Firefox, l'arme absolue (1982) Résumé : Un pilote d’exception, vétéran du Vietnam, est envoyé en Union Soviétique pour dérober un avion prototype, qui a la particularité d’être l'arme de guerre la plus redoutable au monde.
Critique : Plus habitué aux westerns et polars, Clint Eastwood revient, après La sanction, pour la seconde fois, aux films d’espionnage. Il réalise et produit Firefox, film dans lequel il interprète le rôle principal et qui constitue sa toute première production. Il endosse ce nouveau poste afin de passer outre une grève de la Directors Guild of America qui interdit la présence du réalisateur en salle de montage. Il peut de cette manière y assister, en tant que producteur. Ce film semble dater dans le contexte de Guerre froide, appartenant aujourd’hui aux livres d’histoire et, bien que Firefox ne soit pas sans intérêt, il ne rivalise pas avec The Eiger Sanction sur de nombreux critères. Eastwood lui-même est meilleur en Jonathan Hemlock qu’en Mitchell Gant, pilote coincé, grimé avec des lunettes et, surtout, une moustache, qui va aussi bien à l’acteur que des cheveux à Telly Savalas…. Les ‘méchants’ Russes ont mis au point un supersonique révolutionnaire baptisé Firefox, un engin capable de voler à six fois la vitesse du son, indétectable aux radars dont l’armement se commande par simple pensée. Dès que le pilote détecte une menace - soit visuellement ou sur un écran - ses impulsions vont diriger un missile vers le danger, sans même pousser un bouton. Les Américains sortent Gant de sa retraite et l’envoient en URSS pour le dérober, bien que ses chances de succès soient minces. Afin de réussir sa mission, le pilote devra penser en langue russe pour utiliser les commandes de l'avion, puis affronter le colonel Voskov, le pilote d'essais attitré du Firefox, en chasse dans le second appareil qui n’a pas été détruit, et, enfin, surmonter ses cauchemars qui le hantent depuis la guerre du Vietnam. Le film est scindé en deux parties bien distinctes : l'infiltration de Gant en URSS jusqu'au vol du Firefox, puis la fuite à bord de l'avion avec la tentative des Soviétiques de récupérer leur bien en lançant leur second prototype en chasse. La première raconte le passé et l’intrusion en Union Soviétique d’un ancien pilote confirmé, héros de la guerre du Vietnam, qui en est revenu avec des syndromes post-traumatiques. Ainsi, la toute première séquence compte parmi les meilleures du long métrage. Mitchell fait son jogging dans les forêts d’Alaska – un maintien en forme pratiqué par Eastwood jusqu’à un âge très avancé – et il accélère lorsqu’il entend puis voit un hélicoptère pour se cacher dans son chalet. Il s’y réfugie et revit son expérience traumatisante, symbolisée par une petite fille et ce qui doit être une attaque au napalm, puis sa capture après que son avion ait été abattu. Ce stress est récurrent lors du séjour en Russie. Malheureusement, cette superbe entame prometteuse est gâchée de diverses manières. Le film est tout d’abord truffé de bavardages superflus dès les premières minutes ; lorsque la mission est proposée à Mitchell Gant, les dialogues des deux militaires sont maladroitement entrecoupés par la réunion des chefs. A ce propos, il est à noter que la version française a subi des coupes dommageables (voir les infos complémentaires pour les détails). Ainsi, la scène de la rencontre de Mitchell avec l’envoyé est amputée, ce qui n’arrange rien, et la préparation de l’aviateur a également été caviardée, ce qui donne l’impression que Gant arrive en Russie comme un touriste… Malgré quelques longueurs, la première partie s’apparente à de bons films d’espionnage, tels Mes funérailles à Berlin ou La maison Russie, et joue sur le suspense. Gant est un pilote et il n’est pas entrainé comme un espion de terrain, ce qui est bien démontré dans le film, lors de la scène des toilettes avec l’agent du KGB, qui l’a repéré. Grâce à l’aide de dissidents juifs acquis à l’Ouest – dont trois scientifiques -, Gant est dirigé vers la localisation du Firefox convoité. Evidemment, l’histoire, censée se passer à Moscou, n’a pas été tournée en URSS, mais à Vienne, et cela se voit, particulièrement dans la scène du métro, ainsi que l’image grossière de
Il faut resituer cette seconde moitié de film au temps où Sans être transcendant, Clint Eastwood domine un casting réussi dans lequel les personnages secondaires se font discrets. On remarquera néanmoins Freddie Jones (Kenneth Aubrey, le responsable de l'opération), vu dans les séries britanniques Chapeau melon et bottes de cuir et Sherlock Holmes, ainsi que Ronald Lacey. En conclusion, il manque certaines choses à ce film pour être vraiment palpitant, de l’action, mais aussi des dialogues eastwoodiens qui font cruellement défaut. Il a connu un succès mitigé et il n’est pas considéré comme une œuvre majeure de la filmographie de Clint Eastwood. Néanmoins, il n’est pas, contrairement à ce que j’ai lu ça et là, un film de propagande, mais simplement une histoire d’espionnage un peu datée. Malgré les coupes – mal ajustées -, il est trop long et après une première partie d’espionnage intéressante, on a droit à un spectacle de vieux jeux vidéo. Firefox n'est pas un chef d'œuvre ; cependant, malgré un scénario bancal et des effets spéciaux datés, le film se laisse regarder au moins une fois…
Anecdotes :
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