Saison 6 1. Antiquités (The Gadic Collection) 2. Le Noyé (The Best Laid Schemes) 3. La Pièce d'or (Invitation to Danger) 4. L'Héritage (Legacy for the Saint) 5. Un diplomate disparu (The Desperate Diplomat) 6. Les Mercenaires (The Organization Man) 8. La Vengeance (The Time to Die) 9. Chinoiseries (The Master Plan) 10. Le Rocher du dragon (The House on Dragon's Rock) 14. Les Immigrants (The People Importers) 15. L'argent ne fait pas le bonheur (Where The Money Is) 16-17. Vendetta pour le Saint(Vendetta for the Saint) 18. Le Roi (The Ex-King of Diamonds) 19. Le Génie (The Man who Gambled with Life) 1. ANTIQUITÉS Date de diffusion : 22 septembre 1968 (The Forget Me Knot : 25 septembre 1968) Le Saint se rend à Istanbul pour assister à l’exposition d’une fabuleuse collection d’antiquités, récemment restaurée. Mais Il s’avère que Kemal, talentueux copiste, a remplacé les pièces par des copies, aidé, par sa séduisante nièce, Diya. La police suspecte le Saint, de même que Turen, richissime collectionneur fanatique qui n’hésite par à le kidnapper puis à le torturer. Simon parvient à s’évader avec l’aide de Diya, l’épouse de Turen haïssant ce dernier. Il s’associe à Ayesha quand Kemal est assassiné par un associé. Les pièces sont restituées aux autorités et le Saint dupe Turen en lui revendant à prix d’or les copies. Cette ultime saison des aventures de notre chevalier errant anglais débute par un opus de fort bon aloi. La multiplicité des forces en présence suscite de nombreux rebondissements, certes classiques, amis efficacement amenés par le scénario. Le suspense demeure constant, alors que le Saint se voit plongé dans une situation fort délicate, traqué autant par une police autrement plus brutale que l’Inspecteur Teal, et par tout un aréopage de malfrats hauts en couleur. L’intrigue, fort prenant, revête vite l’allure d’une poursuite effrénée, où Simon doit sans cesse faire feu de tout bois. La mise en scène de Freddie Francis se montre alerte, tandis que des inserts s’affranchissent de la carte postale pour nous immerger dans le si vivant Istanbul de l’époque. Les décors bénéficient de jolis colifichets et ouvrages d’art, exploitant parfaitement le thème de l’exposition. L’épisode rend de fait un bel hommage à cette ville mythique emblématique des récits policiers d’espionnage des Sixties (From Russia With Love, Topkapi) Les scènes d’action se multiplient, mais sans sacrifier une réjouissante galerie de portraits, portée par d’excellents comédiens. Parmi de nombreux seconds rôles servis par des acteurs éprouvés, Martin Benson, tout à fait dans son emploi, excelle dans le rôle d’un policier aussi rude que madré. Le clou du spectacle demeure évidemment la prestation une nouvelle fois en roue libre du fabuleux Peter Wyngarde. Celui-ci aussi génialement excessif que lors de La fête romaine, le Levantin sybarite, cruel et mégalomane succède avec succès à son alter ego romain, de même que le supplice des murs se refermant sur Simon vaut bien celui des lions. On apprécie que le récit rende justice au comédien en prenant le temps d’insérer des scènes de dialogues savoureusement théâtraux, avec le Saint ou son épouse. Georgia Brown se montre d’ailleurs tout à fait pétillante dans le rôle de la vénale et énergique Dyla, largement aussi spectaculaire que son mari et formant une partenaire à part entière du héros. Par contre Ayesha se limite à la charmante damoiselle en détresse habituelle. Antiquités sacrifie d’ailleurs à quelques autres clichés de la série (ami de Simon assassiné, félon discernable depuis la stratosphère), mais, avec son tonique alliage d’action, de charme, d’humours et d’exotisme, il constitue une parfaite mise en valeur de l’univers du Saint.
2. LE NOYÉ Date de diffusion : 29 septembre 1968 (Game : 02 octobre 1968) Sur le littoral anglais, le Saint vient en aide à la jeune Diana. Celle-ci est terrorisée, car venant de découvrir le corps de son oncle, le Capitaine Fleming, victime d’une noyade. Ce dernier était propriétaire d’une vaste flotte de pèche mais subissait les attaques d’un concurrent, Ballard. Peu de temps après, Arlène, la veuve, affirme reçoit des coups de téléphone en provenance de son défunt mari ! Les phénomènes étranges se multiplient et Arlène, nerveusement épuisée, doit être hospitalisée par le Dr. Ormsby. Le Saint mène l’enquête pour découvrir la vérité dissimulée derrière ces prétendues manifestations de l’au-delà. Le Noyé compose un superbe épisode d’atmosphère. Depuis La Quatrième Dimension jusqu’au contemporain Supernatural, les appels téléphoniques ne provenance de l’Au-delà ont toujours généré des atmosphères énigmatiques et effrayantes, et le présent opus ne déroge certes pas à la règle. La fatidique communication produit pleinement son effet introduisant une bascule dans une tonalité aux lisières du Fantastique, originale au sein de la série. Les différences scènes développant cet aspect relèvent de l’arsenal bien connu des histoires de maison hantée, mais mises en scène avec efficacité par la mise en scène de John Moxley. Celui-ci joue avec maîtrise de la musique et d’angles suggestifs. Un admirable travail de photographie en teintes froides apporte également beaucoup à l’ambiance étonnamment angoissante du récit, prolongeant d’ailleurs les nombreuses superbes scènes en extérieures ‘littoral, villages de pêcheurs). Le grand atout de l’épisode demeure la remarquable prestation de Sylvia Syms, exprimant de manière parfaitement crédible l’effroi exprimé par Arlène. Les auteurs ont l’intelligence de lui accorder de nombreuses scènes en quasi solo, sans la présence d’un Roger Moore traditionnellement si omniprésent. Un pari audacieux mais remporté haut la main, tandis que d’excellents acteurs, comme souvent également vus chez les Avengers (Gabrielle Drake, Fulton Mackay, etc.) complètent agréablement la distribution. Le scénario hésite malheureusement entre deux genres se développant en Whodunit crapuleux, alors qu’aucun des suspects envisagés n’aurait réellement intérêt à une éventuelle mise en scène. Le récit ne parvient pas dépasser cette difficulté, d’où parfois une impression d’artificialité. On reste extérieur à cet aspect jusqu’à la révélation du pot aux roses par Simon, avec un drame amoureux s’accordant in extremis à la tonalité dramatique impulsée par la réalisation.
The best-laid schemes o' mice an' men 3. LA PIÈCE D'OR Date de diffusion : 06 octobre 1968 (The Super Secret Cypher Snatch : 09 octobre 1968) Dans un casino londonien, le Saint vole à la rescousse de la belle Reb Denning, victime d’une agression. La superbe blonde lui révèle être un agent secret de la CIA et adresse au célèbre Simon Templar une invitation au danger : elle lui demande de l’aider à démasquer le réseau ennemi dont l’établissement est la couverture. Le Saint relève le défi, ce qui va le plonger dans une aventure particulièrement mouvementée. Reb va toutefois s’avérer être une redoutable arnaqueuse, désireuse de dérober le pactole du casino. Lors de ses précédentes participations à la série, Terry Nation avait su apporter du sang neuf aux aventures du Saint, catapultant Simon dans des domaines aussi novateurs au sein de la série que la Science-fiction (Le laboratoire secret), le Fantastique (Sibao) ou le film de guerre (.a griffe du tigre). Dans un premier temps on ressent donc une déception certaine en le découvrant renoncer à ce renouvellement, pour se cantonner au secteur si rebattu du policier. Mais l’auteur parvient néanmoins à apporter une précieuse touche personnelle conférant une vraie originalité au scénario d’Invitation to Danger. En effet, au lieu de développer un intrigue linéaire, il déploie de nombreux thèmes emblématiques du genre, sur un rythme effréné (l’enlèvement, la damoiselle en péril, objet mystère, l’affrontement, les malfrats, la poursuite automobile…), lors d’un ensemble de prime abord inexplicable. La suite du scénario devient une astucieuse résolution du puzzle, avec la sublime Reb comme agréable tireuse de ficelles. Nation accompagne cet aspect plaisamment énigmatique de plusieurs belles audaces en rupture ave les clichés de la série. L’ami rituel de Simon se révèle pour une fois un félon cupide. De plus le ton général reste celui d’un polar noir et violent, alors que les récits d’escroquerie étaient plutôt jusqu’ici traités sous l’angle comique, avec une complicité canaille de Simon. Rien de semblable ici, même si l’épisode joue sur l’évidente complicité entre Roger Moore et Shirley Eaton pour susciter quelques étincelles. L’actrice n’est sans doute pas la plus douée de sa génération mais sa beauté illumine réellement l’épisode. Même si les gangsters apparaissent derechef bien trop classiques, la présence de Julian Glover apporte une indéniable valeur ajoutée, Conjointement à Shirley Eaton, elle vaut un plaisant cachet 007 à l’opus, treize ans avant les retrouvailles avec Roger Moore dans Rien que pour vos yeux. Tout en refusant élégamment de se mettre en avant, Roger Moore se montre de nouveau efficace derrière la caméra, réussissant notamment plusieurs scènes d’action spectaculaires, ainsi qu’une belle poursuite automobile intégralement en extérieur.
4. L'HÉRITAGE Date de diffusion : 13 octobre 1968 (You'll catch your Death : 16 octobre 1968) Ed Brown, figure du milieu à la retraite et connaissance de Simon, décède dans l’explosion de sa voiture. Son avocat invite sa fille Penny, le Saint, ainsi que quatre rivaux à découvrir son testament filmé. Ed accorde un million de Livres au premier des présents qui parviendra à réunir un somme d’un même montant. Justement un transfert de capitaux protégé par l’Inspecteur Teal va atteindre le million. Les truands enlèvent Penny, ce qui conduit le Saint à participer au hold-up. Il parvient à démasquer Ed, bien vivant et manipulant ses concurrents pour qu’ils réalisent le travail à sa place. Pour les amateurs des Avengers, l’épisode revêtira d’amusantes convergences avec Le legs. On y trouve pareillement un baron du crime simuler sa mort pour duper ses prétendants, avec une chasse au trésor les confrontant à de multiples périls. Mais là où l’intégration de Steed et Stara se justifiait pleinement, ici on peine à comprendre le but de la présence du Saint. La prise de risques apparaît inutile, tandis que le scénario présente d’autres faiblesses. L’exposition de la situation prend beaucoup trop de temps (presque la moitié du récit), pour en suite ne déboucher essentiellement que sur la narration efficace mais très classique d’une attaque de convoi. De plus le pot aux roses se voit très vite éventé, puisque que l’on voit l’avocat placer la bombe et ensuite se conformer strictement aux volontés du prétendu défunt, l’intrigue ne tente jamais de lui attribuer un mobile crédible. Legacy for the Saint bénéficie toutefois de quelques scènes distrayantes, grâce à la rivalité amicale toujours plaisante entre Claude et Simon et surtout grâce aux trognes des pittoresques truands. La musique se montre alors ouvertement ironique et le scénario aurait sans doute du jouer pleinement la carte de la comédie. On est également sensible au charme très Sixties de la piquante Stephanie Beacham. La jeune actrice, très prometteuse, apporte un vrai chien au personnage de Penny et trouve le ton juste face à un Roger Moore toujours aussi complice de ses partenaires féminines. Outre la somptueuse Rolls-Royce d’Ed, les nombreuses allées et venues liées à l’attaque du convoi permettent au moins de découvrir de superbes voitures d’époque, filmées en extérieur dans la belle campagne anglaise. Il reste néanmoins dommage que le scénario passe à côté de son sujet.
5. UN DIPLOMATE DISPARU Date de diffusion : 20 octobre 1968 (Split ! : 23 octobre 1968) Jason Douglas, ami de Simon et diplomate d’un état africain, a disparu. Il a en sa possession 750 000 Dollars, destinées à assurer le développement de son pays. Mais il est poursuivi par un gang dirigé par le brutal Walter Faber, désireux de s’emparer du pactole. Faber enlève Sara, la fille de Jason et propose au Saint de l’échanger contre l’adresse où se cache son père. Simon parvient à libérer mais ils découvrent que Faber est parvenu à débusquer Jason à Genève. Le Saint ne peut empêcher la mort de Jason, mais met hors d’état de nuire Faber. Terry Nation parait abandonner ici abandonner tout velléité de dynamiser les aventures du Saint en leur apportant des thématiques ou des traitements nouveaux. Bien au rebours, son intrigue se résume à un assemblage minimaliste de postures maintes fois vues au cours de la série et se résumant de fait à deux simples confrontations entre Simon et la gang adverse, en Angleterre puis en Suisse. Toutefois, s’il semble prendre son parti des contraintes inhérentes aux scénarios du Saint, Nation démontre ici comment un auteur talentueux peut parvenir à sublimer un faible canevas narratif. Refusant de totalement s’insérer dans le polar traditionnel il aère le récit en l’ouvrant largement sur la modernité de l’époque, via des lieux emblématiques (boutique de mode très Mary Quant, avec l’Union Jack de rigueur, ou la Post Office Tower, bien connue des amateurs des New Avengers) ou l’électrisant par une érotisation plus accentuée que de coutume (jolie lingerie d’époque !). Surtout Nation soigne comme rarement au cours de la série la personnalisation de l’antagoniste ; Superbement incarné par Robert Hardy, Faber se montre passionnément hors normes, avec un sadisme et une brutalité affleurant sous aune apparence bonhomme et policée. Un véritable choc, d’autant que l’auteur évoque sans fard la réalité crue de la mort. Porté à un paroxysme, sa violence et son aura ténébreuse font basculer le scénario dans un pur et éprouvant thriller, bien au-delà de la simple narration des péripéties. Roger Moore joue astucieusement le jeu, rendant Simon bien plus sombre qu’il ne l’a été depuis longtemps, pour un âpre et impitoyable duel. On apprécie également la présence du spécialiste David Cargill au sein du gang, tandis que Suzan Farmer, certes cantonnée au registre habituel des Templar’s Girls, brille par son charme et son évidente complicité avec Roger Moore. Nation se trouve un puissant relais en la personne d’un Ray Austin effectuant ici sa première mise en scène pour la série. Il tire un excellent parti des décors intérieurs comme support des affrontements, amis aussi des nombreux extérieurs. The Desperate Diplomat confirme leur présence renforcée en cette saison, tandis qu’Austin les optimise pour rendre nerveuse la scène en soi classique d’échange otage/rançon. Surtout il apporte son inégalable savoir faire en matière de scène d’action, nous offrant trois scènes superbes et variées : bagarre, fusillade puis poursuite automobile. Un véritable festival, conférant là aussi une dimension supplémentaire à des confrontations de nature classique par ailleurs. On regrettera simplement la qualité étonnamment détestable de l’habituel paysage défilant pour simuler le déplacement d’une voiture, aux couleurs totalement délavées.
6. LES MERCENAIRES Date de diffusion : 27 octobre 1968 (Whoever shot Poor George oblique stroke XR40 ? : 30 octobre 1968) Dans un établissement de remise en forme situé à la campagne, Simon repère d’étranges d’individus semblant suivre un entrainement paramilitaire. Alors qu’il est approché par le chef du groupe, Roper, qui souhaite l’engager come second, le célèbre Simon Templar est également contacté par l’Intelligence Service. Il se voit demander de découvrir le fin mot de l’histoire, en association avec la charmante Kate. Le Saint découvre qu’il s’agit de mercenaires engagés pour libérer un traitre à la solde des Chinois. Ils se griment pour cela en régiment écossais. Les amateurs des Avengers trouveront ici d’amusantes convergences avec les mercenaires pseudo militaires de Commando très spécial ou avec les gardes écossais félons d’Esprit de corps. De plus l’évocation des Health Farms si populaires en Angleterre ne sera pas sans évoquer Linda Thorson. On s’amusera également de constater que Roger Moore arbore fort bien le kilt. Pour le reste l’épisode n’offre guère de motifs d’intérêt. Le Saint se retrouve en situation de parfait espion, ce qui limite l’intérêt du personnage, malgré la personnalité de Roger Moore, tout en l’enchâssant dans une histoire convenue, aux effets maintes fois vus au cours de la décennie s’achevant. De fait le récit se limite à une intrigue ultra classique d’infiltration, avec tous les clichés que cela comporte (patron crédule sympathisant avec le héros, lieutenant méfiant, péripéties supposées mettre à mal la couverture, etc.). Les interprètes des antagonistes sont de qualité, mais Caroline Mortimer compose une Templar Girl particulièrement fade. La caméra trop sage de Leslie Norman n’apporte guère de valeur ajoutée, même s’il se confirme que cette ultime saison s’ouvre largement aux extérieurs, souvent superbes. On s’étonne toutefois d’y découvrir Roger Moore perpétuellement remplacé par d’évidentes doublures, lui qui paie tellement de sa personne lors des combats et autres scènes d’action en studio.
Date de diffusion : 03 novembre 1968 (False Witness : 06 novembre 1968) A Athènes, le milliardaire Patroclos demande au célèbre Simon Templar de contrer un sosie tentant de s’emparer de sa fortune ! A Londres, le Saint se confronte à l’imposteur, mais celui-ci affirme être le véritable Patroclos ! Le Saint mène l’enquête, ce qui le conduit à s’intéresser de très près aux secrétaires des deux rivaux, toutes deux prénommées Annabel, mais très différentes l’une de l’autre. Simon débusque un trafic d’armes en partance du Pirée pour le Vietnam et démasque le seul et unique Patroclos, qui voulait en imputer la responsabilité à son sosie imaginaire. Le Saint s'attaque ici au fameux thème des doubles, très présent chez les Avengers comme chez l'ensemble des séries d'aventure de l'époque. La série a la bonne idée de le traiter avec son génie propre, celui de Roger Moore, c'est à dire sous l'angle de la comédie. Évidemment les divers artifices utilisés pour nous faire croire à l'existence réelle d'un sosie s'avèrent transparents et relèvent davantage du Boulevard. Mais l'intrigue conserve un réel intérêt car, si l'on devine rapidement l'entourloupe, l'énigme perdure jusqu’au bout quant à l'objectif poursuivi. La tonalité de vaudeville soutient énergiquement le récit, avec les va-et-vient d'un Saint toujours entre deux avions, l'humour de situation porté par le pittoresque Grégoire Aslan (quoique le double et véhément Patroclos devienne réellement lassant sur la fin) et, bien entendu, l'incontournable touche féminine. La vitalité de l'épisode doit beaucoup au charme et à l'abatage du duo Kate O'Mara/Denise Buckley, particulièrement élégantes et malicieuses. L'auteur varie suffisamment les caractères pour renouveler les effets, avec une Annabel II au caractère plus acéré que l'Annabel I. On aurait toutefois apprécié davantage d'interactions entre les deux femmes, volontiers rivales. Le Saint se montre fort heureusement beau joueur et parfait gentleman envers ces exquises arnaqueuses, permettant à la conclusion de demeurer idéalement située dans la comédie. Les seconds rôles relancent efficacement l'humour des situations et des dialogues, avec une savoureuse galerie de portraits (le journaliste fouinard, le valet obséquieux ou la vénale hôtesse). La mise en scène de Leslie Norman dynamise l'opus, avec une caméra mobile, d’intéressants extérieurs londoniens (la série s'affranchit décidément quelque peu des studios) et une bagarre finale particulièrement spectaculaire. Les décors se montrent comme souvent des plus soignés, de plus enrichis de nombreuses magnifiques peintures. La forte présence des inserts et décors aéroportuaires, ainsi que l’aspect maritime final, évoquent joliment l'appel au voyage que constitue la série, tandis que le Saint lui même se voit croqué avec malice, incapable de résister à l'appel de l'aventure, tout comme à un joli minois.
8. LA VENGEANCE Date de diffusion : 10 novembre 1968 (All Done With Mirrors : 13 novembre 1968) Alors que la journaliste Mary Ellen Brent entreprend d’écrire un livre sur lui, le célèbre Simon Templar fait l’objet de menaces de mort anonymes, puis de tentatives de meurtre. Simon s’efforce de remonter le fil de la conspiration, en retournant un comparse, mais ce dernier est vite assassiné, de même que sa petite amie. Le mystérieux adversaire du Saint enlève Mary Ellen, provoquant une ultime et mortelle confrontation dans une église désaffectée, tandis que la jeune femme est cernée par les flammes. Si elle s'en tient au commentaire hors champ lu par Roger Moore, la séquence d'ouverture renoue partiellement avec la saveur des monologues à travers le Quatrième Mur de la période monochrome, grâce aux irrésistibles regards et mimiques du comédien. Ce dernier trouve d’ailleurs une partenaire complice en la personne de Suzanne Lloyd, habituée de longue date de la série et toujours très efficace dans le registre de la comédie. Toutefois le véritable atout de cette divertissante introduction consiste à souligner par contraste la noirceur extrême du corps principal du récit, dominée comme rarement au sein de la série par l'obsession pathologique et homicide de l'antagoniste du jour. Après le soudain basculement de la découverte du serpent, les macabres et spectaculaires manifestations de l'esprit pervers apportent une tension dramatique tout à fait particulière au récit, que Terry Nation rend savamment crescendo. Il reste particulièrement troublant d'observer l'inédite nervosité d'un Simon ayant jusqu'ici quasi toujours dominé outrageusement les débats. La mise en scène du talentueux Roy Ward Baker apporte de l'impact à chaque action perpétrée par Lyall. The Time To Die, qui aurait pu s'intituler The Death Of The Famous Simon templar, donne d'ailleurs régulièrement l'impression d'avoir été réalisé par un Z.Z. Von Schnerk un tantinet moins flamboyant qu'à l'ordinaire. Une des grandes réussites de cet épisode d'atmosphère consiste d'ailleurs à s'affranchir du (relatif !) réalisme de la série pour se rapprocher de l'imaginaire des Avengers, une précieuse spécificité. Du reste, si la mort violente d'un personnage féminin ou du sang visible ne constituent pas à proprement parler un tabou chez le Saint, contrairement aux Avengers, leur occurrence demeure très rare. L'exécution de la jeune femme, d'une terrible sobriété, revêt par conséquent un grand impact dramatique. On y discerne un nouveau palier dans l'horreur avec l'éprouvant affrontement finale dans l'église se muant en brasier. La série réalise à cette occasion l'un de ses meilleurs castings, avec l'excellent Maurice Good. Inoubliable lors de la particulièrement similaire confrontation avec Cathy Gale, à l'issue de Ne vous retournez pas, l'un des plus purs récits et intenses d'épouvante des Avengers, il confère la même inquiétante obsession perverse à Lyall. Celui-ci devient dès lors l'un des rares adversaires du Saint à se hisser quasiment au niveau d'un Diabolical Mastermind. On pourra éventuellement regretter les séquences de la salle de tir, car signifiant une rupture d'intensité dramatique et une parenthèse dans l’affrontement entre les deux antagonistes. Surtout il reste dommageable que pour son ultime participation à une série à laquelle elle aura tant apporté, l'épatante actrice qu'est Suzanne Lloyd se voit confinée aux clichés coutumiers de la damoiselle en détresse. Elle avait prouvé de toutes autres aptitudes lors de précédents épisodes, notamment lors de The High Fence. Mais, tel quel, The Time To Die s'impose comme un passionnant opus hors normes des aventures du Saint.
9. CHINOISERIES Date de diffusion : 17 novembre 1968 (Legacy of Death : 20 novembre 1968) La belle Jean Lane appelle au secours le célèbre Simon Templar : son frère Tony fait l'objet d'un chantage de la part de Cord Thrandel, propriétaire d'une boite de nuit. Le Saint y met bon ordre mais découvre que Thrandel appartient à un réseau de trafiquants d'héroïne, dissimulée dans des statuettes en plastique. Par ruse il les déleste de leur marchandise, mais Thrandel enlève Jean pour en obtenir restitution. Après plusieurs péripéties mouvementées, le Saint triomphe de l'organisation et met sous les verrous son chef, Monsieur Ching.
L’épisode se montre parfaitement divertissant, avec des scènes d’action particulièrement nerveuses, filmées avec une efficacité éprouvée. On ne s’ennuie jamais, grâce à cette succession ininterrompue mais, malheureusement, il faut regretter une trop grande simplicité du scénario, un paradoxe pour The Master Plan. Il s’agit en fait simplement de faire pénétrer de l’héroïne en fraude à Londres, dissimulée dans des statuettes d’art chinois. Une trame archi classique et qui se contente aligner ses scènes d’actions sans réel liant, jusqu’à donner comme une impression de mini film à sketchs (avec également les naïves facilités scénaristiques propres aux années 60, Templar ne cessant de tomber comme par hasard sur ses ennemis au meilleur moment).
Qu’importe, le plaisir est au rendez-vous, avec un Roger Moore toujours aussi irrésistible, entre élégance, humour et vraie présence physique. L’évidence du rôle de 007 saute aux yeux (même si Templar ne tue pas), d’autant que le héros multiplie ces phrases tranchantes à l’humour acéré, caractéristiques de 007 (dialogues très percutants pour l’ensemble des personnages). Joli duo également avec la Templar Girl incarnée par la charmante Lyn Ashley, qui participera régulièrement par la suite aux aventures télévisées des Monty Python.
Outre Moore, la distribution se montre excellente, avec un solide John Turner nous valant une bagarre finale des plus impressionnantes. Roger Moore se bat comme toujours sans doublure, ce qui apporte une vraie valeur ajoutée. On remarque également Burt Kwouk, toujours aussi jouissif, mais surtout l’immense Christopher Benjamin. Ce comédien parvient à illuminer de très simples scènes (comme aller chercher des papiers dans un tiroir) par ce qu’il parvient à insuffler dans sa démarche, ses postures, ses expressions faciales quant à la personnalité veule de son personnage. Une démonstration absolument éblouissante de l’art du beau jeu.
On retrouve également avec plaisir une ambiance très Sixties, avec ces décors faisant le charme et la délicieuse patine rétro de la série, mais aussi des éléments très psychédéliques en ce crépuscule de la décennie. C’est notamment le cas pour une boîte de nuit dont le décor et les tenues arborées ne seront pas sans évoquer certains passages d'Amicalement vôtre.
10. LE ROCHER DU DRAGON Date de diffusion : 24 novembre 1968 (Noon Doomsday : 27 novembre 1968) Le médecin d’un petit village du Pays de Galles, Llanfairtrawssychnant, appelle à l’aide le célèbre Simon Templar. Des habitants auraient été attaqués par des bêtes monstrueuses. Simon découvre de troublant indices, convergeant vers le laboratoire du très secret Dr. Seldon, situé dans le manoir de Dragon’s RocK Il reçoit l’aide de Carmen, nièce de Seldon, elle-même très inquiète. Mais celle-ci est enlevée par l’une des créatures. Le Saint va découvrir que Seldon a créé une race de fourmis géantes et que celles-ci risquent de proliférer. En soi, que le Saint aborde de nouveaux rivages narratifs apparaît comme une idée positive. Une précédente tentative d’approche de la Science-fiction (Le laboratoire secret) s’était d’ailleurs soldé par un succès, grâce au savoir-faire de Terry Nation et à une habile intégration dans l’univers du Saint. Mais l’épisode choisit curieusement de se positionner en clone servile des séries B américaines des années 50, un choix particulièrement malencontreux. Il résulte tout d’abord totalement exogène au Saint, qui apparaît en permanence totalement déplacé dans cette histoire. De plus au moment où La mangeuse d’hommes du Surrey s’attache à ce genre de films, celui-ci connait déjà un déclin prononcé. Diffusé fin 1968, Le Rocher du Dragon devient lui absolument et tristement obsolète. Surtout, là où l’épisode des Avengers développait une narration plaisamment distanciée, anglaise et humoristique, le présent opus demeure d’un premier degré absolu, déclamatoire jusqu’au ridicule et accumulant absolument tous les clichés du genre, avec une pesante application. Utiliser le superbe folklore gallois aurait pu constituer une intéressante alternative (ce décor convenant bien mieux au Fantastique), mais le recours aux fourmis géantes revient au choix inepte d’une thématique purement américaine, revoyant toute la première partie du récit à l’inutile. Le film emblématique du genre, Them ! (1954), a d’ailleurs recours exactement aux mêmes bestioles, avec un tout autre souffle. A la mise en scène Roger Moore ne se montre pas particulièrement maladroit, mais il subit de plein fouet le manque de moyens de la production. Les faux extérieurs, les rochers en polystyrène, la catastrophique animation et incrustation du monstre, le cabotinage sans génie de nombreux seconds rôles achèvent de faire basculer l’épisode dans le Nanarland, hélas sans humour. Tout n’apparaît pas négatif, les panoramas gallois se montrent de toute beauté et deux excellents comédiens sauvent plusieurs scènes, ainsi que leurs personnages bâtis à force de poncifs. Anthony Bate confère une vraie présence à un caricatural savant fou, dont on sait d’entrée qu’il va infailliblement périr du fait de sa création et la délicieuse Annette André apporte une sensibilité à cette énième incarnation de la Damoiselle en péril. Toujours parfaitement en phase avec Roger Moore, elle confirme ici appartenir aux meilleurs invitées de la série. C’est pour elle que l’on peut encore se risquer à visionner cet épisode si peu reluisant par ailleurs.
11. MORT NATURELLE Date de diffusion : 01 décembre 1968 (Stop me if you've heard this One - but there were these two Fellers... : 04 décembre 1968) En peu de temps, cinq membres du conseil d’administration d’une importante société, Combined Holdings, meurent brusquement de crise cardiaque, une carte postale marquée « Balances de la Justice » étant retrouvée sur eux. L’un des survivants alerte le Saint, mais périt à son tour. Désormais Gilbert Kerby est directement menacé, Il doit devenir Lord Maire de la Cité de Londres et subit une tentative d’assassinat durant la cérémonie d’investiture. Menant l’enquête avec Anne, la fille de Kerby, le Saint découvre que le tueur estime que son père a été tué par la compagnie et qu'il se déguise en aveugle pour utiliser un bâton truqué, expulsant une aiguille empoisonnée. Les amateurs des Avengers se retrouveront ici en terrain connu, donc prévisible, avec cette succession de meurtres d’hommes liés par une communauté d’intérêt, que le protagoniste échoue régulièrement à contrer, du moins jusqu’à la conclusion. On ressent donc une forte impression de déjà-vu d’autant que, comme à l’accoutumée, on retrouve plusieurs visages connus parmi les seconds rôles. Sans devenir tout à fait électrique, l’intrigue suscite toutefois assez de rebondissements pour maintenir l’intérêt et joue habilement du Whodunit jusqu’à l’affrontement final. La mise en scène de Robert Asher se montre souvent pertinente, notamment lors des affrontements, et donne de l’impact aux scènes de mort subite, même si, fatalement, cet effet s’use au fur et à mesure des répétitions. La toujours excellente Jean Marsh surpasse en talent et présence nombre des autres Templar Girls, d’autant qu’Anne participe comme rarement à l’action, mais pas aux combats, on discerne là un tabou définitif de la série. Ceci nous vaut d’ailleurs un beau suspense en fin de parcours, quand elle se confronte à l’antagoniste (hélas assez falot par ailleurs). Ce solide, à défaut d’imaginatif, opus vaut également par le bel hommage qu’il rend à la Cité de Londres, cœur historique et vivant de la capitale britannique. Les inserts, ainsi que les nombreux extérieurs, s’avèrent de toute beauté et proposent nombre de sites emblématiques. On apprécie particulièrement les vues du superbe défilé du Lord Mayor’s Day, officiel ou excentrique, voire psychédélique, dont plusieurs chars nous précisent qu’il s’agit bien de celui de 1968. Une plaisante actualité pour les spectateurs de l’époque, car l’épisode fut diffusé trois semaines après l’évènement.
12-13. DOUBLE MÉPRISE Date de diffusion : 08/15 décembre 1968 (Have Guns, Will Haggle/They keep killing Steed : 11/18 décembre 1968) Le Saint accepte de servir de garde du corps à Amos Klein, célèbre auteur de romans d’aventures. Il a la surprise de découvrir qu’il s’agit d’une jeune femme ayant pris un nom de plume masculin. Ils sont brusquement enlevés par un gang dirigé par Warlock et sa secrétaire Galaxy. Grand admirateurs d’Amos (leurs pseudonymes sont inspirés de ses personnages), ils veulent que son imagination serve à trouver une faille dans le Complexe Hermetico, lieu hautement sécurisé du Pays de Galles, contenant des trésors. Mais ils confondent le Saint avec l’écrivain, pensant également qu’il s’agit d’un homme. Simon se garde de les détromper, afin de protéger Amos. Il va imaginer un plan, tout en veillant à faire tomber Warlock dans un piège. Tout au long de son parcours, Le Saint sera davantage apparue comme une série d’univers et d’acteurs que de scénarii. Passer au format du double épisode, ou du téléfilm, offre l’opportunité de développer un récit davantage ambitieux et la bonne nouvelle de The Fiction Makers est qu’elle va se voir pleinement saisie. Ainsi l’histoire écrite par Kruse et Junkin constitue en soi un efficace récit de film de casse. Cette sous-famille du film de gangsters connaît une certaine vogue au cours des années 60, (L’or se barre, L’inconnu de Las Vegas, voire Mission Impossible pour la variante d’espionnage, etc.) et l’épisode en reconstitue tout le sel : préparation minutieuse et tendue, réalisation à suspense, dénouement dramatique. Rien de manque à cet ensemble très prenant. Mais l’opus sait élever au dessus d’un simple argument réussi, avec l’apport très ludique des variations autour de la notion de réalité. L’idée géniale d’utiliser comme stratège un auteur de romans d’aventures très à la Ian Fleming évoquera d’excellents souvenirs aux amateurs des Avengers puisque c’est exactement de cette manière qu’est détournée l’agence QQF de Du miel pour le Prince. Ce jeu de perspectives se voit expose de manière irrésistible dès la scène d’introduction voyant le Saint commenter de manière ironique une bagarre de cinéma caricaturant... Les siennes propres ! Malgré l’emploi d’un acteur aussi emblématique que l’épatant Kenneth J. Warren, les auteurs ont la judicieuse de se lancer dans un projet aussi vertigineux qu’Epic, pour au contraire traiter le sujet sous le meilleur angle du Saint de Roger Moore : la comédie légère et distanciée (soulignée dès un générique évoquant la Linea d’Osvaldo Cavandoli). La situation débouche ainsi sur un pastiche absolument irrésistible des James Bond de Sean Connery, ici revisités par Roger Moore. L’organisation SWORD évoquant clairement le SPECTRE (avec aussi la présence du harponné d’Opération Tonnerre, Philip Locke) et l’on reconnaît de multiples références à Goldfinger (le casse, la présentation en maquette, le laser, la réalisation en uniforme, la confrontation finale, etc.). La présentation de 007 comme parangon du fantasmé se savoure avec plaisir. Les acteurs jouent totalement le jeu, en particulier Kenneth Warren, absolument irrésistible en antagoniste oscillant entre réel et imaginaire, jusqu’à se perdre et ne cessant d’observer la réalité à travers des écrans. L’un des premiers Geeks des séries télé ! Chacune dans son genre, Sylvia Syms et Justine Lord apportent charme et vivacité à un ensemble dominé par un Roger Moore idéalement dans son élément et parfait en pré James Bond. On regrettera une réalisation par contre trop similaire au quotidien de la série, y compris budgétairement (surabondance de décors en studio) mais l’exercice de style s’affirme de haute volée.
14. LES IMMIGRANTS Date de diffusion : 22 décembre 1968 Alors qu’il pêche en haute mer sur le littoral sud de l’Angleterre, le Saint découvre un cadavre flottant. Simon démasque l’existence d’un réseau faisant entrer clandestinement des Pakistanais dans le pays. Un armateur ruiné s’est reconverti dans cette activité très rémunératrice. Il s’avère que l’un des arrivants est porteur de la variole. Simon doit absolument retrouver les autres immigrants avant qu’une épidémie ne se déclenche dans la population. The People Importers démontre, si besoin en était, que les bons sentiments ne peuvent suffire en eux mêmes à générer des opus réussis. Tout à fait à l’honneur de Roger Moore, le récit entreprend de dénoncer les réseaux de négriers exploitant la misère des immigrants clandestins un sujet déjà d’actualité durant les années 60. Mais les auteurs, tout à leur sincère critique, oublient longtemps de raconter une histoire. Toute la première partie de l’épisode se résume à la description du fonctionnement sinistre du réseau, Simon Templar y demeurant aussi inerte que périphérique. Avec un propos se cantonnant à de l’imagerie d’Epinal, de plus porté par une interprétation plus faible qu’à l’accoutumée, on ne saurait y discerner qu’une médiocre valeur documentaire. Décrits comme brutaux et manquant d’envergure, les antagonistes du jour ne forment pas une opposition bien redoutable pour le Saint. Enserré dans la seconde partie du récit, le scénario se limite à quelques figures imposées bien connues, comme une caricature du style de la série. Imogen Hassal et Susan Travers (vue dans Mon rêve le plus fou) apportent un charme indéniable, mais au service de rôles très limités. Ray Austin ne trouve guère ses marques dans une mise en scène enchâssée dans des décors médiocres et développant peu d’action, hormis lors de l’affrontement final, tout en extérieurs. Il suscite enfin quelques étincelles dans un ensemble très démonstratif (sans doute parce qu’il s’agit également d’un épisode de Noël).
15. L'ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR Date de diffusion : 29 décembre 1968 (The Interrogators : 01 janvier 1969) A Nice, Jenny, la fille gâtée et capricieuse du grand producteur Ben Kersh, a été enlevée. Le célèbre Simon Templar accepte de procéder à la remise de rançon. Le spécialiste des effets spéciaux des studios a installé un appareil photo dans la montre du Saint. Il s’avère que Jenny a monté toute l’affaire pour pouvoir s’enfuir avec son fiancé. Mais les tourtereaux sont trahis par leurs associés, désireux de conserver l'argent pour eux seuls. L’épisode souffre d’une intrigue minimaliste et largement prévisible tant le supposé retournement de situation de la complicité de la damoiselle complice des kidnappeurs se voit venir à des kilomètres. Il s’agit d’ailleurs d’un poncif des séries d’aventures de l’époque. D’une manière caractéristique, le procédé sera dupliqué quasi à l’identique lors de L’enlèvement de Liza Zorakin, l’un des opus les plus médiocres d’Amicalement vôtre. Le scénario ne fait ensuite que greffer quelques péripéties classiques sur ce fil conducteur, même si la trahison du spécialiste des effets spéciaux permet d’enrichir a minima les débats. On appréciera surtout la scène où il fait visiter son surprenant atelier au Saint, un passage n’étant pas sans évoquer la section Q par la profusion des gadgets pittoresques ! Comme souvent on apprécie de retrouver quelques visages aperçus dans Chapeau Melon et bottes de cuir, mais la distribution ne brille cependant pas son brio. Judee Mortan compose ainsi une Templar Girl très anodine. L’ensemble se voit dominé par un Kenneth J. Warren réellement impressionnant dans son incarnation d’un producteur yankee en soi assez cliché, brutal et impérieux. Le personnage demeure trop périphérique mais les amateurs des Avengers appréciant Epic goûteront fort de le retrouver trônant et vociférant dans le décor d’un studio de cinéma. Roger Moore dépolie une belle énergie sous la double casquette d’acteur et de réalisateur, tirant joliment parti de superbes voitures d’époque comme de nombreux extérieurs (bien plus anglais que niçois !), Where the Money Is demeurant l’un des opus de la série les plus richement dotés en la matière.
16-17. VENDETTA POUR LE SAINT Date de diffusion : 05/12 janvier 1969 (The Rotters/invasion of the Earthmen : 08/15 janvier 1969) A Naples, le Saint ne peut empêcher que son compatriote Euston soit assassiné par les hommes du chef maffieux Destamio. Arrivé en Sicile en quête de justice, il s’associe avec le chef de police pour faire tomber le criminel. Simon sympathise avec Gina, la nièce de Destamio, à qui il révèle la véritable nature de son oncle. Le gangster va tenter d’assassiner le Saint avec une voiture piégée, tout en complotant de succéder à Don Pasquali, le parrain agonisant de l’organisation. Vendetta for the Saint tourne résolument le dos aux fantaisies ludiques et innovantes de l’autre double épisode porté au cinéma, The Fiction Makers, pour aux contraires en revenir aux fondamentaux policiers de la série, sur une tonalité noire proche des écrits de Charteris. De fait l’intrigue, développée par le même duo d’auteurs, se montre volontiers classique, car recourant à nombre de clichés italiens et avoisinant des affrontements précédents du Saint. Mais le scénario n’en demeure pas moins captivant, grâce à ses rebondissements, à son suspense et à ses diverses intrigues secondaires réussies (drame familial, implication personnelle de Templar, rivalités au sein de la Famille…). Déjà très riche, le récit sait ne pas s’en tenir qu’aux péripéties pour au contraire instiller toute une atmosphère inquiétante, résultant de l’omniprésence de la pieuvre au sein de la société sicilienne. Plusieurs moments forts ponctuent l’épisode, comme la longue et spectaculaire séquence de l’évasion du Saint ou l’affrontement final. Autour d’un Roger Moore très convaincant dans cette version du Saint plus sombre qu’à l’accoutumée, la distribution se montre particulièrement relevée et apte à séduire l’amateur des Avengers. Ian Hendry réalise une prestation absolument extraordinaire, l’intensité et la présence qu’il confère au diabolique Destamio évoque clairement l’éclat jadis apporté au Dr. Keel. Son aura autorise l’épisode à jouer pleinement la carte du duel personnel entre les deux antagonistes que tout oppose. A côté de lui, on retrouve nombre de visages connus des Avengers, tous idéalement dans leur emploi, entre bien d’autres : Fulton McKay également parfait en victime lors de la mémorable séquence introductive, George Pastell, le pittoresque Arkadi de Du miel pour le prince en policier classieux et madré ou encore Aimi McDonald l’évaporée secrétaire du Retour des Cybernautes, en maitresse bafouée du gangster. Rosemary Dexter apporte aussi du charme et une touche authentiquement italienne à une Damoiselle en détresse par ailleurs classique. A côté de plateaux particulièrement soignés, Vendetta pour le Saint se détache également par ses nombreux extérieurs, mettant en valeur les sublimes sites et paysages de Malte et apportant une saveur authentiquement méditerranéenne à l’ensemble.
18. LE ROI Date de diffusion : 19 janvier 1969 (Killer : 22 janvier 1969) Episode traité dans le cadre d’Amicalement vôtre. 19. LE GÉNIE Date de diffusion : 26 janvier 1969 (The Morning After : 29 janvier 1969) En Cornouailles, le Saint fait la connaissance de deux charmantes sœurs, Stella et Vanessa, ainsi que de leur richissime père, Keith Longman. Celui-ci confie à Simon être mourant, du fait d’une maladie cardiaque et qu’il envisage de se mettre en hibernation jusqu’à ce que la médecine ait trouvé un remède. Toutefois il envisage secrètement d’utiliser le célèbre Simon Templar comme cobaye de ce procédé expérimental ! D’Adam Adamant Lives ! à Hibernatus (1969) en passant par les voyage spatiaux (2001 Odyssée de l’Espace, 1968), l’hibernation compose un thème populaire au cours des années 60. La série s’empare donc d’un thème à la mode mais de manière intelligente. L’épisode développe en effet une tonalité, étrange, issue de la rencontre cette fois fructueuse entre la Science-fiction et la série d’aventures incarnée par le Saint, sur un canevas n’étant pas évoquer clairement les Avengers. Les amateurs de cette dernière série s’amuseront ainsi beaucoup en découvrant ces très particuliers fossoyeurs en chapeau melon, ou Simon en train de déguster du champagne au beau milieu de la campagne anglaise. Le récit se ponctue d’éléments clairement identifiables, tels le village emblématique d’Aldbury et les superbes résidences anglaises, ou la référence explicite faite par à Roger Moore à Mrs Peel. Le scénario n’évite pas certains clichés (comme la fille du méchant prenant rituellement parti pour Simon), mais dose habilement l’alliage de ses divers composants, tout comme son modèle. Le savoir faire de Freddie Francis permet de filmer le tout avec réussite, au sein de décors soignés et vieillissant bien. Le réalisateur a la bonne idée d’éviter tout effet spécial hors de propos et propice à la caducité. Les deux sœurs aussi surdouées que délurées font merveille lors de leurs approches hautement excentriques de Templar, sans doute les meilleures scènes de l’opus. En particulier la tonique et amusante Jayne Sofiano se met idéalement au diapason humoristique de Roger Moore et compose une Templar Girl aussi séduisante que marquante. En Diabolical Mastermind luttant pour sa survie, Clifford Evans compose talentueusement un adversaire du Saint moins manichéen qu’à l’ordinaire, jusqu’au saisissant dénouement.
20. PORTRAIT DE BRENDA Date de diffusion : 02 février 1969 (The Curious Case of the Countless Clues : 05 février 1969) La peintre Alan Williams appelle le célèbre Simon Templar pour lui faire des révélations, mais est assassiné avant d’avoir pu lui parler. Joséphine, son amie et modèle, met le Saint sur la piste d’un tableau, le Portrait de Brenda. Il s’agit en fait du tableau de la jeune sœur du peintre, une chanteuse qui se serait suicidée avec avoir été dépouillée par un mystérieux gourou. Aidé d’une amie commune, la chanteuse pop Diana Huntley, et par les indices disséminés dans le tableau, le Saint va parvenir à démasquer le véritable coupable. Irrigué de musique pop et de vues du Swinging London, Portrait of Brenda présente le grand intérêt de nous faire mesure le parcours accompli par la série. Inaugurée alors que les Sixties débutantes étaient encore imprégnées par les années 50, comme en rend souvent compte la saison 1, en cet avant dernier épisode elle débouche sur le crépuscule de la décennie, tant du point de vue artistique que vestimentaire ou artistique. Le Saint, très en verve lors de dialogues plein d’humour, bénéfice du renfort de deux charmantes d’ailleurs totalement dans le vent du moment, même si l’on préfère la vivacité et l’expressivité de la juvénile Anna Carteret à la sensualité à fleur de peau d’Anne de Vigier. Pour sa dernière prestation Claude Eustache accomplit un sans faute et l’on apprécie vivement que le saint en prenne congé sur un élégant et amical Call me Simon. Ivor Dean aura bien mérité de la série. De fait la première partie de l’épisode se montre particulièrement riche visuellement (King’s Road) et musicalement, avec quelques agréables airs de Pop Music. Toutefois, un fois dépassé ce cap, les péripéties résultent fort convenues, avec, comme souvent, un coupable évident tant il n’a d’autre raison de figurer au scénario. Surtout l’épisode présente une contradiction : narrer une histoire totalement sinistre et crapuleuse dans un environnement coloré et joyeux contrebalançant l’atmosphère en permanence. Le gourou, filmé de manière totalement lénifiante et premier degré (pour le coup nous sommes vraiment en 1969) occupe aussi beaucoup trop d’espace, avec un Mitland en posture constamment figée. On a l’impression que l’épisode passe à coté de son sujet, le tableau instrument de la vengeance post mortem de la représentée et non pas simple dissimulation d’indices.
21. LES RIVAUX Date de diffusion : 09 février 1969 (Wish you were here : 12 février 1969) Le constructeur de voitures de courses George Hapgood demande au célèbre Simon Templar, ami de longue date, de tester son dernier modèle. Celui-ci doit participer à un grand rallye à travers l’Angleterre et il est vital qu’il parvienne à intéresser les sponsors. Mais le prototype est victime d’un sabotage. Le Saint suspecte Justin, cousin et rival de George, car celui-ci s’est associé depuis peu à Kay Collingwood, redoutable femme d’affaires n’ayant pas froid aux yeux. Le Saint va parvenir à duper les deux compères et à assurer le succès de son ami, avec avoir pris Kay comme navigatrice. On reprochera à l’épisode une trop grande impression de déjà-vu, les sports automobiles ayant déjà été traités deux fois au cours de la série. De plus The Chequered Flag (saison 4) et The Fast Women (saison 5) décrivaient des rivalités d’équipes de course sur un modus operandi avoisinant fort celui du présent opus. Toutefois l’épisode parvient à se montrer hautement distrayant. Les péripéties spectaculaires se succèdent sans faiblir portées par un l’entrain communicatif de la narration et de la mise en scène. Certes le trucage de la conduite de voiture en studio se montre toujours aussi évident (la série sera demeurée immuable là-dessus) mais l’intégration d’inserts de rallyes automobiles s’effectue avec fluidité et crédibilité. L’intrigue reste transparente de bout en bout mais le Whodunit se voit détourné dès le départ, pour devenir une piquante comédie, tant les prises de bec acidulées entre Simon et Kay regorgent d’humour incisif. Si le saint domine évidemment les débats, on apprécie d’ailleurs que la dame rende coup pour coup. Sa secrétaire passablement dessalée vaut aussi le coup d’œil. Le coup de maitre de The World Beater réside bien entendu dans le choix de l’épatante Patricia Haines comme ultime Templar Girl. Entourée d’autres visages connus des Avengers, elle apporte une rosserie et une drôlerie essentielles au succès de l’épisode. La complicité avec Roger Moore se montre fusionnelle, tandis que s’instaure une indéniable tension sexuelle. Un défilé de somptueuses automobiles vient compléter le succès de l’opus, même si l’on note de l’absence de la ST1, qui nous aura donc quitté sans tambours ni trompettes lors de Portrait of Brenda. Il en va pareillement pour cet épisode, où absolument rien n’indique qu’il s’agit du terminus de la production. Il est vrai que le Saint aura imperturbablement déroulé ses exploits, sans jamais se soucier du rythme des saisons. The World Beater n’en compose pas moins une digne conclusion pour la série d’aventures anglaise des Sixties ayant connu le plus durable des succès, grâce à son univers séduisant et à son interprète hors pair.
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