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TéléfilmsPrésentation

Dossiers brûlants

Saison 1



1.  LE VIOL
(THE RIPPER)



Date de diffusion : 13 septembre 1974

Scénario : Rudolph Borchert

Mise en scène : Allen Baron

Monstre de la Semaine : Jack l’Éventreur

Résumé :

A Chicago, suite à une nouvelle incartade, Kolchak est transféré au courrier des lecteurs par Tony. L’incompétent mais inoffensif Ron Updyke est chargé d’enquêter sur une mystérieuse succession d’assassinats de jeunes femmes. Kolchak prend malgré tout l’affaire en main, et, découvre que le tueur est en réalité Jack l’Eventreur, inexplicablement devenu immortel et d’une force surhumaine. Le journaliste découvre également que le point faible de l’assassin est l’électricité. Cela lui permet d’en triompher, mais toutes les preuves sont détruites dans l’incendie en résultant.

Critique :

Ce premier opus de la série présente le mérite de négocier habilement le passage des aventures de Kolchak du support des téléfilms à celui des épisodes de cinquante minutes. Même si la réduction de la durée contraint mécaniquement à abréger la présentation de Chicago vis-à-vis de ce qu’avaient pu connaître Las Vegas et Seattle, le nouveau décor impulse bel et bien une ambiance différente, celle du Midwest. Comme pour toute série, ce pilote a pour mission d’installer un univers permanent. Il a l’intelligence de capitaliser sur les deux téléfilms précédents, en ne perdant pas de temps à présenter Kolchak et Tony, ainsi que leur relation amicale toujours aussi joyeusement amicale.

Au contraire, le récit s’attache à présenter le décor central du journal, criant de vérité (et parfaitement organisé pour mettre en scène les énergiques confrontations entre Tony et Kolchak), ainsi que son personnel, souvent amusant. Le chroniqueur mondain, et très anti-Kolchak, Ron Updyke se voit également croqué avec saveur, porté par ce jeu d’acteur plaisamment accentué caractérisant souvent les séries 70’s. L’aspect conspirationniste disparait (Kolchak doit désormais évidemment cesser d’être expulsé de la ville !) mais la disparition accidentelle des preuves continue à fleurer bon les X-Files, où l’on a souvent vu l’équivalent. Les colères de la police résultent toujours aussi distrayantes.

Si la série se voit fort correctement mise sur les rails, on reste plus dubitatif quant au Monstre de la semaine. Confier le personnage de jack l’Eventreur à un cascadeur aussi doué et expérimenté que Mickey Gilbert autorise certes de nombreuses scènes d’action apportant un rythme considérable au récit. La confrontation finale avec Kolchak, préalablement dramatisée par la découverte macabre de la dépouille de la sympathique journaliste Jane Plumm, Mais cette priorité accordée au visuel bondissant fait qu’il ne reste plus grand-chose du Jack l’Eventreur originel, ni de l’effroi particulier qu’il suscite, il aurait pu être facilement échangé avec un membre quelconque du bestiaire fantastique, sans que cela ne modifie réellement l’histoire.

On n’explique jamais non plus la nature surnaturelle de l’Eventreur. Les amateurs des Avengers se verront par contre particulièrement à la fête avec un costume de l’Eventreur – et sa canne épée- reprenant au détail près celui du club The Gaslight Goul dans l’épisode Brouillard, en saison 6. L’opus n’évite pas non plus la simplification de l’intrigue du jour coutumière des pilotes, et il vrai que le différentiel s’avère particulièrement marqué avec les constructions précédentes d’un Richard Matheson désormais absent. On regrette en particulier le personnage beaucoup trop providentiel de la vieille dame curieuse, favorisant à l’excès la progression de Kolchak.

Anecdotes :

  • Mickey Gilbert (Jack l’Éventreur) fut avant tout un cascadeur à la carrière remarquablement longue. Il débuta à la fin des années 50 et participa encore en 2008 à l’excellente série Terminator – les Chroniques de Sarah Connor, en tant que coordonnateur. Il fut notamment le responsable des cascades de L’homme qui tombe à pic (1981-1986), série dont le héros est lui-même un cascadeur. Gilbert accomplit régulièrement de brèves apparitions en tant qu’acteur, il est ainsi la momie aztèque de l’épisode Legacy of Terror.

  • Beatrice Colen (Jane Plumm) est notamment connue pour avoir interprété Etta Candy, l’amie de Diana Prince, durant la série Wonder Woman (1975-1979). Elle a également participé à de nombreuses sitcoms.

  • Cet épisode et The Vampire (1.04) ont été associés pour une parution vidéo intitulée The Night Stalker: Two Tales of Terror

  • Los de sa dispute vec Kolchak, on aperçoit derrière Tony Vincenzo une photographie du Major. Gregory "Pappy" Boyington, aviateur héros de la Guerre du Pacifique. Or Simon Oakland interprètera son supérieur, le Général Thomas Moore, lors de la série Les Têtes brûlées (1976-1978).

  • Ruth McDevitt joue ici une vieille dame écrivant une lettre à la journaliste Miss Emily Cowles. Or elle interprètera ce personnage au cours de la série.

  • Il est ici indiqué que l’Eventreur inflige des blessures d’une précision chirurgicale, tout comme dans la réalité. Or il utilise uniquement une canne épée, dont il assène de grands coups, ce qui semble contradictoire.

  • La voiture de Kolchak est une Ford Mustang Convertible, qu’il conservera tout au long de la série.

  • Le titre français apparaît curieux car aucune des victimes de l’Eventreur n’est violée avant d’être assassinée. Une mépriseest peut-être survenue, le terme de Raper étant confondu avec Ripper.

  • Le capitaine de police se nomme Warren, un clin d’œil puisque l’enquête sur l’Eventreur historique fut dirigée par Sir Charles Warren, chef de la police métropolitaine de Londres.

  • Kolchak annonce à Tony qu’il va enquêter dans le Loop. S’étendant sur huit kilomètres entre le lac Michigan et la rivière Chicago, il s’agit du quartier d’affaires de Chicago, le deuxième plus important des États-Unis après celui de Manhattan. Le quartier forme le cœur de la ville (c’est là que débute la numérotation de rues) et contient ses gratte-ciels, dont jadis le Home Insurance Building, considéré comme le tout premier bâti au monde (1885). Comme montré dans l’épisode, la vie nocturne s’y montre particulièrement active.

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2.  LE ZOMBIE
(THE ZOMBIE)

Date de diffusion : 20 septembre 1974

Scénario : Alex Grasshoff

Mise en scène : Zekial Marko

Monstre de la Semaine : un Zombie !

Résumé :

Une guerre des gangs entre bookmakers oppose mafias italienne et noire. Un jeune truand originaire d’Haïti est assassiné par les italiens, mais sa grand-mère, Mama Loa, prêtresse vaudou, le transforme en zombie revenant exterminer un par un ses tueurs, Kolchak enquête sur l’affaire, malgré l’importune présence de Monique, nièce du propriétaire du journal s’étant entichée de journalisme. Il va découvrir au passage que le capitaine de la police est corrompu par les Italiens.

Critique :

Le scénario de ce deuxième épisode ne soulève pas l’enthousiasme, tant il se cantonne à une énième variation sur le thème du vaudou, ce qui le rend très prévisible dès lors que le décor est planté (une nouvelle succession de meurtres). Toutefois, à côté d’un Kolchak toujours survolté et d’un Tony toujours au bord de la crise de nerfs, ses personnages secondaires assurent son intérêt. Ainsi deux figures semi récurrentes de la série accomplissent ici une entrée en scène réussie. 

Aussi imbuvable que sûre d’elle-même et enhardie jusqu’à la témérité, Monique se montre souvent très amusante par son bagout, de même que la muflerie d’un Kolchak prêt à tout pour s’en débarrasser, afin de pouvoir se dédier uniquement à son enquête. Gordy la Goule (le Vampire en version française), employé de la morgue délicieusement vénal et cynique, se manifeste d’emblée comme l’un des informateurs de Kolchak les plus pittoresques. Il en va également du « Moine », au visage perpétuellement dissimulé, mais que l’on retrouvera malheureusement plus par la suite.

Par ailleurs l’épisode n’hésite pas à accorder une large place à des policiers véreux et colériques à des gangsters joyeusement caricaturaux, jusqu’à devenir une parodie légère et divertissante des séries policières connaissant un si grand succès au cours des années 70. On appréciera particulièrement de retrouver les flamboyants costumes des gangs noirs des films de la Blacksploitation alors en vogue. Le rôle du chef permet à Antonio Fargas, le futur Huggy les bons tuyaux de Starsky et Hutch (1975-1979), de se livrer à un cabotinage assez irrésistible.

A défaut d’innovante, l’intrigue vaudoue se montre solide et a le mérite de se montrer réellement documentée sur le sujet. Le duel final entre Kolchak et le Zombie dans le cimetière de voitures se montre également macabre et angoissant à souhait, jusqu’au bout du suspense. Une fois les preuves évidemment détruites, le récit s’achève astucieusement par un Jolchak interpellant le spectaeur à travers le Quatrième Mur, lui proposant d’aller vérifier au cimetière que le cercueil du Zombie est bien vide… s’il en a le courage ! Une conclusion typique de cette série sachant à merveille conjuguer humour et Fantastique horrifique.

Anecdotes :

  • Le Zombie est interprété par Earl Faison, célèbre joueur de football américain durant les années 60. Il était réputé par sa grande taille et accomplit quelques apparitions dans les séries télé des années 70. Il participe ainsi à l’épisode de L’Homme qui valait trois milliards consacré à ce sport, One of Our Running Backs Is Missing (3.08).

  • Le producteur Paul Playdon quitta l’épisode après cet épisode, suite à un conflit avec Darren McGavin. Ce dernier supervisa ensuite officieusement une grande partie de la production, même si Playdon fut remplacé par Cy Chalk. Ce dernier parvint ultérieurement à insérer le personnage de Miss Emily.

  • Le capitaine corrompu est interprété par Charles Aidman, qui incarna le protagoniste d’un des grands classiques de La Quatrième Dimension écrits par richard Matheson, La petite fille perdue (3.26). Il deviendra le narrateur de l’anthologie durant son retour des années 80 (La Cinquième Dimension).

  • Il s’agit de l’un des deux seuls épisodes où n’apparaît pas Ron Updyke, le chroniqueur mondain détestant Kolchak, avec The Sentry

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3.  LE VOYAGEUR
(THEY HAVE BEEN, THEY WILL BE, THEY ARE)

Date de diffusion : 27 septembre 1974

Scénario : Rudolph Borchert, d’après une histoire de Dennis Clark

Mise en scène : Allen Baron

Monstre de la Semaine : un Extraterrestre

Résumé :

Lingots de plomb qui disparaissent soudainement, montres soudainement bloquées, animaux d’un zoo puis êtres humains assassinés et dont la moelle épinière à disparue, radios parasitées… De multiples évènements inexplicables surviennent dans tout Chicago. Kolchak va mener l’enquête et découvrir qu’un Alien invisible se trouve dans la ville, une vérité dissimulée par des individus venus depuis de Washington.

Critique :

Le Voyageur constitue un épisode particulièrement plaisant et riche. On apprécie beaucoup qu’à la succession de meurtres des deux épisodes précédents, souvent linéaires et assez prévisibles, succède un récit beaucoup plus structuré en forme de puzzle. La nature de l’Ennemi met du temps à se dévoiler, et ses manifestations observées par Kolchak au cours de son enquête représentent autant d’indices ludiques dévoilant progressivement la Vérité. En fait on se rapproche agréablement de la structure des deux téléfilms de Richard Matheson. Les pérégrinations de Kolchak au cours de ce récit particulièrement mobile assurent également une jolie visite de quelques sites remarquables de Chicago, les scènes tournées au Planétarium s’avérant particulièrement réussies à cet égard.

 La mise en scène se montre également talentueuse, avec en particulier un Alien demeurant toujours invisible et se manifestant par un vent synonyme de mort prochaine. Cela permet d’éviter les maquillages parfois datés que l’on retrouvera au cours de la série, mais aussi les Aliens ultra kitchs à la Irwin Allen. Cela suscite également une atmosphère de mystère rendant très acceptable l’absence de réelle explication autour de la présence de l’Alien, ce flou autour des antagonistes advenant assez régulièrement au fil des aventures de Carl Kolchak. Sans que cela ne soit jamais explicité, on entrevoit toutefois un arrière–plan à la Predator. L’inévitable soucoupe parait également dépourvue de surcharge inutile, bien que dépourvue de l’élégance de celle des Envahisseurs.

Les amateurs des X-Files seront particulièrement aux anges (déchus), car Kolchak, The Night Stalker préfigure ici plus que jamais leur série fétiche. La présence d’l’Alien s’en prenant aux animaux d’un zoo évoque bien entendu Parole de Singe, mais entre les montres qui se bloquent en sa présence, les mystérieux hommes en costume venus de Washington orchestrer le retour de la conspiration du silence, les meurtres inexplicables, la manipulation de l’information, l’aide d’une scientifique analysant les indices matériels, ou encore le témoin affirmant à Kolchak que les autorités « nient tout en bloc », c’est bien l’ensemble de l’univers des X-Files qui s’annonce ici. L’ensemble se voit porté par un Darren McGavin en grande forme et un duo toujours hilarant formé avec Tony, notamment lors de la mémorable scène du diner.

Anecdotes :

  • Il s’agit de l’unique épisode où Kolchak ne parvient pas à vaincre le monstre de la semaine.

  • Les animaux agressés par l’Alien se trouvent au zoo de Lincoln Park. Ce zoo a été créé en 1868 et contient aujourd’hui près de 1 100 animaux, avec une grande variété d’espèces. Il se situe à Lincoln Park, le plus grand parc urbain de Chicago et le deuxième des Etats-Unis.

  • Afin de repérer où son vaisseau a dû se poser, l’Alien se rend au Planétarium de Chicago.  Le planétarium de Chicago fut fondé en 1930 par le magnat philanthrope Max Adler (également fondateur du Musée des Sciences et de l’Industrie, en 1933) et porte désormais son nom. Classé monument historique en 1987, il s’agit du premier Planétarium construit aux Etats-Unis.

  • Kolchak est un supporter des Cubs, l’équipe de baseball de Chicago, dont l’histoire remonte à 1870. Afin de mener son enquête, il renonce à assister à la final du championnat à laquelle participent les Cubs contre les Red Sox de Boston. Il s’agit d’un évènement particulièrement dramatique, car l’équipe, bien que très populaire, n’a pas remporté un titre depuis 1909. Les Cubs sont d’ailleurs surnommés les Lovable Losers.

  • L’épisode fut intitulé U.F.O. en syndication.

  • Le titre original est une reprise du Nécronomicon, le célèbre livre maudit imaginé par H. P. Lovecraft : The Old Ones were, the Old Ones are, and the Old Ones shall be. Not in the spaces we know, but between them. They walk serene and primal, undimensioned and to us unseen. (L'Abomination de Dunwich, 1929).

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4.  VAMPIRE-SUR-HOLLYWOOD
(THE VAMPIRE)

Date de diffusion : 4 octobre 1974

Scénario : David Chase, d'après une histoire de Bill Stratton

Mise en scène : Don Weis

Monstre de la Semaine : une Vampire, engendrée par celui du pilote de la série

Résumé :

Un journaliste de Los Angeles, ami de Kolchak, rend visite à ce dernier. Il lui révèle que plusieurs meurtres étonnants ont été répertoriés entre Las Vegas et Los Angeles. Kolchak comprend que son premier adversaire a eu le temps d’engendrer un autre Vampire avant d’être détruit. Il s’envole pour la Californie, où il va découvrir que le Fils de la Nuit est fait une femme aussi belle que féroce.

Critique :

Retrouver le thème particulièrement balisé du Vampire aussi peu de temps après le téléfilm initial aurait pu résulter comme un doublon, mais en définitive les auteurs se montrent suffisamment habiles pour éviter cet écueil. Bien au contraire, il crée un lien appréciable entre les téléfilms et la série leur succédant, renforçant la véracité de leur commun univers permanent.

Le sentiment de redite se voit évidemment battu en brèche par le fait que le Vampire devienne ici les femmes ; Cela renouvelle nombre de situations, notamment lors de son entrée en scène, où le scénario insère un joli twist voyant la donzelle supposée être la victime face à un homme passablement sinistre se révéler être la prédatrice, cruelle et sanguinaire (Joss Whedon insérera d’ailleurs une situation très similaire lors du pilote de Buffy contre les Vampires, avec la délicieuse Darla). On regrettera que comme lors du téléfilm initial, aucune joute oratoire n’oppose le Vampire à Kolchak, cela reste réellement frustrant.

La carnassière Catherine se montre toutefois nettement mieux insérée dans les 70’s que son Sire, notamment par son élégante garde-robe, renouvelant les poncifs gothiques propres au téléfilm initial. Un juste équilibre se voit trouvé, car elle conserve quelques-uns, comme l’inévitable manoir déniché même à Los Angeles, assez similaire à celui où résida Angel à Sunnydale. L’actrice Suzanne Charney, très belle, accomplit une superbe performance, Elle apporte une surprenante férocité à son Vampire, rendant les scènes d’agression, mais aussi la confrontation avec Kolchak, encore plus effrayantes que précédemment. La grande croix enflammée grâce à laquelle Kolchak triomphe à l’issue de ce duel à mort demeure l’une des images iconiques de la série.

La Cité des Anges succédant à celle des Péchés suscite elle-aussi son lot de nouveautés. Plusieurs jolies vues de Sunset Boulevard et d’Hollywood, comme de coutume favorisées par ce protagoniste ayant décidément la bougeotte. Les scénaristes n’oublient pas que Kolchak est un New-Yorkais d’origine et de cœur, d’où quelques piques réjouissantes dans la narration une nouvelle fois savoureuse du journaliste. Tout comme Tony, le lieutenant du LAPD (malheureusement pas Columbo) nous régale de ces sonores engueulades sans lesquelles le programme ne serait pas vraiment lui-même. Il réjouira par ailleurs les amateurs des X-Files en évoquant déjà les cultes sataniques comme explication des meurtres.

Particulièrement complet et réussi, l’épisode sait également proposer à Kolchak plusieurs amusantes rencontres, soit le deuxième moteur de la série après le fantastique horrifique. Toujours toniques, ces scénettes dynamisent la narration sans nuire à l’épouvante des scènes chocs. Los Angeles et sa faune se prêtent admirablement au jeu, on retiendra le shérif pittoresque et faussement bonasse de la Vallée, le caméo humoristique d’Army Archerd, chroniqueur vedette d’Hollywood pour Variety,  en concierge cancanier ou les piques envoyées au journalisme télévisuel durant la conversation avec l’ami de Kolchak. La partenaire d’aventure de Kolchak, trop idéalement propice pour le scénario, manque cependant de crédibilité et disparait bien soudainement.

Anecdotes :

  • Dans la version française, Kolchak évoque le Paris Dakar pour commenter la situation difficile d’une automobiliste tombée en panne. Un choix étonnant pour un journaliste américain, mais aussi parce que l’épisode remonte à 1974, alors que ce rallye a été lancé en 1978. En fait le doublage français a été réalisé en 1989, à l’occasion de la diffusion de la série sur Canal +.

  • Kolchak est excellemment doublé par Marc de Georgi, acteur de théâtre et grand spécialiste de l’exercice. Dans le domaine de l’animation, il assura notamment la voix d’Hydargos dans Goldorak et celle de Darkseid dans Superman, The Animated Series.

  • Dans le rôle de l’ami journaliste californien venu initialement rendre visite à Kolchak, on reconnaît brièvement Larry Storch. Celui-ci incarnait Angie, l’ami américain de Wilde dans l’épisode du même nom d’Amicalement vôtre (1971).

  • Quand Kolchak quitte Los Angeles, le plan extérieur montre un avion de la TWA, tandis que l’on voit un logo de la Pan Am dans la cabine.

  • Le scénario constitue une suite à celui du téléfilm initial, la Vampire ayant été engendrée par celui alors vaincu par Kolchak.

  • L’épisode est traditionnellement diffusé en premier en syndication. Il fut également associé à The Ripper (1.01), pour une parution vidéo intitulée The Night Stalker : Two Tales of Terror.

  • Auteur de la musique du générique, le compositeur Gil Melle quitta la série lors du tournage de cet épisode, suite à de mauvaises relations avec le duo Darren McGavin / Cy Chermak.  Ses créations demeureront toutefois entendues de temps à autres au cours de la série.

  • Le showrunner Cy Chermak a indiqué que The Vampire était son épisode préféré.

  • Pour cette enquête exceptionnellement située en dehors de Chicago, Kolchak renonce à sa Mustang jaune, pour louer une Chevrolet Impala Custom marron de 1973. Les Chevrolet Impala sont chaudement recommandées dès lors que l’on se confronte au Surnaturel.

  • Suzanne Charney (Catherine Rawlins, la Vampire) mena une double carrière de danseuse et d’actrice. Venue de Broadway, elle se fit connaître grâce à la série musicale Hullabaloo (1965-1966). Par la suite, elle participa à Kojak, The Rockford Files, Starsky & Hutch, The Incredible Hulk

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5. LE LOUP-GAROU
(THE WEREWOLF)

Date de diffusion : 1er novembre 1974

Scénario : David Chase et Paul Playdon

Mise en scène : Allen Baron

Monstre de la Semaine : un Loup-garou !

Résumé :

Kolchak participe à une croisière, de même qu’un passager ayant été préalablement mordu par un loup-garou. Malgré les efforts désespérés de ce dernier pour résister à la malédiction, il se transforme lors d’une nuit de pleine lune et commence à massacrer équipage et vacanciers. Kolchak devine progressivement le pot aux roses, avec l’aide d’une passagère aux multiples talents. Il parvient à fondre des balles en argent et finalement à abattre le monstre, mais la compagnie maritime étouffe la vérité.

Critique :

Après un début de série en fanfare, l’épisode détonne clairement, la faute en revenant à un scénario réellement minimaliste. Le début se montre prometteur, avec une évocation plaisamment sinistre des meurtres précédents, effectuée à l’aide de photographies en noir et blanc très suggestives. Mais il n’en sera plus du tout question par la suite, hormis pour une évocation ultra rapide, en fin d’épisode, du parcours du loup-garou. En définitive on se cantonnera à un flou très pratique sur ce sujet. Durant sa majeure partie, le récit se résume à une interminable course poursuite, Kolchak courant après l’équipage courant après le monstre, courant après ses victimes, on se croirait presque chez Benny Hill. La fait que Tony n’apparaisse pas prive également le récit du moteur de ses prises de bec avec Kolchak.

La mise en scène est à l’avenant, échouant totalement à apporter une intensité particulière à l’huis-clos que représente ce navire dans lequel rode une créature maléfique. Les manifestations du loup-garou se limitent à quelques bousculades jamais effrayantes et à des cascades classiques. Le tout se voit particulièrement grevé par un maquillage réellement indigent, même selon les normes de l’époque, et limité au seul visage. L’ensemble résulte bien plus ridicule qu’effrayant. Le récit n’oublie pas d’inclure la scène de transformation, un passage obligé des histoires de lycanthropes, mais l’évident  manque de moyens rend celle-ci singulièrement expéditive. La seul ambition manifeste de la mise en scène réside dans l’exploitation maximale du joli décor représentant le paquebot, multipliant à cette fin les allées et venues de Kolchak entre ses différents segments (passerelle, pont, piscine, salle de bal…).

L’épisode gagne cependant en intérêt avec son approche du petit monde de la croisière. Ses passagers célibataires venus très clairement profiter ensemble de tous les plaisirs de la vie, et son équipage oscillant entre le blasé et le vénal, suscitent une atmosphère joyeusement canaille, exaspérant joyeusement Kolchak durant son enquête. On se trouve devant un quasi égrillard pastiche prémonitoire de la série si romantique que constituera bientôt La Croisière s’amuse. Si l’associée du jour de Kolchak brille derechef par ses multiples talents si directement façonnés pour accélérer l’enquête (jusqu’à la cinéphilie pour la connaissance des loups-garous et la connaissance de la langue italienne pour comprendre l’équipage !), elle est campée avec une revigorante énergie par Nita Talbot, tan dis que le duo formé avec Darren McGavin fonctionne parfaitement. Eric Braeden apporte enfin une vraie présence inquiétante, avec le versant humain du loup-garou.

Anecdotes :

  • Le personnel du journal est touché par ce que Kolchak désigne comme la grippe asiatique. Le terme désigne une forte épidémie de grippe ayant atteint les USA à l’été 1957, en provenance de Chine. Elle y fit près de 70 000 morts. Au niveau mondial, les évaluations du nombre de victimes oscillent entre 1 et 4 millions. Un pandémie beaucoup plus légère, issue de la même souche, avait également frappé le pays en 1969, quelques années avant la diffusion de l’épisode.

  • Encore prénommée Edith (ensuite définitivement Emily), Miss Cowels fait ici son apparition. Evoquée comme responsable du courrier du codeur lors du pilote, elle est désormais une chroniqueuse d’énigmes policières.

  • Ruth McDevitt (Miss Edith/Emily Cowels) fut avant tout une grande figure de Braodway et des dramatiques radiodiffusées, spécialiste des rôles humoristiques. Elle participe néanmoins à de nombreuses séries, des années 50 aux 70 : The Alfred Hitchcock Hour, The Andy Griffith Show, I Dream of Jeannie, Bewitched, Mannix, The Streets of San Francisco

  • Eric Braeden (Bernhardt Stieglitz, le Loup-garou) a la double nationalité allemande et américaine, ayant émigré aux USA en 1959. Il est un spécialiste reconnu en personnages inquiétants, tels le Dr Otto Hasslein dans Les Évadés de la planète des singes (1971). Son rôle le plus connu demeure celui du magnat Victor Newman, qu’il interprète depuis 1980, et plus de 2 500 épisodes, dans Les Feux de l’Amour, ainsi que dans plusieurs crossovers avec Amour, Gloire et Beauté. La qualité de son interprétation lui vaut de devenir l’une des rares vedettes de soap-opera à obtenir son étoile sur le Walk of Fame, en 2007.

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6.  LA GRANDE QUESTION
(FIRE-FALL)

Date de diffusion : 8 novembre 1974

Scénario : Bill S. Ballinger

Mise en scène : Don Weis

Monstre de la Semaine : le fantôme d’un pyromane

Résumé :

Le convoi funéraire d’un incendiaire mélomane, mort violemment, croise la voiture d’un prestigieux chef d’orchestre. Dès lors il est capable d’effectuer des apparitions fantomatiques en prenant l’apparence du musicien. Il entreprend de tuer les proches de ce dernier (Premier violon, étudiante en musicologie…), en provoquant leur combustion spontanée dès lors qu’ils sont endormis. Kolchak parvient à dénouer cet écheveau et envoyer l’esprit dans l’au-delà grâce à un rituel fourni par une diseuse de bonne aventure.

Critique :

On peut certes regretter que le pot aux roses nous soit révélé dès le début du récit, il aurait été pus intrigant pour le spectateur de progressivement découvrir la vérité en même temps que Kolchak. Le parcours du journaliste demeure néanmoins intéressant à suivre pour le jeu des déductions et de ses nombreuses rencontres humoristiques ou insolites dont la série a le secret. On apprécie particulièrement la distrayante dame au petit chien, le fils de l’incendiaire déjà lui-même bie n allumé et, surtout, la très piquante diseuse de bonne aventure, romanichelle d’opérette aussi sympathique que vénale. Kolchak dispose sans doute de la gamme d’informateurs la plus colorée et étonnante de l’époque ! On renoue également avec le pur suspense dès lors que Kolchak a compris la clef de l’énigme et débute le combat direct. On regrettera un sous-emploi du cadre original de l’orchestre symphonique, qui serait devenu bien plus présent avec une réelle corrélation entre les pouvoirs du spectre et la musique.

Si la peinture de la nature et des attributs du fantôme résulte quelque peu alambiquée, en définitive elle autorise la conjugaison efficace de diverses frayeurs :  la peur, primale du feu, la crainte d’avoir à s’endormir, mais aussi l’inquiétante présence du Double. L’ensemble suscite un niveau de paranoïa se rapprochant d’épisodes similaires, on songe notamment à L’incendiaire, pour les combustions spontanées ou la référence aux liquides hautement inflammables. La mise en sècne ne maîtrise pas aussi superbement le feu, loin de là. Mais, si les crémations se limitent à quelques peu onéreuses fumées dissimulant l’acte en lui-même, la vision des corps calcinés demeure troublante.  Outre quelques jolis inserts aériens de Chicago, la réalisation réussit également une scène forte, aux limites de l’onirisme, quand l’esprit se manifeste aux vitraux de l’église où Kolchak et le chef d’orchestre se sont réfugiés. La confrontation finale apparaît également réussie, Darren Mc Gavin ne manifestant aucune peur des flammes !

Anecdotes :

  • L’épisode fut combiné à The Energy Eater (1.10) et à une nouvelle narration par Darren McGavin, afin de composer le téléfilm Crackle of Death, diffusé indépendamment de la syndication.

  • L’épisode est parfois présenté sous le titre The Doppleganger.

  • L’un des lieux utilisés durant le tournage, l’église St. Joseph de Los Angeles, brûla effectivement, en 1983.

  • Dans le rôle du spécialiste des incendies renseignant brièvement Kolchak, on reconnaît David Doyle. Il va devenir célèbre deux ans plus tard, avec le rôle du Bosley des Drôles de Dames (1976-1981).

  • L’épisode fait référence à l’orchestre symphonique de Chicago, l’un des plus prestigieux et anciens des Etats-Unis (1891). Tout comme dans l’épisode il est effectivement régulièrement dirigé par des chefs d’orchestre connus mondialement, Lors de la diffusion de la série, il s’agissait de Georg Solti, auquel succéda Daniel Barenboim. L'orchestre de Chicago est également réputé proposer le plus haut salaire au monde à son chef principal, ceci expliquant cela !

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7.  LA PLATE-FORME DU DIABLE
(THE DEVIL'S PLATFORM)

Date de diffusion : 15 novembre 1974

Scénario : Donn Mullally, d'après une histoire de Tim Maschler

Mise en scène : Allen Baron

Monstre de la Semaine : un politicien ayant signé un pacte avec Satan

Résumé :

Alors qu’une élection sénatoriale se déroule, Robert Palmer, hier petit élu local, est désormais en tête des sondages. Il faut dire que quiconque s’oppose à sa campagne meurt subitement, apparemment par accident. Interloqué par ce phénomène, Kolchak mène une enquête et découvre une effarante vérité. Palmer a signé un pacte avec le Bible, lui permettant de revêtir la forme d’un invulnérable molosse infernal. Il tue ainsi ses ennemis mais Kolchak en triomphe grâce à une bouteille d’eau bénite.

Critique :

L’écriture de cet épisode fut confiée successivement à différents scénaristes, une multiplicité s’avérant dommageable pour son contenu manquant d’unité. En effet le récit réside tout du long entre deux voies, celle de la satire du système électorales américain, à travers le symbole assez peu nuancé du pacte faustien passé par un politicien, ou le récit d’épouvante gothique pur s’appuyant sur toute l’imagerie traditionnelle de la magie noire. Insuffisamment développés, les deux thèmes ne convainquent guère.

Ainsi chacun des différents meurtres concerne un aspect de la campagne (sponsors, sondages, spin doctors, heureusement qu’une tentative concernant la presse, etc.), mais l’on en reste à un simple catalogue de citations, aucun de ces thèmes ne se voyant réellement creusé. L’ensemble manque de subtilité, cette succession d’assassinats déblayant certes le chemin mais expliquant en rien la popularité soudaine de Palmer. On s’étonne aussi que Kolchak soit le seul à s’émouvoir d’une telle effarante accumulation, même en dehors de tout aspect fantastique !

Si le volet surnaturel a la bonne idée de s’inspirer du folklore avec la figure du Hellhound, mais son traitement demeure empreint de flou. Palmer n’étant jamais montré avoir recours à un autre pouvoir que celui de la transformation, on ne voit pas très bien comment un molosse, aussi redoutable soit-il peut provoquer l’explosion d’un yacht ou la chute d’un ascenseur. La confrontation finale, supposée être terrifiante, pâtit de la mauvaise qualité de l’évident décor en carton-pâte censé symboliser la crypte de Palmer.

Outre la solide composition de Skerritt, l’épisode vaut toutefois pour son humour, par l’approche goguenarde des élections par Kolchak et l’échange nourri de réjouissantes répliques acidulées au sein du journal. De retour de ses vacances romaines, Emily se révèle un personnage très amusant, son apparence d’aimable vieille dame cachant une enquiquineuse de première, entre cadeaux fielleux et récriminations enrobées de sucre. La scène voyant Tony, homme traqué, s’enfuir devant les diatribes conjuguées d’Emily et de Kolchak reste un grand moment. La vraie vedette du jour reste cependant le chien, particulièrement expressif et menaçant.

Anecdotes :

  • Le molosse diabolique est en fait un rottweiler.

  • Les personnes apparaissant dans l’ascenseur après sa chute sont à peu près deux fois moins nombreuses qu’au départ.

  • La rencontre entre Palmer et Susan Driscoll est censée se dérouler au Lincloln Park le grand parc urbain de Chicago. Or les deux personnages sont entourés d’eucalyptus, arbres ne poussant dans l’Illinois, mais bien en Californie.

  • Tom Skerritt (Sénateur Robert W. Palmer) est apparu dans un grand nombre de séries depuis les années 60. Son rôle le plus connu demeure celui du Shérif Jimmy Brock, héros de Un drôle de shérif (1992-1996).Au cinéma, il participe notamment à Alien, le Huitième Passager (1979), où il joue le capitaine du Nostromo.

  • L’action précède l’Election Day, c’est-à-dire le jour de l’élection d’un tiers des Sénateurs et de l’ensemble des Représentants, ainsi que de nombre d’assemblées locales. Depuis 1845, l’Élection Day se déroule tous les deux ans, le mardi suivant le premier lundi de novembre. Une élection sénatoriale s’est effectivement déroulée en 1974 dans l’Illinois, où se situe Chicago. Elle a vu la réélection du Démocrate Adlai Stevenson III, en fonctions de 1970 à 1981.

  • La photo de Palmer détenue par Kolchak est en noir et blanc, mais elle devient inexplicablement en couleurs après son agrandissement.

  • Quand Kolchak se trouve dans la cave, des toiles d’araignée ne cessent de disparaître puis de réapparaître sur son chapeau. 

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8.  RETOUR AUX SOURCES
(BAD MEDICINE)

Date de diffusion : 29 novembre 1974

Scénario : L. Ford Neale et John Huff

Mise en scène : Alex Grasshoff

Monstre de la Semaine : le Diablero, un chaman indien maléfique

Résumé :

Plusieurs dames de la haute société de Chicago sont découvertes mortes, dans ce qui ressemble fort à des suicides. Trouvant étrange cette succession de décès, Kolchak découvre qu’elle est le fait du Diablero, un chaman indien ayant le pouvoir de se muer en ses animaux totems (coyote et corbeau), ainsi que d’hypnotiser ses victimes. Il dérobe les bijoux des femmes assassinées, afin de se créer un trésor permettant de lever une malédiction pesant sur lui. Kolchak parvient à le vaincre grâce aux indications d’un chef indien, Rolling Thunder.

Critique :

Bad Medecine appartient à ces épisodes d’inspiration amérindienne résultant incontournables dans les séries américaines relevant du Fantastique ou de la Science-fiction (les X-Files accorderont d’ailleurs une de choix aux Anasazi). Le récit du jour se sort fort honorablement de ce passage obligé, malgré une enquête au demeurant très classique, avec les défauts habituels de la rencontre trop providentielle (le chef Rolling Thunder et sa solution clef en mains) et de l’aspect Formula show de la succession de meurtres. Le montage se montre suffisamment nerveux pour dynamiser l’ensemble, tandis que pétille l’humour propre à la série, avec le petit monde de la rédaction et unenarration toujours plaisamment cynique et sensationnaliste par Kolchak (Darren McGavin, toujours excellent).

Mais c’est essentiellement sa dimension amérindienne qui assure la spécificité de l’opus, comme son succès. Ce folklore fait ainsi l’objet d’une étude relativement soignée, autant que lpermet le format de ce type de série, avec le recours aux changeurs de formes et aux animaux totems, ainsi qu’à la distinction établie entre monde matériel et spirituel. Tout comme lors de l’épisode précédent, la série sait mettre en valeur les animaux, sous un angle bien entendu sinistre et angoissant, les apparitions du coyote et du corbeau se voient ainsi filmées avec un soin tout particulier (certains effets évoquent quelque peu Manimal). Trois ans avant L’espion qui m’aimait, la présence de Richard Kiel demeure en soi une curiosité, d’autant que l’imposant acteur parvient à rendre réellement troublantes les apparitions mutiques du Diablero.

Anecdotes :

  • Richard Kiel (Diablero) reste bien entendu l'interprète du redoutable Requin, adversaire de 007 dans L'Espion qui m'aimait, puis dans Moonraker. Atteint d'acromégalie, son physique imposant faillit lui valoir le rôle de Hulk, qui finalement échut à Lou Ferrigno. Il participa également à de nombreuses séries B ainsi qu'aux Mystères de l'Ouest, où il incarna Voltaire, le géant au service de l'infâme Dr Loveless, ou La Quatrième Dimension, dans le célèbre épisode Pour servir l’homme.

  • Après quelques variations, Miss Emily prend ici son nom définitif, Emily Cowles.

  • Karl a pris des photos du Diablero lors de l’échange de bijoux et des enchères, mais, inexplicablement, ne s’en sert jamais durant son enquête. Il décrit ainsi le Diablero au chef indien Rolling Thunder, au lieu de lui montrer un cliché

  • En syndication, l’épisode fut intitulé The Diablero.

  • Kolchak fait allusion à la formation de barbier reçue par son indicateur Delgado au pénitencier d’Etat de Joliet (The Joliet State College of Barbering). Cette prison de l’Illinois, en activité de 1858 à 2002, est restée fameuse pour ses apparitions à l’écran. Elle figure ainsi au début du film The Blues Brothers (1980) et sert de décor à la première saison de Prison break (2005).

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9.  LE CROQUE-MITAINE
(THE SPANISH MOSS MURDERS)

Date de diffusion : 6 décembre 1974

Scénario : Al Friedman et David Chase

Mise en scène : Gordon Hessler

Monstre de la Semaine : le Père Malfait, une créature des marais du folklore de Louisiane

Résumé :

Des personnes n’ayant à-priori rien à voir entre elles sont retrouvées mortes, la cage thoracique broyée. En menant à son terme une enquête complexe, Kolchak va dénouer un écheveau entremêlant folklore de Louisiane et étranges propriétés du sommeil profond. Un jeune Cajun participe à une expérience sur le sommeil, mais ses rêves stimulés donnent réalité à ses frayeurs enfantines les plus profondes : le Père Malfait, croquemitaine local recouvert de mousse espagnole. Lors d’un affrontement dans les égouts, Kolchak vainc le monstre en le transperçant de la branche d’un arbuste désigné par la tradition cajun.

Critique :

On apprécie vivement qu’en un format plus court, l’épisode parvienne à développer une enquête aussi plaisamment enchevêtrée que lors des deux téléfilms initiaux. Toute la première partie du récit revêt ainsi l’aspect d’une énigme particulièrement opaque, alors que s’accumulent les éléments en apparence totalement disjoints. Kolchak parvient à progressivement révéler la vérité au spectateur, d’une manière convaincante, apportant ainsi comme une impression de véracité à l’ensemble. Les informations sont intelligemment disséminées parmi les différents témoins rencontrés lors du jeu de piste, sans, comme parfois, que l’un d’entre deux ne devienne par trop providentiel. Tout en se montrant amusants (à l’instar de l’irascible capitaine de police), ils s’avèrent également moins excentriques qu’à l’accoutumée, conformément à la tonalité davantage sombre et inquiétante de l’opus.

L’épisode sait également varier ses effets, avec des fenêtres ouvertes aussi bien sur la musique hippie que sur la culture cajun, avec l’inquiétant folklore du Père Malfait et de la mousse espagnole, cette sinistre plante pendant des arbres et traditionnellement associée à l’horreur gothique de Louisiane. Malgré l’économie de moyens propre à la série The Spanish Moss Murders brille également par sa mis en scène. Les apparitions du monstre, auquel un Richard Kiel totalement méconnaissable prête à nouveau son imposante stature, se voient filmées avec talent et inventivité : vues : inquiétant reflet dans une vitre, effroi dans le regard des victimes, combat final oppressant et anxiogène dans les égouts. La mise à mort avec une branche plantée dans le cœur évoque cette fois davantage Supernatural que les X-Files, même si le mix entre propriétés du sommeil et égouts évoque conjointement  Sleepless et The Host.

Anecdotes :

  • Richard Kiel (Père Malfait) reste bien entendu l'interprète du redoutable Requin, adversaire de 007 dans L'Espion qui m'aimait, puis dans Moonraker. Atteint d'acromégalie, son physique imposant faillit lui valoir le rôle de Hulk, qui finalement échut à Lou Ferrigno. Il participa également à de nombreuses séries B ainsi qu'aux Mystères de l'Ouest, où il incarna Voltaire, le géant au service de l'infâme Dr Loveless, ou La Quatrième Dimension, dans le célèbre épisode Pour servir l’homme. Il incarnait déjà l’antagoniste lors de l’épisode précédent.

  • Kolchak compare le chef du restaurant français Chez Voltaire à Debussy et Gauguin. Le nom du restaurant constitue peut-être un clin d’œil au rôle tenu par Richard Kiel dans Les Mystères de l’Ouest.

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10.  SUR LE SENTIER DE LA GUERRE
(THE ENERGY EATER)

Date de diffusion : 13 décembre 1974

Scénario : Arthur Rowe et Rudolph Bochert

Mise en scène : Alex Grasshoff

Monstre de la Semaine : le Matchemonedo, dieu-ours amérindien

Résumé :

Un grand hôpital ultra moderne vient d’être inauguré à Chicago, alors que deux ouvriers indiens sont inexplicablement morts durant les travaux. Les phénomènes étranges se poursuivent au sous-sol de l’établissement, où des lézardes apparaissent sur les murs et où patients et personnels sont tués par des décharges électriques. Aidé par le chaman de la tribu indienne et une infirmière du service des autopsies, Kolchak détermine que l’antique dieu-ours des indiens (le Matchemonedo, être de pure énergie) a été réveillé par les travaux. Les autorités le replongent en hibernation en noyant le sous-sol dans l’azote liquide

Critique :

The Energy Monster (au titre français totalement ridicule et hors sujet) introduit un nouvel épisode amérindien au sein de la série, mais dont la réussite va malheureusement s’avérer bien moindre que lors de Bad Medecine. En effet, après une énigme initiale correctement posée, le récit devient vite répétitif jusqu’à la caricature. En effet Kolchak passe la majeure partie de l’épisode à revenir encore et toujours, seul ou accompagné dans le décor très impersonnel du sous-sol de l’hôpital ; Les manifestations de Matchemondo, toujours les mêmes, s’y réitèrent infailliblement, renforçant encore la prévisibilité de l’action et la lassitude du spectateur.

En guise d’enquête, la série retombe dans son travers consistant à mettre en avant une source d’informations bien trop providentielle pour Kolchak. De plus la conclusion nous prive du percutant rituel de la confrontation finale, le terrible dieu-ours laissant docilement les autorités le replonger en hibernation. La participation de Kolchak se limite à un coup d’extincteur ! Rendre crédible son histoire auprès de police s‘avère une voie sans issue, car il en est alors dépossédé. Le passage de la mythologie amérindienne à l’électricité domestiquée par l’homme s’effectue également dans un grand flou.

Quelques éléments d’intérêt surnagent comme le portrait d’un chaman épicurien et dandy, bien loin des clichés et interprété avec aisance par Jim Elkhorn. L’importance du bâtiment dans le récit donne lieu à de magnifiques inserts représentant les édifices de Chicago, de manière davantage développée qu’à l’accoutumée. Les amateurs des X-files se réjouiront de découvrir Kolchak associé à une spécialiste des autopsies (ha, ces brûlures à l’électricité), tandis que cette histoire de menace primordiale s’éveillant selon un rythme cyclique (l’été et l’hiver succédant au jour et à la nuit) évoquera quelque peu Darkness Falls. Mais tout ceci ne suffit pas à compenser les faiblesses du scénario.

Anecdotes :

  • Après une carrière militaire, William Smith (Jim Elkhorn) participa à de nombreuses séries à partir des années 60, notamment policières et de Western. Son imposante stature lui valut de tenir de nombreux rôles d’action au cinéma (Ça va cogner, 1978).

  • L’épisode fut combiné avec un autre, Firefall, afin de constituer un téléfilm intitulé Crackle of Death.

  • Seuls les Indiens participant à la construction du bâtiment sont tués et non les travailleurs d’autres ethnies, ce qui n’est jamais expliqué.

  • En syndication, l’épisode fut intitulé The Matchemonedo.

  • Parmi les nombreux édifices de Chicago montrés, on remarque une immense tour sombre dominant la ville et déjà vue à de multiples reprises au cours de la série. Il s’agit du John Hancock Center, gratte-ciel de 344 mètres de hauteur (457 avec les antennes). Inauguré en 1969 et comportant, il s’agit alors de l’immeuble le plus haut des États-Unis, en dehors de New York. Big Jon, comme il est localement surnommé, contient un restaurant situé au 95ème étage, offrant une vue unique sur la ville.

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11.  LE VERTIGE
(HORROR IN THE HEIGHTS)

Date de diffusion : 20 décembre 1974

Scénario : Jimmy Sangster

Mise en scène : Michael T. Caffey

Monstre de la Semaine : un démon hindou, le Rakshasa,

Résumé :

Le quartier résidentiel de Roosevelt Heights, peuplé majoritairement de juifs retraités, est laissé à l’abandon par les autorités. Des meurtres abominables s’y déroulent de nuit, la police mettant plutôt en cause des rats dévorant les cadavres de vieilles personnes décédées. La population suspecte un restaurateur indien, supposé être antimite car peignant de nombreuses croix gammées dans le quartier. Mais Kolchak découvre qu’il s’agit en fait d’un prêtre hindouiste dont les svastikas sont destinées à écarter un démon, le Rakshasa. Ce dévoreur de chair humaine dupe ses victimes en prenant la forme de personnes aimées.

Critique :

Avec David Chase (mais aussi Robert Zemeckis ou Bob Gale) Kolchak The Night Stalker a su bénéficier de l'apport de jeunes et brillants scénaristes, appelés à connaître une superbe carrière. Avec cette unique participation de Jimmy Sangster à la série, celle-ci capitalise au contraire sur la grande expérience et et le talent très sûr de cette grande plume de la Hammer, active depuis les années 50 (The Curse of Frankenstein, 1957 ; Dracula, prince of darkness, 1965, etc.). Ce pilier de l’âge d’or de la Hammer s’est également essayé avec succès au roman policier et présente donc le profil idéal pour les récits horrifiques structurés en enquêtes que constituent les Dossiers brûlants.

Et de fait le scénario se montre particulièrement habile. Tout en élargissant le récit à des thématiques sociales l’enrichissant (le triste sort des retraités dans le système américain, les quartiers devenus ghettos, l’antisémitisme...), Sangster sait impeccablement installer une horreur encore plus prégnante qu’à l’accoutumée. D’abord totalement inexpliquées, les manifestations du Rakshasa sous l’aspect de personnes proches de ses proies suscitent une étrangeté très déstabilisante pour le spectateur, avant que l’effet ne se voit parachevé par des mises à mot demeurant très suggestives même si les aspects les plus gores demeurent dissimulés. Le minutage de ces apparitions s’avère également idéal pour relancer l’intérêt d’une enquête solidement menée. Les divers rebondissements paraîtront toutefois moins originaux aujourd’hui aux amateurs d’une série comme Supernatural, auquel l’opus fait ici davantage songer qu’aux X-Files.

 Sangster intègre également les divers codes de la série, avec des personnages secondaires et des indicateurs particulièrement amusants, confiés à des acteurs comiques expérimentés (Phils Silvers, Murray Matheson). Le courant passe formidablement bien avec Darren McGavin, contribuant à la réussite de mélange original entre humour et épouvante propre à la série. La mise en scène sait rendre oppressante l’atmosphère nocturne du quartier décati, même quand celui-ci est reconstitué en studios. Les apparitions du monstre, toujours incarné par un Richard Kiel aussi méconnaissable que non crédité, sont également filmées avec impact. L’opus compose bien l’une des plus grandes réussites de la série.

Anecdotes :

  • En début d’épisode le toit de la Mustang décapotable de Kolchak apparaît soudainement déployé, en totale discontinuité.

  • En syndication, l’épisode fut intitulé The Rakshasa.

  • Richard Kiel, non crédité, interprète le Rakshasa. Il avait également joué l’antagoniste de deux précédents épisodes, The Spanish Moss Murders et Bad Medicine.

  • Le Rakshasa est un démon changeur de formes de la mythologie hindoue, amateur de chair humaine et de profanation des rituels. Les Frères Winchester, héros de la série Supernatural (depuis 2005), en ont également affronté un, lors de l’épisode Everybody Loves A Clown (2.02).

  • Seulement la moitié des svastikas hindous sont correctement représentés en sens inverse des croix gammées, mas l’autre moitié représente bel et bien le symbole nazi.

  • Gary Gygax a indiqué qu’il s’était basé sur cet épisode pour introduire le Rakshasa au sein de l’univers médiéval-fantastique de son célèbre jeu de rôles Donjons et Dragons

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12.  PRÉNOM R.I.N.G.
(MR R.I.N.G.)

Date de diffusion : 10 janvier 1975

Scénario : L. Ford Neale & John Huff

Mise en scène : Gene Levitt

Monstre de la Semaine : un robot

Résumé :

Robot conçu par l’armée, RING doit être débranché du fait des sentiments humanistes que lui a incorporé sa programmatrice, le Dr. Dwyer Mais il s’échappe après avoir tué le scientifique venu le supprimer (Dwyer l’ayant aussi doté de l’instinct de survie). Il entreprend alors de devenir un être humain (masque, maquillage, vêtements), tout en causant d’autres meurtres sans comprendre ce qu’il provoque. Kolchak mène l’enquête et finit par retrouver RING, qui s’est réfugié auprès du Dr. Dwyer. L’armée intervient et abat RING, avant de faire subir un lavage de cerveau à Kolchak.

Critique :

Après Le Voyageur, Les Dossiers brûlants s’aventurent ici pour la deuxième fois dans le pur domaine de la Science-fiction, en délaissant le Fantastique coutumier. Malheureusement, force est de constater que ce détour s’effectue de manière moins convaincante que précédemment. En effet le scénario cumule plusieurs difficultés. Ainsi Kolchak se cantonne ici à rôle de perpétuel observateur des évènements, sur lesquels il n’a jamais prise. Il demeure le narrateur d’une histoire pouvant tout à fait se concevoir sans lui, d’où une certaine frustration. Par ailleurs l’accumulation d’éléments pseudo scientifiques relatifs à la robotique alourdit le récit, élément d’autant plus sensible que Kolchak et ses contacts résultent moins hauts en couleurs qu’à l’accoutumée. Fort heureusement, même avec une présence réduite (caractéristique de la seconde moitié de la série), le petit monde du journal continue à apporter un humour sympathique.

L’épisode semble se trouver un intéressant sujet d’horreur poétique, avec ce robot tendant de devenir humain avec une compréhension limitée et en demeurant un émouvant simulacre. Les quelques scènes centrées sur RING s’avèrent réellement émouvantes, même si trop peu nombreuses. Le récit aurait clairement gagné à être considéré de son point de vue, plutôt que de celui d’un Kolchak trop externe, ou d’une programmatrice trop mélodramatique. Il n’est reste pas moins que cette conclusion. Violement antimilitaire, inimaginable durant les productions des années 60, proclame bien que nous sommes désormais entrés dans une décennie de contestations, tout en suscitant une glaciale paranoïa conspirationniste évoquant très clairement les X-Files. Malgré ses maladresses, Mr R.I.N.G. préfigure d’ailleurs déjà le succès, pour le coup très 80’s, de Short Circuit en 1986.

Anecdotes :

  • Le premier meurtre se déroule le 02 avril, et Kolchak enquête le lendemain. Or le jour suivant, quand il se rend à l’appartement de Dwyer, on voit que nous sommes encore le 03 avril.

  • R.I.N.G. signifie Robomatic Internalized Nerve Ganglia.

  • Craig R. Baxley (Mr. R.I.N.G) fut un cascadeur participant à nombre de séries des années 70 et 80. Il assura ainsi la coordination de celles de Super Jaimie et de L’Agence tous risques et participa à nombre de celles de Dossiers brûlants, jouant plusieurs autres antagonistes. Il se consacra ensuite à la réalisation (The Lost Room).

  • Bert Freed (capitaine Akins) fut le premier interprète du Lieutenant Columbo (Enough Rope, 1960).

  • Julie Adams (l’épouse alcoolique) est interprétée par Julie Adams, une icône du cinéma d’épouvante pour avoir été la jeune baigneuse de L'Étrange Créature du lac noir (1954).

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13.   LES HURLEMENTS
(PRIMAL SCREAM)

Date de diffusion : 17 janvier 1975

Scénario : Bill S. Ballinger and David Chase

Mise en scène : Robert Scheerer

Monstre de la Semaine : un primate préhistorique

Résumé :

Une compagnie pétrolière réalise des recherches au Pôle nord et découvre des germes enfouis à grande profondeur. Ils sont rapportés dans un laboratoire de Chicago pour être analysés, mais un incident leur fait donner naissance à un homme préhistorique anthropophage. Celui-ci perpétue plusieurs meurtres nocturnes, tandis que la police et la compagnie s’allient pour étouffer le scandale. Kolchak parvient à réunir suffisamment d’indices pour débusquer le monstre dans sa tanière, les souterrains où fut jadis testée la première bombe atomique.

Critique :

Arrivée ici à son deuxième tiers, l’unique saison de Kolchak, The Night Stalker revêt comme des allures de Formula Show. En effet l’épisode se compose quasi exclusivement de resucées d’éléments vus dans ses prédécesseurs : un motif rapidement survolé, une succession de meurtres nocturnes, Kolchak rencontrant plusieurs personnalités hautes en couleurs durant une enquête lui permettant de cerner les caractéristiques et les faiblesses du Monstre de la semaine, confrontation finale entre le héros et son adversaire. Le duo d’auteurs ne cherche absolument pas à sortir des sentiers battus, d’où une grande prévisibilité de l’ensemble, même si l’intérêt apparait de positionner Primal Scream en épisode idéal pour découvrir un programme qu’il synthétise à merveille. C’est d’autant plus vrai que, si Chase et Ballinger ne se montrent guère ambitieux sur le fond, ils excellent sur la forme.

En effet le récit demeure particulièrement plaisant grâce à des rencontres toniques relevant souvent de la pure comédie. Il en va ainsi du professeur d’université jaloux de ses confrères et haïssant ses étudiants, ou du huileux et cynique responsable des relations publiques de la compagnie pétrolière. Le capitaine de police du jour se montre particulièrement irrésistible par l’aversion qu’il porte à Kolchak, visiblement son pire cauchemar. Les scénaristes s’offrent le luxe de caper un Tony pour une fois prêt à soutenir Kolchak, mais aussi de peaufiner l’aspect contestataire du programme, avec une thématique écologique et une dénonciation du poids du lobby pétrolier. La mise en scène doit gérer un maquillage une nouvelle fois bon marché mais réussit de jolis effets, dont un éprouvant duel final dans les sinistres tunnels du Projet Manhattan.

Anecdotes :

  • Dans son préambule, Kolchak indique que l’action prend place non loin d’un des sites du Projet Manhattan, où naquit la Bombe à Hydrogène. Mais, même si ses concepteurs eurent déjà une vision de la Bombe H, le Projet Manhattan (1940-1946) donna en fait naissance à la bombe A, à fission, qui fut lancée sur Hiroshima. La Bombe H, à fusion, ne fut testée que le premier novembre 1952, près de l’atoll de Bikini.

  • La confrontation entre Kolchak et l’humanoïde se déroule dans les tunnels s’étendant sous le Stagg Field, stade de football américain de l’Université de Chicago. Son inauguration remonte à 1893. Dans le cadre du Projet Manhattan, le premier réacteur nucléaire au monde (Chicago Pile-1) fut construit dans une portion désaffectée de ses souterrains et la première réaction en chaîne répertoriée s’y déroula le 02 décembre 1942.

  • Gary Baxley (l'homme préhistorique) est un cascadeur. Non crédité, il participe à plusieurs épisodes de la série, pour ce qui constitue son premier travail répertorié. Par la suite il contribue à plusieurs productions importantes (Predator, Godzilla…) et devient le coordinateur des cascades de la série Sliders (1995-2000). Toujours actif, il participe en 2015 à Jurassic World.

  • L’une des victimes se nomme William Pratt, clin d’œil à cette grande figure du cinéma d’épouvante qu’est l’acteur Boris Karloff (1887-1969), dont c’est le véritable nom. Il s’agit également du nom du Vampire Spike, dans Buffy contre les Vampires.

  • En syndication, l’épisode fut intitulé The Humanoids.

  • Un témoin déclare : I've seen apes on the Marlin Perkins show. Il s’agit d’une référence à Wild Kingdom, émission animalière présente sur NBC depuis 1963. De 1963 à 1985, elle fut animée par le populaire zoologiste Martin Perkins. Pilier de la télévision américaine, l’émission est réputée avoir accru la sensibilité du public américain aux problématiques écologiques. 

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14. LA COLLECTION
(THE TREVI COLLECTION)

Date de diffusion : 24 janvier 1975

Scénario : Rudolph Borchert

Mise en scène : Don Weis

Monstre de la Semaine : une Sorcière

Résumé :

Alors qu’il est sur la piste de gangsters contrebandiers de vêtements, Kolchak fait la connaissance du beau top model Madelaine, travaillant pour la maison de haute couture de Mme Travi. Madelaine est en train de venir l’étoile des défilés car il advient malheur à toutes ses rivales. Elle révèle à Kolchak que Mme Trevi est une sorcière mais, après vair été manipulé, le Journaliste découvre que c’est bien Madelaine la sorcière. Il en triomphe en recourant aux rituels issus du folklore.

Critique :

The Trevi Collection marque d’emblée sa spécificité en renonçant au rituel de la série voyant chaque épisode s’ouvrir sur Kolchak enregistrant l’histoire du jour. Il le retrouvera toutefois en conclusion, mais l’opus demeure bien à part au sein de la série. Cela se doit d’abord au choix de l’ambiance très particulière de l’univers de la mode, un thème que l’auteur Rudolph Buchert développe aussi profondément que possible. Outre une amusante intrigue secondaire autour de pittoresques gangsters du vêtement, l’opus donne ainsi lieu à une satire corsée de ce petit monde, entre snobisme et egos exacerbés. Interprétée avec énergie par la très belle Lara Parker, la volubile et ultra féminine Madelaine tranche aussi nettement avec les antagonistes habituels de Kolchak, qui se limitent le plus souvent à de violentes et mutiques agressions. Alors qu’elle reste la seule adversaire à lui donner du « Carl », le contraste entre le côté avenant de Madelaine et ses meurtres horrifiques apporte un vrai sel au récit (de même que son impayable rire diabolique).

La mise en scène se montre également à la fête, entre les défilés de mode très Seventies parfois étonnants et les scènes d’assassinats plus variées et sophistiquées qu’à l’accoutumée, Madelaine faisant preuve d’inventivité et de pouvoirs très variés (rivale ébouillantée vive sous la douche, ou défigurée par un ravissant angora blanc). La scène la plus marquante demeure l’animation de mannequins transformés en tueurs à ses ordres et suscitant une vraie étrangeté malgré une grande économie de moyens. Les amateurs de La Quatrième Dimension songeront infailliblement à The After Hours, l’énigme angoissante en moins, la folie homicide en sus. On appréciera également l’intégration du riche folklore relatif aux Sorcières, sous l’angle médiéval ou puritain de Salem, suscitant un affrontement final spectaculaire entre Madelaine et Kolchak.

Anecdotes :

  • Le choix de Lara Parker pour interpréter Madelaine comporte un clin d’œil, car elle est alors très populaire pour le rôle de la diabolique sorcière Angélique, dans l’éminemment particulier soap opera, gothique et horrifique, qu’est Dark Shadows (1966-1971). L’épisode installe plusieurs points communs entre Madelaine et Angélique (rire diabolique, étranglement vaudou…). Cette authentique curiosité fut adaptée au cinéma en 2012 par Tim Burton, le rôle d’Angélique y étant repris par Eva Green.

  • Lara Parker a indiqué conserver un souvenir mitigé de sa participation à Kolchak The Night Stalker, l’atmosphère y étant éprouvante du fait d’un tournage nocturne au rythme épuisant. Darren McGavin, veillant à tout, paraissait continuellement sous pression. Ces difficultés allaient d’ailleurs conduire l’acteur à ne pas renouveler la série.

  • Nina Foch (Mme Trevi) tourna dans de nombreux films noirs durent les années 40, avant d’accéder à des super productions plus importantes la décennie suivante. Elle est ainsi Marie-Antoinette dans Scaramouche (1952), ou encore la mère de Moïse dans Les Dix Commandements (1956). Par la suite elle apparait beaucoup à la télévision, dans des jeux ou dans des séries (Rawhide, Kojak…). Dans Columbo: Inculpé de meurtre (1968), elle est la première victime objet d’une enquête du célèbre limier du LAPD.

  • Kolchak déclare Yeah, yeah, floats like a butterfly. Il fait référence à une célèbre citation du boxeur Cassius Clay : Floats like a butterfly, stings like a bee (Je vole comme un papillon, je pique comme une abeille), décrivant son style sur le ring. 

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15.  À TOUTE VITESSE
(CHOPPER)

Date de diffusion : 31 janvier 1975

Scénario : Steve Fisher et David Chase, d'après une histoire de Robert Zemeckis et Bob Gale

Mise en scène : Bruce Kessler

Monstre de la Semaine : le spectre d’un motard sans tête

Résumé :

Suite au déménagement d’un grand cimetière, le cercueil d’un motard jadis décapité par ses amis blousons noirs est heurté. La tête est séparée du corps, ce qui provoque l’apparition du spectre sous la forme d’un motard étêté. Il entreprend d’occire un à un ses assassins, en les décapitant à l’épée. . Kolchal parvient à enquêter malgré l’hostilité d’un ambitieux jeune capitaine de police et comprend qu’il faut reconstituer le squelette afin que disparaisse l’esprit vengeur.

Critique :

Le scénario de Robert Zemeckis et Bob Gale déçoit par son grand manque d’originalité. En effet, malgré une astucieuse variation sur le thème folklorique du Cavalier sans tête, le récit se coule beaucoup trop dans le rituel de la série pour pouvoir espérer réellement marquer l’esprit du spectateur. On retrouve ainsi le fait déclencheur passablement brumeux, la narration par Kolchak, la succession de meurtres, le rassemblement d’indices, le choc original, etc. Il est vrai que Zemeckis, encore peu connu, n’a guère latitude pour impose son originalité, il devra attendre la décennie suivante pour cela. Le rythme des révélations demeure toutefois parfaitement maîtrisé.

La mise en scène ne vient guère au secours du scénario, la plupart des scènes se voient filmées de manière uniquement fonctionnelle. Il en va ainsi des scènes de manifestations du spectre et des meurtres consécutifs, le plus souvent très fades. L’ensemble souffre particulièrement de la représentation du Motard sans tête, de manière bien trop évidente un cascadeur simplement engoncé dans un faux torse. L’univers des motards allié à Sleepy Hollow touchera sans doute davantage le public américain que l’européen, mais l’épisode maintient néanmoins un intérêt, grâce à l’humour particulièrement tonique des diverses rencontres de Kolchak, entreex Hells Angels décérébrés et Capitaine de police particulièrement imbuvable.

Anecdotes :

  • L’histoire originale fut le premier script vendu par Robert Zemeckis et Bob Gale à Hollywood. Réalisateur et scénariste, Zemeckis allait ensuite signer À la poursuite du diamant vert, la trilogie Retour vers le futur (de nouveau en association avec Bob Gale), Qui veut la peau de Roger Rabbit ?, Forrest Gump

  • Kolchak évoque The Hills of Lethe CemetaryLe nom du cimetière fait référence au Léthé, fille de Discorde et personnifiant l’Oubli. Il s’agit également d’un des cinq fleuves des Enfers. Les âmes sortant des Enfers pour débuter une nouvelle existence en buvaient l’eau, afin d’oublier la précédente.

  • Durant le prologue, Kolchak cite This summer of their discontent, soit l’ouverture du célèbre soliloque de Richard III, dans la pièce de Shakespeare (1591).

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16. LE DÉMON
(DEMON IN LACE)

Date de diffusion : 7 février 1975

Scénario : Stephen Lord, Michael Kozoll et David Chase

Mise en scène : Don Weis

Monstre de la Semaine : une Succube de la Mésopotamie antique

Résumé :

Un archéologue de l’université de Chicago entreprend de traduire une tablette sumérienne, sans savoir que celle-ci contient l’esprit d’une Succube. Le démon s’empare du corps de jeunes femmes récemment décédées et séduit ainsi des étudiants dont il boit l’essence vitale. Kolchak parvient à résoudre l’énigme en collaborant avec une reporter du journal du campus et il anéantit la Succube en détruisant la tablette d’argile.

Critique :

Demon in Lace parvient à enrichir la formule usuelle de la série en jouant habilement sur la dimension antique du récit et les indicibles horreurs de l’Ancien Monde. Le récit rejoint ainsi nombre des aspects des récits des Victoriens ou de Lovecraft, avec un pouvoir d’évocation permettant de concilier cette dimension avec un budget demeurant fort modeste. L’enquête sait agréger des éléments très épars en un tout cohérent, tout en s’ouvrant à d’autres thèmes, comme la description d‘un campus universitaire des années 70, époque de l’amour libre (même si la végétation évoque une nouvelle fois bien davantage que l’Illinois). L’intrigue exprime à la perfection l’art de la série entremêlant humour (Tony, la jeune journaliste ambitieuse, l’érudit excentrique…), à un thème profondément morbide, jusqu’au détail de l’odeur de charnier accompagnant les manifestations de la Succube.

Alors que le réalisateur vétéran Don Weis signe ici sa quatrième et dernière collaboration avec la série, c’est bien avec la mise en scène que Demon in Lace va parachever son succès. Les différents éléments de décor participent efficacement à l’atmosphère, y compris la tablette d’argile mésopotamienne, tout à fait convaincante. Si l’aspect véritable de la Succube souffre du budget invariablement faible de la série, ses apparitions se voient filmées avec une grande suggestivité. Une vraie poésie funèbre accompagne la découverte de jeunes femmes décédées, avant même l’intervention du démon, l’ensemble apparaissant réellement troublant, sans commune mesure avec ce que l’on pouvait découvrir dans la plupart des séries de l’époque.

Anecdotes :

  • Cet épisode fut combiné avec un autre, Legacy of Terror, afin de constituer le téléfilm The Demon and The Mummy.

  • En syndication, l’épisode fut intitulé The Succubus.

  • Un reflet dans la vitre montre que Darren McGavin, après être sorti précipitamment du bureau de Tony, reste ensuite immobile en attendant la fin du tournage de la scène.

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17.  LA TERREUR EN HERITAGE
(LEGACY OF TERROR)

Date de diffusion : 14 février 1975

Scénario : Arthur Rowe

Mise en scène : Don McDougall

Monstre de la Semaine : une momie aztèque

Résumé :

Alors qu’une grande convention d’éditeurs se tient à Chicago, une succession de meurtres attire l’attention de Kolchak. Des jeunes gens réputés pour leur courage sont retrouvés avec le cœur arraché. Kolchak va découvrir qu’il s’agit d’un rituel visant à réveiller une momie aztèque se trouvant au sous-sol de l’hôtel où se tient la convention. Le directeur de l’établissement semble avoir partie liée avec la secte.

Critique :

L’idée originelle pioche de manière plutôt astucieuse dans la culture aztèque, histoire, panthéon et calendrier, mais, malheureusement les éléments développés ne servent qu’à bâtir une trame ultra classique et prévisible de sacrifice humain à éviter pour empêcher un arrière-plan vaguement apocalyptique. Tout ceci résulte terriblement linéaire et dépourvu du foisonnement de rebondissements caractérisant l’épisode The Aztecs de Doctor Who (1964). L’opposition se voit également réduite à quelques illuminés en tenue à plumes et dames en tune légère, apparaissant et disparaissant en vociférant, ou encore à une momie plu décatie qu’effrayante.

Contrairement à d’autres monstres, autrement plus marquants, de la série, on se rapproche ici de Nanard, y compris avec un Erik Estrada totalement hors de son emploi en simili chef du complot.  Manquant de substance, l’intrigue rallonge à l’excès ses segments, notamment le final voyant ce sympathique acteur grimé en guerrier aztèque et déambulant au beau milieu d’un stade de football. L’enquête de Kolchak n’apporte pas grand-chose, se limitant à consulter un érudit lui donnant infailliblement toutes les réponses à ses questions. Parmi des rencontres moins humoristiques qu’à l’ordinaire (même le capitaine de police manque ici de saveur), on retiendra uniquement ‘mausante composition de Sorrell Booke en taxidermiste vénal.

Anecdotes :

  • Cet épisode fut combiné avec un autre, Demon in Lace, afin de constituer le téléfilm The Demon and The Mummy.

  • L’épisode était initialement intitulé Lord of the Smoking Mirror.

  • Sorrell Booke (Mr. Eddy) et Erik Estrada (Pepe Torres) tiendront des rôles réguliers dans deux populaires séries survenant peu de temps plus tard : respectivement le Boss Hogg de Shérif fais-moi peur (1979-1985) et le Frank Puncherello de Chips (1977-1983).

  • Parmi les victimes sacrifiées se trouve une jeune femme s’apprêtant à devenir la première pilote de chasse de l’US Air Force. Toutefois cet évènement ne surviendra qu’en 1993 (1999 en France). A la fin des années 2000, on ne compte encre que 70 femmes sur un total de 3 700 pilotes de l’USAF. 

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18.  LES ASSASSINS
(THE KNIGHTLY MURDERS)

Date de diffusion : 7 mars 1975

Scénario : Michael Kozoll et David Chase, d'après une histoire de Paul Magistretti

Mise en scène : Vincent McEveety

Monstre de la Semaine : l’esprit d’un chevalier

Résumé :

Le fantôme d’un chevalier jadis féru de magie noire hante désormais son armure. Celle-ci est conservée dans une musée consacré au Moyen-âge mais celui-ci va être converti en discothèque. Courroucé l’esprit anime l’armure et assassine chaque nuit l’un des promoteurs du projet. Malgré un très singulier capitaine de police, Kolchak parvient à comprendre ce qui se déroule. Il finit par abattre le Chevalier noir grâce à une hache autrefois bénie par le Pape.

Critique :

La forte sature du Chevalier noir et son aspect incongru lui vaut de figurer dans plusieurs séries fantastiques, telles Angel ou Charmed, mais aussi le tout premier épisode de Scooby-Doo. Il remplit également son office dans Les dossiers brûlants, avec plusieurs apparitions filmées efficacement, selon les canons du cinéma d’épouvante. Le récit utilise également astucieusement diverses armes ultraviolentes de l’arsenal médiéval (lance, baliste, masse…) afin de varier ses effets horrifiques et s’offre même un haletant duel final entre Kolchak et le Chevalier. Mais l’intrigue se limite malgré tout pour l’essentiel à l’habituel défilée de meurtres, la série variant désormais uniquement d’un épisode à l’autre en changeant la personnalité de l’assassin. Un certain flou demeure également de mise, l’intrigue supposant qu’une imposante armure noire puise traverser Chicago sans n’être remarquée de personne.

Si le volet Fantastique suscite quelques réserves, l’humour convainc par contre tout à fait. Entre passionnés d’armes médiévales ou d’héraldique, ou, a contrario, une décoratrice partisane de design moderne, l’enquête de Kolchak est l’occasion de rencontrer des hurluberlus particulièrement allumés. Les Excentriques de Chapeau melon et Bottes de cuir ne sont pas loin. Si Tony apparaît en grande forme, le clou du spectacle demeure toutefois le capitaine de police impeccablement incarné par le vétéran John Dehner, probablement le plus drôle de toute la série. Au complet rebours des boules de nerfs auxquelles se heurtent régulièrement Kolchak, Vernon Rausch se montre disert, érudit, aimable, mais aussi pompeux et fainéant, comptant sur le journaliste pour mener son enquête, allant jusqu’à l’interviewer ! L’effarement et l’agacement de Kolchak devant cette attitude s’avèrent irrésistible, d’autant que McGarren et Rausch s’entendent comme larrons en foire.

Anecdotes :

  • Craig R. Baxley (le Chevalier noir) fut un cascadeur participant à nombre de séries des années 70 et 80. Il assura ainsi la coordination de celles de Super Jaimie et de L’Agence tous risques et participa à nombre de celles de Dossiers brûlants, jouant plusieurs autres antagonistes. Il se consacra ensuite à la réalisation (The Lost Room).

  • Le titre français s’avère une nouvelle fois approximatif, confondant meurtres et meurtriers : on n’y trouve aucunement plusieurs assassins.

  • Kolchak désigne le capitaine Rausch comme étant l’Edward R. Murrow des homicides. Murrow (1908-1965) fut un journaliste américain dont les émissions radiodiffusées puis télévisées connurent un grand impact durant les années 40 et 50. Considéré comme un modèle d’intégrité, ce pionnier du journal télévisé demeure une grande figure du journalisme. En 2005, le film Good Night and Good Luck narre son combat contre les thèses du sénateur McCarthy. 

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19. LE JEUNE MEURTRIER
(THE YOUTH KILLER)

Date de diffusion : 14 mars 1975

Scénario : Rudolph Borchert

Mise en scène : Don McDougall

Monstre de la Semaine : Hélène de Troie

Résumé :

Hélène de Troie parvient à maintenir son immortelle beauté en sacrifiant à la déesse Hécate des jeunes gens à la parfaite condition physique. Elle les sélectionne grâce à l’agence de rencontre très sélecte qu’elle dirige, avant de vampiriser leur jeunesse. Kolchak démontre que l’une des victimes avait un œil de verre et, dépitée, Hécate transforme Hélène en statue.

Critique :

The Youth Killer confirme un certain épuisement de la série, alors que l’on approche du terme de son unique saison. Les scénaristes ne se donnent visiblement plus la peine de varier l’intrigue récurrente des épisodes, au-delà de l‘identité du Monstre de la Semaine et du modus operandi des meurtres. En appeler à Hélène de Troie et à la mythologie grecque (même de manière fantaisiste) demeure toutefois une bonne idée. Cela renouvelle les folklores mis en œuvre jusqu’ici, tandis que le décor du temple d’Hécate produit malgré tout son effet, aussi minimaliste que soit son budget. L’anneau sacrificiel rivé à Kolchak dramatise quelque peu la situation, même si l’on peut regretter la trop grande passivité d’Hélène face à la menace représentée par le journaliste. Cette histoire de divinités et de sacrifices humains préfigure également de manière amusante les Dieux païens chers à Supernatural.

Il n’en reste pas moins que le récit souffre d’une grande fadeur. Le policier du jour se montre totalement transparent, tandis qu’Hélène se contente de jouer les beautés froides. L’absence de tout sentiment de menace est également confortée par les maquillages et trucages évidents, plombant des scènes de meurtres dépourvues d’impact horrifique. En arrière-plan, le scénario tente bien de critiquer le culte américain de la jeunesse et de la perfection physique, mais de manière à peine esquissée. Le meilleur réside dans la distribution des seconds rôles. Entre autres, on apprécie la composition de Cathy Lee Crosby, parfaite dans le rôle de la sculpturale et glaciale Hélène. Le sympathique chauffeur de taxi grec tuyautant Kolchak sur la mythologie est également interprété avec humour par George Savalas, déjà l’inoubliable Stavros dans la série Kojak de son frère Telly (1973-1978).

Anecdotes :

  • John Fiedler (Gordy la Goule), Jack Grinnage (Ron Updyke) et Ruth McDevitt (Miss Emily) apparaissent ici pour la dernière fois.

  • Le titre français se montre une nouvelle fois approximatif, confondant The Youth Killer avec The Young Killer.

  • Cathy Lee Crosby (Hélène) mena une double carrière d’actrice et d’animatrice télévisuelle. En 1974, elle interprète Wonder Woman à l’occasion d’un téléfilm, un an avant le succès de la série de Lynda Carter. De manière amusante l’une des pires ennemies de Wonder Woman dans les Comics DC est Circé, enchanteresse puisant dans sa magie pour conserver une immortelle jeunesse et grande disciple d’Hécate, tout comme Hélène de Troie ici.

  • Hécate est ici présentée comme Déesse de la jeunesse du panthéon grec associée à la Lune, mais en vérité ce rôle est imparti à Séléné. Hécate est associée à la Mort, aux Ténèbres et à la Magie, ainsi qu’à la Lune noire. Cette fille de Titans est également la Déesse des carrefours (Hécate du Chemin triple), lieux traditionnellement associés à la sorcellerie et à la géomancie, car symbolisant la jonction des différents plans d’existence. Ses adorateurs lui sacrifiaient des animaux hurlant à la Lune, égorgés sur des carrefours. La Déesse Triple fut la protectrice de puissantes enchanteresses, telles Circé ou Médée et elle est désormais une grande figure du panthéon wicca.

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20.  LA SENTINELLE
(THE SENTRY)

Date de diffusion : 28 mars 1975

Scénario : L. Ford Neale et John Huff

Mise en scène : Seymour Robbie

Monstre de la Semaine : un homme-lézard

Résumé :

Une société de stockage souterrain ultra sécurisé de documents et valeurs connaît un grand succès, comptant même le gouvernement parmi ses clients. En étendant toujours davantage ses tunnels, elle libère un homme lézard résidant dans les profondeurs. Celui-ci multiplie les tueries sur le chantier et Kolchak mène l’enquête, malgré l’opposition de la charmante mais inflexible lieutenante de police Irène Lamont. 

Critique :

Au-delà d’une vague évocation de la Moria, le scénario ne présente guère d’intérêt, puisqu’il ne s’agit que d’une énième chasse au Monstre de la semaine. Sa conclusion botte d’ailleurs en touche, Kolchak laissant l’homme-lézard aux bons soins de l’armée. Mais, même réduite au maximum, l’intrigue demeure un efficace prétexte pour développer les deux piliers de la série : l’horreur et l’humour.

En effet, si le costume de l’Homme-lézard correspond à ce que les productions à bas budget de l’époque pouvaient proposer, la mise en scène a la bonne idée de ne jamais réellement le montrer. Elle utilise à merveille les ressources suscitées par le manque de luminosité et par le confinement claustrophobe des tunnels afin de provoquer des apparitions d’une terrible brutalité mais aussi fugaces. Toutes proportions bien entendu gardées, le pas sans déjà évoquer ce que montrera Alien quatre ans plus tard. Les perspectives anxiogènes des longs couloirs vides se voient également utilisées lors de la course poursuite initiale, une idée que reprendra de manière amusante une série aussi formidable que Stranger Things, lors de sa mémorable séquence d’ouverture.

L’ultime épisode de la série se montre également très distrayant, en incorporant in extremis une femme parmi les officiers de police se confrontant rituellement à Kolchak. Irène Lamont s’avère un formidable adversaire, le contraste entre sa pétulante féminité affichée de prime abord et sa rudesse vite révélée se montre irrésistible. Les prises de bec entre elle et Kolchak brillent également de la totale complicité entre Darren McGavin et son épouse, l’épatante Kathie Browne. D’autres invités se montrent en verve, tel Frank Marth en colonel grimé en ouvrier et veillant aux intérêts de l’Oncle Sam avec la subtilité d’un mammouth. Tom Bosley (le Howard Cunningham des Jours heureux) déclenche également l’hilarité en PDG vantant stoïquement les avantages du complexe à Kolchak, alors même que les rencontres catastrophiques s’enchainent sans défaillir.

Anecdotes :

  • Craig R. Baxley (l’homme lézard) fut un cascadeur participant à nombre de séries des années 70 et 80. Il assura ainsi la coordination de celles de Super Jaimie et de L’Agence tous risques et participa à nombre de celles de Dossiers brûlants, jouant plusieurs autres antagonistes. Il se consacra ensuite à la réalisation (The Lost Room).

  • Le scénario est très semblable à celui de l’épisode de Star Trek Devil in the Dark.

  • L’épisode est le seul de la série à débuter avec un Kolchak plongé au cœur de l’action, au lieu du rituel le voyant narrer l’histoire après coup.

  • Le Lieutenant Lamont surnomme Yellow Submarine la Ford Mustang jaune de Kolchak, le dessin animé psychédélique des Beatles est sorti en 1968.

  • Kathie Browne (Lt. Lamont) fut l’épouse de Darren McGavin de 1969 à 2003, date du décès de l’actrice.  Elle participa à de très nombreuses séries (Laramie, The Alfred Hitchcock Hour, Rawhide, Star Trek Les Mystères de l’Ouest…) et tourna à plusieurs reprises avec son mari.

  • L’arrêt anticipé, à la demande de Darren McGavin, de la série empêcha trois épisodes déjà écrits d’être réalisés : Eye of Terror (évoquant Jekyll et Hide), The Get of Belial (évoquant une malédiction issue d’un dieu antique) et The Executionners (évoquant des esprits vengeurs). Ils furent finalement adaptés en Comics. 

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OPÉRATION CENTAURE - 1RE PARTIE (HANS ACROSS THE BORDER - PART 1)