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 saison 1 saison 3

AU COEUR DU TEMPS (1966-1967)

ÉPISODES 16 - 30


16. LA REVANCHE DE ROBIN DES BOIS
(THE REVENGE OF ROBIN HOOD)



Tony et Doug vont s'immiscer au sein du conflit entre le roi Jean et Robin des Bois dans l'Angleterre du XIIIème siècle, avec pour enjeu la volonté des Barons de faire signer au Roi la fameuse Magna Carta, charte leur accordant de nouveaux droits.

Critique de Phil DLM

Un épisode très mouvementé et agréable à suivre, dans lequel les connaissances en chimie de Doug vont être bien utiles aux rebelles. Rien d'exceptionnel dans la distribution, mais un groupe d'acteurs sympathiques, au premier rang desquels John Alderson et Ronald Long dans les rôles respectifs de Little John et Frère Tuck, le duo détonnant de compagnons de Robin des Bois.

L'action occupe la majeure partie de l'épisode, et le corollaire est que l'équipe du chronogyre est complètement passive. Elle se contente d'assister, impuissante, aux mésaventures de Tony et Doug et de tenter de leur envoyer un radiophare en guise de secours, opération qui prendra un temps fou, en raison de quelques ratés...

Le gros regret vient de la musique, dans le style de ce qu'on a entendu des milliers de fois dans n'importe quel film d'aventures des années 50 ou 60, avec un son poussé à fond qui devient rapidement difficile à supporter.

Critique d'Estuaire44

L'épisode a la bonne idée de s'appuyer sur la signature par Jean sans Terre de la Magna Carta, acte fondateur de la longue marche anglaise vers la limitation du pouvoir monarchique (et conséquence méconnue chez nous des défaites subies contre Philippe Auguste). Bien évidemment, histoire de renouer avec le mythe de Robin des Bois défenseur du peuple, le scénario exagère ses effets en l'étendant à l'ensemble des hommes libres, alors que la grande charte concernait la grande noblesse (notamment via la création de l'embryon de la future Chambre des Pairs, pouvant opposer son veto aux décisions du roi). Mais qu'importe car, comme l'on dit, l'intérêt est ailleurs.

 La série jette ici son dévolu sur les films moyenâgeux, si bien mis en valeur par l'âge d'or d'Hollywood, en renouant énergiquement avec la plupart de leurs codes. Rien ne manque à l'appel, comme les décors archétypaux de la salle du trône ou de celle des tortures. Les cavalcades dans une forêt anglaise asséchée sous le chaud soleil californien se manifestent à profusion, grâce à de percutants inserts. On retrouve aussi les différents types de combats épiques, forcements épiques (épées, bâtons, arcs…) ou encore l'inévitable félon. L'ensemble s'avère tonique et surtout agréablement sans prétentions, avec des comédiens à l'entrain communicatif, notamment les réjouissants Frère Tuck et Petit Jean (dont la version française conserve étrangement le nom de Little John).

Évidemment cette imagerie d'Epinal ne va pas sans quelques naïvetés, mais, outre qu'elles participent au genre, l'ensemble n'en ressort souvent que plus divertissant encore. Les hommes de Robin tendent à peine la corde de leur arc pour envoyer leurs flèches. La photographie continue à n'absolument pas gérer les ombres portées, d'où une vraie boucherie quand les protagonistes montent le long des murailles. Doug et Tony apparaissent totalement ridicules avec l'inévitable chapeau à plumes, ils le quittent d'ailleurs bien vite !  Doug prend des allures d'Emma Peel au masculin, en accumulant les compétences les plus hétéroclites au fil des épisodes, ici histoire médiévale, chimie amusante et chirurgie, rien de moins. Mais Tony est toujours brave. Etc. Tout ceci s'avère plaisant, sans pénaliser le rythme trépidant de l'action.

Mais The Revenge of Robin Hood  souffre cependant de quelques défauts. Il ne faut pas confondre lieu commun réjouissant et facilité scénaristique : il s'avère plus qu'embarassant de voir la traîtresse oublier de signaler la véritable identité des moines, ou nos héros ne rien remarquer de ses évidentes manigances. L'acteur interprétant le vil conseiller de rigueur manque cruellement de panache, mais le magistral John Crawford, en imposant Jean sans Terre, sauve la situation. On regrette vivement le rôle rachitique attribué à l'équipe du Chronogyre, avec ce gadget se révélant totalement vain et relevant du prétexte.

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17. LE DUEL
(KILL TWO BY TWO)

En 1945, sur une île japonaise théâtre de la fin de la guerre contre les Américains, Tony et Doug affrontent un kamikaze déserteur qui tient à racheter sa faute en combattant jusqu'à la mort ces deux Yankees dont l'arrivée était inespérée.

Critique de Phil DLM

Agréable surprise que cet épisode qui s'annonçait décevant, mais s'avère captivant grâce à la justesse de l'interprétation des acteurs japonais. Mako est excellent dans le rôle du lieutenant Nakamura, ce kamikaze qui n'a pas eu le courage d'accomplir sa tâche et a préféré jeter son avion à la mer.

Abandonné sur une île déserte afin qu'il sauve son honneur en faisant hara-kiri, l'arrivée de Doug et Tony lui procure une occasion inespérée de mourir bravement. Voilà pourquoi il va tout faire pour tuer nos héros, tout en prenant des risques pour être lui-même abattu, puisqu'il n'a pas le courage de se suicider. Il en résulte un jeu du chat et de la souris qui ne manque pas de piquant entre Doug, Tony et lui.

Une fois de plus, l'équipe de Tic-Toc fait appel à un observateur étranger pour obtenir quelques coordonnées, si bien qu'on se demande comment le complexe va rester « ultrasecret »... Comme par hasard, le visiteur n'est autre que le docteur Nakamura, le propre père du lieutenant ! Cette coïncidence nous vaut quelques scènes d'émotion aux accents de sincérité avérés, dus au très bon jeu de Philip Ahn, l'interprète du docteur.

Critique d'Estuaire44

Épisode particulièrement faible que celui-ci (un Zéro, diraient nos aviateurs japonais), du fait de l'accumulation résolue de divers travers pervers et sévères. D'emblée il s'agit de la première redite de la série, puisque la Guerre du Pacifique a déjà été traitée dans The day the sky fell down. On comprend que la période soit encore des plus sensibles pour les Américains, mais on ressent tout de même une frustration vue l'ampleur des possibilités offertes par la série. De plus, comme l'action se résume à un duel en huis clos, sans intervention d'un fait historique marquant, l'apport du voyage temporel se voit vraiment réduit à la portion congrue. Tout ceci se voudrait du Platoon mais s'avère juste plat.

Mais ce qui heurte d'emblée demeure la caricature outrée du duo japonais, le sadique et le veule, bien lestée en clichés. La pesanteur insigne des situations s'accorde au jeu tout en mauvais cabotinage du grimaçant Mako, digne des moments les plus gratinés du Nanarland. En version française son comparse, maladroitement grimé en vieillard, se voit doté d'une voix à la Bugs Bunny, ce ne contribue pas à améliorer la crédibilité de l'ensemble. Il faut le voir pour le croire. Le pire demeure les dialogues fusionnant au laser les lieux communs éculés et la plus farouche des grandiloquences. Pendant ce temps Doug et le valeureux Tony jouent plusieurs fois au « ensemble ou pas du tout », avec une régularité de métronome.

Reconnaissons que la mise en scène et le montage tentent vaillamment d'animer la confrontation au sein de ce décor évident, où les mêmes pétards rendent compte des impacts de grenades à main et de ceux ces canons lourds de marine. Au total on avoisine tout de même davantage un Rambo fauché que la Chasse du Comte Zaroff. Quelques passages fleurant bon le pathétique achèvent de clouter le cercueil de l'épisode, tels le remake asthmatique de l'araignée de Doctor No ou l'arrivée providentielle des Marines alors que c'étaient les Japonais qui étaient annoncés à grand cris durant tout le récit.

L'équipe Tic Toc participe à la liesse générale en reprenant les visites guidées de son projet si hyper secret qu'il a fallu l'enterrer dans le désert. L'arrivée du digne japonais s'effectue pour des motifs ridicules, mais là se situe une grande idée de médiocre scénariste : il s'agit du père du méchant. Comme on vous le dit. D'où le développement d'un de ces mauvais mélodrames recommandés quand il s'agit d'achever un épisode, d'autant que le monsieur change plusieurs fois d'attitudes vis-à-vis de son fils. Débute aussi un laborieux effort pour amender la personnalité du jovial fiston, se résumant concrètement à une nouvelle avalanche de clichés (seppuku, wakizashi et Kamikaze, un vrai catalogue).

Après une ultime sentence gravée sur marbre (C'était un homme qui se livrait sa propre bataille, et je crois qu'il a trouvé sa victoire.), C'est bien volontiers que l'on accompagne nos héros américains vers leur prochaine aventure. D'ailleurs celle-ci s'annonce d'emblée comme au combien festive, mais ceci est une autre histoire.

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18. CEUX QUI VIENNENT DES ÉTOILES
(VISITORS FROM BEYOND THE STARS)

Nos deux voyageurs arrivent à bord d'un vaisseau spatial dirigé par deux extraterrestres chargés de s'emparer de toutes les protéines qu'ils pourront trouver sur la Terre, quitte à anéantir la totalité des êtres vivants.

Critique de Phil DLM

Après le kamikaze raté décidé à faire ses preuves, Bob et Wanda Duncan, les scénaristes attitrés de la série, prouvent une nouvelle fois à quel point ils disposent d'une imagination débordante en nous offrant cette histoire délirante d'extraterrestres prédateurs de protéines, aux prises avec des cowboys de la fin du XIXème siècle. Doug et Tony, venus du siècle suivant, jouent les intermédiaires.

Tout comme dans l'épisode Invasion, Doug est victime d'un lavage de cerveau. La rencontre improbable entre des extraterrestres évolués et des humains de la campagne profonde est un thème que l'on retrouvera plus tard dans le film La soupe aux choux, avec Louis de Funès et Jacques Villeret. La différence, c'est que les créatures de cet épisode sont beaucoup moins sympathiques que « La Denrée »...

On assiste à un contraste révélateur : entre l'attitude résolument hostile aux envahisseurs dont font preuve Tony, Doug avant son conditionnement et le shérif, superbement interprété par Ross Elliott, et la soumission honteuse du barman apeuré, renforcée par la collaboration convaincue de Doug conditionné, le gouffre est abyssal. L'impression dominante est d'assister à un remake de la France de 39/45, déchirée entre Collaboration et Résistance, les collabos étant eux-mêmes divisés entre lâches et activistes convaincus, et jouant ici les auxiliaires zélés des extraterrestres, métaphores des SS.

Le coup de théâtre final produit des impressions contradictoires, entre sensation d'agréable surprise et déception engendrée par l'attitude des chefs extraterrestres, qui entre en contradiction avec celle de leurs exécutants. Ils prétendent ne plus avoir besoin de retourner sur la Terre : ce n'est pas ce que l'on avait compris avec les occupants du vaisseau...

Critique d'Estuaire44

Comme lors de One Way to the Moon, la série s'essaie à mêler deux types de récits de Science-fiction, ici l'archétypale invasion extraterrestre, avec un succès pareillement mitigé. Les Aliens s'avèrent plombés d'entrée par leur apparence de papier alu et leur attirail également ringard. L'ensemble apparaît d'ailleurs étonnamment similaire à ce que l'on peut trouver dans Lost in Space (1965-1968), autre série d'Irwin Allen. Je ne serais pas surpris que la production de celle-ci ait été sollicitée. Par ailleurs on en reste à des dialogues et attitudes vraiment basiques, avec parfois (souvent) de l'humour tout à fait involontaire. On remarque ainsi que nos amis d'Outre-espace (qui s'expriment en Anglais inversé) ont recours à une machine de traduction, alors que Doug et Tony s'en affranchissent joyeusement au cours de leurs aventures. On se situe tout de même à des années lumières de la subtilité et de l'intensité des insidieux Envahisseurs de Quinn Martin.

L'intervention d'Aliens voyageant dans le temps auraient pu apporter une concurrence suscitant un agréable épisode original, mais cette option n'est malheureuse pas retenue. Visitors from beyond the Stars dilue l'intérêt de la série en l'écartant de son sujet originel, sans que cela provoque le moindre enrichissement. Bien  au contraire, extraire les Aliens de leur vaisseau pour les intégrer à un décor de Western ne fait que souligner davantage encore leur ridicule. Tout ce qui se déroule dans cette séquence ressort d'une insigne maladresse. Les Cheyennes ne sont visiblement là que pour justifier l'insertion d'un extrait de film, sans intervenir le moins du monde par la suite.

On se demande d'ailleurs bien pourquoi cette unité de cavalerie  irait au casse-pipes au lieu de se retrancher dans la ville en attendant les renforts. Les allées venues de Tony paraissent assez artificielles et destinées à rallonger le scénario, en fait les Aliens devraient directement aller voir les autorités. Take me to your Leader ! On demeure également passablement sceptique devant cette civilisation hyper technologique, franchissant la galaxie pour rapporter des caisses de corned-beef et dépendre entièrement d'un unique appareil. Et puis le départ la main dans les poches des deux extraterrestres alors que leur flotte est encore complète vire franchement au ridicule.

Visitors from beyond the Stars ne constitue pas pour autant  une catastrophe absolue. Comme souvent dans Time Tunnel les superbes paysages naturels californiens représentent une alternative appréciable aux sempiternels décors. Certains personnages secondaires, comme le shérif ou le barman couard, se montrent amusants et interprétés avec un réjouissant cabotinage. Lors de l'affrontement final un certain suspense pointe enfin. Anne est en grande forme. Les efforts de l'équipe Tic Toc se suivent avec un vif intérêt, d'autant que l'énoncé d'un service fédéral s'intéressant aux manifestations extraterrestres évoque de bons souvenirs. Surtout le rebondissement de l'apparition des Aliens contemporains se montre tout à fait inattendu et assez spectaculaire. Malheureusement cela ne débouche pas sur une interactivité entre les deux époques et l'incertitude du sort du vaisseau représente un nouveau trou béant dans le scénario.

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19. LE FANTOME DE NÉRON
(THE GHOST OF NERO)

Projetés au beau milieu de combats entre Allemands et Italiens au cours de la première guerre mondiale, Doug et Tony doivent affronter le fantôme de l'empereur romain sanguinaire Néron, libéré accidentellement à la faveur d'un bombardement.

Critique de Phil DLM

Un épisode axé sur le fantastique, développé sous forme d'huis-clos dans le style du « Joker » des Avengers. Il est permis de trouver cette histoire géniale, mais je la juge un peu lourde, et vite répétitive. Les « interférences » dans le chronogyre, dues au « fantôme », sont ridicules, et rappellent les tristes souvenirs du piteux épisode de début de saison La fin du Monde, avec cette fois-ci un esprit à la place de la comète dans le rôle du « perturbateur ». Les histoires d'esprits et de fantômes ne m'ont jamais passionné...

Pour autant, on n'assiste pas à un échec complet. En premier lieu parce que l'interprétation est excellente, tant en ce qui concerne les Allemands, avec Gunnar Hellstrom et Richard Jaeckel, acteurs qu'il est inutile de présenter tant ils ont souvent été vus dans des séries comme Les Incorruptibles, Mission impossible ou Les Mystères de l'Ouest, que pour le rôle du comte Galba, tenu par le très bon Eduardo Cianelli.

En second lieu grâce à une scène finale en forme de clin d'œil révélateur des surprenantes visions de l'Histoire que peuvent avoir les scénaristes de la série : le fantôme de Néron s'empare de corps et de l'esprit d'un jeune caporal italien nommé Benito Mussolini... Et voilà les raisons de la naissance du fascisme, de la mégalomanie du Duce, voire du déclenchement de la seconde guerre mondiale, toutes trouvées !

Critique d'Estuaire44

Après s'être déjà précédemment dispersée dans des histoires d'invasion extraterrestre, la série franchit un nouveau palier en délaissant cette fois la Science-fiction elle-même, pour s'aventurer dans le Fantastique. Le hors sujet apparaît massif et pousse à s'interroger sur le devenir de l'identité de Time Tunnel, d'autant que plaquer le thème archi balisé de la maison hantée sur celui du Chronogyre ne provoque longtemps aucune étincelle. L'ensemble prend par ailleurs place au sein d'évènements à la douteuse historicité : en octobre 1915, après l'échec des offensives italiennes de l'été, la front alpin reste calme, sans aucune attaque d'envergure des Puissances Centrales. De plus seul le nom de Galba correspond aux circonstances de la mort de Néron, dont la dépouille fut en fait incinérée.

Le plus pénalisant demeure l'absence d'intérêt intrinsèque de ce virage vers le surnaturel. En effet cette histoire de spectre ne suscite aucun frisson, bien au contraire. De fait elle se résume à un simple catalogue des divers trucs et astuces pour réalisateurs fauchés tentant de faire croire à la présence d'un esprit (genre « La maison hantée pour les nuls »). Tout cela relève à l'excès du mécanique, avec de plus quelques trucages évidents comme les fils soutenant le glaive de Néron. En soi une bonne idée, le huis clos s'avère n'apporter aucune tension dramatique supplémentaire, se résolvant en des tours et détours réplétifs au sein de pauvres catacombes, tandis que se déroulent les farces et attrapes. Par moments on se croirait dans un mauvais épisode de Scooby-Doo, hélas sans Daphné. Le final consternant de ridicule autour de Mussolini plonge dans le baroque, puisque précisément le Duce va devenir le grand allié de l'Allemagne et non un féroce adversaire.

Cependant l'épisode échappe à l'insignifiance grâce à d'excellents acteurs. On remarque ainsi apparition tout à fait convaincante de Richard Jaeckel en militaire possédé par l'esprit fou de Néron mais aussi le métier d'Eduardo Ciannelli rendant très attachant le Comte Galba, plaisant pastiche d'Italien archétypal.  A noter que le Comte parle des Huns à Néron, sans réaliser que le terme ne signifie rien pour l'Empereur défunt, ces barbares s'étant manifestés des siècles après sa mort. De plus, autant le décor des catacombes se montre sommaire, autant celui du salon raconte se révèle réellement superbe. Mais le meilleur de l'épisode demeure la passage du Chronogyre, cette fois filmé avec réalisme, avec un docte invité aussi improbable que divertissant par ses dialogues passablement allumés (et quelle célérité à apparaître !). On remarque également une belle composition de Lee Meriwether, ainsi qu'une brève vue de l'Empire, nous confirmant qu'il aurait été bien plus intéressant de découvrir Néron à son époque.

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20. LES TROMPETTES DE JERICHO
(THE WALLS OF JERICHO)

Escale très lointaine dans le temps pour Tony et Doug, qui se retrouvent parmi les Hébreux, emmenés par Josué, juste avant que ne tombent les murs de Jéricho.

Critique de Phil DLM

Saluons la grande audace des scénaristes de la série, qui n'hésitent pas à mêler nos deux voyageurs du temps à un épisode biblique bien connu. Après l'excellent La revanche des Dieux, cette seconde incursion dans un passé très lointain est une nouvelle splendide réussite, passionnante de bout en bout. Ainsi, on a la confirmation que la série a produit ses meilleurs épisodes avec ces reconstitutions historiques dans le genre péplum.

Comme d'habitude, James Darren et Robert Colbert se font voler la vedette par les autres comédiens, cette fois-ci par un duo d'actrices très complémentaires. La sublime Myrna Fahey incarne une merveilleuse Rahab, cette courtisane au grand cœur qui aida les deux espions hébreux, en l'occurrence Tony et Doug ( !), à s'échapper de Jéricho, et fut la seule habitante épargnée de la catastrophe par Dieu. Jouant à la fois sur la douceur, la bonté et sur une détermination sans failles, sa performance est à la hauteur de son physique, ce qui n'est pas peu dire, et sa présence magnifie l'épisode de manière incontestable, tout comme son équivalente Dee Hartford l'avait fait sur La revanche de Dieux dans le rôle d'Hélène de Troie.

Par contraste, sa servante Ahza endosse le rôle de la traitresse de service. Il suffit de découvrir le visage perfide de la fameuse Lisa Gaye pour pressentir qu'elle ne va pas tarder à dénoncer sa maîtresse, dont elle est férocement jalouse. Dès lors, la seule question que l'on se pose, c'est de savoir quand. Réponse : tout simplement quand elle apprend qu'une récompense est en jeu. Sa fourberie et sa méchanceté sans limites vont alors se déchaîner jusqu'à sa triste fin, au terme de l'aventure.

L'épisode ne souffre pas trop de la vision caricaturale qu'il donne des peuples de l'époque : d'un côté, les Hébreux, intelligents et pacifiques, mais persécutés en raison de leur religion ; de l'autre, une cohorte d'individus tous plus fourbes et cruels les uns que les autres, arriérés au point de croire en des divinités ridicules représentées par des statues qui ne le sont pas moins, et se livrant au sacrifice de jeunes filles pour satisfaire ces icônes, ou plutôt la soif de sang de leurs serviteurs.

Du côté des savants et techniciens, le général Kirk et le docteur Swain sont plus enclins à croire aux miracles que le docteur Ann Mac Gregor, qui semble bien sceptique pour une américaine. Le dénouement peut satisfaire tout un chacun, quelles que soient nos croyances : là où Kirk et Swain sont persuadés d'avoir assisté à un miracle, Ann ne voit dans l'effondrement des murs de Jéricho que l'œuvre d'une tornade...

*La divine Myrna Fahey, actrice méconnue en France, est décédée en 1973 à l'âge de 40 ans, après un combat contre le cancer.

Critique d'Estuaire44

Après quelques opus durant lesquels la série semblait malencontreusement s'égarer dans d'autres domaines que le sien, c'est avec un vif plaisir que nous voyons ici Time Tunnel renouer avec un genre lui convenant à merveille, le péplum. Il ne s'agit toutefois pas du péplum mythologique comme lors du déjà formidable Revenge of the Gods, mais du biblique. Une nuance que développe l'épisode, non sans une certaine audace. Dans l'Amérique toujours très religieuse des années 60, il fallait oser situer nos amis comme personnages de la Bible, aussi secondaires soient-ils. L'idée fonctionne en retrouvant le souffle propre aux films du genre (notamment avec un imposant Josué) mais aussi grâce au fil conducteur finalement assez ludique que le Livre fournit aux héros. Il demeure également très amusant d'écouter Ann prendre un ton très à la Dana Scully  pour exprimer son scepticisme scientifique (le fantôme de Néron étant visiblement oublié), la spirituelle pirouette de Ray permettant d'habilement résoudre l'opposition entre Ann et le général.

Pour le reste The Walls of Jericho se montre particulièrement efficace, notamment grâce à un action certes classique dans son déroulement, mais dont les rebondissements se montent sans temps mort. Une musique évocatrice facilite également les retrouvailles avec le ton épique de ces films, mais aussi leurs irrésistibles figures de proue. En effet, comme souvent avec les épisodes réussis de Time Tunnel, la distribution se montre tout à fait enthousiasmante et jouant sans barguigner. Le grand prêtre cruel, le capitaine brutal, le massif bourreau ou la vénale félonne apparaissent irrésistiblement archétypaux, telle une vraie Commedia dell'arte. Les comédiens éprouvés se délectant visiblement avec de leurs dialogues joyeusement déclamatoires. Le premier degré a parfois du bon, quand il s'énonce avec talent. Une émotion particulière est apportée par la très belle Myrna Fahey, alors qu'elle joue déjà ici l'un de ses derniers rôles. Les réjouissantes naïvetés ne manquent pas non plus comme l'aveugle décrétant que Tony a un visage « très en avance sur son temps ». Le meilleur gag est cépandant l'œuvre de la traduction française qui confond à l'évidence emmurer et lapider ! un épisode entraînant, confirmant la grande variété d'histoires qu'autorise la série.

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21. L'IDOLE DE LA MORT
(IDOL OF DEATH)

La conquête du Mexique par les Espagnols, emmenés par Cortez, est le nouveau point de chute des deux explorateurs du temps, qui vont à nouveau essayer de modifier le cours de l'Histoire.

Critique de Phil DLM

Un épisode assez quelconque, qui suscite tout de même un certain nombre d'observations sur la tournure que prend la série.

Si les Français ne sont généralement pas présentés sous un jour favorable, la vision que donnent les Américains des Espagnols est bien pire. Cortez est un boucher à la tête de soldats cruels, intraitables avec les Indiens. Est-ce cela qui choque les Américains ? Sans doute sont-ils plus prompts à voir la paille dans les yeux de leurs voisins que les nombreuses poutres qui se trouvent dans les leurs...

Doug et Tony, dont les vêtements sont de plus en plus sales au fil de l'accumulation de leurs aventures, sont décidément incurables puisqu'ils essaient encore de changer les événements passés. N'ont-ils pas encore compris qu'il est vain de tenter de réécrire l'Histoire ? Le général Kirk ne peut s'empêcher de manifester de l'ironie à leur égard, au spectacle de tant de niaiserie.

Avec la venue sur le complexe d'un visiteur supplémentaire, un Nième pays, en l'occurrence le Mexique, risque d'être mis au courant de l'existence des expériences en cours, qui vont donc être de moins en moins « ultrasecrètes »...

On regrettera la brièveté du rôle tenu par l'excellent Antony Caruso, parfait en Cortez implacable, mais qui cède bien trop vite la place à son terne subordonné, ainsi qu'une scène finale de vol du masque par Castillano à demi-ratée, notamment en raison d'une conclusion tirée par les cheveux.

Critique d'Estuaire44

L'épisode se voit partiellement plombé par le ton lourdement prêcheur avec lequel il vilipende à foison les exactions, avérées, des Conquistadors. On pourrait sourire de voir les Américains se montrer aussi acharnés dans leur dénonciation, alors que leurs natifs ont aussi connu un génocide. La paille et la poutre. Dans Visitors from Beyond the Stars les Cheyennes étaient ainsi exposés d'une manière nettement moins sympathique que les Aztèques. Cette critique prend des proportions telles qu'elle vient perturber le déroulement de l'action par des passages complètement ridicules, comme les dialogues déclamatoires des uns et des autres, le soldat espagnol interpellant son officier, ou ce dernier devant d'une manière terriblement démonstrative victime de la fièvre de l'or. Le summum réside dans l'invité du jour, au sein du toujours si secret Chronogyre. L'individu, particulièrement infâme et clairement identifié comme descendant d'Espagnol (il se nomme d'ailleurs Castillano), sombre lui aussi dans cette fièvre, jusqu'à partir en guerre contre toute une base militaire. A ce niveau la caricature sombre définitivement dans l'outrancier.

Toutefois Idol of Death se découvre par ailleurs avec grand plaisir, cette époque s'avérant en effet particulièrement propice à l'aventure. On voit bien que les auteurs, tout en recourant au thème toujours efficace de la chasse au trésor, ont voulu capitaliser sur ce point. Même s'il se voit limité par les contraintes matérielles de la série (le décor est à l'évidence le même que celui de Kill Two by Two), l'épisode parvient à se montrer dynamique et entraînant. Time Tunnel demeure un superbe album de grands figures historique et le succès d'un opus se joue souvent sur cette rencontre. Or Anthony Caruso, grand spécialiste es vilains tels l'Aigle de Zorro, réussit une superbe composition en Hernando Cortez, prédateur à la fois dominateur et cruel, à l'indéniable stature. L'acteur jouant l'officier reste malheureusement plus terne. Les réjouissantes naïvetés que l'on aime retrouver au fil des aventures ne manquent pas à l'appel, voyant Cortez ne déléguer que quatre soldats pour une quête stratégique, Doug allumer la poudre au milieu du sillon de poudre, puis la flamme apparaître en son commencement, ou un soldat espagnol du XVIème siècle utiliser un briquet. Tony en coach du prince local est aussi à voir !

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22. BILLY LE KID
(BILLY THE KID)

Doug et Tony affrontent le redoutable Billy le Kid dans une ambiance de western prononcée. Après avoir fait prisonnier le hors-la-loi bien connu, une complication survient avec l'arrestation de Tony, que l'on prend pour le Kid, dont il porte l'arme et le chapeau.

Critique de Phil DLM

Quelques temps forts dans cet épisode, en particulier une séquence pré-générique prenante, et le transfert vocal dans le temps, qui permet au général Kirk de sauver Doug et Tony, du moins provisoirement. Le tout est inséré au sein d'une histoire western tout ce qu'il y a de plus classique. A croire que les Américains se sentent obligés de caser des cowboys et des shérifs, même dans les séries de science-fiction...

Le choix de Robert Walker pour incarner le Kid constitue une déception. Non que l'acteur soit franchement mauvais, mais avec sa carrure d'avorton, il n'a guère le physique de l'emploi. Tout comme Tony n'a pas le moins du monde l'allure d'un chasseur de primes : avec son air bien peu dangereux, il va trouver le shérif et lui annonce avec une vivacité digne de Droopy qu'il a capturé Billy le Kid ! A croire qu'il ne se rend pas compte à quel point ses propos sont incongrus, et presque comiques. Pour couronner le tout, il a revêtu le blouson du hors-la-loi, porte son arme et son chapeau ! Et il va s'étonner d'être arrêté à sa place ! Décidément, ce brave Tony n'en manque pas une...

Au final, si l'épisode est loin d'être complètement raté, on ne peut s'empêcher de regretter ce à quoi on a failli assister lorsqu'on a cru que Tony avait tué le Kid, à savoir une modification du cours de l'histoire... qui aurait pu être, par exemple, annulée rétroactivement à l'aide du chronogyre. Dommage qu'au lieu de nous servir un scénario sans saveur, les scénaristes n'aient pas eu l'audace de tenter une innovation de ce style...

Critique d'Estuaire44

Billy The Kid restera comme une déception et une occasion manquée. En effet, lors de l'apparente mort du Kid, on croit un bref instant, à la stupeur de Ray, que pour la première fois la série secoue les chaînes du déterminisme historique et que les auteurs vont s'élancer vers des voies de traverses originales et surprenantes. Las, il n'en est rien, grâce à une plus que providentielle boucle de ceinturon. On ne pourrait plus éloquemment souligner les contorsions à laquelle doit se livrer le malheureux Univers pour contribuer à exister sous la férule de cette loi immuable. Doug ne se prive d'ailleurs pas de réciter sa leçon sur ce point, sans préciser que cela revient en définitive à expliquer que le Chronogyre représente une onéreuse télévision globalement inopérante.

Pour le reste l'épisode ne s'écarte guère ses péripéties vues et revues à travers les séries de Western encore produites au kilomètre à l'époque, même si le genre commence lentement mais sûrement à se ringardiser. On distingue de plus quelques circonstances aggravantes, comme les allées et venues répétitives et stériles entre la maison et la ville, un vieux truc de scénariste en souffrance, ou l'énorme gag de Tony oubliant que  Kid lui avait donné son reconnaissable chapeau et venant se faire cueillir comme une fleur. On dénote à ce propos une scène involontairement désopilante, voyant Tony prendre crânement la pose devant son Doug avec le chapeau de cow boy. Cela fait très Village People/Brokeback Mountain, on va dire. On comprend par ailleurs que le Wild West représente un passé mythique pour les Américains et qu'il autorise des facilités de production (extérieurs aisés, décors préexistants) mais il ne faudrait pas que la part accordée au genre devienne trop prépondérante au sein d'une série dont la variété des aventures constitue un atout maître.

L'épisode bénéficie cependant de seconds rôles réussis, non pas Pat Garrett, transparent, ou Billy, coulé par le mauvais cabotinage de son interprète,  mais leurs fidèles bras droits respectifs, savoureux chacun dans son genre. L'équipe du Chronogyre continue également à s'agiter vaillamment, on remarque d'ailleurs que le fameux « ordinateur historique » a été remplacé par un considérable amas d'encyclopédies, comme quoi le Chronogyre a été inventé avant Wikipédia. Le coup de la voix produit toujours son effet. Comme l'on a n'a pas grand chose à pour nous occuper, on se laisse à penser que cela pourrait susciter quelques gags goûteux au cours d'un opus consacré à Jeanne d'Arc, pour vu que la Team Tic Toc se sente d'humeur facétieuse. Pour le reste, un épisode très anodin, Billy le Kid s'avère nettement plus divertissant face à Lucky Luke.

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23. L'ILE DE L'HOMME MORT
(PIRATES OF DEADMAN'S ISLAND)

C'est en 1805, au cœur d'une bataille entre la marine américaine et des pirates des Barbades, que se retrouvent Tony et Doug. Nos héros vont tenter d'extirper des griffes des malfaiteurs le jeune neveu du Roi d'Espagne.

Critique de Phil DLM

Un épisode dégoulinant de bons sentiments, entre le gentil enfant, neveu du Roi d'Espagne, pris en otage par les affreux pirates, et le médecin du complexe Tic-Toc, dont on a tout de suite compris qu'il est victime d'un fort sentiment d'inutilité généré par la perspective imminente de la retraite, et qu'il va donc se faire transférer dans le passé en fin d'épisode. La manière de présenter ce point du scénario est particulièrement maladroite, cousue de gros fil blanc aussi visible que le nez au milieu de la figure.

On a donc affaire à une aventure très ordinaire, dont le scénario plaira certainement aux enfants. Et toujours les mêmes décors de jungle de studio et de mer tropicale de pacotille, déjà vus dans plusieurs épisodes...

Quelques bons moments tout de même grâce aux multiples transferts spatio-temporels ou simplement spatiaux, effectués par une équipe technique très en verve. La séquence du pirate truculent ramené par erreur dans le présent ne manque pas de piquant, ce féroce chef de bande, sosie de Noël Roquevert, n'hésitant pas à menacer Ann Mac Gregor de mort si on ne le renvoie pas illico presto sur son bateau.

Certes, on est heureux de retrouver une équipe de savants à nouveau interventionniste après plusieurs épisodes de passivité relative. Mais il faut bien reconnaître que la série s'essouffle, et même s'épuise quant à la qualité des scénarios.

Critique d'Estuaire44

Le film de pirates manquait encore à l'étonnant catalogue du film de genre que constitue en définitive Time Tunnel. Pirates of Deadman's Island vient à point nommé combler ce manque, avec un indéniable succès. Celui-ci se bâtit notamment sur un emploi des inserts plus fin et intégré à l'histoire qu'à l'accoutumée. Les impressionnantes scènes de combat naval et de canonnades structurent les différentes péripéties, au lieu de simplement les illustrer,  ce qui s'avère particulièrement immersif. Élément crucial du film de pirates, les personnalités hautes en couleur ne manquent pas dans l'équipage, on se trouve même à la fête avec le capitaine pittoresque et matois, son fourbe second ou l'imposante brute épaisse. Un vrai festival ! De temps à autres le spectateur français pourra s'amuser d'une vague ressemblance entre le capitaine et Noël Roquevert.

L'épisode a également l'excellente idée de solliciter davantage qu'à l'ordinaire léquipe du Chronogyre, grâce à cette intrusion mouvementée. Outre le suspense autour d'Ann, cela permet aussi de retrouver les décors de la base souterraine, disparus depuis longtemps. Inépuisables, les nombreux Marines  continuent à courir en tous sens, mais avec une efficacité inchangée puisqu'en définitive le général ne peut compter que sur deux d'entre eux pour contrer le pirate. Le déterminisme étincelle derechef, l'intrus étant considéré comme intouchable, décidément la série sera allée jusqu'au bout de ce concept. Le médecin n'hésitant pas à contrer son officier se révèle très attachant. Sans surprise Doug et Tony s'avèrent transparents, au point de se faire voler la vedette par le sympathique Armando, un personnage fleurant bon les séries pour la jeunesse de l'époque. Enfin, avec cet affrontement opposant flibuste et US Navy, on apprécie enfin de découvrir une page d'histoire maritime totalement ignorée !

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24. CHASSE À TRAVERS LE TEMPS
(CHASE THROUGH TIME)

Un espion a dissimulé une bombe atomique à retardement au sein du complexe Tic-Toc avant de s'enfuir par le chronogyre. Le général Kirk et son équipe ne disposent que de quelques heures pour retrouver l'ennemi à travers différentes époques, avec l'espoir de le faire parler avant l'explosion.

Critique de Phil DLM

Les producteurs semblent avoir pris conscience de l'enlisement de la série et essaient de la relancer avec enfin un épisode original et à grand suspense. Les héros parcourent de très grands espaces temporels puisqu'ils commencent leur aventure un million d'années après Jésus-Christ avant de la terminer un million d'années avant.

La société futuriste dans laquelle ils évoluent est effrayante : basée sur l'organisation des abeilles, elle ressemble à une ruche avec ses portes en forme d'alvéoles, ses maîtres, ses soldats et ses esclaves, tous dénués du moindre sentiment. Mais elle peut faire réfléchir car, au fond, n'est-ce pas vers une société de ce type que les élites terrestres actuelles tendent à nous entraîner ? N'est-ce pas le rêve caché des maîtres de la société capitaliste, un monde où ils n'auraient plus aucun devoir, au nom de l'efficacité économique et de leur prétendue indispensabilité, et où ils disposeraient d'une armée de travailleurs sans droits et très dociles ? On peut se poser sérieusement la question, au vu des multiples reculades imposées au nom de l'économie mondialisée...

Tony et Doug, victimes d'un « arrêt du temps » au cours de leur transfert, parviennent jusqu'à Nimon, l'espion qu'ils recherchent, alors que ce dernier est arrivé au sein de cette société dix ans auparavant, et a pu gagner la confiance des maîtres en leur promettant de construire un chronogyre capable d'étendre leur puissance et leur gloire à toutes les époques de l'humanité.

Robert Duvall, excellemment doublé par Jacques Thébaut, accomplit une performance de premier choix dans ce rôle de crapule de grande envergure. Le garde Vokar bénéficie de la très bonne interprétation de Lew Gallo, qui en fait un personnage intéressant à plus d'un titre. Au fond plus victime que coupable, l'attention que lui portera Doug lorsqu'il sera blessé le fera réagir et retrouver des sentiments humains, jusqu'alors refoulés par le conditionnement des maîtres, actif depuis des siècles sur ses semblables.

Zee, la jeune esclave, est également un personnage attachant, même si l'interprétation de Vitina Marcus est moins en relief que celle des deux autres vedettes invitées, peut-être en raison d'un maquillage qui ne la met pas en valeur.

Le dernier quart d'heure, avec l'arrivée au temps des dinosaures, est moins convaincant. Sans doute les producteurs étaient-ils désireux d'utiliser les scènes tournées en début de série, comme en témoigne la version longue du pilote, et sans doute prévues pour le deuxième épisode, avant que la série ne s'oriente dans une autre direction.

Mais pour quel résultat ? Le suspense commence à devenir languissant. Le scénariste abuse des contretemps qui retardent d'autant plus le moment où Nimon va parler. Enfin parler, est-on tenté de dire, car on pourrait  pousser un grand « Ouf ! » lorsque cela se produit enfin... OK, on assiste à un combat entre dinosaures assez plaisant, mais le final s'avère décevant, et presque ridicule : Nimon, l'apôtre de la société humaine calquée sur celle des abeilles, finit par être victime de ces animaux dans une ruche géante ! Comme leçon de morale, on pouvait trouver mieux...

Critique d'Estuaire44

Nouvelle massive déception que Chase Through Time. En effet les prémices s'en avèrent fortement prometteurs, avec un prologue annonçant une belle histoire d'espionnage enrichie par un subtil jeu temporel, comme lors de l'excellent Secret Weapon (on apercevra d'ailleurs une soucoupe temporelle proche de celle  de cet opus). Alors que ce stimulant projet prend vie sous nos yeux, il se voit foudroyé d'un coup d'un seul par le retour des calamiteux hommes en papier alu de Visitors from Beyond the Stars, ou avoisinants. Le désastre est à peu absolu, entre Science-fiction antédiluvienne et caricaturale, maquillage et décors kitchissimes (à côté Buck Rodgers c'est du Bresson), pesanteur de l'exposition de la société, dialogues ampoulés… Un supplice pour l'amateur du genre, d'où même l'humour du second degré peine à émerger.

Par ailleurs, au lieu d'un antagoniste de haute volée comme celui de Secret Weapon, Niman ne cesse de décevoir, subissant passivement à peu près tous les évènements, se contentant de fuir sans jamais prendre d'incitative. Cette mécanique là fonctionne décidément à vide. Que le talent de Robert Duvall ne trouve jamais matière à s'exprimer génère une frustration supplémentaire. On apprécie les sympathiques animations de dinosaures à la Ray Harryhausen et la présence de la sculpturale Vitina Marcus (également admirée dans Lost in Space) mais cela ne contrebalance que fort partiellement l'impression de gâchis laissée par cet opus. Décidément Time Tunnel s'affadit, et sans doute se condamne, par ces recours à d'ineptes histoires hors sujet.

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25. LE RETOUR DE MACHIAVEL
(THE DEATH MERCHANT)

Le chronogyre est décidément très malicieux puisqu'il envoie Doug et Tony au cœur de la bataille de Gettysburg, de surcroît en compagnie de... Machiavel, qui a subi également un transfert spatio-temporel !

Critique de Phil DLM

Voici un épisode qui avait tout pour être une splendide réussite : un scénario de Bob et Wanda Duncan, jamais à court d'imagination puisqu'ils ont osé doter le terrible Machiavel des mêmes repères spatio-temporels que Doug, ce qui lui permet de voyager dans l'espace et le temps sur commande du chronogyre, et donc de se retrouver avec nos héros en pleine guerre de Sécession ; un affrontement permanent entre Doug, enrôlé par les Nordistes, et Tony, rendu amnésique par une explosion et persuadé d'être un soldat sudiste ; une équipe de savants et techniciens qui connaît la première grave divergence de vues entre le général Kirk et le docteur Swain ; enfin, des vedettes invitées connues et de qualité, Malachi Throne et Kevin Hagen en tête.

Malgré ces atouts incontestables, l'épisode déçoit, en raison sans doute d'un scénario trop monocorde. L'idée est bien trouvée, mais n'a pas été assez travaillée dans ses développements, si bien que l'histoire devient rapidement terne, ennuyeuse.

James Darren devient insupportable, il faut subir jusqu'à la fin son numéro de « Tintin chez les Sudistes », de soldat borné acharné à la perte de Doug, qu'il ne reconnaît pas. Au contraire, Malachi Throne est excellent en Machiavel observateur indifférent du massacre, mais se retrouve victime dans la version française d'un doubleur incompétent qui fait parler cet italien bon teint avec un accent espagnol bien mal venu, constellé de « yé souis » et autres expressions typiquement hispaniques.

Résultat : il s'agit d'un des rares épisodes qui m'ont donné envie de regarder ma montre à plusieurs reprises. Et j'ai eu une furieuse envie de pousser un « Ouf ! » de soulagement lorsqu'il s'est décidé à livrer son fort médiocre dénouement.

Critique d'Estuaire44

Nouvel épisode de Western, certes permettant cette fois de découvrir ce moment clé de la Guerre de Sécession que constitua Gettysburg (si bien connue des amateurs de Wargames). Le récit sait nous faire ressentir l'horreur de ce conflit particulièrement sanglant, cruel comme le sont si souvent les guerres civiles. Pour cela il a l'heureuse idée de s'attacher aux hommes de troupe et non aux généraux, expliquant éloquemment par l'exemple comment des hommes par ailleurs sympathiques peuvent mutuellement se massacrer. La violence des tueries s'accentue encore en contraste avec les splendides paysages naturels. L'écueil du manichéisme se voit également évité, notamment grâce aux compositions de John Crawford et Kevin Hagen. Une atmosphère plus tendue qu'à l'accoutumée s'instaure également au sein de l'équipe du Chronogyre, une nouveauté bienvenue.

Mais la spécificité de The Death Marchant repose sur l'apparition surprise de Nicolas Machiavel, surgi de la Renaissance. Extraire un personnage de son époque semble une bonne idée, permettant de varier les scénarios avec davantage de pertinence que les Extraterrestres sommaires et crétins. Évidemment le personnage aurait été mieux employé dans une vision satirique des rouages de Washington, mais ne rêvons pas.  Le récit pousse également au paroxysme les divers iniques clichés poursuivant ce penseur politique pénétrant, soucieux avant tout de renforcer le système républicain ou les princes éclairés face à effectivement une vision sans fard du cynisme humain.

Mais tout de même, on se régale de ce diable d'opéra, joyeusement caricatural et aux dialogues bien affutés, tout en faconde méditerranéenne (on pense un peu au Comte Manzeppi des Mystères de l'Ouest). Malachi Throne, irrésistible cabotin,  joue pertinemment à fond sa composition, servi incidemment par un excellent doublage français allant dans le même sens. Un antagoniste grand train, comme on les aime. Après le Comte Galba, on perçoit d'ailleurs que nos amis italiens s'en sortent mieux que les Français ou les Espagnols. Si l'opposition entre Doug et Tony paraît assez tiré par les cheveux, leur affrontement sur le pont nous vaut l'une des scènes les plus épiques de la série, en dehors des reprises de film. Une conclusion à la hauteur de cet épisode agréablement intense,  riche en action et en suspense.

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26. L'ATTAQUE DES BARBARES
(ATTACK OF THE BARBARIANS)

Nos deux explorateurs du temps surgissent au beau milieu de guerriers mongols dont le chef, héritier de Gengis Khan, est persuadé qu'ils font partie des troupes emmenées par l'explorateur Marco Polo, avec qui il est en guerre.

Critique de Phil DLM

Un épisode finalement fort agréable malgré le choix d'une époque peu attirante. Les péripéties variées vécues tant par Doug et Tony que par l'équipe du chronogyre se conjuguent avec l'apport de vedettes invitées très convaincantes, à l'image d'Arthur Batanides, tellement bien grimé en chef mongol qu'il en devient méconnaissable, ou de John Saxon, un parfait Marco Polo.

Tony tombe immédiatement amoureux de la princesse Sarit, et Doug va avoir énormément de mal à lui faire comprendre qu'une romance avec une femme d'une époque et d'un milieu totalement différents n'est pas réaliste. Ce coup de foudre est d'autant plus curieux que, probablement à cause du maquillage destiné à lui donner l'allure d'une mongole, Vitina Marcus, l'interprète de Sarit, est loin d'avoir dans cet épisode le physique ravissant de certaines beautés rencontrées au cours d'aventures précédentes, comme Hélène de Troie ou Rahab, la courtisane des Trompettes de Jéricho, qui avaient pourtant laissé Tony indifférent. Mais après tout, l'amour est aveugle, et Tony a peut-être des goûts spéciaux. Avec ce bon vieux Tony, il faut s'attendre à tout...

Ann Mac Gregor est attendrie par cet amour, au point de ne plus vouloir transférer Tony contre sa volonté. Heureusement, le général Kirk est plus réaliste. Après plusieurs essais infructueux qui finissent par devenir énervants, il finit par transférer dans le passé les armes qui vont aider Marco Polo, Tony et Doug à triompher des barbares.

Tout ceci est de fort bonne facture, et le final le sera encore plus. Au lieu du traditionnel transfert dans une autre époque, on assiste à l'arrivée sur le complexe Tic-Toc de Merlin l'enchanteur ( !), qui bloque ledit transfert, paralyse l'équipe du poste de commande et fait revenir Doug et Tony dans la présent, tout aussi inertes, afin de leur donner ses directives pour le prochain voyage ! Cette séquence à sensation conclut l'épisode, et constitue la meilleure des transitions vers le suivant.

Critique d'Estuaire44

Le scénario se montre d'une insigne faiblesse, se caractérisant par des raccourcis vertigineux (Doug sortant sans aucun souci du camp des Mongols portant Tony sur l'épaule bien en évidence, avant de tomber miraculeusement sur Marco Polo et ses amis, etc.) ainsi que par des vas et viens lassants entre deux uniques endroits, la forteresse et le camp. On a rapidement l'impression de tourner en rond, d'autant que les péripéties proposées demeurent continuellement basiques. Une romance mièvre cherche vainement à pimenter l'ensemble. On se demande bien pourquoi les scénaristes lancent Batu dans un conflit totalement imaginaire contre Kubilaï, personnage lui étant postérieur, dans un endroit d'Asie demeurant flou, au lieu de mettre en scène ses terribles et spectaculaires invasions de l'Occident. Le contresens historique est total, confinant au ridicule avec l'entrée en scène d'un Marco Polo, âgé d'un an à la mort de Batu et totalement improbable en chef de guerre, à des lieux de la grandiose  découverte de la Chine l'ayant rendu immortel. Tout cela tourne à vide et se révèle improductif au possible, ruinant deux très belles idées de scénario en échange d'un simple brouillon d'intrigue.

On passera rapidement sur l'équipe du Chronogyre envoyant des détonateurs en plein XIIIème siècle. Attack of the Barbarians bénéfice cependant d'une belle distribution. Sans être exceptionnel, Batanides divertit en un Batu battu mais pas abattu, tandis que John Saxon en Marco Polo d'opérette demeure une authentique curiosité. Mais c'est bien la sublime Vitina Marcus qui attire tous les regards, débarrassée du grotesque maquillage de Chase Through Time (elle avait déjà fait fort là-dessus dans  Lost in Space, en jouant la fameuse Girl from the Green Dimension). Avouons qu'elle justifie à elle seule le visionnage de l'épisode. Pour le reste on découvre les coutumières et amusantes naïvetés, comme Toug et Tony identifiant d'un seul coup d'œil un bouclier mongol, les plumes dignes d'un french cancan sur les casques des soldats,  ou une forteresse massivement occidentale en pleine steppe mongole etc. Mais, même si les inserts cinématographiques s'avèrent tout à fait spectaculaires, cet opus demeure clairement en dessous et surtout vraiment incongru.

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27. MERLIN L'ENCHANTEUR
(MERLIN THE MAGICIAN)

La légende des Chevaliers de la Table Ronde devient réalité pour Tony et Doug, qui vont connaître une aventure singulière avec les célèbres Roi Arthur, Guenièvre et Merlin l'enchanteur.

Critique de Phil DLM

Cet épisode ne tient pas vraiment les promesses entrevues en fin du précédent. Pourtant, il est riche en action et en personnages intéressants incarnés par de bons acteurs. Christopher Cary interprète un Merlin l'enchanteur malicieux et Vincent Beck, qui ressemble étonnamment à Antony Caruso et a l'avantage comme ce dernier d'être doublé par Henri Djanik, est assez surréaliste en chef des envahisseurs vikings pourvu d'un casque à cornes gigantesques.

Mais le passage de la science-fiction, qui relève encore du domaine véritablement scientifique, à la magie pure et simple, qui relève de l'occultisme et de l'irrationnel et va de pair avec une intrigue basée sur une légende en lieu et place des traditionnels événements historiques, peut déplaire car pas du tout dans la lignée de la série.

Le scénariste aurait mieux fait de réserver son potentiel de fantaisie pour la trame du scénario, dont la triste banalité devient évidente en fin d'aventure avec l'attaque du château et la mort du chef viking, scènes expéditives totalement ratées, à la limite du grotesque.

La perte de crédibilité de la série est confirmée par l'épilogue, d'une absurdité sans nom : encore un homme du futur vêtu d'une tenue argentée, et qui a l'audace de surgir dans la salle des commandes pour enlever Ann Mac Gregor !

Critique d'Estuaire44

On aime beaucoup Bewitched, vraiment, sa fantaisie magique et son humour malicieux. Mais quand on regarde Time Tunnel, c'est pour découvrir un autre type d'univers et d'histoire. Or Merlin et sa sorcellerie, telle qu'elle s'exprime ici, louchent trop vers le merveilleux de la série d'Elizabeth Montgomery pour ne pas paraître totalement hors sujet vis à vis du Chronogyre. Par ailleurs, cette irruption déjà malaisée du Fantastique au sein d'un récit de Science fiction s'avère particulièrement frustrante. En effet nos héros deviennent de simples pantins aux mains d'un Merlin tout puissant. Dès lors suspense et mérite disparaissent, tant les parties semblent déséquilibrées. Les auteurs tentent bien de corriger le tir en introduisant une notion pour le moins fumeuse de « trop de magie », mais cela ressemble trop à une mauvaise excuse de médiocre meneur de jeu de Donjons et Dragons pour résulter crédible le moins du monde.

Le Cycle arthuréen se voit sérieusement malmené avec, entre autres, des Vikings joyeusement anachroniques. Par ailleurs si l'interprète de Merlin ne suscite guère d'étincelles, ceux de Guenièvre et d'Arthur s'avèrent totalement transparents. Le chef viking s'en sort mieux mais, tous comme ses camarades, se trouve affublé d'un casque à cornes plus parodique qu'autre chose. Les amateurs des New Avengers s'amuseront à reconnaître le château d'Eilean Donan parmi les inserts, tandis que ceux de Kaamelott regretteront de ne finalement pas croiser Léodagan de Carmélide, l'un des plus savoureux personnages d'une série dont cet opus faiblard suscite une vive nostalgie.

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28. LES KIDNAPPEURS
(THE KIDNAPPERS)

Des extraterrestres vivant dans un futur lointain ont enlevé le docteur Ann Mac Gregor, afin que le général Kirk, pour tenter de la délivrer, transfère Tony et Doug, sur lesquels ils souhaitent se livrer à des expériences, dans leur espace-temps.

Critique de Phil DLM

Passée la déception de retrouver encore et toujours des habitants du futur vêtus de combinaisons argentées, on s'aperçoit que le scénariste a su faire preuve de plus d'imagination que le créateur des costumes. Des habitants d'une planète gravitant autour d'une étoile située à cent années-lumière du soleil, et vivant plus de huit mille ans après Jésus-Christ, ont décidé de tout connaître de l'histoire de la Terre. Ils enlèvent des personnalités ou des dictateurs du passé terrestre afin d'étudier en détails leurs mécanismes de pensée. L'ennui, c'est qu'après l'opération les victimes deviennent complètement amorphes. Or, ces créatures ont jeté leur dévolu sur Doug et Tony, en tant que premiers voyageurs spatio-temporels.

Le maître d'œuvre de ces sinistres expériences montre à nos héros un de ses cobayes, dont on a deviné avant même que son visage ne soit découvert qu'il s'agit forcément d'Hitler, comme de juste enlevé dans son bunker alors qu'il s'apprêtait à se suicider ( !). Ce faux effet de surprise gâche l'ironie de la situation : le chef des nazis victime d'expériences pas très éloignées de celles pratiquées en masse par ses zélateurs...

Voilà qui n'est pas mal conçu et interprété, et pourtant l'épisode n'atteindra jamais les sommets, en raison d'incohérences de scénario flagrantes. En premier lieu sur la trame de l'histoire : les extraterrestres enlèvent Ann afin de servir d'appât, opération bien inutile puisqu'on apprend qu'il ont été chercher leurs cobayes à toutes les époques de l'histoire terrestre. Alors, pourquoi ne pas avoir enlevé directement Doug et Tony au lieu de passer par ce moyen détourné ?

Ensuite, et surtout, comment des êtres aussi évolués pourraient-ils se trouver dans un tel état de vulnérabilité dès que la nuit tombe ? D'accord, ils sont à la merci de la lumière, dont ils se nourrissent, à l'image des plantes, toute autre nourriture étant inexistante sur leur planète. Et ils n'auraient pas trouvé un moyen de remédier à ce problème, malgré leur technologie remarquablement développée ? Et qu'est-ce qui les empêche d'aller chercher leur nourriture dans le passé avec leur machine à explorer l'espace-temps, qui paraît très performante ?

Autre déception, la prestation de Lee Meriwether, toujours aussi agréable à regarder, mais qui en fait beaucoup trop dans le registre de la pleureuse, auquel elle est habituée sur cette série. Le docteur Mac Gregor est une scientifique intelligente, alors pourquoi nous la montrer aussi régulièrement avec un tel comportement de cruche ?

Critique d'Estuaire44

Et voici une énième intervention d'Aliens bariolés d'argent, apportant un nouvel écart au thème pourtant inépuisable de la série. On s'interroge vraiment  sur l'origine de ces perturbations, alors que tant d'époques, événements et personnages historiques demeurent encore disponibles. Sans doute Irwin Allen a-t-il été trop gourmand en prévoyant le nombre conséquent de 30 épisodes pour cette première saison, d'où un certain tarissement narratif. Ces Aliens doivent également paraître moins ridicules aux téléspectateurs des années 60, car se situant dans la norme de la Science-fiction de l'époque, à laquelle The Twilight Zone apporta une conséquente rupture.

On reconnaîtra aux auteurs le mérite d'avoir malgré tout tenté de situer le déplacement temporel au coeur de leur intrigue, ainsi que d'avoir eu l'excellente idée de faire franchir le miroir à une toujours aussi émotive Ann. Malheureusement ces bonnes dispositions sont balayées par le tsunami de kitsch déferlant sur l'ensemble du récit : maquillages costumes et décors agressent sans pitié le regard. Le scénario, prenant l'eau de toutes parts, accumule également les bourdes, comme la latitude invraisemblable laissée au héros ou cette civilisation hyper avancée incapable d'installer des caméras de surveillance. Le brusque sommeil des Canopiens résulte trop providentiel pour une pas constituer une grosse ficelle de scénariste, d'autant que l'on ne voit pas une société technologique se développer sans trouver des palliatifs à cette faiblesse. On s'amuse franchement devant quelques plaisantes naïvetés, telles les portes coulissant en émettant un « psch » caractéristique, grand poncif de l'époque et avec le geste du bras qui va bien s'il vous plaît. Il est presque attendrissant de voir les cartes perforées demeurer d'actualité dans un si lointain futur. Mais, malgré qu'il ne soit pas entièrement dépourvu de qualités, The Kidnappers témoigne surtout de l'inquiétant épuisement de la série.

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29. LES AVENTURIERS DE L'ESPACE
(RAIDERS FROM OUTER SPACE)

Au beau milieu de la bataille de Khartoum, Tony et Doug vont tenter d'empêcher des envahisseurs venus d'une planète hostile de conquérir la Terre.

Critique de Phil DLM

Des extraterrestres ultra kitsch, et pas dans le bon sens du terme, une histoire médiocre de conquête de la Terre par des envahisseurs de l'espace se déroulant dans le passé, donc dont on sait tout de suite qu'elle n'a pu aboutir, erreur majeure déjà commise dans Ceux qui viennent des étoiles, dont le scénario a été vulgairement recyclé : décidément, la série s'enfonce dans le grand n'importe quoi.

Un acteur tel que Kevin Hagen a probablement accepté ce rôle de chef extraterrestre pour des raisons purement alimentaires : il faut bien vivre... Pour un personnage soi-disant évolué, il est curieux qu'il ne comprenne pas que sa conquête de la Terre va forcément échouer, sans quoi les hommes du futur n'auraient pas eu le loisir de construire le chronogyre, dont il connaît l'existence. Sa naïveté est tout aussi déconcertante : il se contente d'avertir les savants de ne pas utiliser le chronogyre pendant les deux heures à venir, sans prendre la peine de neutraliser la machine, alors qu'il en a les moyens et le prouvera par la suite. Résultat : Doug en profite pour lui échapper, transféré par le chronogyre...

Bref, on a compris qu'il s'agit là d'un navet de première classe. Du coup, les défauts inhérents aux derniers épisodes de la série passent moins inaperçus, et deviennent plus gênants qu'auparavant : nouvelle voix française de Doug, alors que celle de Gabriel Cattand était parfaite en tous points, expression « tunnel du temps » employée à la place de « chronogyre ».

Quant au mélange improbable entre la bataille de Khartoum et les agissements des envahisseurs, avec un John Crawford bien trop facilement convaincu par Doug et Tony de l'existence des extraterrestres après une période de scepticisme aigu, il est d'un mauvais goût et d'un grotesque accomplis. Les scènes de bataille, en fin d'épisode, sont encore plus ennuyeuses que ce qui a précédé. Vraiment, Bob et Wanda Duncan nous avaient habitués à beaucoup mieux.

Critique d'Estuaire44

Quelle bonne idée d'avoir retenu la Guerre du Mahdi et la la fameuse bataille de Khartoum ! Action trépidante, splendeur des paysages, sujet exotique, tout ceci paraît pour le moins prometteur ! Mais qu'ouïs-je ? « Nous sommes ici pour vous détruire, c'est compris ? ». Hélas, c'est en fait l'épisode entier que détruisent sous nos yeux incrédules de nouveaux Aliens provenant d'un espace profond décidément surpeuplé. Ceux-ci se montrent performants, parvenant sans peine à résulter plus ridicules et fauchés que leurs prédécesseurs.

On atteint une espèce de summum avec le Maître, particulièrement gratiné. Le scénario est à l'avenant, entre détour artificiel et accompli à une vitesse hallucinante par la dite bataille, complot caricatural et sommaire, dialogues en plomb ou encore champ de force annihilé par des grenades du XIXème siècle. En fait, mise en scène, maquillages et clichés renouent à la perfection avec les pires séries B de Science-fiction des années 50 (le titre est d'ailleurs caractéristique), alors même que les années 60 sont dans leur seconde moitié. C'est peut-être cela, le Tunnel du Temps, en fait. Fuyons.

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30. LA CITÉ DE LA TERREUR
(TOWN OF TERROR)

Escale en 1978 pour nos voyageurs du temps, aux prises avec des androïdes désireux de transférer sur leur planète la totalité de l'oxygène terrestre.

Critique de Phil DLM

Un épisode au climat anxiogène présent dès la séquence pré-générique. Impossible en visionnant celle-ci de ne pas penser aux Envahisseurs, tant les similitudes avec cette série, confirmées et amplifiées par la suite, sont nombreuses : adoption par les aliens de l'apparence humaine, installations sophistiquées cachées dans une cave déserte, hommes de main vêtus de combinaisons, privation d'oxygène pour les humains.

Le problème, c'est que la ressemblance avec les aventures de David Vincent est incomplète. Il manque dans cet épisode un élément essentiel : le talent. L'histoire est tout juste regardable, et encore avec un œil distrait. Les envahisseurs ont toujours un aspect aussi kitsch, ce qui devient une mauvaise habitude, et il s'agit encore d'une histoire d'extraterrestres désireux de détruire notre planète. A croire que le chronogyre n'a été construit que pour permettre à Doug et Tony de sauver la Terre, à toutes les périodes de son histoire, des êtres venus de l'espace...

Les maladresses de réalisation sont flagrantes. En étant attentifs, on découvre le défaut des séquences de débuts d'épisodes, lorsqu'on voit de dos les membres du poste de commande assister à l'arrivée de Doug et Tony dans une nouvelle époque : ce sont toujours les mêmes images de Kirk et de son équipe, passées et repassées plusieurs fois en avant et en arrière.

L'usurpation d'identité de Pete par un envahisseur ne surprend pas le moins du monde tellement la manœuvre était téléphonée, on peut même dire attendue depuis l'entrée en scène du jeune couple. Ces deux intervenants, justement, n'apportent rien à l'histoire. Trop transparents. Aucune personnalité, surtout chez la jeune femme, jolie mais véritablement potiche.

Les scènes filmées dans les rues désertes, parmi des personnages inanimés, auraient pu se rapprocher de ce qu'on a vu dans certains épisodes des Avengers, mais là encore il manque le facteur essentiel : le talent.

Enfin, on ne comprend pas pourquoi en fin d'épisode, Tony et Doug sont à nouveau transférés sur le Titanic, et que l'on nous montre des extraits du premier épisode, créant d'ailleurs un fort contraste de qualité avec ce à quoi on a assisté pendant trois-quarts d'heure. Sans doute est-ce en prévision d'une rediffusion de la série en boucle, ou bien une manière de montrer que le temps et l'histoire ne sont qu'un éternel recommencement, et que Tony et Doug sont condamnés à errer sans fin entre les époques passées et futures.

Si la série se termine sans apporter de conclusion, les spectateurs, eux, peuvent en adopter une, et la mienne est avant tout une absence de regret concernant l'arrêt de la série, au vu de la piètre qualité des derniers épisodes diffusés.

Critique d'Estuaire44

On n'épiloguera pas sur cet ultime opus de Time Tunnel, celui-ci rejoignant une tradition bien connue des amateurs des Avengers, puisqu'il s'agit clairement de la plus décevante et inepte aventure de Doug et Tony. Il demeure passablement  fascinant de constater que la série parvient à susciter des maquillages et costumes toujours plus fauchés et grotesques, concomitamment à des scénarios toujours davantage inconsistants. A ce rythme, on se demande avec un certain vertige ce qu'aurait finit par produire Time Tunnel, si elle s'était prolongée, parce que là, on se situe déjà dans les tréfonds du Nanarland.

Mais, au-delà d'un dernier épisode, Town of Terror marque l'aboutissement d'une funeste évolution. En effet, le dérisoire cache-misère  des dix années dans le futur ne trompe guère. De fait, Time Tunnel a cessé de former un épique récit de voyages temporels, pour se muer en un consternant pot–pourri des pires histoires d'Extra-terrestres imaginables. La série atteste ainsi elle-même qu'elle n'a plus rien à dire et l'on comprend que les diffuseurs aient souhaité arrêter la machine infernale avant la prévisible désaffection du public. On aura rarement assisté à un sabordage aussi magistral, un Jump the Shark de premier choix.

Comme si souvent, l'équipe du Chronogyre vient une ultime fois au secours du duo vedette, son agonie par asphyxie représentant l'unique passage quelque peu intense. Un joli baroud d'honneur, bien mérité, mais, au sein du nouvel univers de série, sa présence ne peut plus apparaître que comme un témoignage de jours plus heureux, pour ne pas parler de simple alibi. Prenons congé d'Ann et de ses deux complices, parfaits archétypes de ces seconds rôles soutenant précieusement leur série.

Ainsi s'achève l'odyssée de Doug et Tony, dont on ne saurait oublier les grands et trépidants moments. Du fait du couperet tombé sur la série, notre intrépide duo ne reviendra en définitive jamais à son époque, une espèce de performance quand l'on considère le nombre imposant de personnages ayant passé par le Chronogyre pour atteindre cette base si secrète ! Nos ingénieurs aux nombreux talents semblent d'ailleurs coincés dans une boucle temporelle puisque le prochain épisode annoncé n'est autre que le pilote (incidemment le contraste avec Town of Terror s'avère terrible).  Souhaitons-leur de rencontrer un drôle de bonhomme dans sa boite bleue magique.

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Images capturées par Phil DLM.

 

 saison 1 saison 3

AU COEUR DU TEMPS (1966-1967)

ÉPISODES 1 - 15


1. RENDEZ-VOUS AVEC HIER
(RENDEZVOUS WITH YESTERDAY)



Le sénateur Clarke est mandaté par ses pairs pour procéder à une inspection du complexe Tic-Toc, où douze mille personnes travaillent depuis dix ans à l'élaboration d'une machine à voyager dans le temps. Peu convaincu par sa visite et effrayé par le coût exorbitant des recherches, le parlementaire semble déterminé à supprimer les crédits affectés au projet, à moins qu'une expérience concluante ne soit menée à bien en sa présence. Devant la menace de voir ses travaux réduits à néant, le docteur Tony Newman décide de tenter lui-même l'expérience, bien que les derniers réglages ne soient pas achevés, et malgré l'interdiction de ses supérieurs...

Critique de Phil DLM

Ce pilote constitue une très agréable surprise. J'avais gardé le souvenir d'une histoire intéressante, mais à l'intrigue trop raccourcie par la présentation du complexe et des personnages. En fait, les aventures sur le Titanic débutent dès la douzième minute, et ont tout le temps nécessaire pour être suffisamment développées.

L'impression de démarrage tardif avait sans doute été produite par l'exceptionnelle richesse des découvertes offertes au téléspectateur en début d'épisode. Pas de discours inutiles, on se retrouve plongés au cœur même du complexe presque instantanément. L'avion du sénateur se pose en plein désert. Une voiture vient le chercher et s'enfonce dans une ouverture à même le sol sablonneux, qui se referme aussitôt le véhicule englouti. Doug montre au sénateur la vue impressionnante des 799 étages du complexe, puis les deux hommes descendent en chute libre jusqu'au chronogyre.

Il est visible que le sénateur Clarke est arrivé avec une idée préconçue et que ce politicien soucieux du bon usage de l'argent public a l'intention de couper les crédits de ce qu'il considère comme une somme d'expériences hasardeuses conduisant à un gouffre financier. En désespoir de cause, Tony programme le chronogyre à l'insu de ses collègues et de ses chefs et se projette lui-même dans le temps, afin de prouver la validité du projet.

Il est difficile de croire que tout ceci a pu être montré en douze minutes, et pourtant cet exploit a été réalisé. La suite relève d'un épisode plus « normal », à savoir les efforts déployés pour localiser Tony, si ce n'est que Doug décide de le rejoindre pour lui porter secours.

La présentation du complexe et des personnages avait retenu l'attention par la richesse de son contenu et l'excellence des décors. La phase suivante n'en présente pas moins un intérêt certain. Plus que le suspense au sujet du risque de voir Tony et Doug couler avec le Titanic, c'est le charme désuet et le jeu des acteurs qui vont captiver le spectateur.

Le charme est apporté par l'ambiance du début du XXième siècle et par le personnage de l'institutrice, cette jeune femme touchante atteinte d'une tumeur au cerveau, embarquée pour les Etats-Unis où on doit tenter l'opération de la dernière chance. Doug et Tony vont réussir à la sauver du naufrage, ainsi qu'un jeune enfant de migrants voyageant en troisième classe.

Les acteurs ont été très bien choisis. Susan Hampshire apporte sa fraîcheur au rôle de l'institutrice, et la vedette invitée Michael Rennie s'avère excellent en capitaine incrédule (et pour cause !...) devant les prédictions de ses deux passagers clandestins, qu'il prend pour des agents envoyés par une compagnie concurrente pour retarder la marche du paquebot, puis contraint de se rendre à l'évidence lorsque le drame se produit. On peut constater la naïveté de Doug et surtout de Tony, qui raconte son histoire de voyage dans le temps d'un air aussi naturel que s'il annonçait la météo du lendemain, et s'étonne de n'être cru par personne.

A noter qu'une version « longue » (en fait d'une durée supplémentaire de cinq minutes...), présentée en version originale sur le DVD, a été tournée. La seule différence avec l'épisode diffusé est la séquence du transfert final. Tony, séparé de Doug, atterrit alors à l'entrée du complexe, mais dix ans trop tôt, si bien que personne, pas même Doug, ne le reconnaît et qu'il se retrouve à deux doigts de perdre la tête. Ray et Ann se rendent vite compte de l'erreur et un nouveau transfert lui permet de rejoindre Doug.

Les deux hommes enfin réunis constatent qu'ils ont voyagé loin en arrière puisqu'ils font face à un énorme dinosaure, alors que dans la version diffusée, ils sont logiquement projetés dans la fusée lunaire de l'épisode suivant.

Critique d'Estuaire44

La scène d'entrée se révèle excellente, avec un  ton très Invaders : Amérique désertique, mêmes costumes et attitudes des personnages, on s'y croirait. La confortable limousine ne disparaît pas dans une lumière rouge mais dans une trappe astucieusement agencée, Blofeld ne ferait pas mieux. Profitons de l'occasion d'admirer les superbes décors de la base et de la salle du Chronogyre, la suite de la série se centrera sur la seule console de ce dernier. L'ensemble s'inspire visiblement beaucoup de Planète Interdite (1957) et se montre spectaculaire encore aujourd'hui. Certains effets spéciaux ont revêtu une agréable patine d'époque, mais le charme de la série réside aussi en cela. Quelques données passablement délirantes (800 étages, 12 000 personnes) situent également savoureusement l'action dans les Sixties.

Hélas le problème récurrent de la série se fait jour très tôt, avec la jeu correct mais sans relief de Robert Colbert (Doug), tandis que le vétéran Whit Bissell (Kirk) manifeste autrement plus de personnalité et de pittoresque. De fait les personnages secondaires (l'équipe du Chronogyre) voleront régulièrement la vedette aux deux héros. En dix ans le Projet Tic-Toc à coûté 7,5 milliards de dollars d'époque, ce qui en 2011 donnerait certainement des vapeurs à Obama. Pour ce prix là on obtient tout de même le Chronogyre, toujours aussi esthétiquement fascinant des décennies plus tard. Quel joyau, vraiment. Nous rencontrons le reste de l'équipe, dont ce bon vieux Tony (à la différence de Robert Colbert, James Darren est franchement mauvais) mais surtout de la magnifique Ann, à qui Lee Meriwether apporte sa grande beauté. L'un des plus sublimes actrices des Sixties.

 Voici que Tony se précipite dans le Chronogyre, en ayant revêtu ce pull verdâtre qui deviendra la Némésis du spectateur durant toute la série. Il plonge dans le Vortex, l'occasion de découvrir quelques images emblématiques de la série : les pétards qui explosent dans le Tunnel, le kaléidoscope réalisé avec des pots de yaourt. Tout ceci est antédiluvien au possible et passablement fauché mais surtout… Génialissime.  Pendant ce temps Doug actionne l'alarme et des myriades de militaires se mettent à courir à toute allure dans les 800 étages. Où vont-ils, que font-ils ? Mystère, mais il fallait bien montrer encore une fois les rutilants décors.

Doug se pose suavement sur le Titanic. Cameron et le Docteur sont passés par là, ce qui fait que le recours à ce navire fait un peu téléphoné aujourd'hui, mais il fallait bien dramatiser le pilote (le pilote de la série, et non celui du Titanic, assez dramatique comme ça, on l'aura compris, je pense) Avec le Titanic, débutent aussi les récupérations de chutes de film, efficaces ici. La reconstitution (décors et costumes) est correcte mais la mise en scène reste totalement statique, ne restituant absolument pas le roulis d'un navire. Cela fait terriblement studio, d'autant que la photographie n'arrange rien. Débute alors une série de passages obligés du voyage temporel : les renseignements datant l'action au détour d'une conversation (autre option que le poncif du journal), la révélation de l'évènement en cours, alias le Titanic, avec le roulement de tambour qui va bien et Tony tentant de convaincre un capitane incrédule que le cauchemar a déjà commencé. On a vu cela très souvent (notamment dans The Twilight Zone) mais l'ensemble demeure rondement mené, sans temps morts. Le toujours impressionnant Michael Rennie inaugure avec succès le défilé de guests relevés de la série tandis que Susan Hampshire se montre délicieuse en Anthea.

Le versant Chronogyre se montre plus incisif encore, avec la mise en place définitive du décor sur un tempo agréablement nerveux, ce qui n'empêche pas un joyeux jargon scientifique, très Sixties lui aussi. On se croirait sur la passerelle de l'Enterprise. Les caractères des différents membres de l'équipe apparaissent efficacement dessinés, le groupe résultant d'ailleurs pertinemment équilibré. On retrouve avec plaisir les images en surimpression sur le Chronogyre, l'une des meilleures idées de la série, l'effet fonctionne totalement. L'arrivée de Doug sur le cercueil flottant vient dynamiser à point nommé une action principale qui commençait à faire du surplace. La rencontre avec le gamin français s'avère très sympathique, et puis quelques phrases en français dans une version originale, cela fait toujours plaisir. On remarque que, pour nos amis Américains, les Français arborent le béret dès huit ans, why not ? Sans divertir à d'autres actes, on en vient à la catastrophe, qui résout une difficulté que l'épisode a soigneusement passé sous silence : l'aventure de Doug et Tony ne bouleversera pas l'Histoire, une constante de la série. On s'étonne tout de même que le capitaine découvre soudainement le nombre de places disponibles sur les chaloupes.

Malgré les contraintes du tournage en studio, le drame se voit mis en scène avec force. La dimension horrifique en est éloquemment reconstituée et voir ces images à travers le prisme du Chronogyre les rend plus insoutenables encore par l'impuissance des spectateurs. Michael Rennie se montre impérial et les divers personnages rencontrés expriment une belle émotion, sans pathos excessif. Le premier harponnage temporel de nos amis s'effectue et c'est alors que l'épisode nous offre un merveilleux cadeau. Toute la séquence du schisme temporel se révèle d'une intensité et d'une étrangeté digne d'éloges. On quitte le voyage temporel classique pour s'aventurer dans les méandres de La Quatrième Dimension. Un superbe exercice de style ! La conclusion sur la Préhistoire demeure plus convenue mais on ne peut qu'adorer l'animation effectivement hors d'âge du dinosaure.

Ainsi s'achève ce pilote, qui n'aura pu totalement éviter une intrigue du jour un tantinet schématique mais qui aura posé avec talent les jalons de cet univers, tout en s'octroyant quelques images spectaculaires. Une vraie réussite, qui augure du meilleur pour la suite des évènements.

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2. LE CHEMIN DE LA LUNE
(ONE WAY TO THE MOON)

Le voyage dans l'avenir est au programme pour Tony et Doug, qui sont projetés dans une fusée en instance de départ pour la planète Mars. Cette mission spatiale se déroule dix ans après le temps présent. Les astronautes américains présents dans la fusée ne croient pas à la version de leurs passagers clandestins, qu'ils prennent pour des espions chargés de faire échouer la conquête de la planète rouge.

Critique de Phil DLM

Évidemment, on peut être déçu par la naïveté des décors censés représenter l'espace, la Lune et la Terre vue de l'espace : ciel étoilé qui suinte le faux, sol lunaire craquelé à la manière d'une surface terrestre victime de sécheresse, vue de la Terre peu réaliste. Comment des décorateurs aussi efficaces sur le complexe Tic-Toc ont-ils pu se montrer aussi déficients sur cet épisode ? Il semble que, même en 1966, on aurait pu faire nettement mieux. On a l'impression d'assister à un film des années cinquante, voire des années trente...

Passé cette déception, il faut reconnaître que l'épisode s'avère captivant de bout en bout. Ce n'est pas souvent que nos héros voyagent dans le futur, et la conquête de l'espace est un sujet intéressant. En quelque sorte, c'est le pendant dans la « vraie vie » de la conquête du temps dans la fiction : mêmes projets coûteux et démesurés, déployés surtout pour la gloriole, car finalement les voyages sur la Lune se révèleront tellement décevants qu'ils seront abandonnés dès les années 70.

La première partie est surprenante dans la mesure où le titre de l'épisode suggérait qu'il s'agissait d'une fusée lunaire et non se dirigeant vers Mars. Tout rentre dans l'ordre lorsqu'on apprend que le poids supplémentaire dû à la présence de Tony et Doug oblige les astronautes à faire une escale sur la Lune, afin d'emmagasiner du carburant supplémentaire.

La présence d'un traître au sein de la mission ajoute du suspense aux multiples péripéties, d'où un épisode mené sur un rythme rapide et constant. Beard, le traître, est interprété par l'excellent James T. Callahan,  acteur particulièrement doué pour de tels rôles. On le retrouve à la fois au sein du quartier général pour une visite du complexe, et dix ans plus tard parmi les astronautes en partance pour la planète Mars. Stupéfait, il assiste sur l'écran du chronogyre à la vision de ce qu'il sera devenu dix ans plus tard !

Fourbe sur la Terre comme sur la Lune ou dans l'espace, Beard fait preuve d'un machiavélisme peu commun en liquidant son comparse, une fois ce dernier démasqué, et en détournant les soupçons des autres astronautes sur Doug et Tony afin de mener à bien en toute tranquillité le sabotage de la mission martienne. Son petit sourire ironique lorsqu'il abat son complice vaut le coup d'œil. Quel acteur !

Les autres vedettes invitées se distinguent également, chacune à leur manière. Larry Ward interprète un chef décidé et courageux, alors que l'étonnant Warren Stevens incarne un astronaute plus réfléchi, plus humain mais pas moins efficace.

Critique d'Estuaire44

L'incursion dans le futur de nos deux Chrononautes permet l'intersection des deux sujets sur lesquels s'est historiquement bâtie la Science-fiction contemporaine, à partir des années 20/30 : les voyages dans le temps et dans l'espace. Malheureusement l'histoire principale ne parvient pas à atteindre une fusion des deux genres, un alliage malaisé mais pas impossible. Il s'agit d'ailleurs de l'une des composantes de l'inaltérable succès du Docteur. Ici Time Tunnel privilégie l'aventure spatiale, qui plus est en se cantonnant aux clichés les plus usuels de ce type d'histoire, jusqu'à virer à l'abécédaire. On trouve ainsi les météorites, les problèmes de carburants, les fuites d'oxygène, l'ordonnancement classique de l'équipage, les tenues des cosmonautes, les atterrissages en catastrophe etc.

Le symbole le plus parlant de ce mouvement demeure l'éviction quasi complète des héros de la série durant toute la première moitié du récit, à ce point là c'est assez rarissime. De plus la mise en scène, pour tenter de pallier au huis clos, ne trouve rien de mieux que de multiplier les gros plans sur  visages, tandis que les personnages déclament les répliques ronflantes typiques du space opera de l'époque. Doug et Tony reviennent dans le match en seconde mi temps, mais celle-ci se résume à des vas et vient laborieux entre la fusée et un improbable entrepôt situé au beau milieu de nulle part. On a vite l'impression de tourner en rond, même si l'on apprécie la touche très Sixties du Spy Show. L'interprétation apparaît également satisfaisante, avec notamment Warren Stevens.

Fort heureusement l'équipe du Chronogyre est là pour venir non seulement à rescousse des protagonistes mais aussi de l'épisode. L'action s'y montre beaucoup moins figée, avec une excellente mise à contribution un décor central. On verse cette fois totalement dans Spy Show très divertissant, d'autant que le Projet mars paraît dans l'ensemble comporter plus d'espions que de loyaux Américains ! Surtout, le Chronogyre (plus que jamais la vraie vedette de la série) va enfin permettre une fusion intelligente des voyages spatiaux et temporels, par la vision  partielle du futur de saboteur embarqué. Le suspense concernant sa révélation fonctionne jusqu'au bout et  son apparent triomphe témoigne d'une ironie aussi brillante que sardonique.

Mais One Way to the Moon nous séduit également par ses innombrables naïvetés hautement divertissantes, afférentes au voyage spécial. On trouve là un vrai festival, tout à fait impossible à notre époque davantage blasée et rassie. On s'étonne tout d'abord qu'une société ayant découvert le saut temporel et la gravité artificielle (1978 !)  produise un vaisseau aux performances aussi limitées. C'est mal parti pour Mars, mais on apprécie les nombreuses ressemblances entre le vaisseau et celui d'Hergé (récupérations du classique, 1950). Les contraintes de décompression des tenues (ploutch !) sont royalement ignorées, mais on assiste à quelques grandes moments, comme les personnages dépourvus d'intercom discutant comme si de rien n'était dans le vide spatial, ou l'incendie flamboyant gentiment dans cette même absence d'atmosphère. Les combats dans l'entrepôt ne tiennent absolument pas compte de la faible pesanteur lunaire, alors même que celle-ci a été préalablement évoquée. C'est formidable. Le goût de la prévision positive de l'alunissage, mais non, ils vont s'écraser !, mais non, ils se posent « par miracle », c'est assez goûteux également.

On s'amuse franchement mais on admire également les décors peints, ainsi que le superbe point de vue de l'artiste. Ces effets spatiaux antédiluviens touchent au cœur par leur naïveté. la Science-fiction à l'écran c'est aussi cela : la capacité d'émerveiller avec quelques ampoules et coups de peinture, pour peu que le spectateur ait gardé l'esprit ouvert. One Way to the Moon demeure une réussite incomplète mais, à l'orée de la série, présente le mérite d'indiquer que le devenir de Time Tunnel se jouera davantage dans l'exploration du passé et le voyage temporel classique plutôt que sur des convergences difficiles avec d'autres familles de la Science-fiction.

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3. LA FIN DU MONDE
(END OF THE WORLD)

Doug et Tony se retrouvent en 1910, au moment du passage de la comète de Halley. Un savant émérite avait prévu alors une collision entre la Terre et la comète. Persuadés que la fin du monde est imminente, les autorités refusent de porter secours à des centaines de mineurs victimes d'un éboulement.

Critique de Phil DLM

Un épisode insignifiant comportant une somme d'erreurs, d'approximations et même de contre-vérités historiques déconcertantes. Scientifiquement, c'est du grand n'importe quoi. La comète de Halley passe très loin de la Terre, et elle était déjà bien connue en 1910. Les scientifiques savaient donc pertinemment qu'elle ne constituait aucun danger, en dépit du fait que, au contraire des étoiles filantes « porte-bonheur », les comètes n'ont jamais eu auprès du peuple une bonne réputation.

Dans ces conditions, les scènes de panique populaire suscitées par les prévisions d'un savant annonçant une catastrophe sont une invention pure et simple. Panique au sein de classes populaires à l'époque peu éduquées et superstitieuses, d'accord. Mais encouragée par un scientifique, cela relève de l'escroquerie intellectuelle.

Autre imposture scientifique, l'étrange « masse moire » invisible censée détourner au tout dernier moment la comète de sa trajectoire prétendument dirigée vers la Terre. Où donc les scénaristes ont-ils été chercher une telle débilité ?

La comète est très mal représentée, sous la forme d'une espèce de soleil dont on ne voit même pas la queue, sauf lorsque le professeur Ainsley annonce, pour convaincre la foule de son erreur, qu'elle va disparaître et que cela va se produire dans quinze secondes ( !) Comme si la queue d'une comète, gigantesque nuage de gaz, pouvait s'escamoter en l'espace de quelques secondes ! Et si tel était le cas, comment Ainsley aurait-il pu prévoir l'instant précis où le phénomène allait se produire ?

On croit avoir atteint avec cette séquence le comble de l'absurdité, mais il n'en est rien. Le pire est à venir, avec la scène pitoyable au cours de laquelle le chronogyre attire la comète , ce qui produit un cataclysme au sein du poste de commandement. On peut supposer que les calculs d'Ainsley étaient justes et que le détournement partiel de la comète par le chronogyre constitue la fameuse « masse noire » qui a évité la collision et la fin du monde, mais ceci n'est pas explicité par le scénario.

Si elle s'avérait exacte, cette insinuation signifierait que le chronogyre a sauvé la Terre de la destruction 58 ans avant sa construction ! Hypothèse séduisante mais bien entendu irréaliste, puisqu'on sait que la comète de Halley passe systématiquement à des millions de kilomètres de l'orbite terrestre. Il ne reste donc de cette séquence que le mysticisme grotesque apporté par le médiocre Jerry.

Et Doug et Tony dans tout cela ? Ils passent la totalité de l'épisode avec le visage noirci de charbon, à un point tel qu'on a l'impression de regarder Germinal et non Au cœur du temps...

Heureusement, cette histoire se termine dès la 41ème minute avec la scène de transfert de Tony à l'entrée du complexe Tic-Toc, mais dix ans trop tôt, issue de la version longue du pilote, qui avait été coupée au montage définitif, et se retrouve insérée entre les inepties astro-minières et les scènes de présentation de l'épisode suivant, en l'espèce Pearl Harbour. Cette séquence arrive comme un cheveu sur la soupe et n'améliore en rien le niveau désolant de l'épisode.

Critique d'Estuaire44

Comment réaliser un épisode passionnant en s'inspirant d'un fait historique connu (le passage de la Comète de Haley en 1910), sachant qu'en définitive il ne se passera rien ? End of the World en établit l'éblouissante démonstration, basée sur deux axes : l'aventure de Doug et les fracassantes péripéties autour du Chronogyre.

L'éboulement de la mine dramatise habilement et apporte un véritable enjeu à la situation, il s'agit d'une excellente idée de scénariste, sachant optimiser le voyage temporel. Le face à face entre Doug et l'astronome se révèle également savoureux, avec quelques excellentes idées de mise en scène comme l'utilisation d'un véritable oscilloscope d'époque (passionnant !). Le fait que Doug ne parvienne pas initialement à prouver la collision instille un doute glaçant tout à fait judicieux. On regrettera que la justification trouvée demeure commodément invisible et très floue, il aurait été plus perspicace de connecter cela à l'interaction se déroulant avec le Chronogyre, bouclant le paradoxe temporel, mais c'est un détail. L'atmosphère de fin de monde et le décor de l'observatoire évoqueront de bons souvenirs aux amateurs de Cathy Gale car l'on retrouve une situation finalement très proche de La Naine Blanche !

La vue, superbe et terrible à fois, de la comète se précipitant dans le Chronogyre m'avait à l'époque fortement impressionné. Force est de constater qu'aujourd'hui le passage n'a rien perdu de son impact, le mobile céleste apparaissant comme la prunelle flamboyante d'un gigantesque œil infernal. L'effet fascine d'autant plus que le Chronogyre n'apparaît ainsi plus seulement comme une gigantesque télévision mais bel et bien comme une fenêtre ouverte sur un autre temps, le concept gagne encore en attractivité. Les effets électromagnétiques et gravifiques de la comète se manifestant au sein de la salle de commandes nous valent également un brillant suspense, où les personnalités de chacun se voient parfaitement mises en valeur. Les trois têtes du Projet s'avèrent de personnalités très diverses, un moteur scénaristique toujours habile. On remarque qu'alors que Ray avait déclaré qu'il faudrait des heures, peut être des jours, pour tout réparer, tout continue comme si de rien n'était, sans aucune trace de la catastrophe. La scène finale du pilote étant également réemployée, on se demande si tout simplement on n'a pas comblé car quelques minutes manquaient pour achever l'épisode ! Les insondables mystères du Temps…

Comme on le sait, l'humour involontaire reste souvent le meilleur et, à ce titre, End of the World s'avère tout à fait divertissant. Ces scènes hilarantes qui ne parasitent heureusement pas le reste du récit, sont à mettre au crédit de deux perdants grand train : Tony et Jerry. Tony nous vaut un excellent comique de répétition, par ses échecs répétés quand il cherche de l'aide, mais surtout avec cette mine qui ne cesse de s'effondrer encore et encore (et encore), dès lors que l'on y déplace un seul caillou. On tient là du grand Tex Avery, d'autant que le caractère à l'évidence bidon des gravats ou les mimiques outrées d'un James Darren couvert de poussière parachèvent le spectacle. Pour ceux qui se souviennent du Sylvain de Caméra Café, bonne nouvelle, on a trouvé son cousin d'Amérique, c'est Jerry. Le gars ne raconte pas forcément toujours n'importe quoi mais dans ces propos ou actions, il y a toujours quelque chose de naïf ou de maladroit, cela en devient vite risible. L'effet est accentué par la manière qu'ont les autres membres de l'équipe de le traiter en sous fifre simplet, c'est assez irrésistible. Enfin l'imposant Sam Groom est tellement mauvais qu'il en devient absolument génial !

Scénario très astucieux, images impressionnantes et humour involontaire irrésistible au second degré : End of the World demeure l'un des sommets de la série.

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4. PEARL HARBOUR
(THE DAY THE SKY FELL IN)

Nos deux héros sont projetés à Pearl Harbour à la veille de l'attaque japonaise de 1941. Tony espère convaincre son père, qui se trouvait sur place et a disparu ce jour-là, de l'imminence du drame, et ainsi lui sauver la vie.

Critique de Phil DLM

Quelques scènes mémorables dans cet épisode, avec bien entendu les face-à-face entre Tony et son père et entre Tony et lui-même, alors âgé de sept ans. Si l'on en croit la date de naissance annoncée par Tony dans l'épisode pilote, soit 1938, il devrait être alors âgé de trois ans, mais là n'est pas l'essentiel.

L'important, ce sont les moments d'émotion offerts par ces séquences, dont le paroxysme est atteint lors de la scène finale : Tony assiste à la mort de son père, après lui avoir révélé l'incroyable vérité. Il n'a pas pu modifier le passé, mais son incursion dans le temps lui a permis d'éclaircir les points obscurs de la disparition de son père et de son propre sauvetage.

Cette séquence intervient après un moment de suspense intense, lorsqu'une bombe à retardement risquant de tuer Tony et son père est transférée par le chronogyre au sein du complexe Tic-Toc. Heureusement, Jerry est un expert en désamorçage...

Autre intérêt majeur, les discussions entre le général Kirk et ses subordonnés au sujet du présent, du passé et de la possibilité d'intervention du premier sur le second. On assiste à des discours qui frôlent la philosophie, fait inhabituel à la série. Jerry pense que Tony pourrait sauver son père et changer ainsi le cours de l'histoire. Réaliste, Kirk se montre nettement plus sceptique. Plus grave, ils craignent la mort de Tony enfant, qui signifierait une impossibilité de participation aux expériences en cours, même si Kirk n'est pas catégorique à ce sujet.

Ces supputations rappellent celles développées dans le roman de Barjavel Le voyageur imprudent. Il ne s'agit sans doute que d'une coïncidence, la notoriété du journaliste et écrivain français n'ayant pas franchi l'Atlantique. Dans ce roman, le héros remontait le temps et tuait un de ses ancêtres. Mais de ce fait, il n'avait jamais vu le jour et ne pouvait donc avoir tué son ancêtre, donc il existait à nouveau...

Hormis une bagarre contre des espions japonais, fort bien menée par Tony et Doug au sein d'un entrepôt, le reste de l'histoire comporte moins d'intérêt, entre démêlés de nos deux voyageurs avec les Nippons, qui les prennent pour des espions, et scènes finales de guerre assez banales.

Saluons l'interprétation de Linden Chiles, parfait en tous points dans le rôle du capitaine Newman, père de Tony et héros malheureux, mais magnifique de courage.

Critique d'Estuaire44

Tout comme l'éventuel assassinat d'Hitler, Pearl Harbor fait partie des marronniers temporels de la Science-fiction américaine, avec à chaque fois le « What If ? » de rigueur. Il ne s'agit donc pas du thème le plus original que la série pouvait choisir. Concernant son traitement, on apprécie les vaillants efforts des dessinateurs des décors pour donner un cachet hawaïen au récit, envers et contre tout, ainsi que les belles et terribles images de reprises du film, mais plus encore le portrait de femme courageuse et la tête bien sur les épaules de Louis Neal, incarnée par la sublime Susan Flannery (particulièrement élégante, ce qui ne gâche rien). Malheureusement, pour le reste, on distingue uniquement un maniement du concept de paradoxe temporel particulièrement à gros grain, pour ne pas dire totalement évacué, ainsi qu'une caricature de spy show. Celle-ci se traduit par des chassés croisés passablement frénétiques entre divers endroits normalement un minimum sécurisés, où l'on ne cesse d'entrer et de sortir comme dans un moulin, agrémentés de plusieurs figures imposées, le tout ponctué par une interminable séance d'interrogatoire, où le scénario tire visiblement à la ligne.

The Day the Sky Fall In n'évite pas non plus certaines naïvetés. Mais celles-ci se révèlent toujours aussi réjouissantes au second degré, comme l'anthologique « nous avons les moyens de vous faire parler. C'est une méthode mise au point par nos amis allemands », Doug et Tony qui dénouent leurs liens en trois secondes, Tony qui indique aux Japonais que c'est la Bombe atomique qui décidera de l'issue du conflit, merci pour le tuyau, le héros américain qui exhale son message radio dans un dernier souffle, parce que « c'est mon job » etc. L'équipe du Chronogyre reste longtemps en retrait, se contentant longtemps de commenter le match sans réparties savoureuses, mais le twist de la bombe est assez réussi, quoiqu'en définitive gratuit. Mais la Team Tic-Toc apporte néanmoins un authentique second souffle à l'épisode, grâce à ce personnage fabuleux, épique et shakespearien qu'est Jerry (l'atome et Jerry). Entre coups de sang surgis de nulle part, regards bovins, interprétation au quintal et naïveté enfantine, ce personnage suscite plusieurs apothéoses nanardesques ne pouvant que combler l'amateur averti du genre.

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5. LA DERNIÈRE PATROUILLE
(THE LAST PATROL)

La guerre anglo-américaine de 1812 s'est déroulée en Amérique du Nord, et c'est justement en ce lieu et à cette époque que notre duo de voyageurs du temps va connaître de nouvelles aventures.

Critique de Phil DLM

Le combat contre les Anglais, dont l'issue fut la fondation des Etats-Unis d'Amérique, constitue évidemment un fait majeur pour les habitants de ce pays. Il n'y a donc rien de surprenant à voir ce thème abordé dès le cinquième épisode d'une série d'exploration dans le temps.

Curieusement, ce n'est pas la guerre d'indépendance qui a été choisie, mais la guerre de 1812. Sans doute était-il plus facile d'inventer des personnages pour cette guerre moins connue que pour la guerre d'indépendance, dont les faits et les participants sont tellement populaires que l'insertion de tout personnage de fiction aurait parue totalement incongrue.

La vérité historique n'a pas été respectée puisque, si des combats ont bien eu lieu dans les états du Sud, ce ne fut pas avant l'année 1813. En 1812, les premiers combats se déroulèrent au Canada, principal enjeu du conflit. Les scénaristes ont donc pris quelques libertés avec la réalité, mais pour quel résultat ? Une intrigue éculée génératrice d'aventures très banales pour Tony et Doug, plongés dans des péripéties guerrières loin d'être passionnantes.

Doug et surtout Tony ressemblent de plus en plus à Tintin, pétris de bonnes intentions et d'une naïveté exceptionnelle. Exemple : Tony sauve la vie de l'officier chargé de l'exécuter en l'extirpant in extremis de sables mouvants. Que croyez-vous qu'il arrive ensuite ? A peine sauvé, son adversaire ordonne de procéder à son exécution ! Il est dommage que cette crapule ne soit pas une seconde fois menacée de mort, ce qui aurait donné au gentil Tony l'occasion de rivaliser d'esprit chevaleresque avec le reporter à la houppe...

Une nouvelle fois, c'est donc la vedette invitée qui va offrir les passages les plus savoureux. Carroll O'Connor est tout simplement magistral dans un double rôle. Le premier est celui d'un général anglais du début du XIXème siècle surnommé « le Boucher » pour avoir envoyé des centaines d'hommes à l'abattoir sur le flan le plus protégé par les adversaires américains, décision qui n'a jamais été expliquée.

Le second est celui de son descendant, vivant à l'époque du chronogyre et invité par le général Kirk à observer son ancêtre. Lui-même colonel proche de la retraite, et hanté par le passé et la réputation de ce « Boucher », il obtient d'être transféré en 1812 pour tirer l'affaire au clair, sans ignorer que les chances de retour sont minces. Avant de mourir, il réussira à réhabiliter son ancêtre, victime d'une erreur de bonne foi.

A ne pas manquer le face-à-face pleinement réussi entre le colonel Southall et... le général Southall. Les producteurs ont exploré une voie intéressante. On sait que toute scène entre deux acteurs peut être ternie par la moindre performance de l'un des deux. Ici, le risque s'avère nul puisque le génial Carroll O'Connor se retrouve face à lui-même.

Faire interpréter les rôles des deux protagonistes d'une même scène par le même acteur exceptionnel, voilà une idée à exploiter afin d'éviter les problèmes de comédiens défaillants... Tour à tour inflexible, voire cruel dans le rôle du général, et humaniste désabusé dans celui du colonel, O'Connor aura marqué cette série, comme tant d'autres, de son empreinte.

On regrettera le pathos exagéré de la scène finale, où le colonel Southall a bien entendu tout juste le temps de faire ses dernières recommandations avant d'expirer... Classique, mais assez navrant, et révélateur de la qualité globale peu enthousiasmante de ce saut dans le passé.

Critique d'Estuaire44

Depuis le début de la série, un problème récurrent entache la mise en scène : la mauvaise (ou plutôt inexistante) gestion de l'éclairage. Les personnes ne cessent d'avoir des ombres projetées hautement improbables, du fait des spots des studios. Une espèce de summum se voit atteint au début de The Last Patrol, quand, lorsque Tony se relève, nous lui distinguons deux ombres (L'homme aux deux ombres, diront certains). Ou alors il y a deux soleils, mais ça, c'est Philémon et les Lettres de l'Atlantique.

Toutefois l'épisode nous réserve une belle surprise en se consacrant à un conflit totalement méconnu chez nous (hormis chez quelques amateurs de Wargames confidentiels), la guerre anglo-américaine de 1812-1815, plus particulièrement la bataille de la Nouvelle Orléans, en 1814. La série remplit ainsi plus que jamais pertinemment son rôle de bel album historique. On remarque au passage que les auteurs  ont choisi l'un des plus grands succès américains (propulsant effectivement Jackson à la Maison Blanche) au cours de ce conflit voyant un succès global bien moins marqué que ne le laisse supposer l'épisode.

Le récit en lui même se montre fort plaisant, accumulant péripéties mouvementées et bagarres, sans temps mort. On retrouve avec plaisir la tonalité des récits d'aventures de l'époque. Quelques moments forts électrisent encore davantage l'ensemble, comme le procès ubuesque ou les sables mouvants, classiques mais toujours efficaces. L'impact de The Last Patrol se voit limité par l'usage de décors en studio assez évidents, mais on finit par l'oublier quelque peu, d 'autant que les recours à des extraits de film se montrent plus fluides qu'à l'ordinaire.

L'épisode se voit néanmoins dominé par l'étonnante prestation de Carroll O'Connor, acteur lui aussi assez méconnu dans nos riantes contrées, mais qui se montre ici tout à fait remarquable dans son double portrait d'officiers supérieurs, très dissemblables. On goûte particulièrement celui de l'ancêtre, égo-maniaque, cinglant et fourbe, mais celui de l'actuel lui renvoie un écho moraliste fort bien trouvé, voire émouvant. Ce général introduit un effet temporel judicieux, de plus sans que, pour une fois, l'absence de paradoxe temporel pose problème. De manière particulièrement divertissante, on retrouve ici les clichés habituels des séries américaines sur les Anglais, obligatoirement fourbes, imbus d'eux mêmes et snobs.

L'équipe du Chronogyre, privée du fauve magnifique nommé Jerry, demeure néanmoins tonique. Par ailleurs on lui doit un gag assez goûteux : le gouvernement  a enterré un gigantesque complexe coûtant une fortune pour dissimuler un secret aux incalculables répercussions et il révèle le pot aux rosse à un général étranger (allié, mais tout de même), uniquement pour avoir des informations sur les uniformes de 1814, les "ordinateurs historiques" étant défaillants. En plus n'importe lequel des férus du Pentagone ou de West Point pourrait les renseigner, le conflit s'est déroulé aux USA, hein. Mais c'est aussi à ce genre de naïvetés que la série doit son charme.

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6. LE VOLCAN TRAGIQUE
(CRACK OF DOOM)

Doug et Tony, de passage sur l'île de Kratatoa à la veille de l'éruption volcanique de 1883, la plus puissante jamais enregistrée, vont tenter de convaincre un savant anglais et sa fille, venus observer le phénomène en compagnie de quelques indigènes, de l'imminence de la catastrophe, afin qu'ils quittent l'île au plus vite.

Critique de Phil DLM

Et voilà Tony et Doug menacés d'être engloutis par une éruption volcanique ressemblant fort à un cataclysme ! La date et l'heure citées sont exactes, l'explosion finale du volcan a bien eu lieu le 27 août 1883 à dix heures et deux minutes. Mais l'éruption avait commencé bien avant, et dès la journée de la veille, un nuage de poussières avait plongé les environs dans le noir. La présentation de cette aventure à la lumière du grand jour est donc erronée.

Le scénario ne réserve guère de surprises pendant la première demi-heure, entre efforts désespérés de Tony et Doug pour convaincre Holland, et difficultés diverses vécues par l'équipe du complexe Tic-Toc. Si les scènes de tremblements de terre, d'éruptions volcaniques et de projections de fumées sont visuellement satisfaisantes, il n'en va pas de même des décors : on voit très bien que l'arrière-plan de l'île n'est qu'une image, on dirait presque un dessin. C'est le genre de décors que l'on voyait dans les années trente dans des films comme Marius et Fanny de Marcel Pagnol...

On s'achemine donc vers un épisode moyen, assez pépère, mais le dernier quart d'heure va apporter son lot de bonnes surprises. C'est une constante de la série que de pimenter des histoires banales par des innovations judicieuses, œuvres des savants du complexe. Le général Kirk donne son accord au transfert du seul Tony, mais un phénomène étrange se produit à son retour.

En sortant du chronogyre, Tony trouve ses amis totalement paralysés. D'abord incrédule, il finit par comprendre qu'il s'agit d'une « éclipse de temps » : les techniciens l'ont fait revenir trop vite, tellement vite qu'il se déplace à une allure considérable, si bien que son passage dans le complexe se déroule pendant une fraction de seconde. Il circule parmi ses compagnons immobiles, leur laisse un message manuscrit et programme son retour dans le passé, afin d'échapper à ce cauchemar et d'aider Doug, alors en fâcheuse posture.

Évidemment, Kirk, Ray, Ann et consorts n'ont pas eu le temps de le voir, mais découvrent son message par la suite et comprennent qu'ils ont été victimes de cette « éclipse de temps ». Cette scène fascinante a peut-être été inspirée par « The night of the burning diamond »,un épisode des Mystères de l'Ouest où le méchant utilise l'invisibilité procurée par des déplacements très rapides pour se livrer à des actions criminelles.

A cette séquence fort réussie, ajoutons la musique de Robert Drasnin, bien adaptée à l'épisode, et l'excellente idée d'utiliser le franchissement de la ligne de changement de date en allant vers l'Ouest, qui explique le fatal décalage d'un jour dans le calendrier de la fille du professeur. Les scénaristes ont emprunté l'idée à Jules Verne, qui l'a développée dans Le tour du monde en 80 jours.

Les vedettes invitées Torin Thatcher et Ellen McRae remplissent fort bien leur contrat dans les rôles du savant et de sa fille. Au final, cet épisode est donc à classer parmi les plus satisfaisants.

Critique d'Estuaire44

Doug, ingénieur de haut vol vulcanologue à ses heures perdues, estime que des éclairs dans le ciel prouvent l'éruption prochaine d'un volcan, (on parle du Kraratoa, 27 août 1883) mais sinon il ne sait pas si lui et Tony se trouvent ou non à son sommet ou dans une île, éléments influant massivement sur son pronostic. Mais sinon il est sûr que ça va pas exploser mais quand ça, mystère, deux heures, 3 semaines etc. Mais ca va exploser, ça c'est sûr (exactement comme le chômage en France, ça va baisser, ça c'est sûr, mais etc.). "Toi tu n'y connais bigrement en volcans", conclut doctement Tony. Ces quelques répliques d'une rare violence psychologique sont écoutées par un jeune sauvage impeccablement rasé de près. A un moment il s'en va, il a un sacrifice humain sur le feu (dans tous les sens du terme). Lui et ses copains sont rejoints par Doug et Tony, et l'on découvre que ce dernier parle couramment le malais. Pourquoi pas, après tout si Doug est expert en vulcanologie, tout ceci demeure parfaitement cohérent. C'est alors que dans un renversement de situation totalement à la Ramirez, on découvre que le sauvage parle lui couramment l'anglais. "Comment, mais vous savez parlez en Anglais", s'exclame Tony. "Oui", répond l'autre, avec un laconisme digne des Spartiates de Léonidas. Il se révèle que des Anglais sont là (des Anglais sont toujours là), mais seulement  depuis une semaine, la méthode Assimil était rudement efficace à l'époque, les amis.

Commence alors un débat à la durée insensée et artificielle au possible pour déterminer quel jour on est. Le résultat est faux, ces scientifiques de la Royal Society ayant ignoré les fuseaux horaires (sic).  Personnellement, sachant qu'un volcan énorme est le point d'exploser, je ne perdrais pas des heures à savoir si c'est maintenant ou dans trois jours, je commencerais à courir. Bref le grand problème de Volcan Tragique réside dans le fait que, contrairement à l'épisode précédent, il ne comporte aucune action mais uniquement des dialogues ineptes, à se demander si oui/non on part, si on est le 25, le 26 ou le 27, si on va à Sumatra ou à Bali etc. Le récit est creux comme un œuf vide et les auteurs ne cessent de tirer à la ligne de manière pesante. Le sauvage qui revient trois fois à la charge pour le sacrifice, quand il se décide à le pratiquer, l'effet est assez émoussé et prévisible. De plus les personnages secondaires se révèlent cette fois peu intéressants et de plus médiocrement interprètes ne sont guère enthousiasmants. Les inserts se montrent répétitifs et les décors évidents. On note que les producteurs ont tenté l'effort d'y inclure un plan d'eau mais que la terre a beau trembler et trembler encore, on y distingue jamais l'ombre d'une vaguelette. Ce qui n'empêche pas de disserter sur le prochain tsunami.

La compression temporelle apporte enfin un second souffle mais il est alors bien tard. L'équipe du Chronogyre apporte d'ailleurs comme de coutume son écot, avec un Jerry toujours aussi Jerry mais surtout grâce à de nombreux et gracieux plans rapprochés sur le belle Lee. Irrésistible. Et puis l'on doit à Kirk ce qui restera certainement comme la réplique de l'épisode :

- L'explosion a-elle été forte ?
- Elle sera 25 fois plus puissante que la plus puissante des bombes H !
- Quelles sont leurs chances de survivre ?

The Crack of Doom a le mérite de nous faire revivre une page d'histoire aussi cruciale que terrible, ainsi que de montrer de remarquables sismographes d'époque,mais demeure avant tout un opus terriblement bavard et statique (mais non électrique). Espérons que le prochain renouera avec le souffle de l'aventure.

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7. LA REVANCHE DES DIEUX
(REVENGE OF THE GODS

Plongée très loin en arrière dans le temps pour Tony et Doug, qui explorent l'époque de la guerre de Troie et vont ainsi pouvoir vérifier si le célèbre cheval a réellement existé.

Critique de Phil DLM

Cet épisode magnifique, incontestablement le meilleur de la série, est un pur enchantement de la première à la dernière minute. Le thème abordé est excitant et naturellement apte à produire un épisode de qualité. Quelques libertés ont été prises avec le récit de l'Iliade d'Homère, mais l'essentiel est respecté.

Le scénario prend à contre-pied les œuvres cinématographiques sur ce sujet, qui généralement prennent fait et cause pour les Troyens. Ici, Doug et Tony se retrouvent fort heureusement du côté des Grecs. Tout juste peut-on reprocher à Tony de citer pour se disculper Jupiter, Junon et Minerve, qui sont des Dieux romains et non grecs, mais ceci n'est qu'un détail. Ce qui ressort, c'est la multiplication des réussites en tous domaines.

Une fois n'est pas coutume, aucun reproche à faire en ce qui concerne les décors. La reconstitution de la ville de Troie est satisfaisante, intérieur et extérieurs. L'abondance de figurants atteste du budget élevé qui a du être alloué à cet épisode. Bon point aussi pour la beauté des costumes, troyens et plus encore grecs.

Le scénario est immédiatement passionnant, on se demande même comment tant d'événements ont pu être concentrés en trois-quarts d'heure. Doug et Tony sont conduits chez Ulysse dès leur arrivée. L'étrangeté avec laquelle ils ont surgi de nulle part conduit Ulysse à les prendre pour des Dieux de l'Olympe ( !) Peut-être sont-ils moins mal habillés que je ne le pensais puisqu'on les prend pour des divinités, car pour ma part le pull caca d'oie de Tony ne correspond pas du tout à un vêtement divin tel que je l'imagine...

Après un test sous forme de combat acharné entre Tony et Sardis, les « Dieux » sont chaleureusement accueillis par Ulysse, pendant que Sardis, dépité, trahit son camp en allant offrir ses services à Pâris. Viendront ensuite l'enlèvement de Doug, puis une bataille au cours de laquelle Ulysse démontre son ingéniosité, et bien entendu le final avec le fameux cheval, déterminant dans la victoire grecque.

L'agrément « chronogyristique » du jour apporte une pause agréable avant d'attaquer la bataille finale. Le général Kirk décide d'envoyer une aide à Tony sous forme de grenades et d'une mitraillette, mais Giggs se trouve malencontreusement transféré avec les armes. Son retour occasionne un incident tragi-comique puisqu'il peut à peine sortir du chronogyre, victime d'un vieillissement soudain ! Heureusement, un nouveau passage dans la machine a tôt fait de lui redonner son âge véritable...

La distribution, d'une richesse peu commune, se révèle une éclatante réussite. John Doucette, vedette invitée principale, est parfait de bout en bout dans le rôle d'Ulysse, ce chef de guerre grec courageux et rusé, ainsi que l'atteste l'idée géniale du cheval.

Pour incarner Hélène, la fameuse Hélène de Troie dont la beauté légendaire reste célèbre même 32 siècles après son existence, on ne pouvait trouver mieux que la sublime Dee Hartford, actrice au physique parfait. Genre de femme que l'on ne rencontre qu'au cinéma ou dans nos rêves les plus fous, elle fait regretter sa carrière discrète car on aurait souhaité la voir beaucoup plus souvent sur les petits ou grands écrans.

Kevin Hagen tient un petit rôle en début d'épisode et Paul Carr est très bon dans le personnage de Pâris, mais il y a mieux avec un Joseph Ruskin époustouflant dans un rôle de traitre taillé sur mesure, et qu'il est amusant de retrouver en version française avec la voix de … Bugs Bunny ( !)

Si les membres de la base Tic-Toc jouent un rôle relativement restreint, sauf lors de la scène intermédiaire avec Giggs, les acteurs vedettes habituels, dont les performances laissent parfois à désirer, se haussent cette fois-ci à la hauteur de leurs partenaires.

James Darren, beaucoup moins timoré qu'à son habitude, prend pour une fois l'ascendant sur son compère Robert Colbert. Tony est particulièrement en verve lors des deux scènes de combat où il affronte Sardis. Si Joseph Ruskin est filmé de dos pour qu'on ne voit pas le visage de sa doublure, James Darren apparaît toujours de face et montre de réelles aptitudes à manier l'épée.

*Chapitre probablement le plus célèbre de la mythologie grecque, la guerre de Troie a-t-elle réellement eu lieu ? Son existence reste controversée, mais la découverte en 1870 sur le plateau de Hissarlik, en Turquie, d'un site archéologique qui pourrait bien être celui de la ville de Troie a donné du crédit à la thèse selon laquelle le récit d'Homère est basé sur des faits réels, évidemment romancés puisque relatés quatre siècles après les faits.

Critique d'Estuaire44

Evacuons deux soucis non rédhibitoires. Oui, les Grecs parlent couramment Anglais, les auteurs optant ici pour un choix similaire à celui opéré, par exemple,  pour les rencontres de Stargate SG-1. Mais il s'agit de la seule carte à jouer afin de rendre la série simplement possible. On la valide donc pour The Greater Good. Plus gênant, il faut bien constater que l'épisode charrie un nombre passablement astronomique d'inexactitudes vis à vis de l'Iliade. Ray parle de guerre contre la Turquie, en dehors des images d'archives les Grecs arborent des tenues romaines et les Dieux sont évoqués sous leurs appellations latines, des personnages clés (Agamemnon, Ménélas, Priam…) sont oblitérés, Hélène est une valeureuse grecque haïssant Pâris, Pâris n'est pas tué par Philoctète mais par Ulysse etc. Le meilleur demeure sans doute Ulysse montrant Troie à nos héros, alors que l'image est celle d'Athènes (on distingue parfaitement l'Acropole et le Parthénon). Et pourtant, même si la série aurait tout intérêt à soigner ces aspects, tout ceci ne pénalise que fort modérément Revenge of the Gods.

Tout d'abord parce que le récit demeure exact dans ce qui constitue en définitive son cœur : la narration de légendaire stratagème du Cheval de Troie, mais aussi parce que cette narration renoue avec le ton flamboyant des péplums les plus enlevés. L'intrigue se coordonne soigneusement avec  de superbes emprunts cinématographiques (même si ceux-ci s'attachent en fait aux guerres médiques). Les décors et costumes se montrent rutilants, les combats efficaces, mais ce qui achève  d'hisser cet opus au niveau des plus belles évocations demeure l'ébouriffante distribution. En effet la direction d'acteurs a l'excellente idée de jouer pleinement le jeu du péplum, y compris dans ses magnifiques outrances, avec des postures et des dialogues à l'avenant. Pâris se montre superbe de cruauté et d'orgueil, tandis que Dee Hartford apporte une délectable saveur hollywoodienne à Hélène. Ulysse, grâce à la présence de John Doucette, manifeste le mélange de ruse et de charisme ad-hoc. Le clou du spectacle reste en définitive le flamboyant numéro du grand Joseph Ruskin, dans le rôle archétypal du félon. On se régale.

Doug et Tony, nettement plus falots, ressemblent plus que jamais à des prétextes, mais qu'importe. L'équipe Tic-Toc apporte aussi sa pierre à l'édifice, par l'odyssée du valeureux Marine, usant au mieux du décor du Chronogyre. On frémit toutefois devant le manque de prise en compte des répercussions possibles, mais c'est le choix général de la série que de considérer le passé comme intangible. Le glaive troyen apporte une conclusion étonnante de poésie et d'éloquence à cette épique évocation de l'Iliade, l'une des plus belles démonstrations des capacités d'émerveillement véhiculées par Time Tunnel, pour peu que l'on accepte de se laisser porter.

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8. MASSACRE
(MASSACRE)

La guerre entre Indiens et Yankees est le nouveau point de chute spatio-temporel de Tony et Doug, impuissants à endiguer la ferveur destructrice des deux camps. Sitting Bull, malgré le bellicisme de son entourage, semble prêt à négocier la paix avec le général Custer dit « Crinière Dorée », mais ce dernier acceptera-t-il ?

Critique de Phil DLM

Un épisode au style très western, pas franchement mauvais, mais qui suscite tout de même un certain ennui, la faute à une impression irrésistible de déjà-vu. Des « visages pâles » intransigeants, des Indiens superstitieux et divisés entre pacifistes et va-t-en-guerre, des Blancs de bonne volonté qui jouent les intermédiaires et bien entendu une flopée de chevauchées et de coups de feu : dans combien de films ou d'épisodes de séries a-t-on déjà visionné cette même histoire ressassée sous des formes à peine différentes avec de nouveaux personnages ?

Le manque d'imagination flagrant des scénaristes va de pair avec celui de l'équipe de doublage : Crazy Horse est rebaptisé « Aigle Noir ». Quelle fantaisie ! Un Français aurait sans doute été appelé Durand et un Anglais Smith...

L'interprétation est convenable, plus réussie du côté Indiens que du côté Yankees où Joe Maross campe un général Custer sans relief. Heureusement, Paul Comi est plus convaincant dans le rôle de Benton. Et comme toujours dans les fictions américaines, les rôles des Indiens sont tous tenus par des Yankees pur jus...

Le chronogyre fait encore des siennes puisque le docteur MacGregor fait venir par erreur dans le temps présent l'Indien chargé de tuer Tony. L'expert en guerres indiennes convié par le général Kirk, un descendant des Sioux, entreprend alors de le convaincre du bien-fondé de l'attitude ouverte de Sitting Bull, avant qu'il ne soit réexpédié à son époque.

Favorablement impressionné par « ses frères du bout du tunnel », il laisse la vie sauve à nos héros, avant que ces derniers ne soient à nouveau transférés. Tout ceci est bel et bon, mais ne permet pas à cet épisode d'aller au-delà du minimum syndical.

Critique d'Estuaire44

Visionner cette série équivaut à découvrir une anthologie des différents films de genre en costume (péplum, tuniques rouges, capes et épées, westerns,pirates …) et le ressenti de tel ou tel épisode dépendra beaucoup de ce que l'on pense du type de film abordé. Or, avec le western, je suis nettement moins à la fête qu'avec le péplum mythologique. Ceci-dit, Massacre nous vaut quelques extérieurs, mêmes partiels, une denrée particulièrement rare depuis le début de la série. Sans doute les paysages de l'ouest américain sont-ils indissociables de ce style d'aventures et de plus relativement bon marché dans la région de Los Angeles.

Cette virée dans l'ouest sauvage représente également pour Time Tunnel l'occasion d'aborder un thème considérablement plus polémique qu'à l'accoutumée, avec Little Big Horn et la personnalité controversée du Général Custer. La démarche paraît intéressante, mais atteint vite ses limites. L'épisode charge quelque peu Custer, tout en veillant à le montrer humain, voire paternel envers le jeunot. Surtout, au lieu de prendre parti sur le fond du fait historique qu'il décrit, le récit préfère botter en touche. Il renvoie tout le monde dos à dos en distinguant, avec un parallèle passablement appuyé, des hommes de paix et de guerre dans les deux camps. Le ton totalement démonstratif de l'ensemble conduit à des naïvetés ridicules, comme tout ce qui tourne au tour du jeune militaire, du chef Indien, ou du guerrier passant par le Chronogyre, que quelques doctes paroles suffisent à retourner instantanément.

L'épisode préfère développer un ton incroyablement prêcheur plutôt qu'une véritable aventure, d'où un ennui assez massif malgré les impressionnantes charges de cavalerie qu'autorisent les récupérations de films. Pendant ce temps l'équipe du Chronogyre poursuit la promotion de son programme si secret en continuant à accueillir les visiteurs le plus variés, sous des prétextes fantaisistes. On peut y voir une tentative assez facile de varier le plateau. Cela tombe particulièrement à plat cette fois ci, l'interprète de l'universitaire sioux se montrant vraiment mauvais, tandis que le personnage nous offre les réparties les plus lénifiantes d'un opus en comportant pourtant à profusion, notamment lors des discussions avec Kirk.

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9. L'ILE DU DIABLE
(DEVIL'S ISLAND)

Tony et Doug se retrouvent prisonniers sur l'île du Diable à l'époque du bagne français, et en compagnie d'un illustre détenu qui n'est autre que le capitaine Dreyfus.

Critique de Phil DLM

Toujours soucieux d'efficacité, les Américains sont doués pour recycler les bons scénarios d'une série à l'autre, sous des formes légèrement différentes, mais avec parfois les mêmes acteurs.

Cette aventure plaisante constitue un exemple éclatant de ces méthodes puisqu'en cette année 1966, les séries Les mystères de l'Ouest et Au cœur du temps voient un de leurs épisodes se dérouler au bagne français de l'île du Diable, et qu'on y retrouve à chaque fois Théodore Marcuse et Fred Carson dans le rôle des gardiens ! Ici, l'excellent Théo Marcuse n'est que sergent, le rôle du commandant étant tenu par Oscar Beregi.

Il semble que la production ait voulu se payer la tête des Français en général et de De Gaulle en particulier, en cette année de velléités émancipatrices gaulliennes envers la tutelle américaine, illustrées par la sortie des forces armées de notre pays du commandement intégré de l'OTAN. Beregi, qui joue donc un personnage de méchant, a été artificiellement grossi et adopte exactement la démarche particulière du Général.

Les performances d'acteurs sont le principal atout de cet épisode. Outre Théodore Marcuse et Oscar Beregi, il faut citer Marcel Hilaire, qui interprète avec conviction un prisonnier politique patriote, et Ted Roter qui insuffle au capitaine Dreyfus un républicanisme affirmé doublé de sérénité dans l'attente de la révision de son procès, qui conduira à sa réhabilitation.

La vision du bagne est presque caricaturale avec un ensemble de dirigeants cruels et bornés, Lescaux et le commandant en tête. Sur le fond, on ne peut donner tort aux Américains au sujet de l'inhumanité de cette prison.

Du coup, le scénario est assez simpliste, moins toutefois que les décors. Le début et la fin de l'épisode ont un goût de réchauffé puisque la production n'a pas hésité à réutiliser à l'identique le décor raté de Volcan tragique, avec sa poignée de palmiers et un arrière-plan dessiné.

Critique d'Estuaire44

L'épisode se caractérise par une absence totale de reprise de film (Papillon se situe quelques années devant) mais que l'on se rassure pour le porte monnaie des producteurs, ils se rattrapent en recyclant tout bonnement le décor de l'inénarrable aventure du Krakatoa. On a également le plaisir de retrouver trois visages connus de La Quatrième Dimension, avec Hillaire, Marcuse et Beregi, tout à fait dans leur emploi coutumier d'européens, ici de Français. Le premier épisode tricolore de la série ne fait pas précisément honneur à notre doux pays (on en reparlera dans le prochain), en évoquant l'Affaire et le bagne de l'Île du Diable. L'absence de reprise du film se montre ici judicieuse, en l'absence de tout élément spectaculaire possible, mais surtout par ce qu'elle permet de ne pas interrompre un huis clos psychologique remarquable d'intensité.

Même si l'on sait que le calvaire de Dreyfus fut encore plus abominable que ce qui nous est peint ici (pas de traitement de faveur, pour le moins), l'horreur concentrationnaire du lieu confère une force particulière à l'épisode. Beregi a d'ailleurs incarné un dirigeant de camp de la mort dans The Twilight Zone et l'on en retrouve un écho dans sa composition magistrale, notamment dans la folie qu'il manifeste quand son personnage contemple la mini guillotine de son bureau. Le reste de la distribution se montre tout à fait admirable, en condamnés se raccrochant à leur humanité ou en geôliers se révélant de sombres brute. On pourra évoquer l'imagerie d'Épinal, mais le côté intemporel de cette dénonciation émeut. L'action maintient un tempo élevé au fil des rebondissements et revêt l'intensité propre aux films d'évasion. Tony et Doug apparaissent  encore en deçà, on reste d'ailleurs confondu par la naïveté de ce dernier. Le dilemme moral impliqué par l'arrivée du forçat dans notre époque est bien rendu, même s'il se résout un peu trop facilement.

On regrettera l'absence d'une plaisante caricature de Français, qu'une visite au sein du Chronogyre aurait pu susciter, après tout on en a déjà vu l'équivalent par le passé. Sans doute l'antiaméricanisme du Général n'y est il pas pour rien, d'ailleurs on observe que la France sort de l'OTAN précisément en 1966. La volonté toujours plus affirmée de considérer le passé comme intangible parait également très marquée (jusqu'à ne pas embarquer Dreyfus dans l'évasion), il semble dommage qu'une série basée sur le voyage temporel se prive ainsi d'une source d'excellents effets, c'est assez réducteur. Quelques inexactitudes historiques demeurent, notamment le fait que l'île du diable ait été un bagne politique à l'époque de Dreyfus, c'est l'arrivée de celui-ci qui lui redonne cette ancienne fonction (entre temps elle était devenu léproserie). On reste aussi un peu dubitatif devant l'aura de Dreyfus, assez inexistante en soi jusqu'à l'article de Zola. Et puis, si l'on accepte les raccourcis nécessaires quant à la relation de l'Affaire, la disparition de toute référence à sa dimension antisémite se montre étonnante.

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10. LE RÈGNE DE LA TERREUR
(REIGN OF TERROR)

C'est dans le contexte houleux de la Révolution française à l'époque de la Terreur que Doug et Tony vont vivre de nouvelles aventures. S'ils savent qu'il est inutile d'essayer de sauver Marie-Antoinette, ils vont tenter de libérer son fils, dont le sort est historiquement demeuré incertain.

Critique de Phil DLM

De bons moments dans cet épisode,  le meilleur étant l'idée de confier le rôle du chef révolutionnaire à Whit Bissel, ce qui occasionne un quiproquo défavorable à Tony et Doug. Nos héros croient se trouver en présence du général Kirk, mais vont vite s'apercevoir de leur erreur. Pendant ce temps, Kirk assiste, éberlué et sous les regards hostiles d'Ann MacGregor, au spectacle de son double frétillant de plaisir à l'idée d'envoyer Doug et Tony à la guillotine.

Intrigué par cet homme qui lui ressemble tellement, Kirk le fait transférer au sein du complexe et lui montre les images de l'exécution de l'Autrichienne. Le face-à-face entre les deux hommes est un des moments les plus fascinants de la série. Whit Bissel accomplit une performance remarquable dans ce double rôle, ce qui n'était pas facile tant les deux personnages sont de caractère opposé.

On ne peut en dire autant de Lee Meriwether, qui joue les pleureuses et va même jusqu'à refuser d'assister à l'exécution de la Reine. En fin d'épisode, Kirk révèle que, contrairement à ce qu'il croyait, son « sosie » n'est autre qu'un de ses ancêtres, des recherches complémentaires lui ayant déniché une branche de sa famille issue de France.

Le coup de la bague dont le général Kirk a hérité de l'époque révolutionnaire, et qu'il fait envoyer à Doug et à Tony par le chronogyre, est bien imaginé mais néanmoins surclassé par la rencontre de nos héros avec le jeune lieutenant Bonaparte, à qui Tony, reconverti en diseur de bonne aventure, annonce son destin prestigieux. Incontestablement un des sommets de la série.

Ce qui est critiquable, et même fortement contestable, c'est le parti-pris antirévolutionnaire du scénario. Autant la dénonciation du terrible bagne de Cayenne lors de l'épisode précédent ne prêtait guère à polémique, autant le soutien affiché des principaux personnages à la monarchie en général et à Marie-Antoinette en particulier est incompréhensible pour tout républicain qui se respecte.

C'est bien beau de dénoncer la Terreur et ses excès notoires, mais c'est oublier un peu vite que la Terreur Blanche, qui en 1814 se déchaînera avec fureur contre les jacobins et les bonapartistes, fera en quelques semaines plus de victimes que la Terreur révolutionnaire exercée pendant de nombreux mois. Les Américains n'ont-ils pas eux aussi combattu la monarchie britannique pour accéder à l'indépendance, et ce avant même les Français ?

Pourquoi montrer Marie-Antoinette sous un jour aussi favorable, que l'affameuse du peuple qu'elle était ne méritait nullement ? Pourquoi cette admiration visible pour Napoléon, lui-même ancien robespierriste et pas spécialement tendre lorsqu'il parviendra au pouvoir ? Quant à l'horreur manifestée par Ann face à la guillotine, elle fait sourire si on la compare à la chaise électrique, rétablie au cours des années 70 aux Etats-Unis, et toujours d'actualité alors que la guillotine en France, c'est du passé depuis plus de trente ans.

Force est de constater que ce qui est vu comme de la barbarie par l'équipe du complexe Tic-Toc s'exerce encore au XXIème siècle aux Etats-Unis, mais plus en France. A posteriori, les leçons de droits de l'homme données par les Américains, c'est vraiment l'hôpital qui se moque de la charité, et on peut en déduire que, si le général Kirk et la sensible Ann MacGregor sont encore vivants de nos jours, ils doivent être horrifiés par la tournure qu'a pris leur pays...

Toutefois, l'engagement historique contestable n'empêche pas cet épisode d'atteindre une qualité globale tout à fait satisfaisante, grâce à son scénario à rebondissements, à la qualité de l'intrigue et à son interprétation inspirée.

Critique d'Estuaire44

Second épisode d'affilée consacré à la France, et l'on remarque qu'une nouvelle fois la Guillotine sert d'emblème à notre pays. Ce serait intéressant de savoir si, dans les années 60, le rasoir national constituait effectivement un identifiant fort du pays (à côté de St Tropez et de BB), ou si les auteurs veulent décidément charger l'Héxagone. Les rencontres avec les personnalités historiques (Marie-Antoinette, le Dauphin, ou un Bonaparte bizarrement installé sur un navire de Calais) se montrent certes théâtrales, mais également touchantes ou amusantes. On va par contre passer pudiquement sur l'aventure principale, dont l'invraisemblable successions d'évènements prive de tout réalisme, voire même de substance. Doug et Tony ne cessent d'échapper aux gardes, entrer de sortir facilement des prisons les mieux gardées du pays, bénéficient providentiellement d'un flot constant d'or et de documents divers, bondissent soudainement à Calais etc. Bref, à côté Stalag 13 c'est du réalisme rassis.

Et puis, oui, la Terreur a été un moment abominable mais ces histoires de quotas journaliers de personnes à guillotiner édictés par Robespierre et de rafles au hasard sont simplement grotesques. L'histoire du personnage embastillé avant la révolution pour avoir voulu… Défendre la Reine (sic), c'est aussi fort de café. A force de grossir le trait sur la Terreur pour se payer la République française, Reign of Terror donne par moments l'impression d'être issue de la littérature la plus royaliste qui soit, voire bonapartiste, avec un stupéfiant panégyrique du futur Empereur. C'est tout à fait étonnant, d'autant que Bonaparte se positionne en bien des points comme continuateur de Robespierre.

L'épisode est fort heureusement sauvé par l'abondance d'expressions et d'accents français rendant les dialogues forts gouleyants (on retrouve cela chez les Avengers). C'est le cas chez l'excellent David Opatoshu, mais surtout chez Whit Bissel, dont le dédoublement constitue le point d'orgue du récit. Son numéro de général français fanatique et totalement désaxé se montre irrésistible. On s'amuse franchement devant les outrances du personnage, mais aussi le métier du comédien. Ann est décidément émotive, maison lui pardonne bien volontiers !

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11. ARME SECRÈTE
(SECRET WEAPON)

Transférés en Europe de l'Est à l'époque du communisme triomphant, Doug et Tony se voient confier par le général Kirk une mission d'espionnage sur demande des services secrets américains. Stupéfaits, ils découvrent un chronogyre construit par leurs adversaires dix ans avant le leur, et qu'un savant exalté leur propose d'expérimenter.

Critique de Phil DLM

Cet épisode atypique est un des rares à ne pas se dérouler pendant un événement historique particulier. L'aventure a pour cadre un pays d'Europe de l'Est en 1956, mais aucune allusion à la rébellion hongroise ne se glisse dans le récit. Il s'agit d'un mélange bien dosé d'espionnage et de science-fiction, rendu passionnant par un très bon scénario et une interprétation au top niveau.

Quelques piques bien senties sont lancées contre le système communiste. A son arrivée, Doug situe l'époque aux alentours de 1880, mais « peut-être plus car dans les pays de l'Est rien n'a changé depuis des années. » Bien que ce pays dispose d'une avance technologique de dix ans sur les Etats-Unis en ce qui concerne le chronogyre, les failles du système sont bien décrites : régime dictatorial étouffant la création, absence de savants de qualité supérieure.

Ces failles aboutissent logiquement à une erreur scientifique majeure, la construction d'une capsule pour les voyages dans le temps, concept dont les savants américains ont envisagé l'utilisation avant de découvrir qu'il est erroné. L'analyse de la situation est fort juste puisqu'elle correspond à une réalité, celle de la conquête de l'espace : initialement, les Russes possédaient une longueur d'avance sur les Américains, mais leur système bureaucratique sclérosé les a fait échouer là où les Américains ont fini par réussir.

Parmi les multiples bons moments, on peut ressortir la stupéfaction affichée par Doug et Tony lorsqu'ils découvrent un chronogyre en territoire ennemi, qui plus est construit dix ans avant celui du complexe Tic-Toc, mais aussi le passage au cours duquel Biraki dévoile sa vraie nature.

Ledit Biraki bénéficie de l'interprétation comme d'habitude fantastique de Nehemiah Persoff. On croirait cet acteur né pour jouer ce genre de personnages à la fois vicieux et féroces. Son aspect avenant initial n'était dû qu'à sa volonté de séduire les savants américains, mais le naturel revient au galop dès lors que Tony et Doug se montrent moins souples qu'il ne l'espérait.

Il existe des acteurs qui se glissent dans la peau de leurs personnages, et d'autres qui adaptent les personnages à leur façon de jouer. Persoff appartient à cette seconde catégorie, celle des plus grands. Il interprète ici le rôle du même personnage vu à dix ans d'intervalle, tout comme James Callahan, autre fameux acteur, l'avait fait avant lui dans Le chemin de la Lune.

Grâce au chronogyre, le général Kirk pourra avertir le département d'état de la duplicité de Biraki, qui offre en 1968 ses services aux Américains non par ralliement à l'Ouest comme il le prétend, mais pour se venger de son échec de 1956, provoqué en partie par Tony et Doug, et prendre sa revanche sur le monde occidental qu'il exècre en sabotant le projet Tic-Toc de l'intérieur et accaparant ses secrets au profit de son pays.

Critique d'Estuaire44

Ah, cette petite musique bien effrayante quand les soldats de l'Empire du Mal apparaissent ! Secret Weapon prolonge plus que tout autre épisode le mélange de Science fiction et de Spy Show, ce type de série typique des Sixties que l'on adore. Le scénario se montre parfaitement habile, plongeant nos amis dans des périls dont ils parviennent à s'extraire grâce à leur astuce et non par des raccourcis énormes comme lors de l'opus précédent. De nombreux éléments du genre répondent présents : agents doubles, messages dissimulés (la brique temporelle vaut bien le magnétophone d'IMF), complots alambiqués, rebondissements. la Science-fiction n'est pas en reste, avec l'introduction d'une capsule temporelle plus classique que le Tunnel.

Les personnages secondaires se révèlent en or massif, avec l'inénarrable colonel paranoïaque ou le médecin de Walnut Grove en goguette. La proximité des deux époques permet une action contemporaine mais à l'extérieur du Projet Tic-Toc, une ouverture tout à fait bienvenue. Ce brillant exercice de style en forme d'embrouille spatio-temporelle se voit cependant dominé par l'ébouriffante prestation du grandiose Nehemiah Persoff, d'abord parfaitement pittoresque en savant Cosinus, puis, quand le masque tombe, terrifiant de violence et de mégalomanie. Un adversaire grand train et une des plus belles compositions d'une série peu avare en la matière. Jerry sert toujours de souffre douleur au reste de l'équipe, c'est franchement amusant.

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12. PIÈGE MORTEL
(THE DEATH TRAP)

Tony et Doug se trouvent mêlés à une tentative d'assassinat du président Lincoln par un petit groupe d'extrémistes antiesclavagistes. L'attentat est voué à l'échec puisque l'action se situe en 1861, soit quatre ans avant le véritable assassinat de Lincoln, mais Tony risque d'être tué lors de la tentative.

Critique de Phil DLM

Un épisode lent et ennuyeux. La première demi-heure alterne une succession d'efforts dérisoires déployés par Tony pour convaincre des conjurés sans envergure de renoncer à leur plan ridicule, et de discours de Lincoln sans grand intérêt, malgré la belle composition de Ford Rainey, seule vedette invitée consistante de l'épisode.

Ensuite, l'histoire s'enfonce carrément dans le grotesque. Une bombe à retardement d'opérette menace de tuer Lincoln, et il faut subir l'agitation de Tony et Doug, qui se démènent pour essayer de convaincre du danger un agent fédéral d'une rare stupidité. Efforts bien inutiles, puisqu'ils ne sont pas sans ignorer que Lincoln dispose alors de quatre années devant lui.

Le récit se retrouve donc dans l'impasse et, comme le font souvent les scénaristes à court d'imagination, Leonard Stadd essaie de relancer l'action avec l'intervention de l'adolescent qui s'empare de la bombe et se trouve malencontreusement transféré par le chronogyre.

Mais la relance ne se produit pas. La vision du malheureux refusant de sortir du chronogyre malgré les encouragements de Kirk et du docteur MacGregor est même une des scènes les plus ratées. Le final ne relèvera pas le niveau. Le comploteur en chef abandonne soudain son obsession d'assassinat lors d'un face-à-face avec son frère, peu glorieux et d'une rare niaiserie.

On pourra donc sans problème se passer de visionner cet épisode sans aucun intérêt, l'un des plus faibles de la série. Quant aux courageux qui décideront de le regarder quand même, ils ne pourront pas se plaindre ensuite d'avoir trouvé le temps bien long...

Critique d'Estuaire44

On s'ennuie massivement durant cet opus des plus médiocres, qui n'a même pas la ressource de devenir divertissant au second degré. Pathos larmoyant entre les frères, huis clos improbable, action statique et verbeuse, comédiens médiocres, gamin insupportable, rien n'accroche le regard et surtout pas le faux Lincoln, beaucoup moins ressemblant à l'original que l'extrait de film inutile que l'on nous montre.

Un épisode vraiment inconsistant, qui parlera sans doute plus aux Américains pour qui Lincoln demeure une figure légendaire. Raconter un attentat avorté dans une série postulant que le passé est intangible reste un non sens, puisque l'on sait tout du long qu'il ne va en définitive rien survenir. Le seul point d'intérêt demeure la relative mise en avant d'Ann, décidément investie des caractéristiques féminines coutumières. Cela tombe bien, elle a changé de tenue et de coiffure et cela lui sied à merveille. Pour le reste, un coup pour rien.

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13. ALAMO
(THE ALAMO)

Parvenus jusqu'à Fort Alamo le matin même de l'assaut final, Doug et Tony savent qu'ils ne pourront éviter le massacre de se produire, mais vont tenter de sauver les blessés et l'épouse d'un officier d'une mort certaine.

Critique de Phil DLM

Une histoire western tout ce qu'il y a de plus banale, qui se termine comme elle a commencé, c'est-à-dire par une avalanche de violence, de scènes guerrières et de coups de feu. Tony réussit à sortir du fort pour aller chercher un médecin capable de sauver Doug, gravement blessé. Curieusement, cet élément va être abandonné au fil de l'histoire suite à l'amélioration inexpliquée de l'état de santé de Doug...

Sans être mauvais, l'épisode n'est guère captivant. Le seul véritable soubresaut dans son électroencéphalogramme plat est apporté par le transfert du colonel Travis dans le présent. Les ressorts de cette mésaventure échappent à l'inflexible militaire, mais l'expérience l'impressionne suffisamment pour le rendre moins intransigeant, ce qui permettra à nos voyageurs du temps de sauver la femme du capitaine Reynerson.

Les vedettes invitées ne se font guère remarquer. Leur transparence suscite l'envie de créer un proverbe nouveau : « A épisode banal, acteurs quelconques. »

Critique d'Estuaire44

L'épisode a le bon goût de nous épargner le pittoresque d'une rencontre avec Davy Crockett, pour se contrer sur le cœur du drame d'Alamo : l'imminence de la mort et l'héroïsme des assiégés. Même si plusieurs références à des personnalités ou à des évènements nous échappent, l'intensité du récit perdure. Le personnage du colonel parvient à paraître suffisamment ambivalent pour s'extirper du manichéisme. Par contre les Mexicains ressortent eux totalement caricaturaux, même si le personnage du docteur vient quelque peu tempérer cela. De plus le nostalgique retrouvera avec plaisir les uniformes de Zorro dans les impressionnantes images de film (bizarrement les Mexicains pilonnent à l'artillerie alors que leurs troupes sont déjà au contact). Tony a d'ailleurs affaire à un Sergent Garcia (moins sympathique que l'autre) et à un commandant évoquant assez bien Monastario.

La réalisation, qui nous plonge d'emblée dans une scène d'action réussie, renoue énergiquement avec plusieurs codes du western, dont de toniques bagarres. Le recours à des décors d'une production préexistante autorise de nouveaux extérieurs, nettement plus importants que lors des épisodes précédents, d'où une respiration bienvenue. Grâce à une mise en scène efficace et à une excellente distribution (dont Jim Davis, le futur patriarche de Dallas), Alamo demeure l'évocation réussie d'une page d'histoire à la fois belle et terrible (tout comme la bataille de Camerone pour les Français).

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14. LA NUIT DES LONGS COUTEAUX
(NIGHT OF THE LONG KNIVES)

Tony et Doug remontent jusqu'aux Indes du XIXème siècle, alors sous la domination anglaise, et vont affronter un rebelle afghan décidé à exterminer les Britanniques au cours d'une « nuit des longs couteaux ».

Critique de Phil DLM

On peut difficilement trouver titre plus trompeur que celui de cet épisode. Il suggérait une escapade au sein du système nazi le soir de l'assassinat d'Ernst Röhm et de ses comparses, scénario qui aurait probablement été autrement plus percutant que cette médiocre histoire coloniale.

Faute de grives, on mange des merles, et cet oiseau-là n'est pas du meilleur goût. Il ne s'agit que d'un épisode de guerre coloniale entre Anglais et Afghans, doté d'un scénario caricatural : les gentils britanniques civilisés contre les féroces indigènes emmenés par le cruel Singh. On se croirait dans Michel Strogoff...

En parallèle, les séquences consacrées au complexe Tic-Toc ne parviennent pas à relancer l'épisode. Le chronogyre est déficient. Kirk et ses adjoints craignent le pire, en l'espèce la mort de Tony et Doug, ce qui donne l'occasion à Lee Meriwether de sortir un nouveau numéro larmoyant dont elle a le secret sur cette série.

Plusieurs plans iconoclastes sont envisagés pour réparer la machine, jusqu'à ce que l'un d'eux finisse par être tenté et réussisse... et c'est tout. Même pas le moindre petit transfert à sensation, ni invité-surprise ni éclipse de temps, rien d'original.

Les seules embellies viennent de la présence d'un jeune journaliste nommé... Rudyard Kipling, et de la performance de Malachi Throne, parfait dans le rôle d'un barbare impitoyable. Mais que sont-elles comparées à la somme d'insuffisances étalées par cet épisode irrémédiablement décevant ?

Critique d'Estuaire44

Un titre très à la Mystère de l'Ouest, pour une action ne narrant pas le massacre de 1934, mais s'attachant aux tribulations des Britanniques, en Afghanistan (déjà). Le thème est intéressant en soit, et pas si couru que d'autres de la série. Cela nous vaut quelques jolis extérieurs sur la Vallée de la Mort se substituant à celle du Panshir. L'épisode a également la bonne idée de faire intervenir le jeune Kipling, mais cela demeure essentiellement anecdotique. Pas un instant le futur écrivain ne perce sous ce journaliste s'aventurant sans protection dans des zones périlleuses (déjà, bis). Pour le reste l'argument se limite à quelques palinodies autour d'enlèvements successifs et d'un Tony ne cessant d'interpeller le colonel anglais en utilisant toujours les mêmes ritournelles (deux types de scènes tournant en boucle au fil du récit).

Tandis que l'intrigue charge vraiment les Afghans, on n'évite pas non plus certains ridicules, comme Tony ne se rendant pas compte de la disparition de Kipling, ou les rebelles laissant partir l'invraisemblable vieil aveugle vivant après qu'il ait tout entendu , le même aveugle affirmant qu'il va s'en sortir par ce qu'il connaît très bien la montagne, pas de souci etc. En fait l'argument se révèle si faible que les scénaristes ont nettement plus recours aux récupérations de films qu'à l'ordinaire, ainsi qu'à l'équipe du Chonogyre, en prise à des difficultés jamais vraiment explicitées. L'épisode se voit cependant sauvé par deux savoureux personnages, le chef rebelle à la cruauté sadique interprétée sans retenue aucune (on adore ça) et la baderne anglaise plus fine qu'il n'y paraît et prenant un malicieux plaisir à contredire les civils avant de prendre les bonnes décisions. Très goûteux.

A propos de personnage gratinés, nous disons ici au revoir au brave, au valeureux Jerry qui accomplit ici son dernier tour de piste, après avoir court-circuité le Chronogyre sans que personne ne se doute de rien, le petit fûté. C'est ainsi lui qui sauve la situation, ce qui demeurera sans doute la scène relevant le  plus de la Science-fiction de tout Time Tunnel. So long, Jerry.

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15. À LA VEILLE DU 6 JUIN
(INVASION)

Doug et Tony surgissent au cœur d'un affrontement meurtrier entre Gestapo et Résistance, avec pour cadre la presqu'île du Cotentin à la veille du débarquement allié du 6 juin 1944.

Critique de Phil DLM

C'est au sein d'un décor constellé de croix gammées et de portraits du Führer et de Himmler que l'on retrouve nos aventuriers du temps. Cet environnement était plutôt attendu lors de l'épisode précédent, compte tenu de son titre, mais ce n'était que partie remise. Au contraire de la série Mission impossible, Au cœur du temps a bien cerné l'univers des nazis, et l'on assiste à un épisode réussi et passionnant.

Il s'agit presque d'un intermède dans la série car le scénario est très peu orienté vers la science-fiction, mais plutôt vers l'aventure. Il n'y a aucune expérience particulière, aucun transfert par le chronogyre en dehors des scènes d'introduction et de conclusion. Mais, à l'inverse de l'épisode précédent, cette absence n'est pas préjudiciable dans la mesure où le scénario, très ouvert aux scènes d'action, se révèle suffisamment riche pour assurer le spectacle.

Au premier rang des péripéties captivantes, l'expérience de conditionnement menée sur Doug par le médecin nazi. Certes, le thème de la maîtrise des cerveaux n'est guère original, déjà maintes fois exploité sur d'autres séries, mais il apparaît ici particulièrement adéquat. En effet, c'est bien le genre d'expériences qu'étaient susceptibles de pratiquer les savants liés au IIIème Reich.

Le choix de Doug comme cobaye est judicieux car Tony n'aurait pas été crédible avec un uniforme SS sur le dos. Au contraire, Robert Colbert se transforme en officier nazi plus vrai que nature. Le doute est habilement entretenu sur la sincérité de la conversion, le scénario laissant croire à un double jeu possible de sa part, qui se révèlera inexistant.

Pendant que Doug est aux prises avec la Gestapo, Tony s'active avec un trio de résistants. Placées initialement sous le signe de la méfiance réciproque, les relations entre les maquisards et l'homme au pull vert vont s'améliorer lorsque le chef décide de faire confiance à Tony, dont les compétences techniques sont utiles à l'accomplissement de ses objectifs.

Un traître s'est glissé au sein du trio, et le scénario comporte une fausse piste de bon aloi. Les soupçons sont orientés sur le partisan qui tente de tuer Tony. Mais son geste s'explique par sa croyance en la duplicité de l'Américain. Il fera amende honorable lorsque le véritable traître, acheté par la Gestapo, sera démasqué.

On peut constater la vision caricaturale que les Américains ont des Français, considérés comme des arriérés si l'on en juge par la façon dont les acteurs les incarnant sont vêtus. Le cliché du Français petit, râblé et coiffé d'un béret a la vie dure. Il ne leur manque que la baguette sous le bras et le litron de rouge dans la poche du veston...

Côté décors, ce n'est pas folichon, tout est tourné en studios, mais c'est une habitude sur la série. Si l'on ne trouve aucune fausse note dans l'interprétation, on doit néanmoins ressortir les excellentes compositions de Robert Colbert et de Lyle Bettger en officiers nazis fanatiques, ainsi que de Robert Carricart dans le rôle du résistant félon Mirabeau.

Critique d'Estuaire44

Hélas, la série va conclure ce premier demi parcours par un opus mineur. Les faits de résistance évoqués ne sortent pas des sentiers les plus battus et se voient médiocrement mis en scène et interprétés. Les accents français demeurent cependant divertissants ! Autant la fusion de deux genres différents (Science-fiction et Spy Show) avaient créé des étincelles dans Secret Weapon, autant le mélange, moins ambitieux, de deux thèmes de la Science-fiction suscite un évènement de bien moindre envergure. C'est d'autant plus vrai que la substitution de personnalités, très populaire dans les Sixties, est ici prise à l'envers. Ce qui fascine dans ce sujet c'est le passage, la dissolution progressive de l'individu antérieur, comme l'illustre parfaitement le formidable épisode des Avengers qu'est Lavage de Cerveau. Ici on passe directement au résultat, après une intervention ridiculement courte, ce qui s'avère frustrant et bien moins porteur.

On le vérifie car le seul passage traitant du fonctionnement cérébral, le savant nazi prédisant les actions de Tony, reste le plus intéressant de l'épisode (sa fatuité est d'ailleurs amusante). D'autant qu'il ne faut pas compter sur l'interprétation pour relever le tout et que la résolution de l'affaire se montre vraiment enfantine. Et puis disons-le, avec ces résistants frustes, crasseux et besogneux, dominés en tous domaines pas les Nazis, et ayant bien de la chance de tomber sur un stratège profond comme Tony, la France sert de paillasson pour la troisième fois, et on s'en lasse quelque peu. Pendant ce temps l'équipe du Chronogyre est aux abonnés absents. Il n'en reste pas moins que cette relecture de Time Tunnel s'avère concluante, avec plusieurs épisodes particulièrement relevés et une magie demeurée intacte malgré le passage des années. Vivement la suite !

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Images capturées par Phil DLM.

 

TéléfilmsSaison 1

Au coeur du temps

Bonus

1. Livre: Au cœur du Temps : les arcanes de l’Histoire


1.   LIVRE: AU CŒUR DU TEMPS : LES ARCANES DE L’HISTOIRE

aucoeurdutemps bonus 1

Auteur : Didier Liardet, avec la participation  de Michelle Roussel

Ce livre a été publié par les éditions Yris, dans la collection Télévision en séries, en février 2009. Il se trouve aisément sur Internet, notamment sur le site des éditions Yris.

http://www.yris.net/

Format 17X24,5 cm, 128 pages,  330 photos n&b et couleurs.

Didier Liardet dirige la collection. Il est l'auteur de nombreux livres consacrés aux séries Les mystères de l'Ouest, Amicalement vôtre, Les Envahisseurs,

Michelle Roussel a notamment, participé aux livres d’Yris dédiés aux Brigades du Tigre et à Zorro.

Contenu :

La couverture représente les deux protagonistes de la série, Tony Newman et Doug Philips, prenant la pose devant le Chronogyre, la machine les déplaçant aléatoirement à travers le temps et l’espace.

L’avant-propos énumère les points forts d’Au Cœur du Temps, qui demeure la première série américaine à faire du déplacement spatio-temporel son thème central. Entre autres, son alliage d’aventures spectaculaires (recyclant diverses scènes de films) et de rencontres avec de grandes figures du passé lui permit de se démarquer.

Le premier chapitre, La marche du temps, retrace le parcours de la série. Les premiers pas du projet, y compris le travail de pré production et le tournage de l’onéreux pilote, se voient ainsi détaillés. Ce passage s‘agrémente d’une  portrait de John Williams, compositeur du fameux indicatif de la série. Le texte décrit ensuite le développement de l’identité visuelle de la série, puis analyse les causes de la brève diffusion de celle-ci. Cet historique aborde enfin la tentative avortée de relance du programme, en 2002.

Le deuxième chapitre, Un producteur à part, dépeint la carrière éclectique du producteur Irwin Allen, créateur et maître d’œuvre d’Au Cœur du Temps. Après ses premières armes au cinéma, le texte présente les intéressantes séries télévisées qu’il lança durant les années 60, relevant principalement de la Science-fiction : Voyage au fond des mers, Au pays des géants et Perdus dans l’Espace. Ce portrait se conclue par le retour réussi d’Allen au cinéma, la décennie suivante, où il inventa un nouveau genre, le film catastrophe (L’aventure du Poséidon, La tour infernale…).

Le troisième chapitre, La Spirale du Temps, examine le contenu de la série. Après en avoir détaillé le sujet, il analyse les forces et faiblesses du programme, du point de vue de la production comme de l’écriture. Le chapitre se conclue par un descriptif des séries centrées autour du voyage spatiotemporel ayant succédé à Au coeur du Temps, ou l’ayant précédé, dans le cas de Doctor Who. Un graphique synthétise également la chronologie des évènements historiques visités par Dog et Tony.

S’insère alors un guide exhaustif des différents épisodes de la série. Pour chacun d’entre eux, on trouve la date de diffusion, le réalisateur, le scénariste, la liste des acteurs invités (et leur biographie) un résumé précis, un avis et des informations supplémentaires, dont une description de l’évènement ou de la figure historique présenté par l’épisode.

Le quatrième chapitre, Les Explorateurs du Temps, propose une biographie et une filmographie détaillées pour chacun des cinq comédiens réguliers de la série.

L’ouvrage se conclut par plusieurs annexes. Celles-ci comprennent  une description des différents produits dérivés et publications existant autour de la série, ainsi que les différents supports vidéo disponibles. Quelques sites internet de références sont également indiqués. 

 

Conclusion : Le livre revêt plaisamment la forme d’un authentique support du visionnage de la série. Sans s’encombrer de digressons inutiles, il va directement à l’essentiel quant à l’élaboration et au contenu du programme. Chacune de ses pages contient des informations utiles, couvrant l’ensemble des domaines envisageables. Préalablement à la lecture de l’ouvrage, on avouera avoir dressé une liste de ce que l’on souhaitait y trouver et il n’a jamais été pris en défaut. Outre ce caractère complet, on apprécie plusieurs choix de l’auteur, comme une présentation claire de l’intérêt intrinsèque de la série, mais aussi vis-à-vis de l’histoire de la Science-fiction télévisuelle. L’accent mis sur le remarquable pilote de la série se justifie également, tant celui-ci se situe au-dessus de l’ordinaire du genre. On apprécie également la lucidité érudite de Liardet, qui ne survend pas la série et n’hésite pas à en pointer du doigt les faiblesses avérées, une opinion que l’on partage pleinement. Une superbe iconographie enjolive ce texte de qualité, tout au long de la lecture. Le volet historique apporte une vraie valeur ajoutée à chaque fiche d’épisode.

Il faut vraiment descendre au niveau du détail pour émettre quelques réserves. On diverge avec l’auteur sur le point que la possibilité de changer l’Histoire représente un atout pour la série, car les protagonistes ne franchissent jamais réellement  le pas. Une promesse non tenue est souvent frustrante et Time Tunnel ne narre jamais d’uchronie. Le passionnant panorama des séries « temporelles » ne pointe pas à quel point la première époque de Doctor Who avoisinait Time Tunnel, jusqu’à laisser envisager une inspiration. Les deux premiers Compagnons du Docteur ont été involontairement arrachés à leur époque et cherchent à la rejoindre par des sauts aléatoires, des éléments qui vont totalement s’inverser par la suite. Cette partie aurait aussi pu s’élargir aux épisodes temporelles de séries non dédiées au sujet, car souvent populaires (The City on the Edge of Forever de Star trek Classic ou 1969 et Moebius de Stargate SG-1, par exemple).

Qu’importent ces points très secondaires, Au cœur du Temps : les arcanes de l’Histoire demeure un précieux compagnon de route pour le public découvrant la série, mais aussi un très bel album-souvenir pour les amateurs de celle-ci.

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 saison 1 saison 3

Au coeur du temps 

Présentation 


A PARTAGER! LES GÉNÉRIQUES CULTES DE SÉRIES TV - Au coeur du temps (Saison 1)Fan de Au coeur du temps? Retrouvez notre dossier complet sur la série culte par Phil DLM et Estuaire44 sur Le Monde des Avengers:http://theavengers.fr/index.php/hors-serie/annees-1960/au-coeur-du-temps-1966-1967Rejoignez la discussion sur Au coeur du temps sur notre forum: http://avengers.easyforumpro.com/t295-serie-au-cour-du-temps-the-time-tunnel

Posted by Le Monde des Avengers on Friday, November 27, 2015

Au cœur du temps est une série basée sur le thème, classique dans les œuvres de science-fiction, du voyage dans le temps. L'axiome selon lequel la quatrième dimension serait le temps laisse supposer que l'Homme, habitué à se déplacer dans les trois dimensions connues, qui constituent l'espace, ne sait pas encore se déplacer dans la quatrième, c'est-à-dire le temps, mais que les progrès de la science lui permettront de le faire un jour, et qu'il maîtrisera ainsi totalement l'espace-temps.

La spécificité du Time Tunnel, c'est le sérieux avec lequel les recherches sont effectuées. Là où nombre de romans de science-fiction montrent des savants excentriques et isolés bâtir de quelconques petites machines au fond assez anecdotiques, la série envisage le voyage dans le temps sous l'angle d'une gigantesque et coûteuse opération, menée avec les moyens énormes dont bénéficient les Américains lorsqu'ils s'en donnent la peine.

On peut faire un parallèle entre la conquête de la Lune qui battait alors son plein puisque le tournage date de l'année 1966, et cette conquête du temps monopolisant des ressources matérielles et humaines considérables. On peut d'ailleurs remarquer que, dès le deuxième épisode, conquête du temps et conquête de l'espace se rejoignent...

Tel qu'on le découvre dans l'épisode pilote, le projet Tic-Toc est carrément pharaonique. Qu'on en juge : un vaste complexe souterrain de huit cents étages construit en plein désert, totalement irréaliste puisqu'il aurait fallu creuser à plus de deux kilomètres sous la surface ( !) pour le construire. Douze mille employés. Des moyens technologiques impressionnants qui ont abouti à la construction de machines gigantesques, dont le couronnement est le fameux chronogyre. Sans hésiter, on peut parler de mégalomanie, car tout ceci aurait coûté beaucoup plus cher que les 70 milliards de dollars dont le sénateur en visite dans le premier épisode semble regretter l'utilisation.

Tout ceci pour aboutir au fameux chronogyre. L'engin se présente sous la forme d'un tunnel constitué de cercles noir-et-blanc concentriques, et non d'une spirale comme on le prétend parfois, même s'il donne l'impression d'être une spirale. Très larges sur les pourtours, les cercles se rétrécissent vers le cœur de la machine, à l'endroit où objets, animaux puis humains commencent le voyage dans le temps.

Le travail des décorateurs est excellent, tant pour cet impressionnant chronogyre et pour le poste de commandes que pour le reste du complexe, montré sous toutes les coutures dans l'épisode pilote, mais aussi par la suite. Le contraste entre les décors du complexe et ceux des remontées dans le temps est saisissant. Souvent naïfs, voire kitsch dans le mauvais sens du terme, ces décors de retours en arrière font piètre figure et donnent à la série un aspect un peu daté.

Des explications scientifiques sont données régulièrement, afin d'apporter aux téléspectateurs une certaine crédibilité. Les sujets baigneraient dans un bain de radiations, passeraient dans un état second et finiraient par être projetés dans le passé ou le futur.

La salle de commandes qui fait face au chronogyre est de dimensions plus raisonnables, mais comporte son lot de machines, qui servent à déclencher les transferts spatio-temporels, mais aussi à localiser les coordonnées des voyageurs dans l'espace-temps. Lorsque les appareils ont repéré les explorateurs, leur image, accompagnée du son, apparaît dans le chronogyre, afin que dirigeants, ingénieurs et techniciens puissent assister à leurs aventures.

L'ensemble forme le complexe appelé Tic-Toc, mot directement adapté de la version originale, et qui aurait gagné à être transformé en « Tic-Tac » dans la version française. Dans la langue de Molière, « Tic-Toc » évoque avant tout quelqu'un qui frappe à une porte. Le terme « Tic-Tac », qui fait penser aux montres et pendules mécaniques d'antan, aurait été plus adéquat concernant un centre de recherches sur la maîtrise du temps.

Hormis le pilote, la plupart des épisodes sont construits de la même manière. Les deux voyageurs de l'espace-temps atterrissent dans le passé, ou plus rarement dans le futur, et se trouvent immédiatement aux prises avec les autochtones. Après avoir de justesse échappé à de grands dangers, et souvent à la mort, ils découvrent le lieu et l'époque auxquels ils se trouvent. Survient alors le générique de début.

Par la suite, après des aventures diverses, le poste de commandes réussit à les transférer dans une autre époque, le plus souvent au moment où leur situation devenait désespérée. Mais ils ne reviennent pas au temps présent, on les découvre aussitôt à une autre époque et dans un autre lieu, histoire d'appâter le téléspectateur en lui montrant le début de l'épisode suivant. De ce fait, il est impératif de voir la série dans l'ordre de diffusion.

Evidemment, les héros se retrouvent toujours au beau milieu d'événements historiques bien connus : naufrage du Titanic, attaque de Pearl Harbour, Révolution française, guerre de Troie... Aspect intéressant, et presque réaliste, ce qui est un comble pour cette série : les voyageurs du temps n'arrivent jamais à modifier le cours de l'histoire, et c'est très bien ainsi. Le passé est le passé, et s'il se trouvait chamboulé, on sombrerait dans du loufoque fort malvenu.

Autre originalité, sans doute involontaire, les deux personnages principaux, les fameux voyageurs spatio-temporels, ne sont pas les acteurs les plus marquants de la série, loin s'en faut. Passe encore pour Douglas Phillips, dit Doug, interprété par Robert Colbert, qui est relativement consistant. Mais son collègue Tony Newman fait preuve d'une niaiserie désolante, sans que l'on sache si cela est dû au personnage ou à l'apparence naïve de James Darren, l'acteur retenu pour le rôle.

Il est certain que son affreux pull vert n'aide pas à rendre le personnage de Tony attrayant... Doug n'est guère mieux loti, mais au moins on sait pourquoi : alors qu'il portait un costume tout à fait seyant, il s'est habillé à la mode de 1912 pour rejoindre Tony sur le Titanic, au cours de l'épisode pilote. C'est au sein du poste de commandement et parmi les vedettes invitées que l'on va trouver les personnages les plus intéressants.

Le général Kirk, qui dirige le complexe, est interprété par Whit Bissel, acteur bien connu pour ses nombreuses participations à diverses séries des années 60 et 70 en tant que vedette invitée. Audacieux et efficace, c'est un meneur d'hommes autrement plus charismatique que les pâles Doug et Tony.

L'équipe des ingénieurs et techniciens est constituée, outre les deux voyageurs du temps, par le docteur Ann MacGregor, seul élément féminin du groupe, et par le docteur Raymond Swain, dit Ray, renforcés dans certains épisodes par un certain Jerry.

Ann se présente sous les traits de la séduisante Lee Meriwether, connue pour avoir remporté à l'âge de vingt ans le concours de Miss America. Elle tempère l'aspect autoritaire de Kirk par sa douceur et son souci absolu de prudence, tenant coûte que coûte à maintenir en vie les deux explorateurs.

John Zaremba incarne en Ray un savant compétent et rassurant, à l'image du professeur Bergman sur la série Cosmos 1999. On peut estimer aussi que Lee Meriwether est l'équivalent de Barbara Bain et Whit Bissel celui de Martin Landau, si ce n'est qu'il ne s'agit que de coïncidences puisque la série est antérieure de huit ans aux aventures des rescapés de la base Alpha. A moins que ce ne soient les scénaristes de Cosmos 1999 qui se soient inspirés des personnages du Time Tunnel...

Le jeune et tendre Jerry ne fait que quelques apparitions dans un rôle caricatural de débutant, consternant de naïveté, au point que même Doug et Tony paraissent charismatiques comparés à lui. Ce personnage secondaire n'apporte rien à la série, au contraire de Jiggs, un sympathique gardien qui ne joue pas non plus un grand rôle, mais Wesley Lau est un acteur qu'on remarque.

Plusieurs vedettes invitées de prestige, telles Michael Rennie, James Callahan, Carroll O'Connor, John Doucette, Joseph Ruskin, Theodore Marcuse, Oscar Beregi ou Nehemiah Persoff, ont agrémenté le déroulement de la série. Ces acteurs de grand talent ont eu tendance à faire de l'ombre aux acteurs récurrents principaux James Darren et Robert Colbert. N'oublions pas les actrices, avec plusieurs jolis visages qui ont apporté leur charme et leur douceur, à l'image de Dee Hartford ou Myrna Fahey.

Si on a évidemment fait mieux depuis en matière de décors et d'effets spéciaux, Au cœur du temps est une série de science-fiction tout à fait satisfaisante pour l'époque. Son générique de très bonne qualité, tant au niveau musical qu'au niveau visuel suscite un intérêt certain. Le personnage animé pris dans le sablier est un symbole du temps qui s'écoule et que les protagonistes vont avoir tant de mal à maîtriser.

La qualité des scénarios s'avère très variable, fait habituel mais peut-être plus accentué sur cette série que sur d'autres. Malgré quelques épisodes sans grand intérêt, l'ensemble se revoit toujours avec plaisir.