Saison 4 1. Sabotage (The Chequered Flag) 2. Voyage à Paris (The Abductors) 3. Le Champion (The Crooked Ring) 4. Un bon détective (The Smart Detective) 5. Les Trois Madame Oddington (The Persistent Parasites)
6. L'Homme qui défie la mort (The Man Who Could Not Die) 7. Les Coupeurs de diamants (The Saint Bids Diamonds) 8. Les Bijoux de Donna Luisa (The Spanish Cow) 9. Le Trésor (The Old Treasure Story)
1. SABOTAGE
Date de diffusion : 01 juillet 1965 Une nouvelle jeune femme en détresse appelle à l’aide le célèbre Simon Templar. La charmante Catherine lui apprend qu’un certain Oscar Newley tente de s’approprier le moteur de voiture révolutionnaire inventé par son père, désormais défunt. Oscar, ancien coureur automobile, est un entrepreneur en constantes difficultés financières. Le Saint mène l’enquête dans le milieu des courses automobiles, en se faisant passer pour un investisseur, mais finit par sympathiser avec le pittoresque Oscar. Il va s’avérer que l’affaire est tramée par l’un de ses rivaux, dont la sœur, la belle Mandy, n’est pas insensible au charme du Saint et ne le dissimule absolument pas. Sabotage se montre tout à fait solide et entrainant, dans la droite lignée de la série. Comme avec la boxe pour le prochain The Crooked Ring, le récit, encore une fois très classique (et déjà vu à plusieurs reprise s au cours de la série), s’enrichit en recourant à un sport traditionnellement viril, ici la compétition automobile. Les ressorts résultent vraiment similaires, avec notamment Simon participant à la course tout comme il montera sur le ring. Pour le reste on se régale avec la trogne des différents messieurs rencontrés, grâce aussi à deux Templar Girls toniques et tout à fait charmantes. Les divers épisodes visionnés jusqu’ici confirment d‘ailleurs à quel point ce dernier élément s’avère crucial dans le jugement porté sur un épisode du Saint ! Par ailleurs on comprend aisément la fréquence des apparitions de Justine Lord dans la série. L’intrigue tente quelques twists mais le faux coupable s’avère d’entrée trop sympathique et direct pour que cela fonctionne vraiment. Mais les belles images de sports mécaniques rendront évidemment l’épisode très appréciable, d’autant que l’œil se régale à foison, malgré quelques évidents trucages d’époque (on se croirait par moments sur la voiture jouet de la fin de la Chasse au trésor). Pimentée avec humour, l’ambiance particulière des courses des Sixties est bien rendue. Encore artisanale et décontractée, elle n’a rien à voir avec les énormes machineries d’aujourd’hui. Les dialogues, toujours impeccablement servis par Roger Moore, demeurent souvent plaisants. On apprécie vivement la malice et la bonne humeur du tag final de cet épisode très à la Michel Vaillant. Un spectacle réellement divertissant.
2. VOYAGE À PARIS
Date de diffusion : 08 juillet 1965 La belle Madeline Dawson a gagné à la loterie un week-end à Paris, l’un de ses grands rêves. Mais le séjour la déçoit quelque peu, du moins jusqu’à ce qu’elle y rencontre le célèbre Simon Templar. A ses côtés, la vaillante jeune femme va participer au combat contre une conspiration étrangère visant à enlever un célèbre scientifique, où interviennent également la police et le Deuxième bureau français. Après moultes péripéties et rebondissements, Madeline conservera un grand souvenir de son séjour parisien ! Irrésistible escapade à Paris, romantique et mouvementée, que nous présente The Abductors. Si la réalisation joue relativement moins la carte du pittoresque humoristique que les épisodes équivalents des Avengers (les pandores de Pantruche ne résultant pas pires que ceux de Londres), elle manifeste néanmoins un vrai soin dans la reconstitution française, incluant toujours un élément culturel dès que possible. Un vrai feu d'artifices, agréablement daté. On apprécie particulièrement le superbe insert de l’aéroport international d’Orly, alors flambant neuf (il vient d’être inauguré en 61 par le Général). Quand on connaît un peu les lieux, on s’amuse ensuite de constater à quel point le décor montré n’a rien à voir avec la réalité, ce qui n’empêche pas un magistral message publicitaire pour Air France ! Le passage de l’hôtel montre le même esprit de vaudeville que l’équivalent d’Amicalement vôtre, lors du très parisien Un drôle d’oiseau. Si, comme souvent, l’intrigue reste ultra classique, ses effets se montrent percutants et efficaces, même si jouant trop sur les coïncidences (le tueur qui quitte l’hôtel au moment au Simon arrive, l’autre tueur qui quitte la chambre quand Simon arrive, l’hélicoptère des tueurs qui se pose quand… etc.). Mais l’essentiel réside ailleurs, dans le cadeau fastueux que représente le casting particulièrement relevé de l’épisode, avec nombre des comédiens importants des Avengers, tous absolument remarquables dans des rôles évoquant ceux de Chapeau Melon. On se régale particulièrement avec Dudley Foster, vraiment impérial en adversaire coriace et impitoyable de Templar. Les amateurs du Docteur seront également à la fête avec un Nicolas Courtney aux antipodes du Brigadier ! Mais le cœur vivant, et en définitive la vraie vedette, de The Abductors demeure la toujours si craquante et adorable Annette André, aussi irrésistible dans ce rôle que dans Mandrake. Son personnage (très à la Mylène Demongeot) résulte particulièrement attachant et justifie pleinement ce séjour à Paris, The Most Romantic City in the World. On n’oubliera pas non plus l’émouvante grisette de Pigalle, assassinée lors d’une scène particulièrement éprouvante. Au total un vrai coup d’enthousiasme pour cet épisode enlevé et formidablement interprété. Décidément la France (Paris ou la Riviera) constitue un parfait écrin pour les séries anglaises de l’époque !
3. LE CHAMPION
Date de diffusion : 15 juillet 1965 La charmante Connie sollicite l’aide du célèbre Simon Templar. Son fiancé, Steve, prometteur boxeur, va affronter sur le ring un terrible adversaire, The Masked Angel, et elle craint une catastrophe. Simon s’aperçoit que l’Ange a la facheuse habitude de remporter des matchs contre des opposants supérieurs, car ces derniers perdent brusquement connaissance (voire décèdent) .Il soupçonne des matchs truqués par le manager ‘Doc’ Spangler. Après une enquête difficile dans le monde de la boxe, le Saint ne parvient pas à percer le secret du gang. Quand Steve est blessé, il se décide à affronter l’Ange sur le ring, afin de découvrir comment les matchs sont truqués. Episode tout à fait plaisant que The Crooked Ring. Evidemment, on pourra toujours tiquer sur une histoire derechef classique de matchs truqués (malgré l’astuce du modus operandi), mais l’ambiance du monde de la boxe, efficacement reconstituée, apporte une vraie valeur ajoutée à l’intrigue. De plus les adversaires du jour ont des trognes vraiment pittoresques ! Le boxeur et sa charmante fiancée ne se limitent pas à de simples prétextes et se montrent au contraire très attachants, ce qui apporte un enjeu supplémentaire au récit. L’épisode joue et gagne sur le clou final qu’est le combat de boxe de Simon Templar, que l’on sent évidemment venir depuis le commencement, mais qui tient toutes ses promesses. Sa mise en scène se montre tout à fait… Percutante, bien supérieure à celle du Killerwhale, en saison 2 des Avengers. D’ailleurs entre les deux épisodes celui du Saint l’emporte globalement par KO. La participation au combat d’un Roger Moore tonique et convaincant se révèle un atout maître, par rapport aux doublures des Avengers ou aux prestations disons pleines de bonne volonté de Patrick Macnee (The Decapod). Moore excelle également lors de la pétillante de provocation dans la loge de ses antagonistes. Le passé de boxeur du cascadeur Nosher Powell, ayant par ailleurs participé à Chapeau Melon apporte un surcroît de crédibilité à un épisode déjà solide. L’ensemble de la distribution convainc et Jean Aubrey insuffle une indéniable vivacité à son juvénile personnage. La conclusion de l’épisode se montre particulièrement divertissante, quand Simon estime ironiquement qu’aller voir du catch est une garantie contre les matchs truqués !
4. UN BON DÉTECTIVE
Date de diffusion : 22 juillet 1965 Le détective privé Peter Corrio devient fameux sous le surnom de The Gem Detective, car ces derniers mois, il parvient à résoudre plusieurs affaires liées à des vols de bijoux. Le Saint se méfie du personnage et de ses étonnants succès, d’autant que qu’il vole à la rescousse de la belle Janice, sœur d’un homme arrêté par Corrio, dont elle assure qu’il a été victime d’un complot. Le Saint va s’intéresser à une grande exposition d’émeraudes dont Corrio a assuré la sécurité, affirmant qu’elle était à l’épreuve de toutes les tentatives de cambriolage. L’Inspecteur Teal ouvre également l’œil. Il va s’avérer que Carrio n’était qu’un escroc, en fait désireux de s’emparer des pierres ! La traditionnelle scénette d’introduction commence par un savoureux pitch de Simon à propos de la magie des émeraudes, avant de basculer fans un dialogue considérablement plus convenu avec Claude Eustache. Cette déception est à l’image de l’ensemble de The Smart Detective. En effet un sujet captivant, le duel entre les méthodes de Simon et celle d’un Profiler avant l’heure que nous promet leur première rencontre, vire vite au polar tout à fait classique. L’intrigue n’est pas sans astuce (on pense un peu à Trop d’indices) et se ménage quelques twists réussis (la trahison de la Templar Girl, le piège tendu à Simon) mais manque tout de même d’allant et de combustible. Le scénariste tire visiblement à la ligne avec une poursuite automobile conventionnelle et un final clairement délayé. On devine immédiatement que Simon n’est pas tombé dans le panneau et le recours à la gaine d’aération s’avère si banal que toute cette trop longue séquence manque terriblement d’intensité. Il en va de même pour les acteurs secondaires, le méchant du jour manquant vraiment trop de panache et sa complice de chien. Les combats paraissent également très faibles, le prétendu champion d’arts martiaux se bat toujours avec le même risible coup de tranchant, on croirait un Cybernaute en fer blanc. La « vieille dame pittoresque » supposée nous divertir nous fatigue rapidement, c’est tout à fait vrai que les Avengers ont été plus savoureux là-dessus. Roger Moore sauve l’épisode, aidé par des dialogues aussi fringants que lui. Le Saint se montre joliment incisif face à son terne adversaire. Par ailleurs on a droit de nouveau à quelques extérieurs réussis autours de curiosités architecturales (Queen’s Gate, immeuble très design d'Hendon Hall Court…). Par contre le Saint réside dans une rue vraiment très quelconque ! Un épisode assez mineur.
5. LES TROIS MADAME ODDINGTON
Date de diffusion : 29 juillet 1965 Le milliardaire vieillissant Waldo Oddington convie ses trois ex épouses à une fête donnée sur une île qu’il possède au large de Monaco. Il leur a promis une belle surprise, mais va en fait leur présenter sa prochaine promise, la jeune française Nadine. Waldo invite également le célèbre Simon Templar à la party, ainsi que d’autres proches. Waldo est alors assassiné et il s’avère qu’il est ruiné, ne possédant plus qu’une importante assurance vie. Le Saint va mener l’enquête pour déterminer quel(le) invité(e) est le(la) coupable. Au fil et à mesure que déroulent les épisodes du Saint, se révèle une faiblesse de la série. Non seulement la nature de ses scénarios s’avère le plus souvent extrêmement classique (ce qui n’entrave pas la saveur de la narration et de l’interprétation), mais il apparaît désormais de plus en plus visiblement que de mêmes idées se recyclent d’un opus à l’autre. Ici on retrouve un Whodunit à l’Agatha Christie, et il s’avère traité exactement selon les mêmes tempos et structures que les précédents, le mimétisme se révélant particulièrement fort avec The Arrow of God. L’effet de déjà-vu joue à plein, d’autant que là encore le réalisateur échoue à animer le huis clos, terriblement statique au sein de décors assez ternes. On se console avec de nombreux superbes inserts de Monaco et de la Riviera. On remarque d’ailleurs que, à l’instar des futurs Persuaders, la France de Simon se limite strictement à Paris et à la Riviera ! Toutefois The Persistent Parasites joue pleinement les quelques cartes lui restant en main. La reconstitution française se perçoit toujours comme aussi exotique que plaisamment caricaturale. Ah, ses nuits de la Riviera, bercées par un accordéon langoureux entonnant Au Clair de la Lune ! Le charmant accent français de Nadine apporte aussi à l’atmosphère, sans excès inutile. L’interprétation demeure d’ailleurs le grand atout coutumier. Arnold Diamond nous régale d’un de ses meilleurs numéros du pittoresque colonel Lattignant, à la fois plus amusant et plus fin que se collègues parisiens, tandis que Cec Linder donne un Waldo plein de vitalité et de bonne humeur sarcastique. L’auteur saisit pleinement l’opportunité de la spécificité majeure de l’opus, en dessinant trois dames que tout oppose (personnalisé, nationalités), se détestant cordialement mais infailliblement liguées contre la juvénile nouvelle venue, un joli marigot. Après un lancement agréablement humoristique, il réussit le pari de ne placer le meurtre qu’en dernier quart de récit, afin de développer des portraits psychologiques fort bien sentis. En sous-main, il oppose deux attitudes face à la survenue de l’âge mûre, la masculine tentant de fuir le parcours du temps par une affirmation enjouée de la séduction, parfois un peu ridicule (ce serait d’ailleurs intéressant de peindre un Templar vieillissant) et la féminine, certes amère mais autrement plus lucide.
6. L'HOMME QUI DÉFIE LA MORT
Date de diffusion : 5 août 1965 Grâce à un ami commun, Nigel Perry, le Saint fait la connaissance de Miles Hallin, surnommé « l’homme qui ne peut pas mourir ». Cet aventurier a en effet frôlé la mort à de multiples occasions durant sa vie agitée. Nigel indique à Simon que Miles subirait un chantage, car il prélève de l’argent sur le compte de l’entreprise qu’ils ont créé. Mais la vérité est toute autre. La fiancée de Nigel s’inquiète quand Miles invite Nigel à une excursion spéléologique au Pays de Galles. Le Saint décide de les accompagner. Débute alors un affrontement entre les deux hommes d’action. Le surdoué Terry Nation avait été le grand artisan de la précédente saison, renouvelant le Saint en n’hésitant pas à le précipiter dans des aventures relevant de domaines jusqu’ici inexplorés (Science-fiction, Fantastique, films de guerre), avec toujours un indéniable succès à la clef. Son retour suscite donc de grandes attentes, d’autant que, pour l’occasion, Roger Moore revient derrière la caméra. Et de fait les espérances se voient récompensées, car ce diable de Nation extraie une nouvelle grande idée de son inépuisable chapeau. Ici il suscite un parfait anti Templar, un procédé encore original au sein de la série mais dont on connaît le potentiel dramatique. L’opposition entre Steed et Beresford, 007 et 006 ou le Docteur et le Maître comptent parmi les moments les plus intenses de leurs épopées, un phénomène parfaitement exploité par Nation. L’auteur organise ses effets de main de maître, notamment lors de la rencontre, mettant en évidence les parallèles en ces « deux derniers aventuriers » d’un monde désormais délimité, mais aussi la déviance d’Hallin. Celle-ci se développe lors de scènes parfaitement minutées (goût du lucre et de la croate, appétence pathologique pour le danger, tel un Chevalier de la Mort des Avengers). Nation parfait même son œuvre en introduisant le nécessaire conflit personnel, à travers le destin de Perry. De la belle ouvrage, pour un épisode particulièrement dense et au suspense savamment entretenu jusqu’à la dernière minute. Nation peut s’appuyer sur une grande composition de Patrick Allen , dans un rôle à sa hauteur, autrement plus développé que celui de Le Jeu s’arrête au 13. Il exprime parfaitement le dérèglement profond du personnage. Réalisateur, Roger Moore échappe une nouvelle fois à la tentation de mettre en avant son personnage mais sait rebondir sur la situation particulière crée par Nation, afin de peindre Simon sur un mode plus sombre et véhément qu’à l’accoutumée. Les seconds rôles se montrant fort plaisamment (le jeune couple) ou volontiers divertissants, avec l’Inspecteur Teal dans ses œuvres ou les Gallois à l’accent particulièrement savoureux (il faudra attendra la Gwen de Torchwood pour en retrouver l’équivalent !). Metteur en scène astucieux, Moore réussit quelques jolis coups, comme les inserts bien trouvés de Glen Coe, une brève poursuite automobiles dans la nuit londonienne (exercice de style finalement assez rare dans la série), ainsi qu’une exploitation efficace du décor réussi des grottes, le huis clos portant à incandescence la confrontation entre Templar et Hallin, que Nation rend finement autant psychologique que physique. Le seul point noir, inhérent à la série, réside dans le traitement réservé au seul personnage féminin au sein de cette confrontation éminemment virile, réduite à un boulet que Simon doit traîner sans cesse (Cf. Honey Rider). Un épisode enthousiasmant par ailleurs.
7. LES COUPEURS DE DIAMANTS
Date de diffusion : 12 août 1965 A Tenerife, le Saint recherche un précieux diamant dérobé à Paris, le Regency Diamond. Le responsable du vol, Graner, a fait venir un tailleur de pierre américain, afin de scinder le joyau et de pouvoir vendre les fragments. Le Saint va opérer une substitution et découvrir que Graner est un ignoble individu, particulièrement odieux avec sa femme, la belle Christine. Le voyage aux Canaries de Simon Templar s’avère nettement enthousiasmant que la virée parisienne de The Abductors. L'épisode a la bonne idée de recourir à Eunyce Gayson, ce qui permet en outre de boucler le boucle avec lé pilote. La belle est toujours aussi irrésistible. Par contre, très loin du savoureux Needle, Geoorge Murcell déçoit en bandit vulgaire et outrancier, manquant singulièrement d'envergure, le comédien en fait des tonnes et sans saveur. Le personnage, totalement répugnant, plombe d'avantage l'épisode qu'il ne le dynamise. Pour le reste l'action, agréablement mouvementée, se suit sans déplaisir mais manque de seconds rôles marquants chez les antagonistes. La voyante et le tailleur sont par contre très attachants ! Quelques clichés se distinguent aussi, comme l'inénarrable capitaine espagnol, mais cela se révèle finalement divertissant. De plus, autant la reconstitution de Paris se montrait soignée et ambitieuse, autant celle de Tenerife et des Canaries passe totalement à l'as, avec une action confinée dans des décors très quelconques. On reste d'ailleurs avec l'impression que les séries anglaises Sixties, y compris les Persuaders, réussissent nettement mieux dans les évocations de la France que celles de l'Europe du Sud. On s'interroge également devant la pertinence de l'intrigue, quand on visualise le labeur, le risque et coûts nécessaires au vol du Régent, la fabuleuse déperdition de valeur liée à la taille du joyau laisse sceptique. Il aurait été plus rentable (et plus sûr) de rançonner l'état français.
8. LES BIJOUX DE DONNA LUISA
Date de diffusion : 19 août 1965 Sur la Côte d’Azur, le Saint vole à la rescousse de Dona Luisa, veuve d’un président sud américain assassiné. Elle est attaquée par les hommes de son beau frère, qui désire récupérer les bijoux offert par le défunt, afin de financer une contre-révolution. De son côté le représentant du gouvernement légal souhaite aussi que les joyaux soient rendus. Dona Luisa, accompagnée de sa fidèle Consuela, est d’accord, mais peine à se séparer du dernier souvenir d’un homme qu’elle a passionnément aimé. Comme toujours le colonel Latignant se méfie de la présence du Saint, mais celui-ci doit surtout faire face à la troublante et entreprenante Consuela, qui a sa propre idée quant à la destination des bijoux. Episode des plus divertissants, The Spanish Cosh décoche un feu nourri sur les Latins, Hispaniques ou Français du midi. Le répertoire habituel nous est délivré en intégralité, mais avec une bonne humeur communicative désamorçant toute prise de bec. Nos compatriotes de la Côte d’Azur passent donc beaucoup de temps à faire la sieste, hormis le Colonel Latignant toujours aussi homme du monde et volontiers volubile. Ses deux subordonnés valent le détour, on atteint ici un nouveau palier d’incompétence au sein de la série. Tourné un an après le Gendarme de St-Tropez, l’épisode en trouve certains accents dans la description de ce commissariat ensoleillé et bon enfant. Ecouter le Saint interpréter une Marseillaise ironique après le départ de Latignant illustre bien le sujet de l’épisode. D’une manière particulièrement sympathique le récit s’agrémente comme souvent de forts jolis inserts. La part du lion se voit cependant réservée aux Sud-Américains, avec comme résultante un volume sonore rarement égalé dans les autres aventures du Saint. Cela vocifère et se lamente beaucoup, jusqu’à prendre des allures de simili Telenovela. Certes l’intrigue ne brille pas par son originalité et évoque d’ailleurs comme souvent d’autres épisode, ici Les Perles de Madame Chen et The Revolution Racket), tandis que le méchant de service (bien entendu rigoureusement gominé et au regard de velours) ne pèse pas bien lourd. Mais les péripéties se succèdent à un tempo élevé et entre bagarres tonitruantes et scènes de pure comédie, le spectateur ne s’ennuie pas. En pure damoiselle cachant bien son jeu, Viviane Ventura apporte un touche authentiquement sud–américaine apportant beaucoup au récit. On apprécie plus son charme que la finesse de son interprétation, mais sa rencontre avec le toujours ultra british Roger Moore demeure un moment original, entre deux mondes. Nancy Nevinson insuffle une vraie flamme à Dona Luisa, ne renonçant à aucune théâtralité, ce qui tombe à pic. Grâce à son allant et à sa sympathie bourrue, l’épisode s’élève au-dessus du simple vaudeville mouvementé, pour dessiner une femme plus complexe et attachante qu’il n’y paraît au premier abord (dommage que son exécrable accent espagnol gâche un peu l’effet).
9. LE TRÉSOR
Date de diffusion : 26 août 1965 Le célèbre Simon Templar se rend en Cornouailles, dans la taverne tenue par deux amis, le rude ancien capitaine Bill Williams et la belle April Mallory, fille d’un ancien camarade matelot. Bill dispose d’un fragment d’une carte d’un trésor, dissimulé aux Caraïbes et attend les deux propriétaires du reste de la carte. Il est grièvement blessé par le violent Jeff Reston, un rival. Avant de mourir, Bill offre sa carte à April, dont il a accidentellement tué le père, il y a des années. Le Saint réunit les deux autres possesseurs et tous partent à la chasse au trésor, suivis par Reston. Pour son ultime opus monochrome, le Saint remonte à l’une des sources littéraires de la série d’aventure : la chasse au trésor. Il s’agit ici de son acception la plus classique, celle de Stevenson, et non de la vision moderne et ludique des Avengers. La grande réussite de l’épisode réside dans la fusion concluante de deux styles narratifs relevant d’époques différentes, un pari dont le succès n’avait rien d’évidents au départ. L’habile Ronald Duncan retrouve l’ambiance des équipages cinglant vers la fortune en narrant une histoire bien plus collective qu’à l’accoutumée. Certes le Saint demeure le héros, mais pour une fois tout ne s’organise pas autour de lui (y compris le combat final). Les autres aventuriers composent également une exception au sein d’une série essentiellement manichéenne : avides de gain mais pas prêt à tout pour l’obtenir. Cette nuance de gris et les rencontres opérées apportent une vraie spécificité au récit, même si, évidemment, méchants et félons répondant à l’appel. On retrouve également le souffle de voyage propre à ce type de littérature, l’action se déplaçant- bien davantage qu’à l’accoutumée, de Cornouailles aux Caraïbes, puis dans une île isolée, enfin dans ces grottes. Les combats se montent pareillement variés (mains nues, chaises, sabres, pistolets…), Grâce à une excellente distribution venue des quatre coins du monde anglo-saxon, la profusion des accents insuffle également l’exotisme (américains anglais, australiens, sud-africains). On déguste ainsi cet épisode, avec la saveur nostalgique des grands classiques de l’adolescence, pimentée par une tonalité Sixties et un Roger Moore toujours aussi divertissant, charmeur et tonique. Placé de nouveau derrière la caméra, il se montre certes moins créatif que lors de The Man Who Could Not Die, mais néanmoins efficace. Le décor de la grotte étant manifestement le même que celui de cet épisode, l’expérience lui permet d’en tirer le meilleur parti. Evidemment tout cela reste une affaire d’hommes et les dames demeurent en retrait, mais les années noir et blanc du Saint s’achèvent sur une note des plus prometteuses.
Images capturées par Estuaire44. |