Breezy (1973) Résumé : Un homme d’âge mûr divorcé et une jeune hippie, qu’à priori tout sépare, tombent amoureux l’un de l’autre. Critique : Edith Alice “Breezy” Breezerman (Kay Lenz) est une jeune hippie au grand cœur et à la vie bohème, qui erre avec sa guitare sur les routes californiennes. Elle échappe à un homme qui l’a prise en stop pour abuser d’elle et se retrouve sur la riche propriété isolée de Frank Harmon (William Holden), un agent immobilier quinquagénaire, divorcé et peu sentimental. Elle s’invite dans la voiture d’Harmon afin qu’il la dépose sur le chemin de son travail. Malgré leur grande différence d’âge, une relation complexe se noue progressivement entre Breezy et l’agent immobilier, car leur rencontre fortuite les plonge dans une histoire d'amour qui va devoir se confronter aux idées reçues. Ce film romantique est bien estampillé ‘années Arrêtée pour vagabondage, Breezy est ramenée chez Harmon, prétextant qu’il est son oncle et elle le convainc de l’emmener voir l’océan au lever du jour, avant de s’endormir – en tout bien tout honneur – dans la somptueuse demeure ; un palais des glaces pour la jeune femme habituée aux squats et autres logements sordides. A partir de ce moment, la relation change car Harmon l’autorise à rester chez lui et le couple échange et se découvre puis ils deviennent amants. Frank se sent responsable de cette relation improbable et le jugement de ses amis et de son ex-femme le pousse à rompre. Une décision qu’il finit par regretter puis un drame lui fait prendre conscience que la vie est courte. La trame du film est banale sans être larmoyante et l’intérêt principal repose sur le jeu d’acteurs particulièrement convaincant de l’expérimenté William Holden et de la débutante Kay Lenz. Le rôle fut le premier important de l’actrice, qui apparaît souvent les seins à l’air ! A l’époque, Kay Lenz avait 19 ans et Holden 55. C’est presque une caricature tellement les contrastes sont flagrants : quinquagénaire/jeunette, homme respectable et désabusé /hippie optimiste…, mais l’énergie de Breezy insuffle un vent de nouveauté dans les habitudes d’Harmon. Parmi les autres personnages, notons Betty Tobin (Marj Dusay), une ancienne conquête sur le point de se marier, à qui Harmon est très attaché, et Bob Henderson, l’ami et collègue de Frank, son antithèse, avec la scène ‘révélatrice’ du sauna. Quelques répliques incisives pimentent un long-métrage qu’on jugerait bien sage de nos jours. Ainsi, lors de la rencontre des deux personnages principaux, Harmon est gêné que Breezy lui raconte sa vie sans retenue ni pudeur et le lui fait savoir, demandant à la jeune femme si cela ne lui fait rien d’être aussi crue avec ‘a perfect stranger’ ; la réponse de l’hippie est directe : « Are you perfect ? » (Je ne sais pas si J’ai découvert le film pour cette critique, ce qui lui donne un charme supplémentaire, mais je comprends parfaitement qu’il ne correspondait pas aux attentes des fans d’Eastwood à l’époque, qui l’ont copieusement boudé. L’acteur pensait qu’Universal avait négligé la promotion du film, dont la sortie fut d’ailleurs retardée d’un an, alors que des critiques ont évoqué des scènes de nudité trop ‘soft’ pour un tel sujet. Richard Schickel, le biographe déclara: “Eastwood was too polite in his eroticism”. Que Breezy soit très peu connu encore aujourd'hui ne m'étonne pas, cela prouve qu'il reste marginal et en dehors de la machine commerciale hollywoodienne. Breezy mérite d’être vu mais je ne partage pas l’avis des âmes romantiques, qui auraient préféré voir persévérer Eastwood dans de telles œuvres intimistes…. Pour la première fois, Clint Eastwood réalisait un film – son troisième - sans y participer en tant qu’acteur, ce qui est sûrement aussi une raison de son échec. On le voit néanmoins dans un caméo, l’avez-vous remarqué ? Un petit indice : il porte une veste blanche. Il faudra attendre quinze ans, Bird en 1988, pour qu’il retente l’expérience, et vingt-deux pour qu’il revienne à la ‘love story’ avec Sur la route de Madison, où il sera réalisateur et acteur. Je recommande d’ailleurs aux fans de The Bridges of Madison County de re(découvrir) Breezy, injustement méconnu, car ils seront les plus enthousiastes. Alors que Breezy fut un échec auprès du public et des critiques, la Warner annonçait qu'Eastwood allait reprendre le Magnum .44 pour une suite de L’inspecteur Harry, un retour aux fondamentaux. Anecdotes :
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