Dracula 73 (1972) Résumé : En 1872, le comte Dracula est vaincu par Van Helsing. Un siècle plus tard, un de ses disciples le ramène à la vie pour qu’il accomplisse sa vengeance contre les Van Helsing. Critique : Dans la série des films qu’on n’aurait jamais dû filmer, cet opus pose sa candidature. Simpliste dans son intrigue, sans rapport avec la saga déjà tournée, parfois gore et violent gratuitement et souvent même ridicule, ce sixième opus des aventures du comte Dracula parviendrait presque à toucher le fond du cercueil. Seule la prestation convaincante de Peter Cushing le sauve du zéro pointé. La Hammer voulait « moderniser » le mythe. Elle n’a réussi qu’à le rendre grotesque. On peut comprendre ce qu’on dû ressentir les fans de Chapeau melon et bottes de cuir quand ils ont vu John Steed au Canada ! Des absurdités, on en a déjà vu mais une collection pareille, ça demeure prodigieux ! Et d’un, que vient faire cette histoire de l’année 1872 qui n’apparaît nulle part et relève du n’importe quoi ? Réponse : « justifier » de tourner un film en 1972. Les malédictions et les vengeances aiment bien les anniversaires. Et de deux, lorsque Van Helsing parle du pieu et dit que le retirer du cœur peut ranimer un vampire. Certes, mais est-ce que c’est censé marcher sur les tas de cendres ? Et de trois, Dracula – réduit en cendres – a été « enterré » dans un cimetière. Or, un cimetière, surtout proche d’une église fonctionnant en 1872, est un lieu consacré donc impropre pour un vampire ! Et de quatre, le vampire craindrait l’argent ! Pas les balles cependant mais c’est pas passé loin. Et de cinq, il ne supporte pas l’eau courante. Il ne peut franchir une étendue d’eau vive qu’à marée haute ou lorsque la mer est étale, nuance. La scène de la mort du disciple de Dracula bat tous les records de bêtises. Essayer de comprendre la généalogie des Van Helsing est également un morceau de bravoure car le scénario se contredit allègrement d’une scène à l’autre. Transposer Dracula en 1972 n’était pas forcément en soi une absurdité puisque le vampire se moque du temps qui passe. Par contre, le rendu est très mauvais. Non seulement, il y a un sentiment de décalage mais, surtout, Dracula ne se confronte pas au monde moderne. Il est claquemuré dans son église abandonnée et n’en sortira pas. Quel intérêt donc de faire venir le comte à cette époque ? Ah ! Oui ! Moderniser le mythe pour qu’il reste rentable et soit financé par un grand distributeur américain. Michael Carreras parvint à persuader Warner Bros de soutenir financièrement Dracula 72 ainsi qu’une suite contemporaine. Van Helsing, par contre, est un homme de son temps et ça marche jusqu’au moment où l’on voit Peter Cushing courir dans les rues de Londres sur une musique d’époque. Ça ne fonctionne tout simplement pas. En outre, le monde contemporain a un gros problème. C’est qu’il est de son temps. En clair, il se périme et le décalage entre le vampire et une époque aujourd’hui révolue, ça fait quand même beaucoup. Le gothique, c’est comme le costume edwardien de John Steed : hors du temps, il ne se fane jamais. Pour avoir oublié cette leçon, la Hammer a dégradé son propre mythe. L’interminable scène de départ censée nous présenter la bande de jeunes qui seront les héros (?) dansant dans une soirée au milieu d’adultes en habits de soirée est pénible à suivre même si elle fait un peu sourire au départ comme dans le film Good morning England . Quelques points positifs surnagent tout de même. Le décor de l’église abandonnée est plutôt réussi tout comme la scène de la messe noire (même si elle fait furieusement penser à celle de Une messe pour Dracula). L’adjonction de la police est paradoxalement un élément moderne qui s’insère bien dans l’histoire. Il faut dire que, dès le roman de Bram Stocker, la recherche du vampire s’apparente à une enquête criminelle. Il y a d’ailleurs un écho dudit roman quand Dracula assène à Van Helsing qu’il cherche à « opposer son intelligence à la sienne » ; c’est même une citation littérale. Michael Coles réussit à être un policier crédible et un élément important sans être ni un boulet ni le héros. C’est qu’en fait, à travers le tandem Murray/Van Helsing, le scénario reconstitue celui entre Jonathan Harker et Van Helsing : le témoin et le sachant. Quand Peter Cushing informe l’inspecteur, c’est en fait au public qu’il s’adresse. Classique mais toujours efficace. La différence, c’est que le sachant est aussi l’exécuteur. Dans le rôle de la « Hammer’Girl », Stéphanie Becham n’est ni la meilleure ni la pire. Elle se tire honorablement des scènes importantes sans plus. Christopher Neame (Johnny) commence plutôt bien et inspire un malaise bienvenu. Malheureusement, il ne tient pas la distance, se révèle trop lisse et surtout manque complètement sa confrontation avec Peter Cushing. A sa décharge, il n’est pas aidé par le scénario ni par ses prothèses dentaires. Christopher Lee et Peter Cushing n’ont que peu de scènes en commun et c’est un manque cruel d’autant que le premier n’apparaît que peu de temps à l’écran en fin de compte. Christopher Lee donne encore de l’allure à son personnage et reste assez sobre sauf dans les deux scènes de mises à mort où il en fait beaucoup trop. Peter Cushing est impeccable tout du long et encore crédible dans les scènes d’action. On sent quand même que, tant lui que son partenaire, ont bien vieilli depuis le Cauchemar de Dracula en 1958. Anecdotes :
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Suite au meurtre d’une jeune fille, les villageois de Kleinenberg décident d’incendier le château du comte Dracula, espérant être débarrassé du monstre. C’est très loin d’être le cas ! Plus tard, un jeune homme, fuyant un père furieux, arrive au château. Séduit par une femme, il est victime de Dracula. Le frère de ce jeune homme et sa fiancée se lancent à sa recherche et découvrent la vérité. Ils doivent alors affronter Dracula.