aussi complète que précédemment. La faute en revient principalement à un scénario mal équilibré. La présentation de la situation et des divers protagonistes prend beaucoup trop de temps (près de la moitié de l'opus), tandis que le Saint y demeure immuablement périphérique. Le récit ressort solidement charpenté mais dépourvu d'originalité, parfois même étonnement naïf, y compris pour les Sixties. Le recours à un faux chèque d'un tel montant demeure toute de même énorme. A contrario la résolution de l'énigme se montre simpliste à l'extrême, avec un piège élémentaire tendu par le Saint. Si l'intrigue joue habilement de l'opposition entre Quintana, violent mais non dépourvu d'idéalisme, et son faussaire, à la vénalité crapuleuse, elle échoue à reconstituer l'ambiance délétère propre au contexte historique. Or celle-ci avait été évoquée avec force lors d'une introduction particulièrement réussie, tandis que l'on se retrouve avec des aventures aisément transposables à tout autre contexte, d'où une impression de promesse non tenue. De plus lesté par un Quercy cette fois peu savoureux, The Work of Art demeure un épisode du Saint enlevé, mais pas tout à fait le grand épisode d'époque entrevu au départ.

Yolande Turner (Juliette) eut une carrière limitée à plusieurs apparitions des années 60 et 70. Elle tint cependant trois rôles chez les Avengers. Elle fut ainsi la Miss Pegram de The £ 50,000  Breakfast, la réceptionniste perverse de The Girl from Auntie, amis aussi la voix d'Henrietta dans How to Suceed... at Murder.

La Guerre d'Algérie et le climat délétère qu'elle suscita en France sont clairement évoqués durant l'épisode. Les Avengers procédèrent de manière plus élusive dans Tueurs à gage (saison 2), en parlant de « l'Aluda ». Bien que les Accords d'Evian aient été signés en 1962, le conflit et ses conséquences sont encore très présents dans l'actualité de 1963.

Le studio du Saint (mis à disposition par une autre amie !) se situe rue St-Sulpice. Très bohème, il se situe en effet non loin de Saint-Germain-des-Prés.

Le chéquier de l'entreprise d'import-export d'André a été délivré par la Société Générale. Portée par l'expansion économique des années 60, cette banque encore nationalisée connaît un grand développement international, notamment en Afrique.

Les policiers français conduisent une 403 Peugeot, premier diesel de série en France. Construite de 1955 à 1966 cette voiture plaît décidément aux forces de l'ordre puisqu'elle va devenir le célèbre véhicule de l'Inspecteur Columbo. Ce cabriolet apparaît pour la première fois dans cette série en 1971, dans l'épisode Le Livre Témoin.

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8. IRIS
(IRIS)

Date de diffusion : 07 novembre 1963 (The Gilded Cage : 09 novembre 1963)

Rick a fait fortune dans le racket, ce qui lui permet de produire des pièces où joue son épouse, la belle Iris. Rick est très amoureux de sa femme, tandis que  celle-ci s'ennuie. Une des extorsions réalisées par l'organisation de Rick se déroule mal, occasionnant un mort. Rick fait alors l'objet d'un chantage téléphonique, mais il reconnaît la voix du Saint ! Simon le convainc qu'il s'agit d'une imposture. La qualité de l'imitation l'incite à mener une enquête dans l'entourage d'Iris. Il s'avère que c'est bien elle qui a monté l'arnaque, avec l'aide de son amant. Grâce au Saint, l'Inspecteur Teal peut arrêter tous les protagonistes de l'histoire.

L'épisode gâche de véritables atouts du fait d'un scénario étonnamment faible. On devine immédiatement les divers tenants et aboutissants de l'intrigue, au point de rester confondu de constater qu'il faille aussi longtemps au Saint pour démêler une telle historiette. Il faut dire que de nombreuses scènes développent des dialogues tout à fait insipides entre Rick et Iris d'une part, Simon et Mary de l'autre. Le jeu indigent des deux actrices rend l'ensemble plus soporifique encore, malgré une nouvelle superbe composition de David Bauer. Les invraisemblances s'accumulent, notamment le fait que Rick ait pu monter une organisation aussi prospère avec de tels crétins. Le véritable sujet, une description du petit monde du théâtre, ne s'avère que superficiellement abordé, de manière nettement plus anodine que dans Marcia. On regrettera également que la traditionnelle présentation par Simon ne s'insère pas dans l'action, d'où un perte de saveur.

Plusieurs éléments viennent sauver l'opus du néant verbeux, comme une mise en scène mettant bien valeur le véridique  décor du théâtre, ou rendant nerveuse à souhait la scène de la planque. Les nombreux extérieurs aèrent agréablement le récit et ouvrent une jolie fenêtre sur le Londres des Sixties. On se régale également de nombreuses vues de la Volvo ST1, plus nombreuses qu'à l'accoutumée. Le véritable atout d'Iris réside cependant dans ses éphémères seconds rôles, avec une torride apparition de Margaret Nolan, un an avant Goldfinger, ou un numéro amusant de Ferdy Mayne (les amateurs des Persuaders auront reconnu l'ineffable Comte Sangallo). Ivor Dean se montre déjà délectable en Inspecteur Teal, même s'il demeure dommage que son apparition s'effectue au sein d'un opus peu marquant.

Ivor Dean devient le mémorable interprète de l'Inspecteur Claude Eustache Teal, complice et  parfois adversaire du Saint durant ses aventures anglaises. Il va tenir le rôle durant 24 épisodes.

L'auteur, Bill Strutton, écrivit six scénarios d'Ivanhoé, le premier grand succès de la carrière de Roger Moore.

The Warwick Theatre, où se déroulent les répétitions, est en fait le Watford Palace Theatre. Inauguré en 1908, le bâtiment est classé  car représentant un superbe exemple de l'architecture édouardienne.

La musique entendue durant la réception est la sublime symphonie n° 41 de Mozart, dite « Jupiter » (1788).

De nombreuses rues  londoniennes sont aperçues au cours de l'épisode : Kensington Gate, Charing Cross Road, Frith Street etc.

Non créditée au générique, on remarque une brève apparition de la  pulpeuse Margaret Nolan, en secrétaire. Cette ancienne mannequin de charme devenue actrice se fit connaître au début des années 60, par des photographies très déshabillées, apparaissant dans divers magazines masculins. Elle tint notamment le rôle de la masseuse Dink dans Goldfinger, mais reste surtout connue pour avoir incarné la fameuse Golden Girl au générique et dans les réclames du film, à la place de Shirley Eaton.

Un peu de publicité tombe toujours à pic, au début de l'épisode un bu passe devant la caméra, arborant une très visible réclame pour Pearl Insurance. Désormais fusionnée dans le Groupe Phoenix, cette société est la plus grande du secteur en Grande Bretagne. Fondée en 1857, la compagnie est présente dans plusieurs pays du Commwealth.

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9. LE ROI DES MENDIANTS
(THE KING OF THE BEGGARS)

Date de diffusion : 14 novembre 1963 (Second Sight : 16 novembre 1963)

A Rome, le Saint assiste à une terrible scène, lorsqu'un mendiant aveugle est délibérément renversé par une voiture. Une société d'aide aux nécessiteux dissimule en fait un racket s'étendant à toute la capitale italienne. Aidé par l'actrice Theresa Mantania, dont l'un des amis a été victime des bandits, Simon se fait passer pour un mendiant. Il va tâcher de découvrir l'identité du chef du gang, le fameux Roi des Mendiants. La faune interlope de Rome abritant plusieurs suspects, l'enquête s'annonce malaisée, mais le brave Marco di Cesari est toujours prêt à aider son ami anglais !

On retrouve ici le même antagonisme social exacerbé que décrit lors du déjà très réussi, mais davantage optimiste, The Charitable Countess. Au-delà de la traditionnelle condescendance des séries anglo-saxonnes envers l'Europe méridionale, on peut y distinguer un rappel sensible de la grande misère persistant dans l'Italie post Reconstruction. La série n'est guère éloignée du néoréalisme italien des années 50, dont on perçoit ici comme une résonnance. Le Saint reste décidément relativement plus ouvert sur son époque que les épisodes classiques des Avengers. L'habile scénario entremêle finement ce réalisme social à de divertissants poncifs des aventures des Sixties, comme cette grande actrice se déguisant en mendiante pour mener l'enquête, ce mystérieux chef d'une organisation secrète ou la proverbiale Mercédès des méchants, même à Rome. Surtout il dégage un suspense bien réel, chacun des candidats potentiels conservant une crédibilité jusqu'au terme des évènements.

Le percutantes scènes d'action entrecoupent  à point nommé le récit et les inserts romains s'avèrent particulièrement sublimes. Les décors manifestent le goût et l'opulence coutumiers, tandis que les amateurs des Avengers apprécieront l'importance dédiée au Noble Jeu.  Mais le grand atout de The King of Beggars réside dans son interprétation. Avec un contraste bienvenu l'opposant à l'opus précédent, les différentes actrices manifestent une indéniable personnalité. On apprécie ainsi vivement l'élégance mondaine et la distinction de Maxine Audley, de même que le piquant et l'allant d'Yvonne Romain (le bien nommée). Roger Moore se montre étonnant de conviction dans le rôle du mendiant aveugle, on en vient presque à regretter que Simon recoure aussi rarement aux déguisements. Si le cabotinage d'un Oliver Reed devant encore peaufiner son métier divertit continuellement, on retiendra davantage l'ébouriffante prestation de Warren Mitchell, qui se lâche totalement lors de la hélas ultime apparition de Marco. On rit franchement à plusieurs reprises, alors que l'acteur va désormais délaisser l'Italie au profit de la Russie soviétique !

L'excellent Warren Mitchell incarne ici pour la troisième et dernière fois le chauffeur de taxiMarco Di Cesari.

Oliver Reed (Catelli) est ici à l'orée d'une longue carrière cinématographique, où il se spécialisa dans les rôles virils (tueurs, militaires...). Il décéda lors du tournage de Gladiateur (1999). Dans ses mémoires, Roger Moore narre une mésaventure survenue à l'acteur. Cabotin, Reed s'évertua à prendre les poses les plus spectaculaires imaginables lors de la mort de son personnage. Ce manque de naturel força le metteur en scène à retourner plusieurs fois la scène (le résultat est effectivement risible, 47'21''). Irritée, l'équipe ne fit plus attention à Reed et mit quelque temps à découvrir que celui-ci, étendu sur le sol, faisait un malaise suite à sa cabriole. L'incident fut heureusement sans gravité.

La brune Yvonne Romain, d'origine italienne, débuta comme mannequin, avant d'apparaître dans nombre de productions anglaises des années 50 et 60, notamment dans les films d'horreurs alors en vogue. Elle reste ainsi particulièrement remémorée pour La nuit du Loup garou (1961), où elle jouait déjà en compagnie d'Oliver Reed, le film lançant la carrière de ce dernier. Les deux acteurs seront d'ailleurs régulièrement associés par la suite. Elle est l'épouse de Leslie Bricusse, important compositeur de musiques de films.

Parmi les différents sites romains, les inserts s'attachent particulièrement à la Place d'Espagne, ainsi nommée car elle fut longtemps territoire espagnol, du fait de la présence de l'ambassade. On y reconnait divers monuments, comme le spectaculaire escalier, la Fontaine de Bargaccia (1629) ou l'Eglise française de la Trinite des Monts (1495) et son Obélisque. La place connaît encore un statut partiel d'exterritorialité,  car on y trouve le siège de l'Ordre souverain de Malte.

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10. LES DIAMANTS BRUTS
(THE ROUGH DIAMONDS)

Date de diffusion : 21 novembre 1963 (The Medecine Men : 23 novembre 1963)

Le diamantaire Allan Uttershaw demande à Simon de l'accompagner lors d'un vol convoyant des diamants d'Afrique du Sud jusqu'en Angleterre, afin de veiller sur la marchandise. Tout se déroule parfaitement, mais les pierres sont dérobées sur l'autoroute reliant l'aéroport à Londres, l'escorte étant assassinée. Piqué au vif, le Saint décide mener l'enquête. Il soupçonne d'abord l'associé d'Alan, mais celui-ci est à son tour tué. L'Inspecteur Teal se montre méfiant envers Simon, mais celui-ci ne tarde pas à découvrir la vérité.

L'épisode apparaît certes moins intense et ambitieux que le chef d'œuvre romain précédent, mais constitue néanmoins un récit solide, mêlant de manière réussie action et intrigue policière classique. Le twist final apparaît astucieux, et finalement pas si prévisible que cela, les différents suspects étant fort judicieusement disséminés au fil du récit. De plus les deux dames du jour, la cougar et la cocotte (celle-ci très séduisante !), valent le détour, chacune dans leur genre. On pardonnera volontiers certaines naïvetés très Sixties comme ces convoyeurs de fonds à l'insigne crédulité ou l'écervelé affirmant à des tueurs avérés qu'il va de ce pas les dénoncer à la police. En fait, plus globalement, avec cet épisode la série continue à s'éloigner du roman noir à la Charteris pour entrer de plein pied dans la série d'aventure anglaise des années 60, revêtant ainsi son aspect le plus remémoré.

On y trouve de spectaculaires bagarres, les péripéties coutumières se mettent en place, des visages connus des Avengers (notamment de la période Cathy Gale) se manifestent en nombre plus conséquents qu'à l'ordinaire, le duo formé avec l'inspecteur Teal fonctionne déjà à merveille lors de cette deuxième occurrence. Un glissement fort agréable vers nos séries de prédilection, d'autant que le Saint conserve ses atouts, avec un Roger Moore absolument enthousiasmant. Le panorama se voit complété avec des éléments culturels très Sixties et quelques extérieurs et inserts des plus plaisants (balade en Volvo, superbes avions de l'époque). Une vraie réussite, où l'on regrettera simplement un ralentissement vers le milieu de parcours, avec quelques scènes verbeuses et statiques, ainsi qu'une mise en scène manquant parfois de créativité.

Paul Stassino participe en tout à cinq épisodes du Saint,  ainsi qu'à de nombreuses séries de l'époque, notamment pour sa personnalité exotique lui permettant de jouer des étrangers.  Au cinéma, il est surtout connu pour son double rôle dans Opération Tonnerre. Stassino interprète également un faux Tito dans l'épisode des Avengers  The Decapode.

La première partie de 'épisode se déroule à Gatwick Airport. Situé à 45 km de Londres, il s'agit du second en taille du pays, derrière Heathrow. Le nom de Gatwik est rattaché à un  château du XIIIème siècle, sur le site duquel s'est bâti l'aéroport. Inauguré à la fin des années 20, celui-ci vient de bénéficier en 1958 d'une importante modernisation, avec une inauguration par la Reine. Il bénéfice alors  d'un raccordement à Londres par autoroute,  d'où sans doute le convoyage express des pierres.

L'appartement de Barbara se situe en fait à Oslo Court, une importante urbanisation londonienne située non loin de Regents Park..

Plusieurs sites londoniens apparaissent au fil de l'épisode : Hyde Park, Picadilly, London Wall, Kensington, Queens Gate etc

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11. LE SAINT JOUE AVEC LE FEU
(THE SAINT PLAYS WITH FIRE)

Date de diffusion : 28 novembre 1963 (The Grandeur That Was Rome : 30 novembre 1963)

Un parti néo Nazi émerge soudainement en Grande Bretagne. Un journaliste, John Kennet, enquête sur les vrais commanditaires du mouvement, notamment de puissants financiers. Il  meurt subitement, lors de ce qui ressemble à un incendie accidentel. Le Saint croit plutôt à un assassinat et décide de mener l'enquête. Pendant de ce temps, la troublante Lady Valérie a mis la main sur l'article en préparation et décide de s'en servir comme moyen de chantage.

Cette évocation d'une tentative de prise pouvoir trancher clairement avec The Mauritius Penny, l'opus des Avengers traitant d'un sujet similaire. Celui-ci arborait une certaine fantaisie, notamment lors de l'affaire des timbres, et demeurait assez flou à propos des  moyens employés  pour que survienne le grand soir. Comme à son habitude, Le Saint opte pour un réalisme relativement plus affirmé. Empreint d'une gravité inaccoutumée, l'épisode fait froid dans le dos en décrivant un gangrène s'étendant aux milieux économiques, à l'opinion publique et même aux instituions de justice. Le tout forme un projet cohérent d'envahissement d'une société par la dérive morale sonnant avec une rare justesse. Plusieurs scènes, superbement mises en scène, se montrent particulièrement intense, renforçant l'impact du récit : l'apparition explicite de la croix gammée, le terrifiant incendie, ou le passage détonnant remarquablement avec le ton de la série, voyant le Saint à la peine pour se libérer de ses liens et voyant ses mains grièvement brulées. On regrettera simplement que les conventions du temps fassent que le cerveau de l'opération soit d'origine allemande, comme si le fléau ne pouvait naître ailleurs.

La série se rapproche au tant qu'il lui est possible d'une dénonciation aux confins de la dystopie, bénéficiant pour cela d'une exceptionnelle interprétation, menée par un magistral Roger Moore. Les nazillons se montrent bornés et robotisés à souhait tandis que leur leader secret, entre brillante intelligence et inclinaison profonde pour la violence constituent un  bien périlleux  adversaire pour Templar. La petitesse et la pente fatale suivie par ses divers collaborateurs expriment éloquemment une navrante constante de l'âme humaine. Le sursaut final de l'un d'entre eux n'en prend que plus de valeur. Le seul véritable appui de Simon demeure finalement le toujours méfiant mais honnête Inspecteur Teal, dont le récit souligne habilement la complicité existant entre lui et le Saint. Lady Valérie, par son charme et sa fantaisie, certes vénale, apporte la seule touche de légèreté à ce récit des plus sombres. Le duo formé par Justine Lord et Roger Moore fonctionne excellemment, on comprend sans peine que l'actrice ait été autant présente sur la série.  Mais même cet apport se voit enténébré par l'âpre scène où est la dame est recluse en compagnie d'un Simon plus impuissant qu'à l'ordinaire et surtout par son effroi quand les Nazis menacent de l'étrangler. Un épisode particulièrement intense.

Justine Lord (Lady Valérie) apparaît ici pour la première fois dans une série où elle participera à pas moins de sept épisodes ! L'actrice est une figure régulière des séries anglaises de l'époque (dont les Avengers pour Combustible 23). Son rôle le plus connu demeure celui de Sonia, que poursuit le N°6, dans La mort en marche, fameux épisode narratif se déroulant hors du Village. Elle y porte pas moins de neuf costumes différents, tous blancs!

Aux côtés de Roger Moore, Roibert Brown (Jackman) joua Gurth, le comparse d'Ivanhoé, durant les 39 épisodes de cette série (1958-1959). Les deux acteurs devaient également se retrouver quand Brown devient M, le supérieur de James Bond, dans Octopussy. Il conserva le rôle durant l'ère Timothy Dalton.

L'épisode constitue le deuxième des quatre que le producteur Robert S. Baker réalisera personnellement.

Les voitures garées près de l'appartement de Kennet demeurent absolument les mêmes, alors que les deux scènes ne sont pas censées se dérouler le même jour.

Différents sites londoniens sont visibles dans les inserts de l'épisode : Trafalgar Square, Culworth Street, Albert Street.

Lors du tournage de l'épisode, un "National Socialist Movement" avait été fondé par un illuminé nommé Colin Jordan, ancien professeur de mathématiques. IL a connu son quart d'heure de célébrité en déployant une banderole "Hitler was right" à Trafalgar Square en juillet 1962 et suscitant une émeute. Il est clairement fait référence à cet évènement lors de la l'habituelle introduction du récit par le  Saint. Ne dépassant pas le stade du groupuscule, Le parti fut temporairement subventionné par Françoise Dior, nièce du grand couturier, qui épousa Jordan en 1963. Le parti, en pleine décrépitude, s'est auto dissout en 1968. (Merci à Nicolas Bouland pour cette information)

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12. CORRUPTION
(THE WELL-MEANING MAYOR)

Date de diffusion : 05 décembre 1963 (The Golden Fleece : 07 décembre 1963)

Nouvellement élu, le conseil municipal de Seatondean est secoué par une crise, Geoff Hackett, candidat de l'opposition, accusant le Maire Sam Purdell de racket et de prévarication immobilière. Un important projet est en effet sur le point d'être décidé. Hackett rencontre une totale incrédulité chez les autres conseillers, mais aussi chez sa fille, Molly.  Son fiancé, Jack (journaliste et ami du Saint) est plus circonspect. Hackett est soudain retrouvé mort, sans qu'un assassinat puisse être établi par l'enquête. Simon va tâcher de découvrir le fin mot de l'histoire.

On pourra reprocher au scénario une très longue exposition d'avant meurtre, puisque celle-ci dépasse nettement la moitié de l'épisode ! Si cela conduit mécaniquement à  une enquête relativement expédiée, ce temps n'est néanmoins pas gaspillé. On découvre ainsi deux études de caractères réussies : Hackett est à la fois en lutte pour la vérité mais aussi inspiré par la jalousie et la soif de revanche, tandis que Purdell se montre captivant entre sa solidité et sa bonhommie affichées, dissimulant un aspect bien plus sombre. Cette dualité se voit admirablement exprimée par Leslie Sands, dont la composition demeure le grand atout de The Well-Meaning Mayor. Certes charmante, Carol Cleveland développe un jeu bien moins marquant, jouant tout sur sa fraîcheur.

Les quelques inserts côtiers s'avèrent également superbes. L'amusante introduction par Templar évoque le plaisamment le grand barnum des élections locales anglaises, on aura d'ailleurs le plaisir d'y retrouver des échos, certes fugitifs, du Free for All du Prisonnier. L'intrigue entretient habilement le doute quant à l'identité du coupable, ménageant de plus un remarquable twist en fin de parcours. L'affrontement final sur les échafaudages nous vaut quelques plans spectaculaires, même si le recours, pour une fois, à des cascadeurs conduit à des raccords studios des plus évidents. En arrière-plan le récit évoque avec une certaine acuité le boom immobilier des années 60, inévitablement flanqué d'un affairisme parfois douteux. 

Leslie Sands, spécialisé dans les rôles d'autorité, apparut dans un grand nombre de séries des années 60 et 70. Dans Chapeau Melon, il incarne le Capitaine Slim, lors de Lobster Quadrille, l'ultime épisode Cathy Gale.

Mandy Miller (Molly), qui une fut une enfant star  du cinéma anglais des années 50, tient ici son dernier rôle. Elle va en effet se retirer après s'être mariée. Elle interprète Daphné dans Les Fossoyeurs, version Cathy Gale. Elle est la tante de l'actrice Amanda Pays (Phoebe Green dans les X-Files).

Lors de la scène sur les échafaudages, le ciel derrière Simon est à l'évidence un décor peint, on distingue d'ailleurs son ombre se projetant dessus ! (44'30'')

La ville côtière de Seatondean est en fait Peacehaven, dans l'East Sussex, où ont été également réalisés les extérieurs de All Done With Mirrors. Peacehaven se situe exactement au point de jonction de la côte anglaise et du Méridien de Greenwich. Le front de mer est celui de Scarborough, dans le North Yorkshire. Ses sources thermales sont très réputées. En décembre 1914, Scarborough fut l'objet d'un raid mémorable de la marine allemande. Les bombardements tuèrent 137 civils, choquant l'opinion. Ils servirent de leitmotiv à la propagande anglaise durant tout le conflit, avec le slogan Remember  Scarborough !.

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13. UNE PAISIBLE DISTRACTION
(THE SPORTING CHANCE)

Date de diffusion : 12 décembre 1963 (Don't Look Behind You : 14 décembre 1963)

Le Saint part pêcher dans les grands lacs de l'Ontario. Sur place il fait connaissance avec le Professeur Mueller, savant d'origine allemande de l'Est. Il est passé à l'Ouest, mais la promesse de faire venir sa femme et sa fille n'a pas pu encore être tenue, d'où une vive inquiétude. Peu de temps après, les autorités apprennent que la famille de Mueller a pu rallier Berlin Ouest, mais celui-ci a été mis au secret par des agents de l'Est, effrayés par la proximité de Templar. Ils préparant son retour, avec son accord. Le Saint s'efforce de lui communiquer l'information et découvre que les espions disposent de l'appui d'un riche canadien forestier, que les Soviétiques font chanter du fait de son passé délictueux. Simon a tôt fait de mettre dans  son jeu la charmante secrétaire de celui-ci, Marion. Il parvient ainsi à empêcher l'exfiltration de Mueller, par hydravion.

Après plusieurs épisodes au ressort très policier, le Saint renoue ici avec le domaine voisin de l'espionnage. Malheureuses ces retrouvailles se traduisent par un recours aux clichés les plus éculés du genre et ne va guère plus loin dans son intrigue passablement famélique. Si l'enquête du Saint s'effectue avec une confondante facilité jusqu'à la traditionnelle confrontation finale, elle multiplie d'ailleurs les déplacements divers pour donner une illusion de contenu, un technique éprouvée de scénariste. Si le portrait de un professeur, où se combattent  moralité et désir déchirant de revoir les siens, demeure intéressant, les autres protagonistes de l'affaire s'apparentent à de simples silhouettes. L'interprétation, certes correcte, n'apparaît pas non plus comme la plus inoubliable de la série. Devant par ailleurs porter un rôle réellement minimaliste, Carol Cleveland apparaît ainsi singulièrement discrète bien loin de ses prestations futures aux cotés des Monty Pythons.

Irrésistible en tueur volubile et précieux, évoquant déjà le Groski des Persuaders, Derren Nesbitt vient cependant dynamiser l'ensemble. Mais son entrée survient bien trop tard dans le récit, se limitant à la séquence finale, certainement la meilleure du lot. On appréciera cependant l'atmosphère canadienne, divertissante avec ces gaillards en chemise à gros carreaux et à la bonne humeur communicative. Roger Moore retrouve avec un évident plaisir les postures des rôles de sa période MGM (notamment Maverick), affirmant l'identité anglaise de son personnage face aux rudes natifs. On découvre également de superbes inserts et scènes en extérieurs, même si à ce moment les forêts canadiennes se mettent à furieusement ressembler aux anglaises ! Les amateurs des New Avengers se plairont à retrouver Toronto, tandis que le Saint triomphe de Netchideff grâce à un jeter de hameçon tout à fait similaire à ceux de The Eagle's Nest !

Derren Nesbitt (Netchideff) devait plus tard retrouver Roger Moore dans Amicalement vôtre, où il interprète le rôle mémorable du tueur dandy et volubile Groski (Un drôle d'oiseau). Il fut également l'un des Numéros 2 du Prisonnier.

Carol Cleveland (Marion) est bien connue pour ses multiples apparitions tout au long des aventures délirantes de ses amis des Monty Pythons. Elle est ainsi la seule présence féminine récurrente du mythique  Monty Python's Flying Circus et participe à cinq films de la joyeuse bande. Dans Le Club de l'Enfer, elle incarne Sara, la rivale jalouse de Mrs Peel.

Le décor de la résidence de Mueller est celui servant usuellement pour l'appartement londonien du Saint.

L'insert représentant l'hydravion (44'01'') se compose en fait d'une image figée.

Les bureaux de la Pavan Lumber Company sont en fait ceux des studios d'Elstree, vus depuis Eldon Avenue.

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14. LES ARTISTES DE LA FRAUDE
(THE BUNCO ARTISTS)

Date de diffusion : 19 décembre 1963 (Death a la Carte : 21 décembre 1963)

Joyce et Richard Eade forment un couple d'élégants escrocs, embobinant toujours avec talent leurs victimes. Ils viennent de mettre la main sur la collecte  destinée à la restauration d'une charmante église de province. Or Jean, la fille du pasteur, invite son ami Simon Templar, qui prend aussitôt les choses en main. Mais Joyce et Richard se sont déjà envolés pour la Riviera française, avec leur butin de 6 000 Livres. Jean et Simon gagnent également les lieux et vont monter leur propre arnaque, afin de récupérer l'argent. Elle-même actrice, Jean se fait passer pour la fiancée française du Saint, qui lui-même revêt l'identité d'un richissime Texan.

Cette excellente comédie tombe à pic après plusieurs épisodes parfois des plus sombres. De plus, elle s'inspire avec brio du thème toujours si porteur de l'arnaque, axant toute l'intrigue sur un humour joyeux et enlevé.  Les deux escroqueries s'avèrent chacune de petits bijoux d'inventivité, où l'on s'amuse autant de la crédulité des victimes que de du savoir faire des bonimenteurs. Joyce et Richard composent un couple résolument sympathique, toujours très amoureux l'un de l'autre et pétillant de jeunesse malgré leur entrée dans l'âge mûr. On apprécie leur vision ludique de l'existence, sans omettre l'amoralité de leurs pratiques, non niée par le récit. Beaux joueurs, plumés mais laissés libres par le Saint, ils saisissent d'ailleurs l'occasion d'un nouveau départ, plus conforme à la morale. Une belle rencontre, complétée avec l'enjouée Jean à laquelle Justine Lord apporte une vitalité et un charme indéniables. L'évident plaisir pris par un  Roger Moore endiablé se montre également communicatif.

Dès l'introduction dans le West End, le récit se situe habilement sous l'angle du théâtre, un aspect souligné par quelques citations shakespeariennes et l'aide apportée par les comédiens à Simon. Comme lors d'une pièce, l'intrigue varie d'ailleurs les décors, passant du West End à un petit village anglais joliment croqué en quelques scènes pour aboutir à la riviera niçoise. Cet excellent choix nous vaut une seconde partie d'épisode particulièrement colorée, entre accents plaisants et Français dans le texte, sublimes inserts gorgés de soleil, mais aussi clin d'œil à la future scène des premiers exploits des Persuaders.  On s'amusera à comparer ces opus qu'une décennie sépare, puisque nous découvrons ce décor cette fois situé dans les années 60. On remarque de fait une forte similarité (notamment vestimentaire), avec le St Tropez du Gendarme, d'où un sourire supplémentaire quand l'un des alliés de Simon se fait passer pour un collègue de Cruchot ! Un épisode particulièrement jubilatoire.

Arnold Diamond accomplit une brève première apparition, non créditée, en tant que Colonel Latignant. Il reprendra le rôle dans cinq autres épisodes. Il participe aux Avengers, en interprétant notamment  le Dr. Krelmar de Who's Who ?.

Marry Merral (l'épouse du révérend, victime de la première arnaque) est bien connue des Avengers pour sa double participation à la série : la vieille dame de The Girl from Auntie et Georgina dans Homicide and Old Lace.

L'épisode marque la deuxième des sept participations de Justine Lord (Jean) à la série.

Le barman français du palace est interprété par André Maranne. Il incarnera le Sergent François Chevalier durant la série des Panthère Rose de Blake Edwards.

Peter Dinely (Richard) est intervenu à plusieurs reprises dans Ivanhoé, en tant que Cédric le Saxon.

Richard lit le Marie Claire de sa femme. Ce magazine, relancé après-guerre en 1954,  connaît un grand succès durant les années 60, dont il saisit bien l'air du temps. Joan parcoure un exemplaire de Tatler, parution anglaise actuellement très glamour, dont la longue histoire, aux multiples évolutions, remonte à 1709.

La prétendue Amelia arrive au Wellington Inn. Il s'agit en fait du pub nommé The Wicked Lady, situé dans le Hertfordshire. Le nom The Wicked Lady fait référence à une célèbre voleuse de grand chemin, de noble extraction, détroussant les voyageurs de la contrée au XVIIème siècle. Devenue une figure de la culture populaire anglaise, elle fut incarnée au cinéma par Margaret Lockwood et Faye Dunaway.

Amelia admire l'église de Netherdon. Il s'agit en fait de l'église St Léonard, à Sandridge, également dans le Herdforshire. Ses fondations  remontent à 796.

Le Saint reçoit un procès-verbal pour stationnement abusif. La scène se déroule sur Shaftesbury Avenue, grande artère de Londres, partant de Piccadilly Circus et croisant Charing Cross Road, haut lieu du West End. La ST1 est d'ailleurs garée en face d'un théâtre.

La Volvo ST1 parcoure également The Mall, la célèbre avenue royale joignant Charing Cross au Palais de Buckingham, où se déroule les diverses cérémonies protocolaires de la Couronne britannique. On aperçoit notamment l'Admiralty Arch, arche colossale élevée en 1911, en hommage à Victoria.

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15. LE CAMBRIOLAGE
(THE BENEVOLENT BURGLARY)

Date de diffusion : 26 décembre 1963 (Dressed to Kill : 28 décembre 1963)

A Monte Carlo, un jeune musicien anglais désargenté, Bill, tombe amoureux de la belle Meryl, fille du terrible milliardaire Elliot Vascoe. Les deux jeunes gens désespèrent, car le père s'oppose au mariage et fait même annuler les engagements de Bill. Cependant Bill est un ami du célèbre Simon Templar, qui va tout mettre en œuvre pour que les amoureux puissent convoler. Sachant que Vascoe raffole de sa collection d'art,  protégée par le Colonel Latignant, il parie 5 000 Livres avec de dernier qu'elle sera cambriolée sous quatre jours. La pègre locale s'agite, désireuse de réaliser un coup dont le Saint serait d'office désigné coupable. Mais celui-ci a élaboré tout un stratagème.

Le Saint s'apparente ici à Arsène Lupin, version Descrières, tant l'aventure du jour évoque le Gentleman Cambrioleur. On y trouve ainsi l'emblématique salle du butin, évidemment nantie de tous les systèmes de sécurité modernes et veillée par de nombreux gardiens, l'as de la police française prenant l'affaire comme un défi personnel lancé par le protagoniste, les aigrefins autrement plus sinistres que héros,  la victime, richissime et guère sympathique, la jeune femme en (relative) détresse, le cambriolage astucieux et jusqu'à la carte de visite remplacée par la célèbre représentation du Saint.

L'effet miroir apparaît fort plaisant, d'autant que Roger Moore excelle particulièrement dans cette vision légère et narquoise du Saint, mais souffre néanmoins d'un sensible ralentissement à mi-parcours, perceptible notamment par une traditionnelle scène de dépit amoureux. Surtout, si l'on comprend bien le ressort de l'arnaque, le réconfort qu'elle apporte aux amoureux nécessite une scène finale passablement tirée à la ligne. Reste le plaisir de redécouvrir une nouvelle fois la Riviera, évoquant immédiatement le davantage stimulant The Bunco Artists, d'autant qu'elle se peuple de malfrats pour le moins pittoresques et à l'accent français toujours aussi irrésistible. Le Colonel Latignant, toujours incarné par l'impeccable Arnold Diamond,  apporte d'ailleurs une continuité bienvenue, laissant regretter que son collègue parisien ne bénéficie pas d'un interprète permanent. La qualité générale  de la distribution consolide d'ailleurs le succès de cet épisode réjouissant à défaut d'être exceptionnel.

Lors de ce deuxième épisode sur la Riviera, on retrouve l'acteur franco-britannique André Maranne, cette fois dans le court rôle de l'opérateur radio de la police.

John Barrie (Vascoe) fut une figure régulière de la télévision anglaise, remémoré pour ses participations à des séries policières, dont Z Cars et Sergeant Cork.

Dans sa préface d'Arsène Lupin, Gentleman Cambrioleur (1972), Pierre Lazareff décrit ainsi le Saint : Arsène Lupin eut beaucoup d'enfants, dont Le Saint, joyeux et élégant redresseur de torts, défenseur des opprimés, qui prend au passage sa commission sur les méchants et qui, par-dessus-tout, aime la vie et par conséquent le danger et le plaisir.

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16. ON A TROUVÉ DU PÉTROLE
(THE WONDERFUL WAR)

Date de diffusion : 02 janvier 1964 (The White Elephant : 04 janvier 1964)

Au Moyen Orient, un colossal gisement de pétrole est découvert au Sayeda par une société pétrolière anglaise. Son codirigeant, Shannet, assassine son associé McAndrew et s'entend avec le perfide premier ministre, Abdul, pour se partager les ressources du pays. Le souverain est également tué, mais le prince héritier parvient à s'enfuir au Koweït. Il y rencontre le Saint, déjà en compagnie de Lilla, fille de McAndrew. Le Saint entreprend de châtier les criminels et pénètre au Sayeda sous l'identité d'un magnat du pétrole. Aidé par le loyal contremaître Mike Kelly, Il entreprend de faire croire aux associés qu'une attaque militaire est lancée contre eux.

Face à ces péripéties arabisantes, l'amateur des Avengers évoquera évidemment le proche Death a la carte ou plus encore le fantaisiste Honey for the Prince. Bien que les épisodes présentent nombre de points communs (dont des danses orientales pour le moins suggestives), le Saint privilégie cependant, comme à son habitude, le récit d'aventures classiques. Mais cette histoire se montre particulièrement entraînante, avec ses nombreux rebondissements et ses scènes d'action parfois réellement spectaculaires. C'est notamment le cas lors d'un  étonnant duel au cimeterre, où Roger Moore, toujours non doublé, prouve qu'il n'a pas oublié les leçons d'Ivanhoé.

Le scénario se montre également astucieux. Avec ces diverses substitutions d'identité de Simon et cette arnaque visant à faire paniquer les criminels (des enregistrements de bruit d'armes), l'histoire finit par prendre une petite saveur à la Mission Impossible. Alors qu'il évite toute condescendance trop marquée envers les autochtones, The Wonderful War apporte un soin particulier à ses seconds rôles : félons d'anthologie (avec un Alfred Burke assez proche de Gregorie Auntie), humour et entrain du très irlandais Mike Kelly et sympathie dégagée par les orphelins, à qui l'histoire conserve habilement un véritable rôle à jouer. Le Saint délivre un numéro hilarant de pétrolier américain, férocement caricatural. On découvre également avec grand intérêt de saisissants inserts : champs pétrolifères et Moyen Orient des années 60. Un évocation divertissante et tonique de ces pays de l'Or Noir, déjà passablement mythiques, alors que l'OPEP vient de se créer en 1960.

Alec Mango (Abdul Aziz) participe à deux épisodes des Avengers, La Loi du silence et  Un Steed de trop. Il est également aperçu dans Destination Danger, Z Cars… Au cinéma il fut notamment le Calife dans Le septième voyage de Sinbad (1958).

Alfred Burke (Shannet) est apparu dans trois épisodes des Avengers : Dragonsfield, Mauritius Penny et Maille à partir avec les taties. Il intègre la Royal Academy of Dramatic Art en 1937, avant de mener une brillante carrière sur les planches le conduisant jusqu'à la Royal Shakespeare Company. Il apparaît dans Z Cars, Destination Danger... Son rôle le plus connu demeure celui de Frank Marker, le miteux détective de Private Eye (1965-1975) En 2002 ce comédien reconnu et respecté apparaît encore dans Harry Potter et la Chambre des Secrets, interprétant le portrait d'Armando Dippet, le prédécesseur de Dumbledore.

Suzanna Leigh (Lilla) participa aux productions de la Hammer mais connut également une carrière hollywoodienne. Elle tourna ainsi avec Tony Curtis dans Boeing Boeing, en 1965. Elle incarne Emily dans l'épisode d'Amicalement vôtreUn enchaînement de circonstances. Cette actrice éclectique participa également à deux séries françaises, Trois étoiles en Touraine et Docteur Caraïbes.

Noel Purcell (Kelly) a interprété Jonah dans l'épisode A Surfeit of H2O des Avengers.

D'après son emplacement sur la carte, au nord-est du Koweït, le Sayeda serait en fait l'Irak.

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17. UN PARFAIT HOMME DU MONDE
(THE NOBLE SPORTSMAN)

Date de diffusion : 09 janvier 1964 (The Little Wonders : 11 janvier 1964)

Le richissime Lord Yearley, passionné de sports, reçoit des menaces de mort anonymes. Les suspects de manquent pas : un entrepreneur ayant raté une excellente affaire  par sa faute, un voisin excédé par les chasses se déroulant sur son domaine et surtout Farley, jeune architecte amoureux d'Anna, jeune seconde épouse de Yearley. Celui-ci suspecte même qu'il pourrait être le vrai père de l'enfant que sa femme attend. Yearley méprise le danger, mais Rose, fille issue d'un premier mariage, alerte le célèbre Simon Templar.

Jusqu'ici les récits à la Agatha Christie n'ont guère porté chance à la série. Celui-ci se montre encore pire, du fait d'une conclusion évidente et d'une propension marquée pour le bavardage. On retrouve en fait ici le syndrome du Strange Sase of the Missing Corpse : on attend tout au long du récit le meurtre fatidique qui n'arrive toujours pas, malgré des tentatives tombant à miraculeusement à l'eau. D'où une baisse sensible de l'intensité dramatique, mais aussi une indication évidente concernant le pot aux roses. La description d'une affaire amoureuse passablement datée et ampoulée dévore également beaucoup d'espace.

L'intrigue détenait cependant un véritable sujet, qui lui aurait permis se secouer sa léthargie : le portrait sensible d'un homme refusant obstinément de vieillir, jusqu'au drame. Malheureusement à un empilement indigeste de suspects, totalement dépourvu d'intensité. Jamais aucun d'entre eux n'apparaît crédible, ce qui pénalise gravement l'ensemble. Les personnages secondaires paraissent cependant correctement écrits, notamment l'entrepreneur à la rapace férocité, interprété avec flamme. Les amateurs des Avengers s'amuseront à découvrir nombre de visages connus, parfois  pour un bref instant.  La scène de chasse reste également trop brève pour admirer les superbes extérieurs anglais et les talents d'équitation de Roger Moore, rodés chez Ivanhoé et Maverick.

Francis Matthews (Farley) a participé à deux épisodes des Avengers : The thirteenth Hole (Collins)et Mission Highly Improbable (Chivers).

Anthony Quayle (Lord Yearley) fut une grande figure du théâtre shakespearien, participant à la création de la RSC moderne. Il marqua également le cinéma anglais, avant d'être élevé au rang de Commandeur de l'Empire Britannique.

Sylvia Syms (Lady Yearley) connut une superbe carrière au cinéma ; Elle va participer à quatre épisodes de la série, dont The Fiction Makers.

Lors du tournage de l'épisode, Janes Asher (Rose), célèbre en Grande Bretagne pour sa carrière télévisuelle, était la compagne de Paul McCartney. Elle le demeura jusqu'en 1968, composant l'une des figures de la Beatlemania des Sixties.

La demeure de Lord Yearley est en fait le country club de Dyrham Park, dans le Hertfordshire. On y trouve un important parcours de golf, tandis que le bâtiment sert à l'organisation de noces et banquets. Il vient alors d'être tout juste inauguré, au début des années 60.

Plusieurs sites londoniens sont aperçus en cours d'épisode : Piccadilly Circus, Whitehall, Park Lane...

Une aquarelle présente dans le bureau de Lord Yearley représente Notre Dame et l'Ile de la Cité, vues depuis la Seine.

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18. UNE JEUNE FILLE ROMANESQUE
(THE ROMANTIC MATRON)

Date de diffusion : 16 janvier 1964 (The Wringer : 18 janvier 1964)

A Buenos Aires, le Saint prête assistance à une  veuve américaine, Béryl Carrington. Elle est tombée amoureuse d'un Argentin, Ramon Venin. Il se présente comme chez chef d'un groupe désirant rénover le pays. Traqué par ses adversaires, il a quitté le pays en confiant à Béryl une valise contenant de précieux documents sur son organisation. Ils doivent se retrouver à New York, mais Béryl craint maintenant d'être elle même poursuivie. Simon affronte la bande adverse, mais se rend compte qu'il s'agit en fait d'une arnaque visant à transférer à l'étranger le produit d'un vol, avec l'aide innocente de Béryl.

The Romantic Matron présente la grande habileté de rendre l'arnaque aussi crédible que possible. Celle-ci  s'installe au cours d'un long récit (près de la moitié de l'épisode), considéré du seul point de vue de Béryl. Après une introduction réussie (impressionnante scène  de l'attaque du transport), on obtient ainsi un conte romantique fort plaisant, porté par une atmosphère argentine instillée par de nombreux et magnifiques inserts, ainsi que par une interprétation des plus remarquables. Ann Gillis rend touchante, et non ridicule, cette veuve émerveillée de retrouver le grand amour et totalement transportée dans son rêve argentin. Toujours aussi étonnamment polymorphe, John Carson vampe superbement le Latin Lover ténébreux et accompagne parfaitement le virage du personnage après la chute des masques.

Comme de coutume, les décors apparaissent élégants et recherchés (chambre de Béryl). Après l'intervention du Saint, le récit prend un ton plus classique, mais recèle tout de même nombre de passages marquants, comme un combat particulièrement acharné et féroce et une étonnante évocation circonstanciée de l'Argentine post Peron. La série persiste à se connecter sur son temps, on se situe vraiment aux antipodes de l'intemporalité des Avengers. Bien avant Amicalement vôtre et Un Drôle d'oiseau, la saisissante prestation de Patrick Troughton complète cet opus supérieurement narré et interprété, également orné d'admirables voitures de l'époque. Il va s'écouler encore deux années avant qu'il n'embarque à bord du Tardis.

Ann Gillis (Béryl) fut une enfant vedette d'Hollywood, notamment connue pour ses participations aux aventures filmées de Tom Sayer. Elle tient ici pratiquement son dernier rôle, avant une autre participation au Saint et une apparition dans 2001 Odyssée de l'Espace.

John Carson (Ramon Venino) a également participé à plusieurs épisodes des Avengers : Le clan des grenouilles, Seconde Vue Meurtre par téléphone (le sinistre Fitch) et Le baiser de Midas. Cette acteur polymorphe a participé à une multitude de séries  mais c'est au cinéma qu'il a connu ses plus grands succès, jouant dans de nombreux films d'horreur, notamment dans les productions de la Hammer : The plague of the Zombies (1966), Taste the blood of Dracula (1969), Captain Kronos-Vampire Hunter (1974). Sa voix particulière l'a souvent fait comparer à Christopher Lee, une autre étoile de la Hammer.

Patrick Troughton (l'Inspecteur) demeure dans les mémoires comme le deuxième interprète du Docteur, de 1966 à 1969. Durant la guerre 39/45, il se distingua dans la Royal Navy et acheva le conflit avec le grande de Commandeur. Grand acteur de théâtre il apparaît également dans Adamant Adamant Lives !, Amicalement vôtre, Doomwatch, Softly Softly, Z cars… Il décède d'un infarctus au cours d'une convention américaine de fans de Doctor Who.

L'hôtel de Buenos Aires où descend Beryl est en fait l'immeuble abritant les bureaux administratifs des studios d'Elstree.

Dans le décor de la chambre d'hôtel de Béryl, on remarque le tableau représentant Notre Dame déjà aperçu dans The Noble Sportsman.

Les inserts montrent à plusieurs reprises l'obélisque de la Place de la République, point central de la ville. Il est notamment  considéré depuis l'Avenida Corrientes, artère historique de la capitale et haut lieu du tango. On aperçoit aussi  le colossal Palais du Congrès argentin, inauguré en 1906. Son dôme culmine à 80 mètres de hauteur.

Lors du tournage de l'épisode, l'Argentine était dirigée par Arturo Umberto Illia. Ce médecin modéré ne fut effectivement pas un dictateur, légalisant le parti communiste mais aussi  le mouvement péroniste, et  libérant de nombreux prisonniers politiques. Illia instaura également une loi de salaire minimum et pris diverses mesures sociales. Il fut renversé en 1966 par une junte militaire devant se maintenir jusqu'en 1973.

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19. LUELLA
(LUELLA)

Date de diffusion : 23 janvier 1964 (Mandrake : 25 janvier 1964, 2-19)

A Heathrow, le Saint rencontre Bill, un ami américain en voyage d'affaires à Londres. Récemment marié, il présente à Simon la charmante Doris. Celle-ci doit s'absenter à Paris, et Bill compte bien profiter de sa liberté retrouvée pour s'amuser à Londres. La demi-mondaine Luella utilise un stratagème pour que des photos soient prises dans une situation compromettante, en vue de chantage.  Bill paie, mais Doris, revenue plus tôt que prévue, découvre que Bill lui cache quelque chose et le quitte. Désespéré Bill fait appel à Simon. Le Saint va piéger les maîtres chanteurs et prouver la bonne foi de Bill à Doris.

L'épisode opte d'emblée pour la comédie, un choix judicieux tant il montre tonique et hilarant. Roy Baker s'entend parfaitement à restituer l'ambiance surexcitée du vaudeville, en même temps qu'il pourfend ironiquement les symboles culturels du Londres traditionnel. Aidé par une musique entraînante et cocasse, mais aussi quelques effets sonores dignes d'un cartoon, il évoque  avec truculence le vie nocturne du Swinging London ainsi que sa faune, grisettes et faisans joyeusement outrés. Même la traditionnelle bagarre finale devient une farce facétieuse, succédant à une ribambelle d'excellents gags, dont celui voyant le Saint se faire passer pour James Bond. Et ce alors même que la distribution comporte un futur Felix Leiter, le hasard fait parfois bien les choses. La redite de l'arnaque, avec comme cette fois comme pseudo pigeon un Templar goguenard, induit un effet d'arroseur arrosé assez irrésistible.

Si David Hedison, imité par un Roger Moore que l'exercice divertit toujours, se montre performant dans sa caricature de Yankee, l'opus demeure dominé par les deux Lloyd. Sue Lloyd campe avec un naturel confondant  une jolie cocotte, vénale mais pittoresque. Suzanne Lloyd, décidément une grande actrice, joue habilement de la double nature de Doris, d'abord douce et charmante  puis un véritable dragon quand la jalousie la dévore. Elle et Hedison forment un parfait couple de comédie, tout à fait dans le ton Sixties. On admirera au passage l'élégance des diverses tenues de ces dames. Lors de la légère satire de l'Angleterre traditionnelle animant tout la première partie du récit, les amateurs des Avengers prendront plaisir à découvrir le Saint arborant crânement un chapeau melon et un parapluie que ne renierait pas John Steed !

De manière amusante la distribution comporte deux charmantes actrices, quasiment homonymes  et ayant marqué les séries de l'époque, Susan (Sue) Lloyd et Suzanne Lloyd.

Sue Lloyd (Doris), récemment disparue,  fut danseuse et modèle avant d'être actrice. Elle a tourné dans de nombreux films et séries dont Département S et Amicalement Vôtre. Elle a tenu le rôle récurrent de Cordelia Winfield dans Le Baron. Dans Chapeau Melon elle incarne la secrétaire recevant la visite d'un Steed très en verve, dans A Surfeit of H2O. Elle a joué le rôle de Hannah Wild, la partenaire de Steed, dans la pièce de théâtre The Avengers et écrit son autobiographie en 1998 : It seemed like a good idea at the time.

Suzanne Lloyd (Luella), actrice canadienne, accomplit de nombreuses apparitions dans les séries américaines de la fin des années 50 et du début des années 60 (Have Gun-Will Travel, Maverick, Bonanza…). Puis elle s'installa en Grande-Bretagne où elle totalisa six participations au Saint, et fut, bien entendu, la vénéneuse Barbara de Cœur à cœur. Elle mit fin à sa carrière à l'âge de quarante ans. Elle reste également dans les mémoires pour le rôle récurrent de Raquel Toledano dans Zorro.

David Hedison, acteur américain d'origine arménienne, a connu une remarquable carrière télévisuelle, apparaissant dans grand nombre des séries d'outre Atlantique, des années 60 aux 2000. Hedison a également incarné à deux reprises Felix Leiter, l'agent de la CIA ami de 007 (Vivre et laisser mourir et Permis de tuer). Il est le père d'Alexandra Hedison, aperçue notamment dans The L Word.

Évènement rarissime, la fameuse auréole du Saint apparaît en cours d'action, en plus de la traditionnelle scène d'introduction.

Divers sites londoniens  sont aperçus durant la visite de la ville que propose Simon à son ami: Piccadilly Circus, The Mall, Trafalgar Square, le Tower Bridge...

Simon et Bill passent également devant l'Old Bailey. Il s'agit du surnom populairement attribué à la Haute Cour Criminelle de Londres. Le terme Old Bailey [Vieux chemin de ronde], fait référence à l'origine médiévale de l'institution. L'édifice actuel, situé près de la cathédrale St-Paul, a été inauguré en 1907, sur le site de la tristement célèbre prison de Newgate (en activité de 1188 à 1904). On y traite des crimes les plus graves commis dans l'enceinte du Grand Londres. Le célèbre dôme est surmonté d'une grande statue dorée, aperçue dans l'épisode, représentant la Justice, avec ses traditionnels attributs de l'épée et de la balance. La série Rumpole of the Bailey (1975-1992) s'inspire d'un célèbre avocat y ayant accompli de nombreuses plaidoiries.

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20. UNE RAVISSANTE VOLEUSE
(THE LAWLESS LADY)

Date de diffusion : 30 janvier 1964 (The Secrets Broker : 01 février 1964)

Le Saint s'intéresse  à la Comtesse Marova, Audrey pour les intimes. Il s'agit secrètement d'une des plus importantes voleuses de Londres, mais le Saint en a surtout après son homme de main, le brutal Hilloran. Celui-ci s'est rendu coupable d'un meurtre lors  d'un cambriolage. Simon propose à Audrey de devenir son associé, qui accepte malgré les soupçons d'Hilloran. La Comtesse trame son plus grand forfait : elle organise une croisière au large de Cannes, regroupant les principales fortunes d'Angleterre, qu'elle prévoit de détrousser par piraterie. Hilloran tente de la trahir, mais est vaincu par le Saint, qui propose alors à Audrey l'opportunité d'une nouvelle vie.

L'essentiel de l'intérêt de l'épisode réside dans le jeu du chat et de la souris, glamour au dernier degré, opposant le Saint à la Comtesse. Entre duel d'intelligences, prises de risques et séduction réciproque, le cocktail fonctionne, même s'il s'avère délayé dans de nombreuses scènes d'exposition. Dawn Addams se montre particulièrement piquante, son charme acidulé et son élégance non dépourvue de fantaisie font merveille dans le rôle passablement déluré de la Comtesse. Le public français trouvera facilement ses marques, puisque l'on se retrouve dans une situation très similaire aux confrontations entre Vidocq et la Baronne Roxanne. D'ailleurs le Saint exempte pour le moins aisément la dame de ses responsabilités sur les actes de ses subordonnés, tandis qu'il se garde bien de lui porter l'hallali.

Toutefois les Aventures de Vidocq se sublimaient en dotant le héros de faiblesses, le montrant parfois réellement confondu par l'envoûtement de la Roxanne. Rien de tel ne s'observe ici : le Saint reste d'un bout à l'autre maître d'un jeu trop prévisible et déséquilibré pour susciter l'attention au-delà séduction des comédiens. Pour le reste le récit se cantonne à quelques clichés, notamment le subordonné plus méfiant que son patron face à un infiltré. Julian Glover se montre déjà solide, même si moins marquant que lors de ses prestations des Avengers. On apprécie fugitivement une légère satire de la haute société britannique, fréquente dans la série. La première partie du récit propose de nombreux extérieurs réussis, mettant en valeur les rues de Londres, mais aussi la ST1. La seconde, sise dans le décor statique du bateau, convainc nettement moins.

Julian Glover (Hilloram) a souvent joué des rôles de vilains dans des séries des années 60 et 70. Il est également un invité régulier des Avengers : Un Steed de trop, Le mort vivant, Double personnalité et Pandora. Au cinéma, on a pu le voir dans Star Wars, l'Empire contre-attaque, Indiana Jones et la dernière croisade et un James Bond, Rien que pour vos yeux.

Dawn Addams connut une carrière riche en nombreux seconds rôles au cinéma, avant de se tourner vers la télévision. Elle était effectivement liée au Gotha, étant l'épouse du Prince de Roccasecca, depuis 1954. Toujours très active durant les années 70, elle décède prématurément d'un cancer, en 1985.

Hilloram propose les tasses de café sur un plateau, il lui est donc très difficile de déterminer qui va boire les boissons droguées !

Les différentes vues de Londres représentent Wesminster Bridge, Kensington Gate, Park lane, le London Wall...

La scène d'introduction comporte un magnifique exemple d'insertion publicitaire, au profit de la bière Guinness.

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21. PRODUIT DE BEAUTÉ
(THE GOOD MEDICINE)

Date de diffusion : 06 février 1964 (Trojan Horse : 08 février 1964)

A Paris, la superbe et ambitieuse Denise Dumont s'est taillé en quelques années un véritable empire dans l'industrie des cosmétiques. Elle utilise pour cela les formules révolutionnaires découvertes par son mari chimiste, le naïf Philippe. Après le lancement des produits, elle s'est séparée de lui, tout en le spoliant du bénéfice de ses travaux. Alerté par un ami commun, le Saint va rétablir la justice, au détriment de la cupide Denise, en faisant miroiter à celle-ci un prétendu produit miracle contre les moustiques. Il va recevoir l'aide de la jeune soeur de Philippe, Marie, qui entre dans la domesticité de Denise.

L'insignifiance marquée de son argument plombe The Good Medecine : Simon séduit la dame, lui vend un simple anti moustique pour une fortune, puis reverse la somme au malheureux Philippe, voilà tout l'histoire. Les auteurs ont d'ailleurs parfaitement conscience qu'ils ne pourront remplir tout un épisode avec une intrigue format timbre-poste et ont clairement recours à un biais pour le moins massif : occuper presque la moitié du récit par d'interminables présentations et, surtout, un  invraisemblable flash-back narratif sur la jeunesse de Denise dans la bonne ville de Beauvais. Tout ceci pourrait être résumé en deux phrases et n'apporte rien de bien concret au récit.

On regrette également que l'histoire, filmée ans génie particulier, ne développe aucune perspective sur le petit monde du luxe parisien et de l'avenue Montaigne, pour se cantonner à un vaudeville désuet. Les nombreux inserts, souvent réussis, sur le Paris de la mode des années 60, ne peuvent y palier. Outre la qualité des costumes et des décors, demeure l'expressivité de l'interpénétration, avec une Barbara Murray théâtralisant son jeu de manière fort amusante. Les personnages secondaires apparaissent également joliment croqués. On retiendra particulièrement la touchante composition de Jean Marsh, en petite sœur bien décidée à sauver malgré lui son grand dadais de frère. On s'amuse de la voir campée en domestique, quelques années avant Maîtres et valets !

Grande figure du West End, Barbara Murray (Denise) apparut de nombre de films et séries : Department S, Destination Danger, Doctor Who

Anthony Newlands participa à deux épisodes de Chapeau Melon : Game (Brigadier Wishforth-Brown)  et Dial a Deadly Number (Ben Jago).

Jean Marsh (Marie) connut un immense succès en Grande-Bretagne avec Upstairs-Downstairs. Elle intervient également dans  également à I Spy, La Quatrième Dimension, Doctor Who, Amicalement vôtre, Department S, Gideon's Way, Hawaï Police d'Etat… Au cinéma, Jean Marsh interpréta notamment l'infâme Reine Bavmorda (Willow, 1988). De 1955 à 1960 elle fut l'épouse de Jon Pertwee.

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22. LE MILLIONNAIRE INVISIBLE
(THE INVISIBLE MILLIONAIRE)

Date de diffusion : 13 février 1964 (Build a Better Mousetrap : 15 février 1964)

Le richissime Marvin Chase est grièvement blessé lors d'un accident de voiture. Son visage doit être intégralement bandé. Sa fidèle secrétaire Nora Prescott est interloquée lorsqu'elle s'aperçoit que Chase met en vente à la va vite l'intégralité de ses titres et possessions, réalisant ainsi un capital certes impressionnant, mais très déprécié. Elle cherche à alerter le Saint, mais est alors assassinée. Simon est néanmoins contacté par Ellen, la fille de Chase. Il va mettre à jour un sinistre complot.

Après toute une séquence d'épisodes relativement légers, voire franchement humoristiques, The Invisible Millionaire marque le retour aux sources de la série, avec un roman noir de la plus belle eau. L'ambiance générale est sinistre, ponctue de scènes éprouvantes comme les assassinats des proches du magnat. Le récit tire une vraie force de son refus de concessions.

L'intrigue apparaît certes prévisible, de même que sa conclusion, mais ce n'est pas fondamentalement pénalisant ici. L'important réside dans l'atmosphère et la qualité d'écriture et d'interprétation des personnages, rendant les meurtres effectivement bouleversants. On se situe vraiment aux antipodes de leurs équivalents ludiques, brillants et volontiers surréalistes des Avengers. Comme à-côté divertissant au second degré, on remarque qu'avec ses bandages, le protagoniste ressemble beaucoup à L'Homme Invisible de 1959, également diffusé sur ITV. Eunice Gayson est somptueuse et l'on découvre de jolis inserts du Stock Exchange de l'époque, avec un décor évoquant quelque peu celui du Point de Mire. Sur un thème similaire, mais assombri, la réussite de l'épisode se montre clairement  supérieure au binôme Mort d'un grand danois / Un petit déjeuner trop lourd.

Eunice Gayson (Nora), pressentie pour le rôle de Miss Moneypenny, a finalement joué Sylvia Trench, la maîtresse de James Bond dans les deux premiers films de la saga (Dr No et Bons baisers de Russie). Elle devient ainsi la toute première des James Bond Girls. Elle s'oppose aux Avengers dans La Danse  Macabre.

Lors du tournage de l'épisode, Janes Asher (Ellen), célèbre en Grande Bretagne pour sa carrière télévisuelle, était la compagne de Paul McCartney. Elle le demeura jusqu'en 1968, devenant l'une des figures de la Beatlemania des Sixties.

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23. RECEL DE BIJOUX
(THE HIGH FENCE)

Date de diffusion : 20 février 1964 (The Outside-In Man : 22 février 1964)

L'Inspecteur Teal est sur les charbons ardents : une bande de voleurs de bijoux sévit dans les beaux quartiers, sans jamais laisser le moindre indice. Le Saint et son amie la grande actrice Gabrielle Forrest, surprennent deux voleurs dans la demeure de cette dernière. Les malfrats parviennent à s'enfuir mais Gabrielle parvient à reconnaître l'un d'entre eux parmi les sommiers de la police. Interrogé par un collègue de  Teal, l'individu est empoisonné par Quincy, taciturne tueur au service du mystérieux Grand Payeur, le chef de la bande. Aidé par Gabrielle et l'agent des assurances Bob Stryker, le Saint va parvenir à découvrir le Grand Payeur et à démanteler son réseau.

The High Fence  apparaît réellement calibré pour séduire les amateurs des Avengers. En effet, tout en demeurant gentiment machiste, le Saint se trouve une véritable  associée pour l'aventure du jour. L'effet se montre d'autant plus divertissant qu'il réplique une figure vue à plusieurs reprises entre Steed et Mrs Peel, celle-ci renâclant quelque peu à revêtir la couverture d'un métier prolétaire, sous le regard sarcastique de son partenaire. Cet aspect rehausse d'autant plus l'épisode que la grande dame en question est interprétée par la talentueuse (et sublime) Suzanne Lloyd, l'inoubliable Barbara de Cœur à cœur. Celle-ci se montre brillante tout au long du récit, avec un charme doublé d'un indéniable tempérament. Que cela soit dans Chapeau Melon, La Quatrième Dimension, Zorro ou Le Saint, elle aura décidément su interpréter avec la même conviction des personnages tout çà fait différents. Même si Suzanne Lloyd aura l'excellente idée de devenir une invitée régulière des aventures du célèbre  Simon Templar (six participations), on pourra regretter que la pétillante Gabby Forest ne devienne une figure semi récurrente de la série, à l'instar de la Prue des Persuaders. L'évidente complicité des comédiens rejoint celle de personnages, s'imposant dès une scénette d'introduction particulièrement relevée et amusante.

Les amateurs des Avengers se verront définitivement comblés par la présence de Peter Jeffrey, épatant en implacable épée du grand méchant de la semaine, supérieurement efficace et fin observateur. Un adversaire à la hauteur du Saint, même si on l'aurait préféré un peu plus présent lors de l'affrontement final. Le ton reste cependant bien à un récit policier (très) classique, ce qui n'empêche pas un entrain indéniable dans son développement, ainsi qu'un apport réussi de scènes humoristiques (Claude Eustache et son inénarrable collègue) ou touchantes, notamment avec l'émouvante veuve (Clare Kelly, vue dans Mort d'un grand danois). On remarquera ici un certain réalisme social, pertinent et loin du Swinging London,  divergeant pour le coup totalement des Avengers, hormis la période Cathy Gale. La mécanique scénaristique se montre parfaitement huilée, avec comme seule réserve une découverte bien trop facile de l'identité du « Grand Payeur », la présence dans l'histoire de l'individu ne se justifiant que pour cette unique raison, entre autres indices immanquables. Du coup le roulement de tambour de sa révélation semble quelque peu dérisoire, mais c'est aussi pour ces conventions très Sixties que l'on apprécie l'atmosphère de la série.

Suzanne Lloyd (Gabrielle), actrice canadienne, accomplit de nombreuses apparitions dans les séries américaines de la fin des années 50 et du début des années 60 (Have Gun-Will Travel, Maverick, Bonanza…). Puis elle s'installa en Grande-Bretagne où elle totalisa six participations au Saint, et fut, bien entendu, la vénéneuse Barbara de Cœur à cœur. Elle mit fin à sa carrière à l'âge de quarante ans. Elle reste également dans les mémoires pour le rôle récurrent de Raquel Toledano dans Zorro.

Peter Jeffrey (Quincy) a participé à quatre épisodes des Avengers, dont il demeure l'un des plus mémorables adversaires : Avec Vue imprenable, Le Joker, Jeux et Le château de cartes.  Diplômé de Cambridge, son répertoire allait du théâtre classique aux comédies télévisées. Il travailla avec les plus grandes compagnies théâtrales dont la Royal Shakespeare Company. Il est décédé le jour de Noël 1999, d'un cancer de la prostate.

Plusieurs rues londoniennes  sont aperçues dans l'épisode : Leicester Square, Piccadilly, Old Bond Street

La rue où se situe le domicile du Saint manque singulièrement de cachet ! Il faut dire que, contrairement à John Steed ou Lord Brett Sinclair, l'adresse londonienne de ce grand voyageur ne fut jamais déterminée.

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24. SOPHIA
(SOPHIA)

Date de diffusion : 27 février 1964 (The Charmers : 29 février 1964)

Séjournant à Athènes, le célèbre Simon Templar rencontre le Professeur Grant, un grand archéologue. Celui-ci l'invite à venir découvrir les fouilles en cours dans la petite ville de Kyros. Sur place, Aristides, neveu du propriétaire local, vient de revenir des Etats Unis. Ayant mal tourné, poursuivi par ses associés qu'il a volé, il va semer la perturbation  au sein du  village, puis dérober une statuette d'or récemment mise à jour. Mais c'est sans compter sur le Saint, aidé par Sophia, cousine d'Aristides.

L'épisode reconstitue remarquablement une ambiance grecque, à travers inserts, décors et personnages surexposés. On tient sans doute là un des plus imposants manifestes du savoir faire de la série, concernant la reconstituions des expéditions exotiques du Saint. Mais la recréation ne s'arrête pas là, car l'habile scénario puise ses racines au sein des tragédies grecques de jadis. Alors que le drame familial évoque les geste des Atrides, Aristides apparaît comme un personnage maudit, auquel toute chance de rédemptions  est refusée, par son comportement mais aussi par le Destin. Celui-ci est symbolisé par un Simon Templar, nettement plus sarcastique, retors  et impitoyable qu'à l'accoutumée. Plus proche également du justicier mortel de la littérature.

Cette double dimension d'Aristides se voit subliment incarnée par un grandiose Oliver Reed, apportant une intensité particulière au malfrat. Si les seconds rôles se montrent généralement efficaces, Imogen Hassal ne convainc guère dans les scènes de drames, même si plus à l'aise dans celles relevant de la comédie, dont le pittoresque affrontement initial. Sans s'affranchir des canons de la série, la mise en scène de Roger Moore s'avère percutante, d'autant qu'il a l'élégance de ne pas la centrer sur son personnage, pour au contraire mettre en valeur les  scènes marquantes d'Aristides.

Sophia est le premier des neuf épisodes réalisés par Roger Moore, tout au long de la série.

Dans ses mémoires (Amicalement vôtre), Roger Moore salue la prestation d'Oliver Reed (Aristides), estime qu'il campe ici l'un des meilleurs ennemis du Saint. Oliver Reed est ici à l'orée d'une longue carrière cinématographique, où il se spécialisa dans les rôles virils (tueurs, militaires...). Il décéda lors du tournage de Gladiateur (1999).

Imogen Hassall apparut dans plusieurs Spies Shows anglais des années 60, dont Les Avengers, où elle fut Anjali dans Escape in Time.  Elle participe également au pilote d'Amicalement vôtre. Hassall fut une étoile des séries B de la Hammer durant les 70's. Sa création la plus connue demeure celle d'Ayak, dans Quand les Dinosaures dominaient le Monde (1970). Elle fut surnommée « Countess of Cleavage» (Comtesse du décolleté) et « Queen of Premieres » pour sa propension à apparaître aux premières dans de suggestifs atours, catalysant l'attention des photographes. Elle se suicida par surdose de médicaments, pour une raison demeurée mystérieuse.

Dans l'antique Grèce, Sophia signifait la sagesse, celle qui permet de voir clair au travers des mensonges. Cela va très bien au personnage !

La Grèce fut une monarchie de 1832 à 1973 et la taverne de l'hôtel s'orne des portraits officiels de Paul III (neveu du Kaiser) et de son épouse Frédérika de Hanovre. Régnant depuis 1947, Paul III devait décéder en 1964. Il avait joué un grand rôle dans la résistance grecque contre l'occupation allemande, grâce à ses messages radios émis depuis Londres.

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25. DES FEMMES SI DOUCES
(THE GENTLE LADIES)

Date de diffusion : 05 mars 1964 (Concerto : 07 mars 1964)

Simon se rend dans le petite ville côtière de Basham, pour faire de la voile mais aussi rendre visite à une amie, la charmante Kathleen. Suite  à léger accrochage automobile, il fait la connaissance de Florence Warshed, aînée de trois sueurs se partageant une superbe résidence. L'avoué de Kathleen, Marsh, est le soupirant de Florence depuis des années. Très vite, divers indices indiquent au Saint que les sœurs Warshed subissent un chantage. Mais quel secret peuvent bien dissimuler ces trois dames parfaitement respectables ?

Episode particulièrement mièvre et inopérant que celui-ci. Le scénario se détourne d'un sujet intéressant et porteur, le monde du yachting, pour s'en tenir à des amourettes et à des mystères dignes de la Bibliothèque verte, tant on a souvent l'impression de regarder une histoire infantile. Les différentes péripéties fonctionnent souvent à vide, en l'absence de toute intensité dramatique. Le plus lénifiant reste sans doute le ton gourmé et très daté usité pour les descriptions des trois sœurs demeurées célibataires.

Rarement un épisode du Saint aura autant senti la poussière, d'autant que l'historiette entre Marsh et Florence relève de la littérature amoureuse la plus sucrée. Que tout ceci s'achève par un mariage ne surprend guère. Sans être catastrophique, la distribution ne paraît guère saillante, hormis pour Anthony Nicholls dont la personnalité et le métier assure un certain abattage à l'homme de loi. Les actrices incarnant les trois sueurs ne peuvent s'affranchir des conventions alourdissant leurs personnages. Très pimpante, Christina Cregg introduit un petit air de modernité bienvenu au sein du récit. The Gentle Ladies ne fera certes pas oublier la drôlerie et l'inventivité imprégnant la rencontre entre les Avengers et les sœurs pareillement célibataires de A Better Mousetrap.

Avice Landon (Florence) a interprété May Wilson  dans l'épisode des Avengers The Secret Brokers.

Christina Cregg (Kathleen) est avant tout un mannequin réputé des années 60, ayant effectué quelques apparitions dans les productions de l'époque. En 1963 elle faillit obtenir un rôle récurrent dans une série s'inspirant des aventures de Gulliver, mais le projet fut abandonné;

Anthony Nicholls (Marsh) apparaît dans deux épisodes des Avengers, L'école des traîtres et Georges et Fred. Acteur reconnu du théâtre shakespearien, il a participé à de nombreuses séries mais demeure avant tout célèbre pour le rôle du supérieur des Champions, le Commandeur W. L. Tremayne.

La ville côtière de Bosham (Sussex), où se déroule l'action,  est effectivement réputée pour son nautisme. Le Bosham Sailing Club, fondé en 1907, demeure l'un des plus sélects d'Angleterre.

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26. UNE ÉPOUSE MODÈLE
(THE EVER-LOVING SPOUSE)

Date de diffusion : 12 mars 1964 (Esprit de Corps : 14 mars 1964)

A San-Francisco, lors d'une convention d'affaires, le Saint fait la connaissance de l'homme d'affaires Otis Fennick. Celui-ci ait l'objet d'un chantage, une jeune femme, Norma, s'étant introduite dans sa chambre d'hôtel, tandis que son complice, Balton, réalisait des photographies compromettantes. Balton travaille en fait pour Liane, l'épouse de Fennick souhaitant divorcer à bon compte. Balton entreprend de la faire chanter à sont tour, avant d'être retrouvé assassiné. Simon va découvrir que de nombreuses personnes désiraient sa mort.

The Ever-Loving Spouse nous offre un roman policier de la plus belle eau, avec une intrigue  à la fois rondement menée et complexe. Les rouages du traditionnel jeu des suspects apparaissent parfaitement huilés, jusqu'à une conclusion réellement étonnante. L'intrigue ne se limite à cet aspect ludique parfaitement restitué, mais développe toute une atmosphère méphitique, alliant avec force passions amoureuses, soif de l'argent et présence immanente de la mort. C'est ainsi la première fois qu'une femme se fait toucher par une balle, image forte, même si la série ne s'est pas dotée des mêmes conventions que celles des Avengers. Tous les personnages apparaissent dotés d'une face sombre, dans un ensemble remarquablement convergent. Entre décors, costumes et postures, l'habile mise en scène d'Ernest Morris reconstitue avec brio tout un environnement américain.

La formidable interprétation vient encore renforcer l'impact du récit. C'est notamment le cas pour David Bauer, qui nous gratifie ici d'une nouvelle solide prestation. Ayant incarné avec succès plusieurs personnages très différents, il s'impose comme l'une des figures marquants des deux premières saisons du Saint. Mais l'on retiendra avant la subtile et évolutive composition de Barry Jones, dont le talent métier confère une incroyable véracité à cet homme, passant de victime effarée à un tueur poussé par la haine et la soif de revanche. Un mouvement accompagnant finement celui du récit lui-même, des flonflons d'une convention jusqu'au drame le plus sordide. Ce face à face entre deux époux désunis se condamnant l'un l'autre apparaît comme l'une des conclusions les plus fortes de cette période de la série. Jeanne Moody apparaît plu empruntée, sans que cela nuise réellement a l'ensemble

Durant la scène d'introduction on aperçoit l'ombre de la caméra se déplaçant sur Roger Moore.

La photo de la jeune femme au bar est en fait l'actrice disparue Marcia, dont la photo apparaît dans l'épisode du même nom. De même le portrait de Jeanne Moody est aussi repris dans cet épisode (photos dans l'escalier).

Barry Jones  demeura toujours très attaché à son Guernesey natal. Au cours d'une très belle carrière avant tout réalisée au cinéma, il se spécialisa dans les rôles de nobles ou de notables.

Jeanne Moody (Liane) fut Miss Alabama 1951. Elle s'installa en Grande Bretagne au début des années 60 et apparu dans plusieurs productions de cette décennie, avant de se retirer après son mariage.

Les locaux de la Fenwick Candy Company sont en fait constitués des bureaux administratifs d'Elstree, sont utilisé de la sorte au cours de la série.

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27. JUSQU'AU BOUT
(THE SAINT SEES IT THROUGH)

Date de diffusion : 19 mars 1964 (Lobster Quadrille : 21 mars 1964)

Des officiels de l'ONU sollicitent le Saint, afin d'obtenir son aide dans une enquête sur un vaste réseau international de recel d'œuvres d'art volées. Des indices indiquent que l'organisation serait basée à Hambourg, autour de la boite de nuit « Tante Ada's ». La chanteuse vedette du lieu, Lili, serait impliquée. Or il s'agit d'un ancien amour de Simon. La police espère que cela facilitera l'infiltration du réseau, mais les retrouvailles de Simon et Lili font ressurgir bien des souvenirs.

Il y avait de quoi franchement s'amuser avec cette histoire d'histoire archétypale d'espionnage, voyant la Saint passer du statut de « Talented Amateur » à celui d'agent œuvrant au service des autorités. De fait on retrouvera ici plusieurs convergences avec Destination Danger, tandis que défilent des passages, certes obligés, mais efficaces et selon un rythme soutenu : rendez-vous codifiés, agents doubles, meurtres au silencieux, femme fatale, ambiance particulière de l'Allemagne scindée en deux, voire déguisements etc. Ces derniers demeurent rares dans le Saint, mais valent à peu près toujours le coup d'œil. Roger Moore se montre d'ailleurs tout à fait divertissant en marin  joyeusement caricatural, à l'inévitable balafre. Guy Deghy et Joseph Furst composent de savoureux méchants renforçant encore l'aspect BD de l'ensemble.

Malheureusement l'épisode pèche par ce que qui aurait du parachever son succès : le traitement du personnage de Lili. On aurait aimé être entrainé par un personnage, certes touchant, mais aussi humoristique, dans lequel les amateurs des Avengers auraient reconnu une proche cousine de l'adorable Vénus Smith. Plusieurs passages s'en situent fort près : chansons dans la boîte de nuit, sous l'observation du Saint, approche de celui-ci visant peu ou prou à manipuler la jeune femme, aventure vécue en commun. Hélas c'est le parti pris du drame qui est retenu, sans aucune nuance. Le Saint se trouve pris à son personnage tandis que  la charmante Margit Saad ne brille guère par la subtilité du jeu. Le summum se voit atteint par la mort brutale de Lili, inévitablement dans les bras du Saint. La fête est gâchée, au profit d'un mélo assez pesant et facile.

Guy Deghy, déjà apparu dans The Loaded Tourist, ne joue pas ici l'Inspecteur Klenhaus, mais Carl Eberhard. Ses origines hongroises le prédisposèrent à souvent interpréter des personnages allemands ou d'Europe de l'Est.

Margit Saad (Lili) réalisa la majeure partie de sa carrière, centrée sur les décennies 50 et 60, dans son Allemagne natale. Elle réalisa cependant quelques apparitions dans les productions anglaises de l'époque.

Caron Gardner (la réceptionniste)  est l'une de ces charmantes actrices multipliant les apparitions dans les films et séries des années 60. Elle participa trois fois au Saint et fut l'une des pilotes non créditées du Flying Circus de Pussy Galore, dans Goldfinger.

La chanson interprétée dans la boite de nuit par Lili est un standard de Doris Day, I'll never stop loving you. Le titre fut composé pour le film Les pièges de la passion (1955), retraçant le parcours de Ruth Etting, grande vedette des années 20. Doris Day fut appelée à remplacer Ava Gardner, initialement envisagée. Le grand succès du film allait propulser sa carrière. I'll never stop loving you fut nominée pour l'Oscar de la meilleure chanson.

Au cours de cette saison, les aventures du Saint se seront déroulées en Grande Bretagne, au Canada (Québec et Ontario), au Mexique, en France, en Italie, à Monaco, au Koweït, en Argentine, en Grèce, aux États-Unis et en Allemagne.

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Images capturées par Estuaire44.

 saison 1 saison 3

Le Saint (1962-1969)

Saison 3

 


1. LE THÉ MIRACLE
(THE MIRACLE TEA PARTY)

 

Date de diffusion : 8 octobre 1964

A la Gare ­­­­de Waterloo, un homme glisse subrepticement un mystérieux emballage de thé dans le sac à main d’une collègue, rencontrée par hasard, avant d’apparemment mourir d’une crise cardiaque dans une cabine téléphonique. Présent fortuitement sur les mieux, le célèbre Simon Templar découvre qu’il s’agit d’un assassinat. Il est encore plus interloqué de s’apercevoir que le paquet contient en fait une forte somme d’argent, alors que la jeune femme, la charmante Géraldine, travaille dans une importante base navale militaire, tout comme le disparu. Le Saint et Géraldine vont mener l’enquête. Il s’avère qu’un réseau d’espions, basé dans une boutique de thé située à proximité de la base, a entrepris de dérober des secrets nucléaires.

Sa scène initiale, qui lui donne judicieusement son titre, domine clairement The Miracle Tea Party. Insérée dans une série si coutumière des décors en studio, cette découverte du vaste hall de Waterloo Station, puis de ses environs, apporte une vraie bouffée d’oxygène. On l’apprécie d’autant plus fortement que le lieu grouille de vie et constitue un joli cliché sur ces années 60 alors en pleine ascension. Les amateurs des Avengers retrouveront avec plaisir les verrières caractéristiques de la grande gare londonienne, déjà aperçues dans Balles costumées. Mais cet appétissant préambule ne se limite pas à un panorama, les péripéties s’y déroulant s’avèrent marquantes. La présence des tueurs, efficacement insérés dans le récit, véhicule un joli suspense, jusqu’à la terrible scène du meurtre, impressionnante de réalisme violent (une ampoule de poison volatile transformant une cabine téléphonique en mortelle chambre à gaz où le malheureux se tord de douleur avant de périr). La rencontre entre Géraldine et le Saint apporte un instant déjà romantique au sein d’un mystère intriguant et sinistre, impeccablement introduit. On se retrouve finalement dans une atmosphère assez hitchcockienne, à la différence que le destin ne s’abat pas sur un quidam, mais sur le fameux Simon Templar !

Par la suite, l’épisode atterrit doucement sur des contrées souvent bien balisées de l’espionnage. Il n’en demeure pas moins prenant, malgré une énigme initiale débouchant sur une allée de marronniers. Le thème récurrent du thé apporte une légère spécificité à l’ensemble, tandis que Simon déroule le l’écheveau de la conspiration, remontant jusqu’à la tête, dans une histoire classique que le Take me to your Leader des Avengers exacerbe jusqu’à la parodie humoristique. Néanmoins le ton demeure vivace et l’on suit sans aucun ennui un défilé au demeurant tout à fait tonique des passages obligés du genre (affrontements, photographies en microfilm de documents, enlèvement de la damoiselle en péril…). L’action ne connaît guère de ralentissements et s’inscrit dans des décors soignés. On apprécie vivement l’efficacité de la mise en scène de Roger Moore, mais aussi l’amour des comédiens qui s’en dégage. Passé derrière la caméra, Sir Roger s’est entouré de proches à cette occasion, mettant avec sensibilité sa caméra au service de leur talent.

Les personnages secondaires s’imposent d’ailleurs comme l’un des atouts de l’opus, avec le Commandeur emblématique ou la vieille dame dynamique et passablement excentrique, incarnée avec un irrésistible naturel par Fabia Drake. Nanette Newman nous offre une Templar Girl particulièrement sympathique et attachante, le courant passe parfaitement bien avec Moore. On retiendra avant tout l’effarante prestation de Robert Brown en tueur à la fois expérimenté et possédé par une authentique soif de meurtre, en définitive très similaire à l’inquiétant sadique de Voyage sans retour. Avec son jeune apprenti, encore plus désaxé que lui et davantage de son temps, il forme un percutant duo. Son affrontement final avec le Saint, particulièrement mouvementé et totalement dépourvu de doublures, nous vaut l’un des combats les plus spectaculaires découverts jusqu’ici. On y retrouve l’inspiration épique d’Ivanhoé.

  • Nanette Newman (Geraldine) est très connue en Grande Bretagne, notamment pour une populaire série de publicités concernant Fairy Liquid, un liquide vaisselle. Son ami Roger Moore fut l'un des témoins de son mariage avec l'acteur Bryan Forbes.

  • Robert Brown (Atkins) fut le partenaire de Roger Moore sur Ivanhoé, où il interpréta Gurth, le fidèle comparse du héros. Il le retrouva également sur les tournages de James Bond, Brown ayant joué M dans quatre opus de la Saga, durant les années 80. Brown fut également le sinistre Saul de Voyage sans retour (Chapeau Melon).

  • Fabia Drake (Tante Hattie) interpréta le Colonel Adams dans The Danger Makers (Chapeau Melon). Elle fut l’une des professeurs de Roger Moore à la Royal Academy of Dramatic Art et l’acteur avoue dans ses mémoires (My Word Is My Bond) avoir été terriblement embarrassé à l’idée de la diriger. Mais la dame se montra fort amicale et sut le mettre à l’aise, ce pourquoi il lui fut très reconnaissant.

  • Plusieurs plans larges sont effectivement réalisés à Waterloo Station mais les gros plans sur les personnages le sont à l'évidence par surimpression d'images.

  • Il s'agit du second épisode réalisé par Roger Moore. Il raconte également dans ses mémoires que, lors du tournage de scènes se déroulant à Waterloo Station, il ne fut pas maquillé ni ne porta de costume particulier, car il apparaissait fort peu à l’écran. Il pensait que cela ne porterait pas à conséquence, mais sa mère, qui assistait aux prises de vues, lui rapporta que de nombreux voyageurs l’avaient reconnu et le trouvaient fort négligé, bien moins impressionnant qu’à l’écran.

  • La séquence d'ouverture se déroule dans la gare de Waterloo. Cet immense complexe connecte en fait quatre gares distinctes, plus un terminal routier. Inaugurée en 1848, Waterloo Station changea plusieurs fois d'apparence, notamment après d'énormes dégâts subis durant le Blitz; Sa gare internationale fut longtemps le point de départ et d'arrivée de l'Eurostar, avant d'être remplacée en 2007 par Saint-Pancras.

  • D'autres sites londoniens apparaissent au fil de l'épisode :Hyde park, Grosvenor, Piccadilly...

  • La base navale est située dans l’île de Portland, à l’extrémité sud du Dorset. Sur un site initial remontant à 1850, la Royal Navy y a effectivement développé une forte installation durant la guerre de 39-45, verrouillant la Manche. Il s‘agit de l’un des ports non naturels les plus étendus au monde. L’île fut de ce fait visée par de nombreux bombardements.  La majeure partie de la base a été démantelée en 1995, après la chute de l’URSS. Elle est désormais dédiée aux sports nautiques. Le site accueille les épreuves de voile des Jeux Olympiques de 2012.

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2. LIDA
(LIDA)

Date de diffusion : 15 octobre 1964

Aux Bahamas, la jeune Joan Wingate s'inquiète vivement pour sa soeur, Lida, visiblement tourmentée par un secret qu'elle se refuse à révéler. A bout de ressources, Joan se résout à appeler l'un de ses amis à la rescousse, nul autre que le célèbre Simon Templar. Celui-ci détermine très vite que Lida fait l'objet d'extorsions. Le sinistre Maurice Kerr séduit des femmes riches et mariées, afin de les emmener au Captain Kidd's Club. Là, il fait réaliser des photos compromettantes, avant de faire chanter ses victimes. Lida est assassinée, sous des apparences de suicide ne trompant pas Simon, qui suspecte Kerr. Il débusque ce dernier, mais Kerr est lui aussi exécuté ! Joan est alors soudainement kidnappée. Une course contre la montre débute pour le Saint, afin de trouver le fin mot de cette énigme.

L’épisode frappe d’emblée un grand coup à l’occasion de l’habituelle accroche de Simon, via le Quatrième Mur. Avec le cynisme amusé et distancié coutumier de ses personnages, Roger Moore nous délecte d’un savoureux portrait de l’art de vivre des Bahamas : le soleil, de succulentes boissons, des femmes superbes et… Aucun impôt. Outre qu’elle souligne la propension du Saint à évoquer occasionnellement l’actualité de son temps (absente chez les Avengers après l’ère Cathy Gale), la diatribe revêt un de nos jours un amusement supplémentaire. En effet le conseil n’est pas tombé dans l’oreille d’un sourd puis le prédécesseur de Sir Roger dans le smoking de 007 en fera le meilleur usage. L’esprit de résistance du Highlander farouche mais valeureux peut s’incarner de bien des manières, y compris dans un séjour prolongé aux Bahamas et le refus de délester ses poches, pourquoi pas ?

Lida se distingue par ailleurs par la finesse d’écriture de Terry Nation, en cette année 1964 où il apparaît particulièrement en verve, avec par ailleurs la toute première apparition de ses Daleks (The Planet of Death). L’auteur reprend efficacement les codes du roman policier, tout en excellant particulièrement dans le portrait psychologique et en recevant le déterminant soutien d’excellents comédiens. La forte relation entre sœurs constitue un véritable atout mais l’on reste également très  touché par le portrait bouleversant d’une femme détruite par le chantage et taraudée par la peur, que nous offre une particulièrement inspirée Jeanne Moody. En sœur aimante mais terriblement  impuissante, Erica Rogers lui renvoie un écho particulièrement sensible, dans sa meilleure prestation jusqu’ici au sein de la série.

Nation opère un dégradé fort bien vu entre l’atmosphère ensoleillée des Bahamas et une plongée progressive au sein d’un univers des plus noirs, peuplé d’une faune sinistre. Peter Bowles manifeste le talent qu’on lui connaît en incarnant un être veule et lâche, éperdu face à des individus encore plus dégénérés que lui. La scène entre lui et Roger Moore se montre d’une force et d’une âpreté étonnante, une superbe confrontation. Le Saint peut aussi devenir à l’occasion une série tout à fait cruelle, à l’instar du personnage littéraire. Aubrey Morris (le Quince de Silence Dust) incarne un sadique voyeuriste assez hors normes dans les séries de l’époque, une figure notable d’un aréopage de pervers qui finira par s’entredévorer sous le regard courroucé de Templar.

L’indéniable impact de ce drame se voit cependant tempéré par quelques naïvetés. On conçoit mal qu’une telle machination ait pu se développer au sein d’un milieu aussi restreint que la bonne société britannique de Nassau ou que Lida  refuse la planche de salut que représente l’apparition de Simon. Mais c’est surtout la réalisation assez terne de Leslie Norman qui pose problème. L’ensemble manque d’inventivité et souffre particulièrement d’une représentation des Bahamas franchement bâclée. Les inserts évidents ou les paysages relevant manifestement de la campagne britannique se multiplient, entrecoupés de décors assez convenus. Retenir une demeure aussi caractéristiquement anglaise pour représenter l’exotique Captain Kidd's Club résulte étonnant. Cette ambiance souligne également l’incongruité de la présence de la ST1 à des milliers de kilomètres de Londres. Le convoyage a du couter une fortune au Saint ! Il s’agit visiblement de scènes extérieures tournées préalablement et employées ici sans guère de souci de cohérence.

  • Erica Rogers (Joan), d’origine sud-africaine, fut avant tout une actrice de théâtre et de dramatiques radiodiffusées, mais participa à plusieurs séries de l’époque. Elle apparaît en tout dans quatre épisodes du Saint : The Old Treasure Story, Lida, The Golden Journey et The Pearls of Peace.

  • Jeanne Moody (Lida) fut Miss Alabama 1951. Elle s'installa en Grande Bretagne au début des années 60 et apparut dans plusieurs productions de cette décennie, avant de se retirer après s’être mariée. Son accent du  vieux Sud lui valut de servir de répétitrice à des comédiens plus connus, devant interpréter des rôles originaires de ces contrées. Elle participe également aux épisodes The Man who Liked Toys et The Ever-Loving Spouse.

  • Peter Bowles (Maurice Kerr) a participé à quatre épisodes des Avengers : Seconde Vue, Meurtre par téléphone, Remontons le temps, et Les évadés du monastère. Il a tourné dans de nombreuses séries ITC des années 60 même si "elles rapportaient plus d'amusement que d'argent" : Le Saint, Destination danger, Département S, Amicalement vôtre, Cosmos 1999. Il est l'infâme A dans l'épisode A, B et C du Prisonnier. Très peu de films à son actif mais des sitcoms au début des années 80. Il s'est tourné vers le théâtre ces dernières années.

  • Terry Nation participe pour la première fois à la série. Il écrira en tout 14 scénarios pour le Saint, de 1964 à 1968.

  • La ST1 apparaît pour la toute première fois dans un épisode dont l’action se situe en dehors de Mother England.

  • Le Captain Kidd's Club est en fait Moat House, un ancien hôtel bâti en 1927. Il servit de centre de recherches militaires durant la seconde guerre mondiale. Dans les années 60, il était devenu un Playboy Club, apparaissant dans de nombreuses productions du fait de la proximité des studios d'Elstree. Le bâtiment a été démoli en 1989, pour construire un Holiday Inn moderne, accueillant notamment les touristes venus visiter le site d’Elstree.

  • Los du tournage de l’épisode, les  Bahamas étaient encore une colonie britannique, l’indépendance (sise au sein du Commonwealth) étant instituée en 1973. Toutefois 1964 demeure une année clé, puisque une très large autonomie intérieure est alors accordée à l’archipel. Le 4 janvier, Roland Symonette devient ainsi le premier chef du gouvernement local. Déjà lancée dans les années 50, une politique de développement économique basée sur le tourisme et le secteur financier off-shore s’instaure désormais pleinement. Templar y fait ironiquement allusion dans son habituel propos initial. Les Bahamas demeurent toujours un paradis fiscal de premier plan même si les conséquences de la crise financière débutée en 2008 ont amené les autorités à davantage de transparence.

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3. LES PERLES DE MADAME CHEN
(JEANNINE)

 

Date de diffusion : 22 octobre 1964 

Une vive inquiétude étreint l’Inspecteur Quercy et le Sergent Leduc : le célèbre Simon Templar est de retour à Paris ! Circonstance aggravante, sa visite coïncide avec celle de Madame Chen, haute diplomate d’une grande puissance asiatique. Or la dame, au caractère particulièrement impérieux et détestable sous une apparente affabilité, est célèbre pour son fastueux collier de perles. Simon a d’ailleurs la surprise de reconnaître dans l’assistante de Madame Chen, Jeannie Roger, une ancienne voleuse de bijoux de sa connaissance ! Elle affirme être devenue honnête, ce qui laisse fort sceptique le Saint. Un duo de truands parisiens lorgne également sur la parure. Pour compliquer le tout, le Saint se décide finalement à entrer dans la danse, pour venir en aide à Lo Yung. Cet idéaliste compatriote de la dignitaire est en effet désireux de lui subtiliser ses perles, afin de venir en aide aux nombreux miséreux de son pays. 

La série aime décidément à demeurer en phase avec son temps. Après l'atmosphère troublée de la Guerre d'Algérie s'achevant, évoquée dans Le Chef d’œuvre d’Art (saison 2), nous découvrons ici le Paris joyeux et si plein de vie de la France du Général, alors que les années 60 ont désormais pleinement pris leur envol. On note avec satisfaction que Jeannine contient bien les plaisants éléments coutumiers aux épisodes de séries anglaises se déroulant dans notre capitale. Ceux-ci sont singulièrement mis en valeur à travers les aventures hautes en couleur du Saint et l'on retrouve effectivement les accents français croquignolets ou la langue de Ronsard s'invitant soudain au beau milieu d’une phrase. L’élégance parisienne est également de mise, notamment chez ces dames.

Les décorateurs de la production  accomplissent également de vaillants efforts, multipliant les clins d’œil à notre pays, à côté d'inserts, certes évidents et classiques, mais aussi très évocateurs de l'époque. L'épisode marque aussi l'occasion de retrouver nombre de superbes voitures du temps, y compris la ST1, une nouvelle fois en goguette. Mais, par dessus tout, on goûte que cette comédie enlevée célèbre Paris comme une fête. L'huis clos de l'hôtel abritet un impromptu tonique, mêlant avec talent les ressorts du vaudeville français à la course à l’échalote. On retrouve de fait un mécanisme très similaire à celui que mettra en œuvre l'un des meilleurs épisodes d'Amicalement vôtre, Un drôle d'oiseau.

On ne soulignera jamais assez à quel point Le Saint est une série d'acteurs et Jeannine brille par sa savoureuse galerie de portraits, portés avec verve et humour par de talentueux comédiens en parfaite adéquation avec un Roger Moore ici idéalement dans son emploi. Quercy se voit fort heureusement de nouveau interprété par le très expressif Manning Wilson. On retrouve toujours avec un vif plaisir le débonnaire et bon vivant Sergent Leduc, dont l'éternel jeu du chat et de la souris avec un Saint goguenard n'est pas sans évoquer celui de Lupin et de Guerchard. Le récit trouve cependant un parfait équilibre entre humour et acuité de nos policiers, évitant de les rendre trop ridicules. Quercy confirme représenter un adversaire avisé, tant mieux ! De plus la superbe DS noire de Leduc s'oppose idéalement à la ST1 immaculée, lors d'une jolie scène en automobile. 

Les truands apparaissent joyeusement caricaturaux tandis que la merveilleuse et très douée Sylvia Syms nous régale d'une voleuse de haut vol et de grande classe. Le duel de charme et d'esprit l'opposant à Simon reste jusqu’au bout aussi captivant que distrayant. Le piège final que lui tend le Saint reste un modèle de cruauté ironique, jouant sur les mensonges où elle s'est elle même enferrée, tout en veillant bien entendu à la soustraire au bras vengeur de la justice. Le Saint est beau joueur. Le récit joue habilement des différences de style de cambriole entre les malfrats, Jeannine et l'idéaliste opposant, tandis que le Saint observe ce petit monde avec son irrésistible cynisme madré. Madame Chen compose un divertissant amalgame des clichés de l'époque concernant les Chinois (perfidie, cruauté…), elle ressemble d'ailleurs beaucoup à l’Anna Lee du  Clan des Grenouilles des Avengers ! Encore une fois le récit évite le piège de la caricature outrée, la dotant d'un vrai courage le moment venu.

La qualité d'une intrigue optimisant un grand nombre de pittoresques personnages, agrémentée de dialogue incisifs, fait pardonner une mise en scène médiocrement inventive, ainsi que certaines naïvetés, d'ailleurs souvent agréablement datées. On remarque que le gouvernement français s'autorise à snober l'émissaire de la Chine (jamais explicitement citée), les temps ont bien changé ! Madame Chen suit sans méfiance aucune un illustre inconnu affirmant représenter la France, etc. Plus gênant, la conclusion ne révèle pas comment le Saint est parvenu à soustraire le fameux collier à la perquisition approfondie de Quercy de l'appartement de Jeannine, un élément clé de la machination ourdie par notre héros. Cet opus constitue cependant une comédie particulièrement pétillante et enlevée, la ville la plus romantique au monde réussissant décidément à Simon Templar. Cette nouvelle saison des aventures du Saint confirme l'excellente qualité de son lancement.

  • Sylvia Syms (Jeannine) connut une superbe carrière au cinéma et au théâtre. Elle compte d’ailleurs parmi les invitées de la série les plus populaires au moment de sa participation  Sylvia Syms va participer à quatre reprises à la série, notamment à l’occasion du mémorable double épisode The Fiction Makers. Elle indique avoir participé au aventures du Saint avant tout par amitié pour Roger Moore, l’un des hommes les plus drôles et spirituels qu’elle ait jamais rencontré. Roger Moore rendait toujours particulièrement divertissant le tournage de la série. Elle avoue également avoir été davantage sensible à sa prestance et à sa classe naturelle qu’à son talent d’acteur proprement dit. L’actrice était également très proche de la compagne d’alors de Moore, Luisa Mattioli, les deux femmes ayant été enceintes au même moment, en 1963 (The Saint, from big screen to small screen, and back again). Sylvia Syms, OBE, est membre du conseil de direction de la Royal Academy of Dramatic Art, dont elle est issue, tout comme Roger Moore. 

  • L'Inspecteur Quincy est cette fois interprété par Manning Wilson, qui fut le Major Plessy dans The Master Minds (Chapeau Melon). Il joue également Quincy dans The Work of Art.

  • Jacqui Chan (Madame Chen) interpréta des personnages chinois tout au long de sa carrière, mais n'en maîtrisait pas la langue, ayant été élevée à Trinidad. 

  • L'hôtel où loge Jeannine est en fait le bâtiment abritant les services administratifs des studios, un décor apparaissant régulièrement au cours de la série.

  • Les accessoiristes de la production multiplient les éléments destinés à susciter une tonalité française. Ainsi Simon lit France Dimanche, alors supplément dominical de France Soir. Lancé en 1946 par Pierre Lazareff, le journal se consacre alors aux informations générales, mais rencontre un médiocre succès. Un tournant est effectué à la fin des années 50, le titre s'intéressant alors aux célébrités et au Gotha. Il va connaître un fulgurant succès durant les Sixties, avec des tirages culminant occasionnellement à deux millions d'exemplaires. France Dimanche reste ainsi un miroir précieux de l'actualité heureuse de la décennie. En 1983, talonné par des nouveaux venus sur le marché de la presse people et confronté à une forte érosion des ventes, France Dimanche évoluera vers le format des tabloïds. 

  • La une de l'exemplaire parcouru par le Saint évoque les relations difficiles entre Juliana et sa fille Irène (Irène à Julianna : pardon, maman). Il s'agit de la famille régnante des Pays-Bas. En 1964, Irène défraye en effet la chronique en se convertissant au Catholicisme, afin d’épouser, contre l’avis du Parlement, le prince espagnol et prétendant carliste Charles-Hugues de Bourbon-Parme. Le couple divorcera en 1981.

  • Simon lit également (en français, s'il vous plaît) Le Rempart des Béguines, de Françoise Mallet-Joris. Publié en 1954, ce roman connaît un grand succès, lançant la carrière de l'auteure, future membre de l'Académie Goncourt. Il fit sensation à l'époque en évoquant la relation lesbienne développée entre une adolescente et la maîtresse de son père. Le livre sera adapté au cinéma en 1972, avec Anicée Alvina et Nicole Courcel. 

  • Des affiches de films sont également aperçues. On reconnaît celle de La Chair et le Diable, drame amoureux de 1954, avec Viviane Romance et Rossano Brazi.

  • Afin de duper Jeannine, le Saint fait référence à la tradition antique des perles dissoutes dans le vin. Cléopâtre aurait fait dissoudre une perle dans un verre de vin et bu celui-ci, pour prouver à Marc Antoine qu'elle pourrait consommer la richesse d’une nation en un seul repas. Cette boisson aurait également été appréciée par des empereurs de la Rome décadente, tels Caligula ou Héliogabale.

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4. LE SCORPION
(THE SCORPION)

 

Date de diffusion : 29  octobre 1964

Le mystérieux criminel surnommé le Scorpion  se livre à des chantages forts rémunérateurs dans les hautes sphères de la politique et de la finance. Le scorpion compose son symbole mais aussi le principal instrument de son pouvoir, puisqu’il n’hésite pas à utiliser son animal de prédilection pour commettre des assassinats. Le cambrioleur Long Harry, terrorisé, appelle à l’aide son ami, le célèbre Simon Templar. Le Scorpion lui a ordonné de dérober une lettre compromettante à l’industriel Mark Deverest. Trop curieux, il a cependant découvert le visage de son commanditaire et se sait dès lors condamné à mort. Le Saint ne peut empêcher son exécution et décide alors de mettre un terme aux activités du diabolique maître chanteur. Son enquête l’amène à s’intéresser à deux charmantes jeunes femmes, Karen, secrétaire de Deverest, et Patsy, hôtesse d’un Night club et complice du Scorpion.

Episode singulier que ce Scorpion, sans doute l’une des aventures du Saint les plus abouties. En effet tous les ingrédients de la réussite sont au rendez-vous, tranchant par la personnalité hors normes de l’adversaire du jour. Les ennemis du Saint, pour savoureux qu’ils apparaissent le plus souvent, relèvent ordinairement des figures conventionnelles du Polar ou de l’espionnage. Par l’effroi qu’il suscite et sa dimension de Diabolical Mastermind doublé d’une obsession authentiquement morbide, le Scorpion propulse le récit à la lisière de l’Etrange. Les scènes se déroulant dans son sinistre vivarium peuplé de créatures venimeuse se montrent particulièrement  évocatrices à cet égard. Dans une perspective moins sinistre, elles évoquent également l’antre dédiée aux automates du Redfern des Œufs d’Or, opus établissant une similaire convergence au sein de la saison 2 des Avengers. Comme souvent, l’aspect de Whodunit de ce type de récit suscite moins d’intérêt, puisque le coupable est forcément le second rôle ne manifestant pas d’autre utilité réelle. Mais l’idée d’un avoué utilisant les secrets de ses riches clients pour les faire chanter sans se révéler demeure astucieuse. Surtout l’intérêt du Scorpion ne réside pas tant dans son identité que dans son aura ténébreuse. Sa scène de sortie s’avère également magistrale.

L’intrigue instille d’ailleurs une atmosphère remarquablement frelatée, en raccord avec l’adversaire du jour. Il en va ainsi de cette description d’un milieu d’affaires politico-financières passablement corrompu, le nombre de victimes du Scorpion  se montrent tout à fait parlant. Le night club borgne en représente un reflet bien trouvé. Il permet également d’exploiter la double nature du Saint, ayant des accointances dans le milieu aussi bien que dans les hautes sphères. L’étude de caractère se met au diapason, avec le sadisme manifesté par Patsy envers Deverest, les turpitudes de ce dernier ou la violence meurtrière du blouson noir. Karen se présente comme la seule lumière du panorama, ce qui lui autorise une vraie utilité puisqu’elle demeure par ailleurs conforme aux conventions de la série. La mise inspirée de Roy Ward Baker tire magnifiquement parti de la nuit londonienne pour accompagner un récit sombre mais aussi sans temps mort.  L’action se déroule en une seule nuit et son lendemain, se situant de ce fait sur un tempo élevé, ponctué de percutants rebondissements (dont une apparition brève mais marquante de l’lnspecteur Teal). L’ensemble de la distribution s’avère admirable, avec en prime l’intérêt de découvrir une Catherine Woodville allant prochainement épouser Patrick Macnee, ainsi qu’une Nyree Dawn Porter aux antipodes de la Comtesse di Contini. Tour à tour cinglante ou émouvante, elle se montre absolument fabuleuse dans l’interprétation de Patsy. 

  • Catherine Woodville (Karen) a  participé au tout premier épisode des Avengers, Neige brûlante, où elle interprétait la fiancée assassinée du Dr Keel, ainsi qu'à Comsbustible 23. Elle a également participé à de nombreuses séries durant les années 60 et 70 (Z Cars, Destination Danger, Star Trek, Wonder Woman…), dont deux épisodes du Saint. Après s’être retirée à la fin des années 70, elle a créé un vaste haras avec succès. Mais elle demeure  surtout connue pour avoir été la seconde épouse de Patrick Macnee, de 1965 à 1969. « Kate » fut également une candidate malheureuse à la succession d’Honor Blackman.

  • Nyree Dawn Porter (Patsy) est apparue dans de nombreuses productions anglaises des années 60 et 70. Elle est notamment remémorée pour La Dynastie des Forsythe et le rôle de la Comtesse  dans Poigne de fer et Séduction.(1972-1973). Elle fut envisagée pour jouer la première partenaire féminine de John Steed, avant qu'Honor Blackman ne soit retenue. Elle joue également dans l'épisode disparu des Avengers Death on the Slipway.

  • Lee Philip Latham (Long Harry) participe aux épisodes de Chapeau Melon La Naine Blanche et  Avec vue imprenable . Il est principalement connu au petit écran pour le rôle récurrent de Willy Izard dans The Troubleshooters (1965-1972). Au cinéma il figure à l’affiche de Dracula Prince des Ténèbres (1966) où il interprète Klove, le serviteur du Dracula de Christopher Lee.

  • Nous apprenons que le numéro de téléphone du domicile londonien Saint est Regent 53-33.

  • Exceptionnellement le discours habituel du saint ne débute pas l’épisode : il est précédé par les images de la traque de Long Harry dans la nuit de Londres.

  • Le scorpion est une imitation inanimée, notamment sur la main de Katherine Woodwille (39'). Ensuite il s'agit d'un vrai scorpion mais évoluant sur le bras d'un mannequin et non d'un humain !

  • Différents sites londoniens apparaissent au cours de l'épisode : Westminster Bridge, Cleveland Gardens, Ingram Avenue...

  • Les différents plans extérieurs sont visiblement tournés avec des doublures. Cela devient particulièrement évident quand Le Saint sort de chez lui (6’37’’) ou de chez Deverest (11’30’’).

  • Le réalisateur Roy Ward Baker indique qu’il s’agit de son épisode préféré sur l’ensemble de la série, du fait des conditions particulières de sa mise en scène, l’action se déroulant quasi exclusivement de nuit. Il a également particulièrement apprécié cette collaboration avec des comédiens aussi doués que sympathiques. (The Saint, from big screen to small screen, and back again).

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5. RÉVOLUTION
(THE REVOLUTION RACKET)


Date de diffusion : 5 novembre 1964

Dans un pays d’Amérique du Sud, le capitaine de police Carlos Xavier convie le Saint à diner dans un superbe restaurant. Parmi les clients, il lui montre deux redoutables criminels, les frères Enriquez. Xavier souhaiterait les mettre sous les verrous, mais il sait que les bandits sont sur le point de perpétrer une révolution. En fait, il souhaite se servir du Saint pour les contrer, comptant sur le goût de ce dernier pour l’aventure. Le capitaine est d’autant plus sûr de son fait que les deux frères sont en train de racketter des marchands d’armes, dont la charmante Doris. Ils les forcent à vendre leur marchandise pour une belle somme, mais néanmoins nettement inférieure à sa vraie valeur. Simon ne tarde pas à deviner que Doris et son époux sont en fait des escrocs, et que les armes sont fausses. Il permet au stratagème de fonctionner ce qui condamne la révolution, mais conserve le magot après que Doris se soit retournée contre lui. Xavier avait prévu tout cet imbroglio, en grand admirateur des aventures du Saint !

L’épisode souffre clairement d‘une reconstitution véritablement à l’économie de l’environnement sud américain. La majeure partie des différentes scènes s’effectue dans des décors quelconques, dépourvus de tout cachet particulier et pouvant fort bien convenir à une ville européenne. On remarque d’ailleurs la quasi absence des habituels savoureux inserts caractérisant la série. De plus, quand la mise en scène se décide à s’avancer sur ce terrain, cela donne lieu à quelques décors particulièrement indigents, comme cette reconstitution si évidente et minimaliste de la flore locale. Les intonations espagnoles entendues au fil de l’eau ne brillent pas non plus par leur crédibilité.

Mais qu’importe, The Revolution Racket compense largement ces défauts par un scénario particulièrement astucieux. Stratagèmes et arnaques de tous poils s‘entrecroisent en un ensemble dont la clarté limpide de la narration permet d’apprécier toute la diabolique complexité. Les chutes successives des masques entrainent de nombreuses péripéties, maintenant vivace l’intérêt du récit jusqu’à son terme. L’exercice de style s’avère brillant, composant un puzzle habile et original à partir d’éléments classiques du Polar traditionnel. Ainsi l’on découvre une grande innovation puisque, pour une fois, ce n’est pas le célèbre Simon Templar qui tire (entièrement) les ficelles de l’intrigue !

Le grand atout de l’opus demeure en effet le volubile, sybarite et machiavélique capitaine Xavier. Parvenir à manipuler le Saint de manière à ce que ce dernier ne puisse véritablement s’en offusquer, le tout avec une indéniable maestria, relève de l’exploit. Il prend ainsi un contre pied magistral avec l’ensemble des policiers rencontrés jusqu’ici, hostiles ou au mieux à la complicité toujours méfiante (Claude Eustache). De plus son admiration sincère et passionnée de notre héros renvoie un joli effet miroir au public de la série. il reste très amusant de le regarder prévoir avec gourmandise chacun des gestes de notre héros, non sans une diffuse mais plaisante ironie (à croire que Xavier est télépathe). L’épatant Eric Pohlmann apporte une vraie humanité à son malicieux personnage. C’est bien un maître coup que réussit là un Terry Nation jouant admirablement des codes des séries de l’époque. 

Si les autres joueurs de cette si divertissante partie de poker menteur paraissent plus conventionnels, ils bénéficient cependant d’une remarquable interprétation. On retrouve avec plaisir la sublime Suzanne Lloyd, toujours aussi en phase avec un Roger Moore en grande forme. Doris se montre autrement plus décidée et active que nombre des figures féminines de la série, même si le fait qu’il s’agisse d’une antagoniste relativise cette dimension. Peter Arne, à qui la saison 2 des Avengers doit tant, rend particulièrement marquant le plus brutal des deux frères, mais l’on peut regretter que son rôle ne soit pas davantage étoffé.

  • Suzanne Lloyd (Doris), actrice canadienne, accomplit de nombreuses apparitions dans les séries américaines de la fin des années 50 et du début des années 60 (Have Gun-Will Travel, Maverick, Bonanza…). Puis elle s’installa en Grande-Bretagne où elle totalisa six participations au Saint, et fut, bien entendu, la vénéneuse Barbara de Cœur à cœur. Elle mit fin à sa carrière à l’âge de quarante ans. Elle reste également dans les mémoires pour le rôle récurrent de Raquel Toledano dans Zorro.

  • Eric Pohlman (Xavier), d’origine autrichienne; gagnera Londres en 1939, son épouse étant juive. De langue allemande, il jouera un rôle actif dans les émissions de la BBC à destination de l’Allemagne. il rencontre, notamment grâce à son accent exotique, un grand succès à la télévision. Il participe ainsi à l'épisode Le Clan des Grenouilles, des Avengers. Son accent lui valut de jouer la voix de Blofeld dans Opération Tonnerre (1965).

  • Peter Arne (Pablo) a tourné dans quatre épisodes des Avengers : Death on the slipway , Warlock, Les œufs d'or et Avec vue imprenable. Il est né en Malaisie de père français et de mère américaine et a servi héroïquement comme pilote dans la RAF pendant la seconde guerre mondiale. Arne a de nombreux rôles de méchants à son actif dans des films de guerre ou d'espionnage. Son accent lui permit aussi de jouer des rôles de chinois, russes ou sud-américains ! Au cinéma, on peut noter son rôle de colonel dans trois films de la Panthère rose. À la TV, on l'a vu dans Destination danger,Département S, L'homme à la valise

  • Le restaurant que quitte Doris avant d'être enlevée est en fait un bâtiment aujourd'hui démoli des studios d'Elstree.

  • La scène de voiture où le groupe se dirige vers San Martino a été tournée sur la Zig Zag Road. Située à Box Hill, dans le Surrey, cette côte doit son surnom à ses virages particulièrement marqués. Permettant des scènes spectaculaires, elle apparaît dans de nombreuses séries de l'époque.

  • Lors de la scène finale, le Saint révèle à Xavier que l’argent sera offert à l’UNICEF. Un geste prémonitoire, puisqu’en 1991 Roger Moore deviendra ambassadeur itinérant de cette organisation caritative.

  • Durant la scène introductive, Simon décrit avec humour une Amérique du Sud où pulluleraient les coups d’états. Il faut dire que la décennie s’y prête particulièrement. En 1963, année précédant la diffusion de l’épisode, on ne recense pas moins de quatre golpes sur le continent latino-américain : Guatemala, Equateur, République Dominicaine et Honduras. En 1964 on en compte encore deux (Brésil et Bolivie), ainsi que diverses tentatives avortée et autres émeutes. Les guérillas se développent également, 1964 voit ainsi la création des FARC en Colombie.

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6. LE PROCÉDÉ G
(THE SAINT STEPS IN)

 

Date de diffusion : 12 novembre 1964

Dans un bar cosy de  Londres, le célèbre Simon Templar est abordé par la belle Madeline, qui sollicite son aide. Son père, le scientifique Calvin Grey a mis au point une invention révolutionnaire. Le Procédé G permet de produire des fibres synthétiques aux nombreuses applications chimiques. Madeline craint que l’associé de Calvin, le richissime Jobbart Quennel, ne tente de s’en emparer. D’abord sceptique, Simon se décide cependant à intervenir, juste à temps pour sauver Madeline de deux dangereux individus. Approché par le Saint, Quennel nie tout, mais fait ensuite enlever les Grey par son diabolique bras droit, Walter. Le Saint va trouver une alliée inattendue chez la fille de l’industriel, Andrea, qui éprouve pour lui une passion des plus vives.

The Saint Steps In débute par un petit bijou d’humour, avec une scène d’introduction qui comptera certainement parmi les plus drôles et abouties de la série. Deux jeunes hommes s’amusent à pasticher le Saint recevant l’appel au secours d’une damoiselle en détresse, avec une verve pour le moins mordante. Or, tandis que Simon se défend devant nous d’être ce Casanova international et secouriste, Madeline survient et lui tient exactement le même discours que précédemment ! Une excellente idée auto-parodique, au terme de laquelle le Saint n’a plus qu’à se résoudre à l’inévitable, en précédant la jeune femme quand elle en appelle  au célèbre Simon Templar. La scène initiera  d’ailleurs un amusant fil rouge se prolongeant au fil du récit.

Par la suite l’épisode vérifie cette prophétie, puisqu’il navigue en des eaux pour le moins connues. On assiste de nouveau au proverbial enlèvement de la Templar Girl du jour, on y a quasiment droit à chaque opus depuis le lancement de cette saison ! La double figure de l’honnête professeur et de  sa fille servant de moyen de pression compte également parmi les grands classiques des récits d’espionnage des Sixties. Les Avengers y ont d’ailleurs eu aussi recours à l’occasion (Mission très improbable). Il n’en demeure pas moins que l’astuce de l’industriel finançant un projet pour s’en emparer et empêcher sa divulgation est bien trouvée. Surtout, s’ils ne développent aucune réelle innovation lors de son histoire assez convenue, les auteurs excellent réellement dans les dialogues, toujours acérés ou hilarants. C’est notamment le cas le cas lorsque le Saint entreprend d’échapper à la très entreprenante Andrea !

La mise en scène réussit quelques jolis coups, dont des extérieurs nous régalant de superbes demeures, ou un long et spectaculaire affrontement au sein d’un laboratoire de chimie. Sans être aussi acrobatique et survolté que celui remporté par Tara sans Mon rêve le plus fou, on y retrouve une parfaite exploitation de ce décor très particulier. Il s’agit d’une constante de cette série : la distribution achève de remporter la partie. Justine Lord se montre irrésistible en la délurée et très mordue Andrea, le scénario jouant de plus habilement de l’opposition avec la  sage Madeline, nettement plus sur le registre de l’émotion. L’adorable Annette André réussit parfaitement son examen de passage. Elle fonctionne à merveille avec un Roger Moore parfaitement à son affaire dans cette version à l’occasion passablement  ironique et distanciée de son héros. Les méchants ont tous la gueule de l’emploi, avec un surcroit d’intérêt pour Peter Vaughan, dont le délectable Walter n’est pas sans évoquer l’inoubliable Schubert des Persuaders. 

  • Peter Vaughan (Walter) connut une fort belle carrière au théâtre, mais aussi au cinéma, où il tourna régulièrement pour Terry Gilliam (Brazil, Bandits Bandits…). Il se spécialisa par ailleurs dans les rôles de policier ou d’agent secret. Vaugham apparut dans Public Eye, Amicalement vôtre, L’Homme à la valise, Poigne de fer et Séduction, Madigan, Thriller… Il incarne le Dr Jaeger dans Mon rêve le plus fou (Chapeau Melon).

  • Geoffrey Keen (Quennel) interprète le Ministre de la Défense dans six James Bond, durant les ères Roger Moore et Timothy Dalton.

  • Justine Lord (Andrea) participe à pas moins de sept épisodes du Saint ! L'actrice est une figure régulière des séries anglaises de l'époque (dont les Avengers pour Combustible 23). Son rôle le plus connu demeure celui de Sonia, que poursuit le N°6, dans La mort en marche , fameux épisode narratif se déroulant hors du Village. Elle y porte pas moins de neuf costumes différents, tous blancs!

  • Annette André (Madeline) va participer cinq fois aux aventures du Saint.  Dans Chapeau Melon, elle joue également dans Mandrake et Le château de cartes. Née en Australie, elle a débuté sa carrière en 1960 et a participé à de nombreuses séries : Le Baron, Le prisonnier, Amicalement vôtre, Le retour du Saint.... Elle demeure principalement connue pour son rôle récurrent de la veuve Jeannie Hopkirk, dans les très populaires Randall and Hopkirk (Deceased) (1969-1970). Également chanteuse et danseuse, elle est apparue au West End dans plusieurs spectacles musicaux.

  • Annette André participe ici pour la première fois aux aventures du Saint. Elle conserve un souvenir mitigé du tournage, car le réalisateur John Gilling se montrait facilement désagréable envers les actrices. De plus les scènes devaient être réussies en une seule prise. La nervosité lui faisait perdre ses moyens, mais, fort heureusement, Roger Moore l’a soutenue et a su la mettre en confiance.  A la suite de ces péripéties, ils sont restés bons amis, d’où ses multiples apparitions dans la série. Elle se souvient que les acteurs étaient toujours consultés sur les habits de leurs personnages. La costumière en chef, Laura Nightingale, a beaucoup apporté à la série. Elle estime que le plus important ne résidait pas dans les scénarios, mais dans l’ambiance aventureuse et glamour caractérisant l’univers du Saint, une production de grande qualité. Elle regrette de n’avoir jamais pu interpréter d’antagoniste ou de vamp, à la différence de Justine Lord ou de Down Addams. Les tournages étaient les plus souvent agréables. A cette époque comédiens et techniciens se retrouvaient dans un grand nombre de séries, d’où une confiance mutuelle (The Saint : From big screen to small screen and back again, Paul Simper).

  • La feuille de journal servant à piéger Walter change mystérieusement au cours de l’action.

  • La résidence d'Alvin Grey est en fait Willow House, située à Totteridge. Très ancien village (XIIIème siècle) situé au nord de Londres, Totteridge est réputé pour le pittoresque demeuré intact de ses veilles maisons victoriennes ou édouardiennes. De nombreuses réserves naturelles contribuent également à en faire un lieu de séjour très apprécié des Londoniens les plus aisés (notamment Arsène Wenger et plusieurs footballeurs). Remontant aux Tudors, Willow House est une grande maison comptant parmi les plus remarquables du site.

  • A l’hôtel, Andrea se grise au champagne. La bouteille nous indique qu’il s’agit de Perrier-Jouët, prestigieuse maison remontant à 1811 et située à Epernay. Fournisseur officiel de la royauté britannique depuis 1861, Perrier-Jouët est très présent sur le marché anglo-saxon. Elle a d’ailleurs commandé une fameuse publicité faisant se retrouver John Steed et Miss Tara King. Tourné en 1975 à Elstree, ce spot revêtit une grande importance dans l’élaboration de ce qui allait devenir les New Avengers.

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7. CHARMANTE FAMILLE
(THE LOVING BROTHERS)

 

Date de diffusion : 19 novembre 1964

En Australie, le Saint fait la connaissance de Pop, un vieux mineur. Celui-ci est persuadé d’avoir découvert une fabuleuse mine d’argent. Souffrant, il est assisté par la charmante infirmière  Linda et souhaite voir le filon exploité avant de mourir. Il compte sur un financement accordé par ses deux fils, installé à Sydney et ayant réussi dans les affaires. Mais ceux-ci, sceptiques et ingrats, refusent de l’aider, malgré l’intervention de Simon. Une fois convaincus de la réalité du trésor, ils tentent d’en spolier leur père, en se rendant sur place. Suite à un accident, Pop décède, tandis que Simon découvre que la mine n’a en fait aucune valeur. Le Saint escroque alors les deux frères en leur faisant acheter très cher le gisement, et, conformément aux volontés de Pop, reverse l’argent, à Linda. Celle-ci va fonder un hôpital pour enfants.

Le Saint fait l’Australie. L’épisode a le mérite de tenter de développer une reconstitution aussi fidèle que possible du Cinquième continent, sollicitant au maximum les moyens de la série. On admire ainsi de superbes inserts, ainsi qu’un impressionnant plateau reconstituant la mine. La mise en scène a l’excellente idée de recourir à une distribution composée exclusivement d’Australiens. Il en ressort un véritable chatoiement des accents, dont le parfaite intonation londonienne de Roger Moore constitue l’idoine contrepoint. L’absence (rarissime) de tout visage reconnaissable par les amateurs des Avengers, hormis Annette André, rajoute même un exotisme supplémentaire ! Les allées et venues du scénario entre le Bush et Sydney soulignent éloquemment l’énorme fossé séparant  les côtes modernes et urbaines du centre sauvage et désertique. L’insertion de quelques éléments culturels (dont les coutumières affiches) achève un concluant panorama.

Malheureusement The Loving Brothers a la main trop lourde en développant plus qu’à satiété les habituels clichés concernant les Australiens, tels que repris plus récemment dans Crocodile Dundee (1986). Les personnages se montrent outrés jusqu’à la caricature, inévitablement rustres, fêtards, peu éduqués. Ils manifestent évidemment des manières bien moins raffinées que notre dandy anglais toisant tout ceci d’un regard amusé.  Amusant au début, cet humour à la Papa Schultz finit par lasser. Surtout il apparaît contreproductif car en contradiction avec le drame familial sordide que le récit s’efforce de bâtir. L’incohérence du fond et de la forme pâtit à l’ensemble, L’épisode aurait d’ailleurs gagné à jouer franchement la carte de la pure comédie. On conserve  l’impression d’une rivalité à laquelle le spectateur non anglo-saxon demeure étranger. A cela vient s’agréger quelques imageries d’Epinal assez datées, telles la scène lénifiante du décès de Pop ou le personnage même de Linda, malgré la charme toujours si présent d’Annette André.

  • Annette André (Linda) est déjà de retour, après sa première participation à la série, lors de l'épisode précédent. Elle-même originaire d’Australie, il aurait été en effet dommage de se priver de ses services pour cet épisode. La majeure partie de la distribution est d’ailleurs australienne.

  • Les blocs de roche sont à l'évidence en polystyrène expansé !

  • L'hôtel du Saint à Sydney est en fait le bâtiment administratif des studios d'Elstree, utilisé à de multiples reprises au cours du tournage de la série.

  • Le metteur en scène Leslie Norman connait bien, l’Australie, car il y a travaillé au début de sa carrière de réalisateur, avant de revenir en Grande Bretagne. Située dans l’après guerre, cette période le voit participer à plusieurs films sur le conflit (La route est ouverte, 1946).

  • Parmi les images de Sydney on reconnaît notamment le célèbre et colossal Harbour Bridge, inauguré le 19 mars 1932 et permettant de traverser la gigantesque baie de la cité. L’ouvrage est réputé pour ses arches d’acier s’élevant à près de 140 mètres. Les anniversaires du pont, symbole de l’élévation de la puissance australienne,  font régulièrement l’objet de célébrations dans la ville. Le 19 mars 2012, Google lui a consacré l’un de ses Doodles, afin d’en commémorer le 80ème anniversaire. L’autre bâtiment identifiant habituellement Sydney est son Opéra en forme de voiles,  mais il ne prendra place qu’en 1973.

  • Le sol australien est effectivement riche en métaux précieux, un phénomène accentué par la taille du pays. Le milieu du XIXème siècle y a d’ailleurs vu se dérouler une ruée vers l’or, similaire à celle se déroulant peu de temps auparavant en Californie. Les années 60 donnent lieu à un véritable boom du fer australien, suite à de mirifiques découvertes de gisements. L’Australie se situe parmi les premiers producteurs mondiaux de fer, charbon, cobalt ou encore uranium, entre autres. Encore aujourd’hui, l’on estime que le centre désertique du pays est loin d’avoir révélé toutes ses richesses.

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8. L'HOMME QUI AIMAIT LES JOUETS
(THE MAN WHO LIKED TOYS)

 

Date de diffusion : 26 novembre 1964 

Lewis Enstone est un magnat de l’électronique. Particulièrement passionné par les jouets, il en a accumulé une formidable collection. Sa secrétaire Rosemarie s’inquiète pour lui quand elle découvre qu’il fait expédier de mystérieuses  valises pleines de billets. Craignant un chantage, elle fait alors appel à l’un de ses amis, bien évidemment le célèbre Simon Templar. Celui-ci découvre qu’en fait Enstone finance une grève chez des concurrents, en soudoyant un syndicaliste. Il espère que la société finira par devoir accepter une prise de contrôle. Le Saint fait échouer le complot. Enstone connaît également une cruelle déconvenue quand il découvre que sa femme, la superbe  Marjorie, le trompe avec son bras droit. Désireux de lui dire son fait, Simon se rend à son domicile, mais a la vive surprise de le découvrir mort. Un pistolet d’enfant  a été transformé en arme létale et tout laisse à croire qu’Enstone s’est suicidé.

Les différentes aventures du Saint brillent plus souvent par leur atmosphère aventureuse et glamour que par la complexité et l’originalité de leurs scénarios. Un présupposé auquel The Man Who  Like Toys apporte un cinglant démenti. L’intrigue s’avère un bijou d’horlogerie, provoquant une succession de twists retentissants, comme la découverte de la manipulation financière ou le renversement de situation tout à fait inattendu voyant celui que tout désigne comme le méchant du scénario en devenir brusquement la victime. Alors qu’un temps considérable s’est alors écoulé, les auteurs parviennent à développer un Whodunit loin d’être dépourvu d’intérêt. La rivalité amicale entre l’Inspecteur Teal (tenant du suicide) et Templar (tenant du meurtre) divertit autant qu’à l’accoutumée. La mécanique du meurtre grimé en suicide demeure certes un grand classique. mais le motus operandi de celui-ci se révèle particulièrement astucieux et diabolique, visant l’unique faiblesse d’Enstone. A côté d’un récit particulièrement imaginatif et surprenant, l’opus  n’oublie pas l’étude de caractères, un point fort traditionnel de la série.

Enstone constitue un fascinant portait, à la fois sympathique et machiavélique, d’un enthousiaste enfantin et profondément dépressif. Un mélange habile entre un Excentrique des Avengers et le J. R. de Dallas. John Baskcomb  l’interprète avec un vrai sens du théâtre, lui apportant une indéniable présence. De plus les scénaristes lui accordent judicieusement tout l’espace nécessaire en évitant quasiment tout contact direct avec le Saint. La mécanique de la série faisant que toute scène où apparaît le Saint gravité inévitablement autour de lui, le personnage se voit ainsi astucieusement préservé afin que le public entende toute sa musique. Le syndicaliste compose une fripouille amusante, veule et cockney en diable. Pour le coup, on se situe tout près de l’Hervé de Caméra café ! Le charme des deux dames agit sans conteste, mais, hélas, les Templar Girls demeurent comme souvent périphériques. Sans atteindre, il s‘en faut, les inaccessibles sommets du Game des Avengers, l’omniprésence de jeux,  parfois filmés d’une manière savamment inquiétante, apporte une spécificité supplémentaire et bienvenue à l’épisode. Les jouets des Sixties dégagent une charmante  désuétude, non exempte de nostalgie. 

  • Jeanne Moody (Marjorie) fut Miss Alabama 1951. Elle s'installa en Grande Bretagne au début des années 60 et apparu dans plusieurs productions de cette décennie, avant de se retirer après son mariage. Il s'agit ici de sa troisième et ultime participation à la série.

  • La fabrique est en fait un bâtiment aujourd'hui démoli des studios d'Elstree.

  • On aperçoit plusieurs sites londoniens au cours de l'épisode : White Hall, Park Street, Southwick.

  • The Man Who Liked Toys s’ouvre ainsi sur un Yogi taille nature, tel celui découvert à l’orée de Death At Bargain Prices. Les deux modèles appartiennent visiblement à une même gamme. Les deux mannequins se situent pareillement dans un grand magasin de jouets. Après tout, peut être le Saint se trouve-t-il chez Pinters !
  • Enstone lit le Financial Times, le grand journal du monde des affaires britannique, fondé en 1868. Durant les années 60, le FT connaît une expansion. Il développe un réseau de correspondants à travers toute la planète, afin de suivre, déjà, les débuts de la mondialisation de l’économie.

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9. PEINE DE MORT
(THE DEATH PENALTY)

 

Date de diffusion : 3 décembre 1964 

Le Saint passe par Marseille, en se rendant à Cannes. Sa voiture manque évite de peu un corps étendu sur la chaussée. Simon s’aperçoit que l’inconnu a été victime d’un coup de feu. En fait ce meurtre s’insère dans un conflit opposant Galbraith Stride, leader d’une grande bande criminelle, à son féroce baron Abdul Osman. Ce dernier ne recule devant rien pour s’emparer du pourvoir et décide d’utiliser la fille de Stride, Laura, comme moyen de pression. Laura ignore les véritables activités de son père, alors qu’Osman entreprend de la séduire, au moment où elle connaît des frictions avec son fiancé. Le Saint va protéger le jeune femme, tout en mettant l’organisation hors d’état de nuire.

Episode singulièrement mineur que celui-ci. La survenue de Marseille au sein du traditionnel resplendissant panorama de la Riviera promettait cependant beaucoup, d’autant que le portrait de la cité phocéenne énoncé avec gourmandise par Roger Moore dans l’excellente scénette d’introduction n’était pas piqué des vers ! Malheureusement la reprise de décors latino américains pour représenter la ville ne semble pas heureuse. En outre on en revient très vite à Cannes, pour y subir un récit policier que l’accumulation de raccourcis scénaristiques incongrus prive de tout impact. Il nous assène d’emblée une massive double invraisemblance, avec la ST1 traversant Marseille pile à l’endroit et au moment du meurtre, puis, dans la foulée, atteignant Cannes pile au moment et à l’heure pour croiser Laura. Une maladresse quittant la coutumière et charmante naïveté des aventures du Saint, pour atteindre la simple et confondante facilité.

C’est d’autant plus néfaste que toute la suite de l’histoire suit le même chemin. Les diverses gesticulations observées ne constituent guère un scénario et l’épisode ne trouve pas de second souffle dans les portraits de caractères, les seconds rôles demeurant ou transparents, ou ridicules. Le pire reste sans doute le jeune couple d’amoureux écervelés, bien plus crispant que divertissant. Wanda Ventham est bien jolie, mais ne manifeste strictement aucun don d’actrice en incarnant Laura. Elle ratifie le cliché de la Templar Girl choisie avant tout pour son physique et non talent, alors que le phénomène apparaît finalement bien moins répondu qu’on ne le croit. Seuls émergent du fiasco le talent et la présence de Paul Stassino, tout à fait à son affaire en Levantin suave, raffiné et mortel. On apprécié également de retrouver une nouvelle fois le colonel Latignant, auquel Peter Diamond apporte toujours la même saveur, campant comme un Hercule Poirot méridional.

  • Paul Stassino participe en tout à cinq épisodes du Saint,  ainsi qu’à de nombreuses séries de l’époque, notamment pour sa personnalité exotique lui permettant de jouer des étrangers.  Au cinéma, il est surtout connu pour son double rôle dans Opération Tonnerre. Stassino interprète également un faux Tito dans l’épisode des Avengers  The Decapode.

  • Le yacht d’Osman dans le port de Cannes a à l’évidence été rajouté par surimpression d’image.

  • L’épisode orthographie Marseille avec un « s » final. Les deux versions du nom sont valables en langue anglaise.

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10. LE MINISTRE IMPRUDENT
(THE IMPRUDENT POLITICIAN)

 

Date de diffusion : 10 décembre 1964 

Christopher Waites, ministre du commerce extérieur et étoile montante de la scène politique anglaise commet une imprudence et une photo compromettante est prise de lui en compagnie de la jeune et délurée Denise Grant. Il fait alors l’objet d’un chantage et se voit sommé de révéler des informations encore confidentielles, les escrocs espérant commettre un profitable délit d’initié. Fort heureusement pour Waites, lui et sa femme Janet sont des amis du célèbre Simon Templar. Celui-ci va parvenir à récupérer le cliché mais Waites décide néanmoins de révéler l’affaire à Janet, qui le soutient malgré tout. Conscient de sa faute, en dépit du souhait de son épouse, il décide alors de mettre un terme à sa carrière.

Difficile pour le spectateur de 2012 de ne pas songer à l’Affaire DSK, face à ce ministre menacé de tout perdre suite à un adultère et cette épouse prête à accepter bien des couleuvres pour sauver une carrière bâtie en commun. Sans même parler du complot piégeant l’infortuné. Par contre, la sortie morale finalement retenue par l’intéressé diverge franchement du réel ! Outre ce clin d’œil fortuit, l’épisode bénéficie d’une mise en scène inventive (ombres chinoises, action vue par les yeux du suspect, extérieurs magnifiques…), ainsi que de dialogues joliment acérés. On apprécie également le côté mondain du méchant, assez Avengers, ainsi que le piquant de la cocotte du jour (Justine Lord, une habituée de la série). Hélas le scénario gâche ces différents atouts en se dispersant beaucoup trop.

Il oscille sans cesse entre un huis clos à la Agatha Christie (Poirot aussi  a eu affaire à des vols de documents) et les péripéties caractéristiques des séries d’aventures. De plus la segmentation entre les deux parties apparaît toujours tout à fait tranchée. Comme résultante, aucune des deux versants de l’intrigue ne se développe suffisamment, on reste figé sur un schéma dépourvu d’intensité dramatique. On remarque également quelques maladresses gênantes, comme Simon découvrant  en deux secondes la fatidique photo miraculeuse ou se contenant de récupérer la lettre alors qu’un innocent est mort. L’apparition de Michael Gough divertit mais son talent semble un peu à l’étroit dans un rôle dont on a vite fait le tour. Il en va de même pour Jean Marsh, bien plus marquante dans La Quatrième Dimension et Amicalement vôtre.

  • Justine Lord (Janet) participe à pas moins de sept épisodes du Saint ! L'actrice est une figure régulière des séries anglaises de l'époque (dont les Avengers pour Combustible 23). Son rôle le plus connu demeure celui de Sonia, que poursuit le N°6, dans La mort en marche , fameux épisode narratif se déroulant hors du Village. Elle y porte pas moins de neuf costumes différents, tous blancs!

  • Michael Gough (Phillips) a joué à deux reprises dans les Avengers (Les Cybernautes et Meurtres distingués) Apparu dans plus de 100 films, son rôle le plus populaire demeure l'Alfred des quatre Batman originaux. À la télévision, il fut notamment le Celestial Toymaker, l’un des adversaires les plus marquants de Dr Who (1966), série où il réalisa plusieurs autres apparitions. Il est également très populaire parmi les amateurs de film d’horreur, ayant tenu des rôles importants dans plusieurs œuvres cultes (Le Cauchemar de Dracula 1958, Crimes au musée des horreurs 1959, Le Fantôme de l'Opéra 1962…)

  • On aperçoit plusieurs sites londoniens au cours de l'épisode : Longham Place, Trafalgar Square, Fleet Street...

  • Quand Spencer ouvre l’enveloppe censée contenir les renseignements, il découvre en fait une simple feuille marqué par le logo du Saint, le bonhomme à l’auréole apparaissant dans le générique de la série. Dessiné à l’origine par Charteris lui même pour le personnage littéraire, ce dessin tenait à peu près le même rôle que la carte de visite d’Arsène Lupin. Mais au lieu de figurer dans un coffre fort, il accompagnait souvent les dépouilles des criminels abattus par le Saint, le justicier des romans demeurant bien plus sombre que son adaptation par le malicieux et suave Roger Moore.

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11. VOL À MAIN ARMÉE
(THE HI-JACKERS)

 

Date de diffusion : 17 décembre 1964

Le célèbre Simon Templar se rend à Munich afin de participer à l’Oktober Fest. Il y rencontre un  de ses amis, le sergent Henry Johns, du contingent américain. Ce dernier  lui apprend qu’il s’est fiancé à la charmante Mathilde Baum, jeune allemande employée à la base. Etant retenu par le service, Henry demande au Saint de veiller sur sa promise durant la soirée. Malheureusement, il est tué en tentant de s’opposer à un audacieux vol de fournitures militaires. Simon ne tarde pas à comprendre que Mathilde est impliquée (vol de clés). Avec l’aide d’un autre militaire dupé par Mathilde, il parvient à rattraper le gang et à récupérer le matériel. Le Saint va  ensuite se servir de Mathilde afin d’atteindre le cerveau de l’opération, Hans Lasser.

D’entrée, l’épisode nous régale de joyeux et pittoresques inserts de l’Oktoberfest, suscitant une atmosphère festive que soulignent encore les trouvailles de Simon et de son ami. On remarque au passage que le Saint vide une chope aussi aisément que John Steed dans Le Club de l’Enfer ! Le public ressent avec d’autant place le passage à un pur roman noir, décrivant une longue traque nocturne menée par un Templar que l’assassinat de son ami rend singulièrement plus sombre qu’à l’ordinaire. Le juste courroux transportant le paisible soldat trompé résonne efficacement en écho. Interrogatoires et scènes de violence se montrent le plus souvent oppressants, ce qui n’empêche pas le scénario de demeurer alerte, en enchainant les rebondissements réussis. La mise en scène joue joliment d’une photographie soulignant la densité du récit, tandis que le montage apporte de l’allant à la scène du cambriolage tournant mal. L’épisode bénéficie également d’une impressionnante poursuite en. voiture, figure de style finalement assez peu pratiquée jusqu’ici dans la série. L’élégance épurée de la ST1 contraste plaisamment avec la massivité brute du camion, comme une espèce de Duel inversé.

La Mercedes représente souvent la voiture attitrée des antagonistes du Saint. Elle se montre inévitablement fort présente ici, accompagnée d’une fort plaisante Coccinelle en guise de voiture de police ! Les décors s’avèrent également admirables, en particulier la reconstitution de la typique taverne munichoise ou la splendeur du château abritant le repaire des adversaires. Ce dernier nous vaut d’ailleurs un spectaculaire affrontement final à l’arme médiévale, dans la grande tradition d’Ivanhoé. Une nouvelle fois, Roger Moore participe lui même aux cascades, un incontestable atout. On admire également le personnage de Mathilde, jolie femme ayant horreur de la violence, mais se montrant finalement plus intrépide que ses complices. Ingrid Schoeller manifeste beaucoup de naturel et de charme. Walter Gotell insuffle de la saveur à une figure pourtant bien caricaturale d’Allemand à la fois sadique et raffiné. Les Américains ne sont pas reste, avec des militaires un peu frustres mais sympathiques, n’étant pas évoquer les Australiens de The Loving Brothers. La profusion des accents yankees et germaniques sollicite d’ailleurs davantage que d’habitude l’attention du  spectateur français !

  • Walter Gotell (Hans) est très connu pour avoir interprété le général soviétique Gogol dans six opus de la saga James Bond, ainsi que Morzeny dans Bons Baisers de Russie. Il tint l'un de ses tous derniers rôles dans The X-Files, avec le Victor Klemper de Paper Clip.

  • Ingrid Schoeller (Mathilde) est une actrice allemande qui intervint fort peu dans les séries anglaises de l’époque. Installée à Rome, elle consacre l’essentiel de sa carrière, limitée aux années 60, à des films d’action italiens. Elle participe ainsi à plusieurs pastiches de James Bond (002 agenti segretissimi, Suspense au Caire pour A008…).

  • Des images d'archives de l'Oktober Fest avaient servi à représenter une fête mexicaine dans l'épisode Térésa, en saison 2. Tenue durant deux semaines depuis 1810, il s'agit de la plus grande fête foraine au monde. Elle est notamment réputée pour son imposant défilé inaugural, comportant des milliers de participants vêtus du costume folkloriques bavarois. Des activités ludiques et de nombreux concerts de musique traditionnelle accompagnent également des grandes consommations de bières. 7 100 000 litres ont ainsi été débités lors de la dernière édition (dont 151 000 de bière sans alcool).

  • Les soldats américains sont présents au titre de la participation de l’Allemagne de l’Ouest à l’OTAN, intégrée en 1955.  La France du Général se retirera du commandement intégré de l’OTAN en 1966.

  • Le portrait officiel ornant les bureaux de la base américaine représente Lyndon B. Johnson, alors effectivement président des Etats-Unis (1963-1969). Vice président de J.F.K., il accède au pouvoir après l’assassinat de ce dernier à Dallas. Il vient d’être élu très peu de temps avant la diffusion de l’épisode, le 3 novembre 1964. Il renoncera à la réélection, du fait de son impopularité due au conflit du Viêtnam.

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12. PHILANTROPIE
(THE UNKIND PHILANTHROPIST)

 

Date de diffusion : 24 décembre 1964

Au Porto Rico, Simon fait la connaissance de la charmante Tristan Brown. Celle-ci représente une importante association caritative et recherche une personnalité locale, apte à utiliser au mieux les sommes collectées dans l'intérêt de la population. Elle est sur le point de retenir Elmer Quire, homme d'affaires à la philanthropie bien connue. Mais le Saint est prompt à découvrir la véritable nature de cet individu brutal, avide et malhonnête. Le triste sire est d'ailleurs en train d'exproprier une famille pauvre, au profit d'un riche investisseur américain. En profitant de l’ambiguïté du prénom de Tristan, Simon se substitue à la dame, afin de monter une arnaque visant à faire bénéficier les nécessiteux de l'argent mal acquis de Quire.

Une scène introductive particulièrement amusante introduit idéalement cet épisode de fort excellente cuvée. Découvrir le célèbre Simon Templar se prendre un joli bec sur le museau demeure un spectacle aussi rare que divertissant, d’autant que Sarah Brackett apporte un vrai chien à Tristan. Celle-ci représente d’ailleurs un indéniable atout pour l’épisode, figurant enfin une Templar Girl à la personnalité marquée. Certes, elle ne devient pas une Cathy Gale bis et finit par succomber au charme d’un Saint dont elle devient une active complice, mais ses colères nous valent quelques scènes savoureuses et bienvenues. Durant leurs échanges, on remarque que Simon Templar ne désire qu’une olive dans ses cocktails, ce à quoi Lord Brett Sinclair se montrera particulièrement fidèle !

La stratégie du Saint ne brille pas par sa subtilité et ne réussit d’ailleurs que grâce à un secours providentiel, mais  l’essentiel ne se situe pas à ce niveau. Elle permet surtout de mettre en place une opposition tragi-comique entre Simon et Quayre, un sinistre individu faussement débonnaire, auquel le vétéran Charles Farrell confère un remarquable pittoresque. A travers les agissements du peu scrupuleux Quayre, on assiste à une critique assez rare pour l’époque de l’affairisme régnant sous l’égide américaine et spoliant la population. Certes l’exercice trouve vite ses limites, le client yankee ignorant les actions de Quayre et sauvant in extremis la situation, mais la série va aussi loin qu’elle peut aller selon les conventions du temps. La mise en scène résulte tout à fait alerte, embellie de décors et d’inserts témoignent du savoir faire de la production.

On pourra objecter une certaine hagiographie du héros et la naïveté de la représentation de la famille portoricaine sauvée par le Bienfaiteur, mais le fait qu’il s’agisse d’un épisode de Noël incite à la clémence sur ce point. On se trouve face à une fable sensible et éloquente, dans laquelle les enfants jouent d’ailleurs un grand rôle. Le naturel des comédiens se montre communicatif et l’humour malicieux instillé par un Roger Moore en grande forme évite de chuter dans l’ornière du misérabilisme. Le récit demeure également l’occasion d’une célébration des œuvres caritatives, tout comme le fut  l’autre épisode de fin d’année que composa The Charitable Countess). Un thème envers lequel on connaît l’attachement toujours manifesté par le comédien.

  • Charles Farrell (Quire) débuta sa carrière au théâtre, à l'orée des années 30. Il participe à de nombreuses séries anglaises des années 60 et 70, notamment à l'un des épisodes perdus des Avengers, The Springers.

  • David Graham (Juan) participa à des diverses séries anglaises de l'époque mais fut surtout un grand spécialiste du doublage et des voix d'animation. Il participe ainsi régulièrement aux productions de Gerry Anderson (Thunderbirds, Fusée XL5...). Graham fut également l'une des voix des fameux Daleks durant les années 60 et 70, présent dès leur première apparition dans The Dead Planet (1963, Doctor Who). Durant ces deux décennies, Il assure également la voix de plusieurs extraterrestres ou mécanismes divers auxquels sont confrontés le Docteur et ses Compagnons. Il apparaît brièvement dans L'Homme dans le Miroir (saison 2, Avengers), où il incarne le producteur de la pétulante Vénus Smith.

  • The Unkind Philantropist réussit un magistral coup publicitaire  en substituant à la ST1 une splendide et immaculée Ford Mustang, dont la commercialisation vient alors tout juste de débuter. La voiture se voit mise en avant durant tout l’épisode et est bien entendu également  blanche, comme il convient à la monture d’un preux chevalier.

  • Certains prénoms se féminisent (Denise/Denise, Adrien/Adrienne), ou sont semblables par prononciation (Aimé/Aimée, Pascale/Pascal, Marcelle/Marcel). D'autres plus rares, à l'instar du Tristan anglais de l'épisode, ne varient absolument pas selon le genre. Ils sont dits « épicènes ». Parmi les prénoms épicènes, on trouve : Adama, Alix, Ambre, Ange, Anne, Bénédicte, Camille, Chantal, Claude, Dana, Dominique, Loïs, Maurice, Maxime Stéphane, Tiphaine, Yannick, etc.

  • Durant la scène introductive, le Saint visite les fameux canons et échauguettes du fort San Felipe del Morro, l’une des attractions touristiques de l’île de San Juan. Bâti au XVIème siècle et nommé en honneur du roi Philippe II d’Espagne, cette forteresse domine l’ensemble de la superbe  baie et servait d’important point d’appui aux galions venu emporter les richesses du Nouveau Monde. Enregistré au patrimoine mondial de l’Unesco en 1983, le fort accueille plus de deux millions de touristes par an.

  • Que l'épisode évoque des investisseurs américains aussi présents au Porto Rico n'est guère étonnant. L'archipel est devenu possession américaine depuis la guerre ayant opposé les États-Unis à l'Espagne, en 1898. Un état de fait guère modifié par une semi autonomie proclamée en 1952 et un statut d'état associé. Depuis l'opposition à cette présence s'est accentuée, donnant lieu à un conflit politique depuis le début des années 2000. La dénomination de l'archipel a été l'un des symboles du conflit. L'espagnol Puerto Rico se substitue toujours davantage au Porto Rico anglais, désormais largement obsolète, y compris aux États-Unis. La France continue néanmoins à utiliser ce dernier terme.

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13.LA DEMOISELLE EN DÉTRESSE
(THE DAMSEL IN DISTRESS)

 

Date de diffusion : 31 décembre 1964

A Londres, alors qu’il est en galante compagnie, le célèbre Simon Templar se fait brusquement interpellé par « Papa » Naccaro, propriétaire d’un restaurent italien où il a ses habitudes. Papa réclame qu’il répare l’honneur de sa fille, Maria, enceinte et célibataire. Après un joli scandale, Papa s’explique : Maria a été séduite puis abandonnée par un vil suborneur, Rolfieri, depuis installé à Florence. Simon s’intéresse d’autant plus à l’affaire que l’Inspecteur Teal lui révèle que Rolfieri s’est enfui avec une petite fortune, issue de spoliations de petites gens. Le Saint se rend à Florence, se fait passer pour un Italien et parvient à être embaucher comme chauffeur par Rolfieri. Il doit alors affronter la méfiance d’Arturo, bras droit du malfrat mais aussi l’attention pressante de Barbara, la séduisante complice de Rolfieri. Il finit par parvenir à ramener le bandit en Angleterre. Là il perce à jour la combinazione de Papa, dont la fille est mariée mais qui désirait s’emparer du magot ! Attendri par Maria, le Saint pardonne au restaurateur, qui l’invite à vie dans son établissement. 

Comme souvent chez Le Saint, série dont l’intérêt ne se situe pas dans ce qu’elle raconte, mais dans  la manière de le narrer, il ne faut pas chercher l’atout de maître de l’épisode dans son intrigue. En effet le scénario se contente de lier astucieusement quelques poncifs des productions de genre de l’époque, le tout à la sauce italienne : la femme fatale, le bras droit plus méfiant que son patron, le sympathiques faire-valoir du héros, le twist final de rigueur… On apprécie néanmoins la présence d’un prologue anglais avant de passer à l’action principale, cela structure le récit et renouvelle quel peu le rituel de la série. L’ensemble n’a d’autre ambition que de divertir, et y parvient tant l’option de l’humour se voit ici clairement retenue, notamment par un recours sans nuances mais savoureux aux poncifs et accents italiens. Même Roger Moore finit par y sacrifier, un fait rare mais auquel il prend un plaisir communicatif. Même le titre The Damsel in Distress constitue un plaisant clin d’œil à l’un des clichés les plus omniprésents de la série. Après un certain ralentissement en milieu de parcours, l’action prend efficacement le relai, avec plusieurs affrontements et cavalcades réellement spectaculaires.

L’épisode représente par ailleurs un convaincant catalogue des points forts du Saint. La représentation de l’atmosphère italienne manifeste la qualité coutumière de la série en ce domaine (costumes, références culturelles, sublimes voitures dont l’emblématique Fiat 500, alors au sommet de sa popularité), tandis que les inserts des splendeurs de la Renaissance florentine se montrent absolument remarquables. Le Saint demeure encore et toujours une puissante invitation au voyage ! Les standards de la production se situent toujours à une hauteur rarement égalée par les autres séries de l’époque, notamment dans la qualité de l’image monochromatique et l’impressionnant mobilier déployé. Le décor en trompe l’œil figurant la campagne toscane s’avère un authentique chef d’œuvre. On se situe à des parsecs dans ce que pouvait présenter cette année la BBC dans Doctor Who.

Série d’acteurs, Le Saint bénéficie ici d’une superbe distribution, dont la dimension avengerienne séduira l’amateur comme rarement. Elle est le plus souvent mise au service de personnages croqués avec talent par les auteurs. Paul Whitsun-Jones montre son abattage et son pittoresque habituel, tandis que Ray Austin, un tantinet rugueux dans son jeu, excelle bien entendu dans les scènes d’action. On retiendra cependant avant tout la composition de la sublimissime Catherine Woodville, la fois malicieuse et impérieuse, dont le duo avec un Roger Moore en grande forme apporte une tension sexuelle assez rare pour l’époque.

  • Paul Whitsun-Jones (Domenick) a tourné dans quatre épisodes des Avengers : Lavage de cerveau L'homme aux deux ombres, Avec vue imprenable et Brouillard. Il a surtout tourné pour la télévision (quatre épisodes du Saint), et il joue le rôle d'un inspecteur de police français dans un épisode d'Amicalement vôtre (La Danseuse). Il est décédé suite à une crise d'appendicite.

  • Catherine Woodville (Barbara) a  participé au tout premier épisode des Avengers, Neige brûlante, où elle interprétait la fiancée assassinée du Dr Keel, ainsi qu'à Comsbustible 23. Elle a également participé à de nombreuses séries durant les années 60 et 70 (Z Cars, Destination Danger, Star Trek, Wonder Woman…), dont deux épisodes du Saint. Après s’être retirée à la fin des années 70, elle a créé un vaste haras avec succès. Mais elle demeure  surtout connue pour avoir été la seconde épouse de Patrick Macnee (trois mois après la diffusion l’épisode), de 1965 à 1969. « Kate » fut également une candidate malheureuse à la succession d’Honor Blackman.

  • Ray Austin (Arturo) connut une belle carrière de cascadeur, notamment pour les Avengers, durant laquelle il accomplit quelques apparitions comme acteur. Il devint réalisateur durant la saison 6 des Avengers ( Miroirs, Un dangereux marché), travaillant particulièrement pour la télévision. Parmi de nombreuses autres séries, anglaises ou américaines, il mettra en scène deux épisodes du Saint, The People Importers et The Desperate Diplomat.

  • L'Aéro Club de Florence est en fait l'aérodrome d'Elstree, situé non loin des studios. La campagne environnante est d’ailleurs bien plus anglaise que toscane !

  • Les bureaux de Rolfieri sont en fait représentés par le bâtiment administratif des studios d'Elstree, régulièrement utilisé comme décor au cours du tournage de la série.

  • Cherchez la femme, déclare le Saint à propos de Barbara, en Français dans le texte. Cette expression passée dans le langage courant, y compris en Anglais, indique qu’une femme est la cause secrète d’une affaire en cours. Elle provient des Mohicans de Paris (1854), où elle était employée avec vigueur par Alexandre Dumas. On la retrouve souvent dans la littérature policière, en écho à la figure de la femme fatale.

  • De nombreux journaux sont lus durant l’épisode : Today, Corriere della Serra, The Daily Telegraph.

  • L’inégalable Florence nous vaut de nombreuses images de ses superbes églises et monuments. On distingue notamment sa célèbre Cathédrale et son gigantesque coupole dominat la ville, (1296-1436), soit le quatrième plus grand édifice religieux d’Europe. On remarque également le Palazzo Vecchio (1314), ancienne forteresse des Médicis, dont le fameux beffroi excentré (la Torre d’Arnolfo) symbolisait la puissance de la cité. Le Palazzo Vecchio est d’ailleurs devenu de nos jours l’Hôtel de Ville de Florence.

  • L'épisode contient un insert de Picadilly Circus. Située au centre du West End. Ce site prestigieux de l'Empire britannique demeure l'un des grands carrefours de la vie londonienne. Picadilly Circus est réputé pour ses nombreux théâtres, fontaines somptuaires et magasins de luxe, mais surtout pour ses immenses enseignes lumineuses. Celles-ci furent installées dès les années 20 et utilisèrent successivement ampoules à incandescence, tubes de néon et diodes luminescentes. En 2003, un immense écran de défilement  continu de publicités a été installé par Coca-Cola, doyen des annonceurs du site, puisque présent depuis les années 50.

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14. LE CONTRAT
(THE CONTRACT)

 

Date de diffusion : 7 janvier 1965

Une tentative d’assassinat est perpétrée contre le célèbre Simon Templar, devant son domicile londonien. Le Saint comprend rapidement que le violent Farnberg, qui vient de sortir de la prison où il l’avait expédié il y a huit ans, est à l’origine du complot. Une course poursuite s’engage pour mettre la main sur le bandit, ainsi que sur le magot jamais retrouvé de son dernier cambriolage.

Le récit n’hésite pas à nous plonger immédiatement dans l’action, se lançant dans une confrontation sèche et nerveuse entre Simon et une bande de malfrats. Si on abandonne à cette occasion la traditionnelle et amusante scénette inaugurale, cette première partie réussie sait optimiser le propice décor de l’entrepôt. Par la suite le récit devient un peu plus lent et appliqué, mais s’organise autour de la structure toujours aussi efficace de la chasse au trésor. En un peu moins rocambolesque, on songe à La Grande Interrogation des New Avengers. L’intrigue sait utiliser les particularités du personnage d’auteure de romans policiers même si celle-ci demeure soumise à sons statut de damoiselle en péril.

A noter une divertissante légère ressemblance entre l’actrice et la Luna Lovegood des aventures filmées d’Harry Potter. Autre défaut récurrent de la série, le félon se devine avec vraiment trop de facilité, mais cela n’entache pas une conclusion animée comme on l’aime. Pour sa troisième réalisation, Roger Moore obtient de conséquents moyens, comme en attestent les nombreuses scènes en extérieur. La belle surprise que représente la brève apparition de Douglas Muir (One-Ten) achève de nous faire apprécier cet épisode efficace, aux savoureux seconds rôles.

  • Douglas Muir (Dr Jérôme) s’est fait connaître dans The Appleyards, considéré comme le premier soap opera anglais. Après une première collaboration avec Patrick Macnee lors dans Scrooge (1951) il incarne One-Ten, le supérieur de Steed, dans pas moins de 10 épisodes  des Avengers, durant les saisons 1 et 2.

  • The Contract est le troisième des neuf épisodes réalisés par Roger Moore.

  • L'hôpital militaire où se trouve Powers est en fait Coldecote Towers. Située non loin d'Elstree, cette demeure victorienne, célèbre pour son architecture de contes de fées et ses superbes jardins, a également servi de décors aux Avengers pour The Master Minds, mais aussi pour la conférence de They keep killing Steed. Elle a longtemps abrité un couvent de Dominicaines puis une école catholique pour jeunes filles et désormais son équivalent juif. Édifiée à la fin du XIXème siècle par un officier fortuné, la résidence est classée monument historique. 

  • On aperçoit divers sites londoniens au cours de l'épisode : Park Lane, Kensington Gore, Gloucester Mews, Phillimore Gardens...

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15. LE FOURGON POSTAL
(THE SET UP)

Date de diffusion : 14 janvier 1965

Un casino où le célèbre Simon Templar se trouve en compagnie de l’actrice Oonagh O’Grady, est victime d’une attaque à main armée. Un garde est tué et le Saint se lance à la poursuite des voleurs.  Il capture l’un d’entre eux, mais celui-ci est abattu par un autre membre du gang. En représailles le chef des bandits organise une tentative d’assassinat du Saint, un tueur professionnel devant faire feu depuis la maison située en face de la résidence de Simon. Ce dernier échappe secrètement à l’attentat et suit l’individu jusqu’au repaire des malfaiteurs. Il découvre alors que l’attaque d’un fourgon postal se prépare.

Une nouvelle fois le scénario demeure désespérément classique, avec les rituels coutumiers autour de la figure imposée due l’attaque d’un convoi. Surtout, les relais habituels de la série ne fonctionnent ici que médiocrement. Hormis Claude Eustache, les personnages secondaires manquent de relief, les gangsters mais surtout la Simon Templar Girl of the Week, certainement l’une des plus fades découvertes jusqu’ici.

Plus gênant encore l’intrigue se montre bien trop divisée pour vraiment prendre de l’allant, avec deux prologues (casino, tentative de meurtre) ne faisant qu’annoncer l’action centrale mais représentant plus de la moitié de l’épisode. Le manque d’humour ne se voit pas compensé par de l’intensité dramatique. On apprécie vivement  les extérieurs réalisés de nuit, une performance technique joliment réussie, ainsi que l’amusant pastiche version Templar de La Maison Vide, où figurent un nombre impressionnant de convergences avec l’affrontement Moran/Holmes. Dans l’ensemble l’épisode demeure tout de même en dessous.

  • Penelope Horner (Oonagh) interprète Jenny, dans l'épisode des Avengers The Morning After. Elle figure dans de nombreuses séries anglaises des années 60 et 70, dont Amicalement vôtre.

  • A l'évidence l'arrière du buste mis en place ne correspond pas à ce qui est aperçu à travers la lunette du fusil. Un acteur s'est substitué à la statue

  • Le même décor de perspective est utilisé pour figurer la vue depuis la fenêtre des appartements d'Oonagh et de Tex.

  • On aperçoit divers sites londoniens au cours de l'épisode : Queen's Gardens, Gloucester Terrace, Craven Hill Gardens...

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16. LE RAPIDE DU RHIN
(THE RHINE MAIDEN)

 

Date de diffusion : 21 janvier 1965

En Rhénanie, le célèbre Simon Templar sauve une jeune femme, Julia, alors que l’on jetait une urne sur elle depuis un balcon. L’agresseur est Charles Voyson, associé du père défunt de Julia. Julian enquêtait car Voyson ‘est enfui avec la trésorerie de l’entreprise. Rattrapé par le Saint, Voyson s’effondre, visiblement malade. Arrivé sur les lieux, Le docteur Schreiber indique que l’homme est mort. Méfiant, Simon découvre dans la clinique de Schriber le cadavre d’un inconnu, portant un masque représentant le visage de Voyson. Ce dernier veut faire croire à son décès, pour s’enfuir avec l’argent. Aidé par Julia, Simon met hors d’état de nuire le bon docteur, avant de poursuivre Greyson, parti en train pour la Suisse. Le Saint triomphe, après un rude combat.

Opus grand cru que celui-ci ! Le scénario se révèle un véritable chef d’œuvre en matière de récit d’aventures. Sans une once de gras, il maintient un tempo continuellement haletant, combinant habilement scènes d’action et de suspense, afin de susciter une authentique tension dramatique continue. Quasiment aucune concession ne se voit accordée à l’humour, au sein de ce thriller nerveux, sachant entremêler les retournements de situation les plus surprenants, sans pour autant verser dans la surenchère. Les différents combats, notamment durant l’affrontement final dans le train, sont  spectaculaires, Roger Moore payant comme d’habitude de sa personne. La trame demeure classique, mais l’ensemble se lit comme une bande dessinée particulièrement relevée et prenante. La mise en scène se révèle pareillement talentueuse, avec un savant jeu d’angles et de perspectives soulignant admirablement chaque effet. On retrouve également l’éventail des qualités coutumières de la série : superbes inserts et décors soignés, tant intérieurs qu’extérieurs, avec l’impressionnante résidence de Stanmore Hall. La poursuite du train rend un bel hommage à la ST1, dont on écoute avec délices les rugissements du moteur. La traditionnelle scène d’ouverture apparaît très amusante, évoquant cette fois le « wunderbar » Simon Templar.

La narration s’enrichit également d’une fine étude de caractères. Voyson n’est pas un Diabolical Mastermind tramant une gigantesque machination, mais un homme traqué, ayant franchi un cap sans retour. Il n’en apparaît que plus dangereux et déterminé. Mais les auteurs ne s’en tiennent pas là et veillent à lui maintenir une agréable dimension britannique. Raffiné, impitoyable, sachant manier un humour caustique et cynique, il domine de la tête et des épaules ses associés allemands, mécaniques efficaces mais dépourvues d’imagination. Il rend coup pour coup au Saint et s’impose comme un redoutable adversaire, tandis que ses discussions avec Templar évoquant Mother England sonnent justes. Une connivence originale d’Anglais expatriés s’instaure entre les deux antagonistes. Nigel Davenport apporte une vraie crédibilité au personnage, tandis que l’acteur allemand Victor Beaumont, au visage taillé à la serpe, est également excellent dans un rôle où l’on retrouve les fréquents clichés auxquels s’adonne la série. La superbe et longiligne Stéphanie Randall, au jeu parfois surchargé,  incarne une Templar Girl totalement partenaire du Saint dans l’action, sans romance hors sujet. Julia se montre agréablement courageuse et entreprenante, la série va ici au bout de ce qu’autorisent ses codes, sans franchir la ligne rouge de la participation aux combats.

  • Nigel Davenport (Charles) est connu dans le Monde des Avengers pour avoir interprété le Major Robertson (Les Chevaliers de la Mort ), ainsi que Lord Barnes (Double personnalité).

  • Stéphanie Randall (Julia) réalise quelques apparitions dans les séries anglaises des Sixties. Elle est ainsi la femme de ménage aperçue dans le pilote du Prisonnier, Arrival. En 1967, elle apparaît dans le film Prehistoric Women, aux côtés d’Edina Ronay.

  • La scène de la tentative d’assassinat de Julia sera reprise quasiment à l’identique (le visage de l’assassin étant celé) dans l’un des plus notables épisodes d’Amicalement vôtre, Regrets éternels.

  • La Clinique Schreiber est en fait Stanmore Hall. Cette demeure sert également de décors aux Avengers, puisqu'il s'agit de la résidence du Brigadier Whitehead dans From Venus with Love et de  celle du Pr. Poole dans The Winged Avenger. Situé au nord de Londres, Stanmore servit de quartier général à la RAF durant la seconde guerre mondiale.

  • Une bonne part de l’action prend place à Baden-Baden, ville qui accueillit les forces françaises basées en Allemagne, jusqu’en 1999. C’est là que, le 29 mai 1968, au paroxysme de la crise politique, le Général se rendit secrètement auprès de Massu, pour s’assurer de la fidélité de l’armée.

  • Le titre original fait référence aux Vierges du Rhin. Ces figures de la mythologie nordique sont des ondines chargées par leur père, le grand fleuve, de veiller sur ses trésors. Woglinde, Wellgunde et Flosshilde seront également reprises par Wagner dans son fameux opéra, L’Anneau du Nibelung. Lors d’une de leurs quêtes hors de Grèce, Xéna la Guerrière et Gabrielle rencontreront les Vierges du Rhin (arc nordique de la saison 6, The Rheingold / The Ring / Return of the Valkyrie).

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17. LE LABORATOIRE SECRET
(THE INESCAPABLE WORD)

 

Date de diffusion : 28 janvier 1965

Le célèbre Simon Templar séjourne dans les Highlands écossais, à l’invitation du Colonel North,  notable et chef de la police locale, ainsi que de sa charmante fille, Marjorie. Lors d’une promenade dans une campagne envahie par le brouillard, le Saint observe d’étranges lueurs. Il s’aperçoit que de la végétation et des petits animaux sont morts, quand il est soudainement assommé. Revenu chez son hôte, il découvre qu’un employé a été retrouvé mort, sans cause apparente. Simon s’intéresse à un laboratoire gouvernemental ultrasecret situé non loin de là. Interrogé, le directeur scientifique laisse filtrer quelques informations. Ce dernier  est retrouvé assassiné dans son laboratoire, ayant écrit le mot COP avec son sang.  Le Colonel mène l’enquête et accepte bien entendu l’aide du Saint. Une étonnante vérité attend celui-ci, avec une arme à radiations aussi révolutionnaire qu’épouvantable.

The Inescapable Word marque l’évènement de l’introduction d’une dose certaine de Science-fiction au sein de cette série d'aventure lui étant profondément exogène qu’est Le Saint, oscillant plutôt entre polar, Spy Show et comédie. Avec sa sensibilité, Terry Nation, ici à l’écriture, était évidemment tout désigné pour ériger cette tête de pont en une terre inconnue. A cette époque, il vient de faire sensation dans la débutante Doctor Who, le grand classique The Dalek Invasion of Earth achevant tout juste sa diffusion sur la BBC. Nation a la grande habileté de ne pas heurter de front les codes de la série, l’épisode conservant la forme d’un Whodunit et un récit d’espionnage, d’ailleurs tout à fait efficace et astucieux. L’auteur parvient néanmoins à faire entrer par la fenêtre ses thèmes favoris, via le biais du projet scientifique décrit, allant bien au-delà des sujets habituels en la circonstance et devenant en substance le cœur de l’histoire, jusqu’au final purement horrifique. Nation peut également compter sur la solidité de Roy Ward Baker à la mise en scène, formant ainsi un duo très Chapeau Melon. Il s’avère d’ailleurs que la première partie de l’épisode fait souvent songer à sa correspondante de From Venus With Love. Nation ne s’essaie pas au pastiche subtil à la Man-Eater of Surrey Green, hors sujet dans le cadre du Saint, mais au contraire bâtit une intrigue solide, tout à fait dans l’air du temps des productions du genre à l’époque, notamment au cinéma, Hammer et autres.

On y trouve notamment les habituels éléments du décor, dont le proverbial laboratoire, d’ailleurs impeccablement reconstitué. L’auteur a du être aux anges de disposer d’un tout autre budget que chez le Docteur d’Hartnell ! On trouve évidemment les dialogues qui claquent de rigueur (I create this weapon, I can change the World !)Cette solidité et cette cohérence dans la démarche se retrouvent dans l’écriture des personnages, tous agréablement archétypaux. Le félon joue l’apprenti-sorcier de service, le savoureux et pittoresque colonel (excellent Maurice Hedley) incarne parfaitement le policier local valeureux mais un tantinet dépassé et jouant les faire valoir du héros salvateur venu de l’extérieur, nul autre que la Saint, avec un Roger Moore toujours parfaitement à son affaire. Si la Templar Girl du jour semble relativement moins présente qu’à l’accoutumée, Ann Bell apporte avec fraicheur l’indispensable élément féminin, avec son incontournable moment Damsel in distress. Mais la principale figure du jour demeure bien l’Ecosse. Elle ne donne pas lieu au joyeux catalogue de Castle Death (danse celtique en kilt comprise) mais, par son ambiance et son brouillard, sert de parfait écrin à l’ambiance mystérieuse du récit. The Inescapable Word compose un superbe exercice de style, admirablement maîtrisé par Terry Nation.

  • Ann Bell (Marjorie) est apparue dans de nombreuses séries britanniques, au cours d’une longue carrière débutée durant les années 50. Elle participe ainsi à un autre épisode du Saint, The Art Collectors, ainsi qu’à l’un des opus perdus de la première saison des Avengers, The Deadly Air.

  • Maurice Hedley (Colonel North) a interprété le général Sutherland dans un épisode des Avengers, The Box of tricks.

  • James Maxwell, (Jock), importante figure de la Compagnie royale de théâtre de Manchester, a notamment interprété le tueur Jason Wade dans l’épisode des Avengers The Superlative Seven.

  • L’épisode est le cinquième des treize écrits par Terry Nation pour Le Saint.

  • Parmi les ouvrages scientifiques compulsés par Simon afin d’élucider la nature du phénomène, on remarque un manuel de physique de Max Born (1882-1970). Ce dernier est un important physicien allemand, ayant émigré en Ecosse à l’arrivée au pouvoir d’Hitler, puis devenu citoyen britannique. Ses travaux furent cruciaux pour le développement de la physique quantique et de sa théorie des solides. La Médaille Hughes lui fut attribuée en 1950 et le Prix Nobel en 1954. Sa correspondance avec Albert Einstein, établie sur quatre décennies, est également demeurée fameuse. En 1955, Born fut l’un des principaux signataires de la déclaration Russell-Einstein, où d’importants scientifiques alertaient l’opinion sur les périls de la Guerre froide et de l’arme atomique. Il est également le grand père de l’actrice Olivia Newton-John.

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18. LES GRIFFES DU TIGRE
(THE SIGN OF THE CLAW)

Date de diffusion : 4 février 1965

Le Saint se rend en Asie du Sud Est, à la poursuite d’un dangereux terroriste ayant tué l’un de ses proches. La région, une éprouvante jungle humide, est troublée par des guérillas. Simon y retrouve une amie de longue date, Joan Morland. Don, le père de Joan, possède une ferme, subissant des pressions de la part  de son riche voisin, Max Volmont, qui désire le forcer à vendre  sa propriété. Les terroristes, commandés par Towau, attaquent la ferme, mais Simon parvient à prévenir l’armée, qui envoie des renforts. Les bandits s’enfuient, cependant ils parviennent plus tard à enlever Don. Volmont et son complice, le Dr Julius, l’ennemi de Templar,  s’avèrent être à la tête du mouvement de sédition. Ils prennent également Joan en otage, avant de tendre un piège au Saint. Le célèbre Simon Templar va avoir fort à faire pour renverser la situation !

Terry Nation est déjà de retour et continue à explorer des voies inédites pour la série, s’intéressant ici clairement au film de guerre. Toute une longue première partie de l’épisode se constitue ainsi de l’assaut de la ferme par les terroristes, une scène rendue hautement spectaculaire par le fracas des armes, l’excellente utilisation par le réalisateur Leslie Norman d’un vaste plateau reconstituant admirablement la jungle et rempli d’un nombre relativement impressionnant de figurants. L’emploi d’impressionnants inserts des conflits de l’époque (le conflit fait alors rage au Viêtnam) complète idéalement l’ensemble. L’opus souligne efficacement la tendance de la série à évoquer l’actualité de son temps, tout en évoquent une présence anglaise aux accents à la Kipling.

La suite de l’épisode renoue avec la série d’aventures traditionnelle, Nation sachant jouer avec fluidité de nombreux personnages, afin de susciter de nombreuses scènes d’action. Les péripéties se succèdent sans défaillir. L’ensemble bénéficie d’un nouveau décor réussi, celui du temple où les rebelles ont établi leur quartier général. La distribution se révèle également tout à fait performantes, avec des acteurs éprouvés, tous parfaitement dans leur emploi. S’en détachent par ailleurs le charme juvénile et l’énergie de Suzan Farmer, bien plus vive qu’elle ne le sera dans Amicalement votre (L’un et l’autre). Le duo performant formé avec Roger Moore demeure l’ossature de l’épisode. Nation réussit également le portrait de trois scélérats bien différents, mais pareillement délectables. Alors que l’auteur a su maintenir le suspense jusqu’à la toute fin de du récit, le final renoue avec la pyrotechnie et les scènes martiales, confirmant le côté spectaculaire de cet épisode réussi où Simon s’avère plus mortel qu’à l’accoutumée.

  • Burt Kwouk (Tawau) apparaît également dans trois aventures des Avengers Kill The King, Quadrille de Homards  et Les Cybernautes.  Il est connu pour son rôle de Cato dans les films de la Panthère rose. Cet acteur anglo-chinois est également apparu dans deux James Bond : Goldfinger (1964) et On ne vit que deux fois (1967). Occupant de très nombreux rôles d’asiatique au cinéma et à la télévision, il connaît une très grande popularité en Grande-Bretagne.

  • Suzan Farmer (Jean) est une figure coutumière de la télévision britannique (quatre épisodes du Saint, Destination Danger, Amicalement vôtre, UFO, L'Homme à la valise, Thriller…), comme des films de la Hammer (Les Pirates du Diable, Dracula prince des ténèbres, Rasputin…). De 1965 à 1968, elle fut l'épouse d'Ian Mc Shane.

  • Le décor derrière lequel le Saint et Joan discutent est à l'évidence une peinture (21'30’’).

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19. LA GRENOUILLE D'OR
(THE GOLDEN FROG)

Date de diffusion : 11 février 1965

En Amérique latine, Fergus, vieil ami écossais de Simon et tenancier d’un hôtel, se voit dépouillé de ses économies par un duo d’escrocs, Humphrey Nestor et sa fille, la superbe Alice. Le Saint vient à la rescousse, mais son arrivée suscite l’intérêt du chef de la sécurité, comme d’un général fomentant un coup d’état. Celui-ci envoie son homme de confiance, Julio, surveiller les agissements de Simon. Le Saint veut prendre les bandits à leur propre piège, et se fait passer pour un riche crédule. Les Nestor lui proposent alors une arnaque, à propos d’une stature aztèque en or. Ils lui proposent de financer une expédition, auquel il se joint. Simon ignore que Nestor organise de plus un trafic d’armes pour les rebelles. Il va parvenir à plumer ses adversaires et à rembourser son ami, tout en donnant une bonne leçon à Alice. Humphrey se décide à prendre sa retraite avec le magot du général, tandis qu’Alice retrouve le droit chemin. Elle prend congé du Saint sur un sourire.

La série continue à varier les genres, Avec ici des aventures exotiques et légères, franchement orientées vers la comédie, soulignée par une guillerette musique locale et la personnalité burlesque de Julio. L’épisode se montre plaisant, tout en souffrant d’une large redite avec The Revolution Racket, diffusé cette même saison. En effet, on y retrouve pareillement les thèmes du coup d’état sud-américain, du préalable trafic d’armes, mais aussi du couple d’escrocs, le père et la fille succédant aux époux. C’est d’autant plus dommageable que le scénario de cette version demeure moins astucieux et imprévisible que lors de la précédente, avec une distribution également moins relevée, même si demeurant performante.

L’opus pâtit donc de la comparaison mais conserve quelques moments franchement humoristiques, avec des personnages pittoresques à souhait. Les caricatures d’accent hispanique sont à se tordre. L’état fictif de San Carlos représente un joli condensé de tous les divertissants clichés afférant traditionnellement au continent sud-américain, avec une tonalité Sixties comme toujours divertissante. Roger Moore excelle toujours dans le registre humoristique et son duo pimenté formé avec la tonique et naturelle Jacqueline Hill représente la véritable justification de l’entreprise. On apprécie la complicité canaille toujours manifestée par le Saint envers les escrocs talentueux, qu’il prend à leur propre jeu tout en les envoyant rarement en prison !

  • Jacqueline Ellis (Alice) accomplit quelques apparitions dans les productions anglaises des années 60 et 70 (L'homme à la valise, Softly Sotly...), avant de se retirer.

  • On aperçoit une ficelle accrochée au couteau se plantant dans le bois. En fait la scène a été tournée à l'envers, un membre de l'équipe technique tirant sur le fil pour donner l'illusion du lancer.

  • On remarque que, quelles que soient ses destinations, le Saint voyage encore et toujours sur les avions de la Pan Am. Un cas d’insertion publicitaire?

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20. L'AUBERGE DU MYSTÈRE
(THE FRIGHTENED INN-KEEPER)

 

Date de diffusion : 18 février 1965.

En Cornouailles, Julia Jeffrol appelle à l’aide le célèbre Simon Templar. Elle est effrayée par des bruits étranges résonnant dans l’auberge isolée tenue par son père. Simon loue une chambre, ce qui semble déplaire à celui-ci. Le Saint s’aperçoit rapidement que les trois autres résidents sont d’anciens militaires de la même unité et qu’ils en train de creuser u tunnel dans la cave. Julia pense qu’ils cherchent un trésor, mais qu’en est-il vraiment ?

On ressent une vraie déception en visionnant L'Auberge du Mystère. L’introduction des évènements s’allonge, tout en se montrant statique et verbeuse. On  tente en vain de la doper avec une bagarre artificielle, tombant comme un cheveu sur la soupe. La  jeune première du jour, Susanne Neve,  apparaît tout à fait fade. Les autres comédiens se montrent corrects mais leurs rôles manquent de relief.

Pour une fois les décors résultent quelconques, tandis que le mystère se réduit en peau de chagrin. Il se voit résolu par des « sources policières », sans davantage de précision. Rien ne suscite réellement l'intérêt dans cet épisode des plus mineurs, hormis la scène de la destruction de la ST1. On en retrouve d’ailleurs un autre exemplaire (d'un modèle légèrement différent), dès la conclusion de l’opus, vraiment livrée très vite ! Tout ceci reste assez gratuit.

  • Michael Gwynn (Jeffral) a interprété Bill Bassett dans l'épisode Noël en Février de Chapeau Melon.

  • La prison où débouche le tunnel est en fait Princess Park Manor. De 1851 à 1993, cette résidence fut un vaste hôpital psychiatrique, le Colney Hatch Lunatic Asylum. Il comporta plusieurs célèbres patients, dont John Daffy, l’un des principaux serial killers anglais répertoriés. Durent les années 80 le Railway Killer viola et tua de nombreuses femmes repérées dans des gares. L’asile reçut également l’un des suspects dans l’affaire de Jack l’Eventreur, l’une des veuves du mage Alesteir Crowley ou encore une femme s’étant travestie en homme pour monter au front durant la Grande Guerre, etc. Aujourd’hui, l’établissement est devenu un hôtel de grand luxe, situé dans la partie nord de Londres.

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21. MAGIE NOIRE
(SIBAO)

 

Date de diffusion : 25 février 1965

A Haïti, dans un bar dédié au Vaudou, Simon fait la connaissance de la belle et troublante Sibao. Celle-ci lui affirme avoir prédit sa venue. D’abord sceptique, le Saint doit reconnaître que la jeune possède d’étonnantes connaissances sur son compte. Sibao apparaît être sous la protection du charismatique Theron Netlord, propriétaire du bar et importante personnalité locale, aux douteuses relations. Un certain Krueger, en fait un agent de la CIA alcoolique, se montre désagréable envers Sibao. Plus tard, il tue le frère de celle-ci, dans ce qui semble être un accident d’automobile où il survit. Sibao promet alors qu’il ne verra pas le soleil se lever. Netlord confirme à Simon qu’un rituel magique est en cours. En fait, ces évènements sont orchestrés par Netlord, qui veut conduire Sibao à l’épouser. Avec la maîtrise du Vaudou alors obtenue  et sa propre position, il deviendra l’homme le plus puissant des Caraïbes. Krueger meurt et la CIA sollicite l’intervention du Saint.

Après la Science-fiction (Le laboratoire secret) puis le film de guerre (La griffe du tigre), Terry Nation entraine cette fois le Saint dans le domaine inédit du Fantastique. Qu’il s’agisse en l’occurrence du Vaudou ne représente que l’une des amusantes convergences s’établissant entre l’épisode et Live an let die, le premier opus de Roger Moore en tant que 007 (1973). On y trouve pareillement une représentation du Baron Samedi, les serpents, les danses frénétiques, la jeune fille étrange aux étonnants pouvoirs, le protecteur criminel et charismatique, la mise à mort d’Occidentaux, le bar servant de quartier général à la bande etc. Mais cet effet miroir est loin de constituer le seul intérêt de l’épisode. Par ses effets visuels et sonores la mise en scène accompagne idéalement la puissance d’évocation de l’histoire narrée par Nation, avec un vrai sens du merveilleux horrifique. Le récit se montre particulièrement sombre, voire oppressant.

Pour quasiment son premier rôle à l’écran, Jeanne Roland se montre convaincante en beauté énigmatique, avec un indéniable charme.  L’épisode se montre plus nuancé que le James Bond, à la superstition des locaux s’opposant la suffisance et la grossièreté américaines. Heureusement que notre ami Anglais est là. Par ailleurs l’intrigue tourne vite à une fascinante opposition entre le Saint et Netlord, adversaire hors normes évoquant par bien des points le Warlock des Avengers : charismatique et mégalomane, raffiné et cruel, situé entre deux mondes, le matériel occidental et celui du spiritisme exotique, finissant par être dévoré par ses propres démons. A la superbe composition de Peter Arne correspond ici celle du décidément surdoué et caméléon John Carson, il transfigure définitivement la figure de Nellord au dessus des gangsters et espions usuels de la série. L’épisode donne un écho très pertinent de ses compositions au cinéma, chez la Hammer. L’épisode sait s’interrompre brusquement, préservant ainsi l’impact de la scène finale, aux lisières de l’épouvante.

  • John Carson (Theron Netlord) a également participé à plusieurs épisodes des Avengers : Le clan des grenouilles, Seconde Vue Meurtre par téléphone (le sinistre Fitch) et Le baiser de Midas. Cet acteur polymorphe a participé à une multitude de séries, mais c’est au cinéma qu’il a connu ses plus grands succès. Il joue dans de nombreux films d’horreur, notamment dans les productions de la Hammer : The plague of the Zombies (1966), Taste the blood of Dracula (1969), Captain Kronos-Vampire Hunter (1974). Sa voix particulière l’a souvent fait comparer à Christopher Lee, une autre étoile de la Hammer.

  • Jeanne Roland (Sibao) accomplit quelques apparitions exotiques au cours des années 60. Sans être créditée au générique, elle joue Anna Wadkin dans  Avec vue imprenable (Chapeau Melon) et est également la masseuse de James Bond dans On ne vit que deux fois (1967). Elle participe également au Casino Royale de 1967, en tant que Capitaine des gardes. Née à Rangoon d’un père britannique et d’une mère birmane, elle fut avant tout une top model londonienne, rencontrant un grand succès durant cette période. 

  • L'insert montrant un avion de la Pan Am atterrir avait déjà été utilisé dans The Golden Frog (24'30’’).

  • Pour montrer l'effet de la drogue sur Simon, l'indicatif musical habituel est joué sur un mode ralenti.

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22. LE CRIME DU SIÈCLE
(THE CRIME OF THE CENTURY)


Date de diffusion : 4 mars 1965

L’Inspecteur Teal se résout à appeler à l’aide le célèbre Simon Templar. Le richissime et machiavélique Bernhard Raxel, grâce à une machinerie sophistiquée de son invention,  prépare un cambriolage spectaculaire : rien de moins que le vol du papier monnaie et des plaques d’impressions du Trésor de Sa Majesté ! Teal, ne pouvant rien prouver, demeure impuissant, ce qui n’est certes pas le cas de son compère auréolé. Raxel réunit toute une équipe de professionnels aguerris, dont l’américain Carl Munster, spécialiste des coffres forts. Avec l’aide de la police, qui sécurise le malfrat à son arrivée à Heathrow, Simon se substitue à lui. Gregory, bras droit de Raxel, demeurant sceptique, le génie du crime se décide à faire venir la petite amie de Munster, pour une confrontation surprise.

Après une succession de bandits (relativement) réalistes, le Saint semble décidément franchir le Rubicon sous la houlette de l’inépuisable Terry Nation. De nouveau à l’écriture, celui-ci nous plonge cette fois dans une atmosphère très Avengerienne. C’est notamment le cas avec cette scénette d’introduction particulièrement amusante, ce crime initial absolument fabuleux d’humour noir, ce Diabolical Mastermind plus vrai que nature (c’est même lui qui construit le mécanisme permettant ce hold-up très scientifique et sophistiqué), une très belle scène à la Teddy Bear, une sublime demeure anglaise, etc. On retrouve une démesure vraiment enthousiasmante, avec un Peter Jeffrey tombant à pic et toujours aussi performant Il reste cependant vrai que l’acteur aurait pu donner davantage en jouant le patron et non son exécuteur.

L’influence de Goldfinger, sorti l’année précédente, se fait également rudement sentir. Plusieurs scènes en constituent un vrai décalque (gaz, spectaculaire exposé du crime, cible célèbre et réputée sanctuarisée, milliardaire fou et génial etc.). Un cocktail Avengers /007 réussi, autant que l’épisode frappe très fort. Il compte également un plaisant défilé de nombreux jolis minois, dont Alexandra Bastedo, pour une brève apparition. Le seul regret provient pour une fois de Roger Moore qui a l’occasion de jouer un Anglais imitant un américain caricatural et ne la saisit pas, se cantonnant à Templar grimé de quelques postiches. L’exercice de style se montrera pourtant très divertissant dans Amicalement vôtre (L’un et l’autre). On peut également déplorer que Nation ne s’affranchisse pas de certains clichés usuels de la série, dont l’éternel bras droit de l’archi criminel, davantage méfiant que son patron. Son scénario n’en demeure pas moins fort enlevé et haut en couleurs.

  • Peter Jeffrey (Gregory) a participé à quatre épisodes des Avengers, dont il demeure l'un des plus mémorables adversaires : Avec Vue imprenable, Le Joker, Jeux et Le château de cartes.  Diplômé de Cambridge, son répertoire allait du théâtre classique aux comédies télévisées. Il travailla avec les plus grandes compagnies théâtrales dont la Royal Shakespeare Company. Il est décédé le jour de Noël 1999, d'un cancer de la prostate.

  • Alexandra Bastedo (Joan) reste évidemment remémorée pour le Rôle de Sharron Mcready dans Les Champions, ultérieurs à au tournage de l’épisode (1968-1969). Elle participe également à Department S, Jason King, Randall and Hopkirk (Deceased)... Elle est généralement considérée comme l'un des plus grands sex symbols des 60's et ait partie des proches du Prince Charles.

  • La résidence de Raxel est The Grove, située dans Hadley Green, réserve naturelle du nord ouest du Grand Londres. The Grove, classé monument historique, est considéré comme un remarquable exemple de l'architecture géorgienne (1720-1840). Situé en hauteur, 1e bâtiment est également réputé pour les vues offertes sur la splendide nature environnante.

  • Plusieurs sites londoniens sont découverts au cours de l'épisode, dont l'urbanisation Oslo Court et le  Royal Festival Hall, où se déroule la scénette d’introduction entre Teal et Simon. Inauguré en 1951, celui-ci est une immense salle de concert, principalement dédiée à la musique classique. Il abrite ainsi l'Orchestre philharmonique de Londres. Après avoir hébergé l'Eurovision en 1960 (remporté par la française Jacqueline Boyer), il se situe dans l'actualité lors de la diffusion de l'épisode, du fait d'une importante extension et l'ajout de terrasses donnant sur la Tamise. Ces éléments sont d’ailleurs montrés dans l’insert initial. Le Royal Festival Hall, très populaire chez les Londoniens, est le premier bâtiment construit après guerre a avoir été classé monument historique.

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23. UNE BELLE FIN
(THE HAPPY SUICIDE)

 

Date de diffusion : 11 mars 1965

A New York, Ziggy Zglan est un présentateur vedette de la télévision américaine, sympathique à l’écran mais odieux ans le privé. Son frère Paul, dont il exploite sans vergogne les idées, se décide à reprendre son indépendance. Il annonce qu’il va  publier un livre dénonçant les impostures de Ziggy et de ses veules assistants. Simon accepte une invitation au show de Ziggy, conquis par sa charmante collaboratrice, Lois. Le lendemain Paul est retrouvé mort, apparemment suite à un suicide par pendaison. Le Saint demeure sceptique, d’autant que tout semble accuser James McCleary, dont la sœur avait jadis été tuée accidentellement par le bateau de l’équipe de Ziggy.

The Happy Suicide reste un épisode policier tout à fait solide, dont la résolution de l’énigme s’effectue efficacement, jusqu’à une scène de révélation où le Saint prend la pose d’Hercule Poirot. Le coup du faux coupable, ainsi que celui de la diversité des mobiles des suspects,  fonctionnent parfaitement, d’autant que les circonstances du meurtre apparaissent légèrement plus complexes qu’à l’accoutumée dans cette série. Le scénario se prête merveilleusement à la satire du monde de la télévision (américaine et non anglaise, bien entendu...), mais cet aspect fonctionne moins bien. En effet le personnage de Ziggy apparaît bien trop excessif. Son l’interprète se montre d’ailleurs volontiers caricatural, de même que certaines répliques («C’est un monstre comme il ne s’en trouve qu’un par génération.»). Bien plus tard, 30 Rock montrera bien davantage de finesse et de d’humour aiguisé sur ce point.

Reste que le sujet est excellent, on peut d’ailleurs regretter que les Avengers, si inspirés sur le cinéma (Z.Z. est bien meilleur que Ziggy !) ne s’y soient pas frottés. Notre série fétiche aurait également été très inspirée de recourir davantage à la superbe et supérieurement douée Jane Merrow, défendant à merveille l’attachant personnage de l’assistante et revêtant une amusante intonation yankee. Un peu de douceur dans un monde de brutes. Quelques à-côtés pimentent encore l’ensemble, comme l’étonnante demeure de la victime, très Le Corbusier, ou l’amusante prestation de Donald Sutherland. Avec son air menaçant et cette coupe de cheveux il fait d‘ailleurs légèrement penser à son fils dans 24h Chrono.

  • Issue de la RADA, Jane Merrow (Lois) est une figure du West End. Elle participe également à de nombreuses séries télé, en Angleterre (Destination Danger Le Prisonnier, L'homme à la valise...) comme  aux Etats Unis (Mission Impossible, Cannon, Magnum...) Elle joue Susan dans Mission hautement improbable (Chapeau melon) et fut un temps considérée comme une possible remplaçante de Diana Rigg, avant que Linda Thorson ne soit finalement choisie.

  • Donald Sutherland (Mc Cleary) est ici à l'orée d'une grande carrière au cinéma. Il se fait connaître grâce à  Les Douze Salopards (1967) et MASH (1970), qui le catapulte au rang de star. Sa pléthorique filmographie contient bon nombre de personnages antipathiques ou excentriques. Il est le  père de Kiefer Sutherland (24h Chrono). Donald Sutherland est également le Mastermind de l’épisode des Avengers The Superlative Seven.

  • Le décor de la discussion entre Simon et Lois est clairement une peinture (15'45’’).

  • Toujours sybarite, Simon est descendu à l’hôtel Waldorf-Astoria. Ce palace, l’un des plus côtés et luxueux de New York, allie la construction des grattes-ciel (47 étages) à l’Art déco. Situé sur la Park Avenue, à Manhattan, il est également réputé pour les prestigieuses expositions artistiques qu’il abrite. Le Waldorf-Astoria s’intitule ainsi en hommage à ses constructeurs (1931), membres de l’une des familles patriciennes les plus riches et influentes de la ville. Il fut le premier hôtel à offrir un room service, révolutionnant la profession. Désormais propriété de la famille Hilton, il abrite la résidence officielle du représentant américain aux Nations Unies.

  • Durant cette troisième saison, les aventures du Saint se seront déroulées en Angleterre, en Ecosse, en Cornouailles, aux Bahamas, dans deux pays fictifs d’Amérique latine, en Australie, en France, en Allemagne, au Porto Rico, en Italie, en Asie du Sud Est (sans plus de précision), en Haïti et aux Etats Unis, New York.

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Images capturées par Estuaire44.

Date de diffusion : 8 octobre 1964

 

A la Gare ­­­­de Waterloo, un homme glisse subrepticement un mystérieux emballage de thé dans le sac à main d’une collègue, rencontrée par hasard, avant d’apparemment mourir d’une crise cardiaque dans une cabine téléphonique. Présent fortuitement sur les mieux, le célèbre Simon Templar découvre qu’il s’agit d’un assassinat. Il est encore plus interloqué de s’apercevoir que le paquet contient en fait une forte somme d’argent, alors que la jeune femme, la charmante Géraldine, travaille dans une importante base navale militaire, tout comme le disparu. Le Saint et Géraldine vont mener l’enquête. Il s’avère qu’un réseau d’espion, basé dans une boutique de thé située à proximité de la base, a entrepris de dérober des secrets nucléaires.

 

Sa scène initiale, qui lui donne judicieusement son titre, domine clairement The Miracle Tea Party. Insérée dans une série si coutumière des décors en studio, cette découverte du vaste hall de Waterloo Station, puis de ses environs, apporte une vraie bouffée d’oxygène. On l’apprécie d’autant plus fortement que le lieu grouille de vie et constitue un joli cliché sur ces années 60 alors en pleine ascension. Les amateurs des Avengers retrouveront avec plaisir les verrières caractéristiques de la grande gare londonienne, déjà aperçues dans Balles costumées. Mais cet appétissant préambule ne se limite pas à un panorama, les péripéties s’y déroulant s’avèrent marquantes. La présence des tueurs, efficacement insérés dans le récit, véhicule un joli suspense, jusqu’à la terrible scène du meurtre, impressionnante de réalisme violent (une ampoule de poison volatile transformant une cabine téléphonique en mortelle chambre à gaz où le malheureux se tord de douleur avant de périr). La rencontre entre Géraldine et le Saint apporte un instant déjà romantique au sein d’un mystère intriguant et sinistre, impeccablement introduit. On se retrouve finalement dans une atmosphère assez hitchcockienne, à la différence que le destin ne s’abat pas sur un quidam, mais sur le fameux Simon Templar !

 

Par la suite, l’épisode atterrit doucement sur des contrées souvent bien balisées de l’espionnage. Il n’en demeure pas moins prenant, malgré une énigme initiale débouchant sur une allée de marronniers. Le thème récurrent du thé apporte une légère spécificité à l’ensemble, tandis que Simon déroule le l’écheveau de la conspiration, remontant jusqu’à la tête, dans une histoire classique que le Take me to your Leader des Avengers exacerbe jusqu’à la parodie humoristique. Néanmoins le ton demeure vivace et l’on suit sans aucun ennui un défilé au demeurant tout à fait tonique des passages obligés du genre (affrontements, photographies en microfilm de documents, enlèvement de la damoiselle en péril…). L’action ne connaît guère de ralentissements et s’inscrit dans des décors soignés. On apprécie vivement l’efficacité de la mise en scène de Roger Moore, mais aussi l’amour des comédiens qui s’en dégage. Passé derrière la caméra, Sir Roger s’est entouré de proches à cette occasion, mettant avec sensibilité sa caméra au service de leur talent.

 

Les personnages secondaires s’imposent d’ailleurs comme l’un des atouts de l’opus, avec le Commandeur emblématique ou la vieille dame dynamique et passablement excentrique, incarnée avec un irrésistible naturel par Fabia Drake. Nanette Newman nous offre une Templar Girl particulièrement sympathique et attachante, le courant passe parfaitement bien avec Moore. On retiendra avant tout l’effarante prestation de Robert Brown en tueur à la fois expérimenté et possédé par une authentique soif de meurtre, en définitive très similaire à l’inquiétant sadique de Voyage sans retour. Avec son jeune apprenti, encore plus désaxé que lui et davantage de son temps, il forme un percutant duo. Son affrontement final avec le Saint, particulièrement mouvementé et totalement dépourvu de doublures, nous vaut l’un des combats les plus spectaculaires découverts jusqu’ici. On y retrouve l’inspiration épique d’Ivanhoé.

 

 

·         Nanette Newman (Geraldine) est très connue en Grande Bretagne, notamment pour une populaire série de publicités concernant Fairy Liquid, un liquide vaisselle. Son ami Roger Moore fut l'un des témoins de son mariage avec l'acteur Bryan Forbes.

 

·         Robert Brown (Atkins) fut le partenaire de Roger Moore sur Ivanhoé, où il interpréta Gurth, le fidèle comparse du héros. Il le retrouva également sur les tournages de James Bond, Brown ayant joué M dans quatre opus de la Saga, durant les années 80. Brown fut également le sinistre Saul de Voyage sans retour (Chapeau Melon).

 

·         Fabia Drake (Tante Hattie) interpréta le Colonel Adams dans The Danger Makers (Chapeau Melon). Elle fut l’une des professeurs de Roger Moore à la Royal Academy of Dramatic Art et l’acteur avoue dans ses mémoires (My Word Is My Bond) avoir été terriblement embarrassé à l’idée de la diriger. Mais la dame se montra fort amicale et sut le mettre à l’aise, ce pourquoi il lui fut très reconnaissant.

 

·         Plusieurs plans larges sont effectivement réalisés à Waterloo Station mais les gros plans sur les personnages le sont à l'évidence par surimpression d'images.

 

·         Il s'agit du second épisode réalisé par Roger Moore. Il raconte également dans ses mémoires que, lors du tournage de scènes se déroulant à Waterloo Station, il ne fut pas maquillé ni ne porta de costume particulier, car il apparaissait fort peu à l’écran. Il pensait que cela ne porterait pas à conséquence, mais sa mère, qui assistait aux prises de vues, lui rapporta que de nombreux voyageurs l’avaient reconnu et le trouvaient fort négligé, bien moins impressionnant qu’à l’écran.

 

·         La séquence d'ouverture se déroule dans la gare de Waterloo. Cet immense complexe connecte en fait quatre gares distinctes, plus un terminal routier. Inaugurée en 1848, Waterloo Station changea plusieurs fois d'apparence, notamment après d'énormes dégâts subis durant le Blitz; Sa gare internationale fut longtemps le point de départ et d'arrivée de l'Eurostar, avant d'être remplacée en 2007 par Saint-Pancras.

 

·         D'autres sites londoniens apparaissent au fil de l'épisode :Hyde park, Grosvenor, Piccadilly...

 

·         La base navale est située dans l’île de Portland, à l’extrémité sud du Dorset. Sur un site initial remontant à 1850, la Royal Navy y a effectivement développé une forte installation durant la guerre de 39-45, verrouillant la Manche. Il s‘agit de l’un des ports non naturels les plus étendus au monde. L’île fut de ce fait visée par de nombreux bombardements.  La majeure partie de la base a été démantelée en 1995, après la chute de l’URSS. Elle est désormais dédiée aux sports nautiques. Le site accueille les épreuves de voile des Jeux Olympiques de 2012.

 saison 4 saison 6

Le Saint (1962-1969)

Saison 5

 


1. LES BIJOUX DE LA REINE
(THE QUEEN'S RANSOM)

Date de diffusion : 30 septembre 1966

A Monte-Carlo, le Saint sauve la vie du roi déchu Fallouda, menacé par des tueurs. Celui-ci lui demande d’escorter la reine Adana en Suisse, afin de récupérer des bijoux devant financer une restauration. Adana est une ancienne aventurière, à qui la royauté est montée à la tête. Elle est contrariée de faire équipe avec Simon qui connaît ses humbles origines. Sur le chemin du retour, le duo doit faire face à de nombreuses attaques. Les épreuves feront retrouver le sens des réalités à Adana, sous le regard goguenard du Saint.

Si le nouveau générique séduit par son allant et son évocation graphique de l’univers du Saint, le passage à la couleur s’accompagne surtout d’une vraie déception. En effet, Roger Moore renonce à ses savoureuses apostrophes du public à travers le Quatrième mur, qui apportaient tant aux introductions d’épisodes. Même si l’acteur appose sa griffe au simple commentaire hors champ s’y substituant, on ressent une déperdition similaire à celle éprouvée lorsque Rod Serling délaissa ses apparitions en décors, lors de la saison 4 de la Quatrième Dimension.

La nouvelle ère n’apporte par contre aucune significative évolution aux aventures du suave Simon. Le Saint évolue beaucoup moins de saison en saison que les Avengers, hormis une très progressive évolution du roman noir vers davantage de fantaisie. La série continue à recycler et, autour des péripéties de Simon et Adana, on distingue de nombreuses convergences avec The Golden Journey. Fort heureusement le récit évite cette fois de retomber dans le piège du machisme outré, en ridiculisant ou infantilisant Adana. Au contraire la belle n’épargne pas le Saint au cours de prises de bec émaillant l’aventure de joyeux moments de pure comédie (épatante et sublime Dawn Addams). Comme dans tout bon road-movie, l’histoire est celle d’une rencontre et l’on apprécie de voir la véritable Adana, valliante et sympathique, apparaître au fur et à mesure que la morgue s’efface. Evidement le Saint se refuse à flirter, d’autant que le roi se montre loyal et sincèrement désireux du bien de son peuple. Les rapports entre Simon et Adana ressortent toujours finement dosés, tout en exprimant  le charme des interprètes.

Pour le reste, hormis la si plaisante vieille dame, on se situe dans le conventionnel, l’action se résumant aux affrontements successifs entre le Saint et les comploteurs, de Zurich à Monaco. Les clichés habituels s’installent (Français pittoresques au béret vissé sur la tête, non participation d’Adana aux affrontements, félons bien odieux, etc.). L’intrigue ne marque toutefois aucun temps mort au cours de ce voyage mené tambour battant, en avion, voiture ou train. Roy Ward Baker apporte son savoir faire bien connu aux scènes de bagarres ou de poursuite automobile, avec plusieurs moments réellement intenses. Le duel montagnard final se montre ainsi authentiquement spectaculaire. Comme souvent les seconds rôles permettent de reconnaître bien des visages connus des Spy shows anglais, tandis que la production demeure remarquablement soignée. Les décors sont finement travaillés et cette épopée franco-suisse noud vaut son lot de superbes voitures d’époque. La couleur apport une vraie valeur ajoutée dans cette série jouant d’un confortable budget. Un épisode entrainant et divertissant, à défaut de résulter vraiment novateur.

  • Dawn Addams (Adana) connut une carrière riche en nombreux seconds rôles au cinéma, avant de se tourner vers la télévision. Elle était effectivement liée au Gotha, étant l’épouse du Prince de Roccasecca, depuis 1954. Toujours très active durant les années 70, elle décède prématurément d’un cancer, en 1985.

  • George Pastell (Fallouda) incarnait le traitre Arkadi dans Du miel pour le Prince. Originaire de Chypre, son physique levantin lui valut de nombreux rôles exotiques dans les productions anglaises de l’époque, films ou séries. Il est ainsi le conducteur de l’Orient Express dans Bons baisers de Russie (1963).

  • Il s'agit du premier épisode en couleurs, également doté d’un nouveau générique. L’adresse initiale de Simon au public est désormais remplacée par un commentaire lu hors champ par Roger Moore.

  • L’épisode est également le premier non basé sur un écrit de Charteris, mais les auteurs demeurent fidèles au ton développé jusqu’ici.

  • Les coproducteurs Roger Moore et Robert S. Baker débutent leur collaboration, qui va durer jusqu'à la fin de la série.

  • La scène en extérieur représentant l’arrivée à l’aéroport de Zurcih à été à l’évidence tournée avec des doublures des deux comédiens principaux (13')

  • L'arrière plan du couloir de la banque est une peinture (14'20’’)

  • Le voyage mouvementé de Simon et Adana permet de découvrir plusieurs belles voitures : Citroën 11, Citroën DS 19, Jaguar Mk1, Mercedes-Benz 220 S, Rolls-Royce 20/25 h.p., Rolls-Royce Silver Cloud II, etc.

  • L’avion transportant nos héros à l’aller est un De Havilland DH.104. Construit de 1945 à 1964, cet appareil britannique de luxe était spécialisé dans la couverture des petites distances et la liaison Nice-Zurich lui convient tout à fait.

  • La route montagneuse où se déroule l'embuscade ne se situe pas dans les Alpes, mais au Pays de Galles, sur le site du grand barrage de Stwlan Dam. Il s’agit de la première centrale hydraulique bâtie en Grande-Bretagne, en 1963.

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2. INTERMÈDE À VENISE
(INTERLUDE IN VENICE)

Date de diffusion : 07 octobre 1966

A Venise, le Saint intervient pour sauver la jeune Cathy Alladyce d'une agression. Elle est la fille d'un ancien procureur américain reconverti dans la politique. Veuf, celui-ci s'est remarié récemment avec Helen et les deux femmes s'entendent mal. En fait Alladyce est visé par le truand Fortunati, dont il a jadis fait condamner le frère. Fortunati ordonne au noble ruiné Ubaldo de séduire Cathy, puis l'assassine en incriminant la jeune femme. Simon soustrait les preuves et remonte les fils du complot. Cathy est alors enlevée mais le Saint arrive à temps pour la sauver et découvrir la trahison d'Helen, alliée à Fortunati. Les deux sont tués en affrontant la police.

L'épisode sollicite quelque peu la bienveillance du spectateur contemporain, car les représentations de Venise en rétroprojection apparaissent aujourd'hui très datées. Mais ces arrières plans se situaient à la pointe de ce qui se pratiquait alors et supportent aisément la comparaison avec les vues de la Sérénissime sises en fin de Bons baisers de Russie (1963). Comme souvent, décors et inserts demeurent superbes. On retrouve les savoureux clichés inhérents à la série, (policier pittoresque et complice de Simon, Italiens fatalement raffinés et gominés, adeptes du couteau, des intrigues et des vengeances familiales). Le récit ne se départit pas non plus d'un certain mélodrame, mais développe toutefois de précieux atouts

En effet l'intrigue sait parfaitement articuler la machination de Fortunatti, en ne dévoilant que progressivement les rouages et en ménageant de retentissants rebondissements (assassinat soudain d'Ubaldo, révélation plus inattendue que d'habitude de la trahison d'Helen). Le travail d'enquête de Simon se montre solide et permet au spectateur de ressentir pleinement l'atmosphère, réelle ou fantasmée, du la Venise clandestine, peuplée d'escrocs, de tueurs et de demi-mondaines vénales. Toute une ambiance, bien soulignée par la caméra de Leslie Norman. On apprécie également de (déjà) retrouver Roger Moore dans la scène emblématique de l'affrontement autour d'une table de jeu au casino. Fort heureusement, le Saint préfère le Baccarat au Poker !

Cette souvent éprouvante incursion dans les arrières cours délétères de Venise doit aussi beaucoup à sa distribution. Stassino et Sylvester se situent parfaitement dans leur emploi, tandis que Parick troughton confirme ses dons de caméléon, en incarnant avec la même réussite un plaisant Inspectore que le Deuxième Docteur ou le Comte nazi d'Un drôle d'oiseau (Amicalement vôtre). La grande attraction reste bien entendu la présence de Lois Maxwell, aux côtés de son camarade Roger Moore. Sa classe et son talent rendent Helen parfaitement crédible et concourent puissamment  au succès du retournement final. On remarque que la pour toujours Miss Moneypenny aime à se dévergonder au petit écran, chez le Saint comme chez les Avengers. A l'inverse la charmante Quinn O'Hara manifeste peu de fond de jeu mais cela convient finalement assez bien à son rôle de péronnelle dépassée par les événements. Un voyage réussi, des palais jusqu'aux bas-fonds de la Cité des Doges, ce qui synthétise à merveille la dimension duale de Simon Templar.

  • Loïs Maxwell (Helen) naquit au canada et, en mentant sur son âge, participa au théâtre aux armées durant la Guerre, en Europe. Découverte, elle s’installa en Grande-Bretagne pour éviter la cour martiale et intégra en 1944 la Royal Academy of Dramatic Arts. Elle s’y lia d’amitié avec Roger Moore. Après quelques rôles aux États-Unis, elle se consacre à la télévision britannique (Gideon’s Way, UFO, deux épisodes du Saint, Amicalement Vôtre, Chapeau Melon pour Les Petits Miracles) mais accède à la célébrité avec le rôle de Moneypenny, l’irrésistible secrétaire de M, le supérieur de James Bond. Elle incarna le personnage durant les 14 premiers films de la série, de 1962 (Dr No) à 1985 (Dangereusement vôtre).

  • Paul Stassino (Ubaldo) participe en tout à cinq épisodes du Saint, ainsi qu’à de nombreuses séries de l’époque, notamment pour sa personnalité exotique lui permettant de jouer des étrangers. Au cinéma, il est surtout connu pour son double rôle dans Opération Tonnerre. Stassino interprète également un faux Tito dans l’épisode des Avengers, The Decapode.

  • La rousse Quinn O'Hara fut élue Miss Écosse en 1961. Elle fit des apparitions de charme dans les productions anglaises et américaines, jusqu'aux années 80. Son principal rôle demeure celui d'Ashley Davidson  dans Dallas.

  • Les arcades derrière la terrasse du café sont des peintures (6')

  • Les inserts permettent de découvrir nombre de splendeurs emblématiques de Venise : la Place Saint-Marc, son Campanile et sa Basilique, le Palais des Doges, La Basilique San Giorgio Maggiore ou encore celle de Santa Maria della Salute.

  • L'automobile dans laquelle Cathy est enlevée est une Fiat 1500. Ces voitures des années 60 et 70 de gamme moyenne mais très soignées connurent un grand succès, y compris en Espagne à travers la filiale Seat. Les Fiat 1500 furent souvent employées comme taxi, en Espagne comme en Italie.

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3. CONFÉRENCE À GENÈVE
(THE RUSSIAN PRISONER)

Date de diffusion : 14 octobre 1966

A Genève, où se déroule une conférence internationale, le Saint se voit contacté par la jeune Irma. Elle se déclare la fille du Pr. Jorovitch, membre de la délégation soviétique et désireux de passer à l’Ouest pour la retrouver. Mais il a été percé à jour et est désormais détenu dans un château isolé. Irma sollicite le célèbre Simon Templar pour qu’il sauve son père. Mais le Saint comprend que le scientifique a déjà été exfiltré et mis à l’abri par les Suisses. « Irma » est en fait une agent soviétique aux ordres de la diabolique Milanov, désireuse de le manipuler pour le rendre responsable de l’opération.

Conférence à Genève se conclue sur un rebondissement astucieux, suffisamment en trompe-l’œil pour dépister le spectateur. Mais sa mise en place suppose une situation tellement tirée par les cheveux et alambiquée qu’elle dévore l’essentiel d’un récit réduit à une interminable introduction. Après de superbes inserts helvétiques et une très amusante scène d’introduction, on assiste en effet à un incessant défilé de discussions en chambre, souvent laborieuses, et ponctuées de scènes d’action moins spectaculaire qu’à l’accoutumée. De peu marquants personnages secondaires ralentissent encore l’ensemble. On regrette que l'Inspecteur Klenhaus, fin renard dans The Loaded Tourist, passe ici son temps à vociférer, jusqu’çà en devenir épuisant. Le récit ne s’anime qu’en fin de parcours, avec une infiltration du château effectivement à suspense. La réalisation s’offre quelques scènes sous-marines tournées en bassin, réussies, même si l’on reste évidemment loin de L’espion qui m’aimait.

Fort heureusement, volontairement ou non, l’amateur du célèbre James Bond alias 007 trouvera son compte en visionnant l’épisode, tant il présente de convergences avec un autre classique, Bons Baisers de Russie. En effet Milanov apparaît comme un véritable clone de la mémorable Rosa Klebb ! Caractéristiquement, elle figure l’une des rares dames de la série totalement imperméables au proverbial charme du Saint. On la découvre pareillement ourdir un complot tordu basé sur la psychologie du chevalier errant anglais et mettant en œuvre une blonde damoiselle venue du Froid. Evidemment le SPECTRE n’est pas de la partie et les agents soviétiques demeurent loyaux, mais l’effet miroir résulte suffisamment marqué pour distraire. De plus l’opposition se montre moins soumise à l’idiotie souvent perçue du côté des adversaires russes des Avengers. Et puis on peut compter sur Roger Moore pour animer même un épisode mineur. Survolté, pétillant d’humour et de malice, il s’impose une fois de plus comme l’atout premier de sa série.

  • Penelope Horner (Irma) interprète Jenny dans l'épisode des Avengers, The Morning After. Elle figure dans de nombreuses séries anglaises des années 60 et 70, dont Amicalement vôtre.

  • Yootha Joyce (Milanov) fut la condisciple de Roger Moore à la RADA. Elle lutta longtemps contre un alcoolisme qui finit par l'emporter quelques jours après son 53e anniversaire. Elle buvait une bouteille de vodka par jour et elle décéda d'une hépatite alors qu'elle tournait la série George and Mildred. La co-vedette Brian Murphy était à son chevet. Elle interprète Miss Lister dans  Something Nasty In The Nursery.

  • Guy Deghy reprend le rôle de  l'Inspecteur Klenhaus, qu'il avait déjà tenu dans The Loaded Tourist. Ses origines hongroises le prédisposèrent à souvent interpréter des personnages allemands ou d'Europe de l'Est.

  • Anthony Booth (Pyotr) fut le président de l'important syndicat d'acteurs Equity et soutint activement le parti travailliste. Il est également le beau-père de Tony Blair, sa fille Cherie, célèbre avocate, épousant celui-ci en 1980.

  • Le bâtiment représentant l’ambassade d'URSS est en fait situé dans Kensington Palace Gardens, une rue particulièrement cotée de Londres, réputée pour contenir des maisons parmi les plus chères au monde. Située entre les jardins de Kensington et Notting Hill, elle se situe effectivement dans une zone comportant de nombreuses ambassades et abrite le consulat de Russie.

  • On découvre l’un des principaux symboles de Genève, le célèbre jet d’eau s’élevant à 140 mètres. Il est issu d’une nécessaire mais imprévue régulation de la centrale hydraulique inaugurée en 1886 et destinée à faire bénéficier la ville de la force motrice du Rhône. Il est rapidement décidé de le transformer en ornementation, des installations progressives permettant de hausser son sommet, tandis qu’un éclairage l’habillant d’une couleur blanche. La version actuelle fut établie en 1951, avec un pompage du Lac Léman autorisant un fonctionnement continu, qui ne deviendra cependant effectif qu’en 2003. Le grand jet d’eau est bien connu des amateurs des séries Sixties car il apparaît durant tout le générique des Champions, (1968-1969) série centrée à Genève.

  • Simon arrive à Genève dans une Caravelle de Swissair. Premier biréacteur civil produit en série, la Caravelle fut un immense succès de Sud Aviation, ancêtre de l’actuelle Aérospatiale. Avion emblématique d’Air France durant les années 60, il fut produit de 1958 à 1973. La Caravelle fut le premier avion à réaction employé par Swissair, de 1960 à 1971. Elle reste associée au crash de Dürrenäsch (1963), causant la mort de 80 personnes sur la ligne Zurich-Genève.

  • Dans le décor représentant l’aéroport de Genève, on remarque plusieurs des sublimes affiches désormais vintage développées par Air France, des années 30 aux 60. Ces œuvres stylisées reprenaient les destinations desservies par la grande compagnie française et ornent encore les bureaux de nombre d’aéroports, dont celui de Paris Orly. On distingue notamment celles figurant  Paris (Jean Vernier, 1953) et la Côte d’Azur, peinte en 1962 par René Gruau, créateur de la célèbre Silhouette de la Parisienne. Deux destinations hautement appréciées par le Saint, sinon par Roger Moore lui même ! 

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4. LA RÉVOLUTION
(THE RELUCTANT REVOLUTION)

Date de diffusion : 21 octobre 1966

Au San Pablo, en Amérique du Sud le Saint empêche la jeune Diana de tuer  Victor Lawrence, tout en la préservant de la police. Elle lui révèle que cet odieux bras-droit du dictateur Alverez a jadis causé la ruine et la mort en prison de son père. Après s’âtre assurée que Diane soit en sécurité au sein de la rébellion, Simon est arrêté. Il s’évade mais  un traitre livre Diane au chef de la police. Le Saint va utiliser un moyen original de provoquer la chute d’Alverez et de sauver Diane : enregistrer une conversation entre Lawrence et Alverez, révélant leurs turpitudes.

L’épisode narre une nouvelle incursion latino-américaine de Simon Templar, immuablement synonyme de guérillas et de coups d’Etats. Une constante pouvant prêter à sourire mais correspondant finalement assez bien à une décennie agitée dans un continent alors effectivement peuplé de  généraux Alcazar ou Tapioca. S’il demeure riche en scènes d’action ou autres fusillades, le récit se montre plus sombre qu’à l’ordinaire, notamment lors des séances d’interrogatoire ou d’une éprouvante exécution par les armes (on se situe aux antipodes de celle du Mort vivant, avec un Steed flegmatique et une Emma Peel plus hilarante que dévastatrice). De fait, à travers le format d’un intrigue d’aventures, The Reluctant Revolution évoque avec une  clarté étonnante pour l’époque la collusion entre les oligarchies militaires les milieux crapuleux et les grandes sociétés américaines, même si évidemment ces dernières ne se voient citées qu’en périphérie.

L’auteur réussit également une belle étude des caractères, chacun des trois adversaires de Simon s’avérant différemment veules, cupides ou cruels et constituant un joli panier de crabes. Certes les guérilleros ressortent de l’Imagerie d’Epinal et Diane est une nouvelle Templar Girl en détresse. Mais l’interprétation demeure de grande qualité, dominée par la ténébreuse présence du grand Barry Morse, qui parvient à rendre absolument central son rôle de malfrat peu relevé en soi. Jennie Linden se révèle convaincante et absolument charmante dans une légère  robe verte lui seyant à merveille. Si la mise en scène de Leslie Norman apparaît efficace, elle ne compense l’absence d’inserts identifiants de ce pays imaginaire par des éléments culturels totalement espagnols (voire andalous) et donc hors sujet ici : abondance de publicités, d’affiches de corrida ou improbable flamenco. Mais on regrette surtout la naïveté d’une conclusion voyant soldats et révolté fraterniser et déposer le dictateur dès la révélation  de sa corruption. C’est beaucoup, même à l’échelle de la série !

  • Barry Morse (Lawrence) constitue une figure importante de l'histoire des séries télé, grâce, notamment,  à ses rôles récurrents dans Le Fugitif, Cosmos 1999 (inoubliable Pr. Victor Bergman) ou encore L'Aventurier. Il connut également une longue et active carrière à la radio, au théâtre et au cinéma, tout en restant remémoré pour sa grande implication dans de nombreuses œuvres de charité.

  • Jennie Linden (Diane) participa à diverse séries anglaise, dont Amicalement vôtre, Les Champions ou L’Aventurier. Plus récemment elle parut dans Casualty et The Practice. Au cinéma elle joua dans Love (1969) et dans l’une des adaptions sur grand écran de Dr Who, aux côtés de Peter Cushing : Dr Who and the Daleks (1965). Elle incarne Katie dans Le quadrille des homards, le dernier épisode de la période Cathy Gale.

  • On retrouve la peinture représentant un couloir en trompe-l'œil, déjà vue dans The Queen's Ransom (20').

  • Parmi diverses publicités essentiellement espagnoles, on remarque, lors  de la séquence d’ouverture, un superbe logo de Cruzcampo. Lancée en 1904 à Séville, il s’agit de la bière largement la plus consommée en Andalousie. Si on la trouve néanmoins dans l’ensemble du pays, cette bière blonde et légère reste quasiment absente d’Amérique du Sud. So nom originel fait allusion à la  Vía Crucis a la Cruz del Campo, une reconstitution du Calvaire du Christ très populaire à Séville.

  • Plusieurs affiches de corrida invitent à se rendre à la Plaza de Toros de Jerez. Il s’agit de l’une des arènes les plus anciennes et réputées d’Andalousie notamment pour ses corridas à cheval. Inaugurée en 1840, elle se situe à Jerez de la Frontera, près de Cadix. Bâtie dans un style purement andalou, elle s’orne d’une superbe série d’azulejos, représentant des taureaux.

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5. LE TRÉSOR DU PIRATE
(THE HELPFUL PIRATE)

Date de diffusion : 28 octobre 1966

Le Pr. Roeding, spécialiste du laser, a disparu à Hambourg. A la demande de l’Intelligence Service, mais surtout de sa fille Fran, le Saint accepte d’enquêter sur place. Il va découvrir que Roeding s’était entiché d‘antiquités, à la recherche d’une carte au trésor. Mais il a en fait été manipulé par un gang d’escrocs, dirigé par Kolben. La belle Eva est chargée d’appâter les pigeons et Simon va remonter la filière en se faisant passer pour tel. Kolben a en fait enlevé Roeding en espérant le vendre à l’Est, représenté par le sinistre Roskin.

Alors que la majeure partie des autres épisodes débutent par l’arrivée de Simon dans sa destination du jour, The Helpful Pirate innove en le montrant lors de son départ de Londres. L’occasion de dialogues amusants sur le climat proverbial de  la capitale britannique ! Mais on rejoint bien vite un schéma très classique des récits d’espionnage de l’époque, avec un Saint cette fois directement commissionné par l’Intelligence Service, en tant que talentueux amateur. Hélas, le récit ne parvient pas à se développer au-delà de figures de style ultra balisées, comme le  poncif du scientifique et de sa fille servant de moyen de pression. L’intrigue, toujours prévisible, ne brille pas par son dynamisme : filatures répétitives ou conversations ressassant l’action composent l’essentiel du menu. La mise en scène se montre efficace lors des scènes de bagarre (la griffe de Roy Ward Baker), mais se montre paresseuse par ailleurs, ainsi que dépourvue de tout extérieur.

Surtout l’auteur commet une erreur majeure : installer une partie à trois et n’en tirer aucun parti par la suite. Les Soviétiques restent désespéramment inertes, se contentant d’assister en spectateur à l’affrontement entre Kolbel et Templar, suscitant de la sorte d’autres scènes bavardes inutiles. C’est d’autant plus frustrant que de ce fait le toujours excellent Vladek Sheybal demeure en arrière plan et ne bénéfice d’aucune ligne de texte commune avec Roger Moore. Un véritable gâchis, l’acteur sera bien mieux servi chez les New Avengers. L’épisode bénéficie toutefois du charme de deux comédiennes très différentes. L’épanouie et gaie Erika Remberg nous vaut les meilleures scènes de l’opus, lors de ses tentatives d’embobinage d’un Saint riant sous cape. Anneke Wills, arborant déjà l’apparence de Polly, n’a malheureusement que peu à exprimer, son personnage n’étant clairement là que pour se faire enlever. Ray Austin apporte son savoir-faire aux cascades et de jolis inserts évoquent le joyeux Hambourg by night de la Reeperbahn, mais cela n’anime qu’occasionnellement un opus bien morne.

  • Anneke Wills (Fran) apparaît dans les épisodes Balles costumées et Un petit déjeuner trop lourd des Avengers. Très présente dans les séries des 60's, elle est surtout remémorée  pour le rôle de Polly, un des plus importants Compagnons des premières saisons de Doctor Who. Parue en 2007, la première partie des mémoires de cette proche de Mary Quant et de nombreuses personnalités de l’époque connaît un grand succès pour sa vivante description du Swinging London. De 1962 à 1979, elle fut l’épouse de Michael Gough, l’interprète du Dr Amstrong (Les Cybernautes).

  • Erika Remberg (Eva), autrichienne née à Sumatra, connut une vie particulièrement itinérante, voyageant entre Asie, Amérique et Europe, tout en effectuant de nombreuses apparitions au cinéma. Elle fut la compagne de Klaus Kinski, puis l’épouse du metteur en scène Sidney Meyers, qui réalisa notamment quatre épisodes des Avengers.

  • Vladek Sheybal (Roskin) est né en Pologne. Il arrive en Grande-Bretagne au début des années 60. Il interprète Kronsteen dans From Russia With Love (1963), le second et un des meilleurs James Bond. Il enchaîne ensuite les petits rôles, surtout pour la télévision : Destination DangerLe Baron, Les Champions, Poigne de Fer et Séduction, Shogun. Il est le Dr Doug Jackson dans la série UFO et participe à l'épisode Un chat parmi les pigeons, des New Avengers.

  • On retrouve pour la troisième fois la peinture représentant un couloir en trompe l'oeil, après The Queen's Ransom et  The Reluctant Revolution (8').

  • La vue sur Hambourg via la fenêtre est à l'évidence un dessin monochrome (16'). Celui-ci représente en fait de l’Hôtel de ville d’Hambourg. La ville étant aussi un Land, il en accueille les institutions parlementaires. Inauguré en 1897, ce gigantesque édifice est de style néo-Renaissance et contient une superbe collection de peintures représentant Hambourg.

  • Simon et Eva passent une excellente soirée dans la  Reeperbahn, dans la quartier de St-Paul, dont les inserts montrent les célèbres néons et cabaret. Traditionnellement dédiée à la prostitution (dirigée vers les marins du port situé à proximité), l’artère est devenue au XXème siècle un quartier très animé, consacré à la vie nocturne et festive. Le Saint estime que la Reeperbahn est le Montmartre d’Hambourg. La rue est alors très connue en Angleterre, car les Beatles y firent leurs débuts. 

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6. UN DRÔLE DE MONSTRE
(THE CONVENIENT MONSTER)



Date de diffusion : 04 novembre 1966

A proximité du Loch Ness, le Saint porte assistance à Ann Clanreith, terrorisée par la découverte d’énormes empreintes de pas. Un chien puis un homme sont tués et la peur du Monstre du Loch Ness s’empare des esprits. L’employeur d’Ann, Noel Bastion, demeure sceptique, tandis que sa femme, la naturaliste et chasseuse experte Eleanor, est persuadée de l’existence de la créature. Elle est aussi très jalouse d’un évident rapprochement entre Ann et Noel. Simon mène l’enquête et découvre que c’est Eleanor qui a provoqué toute cette histoire, pour fournir une explication au meurtre programmé de son mari.

L’inépuisable mythe du Monstre du Loch Ness a stimulé l’imagination de biens des auteurs et l’on retrouve Nessie dans nombre de séries télévisées, de La vie privée de Sherlock Holmes aux X-Files, en passant par Doctor Who ou Bewitched. On remarque d’ailleurs que , tout comme lors du Quagmire des W-Files, un chien est envoyé ad patres, comme quoi des tendances perdurent ! En soi Nessie apporte un renouvellement bienvenu aux exploits du Saint, qui s’est jusqu’ici rarement aventuré aux lisières du Fantastique. L’intrigue exploite parfaitement cette dimension, en maintenant l’ambigüité autant que possible, mais aussi un vrai suspense quant à l’explication de l’énigme. La mise en scène de Leslie Norman se montre remarquablement maîtrisée, jouant à merveille de la brume écossaise, tout en mettant en valeur la performance des comédiens. La conclusion horrifique de l’épisode joue la carte de l’ellipse, du fait de la contrainte de moyens. Cela s’avère particulièrement suggestif, comme souvent quand on stimule l’imagination du spectateur.

The Convenient Monster ne se limite cependant pas à une simple variation autour de la bête légendaire. Des intrigues secondaires habilement entrecroisés enrichissent et soutiennent le récit, tandis qu’ne atmosphère écossaise se met en place, sans abuser de l’habituel catalogue de clichés. Comme souvent la distribution se révèle de qualité, avec des visages bien connus des amateurs des Avengers. Fulton Mackay (Chadwick dans Le retour des Cybernautes) interprète ainsi un pittoresque clochard, tandis que Caroline Blakiston, loin de la secrétaire de choc de La Dynamo vivante, se montre impeccable en femme obsédée et impitoyable. La sublime Suzan Farmer crève de nouveau l’écran, chacune de es participations au Saint la confirme comme l’une des meilleures féminines d’un Roger Moore une nouvelle fois convaincant. Deux réserves n’entachent pas l’éclatant succès de l’épisode : les passages entre les nombreux superbes extérieurs et inserts s’opèrent trop brusquement avec les passages en studio (un problème récurrent chez Chapeau Melon). Surtout, on regrette que pour une fois que l’on rencontre une femme forte dans cette série, elle soit dépeinte en tueuse désaxée. Décidément la série se montre réticente sur ce sujet.

  • Suzan Farmer (Ann) participera à trois autres reprises aux aventures du Saint. L’actrice connaît une vraie popularité durant les années 60 et 70, avant de se retirer. Elle participe notamment à plusieurs films d’épouvante de l’époque, ainsi qu’à l’épisode That’s Me over There, d’Amicalement vôtre. Elle fut l’épouse de Ian McShane.

  • Caroline Blakiston (Eleanor) est une figure régulière des séries britanniques (L'inspecteur Barnaby, Le Baron, Les champions , Département S, Paul Temple, Regan, Les mémoires de Sherlock Holmes, etc.). Elle incarne également Mon Mothma dans Le retour du Jedi (1983). Caroline Blakiston a joué dans trois épisodes de Chapeau melon : Dance With Death, Les fossoyeurs (saison 4) et La Dynamo vivante.

  • Lors de la séquence d'ouverture, le passage du plein air au studio est particulièrement visible.

  • Quand Simon commande une pinte, le tenancier du pub met un temps absurdement court pour la lui remplir. Il est évident que la pompe à bière est n’est un leurre servant pour le décor et que le verre est déjà plein !

  • En début d’épisode des inserts sont censés nous monter le Loch Ness. Or on y reconnaît le château d’Eilean Donan, bien connu des amateurs des New Avengers et celui-ci se situe dans les eaux du Loch Duich.

  • Le château aperçu à plusieurs reprises et dont les ruines jouent un grand rôle dans le récit est celui de Rhuddlan (1277). Initialement bâti en cercles concentriques, il se situe en fait au Pays de Galles. Rhuddlan joua un rôle important dans les guerres galloises s’opposant à la présence anglaise, durant le Moyen-âge tardif. Dans Amicalement vôtre la production utilisera également un château gallois pour représenter un écossais (A Death in the Family).

  • Plusieurs documents relatifs à la légende du Monstre du Loch Ness sont présentés. On remarque ainsi un extrait du film de Tim Dinsdale, qui vient de marquer les esprits en 1960. Réalisé lors d’une enquête sur l’existence de la bête, il montre ce qui semble être Nessie (ou un objet selon les sceptiques) nager à la surface des eaux. Ces images provoquent des débats passionnés, une analyse moderne réalisée e 11933 ne permettant pas de trancher sur leur nature. 

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7. LE DIAMANT
(THE ANGEL'S EYE)

Date de diffusion : 11 novembre 1966

Lord Cranmore convie son célèbre ami, Simon Templar, dans sa somptueuse résidence. Il lui confie que des revers de fortune l’obligent à de séparer d’un diamant, l’Œil de l’Ange. Malgré la farouche opposition de son neveu demande à Simon d’accompagner son bras droit, Upwater et la fille de celle-ci Mabel, à Amsterdam, où doit se dérouler la vente. Le Saint fait face à plusieurs attaques. Arrivés sur place, Upwater lui affirme que l’expert diamantaire lui a dérobé le joyau et lui propose d’aller cambrioler son coffre-fort. Simon mène l’enquête et découvre qu’Upwater a tout manigancé, prévoyant de le rendre responsable du vol.

Episode relativement mineur que The Angel's Eye, du fait d’un scénario amplement usité au cours de la série et ne dégageant aucune réel point fort. Sur un thème finalement similaire, le récent The Queen’s Ranson s’était ainsi montré autrement marquant. L’auteur Harry W. Junkin a toutefois suffisament de métier pour maintenir un suspense et un doute persistant sur l’identité du réel adversaire de Simon, le neveu se voyant habilement paré de tous les attributs du parfait suspect. Le temps libre suscité par la minceur de l’intrigue se voit en partie dédié à une intéressante visite touristique des canaux et autres lieux culturels d’Amsterdam, le dépaysement demeurant l’une de valeurs sures de la série. Anvers aurait peut être été plus indiqué qu’Amsterdam, mais qu’importe.

L’amateur des Avengers se verra comblé par une participation particulièrement riche de seconds rôles de cette série, toujours impeccables (Donald Pickering, T. P. McKenna, Liam Redmond, etc.) On a ainsi le plaisir de découvrir une charmante Jane Merrow, cette fois brune et non plus blonde comme dans Mission Highly Improbable. Un plus dégourdie que d’autres Templar Girls of the Week, Mabel reste cependant périphérique dans l’action. De ce fait l’épisode n’apporte pas non plus réponse satisfaisante quand à un éventuel remplacement de Diana Rigg ! The Angel's Eye se regarde sans ennui pesant, mais s’oublie prestement.

  • Issue de la RADA, Jane Merrow (Mabel) est une figure du West End. Elle participe également à de nombreuses séries télé, en Angleterre (Destination Danger Le Prisonnier, L'homme à la valise...) comme  aux États Unis (Mission Impossible, Cannon, Magnum...) Elle joue Susan dans Mission hautement improbable (Chapeau melon) et fut un temps considérée comme une possible remplaçante de Diana Rigg, avant que Linda Thorson ne soit finalement choisie.

  • T. P. McKenna (Malone) a participé à trois épisodes des Avengers: Le Cheval de Troie, Mort en magasin et Je vous tuerai à midi. Très présent au théâtre, cet acteur irlandais a connu une belle carrière tant à la télévision (Doctor Who) qu’au cinéma (Les Chiens de paille, 1971, Valmont 1989…). À la radio, Thomas Patrick McKenna connaît une grande popularité dans la dramatique à succès de la BBC Baldi (depuis 2000).

  • Lors de l'affrontement de début d'épisode, Roger Moore est doublé par un cascadeur. Les autres acteurs veillent à maintenir une main sur son visage, afin qu'il soit moins reconnaissable.

  • Cranmore House est en fait Osterley Park, située dans les faubourgs ouest de Londres. Construit au XVIIIème siècle, cet immense manoir, aux vastes jardins, permit à plusieurs riches familles de se retirer comme à la campagne, tout en demeurant à proximité de la Capitale. Désormais propriété publique, il est ouvert au public. Son aspect à la fois spectaculaire et verdoyant lui a valu d'apparaître dans de nombreuses productions anglaises. il est ainsi utilisé à deux reprises dans Amicalement vôtre.

  • Parmi les sites d’Amsterdam visités par Mabel et Simon, on reconnait la tout Montelbaanstoren, au croisement de deux importants canaux. Initialement destinée à défendre le port de la cité (1516), elle fut par la suite surmontée d’un carillon et d’un clocher de style Renaissance. Elle abrite le service municipal de gestion des eaux.

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8. LA FÊTE ROMAINE
(THE MAN WHO LIKED LIONS)

Date de diffusion : 18 novembre 1966

A Rome, le Saint s’apprête à rencontrer un ami, le journaliste Tony Allard. Celui-ci veut lui révéler des  informations concernant un dangereux bandit surnommé « l’homme qui aime les lions ». Mais il est assassiné près du Colisée. Grâce à Claudia, la fiancée de Tony, le Saint explore les indices que le journaliste a laissés. Il débusque ainsi Tiberio, chef d’un réseau criminel et obsédé par la grandeur de l’Empire romain. Tiberio l’invite à sa villa, où se déroule une somptueuse fête en costumes recréant les fastes impériaux. Mais son véritable but est de livrer le célèbre Simon Templar à ses lions !

Episode particulièrement relevé et cruel que celui-ci, se décomposant en deux parties clairement distinctes, mais résultant toutes deux d’un vif intérêt. La reconstitution par Simon de l’enquête suivie par le journaliste donne lieu à une succession de rencontres hautes en couleurs. Certes chacune d’entre elles exprime un cliché coutumier de l’Italie, mais filmé et interprété avec talent, tout en rappelant finalement cette structure de films à sketchs alors populaire dans la Botte (Les Monstres, 1963). The Man Who Liked Lions trouve cependant toute sa dimension avec la découverte de cette bacchanale endiablée constituant le clou du spectacle, aux effets encore accentués par Roy Ward Baker. Metteur en scène, décorateur et costumiers s’accordent à la rendre spectaculaire, avec un accord plaisamment trouvé entre un décorum antique et un entrain tout à fait Sixties. L’impressionnant duel final à l’épée achève de nous faire basculer dans un excellent péplum, genre dont on retrouve véritablement la saveur.

L’amateur des Avengers découvre ici l’une des plus belles pépites que lui réserve les aventures du Saint. On songe évidemment aux fortes convergences existant avec le fade Cette grandeur qu’était Rome des années Cathy Gale, mais le côté orgiaque de cette fête et la brutalité machiste exaltée par Tiberio nous rapprochent finalement davantage du Club de l’Enfer. C’est d’autant plus vrai que la personnalité baroque et hors normes de Peter Wyngarde domine l’ensemble des débats. L’acteur, particulièrement déchainé, se régale à l’évidence de cette version latine (et parfois très gladiateur) de l’inoubliable John Cartney. Il apporte une formidable dynamique à l’épisode, d’autant que son personnage fonctionne parfaitement comme antithèse du Saint. Le choc des deux comédiens principaux tient toutes ses promesses, enfin un (quasi) Diabolical Mastermind face à Simon Templar ! On retrouve également avec plaisir la talentueuse Suzanne Llyod, qui tout comme Wyngarde prend plaisir à employer un divertissant accent italien.

On s’étonnera toutefois de la voir devenue absurdement blonde au sein de cette aventure italienne. De même sa Claudia se montre trop éplorée et craintive, on regrette le tempérament bien trempé de sa Gabby dans The High Fence (saison 2). Au chapitre des regrets secondaires, on notera également que le chauffeur de taxi, habituel complice des escapades romaines du Saint, n’est plus interprété par Warren Mitchell. Son remplaçant se montre amusant mais n’a pas sa féconde. Il reste également dommage que Jeremy Young, le redoutable Frant du Club de l’Enfer, ici un policer milieux mais sagace, n’ait aucune scène en commun avec Wyngarde. Comme souvent dans la série, les passages entre inserts et décors résultent brutaux, c’est particulièrement vrai avec les superbes images du Colisée. Flamboyant et captivant de bout en bout, The Man Who Liked Lions n’en demeure pas moins l’un des sommets de la série,

  • Suzanne Lloyd (Claudia), actrice canadienne, accomplit de nombreuses apparitions dans les séries américaines de la fin des années 50 et du début des années 60 (Have Gun-Will Travel, Maverick, Bonanza…). Puis elle s’installa en Grande-Bretagne où elle totalisa six participations au Saint, et fut, bien entendu, la vénéneuse Barbara de Cœur à cœur. Elle mit fin à sa carrière à l’âge de quarante ans. Elle reste également dans les mémoires pour le rôle récurrent de Raquel Toledano dans Zorro.

  • Peter Wyngarde (Tiberio) demeure un méorable invité des Avengers (Le Club de l'Enfer, Caméra meurtre. Il est né à Marseille. Enfant, il fut détenu dans le camp de Lung-Hai en Chine après l'invasion japonaise en 1941. Le rôle de Jason King dans les séries Département S (1969-70), puis Jason King (1971-72) centrées sur son seul personnage, l'a rendu célèbre, notamment pour sa moustache et ses cravates flamboyantes. Auparavant, il avait tourné dans Le Saint (deux épisodes) et Le Prisonnier (Numéro 2 dans Échec et mat). Sa dernière apparition à l'écran remonte à 1994 dans un épisode des Mémoires de Sherlock Holmes.

  • Roger Moore était tout indiqué pour participer à cette évocation de la Rome antique, car il interpréta le légendaire Romulus, fondateur de l’Urbs,  dans L’enlèvement des Sabines (1961).

  • Cette fois le scénario n’est pas issu d’un texte de Leslie Charteris, mais du journaliste et romancier anglais Douglas Enefer (1910-1987). Il connut un grand succès dans la littérature de genre, principalement le Polar et le Western. Attiré par les séries télévisées, il écrivit également des romans basés sur leurs héros. En 1963 il publia ainsi un thriller mettant en scène John Steed et Cathy Gale, sobrement intitulé The Avengers. Il s’agit de la toute première novélisation tirée de la série. 

  • Charteris ne voulait pas que le titre original de l’épisode soit confondu avec l’un de ses ouvrages, The Man Who Liked Ants. Il proposa un titre alternatif, The Last Gladiator, qui fut refusé par la production. Celle-ci eut continuellement des relations exécrables avec le très attentif écrivain.

  • L'arrière plan de la demeure romaine est une peinture (19').

  • Le nom Tiberio fait référence au deuxième des Empereurs romain, Tibère (14-32) Ce fils adoptif d’Auguste guerroya avec succès en Germanie mais mis fin à l’extension territoriale de Rome. Menant des réformes politiques et économiques, il préféra consacrer son règne à la mise en valeur des conquêtes opérées depuis Pompée et César. Il aimait à se retirer à Capri, dans la fastueuse Villa Jovis, où il tenait une cour d’artistes, d’érudits et de philosophes, conduisant la culture romaine à de nouveaux sommets.

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9. LE MEILLEUR PIÈGE
(THE BETTER MOUSE TRAP)

Date de diffusion : 25 novembre 1966

A Cannes, Simon connaît une agréable romance avec la belle Nathalie, tandis que plusieurs palaces de la Riviera sont victimes de voleurs bijoux. Il fait également la connaissance d’une dame sympathique et volubile, Bertha. Un cambriolage survenant dans l’hôtel du Saint, il n’en faut pas plus pour que celui-ci soit soupçonné par une vieille connaissance, le Colonel Latignant. Simon mène l’enquête et découvre que le gang est dirigé par une femme inconnue. Or il se trouve que divers éléments semblent accuser Nathalie.

Le scénario de The Better Mouse Trap souffre de ne pas ne parvenir pas à dépasser une difficulté inhérente à la série. Tout l’enjeu de l’intrigue réside sur la potentialité que Nathalie soit la coupable, et on n’y croit jamais un seul instant. L’auteur Leigh Vance multiplie les manœuvres pour tenter de semer le doute en la rendant plus affirmée que la moyenne des Templar Girls of the Week, tandis que la caméra de Gordon Flemyng sait s’attarder sur les yeux bleu acier, devenus subitement menaçants, de la belle Alexandra Stewart. Rien n’y fait car la présence de Bertha annihile tout cela. Les personnages n’ayant d’autres justifications que d’apparaître in fine comme les coupables pullulent tout long des saisons et deviennent aisément repérables. L’audace aurait consisté à prendre la problématique à front renversé, ce qui ne survient pas. Pour autant l’opus demeure très distrayant, offrant des scènes d’actions réussies et une romance originale, car considérablement plus poussée qu’à l’ordinaire. Alexandra Stewart se montre  très attachantes et la solidité de Martha rend au moins crédible son attraction auprès du Saint.

Surtout, sur une trame évoquant vaguement l’ensoleillé La main au collet (1955), l’épisode sait employer l’atmosphère estivale de la Côte d’Azur  pour jouer pleinement la carte de la comédie. On retrouve en effet les seconds rôles coutumiers, pittoresques et à l’accent français plaisamment caricatural, permettant aussi à Alexandra Stewart de tirer son épingle du jeu, avec son charmant phrasé. Pour soon ultime tour de piste, le Colonel Latignant se montre en grande forme et bénéficie surtout d’un soutien de choc en la personne de son assistant Alphonse. Incarné par un Ronnie Barker à la fantaisie bien connue des amateurs des Avengers et ici totalement en roue libre, il ajoute une incompétence absolue à une hilarante succession de gags visuels. Difficile de ne pas songer à l’Inspecteur Clouseau, qui vient de débuter son époustouflante carrière en 1963.

  • Canadienne francophone, Alexandra Stewart (Nathalie) a pu mener une double carrière, en France (L'homme qui revient de loin, Les Dames à la Licorne, Le Feu Follet) comme chez les Anglo-saxons (Destination Danger, Exodus). Celle qui fut la compagne de Louis Malle fut également une participante régulière à des jeux télévisés, comme Les Jeux de 20h ou L'Académie des Neuf.

  • Ronnie Barker (Alphonse) était l'homme à tout faire Outre-manche (théâtre, télévision, radio). Dans les années 60, il se fit un nom à la radio avant de devenir un habitué du petit écran. Il tourna dans des séries comme Le Saint mais c'est The Two Ronnies (avec Ronnie Corbett), une série de sketchs diffusée sur la BBC de 1971 à la fin des années 80, qui lui fit sa réputation. R Barker a été fait OBE (Officer of the Order of the British Empire) et il a fait l'objet d'une biographie, The Authorised Biography of Ronnie Barker de Bob McCabe. Il  participe l’épisode des Avengers Le tigre caché.

  • Arnold Diamond interprète pour la cinquième et dernière fois le Colonel Latignant, policier français auquel se confronta le Saint durant ses visites de  la Côte d'Azur. Plus sympathique et pittoresque que ses collègues parisiens, il aura été un réjouissant partenaire, ou parfois adversaire, du Saint.

  • Si on en croit le calendrier aperçu à l’accueil de l’hôtel, l’action se déroule le  mercredi 9 juin 1966, soit quelques mois avant la diffusion de l’épisode.

  • Il ne faut pas confondre le titre original de cet épisode avec celui de Build A Better Mouse Trap, épisode particulièrement réussi des années Cathy Gale (saison 3) !

  • La partie de roulettes initiale se déroule au Palm Beach. Depuis la destruction du casino municipal (1907-1979), il s’agit de l’établissement le plus ancien de Cannes. Inauguré en 1929 en tant que "casino d'été", il accueillant toute la jet-set de la Côte d’Azur de l’avant guerre. Souffrant de la crise connue par les casions classiques, il se transforme actuellement en complexe touristique de luxe.

  • En surveillant le Saint, Alphonse fait semblant de lire l’Aurore. Fondé en 1944, ce journal est au sommet de sa popularité durant les années 60, dépassant les 500 000 tirages et dépassant parfois son rival, le Figaro.  Proche du centre droit de Jean Lecanuet, il constitue l’une des plus grandes références de la presse française. Le journal sera acheté en 1978 par Robert Hersant, qui va progressivement el fusionner au Figaro, se débarrassant ainsi d’un concurrent. Un exemplaire du Monde est aussi rapidement aperçu. Fondé également en 1944, ce quotidien connait aussi une forte expansion par cette décennie se concluant par le départ de son fondateur, Hubert Beuve-Méry. 

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10. LA PETITE FILLE PERDUE
(LITTLE GIRL LOST)

Date de diffusion : 02 décembre 1966

En Irlande, le Saint sauve la jeune Mildred de deux dangereux individus. Elle lui révèle être la fille cachée d’Hitler, poursuivie par des nazis désireux de rétablir un parti nazi ! Simon suspecte une supercherie et découvre vite que le père de Mildred est en fait d’un riche homme d’affaires. Celui-ci a embauché deux détectives privés pour ramener sa fille, enfuie pour vivre une idylle qu’il réprouve. Le Saint abrite Mildred dans le cottage d’un ami irlandais, Brendan, mais elle est alors enlevée par les deux hommes de main, qui réclament une rançon, Simon apporte la somme au lieu convenu, tout en demeurant dubitatif.

Les amateurs des Avengers gouteront particulièrement la scène d’introduction, puisqu’elle permet de découvrir la ST1 franchir l’emblématique pont de Tyke's Water Lake, une fort jolie jonction entre les deux séries. Les péripéties de l’intrigue du jour ne brillent pas par leur originalité, d’autant que l’arnaque, si elle se montre astucieuse, s’évente bien avant le final. Qu’importe, le récit demeure suffisamment mouvementé pour maintenir l’attention et s’orne d’extérieurs bien plus fréquents qu’à l’ordinaire. Une fois dissipé, grâce à l’ironie pince-sans-rire de Roger Moore, le léger malaise du à l’évocation d’Adolf Hitler au sein d’un récit humoristique, le choix de la comédie correspond bien à la légèreté de l’argument.

Le grand atout de l’épisode demeure en définitive l’excellent choix de ses comédiens. Noel Purcell incarne à merveille un Irlandais expansif et évidemment grand amateur de bière. June Ritchie se montre irrésistible en jeune fille délurée et mentant comme elle respire mais au charme juvénile appelant à l’indulgence. On comprend sans peine que le saint manifeste une nouvelle fois une sympathie canaille avec les escrocs astucieux s’en prenant aux riches, d’autant plus quand ils appartiennent au beau sexe ! Sans réellement défrayer la chronique, Little Girl Lost parvient à distraire par son ton enlevé et plaisamment cynique.

  • L’épisode porte le même titre original qu’un opus fameux de la Quatrième Dimension, diffusé en 1962.

  • June Ritchie (Mildred) se spécialisa dans les rôles sentimentaux, à l’occasion humoristiques. Après une belle carrière au théâtre, elle donna des cours à la RADA, dont elle est issue.

  • Noel Purcell (Brendan Cullin) a interprété Jonah dans l’épisode A Surfeit of H2O des Avengers.

  • Le repaire des vilains est en fait Donnington Castle, dans le Berkshire. Cette imposante place forte médiévale, dont subsistent deux impressionnantes tours, remontre au XIVème siècle.

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11. ULTRA SECRET
(PAPER CHASE)

Date de diffusion : 09 décembre 1966

Après avoir entendu une conversation suspecte à eux pas de Westminster Bridge, Simon se retrouve plongé en pleine aventure. Il se rend en RDA, où un transfuge du Foreign Office d’origine allemande, Eric Redman, l’a précédé. Eric doit remettre des documents ultra secrets, afin de sauver la vie de son père, mais découvre que celui-ci est déjà mort. Le Saint va devoir s’assurer des papiers et faire refranchir le Rideau de fer à Eric, ainsi qu’à son amie, Hanya, tout en étant traqué par les services secrets hostiles.

Il est cinq heures, Londres s'éveille... Paper Chase débute avec l'une des plus belles séquences introductives de la série. L'étonnamment mélancolique balade de Simon dans le petit matin londonien, avec en arrière-fond le Parlement et Westminster Bridge, suscite un effet poétique aussi rare que réussi. Mais le Saint se voit bien vite replongé dans une intrigue d'espionnite, classique mais très prenante. La présence du Major Carter (rien à voir avec une blonde astrophysicienne) et d'un commun théâtre des opérations allemand suscite d'ailleurs un intéressant diptyque avec The Helpful Pirate. A cette occasion, on constate une nouvelle fois que les récits d'espionnage se montrent autrement plus intenses que ceux de contre, car immergeant bien davantage le héros dans un environnement hostile. Au lieu d'une plate succession de dialogues, nous découvrons une périlleuse odyssée menée tambour battant, culminant lors d'une fuite éperdue vers le salut.

S'il fait preuve de son astuce et de son dynamisme coutumiers, Simon domine d'ailleurs bien moins les débats qu'à l'ordinaire, ce qui véhicule une agréable nouveauté. De fait, sa victoire finale résulte  incomplète et amère, une rareté. L'action ne prive pas le récit de sa dimension psychologique. Le destin tragique d'un Redman, écartelé entre deux fidélités, émeut, de même que la soif désespérée de liberté de la résolue mais fragile Hanya. Tous les deux se voient interprétés avec expressivité et talent. Tout ceci demeure certes en terrain connu et les amateurs de 007 s'amuseront à constater que, 50 ans plus tard, Skyfall narre identiquement la traque de la liste des agents britanniques infiltrés. Simon a bien de la chance de vivre dans les Sixties, une simple feuille de papier s'avérant moins volatile et plus facilement destructible qu'un fichier informatique ! Si le Saint n'est pas, lui, confronté à un Génie du Mal, l'opposition demeure suffisamment convaincante pour animer ce récit d'espionnage, guère novateur mais au combien stimulant.

  • On retrouve le Major Carter, de l’Intelligence Service, qui avait déjà fait appel au Saint lors de The Helpful Pirate. Il est interprété par Jack Gwilim,qui a servi 20 ans dans la Royal Navy, avant de devenir comédien et membre éminent de la RSC. Spécialisé dans les rôles d’autorité, il jole Sir harper dans Le tigre caché.

  • Penelope Horner (Hanya) interprète Jenny dans l'épisode des Avengers, The Morning After. Elle figure dans de nombreuses séries anglaises des années 60 et 70, dont Amicalement vôtre.

  • Comme souvent dans la série, une peinture en trompe-l'œil simule un couloir, lors de la scène suivant le générique (3’18’’).

  • L'épisode bénéficie de nombreux extérieurs londoniens, en lieu et place des usuels inserts.

  • Lors de son voyage en train de Berlin à Leipzig, le Saint lit Black Bonanza. Publié en 1950, ce livre narre l’épopée de l’exploitation pétrolifère en Californie. Ce n’est pas le moyen le plus sûr de passer inaperçu en RDA !

  • Plusieurs sites londoniens sont aperçus au cours de l'épisode : Westminster Bridge, l'aéroport d'Heathrow, Downing Street...

  • Les évènements prennent place dans le cadre de la foire internationale de Leipzig,  généralement considérée comme la plus ancienne au monde. Cette tradition remonte aux privilèges impériaux accordés à la ville durant le Moyen-âge. Ces grands carrefours commerciaux ont puissamment contribué à la prospérité et à la modernité de la ville, ainsi qu'à son rayonnement international. Elle est ainsi aujourd'hui le siège de très nombreux consulats. Rétablie dès 1945, la foire de Leipzig fut effectivement amoindrie mais non supprimée par l'instauration du Rideau de fer. La RDA désirait s'imposer comme la vitrine économique de l'Europe de l'Est et accueillit de nombreux visiteurs, notamment français. La foire de Leipzig devint l'un des rares espaces d'ouverture et d'échanges entre l'Est et l'Ouest, ce qu'exprime parfaitement l'épisode. La foire de 1989 fut le point de départ des évènements devant amener la chute de la RDA et du Mur de Berlin.

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12. LE FUGITIF
(LOCATE AND DESTROY)

Date de diffusion : 16 décembre 1966

A Lima, le Saint vole au secours, d’Henry Coleman, riche propriétaire d’une mine, agressé par deux bandits. Simon découvre cependant que Coleman est un fait Hans Kroleich, un ancien nazi responsable de bien des atrocités. Réfugié au Pérou sous une fausse identité il est en fait aux prises avec des agents israéliens désireux de la traduire en justice. Le Saint se range de leur côté. Coleman enlève alors la jeune Maria, fille du médecin local. Le duel final va se dérouler dans sa mine.

L’épisode séduit d’emblée, grâce à de superbes vues du centre historique de Lima, superbe cité trop méconnue et surtout par l’originalité de son thème. Hélas, l’on ne ressent que plus durement le prompt retour à des chemins ultra balisés, qui plus est parcourus sur un rythme assez paresseux. Derrière le voile promptement évanoui, on retrouve derechef la damoiselle en détresse chloroformée ou les allées et venues répétitives destinées à meubler. Tout ça pour ça, y compris des affrontements moins spectaculaires que de coutume. Le final de rigueur déçoit particulièrement sur ce point. De manière caractéristique, hormis la péripétie initiale, le groupe israélien demeure totalement inopérant, laissant bien sagement place nette au Saint et multipliant les commentaires stériles, au lieu de susciter un véritable enrichissement narratif. Et cela alors même qu’il est censé constituer un groupe ultra motivé et d’élite (comme dirait le Général de Gaulle). Toutefois, le Saint est aussi une série d’acteurs et l’épisode doit une fière chandelle à ceux-ci, qui l’empêchent de sombrer inexorablement dans l’ennui.

John Barrie accomplit une saisissante performance, exprimant avec brio la double nature de Coleman, avec une violence pathologique transparaissant sous le vernis débonnaire et urbain. Les amateurs des Avengers auront le vertige en découvrant la Julia Arnall, impitoyable tueuse très connotée nazie dans Intercrimes, incarner au contraire une épouses effondrée par la découverte de la véritable nature de son mari. Il reste dommage que le personnage soit essentiellement utilisé pour une conclusion inutilement mélodramatique. On s’amusera aussi à reconnaître des acteurs totalement à contre emploi de rôles marquant, tels Roger Delgado (la Première Incarnation du Maître dans Doctor Who) en policier incorruptible ou la jeune Francesca Annis en jeune fille effacée, loin de la pétulante Tuppence. On apprécie également des décors réussis et évocateurs avec aussi de nombreuses publicités espagnoles déjà vues dans The Reluctant Revolution), mais l’épisode n’en demeure pas moins lent et décevant.

  • Julia Arnall (Ingrid) nait à Vienne et, ayant effectivement passé son enfance à Berlin, elle gagne la Grande-Bretagne après avoir épousé, en 1950, un officier du contingent d’occupation. Elle connaît une vraie popularité durant les années 50 en tant que mannequin et actrice de cinéma (Lost, 1955), puis réalisera quelques apparitions au petit écran durant la décennie suivante (Destination Danger, Dixon of Dock Green…). Sa carrière d’actrice ne se poursuivra cependant pas au-delà des années 60, dont elle demeure une petite icône glamour. Dans le Monde des Avengers, elle incarne la  glaciale Hilda Stern, tueuse à la solde d'Intercrime.

  • Francesca Annis (Maria) est une grande actrice shakespearienne et une figure de la RSC. Elle a interprété les grands rôles du Barde sur tous supports mais s'essaie égalent dans d'autres domaines. Elle incarne ainsi Tuppence dans la version télévisée de Partners in Crime d'Agatha Christie mais aussi Jessica dans le Dune de David Lynch.

  • Le thème de Locate and Destroy se situe dans l’air du temps, les années 60 voyant se dérouler nombre de spectaculaires captures d’anciens dignitaires nazis réfugiés en Amérique du Sud, sous l’impulsion de Simon Wiesenthal. En 1960, la décennie s’ouvre d’ailleurs avec l’enlèvement d’Adolf Eichmann, en Argentine. En août 1966, quelques mois avant la diffusion de l’épisode, Mengele manque d’être pareillement appréhendé au Paraguay. Franz Stangl, qui dirigea l’élimination de 70000 Allemands aliénés ou handicapés, fut arrêté au brésil en 1967, entre autres exemples.

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13. PLAN DE VOL
(FLIGHT PLAN)

Date de diffusion : 23 décembre 1966

Dès son arrivée en gare de Victoria, Diane Gregory manque d’être enlevée par une fausse religieuse, mais elle est promptement sauvée par le célèbre Simon Templar. Mais il s’avère que son frère Mike, un pilote de chasse, a disparu. Il a en fait accepté de livrer à l’Est  l’Osprey, un révolutionnaire jet à décollage vertical et sa sœur devait servir de garantie. Le Saint est parachuté à l’endroit où l’avion doit se ravitailler et met hors d’état de nuire l’opposition. Il convainc Mike, blessé au cours de l’affrontement, de rapporter l’avion en Angleterre, mais doit l’aider à le piloter.

Certes, Flight Plan souffre d’un trop plein de déjà-vu. Toute sa scène inaugurale se rapproche énormément, sur un ton mineur, de son équivalent de The Miracle Tea (saison 3), Victoria se substituant à Waterloo Station. Surtout, si l’on remplace simplement l’Osprey à la liste fatidique, cette histoire où Simon doit ramener un transfuge et son bagage du bon côté du Rideau de fer évoque trait pour trait celle du très récent Paper Chase. Et l’on avouera fort peu goûter que l’on nous repasse ainsi les plats. A sa décharge, cette intrigue ne s’avère qu’un argument ouvrant un récit trépidant, relevant en fait davantage de l’aventure que de l’espionnage. On y trouve intact tout le charme des bandes dessinées d’aviation si populaires à l’époque (Martin Milan, Steve Canyon, Buck Danny ou Natacha, entre autres). Il en va de même de la magie, toujours inaltérée en 2013, de ces avions effilés et vrombissant. Les inserts ascensionnels du Harrier se montrent d’ailleurs aussi impressionnants qu’étonnamment poétiques. Inutile de préciser que le spectateur français éprouvera les pires difficultés à contempler ces images sans évoquer les contemporains Chevaliers du Ciel (cherchant le soleil, ils se rient de la mort).

A-côté d’un récit nerveux, enrichi de superbes vues aériennes, l’épisode tire parti d’une superbe galerie de portraits, tant dans l’opposition que chez les alliés du Saint. Elle se voit portée par une distribution aussi divertissante qu’hétéroclite. On s’amuse ainsi à reconnaitre dans un même épisode le complice de Benny Hill (Henry McGee), ou le sémillant Comte du Five Miles to Midnight d’Amicalement vôtre (Ferdy Mayne), en passant par le tireur de La Porte de la Mort (Marne Mailland), entre autres exemples. S’il confirme ne pas figurer le meilleur acteur de sa génération William Gaunt a considérablement gagné en assurance depuis son apparition dans l’opus Un Traître à Zébra des aventurés de Cathy Gale. Cette fois on sent poindre le futur Champion. Si on mentirait en portant aux nues la finesse de son jeu, la spectaculaire Imogen Hassall dégage une vraie présence et l’on éprouve pour elle une chaleureuse sympathie.  Face à cette sarabande, la charmante Fiona Lewis manifeste du sentiment mais demeure un tantinet effacée. Il ne manque au tonique Flight Plan qu’un scénario moins rabattu parmi les grands succès de la série.

  • William Gaunt (Gregory) a participé à plusieurs séries anglaises des années 60, dont Chapeau Melon (Un traître à Zébra) mais reste bien entendu dans les mémoires pour son rôle de Richard Barett dans Les Champions (1968-1969). Par la suite il refit quelques apparitions dans d’autres séries (Dr Who), mais surtout dans des Soaps tels que No place like home (1983-1987) ou Next of Kin (1995-1996). Formé à la Royal Academy of Dramatic Arts, il mène parallèlement une brillante carrière au théâtre qui le conduira à intégrer la prestigieuse Royal Shakespeare Company en 2007, où il partage l’affiche du Roi Lear et de La Mouette avec Sir Ian Mc Kellen. Alors qu’il avait partagé les bancs de la Moravian School avec Diana Rigg, il retrouve celle-ci sur les planches, dans Humble Boy en 2001, au National Theatre.

  • Imogen Hassall (Nadya) apparut dans plusieurs Spies Shows anglais des années 60, dont Les Avengers, où elle fut Anjali dans Escape in Time.  Elle participe également au pilote d’Amicalement vôtre. Hassall fut une étoile des séries B de la Hammer durant les 70’s. Sa création la plus connue demeure celle d’Ayak, dans Quand les Dinosaures dominaient le Monde (1970). Elle fut surnommée « Countess of Cleavage» (Comtesse du décolleté) et « Queen of Premieres » pour sa propension à apparaître aux premières dans de suggestifs atours, catalysant l’attention des photographes. Elle se suicida par surdose de médicaments, pour une raison demeurée mystérieuse.

  • Plusieurs sites londoniens sont aperçus au cours de l'épisode : Inverness Terrace, l'Albert Memorial, Trafagar Square...

  • L’Osprey est fait l’un des premiers prototypes du Harrier, terme regroupant une famille d’avions à décollage vertical. Ce fer de lance de la technologie de la Royal Air force fut en activité à partir de 1969. Le Harrier était tout d’abord destiné à pallier à une éventuelle destruction des aéroports par bombardement (éventuellement nucléaire), puis fut adapté aux portes avions. En contrepartie de sa mobilité particulière, et contrairement à ce qui est affirmé dans l’épisode, le Harrier demeure subsonique et non supersonique, à l’inverse des autres jets modernes. Depuis 2010, la RAF les remplace par les F-35, plus modernes et supersoniques.

  • La Royal Air Force accepta de communiquer des images du Harrier à la production, mais refusât que celles-ci dévoilassent trop de détails. Les gros plans aperçus durant le ravitaillement en carburant représentent un Electric Lightning, intercepteur supersonique plus ancien, car mis en service dès 1960.

  • A Victoria Station, un grand panneau indique l’arrivée de la Flèche d’Or (Golden Arrow). Il s’agit d’un train Pullman de luxe, qui, couplé à un navire, relia  Londres (Victoria Station) à Paris (Gare du Nord) de 1926 à 1972. Les embarquements s’opéraient à Douvres, ainsi qu’à Boulogne ou Calais. Le développement de l’aérien fut fatal à cette ligne prestigieuse. L’appellation Flèche d’or fut conservée par le Corail équivalent, jusqu’à l’ouverture de l’Eurostar en 1994.

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14. LA ROUTE DE L'ÉVASION
(ESCAPE ROUTE)

Date de diffusion : 30 décembre 1966

L’Inspecteur Teal arrête le célèbre Simon Templar, surpris lors d’un vol de bijoux. Le Saint est incarcéré dans la sinistre prison de Dartmoor, mais il s’agit en fait d’une infiltration menée par les deux compères, destinée à abattre un réseau multipliant les évasions spectaculaires. Simon sympathise avec Wood, truand pittoresque devant prochainement s’enfuir. Après une évasion en hélicoptère, Simon découvre que l’organisation, notamment animée par la perfide Ann, assassine et dépouille ses clients après qu’ils aient récupéré leur butin.

 Certes l’idée d’une infiltration carcérale et d‘un policier ou justicier sympathisant avec un prisonnier pour pénétrer son organisation ou recueillir des informations ne bouleverse pas par son originalité. Mais, comme si souvent chez le Saint, l’important n’est pas le sujet de l’histoire, mais la manière dont on raconte celle-ci. L’intrigue de  Michael Winder maintient un suspense constant jusqu’à son terme et contient nombre d’excellentes idées. Le simulacre initial se poursuit autant qu’il était raisonnablement envisageable, s’enrichissant d’une poursuite automobile et d’autres péripéties finalement inutiles mais rendant palpitant le récit. L’auteur développe un effet miroir habile entre un Wood fruste mais fidèle en amitié et les chefs du réseau, sophistiqués et élégants, mais s’avérant plus crapuleux et déloyaux que leurs clients. On peut y discerner un discours social souvent perceptible chez un Roger Moore fier de ses humbles origines.

L’acteur se montre d’ailleurs une nouvelle fois habile metteur en scène, réussissant plusieurs moments spectaculaires, tels l’évasion en hélicoptère, ou l’affrontement final sur la Manche. Sa caméra demeure toujours astucieusement mobile et il s’offre quelques judicieuses audaces, comme le cambriolage tourné caméra sur l’épaule, une rareté dans la série. Moore a également l’excellente idée de profiter de cette halte anglaise dans les périples du Saint pour ouvrir une fenêtre sur le Swinging London. Cela nous vaut de beaux extérieurs et de typiques chansons au sein d’une caractéristique boite de nuit annonçant certains passages des Persuaders. La charmante chanteuse fait songer à une Vénus Smith plus affirmée, tandis que les amateurs des Avengers apprécieront les convergences avec le sujet d’Escape in Time, la fantaisie laissant bien entendu place à un polar bien huilé. Parmi la distribution relevée de cet excellent épisode, se détachent une parfaite Jean Marsh, en incisive responsable des opérations, et un Donald Sutherland à l’orée de sa carrière, aussi prometteur que lors du Dernier des Sept.

  • Donald Sutherland (Wood).est ici à l'orée d'une grande carrière au cinéma. Il se fait connaître grâce à  Les Douze Salopards (1967) et MASH (1970) qui le catapultent au rang de star. Son parcours sera d'abord émaillé de prestations décalées. Sa pléthorique filmographie contient bon nombre de personnages antipathiques ou excentriques. Il est le père de Kiefer Sutherland (24h Chrono) . Sutherland participe à un épisode de Chapeau Melon, Le Dernier des Sept.

  • Jean Marsh (Ann) connut un immense succès en Grande-Bretagne avec Upstairs-Downstairs. Elle intervient également dans également à I Spy, La Quatrième Dimension, Doctor Who, Amicalement vôtre, Department S, Gideon’s Way, Hawaï Police d’Etat… Au cinéma, Jean Marsh interpréta notamment l’infâme Reine Bavmorda (Willow, 1988). De 1955 à 1960, elle fut l’épouse de Jon Pertwee.

  • L’épisode marque la première apparition de l’Inspecteur Claude Eustache Teal dans un épisode en couleurs.

  • Il s'agit du sixième des neuf épisodes réalisés par Roger Moore.

  • Comme souvent dans la série, une peinture en trompe-l’œil simule un couloir (11').

  • Simon est incarcéré à la prison de Dartmoor, dans le Devon. Inauguré en 1809 et célèbre pour ses hautes murailles en granit, cet établissement de haute sécurité fut longtemps réservé aux criminels les plus dangereux. Dartmoor est référencée à plusieurs reprises dans les aventures de Sherlock Holmes, sous le terme de Princetown Prison, du nom de la localité voisine, aperçue dans l’épisode.

  • Plusieurs sites londoniens sont aperçus au cours de l'épisode : Queensway, l'Old Bailey, Trafalgar Square, Park Street...

  • Dans ses mémoires (Amicalement vôtre) Roger Moore narre l’anecdote selon laquelle Sutherland, totalement possédé par son personnage, écrasait réellement la main du cascadeur suspendu à l’hélicoptère prenant de l’altitude. Il dut lui hurler d’arrêter. Par la suite il communiqua un enregistrement de la scène à Sutherland, qui désirait la montrer aux producteurs américains du futur Les douze salopards. Moore se plait à penser que lui et le cascadeur Leslie Crawford ont ainsi contribué à l’envol de la carrière de Donald Sutherland. 

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15. TENTATIVE DE MEURTRE
(THE PERSISTENT PATRIOTS)

Date de diffusion : 06 janvier 1967

Le Saint sauve la vie de Jack Liskard, premier ministre d’une colonie africaine venu à Londres pour  négocier l’indépendance du pays et victime d’une tentative de meurtre. Liskard fait appel à Simon car il est victime d’un chantage lié à des lettres d’amour écrites à la belle Mary. Celle-ci affirme à Simon que les documents lui ont été volés, mais il découvre qu’elle est liée au complot. Liskard est retrouvé comateux, apparemment après une tentative de suicide. Le Saint soupçonne Anne, son épouse, à qui les lettres sont été envoyées. Mais il s’avère que le responsable est un rival politique.

Le syndrome de réemploi transparent des scénarios frappe de nouveau, tant l’on retrouve ici une trame scénaristique proche du Ministre imprudent de la saison 3, jusqu’au détail nautique près. Quelques précautions ou ravalements de façade sont bien entrepris. Il s’agit cette fois d’un premier ministre d’une colonie et non de la métropole, la belle affaire.  Les motivations de l’opposition sont politiques et non plus vénales, ce qui ne change strictement rien au déroulement des opérations, de même que la complice féminine s’entiche cette fois du Saint. Le passage à la couleur ne fait que souligner un mise plus indigente qu’à l’ordinaire et demeurant souvent confinée en décors, au long d’un scénario passablement bavard.

Fort heureusement, à côté  d’un Claude Eustache toujours réjouissant, l’épisode peut s’appuyer sur un double coup de maître concernant le casting. La présence d’une excellent Edward Woodward, bien avant Equalizer, suscite une authentique curiosité. Judy Parfitt, au talent bien connu des amateurs des Avengers, se montre une nouvelle fois admirable avec le saisissant tableau d’une épouse délaissée et à la dérive, trouvant refuge dans la rage impuissante et l’alcool, mais toujours amoureuse. Les deux comédiens apportent toute une dimension dramatique supplémentaire à un récit par ailleurs convenu, jusqu’à une heureuse réconciliation. Tout en s’accordant parfaitement avec Roger Moore, leurs scènes en commun demeurent les plus marquantes d’un remake inavoué et en demi-teinte.

  • Edward Woodward (Liskard), acteur et chanteur reste dans les mémoires pour les séries Callan et Equalizer, pour lequel il remporte le Golden Globe en 1987, ainsi que pour le film d'horreur culte The Wicker Man (1973). Ancien de la RADA, il connaît également une belle carrière théâtrale, au West End et à Broadway.

  • Judy Parfitt (Mme Liskard) est apparue dans quatre épisodes des Avengers: Le Point de Mire, L’éléphant blanc, Remontons le temps et George et Fred. Elle reste une des actrices ayant le plus fréquemment apparue dans les séries des années 60 et 70 (Adam Adamant lives !, Z-Cars, Poigne de fer et séduction, Le Saint…) Judy Parfitt a également participé à de prestigieuses adaptations littéraires (Hamlet, 1969). Encore active aujourd’hui, elle a tenu un des rôles principaux du magnifique film La jeune fille et la perle (2003).

  • Plusieurs sites londoniens sont aperçus au cours de l'épisode : Lodge Road, Westminster Bridge, Victoria Station...

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16. LES CHAMPIONNES
(THE FAST WOMEN)

Date de diffusion : 13 janvier 1967

Au circuit de Brands Hatch, le célèbre Simon Templar fait la connaissance de deux femmes pilotes, la blonde Cynthia et la brune Teresa. Toutes deux se détestent, étant de féroces rivales, en compétition comme dans en amour. Teresa semble ainsi très attirée par Godfrey, le mari de Cynthia. Quand cette dernière est victime d’une tentative de meurtre, la Saint soupçonne Teresa. Il parvient à mettre la main sur le tueur professionnel, qui est abattu avant de révéler son commanditaire. Simon décide de tendre un piège en simulant un accident mortel de Cynthia.

L’épidémie de redites de scénarios continue à inexorablement s’étendre au fur et à mesure que la série s’allonge. Avec The Fast Women on retrouve évidemment de nombreux éléments du The Chequered Flag de la saison 4 : la compétition entre deux écuries, un criminel mystérieux, une course à suspense comme final, le Saint aux commandes d’un bolide, etc. Mais, contrairement au récent The Persistent Patriots, l’intrigue comporte quelques changements significatifs vis-à-vis de l’original, dont bien entendu l’inversion du genre des protagonistes. Cela change bien entendu  absolument tout à l’atmosphère comme aux interactions avec le héros. Un phénomène bien connu des amateurs des Avengers ayant connu pareil phénomène lors du passage de Death of a Great Dane à The £50,000 Breakfast.Surtout l’intrigue n’est finalement qu’un prétexte à une immersion encore plus aboutie que précédemment dans le monde des courses automobiles des Sixties, si décontractées et joyeuses par rapport à aujourd’hui.

La mise en scène bénéficie de superbes et nombreux inserts de courses, ainsi que de vues filmés depuis l’intérieur des bolides. L’ensemble s’avère passionnant et intégré à l’action sans artificialité. Evidemment l’indulgence est requise lors des scènes de cockpit sur fond bleu, mais la couleur nous vaut de belles découvertes des voitures de l’époque. L’ensemble du travail de production se montre de qualité de même que la distribution avec des acteurs et actrices tous idéalement dans leu emploi : Jan Holden en Anglaise demeurant avant tout une femme du monde, Kate O’hara en Italienne pittoresque et extravertie ou John Hollis en tueur. Le numéro de music-hall de celui-ci nous vaut une scène originale et spectaculaire, aux couleurs astucieusement surchargées, très Avengers. Evidement la présence du surdoué John Carson désigne d’emblée le coupable, mais qui s’en soucie ? L’essentiel réside bien dans ce plaisant témoignage sur les sports mécaniques de l’époque.

  • John Carson (Godfrey) a également participé à plusieurs épisodes des Avengers : Le clan des grenouilles, Seconde Vue, Meurtre par téléphone (le sinistre Fitch) et Le baiser de Midas. Cette acteur polymorphe a participé à une multitude de séries  mais c’est au cinéma qu’il a connu ses plus grands succès, jouant dans de nombreux films d’horreur, notamment dans les productions de la Hammer : The plague of the Zombies (1966), Taste the blood of Dracula (1969), Captain Kronos-Vampire Hunter (1974). Sa voix particulière l’a souvent fait comparer à Christopher Lee, une autre étoile de la Hammer.

  • Kate O'Mara (Teresa) fait ses débuts au théâtre dans Le Marchand de Venise (1963) et elle tourna dans des films d'horreur de la Hammer au début des années 70. Elle se concentra sur le théâtre et la télévision (Destination Danger, Le Saint – trois épisodes, Les Champions, Département S, Paul Temple, Jason King, Poigne de Fer et Séduction, Le Retour du Saint, Mission Casse-Cou, Dynasty, Dr Who, Absolutely Fabulous…). Elle a fondé une compagnie théâtrale dans les années 80 et elle a écrit deux livres au début des années 90. Dans Le Visage, (Chapeau Melon), elle interprète Lisa.

  • Jan Holden (Cynthia) a joué dans deux épisodes des Avenegrs: Les Fossoyeurs (saison 3) et Meurtre par téléphone. Comédienne de théâtre réputée, elle connaît également de nombreux succès au West End. De 1952 à 1973, elle fut l’épouse d’Edwin Richfield, acteur apparaissant dans six épisodes de Chapeau melon.

  • Le circuit automobile apparaissant au cours de l'épisode est celui de Brands Hatch, situé dans le Kent. Il a accueilli le Grand Prix de Formule 1 de Grande Bretagne, de 1964 à 1986. C'est également sur ce circuit que surviendra la victoire de la Sinclair Special, dans l'épisode Une rancune tenace, d'Amicalement vôtre. The Fast Women permet d’y découvrir en couleurs plusieurs des magnifiques bolides des années 60, comme la BRM P261 ou la Lotus 25.

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17. LE JEU DE LA MORT
(THE DEATH GAME)

Date de diffusion : 20 janvier 1967 (The Fear Merchants : 21 janvier 1967)

A Londres, la Saint est victime d’une succession de spectaculaires meurtres simulés, après lesquels on lui annonce qu’il vient d’être assassiné. Il s’aperçoit qu’il a été à son insu intégré au Jeu de la Mort, une vaste Murder Party grandeur nature dont raffolent les étudiants en psychologie du monde entier. La jeune Jenny lui fait découvrir cette société, à l’apparence festive et aimable. Mais Simon découvre que le Jeu dissimule un sombre complot, le sinistre Vogler et sa complice Gretl attirant en Suisse les compétiteurs les plus performants, afin de sélectionner de potentiels tueurs à gage surdoués.

Alors que la saison semblait dériver vers une surcharge de remakes plus ou moins convaincants, The Death Game signifie une divine surprise. En faisant appel à de nouveaux auteurs (Junkin et Kruse, qui, hélas, ne reviendront pas), la série trouve ici une histoire profondément novatrice en son sein, grâce à son sujet original et à son ambiance étrange. De plus, alors que l’épisode est diffusé la veille du lancement des tribulations en couleurs d’Emma Peel, les amateurs des Avengers auront le vif plaisir de reconnaître des résonnances de leur série au cours du récit. En effet, celui-ci évoque des éléments de Meurtres à épisodes, des Aigles, de L’invasion des Terriens ou de L’économe et le sens de l’histoire.

Le mix prend bien, suscitant une atmosphère plus décalée qu’à l’accoutumée, marquée par une dégradation savamment progressive. Dans un remarquable effet, les divers rebondissements mènent en effet d’amusantes scénettes potaches à un pur cauchemar. Cette rieuse colonie de vacances helvétique voit sourdre les pulsions homicides, tandis que s’organise l’émergence d’esprits diaboliques, sous la houlette de Vogler. La mise en scène s’élève au diapason, avec tout un travail de photographie et un ensemble de décors subtilement biscornus évoquant le thème prégnant de du dévoiement de l’esprit affleurent sous un brillant et froid intellect. L’environnement informatique souligne cette déshumanisation, tout comme le bureau mégalomane de Vogler.

Plus encore que les étudiants tombant progressivement le masque d’urbanité, l’abyssal Vogler incarne superbement la climat si délétère de l’épisode. George Murcell le hisse au rang de véritable Diabolical Mastermind, avec une aura encore plus sombre que le Needle de Meurtres à épisodes. In constitue un duo marquant avec la spectaculaire Gretl, dont on perçoit aisément que le visage d’ange dissimule un beau cas, comme on dit en psychiatrie. Vêtue d’un simili Emmapeeler rouge écarlate, la magnifique Katharine Scofield situe à l’exact opposé de la douce Sabetha de Doctor Who ! La sympathique et juvénile Jenny (excellente Angela Douglas) apporte un précieux contrepoint aux tueurs en herbe, dont elle pointe par contraste la noirceur. Les amateurs d’action seront également comblés par le duel final entre le Saint et les disciples de Vogler.

  • George Murcell (Vogler) a surtout joué des rôles dans des séries télévisées : Destination Danger, Le Baron, Le Saint, Amicalement Vôtre, Jason King, Les Professionnels, ainsi que deux épisodes des Avengers Square root of evil et Meurtres à épisodes. De très brèves apparitions au cinéma dont des petits rôles dans le pré-générique d'On ne vit que deux fois et The assassination bureau avec Diana Rigg.

  • Angela Douglas (Jenny) est connue pour son rôle outre-Manche dans la série de comédies à succès  Carry On… Elle commença sa carrière en 1959 et elle a tourné dans de nombreuses séries :  Jason King, L'Aventurier, Poigne de Fer et Séduction, Dr Who. Son dernier rôle date de 2005. Elle a joué dans deux épisodes de Chapeau melon : Dance with death et Requiem, où elle incarne Miranda.

  • Katherine Schofield (Gretl), décédée en 2002 d'un cancer, a quitté l'école à 16 ans et a travaillé au pair en France avant de devenir actrice. Elle accomplit plusieurs apparitions dans les séries des années 60, dont Doctor Who (Keys of Marinus) et Chapeau Melon (Les Cybernautes).

  • Fait très rare, dans la série, l'épisode connaîtra une suite dans Un vieil ami, cette même saison. On y retrouvera notamment Vogler.

  • Le Jeu de la Mort s’inspire clairement de l’expérience dite de Milgram, qui vient de défrayer la chronique en 1963. L’la faculté de psychologie de Yale monta un système chargé de mesure de soumission à l’autorité. Des quidams payés pour l’occasion d’envoyer des décharges électriques d de plus en plus puissantes à leur vis-à-vis, en cas de mauvaises réponses à des questions, sous le contrôle une incarnation de l’autorité représentée par une tierce présente. Ce jeu de rôle particulier conduisit à de terrifiants  résultats sur la primauté donnée à l’obéissance vis-à-vis de sa conscience. Près des 2/3 des individus infligèrent la décharge maximale, malgré de signes de souffrance toujours plus manifestes. Le reste se rebella à un moment ou à un autre. Evidemment, il s’agissait de simulations de la part des « élèves », ce qu’ignoraient les « enseignants ». Milgram est représente à de multiples reprises dans la culture populaire. Le fameux compte à rebours dans le bunker de LOST en figure ainsi une réplique.

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18. LES AMATEURS D'ART
(THE ART COLLECTORS)

Date de diffusion : 27 janvier 1967 (Escape in Time : 28 janvier 1967)

A Paris, le célèbre Simon Templar sauve la belle Natasha d’une tentative d’enlèvement. Il en comprend la cause quand il découvre que Natacha possède une superbe collection de peintures. Elle souhaite vendre trois De Vinci, ce qui excite la convoitise deux groupes, allemand et russe. Natacha est la fille d’un officier allemand ayant rapporté ces peintures de Russie. Les Russes, dirigés par  souhaitent leur retour au pays. Après de nombreuses péripéties mouvementées, la jeune femme finit par céder les peintures aux Russes, contre une indemnisation d’un dixième, qu’elle partage avec Simon.

Après l’originalité féconde de The Death Game, on retrouve ici en abondances des situations abondamment usitées précédemment. L’argument en lui même est un claire décalque de celui de The Spanish Cow (saison 4), aves les transpositions habituelles visant à limiter l’effet de déjà-vu. Les tableaux se substituent aux bijoux et l’opposition Allemands/Russes à la confrontation entre les tenants des deux régimes, mais les postures principales demeurent tout à fait semblables. Pour le reste bagarres, enlèvements et substitution d’identité relèvent du quotidien de la série. Mais l’épisode a la bonne idée de se situer à paris, destination de prédilection entre toutes pour Simon. Comme à l’accoutumée on se régale des accents joyeusement caricaturaux et de phrases en français dans le texte, ainsi que de jolis inserts et décors représentant la Capitale. On se réjouit également de la présence de la ST1, la France demeurant la seule destination étrangère où elle figure, sans doute par la grâce des ferrys !

Par ailleurs les péripéties se succèdent à un rythme satisfaisant et ont la bonne idée de rester bon enfant. Voire de virer franchement à la comédie quand un mini vaudeville s’instaure autour des caisses censées contenir les tableaux et infailliblement vidées en secret par un Simon visiblement très amusé. Ce ton très parisien convient à Ann Bell, qui, sans absolument être la meilleure actrice figurant dans la série, apporte du piquant à une Natasha s’avérant une rude cocotte, vénale et au culot d’acier, au demeurant sympathique. Serge, agent soviétique suave, privilégiant l’astuce à la force brute, et au bon droit reconnu, apporte cette fois une vraie originalité à l’opus. Il n’est pas si fréquent de voir le récit se conclure par le Saint sablant le champagne avec l’opposition ! Peter Bowles (que l’on piouvait retrouver le lendemain de la diffusion de l’épisode dans Escape in Time) excelle sur ce registre, très différent du rude agent secret des Evadés du monastère.

  • Peter Bowles (Serge) a tourné dans quatre épisodes des Avengers : Seconde Vue, Meurtre par téléphone, Remontons le temps, et Les évadés du monastère. Il a tourné dans de nombreuses séries ITC des années 60 même si "elles rapportaient plus d'amusement que d'argent" : Le Saint, Destination danger, Département S, Amicalement vôtre, Cosmos 1999. Il est l'infâme A dans l'épisode A, B et C du Prisonnier. Très peu de films à son actif mais des sitcoms au début des années 80. Il s'est tourné vers le théâtre ces dernières années.

  • Ann Bell (Natasha) est surtout remémorée pour sa participation à Tenko, série retraçant le destin de femmes occidentales capturées par les Japonais durant la Guerre du Pacifique. Elle apparaît par ailleurs à de nombreuses séries, tout en étant une importante actrice de voix.

  • Dans la caisse vide censée contenir les tableaux, le Saint a ironiquement dessiné son célèbre emblème, œuvre de Charteris. Il s’agit de l’une des rarissimes apparitions du Templar stylisé en dehors du générique.

  • Le restaurant où Simon rencontre Natasha situe sur les Champs Elysées, dont on aperçoit un insert filmé de nuit. Parmi les gravures de monuments décorant la salle, on reconnaît Notre-Dame de Paris et le Mont Saint-Michel.

  • L’insert du Moulin Rouge montre également une grand néon publicitaire représentant les cigarettes Viceroy. Produites par British American Tobacco à partir de 1936, elles furent les premières à adopter le filtre, en 1952.

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19. ANNETTE
(TO KILL A SAINT)

Date de diffusion : 24 février 1967 (The Living Dead : 25 février 1967)

A Paris, le Saint est victime d'une maladroite tentative de meurtre, perpétrée par la charmante Annette. Verrier, patron de boite de nuit lié au Milieu, est persuadé que le célèbre Simon Templar veut l'abattre, alors que le dénommé Fellows veut racheter son établissement. Il a engagé des tueurs pour frapper le premier et Annette désire ainsi gagner sa confiance, pour s'en rapprocher et exercer une vengeance familiale. Le Saint simule sa propre mort et se fait passer pour l'exécuteur auprès de Verrier. Il s'avère que le responsable de la rumeur est André, bras droit de Verrier, désireux de provoquer sa chute. André est abattu lors d'un affrontement final entre les trois hommes

Tout règle comporte ses exceptions, comme l'illustre ce morose To Kill a Saint, rare escapade décevante du Saint au sein de ce paris lui convenant d'habitude à merveille. Il faut dire que l'épisode prend le parti exactement opposé au précédent et divertissant The Art Collectors, substituant une intrigue inutilement complexe à une histoire judicieusement légère, et des postures souvent mélodramatiques (quel final !) au ton de comédie tirant vers un vaudeville très français. La multiplicité des personnages et des péripéties tirées par les cheveux, conduit à un grand nombre de scènes bavardes, aux personnages datés et empesés. Tout ce polar amidonné donne furieusement envie de se replonger dans un vieux San-Antonio des familles. Afin d'insérer à marche forcée l'inévitable Templar Girl of the Week dans ce qui demeure par essence une histoire d'hommes, le scénariste recoure maladroitement à un biais narratif aussi peu crédible que derechef larmoyant.

Certes les atouts habituels de l'étape parisienne perdurent, entre automobiles (incontournable DS), accents et décors (les quais de la Seine) plaisamment caractéristiques, dont une superbe peinture géante censée figurer Notre-Dame. La distribution résulte une nouvelle fois de qualité. Le charme d'Annette André agit comme à l'accoutumée, ainsi que sa complicité de toujours avec Roger Moore, amis son personnage n’intéresse guère. On regrette que le Commissaire Quercy et son fidèle Inspecteur Leduc prennent congé sur une prestation n'étant pas la meilleure. Les adieux aux condés parisiens succèdent à celui du Colonel Latignant,  ce qui donne l'impression que la série commence déjà à se clore, bien en avance. La morosité ambiante s'en voit encore accentuée, à l'issue d'un épisode bien peu gouleyant.

  • Annette André (Annette) va participer cinq fois aux aventures du Saint.  Dans Chapeau Melon, elle joue également dans Mandrake et Le château de cartes. Née en Australie, elle a débuté sa carrière en 1960 et a participé à de nombreuses séries : Le Baron, Le Prisonnier, Amicalement vôtre, Le retour du Saint.... Elle demeure principalement connue pour son rôle récurrent de la veuve Jeannie Hopkirk, dans les très populaires Randall and Hopkirk (Deceased) (1969-1970). Également chanteuse et danseuse elle est apparue au West End dans plusieurs spectacles musicaux.

  • La couleur de la citroën DS évolue, passant d'un jaune prononcé  à un autre nettement plus clair.

  • Après The Abductors, John Serret interprète à nouveau l'Inspecteur Quercy. Celui-ci apparaît ici pour la dernière fois, toujours accompagné du fidèle Sergent Leduc.

  • La course poursuite automobile se déroule Avenue Marceau, puis Rue Quentin Bauchart.

  • L'hôtel Concorde, où réside Simon, est en fait Sudbury House, une superbe résidence londonienne donnant sur Newgate Street, aujourd'hui démolie.

  • L’épisode fut tourné dans la foulée du précédent The Art Collectors, afin de réutiliser les décors parisiens.

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20. LES FAUX-MONNAYEURS
(THE COUNTERFEIT COUNTESS)

Date de diffusion : 03 mars 1967 (The Hidden Tiger : 04 mars 1967)

Dans la campagne anglaise, Simon vient en aide au pilote d’un avion s’étant écrasé. Mais celui-ci s’enfuit après avoir tenté de l’abattre. A bord, le Saint découvre de la fausse monnaie. L’enquête va le faire remonter un réseau international, dirigé depuis Chamonix par la séduisante et impitoyable Comtesse Nadine. Un premier affrontement se déroule dans une boite de nuit parisienne, où Simon fait la connaissance de la belle Mireille, ainsi que d’Yvette, sosie de la Comtesse.

Comme souvent au sein de cette série, les péripéties ne s‘extraient pas des conventions du genre. Bagarre, voiture aux freins coupés sur une descente montagneuse ou somnifère versé subrepticement dans un verre ne déparent pas d’une imagerie maintes fois vu par ailleurs. Néanmoins, outre des dialogues souvent amusants entre Simon et des dames, l’action se révèle plaisamment soutenue. Les dépaysements successifs du récit apportent un renouvellement bienvenu, de même qu’un souffle supplémentaire, même si aurait apprécié un développement supplémentaire de la découverte de Chamonix. Le cocktail entre suspense et action ressort bien dosé, avec un scénario évitant au maximum les phases verbales statiques.

Les différents personnages font l’objet d’une véritable caractérisation et se voient portés par des comédiens chevronnées, rompus à l’exercice par de multiples participations aux séries de l’époque, dont les Avengers. Derek Newark excelle ainsi en homme de main brutal et le toujours parfait Philip Madoc en patron de night-club davantage sémillant (et anti d’un angora blanc n’étant pas sans évoquer Blofeld). Sur le point d’accéder à la célébrité avec Les Champions, La sublime Alexandra Bastedo bénéficie de davantage d’exposition que lors de Le crime du siècle. Kate O’Mara apparaît en vedette de l’épisode, apportant d’excellentes scènes de séduction matoise vis-à-vis du Saint. Sans résulter absolument saillant, cet opus divertissant se situe dans une très bonne moyenne.

  • Kate O'Mara (Nadine/Yvette) fait ses débuts au théâtre dans Le Marchand de Venise (1963) et elle tourna dans des films d'horreur de la Hammer au début des années 70. Elle se concentra sur le théâtre et la télévision (Destination Danger, Le Saint – trois épisodes, Les Champions, Département S, Paul Temple, Jason King, Poigne de Fer et Séduction, Le Retour du Saint, Mission Casse-Cou, Dynasty, Dr Who, Absolutely Fabulous…). Elle a fondé une compagnie théâtrale dans les années 80 et elle a écrit deux livres au début des années 90. Dans Le Visage, (Chapeau Melon), elle interprète Lisa.

  • Alexandra Bastedo (Mireille) reste évidemment remémorée pour le Rôle de Sharron Mcready dans Les Champions (1968-1969). Elle participe également à Department S, Jason King, Randall and Hopkirk (Deceased)... Elle est généralement considérée comme l'un des plus grands sex symbols des 60's et fait partie des proches du Prince Charles.

  • Philip Madoc (Alzon) est un acteur gallois, ayant étudié à la Royal Academy of Dramatic Art, puis à Vienne. Il a ensuite participé à de très nombreuses séries anglaises des années 60 et70, tout en connaissant une belle carrière au théâtre et à la radio. Il a ainsi joué dans pas moins de cinq épisodes des Avengers : Le décapode, Six mains sur la table, Mort d’un ordonnance, Meurtres distingués et Mon rêve le plus fou. Madoc a également tenu quatre rôles différents dans Doctor Who.  Ses lectures dans des livres audio demeurent très populaires Outre-Manche. Il a soutenu activement le parti nationaliste gallois, le Plaid Cymru. Madoc expliqua avoir surtout joué des rôles de méchants du fait de son physique ténébreux, ce qu’il ne regrette pas car, selon lui, ce sont les meilleurs ! 

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21. DALILA A DISPARU
(SIMON AND DELILAH)

Date de diffusion : 24 mars 1967

Le célèbre Simon Templar visite Cinecittà en compagnie de Beth, chargée de relations publiques. Le tournage du péplum Samson et Dalila se déroule, avec l’éruptive star Serena Harris. Cette dernière, avec son partenaire, est spectaculairement enlevée et le Saint s’aperçoit que nombreux sont les suspects ayant d’exécrables relations avec elle (metteur en scène, mari, agent). Le producteur Vittorini réunit la rançon, que le Saint va suivre afin de remonter la piste.

Qu’importent que les péripéties demeurassent bien minimalistes à l’aune du polar, ou que le coupable devienne évident dès les prémices du récit. Simon et Dalilah (jeu de mot curieusement perdu dans le titre français) s’impose avant tout comme une irrésistible comédie à l’italienne, doublée d’une évocation joyeusement cynique du monde du cinéma. Ce dernier apparaît riche en ego surdimensionnés et en personnage pittoresques, mais surtout dominé par l’appétit du gain, du producteur au dessinateur des décors. Les différents métiers du Septième Art se voient habilement croqués durant les passionnantes mais trop brèves séquences initiales. Celles-ci montrent l’envers du décor des studios d’Estree, tout comme, sur un ton majeur, le grand épisode des Avengers qu’est Epic. Cinecittà constituait décidément un passage autant obligé que réussi pour le justicier international anglais!

Deux duos assurent le succès de cet opus haut en couleurs. Simon et Beth partagent le même regard incisif et amusé sur ce petit univers, avec des dialogues finement ciselés et toute la complicité entre Roger Moore et Lois Maxwell. Les combats de Simon résultent juridiquement plus chorégraphiés et truculents qu’à l’ordinaire, à l’italienne. Le ton tourne à la franche comédie, avec les deux comédiens enlevés, totalement infatués et déconnectés du réel, préoccupés de savoir qui vaudra la rançon  la plus élevée. Le scénario a la bonne idée de les voir tenter de s’évader en reconstituant une scène de films d’aventures, ce qui n’est pas sans évoquer le QQF des Avengers, mais même ici le Saint ne cède pas totalement à la fantaisie ! La superbe Suzanne lloyd, décidément totalement différente d’un épisode à l’autre, donne ici une savoureuse caricature de diva de cinéma, au généreux décolleté effectivement très péplum. Mais le clou du spectacle revient à un Ronald Radd totalement en roue libre, crevant l’écran avec ce producteur surexcité, comediante, tragediante.

  • Ronald Radd (Vittorini) participera à trois épisodes de la série, de même pour les Avengers (Le point de mire, le retour du traître et Mission très improbable). Ce grand acteur de théâtre, aperçu dans de nombreuses séries de l'époque, décédera après une représentation, des suites d'une hémorragie cérébrale.

  • Suzanne Lloyd (Serena), actrice canadienne, accomplit de nombreuses apparitions dans les séries américaines de la fin des années 50 et du début des années 60 (Have Gun-Will Travel, Maverick, Bonanza…). Puis elle s’installa en Grande-Bretagne où elle totalisa six participations au Saint, et fut, bien entendu, la vénéneuse Barbara de Cœur à cœur. Elle mit fin à sa carrière à l’âge de quarante ans. Elle reste également dans les mémoires pour le rôle récurrent de Raquel Toledano dans Zorro.

  • Loïs Maxwell (Beth) naquit au canada et, en mentant sur son âge, participa au théâtre aux armées durant la Guerre, en Europe. Découverte, elle s’installa en Grande-Bretagne pour éviter la cour martiale et intégra en 1944 la Royal Academy of Dramatic Arts comme plus tard une autre canadienne, Linda Thorson. Elle s’y lia d’amitié avec Roger Moore. Après quelques rôles aux États-Unis, elle se consacre à la télévision britannique (Gideon’s Way, UFO, Le Saint, Amicalement Vôtre, Chapeau Melon pour Les Petits Miracles) mais accède à la célébrité avec le rôle de Moneypenny, l’irrésistible secrétaire de M, le supérieur de James Bond. Elle incarna le personnage durant les 14 premiers films de la série, de 1962 (Dr No) à 1985 (Dangereusement vôtre, avec Patrick Macnee).

  • Le chauffeur, emmenant les deux comédiens enlevés dans une très anglaise compagne romaine, entonne le célèbre air Quanto e bella, quanto e cara.  Celui-ci est tiré de l’opéra comique L'elisir d'amore (1832), de Donizetti.

  • Cinecittà, « cité du cinéma », fut inaugurée par le gouvernement fasciste afin de rivaliser avec Hollywood symbole de la puissance américaine, évoquée par Simon dans son préambule. Cet immense complexe cinématographique s’étend sur plus de 60 hectares et comporte tous les dispositifs nécessaires au tournage de films spectaculaires, dont une grand bassin destiné aux scènes en mer. Après que plus de 300 films y soient tournés jusqu’en 1943, Cinecittà connaît un âge d’or durant l’après guerre, avec le Néo-réalisme italien, puis la production de superproductions commanditées par des américains (principalement de péplums), jusqu’au milieu des années 60. Aujourd’hui Cinecittà s’est reconvertie vers la télévision, séries et émissions. Fellini rend un superbe hommage à ces légendaires studios dans Intervista (1987).

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22. LE TRÉSOR MYSTÉRIEUX 
(ISLAND OF CHANCE)

Date de diffusion : 07 avril 1967 (The Superlative Seven : 08 avril 1967)

A l’invitation de Cody, l’un de ses amis, le célèbre Simon Templar se rend dans les Caraïbes. Mais Cody n’a que le temps d’évoquer un mystérieux trésor avant d’être assassiné. Le Saint s’intéresse à l’employeur du disparu, le Dr. Krayford, de même que la journaliste Maria Clayton. Krayford travaille à la mise au point d’une panacée universelle, mais le financement de ses recherches dissimule un sombre secret.

L’épisode compte à son actif une reconstitution réussie de l’atmosphère si particulière des Caraïbes, charriant bien évidemment son lot de clichés, mais telle est la loi du genre. Filmés non sans talents répondent ainsi à l’appel plusieurs passages obligés, tels les meurtres exotiques (sarbacane ou serpent), les calypsos mélodieuses ou les personnalités pittoresques tel l’inspecteur local. Dans la cas de Roger Moore s’y ajoute l’intérêt d’une relative proximité avec Live and let die. D’ailleurs la convergence avec 007 se pimente d’une jolie réplique d’un truand à qui le Saint demande l’origine de l’or : « Goldfinger nous l’a donné, il l’a pris à Fort Knox ».

Ces scénettes, auxquels se rajoutent plusieurs jolis inserts, ne parviennent pas à aérer un récit statique et étouffant, voulant sans doute s’inscrire dans la tradition du roman noir, mais au final s’avérant surtout mélodramatique. Outre un rythme lent subi après un alerte premier quart d’heure, la faute en revient également à une distribution moins talentueuse qu’à l’ordinaire. Les acteurs surlouent sans guère de panache et l’habituellement excellent David Bauer ne peut sauver un Krayford emphatique et déclamatoire. On apprécie toutefois les efforts méritoires de la piquante Sue Lloyd en simili Lois Lane pour électriser cet épisode sentencieux.

  • Sue Lloyd (Maria), récemment disparue, fut danseuse et modèle avant d'être actrice. Elle a tourné dans de nombreux films et séries dont Département S et Amicalement Vôtre. Elle a tenu le rôle récurrent de Cordelia Winfield dans Le Baron. Dans Chapeau Melon Sue Lloyd incarne la secrétaire recevant la visite d'un Steed très en verve (A Surfeit of H2O) . Elle a joué le rôle de Hannah Wild, la partenaire de Steed, dans la pièce de théâtre The Avengers et écrit une autobiographie en 1998 : Well, It seemed like a good idea at the time.

  • Le passage où Simon est confronté à un serpent précède une scène similaire dans le James Bond Live and Let Die (1973).

  • L'île admirée depuis les airs par Marie et Simon est en fait l'île écossaise de Luing, située dans les Hébrides intérieures. Très prisé par les touristes, le site est également réputé pour ses pêcheries de homard.

  • L’épisode fut dans un premier temps intitulé The White Toxedo.

  • L’hydravion censé véhiculer Simone et Maria est un Grumman G-21 Goose. Lancé dans les années 30 et encore en fonction durant les Sixties après modernisation, il connut un grand succès pour les déplacements d’affaires, mais aussi pour les reconnaissances militaires, sauvetages en mer et supports logistiques. Celui vu dans l’épisode est en fait la propriété d’un musée de l’US Navy, à Palm Springs.

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23. PIÈGES EN TOUS GENRES
(THE GADGET LOVERS)

Date de diffusion : 21 avril 1967 (Something Nasty in the Nursery : 22 avril 1967)

Une compagne de meurtres d’agents occidentaux se déroule, mais de nombreux  soviétiques périssent également, victimes de gadgets trafiqués. Alors que la tension va crescendo entre l’Est et l’Ouest, le Saint et le colonel du KGB Tania Smolenko vont s’allier afin de résoudre cette ténébreuse affaire. Leur enquête les mène à Paris, puis en Suisse, d’où a été expédiée une lettre piégée destinée au Colonel. Simon et Tania vont découvrir que les Chinois sont derrière ce complot, cherchant à provoquer un conflit entre les deux Blocs, à leur propre avantage.

The Gadget Lovers constitue une épatante et tonique comédie détournant les Spy Shows occupant largement les petits et grands écrans des Sixties. On s’amuse franchement tout au long de cette aventure échevelée, ponctuée d’explosions cocasses et inattendues (n’importe quoi peut sauter n’importe quand), de scènes emblématiques accentuées jusqu’au pastiche, du gai Paris ou d’apparitions totalement absurdes de Chinois occupant tout un couvent Suisse. Kaos n’est pas loin, de même que les Barbouzes de Georges Lautner (1964). Si l’épisode sait conserver suffisamment de sérieux pour ne pas verser totalement dans la farce, les personnages sont croqués avec une piquante dérision.

Ils se voient également interprétés par d’excellents acteurs, aux côtés d’un Roger Moore particulièrement impérial. Les frustes gros bras soviétiques encadrent idéalement une Tania plus fine, évidement caricaturale, mais sans jamais avoisiner les outrances de l’Olga des Avengers. Si elle cède évidement au charme du Saint, elle n’en représente pas moins le premier personnage féminin de la série à se mêler directement aux affrontements, une précieuse innovation. Le major anglais et le colonel chinois, plaisamment caricaturaux, complètent ce panorama croquignolet de l’espionnite, où bien entendu la partie française se résume au Champagne et aux cabarets de Pigalle.

Mais l’intérêt de The Gadget Lovers se voit doublé par ce qu’il annonce de la future filmographie de Roger Moore. Certes les convergences avec les Avengers demeurent nombreuses, des gadgets létaux de Teddy Bear à l’alliance finalement très proche de Meurtres distingués, en passant par la présence de Campbell Singer (le major Bee de Qui suis-je ???) en responsable britannique assistant similairement au massacre de ses troupes. Mais cette fois c’est avant tout James Bond que l’on a en tête, en particulier l’association voisine avec l’Anya Amasova de The Spy Who Love Me, au scénario très voisin. Les Chinois avaient également été désignés comme tierce force poussant à l’affrontement des Blocs dans You Only Live Twice.

  • Plusieurs scènes caractéristiques répondent également à l’appel, comme l’incontournable smoking, la visite  d’une simili section Q aux amusants gadgets ou Simon harponnant un vilain avant le coup de feu fatidique, tout comme 007 dans Thunderball, mais cette fois avec une brochette flambée ! Au sein de cet environnement très bondien, il s’avère passionnant de contempler Roger Moore roder avec succès son 007, plus homme du monde, facétieux et suave que son (futur) prédécesseur, mais néanmoins diablement convaincant lors des scènes d’action. Sous ses allures de comédie finement dosée, The Gadget Lovers pourrait bien ressembler à une carte de visite transmise à EON Productions.

  • Burt Kwouk (Colonel Wing) apparaît également dans trois aventures des Avengers Kill The King, Quadrille de Homards  et Les Cybernautes.  Il est connu pour son rôle de Cato dans les films de la Panthère rose. Cet acteur anglo-chinois est également apparu dans deux James Bond : Goldfinger (1964) et On ne vit que deux fois (1967). Occupant de très nombreux rôles d’asiatique au cinéma et à la télévision, il connaît une très grande popularité en Grande-Bretagne.

  • Mary Peach (Smolenko), apparut dans de nombreuses productions de la BBC, dont Dr Who. Elle fut un temps considérée comme possible remplaçante de Diana Rigg après que celle-ci eut quitté les Avengers.

  • Le souffle explosion d’une valise piégée dans la section Q locale détruit une vitre, mais celle-ci apparaît miraculeusement intacte par la suite (8’06’’).

  • Quand Tania ouvre la lettre piégée, celle-ci s’enflamme du centre vers la périphérie, il en va inversement quand Simon la jette à l’extérieur.

  • L'action se déroule en Suisse, mais Simon paie le moine avec des Marks allemands.

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24. COPIES CONFORMES
(A DOUBLE IN DIAMONDS)

Date de diffusion : 05 mai 1967 (Who's Who ?? : 06 mai 1967)

A la demande de Lord Gillingham, un joaillier ami de Simon réalise la copie d'un superbe collier de diamants, mais est ensuite assassiné. Le Saint découvre que la commande a été en fait effectuée par, Kate, la secrétaire du Lord, acoquinée à une bande de malfrat désireux de procéder à un échange durant un défilé de mode. Mais le collier volé est lui même une copie, les versions étant portées par des sœurs jumelles mannequins. Déjoué, le gang enlève alors Mary, la fille de Lord Gillingham, mais est finalement dupé par Simon, à Paris.

Ce récit nerveux et aux nombreux rebondissements se suit avec un vif plaisir. Derrière les habituels affrontements opposant le Saint et ses antagonistes, on y retrouve toue la saveur des histoires de chasse au trésor, avec cet insaisissable collier voyageur, dissimulé ses copies. De fait le récit optimise le thème du double, bien connu des amateurs des Avengers, en n’hésitant pas à cumuler jumelles et colifichets ! Le ton itinérant de l’action de l’histoire lui impulse un tonus supplémentaire, d’une famille aristocratique anglaise archétypale au petit monde de Pigalle. On remarque que, si cette saison circonscrit davantage les tribulations du Saint à l’Europe, elle n’hésite pas à faire voyager le héros en cours de récit. Un pari gagnant, de même que le récente prédiction pour l’insertion de chanson.

Sans se départir des clichés coutumiers, l’épisode s’adorne également d’une profusion de jolis minois, ainsi que de très bonnes idées. Il en va ici du notable laps de temps accordé au défilé de mode. Cette originalité au sein de la série s’avère visuellement fort réussie, tant du point de vue des costumes que des charmants mannequins, pour un effet plus glamour que son équivalent de Two is a crowd. Indiquer l’identité des coupables représente un choix judicieux, accordant davantage de liberté pour le développement des péripéties. Outre de pittoresques seconds rôles, On s’amusera également de découvrir Yolande Turner et Cecil Parker restituer le duo Miss Pegram/Glover d’Un petit déjeuner trop lourd, mais dans des positions sociales inversées. Yolande Turner, toujours impeccable, convainc dans ce rôle davantage dramatique qu’à l’ordinaire, à côté de jeunes comédiennes manquante encore souvent de métier.

  • Les jumelles sont interprétées par les sœurs Dora et Doris Graham, qui seront par la suite pareillement associées à l'écran (Dad's Army).

  • Yolande Turner (Kate) eut une carrière limitée à plusieurs apparitions des années 60 et 70. Elle tint cependant trois rôles chez les Avengers. Elle fut ainsi la Miss Pegram de The £ 50,000  Breakfast, la réceptionniste perverse de The Girl from Auntie, amis aussi la voix d'Henrietta dans How to Suceed... at Murder.

  • Durant la scène d'ouverture, on voit que les boutons de manchette du Saint arborent son célèbre emblème.

  • Plusieurs sites londoniens sont aperçus au cours de l'épisode : le Palais de Westminster, le London Wall, Kensington Palace Gardens, etc.

  • La boutique du joaillier se trouve à Hatton Garden. Cette rue située à proximité de la City st effectivement réputée pour ses très nombreuses bijouteries de luxe, tout comme la Place Vendôme à Paris. Elle est également le centre du commerce diamantifère anglais. Cette tradition joaillère remontre au Moyen-âge, lorsque le vieux Londres se structurait en quartiers centrés autour d’activités précises.

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25. UN VIEIL AMI
(THE POWER ARTIST)

Date de diffusion : 19 mai 1967

Le jeune sculpteur Perry s'en prend au célèbre Simon Templar, l'accusant d'avoir des vues sur sa fiancée, Cassie. Mais Perry est assassiné par le sinistre Vogler, désireux de faire porter la responsabilité du crime sur le Saint, afin de venger de la ruine de ses plans (The Death Game). Cassie et le Saint vont s'allier à l'Inspecteur Teal pour révéler la vérité, recevant au passage l'aide d'un groupe de jeunes hippies.

Suite de l’absolument remarquable The Death Game, l’épisode souffre d’apparaître au combien moins ambitieux et abouti que son devancier. Certes l’introduction séduit par son mystère original et sa situation quasi hitchcockienne, voyant le héros plongé dans une situation totalement incompréhensible et menaçante. Sauf qu’ici nous n’avons pas affaire à un quidam dépassé, mais bien à Simon Templar, le Saint ! Après cette mise en bouche, c’est bien simple, tout va de mal en pis. L’intrigue devient statique et s’attarde beaucoup trop dans le studio du défunt artiste, sans doute pour rentabiliser un impressionnant décor, relevé d’art moderne. Les péripéties s’avèrent ensuite convenues et minimalistes, mais surtout lestées du boulet représenté par le groupe des hippies.

D’abord amusante ouverture sur l’environnement contemporain de la série (le fameux Summer of Love s’annonce), au plaisant humour potache, les joyeux hurluberlus lassent rapidement. Ils se montrent répétitifs dans leurs version Sixties du clip Wannabe des Spice Girls et occupent une place toujours plus absurdement prépondérante au sein d’une intrigue s’effilochant concomitamment. Jusqu’à aboutir à un final au débridé qu’inconsistant et inachevé, à l’image de ce que connaît le pastiche de Casino Royale en cette même année 1967.

On pourra apprécier la présence plus importante qu’à l’accoutumée du savoureux Inspecteur Teal (la confrontation avec les Hippies se montre effectivement divertissante) ou les répliques amusantes décochées par une Pauline Munroe ne manquant pas de chien. Surtout George Murcell brille de nouveau en incarnat un derechef sinistre et machiavélique Vogel, clairement connoté Blofeld, et qui bénéficie ici du Retour de la Vengeance de rigueur. Qu’il soit le seul ennemi de Templar a ainsi revenir reste une bonne idée en soi. Mais demeure la sensation d’un épisode cherchant plus à coller avec opportunisme à l’air du temps qu’à bâtir une réelle histoire.

  • George Murcell (Vogler) a surtout joué des rôles dans des séries télévisées : Destination Danger, Le Baron, Le Saint, Amicalement Vôtre, Jason King, Les Professionnels, ainsi que deux épisodes des Avengers Square root of evil et Meurtres à épisodes. De très brèves apparitions au cinéma dont des petits rôles dans le pré-générique d'On ne vit que deux fois et The Assassination Bureau avec Diana Rigg.

  • Pauline Munroe (Cassie) appartient a ces nombreuses charmantes actrices dont la majeure partie de la carrière se résume à de piquantes apparitions au sein des productions des années 60. Elle participe néanmoins à quelques séries marquantes, telles Adam Adamant Lives ! ou Public Eye.

  • Plusieurs sites londoniens sont aperçus au cours de l'épisode : Park Street, Belgrave Square, Trafalgar Square...

  • La voiture des Hippies porte l’inscription Mick Jagger for Premier (« Mick Jagger Premiers Ministre »). Depuis 1965 les Rolling Stones, connaissent la gloire et se situent pleinement dans la modernité. L’album Aftermath marque les esprits, de même que des tubes devenus légendaires, tels Satisfaction ou Paint it black. L’année 1967 voit le groupe accompagner l’arrivée de cette Love Generation évoquée dans l’épisode, avec le très expérimental album Their Satanic Majesties Request. Il fait pièce au Sergent Pepper des Beatles, qui connaitra davantage de succès cette même année. « Les Stones font tout six mois après nous », devait ironiser John Lennon.

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26. QUI EST LE TRAÎTRE ?
(WHEN SPRING IS SPRUNG)

Date de diffusion : 02 juin 1967

Après s'être vanté de pourvoir facilement faire évader un espion soviétique détenu, le célèbre Simon Templar est contacté par l'Intelligence Service, pour qu'il exfiltre John Spring, qui est en fait un agent double. Son épouse se joint à cette demande. Le Saint va faire équipe avec la belle Toby Robins, afin de circonvenir l'Inspecteur Teal, chargé de la surveillance du prisonnier .En fait les services russes se sont fait passer pour les anglais, afin de manipuler le Saint. Mais celui-ci évente la ruse et va prendre ses adversaires à leur propre piège.

La présence du toujours épatant George Pastell, de la Riviera française et de l’emblématique aéroport de Nice-Côte d’Azur permet de boucler joliment la boucle avec The Queen’s Ransom, l’épisode inaugural de la saison. Pour le reste celle-ci s’achève sur un opus non déplaisant mais relativement mineur. L’histoire se contorsionne et s’alambique à l’excès afin de parvenir à la chute souhaitée. Il en découle de nombreuses scènes de mise en place redent le récit bavard et au final très pauvre en action. L’utilisation habile du thème du double jeu, l’un des piliers du récit d’espionnage, maintient néanmoins l’intérêt. Le Saint demeure également agréablement itinérant au sein d’un même épisode et voit son amitié avec Claude Eustache agréablement mise en avant.

La mise en scène ne peut guère susciter d’étincelles dans ces conditions et doit s’appuyer sur des décors plus minimalistes qu’à l’accoutumée. Une faiblesse compensée par de nombreux extérieur agrémentés de superbes voitures d’époque et de plans de Mews ressemblant trait pour trait à la rue où réside un certain John Steed. Au sein d’une distribution assez automne, les amateurs des Avengers auront le plaisir de reconnaître un Allan Cuthbertson nettement au-dessus. L’un dans l’autre un épisode respectable, souffrant surtout d’une incapacité à apporter une conclusion relevée à cette saison par ailleurs réussie. Il faut dire que jamais la série ne marquera cette occurrence par un opus particulier, les cliffhangers conclusifs étant encore rarement à la mode dans les Sixties, hormis chez le Docteur.

  • George Pastell (Vulanin), figure régulière d’antagoniste étranger, participa quatre fois à la série et joua Arkadi dans Honey for the Prince (Chapeau Melon).

  • Allan Cuthbertson (Hannerly). Né en Australie, il est arrivé en Angleterre en 1947. Il joua dans quatre épisodes de Chapeau Melon : The Deadly Air, Mort en magasin, La porte de la mort et Le document disparu.

  • Plusieurs sites londoniens sont aperçus au cours de l'épisode : l'Old Bailey, New Scotland Yard, le Foreign Office.

  • Cette saison les aventures du Saint se seront déroulées en Angleterre, en Ecosse, en Irlande en Suisse, à Monaco, en Italie (Venise et Rome), en France (Paris, Côte d’Azur et Chamonix), au San Pablo (Amérique du Sud), aux Caraïbes, au Pérou, en Hollande, en RFA et en RDA.

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Images capturées par Estuaire44.

 saison 4 saison 3

Le Saint (1962-1969)

Saison 4


1. SABOTAGE
(THE CHEQUERED FLAG)

 

 

Date de diffusion : 01 juillet 1965

Une nouvelle jeune femme en détresse appelle à l’aide le célèbre Simon Templar. La charmante Catherine lui apprend qu’un certain Oscar Newley tente de s’approprier le moteur de voiture révolutionnaire inventé par son père, désormais défunt. Oscar, ancien coureur automobile, est un entrepreneur en constantes difficultés financières. Le Saint mène l’enquête dans le milieu des courses automobiles, en se faisant passer pour un investisseur, mais finit par sympathiser avec le pittoresque Oscar. Il va s’avérer que l’affaire est tramée par l’un de ses rivaux, dont la sœur, la belle Mandy, n’est pas insensible au charme du Saint et ne le dissimule absolument pas.

Sabotage  se montre tout à fait solide et entrainant, dans la droite lignée de la série. Comme avec la boxe pour le prochain The Crooked Ring, le récit, encore une fois très classique (et déjà vu à plusieurs reprise s au cours de la série), s’enrichit en recourant à un sport traditionnellement viril, ici la compétition automobile. Les ressorts résultent vraiment similaires, avec notamment Simon participant à la course tout comme il montera sur le ring. Pour le reste on se régale avec la trogne des différents messieurs rencontrés, grâce aussi à deux Templar Girls toniques et tout à fait charmantes. Les divers épisodes visionnés jusqu’ici confirment d‘ailleurs à quel point ce dernier élément s’avère crucial dans le jugement porté sur un épisode du Saint ! Par ailleurs on comprend aisément  la fréquence des apparitions de Justine Lord dans la série.

L’intrigue tente quelques twists mais le faux coupable s’avère d’entrée trop sympathique et direct pour que cela fonctionne vraiment. Mais les belles images de sports mécaniques rendront évidemment l’épisode très appréciable, d’autant que l’œil se régale à foison, malgré quelques évidents trucages d’époque (on se croirait par moments sur la voiture jouet de la fin de la Chasse au trésor). Pimentée avec humour, l’ambiance particulière des courses des Sixties est bien rendue. Encore artisanale et décontractée, elle n’a rien à voir avec les énormes machineries d’aujourd’hui. Les dialogues, toujours impeccablement servis par Roger Moore, demeurent souvent plaisants. On apprécie vivement la malice et la bonne humeur du tag final de cet épisode très à la Michel Vaillant. Un spectacle réellement divertissant.

  • Justine Lord (Mandy) participe à pas moins de sept épisodes du Saint ! L'actrice est une figure régulière des séries anglaises de l'époque (dont les Avengers pour Combustible 23). Son rôle le plus connu demeure celui de Sonia, que poursuit le N°6 dans La mort en marche, fameux épisode narratif se déroulant hors du Village. Elle y porte pas moins de neuf costumes différents, tous blancs!

  • Pamela Conway (Catherine) est l'une de ces charmantes jeunes femmes réalisant diverses apparitions dans les productions des années 60. Elle incarne ainsi la jeune femme assassinée sous la douche lors de l'introduction du Décapode (Chapeau Melon, saison 2). Sa carrière ne s'étendit pas au delà de cette décennie et sa participation au Saint est déjà son avant dernier rôle.

  • Edward de Souza (Beau Ellington) devait retrouver Roger Moore dans The Spy who loved me, où il joue le Sheikh Hosein.

  • A l'évidence c'est la même voiture qui est utilisée pour les gros plans sur les visages des deux concurrents.

  • Le circuit automobile apparaissant au cours de l'épisode est celui de Brands Hatch, situé dans le Kent. Il a accueilli le Grand Prix de Formule 1 de Grande Bretagne, de 1964 à 1986. C'est également sur ce circuit que surviendra la victoire de la Sinclair Special, dans l'épisode Une rancune tenace, d'Amicalement vôtre.

  • Le titre original fait référence au drapeau noir et blanc à damier, traditionnellement utilisé pour marquer le passage de la ligne d’arrivée des courses automobiles. Le départ est lui donné avec le drapeau national local. Le drapeau à damier est apparu en 1904 aux Etats-Unis, lors de la toute première course officiellement organisée (coupe Vanderbilt, à Long Island) et  s’est ensuite progressivement généralisé.

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2. VOYAGE À PARIS
(THE ABDUCTORS)

 

Date de diffusion : 08 juillet 1965

La belle Madeline Dawson a gagné à la loterie un week-end à Paris, l’un de ses grands rêves. Mais le séjour la déçoit quelque peu, du moins jusqu’à ce qu’elle y rencontre le célèbre Simon Templar. A ses côtés, la vaillante jeune femme va participer au combat contre une conspiration étrangère visant à enlever un célèbre scientifique, où interviennent également la police et le Deuxième bureau français. Après moultes péripéties et rebondissements, Madeline conservera un grand souvenir de son séjour parisien !

Irrésistible escapade à Paris, romantique et mouvementée, que nous présente The Abductors. Si la réalisation joue relativement moins la carte du pittoresque humoristique que les épisodes équivalents des Avengers (les pandores de Pantruche ne résultant pas pires que ceux de Londres), elle manifeste néanmoins un vrai soin dans la reconstitution française, incluant toujours un élément culturel dès que possible. Un vrai feu d'artifices, agréablement daté. On apprécie particulièrement le superbe insert de l’aéroport international d’Orly, alors flambant neuf (il vient d’être inauguré en 61 par le Général). Quand on connaît un peu les lieux, on s’amuse ensuite de constater à quel point le décor montré n’a rien à voir avec la réalité, ce qui n’empêche pas un magistral message publicitaire pour Air France ! Le passage de l’hôtel montre le même esprit de vaudeville que l’équivalent d’Amicalement vôtre, lors du très parisien Un drôle d’oiseau. Si, comme souvent, l’intrigue reste ultra classique, ses effets se montrent percutants et efficaces, même si jouant trop sur les coïncidences (le tueur qui quitte l’hôtel au moment au Simon arrive, l’autre tueur qui quitte la chambre quand Simon arrive, l’hélicoptère des tueurs qui se pose quand… etc.).

Mais l’essentiel réside ailleurs, dans le cadeau fastueux que représente le casting particulièrement relevé de l’épisode, avec nombre des comédiens importants des Avengers, tous absolument remarquables dans des rôles évoquant ceux de Chapeau Melon. On se régale particulièrement avec Dudley Foster, vraiment impérial en adversaire coriace et impitoyable de Templar. Les amateurs du Docteur seront également à la fête avec un Nicolas Courtney aux antipodes du Brigadier ! Mais le cœur vivant, et en définitive la vraie vedette, de The Abductors demeure la toujours si craquante et adorable Annette André, aussi irrésistible dans ce rôle que dans Mandrake. Son personnage (très à la Mylène Demongeot) résulte particulièrement attachant et justifie pleinement ce séjour à Paris, The Most Romantic City in the World. On n’oubliera pas non plus l’émouvante grisette de Pigalle, assassinée lors d’une scène particulièrement éprouvante. Au total un vrai coup d’enthousiasme pour cet épisode enlevé et formidablement interprété. Décidément la France (Paris ou la Riviera) constitue un parfait écrin pour les séries anglaises de l’époque !

  • Annette André (Madeline) va participer cinq fois aux aventures du Saint. Dans Chapeau Melon, elle joue également dans Mandrake et  Le château de cartes. Née en Australie, elle a débuté sa carrière en 1960 et a participé à de nombreuses séries :  Le Baron, Le prisonnier, Amicalement vôtre , Le retour du Saint.... Elle demeure principalement connue pour son rôle récurrent de la veuve Jeannie Hopkirk, dans les très populaires Randall and Hopkirk (Deceased) (1969-1970). Également chanteuse et danseuse, elle est apparue au West End dans plusieurs spectacles musicaux.

  • Une fois de plus l'Inspecteur Quercy est interprété par un nouvel acteur, cette fois John Serret, grand spécialiste des rôles de français dans les productions anglaises. Il jouera de nouveau Quercy dans To Kill a Saint.

  • Leduc gare sa voiture exactement au même endroit, à deux reprises.

  • Le château Belleville où est emmenée Madeline est en fait Haldon House, dans le Devon. Édifiée au début du XVIIIème siècle, la résidence est désormais un hôtel de grand luxe. Marconi y réalisa quelques unes de ses toutes premières expériences de radiodiffusion. 

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3. LE CHAMPION
(THE CROOKED RING)

 

 

Date de diffusion : 15 juillet 1965

La charmante Connie sollicite l’aide du célèbre Simon Templar. Son fiancé, Steve, prometteur boxeur, va affronter  sur le ring un terrible adversaire, The Masked Angel, et elle craint une catastrophe. Simon s’aperçoit que l’Ange a la facheuse habitude de remporter des matchs contre des opposants supérieurs, car ces derniers perdent brusquement connaissance (voire décèdent) .Il soupçonne des matchs truqués par le manager ‘Doc’ Spangler. Après une enquête difficile dans le monde de la boxe, le Saint ne parvient pas à percer le secret du gang. Quand Steve est blessé, il se décide à affronter l’Ange sur le ring, afin de découvrir comment les matchs sont truqués.

Episode tout à fait plaisant que The Crooked Ring. Evidemment, on pourra toujours tiquer sur une histoire derechef classique de matchs truqués (malgré l’astuce du modus operandi), mais l’ambiance du monde de la boxe, efficacement reconstituée, apporte une vraie valeur ajoutée à l’intrigue. De plus les adversaires du jour ont des trognes vraiment pittoresques ! Le boxeur et sa charmante fiancée ne se limitent pas à de simples prétextes et se montrent au contraire très attachants, ce qui apporte un enjeu supplémentaire au récit. L’épisode joue et gagne sur le clou final qu’est le combat de boxe de Simon Templar, que l’on sent évidemment venir depuis le commencement, mais qui tient toutes ses promesses. Sa mise en scène se montre tout à fait… Percutante, bien supérieure à celle du Killerwhale, en saison 2 des Avengers. D’ailleurs entre les deux épisodes celui du Saint l’emporte globalement par KO.

La participation au combat d’un Roger Moore tonique et convaincant se révèle un atout maître, par rapport aux doublures des Avengers ou aux prestations disons pleines de bonne volonté de Patrick Macnee (The Decapod). Moore excelle également lors de la pétillante de provocation dans la loge de ses antagonistes. Le passé de boxeur du cascadeur Nosher Powell, ayant par ailleurs participé à Chapeau Melon apporte un surcroît de crédibilité à un épisode déjà solide. L’ensemble de la distribution convainc et Jean Aubrey insuffle une indéniable vivacité à son juvénile personnage. La conclusion de l’épisode se montre particulièrement divertissante, quand Simon estime ironiquement qu’aller voir du catch est une garantie contre les matchs truqués !

  • Nosher Powell (The Masked Angel), appartint à une  importante famille de cascadeurs. Il réalisa en outre plusieurs brèves apparitions en tant qu’acteur, non créditées, dans les productions anglaises des années 60 et 70. IL avait également connu une belle carrière de boxeur poids lourds, étant notamment le sparring partner de Sugar Ray Robinson et Muhammad Ali, notamment. Powell participe à trois épisodes des Avengers : Mission... Highly Improbable, The Morning After et Take Me to Your Leader. Il décède le 20 avril 2013, dans son sommeil.

  • Plusieurs peintures tiennent lieu de décor, notamment pour les combats sur le ring ou le déplacement en voiture de Max.

  • Le footing de Simon et Steve se déroule en surimpression sur une photographie. 

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4. UN BON DÉTECTIVE
(THE SMART DETECTIVE)

 

 

Date de diffusion : 22 juillet 1965

Le détective privé Peter Corrio devient fameux sous le surnom de The Gem Detective, car ces derniers mois, il parvient  à résoudre plusieurs affaires liées à des vols de bijoux. Le Saint se méfie du personnage et de ses étonnants succès, d’autant que qu’il vole à la rescousse de la belle Janice, sœur d’un homme arrêté par Corrio, dont elle assure qu’il a été victime d’un complot.  Le Saint va s’intéresser à une grande exposition d’émeraudes dont Corrio a assuré la sécurité, affirmant qu’elle était à l’épreuve de toutes les tentatives de cambriolage. L’Inspecteur Teal ouvre également l’œil. Il va s’avérer que Carrio n’était qu’un escroc, en fait désireux de s’emparer des pierres !

La traditionnelle scénette d’introduction commence par un savoureux pitch de Simon à propos de la magie des  émeraudes, avant de basculer fans un dialogue considérablement plus convenu avec Claude Eustache. Cette déception est à l’image de l’ensemble de The Smart Detective. En effet un sujet captivant, le duel entre les méthodes de Simon et celle d’un Profiler avant l’heure que nous promet leur première rencontre, vire vite au polar tout à fait classique. L’intrigue n’est pas sans astuce (on pense un peu à Trop d’indices) et se ménage quelques twists réussis (la trahison de la Templar Girl, le piège tendu à Simon) mais manque tout de même d’allant et de combustible. Le scénariste tire visiblement à la ligne avec une poursuite automobile conventionnelle et un final clairement délayé. On devine immédiatement que Simon n’est pas tombé dans le panneau et le recours à la gaine d’aération s’avère si banal que toute cette trop longue séquence manque terriblement d’intensité.

Il en va de même pour les acteurs secondaires, le méchant du jour manquant vraiment trop de panache et sa complice de chien. Les combats paraissent également très faibles, le prétendu champion d’arts martiaux se bat toujours avec le même risible coup de tranchant, on croirait un Cybernaute en fer blanc. La « vieille dame pittoresque » supposée nous divertir nous fatigue rapidement, c’est tout à fait vrai que les Avengers ont été plus savoureux là-dessus. Roger Moore sauve l’épisode, aidé par des dialogues aussi fringants que lui. Le Saint se montre joliment incisif face à son terne adversaire. Par ailleurs on a droit de nouveau à quelques extérieurs réussis autours de curiosités architecturales (Queen’s Gate, immeuble très design d'Hendon Hall Court…). Par contre le Saint réside dans une rue vraiment très quelconque ! Un épisode assez mineur.

  • La ST1 est filmée à l'envers, comme l'indique sa plaque minéralogique (20')

  • Le nom du navire, Miss Dallas, n'est visiblement pas peint sur la coque, mais simplement inscrit sur un autocollant.

  • Plusieurs sites londoniens sont découverts au cours de l'épisode : Baker Street, Westminster Bridge, Queen's Gate...

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5. LES TROIS MADAME ODDINGTON
(THE PERSISTENT PARASITES)


 

Date de diffusion : 29 juillet 1965

Le milliardaire vieillissant Waldo Oddington convie ses trois ex épouses à une fête donnée sur une île qu’il possède au large de Monaco. Il leur a promis une belle surprise, mais va en fait leur présenter sa prochaine promise, la jeune française Nadine. Waldo invite également le célèbre Simon Templar à la party, ainsi que d’autres proches. Waldo est alors assassiné et il s’avère qu’il est ruiné, ne possédant plus qu’une importante assurance vie. Le Saint va mener l’enquête pour déterminer quel(le) invité(e) est le(la) coupable.

Au fil et à mesure que déroulent les épisodes du Saint, se révèle une faiblesse de la série. Non seulement la nature de ses scénarios s’avère le plus souvent extrêmement classique (ce qui n’entrave pas la saveur de la narration et de l’interprétation), mais il apparaît désormais de plus en plus visiblement que de mêmes idées se recyclent d’un opus à l’autre. Ici on retrouve un Whodunit à l’Agatha Christie, et il s’avère traité exactement selon les mêmes tempos et structures que les précédents, le mimétisme se révélant particulièrement fort avec The Arrow of God. L’effet de déjà-vu joue à plein, d’autant que là encore le réalisateur échoue à animer le huis clos, terriblement statique au sein de décors assez ternes. On se console avec de nombreux superbes inserts de Monaco et de la Riviera. On remarque d’ailleurs que, à l’instar des futurs Persuaders, la France de Simon se limite strictement à Paris et à la Riviera !

Toutefois The Persistent Parasites joue pleinement les quelques cartes lui restant en main. La reconstitution française se perçoit  toujours comme aussi exotique que plaisamment caricaturale. Ah, ses nuits de la Riviera, bercées par un accordéon langoureux entonnant Au Clair de la Lune !  Le charmant accent français de Nadine apporte aussi à l’atmosphère, sans excès inutile. L’interprétation demeure d’ailleurs le grand atout coutumier. Arnold Diamond nous régale d’un de ses meilleurs numéros du pittoresque colonel Lattignant, à la fois plus amusant et plus fin  que se collègues parisiens, tandis que Cec Linder donne un Waldo plein de vitalité et de bonne humeur sarcastique. 

L’auteur saisit pleinement l’opportunité de la spécificité majeure de l’opus, en dessinant trois dames que tout oppose (personnalisé, nationalités), se détestant cordialement mais infailliblement liguées contre la juvénile nouvelle venue, un joli marigot. Après un lancement agréablement humoristique, il réussit le pari de ne placer le meurtre qu’en dernier quart de récit, afin de développer des portraits psychologiques fort bien sentis. En sous-main, il oppose deux attitudes face à la survenue de l’âge mûre, la masculine tentant de fuir le parcours du temps par une affirmation enjouée de la séduction, parfois un peu ridicule (ce serait d’ailleurs intéressant de peindre un Templar vieillissant) et la féminine, certes amère mais autrement plus lucide.

  • Cec Linder (Waldo) interprète Felix Leiter dans Goldfinger, ainsi que Baker dans l'épisode des New Avengers, Complexe X-41.

  • Jan Holden (Vera) a joué dans deux épisodes des Avengers : Les Fossoyeurs (saison 3) et Meurtre par téléphone. Elle a souvent interprété le rôle de femmes du monde, au cinéma comme à la télévision. Comédienne de théâtre réputée, elle connaît également de nombreux succès au West End. De 1952 à 1973, elle fut l’épouse d’Edwin Richfield, acteur apparaissant dans six épisodes de Chapeau Melon.

  • Annette Carrell (Katerina) a interprété le Dr.Voss dans l'épisode Les marchands de peur de Chapeau Melon, avant de disparaître prématurément en 1967.

  • Arnold Diamond (Latignant) participa à deux épisodes des Avengers : Fog (Haller) et Who’s who ??? (Dr Krelmar). Il est une figure régulière des séries britanniques, tenant notamment le rôle semi-récurrent du Colonel Latignant dans Le Saint (5 épisodes). Maîtrisant plusieurs langues, ainsi que leur intonation, il tint de nombreux rôles d’étrangers : Français, Allemands, Russes…

  • Sur la place commerçante, on aperçoit longuement une impressionnante bannière publicitaire indiquant, en français dans le texte Glaces Gervais, à deux pas de chez vous. Gervais est fondé en 1852, avec la commercialisation du Petit-suisse. Les glaces Gervais ont été lancées dès 1928, avec leur produit phare, les fameux Esquimaux. La marque connaît un grand développement durant les années 60, grâce à un politique industrielle et publicitaire dynamique. En 1967 elle fusionne avec Danone.

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6. L'HOMME QUI DÉFIE LA MORT
(THE MAN WHO COULD NOT DIE)

 

 

Date de diffusion : 5 août 1965

Grâce à un ami commun, Nigel Perry, le Saint fait la connaissance de Miles Hallin, surnommé « l’homme qui ne peut pas mourir ». Cet aventurier a en effet frôlé la mort à de multiples occasions durant sa vie agitée. Nigel indique à Simon que Miles subirait un chantage, car il prélève de l’argent sur le compte de l’entreprise qu’ils ont créé. Mais la vérité est toute autre. La fiancée de Nigel s’inquiète quand Miles invite Nigel à une excursion spéléologique au Pays de Galles. Le Saint décide de les accompagner. Débute alors un affrontement entre les deux hommes d’action.

Le surdoué Terry Nation avait été le grand artisan de la précédente saison, renouvelant le Saint en n’hésitant pas à le précipiter dans des aventures relevant de domaines jusqu’ici inexplorés (Science-fiction, Fantastique, films de guerre), avec toujours un indéniable succès à la clef. Son retour suscite donc de grandes attentes, d’autant que, pour l’occasion, Roger Moore revient derrière la caméra. Et de fait les espérances se voient récompensées, car ce diable de Nation extraie une nouvelle grande idée de son inépuisable chapeau. Ici il suscite un parfait anti Templar, un procédé encore original au sein de la série mais dont on connaît le potentiel dramatique. L’opposition entre Steed et Beresford, 007 et 006 ou le Docteur et le Maître comptent parmi les moments les plus intenses de leurs épopées, un phénomène parfaitement exploité par Nation.

L’auteur organise ses effets de main de maître, notamment lors de la rencontre, mettant en évidence les parallèles en ces « deux derniers aventuriers » d’un monde désormais délimité, mais aussi la déviance d’Hallin. Celle-ci se développe lors de scènes parfaitement minutées (goût du lucre et de la croate, appétence pathologique pour le danger, tel un Chevalier de la Mort des Avengers). Nation parfait même son œuvre en introduisant le nécessaire conflit personnel, à travers le destin de Perry. De la belle ouvrage, pour un épisode particulièrement dense et au suspense savamment entretenu jusqu’à la dernière minute.

Nation peut s’appuyer sur une grande composition de Patrick Allen , dans un rôle  à sa hauteur, autrement plus développé que celui de Le Jeu s’arrête au 13. Il exprime parfaitement le dérèglement profond du personnage. Réalisateur, Roger Moore échappe une nouvelle fois à la tentation de mettre en avant son personnage mais sait rebondir sur la situation particulière crée par Nation, afin de peindre Simon sur un mode plus sombre et véhément qu’à l’accoutumée. Les seconds rôles se montrant fort plaisamment (le jeune couple) ou volontiers divertissants, avec l’Inspecteur Teal dans ses œuvres ou les Gallois à l’accent particulièrement savoureux (il faudra attendra la Gwen de Torchwood pour en retrouver l’équivalent !).

Metteur en scène astucieux, Moore réussit quelques jolis coups, comme les inserts bien trouvés de Glen Coe, une brève poursuite automobiles dans la nuit londonienne (exercice de style finalement assez rare dans la série), ainsi qu’une exploitation efficace du décor réussi des grottes, le huis clos portant à incandescence la confrontation entre Templar et Hallin, que Nation rend finement autant psychologique que physique. Le seul point noir, inhérent à la série,  réside dans le traitement réservé au seul personnage féminin au sein de cette confrontation éminemment virile, réduite à un boulet que Simon doit traîner sans cesse (Cf. Honey Rider). Un épisode enthousiasmant par ailleurs.

  • Patrick Allen (Hallin) a interprété Reed dans l'épisode de Chapeau Melon, Le jeu s'arrête au 13. Il était également connu en Grande-Bretagne pour avoir prêté sa voix aux grands documentaires de la BBC. Il a joué dans un autre épisode de la série : Kill the king (saison un), ainsi que dans de nombreuses séries de l'époque. Également vu au grand écran dans La Nuit des généraux, Les Oies sauvages (avec Roger Moore et Richard Burton), Les Loups de mer avec Roger Moore, Grégory Peck, David Niven et Patrick Macnee. Cet artiste aux multiples activités a joué également dans de nombreuses pièces de théâtre pour la BBC et la Royal Shakespeare Company.

  • Il s’agit du quatrième des neuf épisodes du Saint réalisés par Roger Moore.

  • Les paysages de Dragon's Cave sont en fait ceux de la vallée de Glen Coe, dans les Highlands écossais et non au Pays de Galles. Le panorama est considéré comme l'un des plus superbes et spectaculaires d'Écosse, très fréquenté par les touristes. Le site est également connu pour le massacre du Clan McDonald, survenu en 1692 car il tardait à rendre hommage au roi Guillaume III d'Angleterre. Glen Coe sert également de décor naturel à la dernière partie du film Skyfall.

  • Durant l’habituelle amusante scénette d’ouverture, Simon ironise que la passion de la haute société pour le polo, sans doute « la manière la plus chic et onéreuse de se briser une jambe ». Le Saint assure qu’être admis à l’hôpital en s’étant ainsi blessé garantit d’être traité comme un prince. A ce moment, il lance un clin d’œil à une photographie montrant un joueur de polo en pleine action. On reconnaît aisément le Prince consort, à la passion bien connue pour ce sport.  Le Prince a créé en 1955 le Guards Polo Club, plus prestigieux club de polo au monde. Etabli au château de Windsor, il demeure à ce jour présidé par Philippe d'Edimbourg. Autre passionné, William de Galles fréquente assidument l’institution. 

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7. LES COUPEURS DE DIAMANTS
(THE SAINT BIDS DIAMONDS)

 

 

Date de diffusion : 12 août 1965

A Tenerife, le Saint recherche un précieux diamant dérobé à Paris, le Regency Diamond. Le responsable du vol, Graner, a fait venir un tailleur de pierre américain, afin de scinder le joyau et de pouvoir vendre les fragments. Le Saint va opérer une substitution et découvrir que Graner est un ignoble individu, particulièrement odieux avec sa femme, la belle Christine.

Le voyage aux Canaries de Simon Templar s’avère nettement enthousiasmant que la virée parisienne de The Abductors. L'épisode a la bonne idée de recourir à Eunyce Gayson, ce qui permet en outre de boucler le boucle avec lé pilote. La belle est toujours aussi irrésistible. Par contre, très loin du savoureux Needle, Geoorge Murcell déçoit en bandit vulgaire et outrancier, manquant singulièrement d'envergure, le comédien en fait des tonnes et sans saveur. Le personnage, totalement répugnant, plombe d'avantage l'épisode qu'il ne le dynamise. Pour le reste l'action, agréablement mouvementée, se suit sans déplaisir mais manque de seconds rôles marquants chez les antagonistes. La voyante et le tailleur sont par contre très attachants !

Quelques clichés se distinguent aussi, comme l'inénarrable capitaine espagnol, mais cela se révèle finalement divertissant. De plus, autant la reconstitution de Paris se montrait soignée et ambitieuse, autant celle de Tenerife et des Canaries passe totalement à l'as, avec une action confinée dans des décors très quelconques. On reste d'ailleurs avec l'impression que les séries anglaises Sixties, y compris les Persuaders, réussissent nettement mieux dans les évocations de la France que celles de l'Europe du Sud. On s'interroge également devant la pertinence de l'intrigue, quand on visualise le labeur, le risque et coûts nécessaires au vol du Régent, la fabuleuse déperdition de valeur liée à la taille du joyau laisse sceptique. Il aurait été plus rentable (et plus sûr) de rançonner l'état français.

  • Eunice Gayson (Christine), pressentie pour le rôle de Miss Moneypenny, a finalement joué Sylvia Trench, la maîtresse de James Bond dans les deux premiers films de la saga (Dr No et Bons baisers de Russie). Elle devient ainsi la toute première des James Bond Girls. Elle s'oppose aux Avengers dans La Danse  Macabre.

  • George Murcell (Graner) a surtout joué des rôles dans des séries télévisées : Destination Danger, Le Baron, Le Saint, Amicalement Vôtre, Jason King, Les Professionnels, ainsi que deux épisodes des Avengers Square root of evil et Meurtres à épisodes. De très brèves apparitions au cinéma dont des petits rôles dans le pré-générique d'On ne vit que deux fois et The assassination bureau avec Diana Rigg. 

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8. LES BIJOUX DE DONNA LUISA
(THE SPANISH COW)

 

 

Date de diffusion : 19 août 1965

Sur la Côte d’Azur, le Saint vole à la rescousse de Dona Luisa, veuve d’un président sud américain assassiné. Elle est attaquée par les hommes de son beau frère, qui désire récupérer les bijoux offert par le défunt, afin de financer une contre-révolution. De son côté le représentant du gouvernement légal souhaite aussi que les joyaux soient rendus. Dona Luisa, accompagnée de sa fidèle Consuela, est d’accord, mais peine à se séparer du dernier souvenir d’un homme qu’elle a passionnément aimé. Comme toujours le colonel Latignant se méfie de la présence du Saint, mais celui-ci doit surtout faire face à la troublante et entreprenante Consuela, qui a sa propre idée quant à la destination des bijoux.

Episode des plus divertissants, The Spanish Cosh décoche un feu nourri sur les Latins, Hispaniques ou Français du midi. Le répertoire habituel nous est délivré en intégralité, mais avec une bonne humeur communicative désamorçant toute prise de bec. Nos compatriotes de la Côte d’Azur passent donc beaucoup de temps à faire la sieste, hormis le Colonel Latignant toujours aussi homme du monde et volontiers volubile. Ses deux subordonnés valent le détour, on atteint ici un nouveau palier d’incompétence au sein de la série. Tourné un an après le Gendarme de St-Tropez, l’épisode en trouve certains accents dans la description de ce commissariat ensoleillé et bon enfant. Ecouter le Saint interpréter une Marseillaise ironique après le départ de Latignant illustre bien le sujet de l’épisode. D’une manière particulièrement sympathique le récit s’agrémente comme souvent de forts jolis inserts.

La part du lion se voit cependant réservée aux Sud-Américains, avec comme résultante un volume sonore rarement égalé dans les autres aventures du Saint. Cela vocifère et se lamente beaucoup, jusqu’à prendre des allures de simili Telenovela. Certes l’intrigue ne brille pas par son originalité et évoque d’ailleurs comme souvent d’autres  épisode, ici Les Perles de Madame Chen et The Revolution Racket), tandis que le méchant de service (bien entendu rigoureusement gominé et au regard de velours) ne pèse pas bien lourd. Mais les péripéties se succèdent à un tempo élevé et entre bagarres tonitruantes et scènes de pure comédie, le spectateur ne s’ennuie pas.

En pure damoiselle cachant bien son jeu, Viviane Ventura apporte un touche authentiquement sud–américaine apportant beaucoup au récit. On apprécie plus son charme que la finesse de son interprétation, mais sa rencontre avec le toujours ultra british Roger Moore demeure un moment original, entre deux mondes. Nancy Nevinson insuffle une vraie flamme à Dona Luisa, ne renonçant à aucune théâtralité, ce qui tombe à pic. Grâce à son allant et à sa sympathie bourrue, l’épisode s’élève au-dessus du simple vaudeville mouvementé, pour dessiner une femme plus complexe et attachante qu’il n’y paraît au premier abord (dommage que son exécrable accent espagnol gâche un peu l’effet).

  • Vivienne Ventura (Consuela) passa toute son enfance en Colombie. Se prénommant à l'occasion Viviae, elle partagea par la suite sa carrière entre les deux côtés de l'Atlantique. Elle participe ainsi à Amicalement vôtre, Les Mystères de l'Ouest, Les Espions, Max la Menace, Dr Caraïbes... Celle qui fut proche du Sultan de Brunei et épousa en 1972 un important financier anglais, fut également une journaliste mondaine, écrivant pour Hola, Paris Match, Cosmopolitan, The Sunday, Times Magazine etc.

  • Nancy Nevinson (Dona Luisa) dut à son physique imposant de jouer souvent des matrones. Elle connut une belle carrière au théâtre et fut aussi une actrice de voix réputée.

  • Le panneau d’ouverture intitulé « The South of France » est exactement le même que pour The persistent Parasites, image et inscription.

  • Le titre original de l’épisode fait référence à l’expression Parler français comme une vache espagnole, signifiant parler très mal une langue et, plus généralement, avoir un comportement ridicule. 

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9. LE TRÉSOR
(THE OLD TREASURE STORY)

 

 

Date de diffusion : 26 août 1965

Le célèbre Simon Templar se rend en Cornouailles, dans la taverne tenue par deux amis, le rude ancien capitaine Bill Williams et la belle April Mallory, fille d’un ancien camarade matelot. Bill dispose d’un fragment d’une carte d’un trésor, dissimulé aux Caraïbes et attend les deux propriétaires du reste de la carte. Il est grièvement blessé par le violent Jeff Reston, un rival. Avant de mourir, Bill offre sa carte à April, dont il a accidentellement tué le père, il y a des années. Le Saint réunit les deux autres possesseurs et tous partent à la chasse au trésor, suivis par Reston.

Pour son ultime opus monochrome, le Saint remonte à l’une des sources littéraires de la série d’aventure : la chasse au trésor. Il s’agit ici de son acception la plus classique, celle de Stevenson, et non de la vision moderne et ludique des Avengers. La grande réussite de l’épisode réside dans la fusion concluante de deux styles narratifs relevant d’époques différentes, un pari dont le succès n’avait rien d’évidents au départ. L’habile Ronald Duncan retrouve l’ambiance des équipages cinglant vers la fortune en narrant une histoire bien plus collective qu’à l’accoutumée. Certes le Saint demeure le héros, mais pour une fois tout ne s’organise pas autour de lui (y compris le combat final). Les autres aventuriers composent également une exception au sein d’une série essentiellement manichéenne : avides de gain mais pas prêt à tout pour l’obtenir. Cette nuance de gris et les rencontres opérées apportent une vraie spécificité au récit, même si, évidemment, méchants et félons répondant à l’appel. On retrouve également le souffle de voyage propre à ce type de littérature, l’action se déplaçant- bien davantage qu’à l’accoutumée, de Cornouailles aux Caraïbes, puis dans une île isolée, enfin dans ces grottes.

 Les combats se montent pareillement variés (mains nues, chaises, sabres, pistolets…), Grâce à une excellente distribution venue des quatre coins du monde anglo-saxon, la profusion des accents insuffle également  l’exotisme (américains anglais, australiens, sud-africains). On déguste ainsi cet épisode, avec la saveur nostalgique des grands classiques de l’adolescence, pimentée par une tonalité Sixties et un Roger Moore toujours aussi divertissant, charmeur et tonique. Placé de nouveau derrière la caméra, il se montre certes moins créatif que lors de The Man Who Could Not Die, mais néanmoins efficace. Le décor de la grotte étant manifestement le même que celui de cet épisode, l’expérience lui permet d’en tirer le meilleur parti. Evidemment tout cela reste une affaire d’hommes et les dames demeurent en retrait, mais les années noir et blanc du Saint s’achèvent sur une note des plus prometteuses.

  • Erica Rogers (April), d’origine sud-africaine, fut avant tout une actrice de théâtre mais participa à plusieurs séries de l’époque. Elle apparaît dans quatre épisodes du Saint, celui-ci étant le dernier.

  • Le squelette pirate comporte d'évidents rivets et fils de fer.

  • Les extérieurs de l'épisode sont  filmés dans divers sites de Cornouailles (Portloe Truro, Gunwalloe, Kynance Cove...).

  • Lors de la traditionnelle scénette d’ouverture, Simon évoque le Concorde et les seulement trois heures que nécessitera désormais le vol Paris New York. En 1965 le Concorde ne vole pas encore (‘exploitation commerciale ne débutera qu’au début des années 70), mais le projet franco-britannique est déjà bien avancé. En 1963 le Général propose le nom de Concorde, comme symbole de la coopération ayant permis la réalisation de l’avion supersonique et des temps nouveaux. En attendant l’épisode montre un nouvel insert d’un avion de la Panam, compagnie toujours privilégiée par le chevalier errant anglais.

  • Il s'agit du tout dernier épisode en noir et blanc, tant du point de vue du tournage que de la diffusion. Il est également le cinquième des neuf dirigés par Roger Moore.

  • Le coproducteur Monty Berman, longtemps associé avec Robert S. Baker et Lew Grade, quitte la série et va désormais être remplacé par Roger Moore. Dans ses mémoires, (Amicalement vôtre), ce dernier explique ce départ par un antagonisme profond entre lui et Berman, précisant explicitement à Lew Grade que ce départ conditionnait la poursuite de la série. Grade et Baker, très motivés par les perspectives qu'offrait l'arrivée prochaine de la couleur, rachetèrent les parts de Berman et lui offrirent de produire Le Baron. Roger Moore a toujours su ce qu'il voulait concernant le déroulement de sa carrière.

  • Cette saison les aventures du Saint se sont déroulées en Angleterre, en Cornouailles, au Pays de Galles, en France (Paris et Côte d’Azur), aux Caraïbes  et aux Canaries.

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Images capturées par Estuaire44.

Date de diffusion : 8 octobre 1964

 

A la Gare ­­­­de Waterloo, un homme glisse subrepticement un mystérieux emballage de thé dans le sac à main d’une collègue, rencontrée par hasard, avant d’apparemment mourir d’une crise cardiaque dans une cabine téléphonique. Présent fortuitement sur les mieux, le célèbre Simon Templar découvre qu’il s’agit d’un assassinat. Il est encore plus interloqué de s’apercevoir que le paquet contient en fait une forte somme d’argent, alors que la jeune femme, la charmante Géraldine, travaille dans une importante base navale militaire, tout comme le disparu. Le Saint et Géraldine vont mener l’enquête. Il s’avère qu’un réseau d’espion, basé dans une boutique de thé située à proximité de la base, a entrepris de dérober des secrets nucléaires.

 

Sa scène initiale, qui lui donne judicieusement son titre, domine clairement The Miracle Tea Party. Insérée dans une série si coutumière des décors en studio, cette découverte du vaste hall de Waterloo Station, puis de ses environs, apporte une vraie bouffée d’oxygène. On l’apprécie d’autant plus fortement que le lieu grouille de vie et constitue un joli cliché sur ces années 60 alors en pleine ascension. Les amateurs des Avengers retrouveront avec plaisir les verrières caractéristiques de la grande gare londonienne, déjà aperçues dans Balles costumées. Mais cet appétissant préambule ne se limite pas à un panorama, les péripéties s’y déroulant s’avèrent marquantes. La présence des tueurs, efficacement insérés dans le récit, véhicule un joli suspense, jusqu’à la terrible scène du meurtre, impressionnante de réalisme violent (une ampoule de poison volatile transformant une cabine téléphonique en mortelle chambre à gaz où le malheureux se tord de douleur avant de périr). La rencontre entre Géraldine et le Saint apporte un instant déjà romantique au sein d’un mystère intriguant et sinistre, impeccablement introduit. On se retrouve finalement dans une atmosphère assez hitchcockienne, à la différence que le destin ne s’abat pas sur un quidam, mais sur le fameux Simon Templar !

 

Par la suite, l’épisode atterrit doucement sur des contrées souvent bien balisées de l’espionnage. Il n’en demeure pas moins prenant, malgré une énigme initiale débouchant sur une allée de marronniers. Le thème récurrent du thé apporte une légère spécificité à l’ensemble, tandis que Simon déroule le l’écheveau de la conspiration, remontant jusqu’à la tête, dans une histoire classique que le Take me to your Leader des Avengers exacerbe jusqu’à la parodie humoristique. Néanmoins le ton demeure vivace et l’on suit sans aucun ennui un défilé au demeurant tout à fait tonique des passages obligés du genre (affrontements, photographies en microfilm de documents, enlèvement de la damoiselle en péril…). L’action ne connaît guère de ralentissements et s’inscrit dans des décors soignés. On apprécie vivement l’efficacité de la mise en scène de Roger Moore, mais aussi l’amour des comédiens qui s’en dégage. Passé derrière la caméra, Sir Roger s’est entouré de proches à cette occasion, mettant avec sensibilité sa caméra au service de leur talent.

 

Les personnages secondaires s’imposent d’ailleurs comme l’un des atouts de l’opus, avec le Commandeur emblématique ou la vieille dame dynamique et passablement excentrique, incarnée avec un irrésistible naturel par Fabia Drake. Nanette Newman nous offre une Templar Girl particulièrement sympathique et attachante, le courant passe parfaitement bien avec Moore. On retiendra avant tout l’effarante prestation de Robert Brown en tueur à la fois expérimenté et possédé par une authentique soif de meurtre, en définitive très similaire à l’inquiétant sadique de Voyage sans retour. Avec son jeune apprenti, encore plus désaxé que lui et davantage de son temps, il forme un percutant duo. Son affrontement final avec le Saint, particulièrement mouvementé et totalement dépourvu de doublures, nous vaut l’un des combats les plus spectaculaires découverts jusqu’ici. On y retrouve l’inspiration épique d’Ivanhoé.

 

 

·         Nanette Newman (Geraldine) est très connue en Grande Bretagne, notamment pour une populaire série de publicités concernant Fairy Liquid, un liquide vaisselle. Son ami Roger Moore fut l'un des témoins de son mariage avec l'acteur Bryan Forbes.

 

·         Robert Brown (Atkins) fut le partenaire de Roger Moore sur Ivanhoé, où il interpréta Gurth, le fidèle comparse du héros. Il le retrouva également sur les tournages de James Bond, Brown ayant joué M dans quatre opus de la Saga, durant les années 80. Brown fut également le sinistre Saul de Voyage sans retour (Chapeau Melon).

 

·         Fabia Drake (Tante Hattie) interpréta le Colonel Adams dans The Danger Makers (Chapeau Melon). Elle fut l’une des professeurs de Roger Moore à la Royal Academy of Dramatic Art et l’acteur avoue dans ses mémoires (My Word Is My Bond) avoir été terriblement embarrassé à l’idée de la diriger. Mais la dame se montra fort amicale et sut le mettre à l’aise, ce pourquoi il lui fut très reconnaissant.

 

·         Plusieurs plans larges sont effectivement réalisés à Waterloo Station mais les gros plans sur les personnages le sont à l'évidence par surimpression d'images.

 

·         Il s'agit du second épisode réalisé par Roger Moore. Il raconte également dans ses mémoires que, lors du tournage de scènes se déroulant à Waterloo Station, il ne fut pas maquillé ni ne porta de costume particulier, car il apparaissait fort peu à l’écran. Il pensait que cela ne porterait pas à conséquence, mais sa mère, qui assistait aux prises de vues, lui rapporta que de nombreux voyageurs l’avaient reconnu et le trouvaient fort négligé, bien moins impressionnant qu’à l’écran.

 

·         La séquence d'ouverture se déroule dans la gare de Waterloo. Cet immense complexe connecte en fait quatre gares distinctes, plus un terminal routier. Inaugurée en 1848, Waterloo Station changea plusieurs fois d'apparence, notamment après d'énormes dégâts subis durant le Blitz; Sa gare internationale fut longtemps le point de départ et d'arrivée de l'Eurostar, avant d'être remplacée en 2007 par Saint-Pancras.

 

·         D'autres sites londoniens apparaissent au fil de l'épisode :Hyde park, Grosvenor, Piccadilly...

 

·         La base navale est située dans l’île de Portland, à l’extrémité sud du Dorset. Sur un site initial remontant à 1850, la Royal Navy y a effectivement développé une forte installation durant la guerre de 39-45, verrouillant la Manche. Il s‘agit de l’un des ports non naturels les plus étendus au monde. L’île fut de ce fait visée par de nombreux bombardements.  La majeure partie de la base a été démantelée en 1995, après la chute de l’URSS. Elle est désormais dédiée aux sports nautiques. Le site accueille les épreuves de voile des Jeux Olympiques de 2012.

 saison 1 saison 3

Le Saint (1962-1969)

Saison 1

 


1. UN MARI PLEIN DE TALENT
(THE TALENTED HUSBAND)

Date de diffusion : 04 octobre 1962 (Combustible 23 : 06 octobre 1962)

Une amie de Simon épouse un trouble auteur de théâtre, dont les épouses successives, toujours fortunées, ont la fâcheuse coutume de décéder prématurément. Ce qui lui permet au passage d'embaucher de confortables assurances vies. Simon mène l'enquête, aidé par Adrienne, la piquante détective des compagnies d'assurance. Il parvient à confondre l'assassin, juste avant que celui-ci ne passe de nouveau à l'acte.

Roger Moore s'empare du rôle avec un naturel confondant. Dès la première image, il incarne déjà pleinement Simon Templar. Il s'agit là du grand atout du pilote car, malgré la présence de plusieurs éléments identifiants (générique, Volvo, musique, dialogue d'entrée...), la série est visiblement encore en rodage. Le scénario se montre astucieux tout en démeurant prévisible (fort heureusement le maquillage est réussi) et trop orienté vers le roman à énigme classique pour définir encore ce qui constitue la spécificité du Saint. On pense d'ailleurs souvent à Agatha Christie, plusieurs scènes semblant tournées à St Mary Mead ! Par ailleurs la réalisation reste assez morne, au sein de décors d'intérieurs passablement convenus et dépourvus de cachet, hormis ces pubs si anglais où l'on croirait voir One-Ten commander une pinte. S'y déroule également la scène la plus prometteuse de l'épisode, le savoureux dialogue avec le sympathique barman italien permettant à Simon de décrire ses idéaux et son style de vie.

Surtout c'est la personnalité du méchant du jour qui détonne, certes monstrueux, mais bien davantage sordide et veule que flamboyant comme on l'aime. Il demeure assez pénible de le voir capituler ainsi quand Simon le prend sur le fait, on apprécie toujours un baroud d'honneur dans ces occasions ! Le Saint nous habituera à de balles bagarres, ici leur absence se fait cruellement ressentir. L'intervention de Simon survient d'ailleurs très tardivement dans le cours du récit. La fin se montre aussi terriblement mélodramatique, on se situe vraiment hors jeu. Demeurent de jolis extérieurs anglais, très Avengers, une interprétation de qualité, dont bien entendu Shirley Eaton, que l'on prend plaisir à voir évoluer en dehors de son rôle iconique mais bref de 007, et des références culturelles toujours plaisantes (Irma la Douce au West End, la tenue du boucher, les trains de l'époque…). De plus le pilote a la bonne idée de capitaliser sur la popularité du Saint et de nous éviter une présentation fastidieuse. Un épisode assez mineur mais contenant les prémices des succès à venir.

Shirley Eaton (Adrienne) : immortalisée par son apparition dans Goldfinger (la jeune femme asphyxiée en étant peinte en or), elle participera à deux autres épisodes : The Effete Angler et Invitation to Danger.

Dans ses mémoires (Amicalement vôtre), Roger Moore précise que le charmant village où furent tournées les scènes en extérieur est Cookham, dans le comté de Buckingham. Son charme lui vaut d'être une destination touristique très populaire, notamment pour ses promenades au bord de la Tamise.

Moore précise également qu'un policier, passant à vélo près du tournage de l'épisode, verbalisa la fameuse Volvo P1800 pour sa fausse plaque « ST1 ».

Quand Templar quitte la maison d'Adrienne, le paysage vu à travers la porte est à l'évidence une peinture (24'57''). 

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2. AVENTURE À ROME
(THE LATIN TOUCH)

Date de diffusion : 11 octobre 1962 (Le Décapode : 13 octobre 1962)

A Rome, Simon empêche un pittoresque chauffeur de Taxi (Marco) d'escroquer une jeune touriste américaine, Sue. Mais celle-ci est alors enlevée par des gangsters. Le chef maffieux Tony Unciello veut faire pression sur le Gouverneur Inverest, père de Susan, pour obtenir l'annulation de la condamnation à mort pesant aux Etats-Unis sur son frère. Alors que l'exécution approche, le sénateur demeure inflexible, malgré le désespoir de son épouse. Le Saint intervient et parvient, avec l'aide de Marco, à libérer la jeune femme et à faire arrêter les criminels.

La Ville Eternelle se voit attribuer l'insigne honneur de représenter la première destination étrangère des nombreux voyages de Simon Templar. On remarque d'ailleurs que l'épisode débute par une plaisante balade du Saint  au sein des paysages romains, tout comme, bien plus tard,  Lord Brett Sinclair. L'occasion de constater que les inserts et l'évidente qualité du décor reproduisant le Colisée ne remplacent pas tout à fait les paysages naturels !

 Bien davantage que l'atypique The Talented Husband, The Latin Touch va s'affirmer comme le véritable pilote de la série. En effet tous les ingrédients du cocktail composant le succès du Saint répondent ici à l'appel, sur un ton particulièrement relevé. Le classicisme avéré de l'argument policier, passablement rebattu est habilement contrebalancé par l'humour véhiculé par Simon et bon nombre de personnages secondaires. Le récit manifeste une belle énergie, ponctué de scènes habilement dialoguées, d'une introduction astucieuse jusqu'à la traditionnelle scène d'action finale, impeccablement filmée. L'exotisme accomplit son entrée en scène, charriant concomitamment des poncifs, plaisants mais relevant d'une certaine imagerie d'Epinal. La réalisation bénéficie déjà d'un somptueux noir et blanc (rien de comparable chez  les épisodes d'alors des Avengers) et de décors d'intérieurs particulièrement soignés et aux évidents moyens. Il semble clair que dès le départ Lew Grade ait considéré Le Saint comme stratégique.

Le vrai coup de cœur de ce polar classique mais impeccablement orchestré demeure néanmoins la distribution.  Les comédiens vétérans Alexander Knox et Doris Nolan campent  de manière tout à fait convaincante le dilemme et les tourments endurés par les parents de Susan, tandis que Bill Nagy interprète avec délectation un gangster archétypal. On ne se situe aux alentours du Nitti des Incorruptibles, ou de son personnage de Goldfinger. On regrettera un certain manque de présence chez Suzan Farmer, la Templar Girl du jour : elle se fait presque voler la vedette lors de la fugitive apparition de la chanteuse italienne. Bien entendu les amateurs des Avengers se régaleront de la performance de Warren Mitchell, aussi  joyeusement caricatural en chauffeur de taxi romain qu'en ambassadeur soviétique. The Latin Touch a l'intelligence de lui accorder l'espace que mérite son talent humoristique, d'autant que le duo antinomique formé avec Roger Moore fonctionne à merveille. Cette percutante association assure le succès de l'épisode, auquel ne manque qu'un surplus d'originalité pour totalement enthousiasmer.

Alexander Knox et Doris Nolan, les interprètes du couple Inverest, étaient également mari et femme.

Warren Mitchell (l'Ambassadeur Brodny des Avengers, entre autres participations à cette série) reprendra deux fois son rôle de Marco Di Cesari, dans The Charitable Countess et The King of the Beggars

Suzan Farmer  participera également à trois autres reprises aux aventures du Saint (The Sign of the Claw,The Convenient Monster et The Desperate Diplomat). L'actrice connaît une vraie popularité durant les années 60 et 70, avant de se retirer. Elle participe notamment à plusieurs films d'épouvante de l'époque, ainsi qu'à l'épisode That's Me over There, d'Amicalement vôtre. Elle fut l'épouse de Ian McShane.

Roger Moore indique dans ses mémoires que le sabir italien parlé par Mitchell est en fait constitué d'un chapelet de diverses insultes locales. Moore lui apprenait ces expressions, transmises par sa future épouse, l'italienne Luisa Mattioli. Il espérait que le public ne comprenne pas la plaisanterie !

Moore précise également que les scènes automobiles était souvent diffusées inversées, les voitures ne se conduisant pas du même côté en dehors de l'Angleterre.

Durant la scène d'introduction, Templar apparaît en incrustation devant une image du Colisée, avant de passer à un décor classique. Une technique pionnière à l'époque.

On aperçoit brièvement l'ombre du micro (9'58'').

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3. LE TERRORISTE PRUDENT
(THE CAREFUL TERRORIST)

Date de diffusion : 18 octobre 1962 (Le Point de Mire : 20 octobre 1962)

A New York, le journaliste de télévision Lester, un ami du Saint, est parti en croisade contre un dirigeant syndicaliste corrompu,  Nat Grendel. Celui-ci finit par l'assassiner en utilisant les talents en explosifs d'un exécuteur surnommé l'Ingénieur. Jenny, la fiancée désespérée de Lester, tente vainement de tuer Grendel. Le Saint remplace Lester dans son combat télévisuel, protège Jenny et finit par prendre Grendel et l'Ingénieur à leur propre piège.

Un idéaliste courageux en lutte avec un homme de pouvoir qui finit par l'assassiner le héros reprenant le combat, la fiancée aiguillonnée par la vengeance… L'intrigue du jour n'est pas sans vaguement rappeler celle de l'excellent L'Un et l'Autre d'Amicalement vôtre. Mais le traitement en diffère radicalement, car là où cette série instillait une solide dose d'humour et de fantaisie,  The Careful Terrorist développe un récit issu du roman noir le plus sombre. On se situe clairement dans la première partie de la série, particulièrement proche de la vision de Charteris, différant sensiblement du souvenir que les opus plus tardifs, notamment en couleurs, laisseront du Saint. Le récit se distingue par une abondance de moments particulièrement forts et glaçants, comme le sadisme consistant à exécuter le journaliste à travers sa machine à écrire piégée, ou la loi du Talion impitoyablement exercée par Templar (scène formidable). On apprécie également vivement le soin avec lequel la mise en scène et la direction d'acteurs reconstituent une atmosphère américaine plus vraie que nature (voitures, décors, attitudes…). L'atmosphère du genre imprègne tout l'épisode, avec une réelle maîtrise.

 L'épisode permet de définir plus précisément la personnalité du Saint, se refusant certes à la violence vulgaire, mais en définitive par moins inexorable pour autant, volontiers en marge de la Loi. L'intrigue apparaît également propulsée par le carburant indispensable au genre : des antagonistes de grande qualité : le visqueux et cupide Grendel et le pittoresque Ingénieur, amateur d'engins explosifs. Les amateurs des Avengers y reconnaitront comme un lointain cousin de Fitch, davantage volubile et satisfait, mais aussi non sexuellement pervers ! Le récit souligne habilement la lâcheté du duo, impeccablement interprété et veillant soigneusement à éviter toute prise de risque personnel. Malheureusement le bas blesse concernant le comparse du Saint, à l'humour démonstratif rapidement lassant, voire irritant,  et Jenny, dont les scènes mélodramatiques et appuyées datent défavorablement l'épisode. The Careful Terrorist demeure néanmoins un polar de la plus belle eau, propre à séduire le public américain, mais aussi soulignant le pouvoir de média de masse désormais véhiculé par la télévision,  alors que quelques années plus tôt Lester aurait certainement travaillé pour la presse écrite.

Durant la scénette d'introduction, Simon avoue un faible pour les omelettes et indique que selon lui les meilleures sont celles d'un restaurant normand, « The Mère Poulard », où il se rend à chacun de ses séjours en France. La Mère Poulard (1851-1931) était une cuisinière établie au Mont St-Michel. Elle devient célèbre pour son omelette idéalement goûteuse et baveuse, dont son restaurant perpétue la tradition. A l'origine elle créa ce plat soufflé, cuit à feu vif  après que le blanc et le jaune des œufs aient été battus séparément, pour que les pèlerins puissent se restaurer à toutes heures dans son auberge.

Hoppy lit le Man Junior Annual 1962, une compilation des meilleures photos de pin ups de ce magazine masculin australien, ainsi qu'un exemplaire de Rogue, publication du même style, basée à Chicago et éditée de 1955 à 1967. Ce concurrent de Play Boy est également connu des amateurs de Science fiction pour avoir publié des nouvelles écrites par de célèbres auteurs de l'époque. La couverture indique d'ailleurs un texte sur Ray Bradbury ! Des écrivains du calibre de Damon Knight ou Fredric Brown furent également publiés.

Jenny a été blessée à l'épaule, mais son manteau ne montre aucun impact de balle (21'39'').

Sally Bazely (Jenny) prolongea sa carrière jusque dans les années 80. Dans The last of the Cybernauts, elle interprète Laura.

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4. UN SOUVENIR DE FAMILLE
(THE COVETOUS HEADSMAN)

Date de diffusion : 25 octobre 1962 (Mission to Montreal : 27 octobre 1962)

Dans l'avion l'emmenant de New York à Paris, le Saint sympathise avec la ravissante Valérie North. Celle-ci vient retrouver  son frère, perdu de vue depuis les drames de la guerre. Or la police lui apprend que son frère  a été assassiné, son corps venant d'être repêché dans la Seine. Un certain George Olivant, se présente comme un ami de la famille et cherche à se lier à Valérie. En fait Olivant, ancien collaborateur nazi cherche à s'emparer de gourmettes détenues par Valérie et la victime. Celles-ci renferment le secret de l'emplacement du trésor d'un traitre vendu à l'ennemi, que leur père, résistant, avait connu. Simon se méfie rapidement d'Oliphant et mène l'enquête grâce à des amitiés parisiennes datant de la Résistance. 

Une action située  dans la Ville Lumière, des nazis à la recherche d'un objet contenant un précieux secret issu du passé, une dimension familiale, un antagoniste  classieux : de manière amusante, alors que Le Terroriste prudent évoquait quelque peu l'épisode L'un et l'autre d'Amicalement vôtre,  un souvenir de famille présente lui des convergences avec Un drôle d'oiseau ! De plus la différence d'atmosphère apparaît cette fois moins marquée, cet opus là n'étant pas non plus sans quelque peu ressembler aux épisodes plus tardifs et fantaisistes du Saint. En effet cette première expédition du Saint dans notre capitale contient déjà nombre d'ingrédients  caractéristiques. Les bagarres, volontiers spectaculaires, y occupent une bonne place, plus considérable qu'à l'accoutumée en cette première saison. A côté de la traditionnelle jeune femme en péril, on y découvre plusieurs joli minois (d'ailleurs connus par les amateurs des Avengers), sur une tonalité tout de même  plus légère que les séductrices létales du roman noir. Les policiers se montrent pittoresques et relèvent de la comédie (quel accent français !). Sans évidemment relever des Diabolical Masterminds des Avengers, le raffiné et subtil Olivant s'émancipe, certes relativement, des figures balisées du polar. Il apporte une incontestable plus-value au récit.

Evidemment le Saint demeure le Saint et, comme souvent, devient le chevalier d'une demoiselle en péril mais Valérie North bénéficie de la présence et de conviction déjà parfaitement sensible de la superbe Barbara Shelley, nous régalant ici d'un numéro nettement plus haut en couleurs que ses devancières. L'association avec un Roger Moore toujours impérial, s'avère plaisante au possible. Le scénario se montre lui plein d'entrain et tout à fait percutant dans ses rebondissements.  Pour le public de l'Hexagone la grande force de The Covetous Headsman demeurera bien entendu sa tonalité parisienne, que la mise en scène exprime à merveille par de nombreux clins d'œil et des inserts forts goûteux, mais aussi quelques plans extérieurs.  Une éloquente démonstration du savoir faire des équipes d'Elstree, auquel un somptueux noir et blanc rend un juste hommage. Du Saint jusqu'aux New Avengers, les séries anglaises évoqueront souvent avec talent The Most Romantic City in the World, on ne s'en lasse pas. Parfaitement divertissante en soi, cette première escapade du Saint exprime décidément les meilleures promesses quant au  devenir de la série.

Barbara Roscoe (l'hôtesse de l'air) accomplit plusieurs charmantes apparitions dans les séries des Sixties. Elle est ainsi la réceptionniste de l'agence matrimoniale Cœur à cœur (The Murder Market).

Carol Gray (Josie Clavel) fut également un joli visage des productions de l'époque. Elle interprète Nicki, la jeune danseuse sympathisant avec Mrs Peel dans La Danse Macabre.

Barbara Shelley (Valérie North), ancien modèle, est surnommée "The First Leading Lady of British Horror" pour ses nombreux rôles dans des films d'horreur, notamment pour la Hammer. Apparitions aussi dans Destination Danger, Des Agents Très Spéciaux, L'Homme à la Valise, Paul Temple, Bergerac, Dr Who etc. Elle participe également à deux épisodes des Avengers : Dragonsfield et Bons baisers de Vénus (Vénus Browne).

George Pastell, figure régulière d'antagoniste étranger, participa quatre fois à la série et joua Arkadi dans Honey for the Prince.

L'épisode indique que le Saint a participé à la Résistance, ce qui concorde avec le personnage littéraire, mais nettement moins avec l'âge de Roger Moore !

L'Inspecteur Quercy interviendra régulièrement au cours de la série, durant les escapades françaises du Saint, mais il sera à chaque fois interprété par un acteur différent.

La photo découverte parmi les affaires de la victime aurait du être endommagée par l'eau (6'19'').

Il est étonnant que, si peu de temps après avoir appris l'assassinat de son frère, Valérie se retrouve toute souriante dans un bar parisien aux côtés de Simon (12'45'')

Un joli insert publicitaire est réalisé en faveur de Perrier, lors de la scène du bar (13'43'').

Le Boeing de la Pan Am décolle d'Idlewild Airport. Il s'agit en fait du nom originel du grand aéroport international J. F. Kennedy, desservant New York. Il fut rebaptisé après l'assassinat du président américain, en 1963. La Pan Am y installa son hub international, le prestigieux WorldPort, en 1960. Il s'agit du bâtiment au design ultramoderne découvert dans la séquence d'introduction. Il demeure encore l'un des principaux symboles de la fabuleuse épopée de cette compagnie aérienne et apparaît dans la série actuelle Pan Am, située dans les Sixties.

Le Boing se pose à l'aéroport international de Paris-Orly, que le Général de Gaulle vient d'inaugurer en 1961.

Le kiosque à journaux de l'aéroport d'Orly (reconstitution totalement fantaisiste) contient plusieurs titres au format de l'époque : Le Monde L'Humanité… Jours de France fut un magazine féminin de standing, publié par Serge Dassault de 1958 à 1989. Il fut notamment diffusé dans les salles d'attente des médecins et dentistes, chez qui il était expédié gracieusement. Fiancé massivement par la publicité, il constitua ainsi l'un des premiers essais de presse gratuite.  Le journal Libération que l'on aperçoit est issu de la Résistance et fut publié de 1951 à 1954. En 1973 Sartre et July en reprirent le titre pour lancer l'actuelle publication.

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5. UN SINGULIER TOURISTE
(THE LOADED TOURIST)

Date de diffusion : 01 novembre 1962 (The Removal Men : 03 novembre 1962)

A Genève, Simon rencontre une famille italienne désirant émigrer en Amérique et vendre sous le manteau des diamants lui appartenant, pour financer l'installation. Le père est assassiné et les pierres volées. Le fils, Fillipo, suspecte sa belle-mère Hélène d'être à l'origine de l'affaire. Simon enquête, disculpe le négociant en diamants et découvre que Fillipo avait raison, la femme ayant agi de concert avec son amant. Aidé par un pittoresque inspecteur suisse, le Saint confond les coupables en les dressant l'un contre l'autre.

L'épisode retrouve cette fois  la tradition du roman noir, convenant parfaitement au héros tel qu'imaginé par Charteris. L'épisode restitue savamment l'atmosphère du policier le plus classique : grisbi, femme fatale, complot, figures du milieu... Toute une époque, ce qui rend très admissible le fait que le "couple maudit" soit à ce point daté. Le Saint s'y insère parfaitement, en prenant la place habituellement échue au privé, tout en conservant son identité anglaise. Les personnages italiens prennent quelques attitudes caractéristiques, mais demeurent exempts de caricature, contrairement aux Avengers dans La Loi du Silence. La confrontation finale s'avère remarquablement interprétée.

 Toutefois, si le policier suisse se montre savoureux, l'ensemble manque encore d'humour. On mesure à quel point Charteris pèse sur les débuts de la série, dont la fidélité à l'œuvre empêche la fantaisie ultérieure de s'installer dès à présent. L'amusant monologue initial de Simon ne s'en montre que plus appréciable, notamment lors d'un savoureux persiflage sur les douaniers... Durant l'entretien  du Saint avec  l'inspecteur Kleinhaus, le décor représentant en arrière fond Genêve et son lac s'avère saisissant, une authentique performance. On apprécie de nouveau les ouvertures sur l'époque, comme l'Aurore, à son zénith en ce début des années 60, ou les légendaires avions de la Pan Am.

Barbara Bates (Hélène) vit sa prometteuse carrière progressivement détruite par une grave dépression chronique, qui la força finalement à se retirer. Il s'agit ici de son dernier rôle.  Elle se suicida en 1969.

L'Inspecteur Oscar Kleinhaus réapparaîtra dans l'épisode The Russian Prisonner, toujours interprété par Guy Deghy.

Le tueur est interprété par David Cargill, qui tiendra un rôle équivalent dans Death Dispatch (Avengers, saison 2).

La scène d'introduction contient une définition du métier de douanier caractéristique de l'ironie de Simon : If you take a guy with a well-developed sense of suspicion, give him a five-year course in "How to Make People Blush", do you know what you end up with ? A customs inspector.

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6. LES PERLES DE LA PAIX
(THE PEARLS OF PEACE)

Date de diffusion : 8 novembre 1962 (The Mauritius Penny : 10 novemb62)re 19

Le Saint nous raconte la captivante et très crédible histoire de son ami Brad Ryan. Ce dernier lui a emprunté une forte somme, pour financer une recherche de perles au Mexique. Mais Brad découvre sur place que son associé, Tiltman, est un escroc ayant imaginé toute l'histoire. S'en suit un affrontement durant lequel Brad perd la vue. Il donne signe de vie seulement 3 ans plus tard à sa fiancée, Joss, qui avait refusé de l'accompagner. Entre temps celle-ci est devenue une femme riche et vénale. Elle ne part le retrouver, accompagnée de Simon, que parce qu'il lui affirme avoir retrouvé les perles. Le malheureux est en fait trompé par une mexicaine, Consuelo, qui, par amour,  lui fait vivre son rêve. Elle se tue au travail pour financer une opération lui redonnant la vue, tout en craignant qu'il ne soit rebuté en découvrant sa faible beauté. Le Saint va tout arranger, aux dépens de Joss. Enfin on le suppose, la chute de l'histoire demeurant ouverte.

Les auteurs lancent ici le Saint dans un style inédit, loin du polar coutumier. En soit la tentative n'apparaît pas condamnable, les épisodes décalés ayant souvent constitué d'excellentes surprises au sein d'autres séries. Malheureusement l'échec s'avère ici à peu près total, le Saint se trouvant embarqué dans ce qui devient vite un  récit de très mauvaise Telenovela sud-américaine. Toutes les outrances du genre s'y trouvent portés au paroxysme, tandis que sous nos yeux exorbités se déroulent un mélodrame au style antédiluvien, à la confondante naïveté et digne de la littérature populaire du XIXème siècle. Les personnages ne sont que caricatures lénifiantes, avec une interprétation plombée  à l'avenant. Les poncifs sur le Mexique et ses habitants sont également affligeants, l'un des plus mauvais épisodes du Saint rejoignant ainsi son équivalent de The Twilight Zone, The Gift.

Le plus triste réside dans la dénaturation de la griffe de la série : les formidables petits discours de Roger Moore au public deviennent ici un long laïus lénifiant, accompagnant un flash back empesé. Les causeries de Tonton Roger au coin du feu.  On retrouve ici un élément également très daté puisque l'on reconnaît une pratique caractéristique des plus médiocres anthologies des années 50. Pour le coup Rod Serling est bien loin ! De plus l'épisode indique clairement que Joss aurait du abandonner tous ses rêves pour accompagner son fiancé, comme toute femme doit le faire et qu'il est juste qu'elle soit châtiée pour ne pas l'avoir fait. Consternant. Et puis voir Simon droguer une femme pour la dépouiller, vraiment… Un opus à la crétinerie rare, les Avengers traiteront incomparablement mieux le thème de la cécité avec Second Sight (sans même parler de Father).

Erica Rogers (Joss), d'origine sud-africaine, fut avant tout une actrice de théâtre mais participa à plusieurs séries de l'époque. Elle apparaît dans quatre épisodes de la série.

Bob Kanter (Brad) et Dina Paisner (Consuelo) ne firent pas carrière au-delà de quelques rôles dans les productions des années 60.

L'appartement new-yorkais de Simon nous parle est le même que dans The  Careful Terrorist.

La porte de la demeure de Consuelo change d'apparence entre le moment où le Saint y entre (24'48'') et celui où Joss arrive (35'06'').

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7. LA FLÈCHE DE DIEU
(THE ARROW OF GOD)

Date de diffusion : 15 novembre 1962 (Death of a Great Dane : 17 novembre 1962).

Le riche Herbert Wexall réunit plusieurs convives dans sa superbe résidence balnéaire des Bahamas, près de Nassau. Alors qu'il développe une relation adultère avec sa secrétaire, Pauline Stone, son épouse décide d'inviter le célèbre Simon Templar. Le cynique journaliste Floyd Vosper apparaît à la réception, ce grand spécialiste es ragots se montrant parfaitement détestable. Le soir venu, il est découvert assassiné, transpercé par une flèche. Le Saint mène l'enquête et découvre que tous les invités, et leur hôte, ont un mobile.

The Arrow of God (plus Diane que Cupidon) apporte une certaine déception. L'intrigue va développer l'ensemble des rituels du Whodunit à la Hercule Poirot (exposé des mobiles, meurtre, enquête, grand final de la révélation) mais sur un mode appliqué, quasi mécanique. Le scénario bâtit le squelette mais oublie la chair. Les différents personnages apparaissent superficiels et peu relevés. Ils s'avèrent trop nombreux pour pouvoir être dessinés en profondeur, compte tenu de la durée de l'épisode. De fait l'ensemble manque singulièrement d'intensité dramatique, d'autant que la mise en scène demeure terne et dépourvue de scène d'action. Par ailleurs, la distribution, à la notable exception d'Honor Blackman et d'Anthony Dawson, ne brille pas par sa qualité. On notera aussi qu'à l'instar de nombreux héros de l'époque (Cf. Steed dans The Removal Men), les costumes touristiques du Saint sont devenus très datés. Les Dames s'en sortent nettement plus à leur avantage... La veste rayée multicolore de Wexall semble également jaillir de la garde-robe bariolée du Sixième Docteur. Roger Moore offre cependant aux télespectatrices un déshabillé n'ayant rien à envier à celui de Patrick Macnee dans Mr Teddy Bear !

Cependant; pour les amateurs des Avengers, le grand attrait de The Arrow of God réside bien entendu dans la présence d'Honor Blackman, alors même que débutent les aventures de Mrs Catherine Gale. Malheureusement la frustration est au rendez-vous. Honor n'occupant qu'un rôle secondaire, parmi tant d'autres, et ne dispose que de quelques lignes de dialogues, passablement convenues, avec Roger Moore. Très différent de Cathy Gale, comme de Pussy Galore, son personnage de secrétaire amoureuse lui permet néanmoins d'exposer une autre facette de son talent. On remarque l'excellent Anthony Dawson, qui se montre particulièrement brillant : les perfides réparties de Vosper confronté au Saint valant de loin ses meilleurs dialogues à l'épisode. Ici aussi le profil disert et ironique du journaliste diffère du sinistre et taciturne Pr. Dent de Dr No, d'où une vraie curiosité. La présence conjointe de Moore, et de ces deux acteurs, ainsi que la localisation de l'action aux emblématiques Bahamas finit par valoir à cet opus un arrière fond « 007 », diffus mais agréable. Au total un exercice de style évitant l'ennui mais demeurant par trop superficiel.

Malheureusement aucune autre interprète des futures collaboratrices de Steed n'apparaîtra dans la série. Linda Thorson participera cependant au Retour du Saint, d'Ian Ogilvy (1978-1979), dans l'épisode The Roman Touch.

Cette même année 1962, Robert Dawson devient l'un des premiers adversaires notables de 007 au cinéma, avec le Pr. Dent de Dr No. Il sera également la voix de Blofeld dans Bons baisers de Russie. Avec Roger Moore et Honor Blackman (Pauline Stone), l'épisode devient ainsi un amusant concentré de grandes figures de la saga James Bond ! Le scénariste se nomme également Bond, Julian Bond.

On remarque qu'à la fin de l'épisode, Pauline Stone s'envole pour Londres, galamment accompagnée à l'aéroport par le Saint. Peut-être pour débuter une nouvelle vie et rencontrer un autre partenaire, qui sait ?

Les faux extérieurs peints (notamment durant les scènes de plage) apparaissent particulièrement évidents.

Durant la scène d'introduction, le prétendu article de Vosper apparaît clairement collé sur le journal. Le même artifice se remarquera également chez les Avengers.

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8. L'ÉLÉMENT DU DOUTE
(THE ELEMENT OF DOUBT)

Date de diffusion : 22 novembre 1962 (The Sell Out : 24 novembre)

Carlton Rood est un avocat new yorkais prêt à toutes les bassesses pour que les procès des chefs de la pègre se concluent par un acquittement.  Le gangster Sholto brûle l'un de ses entrepôts, pour toucher l'assurance, ce qui entraîne la cécité d'une femme de ménage et la mort d'un policier. Rood le fait innocenter, à la grande colère du Saint. Simon va inciter les deux complices à se méfier l'un de l'autre, jusqu'à ce qu'ils se détruisent mutuellement.

Episode particulièrement abouti et enthousiasmant que L'élément du doute. On retrouve un admirable roman noir, à l'atmosphère américaine parfaitement reconstituée. Hormis quelques éléments datant l'épisode, comme les voitures, on a souvent l'impression de regarder un excellent épisode des Incorruptibles. Le scénario soigne particulièrement la description et la véracité des personnages, n'hésitant pas pour cela à écarter Simon durant le quart d'heure initial, soit près d'un tiers de l'épisode ! Une jolie audace qui se révèle payante, Sholto (gangster de nouveau interprété par l'épatant Bill Nagy) et Rood se montrant irrésistibles dans leur genre ! La Templar Girl du jour se montre assez irrésistible, de même que l'ensemble de l'interprétation, savoureusement archétypale.

A défaut d'originale, l'intrigue, supérieurement dialoguée, se montre habilement construite, avec d'implacables ressorts. Simon n'est pas un tendre et ne se situe ici guère loin du mortel justicier des textes de Charteris.  Certaines scènes de violence, notamment durant l'incendie, étonnent par leur crudité et leur réalisme percutant. On se situe loin des assassinats initiaux de haute voltige des Avengers, d'où un impact de nature différente mais incontestable. Une belle mécanique de polar, impeccablement écrite et interprétée. Sur un thème similaire (l'invincible avocat marron des bandits) on préfèrera tout de même le délicieusement anglais et fantaisiste Plaidoirie pour un meurtre des Avengers, mais il s'agit de l'un des meilleurs opus de cette série, toutes saisons confondues. Il reste d'ailleurs très amusant de comparer ces deux épisodes. Quelle mouche peut bien piquer Simon pour convier le commissaire au dîner qu'il doit partager avec la jeune femme ? Le Saint paraît décidément bien prude !

Bill Nagy avait déjà interprété un gangster, très similaire à Sholto, dans The Latin Touch, deuxième épisode de la saison. On retrouve également  Alan Gifford, rejouant l'inspecteur Fernack,  découvert dans l'autre aventure new-yorkaise de cette saison, The Careful Terrorist. Il n'apparaîtra plus par la suite.

Carlton Rood est interprété par l'excellent  David Bauer, apparu dans la plupart de séries de l'époque. Il participera à pas mois de cinq épisodes du Saint. Bauer fut ainsi  l'un des Numéros 2 du Prisonnier, dans le très western  Living in Harmony. Dans Chapeau Melon, il fut l'Evêque, le chef de l'organisation criminelle Bibliotek (Les Petits Miracles) et le Colonel Ivanoff (Maille à partir avec les Taties). Bauer participe aussi à Les Diamants sont éternels (Mr Slumber).

L'épisode est l'occasion pour le Saint d'user de l'un de ses très rares déguisements. Pour changer d'identité il arbore une paire de lunettes, un procédé utilisé à plusieurs reprises dans les Avengers.

Pour compléter l'illusion, Roger Moore prend un accent américain, un effet amusant à défaut d'être pleinement convaincant ! L'acteur retentera l'expérience dans l'épisode L'un et l'autre, d'Amicalement vôtre.

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9. LE PÊCHEUR FATIGUÉ
(THE EFFETE ANGLER)

Date de diffusion : 29 novembre 1962 (Death on the Rocks : 01 décembre 1962)

A Miami, Simon fait connaissance de la sublime Gloria. Ils partent pêcher dans les îles  Bimini, mais Simon se méfie de l'empressement exprimé par sa compagne de voyage. Il s'avère qu'elle est mariée au riche et brutal Clinton, vite jaloux. Le Saint doit jeter à l'eau son bras droit, Vincent, venu le corriger. Gloria ne cesse pas pour autant de tourner autour du Saint et propose de s'enfuir avec lui aux Etats Unis, en avion. Vincent et Clinton sont arrêtés après avoir vainement tenté d'assassiner Simon. Le saint demeure sur ses gardes car il suspecte que Gloria lui dissimule quelque chose...

Le scénario de The Effete Angler se montre plaisant, même si passablement irréaliste. Les rebondissements se succèdent, mais son idée maîtresse demeure de parvenir à allier une classique intrigue de polar à l'atmosphère estivale et décontractée du nautisme des Bahamas. Un pari gagné, car cette agrégation  se perçoit comme dépourvue d'artificialité, tandis qu'aucun de ces deux aspects n'est en définitive sacrifié. Les pittoresques  Clinton et Vincent se montrent fort parlants à cet égard, entre humour et vraie violence ? La vitalité et l'a personnalité de Stassino font d'ailleurs merveille à cet égard. Il en va pareillement pour le skipper, criminel mais aussi divertissant en caricature de caboteur.

 La mise en scène soutient  parfaitement cet aspect du récit, donnant notamment lieu à une atmosphère maritime spécifiant agréablement l'épisode. La technique de la surimpression des acteurs sur un fond d'image océanique fonctionne fort correctement. On apprécie en particulier les dépaysantes scènes en extérieur, d'autant que les différents yachts d'époque se montrent fort élégants et racés. Elles ont évidemment été réalisées en Angleterre mais le noir et blanc permet d'éviter une comparaison frontale avec le bleu des eaux des Bahamas. L'habile photographie pallie également au déficit d'ensoleillement, Au total, l'illusion s'avère quasi parfaite,  hormis pour les quelques arbres aperçus sur les rivages !

Mais le grand atout de The Effete Angler demeure bien entendu la superbe et incandescente Shirley Keaton, poussant ici bien davantage le jeu de la séduction que lors du pilote de la série, The Talented Husband. Outre sa beauté, son personnage s'harmonise parfaitement au propos du scénario, Gloria se montrant à la fois très vamp et femme fatale, mais aussi amusante par sa vivacité et l'évidence de ses mensonges, souligné par l'attitude d'un Saint lui même fort diverti.  Il reste piquant de voir la fine mouche féminine se jouer des réflexes et des certitudes masculines, du moins tant qu'elle n'a pas affaire à Simon ! Au-delà du contexte 007, l'association entre l'actrice et Roger Moore fonctionne à la perfection, jusqu'à l'astucieux final. Il nous vaut un couple à la mémorable séduction et classieux en diable. 

Shirley Eaton (Gloria), immortalisée par son apparition dans Goldfinger (the Golden Girl), participera à deux autres épisodes : The Effete Angler et Invitation to Danger.

Paul Stassino participe en tout à  cinq épisodes du Saint,  ainsi qu'à de nombreuses séries de l'époque, notamment pour sa personnalité exotique lui permettant de jouer des étrangers.  Au cinéma, il est surtout connu pour son double rôle dans Opération Tonnerre. Stassinao interprète également un faux Tito dans l'épisode des Avengers  The Decapode.

Les îles Bimini, dépendance des Bahamas, se situent à 80 km à l'est de Miami. Elles sont en effet réputées pour leurs zones de pêche, ainsi que pour la beauté de leurs fonds marins. La proximité de Miami fait que de nombreux pécheurs américains se rendent sur place en bateau, tout comme le Saint et Gloria.

Les diverses scènes de bateau furent tournées dans l'estuaire de la rivière Hamble, dans le Hampshire. Ses paysages boisés et sa navigabilité en font une zone très cotée pour les navires de plaisance, avec de nombreuses marinas. Déjà pratiqué au Moyen-âge, l'estuaire est surnommé  The Heart of British Yachting.

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10. LA LEÇON DE VOYAGE
(THE GOLDEN JOURNEY)

Date de diffusion : 06 décembre 1962 (Traitor in Zebra : 8 décembre 1962)

Le Saint se rend en Espagne pour assister au mariage de l'un de ses meilleurs amis. Dans un hôtel de la Costa Brava il fait connaissance de la fiancée, Belinda Deane. Celle-ci se révèle se riche jeune femme trop gâtée, au tempérament exécrable. Désireux d'éviter une catastrophe à son ami, le Saint dérobe toutes les ressources de Belinda et entreprend avec elle une excursion forcée d'une semaine dans la nature. D'abord ulcérée, la jeune femme va progressivement apprendre les vraies valeurs et devenir une future épouse idéale.

L'épisode semble vaguement s'inspirer du classique de Shakespeare La Mégère Apprivoisée, mais où la verve et la truculence seraient remplacées par la mièvrerie et un sexisme exacerbé. Avec son bucolisme naïf et édifiant, The Golden Journey apparaît dépourvu de tous les éléments caractéristiques et du charme habituel des séries d'aventures, avec une absence totale d'opposition, de scènes d'action ou de tout enjeu autre que ce simili road movie de pale facture.  L'ineptie des situations ne permet guère à Robert S. Baker de briller lors de sa première réalisation. Les deux comédiens principaux se montrent néanmoins performants. Le pire demeure le machisme massif du récit, directement issu de l'œuvre de Charteris et qui apparaîtra tout de même davantage allégé et policé au fil de la série. Cette vision de la femme enfant devant être reprise en main par l'homme, au besoin brisée par une solide fessée, afin de devenir une épouse bien cadrée, rend antédiluvien l'ensemble du scénario.

A côté de cette consternante misogynie,  l'épisode bénéficie cependant de quelques attraits. Les guests du jour s'avèrent particulièrement plaisants, avec de divertissantes prestations des très en verve Paul Whitsun-Jones et Roger Delgado, celui-ci dépourvu de l'emblématique barbichette du Maître ! On retrouve également de nombreux et réussis extérieurs du Pays de Galles, évidemment très différents des paysages du sud espagnol, mais visuellement superbes. A l'instar de bien d'autres destinations du saint, l'évocation de l'Espagne accumule les clichés, dont l'inévitable flamenco. Mais l'ensemble demeure élégant et sans antipathie, avec notamment de superbes morceaux de guitare. The Golden Journey évite ainsi au moins le travers de l'honteux misérabilisme crapuleux de l'épisode espagnol d'Amicalement vôtre, To the Death, Baby. Après l'échec de The Pearls of Peace, cette première saison confirme néanmoins qu'elle n'a pas la main heureuse avec ses épisodes décalés !

Il s'agit du premier épisode dirigé personnellement par Robert S. Baker. Il en réalisera trois autres, tous situés durant la saison 2 (The Saint Plays With Fire, The Wonderful War et The Saint Sees it through)

Erica Rogers (Belinda), était déjà apparue dans The Pearls of Peace, pour un rôle très similaire. Elle participe en tout à quatre épisodes de la série.

L'acteur gallois Paul Whitsun-Jones est bien connu des amateurs des amateurs des Avengers, puisqu'il participa à quatre épisodes, interprétant notamment Charles, un supérieur de Steed (The Wringer, Man with two shadows)  et Max Chessman (Room without a view). Il joue en tout dans quatre épisodes du Saint.

Roger Delgado (Stay Tuned) participera également à Locate an Destroy, avant d'apparaître dans l'épisode espagnol des Persuaders, To the Death, baby.

Lors de l'insert initial, la ville balnéaire supposée être espagnole est en fait italienne. Il s'agit d'Amalfi, située près de Salerne, en Campanie. La beauté de sa côte (également aperçue à la conclusion de l'épisode) et les multiples influences architecturales méditerranéennes la caractérisant lui valent d'être inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO.

Les nombreux extérieurs ne sont évidemment pas situés dans la région de Torremolinos, mais au Pays de Galles. La rivière traversée et la chute d'eau sont celles de Swallow Falls, près de  Betws y Coed. Les paysages montagnards sont ceux de Rhyd Ddu, dans le Gwynedd. On aperçoit notamment le Mont Snowdon, point culminant du Pays de Galles. Ces scènes sont réalisées avec d'évidentes doublures des acteurs.

L'hôtel est le même que l'établissement mexicain de The Pearls of Peace (idem pour le bar). Il servira également dans Teresa.

Baker raconte que Lew Grade ne fut pas satisfait de l'épisode, notamment du fait du manque total de scène d'action. A cette occasion il fut décidé que chaque épisode devrait désormais en comporter au moins une. Baker explique cette absence par le choix de la fidélité à l'ouvrage original de Charteris.

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11. L'HOMME QUI AVAIT DE LA CHANCE
(THE MAN WHO WAS LUCKY)

Date de diffusion : 13 décembre 1962 (The Big Thinker : 15 décembre 1962)

A Londres, le gangster Joe Luckner, surnommé Lucky, règne d'une main de fer sur le monde des paris. Il décide de racketter un bookmaker nommé O'Connor, n'hésitant pas à exécuter son associé.  O'Connor, fiancé à la belle Cora,  fait appel au célèbre Simon Templar.  Aidé de la délurée Jane et de l'Inspecteur Claude Eustache Teal, le Saint va tendre un piège diabolique au bandit et parvenir à le faire tomber.

Après le fort douteux opus précédent, la série va ici opérer une magistrale correction de trajectoire. Le récit convient ici idéalement au Saint, avec un polar de grande cuvée. L'arnaque, inépuisable source d'inspiration, fonctionne à la perfection, le fait qu'elle soit annoncée bien à l'avance n'empêchant en rien le développement d'un vrai suspense. Il demeure plaisant que cela soit en définitive la ruse qui triomphe de la force brutale, incarnée avec une étonnante intensité par Lucky. L'histoire regorge de scènes d'action, parfois d'un cruel réalisme, contribuant à survolter une intrigue déjà dépourvue de temps morts. La mise en scène démontre un remarquable sens du montage, notamment lors de la prétendue exécution. Elle bénéficie également d'un étonnant nombre de scènes extérieures, aérant le récit et soulignant joliment le retour du Saint dans la mère patrie. On savoure également à cette occasion les apparitions de la flamboyante Volvo ST1, finalement peu aperçue cette saison. Les décors intérieurs répondent également à l'appel, avec notamment le  superbe appartement de Simon. On remarque toutefois que, contrairement à ceux de Lord Sinclair ou John Steed, il demeure quelque peu neutre dans sa grande élégance formelle. Cela correspond finalement à merveille à cet impénitent voyageur qu'est le Saint, pour qui la résidence londonienne ne constitue finalement qu'un temporaire port d'attache.

Comme souvent lors des grands épisodes du Saint, The Man Who Was Lucky s'accompagne d'une relevée galerie de portraits, d'autant plus appréciable que l'efficace scénario parvient à parfaitement gérer un nombre important de personnages et que l'interprétation s'avère globalement excellente. Si O'connor reste un tantinet fade les gangsters archétypaux sont remarquables. Teal, sympathique et plus extraverti qu'il ne le deviendra avec Ivor Dean, apporte un humour bienvenu à l'intrigue. Sa complicité avec Simon fait déjà plaisir à voir ! On retiendra cependant avant tout l'enthousiasmant duo féminin, à l'admirable solidarité face à l'épreuve. Habilement antinomique, il joue également admirablement de l'opposition entre la forte Clara, à la tête solidement juchée sur les épaules, et la superbe et plus évaporée Jane, au cœur d'or. On apprécie deux voir ces deux dames participer plus activement qu'à l'accoutumée à l'action, sans pour autant, bien entendu, rivaliser avec le Saint. L'épisode, l'un des plus enthousiasmants de la saison, se conclue idéalement sur une ultime élégance de Simon, particulièrement en forme tout au long du récit.

L'épisode voit l'apparition de l'Inspecteur Teal, appelé à participer à nombre des aventures anglaises de Simon. Cependant Teal ne sera pas tout de suite joué par Ivor Dean, Son interprète au long cours. Il est ici incarné par l'excellent Campbell Singer, le Major B de Who's Who ?.

Aperçue dans la scène d'introduction, la course de lévriers (Greyhound Racing)  est une discipline très populaire en Grande Bretagne, comme dans l'ensemble des pays anglo-saxons. Depuis 1926, elle donne effectivement lieu à un système de paris assez similaire à notre PMU. Après un certain déclin, à l'issue des années 60, ces courses connaissent une grande vogue ces dernières années. Les courses se déroulent en plusieurs endroits spécialisés et sévèrement encadrés par les autorités. On trouve 26 de ces « Greyhound Stadiums » dans le pays.

Durant une scène en extérieur, la voiture de Lucky se gare devant une façade aux nombreuses portes fenêtres. Or, vue depuis l'habitacle, celle-ci devient un mur de briques (42'52''). Le bâtiment, situé non loin d'Estree, est désormais un Mac Donald's !

L'épisode se caractérise par un nombre inhabituellement élevé de plans extérieurs, comparé à ce que propose habituellement la série. On reconnaît ainsi plusieurs sites londoniens : Picadilly, Trafalgar Square, les nombreux cabarets de Stratton Street (surnommé Club Land), dans Mayfair etc

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12. LA COMTESSE CHARITABLE
(THE CHARITABLE COUNTESS)

Date de diffusion : 20 décembre 1962 (Death Dispatch : 22 décembre 1962)

 A Rome, de nombreux orphelins connaissent la misère. La Comtesse Kristina Rovagna prépare un grand bal de charité, visant à recueillir les dons de la haute société en faveur des petits nécessiteux. Mais cette ancienne strip-teaseuse et demi mondaine, anoblie par un superbe mariage, capte la majeure partie de l'argent et n'en remet qu'une fraction  aux bonnes œuvres religieuses. Le Saint, qui a participé au bal, découvre le pot aux roses. Il va rétablir l'équité aux dépends de la charmante mais vénale Comtesse, avec l'aide de son ami le chauffeur de taxi Marco de Cesari

La saison se conclue sur un nouvel opus décalé, ce qui suscite d'emblée l'inquiétude, après l'échec des tentatives équivalentes précédentes (The Pearls of Peace et The Golden Journey). Or on se laisse saisir par le charme de cette véritable fable que constitue The Charitable Countess. Evidemment le spectateur sera d'emblée passablement surpris par la représentation hautement naïve et hors d'âge  des orphelins, entre Oliver Twist et Sans Famille et aux antipodes du néoréalisme italien. Mais, avec un peu de bonne  volonté, on se laissera gagner par la fraicheur des enfants, assez formidables de naturels. Les auteurs ont également la malice de tisser quelques savoureuses convergences entre le leader de la bande et le Saint lui-même.

On oublie par ailleurs assez facilement la maigreur de l'intrigue pour admirer les formidables comédiens : Roger Moore impérial en grande tenue, Warren Mitchell toujours épatant de pittoresque en Marco de Cesari et Nigel Davenoport parfaitement convaincant dans son rôle intéressant de figure mondaine et de soupirant officiel de la Comtesse, aussi brillant que jaloux.  Le charme et la vivacité de la belle Patricia Donahue emportent l'affaire, le duel souriant, empreint de séduction  mais acéré, opposant la Comtesse et la Saint nous valant plusieurs scènes piquantes. Le public français y reconnaîtra avec plaisir quelques similitudes avec les confrontations de Vidocq et de la Baronne. La longue scène finale pourrait sombrer dans le démonstratif, mais se voit sauvée par l'étonnante conviction de Roger Moore. Derrière son vibrant appel aux grands de ce monde en faveur de l'enfance nécessiteuse, on devine déjà le futur Ambassadeur de l'UNICEF, ce qui confère une aura supplémentaire au récit.

L'on ressort finalement séduit par cette aventure hors normes, dont la date de diffusion nous indique qu'il s'agit en définitive d'un épisode de Noël. Ainsi s'achève cette première époque du Saint, réussie malgré quelques inévitables trous d'air. Elle constitue effectivement une solide concurrence pour une saison 2 des Avengers encore en demi-teinte.

Des acteurs déjà aperçus dans Aventure à Rome se retrouvent ici. C'est le cas de l'inénarrable Warren Mitchell, qui reprend son rôle de Marco de Cesari.

Nigel Davenport (Aldo Petri) est connu dans le Monde des Avengers pour avoir interprété le Major Robertson (Les Chevaliers de la Mort), ainsi que Lord Barnes (Double personnalité).

Le fait de fermer la porte suffit à déplacer le miroir accroché au mur, on se rend ainsi bien compte qu'il s'agit d'un décor (12).

Durant cette première saison, les aventures du Saint se seront déroulées en Grande Bretagne, aux Etats-Unis (New York et Miami), en France, en Italie, en Espagne, aux Bahamas, en Suisse et au Mexique.

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Images capturées par Estuaire44.