Saison 1 3. Le Voyageur (They Have Been, They Will Be, They Are) 4. Vampire-sur-Hollywood (The Vampire) 5. Le Loup-garou (The Werewolf) 6. La Grande Question (Fire-Fall) 7. La Plate-forme du diable (The Devil's Platform) 8. Retour aux sources (Bad Medicine) 11. Le Vertige (Horror in the Heights) 12. Prénom R.I.N.G. (Mr R.I.N.G.) 13. Les Hurlements (Primal Scream) 14. La Collection (The Trevi Collection) 17. La Terreur en héritage (Legacy of Terror) 18. Les Assassins (The Knightly Murders) Date de diffusion : 13 septembre 1974 Scénario : Rudolph Borchert Mise en scène : Allen Baron Monstre de la Semaine : Jack l’Éventreur Résumé : A Chicago, suite à une nouvelle incartade, Kolchak est transféré au courrier des lecteurs par Tony. L’incompétent mais inoffensif Ron Updyke est chargé d’enquêter sur une mystérieuse succession d’assassinats de jeunes femmes. Kolchak prend malgré tout l’affaire en main, et, découvre que le tueur est en réalité Jack l’Eventreur, inexplicablement devenu immortel et d’une force surhumaine. Le journaliste découvre également que le point faible de l’assassin est l’électricité. Cela lui permet d’en triompher, mais toutes les preuves sont détruites dans l’incendie en résultant. Critique : Ce premier opus de la série présente le mérite de négocier habilement le passage des aventures de Kolchak du support des téléfilms à celui des épisodes de cinquante minutes. Même si la réduction de la durée contraint mécaniquement à abréger la présentation de Chicago vis-à-vis de ce qu’avaient pu connaître Las Vegas et Seattle, le nouveau décor impulse bel et bien une ambiance différente, celle du Midwest. Comme pour toute série, ce pilote a pour mission d’installer un univers permanent. Il a l’intelligence de capitaliser sur les deux téléfilms précédents, en ne perdant pas de temps à présenter Kolchak et Tony, ainsi que leur relation amicale toujours aussi joyeusement amicale. Au contraire, le récit s’attache à présenter le décor central du journal, criant de vérité (et parfaitement organisé pour mettre en scène les énergiques confrontations entre Tony et Kolchak), ainsi que son personnel, souvent amusant. Le chroniqueur mondain, et très anti-Kolchak, Ron Updyke se voit également croqué avec saveur, porté par ce jeu d’acteur plaisamment accentué caractérisant souvent les séries 70’s. L’aspect conspirationniste disparait (Kolchak doit désormais évidemment cesser d’être expulsé de la ville !) mais la disparition accidentelle des preuves continue à fleurer bon les X-Files, où l’on a souvent vu l’équivalent. Les colères de la police résultent toujours aussi distrayantes. Si la série se voit fort correctement mise sur les rails, on reste plus dubitatif quant au Monstre de la semaine. Confier le personnage de jack l’Eventreur à un cascadeur aussi doué et expérimenté que Mickey Gilbert autorise certes de nombreuses scènes d’action apportant un rythme considérable au récit. La confrontation finale avec Kolchak, préalablement dramatisée par la découverte macabre de la dépouille de la sympathique journaliste Jane Plumm, Mais cette priorité accordée au visuel bondissant fait qu’il ne reste plus grand-chose du Jack l’Eventreur originel, ni de l’effroi particulier qu’il suscite, il aurait pu être facilement échangé avec un membre quelconque du bestiaire fantastique, sans que cela ne modifie réellement l’histoire. On n’explique jamais non plus la nature surnaturelle de l’Eventreur. Les amateurs des Avengers se verront par contre particulièrement à la fête avec un costume de l’Eventreur – et sa canne épée- reprenant au détail près celui du club The Gaslight Goul dans l’épisode Brouillard, en saison 6. L’opus n’évite pas non plus la simplification de l’intrigue du jour coutumière des pilotes, et il vrai que le différentiel s’avère particulièrement marqué avec les constructions précédentes d’un Richard Matheson désormais absent. On regrette en particulier le personnage beaucoup trop providentiel de la vieille dame curieuse, favorisant à l’excès la progression de Kolchak. Anecdotes :
Date de diffusion : 20 septembre 1974 Scénario : Alex Grasshoff Mise en scène : Zekial Marko Monstre de la Semaine : un Zombie ! Résumé : Une guerre des gangs entre bookmakers oppose mafias italienne et noire. Un jeune truand originaire d’Haïti est assassiné par les italiens, mais sa grand-mère, Mama Loa, prêtresse vaudou, le transforme en zombie revenant exterminer un par un ses tueurs, Kolchak enquête sur l’affaire, malgré l’importune présence de Monique, nièce du propriétaire du journal s’étant entichée de journalisme. Il va découvrir au passage que le capitaine de la police est corrompu par les Italiens. Critique : Le scénario de ce deuxième épisode ne soulève pas l’enthousiasme, tant il se cantonne à une énième variation sur le thème du vaudou, ce qui le rend très prévisible dès lors que le décor est planté (une nouvelle succession de meurtres). Toutefois, à côté d’un Kolchak toujours survolté et d’un Tony toujours au bord de la crise de nerfs, ses personnages secondaires assurent son intérêt. Ainsi deux figures semi récurrentes de la série accomplissent ici une entrée en scène réussie. Aussi imbuvable que sûre d’elle-même et enhardie jusqu’à la témérité, Monique se montre souvent très amusante par son bagout, de même que la muflerie d’un Kolchak prêt à tout pour s’en débarrasser, afin de pouvoir se dédier uniquement à son enquête. Gordy la Goule (le Vampire en version française), employé de la morgue délicieusement vénal et cynique, se manifeste d’emblée comme l’un des informateurs de Kolchak les plus pittoresques. Il en va également du « Moine », au visage perpétuellement dissimulé, mais que l’on retrouvera malheureusement plus par la suite. Par ailleurs l’épisode n’hésite pas à accorder une large place à des policiers véreux et colériques à des gangsters joyeusement caricaturaux, jusqu’à devenir une parodie légère et divertissante des séries policières connaissant un si grand succès au cours des années 70. On appréciera particulièrement de retrouver les flamboyants costumes des gangs noirs des films de la Blacksploitation alors en vogue. Le rôle du chef permet à Antonio Fargas, le futur Huggy les bons tuyaux de Starsky et Hutch (1975-1979), de se livrer à un cabotinage assez irrésistible. A défaut d’innovante, l’intrigue vaudoue se montre solide et a le mérite de se montrer réellement documentée sur le sujet. Le duel final entre Kolchak et le Zombie dans le cimetière de voitures se montre également macabre et angoissant à souhait, jusqu’au bout du suspense. Une fois les preuves évidemment détruites, le récit s’achève astucieusement par un Jolchak interpellant le spectaeur à travers le Quatrième Mur, lui proposant d’aller vérifier au cimetière que le cercueil du Zombie est bien vide… s’il en a le courage ! Une conclusion typique de cette série sachant à merveille conjuguer humour et Fantastique horrifique. Anecdotes :
3. LE VOYAGEUR Date de diffusion : 27 septembre 1974 Scénario : Rudolph Borchert, d’après une histoire de Dennis Clark Mise en scène : Allen Baron Monstre de la Semaine : un Extraterrestre Résumé : Lingots de plomb qui disparaissent soudainement, montres soudainement bloquées, animaux d’un zoo puis êtres humains assassinés et dont la moelle épinière à disparue, radios parasitées… De multiples évènements inexplicables surviennent dans tout Chicago. Kolchak va mener l’enquête et découvrir qu’un Alien invisible se trouve dans la ville, une vérité dissimulée par des individus venus depuis de Washington. Critique : Le Voyageur constitue un épisode particulièrement plaisant et riche. On apprécie beaucoup qu’à la succession de meurtres des deux épisodes précédents, souvent linéaires et assez prévisibles, succède un récit beaucoup plus structuré en forme de puzzle. La nature de l’Ennemi met du temps à se dévoiler, et ses manifestations observées par Kolchak au cours de son enquête représentent autant d’indices ludiques dévoilant progressivement la Vérité. En fait on se rapproche agréablement de la structure des deux téléfilms de Richard Matheson. Les pérégrinations de Kolchak au cours de ce récit particulièrement mobile assurent également une jolie visite de quelques sites remarquables de Chicago, les scènes tournées au Planétarium s’avérant particulièrement réussies à cet égard. La mise en scène se montre également talentueuse, avec en particulier un Alien demeurant toujours invisible et se manifestant par un vent synonyme de mort prochaine. Cela permet d’éviter les maquillages parfois datés que l’on retrouvera au cours de la série, mais aussi les Aliens ultra kitchs à la Irwin Allen. Cela suscite également une atmosphère de mystère rendant très acceptable l’absence de réelle explication autour de la présence de l’Alien, ce flou autour des antagonistes advenant assez régulièrement au fil des aventures de Carl Kolchak. Sans que cela ne soit jamais explicité, on entrevoit toutefois un arrière–plan à la Predator. L’inévitable soucoupe parait également dépourvue de surcharge inutile, bien que dépourvue de l’élégance de celle des Envahisseurs. Les amateurs des X-Files seront particulièrement aux anges (déchus), car Kolchak, The Night Stalker préfigure ici plus que jamais leur série fétiche. La présence d’l’Alien s’en prenant aux animaux d’un zoo évoque bien entendu Parole de Singe, mais entre les montres qui se bloquent en sa présence, les mystérieux hommes en costume venus de Washington orchestrer le retour de la conspiration du silence, les meurtres inexplicables, la manipulation de l’information, l’aide d’une scientifique analysant les indices matériels, ou encore le témoin affirmant à Kolchak que les autorités « nient tout en bloc », c’est bien l’ensemble de l’univers des X-Files qui s’annonce ici. L’ensemble se voit porté par un Darren McGavin en grande forme et un duo toujours hilarant formé avec Tony, notamment lors de la mémorable scène du diner. Anecdotes :
4. VAMPIRE-SUR-HOLLYWOOD Date de diffusion : 4 octobre 1974 Scénario : David Chase, d'après une histoire de Bill Stratton Mise en scène : Don Weis Monstre de la Semaine : une Vampire, engendrée par celui du pilote de la série Résumé : Un journaliste de Los Angeles, ami de Kolchak, rend visite à ce dernier. Il lui révèle que plusieurs meurtres étonnants ont été répertoriés entre Las Vegas et Los Angeles. Kolchak comprend que son premier adversaire a eu le temps d’engendrer un autre Vampire avant d’être détruit. Il s’envole pour la Californie, où il va découvrir que le Fils de la Nuit est fait une femme aussi belle que féroce. Critique : Retrouver le thème particulièrement balisé du Vampire aussi peu de temps après le téléfilm initial aurait pu résulter comme un doublon, mais en définitive les auteurs se montrent suffisamment habiles pour éviter cet écueil. Bien au contraire, il crée un lien appréciable entre les téléfilms et la série leur succédant, renforçant la véracité de leur commun univers permanent. Le sentiment de redite se voit évidemment battu en brèche par le fait que le Vampire devienne ici les femmes ; Cela renouvelle nombre de situations, notamment lors de son entrée en scène, où le scénario insère un joli twist voyant la donzelle supposée être la victime face à un homme passablement sinistre se révéler être la prédatrice, cruelle et sanguinaire (Joss Whedon insérera d’ailleurs une situation très similaire lors du pilote de Buffy contre les Vampires, avec la délicieuse Darla). On regrettera que comme lors du téléfilm initial, aucune joute oratoire n’oppose le Vampire à Kolchak, cela reste réellement frustrant. La carnassière Catherine se montre toutefois nettement mieux insérée dans les 70’s que son Sire, notamment par son élégante garde-robe, renouvelant les poncifs gothiques propres au téléfilm initial. Un juste équilibre se voit trouvé, car elle conserve quelques-uns, comme l’inévitable manoir déniché même à Los Angeles, assez similaire à celui où résida Angel à Sunnydale. L’actrice Suzanne Charney, très belle, accomplit une superbe performance, Elle apporte une surprenante férocité à son Vampire, rendant les scènes d’agression, mais aussi la confrontation avec Kolchak, encore plus effrayantes que précédemment. La grande croix enflammée grâce à laquelle Kolchak triomphe à l’issue de ce duel à mort demeure l’une des images iconiques de la série. La Cité des Anges succédant à celle des Péchés suscite elle-aussi son lot de nouveautés. Plusieurs jolies vues de Sunset Boulevard et d’Hollywood, comme de coutume favorisées par ce protagoniste ayant décidément la bougeotte. Les scénaristes n’oublient pas que Kolchak est un New-Yorkais d’origine et de cœur, d’où quelques piques réjouissantes dans la narration une nouvelle fois savoureuse du journaliste. Tout comme Tony, le lieutenant du LAPD (malheureusement pas Columbo) nous régale de ces sonores engueulades sans lesquelles le programme ne serait pas vraiment lui-même. Il réjouira par ailleurs les amateurs des X-Files en évoquant déjà les cultes sataniques comme explication des meurtres. Particulièrement complet et réussi, l’épisode sait également proposer à Kolchak plusieurs amusantes rencontres, soit le deuxième moteur de la série après le fantastique horrifique. Toujours toniques, ces scénettes dynamisent la narration sans nuire à l’épouvante des scènes chocs. Los Angeles et sa faune se prêtent admirablement au jeu, on retiendra le shérif pittoresque et faussement bonasse de la Vallée, le caméo humoristique d’Army Archerd, chroniqueur vedette d’Hollywood pour Variety, en concierge cancanier ou les piques envoyées au journalisme télévisuel durant la conversation avec l’ami de Kolchak. La partenaire d’aventure de Kolchak, trop idéalement propice pour le scénario, manque cependant de crédibilité et disparait bien soudainement. Anecdotes :
5. LE LOUP-GAROU Date de diffusion : 1er novembre 1974 Scénario : David Chase et Paul Playdon Mise en scène : Allen Baron Monstre de la Semaine : un Loup-garou ! Résumé : Kolchak participe à une croisière, de même qu’un passager ayant été préalablement mordu par un loup-garou. Malgré les efforts désespérés de ce dernier pour résister à la malédiction, il se transforme lors d’une nuit de pleine lune et commence à massacrer équipage et vacanciers. Kolchak devine progressivement le pot aux roses, avec l’aide d’une passagère aux multiples talents. Il parvient à fondre des balles en argent et finalement à abattre le monstre, mais la compagnie maritime étouffe la vérité. Critique : Après un début de série en fanfare, l’épisode détonne clairement, la faute en revenant à un scénario réellement minimaliste. Le début se montre prometteur, avec une évocation plaisamment sinistre des meurtres précédents, effectuée à l’aide de photographies en noir et blanc très suggestives. Mais il n’en sera plus du tout question par la suite, hormis pour une évocation ultra rapide, en fin d’épisode, du parcours du loup-garou. En définitive on se cantonnera à un flou très pratique sur ce sujet. Durant sa majeure partie, le récit se résume à une interminable course poursuite, Kolchak courant après l’équipage courant après le monstre, courant après ses victimes, on se croirait presque chez Benny Hill. La fait que Tony n’apparaisse pas prive également le récit du moteur de ses prises de bec avec Kolchak. La mise en scène est à l’avenant, échouant totalement à apporter une intensité particulière à l’huis-clos que représente ce navire dans lequel rode une créature maléfique. Les manifestations du loup-garou se limitent à quelques bousculades jamais effrayantes et à des cascades classiques. Le tout se voit particulièrement grevé par un maquillage réellement indigent, même selon les normes de l’époque, et limité au seul visage. L’ensemble résulte bien plus ridicule qu’effrayant. Le récit n’oublie pas d’inclure la scène de transformation, un passage obligé des histoires de lycanthropes, mais l’évident manque de moyens rend celle-ci singulièrement expéditive. La seul ambition manifeste de la mise en scène réside dans l’exploitation maximale du joli décor représentant le paquebot, multipliant à cette fin les allées et venues de Kolchak entre ses différents segments (passerelle, pont, piscine, salle de bal…). L’épisode gagne cependant en intérêt avec son approche du petit monde de la croisière. Ses passagers célibataires venus très clairement profiter ensemble de tous les plaisirs de la vie, et son équipage oscillant entre le blasé et le vénal, suscitent une atmosphère joyeusement canaille, exaspérant joyeusement Kolchak durant son enquête. On se trouve devant un quasi égrillard pastiche prémonitoire de la série si romantique que constituera bientôt La Croisière s’amuse. Si l’associée du jour de Kolchak brille derechef par ses multiples talents si directement façonnés pour accélérer l’enquête (jusqu’à la cinéphilie pour la connaissance des loups-garous et la connaissance de la langue italienne pour comprendre l’équipage !), elle est campée avec une revigorante énergie par Nita Talbot, tan dis que le duo formé avec Darren McGavin fonctionne parfaitement. Eric Braeden apporte enfin une vraie présence inquiétante, avec le versant humain du loup-garou. Anecdotes :
6. LA GRANDE QUESTION Date de diffusion : 8 novembre 1974 Scénario : Bill S. Ballinger Mise en scène : Don Weis Monstre de la Semaine : le fantôme d’un pyromane Résumé : Le convoi funéraire d’un incendiaire mélomane, mort violemment, croise la voiture d’un prestigieux chef d’orchestre. Dès lors il est capable d’effectuer des apparitions fantomatiques en prenant l’apparence du musicien. Il entreprend de tuer les proches de ce dernier (Premier violon, étudiante en musicologie…), en provoquant leur combustion spontanée dès lors qu’ils sont endormis. Kolchak parvient à dénouer cet écheveau et envoyer l’esprit dans l’au-delà grâce à un rituel fourni par une diseuse de bonne aventure. Critique : On peut certes regretter que le pot aux roses nous soit révélé dès le début du récit, il aurait été pus intrigant pour le spectateur de progressivement découvrir la vérité en même temps que Kolchak. Le parcours du journaliste demeure néanmoins intéressant à suivre pour le jeu des déductions et de ses nombreuses rencontres humoristiques ou insolites dont la série a le secret. On apprécie particulièrement la distrayante dame au petit chien, le fils de l’incendiaire déjà lui-même bie n allumé et, surtout, la très piquante diseuse de bonne aventure, romanichelle d’opérette aussi sympathique que vénale. Kolchak dispose sans doute de la gamme d’informateurs la plus colorée et étonnante de l’époque ! On renoue également avec le pur suspense dès lors que Kolchak a compris la clef de l’énigme et débute le combat direct. On regrettera un sous-emploi du cadre original de l’orchestre symphonique, qui serait devenu bien plus présent avec une réelle corrélation entre les pouvoirs du spectre et la musique. Si la peinture de la nature et des attributs du fantôme résulte quelque peu alambiquée, en définitive elle autorise la conjugaison efficace de diverses frayeurs : la peur, primale du feu, la crainte d’avoir à s’endormir, mais aussi l’inquiétante présence du Double. L’ensemble suscite un niveau de paranoïa se rapprochant d’épisodes similaires, on songe notamment à L’incendiaire, pour les combustions spontanées ou la référence aux liquides hautement inflammables. La mise en sècne ne maîtrise pas aussi superbement le feu, loin de là. Mais, si les crémations se limitent à quelques peu onéreuses fumées dissimulant l’acte en lui-même, la vision des corps calcinés demeure troublante. Outre quelques jolis inserts aériens de Chicago, la réalisation réussit également une scène forte, aux limites de l’onirisme, quand l’esprit se manifeste aux vitraux de l’église où Kolchak et le chef d’orchestre se sont réfugiés. La confrontation finale apparaît également réussie, Darren Mc Gavin ne manifestant aucune peur des flammes ! Anecdotes :
7. LA PLATE-FORME DU DIABLE Date de diffusion : 15 novembre 1974 Scénario : Donn Mullally, d'après une histoire de Tim Maschler Mise en scène : Allen Baron Monstre de la Semaine : un politicien ayant signé un pacte avec Satan Résumé : Alors qu’une élection sénatoriale se déroule, Robert Palmer, hier petit élu local, est désormais en tête des sondages. Il faut dire que quiconque s’oppose à sa campagne meurt subitement, apparemment par accident. Interloqué par ce phénomène, Kolchak mène une enquête et découvre une effarante vérité. Palmer a signé un pacte avec le Bible, lui permettant de revêtir la forme d’un invulnérable molosse infernal. Il tue ainsi ses ennemis mais Kolchak en triomphe grâce à une bouteille d’eau bénite. Critique : L’écriture de cet épisode fut confiée successivement à différents scénaristes, une multiplicité s’avérant dommageable pour son contenu manquant d’unité. En effet le récit réside tout du long entre deux voies, celle de la satire du système électorales américain, à travers le symbole assez peu nuancé du pacte faustien passé par un politicien, ou le récit d’épouvante gothique pur s’appuyant sur toute l’imagerie traditionnelle de la magie noire. Insuffisamment développés, les deux thèmes ne convainquent guère. Ainsi chacun des différents meurtres concerne un aspect de la campagne (sponsors, sondages, spin doctors, heureusement qu’une tentative concernant la presse, etc.), mais l’on en reste à un simple catalogue de citations, aucun de ces thèmes ne se voyant réellement creusé. L’ensemble manque de subtilité, cette succession d’assassinats déblayant certes le chemin mais expliquant en rien la popularité soudaine de Palmer. On s’étonne aussi que Kolchak soit le seul à s’émouvoir d’une telle effarante accumulation, même en dehors de tout aspect fantastique ! Si le volet surnaturel a la bonne idée de s’inspirer du folklore avec la figure du Hellhound, mais son traitement demeure empreint de flou. Palmer n’étant jamais montré avoir recours à un autre pouvoir que celui de la transformation, on ne voit pas très bien comment un molosse, aussi redoutable soit-il peut provoquer l’explosion d’un yacht ou la chute d’un ascenseur. La confrontation finale, supposée être terrifiante, pâtit de la mauvaise qualité de l’évident décor en carton-pâte censé symboliser la crypte de Palmer. Outre la solide composition de Skerritt, l’épisode vaut toutefois pour son humour, par l’approche goguenarde des élections par Kolchak et l’échange nourri de réjouissantes répliques acidulées au sein du journal. De retour de ses vacances romaines, Emily se révèle un personnage très amusant, son apparence d’aimable vieille dame cachant une enquiquineuse de première, entre cadeaux fielleux et récriminations enrobées de sucre. La scène voyant Tony, homme traqué, s’enfuir devant les diatribes conjuguées d’Emily et de Kolchak reste un grand moment. La vraie vedette du jour reste cependant le chien, particulièrement expressif et menaçant. Anecdotes :
8. RETOUR AUX SOURCES Date de diffusion : 29 novembre 1974 Scénario : L. Ford Neale et John Huff Mise en scène : Alex Grasshoff Monstre de la Semaine : le Diablero, un chaman indien maléfique Résumé : Plusieurs dames de la haute société de Chicago sont découvertes mortes, dans ce qui ressemble fort à des suicides. Trouvant étrange cette succession de décès, Kolchak découvre qu’elle est le fait du Diablero, un chaman indien ayant le pouvoir de se muer en ses animaux totems (coyote et corbeau), ainsi que d’hypnotiser ses victimes. Il dérobe les bijoux des femmes assassinées, afin de se créer un trésor permettant de lever une malédiction pesant sur lui. Kolchak parvient à le vaincre grâce aux indications d’un chef indien, Rolling Thunder. Critique : Bad Medecine appartient à ces épisodes d’inspiration amérindienne résultant incontournables dans les séries américaines relevant du Fantastique ou de la Science-fiction (les X-Files accorderont d’ailleurs une de choix aux Anasazi). Le récit du jour se sort fort honorablement de ce passage obligé, malgré une enquête au demeurant très classique, avec les défauts habituels de la rencontre trop providentielle (le chef Rolling Thunder et sa solution clef en mains) et de l’aspect Formula show de la succession de meurtres. Le montage se montre suffisamment nerveux pour dynamiser l’ensemble, tandis que pétille l’humour propre à la série, avec le petit monde de la rédaction et unenarration toujours plaisamment cynique et sensationnaliste par Kolchak (Darren McGavin, toujours excellent). Mais c’est essentiellement sa dimension amérindienne qui assure la spécificité de l’opus, comme son succès. Ce folklore fait ainsi l’objet d’une étude relativement soignée, autant que lpermet le format de ce type de série, avec le recours aux changeurs de formes et aux animaux totems, ainsi qu’à la distinction établie entre monde matériel et spirituel. Tout comme lors de l’épisode précédent, la série sait mettre en valeur les animaux, sous un angle bien entendu sinistre et angoissant, les apparitions du coyote et du corbeau se voient ainsi filmées avec un soin tout particulier (certains effets évoquent quelque peu Manimal). Trois ans avant L’espion qui m’aimait, la présence de Richard Kiel demeure en soi une curiosité, d’autant que l’imposant acteur parvient à rendre réellement troublantes les apparitions mutiques du Diablero. Anecdotes :
9. LE CROQUE-MITAINE Date de diffusion : 6 décembre 1974 Scénario : Al Friedman et David Chase Mise en scène : Gordon Hessler Monstre de la Semaine : le Père Malfait, une créature des marais du folklore de Louisiane Résumé : Des personnes n’ayant à-priori rien à voir entre elles sont retrouvées mortes, la cage thoracique broyée. En menant à son terme une enquête complexe, Kolchak va dénouer un écheveau entremêlant folklore de Louisiane et étranges propriétés du sommeil profond. Un jeune Cajun participe à une expérience sur le sommeil, mais ses rêves stimulés donnent réalité à ses frayeurs enfantines les plus profondes : le Père Malfait, croquemitaine local recouvert de mousse espagnole. Lors d’un affrontement dans les égouts, Kolchak vainc le monstre en le transperçant de la branche d’un arbuste désigné par la tradition cajun. Critique : On apprécie vivement qu’en un format plus court, l’épisode parvienne à développer une enquête aussi plaisamment enchevêtrée que lors des deux téléfilms initiaux. Toute la première partie du récit revêt ainsi l’aspect d’une énigme particulièrement opaque, alors que s’accumulent les éléments en apparence totalement disjoints. Kolchak parvient à progressivement révéler la vérité au spectateur, d’une manière convaincante, apportant ainsi comme une impression de véracité à l’ensemble. Les informations sont intelligemment disséminées parmi les différents témoins rencontrés lors du jeu de piste, sans, comme parfois, que l’un d’entre deux ne devienne par trop providentiel. Tout en se montrant amusants (à l’instar de l’irascible capitaine de police), ils s’avèrent également moins excentriques qu’à l’accoutumée, conformément à la tonalité davantage sombre et inquiétante de l’opus. L’épisode sait également varier ses effets, avec des fenêtres ouvertes aussi bien sur la musique hippie que sur la culture cajun, avec l’inquiétant folklore du Père Malfait et de la mousse espagnole, cette sinistre plante pendant des arbres et traditionnellement associée à l’horreur gothique de Louisiane. Malgré l’économie de moyens propre à la série The Spanish Moss Murders brille également par sa mis en scène. Les apparitions du monstre, auquel un Richard Kiel totalement méconnaissable prête à nouveau son imposante stature, se voient filmées avec talent et inventivité : vues : inquiétant reflet dans une vitre, effroi dans le regard des victimes, combat final oppressant et anxiogène dans les égouts. La mise à mort avec une branche plantée dans le cœur évoque cette fois davantage Supernatural que les X-Files, même si le mix entre propriétés du sommeil et égouts évoque conjointement Sleepless et The Host. Anecdotes :
10. SUR LE SENTIER DE LA GUERRE Date de diffusion : 13 décembre 1974 Scénario : Arthur Rowe et Rudolph Bochert Mise en scène : Alex Grasshoff Monstre de la Semaine : le Matchemonedo, dieu-ours amérindien Résumé : Un grand hôpital ultra moderne vient d’être inauguré à Chicago, alors que deux ouvriers indiens sont inexplicablement morts durant les travaux. Les phénomènes étranges se poursuivent au sous-sol de l’établissement, où des lézardes apparaissent sur les murs et où patients et personnels sont tués par des décharges électriques. Aidé par le chaman de la tribu indienne et une infirmière du service des autopsies, Kolchak détermine que l’antique dieu-ours des indiens (le Matchemonedo, être de pure énergie) a été réveillé par les travaux. Les autorités le replongent en hibernation en noyant le sous-sol dans l’azote liquide Critique : The Energy Monster (au titre français totalement ridicule et hors sujet) introduit un nouvel épisode amérindien au sein de la série, mais dont la réussite va malheureusement s’avérer bien moindre que lors de Bad Medecine. En effet, après une énigme initiale correctement posée, le récit devient vite répétitif jusqu’à la caricature. En effet Kolchak passe la majeure partie de l’épisode à revenir encore et toujours, seul ou accompagné dans le décor très impersonnel du sous-sol de l’hôpital ; Les manifestations de Matchemondo, toujours les mêmes, s’y réitèrent infailliblement, renforçant encore la prévisibilité de l’action et la lassitude du spectateur. En guise d’enquête, la série retombe dans son travers consistant à mettre en avant une source d’informations bien trop providentielle pour Kolchak. De plus la conclusion nous prive du percutant rituel de la confrontation finale, le terrible dieu-ours laissant docilement les autorités le replonger en hibernation. La participation de Kolchak se limite à un coup d’extincteur ! Rendre crédible son histoire auprès de police s‘avère une voie sans issue, car il en est alors dépossédé. Le passage de la mythologie amérindienne à l’électricité domestiquée par l’homme s’effectue également dans un grand flou. Quelques éléments d’intérêt surnagent comme le portrait d’un chaman épicurien et dandy, bien loin des clichés et interprété avec aisance par Jim Elkhorn. L’importance du bâtiment dans le récit donne lieu à de magnifiques inserts représentant les édifices de Chicago, de manière davantage développée qu’à l’accoutumée. Les amateurs des X-files se réjouiront de découvrir Kolchak associé à une spécialiste des autopsies (ha, ces brûlures à l’électricité), tandis que cette histoire de menace primordiale s’éveillant selon un rythme cyclique (l’été et l’hiver succédant au jour et à la nuit) évoquera quelque peu Darkness Falls. Mais tout ceci ne suffit pas à compenser les faiblesses du scénario. Anecdotes :
11. LE VERTIGE Date de diffusion : 20 décembre 1974 Scénario : Jimmy Sangster Mise en scène : Michael T. Caffey Monstre de la Semaine : un démon hindou, le Rakshasa, Résumé : Le quartier résidentiel de Roosevelt Heights, peuplé majoritairement de juifs retraités, est laissé à l’abandon par les autorités. Des meurtres abominables s’y déroulent de nuit, la police mettant plutôt en cause des rats dévorant les cadavres de vieilles personnes décédées. La population suspecte un restaurateur indien, supposé être antimite car peignant de nombreuses croix gammées dans le quartier. Mais Kolchak découvre qu’il s’agit en fait d’un prêtre hindouiste dont les svastikas sont destinées à écarter un démon, le Rakshasa. Ce dévoreur de chair humaine dupe ses victimes en prenant la forme de personnes aimées. Critique : Avec David Chase (mais aussi Robert Zemeckis ou Bob Gale) Kolchak The Night Stalker a su bénéficier de l'apport de jeunes et brillants scénaristes, appelés à connaître une superbe carrière. Avec cette unique participation de Jimmy Sangster à la série, celle-ci capitalise au contraire sur la grande expérience et et le talent très sûr de cette grande plume de la Hammer, active depuis les années 50 (The Curse of Frankenstein, 1957 ; Dracula, prince of darkness, 1965, etc.). Ce pilier de l’âge d’or de la Hammer s’est également essayé avec succès au roman policier et présente donc le profil idéal pour les récits horrifiques structurés en enquêtes que constituent les Dossiers brûlants. Et de fait le scénario se montre particulièrement habile. Tout en élargissant le récit à des thématiques sociales l’enrichissant (le triste sort des retraités dans le système américain, les quartiers devenus ghettos, l’antisémitisme...), Sangster sait impeccablement installer une horreur encore plus prégnante qu’à l’accoutumée. D’abord totalement inexpliquées, les manifestations du Rakshasa sous l’aspect de personnes proches de ses proies suscitent une étrangeté très déstabilisante pour le spectateur, avant que l’effet ne se voit parachevé par des mises à mot demeurant très suggestives même si les aspects les plus gores demeurent dissimulés. Le minutage de ces apparitions s’avère également idéal pour relancer l’intérêt d’une enquête solidement menée. Les divers rebondissements paraîtront toutefois moins originaux aujourd’hui aux amateurs d’une série comme Supernatural, auquel l’opus fait ici davantage songer qu’aux X-Files. Sangster intègre également les divers codes de la série, avec des personnages secondaires et des indicateurs particulièrement amusants, confiés à des acteurs comiques expérimentés (Phils Silvers, Murray Matheson). Le courant passe formidablement bien avec Darren McGavin, contribuant à la réussite de mélange original entre humour et épouvante propre à la série. La mise en scène sait rendre oppressante l’atmosphère nocturne du quartier décati, même quand celui-ci est reconstitué en studios. Les apparitions du monstre, toujours incarné par un Richard Kiel aussi méconnaissable que non crédité, sont également filmées avec impact. L’opus compose bien l’une des plus grandes réussites de la série. Anecdotes :
12. PRÉNOM R.I.N.G. Date de diffusion : 10 janvier 1975 Scénario : L. Ford Neale & John Huff Mise en scène : Gene Levitt Monstre de la Semaine : un robot Résumé : Robot conçu par l’armée, RING doit être débranché du fait des sentiments humanistes que lui a incorporé sa programmatrice, le Dr. Dwyer Mais il s’échappe après avoir tué le scientifique venu le supprimer (Dwyer l’ayant aussi doté de l’instinct de survie). Il entreprend alors de devenir un être humain (masque, maquillage, vêtements), tout en causant d’autres meurtres sans comprendre ce qu’il provoque. Kolchak mène l’enquête et finit par retrouver RING, qui s’est réfugié auprès du Dr. Dwyer. L’armée intervient et abat RING, avant de faire subir un lavage de cerveau à Kolchak. Critique : Après Le Voyageur, Les Dossiers brûlants s’aventurent ici pour la deuxième fois dans le pur domaine de la Science-fiction, en délaissant le Fantastique coutumier. Malheureusement, force est de constater que ce détour s’effectue de manière moins convaincante que précédemment. En effet le scénario cumule plusieurs difficultés. Ainsi Kolchak se cantonne ici à rôle de perpétuel observateur des évènements, sur lesquels il n’a jamais prise. Il demeure le narrateur d’une histoire pouvant tout à fait se concevoir sans lui, d’où une certaine frustration. Par ailleurs l’accumulation d’éléments pseudo scientifiques relatifs à la robotique alourdit le récit, élément d’autant plus sensible que Kolchak et ses contacts résultent moins hauts en couleurs qu’à l’accoutumée. Fort heureusement, même avec une présence réduite (caractéristique de la seconde moitié de la série), le petit monde du journal continue à apporter un humour sympathique. L’épisode semble se trouver un intéressant sujet d’horreur poétique, avec ce robot tendant de devenir humain avec une compréhension limitée et en demeurant un émouvant simulacre. Les quelques scènes centrées sur RING s’avèrent réellement émouvantes, même si trop peu nombreuses. Le récit aurait clairement gagné à être considéré de son point de vue, plutôt que de celui d’un Kolchak trop externe, ou d’une programmatrice trop mélodramatique. Il n’est reste pas moins que cette conclusion. Violement antimilitaire, inimaginable durant les productions des années 60, proclame bien que nous sommes désormais entrés dans une décennie de contestations, tout en suscitant une glaciale paranoïa conspirationniste évoquant très clairement les X-Files. Malgré ses maladresses, Mr R.I.N.G. préfigure d’ailleurs déjà le succès, pour le coup très 80’s, de Short Circuit en 1986. Anecdotes :
13. LES HURLEMENTS Date de diffusion : 17 janvier 1975 Scénario : Bill S. Ballinger and David Chase Mise en scène : Robert Scheerer Monstre de la Semaine : un primate préhistorique Résumé : Une compagnie pétrolière réalise des recherches au Pôle nord et découvre des germes enfouis à grande profondeur. Ils sont rapportés dans un laboratoire de Chicago pour être analysés, mais un incident leur fait donner naissance à un homme préhistorique anthropophage. Celui-ci perpétue plusieurs meurtres nocturnes, tandis que la police et la compagnie s’allient pour étouffer le scandale. Kolchak parvient à réunir suffisamment d’indices pour débusquer le monstre dans sa tanière, les souterrains où fut jadis testée la première bombe atomique. Critique : Arrivée ici à son deuxième tiers, l’unique saison de Kolchak, The Night Stalker revêt comme des allures de Formula Show. En effet l’épisode se compose quasi exclusivement de resucées d’éléments vus dans ses prédécesseurs : un motif rapidement survolé, une succession de meurtres nocturnes, Kolchak rencontrant plusieurs personnalités hautes en couleurs durant une enquête lui permettant de cerner les caractéristiques et les faiblesses du Monstre de la semaine, confrontation finale entre le héros et son adversaire. Le duo d’auteurs ne cherche absolument pas à sortir des sentiers battus, d’où une grande prévisibilité de l’ensemble, même si l’intérêt apparait de positionner Primal Scream en épisode idéal pour découvrir un programme qu’il synthétise à merveille. C’est d’autant plus vrai que, si Chase et Ballinger ne se montrent guère ambitieux sur le fond, ils excellent sur la forme. En effet le récit demeure particulièrement plaisant grâce à des rencontres toniques relevant souvent de la pure comédie. Il en va ainsi du professeur d’université jaloux de ses confrères et haïssant ses étudiants, ou du huileux et cynique responsable des relations publiques de la compagnie pétrolière. Le capitaine de police du jour se montre particulièrement irrésistible par l’aversion qu’il porte à Kolchak, visiblement son pire cauchemar. Les scénaristes s’offrent le luxe de caper un Tony pour une fois prêt à soutenir Kolchak, mais aussi de peaufiner l’aspect contestataire du programme, avec une thématique écologique et une dénonciation du poids du lobby pétrolier. La mise en scène doit gérer un maquillage une nouvelle fois bon marché mais réussit de jolis effets, dont un éprouvant duel final dans les sinistres tunnels du Projet Manhattan. Anecdotes :
14. LA COLLECTION Date de diffusion : 24 janvier 1975 Scénario : Rudolph Borchert Mise en scène : Don Weis Monstre de la Semaine : une Sorcière Résumé : Alors qu’il est sur la piste de gangsters contrebandiers de vêtements, Kolchak fait la connaissance du beau top model Madelaine, travaillant pour la maison de haute couture de Mme Travi. Madelaine est en train de venir l’étoile des défilés car il advient malheur à toutes ses rivales. Elle révèle à Kolchak que Mme Trevi est une sorcière mais, après vair été manipulé, le Journaliste découvre que c’est bien Madelaine la sorcière. Il en triomphe en recourant aux rituels issus du folklore. Critique : The Trevi Collection marque d’emblée sa spécificité en renonçant au rituel de la série voyant chaque épisode s’ouvrir sur Kolchak enregistrant l’histoire du jour. Il le retrouvera toutefois en conclusion, mais l’opus demeure bien à part au sein de la série. Cela se doit d’abord au choix de l’ambiance très particulière de l’univers de la mode, un thème que l’auteur Rudolph Buchert développe aussi profondément que possible. Outre une amusante intrigue secondaire autour de pittoresques gangsters du vêtement, l’opus donne ainsi lieu à une satire corsée de ce petit monde, entre snobisme et egos exacerbés. Interprétée avec énergie par la très belle Lara Parker, la volubile et ultra féminine Madelaine tranche aussi nettement avec les antagonistes habituels de Kolchak, qui se limitent le plus souvent à de violentes et mutiques agressions. Alors qu’elle reste la seule adversaire à lui donner du « Carl », le contraste entre le côté avenant de Madelaine et ses meurtres horrifiques apporte un vrai sel au récit (de même que son impayable rire diabolique). La mise en scène se montre également à la fête, entre les défilés de mode très Seventies parfois étonnants et les scènes d’assassinats plus variées et sophistiquées qu’à l’accoutumée, Madelaine faisant preuve d’inventivité et de pouvoirs très variés (rivale ébouillantée vive sous la douche, ou défigurée par un ravissant angora blanc). La scène la plus marquante demeure l’animation de mannequins transformés en tueurs à ses ordres et suscitant une vraie étrangeté malgré une grande économie de moyens. Les amateurs de La Quatrième Dimension songeront infailliblement à The After Hours, l’énigme angoissante en moins, la folie homicide en sus. On appréciera également l’intégration du riche folklore relatif aux Sorcières, sous l’angle médiéval ou puritain de Salem, suscitant un affrontement final spectaculaire entre Madelaine et Kolchak. Anecdotes :
Date de diffusion : 31 janvier 1975 Scénario : Steve Fisher et David Chase, d'après une histoire de Robert Zemeckis et Bob Gale Mise en scène : Bruce Kessler Monstre de la Semaine : le spectre d’un motard sans tête Résumé : Suite au déménagement d’un grand cimetière, le cercueil d’un motard jadis décapité par ses amis blousons noirs est heurté. La tête est séparée du corps, ce qui provoque l’apparition du spectre sous la forme d’un motard étêté. Il entreprend d’occire un à un ses assassins, en les décapitant à l’épée. . Kolchal parvient à enquêter malgré l’hostilité d’un ambitieux jeune capitaine de police et comprend qu’il faut reconstituer le squelette afin que disparaisse l’esprit vengeur. Critique : Le scénario de Robert Zemeckis et Bob Gale déçoit par son grand manque d’originalité. En effet, malgré une astucieuse variation sur le thème folklorique du Cavalier sans tête, le récit se coule beaucoup trop dans le rituel de la série pour pouvoir espérer réellement marquer l’esprit du spectateur. On retrouve ainsi le fait déclencheur passablement brumeux, la narration par Kolchak, la succession de meurtres, le rassemblement d’indices, le choc original, etc. Il est vrai que Zemeckis, encore peu connu, n’a guère latitude pour impose son originalité, il devra attendre la décennie suivante pour cela. Le rythme des révélations demeure toutefois parfaitement maîtrisé. La mise en scène ne vient guère au secours du scénario, la plupart des scènes se voient filmées de manière uniquement fonctionnelle. Il en va ainsi des scènes de manifestations du spectre et des meurtres consécutifs, le plus souvent très fades. L’ensemble souffre particulièrement de la représentation du Motard sans tête, de manière bien trop évidente un cascadeur simplement engoncé dans un faux torse. L’univers des motards allié à Sleepy Hollow touchera sans doute davantage le public américain que l’européen, mais l’épisode maintient néanmoins un intérêt, grâce à l’humour particulièrement tonique des diverses rencontres de Kolchak, entreex Hells Angels décérébrés et Capitaine de police particulièrement imbuvable. Anecdotes :
Date de diffusion : 7 février 1975 Scénario : Stephen Lord, Michael Kozoll et David Chase Mise en scène : Don Weis Monstre de la Semaine : une Succube de la Mésopotamie antique Résumé : Un archéologue de l’université de Chicago entreprend de traduire une tablette sumérienne, sans savoir que celle-ci contient l’esprit d’une Succube. Le démon s’empare du corps de jeunes femmes récemment décédées et séduit ainsi des étudiants dont il boit l’essence vitale. Kolchak parvient à résoudre l’énigme en collaborant avec une reporter du journal du campus et il anéantit la Succube en détruisant la tablette d’argile. Critique : Demon in Lace parvient à enrichir la formule usuelle de la série en jouant habilement sur la dimension antique du récit et les indicibles horreurs de l’Ancien Monde. Le récit rejoint ainsi nombre des aspects des récits des Victoriens ou de Lovecraft, avec un pouvoir d’évocation permettant de concilier cette dimension avec un budget demeurant fort modeste. L’enquête sait agréger des éléments très épars en un tout cohérent, tout en s’ouvrant à d’autres thèmes, comme la description d‘un campus universitaire des années 70, époque de l’amour libre (même si la végétation évoque une nouvelle fois bien davantage que l’Illinois). L’intrigue exprime à la perfection l’art de la série entremêlant humour (Tony, la jeune journaliste ambitieuse, l’érudit excentrique…), à un thème profondément morbide, jusqu’au détail de l’odeur de charnier accompagnant les manifestations de la Succube. Alors que le réalisateur vétéran Don Weis signe ici sa quatrième et dernière collaboration avec la série, c’est bien avec la mise en scène que Demon in Lace va parachever son succès. Les différents éléments de décor participent efficacement à l’atmosphère, y compris la tablette d’argile mésopotamienne, tout à fait convaincante. Si l’aspect véritable de la Succube souffre du budget invariablement faible de la série, ses apparitions se voient filmées avec une grande suggestivité. Une vraie poésie funèbre accompagne la découverte de jeunes femmes décédées, avant même l’intervention du démon, l’ensemble apparaissant réellement troublant, sans commune mesure avec ce que l’on pouvait découvrir dans la plupart des séries de l’époque. Anecdotes :
17. LA TERREUR EN HERITAGE Date de diffusion : 14 février 1975 Scénario : Arthur Rowe Mise en scène : Don McDougall Monstre de la Semaine : une momie aztèque Résumé : Alors qu’une grande convention d’éditeurs se tient à Chicago, une succession de meurtres attire l’attention de Kolchak. Des jeunes gens réputés pour leur courage sont retrouvés avec le cœur arraché. Kolchak va découvrir qu’il s’agit d’un rituel visant à réveiller une momie aztèque se trouvant au sous-sol de l’hôtel où se tient la convention. Le directeur de l’établissement semble avoir partie liée avec la secte. Critique : L’idée originelle pioche de manière plutôt astucieuse dans la culture aztèque, histoire, panthéon et calendrier, mais, malheureusement les éléments développés ne servent qu’à bâtir une trame ultra classique et prévisible de sacrifice humain à éviter pour empêcher un arrière-plan vaguement apocalyptique. Tout ceci résulte terriblement linéaire et dépourvu du foisonnement de rebondissements caractérisant l’épisode The Aztecs de Doctor Who (1964). L’opposition se voit également réduite à quelques illuminés en tenue à plumes et dames en tune légère, apparaissant et disparaissant en vociférant, ou encore à une momie plu décatie qu’effrayante. Contrairement à d’autres monstres, autrement plus marquants, de la série, on se rapproche ici de Nanard, y compris avec un Erik Estrada totalement hors de son emploi en simili chef du complot. Manquant de substance, l’intrigue rallonge à l’excès ses segments, notamment le final voyant ce sympathique acteur grimé en guerrier aztèque et déambulant au beau milieu d’un stade de football. L’enquête de Kolchak n’apporte pas grand-chose, se limitant à consulter un érudit lui donnant infailliblement toutes les réponses à ses questions. Parmi des rencontres moins humoristiques qu’à l’ordinaire (même le capitaine de police manque ici de saveur), on retiendra uniquement ‘mausante composition de Sorrell Booke en taxidermiste vénal. Anecdotes :
18. LES ASSASSINS Date de diffusion : 7 mars 1975 Scénario : Michael Kozoll et David Chase, d'après une histoire de Paul Magistretti Mise en scène : Vincent McEveety Monstre de la Semaine : l’esprit d’un chevalier Résumé : Le fantôme d’un chevalier jadis féru de magie noire hante désormais son armure. Celle-ci est conservée dans une musée consacré au Moyen-âge mais celui-ci va être converti en discothèque. Courroucé l’esprit anime l’armure et assassine chaque nuit l’un des promoteurs du projet. Malgré un très singulier capitaine de police, Kolchak parvient à comprendre ce qui se déroule. Il finit par abattre le Chevalier noir grâce à une hache autrefois bénie par le Pape. Critique : La forte sature du Chevalier noir et son aspect incongru lui vaut de figurer dans plusieurs séries fantastiques, telles Angel ou Charmed, mais aussi le tout premier épisode de Scooby-Doo. Il remplit également son office dans Les dossiers brûlants, avec plusieurs apparitions filmées efficacement, selon les canons du cinéma d’épouvante. Le récit utilise également astucieusement diverses armes ultraviolentes de l’arsenal médiéval (lance, baliste, masse…) afin de varier ses effets horrifiques et s’offre même un haletant duel final entre Kolchak et le Chevalier. Mais l’intrigue se limite malgré tout pour l’essentiel à l’habituel défilée de meurtres, la série variant désormais uniquement d’un épisode à l’autre en changeant la personnalité de l’assassin. Un certain flou demeure également de mise, l’intrigue supposant qu’une imposante armure noire puise traverser Chicago sans n’être remarquée de personne. Si le volet Fantastique suscite quelques réserves, l’humour convainc par contre tout à fait. Entre passionnés d’armes médiévales ou d’héraldique, ou, a contrario, une décoratrice partisane de design moderne, l’enquête de Kolchak est l’occasion de rencontrer des hurluberlus particulièrement allumés. Les Excentriques de Chapeau melon et Bottes de cuir ne sont pas loin. Si Tony apparaît en grande forme, le clou du spectacle demeure toutefois le capitaine de police impeccablement incarné par le vétéran John Dehner, probablement le plus drôle de toute la série. Au complet rebours des boules de nerfs auxquelles se heurtent régulièrement Kolchak, Vernon Rausch se montre disert, érudit, aimable, mais aussi pompeux et fainéant, comptant sur le journaliste pour mener son enquête, allant jusqu’à l’interviewer ! L’effarement et l’agacement de Kolchak devant cette attitude s’avèrent irrésistible, d’autant que McGarren et Rausch s’entendent comme larrons en foire. Anecdotes :
19. LE JEUNE MEURTRIER Date de diffusion : 14 mars 1975 Scénario : Rudolph Borchert Mise en scène : Don McDougall Monstre de la Semaine : Hélène de Troie Résumé : Hélène de Troie parvient à maintenir son immortelle beauté en sacrifiant à la déesse Hécate des jeunes gens à la parfaite condition physique. Elle les sélectionne grâce à l’agence de rencontre très sélecte qu’elle dirige, avant de vampiriser leur jeunesse. Kolchak démontre que l’une des victimes avait un œil de verre et, dépitée, Hécate transforme Hélène en statue. Critique : The Youth Killer confirme un certain épuisement de la série, alors que l’on approche du terme de son unique saison. Les scénaristes ne se donnent visiblement plus la peine de varier l’intrigue récurrente des épisodes, au-delà de l‘identité du Monstre de la Semaine et du modus operandi des meurtres. En appeler à Hélène de Troie et à la mythologie grecque (même de manière fantaisiste) demeure toutefois une bonne idée. Cela renouvelle les folklores mis en œuvre jusqu’ici, tandis que le décor du temple d’Hécate produit malgré tout son effet, aussi minimaliste que soit son budget. L’anneau sacrificiel rivé à Kolchak dramatise quelque peu la situation, même si l’on peut regretter la trop grande passivité d’Hélène face à la menace représentée par le journaliste. Cette histoire de divinités et de sacrifices humains préfigure également de manière amusante les Dieux païens chers à Supernatural. Il n’en reste pas moins que le récit souffre d’une grande fadeur. Le policier du jour se montre totalement transparent, tandis qu’Hélène se contente de jouer les beautés froides. L’absence de tout sentiment de menace est également confortée par les maquillages et trucages évidents, plombant des scènes de meurtres dépourvues d’impact horrifique. En arrière-plan, le scénario tente bien de critiquer le culte américain de la jeunesse et de la perfection physique, mais de manière à peine esquissée. Le meilleur réside dans la distribution des seconds rôles. Entre autres, on apprécie la composition de Cathy Lee Crosby, parfaite dans le rôle de la sculpturale et glaciale Hélène. Le sympathique chauffeur de taxi grec tuyautant Kolchak sur la mythologie est également interprété avec humour par George Savalas, déjà l’inoubliable Stavros dans la série Kojak de son frère Telly (1973-1978). Anecdotes :
20. LA SENTINELLE Date de diffusion : 28 mars 1975 Scénario : L. Ford Neale et John Huff Mise en scène : Seymour Robbie Monstre de la Semaine : un homme-lézard Résumé : Une société de stockage souterrain ultra sécurisé de documents et valeurs connaît un grand succès, comptant même le gouvernement parmi ses clients. En étendant toujours davantage ses tunnels, elle libère un homme lézard résidant dans les profondeurs. Celui-ci multiplie les tueries sur le chantier et Kolchak mène l’enquête, malgré l’opposition de la charmante mais inflexible lieutenante de police Irène Lamont. Critique : Au-delà d’une vague évocation de la Moria, le scénario ne présente guère d’intérêt, puisqu’il ne s’agit que d’une énième chasse au Monstre de la semaine. Sa conclusion botte d’ailleurs en touche, Kolchak laissant l’homme-lézard aux bons soins de l’armée. Mais, même réduite au maximum, l’intrigue demeure un efficace prétexte pour développer les deux piliers de la série : l’horreur et l’humour. En effet, si le costume de l’Homme-lézard correspond à ce que les productions à bas budget de l’époque pouvaient proposer, la mise en scène a la bonne idée de ne jamais réellement le montrer. Elle utilise à merveille les ressources suscitées par le manque de luminosité et par le confinement claustrophobe des tunnels afin de provoquer des apparitions d’une terrible brutalité mais aussi fugaces. Toutes proportions bien entendu gardées, le pas sans déjà évoquer ce que montrera Alien quatre ans plus tard. Les perspectives anxiogènes des longs couloirs vides se voient également utilisées lors de la course poursuite initiale, une idée que reprendra de manière amusante une série aussi formidable que Stranger Things, lors de sa mémorable séquence d’ouverture. L’ultime épisode de la série se montre également très distrayant, en incorporant in extremis une femme parmi les officiers de police se confrontant rituellement à Kolchak. Irène Lamont s’avère un formidable adversaire, le contraste entre sa pétulante féminité affichée de prime abord et sa rudesse vite révélée se montre irrésistible. Les prises de bec entre elle et Kolchak brillent également de la totale complicité entre Darren McGavin et son épouse, l’épatante Kathie Browne. D’autres invités se montrent en verve, tel Frank Marth en colonel grimé en ouvrier et veillant aux intérêts de l’Oncle Sam avec la subtilité d’un mammouth. Tom Bosley (le Howard Cunningham des Jours heureux) déclenche également l’hilarité en PDG vantant stoïquement les avantages du complexe à Kolchak, alors même que les rencontres catastrophiques s’enchainent sans défaillir. Anecdotes :
|
Présentation A Chicago, malgré le scepticisme de son rédacteur en chef et ami de longue date Tony Vincenzo, le journaliste Carl Kolchak s’acharne à enquêter sur des crimes aussi abominables que mystérieux, le plus souvent nocturnes. Surnommé le Guetteur de Nuit, Kolchak s’intéresse particulièrement aux meurtres relevant du Surnaturel, allant plus loin que ne le peut, ou ne le désire, aller la police de la ville. Celle-ci est représentée par le Capitaine Siska, souvent exaspéré par ce journaliste venant régulièrement perturber son travail, tandis que la Goule, employé de la morgue, s’avère un allié précieux. Mais Kolchak doit avant tout faire face aux monstres qu’il découvre au terme des pistes qu’il remonte avec une passion opiniâtre, encore et toujours en quête de la vérité. Malgré l’aide de son appareil photo et de son magnétophone, Kolchak doit malgré tout souvent composer avec le manque de preuves matérielles. Adorant sa Ford Mustang jaune, New-yorkais jusqu’au bout des ongles, toujours vêtu en journaliste des années 50 et au faîte de toutes les ficelles de son métier, il forme également une figure pittoresque de son agence d’informations, l’Independant News Service. Lié d’amitié avec Miss Emily Cowles, en charge du courrier des lecteurs, son mépris des conventions sociales et des puissants lui vaut par contre l’hostilité du chroniqueur mondain Ron Updyke. Malgré ses sonores colères devant les théories farfelues avancées par Kolchak, Tony Vincenzo, grande gueule sympathique, lui maintient son amitié et le laisse œuvrer à sa guise, tout au long de ses périlleuses enquêtes hors normes menées au cœur de la nuit de Chicago. A la fin des années 60, l’auteur Jeffrey Grant « Jeff » Rice ne parvint pas à trouver un éditeur pour son roman The Kolchak Papers. Celui-ci narrait une enquête menée par le journaliste Carl Kolchak menée à propos d’un serial killer s’avérant finalement être un Vampire. L’action se situait à Las Vegas, ville où résidait de longue date l’écrivain. Son agent eut alors la brillante intuition que le livre pourrait tout à fait servir de base à un scénario de téléfilm. Il réussit à vendre le projet à ABC, en octobre 1970.
Judicieusement, les dirigeants du Network confièrent l’adaptation du manuscrit à Richard Matheson, à la fois l’une des plus brillantes plume américaines des littératures de l’imaginaire et praticien éprouvé de l’écriture télévisuelle, notamment depuis sa participation marquante à La Quatrième Dimension. Rebaptisé The Night Stalker et diffusé le 11 janvier 1972, le programme va connaître un immense succès, avec des audiences encore jamais rencontrées pour un téléfilm. Il connut même par la suite une diffusion en cinémas. Le public apprécie particulièrement la prestation de Darren McGavin en interprète de Kolchak. Richard Matheson reçut l’Edgard Howard, pour le meilleur scénario télévisuel de l’année. L’écho rencontré suscita naturellement la production d’un autre téléfilm, The Night Strangler, diffusé le 11 janvier 1973, se déroulant cette fois à Seattle. Écrit cette fois directement par Richard Matheson, il va s’avérer pratiquement aussi populaire que son prédécesseur. Le succès une nouvelle fois rencontré va permettre à Jeff Rice d’enfin publier son roman, mais aussi sa suite, car c’est lui lui procède à la novélisation du scénario de The Night Strangler. Un va-et-vient original entre écritures littéraire et télévisuelle. Alors qu’un troisième téléfilm était à l’étude (The Night Killers, se déroulant à Hawaï) ABC décida de plutôt commander une série. Kolchak : The Night Stalker, Dossiers brûlants en version française, est diffusée de septembre 1974 à mars 1975. Richard Matheson, désirant ne pas se lier à un projet de longue durée, ne sera toutefois pas de la partie. Dès le lancement du projet, la vedette de celle-ci, Darren McGavin, autour de qui s’est cristallisé le succès des téléfilms, obtint un statut officieux de showrunner. Sans être crédité, il supervisa l’écriture des scénarios et imposa sa vision de Kolchak et de l’univers de ce dernier. La forme narrative voyant Kolchak nous raconter ses enquêtes sera conservée.
Le pittoresque journaliste et son sceptique rédacteur en chef vont désormais officier à Chicago et affronter tout un bestiaire hétéroclite, au long de 20 épisodes. De grandes figures de l’épouvante gothique répondent à l’appel (Vampire, sorcière, loup-garou, momie...), aussi bien que d’autres relevant de la Science-fiction (Robots, extraterrestres…), ou issues de folklores divers (amérindien, créole ou hindou). Kolchak rencontre également quelques personnalités, telles le Cavalier sans tête, Jack l’Éventreur, ou encore Hélène de Troie ! L’écriture des épisodes fait l’objet d’un grand soin, utilisant ces figures bien connues souvent de manière originale au sein de l’Amérique des années 70, sur un rythme soutenu et des rebondissements astucieux. Les auteurs (parmi lesquels on trouve un jeune David Chase, bien avant Les Soprano) savent souvent privilégier la stimulation de l’imagination, plutôt que l’exposition littérale de l’horreur. Ils n’hésitent pas à souvent recourir à un divertissant second degré (notamment pour les seconds rôles), sans toutefois altérer la nature du récit horrifique. Celui-ci a sans doute inévitablement pris un coup de vieux aujourd’hui, notamment les effets spéciaux, mais l’humour (souvent noir) de l’ensemble demeure intact, de même que le charisme de Kolchak et l’intérêt de sa personnalité singulière.
Sans être catastrophique, l’audience demeura simplement correcte tout au long de la saison 74-75, loin de celle des téléfilms et progressivement décroissante. Diffusée le vendredi à 22h, puis 20h, le programme était soumis à forte concurrence : Sergent Anderson sur NBC et le Friday Night Show sur CBS. La férule de Darren McGavin alourdit également le climat de la production. Celle-ci enregistra plusieurs départs, dont celui de Gil Mellé, compositeur de la célèbre musique du générique, ou du producteur Paul Playdon, formellement en charge du programme, remplacé par Cy Chermak. L’obligation de tourner de nuit de nombreuses scènes, ajoutait une contrainte supplémentaire, usant l’équipe technique soumise également à la coutumière pression des délais et d’un faible budget. Épuisé et lassé, l’acteur annonça qu’il ne reviendrait pas pour une saison 2, signifiant l’abandon d’une série pourtant loin d’avoir épuisé son potentiel. Malgré son bref parcours, Dossiers brûlants, souvent considérée comme la toute première série américaine d’épouvante, aura néanmoins su plaire à une toute une partie de la jeunesse. Après avoir séduit une génération d’amateurs d’émotions fortes, la série a acquis une dimension culte au fil du temps, pour son mélange d’épouvante aux allures de série noire et d’humour incisif. En France, elle a été diffusée sur Canal + en 1989 et sur 13ème Rue en 2006, mais les deux téléfilms initiaux demeurent inédits. Son souvenir se poursuit également à travers les X-Files, Chris Carter, fan depuis toujours, l’ayant souvent citée comme source d’inspiration majeure de son concept. Et en effet les convergences abondent : paranormal traité à travers le format, sinon d’enquêtes policières, du moins journalistiques s’en rapprochant beaucoup, panorama très larges des thèmes traités, relevant aussi bien du Fantastique que de la Science-fiction, héros croyant au Surnaturel jusqu’à y perdre sa réputation professionnelle et ayant souvent à débattre avec un partenaire sceptique (le rédacteur en chef Tony Vincenzo), Monstre de la semaine, thématique de la vérité à découvrir, nombreux guests marquants, pas nécessairement déjà connus. C’est bien à juste titre qu’il invitera Darren McGavin, peu avant la mort de ce dernier, à venir interpréter un agent du FBI des années 50, à l’origine de la création du service des Affaires non classées. Toutefois la série présente deux spécificités. Contrairement à Mulder & Scully (mais aussi Buffy, les frères Winchester, Dale Cooper ou Olivia Dunham), Kolchak a bien des amis mais sans que ceux-ci interviennent le moins du monde dans le volet fantastique de ses activités. Face aux créatures des ténèbres, il enquête et agit toujours résolument seul, ce qui prive l’intrigue d’une important moteur et fait tout reposer sur Darren McGavin, jusqu’à l’épuisement. Par ailleurs, contrairement aux X-Files, aucun fil rouge, ou Mythologie, ne vient dynamiser une structure narrative demeurant invariablement épisodique, composée uniquement de loners tournant inexorablement au Formula Show. Bouclant la boucle, Franck Spotnitz produisit en 2005 Night Stalker : le Guetteur, remake de la série initiale lui-même très marqué par l’ambiance des X-Files (avec un héros doté d’associés à part entière et d’une Mythologie organisée autour d’une quête personnelle, à propos de son épouse disparue). Malgré ses qualités, cette tentative ne rencontra pas son public et s’arrêta au bout de dix épisodes. Lors de la saison 10 des X-Files (2016), l’auteur Darin Morgan rendra un ultime hommage à Carl Kolchak, le protagoniste très particulier de son épisode Mulder and Scully meet the Were-Monster apparaissant de son proverbial costume au chapeau de paille. |
A Chicago, malgré le scepticisme de son rédacteur en chef et ami de longue date Tony Vincenzo, le journaliste Carl Kolchak s’acharne à enquêter sur des crimes aussi abominables que mystérieux, le plus souvent nocturnes. Surnommé le Guetteur de Nuit, Kolchak s’intéresse particulièrement aux meurtres relevant du Surnaturel, allant plus loin que ne le peut, ou ne le désire, aller la police de la ville. Celle-ci est représentée par le Capitaine Siska, souvent exaspéré par ce journaliste venant régulièrement perturber son travail, tandis que la Goule, employé de la morgue, s’avère un allié précieux. Mais Kolchak doit avant tout faire face aux monstres qu’il découvre au terme des pistes qu’il remonte avec une passion opiniâtre, encore et toujours en quête de la vérité.
Malgré l’aide de son appareil photo et de son magnétophone, Kolchak doit malgré tout souvent composer avec le manque de preuves matérielles. Adorant sa Ford Mustang jaune, New-yorkais jusqu’au bout des ongles, toujours vêtu en journaliste des années 50 et au faîte de toutes les ficelles de son métier, il forme également une figure pittoresque de son agence d’informations, l’Independant News Service. Lié d’amitié avec Miss Emily Cowles, en charge du courrier des lecteurs, son mépris des conventions sociales et des puissants lui vaut par contre l’hostilité du chroniqueur mondain Ron Updyke. Malgré ses sonores colères devant les théories farfelues avancées par Kolchak, Tony Vincenzo, grande gueule sympathique, lui maintient son amitié et le laisse œuvrer à sa guise, tout au long de ses périlleuses enquêtes hors normes menées au cœur de la nuit de Chicago.