Frankenstein et le monstre de l’enfer (1974) Résumé : Condamné pour « sorcellerie », parce qu’il suit les traces du docteur Frankenstein, le jeune médecin Simon Helder se retrouve enfermé dans un asile dont le médecin n’est autre que Frankenstein qui a pris le contrôle de l’établissement ! Simon offre son aide au savant pour réaliser sa dernière expérience. Critique : Cinquième volet de la saga réalisé par Terence Fisher (mais il existe deux autres Frankenstein « non canonique »), ce film n’a pas la flamboyance des précédents ni même leur originalité. De nombreux éléments sont ainsi repris des films précédents. A l’image de Peter Cushing, le baron paraît las, pour la première fois. C’est que la flamme s’est éteinte. Malgré tout, ce Monstre de l’enfer – le titre est d’un sensationnalisme ! – a plus de qualités que de défauts. Il y a certes de nombreux éléments déjà vu. Le vol de cadavre (Frankenstein s’est échappé), l’assistant volontaire (La revanche de Frankenstein), l’opération du cerveau et la prise de contrôle d’un lieu (Frankenstein créa la femme), les détails gore de l’opération (Le retour de Frankenstein) ; sans oublier la révolte finale de la Créature (qui ne manque pas de se regarder dans un miroir) présente dans tous ! Néanmoins, on peut aussi lire cela sous l’angle de la folie car la question est posée dans cet opus : Frankenstein est-il fou ? On peut se le demander depuis le premier film mais le final pose officieusement la question. Le regard de Peter Cushing mi-hagard mi-souriant interroge. Et quelle meilleure définition de la folie que celle qui consiste à dire que c’est refaire sans cesse la même chose en espérant un résultat différent ? A noter que le scénario de John Elder reprend l’idée d’accoupler le monstre et la jeune fille à James Whale. Frankenstein et le monstre de l’enfer dispose d’un élément que les autres n’ont pas : l’humour ! Certes, il est rare, noir et plutôt corsé. Mais pour la première fois, on voit Frankenstein rire ! C’est aussi surprenant que Dracula buvant du lait ! Ainsi, après l’opération du cerveau, trouve-t-il succulent de manger…des rognons ! Il y a cet échange qui ne manque pas de sel : « Êtes-vous malade ? – Peut-être bien. Je ne me suis jamais senti aussi bien » ! A mettre en relation avec la question supra. Il a aussi cet aphorisme qui lui va très bien : « Beaucoup d’hommes s’identifient à Dieu » car « Beaucoup d’hommes ont cette conception d’eux-mêmes » ! Or, Dieu n’est-il pas Créateur ? A l’instar de Frankenstein baptisé « Créateur d’homme » par Simon. Par ses recherches, Frankenstein pousse la science très loin, mais pose des questions qui doivent l’être et que nous pouvons toujours entendre (quel est le but de toute recherche ? est-ce parce que l’on peut faire que l’on doit faire ?). Plus qu’un créateur, il est un porteur de lumière. Terence Fisher n’a pas perdu la main même si la séquence de visite des patients au début du film est longuette. Il réussit des scènes très fortes comme Simon fouetté aux sangs avec la lance à incendie ou l’attaque de la Créature sur Simon (que celui qui ne sursaute pas lève la main !). Les différentes phases de l’opération sont réalisées avec patience (pour les nerfs du spectateur c’est plus dur !) et les détails ne nous sont pas épargnés ainsi qu’une façon de ligaturer les artères à déconseiller de voir si vous devez passer à table ensuite ! Côté décor, c’est éminemment austère à l’image du film tout entier. Pas de couleur chatoyante, pas de verdure : du gris, et beaucoup de rouge. Côté casting, Peter Cushing demeure impérial. L’acteur a certes vieilli et accuse physiquement le coup de la mort de son épouse en 1971. Quelque part, le scénario intègre la lassitude de l’acteur en la transposant partiellement chez son personnage mais quand il s’agit de montrer le Frankenstein cruel et manipulateur d’antan, l’acteur répond présent et réalise lui-même une scène de bagarre très réussie ! Shane Briant a plus d’allant que dans le pâle Capitaine Kronos. On croit davantage qu’il est médecin qu’on ne l’a cru vampire mais il n’a pas le charisme d’un Francis Matthews (La revanche de Frankenstein). Il joue cependant crânement son rôle et il parvient à exister aux côtés de Peter Cushing. A ses côtés, Madeline Smith est une Hammer’s Girl plutôt falote. Certes jolie (le critère de base chez la Hammer), elle n’a pas ici le sex appeal d’une Valérie Gaunt (Frankensetin s’est échappé) ni la grâce d’une Veronica Carlson (Le retour de Frankenstein). Longtemps muette, son rôle tient presque de la figuration même si elle est présente à toutes les scènes. Ce film a d’ailleurs la particularité d’être un peu choral dans la mesure où le trio Frankenstein/Simon/Sarah dispose d’un temps d’écran quasiment identique. Quant à savoir si Frankenstein apprendra de ses erreurs, et comprendra que sa tâche est prométhéenne, la réponse est donnée dans le premier opus et répété à chaque film. Par son obsession, Frankenstein a créé toute sa vie son propre enfer. Il a commencé dans un château et finit dans un asile. A l’image de l’Homme, Frankenstein ne s’arrêtera jamais de défier Dieu parce qu’il est un homme justement. Anecdotes :
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