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Big Eyes (2014)Dumbo

Saga Tim Burton

Miss Peregrine et les enfants particuliers (2016)


MISS PEREGRINE ET LES ENFANTS PARTICULIERS
(MISS PEREGRINE'S HOME FOR PECULIAR CHILDREN)

Résumé :

Autrefois, le grand-père de Jake lui racontait des histoires parlant d’un foyer pour des « enfants particuliers » sous l’autorité de Miss Peregrine. Plus tard, Jake a rejeté ces histoires mais la mort de son grand-père dans des circonstances étranges le pousse à se rendre au Pays de Galles où tout se serait passé. Et il rencontre effectivement Miss Peregrine et les enfants particuliers ! D’ailleurs, lui-même en est un ; ce qui va leur être particulièrement utile..

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Critique :

Un grand film où la patte de Tim Burton transforme une recherche de deuil en célébration de la vie, en ode à la différence. « Beaucoup de gens se sentent étrange » dit justement le réalisateur, en s’incluant dans le lot. Il leur donne à tous un miroir et un espoir. 

Bien que l’histoire ne soit pas une création originale de Burton, le grand réalisateur en a fait son œuvre par l’emploi de thèmes, de séquences, de marqueurs « burtonien ». Cela commence par l’ouverture en Floride (mais ce pourrait être n’importe où) avec cette architecture urbaine qui le répugne ; avec ces parents qui ne comprennent rien à leur enfant et l’emmène chez le psy plutôt que de l’écouter (que ce soit le père qui soit particulièrement visé n’est pas un hasard non plus) mais également dans l’architecture du foyer qui paraît issu d’un conte de fée (alors que le bâtiment existe bel et bien), la présence d’une fête foraine, plusieurs séquences horrifiques et bien entendu la mise en présence de deux mondes, le soi-disant « réel » qui est à périr d’ennui et le soi-disant « imaginaire » bien plus chaleureux.

Le film s’articule en deux parties encadrées par une introduction et une conclusion. L’introduction présente Jack, son grand-père (interprétation sensible, pleine de classe et de tendresse de Terence Stamp, que Burton retrouve après Big Eyes) et insiste sur l’ancienne proximité entre eux qui n’a pas totalement disparu. Elle prend fin avec le départ de Jack pour le Pays de Galles. Symboliquement, on retrouvera le même duo pour la conclusion. La boucle (temporelle) sera bouclée.

La première partie est une présentation de Miss Peregrine et des Enfants particuliers avec visite du foyer. Faite sous une belle lumière diurne, cette séquence est édénique et culmine avec le renouvellement de la boucle temporelle qui les protège tous. S’y ajoute le point noir que les enfants ne peuvent sortir de la boucle sous peine d’être rattrapé par le temps qui a passé. Nous sommes en effet en 1943 ! A cette première partie s’ajoute la scène dans l’épave (très beau décor sous-marin avec une pincée de macabre) entre Jack et Emma dans une optique clairement romantique mais empêchée par la différence des époques. C’est là aussi que Jack découvre sa particularité : il peut voir les monstres.

C’est là la seconde partie : il existe une menace contre les enfants particuliers et elle vient de « particuliers malfaisants » appelés Sépulcreux menés par un certain Barron à qui Samuel L. Jackson donne un allant particulièrement menaçant, classieux mais dangereux.  La lutte contre eux, qui culmine lors de la fête foraine, est le moment noir, plein d’action où Jack se révèle, surmonte la peur qui l’habitait, fait montre d’inventivité (d’imagination) et sauve à la fois les enfants et Miss Peregrine.

Pour donner corps à ce monde, Tim Burton a fait appel pour la seconde fois à Éva Green qui campe fièrement Miss Peregrine et lui donne à la fois belle allure, autorité et amour pour les enfants dont elle a la garde. Même fumer la pipe, elle le fait avec une élégance aristocratique qui colle tout à fait avec le cadre et le personnage. Tim Burton définissait le personnage comme une « Mary Poppins effrayante » ! Ella Purnell incarne Emma avec délicatesse, beaucoup de sensibilité mais aucune sensiblerie. Asa Butterfield manque un peu de personnalité et de charisme pour pleinement faire ressortir toute la gamme d’émotions par lesquelles passe Jack. Mais il se défend plutôt bien et est très crédible lorsqu’il commande la bataille et face à un Samuel L. Jackson qui se régale à jouer une ordure de la plus belle eau.

L’histoire se passe en 1943, une époque particulièrement tragique, et, du coup, certains éléments résonnent différemment. Ainsi les « enfants particuliers » ne pourraient-ils pas être une référence aux enfants juifs que certains ont caché pendant la guerre (Miss Peregrine serait ainsi une Juste) ? Abe, le grand-père, vient de Pologne et a passé sa vie à traquer les « malfaisants » ; comme une métaphore de Simon Wiesenthal qui traqua les nazis à travers le monde. Le film pourrait donc se lire à la fois comme une allégorie et un conte de fée ; les deux enseignant que la réalité n’est pas forcément ce que l’on croit, que les monstres existent et que l’on peut triompher d’eux.

Anecdotes :

  • Sortie américaine : 30 septembre 2016 Sortie française : 5 octobre 2016

  • Scénario : Jane Goldman, d’après Miss Peregrine et les Enfants particuliers de Ransom Riggs.

  • Il y a plusieurs différences entre le roman et le film. Dans le roman, c’est Emma Bloom qui possède le pouvoir de générer du feu, et non Olive, qui elle est plus légère que l’air. Barron n’est par ailleurs qu’un second, un bras droit du véritable et principal antagoniste, à savoir Caul, frère de Miss Peregrine. On notera donc la difficulté liée à une éventuelle suite cinématographique. On note également que Peregrine Faucon (Peregrine étant ici le prénom) dans le livre devient Alma Peregrine (Peregrine étant le nom de famille) dans le film. Il y a également d’autres différences comme Millard et Miss Peregrine blessés, celle-ci ne pouvant plus reprendre forme humaine, ou l’arbalète utilisée par Miss Peregrine, absente dans le livre. La date dans le film est le 3 Septembre 1943. Dans le livre il s’agit du 3 Septembre 1940.

  • Le film fut tourné de février à juillet 2015 en Cornouailles, dans le Lancashire et à Tampa en Floride.

  • Le romancier Ramson Riggs fut invité sur le plateau et se montra enthousiaste, convaincu par les choix de Burton.

  • Le foyer se trouve en fait à Brasschaat, près d’Anvers en Belgique.

  • Helen Days (Miss Edwards) étant trapéziste, a effectué ses propres cascades.

  • Les squelettes sont inspirés de ceux de Ray Harryhausen dans Jason et les Argonautes.

  • La musique du film est composée par Mike Higham et Matthew Margeson. C’est l’un des rares films de Tim Burton où il ne collabore pas avec Danny Elfman.

  • Tim Burton fait un caméo lors de la fête foraine.

  • Asa Butterfield/Jack : acteur anglais, vu au cinéma dans Hugo Cabret (2011), La stratégie Ender (2013), Greed (2019) et à la télévision dans Merlin (2008-2009), Sex Education (2019-2020).

  • Ella Purnell/Emma Bloom : actrice anglaise née Ella Reid. Elle a joué dans Maléfique (2014), Churchill (2017), Army of the Dead (2020) et à la télévision dans Témoin indésirable (2018).

  • Samuel L. Jackson/Barron : acteur américain, parmi une longue carrière au cinéma, citons Un prince à New York (1988), Do the right thing (1989), Les Affranchis (1990), Jungle Fever (1991, Prix du meilleur second rôle au Festival de Cannes), Jeux de guerre (1992), Jurassic Park (1993), Pulp Fiction (1994, BAFTA du meilleur acteur dans un second rôle), Une journée en enfer (1995), Le droit de tuer ? (1996), Jackie Brown (1997), Star Wars (1999, 2002, 2005), L’Enfer du devoir (2000), Kill Bill vol. 2 (2004), La couleur du crime (2006), Cleaner (2008), Iron Man 2 (2010), Django Unchained (2012), Kingsman- Services secrets (2015), Les Huit salopards (2015), Kong : Skull Island (2017), Avengers : Endgame (2019).

  • Judi Dench/Miss Avocette : actrice britannique, qui a notamment tourné dans Le secret du docteur Whitset  (1964), Sherlock Holmes contre Jack L’Eventreur  (1965), Le songe d’une nuit d’été  (1968), Luther  (1973), Chambre avec vue  (1985, BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle), Henry V (1989), La dame de Windsor  (1997, BAFTA de la meilleure actrice), Shakespeare in love  (1998, Oscar et BAFTA de la meilleure actrice dans un second rôle), L’importance d’être constant  (2002), Orgueil et préjugés  (2005), J. Edgar  (2011), Confident royale  (2017). Elle est connue pour avoir tenu le rôle de M, supérieur de James Bond (1995-2012).

  • Biographie de Terence Stamp dans Big Eyes et d’Eva Green dans Dark Shadows.

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