Open menu

 saison 1 saison 3

AU COEUR DU TEMPS (1966-1967)

ÉPISODES 16 - 30


16. LA REVANCHE DE ROBIN DES BOIS
(THE REVENGE OF ROBIN HOOD)



Tony et Doug vont s'immiscer au sein du conflit entre le roi Jean et Robin des Bois dans l'Angleterre du XIIIème siècle, avec pour enjeu la volonté des Barons de faire signer au Roi la fameuse Magna Carta, charte leur accordant de nouveaux droits.

Critique de Phil DLM

Un épisode très mouvementé et agréable à suivre, dans lequel les connaissances en chimie de Doug vont être bien utiles aux rebelles. Rien d'exceptionnel dans la distribution, mais un groupe d'acteurs sympathiques, au premier rang desquels John Alderson et Ronald Long dans les rôles respectifs de Little John et Frère Tuck, le duo détonnant de compagnons de Robin des Bois.

L'action occupe la majeure partie de l'épisode, et le corollaire est que l'équipe du chronogyre est complètement passive. Elle se contente d'assister, impuissante, aux mésaventures de Tony et Doug et de tenter de leur envoyer un radiophare en guise de secours, opération qui prendra un temps fou, en raison de quelques ratés...

Le gros regret vient de la musique, dans le style de ce qu'on a entendu des milliers de fois dans n'importe quel film d'aventures des années 50 ou 60, avec un son poussé à fond qui devient rapidement difficile à supporter.

Critique d'Estuaire44

L'épisode a la bonne idée de s'appuyer sur la signature par Jean sans Terre de la Magna Carta, acte fondateur de la longue marche anglaise vers la limitation du pouvoir monarchique (et conséquence méconnue chez nous des défaites subies contre Philippe Auguste). Bien évidemment, histoire de renouer avec le mythe de Robin des Bois défenseur du peuple, le scénario exagère ses effets en l'étendant à l'ensemble des hommes libres, alors que la grande charte concernait la grande noblesse (notamment via la création de l'embryon de la future Chambre des Pairs, pouvant opposer son veto aux décisions du roi). Mais qu'importe car, comme l'on dit, l'intérêt est ailleurs.

 La série jette ici son dévolu sur les films moyenâgeux, si bien mis en valeur par l'âge d'or d'Hollywood, en renouant énergiquement avec la plupart de leurs codes. Rien ne manque à l'appel, comme les décors archétypaux de la salle du trône ou de celle des tortures. Les cavalcades dans une forêt anglaise asséchée sous le chaud soleil californien se manifestent à profusion, grâce à de percutants inserts. On retrouve aussi les différents types de combats épiques, forcements épiques (épées, bâtons, arcs…) ou encore l'inévitable félon. L'ensemble s'avère tonique et surtout agréablement sans prétentions, avec des comédiens à l'entrain communicatif, notamment les réjouissants Frère Tuck et Petit Jean (dont la version française conserve étrangement le nom de Little John).

Évidemment cette imagerie d'Epinal ne va pas sans quelques naïvetés, mais, outre qu'elles participent au genre, l'ensemble n'en ressort souvent que plus divertissant encore. Les hommes de Robin tendent à peine la corde de leur arc pour envoyer leurs flèches. La photographie continue à n'absolument pas gérer les ombres portées, d'où une vraie boucherie quand les protagonistes montent le long des murailles. Doug et Tony apparaissent totalement ridicules avec l'inévitable chapeau à plumes, ils le quittent d'ailleurs bien vite !  Doug prend des allures d'Emma Peel au masculin, en accumulant les compétences les plus hétéroclites au fil des épisodes, ici histoire médiévale, chimie amusante et chirurgie, rien de moins. Mais Tony est toujours brave. Etc. Tout ceci s'avère plaisant, sans pénaliser le rythme trépidant de l'action.

Mais The Revenge of Robin Hood  souffre cependant de quelques défauts. Il ne faut pas confondre lieu commun réjouissant et facilité scénaristique : il s'avère plus qu'embarassant de voir la traîtresse oublier de signaler la véritable identité des moines, ou nos héros ne rien remarquer de ses évidentes manigances. L'acteur interprétant le vil conseiller de rigueur manque cruellement de panache, mais le magistral John Crawford, en imposant Jean sans Terre, sauve la situation. On regrette vivement le rôle rachitique attribué à l'équipe du Chronogyre, avec ce gadget se révélant totalement vain et relevant du prétexte.

Retour à l'index


17. LE DUEL
(KILL TWO BY TWO)

En 1945, sur une île japonaise théâtre de la fin de la guerre contre les Américains, Tony et Doug affrontent un kamikaze déserteur qui tient à racheter sa faute en combattant jusqu'à la mort ces deux Yankees dont l'arrivée était inespérée.

Critique de Phil DLM

Agréable surprise que cet épisode qui s'annonçait décevant, mais s'avère captivant grâce à la justesse de l'interprétation des acteurs japonais. Mako est excellent dans le rôle du lieutenant Nakamura, ce kamikaze qui n'a pas eu le courage d'accomplir sa tâche et a préféré jeter son avion à la mer.

Abandonné sur une île déserte afin qu'il sauve son honneur en faisant hara-kiri, l'arrivée de Doug et Tony lui procure une occasion inespérée de mourir bravement. Voilà pourquoi il va tout faire pour tuer nos héros, tout en prenant des risques pour être lui-même abattu, puisqu'il n'a pas le courage de se suicider. Il en résulte un jeu du chat et de la souris qui ne manque pas de piquant entre Doug, Tony et lui.

Une fois de plus, l'équipe de Tic-Toc fait appel à un observateur étranger pour obtenir quelques coordonnées, si bien qu'on se demande comment le complexe va rester « ultrasecret »... Comme par hasard, le visiteur n'est autre que le docteur Nakamura, le propre père du lieutenant ! Cette coïncidence nous vaut quelques scènes d'émotion aux accents de sincérité avérés, dus au très bon jeu de Philip Ahn, l'interprète du docteur.

Critique d'Estuaire44

Épisode particulièrement faible que celui-ci (un Zéro, diraient nos aviateurs japonais), du fait de l'accumulation résolue de divers travers pervers et sévères. D'emblée il s'agit de la première redite de la série, puisque la Guerre du Pacifique a déjà été traitée dans The day the sky fell down. On comprend que la période soit encore des plus sensibles pour les Américains, mais on ressent tout de même une frustration vue l'ampleur des possibilités offertes par la série. De plus, comme l'action se résume à un duel en huis clos, sans intervention d'un fait historique marquant, l'apport du voyage temporel se voit vraiment réduit à la portion congrue. Tout ceci se voudrait du Platoon mais s'avère juste plat.

Mais ce qui heurte d'emblée demeure la caricature outrée du duo japonais, le sadique et le veule, bien lestée en clichés. La pesanteur insigne des situations s'accorde au jeu tout en mauvais cabotinage du grimaçant Mako, digne des moments les plus gratinés du Nanarland. En version française son comparse, maladroitement grimé en vieillard, se voit doté d'une voix à la Bugs Bunny, ce ne contribue pas à améliorer la crédibilité de l'ensemble. Il faut le voir pour le croire. Le pire demeure les dialogues fusionnant au laser les lieux communs éculés et la plus farouche des grandiloquences. Pendant ce temps Doug et le valeureux Tony jouent plusieurs fois au « ensemble ou pas du tout », avec une régularité de métronome.

Reconnaissons que la mise en scène et le montage tentent vaillamment d'animer la confrontation au sein de ce décor évident, où les mêmes pétards rendent compte des impacts de grenades à main et de ceux ces canons lourds de marine. Au total on avoisine tout de même davantage un Rambo fauché que la Chasse du Comte Zaroff. Quelques passages fleurant bon le pathétique achèvent de clouter le cercueil de l'épisode, tels le remake asthmatique de l'araignée de Doctor No ou l'arrivée providentielle des Marines alors que c'étaient les Japonais qui étaient annoncés à grand cris durant tout le récit.

L'équipe Tic Toc participe à la liesse générale en reprenant les visites guidées de son projet si hyper secret qu'il a fallu l'enterrer dans le désert. L'arrivée du digne japonais s'effectue pour des motifs ridicules, mais là se situe une grande idée de médiocre scénariste : il s'agit du père du méchant. Comme on vous le dit. D'où le développement d'un de ces mauvais mélodrames recommandés quand il s'agit d'achever un épisode, d'autant que le monsieur change plusieurs fois d'attitudes vis-à-vis de son fils. Débute aussi un laborieux effort pour amender la personnalité du jovial fiston, se résumant concrètement à une nouvelle avalanche de clichés (seppuku, wakizashi et Kamikaze, un vrai catalogue).

Après une ultime sentence gravée sur marbre (C'était un homme qui se livrait sa propre bataille, et je crois qu'il a trouvé sa victoire.), C'est bien volontiers que l'on accompagne nos héros américains vers leur prochaine aventure. D'ailleurs celle-ci s'annonce d'emblée comme au combien festive, mais ceci est une autre histoire.

Retour à l'index


18. CEUX QUI VIENNENT DES ÉTOILES
(VISITORS FROM BEYOND THE STARS)

Nos deux voyageurs arrivent à bord d'un vaisseau spatial dirigé par deux extraterrestres chargés de s'emparer de toutes les protéines qu'ils pourront trouver sur la Terre, quitte à anéantir la totalité des êtres vivants.

Critique de Phil DLM

Après le kamikaze raté décidé à faire ses preuves, Bob et Wanda Duncan, les scénaristes attitrés de la série, prouvent une nouvelle fois à quel point ils disposent d'une imagination débordante en nous offrant cette histoire délirante d'extraterrestres prédateurs de protéines, aux prises avec des cowboys de la fin du XIXème siècle. Doug et Tony, venus du siècle suivant, jouent les intermédiaires.

Tout comme dans l'épisode Invasion, Doug est victime d'un lavage de cerveau. La rencontre improbable entre des extraterrestres évolués et des humains de la campagne profonde est un thème que l'on retrouvera plus tard dans le film La soupe aux choux, avec Louis de Funès et Jacques Villeret. La différence, c'est que les créatures de cet épisode sont beaucoup moins sympathiques que « La Denrée »...

On assiste à un contraste révélateur : entre l'attitude résolument hostile aux envahisseurs dont font preuve Tony, Doug avant son conditionnement et le shérif, superbement interprété par Ross Elliott, et la soumission honteuse du barman apeuré, renforcée par la collaboration convaincue de Doug conditionné, le gouffre est abyssal. L'impression dominante est d'assister à un remake de la France de 39/45, déchirée entre Collaboration et Résistance, les collabos étant eux-mêmes divisés entre lâches et activistes convaincus, et jouant ici les auxiliaires zélés des extraterrestres, métaphores des SS.

Le coup de théâtre final produit des impressions contradictoires, entre sensation d'agréable surprise et déception engendrée par l'attitude des chefs extraterrestres, qui entre en contradiction avec celle de leurs exécutants. Ils prétendent ne plus avoir besoin de retourner sur la Terre : ce n'est pas ce que l'on avait compris avec les occupants du vaisseau...

Critique d'Estuaire44

Comme lors de One Way to the Moon, la série s'essaie à mêler deux types de récits de Science-fiction, ici l'archétypale invasion extraterrestre, avec un succès pareillement mitigé. Les Aliens s'avèrent plombés d'entrée par leur apparence de papier alu et leur attirail également ringard. L'ensemble apparaît d'ailleurs étonnamment similaire à ce que l'on peut trouver dans Lost in Space (1965-1968), autre série d'Irwin Allen. Je ne serais pas surpris que la production de celle-ci ait été sollicitée. Par ailleurs on en reste à des dialogues et attitudes vraiment basiques, avec parfois (souvent) de l'humour tout à fait involontaire. On remarque ainsi que nos amis d'Outre-espace (qui s'expriment en Anglais inversé) ont recours à une machine de traduction, alors que Doug et Tony s'en affranchissent joyeusement au cours de leurs aventures. On se situe tout de même à des années lumières de la subtilité et de l'intensité des insidieux Envahisseurs de Quinn Martin.

L'intervention d'Aliens voyageant dans le temps auraient pu apporter une concurrence suscitant un agréable épisode original, mais cette option n'est malheureuse pas retenue. Visitors from beyond the Stars dilue l'intérêt de la série en l'écartant de son sujet originel, sans que cela provoque le moindre enrichissement. Bien  au contraire, extraire les Aliens de leur vaisseau pour les intégrer à un décor de Western ne fait que souligner davantage encore leur ridicule. Tout ce qui se déroule dans cette séquence ressort d'une insigne maladresse. Les Cheyennes ne sont visiblement là que pour justifier l'insertion d'un extrait de film, sans intervenir le moins du monde par la suite.

On se demande d'ailleurs bien pourquoi cette unité de cavalerie  irait au casse-pipes au lieu de se retrancher dans la ville en attendant les renforts. Les allées venues de Tony paraissent assez artificielles et destinées à rallonger le scénario, en fait les Aliens devraient directement aller voir les autorités. Take me to your Leader ! On demeure également passablement sceptique devant cette civilisation hyper technologique, franchissant la galaxie pour rapporter des caisses de corned-beef et dépendre entièrement d'un unique appareil. Et puis le départ la main dans les poches des deux extraterrestres alors que leur flotte est encore complète vire franchement au ridicule.

Visitors from beyond the Stars ne constitue pas pour autant  une catastrophe absolue. Comme souvent dans Time Tunnel les superbes paysages naturels californiens représentent une alternative appréciable aux sempiternels décors. Certains personnages secondaires, comme le shérif ou le barman couard, se montrent amusants et interprétés avec un réjouissant cabotinage. Lors de l'affrontement final un certain suspense pointe enfin. Anne est en grande forme. Les efforts de l'équipe Tic Toc se suivent avec un vif intérêt, d'autant que l'énoncé d'un service fédéral s'intéressant aux manifestations extraterrestres évoque de bons souvenirs. Surtout le rebondissement de l'apparition des Aliens contemporains se montre tout à fait inattendu et assez spectaculaire. Malheureusement cela ne débouche pas sur une interactivité entre les deux époques et l'incertitude du sort du vaisseau représente un nouveau trou béant dans le scénario.

Retour à l'index


19. LE FANTOME DE NÉRON
(THE GHOST OF NERO)

Projetés au beau milieu de combats entre Allemands et Italiens au cours de la première guerre mondiale, Doug et Tony doivent affronter le fantôme de l'empereur romain sanguinaire Néron, libéré accidentellement à la faveur d'un bombardement.

Critique de Phil DLM

Un épisode axé sur le fantastique, développé sous forme d'huis-clos dans le style du « Joker » des Avengers. Il est permis de trouver cette histoire géniale, mais je la juge un peu lourde, et vite répétitive. Les « interférences » dans le chronogyre, dues au « fantôme », sont ridicules, et rappellent les tristes souvenirs du piteux épisode de début de saison La fin du Monde, avec cette fois-ci un esprit à la place de la comète dans le rôle du « perturbateur ». Les histoires d'esprits et de fantômes ne m'ont jamais passionné...

Pour autant, on n'assiste pas à un échec complet. En premier lieu parce que l'interprétation est excellente, tant en ce qui concerne les Allemands, avec Gunnar Hellstrom et Richard Jaeckel, acteurs qu'il est inutile de présenter tant ils ont souvent été vus dans des séries comme Les Incorruptibles, Mission impossible ou Les Mystères de l'Ouest, que pour le rôle du comte Galba, tenu par le très bon Eduardo Cianelli.

En second lieu grâce à une scène finale en forme de clin d'œil révélateur des surprenantes visions de l'Histoire que peuvent avoir les scénaristes de la série : le fantôme de Néron s'empare de corps et de l'esprit d'un jeune caporal italien nommé Benito Mussolini... Et voilà les raisons de la naissance du fascisme, de la mégalomanie du Duce, voire du déclenchement de la seconde guerre mondiale, toutes trouvées !

Critique d'Estuaire44

Après s'être déjà précédemment dispersée dans des histoires d'invasion extraterrestre, la série franchit un nouveau palier en délaissant cette fois la Science-fiction elle-même, pour s'aventurer dans le Fantastique. Le hors sujet apparaît massif et pousse à s'interroger sur le devenir de l'identité de Time Tunnel, d'autant que plaquer le thème archi balisé de la maison hantée sur celui du Chronogyre ne provoque longtemps aucune étincelle. L'ensemble prend par ailleurs place au sein d'évènements à la douteuse historicité : en octobre 1915, après l'échec des offensives italiennes de l'été, la front alpin reste calme, sans aucune attaque d'envergure des Puissances Centrales. De plus seul le nom de Galba correspond aux circonstances de la mort de Néron, dont la dépouille fut en fait incinérée.

Le plus pénalisant demeure l'absence d'intérêt intrinsèque de ce virage vers le surnaturel. En effet cette histoire de spectre ne suscite aucun frisson, bien au contraire. De fait elle se résume à un simple catalogue des divers trucs et astuces pour réalisateurs fauchés tentant de faire croire à la présence d'un esprit (genre « La maison hantée pour les nuls »). Tout cela relève à l'excès du mécanique, avec de plus quelques trucages évidents comme les fils soutenant le glaive de Néron. En soi une bonne idée, le huis clos s'avère n'apporter aucune tension dramatique supplémentaire, se résolvant en des tours et détours réplétifs au sein de pauvres catacombes, tandis que se déroulent les farces et attrapes. Par moments on se croirait dans un mauvais épisode de Scooby-Doo, hélas sans Daphné. Le final consternant de ridicule autour de Mussolini plonge dans le baroque, puisque précisément le Duce va devenir le grand allié de l'Allemagne et non un féroce adversaire.

Cependant l'épisode échappe à l'insignifiance grâce à d'excellents acteurs. On remarque ainsi apparition tout à fait convaincante de Richard Jaeckel en militaire possédé par l'esprit fou de Néron mais aussi le métier d'Eduardo Ciannelli rendant très attachant le Comte Galba, plaisant pastiche d'Italien archétypal.  A noter que le Comte parle des Huns à Néron, sans réaliser que le terme ne signifie rien pour l'Empereur défunt, ces barbares s'étant manifestés des siècles après sa mort. De plus, autant le décor des catacombes se montre sommaire, autant celui du salon raconte se révèle réellement superbe. Mais le meilleur de l'épisode demeure la passage du Chronogyre, cette fois filmé avec réalisme, avec un docte invité aussi improbable que divertissant par ses dialogues passablement allumés (et quelle célérité à apparaître !). On remarque également une belle composition de Lee Meriwether, ainsi qu'une brève vue de l'Empire, nous confirmant qu'il aurait été bien plus intéressant de découvrir Néron à son époque.

Retour à l'index


20. LES TROMPETTES DE JERICHO
(THE WALLS OF JERICHO)

Escale très lointaine dans le temps pour Tony et Doug, qui se retrouvent parmi les Hébreux, emmenés par Josué, juste avant que ne tombent les murs de Jéricho.

Critique de Phil DLM

Saluons la grande audace des scénaristes de la série, qui n'hésitent pas à mêler nos deux voyageurs du temps à un épisode biblique bien connu. Après l'excellent La revanche des Dieux, cette seconde incursion dans un passé très lointain est une nouvelle splendide réussite, passionnante de bout en bout. Ainsi, on a la confirmation que la série a produit ses meilleurs épisodes avec ces reconstitutions historiques dans le genre péplum.

Comme d'habitude, James Darren et Robert Colbert se font voler la vedette par les autres comédiens, cette fois-ci par un duo d'actrices très complémentaires. La sublime Myrna Fahey incarne une merveilleuse Rahab, cette courtisane au grand cœur qui aida les deux espions hébreux, en l'occurrence Tony et Doug ( !), à s'échapper de Jéricho, et fut la seule habitante épargnée de la catastrophe par Dieu. Jouant à la fois sur la douceur, la bonté et sur une détermination sans failles, sa performance est à la hauteur de son physique, ce qui n'est pas peu dire, et sa présence magnifie l'épisode de manière incontestable, tout comme son équivalente Dee Hartford l'avait fait sur La revanche de Dieux dans le rôle d'Hélène de Troie.

Par contraste, sa servante Ahza endosse le rôle de la traitresse de service. Il suffit de découvrir le visage perfide de la fameuse Lisa Gaye pour pressentir qu'elle ne va pas tarder à dénoncer sa maîtresse, dont elle est férocement jalouse. Dès lors, la seule question que l'on se pose, c'est de savoir quand. Réponse : tout simplement quand elle apprend qu'une récompense est en jeu. Sa fourberie et sa méchanceté sans limites vont alors se déchaîner jusqu'à sa triste fin, au terme de l'aventure.

L'épisode ne souffre pas trop de la vision caricaturale qu'il donne des peuples de l'époque : d'un côté, les Hébreux, intelligents et pacifiques, mais persécutés en raison de leur religion ; de l'autre, une cohorte d'individus tous plus fourbes et cruels les uns que les autres, arriérés au point de croire en des divinités ridicules représentées par des statues qui ne le sont pas moins, et se livrant au sacrifice de jeunes filles pour satisfaire ces icônes, ou plutôt la soif de sang de leurs serviteurs.

Du côté des savants et techniciens, le général Kirk et le docteur Swain sont plus enclins à croire aux miracles que le docteur Ann Mac Gregor, qui semble bien sceptique pour une américaine. Le dénouement peut satisfaire tout un chacun, quelles que soient nos croyances : là où Kirk et Swain sont persuadés d'avoir assisté à un miracle, Ann ne voit dans l'effondrement des murs de Jéricho que l'œuvre d'une tornade...

*La divine Myrna Fahey, actrice méconnue en France, est décédée en 1973 à l'âge de 40 ans, après un combat contre le cancer.

Critique d'Estuaire44

Après quelques opus durant lesquels la série semblait malencontreusement s'égarer dans d'autres domaines que le sien, c'est avec un vif plaisir que nous voyons ici Time Tunnel renouer avec un genre lui convenant à merveille, le péplum. Il ne s'agit toutefois pas du péplum mythologique comme lors du déjà formidable Revenge of the Gods, mais du biblique. Une nuance que développe l'épisode, non sans une certaine audace. Dans l'Amérique toujours très religieuse des années 60, il fallait oser situer nos amis comme personnages de la Bible, aussi secondaires soient-ils. L'idée fonctionne en retrouvant le souffle propre aux films du genre (notamment avec un imposant Josué) mais aussi grâce au fil conducteur finalement assez ludique que le Livre fournit aux héros. Il demeure également très amusant d'écouter Ann prendre un ton très à la Dana Scully  pour exprimer son scepticisme scientifique (le fantôme de Néron étant visiblement oublié), la spirituelle pirouette de Ray permettant d'habilement résoudre l'opposition entre Ann et le général.

Pour le reste The Walls of Jericho se montre particulièrement efficace, notamment grâce à un action certes classique dans son déroulement, mais dont les rebondissements se montent sans temps mort. Une musique évocatrice facilite également les retrouvailles avec le ton épique de ces films, mais aussi leurs irrésistibles figures de proue. En effet, comme souvent avec les épisodes réussis de Time Tunnel, la distribution se montre tout à fait enthousiasmante et jouant sans barguigner. Le grand prêtre cruel, le capitaine brutal, le massif bourreau ou la vénale félonne apparaissent irrésistiblement archétypaux, telle une vraie Commedia dell'arte. Les comédiens éprouvés se délectant visiblement avec de leurs dialogues joyeusement déclamatoires. Le premier degré a parfois du bon, quand il s'énonce avec talent. Une émotion particulière est apportée par la très belle Myrna Fahey, alors qu'elle joue déjà ici l'un de ses derniers rôles. Les réjouissantes naïvetés ne manquent pas non plus comme l'aveugle décrétant que Tony a un visage « très en avance sur son temps ». Le meilleur gag est cépandant l'œuvre de la traduction française qui confond à l'évidence emmurer et lapider ! un épisode entraînant, confirmant la grande variété d'histoires qu'autorise la série.

Retour à l'index


21. L'IDOLE DE LA MORT
(IDOL OF DEATH)

La conquête du Mexique par les Espagnols, emmenés par Cortez, est le nouveau point de chute des deux explorateurs du temps, qui vont à nouveau essayer de modifier le cours de l'Histoire.

Critique de Phil DLM

Un épisode assez quelconque, qui suscite tout de même un certain nombre d'observations sur la tournure que prend la série.

Si les Français ne sont généralement pas présentés sous un jour favorable, la vision que donnent les Américains des Espagnols est bien pire. Cortez est un boucher à la tête de soldats cruels, intraitables avec les Indiens. Est-ce cela qui choque les Américains ? Sans doute sont-ils plus prompts à voir la paille dans les yeux de leurs voisins que les nombreuses poutres qui se trouvent dans les leurs...

Doug et Tony, dont les vêtements sont de plus en plus sales au fil de l'accumulation de leurs aventures, sont décidément incurables puisqu'ils essaient encore de changer les événements passés. N'ont-ils pas encore compris qu'il est vain de tenter de réécrire l'Histoire ? Le général Kirk ne peut s'empêcher de manifester de l'ironie à leur égard, au spectacle de tant de niaiserie.

Avec la venue sur le complexe d'un visiteur supplémentaire, un Nième pays, en l'occurrence le Mexique, risque d'être mis au courant de l'existence des expériences en cours, qui vont donc être de moins en moins « ultrasecrètes »...

On regrettera la brièveté du rôle tenu par l'excellent Antony Caruso, parfait en Cortez implacable, mais qui cède bien trop vite la place à son terne subordonné, ainsi qu'une scène finale de vol du masque par Castillano à demi-ratée, notamment en raison d'une conclusion tirée par les cheveux.

Critique d'Estuaire44

L'épisode se voit partiellement plombé par le ton lourdement prêcheur avec lequel il vilipende à foison les exactions, avérées, des Conquistadors. On pourrait sourire de voir les Américains se montrer aussi acharnés dans leur dénonciation, alors que leurs natifs ont aussi connu un génocide. La paille et la poutre. Dans Visitors from Beyond the Stars les Cheyennes étaient ainsi exposés d'une manière nettement moins sympathique que les Aztèques. Cette critique prend des proportions telles qu'elle vient perturber le déroulement de l'action par des passages complètement ridicules, comme les dialogues déclamatoires des uns et des autres, le soldat espagnol interpellant son officier, ou ce dernier devant d'une manière terriblement démonstrative victime de la fièvre de l'or. Le summum réside dans l'invité du jour, au sein du toujours si secret Chronogyre. L'individu, particulièrement infâme et clairement identifié comme descendant d'Espagnol (il se nomme d'ailleurs Castillano), sombre lui aussi dans cette fièvre, jusqu'à partir en guerre contre toute une base militaire. A ce niveau la caricature sombre définitivement dans l'outrancier.

Toutefois Idol of Death se découvre par ailleurs avec grand plaisir, cette époque s'avérant en effet particulièrement propice à l'aventure. On voit bien que les auteurs, tout en recourant au thème toujours efficace de la chasse au trésor, ont voulu capitaliser sur ce point. Même s'il se voit limité par les contraintes matérielles de la série (le décor est à l'évidence le même que celui de Kill Two by Two), l'épisode parvient à se montrer dynamique et entraînant. Time Tunnel demeure un superbe album de grands figures historique et le succès d'un opus se joue souvent sur cette rencontre. Or Anthony Caruso, grand spécialiste es vilains tels l'Aigle de Zorro, réussit une superbe composition en Hernando Cortez, prédateur à la fois dominateur et cruel, à l'indéniable stature. L'acteur jouant l'officier reste malheureusement plus terne. Les réjouissantes naïvetés que l'on aime retrouver au fil des aventures ne manquent pas à l'appel, voyant Cortez ne déléguer que quatre soldats pour une quête stratégique, Doug allumer la poudre au milieu du sillon de poudre, puis la flamme apparaître en son commencement, ou un soldat espagnol du XVIème siècle utiliser un briquet. Tony en coach du prince local est aussi à voir !

Retour à l'index


22. BILLY LE KID
(BILLY THE KID)

Doug et Tony affrontent le redoutable Billy le Kid dans une ambiance de western prononcée. Après avoir fait prisonnier le hors-la-loi bien connu, une complication survient avec l'arrestation de Tony, que l'on prend pour le Kid, dont il porte l'arme et le chapeau.

Critique de Phil DLM

Quelques temps forts dans cet épisode, en particulier une séquence pré-générique prenante, et le transfert vocal dans le temps, qui permet au général Kirk de sauver Doug et Tony, du moins provisoirement. Le tout est inséré au sein d'une histoire western tout ce qu'il y a de plus classique. A croire que les Américains se sentent obligés de caser des cowboys et des shérifs, même dans les séries de science-fiction...

Le choix de Robert Walker pour incarner le Kid constitue une déception. Non que l'acteur soit franchement mauvais, mais avec sa carrure d'avorton, il n'a guère le physique de l'emploi. Tout comme Tony n'a pas le moins du monde l'allure d'un chasseur de primes : avec son air bien peu dangereux, il va trouver le shérif et lui annonce avec une vivacité digne de Droopy qu'il a capturé Billy le Kid ! A croire qu'il ne se rend pas compte à quel point ses propos sont incongrus, et presque comiques. Pour couronner le tout, il a revêtu le blouson du hors-la-loi, porte son arme et son chapeau ! Et il va s'étonner d'être arrêté à sa place ! Décidément, ce brave Tony n'en manque pas une...

Au final, si l'épisode est loin d'être complètement raté, on ne peut s'empêcher de regretter ce à quoi on a failli assister lorsqu'on a cru que Tony avait tué le Kid, à savoir une modification du cours de l'histoire... qui aurait pu être, par exemple, annulée rétroactivement à l'aide du chronogyre. Dommage qu'au lieu de nous servir un scénario sans saveur, les scénaristes n'aient pas eu l'audace de tenter une innovation de ce style...

Critique d'Estuaire44

Billy The Kid restera comme une déception et une occasion manquée. En effet, lors de l'apparente mort du Kid, on croit un bref instant, à la stupeur de Ray, que pour la première fois la série secoue les chaînes du déterminisme historique et que les auteurs vont s'élancer vers des voies de traverses originales et surprenantes. Las, il n'en est rien, grâce à une plus que providentielle boucle de ceinturon. On ne pourrait plus éloquemment souligner les contorsions à laquelle doit se livrer le malheureux Univers pour contribuer à exister sous la férule de cette loi immuable. Doug ne se prive d'ailleurs pas de réciter sa leçon sur ce point, sans préciser que cela revient en définitive à expliquer que le Chronogyre représente une onéreuse télévision globalement inopérante.

Pour le reste l'épisode ne s'écarte guère ses péripéties vues et revues à travers les séries de Western encore produites au kilomètre à l'époque, même si le genre commence lentement mais sûrement à se ringardiser. On distingue de plus quelques circonstances aggravantes, comme les allées et venues répétitives et stériles entre la maison et la ville, un vieux truc de scénariste en souffrance, ou l'énorme gag de Tony oubliant que  Kid lui avait donné son reconnaissable chapeau et venant se faire cueillir comme une fleur. On dénote à ce propos une scène involontairement désopilante, voyant Tony prendre crânement la pose devant son Doug avec le chapeau de cow boy. Cela fait très Village People/Brokeback Mountain, on va dire. On comprend par ailleurs que le Wild West représente un passé mythique pour les Américains et qu'il autorise des facilités de production (extérieurs aisés, décors préexistants) mais il ne faudrait pas que la part accordée au genre devienne trop prépondérante au sein d'une série dont la variété des aventures constitue un atout maître.

L'épisode bénéficie cependant de seconds rôles réussis, non pas Pat Garrett, transparent, ou Billy, coulé par le mauvais cabotinage de son interprète,  mais leurs fidèles bras droits respectifs, savoureux chacun dans son genre. L'équipe du Chronogyre continue également à s'agiter vaillamment, on remarque d'ailleurs que le fameux « ordinateur historique » a été remplacé par un considérable amas d'encyclopédies, comme quoi le Chronogyre a été inventé avant Wikipédia. Le coup de la voix produit toujours son effet. Comme l'on a n'a pas grand chose à pour nous occuper, on se laisse à penser que cela pourrait susciter quelques gags goûteux au cours d'un opus consacré à Jeanne d'Arc, pour vu que la Team Tic Toc se sente d'humeur facétieuse. Pour le reste, un épisode très anodin, Billy le Kid s'avère nettement plus divertissant face à Lucky Luke.

Retour à l'index


23. L'ILE DE L'HOMME MORT
(PIRATES OF DEADMAN'S ISLAND)

C'est en 1805, au cœur d'une bataille entre la marine américaine et des pirates des Barbades, que se retrouvent Tony et Doug. Nos héros vont tenter d'extirper des griffes des malfaiteurs le jeune neveu du Roi d'Espagne.

Critique de Phil DLM

Un épisode dégoulinant de bons sentiments, entre le gentil enfant, neveu du Roi d'Espagne, pris en otage par les affreux pirates, et le médecin du complexe Tic-Toc, dont on a tout de suite compris qu'il est victime d'un fort sentiment d'inutilité généré par la perspective imminente de la retraite, et qu'il va donc se faire transférer dans le passé en fin d'épisode. La manière de présenter ce point du scénario est particulièrement maladroite, cousue de gros fil blanc aussi visible que le nez au milieu de la figure.

On a donc affaire à une aventure très ordinaire, dont le scénario plaira certainement aux enfants. Et toujours les mêmes décors de jungle de studio et de mer tropicale de pacotille, déjà vus dans plusieurs épisodes...

Quelques bons moments tout de même grâce aux multiples transferts spatio-temporels ou simplement spatiaux, effectués par une équipe technique très en verve. La séquence du pirate truculent ramené par erreur dans le présent ne manque pas de piquant, ce féroce chef de bande, sosie de Noël Roquevert, n'hésitant pas à menacer Ann Mac Gregor de mort si on ne le renvoie pas illico presto sur son bateau.

Certes, on est heureux de retrouver une équipe de savants à nouveau interventionniste après plusieurs épisodes de passivité relative. Mais il faut bien reconnaître que la série s'essouffle, et même s'épuise quant à la qualité des scénarios.

Critique d'Estuaire44

Le film de pirates manquait encore à l'étonnant catalogue du film de genre que constitue en définitive Time Tunnel. Pirates of Deadman's Island vient à point nommé combler ce manque, avec un indéniable succès. Celui-ci se bâtit notamment sur un emploi des inserts plus fin et intégré à l'histoire qu'à l'accoutumée. Les impressionnantes scènes de combat naval et de canonnades structurent les différentes péripéties, au lieu de simplement les illustrer,  ce qui s'avère particulièrement immersif. Élément crucial du film de pirates, les personnalités hautes en couleur ne manquent pas dans l'équipage, on se trouve même à la fête avec le capitaine pittoresque et matois, son fourbe second ou l'imposante brute épaisse. Un vrai festival ! De temps à autres le spectateur français pourra s'amuser d'une vague ressemblance entre le capitaine et Noël Roquevert.

L'épisode a également l'excellente idée de solliciter davantage qu'à l'ordinaire léquipe du Chronogyre, grâce à cette intrusion mouvementée. Outre le suspense autour d'Ann, cela permet aussi de retrouver les décors de la base souterraine, disparus depuis longtemps. Inépuisables, les nombreux Marines  continuent à courir en tous sens, mais avec une efficacité inchangée puisqu'en définitive le général ne peut compter que sur deux d'entre eux pour contrer le pirate. Le déterminisme étincelle derechef, l'intrus étant considéré comme intouchable, décidément la série sera allée jusqu'au bout de ce concept. Le médecin n'hésitant pas à contrer son officier se révèle très attachant. Sans surprise Doug et Tony s'avèrent transparents, au point de se faire voler la vedette par le sympathique Armando, un personnage fleurant bon les séries pour la jeunesse de l'époque. Enfin, avec cet affrontement opposant flibuste et US Navy, on apprécie enfin de découvrir une page d'histoire maritime totalement ignorée !

Retour à l'index


24. CHASSE À TRAVERS LE TEMPS
(CHASE THROUGH TIME)

Un espion a dissimulé une bombe atomique à retardement au sein du complexe Tic-Toc avant de s'enfuir par le chronogyre. Le général Kirk et son équipe ne disposent que de quelques heures pour retrouver l'ennemi à travers différentes époques, avec l'espoir de le faire parler avant l'explosion.

Critique de Phil DLM

Les producteurs semblent avoir pris conscience de l'enlisement de la série et essaient de la relancer avec enfin un épisode original et à grand suspense. Les héros parcourent de très grands espaces temporels puisqu'ils commencent leur aventure un million d'années après Jésus-Christ avant de la terminer un million d'années avant.

La société futuriste dans laquelle ils évoluent est effrayante : basée sur l'organisation des abeilles, elle ressemble à une ruche avec ses portes en forme d'alvéoles, ses maîtres, ses soldats et ses esclaves, tous dénués du moindre sentiment. Mais elle peut faire réfléchir car, au fond, n'est-ce pas vers une société de ce type que les élites terrestres actuelles tendent à nous entraîner ? N'est-ce pas le rêve caché des maîtres de la société capitaliste, un monde où ils n'auraient plus aucun devoir, au nom de l'efficacité économique et de leur prétendue indispensabilité, et où ils disposeraient d'une armée de travailleurs sans droits et très dociles ? On peut se poser sérieusement la question, au vu des multiples reculades imposées au nom de l'économie mondialisée...

Tony et Doug, victimes d'un « arrêt du temps » au cours de leur transfert, parviennent jusqu'à Nimon, l'espion qu'ils recherchent, alors que ce dernier est arrivé au sein de cette société dix ans auparavant, et a pu gagner la confiance des maîtres en leur promettant de construire un chronogyre capable d'étendre leur puissance et leur gloire à toutes les époques de l'humanité.

Robert Duvall, excellemment doublé par Jacques Thébaut, accomplit une performance de premier choix dans ce rôle de crapule de grande envergure. Le garde Vokar bénéficie de la très bonne interprétation de Lew Gallo, qui en fait un personnage intéressant à plus d'un titre. Au fond plus victime que coupable, l'attention que lui portera Doug lorsqu'il sera blessé le fera réagir et retrouver des sentiments humains, jusqu'alors refoulés par le conditionnement des maîtres, actif depuis des siècles sur ses semblables.

Zee, la jeune esclave, est également un personnage attachant, même si l'interprétation de Vitina Marcus est moins en relief que celle des deux autres vedettes invitées, peut-être en raison d'un maquillage qui ne la met pas en valeur.

Le dernier quart d'heure, avec l'arrivée au temps des dinosaures, est moins convaincant. Sans doute les producteurs étaient-ils désireux d'utiliser les scènes tournées en début de série, comme en témoigne la version longue du pilote, et sans doute prévues pour le deuxième épisode, avant que la série ne s'oriente dans une autre direction.

Mais pour quel résultat ? Le suspense commence à devenir languissant. Le scénariste abuse des contretemps qui retardent d'autant plus le moment où Nimon va parler. Enfin parler, est-on tenté de dire, car on pourrait  pousser un grand « Ouf ! » lorsque cela se produit enfin... OK, on assiste à un combat entre dinosaures assez plaisant, mais le final s'avère décevant, et presque ridicule : Nimon, l'apôtre de la société humaine calquée sur celle des abeilles, finit par être victime de ces animaux dans une ruche géante ! Comme leçon de morale, on pouvait trouver mieux...

Critique d'Estuaire44

Nouvelle massive déception que Chase Through Time. En effet les prémices s'en avèrent fortement prometteurs, avec un prologue annonçant une belle histoire d'espionnage enrichie par un subtil jeu temporel, comme lors de l'excellent Secret Weapon (on apercevra d'ailleurs une soucoupe temporelle proche de celle  de cet opus). Alors que ce stimulant projet prend vie sous nos yeux, il se voit foudroyé d'un coup d'un seul par le retour des calamiteux hommes en papier alu de Visitors from Beyond the Stars, ou avoisinants. Le désastre est à peu absolu, entre Science-fiction antédiluvienne et caricaturale, maquillage et décors kitchissimes (à côté Buck Rodgers c'est du Bresson), pesanteur de l'exposition de la société, dialogues ampoulés… Un supplice pour l'amateur du genre, d'où même l'humour du second degré peine à émerger.

Par ailleurs, au lieu d'un antagoniste de haute volée comme celui de Secret Weapon, Niman ne cesse de décevoir, subissant passivement à peu près tous les évènements, se contentant de fuir sans jamais prendre d'incitative. Cette mécanique là fonctionne décidément à vide. Que le talent de Robert Duvall ne trouve jamais matière à s'exprimer génère une frustration supplémentaire. On apprécie les sympathiques animations de dinosaures à la Ray Harryhausen et la présence de la sculpturale Vitina Marcus (également admirée dans Lost in Space) mais cela ne contrebalance que fort partiellement l'impression de gâchis laissée par cet opus. Décidément Time Tunnel s'affadit, et sans doute se condamne, par ces recours à d'ineptes histoires hors sujet.

Retour à l'index


25. LE RETOUR DE MACHIAVEL
(THE DEATH MERCHANT)

Le chronogyre est décidément très malicieux puisqu'il envoie Doug et Tony au cœur de la bataille de Gettysburg, de surcroît en compagnie de... Machiavel, qui a subi également un transfert spatio-temporel !

Critique de Phil DLM

Voici un épisode qui avait tout pour être une splendide réussite : un scénario de Bob et Wanda Duncan, jamais à court d'imagination puisqu'ils ont osé doter le terrible Machiavel des mêmes repères spatio-temporels que Doug, ce qui lui permet de voyager dans l'espace et le temps sur commande du chronogyre, et donc de se retrouver avec nos héros en pleine guerre de Sécession ; un affrontement permanent entre Doug, enrôlé par les Nordistes, et Tony, rendu amnésique par une explosion et persuadé d'être un soldat sudiste ; une équipe de savants et techniciens qui connaît la première grave divergence de vues entre le général Kirk et le docteur Swain ; enfin, des vedettes invitées connues et de qualité, Malachi Throne et Kevin Hagen en tête.

Malgré ces atouts incontestables, l'épisode déçoit, en raison sans doute d'un scénario trop monocorde. L'idée est bien trouvée, mais n'a pas été assez travaillée dans ses développements, si bien que l'histoire devient rapidement terne, ennuyeuse.

James Darren devient insupportable, il faut subir jusqu'à la fin son numéro de « Tintin chez les Sudistes », de soldat borné acharné à la perte de Doug, qu'il ne reconnaît pas. Au contraire, Malachi Throne est excellent en Machiavel observateur indifférent du massacre, mais se retrouve victime dans la version française d'un doubleur incompétent qui fait parler cet italien bon teint avec un accent espagnol bien mal venu, constellé de « yé souis » et autres expressions typiquement hispaniques.

Résultat : il s'agit d'un des rares épisodes qui m'ont donné envie de regarder ma montre à plusieurs reprises. Et j'ai eu une furieuse envie de pousser un « Ouf ! » de soulagement lorsqu'il s'est décidé à livrer son fort médiocre dénouement.

Critique d'Estuaire44

Nouvel épisode de Western, certes permettant cette fois de découvrir ce moment clé de la Guerre de Sécession que constitua Gettysburg (si bien connue des amateurs de Wargames). Le récit sait nous faire ressentir l'horreur de ce conflit particulièrement sanglant, cruel comme le sont si souvent les guerres civiles. Pour cela il a l'heureuse idée de s'attacher aux hommes de troupe et non aux généraux, expliquant éloquemment par l'exemple comment des hommes par ailleurs sympathiques peuvent mutuellement se massacrer. La violence des tueries s'accentue encore en contraste avec les splendides paysages naturels. L'écueil du manichéisme se voit également évité, notamment grâce aux compositions de John Crawford et Kevin Hagen. Une atmosphère plus tendue qu'à l'accoutumée s'instaure également au sein de l'équipe du Chronogyre, une nouveauté bienvenue.

Mais la spécificité de The Death Marchant repose sur l'apparition surprise de Nicolas Machiavel, surgi de la Renaissance. Extraire un personnage de son époque semble une bonne idée, permettant de varier les scénarios avec davantage de pertinence que les Extraterrestres sommaires et crétins. Évidemment le personnage aurait été mieux employé dans une vision satirique des rouages de Washington, mais ne rêvons pas.  Le récit pousse également au paroxysme les divers iniques clichés poursuivant ce penseur politique pénétrant, soucieux avant tout de renforcer le système républicain ou les princes éclairés face à effectivement une vision sans fard du cynisme humain.

Mais tout de même, on se régale de ce diable d'opéra, joyeusement caricatural et aux dialogues bien affutés, tout en faconde méditerranéenne (on pense un peu au Comte Manzeppi des Mystères de l'Ouest). Malachi Throne, irrésistible cabotin,  joue pertinemment à fond sa composition, servi incidemment par un excellent doublage français allant dans le même sens. Un antagoniste grand train, comme on les aime. Après le Comte Galba, on perçoit d'ailleurs que nos amis italiens s'en sortent mieux que les Français ou les Espagnols. Si l'opposition entre Doug et Tony paraît assez tiré par les cheveux, leur affrontement sur le pont nous vaut l'une des scènes les plus épiques de la série, en dehors des reprises de film. Une conclusion à la hauteur de cet épisode agréablement intense,  riche en action et en suspense.

Retour à l'index


26. L'ATTAQUE DES BARBARES
(ATTACK OF THE BARBARIANS)

Nos deux explorateurs du temps surgissent au beau milieu de guerriers mongols dont le chef, héritier de Gengis Khan, est persuadé qu'ils font partie des troupes emmenées par l'explorateur Marco Polo, avec qui il est en guerre.

Critique de Phil DLM

Un épisode finalement fort agréable malgré le choix d'une époque peu attirante. Les péripéties variées vécues tant par Doug et Tony que par l'équipe du chronogyre se conjuguent avec l'apport de vedettes invitées très convaincantes, à l'image d'Arthur Batanides, tellement bien grimé en chef mongol qu'il en devient méconnaissable, ou de John Saxon, un parfait Marco Polo.

Tony tombe immédiatement amoureux de la princesse Sarit, et Doug va avoir énormément de mal à lui faire comprendre qu'une romance avec une femme d'une époque et d'un milieu totalement différents n'est pas réaliste. Ce coup de foudre est d'autant plus curieux que, probablement à cause du maquillage destiné à lui donner l'allure d'une mongole, Vitina Marcus, l'interprète de Sarit, est loin d'avoir dans cet épisode le physique ravissant de certaines beautés rencontrées au cours d'aventures précédentes, comme Hélène de Troie ou Rahab, la courtisane des Trompettes de Jéricho, qui avaient pourtant laissé Tony indifférent. Mais après tout, l'amour est aveugle, et Tony a peut-être des goûts spéciaux. Avec ce bon vieux Tony, il faut s'attendre à tout...

Ann Mac Gregor est attendrie par cet amour, au point de ne plus vouloir transférer Tony contre sa volonté. Heureusement, le général Kirk est plus réaliste. Après plusieurs essais infructueux qui finissent par devenir énervants, il finit par transférer dans le passé les armes qui vont aider Marco Polo, Tony et Doug à triompher des barbares.

Tout ceci est de fort bonne facture, et le final le sera encore plus. Au lieu du traditionnel transfert dans une autre époque, on assiste à l'arrivée sur le complexe Tic-Toc de Merlin l'enchanteur ( !), qui bloque ledit transfert, paralyse l'équipe du poste de commande et fait revenir Doug et Tony dans la présent, tout aussi inertes, afin de leur donner ses directives pour le prochain voyage ! Cette séquence à sensation conclut l'épisode, et constitue la meilleure des transitions vers le suivant.

Critique d'Estuaire44

Le scénario se montre d'une insigne faiblesse, se caractérisant par des raccourcis vertigineux (Doug sortant sans aucun souci du camp des Mongols portant Tony sur l'épaule bien en évidence, avant de tomber miraculeusement sur Marco Polo et ses amis, etc.) ainsi que par des vas et viens lassants entre deux uniques endroits, la forteresse et le camp. On a rapidement l'impression de tourner en rond, d'autant que les péripéties proposées demeurent continuellement basiques. Une romance mièvre cherche vainement à pimenter l'ensemble. On se demande bien pourquoi les scénaristes lancent Batu dans un conflit totalement imaginaire contre Kubilaï, personnage lui étant postérieur, dans un endroit d'Asie demeurant flou, au lieu de mettre en scène ses terribles et spectaculaires invasions de l'Occident. Le contresens historique est total, confinant au ridicule avec l'entrée en scène d'un Marco Polo, âgé d'un an à la mort de Batu et totalement improbable en chef de guerre, à des lieux de la grandiose  découverte de la Chine l'ayant rendu immortel. Tout cela tourne à vide et se révèle improductif au possible, ruinant deux très belles idées de scénario en échange d'un simple brouillon d'intrigue.

On passera rapidement sur l'équipe du Chronogyre envoyant des détonateurs en plein XIIIème siècle. Attack of the Barbarians bénéfice cependant d'une belle distribution. Sans être exceptionnel, Batanides divertit en un Batu battu mais pas abattu, tandis que John Saxon en Marco Polo d'opérette demeure une authentique curiosité. Mais c'est bien la sublime Vitina Marcus qui attire tous les regards, débarrassée du grotesque maquillage de Chase Through Time (elle avait déjà fait fort là-dessus dans  Lost in Space, en jouant la fameuse Girl from the Green Dimension). Avouons qu'elle justifie à elle seule le visionnage de l'épisode. Pour le reste on découvre les coutumières et amusantes naïvetés, comme Toug et Tony identifiant d'un seul coup d'œil un bouclier mongol, les plumes dignes d'un french cancan sur les casques des soldats,  ou une forteresse massivement occidentale en pleine steppe mongole etc. Mais, même si les inserts cinématographiques s'avèrent tout à fait spectaculaires, cet opus demeure clairement en dessous et surtout vraiment incongru.

Retour à l'index


27. MERLIN L'ENCHANTEUR
(MERLIN THE MAGICIAN)

La légende des Chevaliers de la Table Ronde devient réalité pour Tony et Doug, qui vont connaître une aventure singulière avec les célèbres Roi Arthur, Guenièvre et Merlin l'enchanteur.

Critique de Phil DLM

Cet épisode ne tient pas vraiment les promesses entrevues en fin du précédent. Pourtant, il est riche en action et en personnages intéressants incarnés par de bons acteurs. Christopher Cary interprète un Merlin l'enchanteur malicieux et Vincent Beck, qui ressemble étonnamment à Antony Caruso et a l'avantage comme ce dernier d'être doublé par Henri Djanik, est assez surréaliste en chef des envahisseurs vikings pourvu d'un casque à cornes gigantesques.

Mais le passage de la science-fiction, qui relève encore du domaine véritablement scientifique, à la magie pure et simple, qui relève de l'occultisme et de l'irrationnel et va de pair avec une intrigue basée sur une légende en lieu et place des traditionnels événements historiques, peut déplaire car pas du tout dans la lignée de la série.

Le scénariste aurait mieux fait de réserver son potentiel de fantaisie pour la trame du scénario, dont la triste banalité devient évidente en fin d'aventure avec l'attaque du château et la mort du chef viking, scènes expéditives totalement ratées, à la limite du grotesque.

La perte de crédibilité de la série est confirmée par l'épilogue, d'une absurdité sans nom : encore un homme du futur vêtu d'une tenue argentée, et qui a l'audace de surgir dans la salle des commandes pour enlever Ann Mac Gregor !

Critique d'Estuaire44

On aime beaucoup Bewitched, vraiment, sa fantaisie magique et son humour malicieux. Mais quand on regarde Time Tunnel, c'est pour découvrir un autre type d'univers et d'histoire. Or Merlin et sa sorcellerie, telle qu'elle s'exprime ici, louchent trop vers le merveilleux de la série d'Elizabeth Montgomery pour ne pas paraître totalement hors sujet vis à vis du Chronogyre. Par ailleurs, cette irruption déjà malaisée du Fantastique au sein d'un récit de Science fiction s'avère particulièrement frustrante. En effet nos héros deviennent de simples pantins aux mains d'un Merlin tout puissant. Dès lors suspense et mérite disparaissent, tant les parties semblent déséquilibrées. Les auteurs tentent bien de corriger le tir en introduisant une notion pour le moins fumeuse de « trop de magie », mais cela ressemble trop à une mauvaise excuse de médiocre meneur de jeu de Donjons et Dragons pour résulter crédible le moins du monde.

Le Cycle arthuréen se voit sérieusement malmené avec, entre autres, des Vikings joyeusement anachroniques. Par ailleurs si l'interprète de Merlin ne suscite guère d'étincelles, ceux de Guenièvre et d'Arthur s'avèrent totalement transparents. Le chef viking s'en sort mieux mais, tous comme ses camarades, se trouve affublé d'un casque à cornes plus parodique qu'autre chose. Les amateurs des New Avengers s'amuseront à reconnaître le château d'Eilean Donan parmi les inserts, tandis que ceux de Kaamelott regretteront de ne finalement pas croiser Léodagan de Carmélide, l'un des plus savoureux personnages d'une série dont cet opus faiblard suscite une vive nostalgie.

Retour à l'index


28. LES KIDNAPPEURS
(THE KIDNAPPERS)

Des extraterrestres vivant dans un futur lointain ont enlevé le docteur Ann Mac Gregor, afin que le général Kirk, pour tenter de la délivrer, transfère Tony et Doug, sur lesquels ils souhaitent se livrer à des expériences, dans leur espace-temps.

Critique de Phil DLM

Passée la déception de retrouver encore et toujours des habitants du futur vêtus de combinaisons argentées, on s'aperçoit que le scénariste a su faire preuve de plus d'imagination que le créateur des costumes. Des habitants d'une planète gravitant autour d'une étoile située à cent années-lumière du soleil, et vivant plus de huit mille ans après Jésus-Christ, ont décidé de tout connaître de l'histoire de la Terre. Ils enlèvent des personnalités ou des dictateurs du passé terrestre afin d'étudier en détails leurs mécanismes de pensée. L'ennui, c'est qu'après l'opération les victimes deviennent complètement amorphes. Or, ces créatures ont jeté leur dévolu sur Doug et Tony, en tant que premiers voyageurs spatio-temporels.

Le maître d'œuvre de ces sinistres expériences montre à nos héros un de ses cobayes, dont on a deviné avant même que son visage ne soit découvert qu'il s'agit forcément d'Hitler, comme de juste enlevé dans son bunker alors qu'il s'apprêtait à se suicider ( !). Ce faux effet de surprise gâche l'ironie de la situation : le chef des nazis victime d'expériences pas très éloignées de celles pratiquées en masse par ses zélateurs...

Voilà qui n'est pas mal conçu et interprété, et pourtant l'épisode n'atteindra jamais les sommets, en raison d'incohérences de scénario flagrantes. En premier lieu sur la trame de l'histoire : les extraterrestres enlèvent Ann afin de servir d'appât, opération bien inutile puisqu'on apprend qu'il ont été chercher leurs cobayes à toutes les époques de l'histoire terrestre. Alors, pourquoi ne pas avoir enlevé directement Doug et Tony au lieu de passer par ce moyen détourné ?

Ensuite, et surtout, comment des êtres aussi évolués pourraient-ils se trouver dans un tel état de vulnérabilité dès que la nuit tombe ? D'accord, ils sont à la merci de la lumière, dont ils se nourrissent, à l'image des plantes, toute autre nourriture étant inexistante sur leur planète. Et ils n'auraient pas trouvé un moyen de remédier à ce problème, malgré leur technologie remarquablement développée ? Et qu'est-ce qui les empêche d'aller chercher leur nourriture dans le passé avec leur machine à explorer l'espace-temps, qui paraît très performante ?

Autre déception, la prestation de Lee Meriwether, toujours aussi agréable à regarder, mais qui en fait beaucoup trop dans le registre de la pleureuse, auquel elle est habituée sur cette série. Le docteur Mac Gregor est une scientifique intelligente, alors pourquoi nous la montrer aussi régulièrement avec un tel comportement de cruche ?

Critique d'Estuaire44

Et voici une énième intervention d'Aliens bariolés d'argent, apportant un nouvel écart au thème pourtant inépuisable de la série. On s'interroge vraiment  sur l'origine de ces perturbations, alors que tant d'époques, événements et personnages historiques demeurent encore disponibles. Sans doute Irwin Allen a-t-il été trop gourmand en prévoyant le nombre conséquent de 30 épisodes pour cette première saison, d'où un certain tarissement narratif. Ces Aliens doivent également paraître moins ridicules aux téléspectateurs des années 60, car se situant dans la norme de la Science-fiction de l'époque, à laquelle The Twilight Zone apporta une conséquente rupture.

On reconnaîtra aux auteurs le mérite d'avoir malgré tout tenté de situer le déplacement temporel au coeur de leur intrigue, ainsi que d'avoir eu l'excellente idée de faire franchir le miroir à une toujours aussi émotive Ann. Malheureusement ces bonnes dispositions sont balayées par le tsunami de kitsch déferlant sur l'ensemble du récit : maquillages costumes et décors agressent sans pitié le regard. Le scénario, prenant l'eau de toutes parts, accumule également les bourdes, comme la latitude invraisemblable laissée au héros ou cette civilisation hyper avancée incapable d'installer des caméras de surveillance. Le brusque sommeil des Canopiens résulte trop providentiel pour une pas constituer une grosse ficelle de scénariste, d'autant que l'on ne voit pas une société technologique se développer sans trouver des palliatifs à cette faiblesse. On s'amuse franchement devant quelques plaisantes naïvetés, telles les portes coulissant en émettant un « psch » caractéristique, grand poncif de l'époque et avec le geste du bras qui va bien s'il vous plaît. Il est presque attendrissant de voir les cartes perforées demeurer d'actualité dans un si lointain futur. Mais, malgré qu'il ne soit pas entièrement dépourvu de qualités, The Kidnappers témoigne surtout de l'inquiétant épuisement de la série.

Retour à l'index


29. LES AVENTURIERS DE L'ESPACE
(RAIDERS FROM OUTER SPACE)

Au beau milieu de la bataille de Khartoum, Tony et Doug vont tenter d'empêcher des envahisseurs venus d'une planète hostile de conquérir la Terre.

Critique de Phil DLM

Des extraterrestres ultra kitsch, et pas dans le bon sens du terme, une histoire médiocre de conquête de la Terre par des envahisseurs de l'espace se déroulant dans le passé, donc dont on sait tout de suite qu'elle n'a pu aboutir, erreur majeure déjà commise dans Ceux qui viennent des étoiles, dont le scénario a été vulgairement recyclé : décidément, la série s'enfonce dans le grand n'importe quoi.

Un acteur tel que Kevin Hagen a probablement accepté ce rôle de chef extraterrestre pour des raisons purement alimentaires : il faut bien vivre... Pour un personnage soi-disant évolué, il est curieux qu'il ne comprenne pas que sa conquête de la Terre va forcément échouer, sans quoi les hommes du futur n'auraient pas eu le loisir de construire le chronogyre, dont il connaît l'existence. Sa naïveté est tout aussi déconcertante : il se contente d'avertir les savants de ne pas utiliser le chronogyre pendant les deux heures à venir, sans prendre la peine de neutraliser la machine, alors qu'il en a les moyens et le prouvera par la suite. Résultat : Doug en profite pour lui échapper, transféré par le chronogyre...

Bref, on a compris qu'il s'agit là d'un navet de première classe. Du coup, les défauts inhérents aux derniers épisodes de la série passent moins inaperçus, et deviennent plus gênants qu'auparavant : nouvelle voix française de Doug, alors que celle de Gabriel Cattand était parfaite en tous points, expression « tunnel du temps » employée à la place de « chronogyre ».

Quant au mélange improbable entre la bataille de Khartoum et les agissements des envahisseurs, avec un John Crawford bien trop facilement convaincu par Doug et Tony de l'existence des extraterrestres après une période de scepticisme aigu, il est d'un mauvais goût et d'un grotesque accomplis. Les scènes de bataille, en fin d'épisode, sont encore plus ennuyeuses que ce qui a précédé. Vraiment, Bob et Wanda Duncan nous avaient habitués à beaucoup mieux.

Critique d'Estuaire44

Quelle bonne idée d'avoir retenu la Guerre du Mahdi et la la fameuse bataille de Khartoum ! Action trépidante, splendeur des paysages, sujet exotique, tout ceci paraît pour le moins prometteur ! Mais qu'ouïs-je ? « Nous sommes ici pour vous détruire, c'est compris ? ». Hélas, c'est en fait l'épisode entier que détruisent sous nos yeux incrédules de nouveaux Aliens provenant d'un espace profond décidément surpeuplé. Ceux-ci se montrent performants, parvenant sans peine à résulter plus ridicules et fauchés que leurs prédécesseurs.

On atteint une espèce de summum avec le Maître, particulièrement gratiné. Le scénario est à l'avenant, entre détour artificiel et accompli à une vitesse hallucinante par la dite bataille, complot caricatural et sommaire, dialogues en plomb ou encore champ de force annihilé par des grenades du XIXème siècle. En fait, mise en scène, maquillages et clichés renouent à la perfection avec les pires séries B de Science-fiction des années 50 (le titre est d'ailleurs caractéristique), alors même que les années 60 sont dans leur seconde moitié. C'est peut-être cela, le Tunnel du Temps, en fait. Fuyons.

Retour à l'index


30. LA CITÉ DE LA TERREUR
(TOWN OF TERROR)

Escale en 1978 pour nos voyageurs du temps, aux prises avec des androïdes désireux de transférer sur leur planète la totalité de l'oxygène terrestre.

Critique de Phil DLM

Un épisode au climat anxiogène présent dès la séquence pré-générique. Impossible en visionnant celle-ci de ne pas penser aux Envahisseurs, tant les similitudes avec cette série, confirmées et amplifiées par la suite, sont nombreuses : adoption par les aliens de l'apparence humaine, installations sophistiquées cachées dans une cave déserte, hommes de main vêtus de combinaisons, privation d'oxygène pour les humains.

Le problème, c'est que la ressemblance avec les aventures de David Vincent est incomplète. Il manque dans cet épisode un élément essentiel : le talent. L'histoire est tout juste regardable, et encore avec un œil distrait. Les envahisseurs ont toujours un aspect aussi kitsch, ce qui devient une mauvaise habitude, et il s'agit encore d'une histoire d'extraterrestres désireux de détruire notre planète. A croire que le chronogyre n'a été construit que pour permettre à Doug et Tony de sauver la Terre, à toutes les périodes de son histoire, des êtres venus de l'espace...

Les maladresses de réalisation sont flagrantes. En étant attentifs, on découvre le défaut des séquences de débuts d'épisodes, lorsqu'on voit de dos les membres du poste de commande assister à l'arrivée de Doug et Tony dans une nouvelle époque : ce sont toujours les mêmes images de Kirk et de son équipe, passées et repassées plusieurs fois en avant et en arrière.

L'usurpation d'identité de Pete par un envahisseur ne surprend pas le moins du monde tellement la manœuvre était téléphonée, on peut même dire attendue depuis l'entrée en scène du jeune couple. Ces deux intervenants, justement, n'apportent rien à l'histoire. Trop transparents. Aucune personnalité, surtout chez la jeune femme, jolie mais véritablement potiche.

Les scènes filmées dans les rues désertes, parmi des personnages inanimés, auraient pu se rapprocher de ce qu'on a vu dans certains épisodes des Avengers, mais là encore il manque le facteur essentiel : le talent.

Enfin, on ne comprend pas pourquoi en fin d'épisode, Tony et Doug sont à nouveau transférés sur le Titanic, et que l'on nous montre des extraits du premier épisode, créant d'ailleurs un fort contraste de qualité avec ce à quoi on a assisté pendant trois-quarts d'heure. Sans doute est-ce en prévision d'une rediffusion de la série en boucle, ou bien une manière de montrer que le temps et l'histoire ne sont qu'un éternel recommencement, et que Tony et Doug sont condamnés à errer sans fin entre les époques passées et futures.

Si la série se termine sans apporter de conclusion, les spectateurs, eux, peuvent en adopter une, et la mienne est avant tout une absence de regret concernant l'arrêt de la série, au vu de la piètre qualité des derniers épisodes diffusés.

Critique d'Estuaire44

On n'épiloguera pas sur cet ultime opus de Time Tunnel, celui-ci rejoignant une tradition bien connue des amateurs des Avengers, puisqu'il s'agit clairement de la plus décevante et inepte aventure de Doug et Tony. Il demeure passablement  fascinant de constater que la série parvient à susciter des maquillages et costumes toujours plus fauchés et grotesques, concomitamment à des scénarios toujours davantage inconsistants. A ce rythme, on se demande avec un certain vertige ce qu'aurait finit par produire Time Tunnel, si elle s'était prolongée, parce que là, on se situe déjà dans les tréfonds du Nanarland.

Mais, au-delà d'un dernier épisode, Town of Terror marque l'aboutissement d'une funeste évolution. En effet, le dérisoire cache-misère  des dix années dans le futur ne trompe guère. De fait, Time Tunnel a cessé de former un épique récit de voyages temporels, pour se muer en un consternant pot–pourri des pires histoires d'Extra-terrestres imaginables. La série atteste ainsi elle-même qu'elle n'a plus rien à dire et l'on comprend que les diffuseurs aient souhaité arrêter la machine infernale avant la prévisible désaffection du public. On aura rarement assisté à un sabordage aussi magistral, un Jump the Shark de premier choix.

Comme si souvent, l'équipe du Chronogyre vient une ultime fois au secours du duo vedette, son agonie par asphyxie représentant l'unique passage quelque peu intense. Un joli baroud d'honneur, bien mérité, mais, au sein du nouvel univers de série, sa présence ne peut plus apparaître que comme un témoignage de jours plus heureux, pour ne pas parler de simple alibi. Prenons congé d'Ann et de ses deux complices, parfaits archétypes de ces seconds rôles soutenant précieusement leur série.

Ainsi s'achève l'odyssée de Doug et Tony, dont on ne saurait oublier les grands et trépidants moments. Du fait du couperet tombé sur la série, notre intrépide duo ne reviendra en définitive jamais à son époque, une espèce de performance quand l'on considère le nombre imposant de personnages ayant passé par le Chronogyre pour atteindre cette base si secrète ! Nos ingénieurs aux nombreux talents semblent d'ailleurs coincés dans une boucle temporelle puisque le prochain épisode annoncé n'est autre que le pilote (incidemment le contraste avec Town of Terror s'avère terrible).  Souhaitons-leur de rencontrer un drôle de bonhomme dans sa boite bleue magique.

Retour à l'index

Images capturées par Phil DLM.