Buffy Contre les Vampires (1997-2003) Saison 2 1. La métamorphose de Buffy (When She Was Bad) 2. Le puzzle (Some Assembly Required) 3. Attaque à Sunnydale (School Hard) 4. La momie inca (Inca Mummy Girl) 13-14. Innocence (Surprise/innocence) 16. Un charme déroutant (Bewitched, Bothered and Bewildered) 17. La boule de Thésulah (Passion) 18. Réminiscence (Killed By Death) 19. La soirée de Sadie Hawkins (I Only Have Eyes for You) Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Deux mois ont passé depuis la fin du Maître. Depuis sa mort et sa résurrection, Buffy semble changée, elle est plus sombre, plus détachée, ce qui inquiète ses amis. Pendant ce temps, Le Juste des Justes tente de ressusciter le Maître via un rituel… La critique de Clément Diaz Cordelia, your mouth is open and sound is coming from it. This is never good. L’ouverture de cette deuxième saison ne pouvait pas mieux commencer si elle voulait inquiéter le spectateur. Joss Whedon part d'une idée très mauvaise, et n'en tire que des scènes verbeuses où il ne se passe rien. Les rares expédients (flirt Xander-Willow, cauchemar de Buffy) ne cachent pas une quasi absence d'action. On ne comprend pas non plus le changement de comportement de Buffy, portée par une Sarah Michelle Gellar pour la première fois à côté de la plaque. Peut-être parce qu'elle a senti qu'on lui demandait n'importe quoi, elle s'est mise en mode monolithique. Conséquence : toutes ses scènes frappent à côté : discussion avec Angel sans la moindre tension sexuelle, vampage de Xander pas crédible (Faith ricane doucement en coulisses), tortionnaire de vampires pâlote, fracasseuse de squelettes hystérique ridicule... Il ne fait décidément pas bon pour les persos de jouer une autre partition que la leur habituelle : c'est le cas de Giles, pas vraiment convaincant quand il étrangle Buffy, ou Angel, ici en amoureux transi lourdingue (il sera d’ailleurs souvent comme ça dans la série avant que son départ à Los Angeles le rende plus intéressant). Même Cordy semble fatiguée (My God, Charisma, tes cheveux, aaargh !!), en panne de vannes, et qui se fait ratiboiser par la Slayer ; scène qui eut été drôle si les interprètes eussent été en meilleure forme. Psychologiquement, Cordelia ne semble toujours pas étonnée de la Hellmouth, on a du mal à y croire. La diabolique machination ourdie par ce parangon de terreur pure qu'est le Juste des Justes, avec un Andrew J. Ferchland survolté et hyperexpressif... euh pardon, ça, ça se passe dans un univers alternatif. Bref, l'intrigue du jour enterre définitivement l'épisode avec cette tentative débile de résurrection du Maître, portée par des vampires non moins impressionnants de fadeur ou de cabotinage lourd. On a parfois l'impression de se retrouver dans un remake du film de 1992, tellement tout foire à merveille. La métamorphose de Buffy n'est même pas expliquée. A part la pétillante introduction, avec la plaisante complicité entre Nicholas Brendon et Alyson Hannigan, il n'y a pas grand-chose à sauver. La critique d'Estuaire44 Guère relevé, cet épisode ne laisse pas grand souvenir. Il présente au moins le mérite d'instituer la tradition des grandes vacances scandant les intervalles inter saisons. La saison 2 n'a pas encore réellement commencé, on se situe encore dans l'interlude de l'Annoying One, jusqu'à School Hard et l'arrivée des deux doux romantiques, Spike et Drusilla. Une fois la destinée du Maître réglée, il était de toute façon maladroit d'y revenir, en début de saison c’est lancement d'un nouveau cycle que l’on désire découvrir. Whedon sera coutumier de des pilotes de saison décalés, avec davantage de succès. Le dernier de la saison 4 sera aussi en marge, après la victoire sur le Big Bad du moment. A chaque fois, cela signifie évidemment une prise de risques. Ici, comme souvent dans les séries d'aventures, beaucoup dépend de l'opposition et on a vraiment peu à se mettre sous la dent dans ce domaine Ceci-dit, même lors d'un épisode mineur, on trouve des scènes appréciables, Le duo Willow/Xander semble en bonne forme, notamment au cimetière. Buffy en reine du dance floor est à voir. Comme tout au long du récit, elle y annonce déjà Faith, son alter ego à la dérive et désaxée, en saison 3. Il est vrai que cet aspect correspond mieux à la personnalité d'Elisa Dushku qu'à celle de Sarah Michelle Gellar, ici pas tout à fait à son aise. De fait on ne croit pas réellment à cette crise d’angoisse de Buffy, en contradiction avec la conclusion de la saison 1 Avec le métier, elle se montrera nettement plus convaincante en saison 4, quand Buffy et Faith nous referont le coup du Who's Who de Chapeau Melon. Les maquillages et le squelette du Maître s’avèrent de qualité médiocre. Belle discussion entre Snyder et Giles et mention spéciale au pantalon jaune de Willow, la fashion victim du jour.
2. LE PUZZLE Scénario : David Tyron King (crédité comme "Ty King") Réalisation : Bruce Seth Green Chris et Éric, deux jeunes adolescents, profanent des tombes dans le but de créer artificiellement une compagne pour Daryl, le frère mort-vivant de Chris. Mais ils ont besoin d’une tête vivante. Le choix de Daryl se porte sur… Cordélia ! La critique de Clément Diaz - Well, what I saw didn't add up to three whole girls. I think they kept some parts. Cet épisode se voit pénalisé d’entrée par son adaptation grotesque de la Fiancée de Frankenstein. Le duo de génies constitue une bien faible opposition au Gang ; leurs interprètes ne valent pas mieux. Daryl, le monstre, est aussi pire qu’eux car il passe son temps à se plaindre de sa solitude, râlant continuellement. Ce n’est pas vraiment ce qu’on attend d’un Diabolical Mastermind ! Il se montre plus convaincant lors de sa bataille énergique contre la Tueuse, mais gâche tout par son revirement mélo. Le tempo assez lent de l’ensemble est aussi dommageable. L’épisode convainc davantage sur sa teneur en comédie. C’est certainement un des épisodes les mieux dialogués de la série, car les personnages débitent des répliques qui tuent à une vitesse folle, quand ils ne s’auto parodient pas. Rien que la scène d’intro vaut le détour par son pastiche au vitriol des disputes de soap opera. On admire aussi les efforts lamentables de Giles pour inviter Miss Calendar… qui finalement prend les devants et s’amuse des maladresses de son prétendant (Tony Head est toujours impeccable dans ce genre de scènes). Mais c’est surtout Cordélia et son nombril qui achèvent le spectateur. On a beau parler de sorcellerie, de meurtre… faut toujours qu’elle ramène tout aux pom-pom girls ou à ses devoirs. Au menu, une pluie de vannes bien mordantes. Charisma Carpenter est plus hilarante que jamais. Ce pastiche de soap en est également un des films d'horreur : le plongeon olympique de Cordy dans la benne à ordures lors de la scène “effrayante” du parking en est le meilleur exemple. Voir Xander casser l’ego d’une Cordelia toute tremblante de reconnaissance est un défouloir pour le spectateur. Comme quoi, un épisode peut être totalement sauvé rien que par ses scènes secondaires. La critique d'Estuaire44 On sent bien que la saison 2 n’a pas encore trouvé son sujet, mais si le ton féministe est bien présent (on peut littéralement parler de femme objet). Whedon s’obstine avec l’Annoyed One, avant de comprendre que le jeune acteur va grandir en cours de saison, en contradiction avec le statut de mort vivant de son personnage. Donc on patine encore un peu, avec une opposition assez pathétique, mais l’épisode à un vraie saveur de pastiche de pop corn movies (notamment Reanimator). La variation sur la fiancée de Frankenstein est jolie. Il se confirme que Whedon est un Geek fini et qu’il maîtrise admirablement le sujet. Pour le reste on sait que les épisodes de Buffy en dessous sont régulièrement sauvés par le relationnel entre les personnages. C’est le cas ici, avec effectivement des dialogues pétillants et beaucoup d’humour. Angel, homme de peu de mots, sera toujours comme éberlué par le débit et les énormités de Cordy, c’est franchement amusant. La Tueuse affronte démons et vampires, mais pas question de creuser un trou, c’est également désopilant. On débusque ainsi plusieurs. L’épisode relève encore de la saison 1 pour son scénario pas toujours emballant, mais déjà de la suivante pour le soin accentué apporté aux personnages. On apprécie de voir Buffy à la peine face à Daryl, assez logiquement à ce moment de son évolution. L a Slyer de la saison 7 en aurait fait du petit bois. Après le pantalon jaune de Willow, l'attention les yeux du jour revient pour une fois à Angel, avec un hideux costume que l'on ne reverra plus. Vivement le retour au noir et au cuir. Tellement gothique.
3. ATTAQUE À SUNNYDALE Scénario : David Greenwalt, d’après une histoire de Joss Whedon et David Greenwalt Réalisation : John T. Kretchmer Spike et Drusilla, un couple de vampires, arrive à Sunnydale dans un double but : s’installer (comprendre : semer le bordel juste pour le plaisir) et rendre ses forces à Drusilla, affaiblie physiquement, grâce à la proximité de la Bouche de l’Enfer. Spike prend le commandement d’un groupe de vampires pour attaquer l’école de Sunnydale. Pour Angel, cela signifie aussi un fantôme du passé qui revient… La critique de Clément Diaz From now on, we're going to have a little less ritual, and a little more fun around here ! Jusqu’à maintenant, Buffy the vampire slayer n’était pas autre chose qu’une simple bonne série, intéressante, originale, mais encore bien mineure. Autant dire que School hard fait l’effet d’une TNT, et hausse brutalement la série au rang de série majeure (il faudra toutefois attendre encore un peu pour que la série achève définitivement sa mue). Joss Whedon et David Greenwalt cassent brutalement l’ordinaire de la série en introduisant ce qu’on attendait depuis le début de la saison : un Big Bad pur et dur. Cadeau du chef, on en a deux pour le prix d’un ! L’arrivée très discrète de Spike donne la couleur. En totale roue libre, James Marsters l’enveloppe dans une aura de folie très rock’n’roll (la référence à Woodstock n’est certainement pas anodine). Spike, c’est le méchant qu’on adore non pas détester mais même aimer !! Car comment ne pas adorer ce gars décontracté, tchatcheur, rieur, vanneur, cogneur. Ce gars-là se fout à peu près de tout ; lui, tout ce qui l’intéresse, c’est le FUN ! Eh ben, génial, c’est exactement ce que le spectateur attend ! Et puis, Spike c’est aussi un vampire féroce et sans pitié, un adversaire de premier choix pour la Tueuse. Mettre un méchant de première catégorie mais aussi irrésistible, c’est du grand art. Et puis, il expédie L’Annoyed One pour un p’tit séjour au soleil. Rien que pour ça, on le vénère ! L’évanescente Drusilla reste à l’arrière-plan, mais elle est tout simplement terrifiante. Évanescente, folle à 400%, morbide d’un bout à l’autre. La scène de la maison de poupées, c’est de la terreur pure, et Juliet Landau n’hésite pas à cabotiner à mort pour un résultat d’anthologie. Son impression est si marquante, qu’on ose à peine imaginer comment elle est quand elle est en pleine forme. On aime comment la grande Slayer en est réduite à préparer la réunion parents-professeurs. Ce décalage entre sa mission et les trivialités du quotidien amuse toujours autant. Ici, le casting est à l’arrière-plan, pour laisser de l’espace au Spike et à la Slayer. Un handicap largement compensé par un scénario captivant où Spike et Buffy s’affrontent à distance entre deux scènes comiques où Snyder ne cesse de chercher des noises à notre héroïne. Armin Shimerman est toujours super en prédateur vautour (Think of me as your judge, jury, and executioner !). La première partie est pleine de comédie et de suspense, mais bien sûr, c’est l’invasion de l’école qui est la pièce montée de l’épisode : bagarres, courses-poursuites, retrouvailles Angel-Spike, cache-cache mortel, grand duel final… et Joyce qui a l’honneur de mettre un coup de batte au Spike ! Rien ne manque, c’est un spectacle total. Voilà un petit chef-d’œuvre. On se languit déjà de retrouver le duo de déglingués. La critique d'Estuaire44 Enorme impact pour School Hard, que de nombreux fans considèrent comme le véritable lancement de la série, l’antérieur servant de transition avec le film. On aura rarement vu des personnages arriver avec un tel fracas dans une série déjà entamée, et s’imposer d’emblée. On ressent un coup de cœur immédiat pour le couple diabolique. James Marsters et Juliet landau sont incroyablement immergés dans leurs rôles. De manière très intéressante, Dru apparaît effectivement en retrait par rapport à son compagnon fanfaron et extraverti, et la saison va nous raconter l’inversion progressive du rapport de force, une astucieuse idée. Le dynamique duo résulte absolument jouissif. La voiture de Spike est un régal, tout comme son accent londonien joyeusement caricatural du Spike. Punk rock british jusqu’au blanc des yeux, il est conçu à l’image de Billy Idol. On va vite se rendre compte qu’il reste relativement sympatique face à la perversité démente de Dru, sans parler d’Angelus et de Darla, de rudes compagnons chacun dans leur genre. Spike va effectivement considérablement évoluer au cours de la série, mais demeurera toujours immensément populaire auprès des fans, conduisant Whedon à renoncer à un trépas prévu initialement vers la mi saison et à redistribuer les cartes (Spike est encore là en lors de l’ultime épisode d’Angel). On est enfin débarrassé de ce boulet de Annoying One, personnage dont la série aurait facilement pu faire l’économie, d’autant que le gosse est jusqu’au bout inexpressif au possible. On a l’impression qu’il s’ennuie autant que nous devant lui. Grâce aux deux « survivants » des Fanged Four, l’épisode tout entier représente un formidable second souffle pour la série, alors qu’une deuxième saison est toujours un cap difficile à passer. From now on, we're gonna have a little less ritual, and a little more fun around here! Spike dessine parfaitement le devenir de la série ! Par ailleurs on commence à percevoir un pouvoir occulte dissimulé derrière Snyder, on en reparlera en saison 3.
4. LA MOMIE INCA Scénario : Matt Kiene et Joe Reinkemeyer Réalisation : Ellen S. Pressman Dans une salle d’exposition consacrée aux incas, un garçon du collège de Sunnydale tente de dérober un sceau précieux. Mais ce faisant, il ressuscite accidentellement Ampata, une vierge Inca, ainsi que son « gardien ». La belle Ampata tombe amoureuse de Xander, mais il y’a un obstacle de taille : pour continuer à survivre, elle doit tuer des innocents en aspirant leur énergie vitale… La critique de Clément Diaz - I do think she cared about you. Inca mummy girl joue une carte délicate : celle du monstre-pas-si-monstrueux-que-ça. Il y’a toujours un sentiment trouble chez le spectateur lorsque celui-ci a pitié d’un monstre qui doit pourtant disparaître. Ampata a la possibilité de ressusciter, mais par une diabolique ironie, cette innocente doit pour vivre tuer des innocents - On est pas loin du Leonard Betts des X-Files. Ce destin maudit fait qu’on a plus envie de la plaindre qu’autre chose. Ara Celi est émouvante, à l’aise dans toutes les émotions : amour, chagrin, douceur. Et son physique latino étourdissant ne gâche rien. Le parallèle avec la Slayer (toutes deux doivent sacrifier leur vie pour le bien commun, même si leur sacrifice est différent) est bien trouvé. Le duo Nicholas Brendon-Ara Celi produit suffisamment d’étincelles pour qu’on y croie. Mais au-delà des scènes de comédie (Cordelia-la-peste forever), une amertume tenace irrigue cet épisode. En plus de la momie, la série tire des prévisions pessimistes sur les relations de nos héros : après une mante religieuse, Xander tombe amoureux d’une momie. Xander gagnera d’ailleurs ultérieurement l’envié surnom « d’aimant à démons femelles ». La sexualité dans le Buffyverse est toujours un peu tordue (n’est-ce pas Anya ?). Cet épisode contient par ailleurs le premier acte véritablement héroïque de Xander dont le « pouvoir » réside dans son courage et un amour sans faille envers ses amis. La Tueuse dirige le Scooby-Gang, mais Xander en est le cœur, celui qui le fait tenir. Sans son amour pour Willow, elle serait morte. Ce sublime et génial distinguo donne une importance fondamentale au personnage, qui sera toujours le plus proche du spectateur. Côté cœur, la question se pose aussi pour Willow, toujours pas guérie de son attirance pour Xander. La scène où elle le surprend en train de dire qu’il l’aime comme sa meilleure amie, et rien d’autre, est assez cruelle. Le fait qu’elle s’emmitoufle dans un anorak ridicule sur le dance-floor fait penser à une possible métaphore de son vide sentimental, d’un cœur qui a désespérément froid. Après cette révélation, elle passera à autre chose, et s’intéressera au mignon guitariste qui semble l’avoir remarquée (Oz est arrivé, Yeah !). Courage, Willow ! Sinon, Jonathan the winner fait sa première apparition. Ce geek fini va faire quelques apparitions avant d’avoir sa juste place en saison 6. La critique d'Estuaire44 L'épisode de la momie inca est sympathique, c'est toujours une bonne idée que de revisiter les classiques et il existe tout un pan de la pop culture dédié au monde précolombien et à son étonnant art mortuaire. Cela demeurera l’unique fois où la Slayer affronte cet immense standard qu’est la Momie. On avouera préférer la damoiselle aux rats des X-Files (Teso Dos Bichos). Par contre on trouve tout de même de gênantes facilités dans le scénario. Le garçon choisit totalement au hasard par Ampata (quel prénom Disney) est pile le correspondant de Buffy, ce qui est un peu gros. Que cela soit une série fantastique ne change rien aux exigences en matière de crédibilité scénaristique. On s'étonne aussi que Giles ne pense pas d'emblée à reconstituer le sceau, ou qu’Ampata tombe en poussière pile au moment d'embrasser Alex (toujours un vainqueur dans ses conquêtes, cela se confirmera dans Bewitched, Bothered And Bewildered, cette saison). Tout cela sent un peu le fabriqué, tandis que le parallèle entre les destinées sacrificielles de Buffy et d’Ampata est un peu trop explicitement souligné, on avait compris. De plus la très belle actrice latina jouant la momie, Ara Celi, est certes douée, mais moins que les artistes féminines récurrentes (Alyson Hannigan est énorme ici). L’opus bénéficie d’un affrontement final efficacement filmé, de quelques scènes amusantes (Sven, le Thor local) et de l'arrivée d’Oz et Jonathan, l »archétype du rôle secondaire apportant immensément à une série. On s’étonne qu’avec le nombreux de lycéens tombant raides morts à Sunnydale High, on trouve encore des établissements étrangers prêts à des échanges. Le Buffyverse et ses fascinants mystères. L’épisode se laisse regarder agréablement mais reste un brin périphérique, peut être par son absence totale de vampires dans une saison qu’ils dominent encore. Il demeure également le opus de la période sans Angel. Il était de toute façon difficile de succéder à School Hard.
Scénario : David Greenwalt Réalisation : David Greenwalt Déprimée que sa relation avec Angel n’avance pas, Buffy accepte l’offre d’un garçon qui l’invite, elle et Cordélia, à une fête donnée par une fraternité étudiante. Les deux jeunes femmes ignorent toutefois que la fraternité est en fait une secte qui vénère Machida, une créature démoniaque… La critique de Clément Diaz The reflection thing that you don't have, Angel, how do you shave ? Reptile boy est disqualifié d’entrée par son scénario : des adolescents appartenant à un culte infernal offrent de jolies adolescentes en sacrifice à leur « dieu ». Outre l’arrière-texte pas vraiment subtil des gars qui droguent les filles pour « have fun with hers », cela donne des scènes « démoniaques » plus ridicules qu’autre chose tellement les « frères » sont aussi lisses que minables. On ne tirera pas sur les interprètes par charité. Quant au serpent géant, il fait presque regretter le vulgaire cyborg d’I Robot, you Jane, c’est dire ! Quelle bonne idée que Buffy se libère de ses chaînes et sabre le démon elle-même, ça rend l’intervention de la cavalerie proprement inutile. Autre réclamation, les auteurs devraient arrêter le numéro d’Alex en soupirant malheureux de Buffy, ça devient lourd à force, malgré tout le talent de Nicholas Brendon (encore 4 épisodes à tenir). Une fois de plus, l’épisode est sauvé par quelques scènes-choc. La spectaculaire apparition d’Alex en soutien-gorge rembourré est une vision épique inoubliable. Amusante rencontre dans le cimetière avec les avances à peine discrètes de Buffy à un Angel pas méga pressé (Gellar est démente en tentatrice, par contre David Boreanaz touche les limites de son jeu). Alyson Hannigan irradie de sa fraîcheur naturelle, avec à la clé la fameuse scène où elle dit ses quatre vérités à Giles et Angel (You're gonna live forever but you don't have time for a cup of coffee ?). Une fois encore, Cordy chérie vole le show : sa prétention d'être le centre du monde va toujours plus loin, il faut le voir pour le croire. Charisma est proprement déchaînée ! Malgré une robe de soirée à se damner, Buffy comme son interprète est très palote dans un rôle d’ado terne cherchant à se « décoincer ». Avec Faith, ce sera autre chose (Sex, violence, drinks, violence, sex…) Rien à faire, mais la Slayer on l’aime quand elle est en forme, quand elle brille, pas quand elle se morfond à une soirée. La critique d'Estuaire44 On aime l’apparition du démon ophidien, spectaculaire, à souhait, mais Buffy s’en débarrasse ensuite beaucoup trop facilement. A part la fameuse métaphore phallique, pas la plus intéressante de la série, l’épisode reste hyperclassique et prévisible, avec le suspense convenu de Buffy ne parvenant pas à arracher les chaines. Que Buffy et Cordy se voient engagées dans la même galère n’est pas assez exploité, contrairement à l’excellent Homecoming de la saison suivante, avec le mémorable Slayerfest 98. Les étudiants adorateurs résultent plus ridicules qu’autre chose. Le seul élément appréciable de cet épisode assez quelconque restr que cela la relation entre Buffy et Angel se cristallise enfin. Pour le reste le récit demeure vraiment oubliable, on conserve vraiment l’impression que l’épisode a été réalisé pour en atteindre le nombre requis.
Scénario : Carl Ellsworth Réalisation : Bruce Seth Green Sunnydale se prépare pour Halloween, spécialement chez Ethan's Costume Shop. Mais Ethan est en fait un adorateur du chaos. La nuit d’Halloween, chaque habitant devient le costume qu’il porte : fantôme, militaire, monstre d’enfer... Buffy, qui a choisi une robe de princesse, est désormais sans défense, incapable d’arrêter Ethan. Spike profite de l’aubaine pour tenter de la tuer. Malgré le chaos, le Scooby-Gang tente d’arrêter Ethan que Giles semble bien connaître… La critique de Clément Diaz You take the princess and secure the kitchen. Catwoman, you're with me. Pour le premier scénario de sa carrière, le talentueux Carl Ellsworth frappe un coup massif avec cette histoire alliant avec un dosage parfait un humour débridé et un suspense machiavélique. Dans un ancrage une nouvelle fois très Twilight Zone (on pense à The masks), la deuxième partie de l’épisode va jusqu’au bout de son concept consistant à transformer les personnages en leurs déguisements, ce qui permet des décalages massifs aussi dramatiques qu’humoristiques. Dès le début, les scènes de comédie s’enchaînent à tempo frénétique : Cordélia qui tente de chiper Angel à Buffy, c’est du fun pur. Comme toujours, Charisma Carpenter surjoue à fond en moulin à paroles égocentrique. La gravité du moment où Buffy admet que son statut d’Élue ne l’autorise pas à avoir une vie personnelle est vite cassée par Snyder qui a une idée bien à lui du « volontariat » des élèves : il est impossible de ne pas rire en le voyant tendre les stylos au trio. La scène où Buffy accumule les bobards foireux à Giles devant une Willow catastrophée (Miss Calendar says you’re a babe !), ou « viole le guy code » sont déjà gratinés, mais attendez-vous à une crise de fou rire lorsque Cordy apprend qu’Angel est un vampire… et qu’elle se laisse pas démonter (In dating, I am the Slayer !). Quant à Willow, elle m’a proprement tué par le déphasage entre ses mimiques effondrées et sa tenue… inhabituelle. Contraste total quand la charmante Drusilla nous fait des prophéties de Sibylle shootée aux barbituriques (Juliet Landau a vraiment l’air d’être sortie d’un asile de folles). Malgré l’horreur de la situation, le merdier infernal du sortilège d’Ethan maintient le triomphe de la comédie : Buffy en gourdasse sans défense et Xander en mitrailleur fou font deux rôles décalés hilarants. Willow et Cordélia explosent les barrières du cabotinage délicieux pour emmener l’épisode dans une folie douce. Ethan Rayne, joué par le regretté Robin Sachs, est un Diabolical Mastermind plaisant. Il permet à Giles de montrer une face plus sombre de sa personnalité, tout à fait inattendue. Le seul reproche consiste en la victoire précipitée de Giles. Ce n’est pas grand-chose dans cet épisode qui reste un grand classique de la série, inaugurant la tradition des Halloween gaîment foireux de Sunnydale. La critique d'Estuaire44 - Don't wish to blow my own trumpet, but it's genius. The very embodiment of 'be careful what you wish for' ! Halloween s’impose comme l'un des classiques de la série. On adore immédiatement cet artiste authentique que représente Ethan : un accent anglais incontournable en VO pour un excellent méchant à l’humour tordu comme on aime, porté par des dialogues en or massif, et excellemment interprété. Le Be seeing you est un astucieux moyen de souligner son côté British. Whedon est le Roi du Geekland et Buffy l'une des séries aux dialogues les plus référencés qui soient (avec Supernatural ou Big Bang Theory) On aime bien qu’Ethan n’ait rien de concret à gagner là dedans, hormis la jouissance du Chaos davantage que du Mal, tout comme chez Amy. Dommage qu’il soit lui aussi peu fréquent dans la série, d’autant qu’il ne participera pas à Angel, alors qu’il aurait pu constituer un excellent séide de Wolfram & Hart. L’idée de transformer les personnages en leur déguisement est purement géniale, et nous vaut de jolis moments de la part d’acteurs visiblement ravis de jouer différemment leur personnages. Il s’avère extrêmement judicieux de rendre Giles/Ripper plus terrifiant qu’Ethan. Leur relation se perçoit comme particulièrement forte et pas mal d'amateurs évoquent un amour de jeunesse ayant mal tourné, pour expliquer pourquoi Ethan lui tourne autour en ayant tout à perdre. Heureusement la victoire un peu trop rapide de Giles n'est que temporaire, Ethan va vite revenir. L’opus se découvre comme des plus belles réussites de la grande tradition américiane des épisodes consacrés à Halloween, avec une agréable saveur Twilight Zone. Les personnages s'identifient à leur costume durant une nuit très particulière font ainsi songer à Five Characters in Search of an Exit. On apprécie également que l’intrigue prenne le temps de confirmer le potentiel d’un Spike mouvant avec entrain dans l’amusant et endiablé Chaos généré par Ethan, si en résonnance avec sa propre essence.
Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Une bande d’adolescents, mené par le sombre James, vivent comme leurs idoles : les vampires, et rêvent de devenir comme eux. Quand ils rencontrent Spike, ce dernier accepte « d’engendrer » leur bande à une condition : qu’ils lui livrent Buffy… La critique de Clément Diaz - Who's Drusilla ? And don't lie to me. I'm tired of it. […] Lie to me est un épisode très apprécié par les fans. Peut-être est-il surestimé. Le postulat de départ : une bande d’ados crétins adorateurs de vampires qui veulent devenir des vampires, est grosso modo celui de Reptile Boy (et plus tard de Help en saison 7), d’où une opposition plus risible que méchante. Interprétation pas non plus transcendante, en dépit de l’ambiguïté de la jolie Chanterelle (appelée à revenir). Le twist final sur James est inattendu, avec une belle composition de Jason Behr, plus convaincant que dans le reste de l’épisode. Pour le reste, on veut des méchants, des vrais, des purs, pas des écervelés ! David Boreanaz exagère le cœur d’artichaut d’Angel. Il apporte un dolorisme et une noirceur qui se mélange mal à une série aussi solaire que Buffy. Il sera bien plus dans son élément dans sa propre série, plus en accord avec son personnage. Le script n’est toutefois pas totalement mauvais. Parce qu’il y’a quelques pépites comme sait si bien en assurer la série. La palme revient à Buffy qui confessait écouter en boucle I touched myself. Ça tue le mythe ! La mignonne Willow qui invite Angel dans sa chambre, c’est pas dénué d’humour (Alyson Hannigan est vraiment l’interprète parfaite : naïve sans être cruche, douce sans être mielleuse). La mythique Drusilla est incroyable : elle apparaît, et là tout à coup, il fait très froid. L’intro avec Angel, ou la scène de l’oiseau mort sont de véritables trésors. Juliet Landau écrase tout le monde. James Marsters est toujours au top, toujours entre menace et fun décalé. Et puis, il y’a ce final mélancolique du cimetière, avec les crises de doute de la Slayer. Mention aussi au marivaudage sans cesse interrompu entre Giles et Jenny. Emmener Giles à une course de Monster Trucks, euh, ah ouais, elle a peur de rien, la madame ! Avec cet opus, Buffy confirme une fois de plus combien les personnages sont une valeur sûre chez elle. La critique d'Estuaire44 On aime l’opus pour son thème original et mélancolique. Troublant aussi, car l’on ne peut que se demander comment nous aurions réagi à la place de Billy. L’intrigue a un certain côté mélodramatique lacrymal, mais cela fait de bien de varier l’ambiance de temps à autres. On en apprécie d'autant plus les bons moments de rigolade à gorge arrachée, euh déployée. Ils ‘avère également porteur que Spike tienne parole, il montre qu’il est d’une étoffe supérieure à celle d’un simple tueur. Le panache est toujours bienvenu chez un Big Bad grand saigneur, euh, seigneur. Juliet Landau nous régale d’un nouveau festival intégral, comme durant toute la saison, cela reste l'un des numéros d'actrice les plus hallucinants que l'on ait vu dans une série télé. Par contre, il demeure regrettable regrette que Buffy dispose facilement de Dru, il est vrai encore dans sa phase évanescente (après ce sera une autre chanson). La satire des Gothiques et autres fans mièvres de vampires édulcorés à la guimauve genre Twilight et consorts se montre percutante. Pas de pitié. Ce n'est pas Bella Swan qui les aurait sortis de là. Beau guesting avec l’excellent Jason Behr, le futur héros de Roswell, parfaitement dans son emploi. Un bon acteur dans ce rôle casse gueule était vital pour l'épisode. La tirade désenchantée entre Giles et Buffy conclue idéalement l’épisode, tout en évitant le sentencieux. L’épisode introduit avec talent la relation entre Dru et Angel, on sent bien la force du lien les unissant, à travers les siècles et la damnation. C'est totalement Dark et très romantique, captivant. Pas d'inquiétude, le doux et taciturne Angel en a encore pas mal dans la besace question baction... Merci aux scénaristes pour être encore parvenus à éviter le mano à mano définitif entre la Slayer et Spike. on en veut encore, de cette saison 2 continuant à monter en puissance.
8. LA FACE CACHÉE Scénario : Dean Batali et Rob Des Hotel Réalisation : Bruce Seth Green Un homme portant un tatouage cherche Rupert Giles, mais il est assassiné par un démon femelle avant qu’il ait pu lui parler. Giles retrouve son corps le lendemain, et semble choqué. Il comprend que son passé le rattrape, car dans sa jeunesse, il a embrassé lui-même la magie noire. Un autre méchant fait d’ailleurs son retour… La critique de Clément Diaz - You sold me that dress for Halloween and nearly got us all killed. Excellente idée que de centrer un épisode sur Giles. Le propret Watcher, bon et généreux, doit renouer avec des fantômes sombres de son passé, déjà entrevus dans Halloween. C’est original de casser l’image lumineuse de ce personnage, et cela avec quelques raffinements de cruauté comme l’attestent les dommages collatéraux frappant sa relation avec Jenny Calendar. Anthony Head s’immerge pleinement dans le séjour dans les limbes de son personnage, entre beuveries (!!), culpabilité, et pertes d’assurance. Dans un attendu mais non moins beau jeu de miroir, c’est l’élève, Buffy, qui console le maître. On sent que le Ripper semble désarmé face à Ethan, son alter ego maléfique, qu’il est partagé entre une affection qu’il n’a jamais réussi à détruire, et son devoir d’arrêter son ancien ami. On sent aussi sa honte, quand il refuse l’aide du trio. Ethan accapare une bonne partie de l’épisode, par son culot et son amusement à faire du mal partout où il passe. Robin Sachs joue à fond la désinvolture ironique. L’affrontement contre l’huile noire, euh je veux dire contre un démon qui passe de corps en corps, donne quelques bonnes scènes, comme les liquéfactions des victimes-zombies (l’épisode similaire d’Angel, Lonely Hearts, sera plus contestable). On apprécie aussi les petits dialogues entre Giles et Jenny - Robia LaMorte a un charme irrésistible - où la deuxième n’hésite pas à faire au premier des avances sexuelles aussi discrètes qu’un vampire sortant d’une tombe. Mieux, possédée par le démon, elle en profite pour lui sortir ses quatre vérités. Egyhon, un ennemi qui vous veut du bien. C’est ça l’affaire. En revanche, l’épisode s’étire en longueur. Le peu de suspense (le scénario est quand même téléphoné, excepté l'intelligent twist final). Mais c’est surtout le final qui est maladroit. Voir Jenny s’éloigner de Giles à cause de son passé est une insulte à son personnage, l’excuse étant aussi convaincante que Catherine quittant Frank Black (MillenniuM) parce que ce dernier a perdu son humanité l’espace d’une seule minute. D’une manière générale, les scénaristes éprouveront des difficultés à empoisonner les relations entre nos personnages chéris (on en reparlera en saison 7). Allez, c’est un bon épisode quand même. La critique d'Estuaire44 L’épisode est bien entendu à voir dans le prolongement d’Halloween, on peut même parler de double épisode autour des vertes (et noires) années de l’ami Ruppert et de son cher Ethan. L’opus nous vaut un nouveau grand numéro de ce dernier, rusé et sournois comme on aime, décidément une épatante recrue pour la série. La scène d’introduction brille d’un humour noir et absurde, déjà très Ethan, donc. Le démon est aussi un peu plus complexe qu’à l’accoutumée, cela fait du bien. L’épisode laisse un grand regret, que Ripper, le spin off consacré à la jeunesse anglaise de Giles et Ethan n’ait jamais vu le jour (Robin Sachs nous a depuis hélas quitté). De même on déplore le froid entre Miss Calendar et Giles, qui va éloigner quelques temps de la série la brune enseignante. Il s’avère que, comme assez régulièrement au cours de la série, le trucage de la simili Huile Noire a pris un coup de vœux, contrairement à son équivalent des X-Files, mais c’est secondaire. Reste un épisode très riche, avec une connotation spirite/invocation très victorien, et en arrière fond le thème des conséquences de nos actes, nous hantant plus cruellement qu’un spectre.
Scénario : Howard Gordon et Marti Noxon (1re partie), et Marti Noxon (2e partie) Réalisation : David Solomon (1re partie) et David Semel (2e partie) Pendant que les lycéens de Sunnydale passent leur « test d’avenir », Kendra, une adolescente (au fort accent) débarque à Sunnydale, met hors de combat Angel, et rencontre Buffy. Au cours de leur bagarre, Kendra lâche une bombe : elle prétend être… LA Slayer, LA Tueuse de vampires !! Pendant ce temps, l’animosité entre Cordélia et Xander prend un tour tout à fait imprévu… La critique de Clément Diaz - She died ? Entrée remarquée de la scénariste Marti Noxon, qui va bientôt être le bras droit du boss durant tout le reste de la série. Noxon, bien qu’à l’aise dans tous les registres, se fera une spécialité à écrire les plus épisodes les plus riches en émotion, son domaine de prédilection. Entrée toutefois à retardement car la première partie du premier double épisode de la série a certainement dû être écrit pendant une grève de scénaristes. Parce que 32 minutes (sur 40) sans scénario, là bravo, même Seinfeld ne va pas aussi loin. Donc, Buffy, Xander, Willow, et Cordélia font leur ennuyeux test d’avenir, Buffy répète son numéro de Slayer frustrée de ne pas avoir de vie à elle (elle l’a déjà dit et en mieux dans les épisodes précédents), et Giles fait du surplace. Alyson et Oz sont recrutés par des informaticiens, puis hop, on abandonne cette idée. Xander, à part lâcher des blagues à deux balles, ne fait strictement rien sauf ses toujours hilarants concours de vannes avec Cordelia. Et puis vous mettez Drusilla devant la caméra, ça suffit pour qu’on sorte le pop-corn ; ça rate jamais. Quand même, que tout cela est lent, lent, lent. Alors on meuble avec un peu de romantisme et une belle scène de patinoire, avec Buffy et Angel, cache-misère de la panne d’inspiration. Ah et puis, voilà Kendra qui débarque. Là, on se réveille et on est vaguement incrédule quand Angel se fait déssouder par cette castagneuse. Splendide combat conclusif, et un cliffhanger magistral. Two is a crowd ! Le réveil est pétaradant, mais quand même un peu tard. Par contre, c’est un autre discours qu’on a avec What’s my line, part 2. En Slayer rigoriste, Bianca Lawson est tout à fait dans le ton : son accent out of space et son monolithisme perpétuel sont sources de comédie inépuisable. Le choc des cultures avec Buffy provoque des torrents de rire à n’en plus finir. Leur rivalité d’ado font crépiter les dialogues et les gags (l’assassinat de la lampe est un pic massif). Leur différence est criante : là où Buffy n’a jamais vraiment accepté d’être une Slayer, Kendra s’est immergée tout de suite, a rompu tout lien affectif. Résultat, elle est supérieure techniquement à Buffy, mais sa solitude l’a rendue dure, froide, et d’une soumission béate à son Observateur. C’est la Slayer solitaire parfaite, là où Buffy incarne une autre forme de Slayer, celle qui travaille en équipe (même dans le film de 1992, elle s’associait avec Marcel/Pike). Une maligne différence, qui loin de les opposer, finit par les unir. Le benêt du bar, semeur involontaire de désordre est pas mal dans son genre. Le charmant Oz commence petit à petit à émerger, et va bientôt devenir un des personnages les plus aimés de la série (et à raison). Juliet Landau nous refait un numéro de malade : elle commence à extérioriser son jeu : plus coupant, plus vengeur : ça la rend encore plus fêlée, encore plus terrifiante. Sa torture d’Angel est un grand moment de frayeur. N’empêche, Angel kamikaze qui met en doute les performances au lit de Spike, c’est méga aussi (s’il avait vu l’épisode Smashed de la saison 6, il l’aurait sans doute bouclée). Ah et puis Cordelia et Xander qui franchissent un Rubicon qu’aucun voyant n’aurait jamais imaginé, on se demande ce qu’a fumé Marti Noxon pour avoir une idée aussi démente. On est pas loin du Maddie Hayes got married de Clair de Lune où Dave and Mad’ se disputent non stop pendant cinq minutes, avant de se jeter dessus. Nicholas Brendon et Charisma Carpenter vont à fond dans leurs délires, c’est jouissif en diable. On cite aussi l’attaque de la policière dingo… l’épisode est bien rempli à ras-bord. Ah, et puis quel final mes aïeux, quel final ! C’est de l’or en barres. Un combat magistral, avec toute l’armée au complet contre les forces du mal, menés par un Spike toujours aussi éclatant. Les adieux de Kendra instaurent une vraie émotion mais on retient surtout le twist final, ironique et grinçant, où les rôles de Dru et Spike sont inversés. La suite promet d’être cataclysmique ! La critique d'Estuaire44 Le double épisode souffre d’un certain déséquilibre, avec une temps d’exposition bien trop long (quasiment toute la première partie). Cela aurait pu fonctionner si les assassins de Tanaka étaient vraiment menaçants, mais en définitive on ne perçoit pas de vraie valeur ajoutée par rapport aux vampires habituels (sans même parler de princes comme Angel ou Spike). Le coup des asticots divertit un moment, mais on ne voit pas vraiment la menace, en fait. Whedon s’est d’ailleurs bien gardé de nous montrer l’exécution de la première victime. Les deux autres restent desimple cogneurs, au moins la Xéna en uniforme est-elle assez amusante. Le spectacle ne débute vraiment qu’avec la révélation de Kendra, donc déjà à mi-temps. Kendra et sa confrontation aigre-douce avec Buffy nous plongent par contre dans un état continu d’hilarité. L’opposition des deux caractères (et des looks) résulte parfaitement dosé. Même si elle n’apparaît que dans une poignée d’épisodes, les fans n’oublieront pas Kendra, y compris après le cyclone Faith, preuve du vif intérêt du personnage. Mener de front deux histoires (le choc des Slayers et le plan machiavélique de Spike) n’était pas évident, mais l’intrigue parvient à mêler harmonieusement les deux, sans rien sacrifier. Moment troublant lors de la danse entre Dru et le Spike, les deux comédiens ont décidément une alchimie bien à eux. Les relations dans le trio vampirique se révèlent toujours très fortes, on sent bien un vécu en arrière plan. Le final est vraiment spectaculaire, et le retournement de situation chez Spike/Dru apporte un second souffle au milieu de la saison. L’effet musical hyper souligné lors des baisers de Xander et Queen C constitue un excellent gag. On discerne tout de même quelques faiblesses dans l’enthousiasmante seconde partie. Kendra fait un détour pour chercher Giles et le gang, mais arrive en fait à peine une minute après Buffy. Etrange, d’autant qu’elles s’étaient disputées au préalable sur le sujet. Logiquement le Conseil devrait rémunérer la tueuse pour se permettre de se consacrer uniquement à sa mission, au lieu d’avoir à se chercher une formation professionnelle. L’inversion de la figure traditionnelle de la Damsell in Distress avec Buffy/Angel est bien vu, mais tout de même Angel apparaîtra autrement plus redoutable dans sa série (jamais cette cage n'aurait retenu aussi longtemps le Prince de Los Angeles). C’est toujours bon d’être le Héros !
Scénario : David Greenwalt et Joss Whedon Réalisation : Bruce Seth Green Buffy surprend sa mère en train d’embrasser un homme ! Joyce apprend à sa fille qu’elle fréquente Ted (l’heureux élu) depuis quelque temps et que leur relation devient sérieuse. Tout le monde est sous le charme de Ted, sauf Buffy, qui déteste déjà son futur « beau-père ». Elle le déteste d’autant plus qu’il a eu des réactions violentes et inexplicables contre elle quand ils étaient seuls. Qu’est-ce que Ted a à cacher ?… La critique de Clément Diaz - I just wanna learn stuff. Voilà un épisode qui avait tous les atouts pour se crasher en plein vol. Quoi de plus suranné que môman qui trouve un nouveau petit ami que tout le monde adore sauf sa fifille ? Une intrigue académique transcendée par Greenwalt et Whedon, et par un trio de comédiens d'une justesse subjuguante. Le mystère entourant la vraie nature de Ted est suffisamment prolongé pour que la révélation cloue sur place. L'intrigue n'est pas importante, on sait d'avance que le fiancé parfait n'est pas si parfait, mais la manière dont elle est racontée fait la différence. Voir Xander et Willow battre des mains comme des enfants devant "Uncle Teddy" a quelque chose de positivement effrayant. Kristine Sutherland, aussi belle à regarder que magnifique actrice, aurait pu céder à la "grelucherie aveugle", mais ses sentiments envers sa fille ne sont en aucune manière corrompus par l'irruption de l'étranger. Elle reste elle-même. John Ritter est époustouflant : il est tendre, doux, aimable, complet, mais dépourvu de toute fadeur. Sarah Michelle Gellar fait une excellente prestation, son personnage exprime pour la première fois un sentiment qu'elle ne connaissait pas : la haine. La scène de l'escalier est le premier indice de cette face sombre de sa personnalité. Xander et Cordy se haïssent en public et se pelotent en privé. Le duo est toujours détonnant ; Cordy est toujours à côté de la plaque quand il s'agit de parler Fantastique, Charisma marry me... Et puis, enfin, Jenny revient vers Giles (il aura fallu un carreau d'arbalète pour y arriver), et elle remonte du coup dans notre estime. Ça fait plaisir de les revoir s'embrasser, tout comme voir Giles assumer son rôle de "remplaçant" de la Slayer. Tony Head et Robia LaMorte sont impec. Tout n'est pas parfait dans Ted. Trois points agacent : le mano a mano final se joue en deux petits coups de poêle, l'enquête de Cordélia/Xander/Willow est inutile vu que la Slayer s'en tire toute seule. Enfin, il est dommage que Ted soit un tueur, plutôt que quelqu'un vraiment à la recherche de l'âme soeur, qui veut vraiment vivre heureux avec Joyce (quitte à tuer sa fille emmerdante). Ca aurait enrichi le tout. Ce n'est pas grave, Ted n’en est pas moins un incontournable de cette saison. La critique d'Estuaire44 Une évocation astucieuse des conséquences de l'absence du père chez Buffy (Giles n' y est peut être pas assez présent), avec un beau dégradé d’'une quasi sitcom jusqu'à un récit d'épouvante assez abyssal. Le récit s’appuie sur une belle interprétation, dont un progressif contre emploi pour John Ritter. On éprouve un vrai coup de cœur pour le décor de l'appartement du psychopathe, vraiment sinistre à souhait, du bon boulot. On s’émeut de la avec le culpabilité de Buffy d'avoir enfreint pour la première fois le grand tabou des Slayers : ne jamais tuer d'être humain. Cela ajoute encore de la profondeur au personnage et constituera une pierre d'achoppement cruciale avec Faith la saison suivante (par contre cela ne sera pas jamais vraiment un souci pour Angel dans sa série...). L'improbable romance entre Xander et Cordy se montre toujours aussi pimentée et Joyce demeure un superbe personnage On regrette toutefois l'introduction d'un robot, donc d'une figure emblématique de la Science-fiction, au sein d'un Buffyverse relevant par essence du Fantastique ( ce sera pareil, quand, bien plus tard, la Slayer affrontera un Alien). Le problème ne consiste pas tant dans l’absurdité d'un androïde aussi perfectionné élaboré durant les Fifties (le Dr. Amstrong peut remballer ses Cybernautes !), que dans la non mixité de deux atmosphères. De plus, quand son aspect est révélé, il aurait pu être astucieux de lui donner un look 50's, et non relevant d’une électronique ultra moderne. La série court ici le risque d’avoisiner Charmed, production sympathique et distrayante mais à l'univers vraiment trop fourre-tout. Personnage récurrent, l'ami Warren bénéficiera le moment venu du recul nécessaire pour introduire correctement ses créations. D'ailleurs cet aimable garçon étant lui même totalement pervers avec les femmes, on peut considérer que cet épisode est un tour de chauffe.
Scénario : Marti Noxon Réalisation : David Greenwalt Un professeur donne à la classe de Buffy des œufs qu’ils doivent entretenir jusqu’à éclosion. Mais les œufs contiennent en fait des petits monstres qui prennent le contrôle de leur hôte une fois qu’ils se sont introduits en eux. Y’a-t-il un rapport avec ces deux cow-boys qui sont à Sunnydale depuis peu ? La critique de Clément Diaz - You really don't care what happens a year from now ? Five years from now ? L’amateur des Avengers pensera à coup sûr au très "spécial" Thingumajig en regardant Bad eggs, et ses petites choses tueuses. Mais là où Terry Nation s'en sortait grâce à un second degré assumé, Marti Noxon se casse les dents en se prenant trop au sérieux. Elle nous a offert un beau duel de Slayers, voilà qu’elle nous pond - sans jeu de mots - un sous-remake d'Alien foireux (ou un clin d'oeil aux Go'aulds, on sait pas trop). Diabolical Master plan : l’invasion de la Terre ? Non, récolte d’œufs de bézoard pendant tout l’épisode. On regrette le Dr.Denfer… Le final, aux effets spéciaux ratés, est aussi manqué que le reste. L'intrigue a pas mal de trous béants (comment le prof a-t-il eu les oeufs, pourquoi l'oeuf de Buffy ne prend-il pas possession d'elle pendant son sommeil ?) Les petites disputes entre Buffy et sa môman, malgré une Kristine Sutherland au poil, sont très artificielles. Et pire que tout, que viennent faire les deux pathétiques cow-boys ? Une storyline indépendante qui n'est jamais développée. Bon, Buffy qui sort du ventre de la bête, maculée de sang noir, et regardant fixement le vampire qui balise, c'est du bon, mais c'est mince. Le sous-texte sur la responsabilité parentale est lui, trop obscur. Bon, on s'amuse quand même. L’introduction, certes, mais on s'amuse surtout parce que c'est un épisode très ship où niveau hormones, ça chauffe fort. Alors, certes, les baisers Buffy-Angel sont craquants, surtout qu'ils préfèrent se bécoter plutôt que du casser du vampire. Pas très pro tout ça. Et bien entendu le ship le plus improbable des séries télé avec Xander et Queen C, transposition du couple de Clair de Lune version teenager : on se roule une pelle, on s'engueule, on roule un patin, on s'engueule encore plus, on fait un french kiss torride, on hurle, on se pelote… une alternance absurdement mathématique non-stop, à en pleurer de rire et d'attendrissement. Nicholas Brendon est toujours bon, mais voilà, Charisma, c'est... ben, c'est Charisma quoi. Une intrigue médiocre, sauvée par des ships décalés et un humour ravageur. La critique d'Estuaire44 Très subjectivement, on trouve les deux Vampires assez amusants, avec un humour country bien bourrin. Cela renvoie à un pittoresque redneck auquel on reste sans doute souvent assez insensible en Europe. Ceci dit, il reste toujours risqué pour un épisode de développer deux segments narratifs totalement disjoints, car ceux-ci manquent alors d’espace pour se développer pleinement. C’est un peu ce qui arrive aux deux frangins, qui ne dépassent pas de ce fait cet aspect de plaisanteries Country à la Shérif fais-moi peur. Le monstre est plus réussi mais pourrait résulter davantage terrifiant encore. Et puis on n’a pas de combat final contre le vampire tandis que l’exécution du monstre reste cachée, on reste alors un peu sur sa faim, tandis que les deux (sinon trois) histoires ne se connectent qu’à la toute fin, au lieu de s’entrecroiser et de s’enrichir mutuellement. Les références à des classiques du cinéma de Science-fiction relèvent fortement l’intérêt de l’opus, notamment avec L'Invasion des profanateurs de sépultures, de Don Siegel, clairement l’inspirateur de cette relecture très distrayante ou encore Alien pour tout ce qui touche au modus operandi des œufs. Après Ted, on trouve ici l’épisode maternel succédant au paternel, avec quelques bons moments. On s’amuse de découvrir Joyce faisant une fixette sur la tenue de Buffy, alors que jusqu’ici on en a vu des vertes et des pas mures sur le sujet. En fait initialement Spike aurait du périr à la fin de Kendra, mais le Punk Vampire était déjà devenu si populaire auprès des fans que Whedon décida de le garder dans la partie. Noxon dut alors réécrire dans l’urgence un bonne part du fil rouge de la seconde mi-saison. D’où un manque de fignolage patent de Bad Eggs, même si l’épisode conserve de bonnes idées, dont les piquantes étincelles entre Queen C et son soupirant.
13-14. INNOCENCE Scénario : Marti Noxon (1re partie) et Joss Whedon (2e partie) Réalisation : Michael Lange (1re partie) et Joss Whedon (2e partie) Les serviteurs de Spike et Drusilla voyagent aux quatre coins du globe pour rassembler les morceaux d’un démon surpuissant : Le Juge, capable d’anéantir toute créature ayant un lambeau de bonté en elle. Le Scooby-Gang doit les en empêcher. Oz rejoint le groupe lors de l’anniversaire des 17 ans de Buffy. Buffy passe sa première nuit d’amour avec Angel. C’est alors que la foudre se déchaîne, et Angel tombe à terre : une catastrophe spectaculaire vient de se produire… La critique de Clément Diaz - I got a message for Buffy. Surprise est le tournant de la série. On sent que plus rien ne sera comme avant. Marti Noxon brode une histoire où le relationnel a la part du lion. Personnellement, l'auteur de ces lignes n'est point du tout « Bangel » (relation Buffy-Angel), mais ne peut nier que la tension sexuelle énorme de l’épisode a sans doute bien peu d’équivalents. Comment ne pas être fasciné et émoustillé par les rapprochements de plus en plus brûlants, de plus en plus érotiques du duo : baisers très hot, dialogues atteignant une justesse d’émotion sidérante, chagrin des deux amoureux, tentative de sacrifice d’Angel, horrible cauchemar de Buffy… tout sonne juste. La musique de Christophe Beck, entre violons discrets et piano élégiaque est une grosse plus-value. Entre deux moments aussi fondants, on apprécie quelques scènes d’humour, dispensé par le couple je t’aime-moi non plus Xander-Cordy. Le ship Willow-Oz (il s’en souviendra longtemps de cet anniversaire !) est très mignon, grâce à Seth Green, très sympathique. Le voir apprendre l’existence de la Hellmouth sans qu’il remue un cil est une des premières hilarantes manifestations de son flegme inextinguible. Mais on n’oublie pas la terreur, avec pour la première fois Drusilla qui déborde d’énergie. Elle foutait déjà les jetons quand elle était léthargique, imaginez-là avoir la pêche. Dru confirme qu’elle est la Big Bad n°1 et Juliet Landau, l’actrice n°1 (la voir trépigner de plaisir quand le Juge démolit un vampire… traumatisant, vraiment). Mais même Spike/Marsters n’est pas en reste, toujours menaçant même en fauteuil roulant. La dernière scène est bouleversante lorsqu’enfin Buffy et Angel s’adonnent à leur passion… et là, le cliffhanger qui vient tout casser ! Un magistral contournement du syndrome « Clair de Lune ». Le tétanisant rebondissement de l’apparition d’Angelus entre dans le top 5 des plus grands twists de l’histoire des séries télé. A l’époque, les fans furent totalement assommés. A cet égard, sa cruauté terrible envers Buffy au lendemain frappe fort avec une Sarah Michelle Gellar magnifique dans le traumatisme émotionnel, et la suffisance insoutenable de Boreanaz. La métaphore évidente du gars qui couche puis s’en va est toutefois assez grosse. Quand Willow perd définitivement tout espoir de conquérir Xander, une rupture dans leur amitié apparaît. Alors, certes, leur lien sera toujours là, toujours à la vie à la mort (le finale de la saison 6 sera axé entièrement sur ce lien) mais on sent que quelque chose s’est brisé : leur complicité enfantine qui semblait indestructible. Les personnages deviennent plus mûrs. Oz affirme son énorme quotient sympathie en repoussant doucement les avances de Willow, ayant bien compris qu'elle veut moins l'embrasser que rendre Xander jaloux. Quel gentleman ! Sauf que voilà, Whedon, tout excité à imaginer des scènes fortes, envoie valser son scénario. L'intrigue du juge est promptement dynamitée (bazookisée même). Et Boreanaz doit encore affiner son interprétation d’Angelus, qui manque encore de venin. On se console avec la robe rouge de Drusilla… Le souffle de l’histoire a du mal à persister, étouffé entre autres par l'intrigue Jenny dont on ne voit aucunement l'utilité. Que Buffy n’ait pas le courage de tuer Angelus est fort compréhensible, mais se contenter d’un coup de pied dans les bijoux de famille fait moins avertissement que bataille de bac à sable. Malgré ce scénario tiré par les cheveux, l’épisode se finit par une belle scène : Giles, tout à fait père de substitution, consolant Buffy, la comprenant et respectant ses décisions et sa douleur. Magnifique. La critique d'Estuaire44 Grand moment que constitue le basculement d’Angel dans les Ténèbres. Angelus va se révéler un grandiose méchant, raffiné, subtil, pervers comme peu d‘autres, bien davantage que Spike et faisant bien la paire avec Dru. On aime bien l’idée que l’amour pour Buffy se retrouve chez lui après la transformation, mais profondément dévoyé et perverti, devenu une obsession morbide. Le reste de la saison va jouer à la perfection sur cette situation. A côté le Juge fait son effet, mais reste anecdotique. Belle audace que de détruire une idylle si populaire, l’un des fondements de la série jusque là. Pari gagné. Et Spike n’a pas fini d’assurer le spectacle, y compris en fauteuil roulant, plus l’homme d’Enfer que L’homme de fer. Vincent Schiavelli compose un uperbe guesting, tout comme chez les X-Files. Les anniversaires effroyables de Buffy vont devenir l’une des runnings jokes de cette série qui les aime tant. Il est logique que Boreanaz conserve certaines attitudes d’Angel en Angelus, car il s’agit de l’autre face d’une même personnalité, davantage qu’une substitution à la Jekyll & Hide ou à la Hulk (sans même parler du Docteur). Il introduit de vraies différences et que la suite confirmera qu’il s’éclate vraiment dans ce nouveau rôle. L’acteur n’a cessé de progresser depuis le lancement de la série. L’emploi du bazooka confirme que la Slayer est bien une tueuse multi adaptable et n’hésitant pas à faire feu de tout bois. C’est aussi une exploitation astucieuse de l’épisode d’Halloween pour Xander. On applaudit la suprême audace du double épisode, montrant l’amour non plus seulement comme un sentiment admirable, mais aussi terriblement égoïste et exclusif. Les amants se ressentent comme seuls au monde et c’est ce qu’exprime le choix final de Buffy d’épargner Angel, malgré les prévisibles conséquences sur des innocents. Dans I Will Remember You (Angel), c'est aussi lui qui devra la rappeler la réalité des conséquences de leur bonheur. On ne peut pas la condamner (Sarah Michelle Gellar est absolument bouleversante), mais cette dualité constitue une vraie originalité, finalement peu évoquée dans les séries télé. Innocence, vraiment ? Les révélations sur Jenny lui confèrent une dimension supplémentaire, elle n’est plus seulement la petite amie sympathique et douée de Giles. C’est toujours plus riche (et réaliste) quand un personnage incorpore une part d’ombre, pour elle comme pour Buffy.
Scénario : Dean Batali et Rob Des Hotel Réalisation : Bruce Seth Green Alors que la pleine lune approche, des meurtres sauvages ont lieu à Sunnydale. Le Scooby-Gang, ainsi qu’un chasseur, doivent identifier et arrêter le loup-garou à l’origine de ces meurtres. Pendant que les timidités respectives d’Oz et Willow entravent leur relation naissante, une véritable surprise tombe sur nos amis… La critique de Clément Diaz - I'm sorry how all this ended up, with me shooting you and all. Phases souffre d’un scénario minimaliste, mais a un sacré atout dans sa manche : Oz, interprété par un Seth Green d'une empathie totale, et au jeu calculé au battement de cil près. Le love interest de Willow suscite d'emblée l'adhésion par sa réserve, ses hésitations, sa sympathie débordante. La subtilité du rapport entre lycanthropie et éveil d'une sexualité brutale chez le jeune mâle adolescent est particulièrement bien vue. Le ship Willow-Oz est merveilleusement doux-aigre : ils s'entendent à merveille, mais aucun ne veut faire le premier pas. Alors quand Willow laisse échapper des insinuations "aussi lourdes que des enclumes" (But I want smoochies !!), on est suspendus à ses lèvres. Xander-Cordy passent au second plan (Bouhouh), mais ils ont quand même une intro très drôle - meilleure façon de gâcher une séance de pelotage, le faire à dix mètres d'un loup-garou, on note, Joss ! Et puis, on voit à quel point Xander doit encore apprendre à parler aux femmes. Malgré toute sa morgue, on est forcément du côté de Queen C, attristée que son petit ami ne lui accorde pas assez d'attention. Un peu de vrai fiel dans leur relation, loin des piquantes mais sans conséquence disputes usuelles. Nos amis sont vraiment des gagnants : Buffy aime un vampire, Giles une gitane jouant double jeu, Willow un loup-garou… logiquement, on devrait apprendre dans le prochain épisode que Xander est un triton et Cordélia une succube... Comédie aussi avec le personnage plus bête que méchant de Larry. Outre le salto arrière qu'il fait quand il pelote le derrière de la Slayer, son coming-out face à un Xander effondré est totalement hilarant. L'affaire Theresa "from Angel with love" est intéressante dans la mesure où Buffy, submergée par son devoir, finit par en demander trop à elle-même, et se sent responsable de chaque vie qu'elle n'a pu sauver. Heureusement, Maître Yoda, euh Giles pardon est là pour la consoler : on ne lui demande pas la lune (sans jeu de mots). Toutefois, le scénario est dans l'ensemble assez mince. La chasse au loup-garou a un peu trop de parlotes, on y voit pas grand-chose, le chasseur misogyne est très caricatural. Le suspense final avec Oz en danger fait long feu, et les scènes d'action sont moins vivantes que de coutume. Une histoire assez faiblarde, mais les personnages et leurs relations sont au top ! La critique d'Estuaire44 En dehors du développement de la relation Oz/Willow le scénario demeure peu consistant, avec quelques circonstances aggravantes en sus. Tout d'abord on sent que l'introduction d'un garou tient du procédé. Il était établi dès la saison 1 que les Scoobies ne pouvaient avoir de relation avec un "humain normal", assez logique puisqu'une telle liaison leur semblerait fade vis à vis de leur vie aventureuse (on en reparlera avec Riley). Xander/Cordy s'en sortent par le caractère explosif et quasi sacrilège de leur relation, mais il ne saurait y avoir d'autre exception. Donc Oz doit être un cas particulier, lui aussi. De plus, outre une justification expéditive, le choix du Garou s’avère astucieux, voire trop astucieux. On choisit un monstre qui sera caché la plupart du temps, donc sans à avoir à être géré dans la plupart des scénarios. Quand on en aura besoin, il suffira de décréter que c'est la plaine lune. Bien joué, mais ce n'est jamais bon quand les rouages de l’élaboration d'un caractère affleurent trop à la surface. On apprécie le subtext féministe mais le chasseur n'avait pas besoin d'apparaître aussi vénal, on charge trop la barque. La guerre éternelle entre Garous et Vampires est un courant fort du Fantastique (Cf. Sélène ou le jeu de rôle Le Monde des Ténèbres), d'où une déception quand la confrontation entre Oz et Angelus ne débouche sur rien de concret. Surtout, le véritable boulet de l'épisode demeure l'apparence laide et fauchée du garou, c'est tellement évident qu'il s 'agit d'un acteur en costume bas de gamme. Heureusement la série fera mieux par la suite.
16. UN CHARME DÉROUTANT Scénario : Marti Noxon Réalisation : James A. Contner N’assumant pas de sortir avec un « loser », Cordélia rompt avec Xander le jour de la St-Valentin. Furieux, Xander fait chanter Amy (cf. épisode Sortilèges en saison 1), maintenant une sorcière, pour qu’elle jette un sortilège qui fera revenir Cordélia dans ses bras. Mais le sortilège a des ratés spectaculaires, et Xander se retrouve dans la plus délicieuse et la plus dangereuse des situations… La critique de Clément Diaz - Dear Buffy. Hm. I'm still trying to decide the best way to send my regards. Pleurs de rire en rafales devant cet épisode, le plus drôle de la série (avec La Quête en saison 5), qui n'est pas sans faire penser au déjà grâtiné The Chaser de La Quatrième Dimension. L'idée de Marti Noxon est une des plus burlesques imaginées pour une série télé, en même temps qu'une pointe furieuse envers l'obsession de tout mâle hétérosexuel à vouloir se faire aimer de chaque jupon qui passe. Pourtant, on commençait plutôt sur un ton mélancolique-effrayant avec Cordélia, mouton superficiel sacrifiant son petit ami sur l'autel de son orgueil, et Angel ayant sa manière bien à lui de fêter la Saint-Valentin à Drusilla. Cependant, ce prélude laisse vite place à une comédie carburant au gag-seconde. En pagaille, l'entrée spectaculaire de Buffy nue sous sa blouse et aux regards puant le sexe, Willow qui attend Xander dans le lit de ce dernier, Jenny Calendar et Amy se livrant à des concours de vannes méchantes, l'homérique transformation en rat de la Slayer (à se demander si ce n'est pas la scénariste qui a abusé du "Great Roofie") poursuivie par un Oz dont le flegme atteint des sommets hallucinants, Alex marchant au ralenti au milieu de ses fans... Mais bien que l'on rit tout le long, le crescendo ne devient pas seulement de plus en plus loufoque, mais aussi de plus en plus ironique, de plus en plus furieux (excellente musique de Christopher Beck) : Willow qui empoigne une hache, Joyce qui saisit le couteau, le lynchage de Queen C par les lycéennes en folie... Voilà ce qui arrive quand on utilise la magie à des fins personnelles semble claironner Noxon. Mais elle le dit avec le rire, et le message passe parfaitement. Sous la grosse farce, une vision ironique de "l'éternel masculin" (pour pasticher Goethe), et une marche vigoureuse vers une catastrophe plus terrible que tous les plans machiavéliques d'un Big Bad. L'amour comme arme ultime, Buffy a retenu la leçon du Love all des Avengers ! On trouve une sorte de consécration avec Drusilla faisant la danse de la séduction à Alex devant Angelus qui comprend plus rien à cette situation de malade. Toutes les adolescentes cabotinent à fond les manettes, mais on accordera la préférence pour les numéros des femmes plus âgées : Joyce et Jenny, car Robia LaMorte et Kristine Sutherland sont tout simplement épiques. Nicholas Brendon est excellent dans le rôle central, il donne une noblesse à son personnage qui refuse de profiter de la situation, surtout dans le cas Buffy. Et puis, quel réconfort de voir enfin Cordy envoyer balader les pestes qui lui servent d'amies pour rejoindre Xander (tout en rappelant à quel point il est indigne d'elle, madame reste elle-même). Une comédie délirante, plus réjouissante que son simplement correct remake en saison 7 (Folles de lui). La critique d'Estuaire44 On apprécie vivement l’originalité du thème de l’épisode au sein de la série. Cela nous change de l’enchainement attaque du Monstre de la semaine/lecture des bouquins/contre attaque de la tueuse et la mise en scène est ultra dynamique. Et puis c’est un épisode Alex, donc excellent par nature. Ils s’agit d’un personnage parfois sous-estimé, très attachant et avec un potentiel comique absolument formidable. Ses épisodes suivent un parcours souvent particulier (Le Zéro pointé). On retrouve aussi Amy, dont on aime le positionnement novateur, à la lisière entre Bien et Mal, profitant de son pouvoir sans pour autant aller jusqu’à éveiller la colère de la Slayer. A des degrés certes divers, elle et Ethan servent le Chaos davantage que le Mal, ce qui nous vaut des opus copieusement barrés. Ici on trouve une atmosphère à la Bewitched en folie, avec des pouvoirs pareillement démesurés. La transformation de Buffy produit un effet sensationnel (on n’est plus dans la série, là mais chez Samantha ou les Sœurs Halliwell), tout en évitant astucieusement que l’irréparable se produise entre elle et Xander. Et puis les amateurs des Avengers ne pourront qu’apprécier le parallèle avec Amour quand tu nous tiens, et notamment son tag conclusif voyant Steed autant pris en chasse que Xander. Quelques moments énormes, comme avec Joyce (Alex en rêvera plus tard, à la fin de la saison 4) et surtout la surprenante Dru, qui succombe elle aussi au sortilège sous l’œil effaré d’Angelus (et Satan sait qu’il en faut beaucoup pour choquer celui-ci). Oz confirme qu’il est une recrue de choix pour le Gang, y compris sans fourrure. Après Kendra, Xander et sa dulcinée se réfugient derechef dans la cave de Joyce (la maison de Buffy sera à reconstruire régulièrement au cours de la série, visiblement Joyce a du budget…) mais les damoiselles en furie se montrent autrement plus invasives que les asticots. Comme quoi l’homme sage veillera à la jouer suffisamment fine pour se prémunir de l’ire féminine, à Sunnydale comme ailleurs. Une fable aussi hilarante qu’intelligente. C’est tellement bon que Whedon ne nous ait pas pondu un pensum pleurnichard autour de la St-Valentin.
17. LA BOULE DE THÉSULAH Scénario : David Tyron King (crédité comme "Ty King") Réalisation : Michael Gershman Obsédé par Buffy, Angelus souhaite la rendre folle (comme il l’avait fait pour Drusilla), et lance des avertissements morbides à tout le Scooby-Gang. Jenny Calendar connaît le rituel gitan qui avait rendu son âme à Angelus, et commence à le pratiquer. Mais Angelus est bien décidé à empêcher le rituel de se produire… La critique de Clément Diaz Passion. It lies in all of us. Sleeping, waiting, and though unwanted, unbidden. It will stir, open its jaws, and howl. It speaks to us, guides us. Passion rules us all. And we obey. What other choice do we have ? Passion is the source of our finest moments : the joy of love, the clarity of hatred, and the ecstasy of grief. It hurts sometimes more than we can bear. If we could live without passion, maybe we'd know some kind of peace. But we would be hollow. Empty rooms, shuttered and dank. Without passion, we'd truly be dead. Mon épisode préféré de la série. La perfection du scénario de Ty King est à rendre dingue. Passer également des cascades hilarantes de l’épisode précédent à cette chute dans les ténèbres les plus noires montre le terrain énorme sur lequel joue la série. Traversé d’audaces narratives et visuelles - la réalisation de Michael Gershman et la photographie de Kenneth Zunder sont dignes du cinéma le plus fastueux et exigeant - Passion est véritablement l’épisode-clé de la série, celui qui hausse définitivement la création de Joss Whedon au rang de chef-d’œuvre télévisuel. Après cet épisode aux allures opératiques, toute la face de la série s’en voit changée, et ses potentialités vont croître exponentiellement. Introduire la voix off d’Angelus au cours d’une ouverture sordide rend ce début déjà très sombre, sonnant comme l’imminence d’un drame à venir. Tout au long de l’épisode, il accroît son aura maléfique, rejouant la terrible histoire de Drusilla avec Buffy, le comble du sadisme. Il y’a comme une sorte d’horrible poésie dans les dessins funèbres et la mort des poissons de Willow. Joyce elle-même est à deux doigts de se leurrer lorsqu’il essaye de se faire passer à ses yeux pour un agneau innocent. La séduction du diable, en fait. La mort de Jenny, secousse tellurique, tombe au moment le plus tragique, alors que les Scoobies et Giles lui-même lui pardonnaient enfin. Cet affrontement inégal et sans espoir se déroule dans une scène d’anthologie. La mise en scène d’une beauté morbide de son cadavre, sur fond d’opéra, est un highlight. Anthony Head est impressionnant : il n'a pas besoin d’ouvrir les vannes de larmes. Son regard incrédule et terrifié suffit. Jenny n’a pas toujours été intéressante, mais on la regrettera tout de même. On est au fond du gouffre quand Angelus regarde avec un immonde plaisir Willow et Buffy s’effondrer au téléphone. On va très loin dans la noirceur, voire la perversité car l’amour d’Angel n’a point disparu avec Angelus, mais ce sentiment s’est mué en une passion morbide, paroxystique, et tordue. C’est violent. Dans la catégorie scènes d’ado, Ty King évite tous les pièges. Le dialogue entre Joyce et Buffy sur son premier rapport sexuel bénéficie d’une écriture tout en pudeur (le mot « sex » n’est jamais prononcé), et avec deux comédiennes très habiles. Xander et Cordy, beaucoup plus connotés humour sont logiquement discrets, pour se concentrer plus sur Willow et bien sûr Giles. L’affrontement final dans l’usine en feu est un excellent climax, avec en point d’orgue, le coup de poing de Buffy à Giles, qui s’est laissé dominer par ses sentiments de rage vengeresse envers le meurtrier. D’ailleurs, on peut se demander si Buffy n’avait pas tort, et si la vengeance de Giles ne cachait pas des envies de suicide - une expérience que connaîtra Faith avec une similaire intensité dans le final furieux de Cinq sur cinq en saison 1 d’Angel. La conclusion voit nos amis au bout du rouleau, sous le texte puissant énoncé par Angelus sur les effets de la passion. Comédiens au top, scénario coupant comme une lame, réalisation funéraire ; la série montre son aisance aussi bien dans la comédie débridée que dans la tragédie totale. Un choc. La critique d'Estuaire44 Passion représente à l’évidence l’un des sommets de la saison, sinon de la série toute entière. On reste réellement abasourdi par la perfection des rouages du drame, comme par la minutie apportée au moindre effet. Remettre Jenny dans la partie était évidemment un piège redoutable tendu au spectateur, car n’augurant en rien de sa mort prochaine. On s’en serait douté si le mouvement s’était opéré dans la facilité, y compris avec un happy end, ici cela sonne juste, on y croit car c’est pesé à la plus fine des balances. Le brillantissime monologue d’Angelus nous trouble d’autant plus qu’il incorpore une grande part de vérité, comme souvent chez lui. Ce n’est pas le délire obsessionnel d’un maniaque, mais une analyse juste des tourments par lesquels l’âme humaine trouve sa grandeur. Il est dramatiquement bien plus fort d’écouter une vérité pervertie par son auteur qu’une pensée erronée. De même pour ses dessins, certes morbides et menaçants, mais aussi esthétiquement superbes.L’auteur sait décidément ne pas en faire trop, il est ainsi important que Willow et Queen C continuent à faire entendre un peu de leur tonalité humoristique. Cette impression de normalité du récit contribue à conférer plus d’impact encore à la mort de Jenny, aucun signal d’alarme ne s’allume réellement. La mise à mort sait aussi prolonger autant que possible l’espérance. On applaudira également la composition des acteurs, tous magnifiques à commencer par Robia Lamorte. On regrettera vraiment qu’elle ne revienne pas dans la série à l’occasion de la rétrospective des disparus organisée en saison 7, du fait de l’évolution personnelle de l’actrice. Le final de saison se met en place à la perfection, non seulement par la disquette fatidique (l’informatique est plaisamment datée !) mais aussi par la fureur qui se lève chez la Slayer. Des signes ont admirablement insérés pour montrer qu’elle ne craque pas sous la pression instaurée par Angelus, bien au contraire. Le,Vampire se trompe lourdement en croyant que Buffy va évoluer comme Drusilla, elles ne sont pas du même bois. il triomphe passagèrement mais sème lui même les graines de son échec, une ironie brillante lui renvoyant à la figure son propre monologue, car lui-même pris au piège de sa passion morbide. Il est caractéristique que Spike, toujours plus en colère, demeure le seul lucide face à ses deux sociopathes d’acolytes, autoalimentant leur propres penchants. Un épisode clé, commençant déjà à orienter l’évolution future de Willow et absolument parfait, visuellement comme musicalement.
18. RÉMINISCENCES Scénario : Rob Des Hotel et Dean Batali Réalisation : Deran Sarafian Frappée par une grippe, Buffy se repose à l’hôpital. Elle apprend que des enfants y meurent régulièrement. Un des enfants lui dit que chaque soir, un croquemitaine vient pour emporter ses victimes. Toutefois, ce monstre n’apparaît qu’aux malades… La critique de Clément Diaz - Cordelia, have you actually ever heard of « tact » ? Dangereux quand on est pas une série médicale (et même quand on en est une) de faire des épisodes dans un hôpital, pays du pathos facile et sirupeux. On peut à l'occasion voir de bons épisodes (comme le sublime Audrey Pauley des X-Files), mais Killed by Death joue hélas dans la catégorie opposée. Le tandem Rob Des Hotel-Dean Batali qui nous a offert des épisodes excellents nous quitte sur un opus peu digne de leur talent. Difficile de croire un seul instant à cette histoire de croquemitaine assassin d'enfants. Elle entraîne surtout d'interminables scènes statiques : plans de bataille à répétition, poursuites mollement filmées, errances à n'en plus finir dans l'hôpital, et pire que tout, on colle à l'héroïne un traumatisme d'enfant qui lui donne la raison principale de se battre, alors qu'elle n'en avait pas besoin (on se doute que la Slayer se serait lancée à l'attaque quand même). Une faucheuse ne s'attaquant qu'aux enfants, très bonne idée, on rajoute du pathos à un épisode déjà pénalisé par une lenteur générale. Le final est très anticlimatique. Ok, on applaudit le courage de la Slayer de boire le virus de la grippe, mais si c'est pour nous amener un combat filmé comme un amateur (Sarafian fera beaucoup mieux par la suite, notamment dans... Dr.House !), on permettra que notre enthousiasme reste modéré. Le tag final, proche de la niaiserie, tire à la ligne. Bon, il y'a quelques bons moments : c'est touchant de voir tout le Scooby-gang (sauf Oz, pas encore totalement inclus) entourer et soutenir la Tueuse. Les deux apparitions d'Angelus sont faites du bois dont on fait les meilleurs culots, surtout celle où Xander le Brave lui tient tête. On t’aime Xander… Et puis, il y'a Cordélia bien sûr, Cordélia et son hilarant numéro de charme au garde (Willie Garson, habitué des rôles comiques) devant un Xander ahuri. Ou encore Willow et ses grenouilles imaginaires. Mais c'est trop épars, et maigre pour sauver une intrigue aussi laborieuse. La critique d'Estuaire44 Un épisode certes non majeur, mais demeurant très regardable. C’est une bonne idée d’affaiblir la Tueuse, cela dramatise la situation tout en jouant sur la phobie très répandue des hôpitaux. Par ailleurs cela superpose la mort tristement ordinaire aux tueries fantastiques propres au Buffyverse, le changement de ton est assez glaçant (le titre original reste très parlant là-dessus). Le méchant est spectaculaire, on aime bien son côté grinçant à la fois proche de Tim Burton (forte ressemblance avec le Pingouin de DeVito) et des Griffes de la Nuit. Par contre on discerne une vraie faiblesse lors de son combat avec Buffy, très mal réglé. Le retournement de situation est bien trop soudain. Il est vrai que ce soit précisément lui le responsable de la mort de la cousine relève d’une facilité de scénario trop tirée par les cheveux, même si la Bouche de l’Enfer etc. Par son look, ses attitudes et son côté conte de fées ténébreux, le Croquemitaine évoque déjà les Gentlemen (des adversaires particulièrement marquants de Buffy), mais sur un ton mineur. A ce point de la saison on converge vers le final et tous les loners auront à souffrir de la forte attente de la résolution de la crise en cours, même si la confrontation entre Angelus et Xander reste un très bon moment.
19. LA SOIRÉE DE SADIE HAWKINS Scénario : Marti Noxon Réalisation : James Whitmore Jr. Un étudiant et une étudiante se disputent. Le garçon sort un révolver, et aurait tué la fille si Buffy n’était pas intervenue. Les étudiants semblent alors sortir d’un état second et ne se souviennent plus de rien. Plus curieux encore, l’arme a disparu ! La situation se répète plusieurs fois, chaque fois avec un homme et une femme. La solution de l’énigme est dans le passé : un crime passionnel a été commis en 1955. Il semble qu’un poltergeist tourmenté cherche à reproduire l’événement… La critique de Clément Diaz It's paradise. Big windows, lovely gardens. It'll be perfect when we want the sunlight to kill us. I only have eyes for you choisit de nous surprendre en nous ramenant, l’espace d’un instant, au temps où Buffy et Angel s’aimaient, via un intelligent tour de possession spirituelle. Malheureusement, tout ce qui précède n’est qu’un vaste et interminable prélude. La répétition des disputes amoureuses, faisant très parodie de soap opera, donne un amusant côté décalé. Cependant, il faut l’avouer, on tombe dans le travers n° 1 du genre de la série : la mécanique succession d’effets fantastiques, ici tout le long de la première demi-heure : une attaque de serpents par ci, une main venue de nulle part par là ; l’enquête piétine : une recherche à la bibliothèque par ci, une réunion chez Buffy par là. Un délayage soutenu certes par quelques pointes comiques (Cordélia toujours déconnectée de la réalité), ou les beaux flashbacks, mais quand même un délayage. Les auteurs ne sollicitent guère leur imagination. L’obsession de Giles à prouver que l’esprit tourmenté est Jenny, alors qu’on sait déjà que ce n’est pas le cas, tourne vite court, malgré un Anthony Head une nouvelle fois au top. L’auteure a tout misé sur le morceau de bravoure : Buffy et Angel prisonniers de l’esprit. Là, ça étincelle. Les shippers ne peuvent qu’apprécier de voir Buffy et Angel faire l’expérience de la nature de leur relation - amour impossible - via un autre couple (moyen très malin qu’utilisera d’ailleurs X-Files l’année suivante dans The Rain King). Giles qui explique la nécessité du pardon à une Buffy pas vraiment d’humeur (on la comprend), est émouvant. Noxon, très douée dans ce domaine, parvient à générer une énorme tension sexuelle dans le triangle Angelus-Drusilla-Spike. Le trio d’acteurs est dément, palme à Juliet Landau, dont on a toujours l’impression qu’elle joue le rôle de sa vie. Le côté sadomasochiste, de dominant/dominé de leurs liens, déjà bien creusé dans les épisodes précédents, prend une plus grande ampleur. Le cliffhanger final, voit le Spike prêt à se déchaîner. C’est à ce moment qu’on se dit que le finale va être épique ! La critique d'Estuaire44 L’intrigue développe une nouvelle relecture réussie d'un classique de l'épouvante, avec la maison hantée, que l’épisode parvient à entremêler avec talent à l’étude de la passion amoureuse, mystérieuse et terriblement puissante, sans doute l’un des grands thèmes de la saison. On trouve un excellent équilibre entre le relationnel et Fantastique, les deux s'entremêlant et s'enrichissant mutuellement. Même si l’accent est naturellement mis sur le couple vedette, aucun personnage ni relation n’est sacrifié, une belle performance. L’épisode s’avère des plus sombres, d’un romantisme tourmenté, mais il est positif que la série varie ses ambiances et complexifie ses intrigues. Après l’épisode d’Halloween, encore une fois la personnalité des héros est altérée et cela nous vaut une coda formidable. L’inversion du genre des protagonistes s’impose comme une belle audace et illustre judicieusement la réversibilité des sentiments. Le duo Boreanaz/Gellar est parfait. On aime bien également la reconstitution 50's, ici comme chez les X-Files. La série arrive à la réussir avec finalement peu de moyens (très belle musique), même si les effets spéciaux sont une nouvelle fois datés. Les maquillages convainquent davantage. L’affrontement final est parfaitement mis en orbite, tant du côté de Buffy et du désespéré Giles que du trio vampirique toujours plus empoisonné et ardent, avec en prime la révélation de la fourberie de Spike. L’épisode aurait d’ailleurs sans doute se situer juste avant le grand final. On découvre le Manoir, qui restera la résidence d’Angel jusqu’à son départ de Sunnydale, un superbe décor de plus. Le Maire frappe à la porte, avec une évocation très explicite. Grande interprétation de l’ensemble de la distribution, tous les comédiens sont totalement immergés dans leurs personnages.
20. LES HOMMES POISSONS Scénario : David Fury et Elin Hampton Réalisation : David Semel L’équipe de natation de Sunnydale enchaîne les victoires. Toutefois, un des membres meurt mystérieusement. Xander découvre dans la cafeteria une créature aquatique humanoïde, et simplement la peau d’un autre membre de l’équipe… La critique de Clément Diaz - God, this is so sad. We're never gonna win the state championship. I think I've lost all will to cheerlead. Au milieu de tant d'épisodes sombres, Go fish est un loner décalé dont l'horreur est sans cesse contrebalancée par des touches humoristiques. Cet épisode marque l’entrée en scène de David Fury - ici collaborant avec sa compagne, Elin Hampton - excellent scénariste polyvalent, capable de jouer avec aisance sur tous les terrains de la série. Whedon aura d’ailleurs suffisamment confiance en lui pour lui déléguer le final d’une saison. Surprise, le monster-of-the-week est un humain, la figure traditionnelle du savant fou se substituant à celle de l'entraîneur sportif. Ca fait partie de l'originalité de la série. Cet horrible coach, prêt à toutes les horreurs pour faire gagner ses gars, est un excellent méchant. Son affrontement contre Buffy et Xander est aussi plein de suspense que plein d'humour noir. L'attaque contre le dopage et les moyens de plus en plus tordus inventés par les sportifs pour "améliorer leurs performances" est bien affûtée. Il y'a une vraie histoire, avec des affrontements qui valent le détour (bataille du vestiaire), des rebondissements inattendus (la nature des hommes-poissons, le moyen de dopage, idée géniale). On admire la capacité de Buffy à plonger toute seule dans les mélasses les plus absurdes : un gars trop collant, elle lui casse le nez, paf, Snyder débarque à ce moment-là ! Armin Shimerman est top en principal-vautour ! Son obsession quant au prestige du lycée, quitte à corrompre Willow ou emmerder Buffy est si délectable. Sans atteindre la pure démence de Bewitched, bothered, and bewildered, on s'amuse quand même beaucoup entre deux scènes de cannibalisme (pauvre infirmière !) : les monologues lourdingues de Xander, “Detective Willow” - c'est tellement déphasé, on y croit pas une seconde - et puis Cordy, Cordy bien sûr, avec une Charisma encore une fois sur orbite, et sa déclaration d'affection à l'homme-poisson qu'elle prend pour Xander. Sans oublier bien sûr quelques vannes qui tuent comme le soutien moral sans failles de Queen C, ou Buffy sur le point de se faire violer par quatre hommes-poissons qui ne trouve rien de mieux à dire que : This is just what my reputation needs - that I "did it" with the entire Swim Team. Xander ouvre pas mal de vannes comiques sous sa "couverture" de nageur. Les auteurs ne se refusent rien, c'est très jouissif. Ok, épisode mineur, mais rempli à plein. Une pause bienvenue avant un finale dont on pressent qu'on va pas rire des masses... La critique d'Estuaire44 On apprécie une très bonne utilisation de ce classique du Fantastique horrifique qu'est le monstre semi-humain des profondeurs marines, entre l'Innsmouth de Lovecraft et la Créature du Lagon Noir. Le mythe est dépoussiéré et dynamisé, avec une intégration réussie dans le Buffyverse. Une relecture performante, avec une critique du dopage et de la course à la réussite également astucieuse. Et c'est aussi l'un des plus gores de la série, ce qui ne gâche rien ! Détail amusant, on retrouve ici Wentworth Miller, le futur héros de Prison Break, encore peu connu (quelques figures connues se découvrent ainsi dans Buffy/Angel, avant le rôle qui les a rendu célèbre). L'action demeure légèrement classique dans son déroulement. C'est un épisode tout à fait réussi, mais pas hors normes non plus.
Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Angelus rassemble tous les éléments pour invoquer le démon Acathla, dont la venue anéantirait le monde. Kendra revient pour soutenir Buffy, mais se heurte à Drusilla. Willow trouve le disque informatique de Jenny qui détaille tout le rituel gitan qui rendrait son âme à Angelus. Mais Angelus la blesse gravement, et kidnappe Giles. Buffy comprend qu’elle devra tuer son grand amour si elle n’arrive pas à temps dans son repaire. Un allié très inattendu lui propose alors son aide… La critique de Clément Diaz - My boy Acathla here is about to wake up. You're going to Hell. Les fans considèrent majoritairement Becoming comme le meilleur finale de saison de la série. On ne peut que leur donner raison. Whedon a la belle idée de scander l’action par de beaux retours dans le passé d’Angel - Darla en Méphistophélès, Drusilla déjà dingo, la terrible malédiction, la renaissance avec la Slayer. On remarque qu’il devient serviteur du bien, non par conviction, mais par amour, ça le rend joliment moins héroïque - ce n’est pas encore sa caractéristique, ce le sera dans sa série - et plus fragile. La revisitation du film marche avec une hilarante Sarah Michelle Gellar en blondasse écervelée. L’action est remarquablement menée, lorsque l’armageddon d’Angelus sur le point de se produire (Spike s’agite sur sa chaise, on sent que ça va bientôt exploser…). Angel/Boreanaz est le roi de l’épisode : qu’il psalmodie un rituel maléfique ou se paye la tête de Spike - qui le lui rend bien. Brillant et douloureux conflit d’intérêts au menu : faut-il rendre son âme à Angel ou l’éliminer ? Que faut-il faire pour respecter Jenny : accomplir sa dernière volonté, ou tuer son assassin ? Un dilemme insoluble très bien orchestré. Un cas similaire se posera d’ailleurs pour Anya dans Crises d’identité en saison 7. Retour en force de Kendra, emmenée par la toujours fonceuse Bianca Lawson. Willow commence à se démarquer en découvrant ses pouvoirs de magicienne ; ce sera un fil scénaristique capital à l’avenir. Le plan machiavélique d’Angelus est fantastique, on a pas du tout vu venir le twist final. Brillante bagarre, mais tragique fin pour Kendra. On finit par un cliffhanger. Whedon a mis toutes les chances de son côté. La deuxième partie nous offre un enchaînement de scènes qu’on attendait tous. Chaque scène est magique, nous rive au fauteuil. Le retournement de veste magistral de Spike était attendu, mais sa scène avec Buffy, entre comédie et force dramatique, est excellemment écrite. Grosse scène de révélation pour Joyce, où nous passons à travers des émotions opposées, de l’hilarant silence entre Spike et Joyce (- On s’est pas déjà vus ? Oui, vous m’avez attaqué avec une hache !), au drame lorsque Joyce, incapable d’accepter un poids aussi écrasant, chasse sa fille. Guesting magnifique de Kristine Sutherland. Sarah Michelle Gellar est à fond dans son rôle, elle assure toutes les scènes d’émotion avec brio. La cruauté voyant Buffy perdre peu à peu tout ce qu’il l’attache à Sunnydale est déchirante : elle perd sa maison, elle perd le lycée - Shimerman est terrible en proviseur sadique. Elle perd métaphoriquement ses dernières illusions d’ado, pour un passage vers la vie adulte dans la douleur. On cite aussi les apparitions de Whistle – esquisse du futur Doyle d'Angel – au rire plus que grinçant, et les tortures de Giles, par un Angel déchaîné. Mais à ce petit jeu, l’experte est Drusilla, qui nous fait un tour de passe-passe au comble du diabolisme : la fausse scène d’amour de Jenny est à en perdre la respiration. Dru est folle, surtout quand elle embrasse Giles encore et encore. Même au sein du drame noir, Whedon sait injecter à doses millimétrées un humour qui loin de détendre, ne fait que le renforcer. Pur fun quand Spike abandonne la Slayer en haussant les épaules, le vrai bad guy comme on l’adore. Marrant que la chute d’Angel vient uniquement du fait qu’il a trop flirté avec Dru, faut pas lui baver sur les rouleaux au Spike (Baby, I don’t want to hurt you… but it doesn’t mean I won’t ! Buffy reprendra d'ailleurs mot pour mot cette réplique quand elle affrontera le Big Bad du finale de la saison 6). Xander est si émouvant quand il veille sur Willow, qu’il aimait à sa manière, leur petite scène fera battre tous les p’tits cœurs des fans. Tout se dénoue pour le big final, bagarre sauvagement rythmée, et pure tragédie antique. Buffy croyait expédier Angelus dans l’autre dimension, elle va devoir porter en plus un fardeau insupportable. Whedon va au bout de son idée qui consiste à faire souffrir son héroïne au maximum. Une heartbreaking scène d’adieux, avant le coup fatal. Deux interprètes incandescents et la musique mélancolique de Christopher Beck. La coda est une des plus tristes : Buffy a sauvé le monde, mais elle a tout perdu. La force dramatique de Becoming est telle qu’elle aurait largement pu terminer la série. Un des plus grands finales de saison jamais créés. La critique d'Estuaire44 Par ses flash backs somptueux comme par la parfaite composition de Boreanaz, l’épisode achève d’édifier le portrait d’Angelus, définitivement l’un des meilleurs méchants de la série. Outre se superbes scènes d’action, dont l’étincelant duel final, il relate de manière poignante le sacrifice consenti par Buffy pour sauver le monde et accomplir son devoir. Au total l’épisode constitue final de saison particulièrement magistral, l'un des meilleurs encore à ce jour. Comme souvent chez Whedon, l’humour n’est pas absent, notamment avec l’allaince hors normes entre Buffy et u, Spike en roue libre. Les différentes scènes (humour, émotion, action) connaissent un impact formidable, et se fondent dans un tout parfaitement coordonné. Whedon a su créer un scénario ambitieux, tirant parti des multiplies ressorts de la situation, mais aussi formidablement prenant et mené à un rythme d'enfer. Il s'offre même le luxe de poser les jalons de la saison à venir : le démon envoyé des Puissances Supérieures (futures commanditaires d'Angel toujours en rédemption à LA), mort de Kendra laissant la place à sa remplaçante Faith, évocation directe du Maire, situations de Joyce et Buffy en plein bouleversement, la magie de Willow, etc. Décidément un chef d'œuvre. On regrettera simplement que les effets spéciaux autour d’Acathla aient aussi mal vieilli.
Images capturées par Estuaire44. |
Buffy Contre les Vampires (1997-2003) Saison 1 1-2. Bienvenue à Sunnydale (Welcome to the Hellmouth / The Harvest) 4. Le chouchou du prof (Teacher's Pet) 5. Un premier rendez-vous manqué (Never Kill a Boy on the First Date) Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon La critique de Clément Diaz David E. Kelley, un des grands scénaristes américains de la télévision, avait déclaré que le meilleur moyen de créer une série est de faire croire au public (et aux producteurs) que ça va être que du « fun », puis une fois la machine enclenchée, d'ajouter l'âme de la série, ses thèmes profonds, ses réflexions, etc. Le premier pilote de Buffy en est une excellente démonstration. Whedon sait qu'il doit convaincre une chaîne qui vise un public adolescent, pas forcément amateur de Fantastique. De plus, il ne dispose que d'un budget riquiqui et seulement 25 minutes de présentation. Le créateur se débarrasse donc de toute nuance sombre et d'une bonne partie de la Mythologie fantasy et s'axe sur la tonalité estudiantine (toutes les scènes vampiriques, mis à part la désormais mythique introduction, sont bien plus ridicules que dans le pilote officiel). Il renonce également à approfondir ses personnages. A posteriori, c'est une très belle feinte de la part de l'auteur qui leurre les producteurs en attendant de montrer ses vraies intentions ; une belle stratégie à la Sun Tzu ! Whedon a plus d'une fois affirmé que sacrifier son intégrité professionnelle à l'opportunisme revenait à se prostituer, mais il sait aussi que c'est souvent qu'à ce prix qu'on peut convaincre « ceux qui ont le fric ». Cela explique son mépris pour cette tentative, uniquement fonctionnelle. D'une manière ironique, ce coup d'essai se rapproche de la vision réductrice et fausse des contempteurs de la série (qui la connaissent souvent très mal, voire pas du tout) qui n'y voient qu'une niaiserie sirupeuse et grotesque. « Se rapproche » seulement car ce coup d'essai se distingue déjà par l'originalité et la vitalité du récit, qui font de ce pilote un spectacle très divertissant et qui accroche le regard. En premier lieu par une mise en scène très dynamique, faisant contre mauvaise fortune bon cœur du budget fauché de l'ensemble, et à des dialogues déjà très soignés. Buffy n'a ici pas le caractère plus sensible de la série, étant un clone de Cordélia (que Charisma Carpenter anime déjà de sa flamme destroy), qui est tout à fait celui du personnage incarné par Kristy Swanson dans le nanar de 1992. Mais Sarah Michelle Gellar compense le peu d'intérêt de son personnage et ses quelques maladresses de jeu par une stupéfiante énergie gaie et lumineuse. Le jeu de Riff Regan a souvent été éreinté par les connaisseurs de la série, à cause de la comparaison forcément fatale avec la sublime Alyson Hannigan. Pourtant, Regan montre une complicité chaleureuse avec Nicholas Brendon. Elle joue très bien la fragilité de Willow, mais Hannigan y donnera une dimension émotionnelle plus prégnante. Riff Regan est excellente, tandis qu'Alyson est unique. Nicholas Brendon et Anthony Head sont déjà dans leur emploi, et Stephen Tobolowsky saisit bien le caractère bébête de Flutie, plus à mon sens que Ken Lerner. Le scénario tient du pilote officiel les moments suivants : l'introduction, Buffy faisant la connaissance d'Alex, Cordélia, Willow, et la scène de la bibliothèque, qui occupe un tiers de l'épisode à elle toute seule. Le seul élément inédit tient à l'enquête du jour, promptement expédiée (vampires en vadrouille au lycée avec Willow en demoiselle en détresse). La coda est similaire sur le fond à celle de The Harvest, mais tournée différemment. L'histoire est donc risible, les personnages peu creusés, mais le rythme et l'énergie du récit, ainsi que sa lumineuse star principale rendent très agréable ce premier pilote, qui sera totalement remanié et augmenté de sa Mythologie et de davantage de finesse et d'ambition. Pour former l'incipit officiel de cette éternelle série. La critique d'Estuaire44 L’épisode ne dure que la moitié du format naturel de la série et de fait, se centre uniquement sur la présentation du petit monde de Sunnydale High. Par rapport au pilote diffusé de la série, Whedon élague tous les éléments périphériques, aussi cruciaux soient-ils appelés à devenir dès la première saison (le Maître, Jesse, Angel, Joyce). De fait, ce mini épisode ne vise nullement à présenter l’intégralité de l’univers de la série, mais à convaincre les investisseurs et diffuseurs de financer le projet. Par conséquent Whedon leur propose une version édulcorée et très calibrée du vaste projet qu’il a déjà en tête. Buffy contre les Vampires apparaît ici comme une série ado tout à fait pop corn, uniquement divertissante et située dans la lignée du film de 1992, épurée de ses aspects les plus débiles et nanars 80’s. Sous cette acceptation, ce pilote non diffusé (auquel Whedon manifestera si peu d‘estime qu’il refusera qu’il figure en supplément sur les DVD de la série) atteint pleinement ses objectifs, se montrer rassurant et vendeur, avec son cocktail divertissant de Fantastique et de Teen Movie. Outre son indéniable intérêt documentaire, cette plaquette publicitaire peut toutefois divertir le public de la série par le jeu des comparaisons avec le véritable premier opus de la série. Evidemment le budget et les standards de production ne sont pas les mêmes mais bon nombre de scènes sont reconnaissables, quoique traitées en accéléré. On apprécie vivement de découvrir que Buffy pratique déjà l’art de la vanne d’avant combat, avec une brune Sarah Michelle Gellar parfois encore pas tout à fait assurée, mais déjà piquante et tonique. On observe également que la Bibliothèque de Giles est beaucoup plus vaste qu’elle ne le deviendra par la suite. Les scènes sont en effet tournées dans un véritable établissement, le décor n’ayant pas encore été réalisé. Il en va de même pour le lycée ou le Bronze, où le groupe d’Oz est toutefois déjà programmé. Les effets spéciaux sont également plus indigents, notamment lors de la désintégration des Vampires. Sunnydale High ne porte pas encore ce nom, mais présente déjà sa superbe architecture typiquement californienne. L’ensemble de la distribution répond déjà à l’appel, notamment une Julie Benz incarnant une Darla non nommée mais dépourvue de sa ridicule tenue d’écolière postérieure. On perçoit d’emblée qu’un Anthony Head déjà délicieusement anglais a davantage de métier que ses jeunes partenaires. Le Principal Flutie est ici incarné par l’excellent Stephen Tobolowsky, qui deviendra bien plus tard l’inénarrable Stu de Californication. Evidemment le grand changement réside dans une Willow jouée non pas par Alyson Hannigan mais par Riff Regan. Il est à inscrire à l’actif de Whedon d’avoir retenue une actrice ne correspondant pas aux canons hollywoodiens en matière de tour de taille, ce qui poussera d’ailleurs les investisseurs à réclamer l’éviction de la jeune femme. Mais, si Riff Regan réalise une fort honnête prestation, il faut bien reconnaître qu’Hannigan manifestera un talent supérieur. Il s’agit également de caractérisation du personnage, la Willow présente manifestant un caractère solide et bien trempé, tandis que les failles de l’ultérieure se révéleront plus riches.
Scénario : Joss Whedon Réalisation : Charles Martin Smith (1re partie) et John T. Kretchmer (2e partie) (1) : Buffy Summers arrive au lycée de Sunnydale dans l'espoir de débuter une nouvelle vie. Elle se lie très vite d'amitié avec deux élèves de sa classe : Willow Rosenberg et Alex Harris (Xander en VO) et rencontre égalemment Cordelia Chase, qui s'avère être le cliché de la pom-pom girl. Mais elle va aussi rencontrer le très british Rupert Giles, le bibliothécaire, et un Angel, un vampire avec une âme, qui vont lui rappeler ses responsabilités. Car en effet, Buffy est égalemment une tueuse : elle est chargée de débarrasser le monde des vampires, des démons et des autres forces du Mal. Et à Sunnydale, il y a du travail à faire, car la ville se trouve très précisément sur la ''Bouche de l'Enfer. Le Maître, un puissant vampire, est réveillé, et va tenter de revenir sur Terre. (2) : La Moisson (la cérémonie durant laquelle le maître doit revenir sur Terre) arrive, et Buffy doit à tout prix l'empêcher. Elle va recevoir l'aide de ses nouveaux amis dans cette tâche difficile. La critique de Clément Diaz You’re the Slayer. Into every generation, a Slayer is born. One girl in the whole world, the Chosen One, one born with the strength and skill to hunt the vampires, to stop the spread of their evil. Dense, rythmé, crédible, varié, finement écrit et interprété, le pilote de Buffy contre les vampires est un des plus additifs jamais composés. Préparez-vous à une secousse sur votre siège dès l'introduction, qui introduit avec une hénaurme efficacité la motivation première du créateur de la série : pervertir le cliché de film d’horreur de la blonde sans défense aux cordes vocales opératiques que le vampire transforme en confettis. Pour l'anecdote, la malheureuse victime n’est autre que Carmine Giovinazzo, qui sans doute écœuré par cette expérience, a préféré s'en aller dans le monde plus rationnel de la police scientifique de Manhattan... La surdouée Julie Benz est déjà tout à fait à l’aise dans Darla, dont les capacités éclateront au grand jour dans la série dérivée Angel. Ce grand scénariste qu’est Joss Whedon sait mieux que quiconque que le plus important dans le septième art, ce n’est pas les histoires mais les personnages, a fortiori dans une série télévisée. Si le spectateur suit sa série chérie, c’est bien moins pour les histoires que pour le plaisir fou de retrouver chaque semaine ses personnages chéris. Encore faut-il lui donner l’envie dès le départ, et sur ce point, le futur réalisateur des Marvel Avengers ne nous déçoit pas : l'axe central de Buffy, ne sera pas les scénarios (casser du vampire et Cie), mais plutôt les intéractions entre personnages. Miracle, chacun des protagonistes dépasse dès le pilote le stade du cliché ou de l’ébauche, ce qui est une sacrée performance. Xander n'est pas seulement un geek loser, mais aussi quelqu'un de courageux (Dire coucou à une assemblée de vampires sans l'attirail du parfait petit slayer, faut vraiment en avoir dans le pantalon) et d'émouvant (espérer à la dernière seconde de sauver Jesse). Willow n'est pas seulement la tête-de-turc timide, mais aussi une hacker efficace et vengeresse - le coup de la touche "Del" est aussi simple que mortel - Nelle Porter, euh je veux dire Cordelia Chase n'est pas seulement la garce superficielle, mais aussi quelqu'un qui peut être spontanée et gentille - l'accueil chaleureux de la Tueuse en témoigne - Giles n'est pas seulement un observateur suivant les événements à distance, mais aussi un fin stratège qui met la main à la pâte s'il le faut. Exception : Angel, mais c'est normal, il joue le sphinx énigmatique dont on ne sait pas vraiment quel rôle il joue. Les acteurs sont sans exception tous fantastiques : une pointe de préférence pour Nicholas Brandon et Alyson Hannigan, particulièrement touchants. La Slayer elle-même, en plus de sa plastique de malade est dessinée avec célérité et efficacité : aisance sociale, vivacité d'esprit, volubilité, excellente bastonneuse, générosité, humour à froid avec le gag du faux lever de soleil (It's in about nine hours, moron !). Sarah Michelle Gellar a une prestance brillante. En Maître, Mark Metcalf cabotine à 1000 à l'heure, joyeusement délectable. Plaisir de retrouver Brian Thompson, même si le fan d’X-Files peut avoir du mal à s'habituer à l'entendre prononcer plus de dix mots. Kristine Sutherland, et Eric Balfour même, sont au diapason. Un sans faute. Le scénario excellent distribue toutes les cartes avec brio : on saisit vite tous les tenants et aboutissants, les scènes d'action sont très bonnes - sauf celles commençant la 2e partie - la réalisation est très pro. Dosage du tonnerre entre émotion, humour, et action (Whedon’s touch). A part à un rythme un peu plus lâche de la 2e partie, et un cliffhanger assez faible, ce pilote est un des plus réussis jamais réalisés. La critique d'Estuaire44 La série frappe d’entrée un grand coup avec ce pilote, un exploit d’autant plus remarquable que la saison 1 n’est sans doute pas la meilleure de la série. Darla est d’emblée un personnage crevant le regard et son interprète Julie Benz a confirmé depuis qu’elle était bien l’une des meilleures actrices des séries télé. Le personnage n’est encore qu’esquissé et continuera encore à se développer chez Angel. Le récit illustre un axe narratif majeur de la série. Les scénarios se développeront en effet souvent selon le même principe action/réaction, tout ense montrant suffisamment astucieux pour varier leurs effets ou la nature des ennemis de Buffy and Co. Plusieurs opus, en nombre non négligeable, sauront aussi se montrer profondément originaux. De plus, tout comme ici, le relationnel sera effectivement un grand atout de la série, hilarant, émouvant, évolutif, parfois transgressif. Le pilote expose clairement le noyau du gang de Buffy, qui demeurera invarié au fil de saisons (hormis lors du lancement d‘Angel), alors que de nouveaux venus y feront ultérieurement des aller et retours, plus ou moins prolongés. Le quatuor Buffy/Alex/Willow/Giles demeurera le cœur du récit jusqu’au final, cela se ressent dès cette orée. La révélation progressive du mystère Angel sera l’un des fils rouges captivants de la saison. Il en va pareillement du combat contre le Maître, qui sans figurer le meilleur Big Bad de la série se montre déjà passablement jouissif. Tous les seconds rôles résultent déjà formidables, on avouera un attachement particulier pour Giles/Anthony Head. Sarah Michelle Gellar est la lumière de la série, elle ne fera que gagner en présence et en beauté au fil des années, avec un personnage lui aussi évoluant en âge et maturité. Le cocktail original et parfaitement dosé de la série est déjà là, même si bien des éléments restent encore à découvrir.
Scénario : Dana Reston Réalisation : Stephen Cragg Buffy passe une sélection pour devenir pom-pom girl et rencontre une autre candidate : Amy Madison. D'étranges accidents arrivent aux autres candidates. Buffy et ses amis soupçonnent alors Amy d'utiliser la sorcellerie pour gagner la compétition. La critique de Clément Diaz I laugh in the face of danger. Then I hide until it goes away. Witch confirme les promesses du pilote. L'histoire est convaincante, le concours de pom-pom-girls est évidemment un plaisir visuel ; l'humour est loin d'être absent, surtout avec les crises d'ego de Cordelia (Charisma Carpenter est délicieusement peste, une perle). Buffy et Giles forment une association excellente. D’entrée, on nous fait comprendre que la bataille contre le mal est un travail d'équipe, le sortilège n'étant reversé que grâce à Giles et au culot de Willow et de Xander, qui sauvent notre Slayer mal en point. Bon, elle nous fait quand même disparaître la bad girl avec un p'tit coup de pied, histoire de donner le change. L’idée d’une héroïne entourée de partenaires à l’importance quasiment égale permet plus de richesse narrative et plus d’empathie envers le casting. Le twist central est magistral, il était difficile de le voir venir. Cette pratique du twist central ou final est surtout caractéristique de la première saison. Les scénaristes tâtonnent encore à ce moment et le recours à un tel gimmick permet d’assurer la surprise en attendant de prendre plus d’apparence. Sans disparaître, les twists n’interviendront plus dans les saisons suivantes qu’à de grandes grandes occasions, avec un effet maxima. Les effets spéciaux sont simples mais efficaces. Le plan final fait passer un joli frisson. Elisabeth Allen campe une Amy encore effacée, mais ne vous fiez pas à son sourire d’ange, c’est une vraie bitch qui n’attend que le bon moment pour semer la désolation (chouette !). La critique d'Estuaire44 For I am Xander, King of Cretins. May all lesser cretins bow before me ! L’épisode s’avère réussi, avec une histoire demeurant prenante tout en poursuivant la présentation de Sunnydale High. Les relations au sein du gang et la densité de ses membres se vient accentuées, avec de plus la création d’un nouveau personnage prometteur, Amy (même s'il demeurera irrégulier). La chute apparaît bien forte et très à la Twilight Zone. Tout comme chez Serling, le Fantastique (qui ne se limitera donc pas aux seuls Vampires) sert à souligner les travers du monde réel. Il en va ainsi pour les affrontements et le modelage social qu'induisent les "Pom pom girls" sous leur apparence festive, ou les ravages causées par les parents trop possessifs et exigeants, se projetant sur leur enfant et les utilisant comme une seconde chance par procuration. Cette veine métaphorique sera une tendance forte de la série. Une manière aussi de faire ressortir l'admirable personnage de Joyce. Un petit bémol : l'absence d'Angel, qui manque déjà. En même temps la vision de Buffy en Pom pom girl cela aurait trop pour son petit cœur vibrant d'amour. Brisons l'enthousiasme : Buffy ne portera plus jamais ce costume, qui ne réapparaitra plus qu'en saison 7, quand Down le sortira d'un placard (la dernière saison multiplie les clins d'œil au passé insérés en cours d'action).
Scénario : David Greenwalt Réalisation : Bruce Seth Green Le professeur de biologie de Buffy est retrouvé décapité. Sa remplaçante, Mlle French, semble avoir énormément de succès chez les garçons. Mais Buffy et Willow la soupçonnent d'être autre chose que ce qu'elle prétend. La critique de Clément Diaz I wonder what she sees in me ? It's probably the quiet good looks coupled with a certain smoky magnetism. Le premier navet de la série sans aucun doute. Le futur co-créateur d’Angel avait pourtant imaginé de bons atouts avec le monster of the week, variation de la succube sous forme d'insecte géant anthropomorphe, quelle imagination ! Le problème est qu'il n'y a aucun suspense dans l'affaire, et que les effets spéciaux sont très indigents. C'est particulièrement visible dans le combat final, totalement raté. L'épisode traite avec justesse de la honte de conserver un pucelage étouffant chez les ados malchanceux avec l'autre sexe. Les gars en folie gravement excités par la présence de Miss French, dont la scène de séduction vire aux préliminaires d'un dîner cannibale sont amusants. Brrr. Mais c'est tout ce qu'il y'a à retenir, le reste se noie dans une action paralysée, des bavardages assez lourds, et une réalisation atone. La critique d'Estuaire44 Teacher's pet n'est sans doute pas l'épisode le plus marquant de la saison. Effectivement les effets spéciaux sont très datés, c'est d'ailleurs le seul secteur où la série accuse parfois son âge. On en garde néanmoins un souvenir agréable, notamment grâce à un Alex au centre des débats. Ce type d'histoires restera toujours appréciable, car il s'agit du personnage auquel on s'identifie sans doute le plus. Notre ami apparaît encore esclave de ses pulsions adolescentes, mais il ne se situe encore qu’début de son voyage et de son évolution. Le vampire apparaît comme le parent pauvre de l’histoire, mais il n’est pas le réel antagoniste du jour. Que les jeunes filles viennent sauver les damoiseaux en détresse constitue une amusante inversion des rôles très à la Buffy. L’opus bénéficie également de judicieux casting de Musetta Vander, une actrice douée et vue dans de nombreuses séries de Science-fiction (elle est la Shan'auc de Stargate SG-1).
Buffy flirte avec Owen, un garçon de son lycée. Mais elle doit égalemment empêcher le Maître de s'allier avec ''Le Juste des justes'', un ancien guerrier. La critique de Clément Diaz
If the apocalypse comes, beep me. Vaudeville enlevé et trépidant, cet épisode enchaîne les scènes hilarantes avec un joyeux entrain. Le meilleur choix possible lorsqu’on doit flirter avec le soap estudiantin. Aussi, on prend tout à fait du plaisir à voir la Slayer, qui a le poids du monde sur ses épaules, essayer de passer du bon temps avec un beau garçon. Les scènes de jalousie de Xander sont tout un poème, surtout quand il s’improvise conseiller séduction impartial à son rival (Buffy n'aime pas être embrassée, touchée... ne la regarde même pas). Xander est peut-être le personnage le plus touchant du quatuor principal, il respire tant de fragilité et de frustration, que ses scènes comiques où il se montre terriblement maladroit, ont quand même un petit goût amer. Même chose du côté de Willow, dont les tendres sentiments pour Xander, non partagés, lui vaudront de rester prisonnière encore un certain temps d’une solitude étouffante qu’elle cache à grand-peine. On n'oublie pas cette peste hors classe de Cordelia qui crève de jalousie de voir Owen et Angel faire la danse de la séduction autour de Buffy, haha, bien fait pour toi, la bitch ! Charisma Carpenter a une énergie pas possible. Owen n'est pas qu'une gravure de mode et sait se montrer valeureux, notamment en assommant deux fois le gros vampire ; même les débutants ont droit à leur chance ! L'intrigue avec l'Anointed One a un suspense original, vu que la plus grande bataille de l'épisode c'est pas Buffy contre les vampires, mais les hormones de Buffy contre les vampires, ce qui permet des échanges enlevés avec Giles ! Eh oui, notre Slayer a bien le droit de s'amuser non ? Toutes les scènes dans le funérarium sont flippantes, mais le gag de Buffy tabassant le vampire (You killed my date !!!) marche à plein ! Un épisode parfait, bourré d'humour, et à l'intrigue solide. Le twist final est génial, mais se révélera à double tranchant par la suite hélas. La critique d'Estuaire44 Never kill a boy on a first date compose un épisode très relevé, bourré d'humour et d'action, volontiers effrayant à ses heures. Sa chute est bien rendue. Par contre, avec le recul, son succès apparaît minoré par ce qu'il adviendra de l'Anointed One, rebaptisé l'Annoying One par Spike comme par la masse des fans. Pour la première fois sont clairement explicités les problèmes causés à Buffy par son identité et cette destinée qu’elle n’a pas choisi. Une problématique qui poursuivra l’héroïne jusqu’à l’acceptation, une fois davantage. Sarah Michelle Gellar excelle aussi sur ce registre de tension intérieure. A à ces tourments de l’adolescence, l’Annointed One au moins oppose astucieux la fallacieuse promesse d’une éternelle enfance. Buffy doit tuer l’enfant en elle pour accéder à l’âge adulte et pleinement embrasser son Destin. L’épisode met joliment en scène cette dualité et le voyage intérieur qu’entame Buffy, une parabole trouvant une résonnance en chacun d’entre nous, mais aussi le rôle imparti à Giles dans ce schéma.
Lors d'une sortie au zoo, Alex et un groupe de lycéens se retrouvent sous le contrôle de hyènes démoniaques assoiffées de sang. La critique de Clément Diaz It's safe to say that in his animal state, his idea of wooing doesn't involve a Yanni CD and a bottle of Chianti. Comme souvent en cette première saison de Buffy, l'idée de départ est vraiment originale (une possession par des esprits... animaux !) mais le traitement l’est bien moins. S’enchaîne donc une suite de scènes mécaniques. La bande a beau aller crescendo dans l'horreur, tout est trop prévisible, et s'étire en longueur. Nombreux temps morts, et un temps fou s'écoule avant que Buffy, Willow, et Giles se secouent. Pire, l'épisode a un inconvénient de taille : Nicholas Brendon n’est pas du tout crédible en bad guy (Dark Willow, ce sera pas la même limonade). Il se force, il se crispe pour faire croire à un passage dans la darkside et pis que tout, reste trop intériorisé ; du coup, son jeu est plombé (ce sera là l’unique faux pas de l’acteur, remarquable tout le long de la série). Enfin, il y'a quand même de bons points, Alyson Hannigan, la meilleure actrice du show, est magnifique en amoureuse attristée. Les fans du « Xillow » (la relation Xander-Willow) ont sûrement dû regretter l’absence d’évolution romantique de leur lien. La Tueuse est toujours impec, c'est elle qui hérite de la meilleure réplique de l'épisode, superbe clin d'oeil aux X-Files : I can't believe you want to Scully me ! L'exécution sauvage du principal Flutie est inattendue, il s’agit là du premier indice, certes encore faible, que rien ni personne n’est à l’abri dans cette série, personnages principaux et récurrents inclus. Dommage que le duel final soit bâclé dans la précipitation, malgré un bon tag final (I ate a pig ??!!!). Emotionnellement, la scène la plus forte est la frustration terrible de Xander de se voir repoussé par Buffy, et de vouloir prendre sa revanche en l'agressant (une scène analogue se reproduira, en encore plus sordide, en saison 6) : elle dit bien tout le chagrin, ici transformé en colère, de ce cher Xander, pour le moment le personnage le plus grave de la série sous ses dehors comiques. L'intrigue n'est pas géniale, mais les auteurs assurent côté persos, ce qui est indispensable pour la longévité d'une série. La critique d'Estuaire44 Pour une fois l’épisode pâtit de la performance de Nicholas Brandon. On sent trop que l'acteur force sa nature quand il s’aventure du côté obscur de la Force. Il s’enferre souvent dans le cliché, tout comme les autres membres de la meute. On apprécie néanmoins la déteinte progressive de l'esprit pervers sur l'être humain et son altération du rapport à autrui, accentuée par le phénomène de groupe. Ce processus s’avère autrement plus troublant qu'un démon méchant d'emblée, par nature. Le ton vire vite au sinistre, même si l'humour est toujours là. Tout comme pour les X-Files ou Supernatural, il demeure agréable d’explorer des folklores non européens, cela varie une peu la donne. Et puis le départ du relativement sympathique proviseur va permettre l'arrivée de Snyder, qui va vite devenir le cauchemar de Buffy durant trois saisons !
Buffy est attirée par le mystérieux Angel, mais elle revient très vite à la réalité : elle se rend compte qu'Angel est un vampire. Pour compliquer les choses, Darla se mêle de l'affaire... La critique de Clément Diaz - I invited you into my home and then you attacked my family. Alias Angelus a une raison d'être évidente : en apprendre plus sur le mystérieux Angel. L'adroit David Greenwalt n'en finit pas de trouver d'excellentes idées pour rendre intéressant ce dont on se doutait pourtant depuis le début : qu'Angel était en fait un vampire. Car Greenwalt et Whedon ont la riche idée de lui inventer une âme qui l'empêche désormais de rejoindre les forces du mal, de lui inventer un passé lourd et sanguinaire, et de faire de lui non pas un observateur à distance des événements, ce qu'on croyait, mais au contraire un paria, une victime (de Darla entre autres). David Boreanaz joue diablement bien sa partition. La réalisation de Scott Brazil est une apologie de la beauté ténébreuse du comédien. Cela permet immédiatement d'installer une tension sexuelle avec une Sarah Michelle Gellar une nouvelle fois parfaite lors des scènes dans la chambre. La jeunesse des comédiens n'empêche guère leur talent. De plus la "révélation" attendue de sa nature se produit au moment où on y pensait le moins : lors du baiser. Choc garanti ! Xander oscille sans cesse entre humour et gravité : son obsession envers Buffy et donc sa jalousie envers Angel, contre lequel il n'a aucune chance lui inspire des pensées terriblement égoïstes comme le mépris total des sentiments de Buffy et sa soif de sang à l'idée qu'elle le tue. Brendon est royal. On regrette toutefois l’effacement de Willow et de Cordelia, qui n'apportent rien à l'action. Darla est la reine de l'épisode, campée par une Julia Benz qui s'éclate à jouer les Big Bad. Le gag énorme des deux révolvers c'est presque du Tex Avery. Sa sortie de scène est choquante, et est un des regrets de cette saison, on aurait tellement voulu la garder comme méchante ! (Heureusement, Whedon ne répétera pas la même erreur quand un certain duo pas doux super dur super dingue débarquera à Sunnydale). Elle surclasse le Maître (toujours bon) et l'Annointed one, dont je suis obligé de dire qu'il paraît déjà casse-pieds (pour rester poli). Le combat final est bien secoué en adrénaline, ça marche ! Le scénario est cependant inabouti, l'histoire étant sacrifiée au profit de la découverte d'Angel. Qu'importe, c'est un bon épisode qui creuse plus avant le Buffyverse. La critique d'Estuaire44 Un épisode mythologique incontournable. On découvre enfin qui est Angel, sa nature vampirique et sa relation trouble mais si forte avec Darla est également bien rendue. Angel et Buffy font un grand pas dans leur histoire personnelle, déjà sombre, tourmentée, mais tellement romantique, l’un des atouts majeurs de cette première saison. Quelle interprétation ! Egalement de l’humour et de l’action tonitruante avec le Trio et le numéro du Maître après leur échec. On admire également l’intelligente et vicieuse Darla qui, outre son plan machiavélique, comprend bien plus vite que Warren ou Spike que l’arme à feu est la meilleure manière d’en finir avec la Tueuse (l'école Winchester ?). Outre le cliché des révolvers aux balles inépuisables, le seul regret de l’épisode de l’épisode reste la disparition bien trop tôt dans la série de cet excellent personnage, qui avait encore d’excellentes scènes en potentiel (et remplacé ensuite auprès du Maître par le gamin idiot). Heureusement personne ne meurt jamais vraiment dans le Buffyverse, et elle aura droit à une magistrale session de rattrapage lors de son retour dans le Los Angeles d'Angel. Ses apparitions lors des évocations du fin quatuor vampirique dans plusieurs épisodes de Buffy seront également très réussies.
Scénario : Ashley Gable et Thomas A. Swyden Réalisation : Stephen L. Posey Moloch, un démon emprisonné dans un livre dans les années 1400, est accidentellement libéré par Willow. Il se réfugie alors sur le net, et s'en sert pour manipuler les gens, y compris Willow. La critique de Clément Diaz Things involving a computer fill me with a childlike terror. Now if it were a nice ogre or some such, I would be much more in my element. I robot, you Jane ne manque pas d'attraits, surtout par sa critique envers la floraison des rencontres par internet pouvant déboucher sur des surprises plus ou moins fâcheuses. On retrouve tout cela dans le remarquable 2Shy des X-Files, mais aussi avec l'Obstacle course d'Ally McBeal (sous un ton évidemment plus comique). On apprécie que Whedon centre ses épisodes sur chacun des personnages tour à tour, cette fois avec Willow. L'histoire de ce démon s'échappant d'un livre pour semer la pagaille sur le Net est une superbe métaphore de la face sombre d'Internet. Le numéro de Giles, amoureux de ses livres, et peu amateur des ordinateurs, est une remarquable défense de cet acte touchant et presque charnel qu'il y'a de toucher et lire un support matériel, loin de la standardisation froide de l'écran. Ceux qui ont lu Les mots de Sartre sauront de quoi je parle. Malheureusement, le scénario encore une fois, ne suit pas. L'épisode met un bon quart d'heure avant d'entrer dans le vif de sujet. Il réussit quelques excellents moments avec ses messages d'ordinateur rappelant le Blood des X-Files ou le Wide Open de MillenniuM ; ou bien le kidnapping de Willow sous-entendu seulement avec un bip d'ordi et une sonnette de porte. Par contre la fin vire dans le blockbuster typer vulgaire avec cet androïde clinquant. La fin facile du monstre est tout aussi consternante. Quoique Xander boxant un méchant ou Willow assénant des coups d'extincteur sont de bonnes surprises. Y’a pas que la Slayer qui castagne tout le monde. Même son de cloche du côté de Jenny Calendar, l'actrice s'en sort bien, pas le personnage. La révélation de sa vraie nature est très mal réalisée, et ne suscite aucun changement de sa part. Ses talents d'ordi font de plus doublon avec ceux de Willow. Elle n’a en définitive de valeur qu’en tant que love interest potentiel de Giles. La scène la plus réussie est le tag, avec l'énumération des coups de cœur spéciaux de notre trio, c'est comique, mais en-dessous dramatique. Seront-ils capables d'avoir une relation normale ? Il est permis d’en douter… La critique d'Estuaire44 Le scénario se montre très astucieux, jetant un pont habile entre sorcellerie et Cyber technologie, soit entre Fantastique et Science-fiction. Un mélange malaisé mais éventuellement fécond, d'ailleurs la Science-fiction sera quasiment toujours représentée par les seuls robots au sein d'un Buffyverse demeurent d'essence Fantastique. Dès sa première apparition Miss Calendar se montre piquante, séduisante en diable, malicieuse, tonique, rafraichissante… irrésistible. Le duo avec Giles fonctionne déjà du tonnerre. On aime bien le côté Anne Rice du démon et le côté désormais daté de tout le hardware informatique. C’est vrai, le robot démonique reste mal fait, la série n’a pas de gros moyens en son printemps, comme bien d'autres. Ceci dit, avec plus d’argent, Adam sera aussi très médiocre. Il n’est pas facile de présenter un Cyborg crédible à l'écran, les androïdes sont à la fois meilleurs marché et plus efficaces, d'où une bonne partie de leur succès. La dénonciation de l’internet comme favorisant le péril sectaire ou le travestissement d’identité reste toujours aussi valable aujourd’hui, Whedon se montre prophétique en la matière alors que le Web en est encore à ses balbutiements. Les dialogues en version roginale comportent pas mal de références aux classiques de la SF, Whedon est déjà le Roi du Geekland.
Une participante au concours de talent du lycée est assassinée, et retrouvée le cœur arraché. Buffy et le gang soupçonnent alors Sid, l'étrange marionnette ventriloque. Parallèlement, arrive Snyder, le nouveau principal du lycée... La critique de Clément Diaz There are things I will not tolerate. Students loitering on campus after school, horrible murders with hearts being removed, and also smoking. The Puppet show est un de ses épisodes qui recèlent toute l'essence d'une série, ces épisodes qui mélangent tous les registres choisis par Whedon. Action, effroi, humour, suspense ; le brillant scénario poursuit à un rythme trépidant cette enquête mouvementée, riche en émotions fortes. On pense à The Dummy, l'épisode de la Twilight Zone où une marionnette manipule son marionnettiste. Ces meurtres barbares d'étudiants filent le frisson autant que cette marionnette vivante. Les deux twists centraux sont parfaits ; encore une fois, on se fait avoir jusqu'au trognon ! Cette marionnette est bourrée d'humour, avec son côté légèrement obsédé sexuel mais aussi émouvante (belle scène dans les coulisses avec la Slayer). La comédie illumine cet épisode pourtant très sanglant, on retient le massacre épique de la chanson par Cordelia (Charisma est divine en fille surarmée d'ego), devant un Giles tétanisé ; le trio n'hésitant pas à le soutenir en tournant bien le couteau dans la plaie. Il y'a aussi le numéro de fou de Xander avec la marionnette (Redrum, redrum !), ou bien le ravageur tag final, avec une représentation cataclysmique d’Oedipe roi. Également un déchaînement de vannes qui claquent à chaque minute. Magistral ! L'action est surtout présente à la fin, avec une séquence de combat comme on l'adore. Malgré sa force, Buffy eut été vaincue si ses amis n'avaient pas été là. La bataille contre le mal est avant tout un travail d'équipe ! Il y'a aussi l'haletant piège du lustre. De la bonne adrénaline. Le suspense a tous les droits sur cet épisode rythmé, avec les sentences de mort dirigées contre Buffy, ou bien le nouveau principal qui déjà occupe dans l'épisode la place de l'ombre menaçante, apparaissant toujours au moment où on s'attend moins. Notre quatuor va devoir composer avec lui désormais. Coooool. Un épisode complet et divers, un must see ! La critique d'Estuaire44 La poupée ou la marionnette vivante constitue un grand classique du fantastique américain (Chucky, la Poupée Sanglante), notamment repris à deux reprises dans la Twilight Zone, à laquelle on songe effectivement tout au long de l’épisode. La fusion avec le Buffyverse est accomplie de façon magistrale, avec un retournement de perspective fort bien amené par la narration, lors du twist sur laesnvraies motivations de Sid. Grand moment d’humour noir également avec Giles et le Rasoir National. Snyder effectue une mémorable entrée dans la série. L’interprétation hilarante d’Oedipe Roi par nos héros est inoubliable (la hantise du théâtre ressentie par Willow se retrouvera à deux reprises dans ses rêves). On apprécie les réactions irréelles à Sunnydale High, où tout continue pratiquement comme si de rien n’était, malgré les massacres. La petit ville ensoleillée représente réellement un endroit très à part ! Un grand épisode, pour les dialogues et l’interprétation (les jeunes comédiens y sont à fond) mais aussi pour la performance technique. Ceci dit Angel fera cette fois encore plus fort, puisqu’il sera carrément transformé en marionnette dans sa série.
Scénario : David Greenwalt, d’après une histoire de Joss Whedon Réalisation : Bruce Seth Green Lorsque les plus grandes peurs des habitants de Sunnydale deviennent réalité, le gang se rend compte que la cause en est un petit garçon dans le coma : Billy. La critique de Clément Diaz What's the fun of burying someone if they're already dead ? A partir d'un thème fantastique : la concrétisation dans le monde réel de nos pires cauchemars, Whedon et Greenwalt imaginent une histoire d'une impardonnable légèreté, qui décrédibilise d'entrée leur idée. Ils parviennent certes de temps en temps à imaginer des scènes-chocs mais le reste du temps, l'ambiance de l'épisode manque cruellement de frayeur et de cohérence. Pour un sujet aussi grave, on se demande que viennent faire là des scènes tout à fait hors sujet : Alex à moitié nu, Willow paralysée sur scène, Cordelia et sa spectaculaire coupe de cheveux, Buffy séchant lors d'un devoir... tout cela est bien gentillet. Personnellement, l'apparition du clown m'a semblé plus superfétatoire qu'autre chose, j'ai surtout retenu le coup de poing de Xander, c'est toujours drôle de le voir faire ça. On est étonnés aussi de voir le quatuor mettre autant de temps à comprendre ce qui se passe, ce qui entraîne une série de bavardages inutiles. Dans les scènes plus effrayantes, on retient l'invasion des insectes (No, arachnids !) ou les deux confrontations de la Slayer face au Maître. Dans les deux cas, l'intensité est au rendez-vous. La scène où elle est enterrée vivante est la plus éprouvante de l'épisode. Pas loin derrière, l'horrible scène avec le père de Buffy qui fait très mal. Ça, c'est une peur plus personnelle, mais qui n'en est pas moins touchante. Sarah Michelle Gellar est comme toujours au top, y compris dans les scènes d'action (impressionnant combat contre l'ogre), et le jeune Billy, ombre impuissante, bourreau et victime à la fois, est une brillante trouvaille. La résolution finale est rapidement expédiée, même s'il est original que le responsable soit un être humain. D’excellentes idées, mais l’exploitation cafouille encore un peu cette saison. La critique d'Estuaire44 L’onirisme dans le Fantastique apporte souvent une valeur ajoutée, aux confins de l’horreur, et on en tient ici un bel exemple. Les différents cauchemars se montrent finement calibrés aux personnages et s’avèrent révélateurs de leurs hantises. La spectaculaire attaque du clown se comprend comme un joli clin d’œil à Ca, le roman de Stephen King. Belle audace que de transformer Buffy en vampire, avec aussi l’un des meilleurs numéros du Maître avec son discours sur la peur ! Giles qui n’arrive plus à déchiffrer le langage représente une excellente idée, sans doute plus fine que de le rendre aveugle,, comme ultérieurement. Le trac de Willow sera ré-exploité dans Cauchemar, le dernier épisode de la saison 4, tout à fait onirique lui aussi et encore plus ambitieux (et avec nettement plus de moyens, une nouvelle fois la saison est bridée par son budget.). On peut regretter une structure d'épisodes à sketchs mais l'ensemble apparaît agréablement varié, évoluant entre humour et bizarre parfois effrayant. On peut regretter une vraie fadeur du jeune Billy, rejoignant celle de The Anointed One.
11. PORTÉE DISPARUE Scénario : Ashley Gable et Thomas A. Swyden, d’après une histoire de Joss Whedon Réalisation : Reza Badiyi Alors que Cordelia fait campagne pour devenir la Reine de Mai, ses amis sont attaqués par une force invisible. Il pourrait s'agir d'une fille peu populaire qui, faute de se faire remarquer, serait devenue invisible. La critique de Clément Diaz There are no dead students here… this week. Out of mind, out of sight s'inscrit avec bonheur dans le sillage de La Quatrième Dimension, dont elle aurait pu constituer un opus. Joss Whedon et ses auteurs, encore une fois, invoquent des explications psychologiques et sociaux à un phénomène paranormal. Le surnaturel, ici, n'est pas une manifestation spectaculaire d'un Fantastique imaginé de toutes pièces, mais bien un moyen de parler d'un terrible fléau : le sort des laissés-pour-compte, les solitaires, qui faute d'obtenir l'attention des autres, sont ignorés, tandis que d'autres, plus connaisseurs des dynamiques sociales, savent comment se faire remarquer et en tirer des bénéfices affectifs. Et on perçoit la puissance de la frustration et du chagrin de Marcie Ross, qui pleine de rancune, sombre dans une folie meurtrière dès lors qu'elle utilise son nouveau pouvoir. De nouveau un superbe détournement de ce don vieux comme l'antique qu'est l'invisibilité, ici traité comme une malédiction, loin des bénéfices que cela peut apporter (surveiller les vestiaires des filles comme dirait Xander). Assez gentillette au départ, Marcie finit par se consumer de haine et de jalousie envers celle qui incarne celle qu'elle aurait tant voulu être : Cordelia. Toujours habile, Whedon fait de Cordelia une fille insatisfaite de l'admiration dont elle est l'objet : tout le monde veut être avec elle non pas à cause de sa nature, mais parce que c'est la plus cool point barre. Et cela la rend ironiquement... seule car personne ne la connaît vraiment - et souhaite la connaître. Charisma Carpenter adoucit son jeu et Cordelia cesse de n'être qu'une peste. Elle est de surcroît excellente élève, ce qui colorise son portrait. Son alliance inattendue avec le quatuor, bien que par des motifs purement égoïstes - même en danger, faut toujours qu'elle les traite de losers - ouvre la voie à une possible rédemption. Le final où elle replonge dans ses travers nous rappelle que la route est encore longue (et passera par Los Angeles). Le suspense monte progressivement, avec en climax la scène du gazage mortel, puis la torture de Cordelia. Les scènes sont d'une intensité inouïe, et le crescendo a été fort admirablement dosé. La coda se teinte pour la première fois d'une amertume tenace : Marcie n'est pas un cas isolé et la division secrète du FBI où elle est enfermée (une extension des Affaires Non Classés ?) laisse présumer que son sort ne sera pas résolu. Un épisode brillant où le Fantastique accomplit une fonction qui va au-delà du simple divertissement. Rod Serling aurait été fou de joie. La critique d'Estuaire44 Le scénario compose une jolie variation sur le thème inépuisable de l’invisibilité, pour un épisode très Twilight Zone, avec un phénomène allégorique et un lycée comme un condensé de nos vies où le paraître est si fondamental et où les relations sociales peuvent être si cruelles. L’épisode de la Cinquième Dimension To see the Invible Man décrit d’ailleurs une peine d’invisibilité sociale assez terrifiante, une belle adaptation de Siverberg. Le passage final avec le scalpel (ou le couteau ?) se montre assez terrifiant à l’époque. La narration se montre efficace et l’épisode compte aussi pour le mythologie de la série, avec une première collaboration entre Queen C et le gang, mais aussi la mise en avant de l’aussi crispante qu’amusante Harmony. Le récit souligne bien en quoi, malgré les apparences, Cordy en diffère déjà. Clea DuVall réalise une très belle prestation, avant d’accomplir un parcours intéressant (Argo, Carnivale, The Grudge…). La conclusion très à la paranoïa X-Files peut sembler hors sujet mais cela annonce en fait l’Initiative militaire de la saison 4 et situe Sunnydale dans son environnement. Après une première saison à inévitablement se chercher et à affirmer son identité vis-à-vis du film initial, on a l’impression que la série a trouvé le bon tempo, juste avant le season finale de rigueur.
Le Manuscrit (le livre prophétique) prédit un combat entre Buffy et Le Maître, à l'issue duquel ce-dernier parviendra à éliminer la Tueuse, et à remonter sur Terre. Mais Buffy est bien déterminée à survivre... La critique de Clément Diaz - You're dead ! Prophecy girl est un intéressant cas à étudier car il enchaîne les ratages scénaristiques, les incohérences massives, les raccourcis psychologiques avec une constance parfaite, faisant de ce finale un gigantesque pétard mouillé On sent que Joss Whedon était très enthousiaste à l'idée de conclure la saison avec éclat, sauf que rien ne marche. Précisons toutefois que Whedon devait vraiment avoir confiance en ses acteurs pour leur imposer des rôles aussi difficiles, et qu'il a eu raison. Nicholas Brendon est d'une justesse mémorable lors de la scène de déclaration d'Alex, il prévient ainsi toute niaiserie. De plus, alors qu'il aurait été facile de le voir si maladroit, il se débrouille plutôt bien. Ce n'est pas un geek apeuré par les filles mais bien un gars qui prend ses responsabilités et qui a juste un peu d'appréhension. Une ou deux saynètes impriment la rétine comme l'assassinat sauvage des étudiants ou la confrontation Xander-Angel. Mais excepté ces bons moments, Whedon se montre très peu inspiré pour la mise en scène. Il ne réussit pas du tout à rendre une atmosphère de fin du monde. Les événements les plus terrifiants sont dans le journal, la marche des vampires qu'on ne voit pas de près, mouais... et il se fait également piéger par un budget trop maigre pour supporter un final construit comme un feu d'artifice. Les scènes d'action sont mal filmées, les décors sont toc, les monstres sont presque invisibles. Moins un épisode de Buffy qu’un nanar apocalyptique fauché. Au niveau psychologie, Whedon perd les pédales. Voir Buffy avaler d'entrée la prophétie, sans déni, puis aller droit dans chez le Maître comme on irait chez le glacier d'à côté, c’est pas crédible. En 42 minutes, Whedon raccourcit trop les différentes phases par lesquelles passe Buffy pour être cohérent. La "résurrection" de Buffy est une belle arnaque. Il suffisait juste d'un petit bouche-à-bouche d'Alex pour démolir une prophétie ? Haha, ils l'ont dans l'os les Anciens !(Et nous aussi d'ailleurs). Bon, on ne revient pas sur le lourd lourd lourd Annointed One, tirons plutôt sur Cordelia qui rentre directement dans la bataille sans être surprise. Jenny Calendar qui ne fait rien. Le grand duel final est aussi décevant à cause de la réalisation médiocre et du budget riquiqui. A part la chute spectaculaire du Maître bien sûr. Une Brézina sur tous les points. Mais on se console, la saison 2 va se développer, s’enrichir, s’affranchir plus du cadre scolaire (et des budgets bas de gamme), et là, la série va véritablement prendre son envol. La critique d'Estuaire44 L’épisode ne constitue évidemment pas le meilleur final de la série, à la hauteur d’un Graduation Day ou d’un The Gift mais comporte avec plusieurs scènes réussies (l'émotion de Buffy, l'amusement de la voir assommer son Observateur ou la bonne idée de l'ultime combat se déroulant dans le sanctuaire de la Bibliothèque de Giles, etc.). Jenny est toujours la bienvenue, même quand elle n'est pas forcément déterminante dans l'action. Les moyens ont visiblement été consacrés au monstre sur le seuil, forcément moins important pour le spectateur qui a attendu une autre confrontation durant toute la saison. De fait toute la bataille finale contre le Maître déçoit par son traitement expéditif. Prophecy Griel aura eu le mérite de concentrer les différents thèmes de la saison autour de Buffy et des siens (le don de soi, les amours, la création d’une famille forgée dans l’épreuve, le difficile renoncement à l’enfance et les premiers pas vers l’âge adulte), tout en les amplifiant. C’est ainsi clairement l’enfance de Buffy qui périt lors de sa confrontation avec le Maître, même si l’héroïne demeure juvénile, comme le montre sa dernière réplique. On est encore loin de la chef de guerre de la saison 7. L, en va de même pour Alex après son rejet par Buffy, mais là aussi il ne s’agit pour lui que d’un premier pas. La mise en scène de Whedon se montre également plus dynamique que le commun de la période s’achevant.
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Présentation Buffy contre les vampires (Buffy the vampire slayer en VO) est une série Fantastique américaine de 7 saisons, et 144 épisodes de 42 minutes. Créée par Joss Whedon en 1997, d’après le film éponyme de 1992 réalisé par Fran Rubel Kuzui, elle fut diffusée sur le réseau The WB jusqu’en 2001, puis sur UPN jusqu’en 2003, année de son annulation. La série compte également un spin-off : Angel (1999-2004), ainsi que 3 saisons supplémentaires sorties en comics sous la supervision du créateur. Buffy contre les vampires est aujourd’hui une des plus célèbres séries de tous les temps : riche d’une communauté de fans internationaux très actifs et fidèles, grossissant à chaque nouvelle génération ; cette série est un porte-drapeau de la Pop Culture, faisant l’objet d’un nombre astronomique de thèses, analyses, mémoires, études… quant à ses thèmes abordés et à son impact durable. Avant de nous plonger dans la série, posons-nous deux questions : de quoi parle-t-elle, et pourquoi un tel succès ? I. Synopsis Depuis la nuit des temps, le Mal peut prendre de nombreuses formes que le commun des mortels ignore : vampires, démons, monstres, créatures d’une autre dimension, sorcières… Il y’a des millénaires, les Anciens combattaient ces fléaux ; mais devant une menace de plus en plus forte, décidèrent d’élire un Champion : ils choisirent une jeune fille qu’ils investirent par magie de pouvoirs surhumains (force, vitesse, techniques de combat, réflexes…) ; elle fut baptisée La Tueuse (The Slayer en anglais), et fut envoyée dans les endroits où le Mal sévissait le plus. Quand elle tomba au combat, Les Puissances Supérieures (des divinités engagées dans un combat sans fin contre leur éternel adversaire, le mal absolu) désignèrent une successeure, qui venait d’hériter des pouvoirs de La Tueuse. Elle combattit avant de mourir à son tour, et ainsi de suite. En effet, il ne peut y avoir qu’une seule Tueuse à la fois. Les descendants des Anciens, Les Observateurs, vont depuis en mission dans le monde coordonner la liaison des hommes et des femmes se battant contre le mal (chasseurs de démons, tueurs de vampires…). L’un d’entre eux étant pendant ce temps l’Observateur de La Tueuse actuelle, qui lutte dans le lieu où l’activité du Mal est la plus grande. L’Observateur est le mentor de la Tueuse, son père spirituel, expert en démonologie, en magie, en combat, qui veille sur son élève, jusqu’à l’inévitable mort (violente) de cette dernière. Cette « mécanique » fonctionna durant des siècles, jusqu’en 1995. Cette année-là, Buffy Summers intégra le lycée Hemery de Los Angeles, mais fut accostée par Merrick, un Observateur qui lui révéla son destin de Tueuse. A la fin de l’année scolaire, Merrick périt assassiné, et Buffy incendia tout son lycée devenu un repaire de vampires avant de déménager avec sa mère Joyce (divorcée de son mari Hank). Ces derniers événements sont relatés dans le film de 1992. Mais les Tueuses ne peuvent échapper à leur devoir, et les Puissances Supérieures la « dirigèrent » à son insu vers le nouvel épicentre du mal : Sunnydale, petite ville de Californie. La série commence en automne 1996. Buffy (Sarah Michelle Gellar) intègre le lycée de Sunnydale. Elle fait la connaissance de Rupert Giles (Anthony Stewart Head), bibliothécaire de l’établissement, et son nouvel Observateur. Mais dès le premier épisode, elle entraîne involontairement dans sa croisade deux condisciples : Alexander Harris (Nicholas Brendon), et l’amie d’enfance de ce dernier : Willow Rosenberg (Alyson Hannigan). Ces derniers, bien que sans pouvoirs magiques, choisiront désormais de lier leur destin à celui de leur amie : pour la première fois, une Tueuse ne combat plus seule. En plus de se frotter aux monstres habituels, ils devront également lutter contre des méchants particulièrement coriaces. Ce quatuor constitue le cœur de la série, bien que d’autres alliés viendront et partiront tour à tour du gang, comme Cordélia Chase, la peste-en-chef du lycée (Charisma Carpenter), un mystérieux inconnu en noir nommé Angel (David Boreanaz), etc. II. Genèse Né dans une famille de scénaristes, Joss Whedon suit à son tour à cette voie. Passionné de Super-Héros et de films d’horreur, il remarque un cliché revenant dans beaucoup de ces films : celui de la jeune fille (blonde de préférence) se promenant seule dans la nuit, et se faisant attaquer par un monstre qui la transforme en confettis. Whedon, féministe convaincu, a alors une idée : que se passerait-il s’il inversait ce cliché, et si c’était la blonde qui bottait le cul du méchant ? De cette idée originale, Whedon écrivit un scénario baptisé Buffy the vampire slayer. Mais à Hollywood, un scénariste n’a aucun pouvoir sur le tournage d’un film, et les studios de production, la réalisatrice, et même les acteurs, réécrivirent largement le scénario, transformant une comédie dramatique intelligente en farce vulgaire pour adolescents décérébrés. Sans surprise, le film, sorti en 1992, sera un échec cuisant. Whedon, dégoûté, renia le film, et abandonna son idée. Mais en 1996, un producteur, convaincu du réel potentiel de Buffy, proposa à Whedon d’en faire une série télévisée, et où il serait le maître à bord. Whedon accepta, et présenta un pilote qui convainquit les dirigeants de la chaîne The WB. Le relatif succès du pilote encouragea la chaîne à commander une saison entière. Buffy the vampire slayer est née. Malgré un démarrage en demi-teinte, l’audience répondit à l’appel et la série devint un succès critique et public unanime. Quand elle s’acheva en pleine gloire en 7e saison, elle était devenue un phénomène international. Comme souvent, quelques séries tentèrent de profiter de ce renouveau Fantastique déjà amorcé par les X-Files (bien connus du Joss), mais seule la Charmed de Constance M. Burge parvint à fournir un semblant d’alternative ; Charmed n’est toutefois qu’une série mineure, peu ambitieuse, souffrant de la patte du producteur Aaron Spelling (spécialiste des divertissements niais, au mieux sucrés), bien que très divertissante et amusante. III Le succès de la série 1. Le style Whedon La série doit sa popularité en grande partie au « style Whedon ». En effet, Joss Whedon est renommé pour écrire des scénarios qui embrassent des gammes d’émotions très diverses. Au sein d’un même épisode, il est fréquent que l’on rit, tremble, s’émeuve, s’attendrisse, que l’on soit surpris, et sous tension (et parfois le tout simultanément). Cette richesse d’émotions que ressent le spectateur en seulement 42 minutes est typique du créateur. Whedon est encensé également pour la grande qualité de ses dialogues, pleins de sève, rythmés, claquants, enlevés, très spirituels. La virtuosité est permanente. Geek assumé, Whedon assure dans chacune de ses productions de multiples références ou détournements des codes de la pop culture, l’occasion souvent de multiples bouffées d’humour. Buffy contre les vampires a grâce à lui une identité multiple : série Fantastique, d’horreur, comique, dramatique, romantique, philosophique, de mœurs… Les talentueuses équipes de scénaristes de Whedon se montreront suffisamment douées pour adopter son style, sous son attentive supervision, bien que chaque auteur laisse poindre son individualité derrière chaque script. Il est généralement aisé de reconnaître quel auteur se cache derrière un épisode. Ainsi, un épisode à dominante burlesque est souvent de la main de Jane Espenson, un épisode à forte teneur émotionnelle est généralement du fait de Marti Noxon, Douglas Petrie est le roi des épisodes psychologiques, tandis que l’adrénaline à fond les manettes est une spécialité de Steven S. DeKnight, etc. Les différents metteurs en scène se montreront également d’un savoir-faire exaltant (James A. Contner, Marita Grabiak, David Grossman… mais aussi Whedon lui-même). Suivant les pas du grand Rod Serling, dont la série La Quatrième Dimension se servait de la Science-Fiction comme un prétexte pour développer des réflexions sur les plus grandes tares de l’humanité, Whedon se sert pareillement du Fantastique comme métaphores des thèmes qui lui tient le plus à cœur : l’éthique (principalement le rapport au pouvoir), la perte de l’innocence originelle, ou les relations humaines (l’amour et l’amitié ainsi que leurs différentes acceptions en première ligne). Sous le divertissement assumé, demeure toujours une réflexion, parfois d’une profondeur immense, sur des thèmes forts. Serling se montre souvent pessimiste là où Whedon pointe cependant une certaine foi en ses semblables en dépit de leurs défauts qu’il ne masque aucunement, parfois jusqu’à l’insoutenable. Les vampires et autres démons, bien que formant un univers dense et richement développé, sont présents autant par leur valeur dramatique que par le miroir de la société humaine qu’ils renvoient. Cela a valu à la série de détenir le record du plus grand nombre d’études à lui être consacrée. Cette fusion entre le fond et la forme atteindra son climax dans cinq épisodes mythiques de la série, renommés y compris en-dehors du cercle de fans : Un silence de mort (saison 4), se prive des dialogues pendant les 2/3 de l’épisode tout en réfléchissant sur les forces et les insuffisances du langage verbal. Cauchemar (saison 4) expose la psyché humaine via un voyage onirique au ton très Lynchien. Orphelines (saison 5), considéré comme un des plus grands épisodes toutes séries confondues, est une approche hyperréaliste et inédite du traitement du deuil. Que le spectacle commence ! (saison 6) est depuis sa diffusion le modèle de l’épisode comédie musicale, souvent copié, jamais égalé, hymne à la musique, moteur de nos vies. Enfin, A la dérive (saison 6) tourne autour de la notion du Réel via une mise en abyme particulièrement audacieuse et vertigineuse. 2. Des personnages attachants et complexes Depuis le début de l’ère de la télévision américaine moderne (fin des années 70), le centre de gravité de la série télé est moins les scénarios que les personnages, et leur évolution continue. Buffy n’échappe pas à cette règle d’or, d’autant plus qu’un des axes fondateurs de la série est l’apprentissage de la maturité. Le degré de lecture le plus évident est le passage de l’adolescence à la vie d’adulte du cercle des héros, en majorité des adolescents. Mais c’est à un degré plus général un apprentissage de la sagesse et de la responsabilité, donc propre à chaque être humain. Le public ne s’y est pas trompé, la série ayant rassemblé autant les adultes que les plus jeunes. Malgré ce que le titre peut faire penser, la série traite avec une complète égalité ses personnages. Bien que Buffy demeure la figure de proue, la série montre sans équivoque que ses alliés lui apportent une aide sans laquelle elle échouerait, mais aussi l’empêchent de sombrer dans la déshumanisation et la solitude. Leader rayonnante et lumineuse, Buffy n’en est pas moins un être avec ses défauts et ses erreurs, et peut être saisie par des bouffées de noirceur ou de découragement, expérience que chacun de ses amis et alliés connaîtra à diverses intensités (avec un climax en saison 6). En traitant les personnages sur un pied d’égalité, la série autorise le spectateur à être solidaire envers chacun d’entre eux. La diversité de leurs caractères est suffisamment soulignée pour que le groupe d’alliés dessine un microcosme précis du genre humain dans lequel chacun peut s’identifier. Whedon connaît la priorité n° 1 d’un conteur d’histoires : les personnages. Généralement, Whedon n’écrit jamais un personnage, même secondaire, sans le doter d’une personnalité propre, profonde, complexe. Les méchants sont à peu d’exceptions près, de délectables Némésis, qui respectent la maxime Hitchcockienne : plus réussi est le méchant, plus réussi sera le film. Buffy contre les vampires est - malgré ses faces sombres - une série très lumineuse, portée par la fougue de son personnage principal. La psychologie des personnages est brillamment dessinée, chacun possède une kyrielle de couches psychologiques, parfois semblant contradictoires, comme l’est tout être humain : une peste peut faire montre de courage, la personne la plus douce du groupe peut libérer une violence noire destructrice, un serviteur du mal peut montrer des fêlures abyssales… Quand un épisode de Buffy démarre, absolument tout peut arriver, de l’apocalypse au gros burlesque en passant par l’effroi. Quant aux interactions des personnages, que ce soit dans les relations amoureuses (et particulièrement la face enténébrée de l’amour), les amitiés puissantes, ou les liens familiaux, la série proposera toujours des histoires originales et émouvantes. Il est impossible de ne pas aimer ce groupe d’héros attachants et émouvants par leur force d’âme jusque dans leurs défauts. Comme tout humain, ils évoluent, et jamais sans douleur. La série propose aussi une étonnante évolution psychologique de chacun, donnant à chaque saison son identité différente. Supportés par un casting enthousiaste à jouer des personnages dont ils découvrent à chaque épisode de nouvelles facettes, l’interprétation est une grande valeur ajoutée du show. 3. L’architecture de la série - A propos du film S’inspirant des X-Files (qui suivirent eux-mêmes les traces de séries précurseures comme Clair de Lune ou Seinfeld), Buffy est une série mélangeant épisodes indépendants et Mythologie (1 par saison, contrairement aux X-Files). Buffy et ses amis affrontent à chaque épisode une nouvelle menace tout en luttant contre un « Big Bad », un méchant de première catégorie qu’ils combattent durant toute la saison jusqu’à la victoire finale. Ce mélange permet de fidéliser un public tout en ouvrant la porte pour recevoir de nouveaux fans en cours de route sans qu’ils soient perdus. La seule relative exception étant la saison 7, plus feuilletonesque que les précédentes. Enfin, même si des cross-overs (plutôt rares) surviennent avec la série dérivée Angel, il est possible de regarder la série sans regarder son spin-off, et profiter du spectacle en ignorant les références. Le film de 1992 étant considéré comme non-canonique, il n’est pas nécessaire de regarder cet énorme nanar avant de commencer la série. Toutefois, si vous avez mis Nanarland.com en favoris (où il est d’ailleurs chroniqué), ou si vous êtes un puriste, vous pouvez le voir, les événements du film n’entrant pas en contradiction avec la série, hormis bien sûr le changement d’acteurs. En 2009, Joe Bennett et Dan Brereton écrivirent un comics : Saison 1 : Origines - Buffy contre les vampires d’après le scénario original de Whedon pour le film tel qu’il le voyait dans son esprit. A la différence du film, cette BD est canonique. Bien entendu, elle n’est pas indispensable pour comprendre la série que vous pouvez regarder immédiatement. IV Influence de la série L’influence de Buffy contre les Vampires va s’étendre bien au-delà de ce que connait habituellement une série télévisée. La série aura ainsi grandement inspiré son domaine propre, les séries Fantastiques ou relevant de la Science-fiction, mais aura aussi profondément et durablement marqué la culture populaire, tout en servant de sujet à un nombre particulièrement élevé d’études universitaires ou sociologiques. 1. Influence sur les séries télévisées A l’instar des X-Files de Chris Carter, Buffy contre les Vampires voit son style narratif être intégré par de nombreux showrunners et auteurs qu’elle aura marqué. Son mélange particulier d’humour et d’horreur, sa vision d’un monde surnaturel entremêlé avec le notre, sa découpe en saisons organisées sur un fil rouge et se concluant par un spectaculaire affrontement avec le Big Bad du moment, son importance accordée aux interactions entre personnages réguliers et à la caractérisation de ceux-ci va devenir un repère pour les productions lui succédant et relevant du même domaine. Des séries SF/Fantastiques ont ainsi désormais régulièrement des protagonistes féminins (Sanctuary, Haven, Once Upon A Time, Continuum…), ce qui était rarissime auparavant. On développera comme exemple deux séries particulièrement marquantes, situées à cheval sur les années 2000 et 2010. En 2005, deux ans après l’arrêt de Buffy, la BBC lance une nouvelle version de sa série télévisée au particulièrement long cours, Doctor Who (1963). Or, si la série conserve ses fondamentaux, pour nombre d’entre elles, les modifications apportées au Doctor Who classique apparaissent s’inspirer de l’œuvre de Joss Whedon. Les Compagnons se voient ainsi dotés d’un environnement familial ou amoureux bien plus développé et évolutif que par le passé, où seule la relation avec le Docteur était réellement installée. Le sentiment amoureux est désormais également davantage intégré, même si certaines limites perdurent. Le jargon SF s’amenuise tandis que les références à la culture pop se multiplient dans les dialogues. Les relations entre le Docteur et ses Compagnons sont désormais nettement moins hiérarchisées que par le passé. Les jeunes femmes ont des caractères plus forts et participent davantage à l’action. Des thématiques sociétales et contemporaines se voient également introduites via la métaphore du récit. Le nouveau Doctor Who tourne également le dos à sa structure narrative originale, à mi-chemin entre série et feuilleton (longues histoires fracturées en épisodes) pour en venir à celui des saisons avec fil rouge autour d’un Big Bad et grand finale à la clef. Supernatural, également introduite en 2005, manifeste également une grande influence de Buffy, série dont elle a invité nombre d’acteurs (James Marsters, Charisma Carpenter. Mercedes Mc Nab, Amber Benson…). Leurs deux héros détournent les clichés des Rednecks en jean pas futés, de même que Buffy prenait à contre pied ceux sur les demoiselles blondes en péril. Dans les deux cas le Destin les poussera à se transcender pour éviter l’Apocalypse. Les protagonistes sont certes masculins, d’où une tonalité plus sombre et rude. Le relationnel joue néanmoins pareillement un grand rôle, entre les deux frères, mais aussi avec les alliés rencontrés à plusieurs reprises au cours de leurs voyages. Le bestiaire reste différent, mais les structures narratives convergent, avec des saisons pareillement organisées autour de la lutte contre des Big Bads, en alternance avec les monstres de la semaine des épisodes isolés. Les dialogues des deux séries s’enrichissent identiquement de multiples références à la Culture populaire. La musique et les chansons se voient pareillement accorder une grande importance. 2. Influence sur la culture populaire et les études universitaires Le succès durable de Buffy contre les Vampires aura fait cette série ayant puisé dans les références de la pop culture l’une des icônes de celle-ci. Alors qu’elle est toujours aussi populaire aussi bien dans le grand public que les geeks, Buffy se voit ainsi à son tour référencée dans de multiples autres productions. C’est le cas aussi bien pour les séries télévisées (Eureka, Xena, Farscape, True Blood, How I Met Your Mother, Smallville, Torchwood…) que pour les films, les Comics ou les jeux vidéos. Une communauté active demeure présente sur Internet, où l’on trouve encore régulièrement de nouvelles analyses d’épisodes et de la série elle-même. La hausse de la qualité et de l’ambition des séries télévisées au cours des années 90 et 2000, ainsi que leur approche accrue eu monde réel, ont suscité une hausse des études universitaires les analysant comme des miroirs de nos sociétés, principalement aux Etats-Unis et e France. Buffy contre les Vampires est devenue l’une des figures de proue de ce mouvement, au point que le terme Buffy Studies s’est installé pour désigner ces études aux domaines très variés (sociologie, philosophie, études des genres…). Et maintenant, embarquons pour un grand voyage dans les contrées fantastiques du Buffyverse ! |