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PrésentationLes deux tours

Saga Tolkien au Cinéma

Le Seigneur des anneaux : La Communauté de l'anneau (2001)


 LE SEIGNEUR DES ANNEAUX : LA COMMUNAUTÉ DE L'ANNEAU
(THE LORD OF THE RINGS : THE FELLOWSHIP OF THE RING)

classe 4

Résumé :

Dans l’héritage que lui a laissé son oncle Bilbon, Frodon Sacquet, jeune Hobbit, trouve un anneau. Mais il s’agit de l’Anneau Unique, autrefois forgé par Sauron, seigneur du Mordor, pour asservir tous les peuples de la Terre du Milieu. Alors que rien ne l’y préparait, mais accompagnés de ses amis, Frodon devient le Porteur de l’Anneau et s’engage dans une quête incertaine et dangereuse.

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Critique :

« Vous êtes le Porteur de l’Anneau. Et porter l’Anneau signifie être seul »

Galadriel 

Un maître film pour la plus grande histoire de tous les temps. Rien de moins que la mise en image de cette fresque gigantesque conçue par Tolkien pour être la mythologie de l’Angleterre.

L’ouverture est impressionnante avec la bataille qui permit aux Elfes et aux Hommes de vaincre Sauron. Suit une brève histoire de l’anneau de pouvoir, « le Maître Anneau » jusqu’à notre entrée chez un Hobbit, Bilbon, qui écrit ses Mémoires : Histoire d’un aller et retour. C’est la préparation de son 111ème anniversaire et tout le pays, la Comté, se prépare activement. Le neveu de Bilbon, Frodon, accueille chaleureusement, un « magicien », Gandalf, connu pour ses feux d’artifice extraordinaires. Il n’est pas inutile que Peter Jackson s’attarde sur ce prologue car c’est aussi ce que fait Tolkien dans le premier volume. La Comté est une métaphore de l’Angleterre rurale, traditionnelle, travailleuse et solidaire. Notez qu’on n’y voit aucune machine en dehors des outils de bricolage et d’artisanat. La première note de gravité, c’est le projet de départ de Bilbon. Départ qui se réalise d’abord par une disparition brusque alors qu’il discourait ! Astuce rendue possible par l’usage d’un anneau doré dont Bilbon a bien du mal à se séparer. Ian Holm incarne la bonté même, un (semi) homme qui aime la vie et son confort mais qui a un bref accès de méchanceté quand Gandalf insiste pour qu’il abandonne le bijou. Un bijou qui se révèle être l’Unique ! Lequel appelle certainement son maître. Ian McKellen est épatant en Gandalf. Il est à la fois crédible dans les moments paisibles à fumer et dans les moments où soudain il s’active et déploie une activité prodigieuse. Son autorité ne fait aucun doute ! Si Gandalf à l’aspect d’un vieil homme, Ian McKellen montre qu’il est très loin de la sénilité !! Frodon doit quitter la Comté accompagné de Sam Gabegie, un ami qui a été trop curieux. Bientôt, deux autres Hobbits, Merry et Pippin, deux clowns vont se trouver embarqué dans une aventure qui les dépasse mais où ils ne manqueront de figurer en bonne place.

Gandalf va demander conseil au supérieur de l’ordre des magiciens, Saroumane, en sa demeure de l’Isengard. Profitez du caractère bucolique de l’endroit, ça ne va pas durer ! Le magicien porte du blanc mais son âme est noire. Saroumane est devenu un traître par fascination pour son objet d’étude, le Mal. Le regard fixe de Christopher Lee est terrifiant et, dans le duel avec Ian McKellen, c’est lui qui a le dessus. L’Isengard va lever une armée pour le Mordor et l’on voit le bel endroit se faire éventrer, les arbres massacrés (détail qui aura son importance) et des forges infernales se mettent en branle. C’est une vision apocalyptique que nous présente Peter Jackson et Christopher Lee était l’interprète idéal pour incarner ce magicien dévoyé. Il règne sur ce carnage avec l’assurance d’un dictateur et une arrogance royale. Pour les acteurs manquant de charisme, prendre modèle sur lui. Cette vision de l’Isengard est aussi la métaphore et la dénonciation violente de l’industrialisation par Tolkien. Idem pour la création des Hourouk-Haï qui sont des êtres maudits puisqu’ils ne sont pas naturels mais sont le produit impur de transformations scandaleuses. Qu’ils soient issus de la glaise renvoie également à la légendaire figure du Golem.

La menace est très sérieuse mais les Hobbits sont des êtres innocents puisqu’ils vivent dans un monde bucolique, quasi-édénique et Merry parle trop. Pour échapper à une foule curieuse à l’auberge de Bree, Frodon passe l’anneau et disparaît. S’ensuit une séquence quasi-onirique au terme de laquelle il est mis à l’abri par « Grand-Pas », un Rôdeur. Car les esprits servants de l’Anneau, les Cavaliers noirs, de leur vrai nom de Nazguls, sont sur leurs traces. Donner corps à des fantômes effrayants à demi consistants était difficile mais c’est réussi et l’ambiance créée autour de ces êtres déchus, corrompus par le pouvoir (image très biblique) est proprement infernale. 

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L’innocence des Hobbits manque de les conduire à leur perte car un feu attire les Nazguls et Frodon est grièvement blessé, empoisonné par la lame du Roi-Sorcier. C’est alors que survient Arwen, fille du seigneur elfique Elrond, et qui va emmener Frodon à Fondcombe pour le soigner. Sa chevauchée sous la menace des Cavaliers est une séquence extrêmement dynamique mais très fluide et la musique héroïque, on dirait du Wagner ! Sans faute complet pour l’orchestration. Le franchissement de la rivière puis l’invocation des esprits de celle-ci pour emporter les Nazguls sont des moments forts et qui marque grâce à l’implication de Liv Tyler qui réussit son entrée. Son image, d’abord éthérée comme le sont celles des Elfes, manière de rappeler qu’ils ne sont pas des êtres ordinaires, se précise alors qu’elle chevauche et son émotion quand Frodon défaille est vivement ressentie.

Frodon survit et les retrouvailles entre Hobbits (y compris Bilbon) sont un joyeux moment. Fondcombe est aussi le lieu de la romance entre « Grand-Pas » et Arwen. Ces moments, chaleureux et tendres, sont à savourer car au Conseil d’Elrond se décide la marche à suivre. Il faut détruire l’Anneau Unique et le seul endroit où l’on peut le faire, c’est là où il a été forgé, la Montagne du Destin au Mordor ! La description que l’on nous en donne est horrible ! Le Mordor n’est pas un lieu « réaliste » mais c’est l’image de l’enfer sur terre. Au terme d’un passage confus, Frodon s’affirme porteur de l’Anneau. Il sera accompagné de Gandalf, de « Grand-Pas » alias Aragorn – descendant des anciens rois–, de Boromir du Gondor, de l’Elfe Legolas et du Nain Gimli. Plus des trois autres Hobbits !

Les paysages que traversent la Communauté, en plus de ceux qui nous ont déjà été présentés, sont magnifiques et il n’est pas étonnant que le secteur touristique de Nouvelle-Zélande ait pleinement profité du succès du film (et des suivants) ! Pour échapper à Saroumane, ils tentent de passer par les montagnes. Mais c’est impossible : tempête de neige (qui ensevelit les Hobbits !), vents violents, rien ne manque ! Le film en rajoute avec la voix de Saroumane qui commande une avalanche. Passage inutile mais qui s’appuie sur un chapitre clé du roman Les Deux Tours, concernant les charmes de la voix du magicien. La dangerosité du moment est soulignée par le commentaire en voix off de Saroumane qui annonce le prochain danger. Le franchissement est un échec ; comme l’écrit Tolkien « Le Caradhras les avait vaincus ». Comme l’a annoncé Saroumane, le seul autre chemin, ce sont les Mines de la Moria, royaume nain. Mais c’est un tombeau dans lequel ils entrent ! L’architecture de la Moria est magnifique, massive, monumentale mais menaçante. Le passage vers le pont de Khazad-Dûm est à proprement parler une architecture de Piranèse, c’est effroyable !! Mais, trêve de contemplation, une bêtise de Pippin amène une armée de Gobelins ! Des êtres répugnants à la peau verdâtre, aux yeux jaunes globuleux et aux dents gâtées. Une méchanceté faite chair. Sauf qu’il y a pire que des Gobelins, un Balrog !!! Une créature de l’ancien monde, une ombre entourée de flammes. « Les Nains ont creusé trop profond et avec trop d’avidité » avait onctueusement prévenu Saroumane. Dans une séquence magnifique où le charisme de Ian McKellen éclate, où les effets spéciaux sont plus que réussis, le monstre est détruit mais il entraîne Gandalf avec lui dans sa chute.

Après ces moments très éprouvants, la Communauté peut reprendre des forces en Lorien, dont la Dame se nomme Galadriel. La Lorien fait partie des loca amoena ; les « lieux agréables » où les aventuriers peuvent se reposer. Ils sont notamment issus de la tradition celtique. Parenthèse dans un récit d’errance, ils distillent un sentiment de paix. Tout d’abord, on appréciera l’architecture fine, presque cristalline du royaume elfique. Ensuite, incarnée par Cate Blanchett majestueuse, Galadriel est un des plus beaux personnages féminins du cinéma. Dans l’œuvre originale, c’est d’ailleurs le seul personnage féminin d’importance. Avec raison, le réalisateur insiste sur les yeux bleus glaciers de l’actrice. Son regard sera un élément important de cette séquence. Lointain quand elle semble deviser du futur telle une devineresse, proche quand elle sait faire montre d’empathie voire d’humour (brève mais touchante séquence avec Gimli, un des rares rires du film qui ne soit pas le fait d’un Hobbit), il se fait moqueur voire ironique quand elle confronte Frodon à son Miroir d’eau. En réponse, il lui offre l’Anneau ! Stupéfaite, Galadriel est tentée de le prendre mais résiste et se reprend. Elle a réussi une épreuve que peu de gens aurait su accomplir. Cate Blanchett montre là la force et la grandeur d’âme de Galadriel, sans esquiver son pouvoir de séduction.

Cette brève halte sera la dernière. Saroumane a lâché ses Hourouk-Haï et ils tombent sur une Communauté qui se disloquait. Incapable de se contenir plus longtemps, parce que désireux de sauver sa cité de Minas Tirith dont il a fait une description très émouvante, Boromir agresse Frodon pour lui prendre l’Anneau. Il échoue mais fait fuir le Hobbit. Boromir aura l’occasion de laver son honneur en mourant bravement sur le champ de bataille. C’est une séquence très forte émotionnellement que de voir Sean Bean, atteint une fois, deux fois, par des flèches, de se relever pour se battre, puis une troisième, fatale.

Gandalf disparu, Boromir mort (mais ses dernières paroles à Aragorn sont émouvantes et symboliques : « Je vous aurai suivi mon frère, mon capitaine, mon Roi »), Merry et Pippin aux mains des Hourouk-Haï, Frodon et Sam partis seuls pour le Mordor, « la Communauté a failli » dit sinistrement Gimli mais Aragorn refuse de baisser les bras. Pas tant qu’ils n’auront pas sauvé les deux Hobbits.

Anecdotes :

  • Sortie US et Sortie France : 19 novembre 2001 Sortie Nouvelle-Zélande : 20 novembre 2001

  • Le film a coûté 109 millions $ et en a rapporté 869.

  • Le titre des Mémoires de Bilbon renvoie au roman Le Hobbit mais c’était aussi le premier titre du diptyque (devenu trilogie) tiré de cet ouvrage publié en 1936. La formule de Gandalf « l’incident avec le dragon » s’y rapporte directement mais fait plutôt figure d’euphémisme !

  • Les Hobbits font sept repas par jour ! Deux petits déjeuners, une collation à 11 H, le déjeuner, le goûter, le dîner et le souper !

  • Ainsi que le rapporte Saroumane, les Orques sont à la base des Elfes atrocement mutilés et torturés (voir Le Silmarillion).

  • Il y a plusieurs Balrogs dans l’œuvre de Tolkien. On les retrouve dans « La chute de Gondolin » (Le livre des contes perdus) et dans Le Silmarillion. Ce sont les principaux serviteurs de Morgoth, l’Adversaire du Deuxième Age. Le balrog figure dans un cauchemar de Lovecraft.

  • Le film a remporté 4 Oscars (meilleure musique de film, meilleure photographie, meilleur maquillage, meilleurs effets visuels), 4 BAFTA (dont meilleur film et meilleur réalisateur)

  • Il est classé par l’American Film Institute dans les 100 meilleurs films américains et le 2ème meilleur en fantasy (le 1er étant Le Magicien d’Oz de Victor Fleming)

  • Sean Connery et Patrick Stewart ont décliné le rôle de Gandalf. Stuart Townsend devait interpréter Aragorn mais Peter Jackson l’a finalement trouvé trop jeune. Viggo Mortensen fut contacté au dernier moment et accepta le rôle sur l’insistance de son fils qui avait adoré les romans.

  • Christopher Lee, qui avait rencontré Tolkien, avait auditionné pour le rôle de Gandalf avant de se voir attribué celui de Saroumane. Les cascades effectuées par Gandalf ont contraint Christopher Lee, trop âgé (78 ans), à renoncer à son désir initial. Une satisfaction pour Peter Jackson, qui ne voyait que lui pour interpréter Saroumane.

  • Le tournage en Nouvelle-Zélande se déroula durant quatorze mois.

  • Peter Jackson a l'habitude de faire une petite apparition clin d'œil dans chacun de ses films. Ainsi, dans La Communauté de l'anneau, on l'aperçoit furtivement dans le rôle d'un habitant du village de Bree.

  • Durant le tournage du Peter Jackson a donné un surnom bien particulier aux quatre acteurs qui incarnent les Hobbits. Grand fan des Beatles, il leur a en effet donné à chacun le nom de l'un des membres du groupe ! Pour l'anniversaire de Peter Jackson, les quatre acteurs lui ont rendu la pareille en lui offrant une photo d'eux déguisés en Beatles !

  • Le premier montage de La Communauté de l'anneau durait environ cinq heures ! Peter Jackson dut donc se résoudre à de nombreuses coupes et décida de recentrer l'histoire sur la quête de Frodon. La durée du film fut ainsi réduite à un peu moins de trois heures. Une version longue du film, proposée en DVD, comporte près de trente minutes de scènes supplémentaires

  • Effrayé par la perspective de reprendre l'hélicoptère après un premier voyage mouvementé, Sean Bean, interprète de Boromir, refusa de remonter dans l'un des appareils nécessaires pour transporter les comédiens sur un lieu de tournage inaccessible. Il prit donc sa voiture et termina le trajet à pied, escaladant deux heures durant les collines pour rejoindre ses partenaires !

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