Saison 1 1. Les Nouveaux Passagers (Serenity) 2. L'Attaque du train (The Train Job) 3. Pilleurs d'épave (Bushwhacked) 1. LES NOUVEAUX PASSAGERS Date de diffusion : 20 décembre 2002 Réalisateur : Joss Whedon Auteur : Joss Whedon Résumé : Six années après que l’Alliance eut triomphé des Browncoats à la bataille de Serenity Valley Mal et son second Zoé, deux vétérans de l’armée défaite, sont devenus des contrebandiers en rupture de ban avec l’ordre nouveau. A bord de leur cargo spatial, le Serenity, ils se livrent à quelques trafics, avec l’aide de leur équipage, le pilote Wash, époux de Zoé, le mercenaire Jayne et la mécanicienne Kaylee. La courtisane de haut vol Inara Serra a également amarré son accueillant petit vaisseau au Serenity, liant son destin à celui de Mal. Ce dernier est dans une mauvaise passe, après avoir dérobé du fret appartenant à l’Alliance, qui le poursuit, il se voit trahi par ses commanditaires, le pittoresque Badger puis le sinistre Dobson. Le Serenity se voit également pris en chasse par les Reavers, les abominables pirates écumant l’Espace. Mais Mal finit par triompher de ses ennemis et accueille trois nouveaux membres d’équipage, le prêtre Shepherd Book, le Dr. Simon Tam et sa sœur River, à l’esprit dérangé par les expériences réalisées sur elle par l’Alliance du fait de ses étonnants pouvoirs. Les aventures du Serenity ne font que commencer, d’autant que River est traquée par les autorités. Critique : Le pilote de Firefly se montre singulier à plus d’un titre. Ainsi le spectateur habitué aux séries s’ouvrant par des épisodes spectaculaires destinés à frapper l’imagination pourra-t-il être désarçonné par un relatif manque d’action. Cela se ressent d’autant plus fortement que cette narration assez lente et tranquille se développe sur le format long et téléfilm et succès à la présentation par contre particulièrement mouvementée de la bataille de Serenity Valley, vue à travers les yeux de Mal. Mais ce refus de séquences trépidantes sans réelle justification que la distraction la plus immédiate constitue pour la série un moyen d’affirmer d’entrée sa spécificité. De fait Serenity va parfaitement remplir cet objectif, simultanément à la présentation du monde de Firefly. En effet l’opus expose en substance que le véritable univers du programme ne sera pas tant le système dominé par l’Alliance (au total seulement brièvement entrevu) que l’équipage du Serenity. Porté par l’approche subtile et émotionnelle propre à Joss Whedon, ainsi que par son sens sans égal des dialogues, l’épisode consacre un temps plus que conséquent à la présentation de ce groupe en future de ban, trouvant dans l’Espace une liberté pour laquelle il est prête à certaines compromissions morales. Chaque personnage dispose d’au moins une scène indiquant sa personnalité (les dinosaures jouets de Wash, l’ombrelle à la foi attractive et fragile de Kaylee, la tension entre Mal et Jayne…). Whedon évite le piège du simple catalogue, pour au contraire créer sous nos yeux l’une de ces familles dysfonctionnelles qu’il affectionne tant, d’Angel Investigations aux Avengers (en attendant la Ligue de Justice ?). L’ensemble se voit évidemment dominé par le charisme et la vitalité de Nathan Fillion dans le rôle d’un Mal que le récit montre toutefois en antihéros déjà plus subtil et tourmenté qu’un simple rebelle. Mal se situe au cœur du projet Firefly (l’anti stéréotype absolu) par les décisions totalement inattendues qu’il ne cesse de prendre, comme quand il dessoude brusquement le vilain ou quand il injurie Inara à propos de son métier (le duo Mal Inara évoquera parfois celui de Ben et Belle dans Secret Diary of a Call Girl). Mais chaque personnage apporte son écho à l’édifice, comme le couple radieux formé par Zoe et Wash, qui va démontrer que les couples heureux peuvent aussi avoir une histoire (la Fox aurait préféré que ce oit un mélange à problèmes, comme tant autres, mais Whedon tint bon), la relation platonique et en toute en non-dits entre Mal et la sublime courtisane Inara Serra. Mais très clairement chacun est source d’une histoire à venir, autant d’axes développement bien plus importants que la confrontation alors quasi inexistante avec l’Alliance. Il en va ainsi de la tension avec Jayne ou bien entendu du mystère représenté par la nouvelle venue River Tam, qui insère également derechef Firefly dans le Whedonverse par sa lointaine vocation de Buffy : surpuissance au combat, facultés divinatoires, destin imposé… Elle renoue également avec un certain schéma voulant qu’après une exposition, les séries de Whedon débutent réellement avec l’introduction de personnages clefs. Ainsi l’on peut considérer que Buffy débute avec l’arrivée de Spike et Dru à Sunnydale, et Angel avec celle de Wesley à Los Angeles. Ici les horloges s’activent quand Simon et River montent à bord du Serenity. Au total, animé par d’excellents comédiens, à l’évidente complicité, c’est bien ce canevas vivant qui, au fil des rencontres et d’un relationnel naissant, s’impose comme le grand centre d’intérêt du programme. De ce point de vue le pilote remplit idéalement sa fonction première, donner envie de découvrir la suite, tant l’on s’est déjà attaché à cette tribu haute en couleurs et passionnante, un authentique roman en soi. Outre l’insertion de savoureux seconds rôles, dont le pittoresque Badger incarné par un Mark Sheppard accrochant une nouvelle prestation de choix à son inépuisable galerie de vilains (dd l’art bien connu de peler une pomme), le récit du jour demeure prenant à défaut de résulter totalement original. Son grand mérite est d’ouvrir pleinement une fenêtre sur la dureté de la vie dans les marges du Système, dont le quotidien peu glorieux et la dimension prosaïque apportent par ricochet une véracité supplémentaire au groupe. Celui-ci ne sera certes pas l’énième valeureux équipage aux aventures prenant place au sein d’un Space-Op aussi lambda qu’hyper technologique. Les Reavers tiennent néanmoins leur rang comme adversaires ultimes à la Mad Max, même s’il faudra attendre Serenity-le film pour y parvenir. À travers un travail de production de grande qualité (costumes et décors) tout un monde prend vie autour de sa culture originale, entremêlant l’occidental et le chinois, à l’image de dialogue incorporant souvent du vocabulaire de l’ancien Empire du Milieu. Ce soin méticuleux, presque maniaque, caractéristique de Joss Whedon se retrouve également dans le dessin du Serenity, aux salles et alvéoles idéalement connues pour favoriser rencontres et dialogues, mais aussi à la patine ancienne évoquant le délabrement (apparent !) de l’engin. Le Serenity forme déjà le centre de la série, comme peuvent le représenter ailleurs l’Enterprise ou le TARDIS, voire une Chevrolet Impala 1967. La musique se voit également soignée, de même qu’un générique présentant aussi efficacement les protagonistes que leur univers. Son ultime image se montre particulièrement évocatrice de la parfaite fusion entre western et SF (outre l’inoubliable chanson écrite par Joss Whedon). Un idéal lancement pour cette série résolument à part. Anecdotes :
2. L'ATTAQUE DU TRAIN Date de diffusion : 20 septembre 2002 Réalisateur : Joss Whedon Auteurs : Joss Whedon et Tim Minear Résumé : Le redouté bandit Adelai Niska recrute Mal pour que celui-ci dérobe la cargaison secrète d’un train qui va s’avérer lourdement défendu par l’Allaince. L’équipage du Serenity parvient à accomplir sa mission, mais Zoé et Mal sont séparés du vaisseau et se font passer pour de jeunes mariés auprès de la population minière locale. Cette dernière, très pauvre, s’avère de plus souffrir d’une épidémie grandissante liée à la toxicité du minerai. L’équipage découvre que la cargaison est en fait un précieux médicament destiné aux mineurs et parvient à rejoindre mal. Celui-ci décide finalement de remettre le remède à la population, quitte à affronter les tueurs envoyés par Niska. Critique : Suite au refus de Serenity par la Fox, The Train Job doit composer avec la difficulté d’avoir à remplir les fonctions de pilote auprès du public (un exercice de ce style déjà affronté par Gene Roddenberry pour Star Trek). De fait, Whedon y accorde une importance surdimensionnée à la présentation des personnages, vis-à-vis d’un épisode standard. Mais il va avoir l’intelligence d’insérer cette description bien davantage au sein de l’action que lors du pilote. En effet ce dernier avait en sus à dépeindre plus en détail le décor du vaisseau, ainsi que l’environnement politique et culturel, d’où un relatif ton didactique et une centaine lenteur par moments. Ici on se centre sur les seuls personnages, tout en les immergeant dans une action relevant agréablement du pur Western, agrémenté du film de casse, avec le passage emblématique de l’attaque du train, comme jadis dans Retour vers le Futur III. Dès la première scène tonique et hilarante da la bagarre dans le bar (ou saloon), les évènements se précipitent à un rythme d’enfer, mettant en valeur aussi bien es qualités de l’équipage que les facultés de souplesse et manœuvrabilité du Serenity, compensant son absence d’armement lourd. Les rôles secondaires ne se voient pas sacrifiés, du pittoresque Niska jusqu’au savoureux shérif. Le dilemme moral lié aux médicaments permet à Whedon de ne pas se cantonner dans l’action. Avouons que son option originelle, Mal remettant les médicaments à Niska, aurait été malgré tout bien sombre pour le public. Si le récit évoque crument la misère des mondes périphériques vaincus par l’Alliance, il développe également le relationnel au sein de l’équipe, confirmant les liens très fortsexistant entre les membres du Serenity. Merveilleusement interprété par un Nathan Fillion alternativement aussi convaincant dans l’humour que dans la brutalité (la désinvolture avec laquelle Mal trucide l’homme de main de Niska évoque déjà Caleb). Outre sa nostalgie des Browncoats, le récit croque joliment Mal en Robin des Bois croupion, volant aux riches mais donnant malaisément aux pauvres. La résolution de l’affaire permet toutefois de garder espoir en lui, tout comme le fait qu’il accorde asile aux Tam sans pouvoir trouver de justificatif concret à son action. La conversation avec Book s’avère précieuse à cet égard, de même que son ouverture sur la problématique de la Foi comme soubassement moral de l’existence. Chaque protagoniste se découvre ainsi dans sa vérité, grâce aux dialogues à la fois brillants et naturels de Joss Whedon. Au total, porté par une mise en scène et une interprétation de haut niveau, The Train Job remplit parfaitement sa fonction de pilote bis, à la fois plus léger et distrayant que le véritable. Il s’offre même le luxe d’ouvrir des voies pour le devenir de la série, avec la vendetta installée entre Mal et Niska, mais aussi le développement du passé de River et l’entrée en scène concomitante des Hands of Blue. Anecdotes :
3. PILLEURS D'ÉPAVE Date de diffusion : 27 septembre 2002 Réalisateur : Tim Minear Auteur : Tim Minear Résumé : Le Serenity découvre un cargo spatial apparemment abandonné. Son exploration montre qu’il a été attaqué par les Reavers et son équipage horriblement massacré. Outre une cargaison de valeur, Mal découvre un survivant qu’il fait monter à son bord. Mais un vaisseau de l’Alliance intervient, son Commandeur soupçonnant initialement Mal d’être l’auteur de l’attaque. Le Serenity est fouillé, tandis que le survivant se transforme lui-même en Reaver, rendu fou par les horreurs dont il a été le témoin. Il s’attaque à l’équipage de l’Alliance, mais Mal parvient à sauver la vie du commandeur. Celui-ci laisse alors partir le Serenity, non sans l’avoir dépouillé de la cargaison ! Critique : Après deux premiers épisodes bénéficiant de la mise en place d’un univers notamment original par son alliage de Western et de Science-fiction, Bushwhacked déçoit par son retour aux clichés éculés du Space-opera. Cette idée d’un vaisseau en apparence abandonné et de héros venus à la rescousse pour se retrouver confrontés à un péril appartient en effet aux vrais marronniers du genre. La situation évoque ainsi à plusieurs reprises Alien, le Huitième Passager, dont Joss Whedon fut de tous un grand amateur, mais en fait l’on pourrait citer de très nombreux films et séries s’en rapprochant. Que Tm Minear maîtrise parfaitement le déroulé des opérations ne vient que partiellement compenser cette impression de déjà-vu. Sa mise en scène se montre également efficace, avec une découverte du massacre réellement éprouvante. Plusieurs qualités intrinsèques à Firefly se retrouvent néanmoins ici. Outre la fraternité de l’équipage, le récit sait une nouvelle fois parfaitement embrasser la plénitude de points de vue très différents sur l’action en cours, avec une véracité encore rehaussée par la qualité de l’interprétation. On apprécie que, comme si souvent chez Whedon, les femmes du Serenity s’avèrent des personnages forts, sans renoncer pour autant à leur féminité, de plus solidaires autour de la jeune et martyrisée River. Distrayant et sans temps mort, le récit sait nous offrir de pétillantes tranches de vie déconnectées de l’intrigue principale (l’épatante partie fe basket-ball), tandis qu’il développe également l’univers de Firefly. L’Alliance est montrée sans manichéisme ni stéréotypes et on apprécie la paix des braves instaurée entre Mal et le Commandeur, sans que ces derniers en résultent édulcorés pour autant. L’effroi s’intensifient autour des Reavers et de leurs macabres exploits, que Minear se gardent habilement de révéler directement, la peur de l’inconnu demeurant toujours la plus intense. Le procédé fonctionne à merveille, quitte à entretenir un flou relatif de la vraie nature des Reavers, qui ne sera en définitive levé que lors du film Serenity. La double intrigue autour des Reavers et de l’Alliance s’enrichit mutuellement au lieu de se parasiter, grâce au savoir-faire de l’auteur. Anecdotes :
Date de diffusion : 01 novembre 2002 Réalisateur : Vern Gillum Auteur : Jane Espenson Résumé : Membre de la haute société de l’Alliance, Atherton Wing est l’un des clients réguliers d’Inara. Il fait appel à ses services pour qu’elle l’accompagne à un grand bal de prestige se déroulant sur l’une des planètes centrales. Contracté par Badger, Mal s’y rend également, pour négocier une contrebande avec un mystérieux commanditaire. La rencontre avec Atherton produit des étincelles, d’autant que celui-ci traite fort mal Inara. Un duel à l’épée est décidé, et Mal n’a qu’une nuit pour apprendre les rudiments de cette arme grâce à Inara, tandis que son adversaire y est expert. Critique : L’épisode doit quel peu en constituant la première fausse note dans le déploiement jusque-là impeccable de l’univers de Firefly. En effet cette unique incursion au sein des Mondes centraux (où de ce qui s’en rapproche le plus au sein de cette première grande période de la série, avec Perséphone) ne nous dévoile qu’une haute société elle-même très standardisée et volontiers d’inspiration européenne, davantage que sino-américaine. Or l’une des interrogations les plus originales et porteuses de Firefly, réside dans l’ambiguïté de la véritable nature de l’Alliance, décidément moins manichéenne que le Sombre Empire des Siths. Une découverte de la vie du plus grand nombre de ses habitants aurait pu utilement prolonger cette étude, au lieu de se concentre sur les seuls Happy Fews. L’Alliance ne représente certes pas la seule société inégalitaire où règne une ploutocratie, le spectateur des années 2010 n’aura pas à chercher bien loin pour s’en convaincre. Il faut dire qu’avec ce grand bal en crinoline et ce duel de cape et d’épées, Jane Espenson nous entraîne aux lisières d’un épisode décalé ! Celui-ci aurait pu s’intituler « Mal et ces Dames », tant l’auteure prend un malin plaisir à décortiquer les relations malaisées et conflictuelles entre le beau sexe et un protagoniste sympathiquement machiste et surprotecteur, dissimulant maladroitement ses sentiments derrière des attitudes de matamore immature. Zoé restant un compagnon d’armes doublée d’une amie de longue date et River une impénétrable énigme, le récit se centre fort logiquement sur le relationnel de Mal avec l’adorable Kaylee et la troublante Inara Serra (jusqu’à ce nom qui s’avère formidablement sensuel). D’abord fier à bras et grand frère volontiers brutal dans ses algarades, Mal saisit l’occasion du bal pour manifester la tendresse qu’il porte à son vaillant mécanicien, en lui permettant d’y participer en grande tenue. Sa spectaculaire robe, vedette à part entière de l’opus, souligne sa féminité avec éclat. Elle pourrait devenir ridicule sur une autre, mais elle lui correspond parfaitement, rayonnante de gaîté et de joie de vivre. L’épisode reste avant tout celui qui porte au premier plan la tension sexuelle existant entre Inara et Mal. Nathan Fillion excelle dans plusieurs scènes de pure comédie autour de la jalousie dévorant mal au point de compromettre ses affaires, de même que sa dénégation obstinée et ridiculement peu crédible du fait que le métier d’Inara lui pose problème. Outre que ce soit en définitive elle qui sauve la situation la série opère un joli retournement de perspective en posant Inara comme conscience à la Jiminy Criket de Mal, malgré son sulfureux statut de courtisane. Le talent, la présence et la grande beauté de Morena Bacarrin lui permette d’apporter une grande dimension à ce portrait de femme assumant pleinement un métier faisant partie intégrante d’elle-même, quitte à ne payer le prix en bloquant sa relation avec Mal et en la marginalisant quelque peu au sein du Serenity. Mal et Inara constituent déjà l’un des couples les plus captivants, drôles et électriques de Joss Whedon. Au sein de cet épisode si manifestement imprégné par Jane Austen (jusque dans les dialogues finement ciselés par Jane Espenson), il s’avère difficile de pas songer à celui d’Orgueil et Préjugés. Comme de coutume dans Firefly le travail de production, décors et costumes multiculturels du bal, se montre irréprochable et aucun personnage ne se voit sacrifié, en particulier grâce à l’épatante partie de cartes. L’embarquement du bétail à bord du vaisseau vient astucieusement clore cette charmante parenthèse très frou-frou, loin de l’univers dur et réaliste de la série, une nouvelle aventure débute déjà pour l’équipage du Serenity ! Anecdotes :
Date de diffusion : 08 novembre 2002 Réalisateur : Michael Grossman Auteur : Drew Z. Greenberg Résumé : Alors que le bétail est livré sur Rim, l’équipage est surpris par une embuscade. Buck est grièvement touché lors de la fusillade et Mal doit se résoudre à s’enfuir en laissant Simon River sur place, afin de lui trouver une assistance médicale. Le Serenity contacte un vaisseau de l’Alliance, dont le commandant, d’abord réticent, accepte de porter secours à Book. Les frustres colons avaient en fait besoin d’un médecin, mais la situation se gâte quand les pouvoirs de River la mettent en danger d’être brûlée vive comme sorcière. Le Serenity survient juste à temps pour sauver les Tam, que Mal considère désormais comme des membres de l’équipage à part entière. Critique : Certes l’épisode souffre de plusieurs faiblesses. L’un des intérêts majeurs de Firefrly réside dans la créative fusion de deux genres, le Western et la Science-fiction. Or ici ces deux univers apparaissent physiquement séparés, entre les péripéties dans l’Espace et l’aventure très Farwest vécue sur la planète par Simon et River. Outre l’effacement de la dynamique coutumière au programme, cet écartement suscite une relative impression d’artificialité. On éprouve ainsi de la peine à croire qu’un obscurantisme aussi proche de Salem existe après que l’Humanité se soit répandue à travers les Étoiles et terraformé des mondes entiers. Si ce segment permet également d’explorer davantage le passé des Tam, le recours à de successifs flashbacks ne brille ni par son originalité, ni par le brio de leur insertion au sein du récit principal, sur ce point nous nous situons bien loin de Lost. Un parallèle est certes développé avec le volet Science-fiction, quand celui-ci nous laisse entrevoir une part du passé de Book, mais l’on reste dans le flou, d’autant plus tristement que cette question ne sera jamais pleinement éclaircie, à la télévision comme au cinéma. On apprécie toutefois qu’une fois de plus l’Alliance ne se limite pas à une simple figure antagoniste primale. Si l’histoire demeure par ailleurs trop balisée et classique, Firefly peut comme toujours compter sur ses personnages et leur relationnel pour prendre le relai. Chaque protagoniste nous régale ainsi d’une scène émouvante (Kaylee auprès de Book) ou hilarante (Jayne ironisant sur les Tam, très à la manière de Spike à propos d’Angel). Pour convenus qu’ils soient dans leur forme, les flash-backs apportent une vraie cruauté à ce portrait d’une famille pour qui le statut social reste plus important que le bonheur de ses membres. On retrouve là une thématique chère à Joss Whedon, les parents des Tam n’étant pas sans évoquer ceux de Tara dans Les liens du sang. Les comédiens s’avèrent comme toujours excellents notamment Summer Glau, très convaincante dans l’expression de la personnalité fracturée et des pouvoirs psychiques de la fascinante River (prénom prédestiné pour les héroïnes SF complexes et passionnantes) . Au sein d’une reconstitution de Western fort réussie, la scène de l’emblématique danse campagnarde permet à l’actrice de briller une nouvelle fois par ses dons de danseuse, après Angel et avant Les Chroniques de Sarah Connor. Les amateurs de Stephen King et de La Tour Sombre pourront y retrouver comme un probant écho de la Commala décharnée jadis exécutée par Roland de Gilead. Au total, si Safe ne brille pas autant que d’autres opus, il demeure solide et, par son chaleureux final, sait définitivement incorporer les nouveaux venus à l’équipage. Hormis aux yeux de Jayne, ce qui préfigure déjà la terrible crise que narrera Ariel. Par l’humanité que Simon, River et Book suscitent chez Mal, l’histoire nous indique celui-ci commende à devenir un homme meilleur, surmontant progressivement ses fêlures pour enfin se retrouver. En cela ce récit demeure pleinement digne de la fresque humaine que compose avant tout Firefly. Anecdotes :
6. LA FEMME DU COMMANDANT Date de diffusion : 4 octobre 2002 Réalisateur : Vondie Curtis-Hall Auteur : Joss Whedon Résumé : L’équipage du Serenity réussit une livraison auprès de colons, d’une planète reculée. Les locaux organisent une fête pour célébrer l’avènement, à laquelle participent Mal et ses amis. Le lendemain, alors que le Serenity est déjà en route ; Mal découvre à côté de lui la magnifique Saffron, qu’il a épousé par méconnaissance de la culture locale. Cette mésaventure suscite diverses réactions au sein de l’équipage, dont la fureur froide d’Inara. La situation se complique quand Saffron se révèle être une intrigante et qu’elle s’empare du Serenity par ruse. Elle le conduit alors dans une embuscade, mais la méfiance d’Inara permet à Mal et Jayne de sauver la situation. Critique : La pétillante et mouvementée confrontation entre les truands et la bande de Mal introduit idéalement l’épisode sous le double signe de l’humour et de l’action, un choix pertinent pour un récit relevant longtemps de la pure comédie, avant une séquence mouvementée. Joss Whedon, ici directement à l’écriture, sait toujours brillamment introduire de l’amusement dans ses pétillants dialogues, ici particulièrement irrésistibles. Il a également la bonne idée de présenter les personnages comme eux-mêmes s’amusant de la situation, ce qui rend l’ensemble particulièrement communicatif pour le spectateur. Certes le vrai-faux mariage de Mal et de Saffron après une soirée bien arrosée ne compose pas une situation des plus originales, par bien des aspects elle évoquera ainsi l’épisode Le lendemain matin aux amateurs d’Amicalement vôtre, entre Lord Sinclair et Kristin. Mais Whedon en tire ici une fabuleuse comédie, digne des meilleures sitcoms, grâce aux réactions très diverses des membres de l’équipage, de l’abord moral par Book à l’hilarité de Kaylee, en passant par la concupiscence de Jayne et la jalousie exacerbée d’Inara. Toutes ces scènes se voient impeccablement filmées à bord d’un Serenity transformé en Central Perk spatial, pour notre plus grand bonheur. L’humour intègre également un brin de vaudeville lorsque Saffron passe à l’action (formidable Christina Hendricks, piquante et sensuelle), ses baisers assaisonnés façon Poison Ivy (heureusement seulement sédatifs) créant plusieurs impromptus. L’audace de Whedon va jusqu’à un hilarant quiproquo lesbien perçu par un Mal toujours savoureusement croqué comme à la fois protecteur et incroyablement balourd envers les femmes, à commencer par Inara. Toutefois, comme souvent chez Whedon, l’humour révèle la vérité des êtres et le récit illustre une nouvelle fois les progrès moraux accomplis par Mal, quand celui-ci se refuse à profiter de la situation. Firefly est décidément autant une odyssée qu’un voyage intérieur pour notre protagoniste surmontant progressivement ses fêlures morales. De fait l’irruption de Saffron pourrait résulter comme un catalyseur et provoquer une épiphanie aussi bien pour Mal que pour sa relation avec Inara, Une situation d’ailleurs frolée par la narration. Mais voilà, Joss Whedon a alors encore toute une série à nous raconter, aussi décide-t-il de mettre, un rien brusquement, au mouvement en cours. Cette résolution peut certes décevoir, mais l’ultime segment de l’opus brille par une action aussi épique que badass par son côté bricolé (Jayne et Vera) , tirant joliment parti du manque d’armement lourd du Serenity. La péripétie finale vient apporter un dernier gag à cet épisode irrésistible d’humour et d’intelligence, démontrant toute la richesse déjà acquise par la série. Anecdotes :
7. DE LA BOUE ET DES HOMMES Date de diffusion : 14 octobre 2002 Réalisateur : Marita Grabiak Auteur : Ben Edlund Résumé : Le Serenity vient réaliser une opération à Canton établissement exploitant une mine de boue. Jayne est mal à l’aise car, avec un complice, ii a volé quatre ans plus tôt une forte somme au tyrannique propriétaire des lieux. Celui-ci exploite sa vergogne la population locale. Jayne ait dû quitter précipitamment la planète, abandonnant le butin et son associé. Lui et ses amis sont estomaqués de découvrir une statue le représentant : il est en fait vénéré par les pauvres gens tel un Robin des Bois, car ils ont récupéré l’argent Mais son ancien partenaire veut se venger pour l’avoir laissé sur place, ce qui l’a mené en prison. Critique : On pensait que Firefly avait atteint un summum de drôlerie avec Our Mrs Reynolds, mais Jaynestown réussit l’exploit de se montrer plus hilarant encore. Le choc de la révélation d’un Jayne le cynique mercenaire et ancien bandit devenu le héros de la population apporte un effet comique d’emblée irrésistible, grâce à la découverte et la réaction sidérée qu’elle provoque chez les membres de l’équipage (mention spéciale à Simon), en écho à celle du propre spectateur. Toute la première partie de l’opus devient ainsi une démonstration d’inventivité de la part de Ben Edlund pour prolonger le gag initial, le summum en la matière demeurant sans aucun doute la fameuse et paroxystique Ballade de Jayne, devenue instantanément culte auprès du public de la série. Cette drôlerie de chaque instant se voit également soutenue par le numéro en roue libre d’Adam Baldwin, décidément aussi à l’aise dans l’action que dans la comédie. Mais, ici comme ailleurs chez Whedon, l’humour participe à un discours plus large. À travers un Jayne comme forcé de se conformer au regard porté sur lui par la population, Jaynestown annonce déjà l’approche sartrienne conclusive de la série que véhiculera Objects in Space. L’individu se définit par ses actes, par l’usage qu’il fait de sa liberté, considérés par autrui. Avec sa statue et la vision faussée du Héros chez les habitants, Jaynetown renvoie également un intéressant reflet inversé de l’épisode Le Petit Peuple de La Quatrième Dimension, où le Parangon se révélait cette fois singulièrement décevant. La vision de la misère des ouvriers de la boue ouvre une fenêtre sur un une Alliance péchant en définitive avant tout par un système économique inégalitaire et exploiteur, en définitive guère différent de ce que l’on peut souvent trouver sur notre monde Une fois de plus la SF permet un propos plus libre et audacieux sur nos propres sociétés. On pourra certes reprocher à l’épisode d’installer la série dans le lénifiant confort d’un système voyant chaque membre de l’équipage occuper le centre du récit. Mais la formule fonctionne ici à la perfection, d’autant que les autres membres de l’équipage apportent tous leur pierre à l’édifice. Ainsi Inara se montre elle-aussi divertissante quand elle croît initialement que le héros local est son Mal, avant de déchanter, mais aussi lors de la discussion avec son client à propos de la virilité. Il en va de même pour l’audacieuse remise en cause de la Bible par River auprès de Book, une nouvelle audace pour cet opus décidément à rebrousse- poil de la majorité des productions américaines ! Mal se montre un observateur avisé de Jayne et il n’y a pas jusqu’à Kaylee et ce ballot de Simon qui progressent dans leur romance, certes quelque peu éclipsée par le duo Inara/Mal, mais au combien charmante et rafraîchissante. Le tag final permet également des koliment conclure un rituel sans doute apprécié par les amateurs de Chapeau Melon ! Anecdotes :
Date de diffusion : 25 octobre 2002 Réalisateur : David Solomon Auteur : Tim Minear Résumé : Un incendie éclate dans la salle des machines, blessant grièvement Zoe. Alors que l’oxygène disponible va s’épuiser en quelques heures, Mal ordonne à l’équipage d’évacuer à bord des navettes. Lui-même refuse de quitter le Serenity, espérant qu’un vaisseau qui passerait miraculeusement à proximité puisse lui porter secours. Il rappellera ses amis si la situation s’améliore. Alors que Mal se remémore comment l’équipage s’est constitué. Un vaisseau arrive bien, mais en définitive pour s’emparer du Serenity après réparation. Mal parvient à repousser les envahisseurs, mais est blessé dans l’action. Il perd alors conscience, mais il est sauvé par les siens, revenus sans avoir été appelés, car ne pouvant se résoudre à le laisser mourir seul. Critique : Avec son action enserrée au sein du Serenity, soit le décor récurrent de Firefly, et sa distribution essentiellement limitée aux personnages centraux (hormis la séquence de laordage du vaisseau), Out of Gas relève clairement de la catégorie d’épisode dite « bouteille » (bottle), destinés à limiter les coûts de production, malgré le beau trucage de l’incendie. Or l’on sait que ces limitations apportées à l’écriture ont souvent tendance à exciter l’imagination des meilleurs scénaristes, prompts à relever ce qu’ils considèrent souvent comme un défi personnel. Le Whedonverse a d’ailleurs connu plusieurs succès en la matière, dont le Spin The Bottle d’Angel et l’Older And Far Away de Buffy, cette même saison. Le brillant Tim Minear va lui aussi saisir l’occasion d’une superbe performance. L’auteur va en effet développer une trame narrative très ambitieuse, se servant de la crise en cours pour combler les vides encore existants dans l’historique de l’équipage et se structurant en trois séquences temporelles différentes : la séquence présente (après le réveil de Mal seul et blessé à bord du Serenity), le passé récent (la marche des évènements conduisant à cette situation) et le passé lointain (les souvenirs de Mal égrenant ses premières rencontres avec les membres de l’équipage). Dans la meilleure tradition des Hyperlink Movies, Minear malgré l’enchevêtrement des séquences et des chronologies, sait rendre sa narration absolument limpide. Cela ne l’empêche pas de rendre les transitions souvent ludiques, en mettant les protagonistes en perspective. De ce point de vue, Out of Gas compose une parfaite démonstration de l’art du Flashback et de son insertion au soin du récit principal, allant jusqu’à poser en authentique précurseur de Lost, référence absolue en la matière. Outre une musique particulièrement évocatrice, la mise en scène participe pleinement au projet de Minear. Débauché à cette unique occasion du tournage de Buffy, David Solomon parvient ainsi à développer une photographie et une nuance de couleurs propres à chacune des séquences temporelles. Le passé lointain se pare de teintes chaudes et ombrées (rouge et or), tandis que le passé proche s’avère davantage lumineux, avec des couleurs devenues plus vives. Le présent se montre bleu et froid, avec des contrastes marqués et une lumière oblique. La sophistication du procédé va d’ailleurs jusqu’à faire converger ces ambiances quand le passé proche rattrape progressivement le présent. Out of Gas devient ainsi une magnifique performance graphique, belle alliance du langage verbal et l’image. Cela contribue puissamment à sa singularité au sein de la série, comparable à celle de The Body ou de Hush d’un chez Buffy. Participer à cet ambitieux ensemble n’empêche pas les diverses séquences de dégager un intérêt intrinsèque, empêchant l’épisode virer à l’exercice de style, virtuose mais creux. Outre parachever l’historique de l’équipage, le passé lointain égrène ainsi des premières rencontres entre Mal et les siens toutes superbement drôles et émouvantes, bourrées de clins d’œil et parfaitement ciselées au personnage concerné. On remarque au passage que le duel débute d’entrée entre Mal et la déjà sublime Inara ! Le passé proche et le présent induisent un thriller à couper au couteau, terriblement oppressant car la série y recueille les fruits de son réalisme. On apprécie particulièrement que Kaylee ne devienne pas l’infaillible « Beam me up » Scotty, ce qui serait hors sujet en dehors du Space Opera grand train. Les envahisseurs se voient également habilement brossés en anti équipage du Serenity. Un pont est judicieusement établi entre les rencontres initiales et la vraie famille qu’est désormais devenu le groupe, à travers les scènes de l’anniversaire et les bouleversantes retrouvailles finales. Tout ceci se ressent d’autant plus fortement que Minear sait en permanence éviter toute emphase. Empreint d’une indéniable grandeur, l’épisode bénéficie d’une grande performance des comédiens. A commencer par un Nathan Fillion en état de grâce, sachant remarquablement exprimer toute une gamme d’émotions, de la joie de se trouver parmi les siens, à l’émotion silencieuse qui étreint Mal quand il pense contempler Inara pour la dernière fois. Tout le récit est habité par la passion ressentie par Mal envers son vaisseau, son unique chance de redonner un sens à sas vie. Particulièrement apprécié des Browncoats (et notre préféré), cet opus constitue sans nul doute le cœur émotionnel de Firefly. Il sait se conclure idéalement par le mystère du coup de foudre de la première rencontre entre Mal et le Serenity, à coup sûr comparable à celui du Docteur découvrant son TARDIS. Anecdotes :
Date de diffusion : 15 novembre 2002 Réalisateur : Allan Kroeker Auteur : Jose Molina Résumé : Inara devant subir l’examen de santé annuel requis par sa Guilde, le Serenity se rend sur Ariel, monde central dédié à la médecine. Simon décide de saisir cette opportunité de découvrir en quoi consistait l’expérimentation jadis menée sur River par l’Alliance. Mal donne son accord, espérant également dérober lors de l’opération de précieux médicaments qu’il pourra vendre à prix d’or dans la Périphérie. Mais Jayne, toujours méfiant envers les Tam et désireux de toucher la récompense promise, prévient les autorités. Malgré l’intervention des Hands of Blue, l’opération se conclue néanmoins par un succès. Toutefois Mal devine la trahison de Jayne. Il épargne sa vie quand le mercenaire se montre sincèrement honteux de sa fourberie. Critique : Après Le duel, l’épisode nous vaut la deuxième découverte des Mondes centraux, mais celle-ci va s’aussi frustrante que la précédente. Elle se limite à de jolis d’une cité futuriste certes joliment réalisés, mais très passe-partout par ailleurs, on s’en tient à des clichés. Le décor de l’hôpital évoque de son côté avant-gout… un hôpital. La mission du jour accompagne d’ailleurs parfaitement ce mouvement, avec une intrigue de casse menée avec entrain, mais là aussi finalement très classique, et sollicitant régulièrement la bienveillance du spectateur quant à sa crédibilité. On sait que Joss Whedon avait prévu un long développement pour sa série censée durer cinq saisons. Les évènements postérieurs à ceux du film Serenity se seraient sans doute centrés sur les troubles suscités dans les Mondes centraux, permettant d’aller plus loin dans leur étude. Mais, tel quel, ce manque participe également au goût d’inachevé que laissera Firefly. Le récit autorise néanmoins une nouvelle intervention toujours gouleyante des Hands of Blue et de leurs effroyables pouvoirs mortels. Surtout, l’opus se montre bien davantage convaincant sur son volet humain. Jusque-là un peu propre sur lui et relativement fade à côté des autres membres du groupe, Simon sait ici pleinement l’occasion de se hisser au rang de héros, un mouvement galvanisant mais qui installe également une perspective intéressante vis-à-vis de Mal, sans doute le protagoniste de Whedon relevant le plus de l’Antihéros (même si Angel a eu aussi ses moments). Ce parangon rend d’autant plus palpables les failles du capitaine. Les autres membres du groupe disposent comme de coutume de scènes les mettant en valeur via d’excellents dialogues, l’’une des caractéristiques profondes de cette série écrite avec tant de finesse. L’épisode permet aussi de connaître davantage du parcours de River, ce qui permet d’incarner davantage le personnage. Dollhouse et Echo montreront ultérieurement la difficulté de susciter l’intérêt autour d’une figure centrale perpétuellement énigmatique, sinon creuse, Firefly entreprend judicieusement ici de parer à ce danger. Jayne affirme la richesse narrative d’une personne tentant de s’améliorer mais n’y parvenant que partiellement, et avec des rechutes, comme ici. La crise paroxystique entre lui et Mal lui permet de révéler son meilleur aspect, son attachement sincère à l’équipage, tout en lui sauvant la vie. Car Mal ne plaisantait pas du tout et réaffirme son côté féroce, un mouvement joliment synchronisé avec l’élévation de Simon. Firefly présente décidément l’intéressante singularité d’une série dont le Héros n’est pas protagoniste. Anecdotes :
10. HISTOIRES ANCIENNES Date de diffusion : 6 décembre 2002 Réalisateur : James Contner Auteur : Cheryl Cain Résumé : Jaloux de la relation amicale entre Mal et Zoé, Wash exige de remplacer celle-ci lorsque le capitaine entreprend de vendre les médicaments précédemment dérobés.le duo est capturé par Niska, désireux de faire un exemple après les évènements de The Train Job. Il entreprend de torturer Mal et Wash dans sa base spatiale. Zoé se rend sur place pour aménager les prisonniers contre le butin amassé par le Serenity. Quand Niska n’accepte de n’en relâcher qu’un seul, elle choisit immédiatement son mari. Zoé et Wash mènent alors l’équipage à l’assaut de la station, libérant Mal et forçant Niska à s’enfuir. Le trio est réconcilié tandis que River dévoile de redoutables compétences au combat. Critique : L’épisode introduit une amusante continuité d’évènements au sein de la série, le conduisant à prendre une forme davantage feuilletonesque, même si ce mouvement demeure encore peu marqué (ventes des médicaments volés et Jayne désireux de bien se faire voir avec les évènements d’Ariel, revanche de Niska après The Train Job). Cela indique peut-être qu’elle forme aurait revêtu Firefly en si elle s’était prolongée, Joss Whedon ayant pareillement opté pour le feuilleton lors des saisons tardives d’Angel et Buffy. Mais le premier intérêt de l’opus le premier intérêt de l’opus reste bien de mettre le focus sur la crise traversée par le triangle Wash/Zoe/Mal. Le récit introduit ainsi une tension dramatique d’autant plus fortement palpable que cette relation apparaissait jusqu’ici paisiblement assise sur le distinguo entre l’amour ressenti par Zoe pour son époux et son amitié certes fusionnelle mais platonique envers Mal. L’amateur de séries de Science-fiction pourra trouver comme un écho à cette situation dans l’épisode Amy’s Choice de Doctor Who, mais ici Firefly opte pour une approche plus conflictuelle et davantage centrée sur le point de vue plus délicat du mari, au lieu du seul choix féminin classique. Ainsi, si le choix immédiat de Zoe condamnant ml à toute une torture supplémentaire marque les esprits, la scène la plus mémorable demeure celle où, subissant l’épreuve, Mal et Wash se soutiennent l’un l’autre en s’invectivant. C’est d’autant plus fort que la scène en devient réellement drôle, avant de finalement verser dans l’horreur. De fait l’art propre à josh Whedon d’enlacer inextricablement comédie et tragédie atteint ici un sommet, de même que sa propension à mêler action et psychologie l’assaut de la satation spatiale compose un moment purement épique, mettant en valeur la forte présence de Gina Torres. Comme de coutume, les autres équipiers ne se voient pas oubliés, que cela soit à travers le duo formé par Simon et un Book très en forme, où l’irruption de la violence létale et déjà aussi précise qu’un Terminator chez River (Summer Glau crève une nouvelle fois l’écran). Le gag récurrent du mythique I will be in my bunk de Jayne face à Inara accueillant une cliente débouche également sur l’un des tags finaux les plus drôles de la série, conclusion inattendue mais parfaite de cet épisode particulièrement intense. Anecdotes :
Date de diffusion : 21 juillet 2003 Réalisateur : Vern Gillum Auteur : Ben Edlund et Jose Molina Résumé : Monty, vieil ami de Mal, lui révèle être désormais marié. Mal découvre alors que l’épouse n’est nulle autre que Saffron ! Monty la quitte quand il apprend la vérité sur son compte, mais Saffron fait une offre tentante à Mal : dérober un mythique et précieux pistolet laser issu de l’Ancienne Terre. Celui-ci se trouve dans la résidence ultra sécurisée d’un richissime collectionneur d’artefacts terriens, or Saffon a un plan. Mal se méfie mais accepte et un duel d’astuce s’engage pour savoir qui dupera l’autre. Mal va pouvoir compter sur l’aide précieuse d’Inara. Pendant ce temps Jayne et confronté par River, qui a deviné sa trahison sur Ariel. Critique : Le retour de la toujours si picaresque et délicieusement amorale Saffron ne convainc que partiellement. Certes, la jeune femme pétille toujours autant et bénéficie toujours de la vitalité comme de l’abattage de Christina Hendricks mais l’intrigue du jour résulte trop comme un bis repetita de celle de Our Mrs Reynolds, un doublon qui se ressent d’autant plus fortement qu’ici l’effet de surprise ne joue plus. Faire revenir un personnage secondaire jadis apprécié constitue souvent un procédé scénaristique efficace, encore faut-il que la situation varie suffisamment pour apporter réellement du neuf. Ici les péripéties du duel opposant Saffron à l’équipage apparaissent aussi nombreuses que prévisibles, ce que l’épisode avoue d’ailleurs en creux quand il s’avère que Mal et Inara ont très (trop) facilement anticipé l’ensemble de la manœuvre… A l’unisson du spectateur ! Les à-côtés du récit principal se voient néanmoins toujours aussi soignés qu’à l’accoutumée. Les deux maris (supplémentaires !) de Saffron sont ainsi décrits avec saveur. L’évocation de l’Ancienne Terre s’en vient apporter un élément important au puzzle que représente l’univers très particulièrement riche de Firefly, ainsi qu’un possible passionnant développement intérieur. De manière amusante, la collection d’artefacts évoque la caverne d’Ali Baba de The Girl from Auntie aux amateurs de Chapeau Melon, d’autant que l’on y reconnaît pareillement Mona Lisa ! les extérieurs se montrent de nouveau magnifiques, même si les divers mondes visités évoquent toujours la Californie, aussi régulièrement que ceux de Stargate SG-1 ressemblent aux forêts de Colombie britannique. Les différents membres de l’équipage apportent chacun une contribution à l’ensemble. La confrontation entre Jayne et les Tam apporte ainsi un fort moment d’intensité dramatique, dans lequel vient s’entremêler l’humour, un inépuisable classique de Joss Whedon. L’interprétation reste irréprochable, à commencer par le numéro assez bluffant de naturel de Nathan Fillion en costume d’Adam. L’épisode effectue surtout un constat clef et passablement désespérant à propos de la relation entre Inara et Mal. Le couple demeure incapable de s’avouer son amour, même, comme ici, au zénith de sa complicité. Le départ d’Inara continue à se mettre à place, inéluctablement. Anecdotes :
Date de diffusion : 28 juillet 2003 Réalisateur : Tim Minear Auteur : Joss Whedon et Tim Minear Résumé : Mel et Zoe entreprennent de transporter la dépouille de Tracey, ancien Compagnon d’armes de la bataille de la Serenity Valley. Le corps leur a été livré par colis postal, un message du défunt leur demandant de le conduire, jusqu’à sa famille. Mais chemin faisant, le Serenity est abordé par des militaires corrompus de l’Alliance. Il s’avère que Tracey est bien vivant et qu’il trempe dans un trafic d’organes, dont in tente de duper les commanditaires. Mal doit se résoudre à l’abattre pour sauver l’équipage, mais lui rend les derniers honneurs et s’acquitte de sa mission initiale. Critique : L’épisode souffre d’une intrigue bâtie sur un grand poncif, l’ami de jeunesse du héros ayant mal tourné (déjà pratiqué, jadis, par Amicalement vôtre dans Un ami d’enfance), prompt à susciter pathos et mélodrame. Le récit n’échapper d’ailleurs pas totalement à ce piège, avec sa conclusion particulièrement démonstrative autour des funérailles de Tracey. Ce phénomène se voit encore souligné par le choix de l’excellent Jonathan M. Woodward, qui, par son parcours au sein du Whedonverse (notamment Knox chez Angel), rend l’enchainement des évènements particulièrement prévisible. Le contexte de l’annulation de la série rend plus emphatique encore l’atmosphère, On peut le comprendre mais ce méta récit parlera avant tout aux amateurs les plus passionnés de la série. Le thème jour reste donc peu enthousiasmant, mais présente le mérite de revenir sur le passé militaire commun de Zoé et Mal, un élément finalement peu exploré jusqu’ici. Les autres membres de l’équipage répondent aussi à l’appel et nous valent plusieurs scènes délicieuses, comme Simon et Kaylee encore et toujours à deux doigts de se déclarer où l’hilarant passage du paquet cadeau reçu par Jayne de la part de sa maman, avec le couvre-chef qui va devenir inséparable du personnage. En dehors du traditionnel secours apporté par les protagonistes et leur relationnel, The Message vaut aussi par ce qu’il nous enseigne sur l’univers de Science-fiction de la série, avec des prodiges technologiques imparfaits (notamment dans le domaine biologique) et un monde encore bien cruel, rompant une nouvelle fois avec les visions positives et enthousiastes communes au Space-opera. Anecdotes :
13. MISSION SECOURS
Date de diffusion : 4 août 2003 Réalisateur : Thomas J. Wright Auteur : Brett Matthews Résumé : Inara reçoit un appel à l’aide de son amie Nandi, ancienne Compagnon et désormais tenancière d’une maison close sur un monde de la périphérie. L’établissement est en effet sur le point d‘être attaqué par le cruel cacique de la région, désireux de récupérer de force le fils qu’il a eu avec l’une des prostituées. Inara convainc mal de porter secours à son ami Les assaillants sont vaincus, mais La bataille coûte sa vie à Nandi après une brève aventure entre elle et Mal. La découverte de cette liaison convainc Inara de quitter le Serenity dès que possible. Critique : Heart of Gold compose sans doute l’opus relevant le plus directement du Western, on pourra d’ailleurs remarquer comme un mix des intrigues d’Impitoyable et des Sept Mercenaires. Diverses figures de style, (l’assaut final par les antagonistes, la romance entre le cow boy et la prostituée, le cacique local brutal et corrompu…) se voient reconstituées avec talent par la mise en scène, richement nantie en scènes d’action et en beaux extérieurs. On renoue pleinement avec la saveur du genre, dans un environnement toujours aussi proverbialement californien. Deux invités de choix viennent encore relever le spectacle, avec un Fredric Lehne parfait dans le rôle de l’ennemi du jour et une Melinda Clarke également idéalement dans son emploi comme tenancière humaine et protectrice des siens. Mais pour autant l’épisode ne se limite pas à aligner de plaisants clichés, bien au contraire. L’immersion de l’équipage au sein de cet univers et de l’environnement assez singulier formé par la maison close suscite de nombreux dialogues particulièrement amusants, l’un des points forts traditionnels de la série. Inénarrable Jayne se voit bien entendu particulièrement mis en avant sur le registre égrillard, on comprend décidément aisément sa grande popularité de moteur comique de Firefly. Mais la série tire également le meilleur parti de l’interaction entre les personnages et cette situation, en particulier chez une Kaylee toujours confrontée à la grande peur du sentiment amoureux chez Simon. Mais le grand évènement apporté par Heart of Gold réside bien entendu dans la décision prise par Inara Serra de quitter le Serenity. Certes, On pourrait regretter que cette cristallisation d’un sentiment profond mais latent survienne au terme d’une intrigue pouvant sembler du théâtre de boulevard. Mais ce serait ignorer tout que Mal projette comme satisfaction d’un désir longtemps inassouvi à travers une Nandi devenue une Inara de substitution. Le jeu de Nathan Fillion restitue éloquemment cette situation davantage complexe qu’il n’y semble au premier abord infiniment plus triste et amère aussi. L’explosion de désespoir chez Inara (formidable Morena Baccarin) nous saisit d’autant plus fortement, que l’on ne l’avait pas du tout vu venir chez cette jeune femme toujours si sublimement maîtresse d’elle-même. Fort logiquement, c’est bien elle qui a le courage de prendre la décision de mettre fin à une relation devenue un piège empoisonné pour ses protagonistes. Anecdotes :
14. OBJET VOLANT IDENTIFIÉ Date de diffusion : 13 décembre 2002 Réalisateur : Joss Whedon Auteur : Joss Whedon Résumé : Alors qu’une nouvelle transe de River vient d’effrayer l’équipage, Jubal Early, philosophe chasseur de primes surdoué, s’empare du Serenity quand tous sont endormis dans l’Espace. Il a été recruté par l’Alliance afin de s’emparer de River mais la jeune fille est la seule à lui avoir échappé et demeure introuvable. Elle prétend ne faire plus qu’un avec le Serenity. Un éprouvant duel débute entre les deux adversaires, qui verra River triompher grâce à son astuce. Elle libère ses compagnons d’aventure, pour qui elle fait désormais définitivement partie de l’équipage. Critique : L’un des principaux fils rouges de cette si riche unique saison de Firefly aura sans doute consisté dans le progressif dévoilement de l’énigme représentée par River et la difficile insertion d’un personnage aussi singulier au sein d’un groupe uni comme l’est l’équipage du Serenity. C’est donc fort logiquement que l’ultime étape du voyage se centre sur le sujet, mais Objects in Space va rapidement dépasser cet aspect utilitaire, pour devenir l’un des opus les plus fascinants de la série. Les amateurs de Buffy contre les Vampires pourront en effet y reconnaître comme un écho de The Zeppo, River, tout comme jadis Alex, y vivant une étrange nuit où une lutte menée en solitaire va devenir une ordalie lui permettant de pleinement s‘affirmer au sein du groupe. La première partie dévoile pareillement les protagonistes (particulièrement les couples) vu à travers le prisme du regard du protagoniste se sentant repoussé et isolé, ce qui provoque une semi dépression chez Alex, et une fugue de transe dans l’esprit autrement troublé et fracturé de River, sans même parler de ses facultés parapsychiques (par bien des aspects, ses pouvoirs de combattante et ses dons prophétiques, River compose souvent comme un miroir de Buffy). La discussion de l’équipage, pleine d’hilarants dialogues, apporte une respiration tout en rappelant une nouvelle fois à quel point Firefly aura formé une série somptueusement écrite par Joss Whedon, où le langage ne fut jamais simplement fonctionnel mais au contraire constitua un atout consubstantiel du projet. Mais c’est bien à travers l’affrontement entre River et Early que l’épisode va prendre toute sa dimension. Le récit prend judicieusement le temps de poser à la fois la menace et la singularité représentées par un fascinant antagoniste dont l’hyper efficacité agrémentée aphorismes semi-philosophiques, parfois étonnamment surréalistes, positionne entre génie et folie (on songe parfois au Scytale du Messie de Dune). Un adversaire donc à la pleine démesure de River, ce qui rend le second volet de l’affrontement particulièrement sidérant, quand l’aussi invisible qu’omniprésente jeune fille prend inexorablement le dessus sur lui, y compris dans l’art d’utiliser le langage comme une arme. Filmé avec grand talent par Joss Whedon, l’épisode sait également tirer parti du huis clos du Serenity pour dramatiser encore davantage l’action, tout en nous permettant de visiter ce parfait écrin de l’aventure. Object in Space nous ravit par la conclusion de haut vol qu’il autorise, tout en nous désolant par les potentialités gâchées de Firefly qu’il laisse percevoir. Fort heureusement, l’aventure va se poursuivre au cinéma. Anecdotes :
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Film - Serenity : L'Ultime Rébellion (2005) Résumé : A l'issue d'une transe ultra violente, River prononce le mot "Miranda". Cette indication va entrainer l'équipage du Serinity jusqu'à une petite planète en apparence abandonnée, où se cache le secret de la création des Reavers. Mal va devoir aussi faire revenir Inara à bord, tout en échappant à l'Opérateur, nouveau limier surdoué envoyé traquer River par l'Alliance. Après avoir frôlé la destruction, le Serenity va remporter une grande victoire sur ses ennemis, mais à un terrible prix. Critique : Comme tous les autres films issus d’une série télévisée (tels Fight The Future et I Want To Believe pour les X-Files), Serenity doit composer avec deux nécessités contradictoires : satisfaire les fans du programme mais aussi s’ouvrir au grand public. Une dualité que Joss Whedon ne va qu’imparfaitement maîtriser. Certes les Browncoats se verront ici particulièrement à la fête. Le film continue en effet à développer l’univers complexe de la série, avec des précisions apportées sur la formation de cet immense système solaire de planètes terraformées. Des informations clefs sont révélées, notamment sur la vraie nature de l’Alliance, les motifs de la traque de River, et l’origine jusque-là mystérieuse des Reavers. Si les moyens mis en œuvre par la production demeurent relativement modestes pour un film de Science-fiction de ce type, ils n’en constituent pas moins une sensible amélioration vis-à-vis de la série télévisée. De fait le Serenity (images de synthèse comme décors intérieurs) et les effets spéciaux, se voient particulièrement soignés de même que les scènes d’action, volontiers spectaculaires. L’amateur éprouvera un indéniable plaisir à retrouver sa série élevée aux standards du Septième Art, d’autant que ce sentiment sera à l’unisson de Joss Whedon lui-même, très imaginatif derrière la caméra (même si parfois aux lisières de la surchauffe), sachant pleinement tirer parti de cette première expérience de réalisation au cinéma. Et pourtant la saveur si particulière de Firefly ne se retrouve que partiellement dans Serenity. En effet le film connaît une certaine évolution vers les normes du Space-opera classique, sans doute pour le rendre plus identifiable auprès du grand public. Ainsi, sans que les personnages se voient totalement transformés, ils cessent de former une famille peu conformiste d’antihéros pour se rapprocher des formats classiques. Caractéristiquement, Mal et son équipe de marginaux cessent de se préoccuper de leurs problèmes personnels pour partir sauver le Monde, tandis que l’on renoue avec des poncifs du genre. Il en va ainsi de ces batailles spatiales opposant des myriades de vaisseaux spatiaux ou de cette succession de planètes visitées procédé également destiné à frapper l’imagination du spectateur. L’humour parfois picaresque de Firefly paraît également en décrue, en particulier chez Mal, tandis que Jayne probablement ce personnage le plus emblématique de cette dimension, résulte ici clairement sous-exploité. Plaisamment ambivalente au cours de la série, l’Alliance devient ici une puissance hostile plus standardisée. Certes Whedon se montre suffisamment pour justifier ces divers éléments au fil de l’aventure et pour éviter de sombrer dans la caricature, mais au total on ressent bien une perte de spécificité comparativement au ton éminemment singulier de la série. Tel quel ce Space-opera demeure distrayant et plaira sans doute aux amateurs n’ayant pas été rebutés par l’étiquette de film adaptant une série, comme ce fut, hélas, trop souvent le cas. Outre son art des dialogues, Whedon peut également s’appuyer sur une distribution toujours aussi talentueuse et passionnée. Le film se centre sans doute davantage sur River, mais les autres personnages ont également droit à leur quart d’heure de gloire (même si Jayne demeure plus en retrait), une tradition heureusement préservée. On apprécie que le film soit (enfin) l’occasion de la cristallisation pour Simon et Kaylee, mais on reste au statuquo pour Mal et Inara, sans doute en prévision d’un futur film hypothétique, malheureusement. Joss Whedon nous propose ses traditionnelles morts de personnages en guise de conclusion, procédé dans lequel il est passé maître. Et de fait, sans doute plus que pour le décès serein de Books et du fait du lien avec Zoé, les funérailles de Wash se montrent réellement bouleversantes. Serenity réalise un carton plein avec ses invités du jour, constituant autant de personnages marquants, interprétés par de talentueux comédiens. Sarah Paulson apporte ainsi une terrible intensité à la scène de l’hologramme, tandis que Chiwetel Ejiofor (récemment revu dans Doctor Strange) confère une vraie densité a l’adversaire grand train que représente l’Operative, même s’il évoque de trop le précédent antagoniste, Jubal Early. L’amusant M. Universe et son fameux Lovebot évoqueront avec le même succès les robots de l’ami Warren, pour les amateurs du Buffyverse. Eux aussi concourent au succès de Space-opera très animé et spectaculaire, mais ne fournissant qu’une image partielle de cette série si à part que fut Firefly. Anecdotes :
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Présentation Le XXVe siècle. A bord d’immenses vaisseaux générationnels, une fraction de l’Humanité a quitté une Terre à bout de ressources et surpeuplée. Au bout d’un voyage long de plusieurs décennies, l’exode a atteint un système solaire d’une taille colossale, comportant de nombreuses planètes habitables. Durant cette odyssée, les deux supers puissances américaine et chinoise ont fusionné au sein de l’Alliance. Elles développent également un syncrétisme culturel et politique auquel s’agrègent les autres nations. Arrivée sur place, l’Alliance s’arroge les mondes les plus riches et accueillants, tandis que ceux refusent de s’y incorporer sont relégués dans les franges davantage hostiles du système. Une société plus rude et d’un niveau technologique moindre s’y développe, aux allures d’un Farwest farouchement attaché à son indépendance. Après plusieurs années de statuquo, l’Alliance estime insupportable que sa domination ne s’étende pas à l’ensemble du système et attaque les planètes indépendantes. Malgré une héroïque résistance, la guerre s’achève par le triomphe des envahisseurs, lors de la grande bataille de Serenity Valley. Leur domination demeure toutefois encore partielle sur les mondes de la périphérie.
Ancien sous-officier de l’armée indépendantiste, Malcom Reynolds (Mal pour ses proches) est un vétéran de Serenity Valley (en 2511), tout comme son bras droit Zoe Alleyne. Homme profondément blessé par la guerre et la chute de son idéal de liberté, Mal n’est pas un rebelle pour autant. Il refuse néanmoins obstinément de rallier l’ordre nouveau. Avec Zoe comme second, il devient le propriétaire et capitaine du Serenity, un cargo léger et véloce de classe Firelfy (Luciole). Au sein de la périphérie, Mal mène ainsi une activité en marge de l’Alliance, se livrant à diverses contrebandes ou transportant des personnes douteuses, désireuses d’éviter les autorités. S’il ne commet lui-même aucun crime de sang, Mal est amené à occasionnellement travailler pour les barons du crime, solidement installés dans les territoires administrés de loin par l’Alliance. Il se montre par contre impitoyable dès lors que son équipage se voit menacé. Outre Zoé, devenue le second du Serenity, celui-ci se compose du souriant Hoban Washburne, pilote du vaisseau et mari de cette dernière, d’Inara Serra, membre d’une guilde de prostituées de haut vol accompagnant le Serenity et son capitaine, de la tonique Kaywinner Lee Frye (dite Kaylee), mécanicienne du vaisseau, qu’elle connaît comme personne, et de Jayne Cobb, mercenaire plus madré qu’il n’y paraît de premier abord. Un beau jour (en 2517), cette famille va intégrer trois nouveaux membres, Derrial Book, prêtre tourmenté par un ténébreux secret, le docteur Simon Tam et sa sœur River. Or Simon et River sont secrètement des fugitifs, après que l’Alliance se soit livrée à de terribles expériences sur River, dotée de capacités surhumaines, aussi bien martiales que psychiques. Quelque part dans son esprit traumatisé, elle détient les plus sombres secrets de l’Alliance. Cette rencontre va progressivement inciter Mal à regagner la lutte, jusqu’à se confronter aux Ravageurs, pirates de l’Espace ayant sombré dans une abominable sauvagerie. Ils exécutent leurs raids dévastateurs depuis les franges les plus reculées et obscures du système. Le Serenity remporte la victoire et découvre alors une terrible vérité pouvant ébranler jusqu’à l’Alliance elle-même.
A l’issue de la saison 2001-2002, la Fox doit renouveler en profondeur son offre en séries, car plusieurs de ses programmes emblématiques s’achèvent alors. La délicieuse Ally Mc Beal prend congé et les X-Files achèvent leur parcours. Le besoin en séries de Science-fiction va particulièrement s’accroître par la suite, avec l’annulation surprise de la troisième saison de Dark Angel. Dès lors la chaine recherche une série SF, à la fois porteuse et rapidement disponible. Contacté par la directrice des divertissements de la Fox, Gail Berman (qui avait jadis collaboré aux tous débuts de Buffy), Joss Whedon va s’avérer l’homme de la situation. En effet, alors même qu’il est auréolé du succès des séries Angel et Buffy contre les Vampires (la Tueuse de Sunnydale reçoit alors un excellent accueil en Europe), Joss Whedon a depuis longtemps en tête l’idée très précise d’une série de Science-fiction telle que l’on n’en en a encore jamais vu à la télévision. A travers Firefly il va en effet entremêler deux genres qu’il adore depuis toujours, la Science-fiction et le Western, avec une claire inspiration de La Chevauchée sauvage (1975). Outre cet alliage inédit, il a comme ambition de développer une tonalité réaliste, par-delà des épisodes individuellement très divers, tragiques ou comiques. Ainsi, si, à l’instar de Star Wars, la série renoue avec le thème cher au public américain que représente la Frontière. Elle va renoncer à l’hyper technologie propre au Space Opera. On y trouve n’y vitesse superluminique, ni d’Aliens ou de Droïdes, ni, bien entendu, la terrible splendeur de la Force. L’espace est ici toujours montré comme silencieux. Dans les planètes périphériques du système, la vie demeure rude et prosaïque et les héros n’y connaissent pas toujours d’éclatantes victoires. De son côté l’Alliance ne forme pas non plus l’Empire du Mal, et sa dimension orwellienne, certes effective, demeure suffisamment feutrée pour ne pas sombrer dans la caricature. Comme à l’accoutumée, Whedon va accorder une place essentielle à l’écriture de personnages, avec une série de nouveau chorale (même si Mal restera toujours plus égal que les autres). Les différents membres de l’équipage se montrent souvent davantage complexes et originaux que les archétypes de la Science-fiction. La série ne se centre pas sur le capitaine et ses officiers, rompant avec le modèle gravé dans le marbre par Star Trek. Elle embrasse le point de vue de tous, tandis que Whedon se sert des discussions entre les protagonistes pout aborder des thèmes volontiers politiques ou moraux. La série explore en creux les conséquences de l’effondrement de leur monde chez des gens désormais se cherchant une raison de vivre. En rupture avec leur époque du fait des évènements politiques, Mal et les siens ne sont pas dans l’espace pour une glorieuse exploration ou pour sauver une lointaine galaxie. Ils y demeurent parce qu’ils ne sentent plus chez eux nulle part et qu’ils n’ont pas (encore) l’énergie de passer outre leurs failles intimes. Il ne leur reste plus rien, hormis le ciel infini et leurs frères et sœurs du Serenity. Si l’on n’y trouve pas de batailles spatiales à la Star Wars / Star Trek, les scènes d’action demeureront présentes au cours de Firefly, mais elles ne sont pas le sujet du programme. Whedon s’intéresse davantage aux intervalles entre elles, quand l’équipage vit, s’exprime et s’efforce de trouver une voie morale au sein d’une époque troublée. A côté du design élégant de sa coque, la structure intérieure du Serenity, dessinée avec soin par Whedon, est conçue pour faciliter ces échanges (on a pu à bon droit analyser Firefly comme une sitcom dans l’Espace). Le soin extrême apporté au travail de production et aux effets spéciaux se retrouve également dans les différents décors et costumes, reconstituant aussi bien le monde du Western (les fans de la série se nommeront les Browncoats, en références aux manteaux de cowboy des rebelles), que le syncrétisme sino-occidental de l’Alliance. Pour incarner l’équipage du Serenity, le cœur vivant de Firefly, Whedon va opter, non pour des vedettes, mais pour des comédiens alors très peu connus, donc plus aisément identifiables à leur personnage pour le public (à l’exception de Ron Glass). Ainsi la carrière de Nathan Fillion s’est ainsi essentiellement limitée jusque-là à deux seconds rôles des sitcoms, tandis que Summer Glau a été découverte lors d’un mémorable épisode d’Angel (Les Coulisses de l’Eternité). Les choix opérés par Whedon vont s’avérer excellents et d’ailleurs ses acteurs vont connaître de très belles carrières après le tremplin représenté par Firefly : Morena Baccarin, Jewel Staite, Adam Baldwin, Alan Tudyk, Gina Torres, Summer Glau, Sean Maher et Nathan Fillion, Ron Glass étant le seul a avoir déjà connu un beau parcours. Il en ira de même pour les vilains semi récurrents (Mark Sheppard, Christina Hendricks). Surtout, une parfaite entente va s’instaurer au sein de la distribution, des liens très forts s’instaurant entre les comédiens et Whedon. Celui-ci indiquera d’ailleurs que Firefly aura sans conteste connu la meilleure ambiance de tournage parmi toutes ses séries. Nathan Fillion va s’imposer avec naturel comme chef de bande des comédiens et servir de précieux relai à Whedon, une compréhension mutuelle de la série et une solide amitié les ayant rapidement rapprochés. Cet esprit de troupe se révèlera précieux face au rythme effréné de la production mais aussi pour entretenir la flamme après l’annulation prématurée de Firefly, jusqu’à grandement faciliter le lancement du film Serenity. Whadon recrutera d’ailleurs plusieurs d’entre eux lors des ultimes segments de Buffy et Angel, de manière amusante dans des rôles de méchants. A-côté de cet atout, l’idée déjà très précise de la série qu’a développé Whedon et les sommes mises en jeu par la Fox vont permettre à la production d’avancer rapidement. Mais le laps de temps imparti demeure très court, et Whedon ne parvient pas à trouver suffisamment vite un bras droit sur cette série, comme peuvent l’être Marti Noxon sur Buffy et David Greenwalt sur Angel. Contrairement à ce qu’il a avait promis, le showrunner se voit contraint de débaucher l’un des meilleurs scénaristes d’Angel, Tim Minear, pour le seconder sur Firefly. Greenwalt le prend très mal et claque la porte, ce qui ne sera pas sans conséquences sur le devenir d’Angel. De son côté, Marti Noxon part en congés maternité et Whedon doit davantage s’impliquer sur ses trois séries que prévu initialement, même s’il s’est éloigné de la gestion de sa société Mutant Enemy. Il achèvera d’ailleurs la saison dans un état physique proche de l’épuisement (il ira jusqu’à composer lui-même la chanson de Firefly). Mais les véritables difficultés sont à venir. Elles vont provenir de l’accueil très négatif réservé à la série par la Fox. Celle-ci avait en têt un Space-opéra léger et divertissant (l’équivalent dans l’espace de ce qu’elle perçoit de Buffy). D’emblée s’installe une défiance envers ce programme bien plus aride et exigeant qu’anticipé. Quoique renâclant, Whedon doit récrire le pilote, avec plus d’action et d’humour, et c’est un autre épisode qui sera diffusé lors du lancement de la série, le 20 septembre 2002. La Fox continuera à les programmer sans se soucier de l’ordre souhaité par Whedon, qui aura à s’efforcer de minimiser les constantes exigences de réécriture vers un programme davantage formaté. La série se voit programmée dans la case horaire de la mort, le vendredi soir (quand la jeunesse préfère sortir), où se verra souvent remplacée ponctuellement par d’autres émissions. Au final, la série connaît néanmoins un succès critique et une audience moyenne de 4,7 millions de spectateurs. C’est davantage que Buffy et Angel à la même époque, mais dramatiquement inférieur aux espérances initiales de la chaîne, qui visait au moins le double. Malgré la mobilisation des Browncoats sur Internet, qui monte alors en puissance comme support des diverses communautés de fans, la série s’achève dès le 20 décembre 2002, après que onze épisodes aient été diffusés (quatorze sont en tout produits). Joss Whedon, ulcéré, va se battre en vain pour trouver un repreneur (son projet comportait cinq saisons). Alors qu’il disposait de trois séries diffusées sur trois réseaux différents, un record, un an et demi plus tard toutes sont achevées. Fatigué, Whedon s’éloigne de la télévision. En 2004, il se consacre à l’écriture de Comics X-Men (Astonishing X-Men), ce qui constitue un premier contact avec la galaxie Marvel. Mais la communauté des Browncoats ne s’est entretemps pas étiolée, bien au contraire et la sortie du coffret DVD de Firefly connaît un grand succès en décembre 2003. Outre l’intérêt qu’elle porte à la série, cette situation conduit Mary Parent, dirigeante d’Universal Pictures, à proposer à Joss Whedon décrire et de réaliser une suite au cinéma, qui deviendra Serenity (2005). Le budget de 39 millions de dollars (plus un important effort de communication il est vrai) paraît relativement modeste pour un film de Space-opera, le budget moyen de production en la matière s’élevant à cent millions à Hollywood. Serenity va permettre à Firefly de connaître une fin digne de ce nom, au moins pour sa première grande époque. Pour une fois Whedon dispose d’une liberté de création totale, ce qu’il apprécie par-dessus tout. Il fait également avec délices ses classes comme réalisateur au cinéma, l’expérience achèvera d’ailleurs de le convaincre que son avenir se trouve désormais au Septième Art, et non plus dans la Lucarne magique. La troupe de comédiens répond immédiatement à l’appel et sans demander la Lune en matière de cachet, ce qui facilitera la production. Whedon a cependant à gérer la grande difficulté traditionnelle des adaptations de séries au cinéma : concilier les fans et les nouveaux venus. Malgré l’organisation de séances de test et des critiques globalement positives, ce pari là sera perdu. Le film ne parvient pas toucher réellement au-delà des Browncoats et du public geek adulant Joss Whedon. Les recettes de Serenity (38,9 millions de dollars) couvriront à peine son seul budget de production, Cela met un terme très probable à la franchise au cinéma, d’autant que Whedon s’est depuis consacré à élever le niveau des films Marvel, avant d’enfin rallier les productions DC Comics. Malgré tout, la désormais cultissime Firefly continue encore aujourd’hui son parcours, à travers Comics, produits dérivés et réunions toujours très suivies en conventions, entre l’équipe et son public. Un mémorable panel surviendra d’ailleurs pour les dix ans de la série, à la Comic Con de San Diego de 2012. Firefly est également référencée dans de nombreuses autres séries, comme un élément clef de la culture geek américaine. Nous allons embarquer à bord du Serenity, pour un voyage qui se déroulera selon la vision de Joss Whedon et non l’ordre de diffusion des épisodes. |