Les Deux Visages du Docteur Jekyll (1960) Résumé : Chercheur obsédé par la double nature de l’homme, le docteur Jekyll teste sur lui une drogue qui libère un homme charmeur et dangereux, Mr Hyde. Jekyll tente de reprendre le contrôle. Critique : Une adaptation intéressante du célèbre roman de Stevenson mais, passé la bonne surprise de l’inversion (ici Hyde est un beau jeune homme et Jekyll un homme vieilli), le film ne développe pas grand-chose et compense par beaucoup de va et viens. Dommage car Fisher a bon œil. Les acteurs sont corrects, mais pas beaucoup plus. Évidemment que Jekyll va tester la drogue sur lui. C’était bien vu de le faire hésiter avant le saut fatidique car cela le fait entrer dans la dimension tragique. Habilement, Terence Fisher va filmer la transformation de face (tremblement, regard fixe) avec changement de musique mais le résultat est filmé d’abord de dos. C’est en passant sous une lumière que Jekyll se rend compte qu’il a pris les traits d’un bel homme. A l’issue d’une soirée dans un cabaret du demi-monde que Terence Fisher va se faire un plaisir de filmer sous tous les angles possibles avec une prédilection pour les numéros de danse, il a la première crise : il se parle à lui-même avec deux voix. Une façon habile de traiter le conflit intérieur et de le rendre visible. Tout le film va montrer le plan de Jekyll/Hyde pour se venger de sa femme et de Paul Allen. On aurait pu avoir une vision du Londres d’époque ou interlope. Quelques saynètes gentillettes sont censées nous le représenter. Mais, on ne parvient pas à s’y intéresser parce que les personnages sont sans relief. Jekyll est interprété par Paul Massie qui, pour le rôle, porte une fausse barbe plutôt criante. Il sera bien plus convainquant dans son interprétation de Hyde, notamment par la fixité de son regard très dérangeante mais complètement dans le rôle. Il n’empêche qu’il est très fade. Christopher Lee, de son côté, n’arrive pas à animer son personnage. C’est trop plat. En outre, Paul Allen est aussi peu attachant que Jekyll. A aucun moment, le spectateur ne s’intéresse vraiment à eux. C’est toute la différence avec Frankenstein où, malgré soi quelque part, on est aux côtés du machiavélique docteur parce que sa folie scientiste fascine. Jekyll est obsédé par son travail. Il n’est pas le premier ! Il manque clairement du grain de folie nécessaire. Il y a cependant une exception, Dawn Addams. Elle perpétue avec talent la tradition des jolies femmes de la Hammer. En plus, elle a un vrai rôle, sachant interpréter les différentes facettes de Kitty : épouse recevant une relation de son mari avec urbanité, coquette se laissant conter fleurette, amoureuse sincère. Elle est vraiment la carte maîtresse d’un film qui n’aurait pas eu grand intérêt sans elle. Elle est ainsi bouleversante quand Kitty se réveille en tenue de prostituée et découvre le corps de son amant. Le gros plan sur son visage rend compte du chagrin et de la détresse de cette femme. Avec une certaine cruauté, Fisher passe de la femme brisée à une salle joyeuse. Entre les deux, une verrière. La victoire de Hyde n’est pas une surprise mais elle est montrée d’une manière intéressante. Fisher la filme en se centrant sur la main qui écrit à la plume (nous sommes en 1874) et qui se met à trembler pour continuer à écrire d’une façon différente. Le procédé est habile et sera repris dans « Double identité » de Chapeau melon et bottes de cuir quelques années plus tard. Anecdotes :
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