Saison 1 1. Bienvenue à Los Angeles (City of...) 2. Angel fait équipe (Lonely Hearts) 3. La Pierre d'Amarra (In the Dark) 4. L'Étrange Docteur Meltzer (I Fall to Pieces) 5. L'Appartement de Cordelia (Room With a View) 6. Raisons et Sentiments (Sense and Sensitivity) 7. Enterrement de vie de démon (The Bachelor Party) 8. Je ne t'oublierai jamais (I Will Remember You) 10. Cadeaux d'adieu (Parting Gifts) 14. Exorcisme (I've Got You Under My Skin) 16. La Prison d'Angel (The Ring) 17. Jeunesse éternelle (Eternity) 18/19. Cinq sur cinq / Sanctuaire (Five By Five / Sanctuary) Rappels préliminaires : Bien qu’il ne soit pas nécessaire de regarder Buffy contre les vampires pour bien suivre Angel, on la visionnera d’autant mieux si l’on commence à la regarder après les trois premières saisons de la série-mère, et si l’on regarde en parallèle les deux séries ensuite. Pour ceux qui n’ont pas vu ou ne souhaitent pas voir Buffy, voici quelques brefs rappels qui aideront à mieux comprendre les personnages principaux et les crossovers entre les deux séries cette saison. Un bref résumé de l’histoire d’Angel est raconté dans le pilote. Personnages principaux : - Pour Angel, se reporter à la présentation de la série et au pilote. - Cordélia Chase est une jeune fille de haute famille (mais ruinée), superficielle et vaniteuse, qui était dans le même collège que Buffy. Angel a fait sa connaissance lors de son séjour à Sunnydale. - Wesley Wyndam-Price fut l’Observateur - sorte de mentor - des Tueuses de vampires Buffy Summers et Faith Lehane après le renvoi par le Conseil des Observateurs de Rupert Giles, Observateur de Buffy, et la mort de l’Observateur de Faith. Collet monté, veule, réac, Wesley ne parvint jamais à imposer son autorité à Buffy (a fortiori sur l'incontrôlable Faith), et il quitta Sunnydale peu avant que notre série commence. Crossovers : - La pierre d’Amarra (épisode 1.03) voit la visite d'Oz et Spike. Spike est un vampire qui a toujours eu une rivalité conflictuelle avec Angelus. Oz est un adolescent peu bavard, allié de Buffy. - Je ne t’oublierai jamais (épisode 1.08) voit la visite de Buffy Summers, le grand amour d’Angel. Leur amour est toutefois impossible, à cause d’une malédiction gitane interdisant à Angel de connaître le bonheur parfait sous peine de redevenir le maléfique Angélus. Cette malédiction sera également au cœur de l’épisode Jeunesse éternelle (1.17) - Cinq sur Cinq/Sanctuaire (épisodes 1.18/1.19) voit la visite de Faith Lehane, une autre Tueuse de vampires. Psychotique, névrosée, solitaire, accro au sexe et à la violence, elle bascule du côté obscur en saison 3 de Buffy contre les vampires. Elle devient ennemie avec Angel, croyant qu’il lui a tendu un piège - en fait ourdi par Wesley - alors qu’il ne cherchait qu’à l’aider. Au cours d’une bagarre, Buffy blesse gravement Faith qui sombre dans le coma pendant 8 mois. Au cours des événements du double épisode Une revenante (saison 4 de Buffy), Faith se réveille et sème la désolation à Sunnydale. Prenant finalement conscience du mal qu’elle a commis, elle quitte Sunnydale, dégoûtée d’elle-même, mais pas assez pour changer vraiment. Elle est décidée à se venger d’Angel et à devenir une vraie Big Bad. Scénario : Joss Whedon et David Greenwalt Réalisation : Joss Whedon Fraîchement arrivé à Los Angeles, le vampire Angel commence sa douloureuse quête de rédemption de ses crimes. Sa mission sera désormais de sauver les victimes des démons hantant la ville. Un demi-démon du nom de Doyle, doué du don de voyance, est envoyé par les Puissances Supérieures pour l'aider dans sa tâche. Pour sa première enquête, Angel doit aider Tina, une jeune actrice tyrannisée par un producteur inquiétant dont les autres actrices sous contrat avec lui ont mystérieusement disparu. Une autre future victime risque d'être Cordélia Chase, une jeune femme qu'Angel a connue quand il était à Sunnydale. Angel apprend également qu'une firme d'avocats, Wolfram & Hart, ne semble pas innocente dans cette affaire... La critique de Clément Diaz Démarrage en trombe pour City of... (excellent gag que ce titre) qui réussit la mission difficile en tant que pilote de : 1. Présenter le décor (ici, non seulement pour les fans de Buffy, mais aussi pour les éventuels nouveaux) 2. Bâtir une vraie histoire. Joss Whedon et David Greenwalt relèvent le gant et nous immergent dans la place en moins de dix minutes : l'ambiance interlope de L.A - on pressent que la série sera bien moins lumineuse que la série-mère - antihéros rapidement mais excellemment dessiné, sidekicks comiques (Doyle, et l'inénarrable Cordélia), esquisse prometteuse d'un Big Bad (une firme judiciaire !), casting aux petits oignons, réalisation impec... L'atout le plus fort de ce premier épisode réside néanmoins dans son magistral scénario, qui après avoir sacrifié à la présentation, se développe rapidement dans un excellent polar. Particulièrement malin est le fait qu'Angel ne doit pas se contenter de sauver la vie d'innocents, mais également les aider dans leur vie, à se confier. Une tâche d’autant plus difficile étant donné son asociabilité forcée. Il y’a de la tragi-comédie quand Angel cafouille pour simplement aborder Tina. Superbe casting de Tracy Middendorf, une des guest stars les plus talentueuses qui soit (Alias, Dr.House, 24 heures chrono, X-Files, Ally McBeal...). Son duo avec Boreanaz fonctionne à la perfection. Le twist central frappe par sa brutalité et sa noirceur, surtout pour une première enquête du héros ! Mais c'est logique étant donné l'atmosphère de la série. Quant à la spectaculaire exécution du méchant, elle est simultanément incroyable et hilarante. Queen C est moins cruche, devinant rapidement l'identité de Russell, mais on craque toujours pour ses répliques à l'emporte-pièce (énorme scène du yoga). Charisma Carpenter n'a pas oublié sa vis comica en quittant la Hellmouth, on s'en réjouit. Doyle est intriguant, et Glenn Quinn est bien dans le ton. Mais ce qui est le plus bluffant, c'est David Boreanaz lui-même. Si l’on pouvait avoir des doutes légitimes sur son jeu dans Buffy, ils s'envolent une fois immergé dans SA série, dont la noirceur et le relatif réalisme s’accordent plus au ton du personnage, trop décalé et contrastant à Sunnydale. Angel est ici tout à fait à sa place, et Boreanaz peut mieux s'exprimer. Deux petites réserves : la résolution de l'enquête est trop rapide, et Cordélia se range un peu trop vite du côté d'Angel, s’accordant peu avec la plaisante frivolité dont elle était encore parée en saison 3 - et qu'elle a toujours d'ailleurs. Défauts mineurs tant Whedon et Greenwalt ont parfaitement réussi leur entrée. La suite ! Sinon, Angel, en sautant dans la mauvaise voiture s'exclame Damnit ! Et on est à L.A ? On t'a reconnu Jack... La critique d'Estuaire44
- Los Angeles. You see it at night and it shines. Like a beacon. People are drawn to it. People and other things. They come for all sorts of reasons. My reason? No surprise there - it started with a girl. Il s’avère toujours délicat de lancer un de pilote série dérivée : en plus du cahier des charges habituel, il faut savoir affirmer son identité propre, tout en affirmant à l’amateur qu’il se situe bien dans le même univers. Evidemment Whedon joue sur du velours avec Angel, qui a eu trois saisons pour s’installer, un système bien plus efficace que l’actuel lançant le nouvel héros après un seul épisode (Supernatural vient de s’y casser les dents). Néanmoins l’auteur réussit une superbe performance en variant totalement l’environnement et le type d’histoires, plus sombres et (relativement) réalistes. La vision de Los Angeles est sinistre à souhait (pas seulement du fait du Fantastique), ce qui convient idéalement à Angel, bien plus que Sunnydale. On ferme bien entendu les yeux sur la colossale coïncidence justifiant l’arrivée de Cordy. Doyle varie agréablement le personnage de l’Observateur. Son inévitable résumé de la situation, à destination des nouveaux spectateurs s’avère divertissant. L’interprétation générale atteint un excellent niveau, y compris de Josh Holloway, pour une apparition encore loin de l’Ile. On remarque diverses judicieuses idées, avec l’introduction parfaitement dosée de l’humour ou ce cabinet d’avocats, très audacieux et pertinent. Wolfram & Hart va devenir une mine inépuisable de scénarios et d’antagonistes de choix. L’histoire du jour reste un tantinet concise, mais tient fort bien la route. Tout ceci lorgne fortement sur Batman (modus operandi, decorum, costume, voiture etc.), assez logiquement chez ce passionné de Super héros qu’a toujours été Whedon, mais pas suffisamment pour entacher l’identité de la série. Dès ce pilote, Los Angeles devient bien la ville d’Angel, une rencontre idéale. Les infos supplémentaires Dans une première version du scénario, le lien entre Angel et les Puissances Supérieures ne devait pas être Doyle, mais Whistler, le démon amical s’adressant à Buffy dans Becoming. Ce premier jet était également considérablement plus sombre, voyant notamment Angel ne pouvant s’empêcher de gouter au sang du cadavre de Tina. L’épisode marque la première apparition télévisée de Josh Holloway, en chef des vampires affrontant Angel en début d’épisode. Il accède à la célébrité avec le rôle de Sawyer dans LOST (2004-2010). Tracy Middendorf (Tina) devait aussi participer à la saison 3 de LOST, ainsi qu’à de très nombreuses autres séries (X-Files, 24h chrono, House, Boardwalk Empire, etc.) Le maquillage de ces vampires, plus anguleux, diffère de celui aperçu dans Buffy the Vampire Slayer. L’équipe voulait que ceux d’Angel paraissent plus effrayants. La tentative fut jugée peu fructueuse et l’on en revint ensuite à l’apparence habituelle. Christian Kane, interprétant l’avocat encore sans nom qui devait devenir Lindsey McDonald, était un ami proche de Boreanaz, bien avant le tournage de la série. Il avait d’abord auditionné pour le rôle de Riley, pour Buffy the Vampire Slayer. Impressionné, Whedon lui confia d’emblée le rôle de Lindsey. Kane déclare It was the first time David and me ever got to act together and there was just a chemistry. He was a badass and I was trying to be a badass and that right there was just a defining moment. You could tell the tension but you could also see the easiness of how we just flowed into each other. It's very easy to act with Boreanaz and I think he feels the same with me. L’immeuble utilisé pour représenter Russel Winters Enterprises est le même que celui de Wolfram & Hart. Quand Russel chute dans le vide, on peut clairement voir son corps se refléter dans les vitres de l’immeuble. Le reflet d’Angel apparaît aussi à diverses reprises, ce qui sera récurrent (et inévitable) tout au long de la série. La jeune fille seule dans la rue apparaissant dans le générique est en fait une reprise de l’épisode Anne de Buffy. L’appel téléphonique lancé puis interrompu par Angel est en fait destiné à Buffy. On voit celle-ci décrocher en vain le téléphone dans l’épisode The Freshman, pilote de la saison 4 de sa série. Angel conduit une Plymouth Belvedere GTX convertible noire (1968). Cordy demande à Russell s’il boit beaucoup de V8. Il s’agit d’un jus de légumes populaire aux Etats-Unis, de couleur rouge du fait de la présence de tomate. Une première allusion à Bt man est réalisée quand Doyle déclare à propos des locaux d’Angel I like the place. I mean its not much with the view, but it has a nice bat-cave sort of an air to it. La convergence entre Batman et Angel est soulignée au cours de ce pilote, avec également un Los Angeles évoquant Gotham City. Lors de sa diffusion, l’épisode fut déconseillé aux moins de 14 ans. City Of fut le seul épisode d’Angel à connaître une novélisation, contrairement à Buffy. Le roman de Nacy Holder (1999) développe notamment les scènes de flash back, décrivant le passé d’Angel tel qu’il sera révélé au cours de la série ou chez Buffy, voire en en innovant (notamment avec Spike et Dru en Hongrie, durant les évènements de 1956). Tout en multipliant les références à la pop culture, il revient également sur plusieurs moments forts de Buffy, dont le meurtre de Miss Calendar par Angelus ou la rupture avec la Tueuse de Sunnydale en saison 3. La musique du générique est l’œuvre de Darling Violetta, un groupe de Dark Pop basé à Hollywood, la chanson Sanctuary étant interprétée par leur chanteuse, Cami Ellen. Leur nom fait référence à Violetta Napierska, qui fut la partenaire régulière de Bela Lugosi interprétant Dracula. Ils appartiennent également aux nombreux groupes jouant sur la scène du mythique Bronze de Buffy the Vampire Slayer. Ils y interprètent deux chansons, lors de l’épisode Faith, Hope and Trick. La majeure partie de la musique de la série sera composée par Robert J. Kral, qui a notamment réalisé celle de Sliders. 2. ANGEL FAIT ÉQUIPE Scénario : David Fury Réalisation : James A. Contner Pour sa première enquête ensemble, l'équipe d'Angel Investigations doit retrouver la trace d'un tueur en série qui assassine sauvagement ses amants d'un soir, hommes et femmes. Durant ses investigations, Angel fait la connaissance de Kate Lockley, une séduisante célibataire. Angel finit par découvrir que l'assassin a un visage très inattendu... La critique de Clément Diaz La réécriture plus édulcorée du scénario de David Fury par les producteurs a certainement pesé sur Lonely hearts. On voit qu'il y avait matière à faire du gros dark. Au lieu de ça, le sujet plutôt glauque de l'épisode est desservi par un manque de noirceur. De plus, Fury s'embourbe dans une chasse au démon éviscérateur assez stérile, qui par sa nature n'a aucune aura prenante (L’épisode La face cachée dans Buffy contre les vampires était mieux dégrossie). L'enquête ne décolle pas, malgré un Angel décidément très doué pour enchaîner les bastons involontaires. L'arrière-texte social de la solitude affective (et sexuelle) est peu développé, hormis pour plaisanter sur la chasteté contrainte d'Angel qui ne peut s'empêcher d'attirer toutes les jolies filles - un vrai supplice chinois. Fury compense avec une rafale de twists : la première victime, l'identité du monstre, l'identité de Kate, le piège final, mais ça ne cache pas une histoire sans consistance. On se surprend à penser que c'est exactement le même trip que l'Huile Noire : comme le démon, il passe de corps en corps, tout en tuant tout le monde. D'ailleurs, on aurait bien imaginé Mulder enquêtant avec Angel avec cette affaire très X-File, je vois déjà Scully ronchonner un max... Heureusement, Miss Kate, incarnée par la sublime Elisabeth Röhm, a le temps de développer son personnage, et s'impose comme le grand atout de cet épisode. Même si elle suit un chemin super balisé : traque sans résultat, fausse piste, agression, sauvetage par Angel, alliance finale, l'actrice est très douée, et le personnage entre détermination et fragilité, est joliment équilibré. Sa discrète et jamais résolue attirance envers le héros, donne déjà un soupçon d’amertume dans son caractère solitaire. Elle ne sera pas le moindre atout de la première ère d’Angel, où elle sera une alliée plus ou moins volontaire, et incarnation du « monde réel » à jamais détaché du monde démoniaque d’Angel. Le mur de glace qui les séparera toujours donnera des scènes de conflit poignantes et dramatiques. Pensée pour Doyle, dont la drague risible qu'il exerce sur Cordélia nous amuse profondément. Un loner peu réjouissant. La critique d'Estuaire44 - This socialising thing is brutal. I was young once, I used to go to bars. It wasn’t anything like this. - You used to go to taverns. Small towns, where everybody knew each other. - Yeah, like High School. It was easy to date there. We all had so much in common. Being monster food every week, for instance. L’épisode continue à installer efficacement la série. La rencontre avec Kate est menée avec humour, action et sentiment. En tant que contact policier, elle est un outil scénaristique indispensable aux aventures d’un détective, mais elle s’impose d’entrée comme bien plus que cela. Certains fans ne l’ont pas apprécié, car avec sa blondeur et son tempérament de justicière elle ferait songer à Buffy, il s’agit d’un mauvais procès. Il n’y a pas de parallèle établi, ni de romance. On apprécie le réalisme de l’ensemble, il est logique que le trio d’Angel Investigations ne fonctionne pas d’emblée parfaitement, encore en rodage. Le Google Miracle habituel vient grever l’intérêt de l’intrigue, là comme ailleurs. Il est bien vu que l’étrange soit plus difficilement discernable à L.A. qu’à la surface de Sunnydale. Et encore Angel ne fréquente pas le Venice d’Hank Moody. Le bar apporte un précieux point central à l’intrigue, d’un abord festif mais se révélant ensuite le réceptacle mélancolique de cœurs solitaires. Le récit sait également jouer des personnages, du côté introverti d’Angel en discontinuité totale avec ses allures de sex symbol ténébreux et du Show Queen C et son amusant relationnel avec Doyle. L’enquête souffre dans un premier temps de l’aspect intangible du méchant, cela fait assez chasse au Dahu du X-Cops des X-Files, mais on a tout de même de l’action au final. Par contre le monstre devient presque pathétique sur la fin, ce qui n’est jamais bon. Les infos supplémentaires Tout comme pour le pilote, un premier scénario nettement plus sombre (intitulé Corrupt) fut écrit par Fury, notamment autour d’une Kate consommatrice de crack et se faisant passer pour une prostituée, et Angel goutant derechef le sang d’une victime. Le diffuseur WB insista pour que l’atmosphère fut allégée, Angel ne sera pas le MillenniuM de Buffy. Le numéro de téléphone d’Angel Investigations est 213-555-0162. 213 indique bien Los Angeles, tandis que 555 est un nombre souvent utilisé dans les fictions, car assurant qu’il ne puisse s’agir du numéro de téléphone d’un particulier. Le grappin éjectable utilisé en vain par Angel devant Kate est l’un des gadgets les plus célèbres de l’arsenal de Batman. Toute cette scène évoque clairement la rencontre entre Batman et Vicky Vale dans le film de Tim Burton (1989). Une allusion au mythique Bat-Signal est également effectuée quand Doyle déclare It's not like you have a signal folks can shine in the sky whenever they need help, you know ?. La phrase récapitulative traditionnelle Previously on Angel est dite par Boreanaz. Plus, your visions are kind of lame. A bar? That's nice and vague! I mean they should send you one of those self-destructing tapes, you know, that come with a dossier?, déclare Cordy à Doyle, une référence à la série culte Mission Impossible (1966-1973), à laquelle participèrent les parents de Juliet Landau (Drusilla), Martin Landau et Barbara Bain. Au bar, Kate commande un daiquiri, un cocktail cubain rafraîchissant à base de rhum, citron vert et sucre de canne sur glace pilée. Angel demande bien entendu un soda, jamais d’alcool pour le Justicier. Dans le lointain, on entend Spike ricaner. D’origine allemande, l’excellente Elizabeth Röhm (Kate) est née à Düsseldorf. Elle se fit connaître dans le soap opera One Life To Live et tint également le rôle récurrent de Serena Southerlyn dans Low and Order (2001-2005). En 2002 elle est classée par Maxim parmi les 100 plus belles actrices au monde. Assez curieusement pour une associée d’Angel, son père est l’un des partenaires d’un des principaux cabinets d’avocats d’affaires de la Côte Est. 3. LA PIERRE D'AMARRA Scénario : Douglas Petrie Réalisation : Bruce Seth Green *Cet épisode est la suite de Désillusions, épisode 4.03 de Buffy contre les vampires. Spike débarque à Los Angeles, avec la ferme intention de voler la pierre d'Amarra que Oz a remis à Angel, et qui le rendrait invincible. Il s'allie avec un vampire spécialiste de la torture, et kidnappe Angel pour le forcer à lui céder la bague... La critique de Clément Diaz: Le temps d’assurer les fondations de leur nouvelle série, Whedon et Greenwalt vont convoquer régulièrement cette saison des membres du cast de Buffy. Aujourd’hui, nous accueillons l’ultrasympathique Oz et l’ultrafun Spike. Avec de tels atouts, l’excellent Doug Petrie, un des meilleurs scénaristes de la série-mère, se lâche en transformant le McGuffin de la pierre d'Amarra en Super-Spikeshow. James Marsters dévore tout le monde, bien aidé par des dialogues virtuoses hilarants à la chaîne. L'introduction où il imagine le dialogue Angel-demoiselle en détresse est du Spike pur. Ensuite, c'est que du bonheur : la bagarre virile avec Angelo - une des meilleures du Buffyverse jusque-là - ses échappées de Diabolical Mastermind simultanément terrifiantes et poilantes quand Angel est torturé, ses répliques qui tuent à Queen C (You'll die before the arrow leaves the bow), ses accès de fureur impatiente, ou quand il tourne Angel en dérision sur la vie rigolote qu'il mène. C'est sûr qu'au jeu du vampire fun, Angel a pas mal de longueurs de retard. Finalement, il est normal qu’avec un tel adversaire qu’Angel Investigations ne gagne qu'à moitié la partie contre lui : certes Spike est filouté, mais ils ont dû pour cela céder la bague au vampire tortionnaire, une prise de risques énorme. Ça permet quand même à Spike de quitter la scène sur un énième discours de vengeance joliment ciselé. L’auteur de ces lignes ayant une préférence pour Spike par rapport à Angel, il a été bien content que son champion ne sorte pas la tête trop basse (juste un peu cramée)... Le vampire tortionnaire est génial lui aussi (You want to torture me or just bore me to death ? - Surely both), entre froideur clinique et délires sur le pardon, les ténèbres, la douleur, sans oublier son amour des enfants, surtout bien cuits à point. La scène de torture sur le menuet de la 41e symphonie de Mozart répété à satiété, c'est juste énorme. Le coup de folie d'Angel qui sort en plein jour est d'un effet royal. Émotion de revoir, même pour un temps trop court, le toujours laconique Oz (toujours excellent Seth Green). Étant peu disert, on adore comment toutes les conversations tournent court avec lui. Bon, juste deux p'tits regrets : la storyline de la blonde au boyfriend violent remplit les trous, et la justification d'Angel de détruire la bague est assez capillotractée. Allez, ça reste un épisode à l'image de Spike : c'est du pur FUN ! La critique d'Estuaire44: - Son of a bitch! - I do the work, - I do the digging, - fight off a Slayer, - drive to L.A., fire the help, - and what do I get? - ROYALLY SCREWED, is what! - Well that cinches it. No more partners. From now on, I'm my own man. A lone wolf. Sole survivor. Look out, here comes Spike ! L’un des épisodes les plus réjouissants et toniques de la série toute entière. L’arrivée de Spike tient toutes ses promesses et son ironie mordante lors de son imitation d‘Angel à la Batman reste tout simplement l’une de ses prestations les plus hilarantes, ce qui n’est pas peu dire. Le succès de l’opus repose sur le grand talent de Petrie et sur la parfaite compréhension du ressort psychologique des personnages qu’il a toujours manifesté. Spike fait du 100% Spike époque flamboyante, avant la puce et la romance avec la Tueuse de Sunnydale. 100 %¨Evil, 100%, extraverti, 100% British 100 % sarcastique et rock and roll, c’est tellement plus jouissif que le chien battu de la majeure partie de la saison 9 de Buffy (hormis les ultimes épisodes, heureusement). Mais si la confrontation se montre aussi explosive c’est aussi parce qu’Angel exprime lui aussi la quintessence de son être, aux parfaites antipodes de son vieil ami et rival. Malgré la confrontation, on sent perdurer la force du lien entre les deux lascars. Le duo existait bien avant Buffy et cela se perçoit. La bouleversante scène finale exprime pleinement la personnalité Angel. S’il avait conservé l’anneau, le personnage aurait été trahi. On adresse une mention spéciale au psychopathe allié de Spike, lui aussi assez ultime dans on genre. Avec Drusilla, William a pris l’habitude de mettre la barre très haut sur certains sujets. On apprécie que celui qui est encore l’un des Big Bads du Buffyverse soit autrement plus coriace que le commun de la série. Dominé par la confrontation entre vampires, l’épisode ne sacrifie pas pour autant les seconds rôles et s‘offre plusieurs moments grand train. L’épisode continue mezzo voce à planter le décor d’une série se voulant davantage raccordée au réel : les méchants ne sont pas tous surnaturels et Angel n’est nullement lié par le tabou de Buffy concernant les humains. L’épisode indique déjà que les cross overs seront toujours plus réussis à Los Angeles qu’à Sunnydale. Les infos supplémentaires L’épisode fut diffusé immédiatement après la première partie du cross-over, The Harsh Light of Day, lors d’une soirée spéciale. On trouve ici l’unique participation d’Oz à la série. Par la suite Spike participera à la série via des flashbacks, mais aussi, désormais nanti d’une âme, en tant que partenaire d’Angel, durant la dernière saison. Lors de son hilarant monologue initial, Spike s’exclame Quickly, to the Angel-mobile, away !. Il s’agit d’une nouvelle référence à Batman, Quickly ! To the Bat-Mobile ! est l’une des expressions rituelles de Batman 1966. La scène initiale entre Rachel et Lenny est reprise dans le générique. Tout comme Angel, d’origine irlandaise, (et comme Glen Quinn lui même), Doyle porte lui aussi le fameux Anneau de Claddagh, vu chez Buffy, mais curieusement dans la position indiquant qu’il est en couple. Spike se moque d’Angel pour avoir une âme, être tombé amoureux de la Tueuse et être capturé et torturé. De manière ironique, tout ceci lui adviendra par la suite dans Buffy The Vampire Slayer (il sera ainsi torturé par Glory). Tim Minear a expliqué la destruction de l’anneau par Angel par crainte d’être invincible en cas de retour d’Angelus. L’impression de souffrance de Boreanaz durant la séance de tortura ‘nest pas feinte, car il venait d’être victime d’un léger accident de la route. Marcus déclare There is nothing either bad or good but thinking makes it so, soit une citation d’Hamlet. La musique classique appréciée par Marcus est le Menuet de la Symphonie n°41 en ut majeur de Mozart, dite Jupiter (KV. 551), achevée en 1788. Angel continue à pratiquer le Tai-chi-chuan, comme avec Buffy lors de Band Candy et de Revelations. 4. L'ÉTRANGE DOCTEUR MELTZER Scénario : David Greenwalt, d’après une histoire de Joss Whedon et David Greenwalt Réalisation : Vern Gillum Mélissa Burns est harcelée par le docteur Meltzer qui lui voue une passion aussi folle qu'inexplicable. Angel doit d'abord comprendre comment Meltzer parvient à être au courant de tous ses faits et gestes. Meltzer a en fait un pouvoir terrifiant : il peut séparer à volonté les différentes parties de son corps. Pendant ce temps, Cordélia tente de convaincre son puriste patron d'accepter d'être payé par ses clients... La critique de Clément Diaz: I fall to pieces, écrit probablement sous tranxène, ne décolle pas avant 25 bonnes minutes. Andy Umberger est inquiétant en psychopathe obsessionnel, consumé par un désir factice mais qu'il croit sincère ; chaque apparition du personnage (en particulier ses mains) vaut de l'or. On sent l'acteur ravi de jouer une partition aussi excellente, plus intéressant que l'amusant mais limité D'Hoffryn. Mais le tout ronronne dans une pseudo-enquête qui se résume d'abord à une collecte d'informations aussi longuette qu'excessivement explicative. Ensuite, à un affrontement final qui prend pas mal de temps pour se mettre en place (visites chez le Doc, Mélissa se réfugiant chez Angel, verrouillage systématique de toutes les ouvertures). On apprécie que Mélissa, soutenue par Angel, parvienne à se révolter et à lutter contre son harceleur, ce qui l'affaiblit suffisamment pour qu'Angel puisse ensuite le séparer en 12 parties (c'est gai la vie d'un enquêteur à L.A...), mais comme ça avait déjà été préparé par la scène avec Kate puis avec la réplique d'encouragement d'Angel, l'effet est plus artificiel que naturel. Les auteurs ont encore du mal à savoir quoi faire de Cordélia et de Doyle, qui ne décollent pas du statut « faire-valoirs comiques ». La première est toujours à l'Ouest avec ses répliques déconnectées, le second a ses visions prémonitoires (pour le coup, ça a plus d'effet que la machine de Person of Interest)... et c'est tout, Angel se tapant tout le boulot. Le « Fang Gang » (alliés d’Angel) mettra plus de temps que le Scooby-Gang à émerger. On salue une excellente scène avec Kate sur la psychologie des psychopathes, qui a une valeur très MillenniuM (Frank Black aurait pu tout à fait dire son discours). Mais l'enquête est vraiment paresseuse. Quelques bonnes scènes néanmoins comme les mains baladeuses dans le sens le plus glauque et littéraire du terme, l’œil en sang qui reluque obstinément sa proie, l'affrontement final, et également la thématique de la rémunération du héros. Angel l'idéaliste répugne à être payé pour sauver des vies, mais il est forcé d'accepter pour pouvoir vivre, lui et sa paire d'as (running gag du café avarié). La justification de Doyle est astucieuse : on a tendance à s'attacher à notre sauveur ; le payer fait qu'on a le sentiment de payer une partie de sa dette, si ce n'est la totalité. Subtil. La critique d'Estuaire44: - He likes playing the hero. Walking off into the dark, his long coat flowing behind him in that mysterious and attractive way." Will et Alex ont sur se montrer efficace dès le début, mais pas Cordy, dont l'apport concret n'a été que partiel, même encore en saisons 2 et 3. Le personnage se montre ici cohérent avec ce qu'il a exprimé chez Buffy, en faire une espèce de Potentielle ne serait pas logique. Comme toujours, elle apporte son humour et, dans une série se voulant réaliste, tenir le secrétariat est un travail à part entière (alors que l'on ne voit jamais Giles tenir sa bibliothèque, toujours vide il est vrai). L'un des rares intérêts du récit réside d'ailleurs dans son réalisme financier. Le vrai problème vient de Doyle, trop peu substantiel, mais la saison va apporter quelques bouleversements par la suite. Par ailleurs l’épisode résulte assez faible, avec une épouvante de grand guignol tirant plutôt vers les Contes de la crypte et sacrifiant le scénario au sensationnalisme du monstre. Il n'apporte rien non plus au récit principal ou au parcours des protagonistes Sinon le paiement intervient également de la sorte en Psychanalyse, pour compenser un trop grand transfert émotionnel entre le patient et le thérapeute. Les infos supplémentaires Le titre original fait allusion à un tube de Patsy Cilne (1962) . Il s’agit également de la chanson qu’écoute un Alex au cœur brisé dans Prophecy Girl, après que Buffy ait refusé de danser avec lui (Country Music, the music of pain). Whedon a indiqué avoir d’abord envisagé le scénario pour Buffy, avant d’estimer qu’il convenait mieux à Angel. Mélissa réside dans un imposant édifice. Il s’agit en fait de Los Altos Apartments, un hôtel luxueux, construit en 1925 dans le style néocolonial espagnol. Il va abriter de nombreuses vedettes de l’époque (Bette Davis, Mae West, Douglas Fairbanks…) avant de faire faillite durant la Dépression. Refude d’artistes durant les années 80, il est réhabilité et classé monument historique durant la décennie suivant. De la saison 2 à la 4, il fera office de vue extérieure des locaux d’Angel Investigations, désormais installés dans l’Hôtel Hypérion. La scène où Cordy et son compagnon utilise un ruban adhésif pour empêcher les morceaux du docteur d’entrer dans la cave où ils se sont réfugiés évoque fortement une scène de What’s my line (Buffy), où elle et Alex étaient confrontés à un démon composé de vers. La main de Ronald est interprétée par Christopher Hart, qui fut également la Chose des films de la Famille Addams, mais aussi la main maléfique d’Idle Hands. Aussi monstrueux soit-il, Ronald est un être humain, ce qui n’empêche pas Angel de l’abattre. Le Vampire n’est pas lié par le Tabou de la Slayer consistant à ne jamais tuer d’être humain. Ronald est interprété par Andy Umberger, qui incarne également D'Hoffryn dans Buffy the Vampire Slayer. 5. L'APPARTEMENT DE CORDELIA Scénario : Jane Espenson, d’après une histoire de David Greenwalt et Jane Espenson Réalisation : Scott McGinnis Ne pouvant plus vivre dans sa misérable mansarde, Cordélia achète une petite maison luxueuse au loyer curieusement bas. Elle en découvre bientôt la raison : la maison est hantée par un fantôme qui a poussé au suicide ses précédents occupants. Pendant ce temps, la tête de Doyle est mise à prix par des démons à qui il doit de l'argent... La critique de Clément Diaz: Room with a view a été écrit principalement par Jane Espenson, papesse des scénarios comiques. Corollaire : l'irrésistible Cordélia est sous la lumière des projecteurs, et Charisma Carpenter peut se déchaîner brillamment. Le décalage entre les réflexes de "fille de la haute" qu'elle conserve et ses mésaventures sont autant de sources comiques. Le scénario balance entre horreur pur et pastiche léger, un mélange risqué. Toutefois, Espenson assure l'équilibre car ce dernier élément est apporté par la tornade Cordy qui transforme chaque apparition en or massif. De plus, l'élément pastiche lui permet de briser en grande partie son rôle de Demoiselle en détresse dans Buffy. On peut voir cet épisode comme un autre manifeste de Whedon et Greenwalt à pervertir les clichés de la maison hantée avec une héroïne dont la panique se dispute à un authentique courage, plus novateur, qui rejoint la croisade féministe de Buffy the vampire slayer. On apprécie aussi le captain Subtext de l’épisode : Rm w/a Vu est une très bonne métaphore de la difficulté d’acheter son premier appartement. L'épisode ne décolle pas avant 25 minutes, mais Queen C est en forme olympique : Cordy et les cafards, la crise de jalousie de Doyle, sa promenade des différents appartements (y'a décidément des énergumènes bien plus fadas que les pires démons, c'est bibi qui vous le dit), ses répliques et mimiques de snob de moins en moins convaincantes (et drôles). Le duel Doyle (qui cache des zones d’ombre) et Angel versus le démon au maquillage très réussi est bien aussi ; puis le fantôme se bouge, et là, ça part méchamment en vrille, avec des événements certes clichés, mais spectaculaires, surtout pour le budget de la série (on est pas loin de L'ombre de la mort des X-Files). Le fantôme de la mère est un des pires baddies de série, dont l’effroi pousse Cordélia à la limite de la rupture. Toute la scène d'ouragan, avec en plus le trio de démons qui s'invite, est un joyau de suspense frénétique. Heureusement, Queen C est avant tout une bitch fière de l'être et finit par "kickass" le fantôme. Le twist final est gravement traumatisant, un renversement spectaculaire. On quitte l'épisode avec l'hilarante cohabitation Queen C-Dennis, aussi improbabilissime que décalée. Un épisode qui aurait gagné à décoller plus tôt, et non pas attendre le dernier acte, mais Cordélia rayonne de bout en bout. La critique d'Estuaire44: - People called them the Cordettes. A bunch of girls from wealthy families. They ruled the High School. They decided what was in, who was popular. It was like the soviet police, if they cared about shoes. Le premier épisode centré sur Cordélia frappe très fort. Charisma Carpenter l’indiquera comme étant son préféré de la série, et c’est vrai qu’elle y casse la baraque (au sens propre comme au sens figuré). Comme souvent chez Whedon, le personnage sait évoluer tout en restant lui même. Les répliques à la Queen C perdurent, mais en arrière fond notre amie montre une vraie force de caractère. Les scènes de recherche de l’appartement relèvent de la meilleure comédie car elles sonnent vrai (pas la peine d’aller à L.A. pour avoir connu une galère équivalente), mais on peut aussi al voir comme une métaphore de Cordélia cherchant sa place comme jeune adulte, à l’instar de ce que chacun de nous a connu. Par ailleurs l’épouvante et l’action ne perdent pas leurs droits. L’épisode apparaît très complet, réunissant nombre des atouts des deux séries de Whedon. Dennis fait un peu Casper, ou Arthur pour les vieux croulants anciens lecteurs de Pif Gadget, comme votre serviteur, mais évite la mièvrerie infantile. Buffy avait souffert avent de trouver la colocataire idéale (Living conditions), au moins Cordy aura réussi du premier coup la perle rare ! Le récit demeure une variation très aboutie sur le thème inépuisable de la maison hantée, mais dont le véritable sujet demeure toujours Cordy, un parfait portrait de cet autre grand atout de la série. Dommage qu’Espenson n’ait écrit que deux épisodes pour Angel. De son côté le public féminin aura eu droit au Héros au sortir de la douche, que demande le peuple ? Les infos supplémentaires On trouve ici une nouvelle allusion à Batman, Cordy estimant que sa concurrente ressemble à Catwoman. Le visage désespéré de Dennis impressionna tellement Whedon qu’il figura au générique jusqu’au terme de la série. Première apparition de Dennis le Fantôme, qui disparaitra en saison 4, après que Cordélia eut cessé d’occuper l’appartement. Sans information particulière le concernant, on peut estimer qu’il continue à hanter le logement. Celui-ci deviendra le local éphémère d’Angel Investigations en début de saison 2. Le diplôme de Cordy est partiellement roussi du fait de la Bataille de Sunnydale, survenue au terme de la saison 3 de Buffy (Graduation Day). La signature de Snyder est bien présente, mais pas celle du Maire, qui se transforme en démon géant avant la conclusion de la cérémonie. La musique qu’écoute Angel est L’Ode à la Joie, de Beethoven (1824). Cordy écoute à la radio un standard des Mill’s Brothers, You always hurt the one you love (1944). Le titre original signifie Room with a view, dans le style abrégé des petites annonces.. 6. RAISONS ET SENTIMENTS Scénario : Tim Minear Réalisation : James A. Contner Tony Papazian, un client de Wolfram & Hart, a été arrêté par Kate et Angel. Mais Kate s'emporte contre le prisonnier, et le cabinet obtient qu'elle et tout le commissariat suivent une inspection psychologique. A l'issue de plusieurs séances, tous les policiers et inspecteurs sont devenus ultrasensibles et émotifs, et se retrouvent incapables de faire leur travail, laissant le champ libre aux bandits. La situation se complique quand Angel est touché à son tour... La critique de Clément Diaz: Sense and Sensitivity part d'une idée extrêmement originale, due à l'imaginatif Tim Minear : que se passerait-il si les représentants de l'ordre laissaient parler leurs sentiments de la manière la plus débordante ? Ingénieux, le scénario a donc toute latitude pour alterner drame - catastrophes en crescendo, relation très dure entre Kate et son père - et comédie - Angel sous le charme, Kate en vamp bombasse - Passé les dix premières minutes purement polar - avec l'apparition horrifiante d'Angel en chemise hawaïenne, arrêt cardiaque pendant 30 secondes assuré - et les plaintes de Cordélia à ne pas voir Angel se montrer plus chaleureux qu'elle (tragicomique scène des chaussures). Habile faux-semblant que ce psychiatre qui nous semble d’abord être un débile aux phrases creuses et déconnecté de la réalité, alors qu'en réalité, il est un baddie d'un cynisme et d'une perfidie absolue, à l'efficacité mortelle. Wolfram & Hart, par ses ressources, ses avocats retors, ses alliés de taille, commence à prendre toute sa place. Bien sûr, on se demande qui est le Numéro 1... Le maléfice donne des scènes fantastiques, comme le discours amer et rageur de Kate à son père (le jeu d’Elisabeth Röhm est à pleine puissance, on est sous le charme), contre cette relation viciée et sans chaleur, voire sans amour. Le refus du happy end (une idée de Joss Whedon) sonne très juste, et donne ce triste goût d'inachevé qui oriente pleinement la série vers une plus grande noirceur que sa série-mère. On rit quand même un peu quand Kate se love en odalisque sensuelle dans le bureau d'Angel tout en assénant deux-trois vérités qui font bien mal au trio. Mais le comble, c'est de voir Angel prôner la paix, l'amour, la diplomatie, la compréhension de l'autre, etc. dans une situation intenable, Boreanaz se parodie joyeusement. Bon, on peut regretter une résolution trop rapide de l'affaire, alors que la progression dramatique a été impeccablement menée. Mais globalement, on ne peut qu’applaudir la grande originalité de cet épisode, révélateur de la souffrance personnelle que recèle le dur travail de policier, métier où les sentiments personnels n’ont pas leur place. La critique d'Estuaire44: - My parents were great. Tasted a lot like chicken. On apprécie vivement cet épisode, qui détourne avec brio et humour l'un des poncifs de la série policière : la visite chez le psy du service (l'inénarrable inspecteur Harry y avait déjà eu droit) Les auteurs exploitent toutes les potentialités de la situation, encore amplifiées par le recours au Fantastique, dans l'émotion comme dans l'humour. Le portait de Kate et de son parcours est approfondi avec talent, avec une formidable Elizabeth Röhm. Wolfram & Hart accroit son aura maléfique, tout en fonctionnant comme une multinationale glaciale mais classique (recours à un expert pour un contrat mission). Ses cadres sont de jolis cas, comme on dit en psychiatrie. A peu près à cette époque Spike avait également arboré une chemise hawaïenne, lors de son hilarante tentative de suicide, je suis positivement ravi qu'Angel relève ici le gant. il ne sera pas dit qu'il existe le moindre domaine où le punk décoloré puisse prendre l'ascendant sur le Prince de Los Angeles, y compris le ridicule vestimentaire absolu et tragique. Angel ne transige pas, jamais. On éprouve toutefois un unique regret. Cette magie chaotique de manipulation des esprits relève du plus pur Ethan. L'épisode aurait encore été meilleur avec lui comme mercenaire de Wolfram & Hart, tout comme il l'a été pour le Maire. Les infos supplémentaires La caméra de surveillance parvient à filmer Angel, alors que des miroirs interviennent dans son fonctionnement. Il s’agit de l’unique occasion de la série où Angel aura à utiliser un équipement de vision nocturne. Le titre original est un clin d’œil à un roman de Jane Austen, Sense and Sensibility (1811). 7. ENTERREMENT DE VIE DE DÉMON Scénario : Tracey Stern Réalisation : David Straiton *L’esprit vengeur, épisode 4.08 de Buffy contre les vampires, s’enchaîne à cet épisode. Harriett, épouse séparée de Doyle, arrive à Los Angeles. Elle va se remarier avec Richard Straley, et demande donc à Doyle de signer les papiers du divorce. Malgré la courtoisie et les prévenances du nouveau fiancé, Doyle n'a pas confiance en lui... La critique de Clément Diaz:
Angel sacrifie ici à un marronnier séculaire dans les séries (qu’évitera lui Buffy) : le retour de l'ex d’un des héros. Tracey Stern a le bon goût de ne pas nous faire le cliché de la tension sexuelle, qui n'aurait pas été assez fort vu le lien encore frais entre Doyle et Cordy. Toutefois, l'épisode ressemble beaucoup à un gros prélude bien lambin à l'affrontement final. Bon guesting de Kristin Dattilo, mais le personnage est bien lisse ; on est loin de l'étincelante Cordélia. Surtout, on ne comprend pas le contresens des auteurs à centrer l'épisode sur Doyle qui ne fait à peu près rien de l'épisode, subissant passivement tous les événements. Après les premières minutes à la fois drôles (le rendez-vous super excitant de Cordélia) et "castagneuses" (Doyle vs. le vampire), le rythme retombe mollement. De plus, la règle d'or veut que - sauf parodie - un baddie ne soit pas crétin ; pourtant, le joyeux fiancé est bien terne. La famille est un peu plus relevée, avec leurs délires de rituels assez croquignols, notamment le frérot, mais sans plus. Il manque un vrai méchant. La bagarre de fin est quand même bien foutue, avec Cordélia très près de découvrir le secret de Doyle, Houuuuuuuu, on a eu chaud. On finit avec la vision de Doyle à propos de Buffy, annonçant un arc de deux épisodes, l’un dans Buffy, le deuxième dans l’épisode suivant. Une scène absolument épique (reprise d’ailleurs dans le générique) : Angel à terre qui se relève et qui fracasse la porte, le réveil du tigre comme on l'aime ! Épisode assez pâle quand même. La critique d'Estuaire44: - I swore when I went down that road with Xander Harris, I’d rather be dead than date a fixer-upper again. Il faut avouer que l’on glisse facilement sur cet épisode, sans jamais réellement y prêter attention, hormis pour la bagarre finale et bien entendu l’annonce du cliffhanger à venir. Décidément Doyle n’imprime que fort peu sa griffe à la série. Face à deux personnages connus et adorés des fans depuis des années, c’était pratiquement mission impossible que de s’imposer. Il aurait fallu un personnage plus ample, moins convenu (bon, le petit jeu sur l’identité secrète, c’est d’un banal) et un acteur plus marquant. A ce moment de la saison, on commence à s’apercevoir que ça ne va pas le faire et l’inanité de cet épisode centré sur Doyle s’avère terrible. Apparaître comme un personnage secondaire d’une intrigue parlant de vous compose une espèce de performance. Par conséquent ses amourettes suivent le même chemin, d’autant qu’ici on plaque un aspect démoniaque sur une comédie sentimentale très bateau, sans que cela génère vraiment de valeur ajoutée. Il est vrai que cette histoire de manger le cerveau façon Indiana Jones et le Temple Maudit était divertissante. Sacré Joss. Les infos supplémentaires Richard est interprété par Carlos Scott, qui jouait également le démon Ken dans l’épisode Anne de Buffy. Ayant aussi participé à Firefly, il appartient au club fermé des acteurs apparaissant dans les trois séries cultes de Whedon. Ce dernier les surnomme les hat-tricks. Le nom complet de Doyle est Allen Francis Doyle. Le second prénom est le même que celui de son interprète, Glenn Quinn. Yeah, well, maybe I should get my people to look over this before I go ahead. Just to make sure I'm not buying an ostrich farm déclare Doyle. Il fait référence à une vague d’investissements ayant traversé l’agriculture américaine, de nombreux exploitants se lançant dans l’élevage d’autruches, estimant que leur viande allait connaître un grand succès. Ce ne fut pas le cas, ce qui provoqua d’importantes faillites. Angel se plaint du prix de la fenêtre à remplacer. Il s’agit du début d’une plaisanterie récurrente de la série voyant le Héros se montrer de temps à autres près de ses sous. 8. JE NE T'OUBLIERAI JAMAIS Scénario : David Greenwalt et Jeannine Renshaw Réalisation : David Grossman *Cet épisode s’enchaîne à L’esprit vengeur, épisode 4.08 de Buffy contre les vampires. Buffy arrive à Los Angeles, dans l'intention d'avoir une explication avec Angel du fait de son intervention secrète à Sunnydale. Attaqués par un démon, Angel touche le sang de ce dernier et redevient humain. Il comprend alors que lui et Buffy peuvent enfin vivre leur amour. Hélas, une horrible désillusion les attend au tournant...
Un des plus beaux épisodes de toute la série. I will remember you est un des exemples les plus réussis en matière de mélodrame sentimental déchirant. Il est impossible, même pour ceux qui sont peu sensibles au Bangel, de rester insensible devant les torrents d'émotion dont Greenwalt et Renshaw nous abreuvent tout le long. Ok, l'intrigue du démon "autorégénérant" n'est qu'un McGuffin pour "Bangeliser" à fond... et on s'en moque tant on rentre de plain-pied dans cet épisode vraiment à part, davantage épisode d'amour qu'épisode de Fantastique. Logiquement, Doyle est à l'écart, tandis que dans cette tragédie lyrique, Cordélia joue le rôle du Choeur aux commentaires aussi drôles que pertinents (They suffer, they fight, that's business as usual. They get groiny with one another, the world as we know it falls apart). On se prosterne devant les talents estomaquants de David Boreanaz et bien sûr de Sarah Michelle Gellar, en plein transport. L'ampleur du lien Buffy-Angel atteint une dimension symphonique absolument gigantesque. La première discussion sous tension donne le la, suivie de la superbe scène dans les égouts, où chacun admet sa douleur, son incapacité à dépasser des sentiments qu'ils ne peuvent vaincre. La petite explosion d'émotion de Buffy, et la réponse douloureuse d'Angel sont éblouissantes. Le rebondissement du sang du démon est un maître coup scénaristique qui enclenche la machine de la tragédie grecque : nous savons déjà que ça ne peut bien finir. Alors voir Buffy et Angel au sommet de la félicité est plus émouvant qu'au premier abord. La puissance frénétique de leur amour éclate lors de la scène de la cuisine, où tous deux tentent de se comporter en raisonnables, en "matures"... peine perdue, leurs corps, leurs âmes n'aspirent qu'à se joindre, et leur étreinte balaye tout sur leur passage. On atteint le climax de l'attendrissement lors de la scène de lit, avant que le retour du démon brise l'harmonie de ces instants d'éternité. Le dilemme d'Angel est savamment amené, à l'issue d'une bataille sauvage où les deux amants luttent énergiquement pour se sauver l'un l'autre. L'étrangeté des deux scènes des Oracles du "Powers that be" est troublante et mises en scène au cordeau. Mais que dire des deux dernières scènes, qui comptent parmi les plus tristes, les plus bouleversantes de ce que la télévision peut nous montrer. Le sacrifice final d'Angel est déchirant malgré qu'on le pressentait, sa quête et son destin lui interdisent tout bonheur personnel. Mais on n'aurait jamais cru que les auteurs pousseraient la cruauté jusqu'à infliger à Angel la douleur inhumaine de rester seul avec son souvenir, c'est vraiment... terrible. Comment ne pas flancher quand Buffy s'effondre en larmes au moment où ces heures enchantées vont disparaître à tout jamais ? Le Bangel à son zénith, et un des plus grands chefs-d’œuvre toutes séries confondues. La critique d'Estuaire44: - Look, Buffy will always be a part of me, and that's never going to change, but she's human, and I'm...not. And that's also never going to change. Placer cette réunion aussi vite après la séparation était une prise de risque mais le pari a été magistralement tenu. Sarah Michelle Gellar et Boreanaz sont plus fusionnels que jamais et l’opus compte plusieurs des moments les plus forts de leur relation au long cours, si tumultueuse et captivante. Passer des sommets de la félicité amoureuse à l’abyme du drame passionnel (inoubliable scène finale) en un seul opus, par un rouage scénaristique crédible reste un maître coup. Un bel exemple de l'utilisation des potentialités du Fantastique pour explorer l'âme humaine et exalter la notion de don de soi. L’incarnation partielle des Puissances Supérieures par les Oracles s’avère réussie, avec une étrangeté bienvenue, tandis que les quelques scènes à étincelles entre Buffy et Cordy nous font souvenir pourquoi on a autant apprécié leur relation durant les trois première saisons de Buffy contre les Vampires. On éprouve toutefois quelques réserves mineures. On trouve étonnant que deux tueurs finis comme Angel et Buffy ne comprennent pas d'emblée que l'espèce de gemme sur le front du démon immortel soit son point faible; c'est un des plus gros poncifs de Donjons et Dragons. Et puisque cela soit pour son départ de Sunnydale ou ici, C'est toujours Angel qui décide seul et qui met Buffy devant le fait accompli, sans en avoir parlé avec elle au préalable, notre ténébreux ami ne serait-il pas un tantinet macho sur les bords ? On peut aussi s’étonner qu’il n’ait pas anticipé que ce serait nettement plus difficile de combattre un démon en étant redevenu un humain sans pouvoirs. Tout ceci n’entache en rien l’impact émotionnel dévastateur du récit. Les infos supplémentaires Le titre provient d’une chanson de la canadienne Sarah McLachlan. Ses titres sotn entendus dans deux épisodes de Buffy : Becoming (2.22) et Grave (6.22). Kristine Sutherland (Joyce) devait déclarer à propos de cet épisode : I love it… When you watched their relationship over the years, there was son much that thwarted it and made it impossible. It was an incredebile release for me , as an audience person, to go there at least once. The romantic in us does live. Joss Whedon a indiqué dans un supplément DVD qu’il s’agissait de l’un de ses épisodes préféré, sur l’ensemble des deux séries. Lors de la bouleversante scène finale, Boreanaz, pris par l’émotion déclare Please, Sarah, please, confondant personnage et interprète. Whedon décida de conserver la scène telle quelle. A la fin de l’épisode Angel tue le démon ayant jailli de la fenêtre, en se rapprochant particulièrement près de la lumière du soleil. Lors de la scène finale on entend Close your Eyes, le thème de Buffy et Angel dans la série Buffy the Vampire Slayer, composé par Christophe Beck. On trouve ici l’ultime rencontre entre Buffy et Cordélia. "I was really jonesing for another heartbreaking sewer talk déclare Buffy. Elle fait allusion à sa rupture avec Angel, effectivement survenue dans un égout (The Prom). Angel et Buffy s’embrassent sur une plage, un évènement que cette dernière avait vu en rêve lors de l’épisode Anne de Buffy contre les Vampires. Il est possible qu’il s’agisse de l’un de ces songes prophétiques que connaissent parfois les Slayers. Scénario : Howard Gordon et Tim Minear Réalisation : Tucker Gates Un groupe de demi-démons inoffensifs est régulièrement attaqué par “Le Fléau”, un groupe ultraviolent de démons “purs” qui veulent éliminer tous ceux de “sang-mêlé”. Angel Investigations se mobilise, ignorant que le prix qu'ils devront payer pour sauver les traqués sera très lourd... La critique de Clément Diaz: On pouvait deviner dès le titre de l'épisode que ça allait mal finir. Et heureusement qu'il finit mal, parce que cet épisode est sans doute le plus ennuyeux de cette première moitié de saison. Cette intrigue de démons eugénistes mi-nazi mi-Voldemort (Sang-pur, sang-mêlé, J.K.Rowling aurait pu demander des droits...) est d'un désintérêt sidéral. L'épisode se résume à de longs tunnels verbeux (flashback supra cliché de Doyle) et à des courses-poursuites dépourvues de la moindre adrénaline. Monolithiques, grossiers, le "Fléau" forme une opposition bien terne, dont la spectaculaire arme de "purification" massive est plus intéressante que ceux qui l'activent. Côté chassés, l'ado casse-pieds est irritant comme jamais, et on perd beaucoup de temps quand Doyle essaye de le raisonner. Cordy attend tranquillement dans le bateau, tandis qu'Angel s'infiltre dans la place... pour en ressortir aussitôt, tuant tout suspense. L'épisode est raté dans ses grandes lignes. Toutefois, les cinq premières minutes avec le délire de Queen C en reine de la promo et Doyle en présentateur vedette fait partie des grandes scènes "Cordéliennes". Toutes les petites scènes entre les deux sidekicks sont pimentées avec un comique franc. Bon, parlons de ce finale, qui se veut déchirant. Il manque à moitié son but, car malgré Glenn Quinn, Doyle ne s'est jamais vraiment affirmé : il était trop pâle pour sortir de l'ombre d'Angel et de Cordélia. Son côté héroïque a rarement transpiré jusque-là... et là d'un coup d'un seul, c'est lui le héros ? On a du mal à y croire. Heureusement, le comédien est convaincant et parvient à donner un peu d'émotion lorsqu'il prend sa décision finale. Superbe coda avec Angel et Cordélia regardant la vidéo de Doyle, se finissant par un ironique Is that it ? Am I done ? et un fondu au noir sans musique, froid... Évacuer un personnage principal au bout de seulement 9 épisodes, on reconnaît bien là les tendances audacieuses de Whedon (il refera le coup en saison 6 de Buffy, pour un résultat beaucoup plus choquant et terrible...). Il faudra attendre la fantastique série MI-5 pour retrouver une audace pareille. So long Doyle ! La critique d'Estuaire44: - So don't lose hope. Come on over to our offices and you'll see that there's still heroes in this world. (…) Is that it ? Am I done ? L’épisode résulte très inégal, avec une approche de la solution finale sympathique et sincère mais trop appuyée et pas assez en raccord avec les volontés de réalisme de cette première saison (toute une population de démons en plein Los Angeles). L’intrigue ne fait pas dans la demi-mesure concernant l’héroïsme de Doyle, on appelle ça un enterrement de première classe. Nouveau venu, Doyle avait un handicap affectif énorme à remonter face à Angel et Cordy, il n'a jamais eu les cartes pour ça, car il est demeuré un malhabile composite entre Alex et Giles. Il fallait avant tout enraciner la série dans le paysage avant de créer de nouveaux personnages, au lieu de courir plusieurs lièvres à la fois.. L’image finale de Doyle sur écran demeure toutefois particulièrement émouvante par sa simplicité. L’hilarant film publicitaire initial estampillé 100% Queen C parachève le parallèle astucieux et amusant mené par Whedon autour de Batman, avec le clin d'œil Dark Avenger /Dark Knight. Les infos supplémentaires Le surnom de Dark Avenger réapparaîtra de temps à autres au fil de la série et demeurera accolé à Angel par les fans de la série. Glenn Quinn, qui se fit connaître grâce à la série Roseanne, fut retrouvé mort trois ans après son départ de la série, Il fut victime à 32 ans d’une overdose d’héroïne.. Quinn était un ami personnel de David Boreanaz et de Christian Kane. Malgré les rumeurs persistantes, Whedon a toujours affirmé que la mort de Doyle répondait à une volonté délibérée de créer un choc auprès du public et à aucune autre raison. Cette perspective était selon lui connue dès le commencement de la série et Quinn quitta la production en bon termes Devant le tumulte provoqué chez les fans, Whadon devait déclarer au magazine SFX : It did cause a lot of fuss. He’s a popular guy… He was’nt that popular, before we killed him, something I have to remind people of. Surnommé le Dark Avenger, Angel approxime plus que jamais Batman, dont le surnom le plus connu est le Dark Knight. Le film publicitaire de Cordy avait en fait été imaginé par Fury, dans son scénario non retenu, Corrupt. Il se ra aperçu dans deux épisodes ultérieurs Birthday (3.11) et You're Welcome (5.12). Les Scourges ressemblent trait pour trait aux démons esclavagistes affrontés par Buffy dans Anne. 10. CADEAUX D'ADIEU
Scénario : David Fury et Jeannine Renshaw Réalisation : James A. Contner Suite au baiser d'adieu de Doyle, Cordélia a hérité de son pouvoir de vision. Un démon liseur de pensées demande à Angel Investigations de le protéger d'un motard qui le poursuit pour une raison qu'il ignore. Pendant son enquête, Angel tombe sur ledit motard, qui n'est autre qu'une vieille connaissance... La critique de Clément Diaz: Deux événements marquants ici : l'héritage inattendu de Doyle, et le come-back de Wesley Wyndam-Price. Cependant, ils s'inscrivent une nouvelle fois au sein d'un scénario peu élaboré et à une course contre la montre sans tension et au fil narratif très lâche - trouver la trace de Cordélia à partir d'une grossière esquisse est tiré par les cheveux. Justement, Cordy est encore une fois dans un rôle de demoiselle en détresse, un poncif sur lequel Angel s'échoue assez souvent en cette saison 1, contrairement à celle correspondante de Buffy. La venue de Wesley, encore engoncé dans le rôle de boulet qu'il tenait dans Buffy, n’est pas encore une bonne nouvelle. Bon, le voir toujours péter plus haut que son cul, c'est amusant, et Alexis Denisof est irréprochable, mais à part un dévouement sincère et une maîtrise (imparfaite) de langues démoniaques, Wesley n'apporte pas encore grand-chose. Il n'est pas le burlesque de service comme Anya, simplement un rouage assez rouillé de la mécanique de la série. Heureusement, Whedon sait faire évoluer ses personnages, et en trois-quatre épisodes, Wesley va combler sans problème le trou laissé par Doyle, jusqu’à devenir dans les saisons suivantes, une figure-clé de la série. Il est finalement légitime que le coincé casse-pieds (pour rester poli) de départ mette un peu de temps pour devenir un héros à part entière. Soyons patients. L’épisode vaut le coup d’œil grâce au démon du jour, fin psychologue (spécialité Whedon : les meilleurs psys sont souvent des vampires et des monstres). Il est l'objet d'un beau twist, tandis que sa tirade où il dit à Cordy tout ce qu'elle n'a pas envie d'entendre (culpabilité du survivant) est cruellement ciselé. D'autres bonnes scènes sont dues à Charisma et son talent naturel de gagwoman : le running gag de ses baisers pour se débarrasser du don est comique, et atteint un sommet avec Wesley qui croyait avoir encore une chance, pauvre Wesley ! Admirons aussi l'audition catastrophique de notre chère amie pour la publicité, qui non seulement révèle la profondeur de son lien brisé avec le défunt mais trouve aussi une excellente réponse lors de la mémorable vente aux enchères où elle doit faire son autropromotion pour se sauver. Et puis, elle tue le bad guy à la fin, alors on apprécie. La critique d'Estuaire44: - I'm a fraud. The Council was right to sack me. Yes, I was fired. Two. I had two Slayers in my care. One turned evil and now is in a vegetative state in a coma, and the other's a renegade. Fire me ? I'm surprised they didn't cut my head off. Cet épisode divertissant ne compte pas parmi les plus marquants de la série, mais parvient à gérer l'installation de l'après Doyle (très présent dans le récit), tout en développant une intrigue comportant tout de même quelques jolis retournements de situation. Il capitalise également sur le talent de Charisma et de Denisof, qui ont tous deux de belles scènes à défendre. Whedon blinde sa série en la centrant sur des transfuges de Buffy, ce qui était sans doute dès le départ la meilleure des solutions. Après avoir installé la série, il sera toujours temps de lancer de nouveaux personnages, c'est le bon tempo. L'entrée en scène de Wes s'effectue de manière astucieuse. Déplacer le pouvoir de Doyle sur Queen C évite de le positionner en successeur mécanique, pour au contraire proposer une prometteuse page encore à écrire. De fait Wes va formidablement évoluer, pour devenir l'une des figures du Buffyverse a avoir connu la plus grande évolution, ce qui n'est pas peu dire. Sinon on apprécie la passerelle vers le monde des chasseurs de démon, merci pour les auteurs de fanfics Buffy/Supernatural (le couple Dean/Faith a la côte). Bon, la Chewy Impala aura plus de classe que la Moto à Wes. Petit regret, la présence d'une émissaire de Wolfram & Hart aurait pu permettre de brièvement introduire la belle et venimeuse Lilah Morgan, mais ce sera pour un peu plus tard. Il reste dommageable de découvrir le nom d’Alexis Denisof au générique, cela minore l'effet de surprise. La scène du petit déjeuner est adorable, on se croirait presque de retour à Sunnydale. Barney s’avère également un excellent méchant. Les infos supplémentaires L’épisode marque l’arrivée de Wesley, qui fut l’éphémère Observateur de Buffy et Faith. Il va demeurer jusqu’au terme de la série, devenant progressivement l’irremplaçable bras droit d’Angel. It went considerably better than last time déclare Wes après que Cordy l’eut embrassé. Cela fait référence à un mémorable fiasco survenu lors de Graduation Day. Boreanaz dissimule difficilement un fou rire lors de la première confrontation avec Wesley. Cordélia a désormais hérité du don de prophétie de Doyle. Elle tue également un démon pour la première fois, après avoir déjà occis un vampire lors de Graduation Day. Le second prénom de Wesley est un hommage à John Whyndham, important auteur britannique de Science-fiction (The Day of the Triffids). La moto de Wesley est une Big Dog, très populaire durant les années 90. Quoiqu’Américain, Denisof avait passé la majeure partie de sa carrière en Angleterre. Dès avant sa participation à Buffy contre les vampires, il était un ami d’Anthony Head (Giles), avec lequel il avait déjà joué sur scène. Ce dernier lui donna de précieux outils quant à la manière d’interpréter un digne gentleman anglais. A propos de Wesley, Head devait déclarer à la télévision : They were looking for somebody who thinks he’s Pierce Brosnan but is actually George Lazenby. Il précisa également être à titre personnel très triste du départ d’Alexis pour Angel et qu’il regretterait la tension existant entre les deux Observateurs. Par la suite Denisof collaborera de nouveau avec Whedon pour Dollhouse, Avengers ou encore Beaucoup de bruit pour rien. Alexis Denisof devait épouser Alyson Hannigan (Willow) le 11 octobre 2003. Ils sont les parrains du fils de Joss Whedon, Arden. Lors d’une interview, Whedon devait asséner : I have more fun writing Wesley than I Did Doyle. When Wesley came on, we were finding our legs. 11. RÊVES PRÉMONITOIRES Scénario : Tim Minear Réalisation : Winrich Kolbe Plusieurs meurtres sont commis ces dernières nuits, or il s'agit du même mode opératoire que celui utilisé naguère par Angelus au faîte de sa puissance. Après avoir écarté la possibilité qu'Angel ait commis ses meurtres pendant son sommeil, nos amis tentent de trouver qui est le copycat. Pendant son enquête, Angel dévoile accidentellement sa véritable nature devant quelqu'un qui n'aurait jamais dû le savoir... La critique de Clément Diaz: Branle-bas de combat chez Angel Investigations. Après le congé à durée déterminée (une petite éternité) de Doyle, l'entrée en scène du valeureux Wesley, et les maux de tête de Cordy, voilà maintenant le gros clash tant redouté (et attendu, hein, on est tous un peu masos) entre Angel et la belle Kate. L’histoire est très intéressante, malgré quelques longueurs. Le début où l’on croit qu'Angel est l'assassin (un p'tit retour de The First ?) avec ces rêves sordides et prémonitoires mettent tout de suite l'ambiance sombre qui réussit à la série. L'adroit Tim Minear bute contre un "padawan" plus tête à claques que vraiment inquiétant (Jeremy Renner, déjà bien dans l'action avant Jason Bourne), mais il gère plutôt bien l'histoire et montre superbement bien les doutes, les craintes d'Angel, qui voit qu'il va devoir éliminer son fils spirituel. Leur lien entre eux deux est savamment ambigu : en plus de la folie de Penn, ce dernier aime son "sire" mais voudrait le "tuer" métaphoriquement (avant que ce soit pour de vrai comme souvent dans le Buffyverse), et Angel semble tourmenté lorsqu'il doit l’affronter. La grande place laissée à Kate (toujours sublime Elisabeth Röhm) est justifiée pour mettre en évidence les deux univers qui vont rentrer en collision au cours d'une traque et d'une bagarre d'anthologie. Leur relation se dégrade illico - remarquable scène où Kate refuse de le laisser entrer, et depuis ne va cesser d’être rongée par un fiel intenable. Kate refuse d'abord l'évidence avant de l'admettre, mais sa relation de confiance avec Angel semble bien détruite. La rédemption est encore lointaine pour l'ancien Angelus. Sinon, Kate dressant le portrait de l’assassin rappelle une nouvelle fois le Frank Black de MillenniuM (sauf que les visions et l'aspirine, c'est pour Cordélia). Wesley traverse l’épisode sans qu’on le remarque. Heureusement, Queen C vole quelques scènes comme lorsqu'elle se fait avoir par Penn, parle au fauteuil vide, ou bien quand elle console Angel dans la scène finale (If you become bad again, I'll kill you/Thanks you/What are friends for ?). Un bon épisode. La critique d'Estuaire44: - I'm sorry what I did to you, Penn, what I turned you into. - A first class killer ? A bold re-interpreter of the form ? - Try cheesy hack. Look at you. You've been getting back at your father for over 200 years. It's pathetic and cliched. You've probably got a killer shrine on your wall. News clippings, magazine articles, maybe a few candles. Oh, you are so prosaic. De manière très ambitieuse, l'épisode s'articule autour de plusieurs confrontations. Angel/Peen combine astucieusement action et psychologie, sur un ton Anne Rice très reconnaissable (c'est assez Lestat/Louis totalement tombés dans le côté obscur). On sait bien que ce n'est pas Angel qui a commis les crimes, mais cela reste malgré tout dramatiquement fort. Angel/Angelus apparaît au cœur du récit, avec une superbe réminiscence de l'aura d'un des Big Bads les plus marquants de Buffy. A travers Peen, Angel est confronté à une personnification de son sanglant parcours, qui n'avait été le plus souvent évoqué qu'en flash back chez Buffy (hormis une rencontre entre Angel et Dru). Ici on passe au palpable et à l'effectif, logiquement pour un récit désormais centré sur le Vampire ayant une âme. De manière caractéristique, Penn utilise les mêmes manipulations qu'Angelus visant à torturer psychologiquement sa proie avant de la mettre à mort, de manière artistique. Chez Franck Black (MillenniuM) ce serait un passionnant cas de copycat prolongeant son inspirateur. Tout ceci conduit à une introspection interrogative d'Angel concernant son identité duale, menée de main de maître. Par ailleurs la très riche intrigue ne réduit pas Penn à un simple écho, mais le dote d'une vraie personnalité. L'auteur a d'ailleurs la finesse de ne pas seulement le confronter à Angel, mais aussi de lui ménager des scènes avec Wes, Cordy et Kate. Le troisième conflit oppose d'ailleurs cette dernière à la part d'ombre d'Angel, intrinsèquement à Angelus, alors qu'elle même symbolise son rapport à l’humanité. Parmi ce récit si centré sur le passé, elle représente le moment présent, une scène déconnectée de Sunnydale où surviendra la rédemption ou la chute qu'entreprend de raconter la série. Cet épisode est d'ailleurs un tournant essentiel de sa relation avec Angel et son choix lors de la bataille finale prend la valeur d'une ordalie pour ce dernier. Celui-ci, malgré sa périlleuse double nature et son passé, représente bien une chance pour le monde, un champion. Un épisode particulièrement riche et maîtrisé, centré sur Angel et sur l'inépuisable complexité de sa dualité. Il évoque superbement al figure passionnante du Vampire, l'une des plus riches de notre folklore, davantage selon la tradition Anne Rice (la meilleure) que celle de Bram Stoker (et bien loin des végétariens sympas jouant au base-ball). Les infos supplémentaires Kate apprend ici qu’Angel est un vampire, ce qui va perturber définitivement leur relation. On peut s’étonner que Kate trouve aussi facilement des informations sur Angelus, car Giles en avait seulement découvert dans les archives les plus secrètes du Conseil (The Watcher Journals.). Ou alors le LAPD a une ligne directe avec le FBI, service des Affaires non classées. Il est également curieux de voir Wes inviter Angel à entrer dans l’appartement de Penn, en tant qu’Observateur, il devrait savoir que cela ne fonctionne pas comme cela. Dans Sense and Sensitivity, Angel avait déclaré ironiquement à Kate : You've got me. I'm the Pope. Il s’agit ici du surnom donné par la presse au serial killer. Quand Penn accroche le journal au mur, on entende la chanson Confusion, de New Order. Alors qu’Angelus est prononcé avec l’intonation latine dans Buffy, on passe ici à la sonorité anglaise, un changement voulu par Whedon. You'd be locked up faster than Lady Hamilton's virtue ! S’exclame Angel. Lady Emma Hamilton (1765-1815), ancienne prostituée, fut l’amante de l’Amiral Wilson et de bien d’autres personnalités de son temps. Elle inspira plusieurs peintres, mais aussi Alexandre Dumas. Penn est interprété par Jeremy Renner, qui deviendra Hawkeye dans le film The Avengers (2012) de Whedon. Denisof apparaît désormais comme personnage régulier au générique. 12. GROSSESSE EXPRESS Scénario : Howard Gordon Réalisation : David Semel Après un coup d'un soir, Cordélia se réveille... enceinte de plus de 8 mois ! Angel et Wesley comprennent qu'elle a été fécondée par un démon. Ils tentent au plus vite de le retrouver avant qu'elle accouche de son infâme progéniture – ce qui la tuerait au passage - d'autant qu'elle agit de plus en plus bizarrement et dangereusement...
L'habile Howard Gordon pallie à la prévisibilité de son script par un traitement original de chaque situation attendue. L'intrigue démarre sur un pastiche acide de Rosemary's baby et se termine par un final à la SOS Fantômes, le tout irrigué par ce mix d'horreur et de comique qui fait la fortune des magnum opus de Whedon. Autour, on se régale grâce à Cordélia : qu'elle ait encore des progrès à faire dans le travail de classement, qu'elle se goure d'adresse dans ses visions, ou qu'elle pulvérise un démon frigorifié, tous ces moments affirment sa source comique et viennent pervertir son image de demoiselle en détresse, elle en avait bien besoin ! Chaque cliché se voit renouvelé : la visite chez le médecin est riche en twists (two, three, four, five, six... seven !) ; lorsque Wesley a trouvé le démon, Cordy l'assomme, Angel enquêtant chez l'amie de Cordy... découvrant aussi qu'elle est victime. Même le rituel de séduction cliché est revisité par les petites intrusions de notre ami Dennis (qui se calme vite quand Queen C menace de passer la version d'Évita de Madonna, pas fou le type). A chaque fois, on est agréablement surpris. Sinon, dans une scène, Angel est "pas content" quand on lui tire dessus, et malheureusement pour ses assaillants, il est "pas content" en mode Rambo. J'aiiime. Le final en mode nanar comique est à la fois ingénieux et un peu crétin, c’est délicieux. L'humour est bien contrebalancé avec l'horreur de la situation qui s'accroit à chaque minute où Cordy perd le contrôle, quand tout commence à partir méchamment en vrille (boyfriends disparus, bébés monstres à venir). Quelques moments d'émotion quand Dennis tend le mouchoir à Queen C, et quand Angel dit qu'il est "de la famille", ou la tirade finale de Cordélia. Impeccable. La critique d'Estuaire44: - Who are you ? - Wesley Wyndam-Pryce, Rogue Demon Hunter, and I'm here to fight you, Sir, to the death...Preferably yours. Très bonne idée que de raconter une pure histoire d'épouvante, très à la Rosemary's Baby, en mode série B. L'épisode se montre parfaitement distrayant, avec des scènes d'actions tirant toujours vers l'humour, voire la quasi parodie. On observe un mélange émotion/action/gags hilarants typique du style Whedon.. On apprécie que ce dernier continuât à toujours accorder autant d'importance à l'écriture de ces personnages. Nos trois amis ne sont plus des transfuges de Sunnydale que le hasard (ou les Puissances Supérieures) ont fait se retrouver à Los Angeles, mais forment bien désormais leur propre famille. Wes commence à évoluer, comme Observateur érudit mais aussi comme homme d'action. Il y a peu il aurait été ridicule en défiant le démon, ce n'est plus le cas ici. On remarque tout de même que l'ami Whedon a comme un relationnel difficile avec l'acte sexuel, quasi toujours synonyme de catastrophe dans ses séries (émergence d'Angelus, avilissement voire quasi viol de Buffy avec Spike, Xander utilisé pas Faith, Riley et Buffy en perdition dans une maison hantée, ici Cordy engrossée diaboliquement...). Se dégage comme un panorama d'ensemble, comme quoi Mulder et Scully ont bien fait d'attendre sept ans. Les effets spéciaux sont plutôt réussis pour l'époque. La saison 1 confirme son excellent niveau global. Des erreurs parfois graves seront à mon sens commises durant les 3 et 4 mais ici même les loners "standards" sont délectables. Les infos supplémentaires Wesley et Cordy se font passer pour le couple Pangborn, un clin d’œil à l’auteur de Science-fiction Edgar Pangborn. Son ouvrage le plus connu s’intitule Angel's egg (1951). L’mage de Wesley plantant accidentellement la hache dans le mur sera reprise au générique. Une nouvelle allusion est faite à Batman quand, à propos de son maquillage, Cordy déclare : Now I look like the Joker. La première version du scénario de Tim Minear était franchement humoristique, mais Whedon insista pour qu’il se rapproche davantage de l’épouvante. Scénario : David Greenwalt et Marti Noxon Réalisation : David Greenwalt Angel est sur la piste d'une démone d'une autre dimension, dont la venue coïncide avec un meurtre dont Cordélia a eu la vision. Angel découvre que la démone avait de solides raisons de venir sur Terre... La critique de Clément Diaz: She est une intéressante métaphore de l'oppression exercée sur les femmes par des sociétés patriarcales, et Jheira une excellente figure féministe (on sent la patte de la brillante Marti Noxon dans ce portrait). Cette double thématique est la force d'un récit rythmé par la caméra allante de Greenwalt. Bai Ling et sa curieuse beauté jouent avec aisance ce rôle de "dure à cuire", qui doit lutter à la fois contre des esclavagistes et ses pulsions intérieures. A la fois cogneuse, écorchée vive, dure comme l'acier, elle fait penser à une Slayer dans son jour le plus noir. La dame tout comme Angel bénéficient de scènes d'action énergiquement chorégraphiées, tandis que voir Cordélia et Wesley monter au front, risquer leurs vies, donne enfin cet aspect "Scooby-gang" que tout fan de Buffy aime, alors plutôt absent de l'ère Doyle. Et puis, Wesley ne se dépare pas de son humour en salarié servile (Cordy assure en coryphée ironique), alors tout va bien. Pas mal de morceaux de bravoure comme les orbites qui explosent, Jheira disposant d'Angel, la lobotomie de la démone (filmé presque comme un viol), ou cette scène mi-érotique mi-effrayante de ces femmes inconscientes court vêtues dans des bains de glaçons (le Wes est gentiment émoustillé). Mais on sera encore plus sensible à la tension sexuelle de malade entre Angel et Jheira (Noxon's touch après Surprise et avant Dirty girls dans Buffy) : le jeu des acteurs est particulièrement ardent dans la scène d'explication tandis que le simple effet spécial de l'échine brûlante est plus "hot" que n'importe quelle étreinte. Et il y'a ce portrait en fond de cette femme tellement enfermée dans sa dureté et dans sa croisade désespérée que son mépris des vies humaines pousse à vouloir sacrifier Cordy et Wesley. Cela autorise un final inachevé et très froid, avec ces deux êtres qui auraient pu se rapprocher mais séparés par leurs personnalités et leurs valeurs. Toutefois, le gros point négatif est que le récit, pour aussi dense qu'il soit, ne paraît pas très "adrénalinant". Cette longue course-poursuite a ses temps morts et ses longueurs. Un épisode quand même réussi, où l'on sent qu'Angel, après un début de saison peu sûr, commence à trouver sa voie. La critique d'Estuaire44: - There's no answer. - I bet he forgot to turn that thing on again. You'd think a guy who knows how to use an ancient Scythian short bow could figure out how to use a cell phone. L’épisode cumule plusieurs maladresses. On y trouve certes de l’humour, notamment à la party avec les dieux du dance floor. On apprécie la confirmation de Wes au sein de l’équipe (on peut se demander si ce n’est pas du méta récit vis-à-vis de Denisof). Dans une saison très connotée Batman, on apprécie que l’on introduise une simili Wonder Woman. Mais la version donnée est très caricaturale, de même que la situation de guerre des sexes dans son univers. Le récit se traine un peu, avec également une tentative de romance arrivant trop tôt après la rupture avec Buffy (et I Will Remember You). D‘ailleurs les auteurs le sentent bien et restent sur un entre deux finalement stérile. On ne sent pas de courant passer entre Angel et l’Amazone Venue d’Une Autre Dimension. L’épisode introduit les portes ouvrant sur des plans démoniaques, qui prendront de l’importance dans la suite de la série. Mais le traitement n’en colle pas ici avec l’atmosphère de la série, au lieu de fantastique on se retrouve plutôt devant des trous de ver genre Science-fiction à la Sliders, C’est mal ajusté, de plus l’apparence des démones fait très Science-fiction rétro, assez Star Trek. Les infos supplémentaires Jheira est interprétée par l’actrice Bai Ling. D’origine chinoise, elle gagna les Etats-Unis après les évènements de la place Tiananmen. Le tableau examiné au musée par Angel est La Musique aux Tuileries, d’Edouard Manet (1863). Angel indique connaître Beaudelaire : Baudelaire -Interesting fellow. In his poem 'Le Vampire' he wrote: « Thou who abruptly as a knife didst come into my heart ». Some even speculated that the poem was about a real vampire. Angel indique clairement que Beaudelaire a écrit le célèbre poème Le Vampire (dans le recueil Les Fleurs du Mal)en référence à Angelus. Jheira devait initialement revenir pour au moins un épisode, mais le projet ne s’est jamais concrétisé. Le titre original est celui d’un des romans les plus connus du romancier anglais Henry Rider Haggard (1887). Il raconte des aventures exotiques dans le royaume africain imaginaire de Kôr, dirigé par une reine immortelle âgée de 2 000 ans. Wes devient officiellement membre d’Angel Investigations. La musique sur laquelle dansent Wesley et Angel est extraite de la chanson Strangelove Addiction, des Supreme Beings Of Leisure. L’incapacité d’Angel a se servir de son téléphone portable va devenir une plaisanterie récurrente de la série. Buffy et les siens n’en seront équipés qu’en 2002, soit près de deux ans et demi plus tard. 14. EXORCISME Scénario : Jeannine Renshaw, d’après une histoire de David Greenwalt et Jeannine Renshaw Réalisation : Robert David Price (crédité comme "R.D.Price") Angel sauve de justesse le jeune fils d'un couple d'humains après qu'une vision de Cordélia l'ait amené là où il habite. Lui et Wesley ont des soupçons sur cette famille et comprennent qu'un démon a pris possession d'un de leurs corps. Ils ne savent toutefois pas que l'affaire est plus complexe qu'elle en a l'air... La critique de Clément Diaz: Les auteurs ont le courage de s'attaquer au sujet archi étudié de l'exorcisme, qui depuis le monument de William Friedkin (cité par Cordy qui commence à devenir la geek de service, mais bon elle arrive après Xander), a engendré une vague de navets assez gigantesque. Peut-être à cause de l'enchaînement forcément automatique des événements. Toutefois Greenwalt et Rennshaw ont l'excellente idée de mêler le sujet avec le whodunit, le suspense à la Hitchcock, la comédie, et la psychologie, ce qui donne à l'épisode d'excellents atouts. La tension lourde entre le père et Angel, et l'enthousiasme un peu trop démonstratif de la mère commencent par mettre mal à l'aise, et l'idée des brownies comme révélateur de démons donne ce côté décalé si Whedonesque. Les pièges du démon, bien que prévisibles, frappent par leur efficacité : chantage affectif à la mère, culpabilité du survivant d'Angel, dépréciation voire haine de soi-même pour Wesley (Your latin sucks !). Seule l'escapade comique de Cordy Lagaffe donne un peu de lumière. Whedon applique à le lettre un de ses credos qu'il avait énoncé dans une interview : I'm very much of the "make it dark, make it grim, make it tough" but then, for the love of God, tell a joke ! Et à chaque fois, ça marche. Toute la séquence précédant l'exorcisme est d'un suspense de fou, et l'exorcisme lui-même fait par Angel (!!!) fait son grand effet. Et puis, il y'a ce twist final massif (imaginé par Whedon) qui renverse absolument toutes les perspectives de l'épisode, très Twilight Zone (on songe à It's a good life) et qui confirme la tendance noire de la série. On aurait jamais eu un démon du jour comme ça dans Buffy - je garde un silence pudique sur l'Annoyed one. Bon, final trop rapide, certes, mais l'absence de happy end, poignante, compense largement cette hâte. L’épisode est proche de celui correspondant des X-Files, Les Calusari, en commun, les mêmes qualités. La critique d'Estuaire44: - I know you bring death. I do not fear it. The only thing I've ever feared is in that house. Après la relecture de Rosemary’s Baby, on trouve celle de L’Exorciste, toujours sur un ton très Whedon. L’épisode résulte très solide, avec un twist magistral. L’idée d’un psychopathe à la Jason possédé par un démon pris à son propre piège s’avère un remarquable sujet. Comme souvent l’humour ne vient pas dépareiller avec l’épouvante, bien au contraire. Les exorcismes seront très fréquents dans Supernatural, ici on tape plus fort que la moyenne de cette série. Opposer un humain sans âme à Angel compose un joli effet miroir. Il se confirme que dans le Buffyverse l'âme est avant tout la distinction entre le Bien et le Mal, donc ne recouvrant pas exactement la notion religieuse. Très bonne interprétation du gamin, ce qui n’arrive pas si souvent dans les séries américaines. Le récit met astucieusement l’accent sur Wes, au moment où celui-ci accentue sa mue. Ses problèmes avec son père sont assez classiques (assez similaires à ceux de Giles), mais bien rendus par l’interprétation. Bravo au titre original, comme souvent. Les infos supplémentaires Le titre original est une référence au standard de Cole Porter (1936), reprise par Sinatra, entre bien d’autres artistes. Après Cody, c’est à Wes qu’Angel indique qu’il approuverait que l’on tue Angelus, le cas échéant. Les dialogues comportent plusieurs références à L’Exorciste (1973), évidente inspiration de l’épisode. Scénario : Tim Minear Réalisation : Bruce Seth Green Angel soupçonne Trévor, le père de Kate, d'être compromis dans un trafic. De son côté, Trévor sent que le détective le soupçonne, et cherche à en savoir plus sur lui. Bientôt, un terrible drame frappe Kate de plein fouet... La critique de Clément Diaz: The prodigal doit sa solidité aux multiples petits arcs de Tim Minear : les flashbacks d'Angel, le démon dealer (il faut de tout pour faire un monde n'est-ce pas ?), les difficiles relations père-fils, la relation contrariée Angel-Kate, la soif d'amour et à défaut de vengeance, le déni de réalité, le fun avec Cordélia... Avec un mélange aussi roboratif, le seul regret consiste en des méchants ici un peu schématiques. Commençons par Kate ; ceux qui ont voulu la comparer à une sous-Buffy n'ont rien compris : Kate sert la loi et l'ordre mais n'a pas la dimension tragi-héroïque de la Slayer. Elle s'occupe des hommes, non des démons. Le Buffyverse n'est pas une métaphore pour elle mais une collusion violente entre son monde rationnel et l'irrationnel. Kate n'est pas une "chosen", elle a choisi elle-même son fardeau. Elle reste un flic proche des canons télévisuels communs (flic sombre mais admirable), mais cette figure conventionnelle ne l'est plus dans l'univers d'Angel car elle incarne une justicière qui a les mêmes buts que le riant vampire, ET qui tente de colmater les frontières, mais qui ne peut y arriver. Si elle se bat ici, c'est seulement par vengeance. Sa relation avec Angel, amère et sans but, sans tension sexuelle, n'en est que plus forte. Elisabeth Röhm est magnifique en tous points. Leur lien devrait d'ailleurs encore empirer après l'exécution inattendue d’une des victimes, et la tragique ironie voyant Angel incapable de lui porter secours. Le lien entre le père de Liam et celui de Kate, qui aiment mal leurs enfants, et n'admettent pas leurs choix de vie, est finement dessiné. Angel compte parmi ses tourments le fait qu'il ne sera jamais guéri de son père, tout comme Kate. Au milieu d'une telle psychologie, l'intrigue de la glande fait McGuffin, mais ce n'est pas grave. Belles bagarres, dont celle de l'entrepôt. Et puis, il y'a ces enchanteurs flash-backs avec costumes et décors ad hoc, bastons, troussage de nanas, jolies vampires, et puis surtout surtout, la sublime Darla. Présence joyeuse et curieusement morale, Julie Benz est impériale, avec un jeu souriant toujours bardé d'aspérités ambiguës. Elle vole chacune de ses scènes avec David. L'absence de happy end tombe à point pour cet épisode froid et sombre, hormis le gag de l'alarme de la maison (Cordy a toujours d'excellentes idées). Bien joué ! La critique d'Estuaire44: - Oh, his lies sound pretty when the stars are out. But he forgets every promise he's made when the sun comes up again. - That wouldn't really be a problem for me, actually. Kate achève de montrer ici qu’elle ne sera pas une seconde Buffy, ce qui serait indigne du génie créatif de Whedon. Elle est un élément indispensable à cette première saison se voulant davantage réaliste et jouant habilement d’un mix original entre les codes du Fantastique et ceux des récits de détective. Partenaire policière idéale d’Angel, tourmentée et héroïque, exigeante et sans concessions, Elle apporte immensément à la première période de la série, ainsi qu’une posture jamais réellement vue jusqu’ici à Sunnydale. Leur relation n’est en rien un amour fusionnel mais une amitié ombrageuse et exigeante, jamais exempte de défiance, là aussi c’est original et fort, avec une actrice idéale pour le rôle. On apprécie beaucoup le refus de toute romance ou d’effet facile dans ce rapport épineux. L’épisode traite aussi avec talent des rapports difficiles avec la paternité, une quasi constante chez les héros de Whedon, tout en se montrant particulièrement riche du point de vue mythologique. Nous sommes gâtés car l’on retrouve une deuxième actrice très douée, Julie Benz comptant parmi les meilleures qui soient dans le monde des séries télé (on lui doit notamment une composition bouleversante d’émotion dans Supernatural). Alors que l’on peut considérer que Darla a été sous exploitée et trop tôt congédiée par la saison 1 de Buffy, Angel débute ici une magistrale réhabilitation du personnage. Darla se montre fascinante dans ces flashs back bien loin des reconstituions plates d’Highlander. Interprétation dialogues et mise en scène captivent de bout en bout. Ils établissent également une jonction agréable avec la série mère, notamment avec ceux-vus en fin de saison 2. De manière habile, ils introduisent la force perverse du rapport entre Angelus et sa Dame, qui justifiera l’écho rencontré chez Angel en saison 2. Les infos supplémentaires Darla apparaît pour la première fois dans Angel (hormis le clip de présentation), pour l’heure uniquement en flash back. Le véritable prénom d’Angel est Liam, soit le diminutif de William, le propre prénom de Spike. On aperçoit les dates 1727-1753 sur la tombe de Liam. Angel avait 26 ans quand Darla l’éveilla à la Nuit éternelle. La jeune servante de la taverne est Christinan Hendriks, qui incarnera la vénéneuse Saffron, l’une des plus notables antagonistes de Firefly. Elle est principalement connue pour le rôle régulier de Joan Harris dans Mad Men. Darla est interprétée par Julie Benz, excellente actrice ayant participé à de nombreuses séries. Elle tient ainsi le rôle régulier de Rita dans Dexter et tient actuellement l’affiche de Defiance. Elle candidata pour le rôle de Buffy, mais obtint finalement celui de Darla. La qualité de son jeu encouragea Whedon à développer ultérieurement le personnage. Quand Angelus va assassiner sa famille humaine, sa petite sœur le prend pour un ange. Il s’agit sans doute de l’origine du surnom attribué par Darla. Quand Trevor demande si Angel réside à West Hollywood, il sous-entend que celui-ci est gay, soit l’une des plaisanteries récurrentes de la série. West Hollywod est le quartier d’élection de la communauté gay de los Angeles, la ville sert ainsi de décor à la série lesbienne The L Word. 16. LA PRISON D'ANGEL Scénario : Howard Gordon Réalisation : Nick Marck Alors qu'Angel enquête pour retrouver le frère d'un client, il est capturé dans un bar, et réduit en esclavage : il est désormais un gladiateur, et doit combattre d'autres démons jusqu'à leur mort... ou la sienne. Lilah Morgan, avocate de Wolfram & Hart, propose un marché à Angel, pendant que Wesley et Cordélia tentent de retrouver la trace de leur boss... La critique de Clément Diaz: Aujourd’hui, dans Spartacus : blood and sand, euh pardon dans Angel, on ressuscite ces fameux combats à mort de gladiateurs, spectacle barbare mais horriblement fascinant. La sauvagerie des combats (et du sanguinaire public) est ici particulièrement cinglante. Les cascadeurs dingos s'en donnent à cœur joie dans des combats captivants et furieux. L'équipe des effets spéciaux se fait plaisir avec des désintégrations simples mais efficaces ; le réalisateur, Nick Marck, varie au mieux les angles, c'est du grand art. Après un twist remarquable (on s’étonne plus qu'Howard Gordon ait fait carrière dans 24 heures chrono ensuite), nous voyons Angel se battre pour conserver sa pureté dans cette fange de sang et de trognes qui ont dû faire cauchemarder plus d'un maquilleur. Spartacus moderne, ses incitations à la révolte, sans effets immédiats, prennent petit à petit leur effet. Face à deux belles ordures, Angel fait preuve d'un idéalisme inflexible. Dans sa scène avec Lilah Morgan, auquel Stéphanie Romanov imprime une beauté coupante et vénéneuse, il refuse sa liberté pour ne pas tomber dans la compromission. Les charmes vénéneux du côté obscur, Angel n'y sombre pas, et on l'admire d'autant plus. Excellente interprétation de Boreanaz. Mention aussi au veule bookmaker, une bonne sale tête. Réjouissances du côté Wesley-Cordélia, duo dont l'efficacité est plus proche de la méthode Maxwell Smart (voire de l'inspecteur Clouseau) qu'autre chose. Non seulement leurs crises de bec sont aussi stupides qu'hilarantes, mais on se bidonne devant une accumulation de gaffes, bévues, et boulettes, traversée de fulgurants éclairs d'inspiration. Leur infiltration en tant que détectives du FBI est un modèle burlesque à ne pas manquer. L'artisanal travail d'ouverture du bracelet est du même lait, et on atteint un sommet avec Wesley braquant Darin... en oubliant de désactiver le cran de sécurité ! De l'autre côté, Wesley nous épate lors de sa confrontation avec la bande des bookmakers, dégainant arbalète et flingue aussi vite que Lucky Luke, ou bien Cordy qui pousse Darin dans l'arène. Le « Fang Gang » commence enfin à s’exprimer. La méthode Scooby-Gang, c'est la meilleure ! L’histoire achève sur une chute retentissante à l’humour noir dévastateur. Mort de rire ! La critique d'Estuaire44: - I prefer to think of it as picking the battles you can win. There's not one reason why we can't work together. - You're right... there are about a thousand. La première partie sépare peut être un peu mécaniquement les deux genres dont la fusion constitue la griffe de cette première saison l’enquête de privé classique et la dimension fantastique. Mais Angel mène rondement les choses et on adore découvrir Wes et Cordy reconstituer leur petite Bibliothèque de Giles et retrouver des intonations à la Sunnydale. De plus cette césure ne se prolonge pas outre mesure et débouche sur un passionnant récit à la Spartacus. Le côté spectaculaire est bien rendu (combats, maquillages primés à l’époque), tandis que le psychologique demeure au cœur du propos. Les « monstres » résultent bien caractérisés et Angel se retrouve de nouveau face à lui-même, entre attraction de son être pour la violence et impératif moral. Boreanaz restitue parfaitement cette nouvelle épreuve franchie par le héros. On s’amuse d’ailleurs à imaginer ce qu’aurait donné la situation avec le Spike, avec sans doute quelques distributions de mandales en prime. Belle entrée en matière pour Lilah Morgan, la pure jouvencelle de Wolfram & Hart Attorneys at Law. Elle fait très Nelle Porter tombée dans le côté obscur. Wes et Cordy trouvent leur place et continuent à monter en puissance. Un épisode solide et joliment maîtrisé, avec pour seul bémol un relatif manque d’originalité, ce type d’histoires de gladiateurs se retrouvant assez fréquemment dans les séries fantastiques et de Science-fiction. Jon se souvient ainsi d’un mémorable combat d’Ackles contre Jessica Alba (Dark Angel), finalement remporté par un coup de pied bien placé de la damoiselle. Les infos supplémentaires L’un des démons surnomme Angel « Captain America », soit l’un des Avengers plus tard filmés par Whedon (2012). L’épisode fut proposé aux Emmy Awards en 2000, pour la qualité de ses maquillages. Apparition de Lilah Morgan, l’élément féminin de Wolfram & Hart. Ancien mannequin de l’agence Elite, son interprète Stéphanie Romanov se fit connaître comme actrice grâce à la série Top Model Inc (1994-1995). Les trois avocats de Wolfram & Hart mis en avant ont les mêmes initiales : Lilah Morgan, Lindsey McDonald et Lee Mercer. Angel sait parler l’Espagnol, l’Italien et le Russe. La perforation due à la balle change à plusieurs reprises d’emplacement sur le costume d’Angel. 17. JEUNESSE ÉTERNELLE Scénario : Tracey Stern Réalisation : Regis B. Kimble Rebecca Lowell, jeune actrice talentueuse mais en perte de vitesse, est victime d'un fan détraqué qui veut la tuer. Après qu'Angel l'ait sauvée une fois, elle se met sous sa protection. Quand elle découvre qu'il est un vampire, Rebecca se rapproche curieusement de lui, mais elle commet involontairement une erreur qui pourrait bien être fatale à elle... et à Wesley et Cordélia ! La critique de Clément Diaz: L’épisode vaut moins pour son indolente intrigue que pour sa lecture à l'acide du traitement des actrices Hollywoodiennes. Rebecca Lowell, incarné par la magnifique Tamara Gorski, est le prototype parfait de ses comédiens de série qui une fois trouvé le rôle de leur vie, sont condamnés à rester dans le purgatoire d'une carrière qui ne décolle plus, car prisonniers alors de ce rôle (une expérience subie plus ou moins par Sarah Michelle Gellar). Il y'a aussi cette phobie de la vieillesse qui vous saisit... à 24 ans, et cette sorte de haine jalouse envers un personnage que certes vous avez aimé incarner, mais qui dans une perspective à la Dorian Gray sera pour toujours jeune éternellement contrairement à vous qui vieillissez. Et puis, il y'a la solitude des stars, condamnés ou au célibat, ou à des liaisons qui souvent capotent, et sans doute Rebecca agit autant par égoïsme que par peur de solitude quand elle cherche un compagnon comme notre cher vampire. Elle veut la jeunesse, mais sans doute aussi un homme comme lui. Le personnage est bien approfondi car se montrant prête à payer le prix de son vœu. La tension sexuelle de la scène du champagne fait son effet. L'épisode frappe également un grand coup avec une dénonciation fulminante et visionnaire d'un fléau d'aujourd'hui : le "buzz" à tout prix, orchestré ici par l'agent de la comédienne. Si cela casse en partie l'intérêt de l'histoire, la force du message est si forte que l'on peut pardonner cette virtuosité un peu vaine. L'épisode vaut beaucoup pour le numéro de stand-up de Charisma Carpenter qui joue à fond l'égocentrisme avec un abattage de chaque instant : grand moment d'hilarité lors de son interprétation de la pièce de théâtre devant un Angel et un Wes terrifiés, et surtout son obsession à se faire remarquer de son illustre cliente, on rit à chaque fois. L'épisode doit beaucoup à son cataclysmique rebondissement central. Ok, le coup de la pilule de bonheur est aussi gros qu'un camion, mais quel plaisir de retrouver le sens de l'humour si... particulier de ce Big Bad, sa propension à semer la terreur dès qu'il apparaît, son plaisir sadique à jouer avec les nerfs de ses victimes. Et puis, cela nous vaut un plongeon héroïque de Wesley et un bluff splendide de Queen C. Joyeux épilogue super vachard. Love you Cordy, c'est pour ça qu'on t'aime. La critique d'Estuaire44: - What are you talking about? First off, Rebecca Lowell hasn't had a series since On Your Own was canceled, and that was almost a season and a half ago! - And they say there are no seasons in Los Angeles. On trouve une saveur assez à la Twilight Zone, avec une histoire finalement très proche de The sixteen-millimeter shrine, avec son actrice au désespoir de vieillir et de voir sa carrière péricliter, mais aussi son impresario et ami. La rencontre avec un Vampire résulte plus mélancolique encore que le refuge dans le film, d’autant que l’épisode s’appuie sur une superbe composition de l’actrice invitée du jour et quelques bonnes idées, comme le joli parallèle avec l’image vieillissante renvoyée par le miroir de la star et l’absence de celle d’Angel. L’intrigue nous situe aussi pleinement dans l’ambiance impitoyable d’Hollywood et de Los Angeles, avec son clinquant souvent trompeur. On apprécie la bascule narrative, voyant le récit passer de l’optique de l’actrice à celle des compagnons d’Angel. On y voit la volonté des auteurs de ne pas cantonner Angel à un Forlula Show (avec le client de la semaine) pour au contraire se centrer sur les relations entre personnages principaux, ce qui est plus porteur. En grande forme, Queen C se montre particulièrement divertissante. L’éphémère retour d’Angelus convainc nettement moins. II apparaît comme un accident de parcours au lieu de se situer au centre de la problématique de l’épisode, comme cet évènement le mériterait. Boreanaz avait parfaitement incarné le personnage chez Buffy, il est dommage que l’omniprésence du maquillage vienne ici limiter son interprétation. Surtout, le concept d’Angelus seulement là en mirage développé par Wes demeure flou et apparaît comme une facilité scénaristique, destinée à justifier le retour d’Angel sans le rituel de Thesulah. De même que la félicité connue avec Buffy s’avoisinant à l’effet d’une drogue se ressent comme une goujaterie envers la Slayer. Les infos supplémentaires Rebecca est interprète par Tamara Gorski ; Celle-ci a participé à de nombreuse séries et fut notamment la déesse celte de la guerre Morrigan pour Hercule. Elle mène également une carrière de chanteuse. Elle a indiqué que Whedon montra Eternity à August Richards (Gunn) pour l’inciter à rejoindre la série. L’épisode marque la première apparition d’Angelus dans la série. Cela provoque une crise de confiance au sein d’Angel Investigations, un thème qui sera développé lors de la saison 2. La pièce qu’interprète Cordélia est The Doll’s House, du Norvégien Henrik Ibsen (1879)/ Le titre sera reprise par Whedon pour sa série avec Eliza Dushku. Tim Minear a justifié l’usage de la drogue car autorisant l’introduction d’Angelus sans avoir à gérer un arc scénaristique important (ce sera le cas en saison 4). 18-19. CINQ SUR CINQ / SANCTUAIRE Scénario : Jim Kouf (1re partie), Tim Minear et Joss Whedon (2e partie) Réalisation : James A. Contner (1re partie) et Michael Lange (2e partie) *Cet épisode est la suite directe du double épisode 4.15/4.16. Une revenante de Buffy contre les vampires. L’épisode 4.20 Facteur Yoko de Buffy contre les vampires s’enchaîne de même à celui-ci. Faith Lehane arrive à Los Angeles, avec la ferme intention de semer le bordel partout où elle passe, et assouvir sa soif d'argent et de violence. Repérée par Wolfram & Hart, Faith accepte contre rémunération de se venger et de tuer Angel. Alors que la police, le Conseil des Observateurs, et Buffy elle-même sont sur ses traces, elle instaure un jeu violent et pervers avec Angel, qui essaye de son côté de trouver le point faible de la folie psychotique de Faith... La critique de Clément Diaz: Five by five, un titre qui résume bien l'épisode tellement on se délecte de chaque seconde passée en compagnie de Super bad Faith !!! Jim Kouf n'hésite pas à en demander un max à l'actrice, et il a raison : avec Eliza, on peut faire tout ce qu'on veut ! Cet épisode est une apologie à la gloire du personnage : Faith la sulfateuse, Faith l'allumeuse, Faith la gameuse, Faith la folle furieuse, Faith, Faith, Faith, on ne voit qu'elle ! Et puis, elle va très mal la Faith : elle a vu dans Who are you ? (saison 4 de Buffy) qui elle est devenue : elle se déteste, elle se hait, elle cherche un moyen de s'affirmer, une raison de vivre. Elle est tellement traumatisée, qu'elle cherche une surcompensation en embrassant un fantasme de Big Bad. Mais c'est une solution de désespoir, non une conviction. Conséquence, elle surjoue, elle suragit, ce qui donne un show démentiel ravageur : Entrée spectaculaire, danse aguicheuse et enfiévrée dans le bar mâtinée de violence gratuite, négociation à sens unique (le premier qui marchande mes conditions, je lui casse la tête contre le lavabo), rencontre-choc avec Angel arbalète à la main, scène de confrontation avec le pistolet (sous-entendus sexuels à fond les manettes), sadisme explosif avec ce pauvre Wesley - et cette manie d'hypersexualiser tout ce qu'elle fait, mais quel délice, my God, quel délice ! Et puis, ha, cette battle royale contre Angel d'une violence fulgurante, c'est la cerise sur le gâteau, c'est le couronnement, avec à la toute fin, une composition foudroyante où Faith échoue à faire entrer Angel dans son jeu diabolique : Angel, qui a compris avant tout le monde sa souffrance énorme, qui refuse de l'attaquer. Une inertie efficace qui fait voler en éclats la fureur de la lost girl qui dévoile son vrai visage : une pauv'fille qui ne se supporte plus, une capricieuse en perdition, autodestructrice, cherchant la folie ou la mort. Le personnage, un des plus explosifs et ravagés des séries télé, trouve son climax lorsqu'elle s'effondre dans les bras d'Angel – l'actrice déclara à raison que cette scène est la meilleure qu'elle ait tournée en tant que Faith. Eliza Dushku est mythique. Sinon, on apprécie les confrontations plus directes avec Wolfram & Hart, notamment avec le visqueux Lindsey et la vénéneuse Lilah. Le premier a d'ailleurs droit à un beau duel à fleurets mouchetés face à Angel. Il y'a de plus les flash-backs retraçant la malédiction d'Angel, avec toujours ce soin des magnifiques reconstitutions d'époque, sans oublier Darlaaaaa. Enjoy ! Faith, Buffy, et Kate dans un même épisode. Avec ce triple atout, Whedon et Minear réussissent quand même à décevoir avec Sanctuary, continuation terne du magistral opus précédent. Le chemin de la rédemption arpenté enfin par Faith doit malheureusement cohabiter avec une chasse à l'homme caricaturale. Wolfram & Hart chute dans notre estime en envoyant mollement un second tueur qui se fait bien entendu vite dessouder par Angel, puis délèguent le tout à Kate, croisent les bras, et see ya ! Kate est réduite à la portion congrue, malgré un délire autour d'X-Files, rappelant que le Boss connaît ses classiques (qui n’a pas fantasmé sur un scénario signé Chris Carter et Joss Whedon ?), mais c'est mince. Le plus maladroit, paradoxalement, réside dans le retour de Buffy, fausse bonne idée. Malgré une Sarah Michelle Gellar toujours intense, Buffy ne vient que pour jouer le rôle de juge/bourreau. S’il est juste que Faith ait une telle épreuve, on ne peut qu’être gêné que Buffy ne vienne uniquement que par vengeance personnelle. Une option qui rend le personnage plus irritant. Aussi, on appréciera l’engueulade finale avec Angel, où nos deux amis se quittent la rage au cœur. La venue des trois tueurs est aussi malvenue que contreproductive, donnant un effet "tous contre Faith" trop appuyé. Heureusement, Wesley, Angel, et Faith maintiennent la qualité. Le premier force l'admiration par sa loyauté et par son refus de se venger en ne livrant pas Faith. Le deuxième reste fidèle à sa mission en protégeant Faith, quitte à subir les foudres de son amour. Quant à la troisième, elle est diablement émouvante alors qu'elle commence son chemin de croix. Sa reddition finale montre son détachement face à sa croyance qu'elle était au-dessus des lois, et se soumet à la justice des hommes. Dans ce difficile parcours, Eliza Dushku délaisse son énergie explosive, mais se montre bouleversante dans l'émotion et la douleur. Une actrice hors de pair, décidément. La critique d'Estuaire44: - I've gotta be the first Slayer in History to be sponsored by a vampire. Le retour de Faith constituait autant une opportunité qu'un défi pour une série encore débutante. Le résultat est à la hauteur des espérances, en parvenant à associer de grands moments d'action (sans doute le combat le plus spectaculaire vu jusqu'ici) à une fine étude des personnages : le désespoir nihiliste et psychotique de Faith, la compassion d'Angel, dont l'empathie avec Faith est parfaitement exprimée par Boreanaz. Wes trouve aussi toute sa dimension tandis que Wolfram & Hart s'avère un joli nid de frelons. On apprécie de retrouver Lilah, tandis qu'une captivante rivalité s'installe entre Angel et Lindsey. Outre sa vitalité et son sex-appeal coutumiers, Eliza Dushku exprime parfaitement ;la dimension tragique de Faith, avec en arrière fond tout un débat sur le libre arbitre face au Destin débuté dans Who are you ?. La scène où elle fend l'armure devenue une prison est bouleversante. Sanctuary poursuit ce carrefour des Destins, avec une grande justesse dans l'approche des motivations de chacun, y compris les Chasseurs du Conseil. Eux-aussi sont pris au piège des évènements, jusqu'à une quête condamnée d'avance. Le récit héberge sans doute un peu trop de personnages, mais l'essentiel demeure bien mis en avant, avec le triangle Buffy/Angel/Faith. Whedon manifeste une véritable audace en rendant Buffy, son héroïne emblématique, quasi antipathique par moments. Angel émeut en associant pleinement sa 1rédemption à celle de Faith, il n'est pas seulement là pour sauver des vies mais aussi des âmes, alors que Buffy semble se cantonner à son rôle de Tueuse et à ses ressentiments personnels (certes justifiés). Buffy n'apparaît pas non plus sous son meilleur jour quand elle lance à Angel qu'elle a désormais quelqu'un d'autre dans sa vie. Toute cette scène d'ultime séparation résulte dramatiquement forte et très amère. Au niveau du méta récit on peut aussi y voir une affirmation de la série dérivée face à Buffy the vampire Slayer, quand Angel affirme que L.A. est "sa" ville. Whedon devra tout de même se fendre d'une réconciliation à Sunnydale pour ne pas désespérer les fans de Buffy/Angel mais on sentira bien que la virée d'Angel sera avant tout fonctionnelle, dépourvue la présente intensité. La tension de la relation Buffy/Faith demeure toujours aussi remarquable. On apprécie aussi que Wes opte en définitivement pour l'humanité, plutôt que pour la vengeance, cette saison 1 lui aura définitivement donné une nouvelle aura, et c'est loin d'être fini. Un seul regret : Faith était tellement géniale en Bad Girl... Les infos supplémentaires Les acteurs du flash back autour de Darla sont les mêmes que ceux de l’épisode Becoming de Buffy contre les vampires. L’épisode contient la seconde et ultime participation de Sarah Michelle Gellar dans la série. Elle apparaîtra dans Just Rewards (5.02), mais uniquement en images d’archive. Buffy sera interprétée par une autre actrice lors de Soul Purpose (5.10) et de The Girl in Question (5.20). La saison 8 Comics de Buffy indiquera d’ailleurs que, lors de ce dernier épisode, il ne s’agissait pas d’elle, mais d’un leurre. La pluie sous laquelle combattent Angel et Faith était prévue au script, mais annulée par contrainte budgétaire. Mais le hasard voulut qu’il plut réellement lors du tournage. Faith accomplit ici sa première apparition dans Angel. Five by five est son expression préférée dans Buffy the Vampire Slayer. Le propriétaire de l’appartement où Faith torture Wesley est toujours vivant, or Angel parvient néanmoins à y pénétrer sans avoir été invité. Faith danse sur la musique de Living Dead Girl, par Rob Zombie Joss Whedon figure comme co-auteur de l’épisode car Tim Minear se sentait mal à l’aise à l’idée d’aborder le personnage emblématique de Buffy. Whedon écrivit lui-même toutes les dialogues de Buffy et l’ensemble de la dernière scène entre elle et Angel. Ce dialogue marque l’unique fois où Buffy déclare aimer Riley, y compris dans sa propre série. On peut estimer qu’il s’agit d’une manifestation de son dépit envers Angel. Une allusion aux X-Files est réalisée quand Kendrick déclare à Kate qu’elle est Scully et qu’elle réplique être Mulder. Effectivement elle croit pleinement en l’existence du surnaturel. Il s’agit de l’unique épisode de la série déconseillé aux moins de 18 ans en Grande Bretagne. Par la suite, Angel se rendra à Sunnydale lors de l’épisode The Yoko Factor, afin de se rabibocher avec Buffy. Scénario : Garry Campbell Réalisation : David Straiton Deux gangs, un de jeunes humains – mené par leur leader Charles Gunn - l'autre de vampires, s'affontent dans une mortelle guerre de rues. Une enquête d'Angel l'amène à s'ingérer de plain-pied dans ce conflit où il est persona non grata dans les deux camps. Sa vie est ainsi doublement en danger... La critique de Clément Diaz: Il sera dit que même une saison aussi bonne que la première d'Angel aurait son navet. War zone fait partie de ces épisodes qui sont d'emblée pénalisés par une malheureuse idée de départ, en l'occurrence affronter un gang de jeunes perdus face à des vampires sanguinaires. Si leur arsenal divers et varié impressionne, le groupe de jeunes apparaît quand même bien fadasse. Or c'est sur lui que repose la majeure partie de l'épisode, et l'émotion n'a pas le temps de s'installer. Ni le meneur obstiné, ni sa sœur fidèle, ni son bras droit têtu n'apportent quoi que ce soit. Angel Investigations fait presque figure d'intrus dans cette bataille alors que ce sont nos héros, un comble. Bataille d'ailleurs grossièrement racontée et sans profondeur. La mission des photos volées est vite close pour qu'on puisse passer à l'ingérence d'Angel dans cette affaire de clans (genre Sons of anarchy à la dose Fantastique). Mais tout est tellement attendu : le clash Angel contre le gang, les interrogations de Gunn, l'intervention finale, en passant bien sûr par la contre-attaque en plein jour de l'ennemi. On prédit chaque scène à l'avance. Wesley et Cordélia restent à l'arrière en plus, assez énervant. Il est dommage que Charles Gunn, qui sera promu au rang de personnage principal dès la saison suivante, connaisse une entrée aussi peu exaltante. J.August Richards ne fait pas d’étincelles, il mettra un certain nombre d’épisodes avant de s’imposer correctement. On apprécie quelques idées éparses comme ce b ordel de prostituées démones, Cordélia toujours prête à assurer sa promotion, quitte à devenir "courtisane" pour le geek Richard, ou bien cette fin amère où ni Angel ni Gunn ne sont assez dupes pour comprendre que cette guerre de rues ne finira pas. Comme il l'a dit à Buffy, L.A est SON territoire, et on aime qu'il le répète ici. Pour le reste, au suivant ! La critique d'Estuaire44: - I like David. It's such a strong, masculine name. Just feels good in your mouth. L'épisode apparaît avant tout fonctionnel. C'était de toutes manières casse gueule de succéder au paroxysme de Five by Five/Sanctuary, alors autant réaliser une pause ménageant le final de saison. L'opus sert surtout à introduire un nouveau personnage régulier, Gunn, mais ne revêt cette valeur qu'avec le recul. Sans composer la figure le plus captivante du Buffyverse, Gunn connaîtra par la suite une intéressante évolution. Par ailleurs les auteurs ont recours à un procédé rarement judicieux, scinder l'histoire en deux parts à peu près indépendantes, dont la convergence ne produit pas grand chose ici. On voit un peu trop que Nabbit est là pour occuper Wes et Cordy, même si son personnage de Geek californien riche n'est pas intérêt et connait quelques résonnances avec le monde réel. L'espèce de récit post apo à la Mad Max reste distrayante, mais les monstres occupent trop d’espace, de manière préjudiciable au réalisme urbain de la série. Quelques bons moments malgré tout, le gag récurrent du téléphone portable ou la diatribe d'un Angel évoquant Angelus et agissant pratiquement comme tel. Décidément L.A. est bien devenue son territoire, lui aussi aura progressé cette saison depuis le zonard des boites de nuits initial. Les infos supplémentaires Charles Gunn accomplit ici sa première apparition, appelé à devenir l’une des figures régulières de la série. Whedon voulait que l’équipe s’enrichisse d’un personnage très différent d’Angel et de Wesley. David Nabbit devait revenir ultérieurement, mais l’emploi du temps de son interprète, David Herman ne le permit pas. David est un grand fan du mythique jeu de rôles Donjons et Dragons, tout comme le Trio massivement intellectuel de Sunnydale mais aussi le Ringo des Lone Gunmen, le Blaine des X-Files (Le Seigneur du Magma) ou la Charlie de Supernatural. « Donj » est un incontournable de la Culture Geek. 21. FORCE AVEUGLE Scénario : Jeannine Renshaw Réalisation : Thomas J. Wright Lindsey McDonald, jeune avocat brillant de Wolfram & Hart, est chargé de protéger les arrières de Vanessa Brewer, assassin aveugle mais à la force et au don de prescience surhumains, qui doit tuer trois enfants mystiques pour servir les intérêts du cabinet. Ne pouvant supporter d'avoir le sang d'enfants sur les mains, McDonald s'allie à Angel et tous deux montent une infiltration pour permettre à Angel d'accéder à la chambre forte de la firme et trouver l'adresse où Brewer commettra son crime. Dans la chambre forte, Angel se sent attiré vers un manuscrit mystique... La critique de Clément Diaz: Whedon a toujours été fasciné par les thématiques du pouvoir et de la frontière bien/mal. Jeannine Renshaw fait un job génial en traitant avec brio ces deux thèmes. Coup d'audace, ce n'est pas Angel qui est cette fois-ci le "véhicule" de ces réflexions, mais ce cher Lindsey pris dans une spirale de questionnements éthiques tout à fait intéressants. Il faut saluer le travail de Christian Kane, qui épouse chaque contour du personnage. L'assassinat programmé d'enfants semble dépasser les limites du code moral du jeune loup, qui établit une alliance ahurissante avec Angel. On sent son dilemme entre ambition de pouvoir, et réticence à s'engager dans une voie qui risque de lui prendre le peu de conscience qu'il lui reste. Lindsey n'est pas un enfant de chœur, loin de là, il couvre des crimes odieux, mais il a ses limites, ce qui en fait un personnage ambigu. Wolfram & Hart est une société vraiment intrigante, l'entrée d'Holland, dépositaire des valeurs du cabinet, le montre bien. Impitoyable envers les traîtres ne cherchant que le profit personnel (bye bye Mercer), il se montre plus tolérant envers ceux qui pêchent par idéal ou par confusion d'idéal : la force morale que nous tirons de nos croyances est pure, puissante. C'est cette puissance qui permet à Lindsey de prendre tous les risques, y compris d'y perdre la vie. Lorsqu'Angel le met à l'épreuve à ce sujet, il accepte ce risque. Il y'a une certaine noblesse chez le grand Big Bad de la série, qui laisse libre chacun de faire ses choix. C'est Lindsey qui signe son propre avenir (il subira une brutale conséquence de son choix assumé dès l’épisode suivant). S'il connaît maintenant son pouvoir, il ne sait toutefois pas à qui il doit faire allégeance, s'il doit choisir le bien ou le mal, bien qu'il sache le reconnaître. L'histoire est excellente : la bataille contre cette aveugle à la force surhumaine - jouée par une des cascadeuses doublant Charisma Carpenter et Eliza Dushku - permet de belles scènes d'action, dont un final haletant. L'invasion de la firme par Lindsey, Angel, et Gunn, semble préfigurer Alias (on pense à l’invasion de la CIA dans Portée disparue), et donne la dose de suspense réglementaire : infiltrations, diversions, fuites, fouilles rapides... tout y est ! En prime, on remarque que la manière qu'a Angel de se débarrasser du démon gardien est exactement la même que Mme Peel quand elle se débarrasse du Cybernaute dans les Avengers ! Une graine mythologique est semée avec le manuscrit araméen. Allez, c’est l’heure du finale de saison ! La critique d'Estuaire44: - What a pity. You can't get that out of the carpet. Believe me, we've tried. Outre la superbe méchante du jour (très à la Daredevil du côté obscur) l'épisode présente le grand intérêt de nous faire enfin découvrir, encore partiellement, l'envers du décor de Wolfram & Hart. L'Organisation s'avère captivante, portée par des personnages particulièrement riches. Lindsey est agréablement ambivalent, on se dit là qu'il y a peut-être un enjeu pour Angel le sauveur d'âmes, même si le choix repose en premier sur l'avocat (comme souvent dans cette série opposant choix moral personnel et tentations obscures). Holland compose un Big Bad très classieux, nanti de superbes dialogues. Sam Anderson réalise une fabuleuse incarnation de ce personnage à la fois glacé, spirituel, agréablement inattendu, supérieurement intelligent... et dévoré d'ambition. On est très loin du sympathique Bernard de LOST ! Une sacrée incarnation des travers du capitalisme judiciaire à l’américaine, le Richard d'Ally Mc beal a des leçons à prendre. C'est une belle bataille autour de Lindsey qui s'instaure entre ce maître manipulateur faustien et Angel, qui ne propose qu'efforts et risques sur le chemin de la rédemption, jouant au contraire cartes sur table. Le retour au bercail de Lindsey correspond logiquement à la tonalité sombre de la série. Les procédures de licenciement d 'Holland ont le mérite d'être explicites et non dilatoires. A la veille du finale, l'opus confirme tout le potentiel du grand Big Bad de la série qu'est Wolfram & Hart. Les infos supplémentaires La tueuse aveugle est désignée comme Vannessa Weeks dans les crédits, mais tout le monde la nomme Vanessa Brewer. Vanessa est interprétée par Jennifer Badger, actrice mais avant tout cascadeuse dans de très nombreuses séries. Elle est ainsi la doublure de Nina Dobrev dans Vampire Diaries mais aussi de Charisma Carpenter et Eliza Dushku dans de nombreux épisodes des deux séries de Whedon. Les visions de Vanessa furent réalisées avec des acteurs recouverts de produits phosphorescents et filmés dans l’obscurité. Willow déclare au téléphone qu’elle a passé la journée à décrypter des fichiers. L’épisode est diffusé la même semaine que le Primeval de Buffy The Vampire Slayer (4.21). Il s’agit en fait des fichiers de l’Initiative, en préalable à l’infiltration montée par les Scoobies conduisant au combat final contre Adam. Holland Manners intègre la série, Lee Mercer la quitte concomitamment. Lee est exécuté d’une balle dan la tête mais celle-ci apparaît intacte quand son cadavre est trainé hors de la salle. 22. LE MANUSCRIT Scénario : David Greenwalt Réalisation : David Greenwalt Wesley a déchiffré une partie du manuscrit (cf.épisode précédent), qui lui apprend qu'Angel mourra bientôt. Wolfram & Hart convoquent un démon Vicar qui veut récupérer le manuscrit pour invoquer un rituel qui libérera “La Bête”. Pour ce faire, il est prêt à utiliser les méthodes les plus... expéditives... La critique de Clément Diaz: Écrit et réalisé par Greenwalt, le finale conclut de manière fort satisfaisante la première saison. Malgré toute l'aide de Wesley et Cordélia, Angel demeure un solitaire, un paria dans un monde auquel il n'appartient pas (remarquable discussion de nos deux amis) ; hors, dans la tradition Whedonienne, la lutte contre le mal est un travail d'équipe. A la différence d'une Buffy qui est dans son monde, Angel sera toujours à la marge. Cela donne par conséquent un lien plus fort et désespéré entre lui et ses alliés comparé au Scooby-Gang. Une fois que Cordélia bascule dans la folie et que Wesley est HS, Angel reste seul avec son fardeau. Ce n'est pas la peu compatissante Kate (dont la relation avec Angel devient de plus en plus empoisonnée) qui va l'aider de ce côté. Tout se passe comme si Angel devait prendre conscience du besoin absolu de ne pas être seul et impliquer plus ses partenaires. Tout au long de la saison 1, il a accepté l'aide d'adjuvants mais essayait toujours le plus possible d'agir en solo. Rien ne sera plus comme avant après ce finale émouvant. Cordélia aussi va grandement évoluer : elle ne peut plus rester insensible après avoir ressenti toute la peine du monde, elle va maintenant devenir une vraie héroïne (Willow fera une expérience similaire dans le finale de la saison 6 de Buffy). Le démon Vicar ne fait pas dans la demi-mesure : en plus de Wes et Cordy, il fait tout exploser tout en massacrant les Oracles, soit une brutale invasion des ténèbres qui tombe à point. Son ombre s'étend sur tout l'épisode. La lueur d'espoir, et quelle lueur, consiste en la révélation de la prophétie Shanshu : La quête de rédemption d'Angel aura bien une fin ; un jour, il connaîtra le repos de l'âme - s'il survit of course ! - Rituels, gros monstres, effets spéciaux, invocations, sorcellerie... tout est là pour un gloubiboulga à la Charmed ou du grand-guignol de série B. Mais le tour de force de Greenwalt est qu'il met l'accent sur l'humain, et que le Fantastique, même déversé à grands seaux, n'est une fois de plus qu'un habillage. Cette habileté fait qu'on ne perd jamais de vue la profondeur du récit comme l'épreuve de conscience de Lindsey. Ou bien lors du duel climatique, super bien chorégraphié, où l'on sent qu'Angel se bat non seulement pour sa quête mais aussi pour ses amis, et donc pour lui-même, pour ne pas sombrer dans une solitude qui le pousserait dans le côté obscur. On finit sur un cliffhanger massif. Je suis personnellement resté bouche bée pendant dix secondes avant de crier... "CHOUEEEEEEEETTE !!!". Un beau finale. La critique d'Estuaire44: - What's taking so long? - Gee, I don't know Cordelia. The Prophecies of Aubergion were only written over the last 4,000 years, in a dozen different languages, some of which aren't even human. Why don't we just get a Phalangoid Demon in here? Suck the brain out of my skull. Maybe that would speed things up. Un final de saison particulièrement réussi, avec son lot très satisfaisant de cliffhangers et de bouleversements de l'univers de la série. Adieu aux premiers locaux d'Angel Investigations, les suivant seront plus grandioses mais ils avaient une tonalité de bureau de privé que l’on aimait bien, très en phase avec l'esprit de cette période s'achevant. Il en va de même avec les affrontements et chassés croisés entre Angel et le Démon, tout à fait dans la tradition du film noir, où le Fantastique n'intervient que pour pimenter quelque peu les débats. L'une des plus grandes forces de la saison, le développement des caractères, atteint ici son zénith, notamment avec les membres du Fang Gang et l’approche d’une rédemption basée sur notre rapport au monde et à nos prochains. Audacieusement, le bilan s'avère amer pour notre héros, malgré une période s'ouvrant avec le rencontre de Doyle qui offre à Angel une place en ce monde et un but à atteindre. Au fur et à mesure du récit, malgré les succès ponctuels, Angel aura constaté à quel point le Mal règne sur le monde des humains via Wolfram & Hart ou le démon, jusqu'à peut-être remettre en cause son propre but rédemption. Jusqu'à sa relation avec Buffy qui s'est vue altérée. Quel est le sens de sa croisade dans un monde aussi universellement noir et auquel il demeure si étranger ? Comme toujours Kate exprime son rapport à l'humanité, particulièrement amer ici, on n'a jamais été aussi proche de la rupture. Vocah s'efforce subtilement de détruire les ultimes liens donnant du sens au combat d'Angel (Cordy et Wes, les oracles, locaux d'Angel Investigations),. En ce sens il apparaît comme l'antithèse parfaite d'Angel et de son action, la création la plus perverse et aboutie de Wolfram & Hart... avant Darla (remarquable cliffhanger). Le manuscrit apparaît dès lors comme un précieux viatique, comme une lumière au bout du tunnel : non seulement la rédemption mais aussi le retour à l'humanité, avec ce que cela implique pour la relation avec Buffy. Mais finalement c'est bien en lui qu'Angel puise les forces de poursuivre son lutte, tout comme Buffy lors du duel avec Angelus en fin de saison 2. Il trouve également la compassion d'épargner le toujours intéressant Lindsey. Un grand épisode, avec un parfait équilibre entre étude de caractère et spectaculaires scènes d'action. Les infos supplémentaires Tim Minear a indiqué que les premiers locaux d’Angekl investigations furent détruits car leur caractère exigu rendait le tournage difficile. La réception de l’Hôtel Hypérion accordera plus d’espace aux caméras. Vocah est le mot Havoc inversé, signifiant destructions, ravages. Occis par Vocah, les Oracles accomplissent ici leur ultime apparition. Julie Benz n’est citée que dans le générique de fin, pour ménager la surprise du retour de Darla. La prophétie Shanshu demeurera présente en arrière fond tout au long la série. Les fans de Spike se demandèrent si elle ne pouvait pas concerner en fait leur héros, quand celui-ci eut retrouvé son âme. Mais les Comics After the Fall d’Angel établirent que la prophétie parlait bien uniquement de ce dernier. Images capturées par Estuaire44. |
Saison 2 2. L'Hôtel du mal (Are You Now Or Have You Ever Been?) 3. Premières Impressions (First Impressions) 6. L'Usurpateur (Guise will be Guise) 8. Le Linceul qui rend fou (The Shroud of Rahmon) 13. La Machine à arrêter le temps (Happy Anniversary) 14. L'Ordre des morts-vivants (The Thin Dead Line) 16. Retour à l'ordre (Epiphany) 17. Amie ou ennemie (Disharmony) 20. De l'autre côté de l'arc-en-ciel (Over the Rainbow) Rappels préliminaires pour la compréhension de cette saison : Les épisodes 2.07, 2.09, 2.10, 2.11 incluent le personnage de Drusilla. Drusilla est une jeune femme possédant des dons de voyance. Angelus tortura et massacra sa famille devant ses yeux en 1860 tout en la harcelant continuellement. Elle devint alors totalement folle et a conservé cette folie quand elle fut transformée en vampire par Angelus. Elle se joignit donc à Angelus et Darla, puis devint la compagne de Spike quand elle le vampirisa en 1880, mais elle le quitta en 1998 - 2 ans avant cette saison - quand elle pressentit que son compagnon commençait à tomber amoureux de Buffy, la Tueuse de vampires, et grand amour d’Angel. Les épisodes 2.12 et 2.14 font intervenir Anne Steele. Elle fut une figure occasionnelle de Buffy contre les vampires. D’abord membre d’une secte adoratrice de vampires de Sunnydale - sous le nom de Chanterelle - elle déménagea ensuite à Los Angeles sous le nom de Lily où elle rencontra et aida Buffy, alors en pleine déroute existentielle. En repartant pour Sunnydale, Buffy lui offrit son job de serveuse, ainsi que sa tenue de travail qui portait le prénom « Anne » (deuxième prénom de Buffy). C’est ainsi que Lily devint Anne. L’épisode 2.17 fait intervenir Harmony Kendall. Ancienne amie de Cordélia, elle mourut lors des événements de La Cérémonie (saison 3 de Buffy contre les vampires) mais ressuscita sous forme de vampire. Elle eut une liaison tumultueuse avec Spike mais le quitta quand ce dernier tomba amoureux de Buffy, et partit pour Los Angeles. Scénario : David Greenwalt, d’après une histoire de David Greenwalt et Joss Whedon Réalisation : Michael Lange Angel Investigations est sur la piste d’un démon Prio Motu. Angel le retrouve et le tue, mais il a commis une erreur : il était le gardien du corps de Jo, une femme enceinte dont un groupe de démons veulent tuer l’enfant qui deviendrait dans le futur un danger pour eux. Angel, pour réparer sa faute, doit retrouver Jo et défaire le champion des démons dans un combat à mort qui décidera du sort de Jo... La critique de Clément Diaz La deuxième saison commence par un épisode peu élaboré. La joute finale est effectivement un grand moment d’action suspense, mais tout ce qui précède est une succession de petites péripéties semées au hasard sans cap bien défini. Judgement se résume à une poursuite entre Angel et Jo qui se cherchent, se trouvent, se cherchent, se retrouvent, se cherchent, etc. soit une répétition assez vaine. Toutefois, Greenwalt place tous les enjeux de la saison : Darla, l’hôtel Hypérion, Angel et ses faiblesses, la validité de la bataille Bien/Mal, l’impayable Hôte du Caritas… Après une introduction tout en force et en humour, Angel démarre son enquête. Il est original de montrer Angel commettre une bourde et mettre en danger la vie que les Puissances Supérieures lui ont confiée, d’autant que cela donne une pointe maligne contre les stéréotypes qui faussent la vision réelle du monde. Nous savons que les apparences sont trompeuses (Angel n’est-t-il pas un « bon » vampire ?) mais nous ne remettons pas en cause l’amalgame Démon = mal. Quand Angel tue le « bon » démon, nous sommes comme lui étonnés de s’être laissés piéger par les préjugés. Malheureusement il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent ensuite. Angel cherche mollement Jo, trouve sa cache déserte. Grosse ficelle : Angel donne le talisman à Gunn, puis la belle se pointe et Angel apprend qu’il a besoin… du talisman. Alors qu’ils retournent chez Cordélia, ils sont séparés par une attaque, mais la belle décide de ne pas suivre Angel, etc. Ces expédients destinés à tenir une histoire de 25 minutes sur 42 sont trop voyants. La spectaculaire joute de chevaliers (Angel plus Dark Knight que jamais) est un beau morceau, surtout avec le coup de grâce assez gaguesque ! Mais dans l’ensemble, l’histoire ne convainc pas. Alors on se console avec d’autres scènes : Darla en mode Drusilla écoute du Chopin sous les yeux déjà très intéressés de ce cher Lindsey, les vannes Wesley-Cordélia (un running gag récurrent de la saison), et surtout l’entrée en scène de l’Hôte de la boîte de nuit pour démons le Caritas. Joué par un Andy Hallett plein de sève et de décalage, il va être la caution « rire et chansons » de la série. L’idée de ce personnage lisant les âmes et l’avenir par leurs prestations chantées (une métaphore sublime sur le pouvoir de la musique) va donner lieu à des séquences de chant d’anthologie et d’humour massif. Premier exemple avec l’interprétation joyeusement catastrophique d’Angel d’une chanson de Barry Manilow (Ally McBeal est instamment demandée sur scène). Et puis, on termine avec l’apparition surprise de SuperFaith, resplendissante de santé malgré la prison - on se doute que ses camarades de cellule ne peuvent pas en dire autant - qui parle rédemption avec Angel. Une excellente coda. La critique d'Estuaire44
- There is not a Destroyer of Worlds that can argue with Manilow. L’épisode aurait pu se contenter de demeurer un épisode fonctionnel, créant le décor de la saison à venir, mais, malgré une histoire principale tissée à base de clichés (l’enfant providentiel, le complot du Mal pour empêcher sa venue), il se montre suffisamment astucieux pour susciter un réel intérêt. Il continue ainsi à affirmer en sous-main l’identité d’Angel vis-à-vis de Buffy contre les Vampires. Alors que les hiatus entre les saisons de la série mère correspondent souvent à des vacances en forme de parenthèse, c’est ici tout le contraire qui se produit, comme le démontre la saisissante introduction. Angel Investigations se montre industrieuse au possible sur la période : élévation en puissance et instauration, certes temporaire d’un nouveau QG, (avec un fantôme toujours aussi divertissant). Pas question de pause dans la fourmilière de Los Angeles, contrairement à Sunnydale. Avec les fameuses cartes de visites et la réaffirmation qu’il s’agit d‘un « travail », le pilote de saison réaffirme la spécificité de la série, au confluent du Fantastique et du Film noir (à confirmer par la suite). Il en va de même pour les références de Cordy, d’ailleurs le récit prend un tour plaisamment hollywoodien, avec la répétition de la belle ou cette joute archétypale, digne des films de chevaliers de jadis. On apprécie que la série se souvienne de temps à autres qu’elle se situe aux marches de l’Usine des Rêves. Aussi tourmenté soit-il, Angel reste d’ailleurs le plus hollywoodien des Vampires, à ses heures. Les Juges manquent de présence, cela aurait sans doute été amusant que le Tribunal soit présidé par D’Hoffryn ! D’ailleurs, l’Hôte, grande révélation de l’opus et instannément pilier de la série, compose le démon el plus suavement gay et californien qui se puisse imaginer. On avouera préférer l’ambiance et le ton musical si crooner du Caritas à ceux du Bronze (on y s’y abreuve au bar et non aux jugulaires, déjà). Outre les titres massacrés de manière hilarante, Whedon, grand amateur de chant et de musique (on se souvient que Sweet fut l’un des rares à se confronter à la Tueuse sans en pâtir) ne laisse pas passer l’occasion d’un nouvel hommage à ces Arts, puisque Angel ne cesse de s’enfoncer dès lors qu’il s’en détourne, avant de revenir lui même après avoir accepté d’y sacrifier. L’épisode pose élégamment les jalons des évènements à venir, avec la prometteuse découverte de l’Hypérion, le rapprochement de Gunn et, surtout, rappel de la présence de Darla (mais aussi de Faith). Déjà brillante, sa scène avec les deux espoirs de Wolfram & Hart se voit sublimée par l’éclatant talent de Julie Benz, à la fois évanescente et terrifiante par son mystère. Dieu que Darla est belle, une fois quittés les oripeaux ridicules de la première saison de Buffy, une autre manière d’affirmer positivement l’identité d’Angel. L’épisode bénéficie également de maquillages et de combats performants, ainsi que d’une habile photographie. Outre une intrigue prévisible, on regrettera toutefois que la mère se voit confinée dans le rôle éculé de Damoiselle en détresse, élément particulièrement décevant chez Whedon. Dans le rôle de mère courage on se situe très loin d’une Sarah Connor.
2. L'HÔTEL DU MAL Scénario : Tim Minear Réalisation : David Semel Angel revient sur les lieux du maintenant abandonné hôtel Hyperion (cf. épisode précédent). Ses souvenirs quand il était résident de l’hôtel en 1952 remontent à la surface : les habitants de l’hôtel sombrèrent peu à peu dans la folie et la paranoïa sous l’influence de « mystérieuses voix » qui leur parlaient à l’oreille. Angel va maintenant accomplir ce qu’il aurait dû faire il y’a 50 ans… La critique de Clément Diaz Épisode régulièrement cité parmi les meilleurs de la série, Are you now or have you ever been ? tombe cependant dans la facilité. Minear livre une réflexion sur la peur, sentiment qui peut pousser les meilleurs cœurs à renier leurs valeurs, à agir en bêtes sauvages, mais il délaye trop, impuissant à construire toute montée de tension. L’ habile description sombre d’Angel à l’époque est toutefois à retenir David Semel filme admirablement les décors magnifiques de l’hôtel, passe avec de subtils raccords du présent au passé, mais échoue à instaurer la tension (le script ne l’y aide pas). Une voix oblige un homme à se suicider, un portier trop obséquieux, un patron couard, Angel cachant une femme du nom de Judy (Melissa Marsala, crispante d’un bout à l’autre) des griffes d’un inspecteur : voilà le programme. L’ennui est assuré avec si peu d’événements. Le climax du lynchage, abrupt et sauvage, est réussi, mais tranche trop avec l’indolence précédente. Dans ses très intéressants commentaires, Minear évoque à juste titre ce grand classique de La Quatrième Dimension : Les monstres de Maple Street. La relation glaciale entre Angel et Judy ne mène à rien, malgré un émouvant final libérateur. On se demande pourquoi Angel ne raconte pas simplement son histoire à Wesley et Cordélia au lieu de les laisser éplucher tout l’historique de l’hôtel. Ah si, faut bien aller au bout des 42 minutes de pellicule… La bataille finale se règle en 30 secondes. Trop hâtif. On passe. On apprécie l’attaque contre les peurs et les préjugés des hommes (ici métaphorisées par le McCarthysme, le racisme, et les calomnies), mais encore plus l’Angel d’alors. Pourvu d’une âme qui l’encombre, paria de la société (rejeté par les vampires, ne pouvant se mêler aux humains à cause de sa nature), Angel n’a aucune raison de vivre. S’il aide Judy, c’est moins par gentillesse que parce qu’il est dépassé par un engrenage d’événements. La scène la plus réussie est peut-être celle où Judy lui parle, mais il ne lui renvoie qu’un silence froid. Saisissante scène où il abandonne les clients à leur sort (préfigurant étrangement le final de Reunion). On voit ce qu’il serait devenu s’il n’avait pas rencontré la Tueuse : un errant amer et sans but. La perspective fait froid dans le dos, et donne de la force à un script peu reluisant. N.B. Le portier s’appelle Frank Gilnitz. Une référence aux X-Files ? La critique d'Estuaire44 - It's kind of like a puzzle. The "who died horribly because Angel screwed up fifty years ago?" game. Are You now or Have You Have Been constitue une nouvelle excursion réussie dans le passé tumultueux d'Angel. On raffole de découvrir pièce par pièce l'ensemble de ce puzzle sombre et tourmenté, de manière bien plus ludique qu'une morne approche linéaire. Il en va de même pour le style narratif, sophistiqué et maîtrisé, retenu par Tim Minear, entre savants flashbacks et commentaires en parallèle par Wes et Cordy, relançant sans cesse l’intrigue par de jolis coups de théâtre énigmatiques. Le récit s'attache judicieusement à dessiner la psychologie si complexe et évolutive, et si propice à débats, d'Angel. L'action nous le présente dans un état nihiliste et amer, pénétré du dégoût de soi jusqu’à renâcler à s'estimer digne de devenir un sauveur et ne pas entrevoir de possibilité de rédemption. La seule solution (hormis le suicide, suggéré ultérieurement par la Force) demeure dès lors le retrait de l'Humanité, jugée également méprisable, et le renfermement sur soi-même. Judy apparaît dès lors comme une bouleversante première opportunité de rachat, bien avant la providentielle rencontre avec Whistler puis Buffy. Dans la droite ligne du The Monsters Are Due On Maple Street de The Twilight Zone, Tom Minear suscite un impact émotionnel rare en refermant brutalement cette porte, moins du fait du démon que des travers de l'Humanité elle même et des failles d'un héros encore en devenir et ambivalent. Rarement la série se sera montrée aussi sombre que lors de cet épisode à l'humour quasi inexistant, une rareté. Difficile et accidenté s'avère le chemin de la Rédemption et Angel ne pourra pas compter sur l'Humanité pour être particulièrement stimulante à sauver, comme annoncé en fin de saison précédente. On comprend que cet échec cruel ait pu le précipiter plus bas encore, comme narré dans le Becoming de Buffy contre les Vampires. A côté de cette intrigue continuant à talentueusement dessiner la figure d'Angel, quitte à relativement sacrifier un combat final somme tout secondaire (encore que le démon se voit joliment croqué par l'auteur), ce brillant épisode se caractérise également par un somptueux travail de production. Whedon et Minear se montrent astucieux, présentant et mettant admirablement en valeur le nouveau décor central de la série, l'Hôtel Hypérion. Le procédé n'est pas original en soi (Stargate SG-1 y a également recours), mais il se voit porté ici avec une ambition particulière. Entre Barton Fink et Shining, les vues en caméra subjective, la savante animation du huis-clos et la photographie sophistiquée apportent une vraie valeur ajoutée à la mise en scène. La reconstitution d'époque s'avère également de grande qualité, de tels épisodes (avec aussi le Travelers des X-Files), annoncent clairement le succès futur des Mad Men. Déjà particulièrement riche, l'épisode s’élargit à un passionnant panorama critique du Los Angeles de l'Après-guerre (chasse aux sorcières, violences, racisme et homosexualité devant encore se dissimuler), rejoignant toute l'atmosphère du fascinant et enténébré Quatuor de Los Angeles de James Ellroy, l'un des sommets absolus du Roman noir. Un opus exceptionnel, en tous points virtuose.
3. PREMIÈRES IMPRESSIONS Scénario : Shawn Ryan Réalisation : James A. Contner Angel se met à rêver de plus en plus de Darla. Gunn est sur les traces de Deevak, un démon qui a déjà tué deux des membres de son gang. Pendant l’enquête, Cordélia a une vision de Gunn en danger de mort. Angel et Wesley étant indisponibles, elle court à sa recherche pour le protéger… La critique de Clément Diaz: First impressions se centre sur Gunn, le petit dernier de la bande. Il est évident que cet épisode sert à l’intégrer plus avant dans la série. Si les scénaristes parviennent à le faire évoluer au cours de l’épisode, ils se heurtent à une histoire composite, éclatée, aux raccords grossiers, au train de sénateur. Il était normal de dépeindre Gunn comme un loup solitaire, plein d’ego, et tête brûlée, cela le différencie de ses congénères, mais cela pénalise l’épisode pour deux raisons : Gunn tire la même tête du début à la fin (J.August Richards est rapidement crispant), et rend caduc son duo avec Cordélia. Il n’y a ni alchimie ni comédie pétillante, simplement deux personnages qui s’entravent l’un l’autre. Les saillies comiques de Queen C perdent par conséquent de leur efficacité. Mais l’ancienne peste de Sunnydale s’en sort tout de même mieux, elle devient plus une battante, distribuant de nombreux coups de hache (et de bombe d’aérosol), même si pas toujours à la bonne personne. L’énergie de Charisma Carpenter est un spectacle de chaque instant. L’histoire, très émiettée, est une chasse à l’aveugle paresseuse au monster-of-the-week. L’investigation est molle : discussions oiseuses avec un revendeur de voitures, bagarre de vampires mal conçue, disputes inoffensives. Gunn n’a de plus pas la carrure d’Angel. Bilan assez négatif.
Heureusement, il reste les rêves d’Angel. Et bon sang, quel plaisir de revoir Darla hanter les fantasmes du privé de L.A ! Sensuelle et ardente, Julie Benz fait monter la température à chaque apparition, entre slow torride (superbe choix de Get Here de Brenda Russell, avec une performance à tomber d’Andy Hallett), passion fougueuse, ou séduction perverse - le twist final. Le courant électrique entre les deux acteurs est indéniable. Et puis, il y’a l’humour, comme avec l’apparition hilarante de Nabit, provoquant de non moins hilarantes bouffées de chaleur chez Cordy, le gag du casque de moto rose (You’ll pay for this), quelques répliques bien percutantes, le délire autour des performances de Denzel Washington. La saison 2 se cherche encore. La critique d'Estuaire44: - Somebody get these two love-Vamps a room ! First Impressions souffre d’un contre-sens scénaristique majeur : appelé à décrire un moment clé de la convergence de Gunn vers Angel Investigations, il aurait du s’accompagner d’un approfondissement de la psychologie du protagoniste, ou d’une évolution de celle-ci, pour ne pas apparaître mécanique. Ici, il demeure essentiellement fonctionnel car ne révélant strictement rien de nouveau sur Gunn. Le récit ne fait qu’accentuer, parfois jusqu’à la caricature, ce que l’on savait déjà de lui. Le talent de J. August Richards n’est pas en cause, tandis que son personnage demeure enserré dans divers clichés dont on perçoit bien qu’ils n’appartiennent pas totalement à l’univers de Whedon. L’astuce de la double identité du démon, au maquillage assez simpliste, résulte assez gratuite. Si les divers décors et maquillages de démons ne présentent guère d’intérêt, l’action demeure néanmoins soutenue avec quelques combats toniques. Avec l’excellent gag du casque rose, Angel et Wes participent à l’action principale, mais le paradoxe d’un Gunn pas assez renouvelé conduit au vol de la vedette par les dames. L’opus rend un bel hommage à une Cordy courageuse et au jugement sûr. Tout en conservant son humour, notre amie a décidément bien évolué depuis sa révélation à Sunnydale High, de même que Charisma Carpenter à clairement gagné en métier et en finesse de jeu. On avouera un faible particulier pour les séquences oniriques, pouvant justifier à elles seules la vision de l’épisode. Toute comme Osiris avec les rêves de Daniel dans Stargate SG-1, la manipulation ourdie par Darla nous vaut plusieurs pépites d’or le plus pur. Qu’elle soit divine en robe de soirée rouge, mutine au clair de lune ou prédatrice sexuelle, Julie Benz crève une nouvelle fois l’écran avec une régularité de métronome. Le bonheur d’Angel en proie du complot est douloureux à voir, tant de solitude. De quoi rendre stimuler le désir d’une vraie confrontation, alors que le présent opus, certes non ennuyeux, prolonge l’attente sans suffisamment de justification.
Scénario : Mere Smith Réalisation : Joss Whedon Bethany, une très jeune femme, est incapable de contrôler ses pouvoirs de télékinésie, causant plusieurs morts. Elle ne sait pas qu’elle est manipulée par Lilah Morgan, qui veut la conditionner pour être un assassin au service de Wolfram & Hart. Grâce à une vision de Cordélia, Angel rencontre Bethany et lui propose son aide… La critique de Clément Diaz: Cet épisode singulier se centre tout entier sur la relation entre Angel et sa cliente. On comprend ce qui a attiré Joss Whedon dans ce script, au point de passer derrière la caméra : voir Angel sauver non une vie, mais une âme. Bethany est une solitaire, rongée par un don maudit qui ne la laisse pas en repos, donc proie facile pour les forces du mal. Angel doit jouer non point de ses muscles (enfin un peu quand même) mais de la psychologie pour la guérir. Le scénario de Mere Smith, qui écrira parmi les épisodes les plus importants de la série, est éblouissant d’intensité et d’émotion. Dans la même veine, le One day one room de Dr.House, jouera sur un terrain similaire. L’affaire est davantage dans le ton des Affaires Non Classées (L’ombre de la mort d’X-Files s’ouvre sur une scène analogue), mais la scénariste délaisse rapidement effets chocs et suspense pour se concentrer uniquement sur le relationnel. Il faut voir tout le travail d’approche d’Angel, qui doit lentement gagner la confiance de sa patiente. Leur premier contact symbolise pour Bethany un espoir de sortir de son cauchemar (le héros aura rarement autant mérité son nom). Lorsqu’elle accepte son aide, on remarque une bataille entre ses pulsions (auto) destructrices et la douceur d’Angel, en pleine démarche d’empathie. Cette bataille psychologique est menée avec précision et intensité. Il y’a un climax lorsqu’elle tente de coucher avec lui, moins par sentiment - quoique - que par haine d’elle-même : son mauvais soi veut briser sa reconstruction, imprimer l’étiquette « slut » pour dégoûter son sauveur. Angel (aidé par sa chasteté forcée) parvient à réorienter Bethany, et à lui faire contrôler son pouvoir. Il est symptomatique que la tornade finale, très Carrie, ne s’arrête que grâce à elle. On reste époustouflé par la performance de Daisy McCrackin, qui jouait là son tout premier rôle de sa carrière. Elle a une présence, une sobriété qui laisse voir le maximum d’émotions. David Boreanaz fait ressortir le côté le plus humain de son personnage, le résultat est brillant. Stephanie Romanov est jubilatoire en fausse bonne amie manipulatrice. Wesley et Cordy se crêpent le chignon sur le fait de payer ou pas les services de Gunn, voilà le petit moment d’humour de cet épisode très étrange, mais qui traite avec une grande subtilité du thème de sauver les âmes en perdition. La critique d'Estuaire44: - Shut up. Just shut up! One more excuse from you and I am going to bury you alive, next to my house so I can hear you screaming. Untouched émeut le spectateur par son propos, mais aussi son audace au sein d'une série grand public. L'épisode est littéralement saturé de thématique sexuelle, comme cela n'avait jamais été le cas dans la finalement très prude Buffy contre les Vampires (où même les jeux entre Spike et le Buffybot se voyaient largement édulcorés par le prisme de l'humour). Entre les rêves très explicites d'Angel, le drame personnel de l'héroïne et les multiples dialogues verts se dessine un mouvement d'ensemble apportant une forte tonalité et une cohérence à l'intrigue. On retrouve par contre la tendance de Whedon à souligner les travers de l'acte sexuel, décrit ici comme manipulatoire ou profanateur. L'émotion saisit par l'évocation des drames de l'inceste et de l'enfance souillée, avec un recours au Fantastique servant essentiellement de métaphore, dans la lignée de la Carrie de Stephen King. Évidemment celle-ci aura été persécutée par sa mère et non son père mais le Roi de l’Épouvante expo ce avec justesse la convergence du viol émotionnel et du physique (Margaret White demeure l'une de ses plus effroyables créations). Outre ce constat, le récit saisit par l'intensité du combat d'Angel, pour sauver autant physiquement que moralement la jeune femme. Malheureusement l'effet se voit en partie gâché par la soudaineté et la facilité du Happy Ending, Bethany réglant d'un coup d'un seul tous ses problèmes, avant de partir vers un avenir souriant, avec un caractère bien trempé. Une conséquence sans doute aucun de la diffusion sur un grand média, mais le scénario manque trop de progressivité sur ce point pour ne pas en pâtir. Restent une excellente interprétation et une mise en scène toujours aussi efficace, s'offrant même le luxe d'une scène action automobile, une rareté jusqu'ici, à laquelle convient idéalement le décor urbain. Untouched séduit également par l'espace important qu'il consacre aux personnages féminins, avec la bouleversante Bethany et une Cordy toujours plus mature. Mais l'on avouera une faible particulier pour le portrait davantage creusé de la belle Lilah Morgan. Évidement une peste cynique et impitoyable, éventuellement mauvaise joueuse, on en apprécie que davantage les quelques fragements d'humanité judicieusement préservés par l'auteure Mere Smith. On apprécie de voir Lilah, à sa manière, manifester une certaine sympathie non feinte pour Bethany et on la prend presque en pitié face au toujours carnassier Holland. Agréablement complexe, Lilah se voit portée par le panache et la présence assez incroyables de Stéphanie Romanov, un atout très prometteur pour la série.
Scénario : David Greenwalt et Marti Noxon (non créditée) Réalisation : David Greenwalt Constatant qu’elle a affaibli Angel avec succès, Darla monte une machination destinée à le pousser encore plus dans la folie et son côté obscur… La critique de Clément Diaz: Le scénario souffre d’une histoire de machination classique et prévisible. Heureusement, le casting réunit Julie Benz, Juliet Landau, et Elisabeth Röhm, soient les trois rôles féminins-clés de la saison. Et il y’a les superbes scènes Darla/Angel, mélange de tension sexuelle (Noxon’s touch) et d’amour/haine détonnant. La machination de Darla use de ressorts peu inventifs : apparitions volontaires, nouvelle identité, calomnies… Darla a beau être la Big Bad du moment, sa noirceur est troublée par son amour paroxystique et sincère pour Angelus. A la différence d’une Buffy dans le déni, Darla sait bien qu’Angelus est la face authentique d’Angel. Lors de leur duel, Darla abat ses atouts : sensualité, nostalgie, et vérités qui font mal. Grâce au jeu expressif de David Boreanaz, l’on sent toute la déstabilisation d’Angel face à son alter ego féminin qui connaît toutes ses forces et ses faiblesses. Mais Darla se leurre en doutant de la propension au sacrifice d’Angel, qui repousse les délices trompeurs de la darkside, préférant être un « pur » tourmenté qu’un « impur » heureux. Le twist sur la nature de Darla est saisissant, présageant d’innombrables complications psychologiques. Darla ne comprenant pas toutes les implications d’avoir une âme, comme ressentir réellement le bonheur, donne une toute autre vision des flashbacks, où la relation Angel-Darla était plus dominée par le plaisir et la complicité plutôt qu’un vrai sentiment amoureux. On apprécie ces flashbacks fastueux et colorés, avec en plus Drusilla comme invitée surprise. Comme toujours, Juliet Landau a l’air d’être possédée par son rôle de folle, c’est diabolique ! Délicieux jeu de séduction entre Darla et Lindsey, plaisant et… malsain. Tandis qu’entre Queen C et Wesley, c’est toujours aussi marrant - leur surveillance à distance du couple adultère est un modèle de non-discrétion. Kate Lockley, absente depuis le début de la saison, peut enfin déverser sa rancune dès lors qu’elle a la possibilité de croire qu’Angel est bien un monstre. Ne pouvant entrer dans son univers qui lui a déjà coûté un père, Kate, enfermée dans sa douleur et sa rage, harcèle Wesley, Cordélia, et Gunn, et ce n’est qu’à regret qu’elle abandonne - momentanément - Elizabeth Röhm est flamboyante de colère et de frustration. Et puis, bon, on se lasse pas de voir Angel massacrer des chansons dans la boîte de nuit pour avoir ses infos. Un épisode basique, mais des personnages au sommet de leur art. Ah n’oubliez pas Cordy en soubrette d’hôtel ultra sexy, la vision vaut le coup d’œil ! La critique d'Estuaire44: - You see, no matter how good a boy you are, God doesn't want you. But I still do. On pourra regretter que Dear Boy accumule quelques gênantes facilités scénaristiques. La police arrive quasi instannément sur les lieux. L’humour apporté par Cordy et Wesley se base principalement sur le manque d’argent d’Angel Investigations, alors que l’agence a visiblement eu les moyens de totalement réparer les conséquents dégâts occasionnés par Bethany lors de l’opus précédent. Si Darla est humaine on conçoit plus difficilement qu’elle ait pu aussi aisément aller et venir dans l’Hypérion. Il n’est nulle part expliqué pourquoi Darla ne ressent pas les effets de la présence d’une âme, comme si celle-ci avait du retard à l’allumage, etc. A la fois auteur et réalisateur, Greenwalt assume ici sa part prépondérante prise dans la production de la saison, alors que Whedon doit aussi veiller sur l’affrontement entre Buffy et Glory, mais il doit davantage veiller aux détails. L’épisode présente néanmoins le mérite de clairement lancer l’arc scénaristique principal de la saison, bâti autour de Darla. Dès à présent celui-ci se révèle digne des meilleures qualités de la série, car basé sur des personnages au long parcours en commun, passionnément complexes et torturés, ainsi que sur une excellente interprétation. Au-delà d’un complot de Wolfram & Hart servant essentiellement de prétexte à leurs retrouvailles (eux-mêmes en sourient sarcastiquement), le cœur récit demeure bien la passionnante confrontation entre les ex-amants diaboliques, dialoguée avec finesse et cruauté alors que chacun renvoie l’autre à son abime. On se croirait par moments chez Anne Rice, Marti Noxon maîtrisant autant les protagonistes que l’art malaisé du dialogue. En arrière fond, la scène pose joliment la question de la définition de l’humanité, car qui est le plus en humain des deux protagonistes ? Le préalable à cette longue, captivante et éprouvante scène s’étire sans doute un peu trop, mais l’apothéose du récit tient toutes ses promesses Boreanaz a fabuleusement progressé comme comédien depuis la première saison de Buffy et Julie Benz brille de tous ses feux, ensemble ils parviennent à créer une alchimie presque aussi intense, mais encore davantage désespérée, qu’entre Angel et Buffy. L’un de sommets de la saison, alors que les autre sujets de l’épisode, fatalement moins forts, ne résultent pas pour autant dépourvus d’intérêt, avec une Cordy toujours aussi pétillante sur le registre humoristique et (très) sexy, un retour tonitruant de Kate aux plaisantes concomitances avec Fox Mulder, comme un tango sensuel et pervers entre la joueuse Darla et Lindsey, ou les retrouvailles tant espérées, et déjà prometteuses, avec Drusilla, lors de reconstituions toujours performante. Les seconds rôles ne peuvent éviter d’être relativement éclipsés par le duo vedette, mais ils combattent vaillamment. Un épisode à l’intrigue jouant beaucoup sur une unique scène, mais Darla et Angel emportent la mise.
6. L'USURPATEUR Scénario : Jane Espenson Réalisation : Krishna Rao Sur les conseils de l’Hôte du Caritas, Angel se rend chez T’ish Magev, un swami qui pourrait l’aider à surmonter l’épreuve de Darla par la magie. Pendant ce temps, un homme de main de Magnus Bryce, magnat de la magie, entre dans Angel Investigations et réclame Angel tout de suite, menaçant même Cordélia avec un pistolet. Une seule solution pour le calmer : Wesley doit se faire passer pour Angel… La critique de Clément Diaz: Dès les premières secondes, on comprend que la fêlée Jane Espenson est dans ses œuvres. Toutefois, son scénario se déroule à une vitesse bien trop lente. Les gags s’enchaînent mollement. On est loin de la frénésie délirante du Zéro pointé de Buffy, qui est à Xander ce que cet épisode est à Wesley. Toutefois, les ressorts comiques fonctionnent parfaitement, autorisant un flamboyant/hilarant numéro d’Alexis Denisof en créature de la Nuit aussi crédible que Max la Menace pourrait l’être en James Bond. Le swami psychanalyste regarde tout droit en direction du WTF vampire psy du Conversation with dead people de Buffy. Wesley prend plus d’ampleur héroïque, et le sous-texte féministe du jour est aussi fort que gaîment comique. L’introduction est un concentré de gags : Wesley subit de plein fouet un humour slapstick, puis une scène déconnectée où le quatuor, en plein dans les locaux de Wolfram & Hart, se dispute débilement (running gag génial de l’ascenseur). Dès que Wesley prend l’identité d’Angel. Alexis Denisof en gaffeur secoue les zygomatiques. Obligé d’adapter tous les tics de son employeur et de sa nature vampirique, il est forcé d’improviser (de manière catastrophique bien sûr) à chaque imprévu… le pompon est quand il doit se coltiner un boulet sous la forme d’une fille cloîtrée par son père (Brigid Brannagh, en roue libre). On y croit vraiment pas quand ça devient chaud bouillant, mais après tout, même Faith s’est fait plaisir avec Xander, alors… Bon, il faut ignorer la coïncidence qui veut que le swami soit en contact avec Bryce, capotant ainsi la couverture de Wesley. Le final, d’abord assez glauque, proclame le triomphe de la screwball comedy avec l’hilarante « impureté » de Virginia, Angel vu comme un « eunuque », et Wesley tentant de profiter de la situation. La coda voit Wesley en parangon d’héroïsme sous les yeux jaloux d’Angel et Cordy. Énorme. La petite intrigue du swami (excellent Art LaFleur) bénéficie d’un twist, ainsi que des piques que la série se porte à elle-même : la voiture et le gel pour cheveux d’Angel sont promptement passés à l’acide avec les explications psy totalement barrés du swami. Un épisode mollasson mais plein d’humour et agréable à suivre. L’Hôte encourage Angel à chanter : Once more, with less feeling. La critique d'Estuaire44: - Wait. Are you saying... is he gonna sing? Oh God, is Angel gonna sing? Guise will be guise, dernière des trop rares incursions de la surdouée Jane Espenson dans le Los Angeles d'Angel, tombe réellement à pic. Par son humour malicieux, il apporte une respiration nécessaire à la noirceur exaltée de l'arc narratif de Darla, empêchant qu'une saturation du spectateur ne vienne en atténuer l'impact. Son succès n'apprécie d'autant plus que les épisodes d'Angel optant aussi franchement et massivement pour la comédie demeureront rares (un peu moins en cinquième saison). On pourra certes reprocher au scénario d'Espenson une relative facilité, capitalisant sur les personnages autours de quelques ressorts bien balisés du Vaudeville, comme la substitution d'identité. Le raccordement des deux segments de l'intrigue apparaît également quelque peu providentiel. Mais l'auteure sait indéniablement dynamiser l'ensemble, par des dialogues à l'humour incisif faisant mouche à chaque fois, ainsi que par un tempo sans temps mort. Les diverses confrontations se montrent souvent hilarantes et on admire derechef, après Rm w/a Vu et Cordy, avec quelle aisance Espenson se glisse dans l'univers d'Anegl tout l'abordant par les (prétendus) seconds rôles. Elle comprend ainsi parfaitement le potentiel humoristique du Caritas et de son Hôte irremplaçable. Elle manifeste également une pétillante irrévérence très féminine envers la figure du Héros ténébreux, forcément ténébreux (et égocentrique comme sait l'être notre ami le Roi de la Souffrance, à sa manière). Cet épisode égratigne joyeusement les machos de tous poils et on en redemande. Certes ici relativement relégué au second, Angel bénéficie toutefois de scènes très divertissantes avec l'épatant faux Gourou, mais l’important est ailleurs. Avec son intuition coutumière, l'auteure corrige une faiblesse d'une saison voyant Wes jusqu’ici dans la roue de Cordy et enserré dans son rôle d'Observateur. On apprécie qu'elle lui donne l'occasion de s'imposer comme homme d'action à part entière, ce qu'il ne cessera de confirmer par la suite et à visage découvert. Alexis Denisof s'épanouit pleinement dans histoire certes un rien théâtrale et prévisible, avec un grand sens de la comédie. Il est précieux de découvrir Wes franchir une nouvelle étape en vivant une autre personnalité, tout comme Will a su le faire avec Vampire Willow. Jane Espanson confirme en fin de parcours que c'est grâce à ses qualités propres que Wes remporte la partie, tout en offrant à celui-ci une merveilleuse rencontre, avec Virginia.
Scénario : Tim Minear Réalisation : Tim Minear Cet épisode complète l’histoire de l’épisode 5.07 La Faille de la série Buffy contre les vampires. Darla commence à ressentir le poids de son âme. Lindsey prévient Holland qu’elle est en train de craquer, mais Holland le rassure en disant que son plan continue de se dérouler comme il le souhaite et qu’il faut juste « accélérer les choses ». Pendant ce temps, Angel tente de localiser son ancienne compagne… La critique de Clément Diaz:
Incontournable épisode Mythologique, et complément du remarquable Fool for love de Buffy, Darla s’intéresse à la fascinante relation qui unit Angel et Darla à travers les siècles. Les scènes du présent trouvent une résonance dans chaque flashback. Julie Benz nous sort le grand jeu en incarnant trois dégradés différents de son personnage. Les brillants flashbacks scandant la vie de Darla sont autant d’odes à sa gloire. On claque des mains en revoyant Le Maître, porté par un Mark Metcalf enthousiaste en tentateur. En plus de ces merveilleuses toilettes, Darla assure le souffle romanesque de cette épopée par la dimension ardente de son nihilisme, de sa perversité… et de son amour fou pour Angelus. Big Bad oui, mais pas sans sentiments. On la voit d’abord joyeuse, complice avec son amant, semant la désolation avec jubilation. Puis en tourmentée à la fois méprisante et malheureuse quand Angelus devient Angel. Dans le présent enfin, elle n’est plus qu’une humaine perdue, torturée par son âme. Sa douleur se ressent à chaque séquence : le miroir brisé, la séduction de Lindsey, plus une vaine tentative d’auto-affirmation qu’un désir (on est pas loin de Faith), ses monologues autodestructeurs, son dégoût physique… le tout culminant dans un des plus prodigieux finals de toute la série quand Angel refuse de la transformer. Le parallèle avec la scène du berceau est très fin. On comprend qu’il s’agit de l’épisode préféré de Julie Benz, sa triple performance est à se mettre à genoux. Angelus est toujours aussi flamboyant. La scène où il se fout éperdument de la gueule du Maître n’aurait pas été désavouée par Spike. Vanneur, totalement barge, rigolard, libertaire, on comprend que Darla craque pour lui. Si l’Angel d’aujourd’hui est plus introspectif, il tient de son alter ego le même entêtement, la violence (contre Lindsey)… et la passion sentimentale. Drusilla est toujours aussi… Drusilla, Juliet Landau confirmant qu’elle est la folie faite femme. Spike apparaît peu, vu que l’épisode correspondant de Buffy est centré sur lui. Mais on retient son rot bruyant après le carnage gitan, rappelant qu’il n’est pas un aristocrate comme Angelus. La machination d’Holland est remarquablement ourdie, se dévoilant peu à peu au rythme de twists ingénieux. Un épisode luxueux et riche. La critique d'Estuaire44: - Angelus? The Latinate for "Angel". It's marvelous! - His name would already be a legend in his home village - had he left anyone alive there to tell the tale. Avec Darla, la saison 2 s'offre une saga historique fastueuse et mouvementée, sans pour autant renoncer à son atout premier, l'envoutante complexité de ses protagonistes damnés. Les nombreux flashs back résultent tous finement calibrés par Minear. Ils complètent habilement les différents espaces encore demeurés vacants dans la geste du Whirlwind, au-delà de l'écho astucieux organisé avec Fool For Love. Cet aspect particulièrement apprécié par les fans d'une indispensable cohérence de Buffyverse s'adorne d'une brillante mise en scène en costumes et de quelques retrouvailles marquantes, comme Drusilla et, bien entendu, le Maître, pour son unique participation à la série. Jamais le contraste entre la vitalité exacerbée de Spike et l'introspection d'Angel n'aura été aussi criant. On saisit de visu toute l'intensité et l'ancienneté de la relation entre Darla et Angel, chacun servant de miroir à l'autre, en exaltation commune, perverse et narcissique. Minear optimise totalement son intrigue, en ne se contentant fort heureusement pas de constituer les retours à la période actuelle en simples passe-plats Une habile résonance s'instaure entre le passé et le présent du couple maudit, les deux époques se voyant pareillement superbement dialoguées. La conclusion commune se montre aussi brillamment cruelle que concernant Spike dans Fool For Love. Auparavant se sera déroulé l'un des twists les plus retentissants survenus dans le Buffyverse, avec une véritable épiphanie pour Angel (et pour le spectateur) concernant la vraie motivation d'une Darla toujours davantage tourmentée. Décidément cet arc exerce une ténébreuse fascination toujours davantage accentuée, d’autant que notre ami Justicier se montre derechef sujet à une rechute dans cette violence toujours si présente en lui. Son interrogatoire à la Jack Bauer de Lindsey , qu'il tient soigneusement celé à ses amis, reste l'exemple typique de ce que Buffy n'aurait jamais perpétré. Lindsey lui même se montre toujours agréablement ambivalent, y compris vis à vis de Darla et d'un Holland en grande forme. La musique de Robert Fral reste toujours aussi parfaite. La saison 2 continue à nous entrainer dans une confrontation toujours plus intense et désespérée entre Darla et Angel, avec une Julie Benz et un David Boreanaz au sommet de leur art.
8. LE LINCEUL QUI REND FOU Scénario : Jim Kouf Réalisation : David Grossman Wesley est interrogé dans un commissariat de police. Quelques heures plus tôt, Angel et Gunn ont infiltré un gang qui tentait de dérober un artefact magique de valeur dans un musée. Les recherches de Wesley et Cordélia leur apprennent - mais trop tard - que l’objet en question est le Linceul de Rahmon, un objet dont il est dangereux de s’approcher. Pour compliquer le tout, Kate est aussi sur les lieux…
Le scénario de Jim Kouf tourne autour d’une histoire classique de gangsters : préparation du casse-casse proprement dit-dispute autour du butin-bain de sang final. Mais le tout est relevé par le Fantastique : la galerie de portraits dégénérés du gang donne une saveur de pastiche à chaque étape du scénario. Les scènes de folie ont un grand effet dramatique, et le duo/duel Kate-Angel projette des étincelles partout. La surprenante introduction (Wesley dans le commissariat, Angel mordant une silhouette) est un électrochoc. On est immédiatement pris dans l’histoire, qui ne laisse aucun temps mort. La première partie démonte les clichés du film de gangsters par l’humour. Angel le mutique se transforme en une sorte d’Elton John tchatcheur et débridé, à la tenue du plus mauvais goût possible. David Boreanaz s’éclate dans ce rôle frais et joyeux. Sa rivalité avec Gunn, campé par un J. August Richards qui n’hésite pas à en rajouter dans le « dur de dur à cuire » produit pas mal de gags (notamment un fraternel échange de coup de poings). Le policier froussard et les deux démons cramés du ciboulot complètent le tableau : leurs attitudes outrancières sont un vrai régal. Wesley et Cordélia sont en pleine forme, leurs disputes continuelles nous ravissent encore et encore. Charisma Carpenter nous gratifie d’une nouvelle coupe qui donne envie simultanément de siffler d’admiration et de se rouler par terre. Par contraste, la scène avec Kate, plus écorchée que jamais, est glaciale. Elisabeth Röhm mérite toutes les louanges. C’est carrément une guerre de tranchées empoisonnée. La 2e partie, plus dramatique, voit folie et violence s’emparer de tous les personnages (mention au « décrochage de tête » du policier), produisant des explosions d’abord éparses puis de plus en plus rapprochées et sanguinaires. Culminant finalement lors d’une bagarre à 4 mortelle d’un suspense frénétique. On se croirait dans un vrai film de genre. L’image la plus démente est certainement l’agression de Kate, qui fait s’arrêter le cardiogramme pendant quelques secondes. La coda, sombre et frissonnante, ouvre d’inquiétantes perspectives sur Angel, qui a touché de nouveau du doigt la tentation du côté obscur, et dont les délices l’obsèdent. Jamais Angel n’a été si proche d’Angelus. Brrr… La critique d'Estuaire44: - He helps people, you know. When he's not in trouble himself. The Shroud of Rahmon se veut un habile mélange entre deux genres bien distincts et à l'identité forte : le film de casse et le Fantastique. Malheureusement la sauce ne prend que médiocrement, car, au-lieu d'établir une synergie féconde, les auteurs sacrifient le second au premier. Certes suffisamment rythmée pour éviter l'ennui, l'intrigue s'articule essentiellement autour des clichés de ces récits de cambriolage où le plan impeccablement préparé finit infailliblement par échouer du fait du facteur humain. Une fois la surprise des maquillages dissipée, et malgré le casting astucieux de Tony Todd, les malfrats démoniaques agissent en tous points comme des équivalents humains lambda, d'où des évènements tout à fait prévisibles et une intrigue simpliste en comparaison de l'arc de Darla. La folie suscitée par le suaire ne relance que partiellement l'intrigue, les effets en demeurant peu relevés, et bien moins savoureux que lors de Sense and Sensitivity, en première saison. Quel est d'ailleurs l'intérêt de détenir un artefact aussi difficilement exploitable ? Le scénario sombre par ailleurs dans la facilité quand Angel s'affranchit du maléfice à point nommé pour sauver la situation sans qu'aucune véritable exploitation ne soit fournie. Le seul moment réellement fort de l'opus survient lorsque Angel dérive dangereusement vers Angélus sous l'influence de la folie (Boreanaz toujours impérial), mais l'auteur crée un twist contre productif quand ils 'avère qu'Angel contrôlait en fait suffisamment la situation pour sauver Kate, donc sans péril en la demeure. On nous survend également le fait qu'Angel boive du sang. On savait déjà que l'envie restait toujours présente (il reste un Vampire) et il est faux d'énoncer qu'il n'y avait pas touché depuis longtemps. Angel s'est abreuvé du sang de Buffy peu de temps avant d'arriver à Los Angeles, donc très récemment à son échelle, sans que cela porte à conséquence le moins du monde sur son équilibre. On discerne ici un sensationnalisme visant malhabilement à compenser le caractère très normé du récit. Heureusement Kate répond comme toujours à l'appel et la narration par Wesley apporte une touche d'intensité. Un opus mineur néanmoins, que l'on aurait volontiers troqué contre un Darla développé en double épisode.
Scénario : Douglas Petrie et Tim Minear, d’après une histoire de David Greenwalt Réalisation : Bruce Seth Green Wolfram & Hart retrouvent Darla et lui apprennent une terrible nouvelle : redevenue humaine, elle est de nouveau en stade terminal de syphilis (qui l’aurait tuée si Le Maître ne l’avait pas transformée). Elle n’a plus que deux mois. Ils la laissent partir, et Darla l’apprend à Angel. Refusant toujours de la transformer, Angel trouve une créature ayant le pouvoir de guérir Darla sans la transformer, mais il doit pour cela passer trois épreuves mortelles : s’il échoue, tous deux mourront. Angel accepte, mais ignore que Wolfram & Hart médite au même moment un coup fourré… La critique de Clément Diaz: Cet épisode dense, au suspense cravaché, ne laisse pas en repos une seule fois le spectateur : dilemmes éthiques, ambiguïté des personnages, souffle de l’aventure, twists massifs, et cliffhanger à rendre KO se conjuguent pour former 42 minutes compactes, à bloc, et une des fins les plus horrifiantes du Buffyverse. Le trio de scénaristes fait par la même occasion rebondir la Mythologie. L’écriture habile de Darla et la performance déchirante de Julie Benz assurent l’empathie du spectateur pour un personnage pourtant diabolique (les flashbacks la montrent en plus très égoïste) mais dont l’amour pour Angelus l’humanise. Ancienne prostituée qui n’avait certainement pas le choix de ses clients, elle doit de même consentir à être transformée par un vampire crétin, alors que cet acte est comparable à un acte sexuel transcendantal chez les vampires (scène à la fois drôle et amère). Heureusement, Angel empêche la catastrophe. L’Hôte est aussi irrésistible comme que Darla chantant Ill Wind (elle aura décidément tout eu la pauvre !). La détermination désespérée d’Angel à sauver Darla jusqu’au sacrifice est une preuve d’amour fou alors qu’il n’en est pas amoureux. Un lien vraiment trouble. Coup de cœur pour le valet impassible du temple (brillant Jim Piddock), dont l’absence d’émotions se manifeste par un humour à froid et des airs détachés. La troisième épreuve est d’une grande intensité : Angel ne fait pas seulement face à la mort mais aussi à sa propre mission. Le cruel twist est un des moments les plus douloureux de la série. On se dirige alors vers une belle coda où Darla comprend que sa rédemption passe par la mort et son acceptation. Il est intéressant de noter que Julie Benz jouera une version proche de cette scène dans le Faith de Supernatural, où son personnage, passé si près de la guérison, la voit au dernier moment lui échapper, mais refuse de céder au chagrin et la révolte pour au contraire accéder à une acceptation sereine et lumineuse, illuminée par sa foi religieuse, qui remplace ici un stoïcisme Socratique et le soutien d'Angel. La promesse d’Angel est si sublime qu’on se dit qu’on va finir l’épisode avec un paquet de mouchoirs… c’est alors que l’horrible cliffhanger anéantit tout espoir. Bravo à Bruce Seth Green d’utiliser le ralenti pour bien prolonger la scène, comme si c’était pas assez insoutenable. Lindsey ne finit pas de nous ébaubir : son amour sans espoir pour Darla le rend amer, désabusé. Et s’il montre qu’il est encore un sacré félon, même son attitude dans le final est ambiguë (Christian Kane est géant). Un épisode dark, dark, et encore dark. La critique d'Estuaire44: - Maybe this is my second chance. - To die? - Yes. To die - the way I was supposed to die in the first place. Quoique fort prenant, The Trial demeure inégal. Comme si souvent cette saison, sont point fort demeure l’axe entre les deux âmes sœurs que constituent Angel et Darla, sans que, fort judicieusement, on puise parler d’amour romantique, comme avec Buffy. En rajoutant le retour de la syphilis, pas forcément absurde en soi, le récit prend le risque de virer au mélodrame des Telenovelas, avec l’amoncellement coutumier de malheurs de toutes sortes s’amoncelant sur l’héroïne. Mais l’effet en résultant demeure davantage une cristallisation de l’intrigue. C’est à la dernière heure que Darla et Angel finissent par enfin pleinement se retrouver, dans l’épreuve de l’ordalie, mais aussi l’acceptation du destin. La scène finale s’avère triste mais aussi très belle, Darla, accédant, sinon à la rédemption, du moins à la paix. A côté d’un Boreanaz toujours convainquant, Julie Benz se montre bouleversante de conviction et d’émotion, tout comme elle sera dans un registre finalement assez proche dans Supernatural. Mais pour en arriver là , il aura fallu passer par une l’intrigue éclatée, enfilant comme des perles les différents scènes de diverses natures, sans réelle unité. Le passage de Darla au Caritas, certes sublime (forcément sublime) apparaît quelque peu comme un passage obligé. On peut aussi se demander si, dans son état présent de bouleversement, elle aurait effectivement produit une prestation aussi soignée. Une nouvelle fois l’Hôte sert à glisser une adresse à Angel, ce qui vire quelque peu au précédé scénaristique ; Surtout cette histoire de triple épreuves très à la sous Indiana Jones sonne comme hors sujet dans ce qui demeure avant tout un captivant thriller psychologique, peut être davantage que Fantastique. Les épreuves sont toutes prévisibles, on se croirait dans une partie de Donj peu inspirée. Heureusement le majordome se montre particulièrement amusant, dans la grande lignée des personnages anglais chez Whedon. L’épisode sait toutefois s’achever par une scène tonitruante, remarquable de cruauté, avec un retour en majesté pour Drusilla. Le drame vire à la tragédie et s’apprête à atteindre de nouveaux sommets.
Scénario : Tim Minear et Shawn Ryan Réalisation : James A. Contner Angel arrive trop tard pour stopper la résurrection de Darla par Drusilla. Il doit à tout prix la retrouver avant qu’elle retrouve ses forces et que les deux vampires se mettent à semer la désolation. A cette occasion, il n’écoute même plus ses associés, qui s’inquiètent de le voir se détacher d’eux… La critique de Clément Diaz: Reunion accumule rebondissements, twists, numéros d’acteur dingos, scènes fortes, tout en courant à perdre haleine vers son final dévastateur. Une nouvelle fois, Whedon bouleverse toute la direction dramatique de la saison par une invasion de noirceur. Cet épisode joue le rôle du mythique Innocence de Buffy : le basculement inattendu dans les ténèbres de Darla fait penser à celui d’Angelus. Angel lui-même se précipite vers son côté obscur, qui n’a pas cessé de le titiller depuis le début de la saison. Le résultat est à couper le souffle. Drusilla la cinglée + Darla… la cinglée aussi = un show dément, sanglant, déphasé. Juliet Landau et Julie Benz nous jettent au visage leurs écrasants talents. Leurs scènes, toutes plus sauvages les unes que les autres, mêlent meurtres sanguinaires, complicité à la fois repoussante et séduisante, et humour très… sanguin. Deux grandes Diabolical Masterminds qui mènent la danse, bien aidées par le scénario furieux de Minear et Ryan. Holland, représentant de Wolfram & Hart, est plus pernicieux et malfaisant qu’il ne l’a jamais été. Sa scène avec Angel, juste après son olympique entrée par la fenêtre, pétille d’intensité bouillonnante. Sam Anderson est tout à fait dans le ton. Lilah Morgan, toujours très altruiste, nous gratifie de quelques répliques à l’emporte-pièce, Stephanie Romanov est réellement délicieuse. On est subjugué par le twist central voyant le machiavélique plan d’Holland connaître un spectaculaire retour de flamme. Cette longue, longue scène de torture psychologique, dirigée par nos deux diablesses est un concentré de suspense à chaque seconde. Lindsey est de plus en plus complexe, il est le seul à ne pas avoir peur, faisant face à sa mort avec détachement. Le personnage a plusieurs couches, et n’en finit pas de nous étonner. Même servant « le mal », il reste imprévisible et ambigu. On ferme facilement les yeux sur Angel retrouvant un peu facilement ses deux anciennes complices, car cela permet une redoutable confrontation entre les trois vieux compères, alors que la vie de dizaine d’êtres humains est en jeu. Le twist final est un énorme choc électrique. Angel, épuisé de lutter avec des règles d’honneur dont ne s’encombrent pas ses Némésis, choisit à son tour de créer ses propres règles, et s’offre aux ténèbres. Tout au long de l’épisode, il se détachait peu à peu de sa propre lumière (mission du jour à la corbeille). La coda finale, très sèche, dans l’agence, confirme ce cheminement dans la darkside. La suite de la saison promet d’être très sombre… elle va l’être. La critique d'Estuaire44: - Run and catch, run and catch, the lamb is caught in the blackberry patch. Reunion porte à son paroxysme la noirceur ayant envahie une série déjà guère pétulante en sa première saison. Tout en nous valant une scène d’action mouvementée entre Angel et les deux dames, la quête désespérée de ce dernier pour éviter une nouvelle damnation à Darla (la mort est son cadeau) se montre remarquable d’intensité dramatique. La Force aurait décidément dû apparaître en Darla lors d’Amends. La mise en scène virevolte, au sein de l’original décor d'une jardinerie devenue mausolée. David Greenwalt continue à pleinement exprimer son talent dans cette veine particulièrement sombre, avec la dérive mortelle du duo maléfique, une horde sauvage à elles seules, aux exactions filmées avec un réalisme crû. Dru, particulièrement rayonnante, vole presque la vedette à Darla, s'épanouissant dans le Mal avec volupté. L’apothéose obscure se voit atteinte quand Angel rechute dans les ténèbres, au point de paraître rejoindre Angelus. L’évènement résulte comme un fascinant et horrifique point de convergence de la saison, tout en étant savamment construit et annoncé en cours d’épisode, de la mission bâclée jusqu’aux séides de Wolfram & Hart trouvant leur destin avec la complicité du « Héros ». Longue et particulièrement éprouvante cette mise à mort doit aussi beaucoup également à Holland et Lindsey confirmant jusqu’au bout leur stature. On est d’ailleurs ravi qu’Holland ait enfin eu droit à un vrai face à face avec Angel, avant de prendre congé. Le final de l’épisode se montre d’autant plus tragique que nous sommes bien face à un Angel que le désespoir a poussé a précipité dans le nihilisme et non face à un énième retour d’Angelus (qui n’aura jamais été le but de Wolfram & Hart). La faille apparaît en définitive plus profonde, comme le consacre la rupture avec ses amis d’Angel investigations. Pour un simple mortel, Lindsey résulte lui aussi abyssal, ne semblant exister que par l’amour de Darla. Encore une fois toute la distribution est digne d’éloges.
11. DÉCLARATION DE GUERRE Scénario : Mere Smith Réalisation : David Grossman *L’épisode 5.14 La Déclaration de la série Buffy contre les vampires clôt l’arc Drusilla de cet épisode. Désormais totalement seul, Angel se prépare à affronter Darla et Drusilla, qu’il traque dans tout Los Angeles. Mais la cruauté perfide de Darla et les sentiments qu’il lui voue encore le font douter, le poussant toujours plus vers son côté sombre. Gunn, Wesley, et Cordélia, sonnés par leur renvoi, se saoulent au Caritas… La critique de Clément Diaz: Bon, apparemment, les auteurs se sont dit que c’était pas encore assez noir comme ambiance. La très douée Mere Smith décide donc d’en rajouter encore plus dans le sordide, et voilà un nouveau chef-d’œuvre avec un scénario qui explore la face la plus sombre de chaque personnage. Jack Bauer, euh pardon, Angel, en première ligne, se mue en superhéros solitaire, violent, vengeur, qui n’a plus rien d’héroïque. Darla est toujours prisonnière de son obsession pour Angel, qu’elle compense en étant toujours plus sanglante. Drusilla est toujours plus allumée, et la paire d’as de Wolfram & Hart, Lilah et Lindsey (Bonnie et Clyde), se livre à une joute perverse. L’auteure décompresse par un humour-tornade du côté des ex-associés d’Angel, un contraste si fort qu’il renforce chaque histoire. Une nouvelle réussite totale. La « déshumanisation » (façon de parler) d’Angel, renforcée par son absence de dialogues - excepté de troublantes interventions en voix off - est le moteur de ce récit. Abandonnant sa mission de sauveur d’âmes, Angel livre sa propre guerre, et doit pour cela devenir aussi sombre que ceux qu’il combat, jusqu’à se transformer en simple machine à tuer (le carnage final m’a furieusement rappelé celui de la saison 8 de 24 heures chrono). David Boreanaz est époustouflant de puissance. Drusilla fait du Drusilla, toujours sur son petit nuage, toujours aussi foldingue (l’oreillectomie sans anesthésie), tandis que Darla nous fait du Spike : elle veut du FUN, elle aussi, alors elle massacre tout le monde avec un grand sourire. Mais malgré son couplet féministe (non, les actions d’une femme ne dépendent pas forcément d’un homme), on sent que la pensée d’Angel ne la laisse pas en repos. Sang, doutes, et charisme, Julie Benz est multifaces, Darla nous tient en son pouvoir grâce à sa performance. Lilah et Lindsey font chacun face à la possibilité d’être renvoyé de Wolfram & Hart (traduction : panpan tuetue), autorisant de belles batailles de dialogues, personnelles (ah, ce micro caché sous la veste…), mais aussi éthiques (« J’ai suivi les ordres », cela veut-il dire qu’on est responsable ?). On retient leur rencontre avec Darla et Drusilla (« Moo »), et leur alliance non cordiale, la tension est à son sommet. Gunn, Cordélia, et Wesley, mis à la porte, se saoulent au Caritas tout en se démolissant les uns les autres. On se marre en continu à chacune de leurs scènes, parmi les plus drôles de tout le Buffyverse. Les répliques claquent soixante fois par minute, les acteurs se déchaînent, un pur plaisir ! L’épique interprétation de We are the champions couronne cette parenthèse de dinguerie qui fait du bien au milieu de tant de noirceur (Andy Hallett est toujours en pleine forme en Hôte, c’est jouissif). La critique d'Estuaire44: - That wasn’t Angel. It wasn’t Angelus either. What was that ? Sans doute plus encore que lors de Reunion, Redefinition se centre sur l’éclipse morale d’Angel. Sur un mode narratif proche du Passion de Buffy contre les Vampires, le héros s’adresse directement à nous pour nous faire partager son obsession nihiliste, tandis que cette dernière suscite une incommunicabilité totale avec autrui. Le constat s’avère d’autant plus glaçant que l’on y retrouve pareillement de superbes dessins, bien entendu exclusivement de Darla, mais immolés par Angel, tandis qu’Angelus fait acte de création, aussi perverse soit-elle. La violence absolue, quasi profanatoire, des scènes, le talent d’un Boreanaz totalement immergé dans son rôle et la précision chirurgicale des monologues confèrent une rare puissance d’évocation à cette relation d’une chute morale. Le plus troublant demeure qu’Angel n’achève pas Darla, comme s’il pressentait qu’après ne lui resterait que le néant. Le piège tragique semble bien s’être refermé sur notre protagoniste. On sait qu’un espoir existe, mais celui-ci réside à Sunnydale, et a déjà une Apocalypse sur les bras, entre autres problèmes. Surtout les Puissances Supérieures ont judicieusement décidé de diminuer les cross-overs cette saison, afin de lasser la série dérivée exprimer son identité, donc Cordy ne passera pas le coup de téléphone salvateur. Les amis d’Angel s’avèrent toutefois actif, apportant un humour bienvenu lors de leur épopée alcoolisée et sonore au Caritas, évitant un monolithisme trop éprouvant à l’opus. Ils décident de tenir la ligne, tout comme les Scoobies lors que Buffy s’était aussi perdue, en devenant Anne, mais l’affaire résulte ici autrement plus grave. Lindsey et son amicale collègue ont la bonne idée de survivre, les auteurs n’allaient évidemment pas brûler toutes leurs cartouches, mais la justification en est bien trouvée. Les méandres byzantins de Wolfram & Hart développent une intrigue, secondaire, mais participant aussi au succès de cet épisode hors normes, dont la noirceur va jusqu’à faire vaciller l’univers même de la série. Une superbe audace, parfaitement maîtrisée.
Scénario : Shawn Ryan et Mere Smith Réalisation : R.D.Price Angel espionne Anne Steele, une jeune femme dirigeant un foyer pour adolescents financé entre autres par Wolfram & Hart. Il veut trouver ce que cela cache. Au même moment, une ancienne connaissance d’Angel se présente au cabinet d’avocats. Cordélia, Wesley, et Gunn se préparent à monter leur propre agence.
La fin (temporaire) de l’arc Darla signifie un retour aux loners. Mais ce retour n’est pas des plus heureux, le scénario étant assez faible. L’absence d’action n’est pas compensée par des dialogues statiques ou la visite d’un fantôme du passé du héros qui ne débouche sur rien. Le plan diabolique d’Angel, la personnalité d’Anne Steele, et un joli problème d’éthique parviennent toutefois à solliciter un peu notre attention. Dans le Buffyverse, la lutte contre le mal est un travail d’équipe. Mais voir Angel en loup solitaire est un faux contresens : sa nature le prédestine à demeurer un paria esseulé, et il doit encore émerger de son immersion dans les ténèbres avant de redevenir vraiment Angel. Malheureusement, sa lutte à distance avec Wolfram & Hart est bien moins intense que lorsqu’il les affrontait frontalement. Filature discrète, discussions longuettes avec le témoin-clé, interruptions continuelles de l’action, font stagner l’épisode au ras des vagues. Boone est une déception, démon aux poings de fer qui fait subir à Angel une belle dérouillée, il se contente de pontifier. Pire, son explication finale avec le Dark Knight de Los Angeles est squeezée, remplacée par une coda elliptique. Mais Lindsey et Lilah sont resplendissants de fourberie, et assurent le peu d’intérêt de cet épisode. Plaisir de revoir la jolie Julia Lee (Mensonge et Anne dans Buffy) qui a encore changé de prénom dans cet épisode, mais elle subit trop l’écrasante présence d’Angel pour exister. On retient toutefois leurs disputes sur l’éternel dicton « l’argent n’a pas d’odeur ». Anne doit-elle accepter pour le bien de nécessiteux de l’argent tâché de sang ? Les parenthèses comiques du trio Cordélia-Gunn-Wesley, cette fois en pleine querelle d’egos, n’atteignent certes pas les démences de l’épisode précédent, mais on s’amuse quand même beaucoup. On apprécie beaucoup la subtilité du plan très tordu d’Angel lors de la grande fête de Wolfram & Hart (Stephanie Romanov attire violemment le regard, ce qui ne gâche rien), enchaînement de faux-semblants reposant uniquement sur un bluff en béton armé. La paranoïa des deux associés les font chuter dans le piège, et on rit autant de voir leur déconfiture que de voir le trio d’ex-associés d’Angel passés à une implacable moulinette vitriolée. Un loner qui reste malgré tout assez terne. La critique d'Estuaire44: - Go on, English, make your move,because it'll be your last. And now I rule Europe, Australia and South America! - I still got Kamchakta! La séquence introductive de Blood Money séduit d'emblée par son humour, avec le Risk et le retour de l'excellente plaisanterie récurrente de la carte de visite dessinée par Cordy de manière (très) stylisée. Mais le passage confirme surtout la diabolique maîtrise de l'art du twist manifestée par cette saison 2. On croit réellement que la fraicheur et la sympathie d'Anne ont un effet positif sur un Angel momentanément redevenu lui-même, en espérant un développement en ce sens. Le couperet de la révélation d'un Angel toujours dévoyé par l'obsession de sa vendetta personnelle contre Wolfram & Hart n'en tombe qu'avec plus de retentissement. Boreanaz continue à briller par les acceptions différentes de son personnage complexe, qu'il incarne avec la même souveraine conviction. Le grand atout de cet épisode, souffrant par ailleurs de la criante absence de, Darla, réside dans la continuité du portrait d'un héros asservi par une obsession faisant rejaillir les traits les plus sombres de sa personnalité. Plusieurs scènes remarquables sont à inscrire à ce chapitre, dont celle voyant Angel prenant un plaisir manifeste à terroriser Lilah, avec de pures intonations à la Angelus. Quelque soit la personnalité de la demoiselle, un véritable malaise s'installe, avec un rare intensité dramatique. Il en va de même quand Angel embrigade Anne dans sa croisade, sous prétexte de l'acceptation d'argent à la provenance douteuse. Sa rencontre avec Anne véhicule un espoir ténu mais bienvenu, bienvenu, Angel est encore là, quelque part. Blood Money n'apporte pas grand chose de nouveau, car il recycle pour l'essentiel les éléments apportés lors du remarquable Redefinition, mais il l'effectue avec un indéniable talent. Le récit ne laisse pas passer l'occasion d'une satire de ce rituel très américain que sont les soirées de bienfaisance. Cela évoquera de bons souvenirs aux amateurs de Californication sur un modus operandi certes différent. Lilah et Lindsey se situent aussi dans la droit continuité de l'opus précédent, mais ils permettent au moins d'en apprendre plus les véritables visées de leur firme concernant Angel (une Apocalypse de plus, pourquoi pas). Si Lindsey continue à démontrer une densité supérieure, on avouera que Lilah, particulièrement en beauté, lui vole ici la vedette. L'ex équipe d'Angel se situe elle aussi sur le même registre humoristique que précédemment, toujours avec efficacité, même s'il est difficile de succéder à leur visite haute en couleurs du Caritas (et de son bar bien fourni). Leur recréation laborieuse de l'agence s'avère amusante à suivre, on se situe bien au-delà d'un simple alibi justifiant leur présence à l'écran. Il aurait mieux valu capitaliser davantage sur ces éléments, plutôt que développer un démon n’apportant pas grand chose en soi.
13. LA MACHINE À ARRÊTER LE TEMPS Scénario : David Greenwalt, d’après une histoire de Joss Whedon et David Greenwalt Réalisation : Bill Norton L’Hôte du Caritas fait appel à Angel pour retrouver un client de passage : en lisant dans son esprit, il a lu que la fin du monde aurait lieu demain à 22h. Le client est en fait Gene, un étudiant en physique qui travaille à un moyen d’arrêter le temps dans un espace donné… et épié par des démons aux intentions maléfiques. La critique de Clément Diaz: L’idée d’arrêter le temps n’est pas sans rappeler un épisode de La Quatrième Dimension : A kind of stopwatch (et aussi le film Click). Le récit est le point faible de l’épisode : en plus de méchants ternes et caricaturaux, l’enquête est sans allant, ne menant à rien de concret. Heureusement, l’épisode triomphe en assumant son côté buddy movie, où Angel est flanqué de l’inénarrable Hôte du Caritas. Cette paire génialement mal assortie procure des scènes toutes plus décalées les unes que les autres. Le trio Gunn-Wesley-Cordélia est toujours aussi marrant. Angel et L’Hôte se promènent dans L.A, interrogent des témoins, font des recherches dans une bibliothèque, déjouent la catastrophe en quelques secondes, et the end ! Cette histoire lente ne décolle jamais mais voit son intérêt dans les scènes entre nos deux camarades. L’Hôte est complètement décalé dans la situation, mais loin d’être un boulet, il interroge avec acuité les témoins, met HS les méchants à coup de suraigus, et ne cesse de questionner la conscience d’Angel entre deux moments d’humour (énorme interprétation de l’hymne américain en guise de réveil-matin non demandé par Angel). Gene est un binoclard bouclé mais avec une jolie petite amie, merci aux auteurs de casser ce stéréotype dix ans avant The Big Bang Theory (et Very bad cops). Mais le nice guy révèle son côté sombre et délirant quand il apprend qu’il va être largué. Sa vengeance, plus désespérée que sadique, est assez estomaquante. Ce gentil qui se force à être bourreau est interprété avec conviction par Matt Champagne. La touchante interprétation de Darby Stanchfield donne un peu de profondeur à un personnage schématique. Les monstres à côté paraissent très pâlots. On est content que L’Hôte reste avec Gene pour « sauver son âme » : il fait ce qu’Angel devrait faire, et Angel l’a bien compris. Mais, coincé dans sa noirceur, Angel n’est plus capable de retrouver le bon chemin. David Boreanaz est épatant, mais on est surtout sous le charme d’Andy Hallett. L’épisode annonce sa plus grande participation à la série. Notre trio de largués (Le bon, la brute, et la chipie) nous arrache rires sur rires avec leurs déboires. Mention à Wesley pour son pastiche hilarant d’Hercule Poirot et gros bisous à l’adorable Virginia. La dernière réplique est dure pour Angel, mais révèle que notre trio n’est plus un faire-valoir, mais existe pour lui-même. Whedon’s touch. La critique d'Estuaire44: - Tell the truth. If the world were to end tonight, would it really, in your heart of hearts, be such a terrible thing? Happy Anniversary s’avère un véritable petit bijou d’humour, au succès principalement basé sur l’association aussi improbable qu’explosive de l’Hôte et d’Angel. Les dialogues crépitent perpétuellement entre ce duo antagoniste au possible, dans la meilleure tradition des Buddy Movies (Hollywood n’est jamais loin dans cette série). Chaque scène est un moment d’anthologie, on avouera une préférence pour le moment de pure délire où l’Hôte demande à… Angel de remonter le moral du malheureux en proie au désespoir amoureux, on rit aux larmes. Le recit parvient joliment à allier un aspect volontiers décalé (Science-fiction et comédie) au sein de cette si sombre saison, tout en l’intégrant à l’évolution des personnages, Angel renouant ici le contact avec l’Humanité. L’Hôte confirme tout son potentiel, le sortir du Carirtas lui permettant d’éviter de virer au simple rouage scénaristique, Andy Hallett nous épate derechef, tandis que la visite des Karaokés assure l’indispensable quota de chansons. L’aspect SF s’avère lui aussi de qualité, avec un thème de Fin du Monde bien exploité en corrélation avec celui de la stase temporelle. Greenwalt nous délivre une version optimiste de son Synchrony (X-Files), ici on prévient plutôt que l’on ne cherche à guérir ! Les amateurs de Doctor Who s’amuseront en reconnaissant la machination ourdie à l’échelle universelle par Lord Rassilon, lors de l’ultime bataille du si regretté Dixième Docteur (The End Of Time). Les lecteurs des Littératures de l’Imaginaire se plairont à confirmer que Science-Fiction et Fantastique parfois se rejoignent, puisque Gene utilise la technologie pour figer l’extase, une situation finalement très voisine de celle connue par Buffy et Riley dans Where the Wild Things Are. Les hilarantes aventures et mésaventures de l’ex Team Angel constituent désormais une vraie série dans la série, d’autant plus gouteuses ici que Wes réussit un joyeux pastiche d’Hercule Poirot (à qui profite en définitive le testament, imparable). Mais ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort et nos amis, sous nos yeux éberlués, sont bel et bien en train de parvenir à s’affranchir d’Angel. Le Dark Avenger se prépare des lendemains difficiles.
14. L'ORDRE DES MORTS-VIVANTS Scénario : Jim Kouf et Shawn Ryan Réalisation : Scott McGinnis Récemment, plusieurs policiers agressent et battent violemment des citoyens sans aucune raison. Gunn, Cordélia, et Wesley enquêtent sur eux lorsque plusieurs des protégés d’Anne Steele sont attaqués. Angel enquête avec Kate de son côté lorsqu’il subit à son tour une agression… La critique de Clément Diaz: On dirait vraiment que Shawn Ryan se fait la main avec cet épisode, avant qu’il crée The Shield et ses flics violents et ripoux. Pour le reste, cette histoire de zombies transposée chez les flics sans une once d’originalité ne convainc pas vraiment, en dépit d’un sous-texte pertinent sur l’escalade sans fin de la violence entre forces de l’ordre et malfrats. L’absence d’un méchant digne de ce nom est à relever, tandis que l’éclatement des segments Angel et Wesley-Cordy-Gunn se nuisent l’un à l’autre. Heureusement, quelques bons moments comme le siège de l’abri et la glaçante coda font que ce loner parvient à captiver de temps à autre. Une fois l’effet de surprise passé - le policier répétant les droits Miranda pendant que lui et Angel se tabassent l’un l’autre - on se rend compte qu’il n’y a pas vraiment d’enquête. Gunn parle longuement avec les victimes et fait un p’tit tour pour faire selon les mots de Cordy elle-même « the dumbest plan ever ». On aime bien retrouver Anne, mais elle reste passive d’un bout à l’autre, Julia Lee a peu à défendre, on le regrette. Angel reste à la marge, agissant de loin. S’il est intéressant de lire dans ses yeux à quel point ses amis lui manquent, il n’agit vraiment qu’en toute fin de parcours, pour un mano a mano avec le monster-of-the-week (un humain !!), très expéditif. Kate répète son numéro de flic fatiguée et froide, Elisabeth Röhm est une grande actrice, mais son personnage tourne en rond. L’épisode décolle dans les derniers moments du 2e acte et son coup de feu brutal. Enfin, arrive le siège de la maison, bien joué, bien filmé, mais les auteurs ont l’idée peu judicieuse de faire intervenir un élément exogène destiné à donner de la tension (le dur à cuire Jackson) : c’est gratuit, inutile, et croque-temps. Comme on se doute qu’Angel sauvera tout à temps, le suspense aurait dû être compensé par de l’action, mais il n’y en aura pas, c’est bien dommage. On finit sur une bonne note avec Cordélia-Angel : le vampire est allé trop loin, et a perdu ses associés et amis. Angel retourne dans sa solitude, et continue son cheminement vers les ténèbres. Il ouvre la voie à l’épisode suivant, nadir de cette saison très noire. La critique d'Estuaire44: - Hey, Gunn graduated with a major in Dumb Planning from Angel University. He sat at the feet of the master, and learned well, how to plan dumbly. The Thin Dead Line opte pour le film de zombies, un phénomène il est vrai alors moins saturé qu'il ne l'est devenu aujourd'hui. Mais les Zombies ne prennent réellement toute leur sel que sous une acception Gore ou franchement rigolarde, soit les deux options soigneusement évitées ici. La narration, tout comme la mise en scène, demeure atone. C'est particulièrement criant lors de l'assaut final du foyer, supposé figurer l'apothéose du spectacle et filmé de manière particulièrement plate. Tout comme la dénonciation du racialisme fascisant dans Hero, la dénonciation des dérives du sécuritarisme sonnent, justes, mais sur un mode démonstratoire au possible. La présence du voyou permet toutefois d'introduire davantage de nuances. Il est regrettable que le cerveau maléfique du jour soit aussi sommairement décrit et sans réelle saveur (comme a-t-il pu monter une telle organisation ? Espère-t-il que personne ne remarque qu'il s'agit de Zombies ?). L'épisode se montre également inégal dans son écriture des personnages. Kate tient décidément un rôle moins fort qu'en saison 1. Il reste pénible de la voir agir aussi peu alors même que l'enquête se déroule dans son environnement propre. Le récit se parcelle trop, tout en demeurant longtemps peu dynamique, n'apportant que des allées et venues un brin mécanique à la situation initiale. On ne peut s’empêcher de regretter l'absence de développement autour de ce troisième œil très lovecraftien. Bien évidement on ne croit jamais un seul instant que Wes va mourir, le voir survivre indéfiniment à une aussi grave blessure tranche avec le réalisme crû et efficace de la mort de Tara, également par révolver. Reste que la césure entre Angel et ses amis se confirme, l'opus contribuant au moins de ce point de vue à dramatiser la suite de la saison. Outre la présence toujours lumineuse d'Anne, il doit d'ailleurs cet aspect ses quelques scènes marquantes, voyant l'équipe bouleversée d'apprendre une possible guérison d'Angel ou la confrontation cruelle entre ce dernier et Cordy.
Scénario : Tim Minear Réalisation : James Whitmore Jr. Angel apprend qu’un démon venu du bureau interne de Wolfram & Hart va procéder à une inspection du cabinet. Il veut lui voler sa bague qui le rend capable d’aller du cabinet au bureau interne, l’Enfer même, et y entrer ! Pendant ce temps, les affaires périclitent du côté de Gunn, Cordélia, et Wesley, et Kate Lockley est renvoyée… La critique de Clément Diaz: On atteint véritablement le fond des abymes avec cet épisode. Tout semble sans espoir. En plus de cette descente aux enfers (également au sens propre !), Tim Minear développe une histoire palpitante, aux multiples rebondissements, jusqu’à un final tonitruant, en passant par un twist tout droit sorti de La Quatrième Dimension, et qui transforme cette histoire en conte noir. Le début amusant (introduction décalée avec le scénariste David Fury en adorateur, Angel tirant les vers du nez de l’Hôte), rend plus efficace le changement d’atmosphère qui suit. Le renvoi de Kate par la faute d'Angel est l’occasion pour Elisabeth Röhm de déployer tout son talent : aria di furor avec Angel, puis innocente injustement condamnée, puis effondrement lacrymal, et enfin rafale de rancoeurs et de malédictions avant qu’elle vide le flacon de médicaments. Dialogué et interprété à la perfection, Kate nous fait un grand show ténébreux. Les prometteurs débuts de Gunn-Wesley-Cordélia ne sont plus qu’illusions : clients rares quand ils ne refusent pas de payer et dissensions dans l’équipe fêlent leur alliance. Gunn joue en solo, Cordélia se précipite vers un piège mortel, et Wesley fait sauter ses points de suture en même temps que sa relation avec Virginia. La comparaison avec Angel saute aux yeux : là où ce dernier déviait de sa mission à cause d’une femme, Wesley reste fidèle à son combat, et prend la courageuse décision de rompre avec Virginia, qui lui promettait pourtant une vie de bonheur tranquille. Le sacrifice, thème éternel dans la série. Excellente performance d’Alexis Denisof. La rivalité Lilah-Lindsey est toujours aussi pétillante, la première est une vraie garce, le second toujours plus trouble par sa relation envers Darla qui le manipule.
Angel s’abîme dans les abysses. Découragé par son combat sans fin contre le mal, submergé par sa souffrance morale, il veut en finir en allant droit en Enfer et nettoyer tout ça, quitte à périr. Cette attitude kamikaze révèle qu’il a atteint le point de rupture. Flamboyant Boreanaz, qui accompagne la chute de son personnage. Le come-back de Darla réinstaure la tension narrative. On atteint le climax lors de la mémorable discussion entre Angel et feu Holland - Sam Anderson est incroyable dans cette scène - sur la nature du bien et du mal, débat électrisant et passionnant, culminant avec ce fantastique twist, 100% allégorique, et très similaire à la série Le Prisonnier. Angel, au paroxysme de la souffrance, n’a qu’un seul moyen de supprimer sa douleur : redevenir Angelus. Le cliffhanger final est un terrible retournement. En alternant plans-séquences et montage furieusement haché, James Whitmore Jr finit de rendre Reprise éprouvant. La critique d'Estuaire44: - Oh, his lies sound pretty when the stars are out. But he forgets every promise he's made when the sun comes up again. - I dug up everything I could find on the last seventy-five year review. It's all in there. It makes the Christmas purge of Sixty-eight look like fun old times. Nearly half of mid-management was sacked. And, Lindsey, they used actual sacks. Avec Reprise s’ouvre le double épisode concluant l’arc de Darla, du moins cette saison. Il s‘agit sans doute du sommet de la série, par l’audace du récit narrant avec une force peu commune comment le héros parvient au terme de son parcours autodestructeur et vain. Rarement une série aura amené fait chuter aussi profondément son protagoniste, au bord de l’anéantissement moral. La scène d’ouverture se montre déjà fort parlante à ce sujet, voyant Angel se mouvoir au sein de ténèbres particulièrement angoissantes, en allégorie avec son âme. Le constat est cruel, voyant Angel multiplier les exploits, pour ne ne parvenir à rien, voler de victoire en victoire jusqu’à la défaite finale. La remarquable coda, très à la Quatrième Dimension, de l’insolite entretien avec un Holland toujours souverain souligne bien l’inanité de la croisade dévoyée d’Angel. L’idée du Mal comme partie intégrante de l’âme humaine complète la sombre perspective dressée en fin de première saison (il en va de même pour la cliente indélicate). C’est dans un vain combat qu’Angel aura tout perdu, à commence par lui même, tandis que résonnent les rappels de ses défaites morales, par Denver et Kate. Après une longue éclipse cette dernière retrouve tout son lustre en tant qu’expression du rapport d’Angel à l’Humanité, une connexion paraissant définitivement rompue. Darla (fabuleusement sexy en cuir) accentue encore le désespérant constat, entièrement dévouée au Mal et se jouant d’un Lindsey n’existant plus que par son amour sans retour. Aucun espoir en vue, avec la tentative de recréation de l’agence par les anciens compagnons d’arme d’Angel virant à l’échec, après que l’aventure se soit montrée si divertissante. Dialogues, interprétation et mise en scène s’avèrent au diapason, la dimension littéraire du récit n’’empéchant pas un grand soin apporté aux aspects visuels et musicaux. L’associé principal de Wolfram & Hart n’apparait que fugitivement mais résulte effroyable. Le recours à des artefacts magiques comme portes de sortie scénaristiques demeure un l’un des marronniers de Buffy contre les Vampires (ce sera bientôt de nouveau les cas face à Glorificus). L’inutilité de l’anneau et du Gant se montre finement éloquemment ironique là-dessus, tout en affirmant l’identité d’Angel. Le panorama final, point de convergence de l’ensemble de la saison, illustre avec acuité à quel ultime désastre conduit l’obsession maladive, en définitive suicidaire, d’Angel. Seule réserve, le cliffhanger ne fonctionne pas totalement, l’émergence d’Angelus serait en contradiction avec la nature de la relation entre Angel et Darla.
16. RETOUR À L'ORDRE Scénario : Tim Minear Réalisation : Thomas J. Wright Coup de théâtre : malgré sa nuit avec Darla, Angel a toujours son âme ! Angel a alors une révélation : il doit reprendre la mission que lui ont confié les Puissances Supérieures, et convaincre son ancienne équipe de retravailler ensemble. Mais Cordélia a été attirée dans un piège par un démon Skilosh, tandis que Lindsey, amoureux de Darla, a bien l’intention de tuer Angel après qu’il apprend qu’il a couché avec la vampire. Kate démarre quant à elle une nouvelle vie… La critique de Clément Diaz: L’épisode se centre sur le retour d’Angel au bercail, et sa difficile réintégration au sein de l’équipe qu’il avait formée lui-même. Malheureusement, Minear se prend les pieds dans le tapis d’une intrigue grotesque, sans tempo ni développement. Angel rabâchant sa révélation produit une répétition un peu crispante. Heureusement, les premières et dernières scènes de l’épisode sont de petits trésors dialogués et réalisés, permettant à l’épisode de maintenir l’attention. L’introduction frappe un grand coup où Angel finalement ne perd pas son âme. L’occasion d’un grand show de Julie Benz où sa Darla est tout d’abord joyeusement Big Bad, puis ensuite effondrée, doutant de ses performances sexuelles, puis furax, enfin totalement déprimée. A ce petit festival, David Boreanaz oppose une sobriété et une lenteur de jeu s’accordant totalement à la « révélation » d’Angel. Le sauvetage in extremis de Kate est la première étape de sa résurrection morale. Ensuite, on décroche. Malgré les visions horribles du « 3e œil », les Skilosh n’ont pas d’envergure. Ce pan de l’histoire est lâche, l’histoire suit mécaniquement son cours, ponctuée par un Angel un peu trop empressé, voire bouffon, dans ses tentatives d’apaiser tout de suite le contact avec ses ex-associés. Pas d’enquête, seulement une ballade en voiture, puis une petite bagarre et c’est tout. Toutefois, on apprécie la spectaculaire arrivée de Lindsey totalement furieux qui tabasse Angel pendant de longues minutes. Toutefois, on se demande pourquoi il laisse le pieu dans le pick-up, permettant à Angel de se relever et de reprendre l’avantage. La ficelle est voyante. On apprécie qu’Angel ne retrouve pas la confiance de ses employés immédiatement, devant même quitter son rôle de chef. On sera plus sensible toutefois lors de sa dernière scène avec Kate, remarquable échange sur la valeur de nos actions terrestres, réponse au fatalisme d’Holland dans l’épisode précédent. L’occasion d’adieux tout en pudeur de cette flic remarquable qui a tant apporté à la première d’ère d’Angel, et qu’on ne reverra plus que dans les comics Angel : After the fall. Elisabeth Röhm quitte la série avec les honneurs. Good bye Kate ! La critique d'Estuaire44: - I don't understand. Was I...was it...not good? Well, I don't accept that. You cannot tell me that wasn't perfect. Not only have I been around for 400 years, but I used to do this professionally, and that was perfect. We'll go again. Après le nadir atteint en fin d’opus précédent, Epiphany accompagne avec acuité le grand retournement vers davantage de légèreté qu’implique la conclusion de l’arc de Darla, du moins en saison 2. Après le ton très noir, du début d’épisode, déjà ponctué par une amusante Darla fort dépitée, l’intrigue va effectuer un progressif dégradé vers plus de comédie. La situation s’éclaire progressivement, accompagnant le retour à la lucidité d’un Angel ayant compris dans quelle voie sans issue il s’était fourvoyé. L’intrigue des démons au troisième œil ne résulte pas d’une folle originalité, mais elle se séquence idéalement pour permettre la progressive reconstruction du groupe, tout en demeurant fort efficace. On ressent clairement le plaisir manifeste et communicatif de Boreanaz retrouvant le versant humoristique d’un Angel suant sang et eau pour recoller les morceaux. Cette ambiance virant à l’optimisme confère davantage d’impact à l’irruption de la colère de Lindsey. L’amour trahi le conduit à enfin sortie de son calme habituel, confirmant l’ampleur de la passion ressentie pour Darla, décidément la femme fatale par excellence. Le mélange de compassion et de violence dans la réaction d’Angel définit fort bien notre protagoniste, entre ombre et lumière. Quelques étincelles d’humanité viennent d’ailleurs elles aussi accompagner cette émergence du récit, avec Darla quittant son chevalier servant sans un mot, mais du moins lui laissant la vie, la précieuse réconciliation avec Kate ou Lilah ayant parfaitement compris le trouble jeu de Lindsey lors de l’opus précédent, mais ne dénonçant pas ce dernier. Quelques scènes d’action réussies et un Hôte toujours aussi attachant et perspicace viennent compléter cet épisode marquant un virage au sein d’une saison devenant par la suite plus légère.
17. AMIE OU ENNEMIE Scénario : David Fury Réalisation : Fred Keller *Cet épisode suit les événements de l’épisode 5.14 La Déclaration de la série Buffy contre les vampires. Harmony Kendall (cf. Buffy contre les vampires) arrive à Los Angeles et demande à sa bonne vieille amie Cordélia de l’héberger quelque temps. Angel Investigations enquête sur une vision de Cordélia, mais l’invasive Harmony ne veut pas rester inactive et compte bien apporter son aide… au grand désarroi de tout le monde. La critique de Clément Diaz: Les trombes de noirceur de l’ère Darla continuent à s’éloigner au loin, permettant le plein retour de la comédie. Et pour bien enfoncer le clou, David Fury convoque rien moins que l’hilarantissime Harmony ! Ce personnage, le plus comique du Buffyverse (avec Anya), apporte toute sa débilité, son humour trash, ses gaffes, sa sensualité irrésistible à un épisode souriant et décontracté auquel il ne manque qu’une enquête et un rythme digne de ce nom. Le retour en fanfare d’Harmony, toute ravie de retrouver Queen C, va entraîner une déferlante de gags. L’humour repose sur une ravissante subtilité : Harmony cherche son but dans sa nouvelle vie, et si elle agit souvent en « méchante » c’est autant par idiotie - qu’on se rappelle ses supers plans machiavéliques supers foireux à Sunnydale - que parce qu’elle se sent perdue. Mercedes McNab joue toujours avec équilibre entre ces deux côtés. Peu redoutable bad girl, son côté Lost in translation transparaît dans ses scènes : discussions désopilantes avec Cordy, quiproquo où Cordy pense qu’elle est lesbienne - amusante tête d’ahurie de Willow à la clé - gaffes à l’agence, regards ras-la-honte quand elle doit avouer sa nouvelle nature, moulin à paroles consternantes inarrêtable, moues boudeuses, volontarisme plus touchant qu’efficace… Un Festival complet. Le Fang Gang est évidemment rapidement poussé à bout avec cet énorme boulet qui s’attache à leurs pas. On regrette pas mal de temps morts dans l’action, des gags fréquents mais aux enchaînements peu fluides. Le scénario n’est pas inoubliable, mais le coach des vampires est un monster-of-the-week plus décalé que menaçant, ce qui est logique avec Harmony dans l’équation. 'épisode fait poindre un soupçon d'amertume dans l'égarement de la jeune femme qui cherche une stabilité, mais que sa nature vampiresque contrarie. Encore une qui cherche la rédemption.La sagesse de Cordélia, évoluant vers toujours plus d’héroïsme, est visible quand elle épargne sa traîtresse amie, et cela à deux reprises, notamment après la bataille finale. Ce n’est pas sans chagrin que nous la voyons repartir, il faudra attendre la saison 5 pour retrouver la gourde blonde que l’on aime tant. La critique d'Estuaire44: - Hey, I'm thinking about doing another number. What do you think: 'Candle in the Wind' or 'Princess Diana Candle in the Wind' ? - Go nuts. Do them both. Certes, Disharmony n’attient la profondeur psychologique et l’intensité dramatique de l’arc de Darla, mais, aussi léger soit-il, il parvient à atteindre son objectif : distraire. Autant la saison 1 s’était montrée dispendieuse en coss-over avec Buffy contre les Vampires, autant la 2 aura-t-elle levé le pied, afin d’affirmer identité propre de la série. On en apprécie que davantage le vaste revival Sunnydale qu’impulse le récit : retour d’Harmony, hilarant coup de téléphone entre Willow et une Cordy derechef en configuration Queen C, Wes retrouvant ses intonations d’Observateur… On se régale. Le Charisma Show costumier de la série bénéficie pleinement d’une Mercedes McNab en résonnance et grande forme (et toujours sexy et pulpeuse en diable), les deux actrices s’entendant comme larrones en foire. Il est judicieux d’écrire un épisode intégralement à l’image d’Harmony à l’occasion de son passage express, c'est-à-dire de la densité d’une bulle de savon mais drôle et pétulant. Dès la formidable scène pré générique, le récit entremêle habilement diverses formes d’humour : contraste entre la personnalité d’Harm et sa nature vampirique, fureur de Wesley, Angel en mode caniche pour retrouver l’amitié de Cordy, quiproquo énorme autour du lesbianisme supposé d’Harm, etc. Tous les dialogues font mouche, notamment l’inoubliable prestation de Miss Kendall au Caritas, sauvant Angel de la lanterne rouge au classement, etc. Décidément on se situe aux antipodes de Darla. L’opus réussit également une cinglante satire de la Scientologie, comprenant que l’humour caustique que le premier degré parfois lourdaud des précédents pamphlets développés par la série. On apprécie le refus d’un happy end qui aurait été absurde, que Cordy se décide à épargner celle qui fut son amie sonne également juste, elle n’est pas Angel. Fort heureusement le gag final permet malgré tout de conclure sur un nouvel éclat de rire.
Scénario : David Greenwalt Réalisation : James A. Contner Cordélia a la vision d’un homme se plantant un couteau dans son œil !! Cette vision est si traumatisante qu’elle se révèle incapable d’aider Angel Investigations pendant leur enquête. Pour ses services rendus à Wolfram & Hart, Lindsey McDonald reçoit une greffe de main, mais ce cadeau est empoisonné : c’est une main diabolique qu’il a du mal à contrôler ! Et si les deux affaires étaient liées ?… La critique de Clément Diaz: L’amateur des X-Files pensera à l’épisode Chinga qui débute similairement. Pour le reste, le scénario minimaliste de Greenwalt confirme la baisse d’inspiration du staff d’écriture depuis la fin de l’arc Darla. Heureusement, l’épisode est centré sur le fascinant Lindsey, toujours en quête de son identité et de son rôle. Cette recherche, qui croise la route d’Angel, irrigue tout l’épisode, pour aboutir à un dernier acte fort et puissant. Le revers est que ce personnage, un des plus riches du Buffyverse, quitte la scène à la fin, et on ne le reverra plus avant la dernière saison. Les auteurs tentent de créer de la tension sur la crise de Cordélia et la main de Lindsey, mais ils échouent sur les deux tableaux. Malgré tout le talent de Charisma Carpenter, surtout dans l’introduction, Cordélia se traîne ensuite dans une sorte de spleen maussade, une attitude peu encline à susciter de l’effroi ou de l’émotion. Ajoutons sa transparence totale de l’enquête, et ce pan de l’intrigue ne tient guère ses promesses. Quant à la main de Lindsey, à part écrire frénétiquement le même mot sur une feuille de papier, on ne voit vraiment pas pourquoi il s’inquiète. L’enquête piétine un bon bout de temps, meublant avec des scènes inutiles (Lindsey s’infiltrant dans le bureau de son supérieur). Heureusement, Christian Kane nous donne avant de partir une excellente leçon d’interprétation, à tel point qu’il parvient à sauver tout l’épisode : stoïcisme devant l’échéance de « vendredi » (c’est toujours l’amour à la plage avec Lilah), appréhension et colère mêlées quand il découvre la nature de sa main, fureur explosive face au sous-fifre de Wolfram & Hart… et performance vocale à tomber par terre (sur une chanson co-écrite par lui et Greenwalt). Cordélia, Gunn, et Wesley applaudissent à l’unisson devant un Angel qui ne sait plus vraiment où se mettre. Excellente réalisation de James A. Contner, qui réussit quelques beaux plans-séquences. Le dernier acte est de loin le plus intéressant, avec l’alliance forcée de Lindsey et d’Angel pour découvrir le fin de mot de l’histoire. Entre rivalité, vannes, échange de vérités qui font mal, le duo détonnant est une nouvelle version de la série des buddy movies (L’Hôte cite d’ailleurs le fameux 48 heures). Le dénouement, baignant dans une atmosphère fantomatique et irréelle, donne les grands frissons qu’on demandait, acculant Lindsey face à une vérité qui le frappe de plein fouet. Alors quel plaisir de le voir enfin rompre avec son environnement toxique, avec sa fracassante démission du cabinet, et un dernier échange apaisé avec Angel. Lindsey lui aussi marche vers sa rédemption, lentement. On apprécie le gag final : Angel reste quand même lui-même ! La critique d'Estuaire44: - You know, when I was in charge here, nobody questioned my methods, or my singing. - You're half right. Dead End parachève superbement le grand arc de cette deuxième saison, en concluant la trajectoire de Lindsey au sein de Wolfram & Hart. Cela aurait pu revêtir la forme d’un terne devoir imposé, mais ce passage obligé s’avère une passionnante variation autour du thème de la main maudite, greffée sur un malheureux découvrant poussivement à quel point il s’agit d’un cadeau empoisonné. Un classique de l’épouvante remontant à la Main de Gloire médiévale et se retrouvant en littérature comme cinéma : La Main du Diable, Les Mains d’Orlac, La Bête à Cinq Doigts, etc. Le lien avec une chirurgie démoniaque nous vaut des scènes aux lisières du film d’horreur, tendance Réanimator. Au-delà de ces références finement incorporées à l’univers de la série, le très riche scénario de Greenwalt achève de dessiner la figure de Lindsey, un être humain égaré sur de mauvais chemins, mais n’ayant pas vendu son âme. Christian Kane nous régale d’un ultime récital, incarnant avec sensibilité la double facette du personnage, notamment lors de la bouleversante séquence d’introduction (les séries de Whedon savent décidemment exprimer beaucoup en silence) ou de sa mémorable démission. Les seconds rôles valent également leur pesant d’or, avec un étonnant Reed, dont le caractère zen et affable s’accompagne joliment d’une cruauté glacée. Sans tout à fait atteindre l’aura d’Holland, il en demeure un jouissif successeur. Lilah, aussi inféodée au Mal soit-elle, émeut de nouveau en femme aux abois. Le moment le plus fort de l’opus demeure peut-être son regard sur Lindsey s’échappant de Wolfram & Hart, tandis qu’elle y demeure asservie, tant sont lourdes les chaines qu’elle s’est forgée. Ce qu’elle est bien trop intelligente pour ne pas comprendre. Désormais, elle reste seule. On apprécie également la construction scénaristique faisant progressivement converger Lindsey et Angel, évitant de rendre ce mouvement trop mécanique. Greenwalt, par la pirouette finale, évite également le piège d’une réconciliation édulcorée, un fossé demeure logiquement entre les deux antagonistes. Avec ses hilarants échanges de vannes au sein d’Angel Investigations et du Caritas, L’opus résulte d’ailleurs comme un bel exemple de l’intégration de l’humour au sein d’un récit dramatique, comme si souvent chez Whedon, n’en diminuant en rien l’intensité mais lui évitant de devenir indigeste. Les souffrances de Cordy annoncent une saison 3 déjà sombre, mais la présente, ayant rempli son contrat haut la main, va désormais s’offrir des vacances au sein des royaumes de la Fantasy.
Scénario : Shawn Ryan Réalisation : Turi Meyer Pendant que Cordélia tente de relancer sa carrière en jouant dans une publicité, elle a la vision d’une femme, Fred, qui a disparu voici cinq ans. Leur enquête croise celle de l’Hôte du Caritas, à la recherche d’un monstre apparu dans son établissement via un portail magique. Durant leur enquête, le cousin de l’Hôte leur propose son aide… La critique de Clément Diaz: La première moitié de l’épisode assume son côté documentaire par une succession de scènes indépendantes retraçant quelques moments quotidiens d’Angel Investigations. Cette suite de sketches est très inégale et mollement dirigée. Quelques couleurs sont retrouvées lorsque l’enquête principale démarre, mais le long morceau de bravoure final est saboté par une réalisation trop sombre. On retient toutefois quelques scènes individuelles qui fonctionnent, ainsi qu’un cliffhanger à décrocher la mâchoire. Il ne se passe rien ou presque pendant 28 bonnes minutes. Gunn est rapidement envoyé ailleurs, Wesley et même Angel se contentent de faire acte de présence. Seule Cordélia fait office de moteur. Elle nous amuse avec ses commentaires souvent déplacés dans l’introduction, ou apparaît spectaculairement dans sa tenue la moins habillée de la série lors du tournage du clip. Angel étonne en se montrant curieusement trop protecteur envers elle, présageant un curieux arc en saison suivante. On peut se demander d’ailleurs s’il n’y a pas du vécu derrière la tyrannie et la grossièreté du réalisateur, personnification du monde impitoyable du 7e art envers les jeunes acteurs (spécialement les jolies actrices). Pour le reste, pas d’histoire, donc un certain ennui s’installe jusqu’à ce qu’enfin, les auteurs se bougent. Première apparition de Fred, très brève, dans le flash de Cordélia. On ne soupçonne pas alors combien cette silhouette dans la vision va devenir importante dans la suite de la série. L’Hôte (Lorne désormais) apporte sa comédie avec lui, et contribue massivement au tournant de l’épisode que constitue l’apparition délirante de son cousin, aux répliques assez chocs. On se croirait plus dans l’univers bariolé de Sabrina Spellman que dans Angel, mais le choc des cultures marche pleinement. On en apprend plus sur l’amusant Lorne tout en riant de bon cœur. Aussi, sera-t-on un peu pincé devant un final interminable, filmé dans l’ombre. Toutefois, le cliffhanger est un grand moment mi-hilarant mi-inquiétant, qui lance le dernier arc narratif de la saison. La critique d'Estuaire44: - I just wanted to act, that's all. For them to like me because I was good. I never wanted to feel like this. Après en avoir fini avec son arc majeur, autour de Darla, la saison 2 entame sa fin de parcours en s'intéressant à un autre de ses personnages marquants, l'Hôte. L'idée ne semble pas mauvaise en soi, notre ami vert (mais non académique) méritant largement ce focus. Mais tronçonner une saison conduit mécaniquement à rendre mineur cet ultime et bref développement, avec ici un relatif manque de justification. L'absence d’explication à propos de l'origine de l'Hôte n’a jamais empêché ce dernier de briller. On ne ressent pas de nécessité réelle là-dessus. Le récit se montre dans un premier temps trop éclaté et dépourvu de problématique.. Les histoires personnelles des protagonistes se montrent d’intérêts très divers. Le pathos autour de Wesley et de Gunn (assez sacrifié cette saison) n'apporte rien de nouveau et se montre assez pesant, nonobstant le talent des comédiens. La mésaventure de Cordy se montre plus touchante et approfondie, on apprécie toujours quand la série renoue avec son environnement hollywoodien. L’aspect cruel donné ici à ce monde à part sonne juste, on peut y discerner une approche complémentaire à celle des saisons tardives de Californication ou de The L Word, décidément l'Usine des Rêves n'a pas la côte dans les séries télé. L'arrivée du cousin de Lorne apporte enfin un véritable scénario, mais celui-ci se limite à une chasse au monstre de la semaine, en soi basique, même si filmée avec talent. Fred n'étant encore qu'entraperçue, le seul véritable moteur de l'opus demeure l'humour, certes hilarant, autour d'un Angel confronté aux affres de l’onéreuse vie sociale et d'un contraste absolu entre les deux cousins venus de Pyléa. Les acteurs s'en donnent à cœur joie, pour le coup on se régale vraiment. Les portails dimensionnels nous valent également un joli crossover, confirmant l'impression initiale d'un mini feuilleton distinct du corps de la saison.
20. DE L'AUTRE CÔTÉ DE L'ARC-EN-CIEL Scénario : Mere Smith Réalisation : Frederick King Keller (crédité comme « Fred Keller ») Aspirée par le portail magique, Cordélia se retrouve dans la dimension de Pylea. Capturée par un démon, elle est vendue comme « vache » (esclave). Le portail ne pouvant être réactivé, Lorne tente de trouver un moyen d’activer un nouveau portail et permettre à Angel Investigations de secourir leur amie à Pylea… La critique de Clément Diaz: Previously on Sliders, euh pardon, précédemment dans Angel, les scénaristes ont décidé de lancer un inattendu arc narratif : l’exploration d’une autre dimension. Cette incursion dans une sorte de planet opera peut étonner dans cette série, très éloignée de ce genre, surtout après les torrents de noirceur des épisodes précédents. Mais Whedon a toujours été fidèle à son credo de surprendre le spectateur, quelque soient les risques. Une fois qu’on a accepté ce revirement, on applaudit le scénario de Mere Smith qui décrit avec force détails et péripéties haletantes ce voyage fantastique, jusqu’au cliffhanger, un des moments les plus WTF de la série. L’amateur des Livres dont vous êtes le Héros appréciera le côté Loup Solitaire de l’aventure : le portail a toutes les propriétés d’une Porte d’Ombre, et les mondes lointains font penser aux Plans de l’Existence. Les artisans de la série gèrent brillamment leur budget et bâtissent une cité campagnarde très médiéval-fantasy entourée de luxueuses forêts. Les maquillages des « Pyleates » sont très réussis, Fred Keller filme avec luxuriance ce nouveau monde. Ses commentaires DVD s’écoutent avec le plus vif intérêt. Cordy est une bête traquée, harcelée, mais à l’humour incassable : ses scènes de panique provoquent autant d’effroi que de rires (encore une performance incroyable de Charisma Carpenter). La scénariste joue pleinement sur l’absurde de la situation, où l’héroïne sombre dans des situations de plus en plus délirantes et catastrophiques, sources constantes de suspense énergique. Les réactions toujours exagérées d’Angel laissent voir à quel point il semble considérer Cordélia d’un tout autre œil. Il apporte l’émotion. Lorne cabotine joyeusement en gars qui ne veut pas rentrer chez lui. La jolie Aggie (Persia White, dont on regrettera que ce soit sa seule apparition dans la série) pastiche avec légèreté les figures éternelles des voyantes, assumant tout à fait le vague de ses prédictions ! Wesley assure en sorcier pas tout à fait… assuré. Tandis qu’on apprécie ces contrastes serrés où nos amis rigolent comme des bossus avant de se disputer la minute suivante, puis de livrer une grande bataille. Tout peut arriver dans Angel, et très vite ! Le plan final est un énorme éclat de rire stupéfié, on attend impatiemment l’épisode suivant ! La critique d'Estuaire44: - They have no music there. It doesn't exist. Do you know what that's like ? No lullabies, no love songs. All my life I thought I was crazy, that I had ghosts in my head or something... simply because I could hear music. On éprouve quelques difficultés à adhérer à la nouvelle impulsion donnée à la série par Over The Rainbow. La voiture d'Angel s'engouffrant dans le Portail reste un moment très Rock'n Roll, avec sans doute une jolie réminiscence de Retour vers le Futur. Mais tout le pan du récit y conduisant s'assimile à du remplissage, avec d'inutiles circonvolutions autour de cette histoire de point chaud (Aggie, l'amie de Lorne, ne reviendra pas). L'aventure aurait pu aussi bien fonctionner avec les héros ouvrant simplement le Portail, mais en se retrouvant à un autre endroit. Cela aurait permis de rajouter quelques péripéties supplémentaires rendant Pyléa plus attractive. Cela n'aurait certes pas été superflu, car, passant du Fantastique à la Fantasy, la série aborde un autre style d'écriture et semble avoir du mal à y trouver ses marques. Quelle que soit la sous-famille auquel il se rattache, un récit de Fantasy se doit d'être soit franchement parodique (comme le Disque Monde ou bon nombre d'épisode de Xéna, la Princesse guerrière), soit réellement épique, la quintessence du genre. Or ici on se situe dans un entre deux peu propice, conduisant à une histoire manquant de souffle sans pour autant vraiment verser totalement dans la comédie. Oscillant entre le très mauvais film Donjons et Dragons (2000) et une version fauchée de La Planète des Singes, Pyléa souffre également d'un criant manque de moyens. Demeurent fort heureusement l'expressivité de la vaillante Charisma Carpenter, un cliffhanger retentissant et l'amusante réaction d'un Angel redécouvrant le monde diurne le temps d'une escapade. Mais remplacer Los Angeles par l'indigent Pyléa n'en vaut vraiment pas la chandelle, Même dépourvu de Darla, la Cité des Anges demeure un univers autrement fascinant et inépuisable.
21. SA MAJESTÉ CORDELIA Scénario : Tim Minear Réalisation : Tim Minear Cordélia, prisonnière du palais royal, se rend compte que bien qu’elle soit princesse, elle est loin d’avoir toute autorité sur les sinistres prêtres. Angel, Lorne, Gunn, et Wesley sillonnent les quatre coins de Pylea pour trouver un moyen de revenir sur Terre, mais chacune de leurs tentatives les fait tomber de Charybde en Scylla… La critique de Clément Diaz: Ce scénario écrit sous coke - on demande instamment les coordonnées du fournisseur de Tim Minear - compte parmi les épisodes les plus délirants jamais écrits pour la télévision. Les péripéties les plus loufoques s’enchaînent comme une mitraillette folle ; comme si Stargate rencontrait Les Monty Python. Cette chevauchée des Walkyries en mode acides suscite autant le rire que le suspense, tout en ménageant quelques moments éthérés où le temps suspend son vol. La violence du cliffhanger final, terriblement choquant, lance le finale sur les meilleurs rails. Cordélia est la reine de l’épisode à tous les sens du terme. Ses tenues aussi sexy que bizarres sont un enchantement. L’actrice joue avec un plaisir manifeste ce rôle d’une jeune femme qui voit exaucés les rêves de princesse de toute petite fille, avant de se rendre compte du pernicieux de la situation. Ses répliques claquent gaîment, tout comme ses ordres et contrordres dont l’accumulation frénétique devient de plus en plus drôle. Il y’a un sommet avec le « com-shak du Groosalugg », un des moments les plus n’import nawak de la série. Les auteurs exploitent à fond la caisse l’incongruité de la situation, bien rendu par Charisma Carpenter et Mark Lutz. Le monolithisme irrité des gardes participe à l’entrain général, alors que les prêtres au contraire, accroissent leur aura maléfique (excellente trouvaille du jeu de mots des trois livres). Du côté de Gunn et Wesley, on s’amuse pas mal, leur don à se jeter dans les situations les plus idiotes force l’admiration : entre évasion malodorante dans les égouts, rencontre au plus mauvais moment avec Angel, et capture par un groupe de rebelles qui veut les décapiter, le tout sous dialogues à efficacité énorme, on s’amuse comme rarement. Côté délire maximum, la randonnée d’Angel et Lorne compte pas mal de points en la matière : la famille de Lorne est une galerie totalement déviée de personnages cramés du bulbe ; mention à Numfar, le démon danseur, incarné par nul autre que le Big Boss : Joss Whedon himself ! (Il s’agit de sa seule apparition dans le Buffyverse, avec la voix du journaliste télé de I robot, you Jane de Buffy). Angel racontant ses exploits passés comme un héros de légende, le « swing the crebbil », suivi du numéro énorme de Lorne pour faire diversion sont du pur délire. Quand Angel est transformé en démon de l’enfer, sous les yeux d’une Fred shootée à la fumette, on gambade en plein en Absurdland. Le tout sous dialogues dont l’orbite est à chercher quelque part au-delà de la Voie Lactée (Your father was right, we ate the wrong son). Toutefois, les 10 dernières minutes prennent le temps de réinstaller l’émotion, lorsqu’Angel fait face à son soi réel, un soi ténébreux et maléfique, comme une trace indélébile de sa malédiction. La touchante fragilité de Fred, dont la folie n’empêche pas un certain courage, apporte de très beaux moments d’abandon, comme quand elle essaye de se convaincre que tout n’est pas réel ou quand elle réconforte un Angel brisé. Le cliffhanger sauvage est une secousse tellurique qui assommera tout le monde. Un épisode bourré d’idées délirantes et d’émotion. La critique d'Estuaire44: - You remember when I said they didn't have music in my world ? Wish I could say the same about the dancing. Après un temps d'exposition mi figue-mi-raisin lors des deux premiers opus de l'arc de Pyléa, la série reprend de belles couleurs à l'occasion de Through The Dancing Glass. L'épisode laisse totalement de côté l'indécision de son prédécesseur quant à de la nature du récit. Sans sacrifier une aventure rondement menée, il opte franchement pour la comédie la plus déjantée qui soit. Domaine auquel la Fantasy se prête paradoxalement à merveille, par les contrepoints ironiques qu'elle autorise sur ses poncifs parfois ronflants et sa tonalité en permanence exacerbée. Le figure imposée du retour au pays (bien connue des Hobbits) se voit joyeusement dynamitée par les gags tous plus déjantés les uns que les autres, suscités par la famille de Lorne, dont la prestation hilarante de Whedon en danseur vedette. On se croirait vraiment chez les paysans débiles et autres Français peuplant l'inoubliable Monty Python : Sacré Graal !. L'humour sert également à rattacher utilement cet arc très à part (vraiment très à part) au corpus de la série, via un Angel totalement euphorique devant ce qu'il assimile à des vacances ensoleillées. David Boréanaz est en roue libre, de manière particulièrement communicative. Il en va pareillement pour les auteurs, dont on imagine sans peine la frénésie créative en matière d'humour, après toute une saison particulièrement enténébrée. Les séances de relectures ont du être épiques. Le rappel spectaculaire de l a nature démoniaque d'Angel rattache égalent le récit à l'intrigue principale de la période et apporte une sensibilité supplémentaire. La rencontre avec Fred demeure un joli moment d'émotion, notamment grâce à une émouvante et lumineuse Amy Acker. il s'avère déjà impossible de ne pas aimer Fred, c'est la bonne nouvelle de l'épisode. Les aventures tragi-comiques de nos héros, y compris les fins duettistes Gunn et Wesley, apportent un surcroit de péripéties caustiques au récit, l'épique de la Fantasy virant au picaresque. Les poncifs de la Fantasy continuent à être joyeusement détournés, telle la trappe donnant sur le souterrain salvateur (la gaine d’aération des récits d'espionnage) ou le bikini en cottes de maille si présent dans les représentations du genre. Le cliffhanger final sonne comme un coup de tonnerre et dramatise idéalement un prochaine conclusion en forme d'apothéose.
22. FIN DE RÈGNE Scénario : David Greenwalt Réalisation : David Greenwalt Bien que décapité, Lorne est toujours vivant tant que son corps demeure intact. Cordélia doit retrouver son corps tout en composant avec les sinistres prêtres, Angel rallie Wesley, Gunn, et un groupe de rebelles, et se lance à l’attaque du château. Pour réussir, Angel doit affronter le Groosalugg, mais le démon à l’intérieur de lui n’attend que le bon moment pour le dominer et le perdre dans les ténèbres… La critique de Clément Diaz: Le feu d’artifice de fin de saison n’a pas lieu. Est-ce parce que Pyléa a pété le budget que Greenwalt s’est vu obligé de renoncer à tout spectaculaire ? Après le cyclone délirant de l’épisode précédent, There’s no place like Plrtz Glrb doit négocier un virage plus dramatique mais n’y réussit guère - les prêtres ne forment pas une opposition assez inquiétante pour marquer les esprits. L’épisode parvient toutefois à instiller quelques bons moments, ainsi qu’un surprenant finish. Passée l’introduction supra décalée avec Cordy la soprano et Lorne le râleur, l’épisode raccroche les wagons du suspense dramatique, mais le contraste avec Through the looking glass est trop tranchant pour convaincre. On sent que les auteurs ont voulu exploiter toutes les manières possibles de raconter l’arc, mais au détriment de la cohérence. Surtout, Greenwalt, en délaissant l’humour, n’a plus d’alibi pour maintenir l’immobilisme de l’action. Le temps qu’Angel se reprenne et rejoigne ses compagnons - les tendres scènes avec Fred font doublon après l’épisode précédent - que Cordélia ait fait le tour du château, seule ou avec « Groo », que le Grand Prêtre ait fait quelques remarques plus ou moins pontifiantes, une grosse partie de l’épisode s’ait écoulée. L’invasion finale du château n’est même pas filmée, on est loin de Chosen ! A la place, nous avons un simple combat avec le Groosalugg, certes excellemment chorégraphié, mais c’est une maigre consolation. Toutefois, on apprécie le pieux mensonge de Wesley quand il réconforte Angel sur sa peur de redevenir un démon sans retour. La lutte d’Angel contre son démon intérieur littéral - métaphore évidente mais efficace - est sans doute le point le plus intéressant du récit. C’est là que le suspense prend mieux, autour du thème séculaire de la tentation des ténèbres. Le retour de l’humour à la fin (Cordy se débarrassant du prêtre, les adieux hilarants et émouvants de Cordy et de Groo, Lorne et sa famille toujours aussi fière de lui), et la promesse de la future intégration de Fred à Angel Investigations font finir l’épisode mieux qu’il n’a commencé. Toujours subtil, Greenwalt fêle son happy end - qui n’aurait pas convenu à l’ADN de la série - par une coda inattendue, où Angel comprend grâce à un unique regard la perte qu’il vient de subir. C’est bien joué, et l’on regrette d’autant plus le manque d’éclat de ce finale de saison. La critique d'Estuaire44: - You know where I belong ? L.A. Nobody belongs there. It's the perfect place for guys like us. Superbe conte de fées, assorti de finesse psychologique, de scènes d'action mouvementées et d'humour irrésistible, There's No Place Like Plrtz Glrb conclue avec éclat un arc de Pyléa pourtant débuté mezzo voce. Après l'hilarant opus précédent, la trame évolue vers une acception des atouts de la Fantasy, avec des scènes cette fois purement épiques et archétypales, telles l'assaut de la Forteresse du Mal, le Défi lancé au –supposé- Champion du Mal (impeccable Boreanaz) et la Mort du Grand Prêtre du Mal, de la main de son jouet. On tiquera derechef sur le système des colliers, relevant trop de la Science-fiction pour un univers de pure Fantasy. Mais la série parvient cette fois à nous offrir un vrai final héroïque, dans les règles de l'Art. On évite toutefois une rupture totale de ton, qui serait préjudiciable à l'unité de l'arc, en conservant des dialogues souvent humoristiques, plus proches de Fritz Leiber que de Robert E. Howard. Avec le gag énorme et gentiment Gore de la tête de Lorne, on aborde même les rivages délirants du Disque Monde de Terry Pratchett. Ce récit si caracolant, où la production parvient à se jouer - la plupart du temps - du manque de moyens, n’empêche pas une approche très fine de personnages que cette excursion en Outre-Plan aura marqué. En renonçant à son trône, et à la vie de château, pour se dédier à sa mission (tout comme elle s'est détournée de sa carrière d'actrice) Cordy achève de tuer Queen C en elle, une longue évolution ici impeccablement parachevée. En stratège assumant les décisions le plus cruelles, Wes annonce déjà la gravité accentuée qui deviendra la sienne (Gunn demeure davantage invariant). Lorne lui aussi achève un parcours intime, notamment lors d'une scène d'adieu filial une nouvelle fois en sortie de route jubilatoire. La fin de saison a du être copieusement arrosée chez les auteurs. Par son naturel et sa fraicheur, Fred apporte sa pierre à l'édifice, de même que le touchant Groosallugg, parfait contrepoint de Conan le Cimmérien. Angel se montre une ultime fois bouleversant, quand il réaffirme à l'heure cruciale l'attachement à son humanité, renouant avec celle-ci en une idéale conclusion d'une saison où elle aura si dangereusement avoisiné l'abime. Cette réunion des thèmes des arcs de Darla et de Pyléa est un maître coup des scénaristes, parant à une marginalisation du dernier. Ils ont aussi la bonne idée d'envoyer balader tous les fastidieux préparatifs du voyage au profit de la trame pricncipale, contrairement à Over The Rainbow. L'apparition d'une Willow en larmes sonne comme un glas, la parenthèse enchantée se referme avec une rare brutalité. Angel est bien de retour chez lui.
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Saison 4 1. Dans les abysses (Deep Down) 2. Cordelia, où es-tu ? (Ground State) 3. Le casino gagne toujours (The House Always Wins) 4. Mensonges et Vérité (Slouching Toward Bethleem) 5. L'Ombre des génies (Supersymmetry) 6. La Bouteille magique (Spin The Bottle) 7. Le Déluge de feu (Apocalypse, Nowish) 13. Le Retour de Faith (Salvage) 17. L'Horreur sans nom (Inside Out) 18. Douce béatitude (Shiny Happy People) 19. La Balle magique (The Magic Bullet)
Scénario : Steven S. DeKnight Réalisation : Terrence O’Hara Trois mois se sont écoulés depuis que Connor a emprisonné Angel dans les profondeurs de l’océan, et « l’ascension » de Cordélia. Connor entrave les efforts de Fred et Gunn pour retrouver Angel, qui commence à devenir fou à cause du manque de sang. Wesley continue sa relation avec Lilah, qui de son côté est mise en difficulté par Linwood, peu content de son travail, ce qui pourrait lui coûter la vie… La critique de Clément Diaz Deep down est la parfaite ouverture de cette quatrième saison. Steven S. DeKnight confirme les talents qu’il a manifestés dans Buffy en maîtrisant à la perfection les personnages pourtant bien différents d’Angel. Son scénario est un brillant enchaînement de soli où chaque personnage a l’occasion de nous épater. Corollaire : les acteurs rivalisent de brillance, faisant de chaque scène une réussite. Le ton est donné dès la splendide introduction, chimère onirique où Angel rêve d’un présent heureux que son fils a impitoyablement brisé. La bascule n’en est que plus douloureuse. Les délires d’Angel scandent ces épisodes comme autant de regrets ou de fantasmes. Amy Acker donne à Fred un développement plus acéré : femme d’action, serments de vengeance, attaque au taser… on est plus près de la Kelly Peyton d’Alias que de la foldingue de Pyléa ! Par contraste, Gunn (excellent J.August Richards) s'humanise au contact de Fred. Chez Whedon, on évolue grâce aux relations. Wesley est un sphinx : pourquoi se démène-t-il pour retrouver Angel alors qu’il n’a rien à gagner ? Est-ce la volonté de ne pas s’abîmer dans un nihilisme autodestructeur comme Angel a failli y sombrer en saison 2 ? Quoiqu’il en soit, le personnage est moins lumineux, plus contestable, plus noir, une évolution démultipliée par la saisissante performance d’Alexis Denisof. Son énorme concours de vannes avec la furieuse Justine - nouvelle fois fantastique Laurel Holloman - est festif. Mais difficile de ne pas être saisi quand Wesley offre à Justine le choix (éternelle question chez Whedon) de se libérer de ses fardeaux. On ne connaît pas sa décision finale, mais j'ai une théorie : pour Justine, être libre signifie aller à West Hollywood, se maquer avec une directrice de musée d'art moderne, accoucher par insémination d'une petite fille... oups, pardon je m'égare. Quoique le plus grand numéro reste certainement celui de Stéphanie Romanov : sa Lilah est sur orbite : maîtresse cynique, Docteur ès perversité, redoutable stratège… La scène où elle renverse spectaculairement la situation en sa faveur est un exemple étourdissant des ressources du personnage ! Quelle méchante, my god, mais quelle méchante ! Avec ses airs d’enfant gâté, Connor est la seule déception. Il réussit à être plus énervant encore que Dawn, pas un mince exploit. Le scénario se divise en plusieurs arcs intenses : saving Angel, Connor langue de vipère, Lilah versus Linwood. Le superbe sermon final sur la mission, les sacrifices, et l’origine des Champions du Bien précède le gag final de la Déesse qui s’emmerde toute seule là-haut. Un super pilote ! La critique d'Estuaire44
- So, how was your summer? Mine was fun. Saw some fish. Went mad with hunger. Hallucinated a whole bunch. La première partie de Deep Down se résume à la mise en place traditionnelle de la nouvelle saison. Steven S. DeKnight opte pour une intrigue séparant totalement les protagonistes, ce qui permet de faire le point sur la situation de chacun d’entre eux, de manière quelque peu scolaire. Totalement éclaté, le récit manque de souffle et d’allant, s’assimilant à une structure de films à sketchs. Comme souvent avec cette formule, le succès demeure inégal. Voir Fred et Gunn singer les parents adoptifs du toujours ennuyeux Connor s’avère mièvre au possible, d’autant que cela souligne la fadeur persistante de Vincent Kartheiser. Le vampire qui révèle tout avant d’attaquer tout de même, ce n’est pas bien malin. Les hallucinations aux chutes cauchemardesques d’Angel, toutes saisissantes, épicent bien davantage l’histoire. L’onirisme reste une valeur sûre du Buffyverse. Le plus intense et surprenant réside en définitive se retrouve autour d’un Wesley toujours davantage crucial au sein de la série. Le voir développer une double relation claire connotée sadomasochiste avec Justine, mais aussi Lilah, s’avère audacieux, agréablement dérangeant et parfaitement abouti. Les comédiens, à commencer par Alexis Denisof, se sortent brillamment de scènes particulièrement casse-gueules, aidés par des dialogues au rasoir. Justine prend congé (on la retrouvera bientôt au Planet), tandis que Lilah bondit au premier plan après la mémorable chute de Linwood. Un mouvement très prometteur pour une saison dont la relation si transgressive entre elle et Wesley constituera l’un des socles. On apprécie de retrouver ce dernier toujours sombre et complexe, s’attachant à rattraper ses torts mais refusant à s’abaisser à demander son retour au sein de l’équipe. Mais le Héros demeure le Héros, et c’est bien entendu avec le retour d’Angel que l’opus trouve son véritable souffle, en faisant enfin fusionner les parcours des protagonistes. On remarque que Steven S. DeKnight a intelligemment positionné ses scènes les plus marquantes après cette péripétie. Malgré la montée en puissance de Wesley, Angel demeure celui autour duquel l’action gravite et Boreanaz apporte toute une intensité particulière à la confrontation avec Connor, véritable coda de l’épisode (malgré l’impavidité de son partenaire). Un pilote de saison réussi, avec une pensée particulière pour la pauvre Cordy
2. CORDELIA, OÙ ES-TU ? Scénario : Mere Smith Réalisation : Michael Grossman Wesley refuse la proposition d’Angel de revenir à l’agence. Il a toutefois mené son enquête pour retrouver Cordélia, et déclare à Angel que s’il met la main sur un artefact magique, l’arc de la Pythie, il pourra trouver la dimension où elle se trouve. Malheureusement, Gwen Raiden, une mercenaire qui maîtrise l’électricité, cherche également l’objet pour la remettre à un client de Wolfram & Hart… La critique de Clément Diaz On peut reprocher au scénario de Mere Smith d’être très hétéroclite, partant un peu dans tous les sens. L’histoire tourne autour d’un banal casse pour dérober un objet magique, mais est considérablement relevée par le soin toujours minutieux que les auteurs apportent à leurs personnages, y compris l’adversaire du jour. Si l’intrigue principale suit un chemin super fléché : Angel cherche McGuffin, Gwen cherche McGuffin, Gwen trouve McGuffin, Angel trouve Gwen, Angel récupère McGuffin, on reste toutefois pantois devant l’adversaire d’Angel. Femme de choc, alliant sensualité - tenues rouges moulantes à faire baver - redoutables talents de combat, don surnaturel de l’électricité, et vannes bien méchantes, Gwen a tout pour impressionner le spectateur. La composition tonique et subtile d’Alexa Davalos ne mérite que des éloges. Chaque scène avec elle crépite et pas seulement d’électricité : le rendez-vous avec l’employeur, les deux rencontres avec Angel, le piège d’Elliot, son renoncement final... Le casse high-tech fait très Alias, par son adrénaline omniprésente. Angel se cantonne ici à l’action, mais on aime quand il raisonne Gwen pour épargner la vie d’Elliot ; le vampire semble avoir gagné en indulgence et en sagesse. Par contre, Lilah est toujours aussi garce, et ça on s’en plaint pas ! Toujours cette manière de se moquer d’Angel, qui ne se prive pas de lui faire d’onctueuses menaces sur un ton détaché. Leur antagonisme est explosif ! Entre Lilah et Wesley, c’est vraiment torride ; les voir s’étreindre tout en rappelant que chacun est l’ennemi de l’autre est un superbe résumé de leur relation tordue mais complice. Cela renforce d’ailleurs l’ambiguïté de Wesley, toujours plus ténébreux, mais sauvegardant in extremis ce qui lui reste d’humain. Denisof confirme d’épisode en épisode qu’il est le meilleur acteur de la distribution. Gunn est à l’écart, mais Fred étincelle lorsqu’elle craque l’armure de force qu’elle s’était bâtie après la disparition d’Angel. Sa terreur à l’idée de perdre Gunn, sa lassitude à gérer l’agence, et à feindre la confiance la rendent plus émouvante. Amy Acker, sublimement parfaite, abandonne le côté foufou de Fred, la faisant évoluer avec une étonnante aisance de jeu. Et puis, on est débarrassé de Connor, et ça aussi c’est chouette. La critique d'Estuaire44 - I keep thinking, I gotta get Cordy back home. Finally I find her, and I realize she already is home. Where she belongs. - What are you? Deficient ? Get me out of here ! Au début de Ground State, on craint un moment de se retrouver face à un simple duplicata des rituels du film de casse, plus ou moins habilement transposés dans un univers fantastique, tout comme l’avait été The Shroud of Rahmon, en saison 2. Il n’en est rien tant les péripéties résultent rapidement expédiées, le récit se centrant sur le véritable sujet du jour, la découverte d’une nouvelle femme perturbant la vie d’Angel (Une solide tradition perpétuée par Kate, Darla puis Justine, à des degrés divers, sans même parler de Lilah). Gwen Raiden aurait pu rebuter, tant elle semble se résumer à un fantasme de Geek, un assemblage de clichés entre une Lara Croft et une Electro Girl. La superbe performance dAlexa Davalos sauve la situation, la demoiselle, se révélant sexy en diable, percutante dans les combats, d’un humour acéré, mais aussi capable d’émotion. Le duo avec Boreanaz fonctionne de manière particulièrement efficace, ce qui incite à fermer les yeux sur quelques menus soucis, comme la nature de Gwen relevant davantage de la Science-fiction ou la si pratique résistance d’Angel à l’électricité. On se souvient de Spike paralysé par les tasers de l’Initiative, il y a là comme une incohérence. On apprécie également vivement la séquence d’introduction, éthérée et mystérieuse, jusqu’à la chute brutale, une singularité au sein de la série. Ground State, au scénario quelque peu mécanique, reste décidément un épisode d’actrices. Stéphanie Romanov brille toujours en une Lilah manifestant toujours autant de panache ? Elle force le respect en conservant son sang froid face à un Angel revenu de l’abîme et distillant ses menaces sur un ton badin particulièrement inquiétant. Mine de rien ses discussions avec Angel et Wes (toujours très Liaisons Dangereuses) font progresser la saison de manière fluide. Wes a consacré du temps à rechercher Cordy, il reste décidément bien plus attaché au groupe qu’il ne veut bien le dire. On est également très ému devant une Fred finissant par craquer après avoir pris si longtemps en charge la maison commune, Amy Acker excelle décidément sur tous les registres. On n’oubliera notre Queen C toujours aussi hilarante en s’ennuyant au paradis ; il vaut mieux que Buffy n’en sache rien, il y a des explications de gravures qui se perdent. L’épisode reste avant tout distractif, amis très efficace. Au revoir au Fantôme Dennis, qui restera l’un des bons souvenirs de la série.
3. LE CASINO GAGNE TOUJOURS Scénario : David Fury Réalisation : Marita Grabiak Angel, Fred, et Gunn décident de rendre visite à Lorne, désormais star du casino Tropicana à Las Vegas. Mais Lorne les ignore superbement. Nos trois amis ont toutefois l’impression que quelque chose ne va pas dans le casino, surtout lorsqu’Angel remarque que la plupart des joueurs ont le regard vide… La critique de Clément Diaz: Cet épisode a été très critiqué pour sa peu subtile métaphore de l’addiction au jeu qui brise tant de vies. Mais cette métaphore s’inscrit dans une habile intrigue au suspense constant, au tempo rapide et plein de rebondissements, pimenté par des piques d’humour et un ton très Twilight Zone (The Fever traite un sujet similaire à l’épisode) dont le scénario de David Fury aurait pu constituer un opus. La réalisation virtuose, brillante, enlevée, de Marita Grabiak est une des plus belles jamais faites à la TV. L’épisode commence en fanfare par une désopilante scène où Connor combat un vampire avec Angel commentant la scène alla Spike (La pierre d’Amarra (saison 1)) Vite, nos amis font un trip Las Vegas et voilà Lorne qui nous gratifie de deux numéros musicaux de pur bonheur, le tout sous lumières, paillettes, danseuses… voilà pour la partie lumineuse et pailletée de la Mecque des tapis verts. Bientôt, le rêve se transforme en cauchemar : véritable état de Lorne, piège diabolique de DeMarco, cercle infernal du jeu... le crescendo d’horreur est savamment mené, comme chez Rod Serling. Lorsqu’Angel chute à son tour tandis que Fred, Gunn, et Lorne sont pourchassés, on est au spectacle devant ce bourbier qui semble peu à peu avoir raison de nos héros. L’intervention deus ex machina du « miracle » est alors un brillant rebondissement. Qu’importe donc une fin hâtive. L’impact métaphorique et l’ambiance très sombre sont réellement puissants alors même que les lumières outrageuses de Las Vegas incarnent la fausseté et les apparences clinquantes de ce lieu de rêves bien peu innocent. Clayton Rohmer incarne puissamment ce décalage : ses airs cools, détachés, cachent à peine sa roublardise et sa suffisance. Comme toujours, on aime les pointes d’humour parsemant le récit comme les interventions lassées de Cordy qui s’emmerde copieux là-haut, la spectaculaire infiltration de Fred en « Lornette » (Amy Acker est aussi exquise qu’hilarante), les non moins spectaculaires aigus de Lorne, les multiples « name-dropping » d’Angel, sans oublier la mythique séance de téléphone rose entre Lilah et Wesley - en voilà deux qui s’amusent bien ! Gunn semble plus investi dans le gang que jamais. La saison 4 le voit vraiment s’installer comme figure à part entière après deux saisons en semi-autarcie. Le cliffhanger décoiffe, et l’on se dit que la suite ne va pas être triste, oh non ! La critique d'Estuaire44: - I just thought we all could use a little get-away to decompress. You know I haven't had a vacation in a while, not counting my recent ocean cruise. The House Always Wins constitue sans nul doute un joyau télévisuel, tant visuel que musical. Las Vegas s’avère ainsi magnifiquement filmée, avec une merveilleuse photographie et une Marita Grabiak s’affirmant en réalisatrice particulièrement inspirée, débusquant sans cesse de somptueuses perspectives. La mise en scènes bénéficie clairement de moyens conséquents, mais aussi de la juxtaposition d’une nuit royaume naturel d’Angel mais aussi moment où s’éveille réellement la Ville du Péché. La bande son s’avère également exceptionnelle, avec un Andy Hallett totalement déchainé, brillant par son talent mais aussi par la flamme avec laquelle il se donne sur scène. On sent bien qu’à travers la magie de l’Etrange Lucarne, c’est un rêve de gosse qui s’accomplit ici, ce qui s’avère particulièrement émouvant en la circonstance. Que des critiques parfois très sévères envers l’opus ne soient pas sensibles à cela reste très triste. Mais l’habile scénario de David Fury ne se contente pas de capitaliser sur un éblouissant travail de production. La semi éclipse d’Angel permet de laisser un bel espace aux personnages secondaires, pleinement employé. Gunn gagne ainsi encore en présence, tandis que Fred assure le spectacle en Lornette particulièrement croustillante. On applaudit la performance d’Amy Acker jouant parfaitement une cruche jouant elle-même très mal la comédie, une belle performance. L’aussi attachant qu’original Lorne confirme à quel point il représente un atout majeur pour la série. Cordy ajoute un amusant effet d’emboitement en scrutant elle-même un Angel surveillant Connor. Le tonitruant cliffhanger de son retour en amnésique lance de fait la trame principale de la saison, puisqu’il s’agit de la première étape du plan (abracadabrantesque) de Jasmine. Wes et Lilah continuent à chauffer la salle lors d’un dialogue pimenté mitonné par le boss en personne. On a pu reprocher un parallèle empesé entre le complot du jour et l’addiction du jeu. Mais il était logique que Fury cherchât à rattacher le cœur de l’intrigue à Vegas, un autre choix aurait été décevant et hors de propos. De plus l’épisode délivre un discours finalement équilibré sur The Entertainment Capital of the World, rendant hommage à sa dimension festive, tout en dénonçant ses excès et ses aspects sinistres. On peut préférer cela au ton très moralisateur du Beer Bad de Buffy ou, à l’inverse et pour rester en Californie, au regard permissif de Californication sur la coke. On retrouve finalement une tonalité assez proche du Diamonds Are Forever de James Bond, avec une description assez humoristique de la ville, contrebalancée par le destin tragique de Plenty O'Toole. Les amateurs des séries SF/Fantastiques s’amuseront également de quelques à-côtés. Cordy toute puissante devant ruser pour intervenir sur Terre et revenant sur Terre amnésique fait ainsi beaucoup penser aux Anciens de Stargate SG-1 et au destin de Daniel. Clayton Rohner s’avère un Roi de Las Vegas aussi pittoresque et madré que le Roi de la Pluie des X-Files. Ce méchant grand train, savoureuse personnification de Sin City elle-même, parachève le succès de cet épisode éblouissant, irrésistible escapade avant la marche à l’Apocalypse.
4. MENSONGES ET VÉRITÉ
Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Skip Schoolnik Cordélia est de retour sur Terre, mais elle est désormais amnésique. Angel, Gunn, et Fred l’aident à se réadapter, mais lui cachent toute référence au surnaturel, entraînant une crise de confiance lorsqu’elle découvre la vérité. Elle se réfugie chez Connor qui par sa franchise, la réconforte. Pendant ce temps, Wesley surprend Lilah en train d’ordonner à des hommes de Wolfram & Hart de kidnapper Cordélia…
La critique de Clément Diaz: Un épisode mal aimé à cause de son absence d’action. Cordélia devant reprendre ses marques, tout l’épisode est dédié à ce long retour au réel. Dans ce genre de scénario purement psychologique et introspectif, tout va reposer sur la mise en scène et l’interprétation. Pari remporté : la réalisation mystérieuse et même affectueuse de Skip Schoolnik cerne au plus près le superbe solo de Charisma Carpenter, bouleversante en amnésique perdue, effrayée, mais au courage et à la volonté intactes. Pendant tout l’épisode, la caméra ne quitte pas Cordélia, qui erre dans un monde familier au spectateur mais pour elle désormais inconnu et cauchemardesque. Le choc, l’effroi, la douleur d’être dans un monde que l’on ne saisit pas regarde vers l’excellent Execution de la Twilight Zone Ce long réapprentissage via des révélations brutales à l’humour noir (Fred et Gunn couverts de sang violet, Angel se transformant sous l’effet des crucifix, gros méchant monstre…) exige Charisma Carpenter à jouer un rôle extrêmement difficile, mais l’actrice parvient à nous faire partager la lourde angoisse de son personnage, sans lassitude. Bell donne de la chair à son script en dissertant sur le thème de la vérité. Souvent dure, cruelle, la Vérité est pourtant vue ici comme préférable au pieux mensonge, spécialement envers quelqu’un que l’on aime (il est permis de se demander comment aurait-on réagi à la place d’Angel Investigations). Cordélia sera blessée des cachotteries de ses amis, et préférera la franchise brutale de Connor. L’auteur de ses lignes a pas mal tapé (et tapera encore) sur un Vincent Kartheiser en premier lieu assez insupportable, mais qui dans cet épisode laisse voir d’étonnantes sensibilités de jeu. L’épisode vaut aussi le coup pour la relation toujours plus tordue entre Wesley et Lilah, révélant des faces inattendues chez eux. Wesley, en aidant Angel, et en laissant échapper un tendre aveu à Lilah, s’humanise lentement alors qu’il baigne encore dans des eaux grises. Lilah nous étourdit d’un nouveau plan diabolique à siffler d’admiration. Stratège hors pair, manipulatrice ultime, Lilah avoue pourtant de vrais lambeaux de compassion (Lorne) ou d’émotion sincère (le billet de banque). Leur dialogue final, ambigu et tendu, est un des moments les plus forts de leur relation. La critique d'Estuaire44: - Your friends here were just talking about murdering children. And there's-there's-there's singing and blood and-and pointy things. And did I mention the singing ? Slouching Toward Bethlehem renoue avec un procédé de scénariste efficace mais également très balisé : faire découvrir par un regard neuf l’univers de la série, permettant ainsi d’en souligner avec humour l’étrangeté, laquelle s’est forcément relativisée pour le spectateur au fil des épisodes (à moins d’être devant Doctor Who). Ce sujet apparaît d’autant moins original qu’il vient d’être pratiqué de manière très similaire dans l’épisode Selfless de la saison 7 de Buffy, diffusé peu de temps auparavant. Ce choix n’est pas inepte en soi, mais tenir toute une moitié d’épisode sur cet épisode, via des allées et venues passablement artificielles au sein de l’Hypérion, résulte excessif, malgré la performance de Charisma Carpenter et l'efficace mise en scène. Que le regard porté soit celui d’une Cordy amnésique au lieu d’une nouvelle arrivée ne change en définitive pas grand chose, hormis une accumulation mécanique de références à son passé, plus ou moins subtilement insérées dans les dialogues. Malgré la formidable reprise de l’affiche The Future is Ours, la bonne idée de l’album souvenir de Sunnydale High voit son impact limité par le changement de diffuseur (évocations elliptiques, aucune photo des Scoobies ni commentaire de Cordy sur eux). Jeffrey Bell n’évite pas non plus quelques maladresses, comme l’introduction du démon uniquement destiné à justifier le départ de Cordy en compagnie de Connor. Il présente pour cela le démon comme client de Lorne, ce qui est impossible puisque celui-ci vient d’arriver de Las Vegas, de manière imprévisible (l’épisode se situe dans la continuité du précédent). Ce n’est pas acceptable. On passe sur l’arrivée providentiellement simultanée de Connor ou et de Cordy, etc. Mais l’épisode chute réellement avec le passage lourdement mélodramatique et les dialogues consternants de mièvrerie de la rencontre entre Cordy et Connor. On en frémit de honte pour cette série que l’on aime tant, La saison n’a pas encore versé dans ses élucubrations qu’elle se situe déjà dans le registre de la Telenovela. Un Vincent Kartheiser toujours aussi emprunté une Charisma cette fois hors de son emploi rajoutent encore à la consternation. Après Angel, Connor, on a l’impression que la série veut absolument caser Cordy, comme si elle en avait besoin pour être intéressante. Jamais ces scènes affligeantes ne seraient passées comme telles avec Greenwalt aux commandes directes et Whedon devait vraiment très pris par ailleurs pour laisser la chose se perpétrer. Fort heureusement la cavalerie arrive au grand galop, avec un Wes et Lilah toujours aussi fascinants dans leur relation prédatrice, manipulatrice et antagoniste, mais aussi fusionnelle et, de manière bouleversante, sincère. Alexis Denisof et Stéphanie Romanov nous offrent un récital de haut niveau, avec une prime pour cette dernière crevant particulièrement l’écran où la rouerie de Lilah triomphe. On apprécie la belle audace d’accorder les lauriers de la victoire à la Bad Girl, tout en préservant l’humanité de celle-ci, une posture originale Le moment où les deux amants laissent tomber le masque pour s’avouer leur vérité et découvrir, tels Pandore au fond de sa boite, la persistance du sentiment amoureux demeure l’un des plus dramatiquement forts de la série. Habilement, Jeffrey Bell instille toutefois un doute sur les motivations de Lilah, quant à savoir si elle a épargné Lorne par affection ou afin de pourvoir poursuivre une profitable relation. Depuis l’apparition de ce formidable personnage qu’est Lilah Morgan, la plus précieuse de ses qualités aura été l’ambiguïté et le scénario s’entend à jusqu’au bout préserver cette dimension équivoque. Un bel atout pour cet opus malheureusement grevé par éveil trop tardif et la fadaise sans retour du couple Connor/Cordelia.
5. L'OMBRE DES GÉNIES Scénario : Elizabeth Craft et Sarah Fain Réalisation : Bill L. Norton Un article scientifique de Fred a été publié dans une revue. Elle est invitée à donner une conférence, présentée par son ancien professeur, à laquelle assiste Angel Investigations (ainsi que Lilah et Wesley). Mais en pleine séance, un monstre surgi d’une autre dimension tente de kidnapper Fred ! Toujours en danger, Fred enquête avec ses amis pour découvrir qui lui veut du mal… La critique de Clément Diaz: Nous avions vu que Fred n’avait pas encore surmonté le traumatisme de Pyléa. Supersymmetry met en scène une résurgence de cette peur, qui la fait osciller de l’effroi à la vengeance noire. Le scénario est fort sur cette histoire, mais s’encombre hélas du rapprochement Cordélia/Connor, la plus funeste idée du show. Le début est lumineux : tendresse du couple Fred-Gunn, réparties de Lorne et Angel, exaltations fofolles de Fred devant ses amis totalement largués. Une bonne humeur qui vole en éclats quand Fred est bien près de revivre son cauchemar dimensionnel. L’on croyait qu’elle avait surmonté sa petite crise de Ground State, mais l’événement déchire à nouveau son armure de confiance. Elle replonge dans la peur et la paranoïa avant que son traumatisme enfoui se réveille, détruise sa douceur, et choisit la colère comme exutoire (excellent twist). Fred corrompt ses idéaux et s’écarte de la « mission » du gang - comme Angel en saison 2 - pour servir sa propre cause. Amy Acker accompagne avec fougue ce revirement. C’est saisissant, et ça mène à un acte final en furie. L’intervention désespérée de Gunn, porté par un J. August Richards humain et chaleureux - on est loin de la saison 1 ! - sauve in extremis Fred d’elle-même, mais le prix est lourd. Désormais, un mur se dressera entre eux, jusqu’à avoir raison de leur relation. Les questions éthiques soulevés par l’épisode sont assez vertigineuses pour une série télé (trouver le « juste » châtiment du criminel, thème de la vengeance, valeur du crime commis par amour), réalisant une fin pleine de malaise. Connor et Cordélia se rapprochent, s’embrassent, avant de s’éloigner à nouveau. Le soap à gros bouillons de cette idée infâmante réduit beaucoup l’intérêt de l’épisode. Wesley continue de broder un caractère de plus en plus rude et sombre : aidant Fred dans sa vengeance, il se montre particulièrement dur envers Lilah (qui l’a quand même bien cherché), dont la tristesse d’avoir perdu une partie de la confiance de son amant est évidente. Lilah, toujours incarnée par une Stéphanie Romanov magistrale, ne perd cependant pas ses griffes, comme le montre son affrontement à couteaux tirés avec Angel, où elle se joue de ses menaces avec un courage et un culot d’acier. Les superlatifs ne suffisent plus avec un tel personnage. Mentions aussi l'hilarant geek, évident porte-parole des fans de la série comme pouvait l'être le dingo de Roswell ou la Leyla Harrison des X-Files ; un moqueur mais tendre hommage au public. La critique d'Estuaire44: - You know, Angel, coming from you, idle threats are so...well, idle. - Do you remember when I ripped your car in half? - Yeah, yeah. Hulk smash. Supersymmetry a l’excellente idée d’être un épisode centré sur Fred, ce qui garantit un agréable focus porté sur le beau talent d’Amy Acker. L’actrice nous régale effectivement d’une troisième expression du traumatisme post Pyléa de son personnage : après la folie douce comme refuge puis l’apparente acceptation, on trouve ici une impressionnante rage vengeresse, astucieusement abordée sans concessions par le scénario. Cet aspect fournit déjà un vrai fond à un récit que les deux auteures, visiblement très portées sur le ship enrichissant encore de multiples moments sonnant justes, comme l’émotion de voir enfin Wesley sourire de nouveau, le choix tragique de Gunn, ou une Lilah une nouvelle fois irrésistible, sur tous les fronts. Miss Morgan avait déjà beaucoup mais cette saison est bien la sienne. Tout comme Glory elle résulte une nouvelle fois suprêmement élégante, le Diable s’habille toujours en Prada. Angel retse quelque peu sur la touche au niveau sentimental, mais les auteures s’amusent malicieusement à gentiment le caricaturer en Héros mâle assurant en toutes circonstances (y compris en mémoire photographique, bien avant le Sherlock de Moffat) et passablement infatué de sa personne. Quelques à-côtés, comme les trous de ver à la Sliders ou le fan emblématique du Héros (même moins savoureux que l’adorable Becky de Supernatural), achèvent de rendre l’épisode prenant. Malheureusement cette indéniable réussite doit être relativisée car elle comporte en germe des dérives qui s‘avèreront réellement nocives pour la saison. Celle-ci commence doucement mais sûrement à s’acheminer vers une forme davantage feuilletonesque qu’à l’accoutumée, or, si le feuilleton représente une forme narrative particulièrement puissante, il doit être manipulé avec soin pour éviter les risques de surchauffe et de contradiction scénaristique. Bien avant l’empilement insensé des étages du complot de Jasmine, on trouve déjà ici un premier faux pas : on ne peut pas, pour créer de l’émotion, montrer Fred craquer à force de tenir Angel Investigations à bouts de bras (Gound State) et une poignée d’opus plus loin révéler qu’elle a eu en fait assez de temps pour mener à bien tout une considérable contribution à la physique fondamentale. C’est absolument contradictoire, donc inacceptable. Plus encore que la série, le feuilleton nécessite une supervision des scénarios au scalpel. A travers le professeur (aux motivations très vagues), la saison commence à réécrire des évènements passés, ce qui va s’avérer une Boite de Pandore. La période confirme également s’être lestée d’un boulet massif avec une relation Cordy/Connor suscitant toujours la même incrédulité catastrophée. Quelques trucages ont égalemnt vieilli, comme celui du monstre tentaculaire.
6. LA BOUTEILLE MAGIQUE Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Lorne active une bouteille magique qui devrait faire retrouver la mémoire à Cordélia. Mais le rituel foire : Lorne est assommé, et Fred, Gunn, Angel, Wesley, et Cordélia retrouvent tous leur personnalité d’adolescent, mais ne se reconnaissent pas et n’ont pas la moindre idée de ce qu’ils font tous là… La critique de Clément Diaz: Épisode décalé qui explose avec jubilation les codes de la série, Spin the bottle est comme son nom l’indique un « bottle episode » : unité de lieu, d’action, et de temps, guest stars quasi absentes. Un moyen de faire des économies à la prod, et surtout un moyen d’explorer des sentiers inédits pour la série. Le scénario de Whedon mélange régression adolescente et amnésie générale. Le résultat est hilarant en diable, alors que des pointes plus amères parsèment joliment cette hénaurme plaisanterie. Le Boss, même occupé sur trois séries différentes, n’a rien perdu de ses géniales inspirations. L’épisode frappe d’entrée par sa narration décalée : car c’est Lorne qui le narre en s’adressant à un auditoire ! Ses partis pris subjectifs pimentent immédiatement le récit, entre commentaires désabusés, regards ironiques sur Angel Investigations, et Quatrième mur fracassé. Le premier acte est comme il se doit assez sombre pour préparer le changement d’atmosphère : tensions chez Gunn-Fred, Wesley noir et glacial - confrontation saisissante entre les deux rivaux à la clé - Cordy et Angel désorientés sur leurs sentiments. Nos cinq amis ne savent plus où ils en sont, et l’on peut considérer le thème de l’épisode comme la métaphore d’une dérisoire échappatoire que nous, pauvres humains, pouvons prendre quand nous sommes confrontés à des problèmes existentiels : celle de la régression. Whedon utilise de nouveau un maléfice raté pour délirer - une habitude chez Buffy, notamment avec Willow - et on part très vite dans l’absurde cosmique. Cordélia redevient la superficielle idiote de Sunnydale, Fred une scientifique en manque de weed, Gunn un p’tit voyou des banlieues, Wesley un observateur veule et pathétique, et Angel le Liam timide et peureux. Difficile de décrire le désordre cocasse qui règne à l’hôtel Hypérion : répliques consternantes de Cordy qui bave en voyant le bô Angel, happening burlesque jusqu’au-boutiste de Wesley effrayé par tout ce qui bouge et expert en kung-fu au rabais (Alexis Denisof rafle quasiment toutes les scènes), Gunn qui se la pète grave en noir qui refuse la tyrannie des blancs, Fred totalement déconnectée du réel, ou encore Angel en benêt hors catégorie. Même le joyeux Connor est pris dans la spirale, ses mésaventures sexuelles sont à se tuer. Les dialogues nitroglycérine, et les gags multiples dont de croquantes métaphores sexuelles (Angel dans la salle de bains, Fred faisant « partir » le pieu de Wesley deux fois) font valser l’épisode dans une folie douce, bande son déviée comprise. Whedon sait réinjecter la tension a tempo - l’épisode sonnerait creux s’il n’y avait pas un minimum de suspense - lorsque Lorne puis Angel sont en danger de se faire lyncher. Le final est plus amer : nos héros, guéris, n’ont toujours pas résolu leurs problèmes, et le cliffhanger ne devrait pas arranger les choses. Fini de rire, maintenant ! La critique d'Estuaire44: - Great. So we go vamp hunting. This place looks pretty big. I say two groups. - Great. I'll go with tall, dark, and slightly less pathetic than you two here. A défaut d’apparaître tout à fait originale (Tabula Rasa et Band Candy chez Buffy), la formule de Spin The Bottle résulte redoutablement efficace. L’idée géniale de faire ressurgir l’ancienne personnalité des protagonistes, permet de susciter un irrésistible effet de Madeleine, en particulier autour du tour de Queen C, avec une Charisma Carpenter déchainée. Le retour de Liam apporte également toute une ribambelle de gags, de même que celle de l’Observateur novice Wesley Wyndam-Pryce. L’effet s’avère moins fort pour Gunn et Fred, quoique demeurant toujours sympathiques. Le défi pour ce genre de scénario consiste dans un développement de l’intrigue au-delà de l’idée initiale. Whedon y parvient, certes au prix de nouvelles déambulations passablement artificielles au sein de l’Hypérion, mais surtout en établissant un parallèle habile entre les tensions du jour et celles que connaissent le groupe à son état naturel, tout en dialoguant sur le thème de l’acceptation de la différence. Les apparitions de Lorne apporte un supplément d’intérêt à la narration, mais la chute reste éventée, car très prévisible. La mise en scène de Whedon se montre également efficace, et fluide, dans les combats tout comme dans les des scènes de comédie. L’habilité du scénariste et du dialoguiste en chef parvient de fait à faire oublier le faible budget de l’ensemble (souligné dans le titre original, avec un clin d’œil), qui servira à financer la prochaine pluie de feu et évènements adjacents, annoncés ici par le regard de la Bête. On note toutefois deux bémols. L’irruption de Connor rompt un huis clos très porteur, sans apporter grand-chose en échange, hormis la bagarre inscrite au cahier des charges. La totale clarté quant aux causes de la situation apparaît moins forte dramatiquement que le mystère à la Twilight Zone de Cinq personnages en quête d’une sortie.
7. LE DÉLUGE DE FEU Scénario : Steven S. DeKnight Réalisation : Vern Gillum Des événements terrifiants se produisent dans tout Los Angeles : invasion de rats et d’oiseaux, transformations monstrueuses, pluie enflammée… Angel comprend qu’une apocalypse se prépare, commanditée par une créature monstrueuse qui vient de sortir des entrailles de la Terre… La critique de Clément Diaz:
L’épisode n’est pas sans rappeler le déjà calamiteux Prophecy girl de Buffy par sa dimension apocalyptique brute et artificielle. Si le budget est plus conséquent, le scénario bavard, plus fumeux qu’enflammé, enferme l’épisode dans une copie de blockbuster apocalyptique avec tous les clichés du genre. Grisé par son enthousiasme à exploser le budget (apparemment le plus cher de la saison), Steven S. DeKnight laisse une bonne partie de ses talents en chemin, dialogues inclus. Heureusement quelques bonnes scènes remontent la côte de cet épisode. De fait, Apocalypse, nowish ne se distingue pas du tout-venant Hollywoodien ; en premier lieu des relations amoureuses tirant à la ligne (Fred-Gunn), ou ridicules (Connor-Cordélia). Sur ce dernier ship, nous n’avons certes pas toutes les cartes en main, mais telles quelles, leurs scènes sont d’une pesanteur lourdingue. Le sweet apocalyptic love final (dixit le scénariste) en est l’insupportable zénith. Heureusement, il reste Wesley-Lilah qui passent en mode fétichiste - une scène culte chez les fans ! - avec une Stéphanie Romanov totalement vicieuse… et déchirée car il s’agit bien d’un effort désespéré pour le retenir - Denisof en macho saligaud est étonnant de noirceur. La perverse avocate commencerait-elle à ressentir des émotions qu’on aurait jamais cru d’elle ? C’est vraiment elle l’atout de cet épisode, comme le confirme sa scène électrique avec Angel (le voir entrer à répétition dans le cabinet sans problème confine au running gag) : quelle prestance, quelle majesté ! Comme le 4e acte va faire un trou dans les finances, DeKnight se voit obligé d’aligner bavardages sur bavardages. La psychologie commence à partir en vrille, avec un Connor toujours plus exaspérant (finalement Dawn était pas si mal) et une Cordélia embourbée dans une attitude vaticinante (une des pires performances de Charisma Carpenter). Quelques étincelles crépitent avec la révélation de l’œil de feu - qui rappelle une scène analogue du Conduit des X-Files - ou l’apparition spectaculaire du monstre. L’épisode s’arcboute sur sa grande baston finale de cinq minutes où arbalètes, haches, mandales, flingues, et même carabines sont dégainées ! Le combat lorgne à l’évidence sur Matrix, bullet time inclus. C’est peut-être too much, mais l’équipe se fait plaisir et c’est communicatif. Le feuilleton bigger than life continue ! La critique d'Estuaire44: - How did you get in here? Vampire detectors my ass ! Apocalypse, Nowish souffre évidemment de contenir les moments les plus pénibles de la relation Connor/Cordy, avec la scène ignoble voyant cette dernière repousser Angel du fait des abominations d’Angelus ou la scène d’amour quasi incestueuse entre Connor et celle qui fut comme sa mère adoptive. Evidement l’on comprend mieux en intégrant a posteriori l’intervention de Justine mais, sur le moment, bien davantage que de nous alerter que quelque chose ne tourne plus rond chez Cordy, ces passages ne suscitent que dégoût. Sans même parler de l’incrédulité totale que continue à générer l’amour d’Angel pour Cordy, il vaut encore y rajouter le manque total d’électricité entre un Vincent Kartheiser toujours mono-facial et une Charisma Carpenter loin de son registre. Il s’avère également maladroit de nous montrer un cauchemar de Cordy à propos de la bête, ce qui ne tient pas dans le cadre de la possession. Toutefois le reste de l’opus se montre digne d’intérêt, notamment parce qu’il constitue un bel exemple de l’élévation d’une menace, au dégradé finement orchestré par le scénario. Les évènements supranaturels deviennent inquiétants par une fluide accumulation, des l’amusante invasion des rats à la Teso Dos Bichos des X-Files, jusqu’à l’apothéose des oiseaux à la Hitchcock devenus fous d’épouvante. L’arrivée de la Bête, au maquillage particulièrement impressionnant et très inspiré de Legend (Geek un jour, Geek toujours) se voit annoncée avec le retentissement requis. La montée du péril débouche sur la scène étonnamment gore du brasier de la Bête et l’une des scènes de combat parmi les plus spectaculaires et ambitieuse de la série. Voir les tueurs d’Angel Investigations ainsi mis en route pose efficacement le débat, tandis que l’on se demande en arrière plan si l’issue aurait été différente avec Buffy (mais la patronne est déjà bien occupée de son côté). Quelques à-côtés stimulent encore le récit avec une Lilah toujours en grande forme et un Wes allant loin dans la cruauté. Le voir enjoindre Lilah de conserver l’apparence de Fred durant l’amour (l’épisode n’est pas seulement chaud du fait de la Bête) évoque irrésistible Spike transformant Harmony en Buffy. On aime bien la facilité avec lequel il rejoint Angel Investigations face au danger, c’est à la fois naturel et viril. Lorne se montre à la fois touchant et amusant, on apprécie également il se joigne cette fois à la lutte face à la Bête, bel effort ! La pluie de feu demeure un effet spécial tout à fait spectaculaire, même aujourd’hui. C’est par contre seulement avec un intérêt poli que l’on assiste à la décomposition du couple Gunn/Fred, certes sympathique et autrement mieux interprétée que Cordy/Connor, cette relation avait manqué d’intensité pour réellement captiver.
Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Skip Schoolnik Cordélia et Connor, et Lilah et Wesley rompent. Connor s’introduit dans Wolfram & Hart et demande des réponses à Lilah à propos de son rôle exact dans les événements actuels. Mais la Bête entre à son tour dans le building et extermine tous les membres du cabinet !!! Un système de sécurité se déclenche, clôturant hermétiquement le cabinet. Lilah et Connor sont prisonniers, et la Bête est tout près…
La saison 4 d’Angel est renommée (ou décriée) pour ses délires scénaristiques. Le délire commence en fait ici, avec des rebondissements narratifs assez énormes, traités ici toutefois grossièrement. Paradoxalement, si on a pas le temps de s’ennuyer, l’intrigue du jour est sans rythme, et se vautre souvent dans le ridicule. La rupture Cordy-Connor fait partie de ces moments où on regrette vraiment que Whedon ne contrôle plus son staff : niaiserie et interprétation catastrophique. D’ailleurs la scène finale avec un Angel furieux que son fils lui ait chipé sa nana est dans le même ton. Quel contraste avec la rupture Wesley-Lilah, impeccablement écrite et exécutée ! La garce Lilah semblait bien avoir succombé à des sentiments plus purs. Pas son genre de se lamenter (Gavin paye les pots cassés), mais on sent sa douleur. Une Big Bad merveilleuse dont l’absence se fera sentir dans les épisodes suivants. Wesley qui la sauve d’ailleurs d’un horrible destin, prouve la persistance de leur lien, même si Fred demeure celle qui l’obsède. Wesley, toujours plus complexe alors même qu’il retrouve la lumière. Connor nous exaspère - un peu de changement, ça fait du bien - tandis que Fred est prise dans les duels à fleurets non mouchetés entre Wesley et Gunn - plus irritant que de coutume ; les personnages comme les acteurs ne sont vraiment pas en forme. L’intrigue dans l’immeuble piégé bénéficie d’une superbe photographie morbide de Ross Berryman, mais quelle platitude, quelle lenteur ! Bon, on admire que la série brûle un satané gros vaisseau en démolissant Wolfram & Hart, le Big Bad d’Angel depuis le pilote tout de même ! L’opus bénéficie heureusement de bons dialogues, de jolis rebondissements (la « résurrection » des morts, la chambre blanche, Bye bye Gavin), de quelques défouloirs d’action qui scandent sporadiquement l’épisode, mais on attend que le gros feuilleton privilégie moins l’enfumage visuel et se recentre sur les histoires et les personnages. La critique d'Estuaire44: - There is a line, Lilah. Black and white. Good and evil. - Funny thing about black and white: you mix it together and you get gray. And it doesn't matter how much white you try and put back in, you're never gonna get anything but gray. And I don't see your Texas gal pal wearing that color. Come to think of it, she prefers black. Habeas Corpses souffre du manque de subtilité du plan de la Bête (1 : entrer, 2 : tuer tout ce qui bouge), alors même qu’il s’agit de l’ossature principale de son récit. En fait il apparaît comme une synthèse de l’ensemble de cette saison quatre, fonctionnant par succession, sinon empilement, de scènes chocs sans trop se soucier de l’art de la narration. Par moments on se rapproche du Doctor Who de Moffat, avec sa prédilection pour l’effet visuel spectaculaire et les trames tarabiscotées jusqu’à l’abscons stérile. On ne sait rien jusqu’au bout des réelles motivations de la bête, ni comment elle pu accéder à la Salle Blanche, ni si c’est elle ou Wolfram & Hart qui déclenche la zombification, et dans quel but, etc. On ne recherche l’effet immédiat, avec une surenchère allant croissant. Fort heureusement la mise en scène se montre efficace dans ce qui résulte comme un Resident Evil bis, avec quelques effets d’épouvante classiques mais réussis. Le tout bénéficie également d’une musique une nouvelle fois très évocatrice, de la part d’un Robert J. Kral toujours aussi inspiré. Les personnages ne viennent qu’inégalement au secours de l’intrigue ; Connor bat tous les records de Dawn en matière de boulet se mettant dans des situations impossibles, Angel et Cordy virent au mauvais mélo. Gunn se montre fatigant à toujours chez Wes tandis que Fred n’assume pas. Morne panorama, mais comme depuis le début de la saison, al cavalerie répond à l’appel, Wes et Lilah nous offrant de nouveau quelques passages fort réussis. Il va ainsi d’une intense scène de rupture, dialogues et interprétation au diapason, décidée par un Wes touché par une épiphanie tout comme jadis Angel, mais remportée haut la main par une Lilah décochant une nouvelle mémorable vacherie. On est également touché par Wes volant au secours de la dame (évidemment le scénario ne nous explique pas comment il est courant de l’invasion ou comment il est arrivé là), ou par Lilah manifestant une émotion inattendue devant la dépouille de ce pauvre Gavin. Le regard d’adieux entre les deux anciens amants reste aussi un moment fort de cet opus, dont la meilleure idée aura été de donner tout l’espace qu’il mérite au duo.
9. LA COURSE DU SOLEIL Scénario : Mere Smith Réalisation : Terrence O’Hara Après la petite fille de la chambre blanche, La Bête tue trois autres créatures dont l’une était un des employeurs de Gwen Raiden (cf. épisode Cordélia où es-tu ?). Cette dernière partage ses renseignements avec Angel Investigations, et ils comprennent que La Bête veut tuer les cinq membres de l’ordre de Râ pour obscurcir le soleil et condamner le monde à une nuit éternelle. Angel Investigations se mobilise pour sauver le dernier membre, tout en essayant de démasquer le traître parmi eux… La critique de Clément Diaz: Il est heureux que les scénaristes n’aient pas été soumis à un contrôle anti doping, Whedon aurait été embarrassé de voir tout son staff viré pour avoir eu le nez tout poudré de blanc. Du moins, c’est-ce qu’on pense lorsque l’on regarde, médusés, les directions totalement hallucinées de cette saison, et notamment de Long day’s journey. Cela dit, l’épisode galope à vive allure, enchaînant les révélations massives, tout en enregistrant la puissante valeur ajoutée Gwen Raiden. La permanence des défauts de la saison (Connor-Cordélia enclumes, contorsions scénaristiques) empêche cependant l’épisode de compter parmi les meilleurs. Le supplice du grotesque triangle Cordélia-Connor-Angel (réactions outrées, interprétation catastrophique, notamment de Charisma Carpenter, dialogues besogneux…) n’est pas prêt de se terminer et gâche tout le premier acte. On peut être plus indulgent envers les surenchères dirigées par Jeffrey Bell, qui préfigurent les séries totalement dingo de J.J.Abrams, donnant à Angel une atmosphère gaiement fofolle. Le retour de Gwen, avec une Alexa Davalos toujours de charme et de choc, dynamise cette histoire d’ordre de Râ, plaisante par son originalité (euphémisme). La menace latente du traître inconnu parmi nos amis est forte, car on se demande quand il va frapper, et jusqu’où il peut aller. L’humour est de la partie avec le personnage de Manny, totem de Râ très porté sur les lap dances et les magazines érotiques : un décalage hilarant que Mere Smith exploite sans se réfréner. Les petits sous-entendus de séduction entre Gwen et Angel sont assez drôles. Cependant, c’est l’atmosphère de paranoïa distillé par les enjeux (le soleil, rien moins !), cette fuite éperdue contre une Bête invincible, et l’épée de Damoclès du traître, qui imprègne cet épisode, notamment durant les scènes de la luxueuse maison de Gwen (beau boulot des décorateurs). Le suspense répond présent. Le combat final est réellement prenant par son caractère désespéré. La chute de l’histoire glace : on ne s’attendait pas à un tel revers de la part de notre équipe. Le cliffhanger, purement psychologique, n’en est pas moins terrible. Toutefois l’on grimace un peu car les auteurs doivent prétexter qu’Angel ne se souvient pas de certaines actions d’Angelus ; ce n’est pas du tout crédible. On voit trop que les auteurs cherchent à placer le futur arc suivant au mépris de toute vraisemblance. Toutefois, la réalisation de Terrence O’Hara tire au maximum partie de l’angoisse générale. Une course efficace. La critique d'Estuaire44: - There's only one way we're going to defeat the Beast. We need Angelus. Il fut un temps où Angel nous passionnait par ses études de caractères et le subtil mécanisme de ses intrigues, tous deux l'érigeant en captivant thriller ténébreux, à la fois psychologique et fantastique, parfois philosophique. Long Day's Journey confirme ici que la saison 4 suit un autre chemin, celui de la surenchère permanente du sensationnalisme, aussi bien visuel que narratif. De ce point de vue on atteint même un certain nadir de la période : après l'irruption de la Bête, après la Pluie de Feu, après la destruction de Wolfram & Hart, voici venir, Mesdames et messieurs, l'Extinction du Soleil ! On nous montre pas la France combler son déficit budgétaire, mais presque, le tout sans trame scénaristique autre que l’empilement et avec une forme feuilletonesque accroissant encore l’impression d’emballement. Le cliffhanger final claironnant le retour prochain d’Angelus rajoute encore une couche, mais que l’on considérera cette fois avec bienveillance, car, soyons honnêtes, c’était espéré depuis le début de la série (hormis une rapide parenthèse en saison 1). Toutefois, malgré la saturation, il serait excessif de décrire l’opus comme ennuyeux. Les combats de la Bête s’avèrent toujours aussi spectaculaires et les différents effets spéciaux évocateurs des Ténèbres (orbe, soleil) se montrent performants. Le côté égyptien plaira évidemment aux Gaters, tandis que le Ra-Tet évoquera le Ka-Tet de Roland de Gilead aux lecteurs de Stephen King. On regrettera toutefois un certain manque de punch dans la gentille fantaisie installée autour de Manny, les Dieux Païens de Supernatural se montreront autrement plus Rock’n’roll. Le retour d’une Gwen Raiden (quel nom à la 007 !) toujours aussi spectaculaire et électrique fait évidemment plaisir, d’autant que les étincelles ne manquent pas avec Cordy. Le marivaudage, divertissant mais si éculé, d’Angel utilisant Gwen pour rendre Cordy jalouse illustre à quel point on s’est éloigné des cimes de la relation avec Darla, sans même parler de Buffy, on frôle le hors sujet. Au total tout ceci se découvre comme on lit une BD distractive et mouvementée, mais loin de saisons précédentes davantage littéraires.
Scénario : David Fury et Steven S. DeKnight Réalisation : James A. Contner Seul Angelus sait comment vaincre La Bête. Wesley fait appel à Wo-Pang, un moine d’un ordre secret ayant le pouvoir de retirer l’âme d’Angel. Wo-Pang commence son rituel. C’est alors qu’il sort son poignard et tente de tuer Angel ! Il échoue, et pour ne pas parler sous la contrainte, il se suicide. Nos amis doivent trouver un autre moyen de vaincre La Bête… à moins que… La critique de Clément Diaz: Après The Trial en saison 2, on sent que les auteurs connaissent leur Indiana Jones par cœur. Malheureusement, l’univers du joyeux explorateur se fond mal avec celui d’Angel, rendant les péripéties de leur odyssée (pièges, trésor, explosions, bagarres, grottes…) artificielles, plaquées sans génie sur un script sans fil rouge notable. Le triangle Angel-Connor-Cordélia continue à nous énerver menu. Le twist final est toutefois un gigantesque retournement de situation, une des plus grosses surprises de tout le Whedonverse. Seul le fameux twist de Surprise (saison 2 de Buffy) a une telle force, ce qui n’est pas anodin vu le contexte de l’épisode ! Le premier acte est de loin le plus passionnant : on sent toute la fébrilité, l’agitation, l’angoisse sourde de l’équipe à l’idée de faire réapparaître Angelus - prime pour David Boreanaz. Les dialogues, le jeu des acteurs, la réalisation nerveuse de Contner font monter la tension sans discontinuer. Le spectateur est à la fois impatient et pas du tout pressé d’attendre le tournant des événements. Après ce drame d’atmosphère, on revient à un scénario dont la concentration en clichés fantastiques consterne : copier Indiana Jones (énigme des lettres du 3e volet incluse) est une des plus funestes idées du show : l’inadéquation des deux univers et l’absence du souffle épique « Spielbergien » (le talent de Contner est impuissant sans le budget et l’emphase désirés) transforment leur aventure souterraine en péripéties nanardes. Sentiment renforcé devant une Cordélia qu’on a rarement vu autant tête à claques : répliques de soap, massacre du personnage qui devient une godiche, et actrice totalement à la ramasse. Tout ça à cause d’une carte que les auteurs gardent dans leur manche. Quelque soit cette carte, le prix à payer pour le spectateur est quand même excessif ! Connor, on en peut plus, toujours à réagir comme un Dawn puissance 200 : la guéguerre entre lui et pôpa est insupportable, on se croirait devant Dynasty ! Heureusement, le vibrant discours de rassemblement d’Angel sonne juste, Connor choisissant de grandir, et le combat contre La Bête finissent l’épisode avec qualité et dans l’allégresse… Ah ben non en fait, c’est là que le twist final vient tout fracasser !! Tandis que l’écran s’évanouit sans musique, seulement sur un rire sardonique crevant le silence, on se régale d’avance ; le spectacle ne fait que commencer ! La critique d'Estuaire44: - You have no idea what Angelus is. You only know what you've read in books. Awakening se voit irrémédiablement coulé du fait de l’idée la plus désastreuse de la série. Après bâti l’une des plus belles relations amoureuses des séries télé entre Angel Buffy, puis un magistral retournement de situation lors d’Innocence, on nous explique qu’en fait, non, le basculement Angel/Angelus peut s’effectuer avec une autre femme, Buffy n’était définitivement pas la véritable amour d’Angel (alors que Spike n’a jamais été tout à fait présenté comme un antre Angel pour Buffy). Cela a pour conséquence de rendre trivial tout ce qui avait précédé, ce qui porte un redu coup au Buffyverse. Même la relation avec Darla s’en voit relativisée. Par ailleurs le scénario accumule les maladresses. Angel prononce « Buffy » au moment suprême est une rustine idiote placée par les auteurs, pour tenter de solutionner le problème, mais cela donne l’impression qu’il fait l’amour à Cordy en pensant à la Slayer, bonjour la classe. Certes la séparation des diffuseurs rendaient malaisée la présence de Buffy, mais nous sommes dans un univers fantastique : l’imagination était libre pour trouver un meilleur modus operandi. Ainsi, dans Eternity, on avait vu qu’Angelus pouvait temporairement revenir grâce à un euphorisant, pourquoi ne pas recourir à cette solution, autrement plus aisée, moins risquée et, à tout prendre, moins dommageable pour Buffy/Angel ? Les auteurs sont pris par leur surchauffe créative et ne tiennent même plus compte de ce qui a précédé dans leur propre série. Par ailleurs le reste de l’épisode se limite à un Indiana Jones du pauvre, avec des décors et des péripéties pareillement de seconde main. On croirait une très mauvaise partie de Donjons et Dragons. L’épisode se voit souvent félicité pour l’efficacité de sa chute finale, mais cela indique surtout que le niveau de la saison est devenu similaire à celui de ce type d’histoire. L’effet fonctionne car la saison est du même tonneau que cette histoire, on devrait plus s’en inquiéter que s’en réjouir. On aime par contre l’idée qu’Angel incluse le destin de ses proches dans sa propre félicité, mais cela n’a rien de nouveau, c’était d’ailleurs annoncé avec plus de force dans le rêve initial de la saison. D’autre part le récit développe une séparation entre Angel et Angelus, déjà amorcée lors de l’opus précédent. Au lieu de la fusion ambigüe entre les deux personnalités, Angel étant un Angelus doté d’un Surmoi, on se retrouve ici plutôt avec deux entités distinctes, à la Jeckill et Mister Hyde, ce qui résulte moins fort dramatiquement. Lilah n’es plus là pour sauver l’opus, elle nous manque déjà. La chanson interprétée par Angel devant Lorne est The Night the Lights Went Out in Georgia. Il s’agit d’une ballade Country-pop tragique, racontant comment un homme est pendu pour le meurtre de l’amant de son épouse, alors qu’il est innocent. D’abord interprété par Vicki Lawrence, ce grand succès de 1972 fut repris par de nombreux artistes.
Scénario : Sarah Fain et Elizabeth Craft Réalisation : Sean Astin Wesley, Gunn, Fred, et Cordélia interrogent chacun leur tour Angelus sur le point faible de La Bête. Mais Angelus choisit de jouer avec les secrets de chacun pour tenter de faire exploser le groupe. Le duel des esprits s’annonce tendu… La critique de Clément Diaz: L’épisode le mieux dialogué, le plus intense de la série. Tout l’épisode repose sur l’affrontement entre Angelus et les alliés d’Angel. Les armes : les mots, rien d’autre. Sarah Fain et Elizabeth Craft nous prouvent qu’elles maîtrisent cette arme de guerre terriblement difficile à manier. Dans une cage, avec sa langue de vipère pour unique arme, Angelus resplendit d’intelligence, de méchanceté pure, de psychologie, anticipant chaque coup d’échecs du Fang Gang. Il est encore plus resplendissant que dans la saison 2 de Buffy. David Boreanaz crève l’écran. Les auteurs ne commettent pas le contresens d’affaiblir trop Angel Investigations, digne opposition qui force Angelus à puiser dans toutes ses ressources. La partie de poker menteur de l’épisode est d’une intensité foudroyante. Ce pseudo-remake du déjà bon Facteur Yoko de Buffy est encore plus puissant dramatiquement. Quel plaisir de retrouver un des Big Bad les plus impressionnants des séries télé : suintant la perversité à chaque apparition, bretteur verbal d’une habileté stupéfiante, aux obsessions morbides frénétiques, d’une noirceur épouvantable, et grand amateur d’humour très très noir, Angelus est de retour ! L’acteur Sean Astin, futur Sam Gamégie du Seigneur des Anneaux, montre une maîtrise du huis clos stupéfiante : cadrages savants, pression constante, jeu d’ombres au cordeau. L’introduction où Wesley fait sa mise en garde à ses amis sonne comme un conte légendaire sur les grands exploits du Champion du Mal. Angelus, avec une précision démoniaque, se sert de la Vérité pour la déformer, et en faire une bombe destructrice. Il connaît les failles du trio Fred-Wesley-Gunn, mais aussi les propres démons de Wesley : relation pourrie avec le père, complexe d’infériorité à l’idée de ne pas être un Champion. Fred tient tête, mais on sent sa terreur. Gunn, spontané et instinctif, n’a pas les rigueurs logiques de Wes, et est donc une proie plus facile, culminant avec une bagarre contre Wes, et une accélération vers la rupture avec Fred. Connor, enfermé dans une confusion qui le pousse à être tenté par la noirceur, est également une proie de choix pour le vampire qui joue sur son complexe d’Œdipe. Que de virtuosité ! Le marché complètement dingo de Cordélia pour faire parler Angelus accélère le cardiomètre au moins du double. L’intrigue principale de la Bête n’est pas oublié avec une ballade nocturne qui débouche sur une impasse, accentuant son invincibilité apparente du monstre. Le cliffhanger claque comme un coup de fouet. Sueurs froides en pagaille… La critique d'Estuaire44: - When you think about it, the first woman you boned is the closest thing you've ever had to a mother. Screwing your mom and trying to kill your dad. Hmm ... There should be a play. Soulless apporte plusieurs confirmations. La destination peut parfois s’avérer plus importante que le chemin, l’indigeste opus précédent se voyant prestement oublié. Un épisode essentiellement basé sur des discussions en huis clos (l’unique scène de bagarre syndicale étant remisée avant le générique) peut s’avérer passionnant. Un opus ne faisant guère progresser l'action principale de sa saison (hormis pour le cliffhanger final) peut néanmoins apporter beaucoup à celle-ci. Enfin Angelus s’impose bien comme l’un des Bigs Bads les plus enthousiasmants du Buffyverse, sinon de l’ensemble des séries télé. Les dialoguistes nous offrent un feu d’artifice bien plus passionnant que la surenchère de péripéties précédente, illustrant la cruauté perverse d’Angelus, mais aussi son intelligence supérieure et pénétrante, sa culture supérieure et un incroyable charisme de chaque instant. Comme à chaque fois, Boreanaz se donne complètement dans l’incarnation d’un Mal à la fois abject et gouleyant, il apporte une indéniable classe au Lacenaire de l’épouvante, refusant encore et toujours de se soumettre. On pourra pointer une similitude avec The Yoko Factor, mais, là où la zizanie représentait pour Spike un moyen de parvenir à son but, elle devient une fin pour Angelus. Il l’érige en œuvre d’art, tant il savoure le mal infligé aux personnes représentant le plus fort lien d’Angel à l’Humanité. En contraste, l’opus souligne à quel point Spike est en fait moins pervers que celui qu’il nomma son Sire. Le scénario anime le huis clos aussi efficacement que l’habile caméra de Sam Astin, jouant habilement de l’alternance des confrontations directes avec le Ténébreux et des effets secondaires au sein d’une équipe que ses cinglants et clairvoyants sarcasmes font progressivement se lézarder. L’introduction nous vaut une pertinente dramatisation de la part de Wes. Par la suite on avouera un faible particulier pour la confrontation de ce dernier et d’Angelus, sur un mode très proche du Silence des Agneaux, entre Starling et un Lecter pareillement en cage. L’intelligence est communicative et l’on apprécie que Connor ait enfin quelque chose de pénétrant à énoncer, bien plus lucide sur le positionnement Angel/Angelus que n’acceptera jamais de l’être Buffy. L’épisode n’échappe toutefois pas aux travers de sa saison, souffrant d‘une prolongation inutile de la relation Gunn/Fred et de l’étirement contreproductif de l’imposture de Jasmine. Représenter que la Bête ait pu facilement massacrer ceux sachant comment la vaincre n’a guère de sens. Le seul vrai regret de l’opus réside d’ailleurs dans cette excursion rompant inutilement l’unité du huis clos et passablement absurde chronologiquement, Pacoima se situant loin de Los Angeles (mais il est vrai que Jack Bauer nous aura régulièrement montré que l’on pouvait traverser la Cité des Anges en deux minutes chrono). On avouera également déplorer l’absence de Darla dans les flashbacks, mais elle et Angelus se sont effectivement parfois séparés. C’est tellement bon de se retrouver autour d’un festin.
Scénario : Jeffrey Bell, Steven S. DeKnight, et Mere Smith Réalisation : Bill Norton Lilah tente de libérer Angelus pour qu’il combatte la Bête, mais Gunn l’en empêche. Elle finit toutefois par s’allier à Angel Investigations, moins par volonté que parce qu’elle n’a nulle part où aller. Cordélia reçoit une vision qui lui apprend comment rendre son âme à Angelus, mais les apparences sont souvent trompeuses…
Difficile de succéder à la bourrasque précédente. Le trio d’auteurs doit se contenter de copier l’épisode précédent pendant les deux premiers actes, avec efficacité certes mais avec moins de brio. Le troisième acte renverse cependant toutes les cartes, et se dirige droit vers un cliffhanger assassin. L’arc Angelus s’impose décidément comme un des plus enthousiasmants de la série. And the bitch is back ! On trépigne de plaisir en revoyant Lilah Morgan. Elle a beau être à l’ouest, mal peignée, toute sale, complètement perdue, on est toujours autant accro à son charme vénéneux, à ses vannes froides, à son show de bad girl à fond la caisse. On ne surestimera jamais assez le grand apport de Stéphanie Romanov au show. Elle dynamise le relatif statisme de l’intrigue, voyant nos amis continuant de ployer sous les mots meurtriers d’Angelus. Angelus continue son travail de sape avec une confiance et une sûreté de soi intactes, ses dialogues sont en diamant, avec tout le tranchant qui va avec : fin de partie pour Fred-Gunn, Wesley en pleine confusion papillonnant autour de Fred et Lilah, Cordélia qui commence à enrager, Lorne y va également de sa petite musique. On regrette que notre ami vert soit particulièrement sacrifié cette saison. Une touche de fraîcheur est apportée par le combat contre le mangeur d’âmes, assez différent des combats usuels de la série. Le 2e acte s’achève sur un terrible twist, enclenchant une dernière partie en pleine urgence et au suspense inarrêtable. Il est visible que la mécanique du feuilleton fonctionne davantage chez Angel que chez Buffy, dont la saison 7 manque singulièrement de peps. Quelle frénésie dans ce final diabolique où c’est pour la bitchy Lilah que l’on tremble - pas un mince exploit d'écriture. Et alors que l’action est en plein cours, les auteurs nous achèvent par un cliffhanger sanglant, une révélation tombant comme un couperet de guillotine. La critique d'Estuaire44: - He's going to kill us. - I know. Why do you think I let him out, you stupid bitch ? Après la parenthèse de Soulless, Cavalry sighifie un retour au flux de la saison, et donc aux erreurs qu’elle charrie continuellement, quasiment absents de l’opus précédent. Tout le charabia passablement autour de la justification de l’amnésie d’Angel ou de l’effacement de la Bête atteint des sommets de pénibilité et d’ennui. La justification de l’empilement feuilletonesque accomplit jusque-là traduit une mauvaise maîtrise de la narration. Par ailleurs, même s’il se décide miséricordieusement à y mettre un terme, le récit étire encore le crépuscule rabâché de la relation Gunn/Fred, de même que l’imposture de Jasmine. Le sortilège employé par celle-ci sollicite tout de même beaucoup les potentialités du Fantastique pour permettre aux auteurs de retomber sur leurs pieds. Connor apporte toujours aussi peu tandis que Lorne demeure marginalisé depuis son retour de Las Vegas. Fort heureusement, une nouvelle fois, la « cavalerie » est au rendez-vous (on peut se demander si le titre original n’est pas à double détente). Lilah réalise un grand récital pour l’ultime performance réalisée de son vivant, dynamisant l’ensemble de l’épisode par se réparties et sa présence. On aime qu’elle conserve son mordant malgré les vicissitudes subies, d’autant qu’il reste divertissant de découvrir Wes ramer entre ses deux femmes. La saison prend un risque marqué en se séparant d’elle à mi-parcours, même si cela nous vaut un twist retentissant. Au début de leur relation Lilah avait demandé à Wes ce qu’il avait ressenti quand on lui ouvrait la gorge, maintenant elle le sait. Angelus continue à dérouler, ce qui pourrait engendrer un effet de doublon avec Soulless, mais on ne s’en lasse pas. Sa libération anime les débats et on s’amuse d’un amusant effet miroir avec Buffy The Vampire Slayer. Angelus joue aussi bien Angel que l’inverse était vrai dans Enemies et notre artiste prolonge l’imposture par vice, tout comme lors d’Innocence, savourant la pureté et la bonté de Fred avant de s’apprêter à l’assassiner cruellement. Un grand show, mais décidément nos amis ne cesse d’être ventilés façon puzzle par la Bête, Jasmine et Angelus, il est temps que la véritable cavalerie arrive !
13. LE RETOUR DE FAITH Scénario : David Fury Réalisation : Jefferson Kibbee Wesley décapite le cadavre de Lilah pour être sûr qu’elle ne reviendra pas en tant que vampire. Il part ensuite en Californie où il persuade Faith de s’évader de prison pour arrêter Angelus et La Bête, car elle est la seule qui a la force nécessaire pour cet exploit. Cordélia demande à la Bête de convaincre Angelus d’une alliance… La critique de Clément Diaz: FAITH IS BACK !!! Ai-je vraiment besoin d’ajouter autre chose ? Avec un tel personnage, et sa si captivante interprète, David Fury se permet de délaisser quelque peu son intrigue, minorant donc sa réussite. Mais l’important est que le scénariste, épaulé par le réalisateur, déroule le tapis rouge pour sa majesté Eliza Dushku ! Et puis, Angelus est toujours plus flamboyant et fascinant. Avec son meurtre brutal, Lilah a quitté la scène bien précipitamment. Heureusement, les américains aiment beaucoup les fantômes. Alors, Lilah a l’occasion de nous faire un dernier numéro. Et la grande question : est-ce que Lilah aimait vraiment Wesley ? Et surtout, comment Wesley va-t-il pouvoir gérer son chagrin et sa culpabilité avec la nécessité de surmonter cette perte ? Stéphanie Romanov quitte la scène avec brio ; le coup de hache décisif est un des moments les plus tragiquement poignants de la série. Faith fait son retour, et on sable le champagne : toujours aussi sensuelle, toujours aussi vanneuse, toujours aussi… cogneuse. Alors, oui, Faith continue son expiation, mais ne croyez surtout pas qu’elle est rouillée : elle est toujours la championne des mandales ! Elle devient la chef des opérations, lance des répliques de fer et de feu, et grand moment, ferme le clapet de l’enclume Connor. On ne discute pas les ordres de SuperFaith ! Même si elle perd son combat contre l’invincible Bête, sa vitalité survitaminée est intacte, elle se donne à fond ! Loin de n’être qu’une simple machine de combat, la volonté de Faith d’apaiser ses liens avec son ex-observateur, et à épargner Angel, est émouvante. Eliza Dushku nous conquiert encore une fois. Dommage que le scénario, une chasse au démon sans grand peps, soit décevant. Angelus aime se donner en spectacle, ça lui donne une aura encore plus impressionnante : entrée saisissante dans le bar, pancarte de bienvenue - l’humour Angelus à l’état pur - commentaires ironiques… ce goût du one-man-show culmine lorsqu’il dégaine soudainement le poignard de la Bête ; Angelus fait ce qu’il veut quand il veut, et peu importe les conséquences ! Le revers est qu’il soulage la pression peut-être un peu tôt. Mais quel enthousiasme dans la performance de David Boreanaz, qui peut s’extérioriser tout à fait. Quant à Cordélia, la révélation de l’épisode précédent fait que ses attitudes à contretemps, instables, deviennent soudain fichtrement inquiétantes. Le cliffhanger laisse présager que la vraie Big Bad prépare encore un coup fumant (pauvre Connor !). Un épisode tonique et enlevé. La critique d'Estuaire44: -Are you okay ? - Five by five ! Salvage présente le mérite de se centrer sur Faith, dont les retrouvailles constitue bien évidemment l’évènement central du jour. Fury évite astucieusement de se lancer dans une intrigue complexe qui viendrait prendre le pas sur cet état de fait. Au contraire il centre le focus sur la Rogue Slayer, son ressenti et sur le regard porté sur elle par autrui. Le procédé se montre fructueux, permettant à Eliza Dushku de pleinement affirmer son retour, incarnant avec toujours autant de flamme l’incandescente et sarcastique Faith. Le relationnel fonctionne cinq sur cinq avec les membres d’Angel Investigations, hormis Connor, qui touche le fond et y demeure. Il doit s’y trouver bien. Tout comme lors des confrontations avec Angelus, c’est derechef Wes qui remporte la palme. On apprécie sa réconciliation avec Faith (les deux reviennent de loin !), d’autant plus sincère qu’elle résulte moins formelle. Il reste touchant de les découvrir en mode Observateur/Slayer, l’ancien projet du Conseil prenant enfin corps, après tant de vicissitudes. La longue, magnifique et éprouvante scène combat avec la Bête illustre également les qualités martiales de Faith, ainsi que son inaltérable rage de vaincre. Un grand moment d’art télévisuel, où un Angelus toujours en surmultiplié trouble le jeu à sa manière après une rencontre marquante avec la Rogue Slayer. L’unique éloignement de Faith que s’autorise Fury s’avère un coup gagnant. Toute la scène où Wesley fait ses adieux se montre magistrale, par l’émotion que suscitent les acteurs et par des dialogues synthétisant à merveille aussi bien la force que les ambigüités qui animèrent la passionnette relation entre West et Lilah. Filmé avec beaucoup de sensibilité et un vrai sens de l’étrange, jusqu’à une conclusion des plus tranchantes, ce passage constitue une superbe épitaphespour l’un des atouts maitres de la saison. Celle-ci connaît d’ailleurs une accélération via cet opus particulièrement abouti.
Scénario : Steven S. DeKnight, Elizabeth Craft, et Sarah Fain Réalisation : James A. Contner Cordélia parle dans la tête d’Angelus jusqu’à ce qu’il accepte de lui obéir. Wesley et Faith continuent de traquer le vampire dans Los Angeles, mais Wesley n’est pas sûr que Faith soit prête à l’affronter tant moralement que physiquement… La critique de Clément Diaz: L’épisode sur deux atouts : Angelus toujours en roue libre, et le duo Wesley-Faith, sombre et étincelant. Pour le reste, le Fang Gang est au chômage technique, et remplit les blancs avec peu de bonheur. Toutefois, la splendide bagarre finale Faith-Angel, miroir de celle de Five by five, compte parmi les plus spectaculaires de la série. La ritournelle Connor-Cordélia s’enfonce toujours davantage dans la stupidité. Cordy n’a que des répliques idiotes à lancer, tandis que Connor tente de se prouver qu’il est mature (non, on ne rit pas). Même si Cordy n’est pas Cordy, leur ship n’en reste pas moins un énorme contresens. Réconciliation de Fred et Gunn, mais dont la mièvrerie inhérente est à peine sauvée par le jeu des comédiens. Lorne est enfin au générique, chouette ! Mais il continue de passer les plats. Heureusement, Angelus est là pour dynamiter tout ça. On adore le voir rembarrer le maître de la Bête. Boreanaz est en pleine euphorie, il se laisse joyeusement emporter par la flamboyance de son personnage. On adore le voir ravaler sa honte lorsque Cordy parvient à le faire plier. Le duo Wesley-Faith rayonne d’une aura noire et oppressante. Wesley use de méthodes plus controversables pour avancer, partant du principe qu’il doit se montrer aussi vicieux qu’Angelus pour le retrouver. Un profiler fantastique avec toute la kyrielle de dilemmes éthiques qui va avec : il torture une pauvre droguée pour la faire parler sous les yeux révulsés de la slayer, ou fait sortir Faith de ses gonds pour lui donner une rage négative qui la renforcerait. Faith de son côté se débat contre son côté maléfique qui comme Angel/Angelus peut refaire surface à tout instant. Mais son mûrissement est indéniable : elle refuse de se plier au jeu de Wesley et à celui d’Angelus. Angelus a cette capacité d’appuyer sur les points faibles de ses ennemis, mais commet toujours l’erreur de réduire l’humanité à quelques schémas psychologiques : il se trompe en croyant que Faith est comme lui, tout comme il pensait que Buffy serait sa nouvelle Drusilla. Faith est capable d’amour, et c’est son affection pour Angel qui l’a sauvée qui la maintient dans le droit chemin (scène de la douche). Une abnégation au-delà de tout, qu’Eliza Dushku imprime avec sa force coutumière. L’immense bagarre finale, une des plus cynégétiques de la série, marque bien le sommet de violence enragée entre le Bien et le Mal. Le terrible cliffhanger couronne cet affrontement à sueurs froides garanties. La critique d'Estuaire44: - Did I mention the only shots I'm good at involve tequila ? Release illustre à merveille les lacunes narratives d’une saison qui, après avoir accumulé les rebondissements jusqu’à plus soif, se borne ici à un simple recyclage, soit un emploi déréglé de la forme feuilletonesque. La trajectoire de la plupart des personnages vire au mauvais soap opera. On trouve ainsi une resucée tout à fait pesante et contre productive de la relation Gunn/Fred, alors que ce chapitre avait été clos sans mélodrame. On distingue clairement que les auteurs ne savent quoi faire de ce duo, enfermé comme dans une boucle, ni de Lorne, totalement relégué a la marge du récrit. Le duo Connor/« Cordy » désespère, entre une nouvelle grossesse (Telenovela nous voilà), un Kartheiser toujours aussi figé et une Charisma Carpenter qu’on loue de poursuivre la représentation malgré sa grossesse avancée, mais qui est aussi peu dans son emploi en Big Bad qu’en amante mature. Asolument rien ne s’instille entre les deux comédiens. Il s’avère caractéristique que les moments les plus marquants de Justine soient jusqu’ici dus à une voix off, sans Charisma. Pour celle-ci jouer la grande méchante se limite à une pose figée et à la pose de lentilles colorées. Fort heureusement Boreanaz brille toujours autant en un Angelus toujours aussi audacieux et monstrueux, même qu’and il ruse avec Jasmine pour gagner du temps. Là encore on trouve toutefois une redite, mais de manière limité, la mise en scène parvenant à efficacement renouveler ses effets durant le nouveau combat contre Faith (toujours experte au couteau). Celle-ci demeure un atout maître, Dushku restituant à merveille ses fêlures, mais, contrairement à l’opus précédent, ne se voit réellement mise en avant qu’en seconde partie d’épisode, jusqu’à un tonitruant cliffhanger. On applaudira une nouvelle fois l’extraordinaire performance de Denisof, qui parvient à établir un lien aussi fort avec elle qu’avec Stéphanie Romanov. Toujours plus sombre, Wes reste plus que jamais le pompier de cette saison inégale.
Scénario : Mere Smith Réalisation : Terrence O’Hara *Cet épisode fait suite à l’épisode 7.17 Un lourd passé, de la série Buffy contre les vampires. L’épisode 7.18 L’armée des ombres, suit de même cet épisode. Coup de théâtre : Faith a absorbé une puissante drogue magique, l’Orpheus, pour qu’Angelus soit à son tour drogué lorsqu’il la mord ! Wesley les ramène à l’hôtel Hypérion, tous deux dans un coma critique. Les esprits de Faith et Angelus errent tous deux dans des souvenirs d’Angel postérieurs à la malédiction gitane. Willow Rosenberg arrive sur ses entrefaites après avoir reçu un coup de téléphone de Fred : ses connaissances en magie devraient lui permettre de rendre son âme à Angelus. Mais Cordélia est bien décidée à contrecarrer ses plans… La critique de Clément Diaz: La fin de l’arc Angelus tient globalement ses promesses. L’arrivée de Willow crée l’événement, les crossovers de personnages ayant été absents depuis la fin de la saison 2. Le revival Sunnydale joue à plein, et se met au service d’une intrigue assez audacieuse, rythmée, jouant sur deux fronts très intenses. On croyait qu’on ne pourrait pas aimer Faith plus qu’on l’aimait déjà, mais non, il faut que la Slayer nous régale d’un coup de maître totalement kamikaze pour arrêter Angelus ! Les deux compères font alors une fascinante expérience à la frontière de la vie et de la mort, où la foi de Faith en Angel va vaciller. Les premières scènes nous valent d’excellents moments comiques avec un Angelus ulcéré de voir son double sauver un petit chien (Faith n’hésite pas à enfoncer le clou) ou le délire autour de Barry Manilow. Mais c’est alors que Faith doit affronter un côté d’Angel qu’elle ne connaissait pas dans la terrible scène du bar. Elle ne l’a pas revu depuis le début de la saison 2. Elle ignore donc qu’Angel peut chuter dans les ténèbres sans être Angelus. Faith perd pied : l’idéalisation de son sauveur est fracassée. Le traumatisme est si lourd qu’elle remet en question sa rédemption et son combat : pourquoi lutter si même mon mentor peut succomber aux ténèbres ? Le combat symbolique entre Angel et Angelus - en plus d’être saignant et énergique - dans lequel elle reste à l’écart montre son désarroi, jusqu’à ce qu’Angel trouve les mots justes - superbes dialogues - pour qu’elle se réveille aux deux sens du terme. Sinon, on ne supporte plus la pitoyable mascarade Cordélia-Connor, de plus en plus débile. Willow est là ! Et on est au septième ciel : son allure souriante illumine cette saison sombre. C’est le Willow show : autodérision avec Wes sur leurs chemins de ténèbres, longs raisonnements intellectuels - Fred est sous le charme - magicienne surpuissante et efficace ; pluie d’or pour Alyson Hannigan, dont chaque performance est un délice absolu. Son duel magique contre Cordélia, aux rebondissements fastueux, est d’un suspense total. Au final, Faith bastonne Connor une seconde fois (Yeeeees !), puis repart avec Willow pour affronter… l’apocalypse de Sunnydale ! Faith ne peut pas se plaindre qu’elle s’ennuie. On regrette son départ mais heureusement, la rogue slayer n'en a pas fini avec Angel, et nous les reverrons dans les comics Angel & Faith, et leurs aventures complètement délirantes avec de bons festivals de gnons, de catastrophes, de noirceur (mais surtout de gnons)... bref la routine quoi. La critique d'Estuaire44: - Dust in the wind. Candle in the wind. There'll be a general wind theme. On pourrait reprocher à Orpheus de pousser jusqu’à l’extrême la séparation en deux entités distinctes d’Angel et Angelus, alors qu’il nous semble dramatiquement davantage ambitieux de les entremêler. Mais l’épisode se montre tellement enthousiasmant par ailleurs que l'on passe aisément outre. Les nombreux flashbacks maintiennent la qualité observée tout au long des deux séries et viennent idéalement combler les lacunes perdurant encore dans le parcours d’Angel. L’opus permet ainsi d’établir définitivement le profil d’Angel au moment où celui-ci est contacté par l’envoyé des Puissances Supérieures. Mere Smith se montre également malicieuse avec le look disco de notre ami se déhanchant sur les mélodies de Manilow, un grand moment de solitude. Boreanaz interprète toujours avec talent les deux facettes de son personnage, il apporte beaucoup au face à face final, un moment particulièrement casse-gueule. Au total le scénario aura optimisé l'idée initiale d'une drogue surnaturelle, un thème relevant d'habitude davantage de la science-fiction (du Soma d'Huxley à la Substance Mort de Dick, en passant par la Semence des Dieux de Wagner). Pour son ultime bataille sur le front de Los Angeles, Faith nous enthousiasme de nouveau, qu’elle se montre bouleversante, inanimée dans les bars de Wesley, ou tenant la dragée haute à Angelus (jusqu’au bout en grande forme), un face à face où sa gouaille fait merveille. Buffy avait laissé Angel boire son sang pour sauver celui-ci, Faith agit de même entre Angelus, mais pour le condamner, la Rogue Slayer reste bien une passionnante version enténébrée de Buffy. Mais avouons que Faith nous régale particulièrement quand elle corrige Connor, vengeant le spectateur de l'horripilante niaiserie du personnage boulet de la saison. On atteint ici des sommets quand il accepte de tuer son père, la Telenovela outrée dans toute sa splendeur. Jasmine/Cordy compose toujours un Big Bad en carton-pâte (elle fait strictement n’importe quoi durant le récit), le duo vire définitivement au grotesque. Mais le grand atout d’Orpheus réside bien entendu dans son Alysson Hannigan Show. Chaque scène de Willow est un enchantement. On adore qu’elle apporte avec elle l’atmosphère plus joyeuse de Sunnydale (même en saison 7 de Buffy, c’est tout dire) et que le récit lui accorde toute l’attention qu’elle mérite. L’auteure se montre une nouvelle fois malicieuse, multipliant les scènes évidemment crépitantes scènes avec Denisof (dialogues hilarants) et n’hésitant pas à montrer Will draguer légèrement Fred, sans doute inspirée par la proximité de West Hollywood. La sorcière se montre néanmoins déterminante dans le combat (Jasmine ne fait pas le poids). On peut d’ailleurs noter une certaine contradiction, Will se refusant à utiliser la magie à Sunnydale, mais n’ayant aucun problème pour y avoir massivement recours ici. Mais bon, nécessité fait loi. Willow et faith prennent congé (on espère que la Slayer va pouvoir dormir pendant le voyage, cela fait une semaine bien remplie tout ça), ce qui signifie encore un tiers de la saison sans elles ni Lilah, mais avec Jamine/Cordy. Merci les filles.
Scénario : Jeffrey Bell, Sarah Fain, et Elizabeth Craft Réalisation : Michael Grossman Angel Investigations tente d’en savoir plus sur la grossesse de Cordélia, ce que cette dernière doit à tout prix faire cacher. Gwen revient à l’agence et demande à Gunn de l’aider à délivrer Lisa, la fille de son employeur, qui a été kidnappée par un rival… La critique de Clément Diaz: Légère pause dans le gros (et quand même pas mal surchargé) feuilleton de cette saison avec cet épisode mi loner-mi Mythologique. L’intrigue Cordelia’s baby se résume à des recherches stériles mais rebondit en fin de parcours. On appréciera davantage l’intrigue d’espionnage mitonnée par les auteurs, assez basique, mais au duo de charme et de choc, au goûtu triple twist, et à son émotion finale. Surprise, Gwen ne veut pas faire équipe avec Angel, mais avec Gunn ! Une surprise qui renouvelle agréablement la saison, puisqu’il lui permet d’être cette fois au centre des projecteurs. Les auteurs ont le bon sens de ne pas trop sacrifier à l’espionnage, qui n’est pas leur domaine. Ils y arrivent en misant sur l’alchimie manifeste entre Alexa Devalos et J. August Richards - à son meilleur niveau - Gunn, dans une période pessimiste et dégoûtée de lui-même, se réduit à l’étiquette de « muscle » de la bande d’Angel. Alors quand il fait preuve d’inattendues ressources cérébrales, il prend conscience qu’il est plus qu’un bagarreur. Bien sûr, il reste un homme d’action, et il se surpasse avec un superbe combat de Bo-jutsu (bâton long), bel hommage aux films d’arts martiaux dont le Roi du Geekland a toujours été fan. Gunn admet que cette soirée est la plus « fun » qu’il ait passée depuis longtemps, on le comprend ! Nul doute qu’il va sortir plus profond et confiant de cette mémorable soirée. Quant à la torride Gwen, elle vêt un furisode de soirée qui la rend sublimement féminine et féline (Catwoman n’est pas loin), et nous mène en bateau tout le long, via trois twists de plus en plus fracassants. Son numéro de voleuse de charme est à se damner. Mais ce n’est pas qu’une femme de choc : la scène finale, à la tension sexuelle de malade, la montre très émouvante lorsqu’enfin elle exauce un souhait proche de la vision moderne du superhéros qui aimerait bien être quelqu’un d’ordinaire, loin de pouvoirs qui l’encombrent. Gunn et Gwen auront bien mérité leur petite « détente » ! Sinon, on stagne au niveau des vagues avec Connor. Charisma Carpenter, une fois sorti de son rôle lourdingue de manipulatrice au rabais, est plus convaincante en joueuse d’échecs qui cherche à parer les coups d’Angel Investigations. Elle donne un minimum de suspense à une intrigue qui n’en a guère. Aussi, on reprend espoir avec le cliffhanger final qui devrait enfin faire avancer cette intrigue mal dégrossie. La critique d'Estuaire44: - I've spent most my time this past year in a turgent, supernatural soap opera. Centré autour de Gunn, Players apparaît par moments comme l’anti Zeppo. L’un des membres perçus cette saison comme particulièrement secondaire à l’occasion de briller en solo en vivant sa propre aventure (et de copuler avec la bad girl locale), tandis que le groupe reste axé sur une intrigue supposée principale, mais minorée par la narration. Mais la ressemblance s’arrête là : l’approche de Gunn s’avère psychologiquement moins ambitieuse que celle d’un Alex en quasi rupture et les péripéties décrites, au-lieu de résulter admirablement déjantées et imprévisibles, relève des passages obligés du film de casse. Chaque épisode de Gwen aura été connecté à ce genre (qu’elle l’effectue ou le subisse), ce qui imite la palette du personnage et donc son ancrage dans la série. Mais on se laisse malgré tout séduire par le charme de ce couple, entre une Gwen à l’abattage toujours aussi incendiaire mais fendant l’armure et un Gunn prenant effectivement davantage d’ampleur. Alexa Davalos et J. August Richards (prouvant ici qu’il peut assurer un élargissement de son personnage) se montrent impeccables et particulièrement complices. C’est pour eux que l’on aime cet opus, d’avantage que pour le scénario. Ce dernier se montre maladroit, passant sous silence ce qui a pu faire échouer le rapprochement entre Gun et Fred précédemment amorcé, ou révélant que deux semaines se sont écoulées depuis le retour d’Angelus alors que tout a ici exposé comme en quasi continu. Surtout Jasmine/Cordy sombre encore davantage en composant le Big Bad définitivement le plu faiblard du Buffyverse. Voici quelqu’un que l’on montre en Mastermind échafaudant un Maître Plan archi complexe et tombant par la suite dans les panneaux les plus énormes, croyant qu’Angel av être aussi crédule que Connor ou ayant recours à des procédés aussi redoutables qu’une tasse de café quasi renversée sur du papier. Colossal. Quelqu’un qui ne perçoit rien quand Angel ne dit mot en l’écoutant et prend son vieux regard de mort. Il était temps que tout ceci s’arrête, y compris pour une Charisma à qui tout semble coûter, désormais.
17. L'HORREUR SANS NOM Scénario : Steven S. DeKnight Réalisation : Steven S. DeKnight Manipulé par Cordélia, Connor vole à sa rescousse lorsqu’Angel Investigations découvre sa vraie nature. Pour comprendre comment son amie a pu se mettre au service du Mal, Angel interroge Skip, son « ange gardien ». Pendant ce temps, Cordélia incite Connor à tuer une jeune fille pour accélérer son accouchement. Une « invitée surprise » tente de l’en dissuader… La critique de Clément Diaz: Steven S. DeKnight avait explosé la baraque dans Buffy en écrivant le violent et déchirant Seeing red ; ici il va encore plus loin : mort d’un innocent, Big Bad étourdissant au centre, remise en cause intégrale de la série elle-même, conversations avec l’au-delà, suspense monstrueux, masques tombant dans un effet dévastateur, cliffhanger totalement dingo... On sort de cet épisode dans un état second. Connor et Cordélia (ainsi que leurs acteurs en sévère méforme) ont souvent tiré la saison par le bas par leurs scènes sentimentalistes au rabais, que n’excusait pas le double jeu de Cordy. Mais là, Redde Caesari… les scénaristes poussent au paroxysme la perversité de Cordélia et la dérive morale de Connor, rendant le spectacle autrement plus intéressant. Charisma Carpenter explose d’emphase doucereuse en baddie sans pitié : conditionnement de Connor, déformation de la vérité, exaltation méchante, vivacité d’esprit... Vincent Kartheiser arrive enfin à nous serrer les tripes en nihiliste ne vivant que par un amour qui fait de lui une marionnette. On crève beaucoup dans Angel, mais on avait jamais assisté aux supplications déchirantes des victimes des démons (Stephi Lineburg, qui briserait un cœur d’acier), et encore moins à un « innocent » comme Connor en position de meurtrier. Le twist de Darla a été millimétré pour un résultat-choc : désormais apaisée par sa rédemption, Darla tente de sauver son fils des ténèbres (il est dit qu’on ne se remettra jamais du départ de Julie Benz) dans une séquence intense, virant à l’horreur psychologique quand Cordélia revient dans la bataille. Le couperet tombe à cru lorsque Connor chute dans la noirceur, plus bas qu’Angel lui-même dans les deux saisons précédentes. Le retour de Skip (savoureux David Denman) a dû combler les fans. On adore son accueil chaleureux à Angel, suivi d’une super baston saignante et enfin de la grande grande scène de confrontation où il nous met KO à force de révélations chocs. Tout ce qu’on a vu depuis le pilote ? Un long long plan diabolique instauré par un maître en la matière !!! Le tragique de la scène est prenant. La tirade de Gunn, résolument non fataliste, est chaleureuse, avant que Skip se mette en mode Terminator, avec un final très… inattendu ! Angel accepte un nouveau sacrifice qui étend encore son aura de héros sans repos, marqué par le destin, mais le cliffhanger, un des plus… extrêmes de la série l’en empêche. Même J.J.Abrams n’aurait jamais osé… La critique d'Estuaire44: - Guy steps out for a few hours, half the place goes super-villain. Inside Out exacerbe comme à plaisir les défauts narratifs de la saison. Le scénario mise beaucoup sur le cliffhanger voyant l’arrivée de Jasmine incarnée (merveilleuse Gina Torres), mais là on ne comprend plus. Il nous avait été présenté que la survenue de la bête, de la pluie du feu, de l’extinction mystique du soleil avait pour but de provoquer le retour Angelus. Or Angelus n’est pas là sans, que cela interfère le moins du monde. La présence d’Angel ne pose pas de problème non plus, car il est immédiatement subjugué par Jasmine. A quoi rime tout ce qui a précédé ? Jasmine/Cordy s’est exposée aux foudres d’Angel pour rien, elle aurait pu tout aussi bien mener une romance tranquille avec Connor. Et puis on ne peut pas lâcher au détour d’une conversation, comme ça, que tous les protagonistes de la série ont été manipulés dès le départ, sans étayer le moins du monde cette perspective minorant profondément leurs actions. La désinvolture scénaristique est totale. En fait DeKnight perçoit bien que Jasmine/Cody a été une Big Bad en bois, de ce bois dont on fait les pipeaux. Il cherche dès lors à lui apporter une aura supplémentaire avec ce procédé extrêmement léger, inféodant les trois excellentes saisons précédentes à la présente, bâtie sur du sable. L’épisode se sauve en partie par son parallèle entre les dilemmes moraux de Connor et d’un Angel prêt à en terminer par devoir avec Cordy, tout l’aura été Buffy vis à vis d’Anya dans Selfless. Skip se sera montré amusant jusqu’au bout. Surtout, l’opus doit beaucoup à la grande performance de Julie Benz une nouvelle fois exceptionnelle dans l’incarnation d’une mère désireuse d’éviter à son enfant la damnation qu’elle a traverse. Le moment est particulièrement émouvant et DeKnight a cette fois-ci raison de ne pas opter pour un happy ending qui aurait été contraire à l’esprit de la série. Évidemment cela pousse l’aveuglement de Connor jusqu’à d’extrêmes limites, mais le personnage nous y a déjà habitué. Demeure néanmoins l’impression d’une saison tournant à vide, soutenue, comme par des rustines, par d’excellents personnages secondaires, réguliers (Wes/Lilah) ou invités (Willow, Faith, Darla).
18. DOUCE BÉATITUDE Scénario : Elizabeth Craft et Sarah Fain Réalisation : Marita Grabiak La belle jeune femme sortie du ventre de Cordélia - dont l’accouchement l’a désormais plongée dans le coma - se présente comme une déesse des Puissances Supérieures. Elle charme immédiatement quiconque la regarde, et toute la ville de Los Angeles est à ses pieds. Elle déclare qu’elle est là pour éradiquer le mal sur Terre, et fait d’Angel Investigations ses champions privilégiés. Elle ne cesse de parler d’amour et de paix, mais Fred voit soudain une autre vérité… La critique de Clément Diaz: Les séries du Joss font rarement dans la demi-mesure niveau scénarios, mais il faut quand même admettre que le parcours hallucinogène de cette saison devient fortement opiacé. Le rebondissement massif de Jasmine évoque dans sa démesure les grands défouloirs Rambaldiens d’Alias. Et on se demande s’il y’a une limite à la poursuite du délire à tout prix des auteurs. Pour l’heure, Shiny happy people, une fois sa surprise passée, fait prélasser son intrigue au soleil, attendant les dernières minutes pour enfin décoller, et pas super intelligemment. Heureusement, c’est la fantastique Gina Torres, une des meilleures actrices américaines, qui incarne la déesse ; et tout comme Jasmine hypnotise tout le monde, l’actrice nous hypnotise à son tour. Il est à la fois amusant et angoissant de voir tout le monde s’agenouiller devant Jasmine. Rivalisant de tirades enflammées, Angel Investigations semble sur un petit nuage. Le spectateur se demande vraiment quel est le jeu de la Big Bad de la saison : elle prêche l’amour entre les hommes, la paix universelle, le pardon envers l’autre, ne veut point qu’on s’agenouille devant elle, pose des regards affectueux sur tout le monde… on est loin de la Bête ! Toutefois, l’épisode prolonge usqu’à l’absurde cette situation. 42 minutes d’adoration devant la Jasmine, on a largement le temps de s’ennuyer. Cela dit, l’épisode pose une excellente métaphore : dans une optique très 1984, la renonciation volontaire au libre-arbitre est une idée tentante : après tout, penser et décider par soi-même est un processus douloureux, et souvent nous aimons nous mettre aux ordres de quelqu’un ou de notre entourage pour nous épargner cette expérience qui pourtant fait de nous des hommes. L’épisode frappe juste pour le coup. Quand la tension revient, c’est mal exploité : après la vision-choc, Fred perd du temps à l’hôpital, puis - cliché absolu - s’ouvre à Wesley qui évidemment la dénonce et la force à fuir. Malgré les métaphores, on s’ennuierait à mort s’il n’y avait la merveilleuse Gina Torres, resplendissante de douceur trompeuse mais paradoxalement sincère. Elle est la raison d’être de cet épisode. La critique d'Estuaire44: - Eight legs, three heads, horns ? - Hey! - No offense. Shiny Happy People a l’excellente idée de saisir pleinement la possibilité de relance de la saison que représente l’avènement de Jasmine. Le scénario joue ainsi efficacement d’un plein effet de sidération, obtenu par les toujours plus hilarants dialogues de dévotion exprimés par des acteurs ne contraignant pas d’en faire joyeusement des tonnes (mention spéciale à Boreanaz). L’atmosphère évolue ensuite avec talent, passant progressivement d’une utopie incongrue à un dystopie de la plus belle eau, le tout n’étant pas ans évoquer l’excellent Number Twelve Looks Just Like You de La Quatrième Dimension. Le masque tombe quand on comprend peu à peu que Jasmine ne détruit pas simplement le mal dans le cœur de ses adorateurs mais bien cette part d’ombre concourant également à faire d’eux des êtres humains à part entière et sans laquelle le libre arbitre ne peut s’exercer. En arrière plan se dessine également une perspective aussi aiguë qu’effrayante sur le phénomène sectaire. L’atout majeur de l’opus reste l’éblouissante prestation de Gina Torres en madone faussement angélique, dont l’irradiant charisme apporte une crédibilité permettant à l’ensemble du récit de fonctionner. Comme Big Bad, quel saut qualitatif vis à vis de Cordy/Jasmine ! La bonne nouvelle de réside Shiny Happy People réside aussi dans le terme mis à cet arc narratif pénible au possible. Toutefois l’épisode s’autorise quelques dommageables légèretés. Le thème de Jasmine tirant les ficelles sur presque toutes la série se voit repris alors qu’il st contre-productif (nos héros transformés en pauvres dupes) et totalement inutile. Ce n’est pas d’où vient Jasmine qui importe, mais ce qu’elle est. Sweet, au pouvoir de suggestion pareillement global, n’avait pas eu besoin de tout un prologue délirant pour faire sensation à Sunnydale. Par ailleurs les auteurs tentent de contourner la difficulté par une pirouette, mais le problème est effectivement posé d’un retour d’Angelus du fait de la béatitude ambiante. La relation psychologique se suffisait également en elle-même et les maquillages gore résultent quelque peu superfétatoires, même si celui de Jasmine reste une vraie réussite dans le genre. On distingue également une facilité dans le fait que le fait déclencheur de l’épiphanie de Fred ne soit jamais réellement élucidé. On s’étonne de voir une survivante solitaire comme elle tomber aussi facilement dans le panneau de tout raconter à Wesley. Mais on doit à Fred une conclusion effrayante à souhait, dramatisant efficacement la poursuite de la saison.
19. LA BALLE MAGIQUE Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Jeffrey Bell Seule à connaître le vrai visage de Jasmine, Fred est seule contre tous. Par ses pouvoirs, Jasmine peut savoir où elle se cache. Découvrant son unique point faible, Fred tente une contre-attaque solitaire et désespérée… La critique de Clément Diaz: Bon, ça bouge sur le front Jasmine ! La traque infernale lancée contre Fred permet à cette dernière d’être l’héroïne de jour, un plaisir que la série nous a trop rarement donné. Il est d’ailleurs visible que la saison tente de compenser la centralisation sur Angel et Cordélia en accordant quelques aventures marquantes en fin de parcours à leurs alliés (Gunn et Gwen, Connor et Darla). Amy Acker se saisit de l’opportunité en jouant à fond sur les émotions de son personnage seule contre tous. Sa fuite puis son retour dans la bataille sont source de suspense stressant et cravaché. Pour bien nous faire ressentir la dimension ultra désespérée de la situation de Fred, les auteurs n’y vont pas de main morte : Jasmine s’infiltre dans chaque esprit de la ville pour espionner notre héroïne qui est bientôt encerclée de tous côtés ! Angel Investigations n’est pas en reste avec une belle poursuite initiale et des serments de meurtre de plus en plus inquiétants. Jasmine est vraiment un des Big Bad les plus fascinants du Buffyverse : douceur, calme, joie tranquille omniprésentes, elle imprime une présence particulière et inédite au sein de la série. Gina Torres est une Gorgone : impossible de s’arracher à son influence une fois qu’on la regarde, vraiment l’interprète idéale ! L’épisode insère quelques moments d’humour qui ne font qu’en accentuer l’intensité : Jeffrey Bell rend hommage aux X-Files, dont il a écrit plusieurs excellents épisodes avec une discussion au-delà du réel entre Fred et le paranoïaque de la librairie, hilarant pastiche de l’allumé de Roswell du Seigneur du Magma ! Ou encore la scène avec le démon végétarien pas végétarien, un autre grand moment de n’importe quoi. Quoiqu’on atteint de nouvelles cimes avec le karaoké de l’hôtel, avec en climax énorme Angel et Connor chantant… Mandy de Barry Manilow ! Le running gag du grand amour qu’Angel voue à cette chanson marche à plein ! L’opération suicide de Fred dans la gueule du loup fout une tension de tous les diables. L’occasion d’une belle scène intime entre Angel et Fred - vrai-faux baiser inclus - et sur la douleur que nous ressentons quand nous quittons un mensonge confortable pour accepter une vérité cruelle. L’idée excellente du sang de Jasmine permet un beau retournement de situation où Angel Investigations, petit à petit, retrouve la vue… sauf que le cliffhanger complique encore la situation ! Ça devient insoutenable l’affaire… La critique d'Estuaire44: - Where are those people? - I ate them. - Cool. La grande première partie de The Magic Bullet développe admirablement l’univers en folie installé lors de l’opus précédent, avec un irrésistible effet ciseau encore accru entre la nature abominable de la dystopie proposée et ses manifestations parfois joyeusement absurdes. Portée par une Gina Torres toujours aussi fabuleusement inspirée, Jasmine continue à sublimer l’action en cours. Pour elle coup elle fait beaucoup plus Déesse que Glory. Le scénario continue à rendre toujours plus abominable son ascension, entre asservissement psychique de ses adorateurs et « union » gustative avec ces derniers (le Comment servir l’Homme de La Quatrième Dimension n’est pas loin). L’opus évite par ailleurs tout classicisme, en entremêlant finement cet aspect à des moments de pur absurde, avec un effet hilarant garanti. Le festival s’avère permanent, on retiendra le simili Gollum prétendument végétarien notamment, le retour du Mandy de Manilow (tout le show à l’Hypérion est à se tordre de rire) et plus encore les discussions hallucinées à la Lone Gunman avec l’inénarrable conspirationniste de la boutique. Voir Jasmine lui révéler, que, oui, il n’est qu’un tireur solitaire à Dallas nous achève. Le gaillard est impeccablement interprété par Patrick Fishler, qui incarna le très allumé Gabriel de Californication, ce qui ajoute encore au délire. La quête de Fred et ses rencontres hallucinées sert idéalement de lien entre les segments de l’histoire, évitant une segmentation artificielle. Cela nous vaut également des aperçus du soleil californien, une rareté au sein de la série. L’intelligence de Fred se voit idéalement mise à contribution pour le twist très astucieux du récit, on ne l’avait pas vu venir. Malheureusement cela débouche sur une fin de parcours légèrement besogneuse, avec une guérison un rien mécanique des membres successifs d’Angel investigation. Evidemment Connor le Boulet fait capoter l’affaire (quelle surprise). Le cliffhanger couronne néanmoins joliment cet opus confirmant pleinement la relance de la saison sur sa dernière trajectoire.
Scénario : Ben Edlund Réalisation : David Straiton Angel, Gunn, Fred, Lorne, et Wesley s’enfuient de l’hôtel et se cachent dans les égouts où ils rencontrent un groupe de patrouilleurs pas encore tombés sous l’influence de Jasmine. Toutefois, un démon hante les profondeurs, ayant déjà tué l’un des patrouilleurs. Pendant que Connor, toujours contrôlé par Jasmine, prend la tête d’une armée pour retrouver Angel Investigations, Wesley fait une découverte… La critique de Clément Diaz: On sent que les auteurs éprouvent de plus en plus de difficultés de tenir le souffle de leur feuilleton. Ben Edlund applique la même recette de l’épisode précédent avec une nouvelle poursuite « seuls contre tous », mais la formule marche beaucoup moins : manque de rythme, surplace du côté de Jasmine et de Connor, répétitions de scènes déjà vues, démon cabotin énervant. Les défauts récurrents du scénario étouffent toute velléité de tension, malgré un nouveau cliffhanger désespéré plein d’effet. Gina Torres continue d’impressionner, mais elle doit se débattre devant le manque total d’évolution de son personnage qui reste tranquillement à l’hôtel manipuler Connor - ça devient un running gag cette manipulation continuelle, et ça contribue pas à nous le faire apprécier. Du coup, Jasmine se rapproche trop de Glorificus : elle prend la pose et laisse ses valets faire le sale boulot. Cela diminue son aura de Big Bad, le tout sans être compensé par l’humour massif de la Bimbo blonde. Notre quinte flush fuit dans les souterrains et qu’est-ce qu’ils font ? Ils rencontrent une équipe sortie du diable vauvert qui ne leur est d’aucune utilité. Les erreurs scénaristiques s’accumulent : la fuite de Matthew est une ficelle énorme uniquement destinée à ce que Jasmine les retrouve. Dans cette échappée, Fred et Gunn sont réduits à l’état de rouages dans la mécanique essoufflée de l’épisode. On espère plus du côté de Wesley avec le démon-araignée, mais ce dernier n’a que des répliques vides de sens, pseudo-mystiques, et il ne faut pas compter sur Wes qui joue le perroquet répétant les répliques de son interlocuteur. Gros éclat de rire devant Connor en chef des armées, c’est aussi crédible que Kennedy qui en ce moment entraîne les Potentielles à la dure à Sunnydale sous notre regard navré. On sauve toutefois la réalisation glauque de David Straiton ainsi que la dernière minute où nos amis sont tous prêts à se sacrifier pour permettre à Angel de franchir le portail magique (mais l’effet de surprise est limité, vu qu’on a déjà eu Pylea)… et de plonger dans un nouveau merdier. Il est quand même temps que les auteurs rangent leurs cigarettes qui font rire, parce que là on a franchi depuis longtemps les frontières du délire àdonf… La critique d'Estuaire44: - You can't outrun my love. It has wings made of radio. Sacrifice apparaît clairement comme un opus destiné à rallonger passablement artificiellement l’arc de Jasmine. Il le délaye inutilement au lieu d’y apporter un contenu supplémentaire, contrairement à l’opus précédent. L’action se poursuit uniquement par une cavalcade schématique et passablement maladroite. La découverte de ce gang de résistants ultra poncif et de la seule créature capable de représenter une Jasmine relève trop du providentiel pour ne pas s’assimiler à une facilité scénaristique. Le monstre se veut inquiétant, mais résulte d’avantage répugnant qu’autre chose. Pour couronner le tout, il est totalement absurde qu’il se mettre à pérorer avec Wes au lieu de l’incorporer à son tas de dépouilles. Les sectateurs possédés par Jasmine font toujours leur effet mais celui–ci s’use à force de répétition. Il est également maladroit de faire poursuivre Angel Investigations par les seules voitures de police, normalement on devrait avoir tou Los Angeles aux trousses de nos amis, ce qui serait plus efficace à l’image Jasmine doit toujours beaucoup à Gina Torres, mais s’enchâsse dans l’Hypérion, ce qui l’imite son champ d’action. Les auteurs ont aussi la maladresse d’établir une relation entre elle et Connor ressemblant trait pour trait à celle que ce dernier avait avec Cordy /Jasmine, ce qui augmente encore l’impression de surplace. Sur ce point on atteint sn sommet avec Gunn et Fred ressortant le vieux dossier du Professeur tué, sans aucune nécessité. Clairement, on meuble. Heureusement la découverte par Angel d’un monde totalement étrange évite cette fois un sentiment de doublon avec l’environnement très terrestre de Pyléa.
21. LA PAIX UNIVERSELLE Scénario : David Fury Réalisation : Jefferson Kibbee Gunn, Fred, Lorne, et Wesley sont faits prisonniers par Jasmine, qui s’apprête à étendre son influence sur la planète entière via les médias mondiaux. Angel, dans la dimension du démon-araignée, doit affronter le Gardien du Mot, et le … du Nom, pour connaître le vrai nom de Jasmine, qui anéantira ses pouvoirs… La critique de Clément Diaz: David Fury prend la plume pour écrire sinon le plus grand chef-d’œuvre de la série, du moins son plus profond, son plus riche. A travers une intrigue palpitante qui clôture avec bravoure l’arc de Jasmine, les auteurs s’interrogent sur des questions philosophiques millénaires : valeur du libre-arbitre, sacrifice d’innocents pour le bien commun, soumission volontaire au doux mensonge, raisons de se battre pour un combat perdu d’avance, le fait de tuer ce que l’on aime le plus… Passons vite sur Angel Investigations, prisonniers dans une cage durant tout l’épisode, ils ne sont que spectateurs de la bataille Angel-Connor-Jasmine. Alors qu’Angel livre un combat de Titan contre les gardiens du nom secret de Jasmine (ça aussi ça fait très Loup Solitaire cette idée de connaître le nom d’un ennemi pour le neutraliser), il est confronté à une question simple : pourquoi se bat-il ? Pour des amis qu’il croit morts ? Pour un fils qui ne l’aimera jamais ? Pour une humanité décevante qui ne fera que le rejeter ? Peut-être justement pour ses raisons, qui rejoignent le service ultime d’un Champion : celui de se battre pour le salut du monde, sans jamais rien recevoir en retour, ou alors seulement du rejet - un thème déjà très Jack Bauer - Connor nous apporte une réponse similaire lors de la scène avec Cordélia : l’unique raison de vivre de son père est de se battre, de lutter, c’est son seul droit. Ce destin cruel sans repos, et pessimiste est bien rendu par David Boreanaz, où derrière les flots de vannes que son personnage envoie au Gardien du Mot, se dissimule à peine une souffrance inapaisable. Connor nous a souvent agacés, mais Fury lui concocte un magnifique monologue rageur et amer sur la valeur du mensonge. Le twist retentissant voyant Connor ayant toujours vu Jasmine comme elle l’est s’explique avec beaucoup de justesse : contrairement à Angel Investigations, il a été élevé dans une dimension démoniaque où tout n’est qu’apparences. Il voit au-delà de cela, et a vu que derrière l’apparence démoniaque se cachait l’authentique Sauveuse du Monde. Mais Connor est un homme (bon, il a une essence de démon, mais là je chipote) et lui-même a du mal à lutter contre cette face de laideur qui prend le dessus sur l’amour de Jasmine. Ses tourments existentiels - vie bâtie sur un empilement de mensonges - l’ont rendu méfiant et fermé à toute source de joie, et c’est aussi pour cela qu’il est impuissant à ressentir l’amour infini de Jasmine. Vincent Kartheiser nous a rarement convaincus, mais on voit pas ce qu’on peut lui reprocher dans sa scène centrale, où il resplendit de fureur, de chagrin, et d’amertume ; on ne peut que s’incliner. Jasmine est dramatisée à point : Puissance Supérieure devant recourir à un masque adorable pour se faire aimer. Que ce masque se brise, et l’aveuglement des hommes prend le dessus : ce qui est « laid » est forcément maléfique. Quand Angel brise le charme, il a un peu le mauvais rôle, et Jasmine, qui aime (mais mal) ce monde, est dans une grande souffrance d’avoir échoué - inoubliable Gina Torres, parfaite dans son ultime aria. Jasmine pose une question immortelle sans réponse : faut-il sacrifier quelques milliers d’innocents pour sauver des milliards d’êtres humains, qui vivraient dans un nouvel Eden ? Angel, farouche partisan du libre-arbitre humain, déclare que le bonheur ne peut être vendu contre la vérité. Tout homme doit choisir son destin, même s’il est malheureux, car il ne serait plus un homme si on le forçait à être heureux, il ne serait qu’une marionnette. Il est intéressant de se dire dans cette situation What would Buffy do ? Mais plus encore What would I do ? Accepterions-nous de ne plus contrôler nos vies et d’avoir un bonheur sincère et plein (et non artificiel comme les tromperies de Big Brother), ou choisirions-nous la lutte douloureuse, mais assumée ? L’esprit de tragédie totale figure ainsi dans la décision de Connor de se séparer définitivement du père. Sans doute Connor aurait-il souhaité la paix universelle au prix de son libre-arbitre ; privé par son père de cette possibilité, il s’éloigne définitivement de lui. Cette amertume indélébile se retrouve quand il tue Jasmine, qu’il aime, mais sur le point de supprimer Angel. Connor ne peut vouloir la mort d’un père qu’il hait sans retour, car il est l’unique balise qui lui reste dans sa vie. Passées ses considérations métaphysiques, bornons-nous à dire que le duel Angel-Jasmine est musclé à souhait, que Gunn a un sacré coup de pied, et que le cliffhanger est absolument génial, bien qu’hélas stupidement éventé dans les crédits de début d’épisode. Un épisode d’une profondeur sidérante. La critique d'Estuaire44: - You’re not human. - Working on it Peace Out conclue par le haut l’arc de Jasmine. Il se montre à la fois riche en action et ambitieux dans les thèmes abordés, mais n’évite pas le piège de vouloir en faire trop. Ainsi, dans le domaine des péripéties on apprécie de retrouver un Angel en mode Dark Avengers, aussi tranchant dans les combats que dans les dialogues, mais l’ultime combat contre Jasmine abuse des destructions de décors en carton parte et des cabrioles diverses et variées. La création en images de synthèse de l’univers des insectes accuse également son âge. Il s’avère également maladroit de montrer Gunn démolir la cage qui avait résisté à Angelus. On en comprend guère pourquoi Jasmine celui qui, somme toute, est son grand père. Brillamment dialogué, l’opus n’hésite pas à aborder de grands concepts enrichissant son récit, comme la relativité du Bien et du Mal face à une logique froide, l’importance du libre arbitre dans la nature humaine et le prix à payer pour cela, ou bien encore, entre autres, le pouvoir manipulateur de la télévision. On apprécie particulièrement le retour des thèmes clefs de la série : les failles existentialistes d’Angel et son difficile rapport à l’une Humanité dont on peut douter qu’elle vaille la peine d’être sauvée. En méta récit les auteurs nous signifient sans doute qu’après les errements de la saison 4, la série va redevenir elle-même. Malheureusement Peace Out paie l’addition de Sacrifice, épisode globalement inutile et qui l’aura empêché de se constituer en double épisode, comme son sujet le méritait et le nécessitait. Les thèmes se voient donc trop rapidement abordés mais guère approfondis, jusqu’à se bousculer. C’est particulièrement vrai pour Connor, dont le comportement évolue trop précipitamment pour ne pas résulter erratique, alors même que Vincent Kartheiser s’était enfin montré capable de défendre une belle scène, aux côtés de Cordelia.
Scénario : Tim Minear Réalisation : Tim Minear *Cet épisode connaît une suite dans le double épisode final de Buffy contre les vampires 7.21/7.22 : La fin des temps. Lilah revient provisoirement de l’enfer pour faire à Angel une offre surprenante : lui remettre les clés de Wolfram & Hart !!! Motif de cette offre : en tuant Jasmine, ils ont rétabli le chaos dans le monde, et donc sont dignes de posséder le cabinet ! Angel Investigations accepte de faire un tour d’horizon au sein du cabinet remis à neuf, et aux salariés bien vivants. Angel, méfiant, est sur le point de décliner l’offre lorsqu’il apprend que Connor, totalement déboussolé, a pris un magasin en otage et a attaché des ceintures d’explosifs autour des otages, mais aussi sur lui-même !… La critique de Clément Diaz: La saison 4 d’Angel se termine d’une manière similaire à la saison 4 de Buffy : les arcs de la saison sont bouclés dans l’avant-dernier épisode, et le dernier épisode constitue un final « à part », préparant nos personnages à la saison suivante via une épreuve purement psychologique. Tim Minear, de retour après l’injuste annulation de Firefly, transpose l’éternelle situation du Pacte avec le Diable, ici d’autant plus forte que le mystère entourant Wolfram & Hart demeure. Le sacrifice final d’Angel est un superbe moment de la série, étant simultanément un happy end et un sad end. Le scénario de Minear rend hommage à la fabuleuse Lilah Morgan, qui trouve l’occasion ici de synthétiser toutes les facettes de son personnage, de nous rappeler combien elle fut fondamentale au show : séduction mutine, perversité sous-jacente, ironie acide, domination psychologique, mais aussi quelques fibres d’émotion sincère, son affection non feinte pour Wesley, son sentiment d’emprisonnement dans une prison qu’elle s’est elle-même forgée. Stéphanie Romanov est la lumière de cet épisode, et l’on enrage d’autant plus son départ définitif de la série. La scène où elle fait sa surprenante offre, qui entraîne un silence quasi délirant de 40 secondes - superbe idée de mise en scène - est très jouissive à regarder : à la défiance stupéfiée d’Angel Investigations, répond le flegme mi-flippant mi-hilarant de l’avocate. La question quant à accepter le pacte agite tout l’épisode : peut-on se servir des armes du Diable pour le Bien, et surtout acceptera-t-on d’en payer le prix s’il y’a un prix à payer ? Après le dilemme éthique de Jasmine, les auteurs se surpassent à fourrer nos héros dans des eaux toujours plus troubles. A part le mystère Gunn (que s’est-il passé dans la Chambre Blanche ?), Fred, Angel, Wesley, et Lorne ont devant eux ce tout ce qu’ils désirent : un laboratoire de pointe pour Fred, toute la connaissance démonologique pour Wesley, une division chants et divertissement pour Lorne, et tout l’attirail du parfait PDG pour Angel, qui questionne avec soin le balancement entre sa croisade purement philanthropique, et la logistique de grande entreprise privée qu’on lui propose. Tandis que Fred et Lorne sont enchantés, Wesley n’est ici que dans un but sublimement altruiste. Sa scène avec Lilah resplendit de force et d’émotion, et l’on peut voir sur le visage de l’avocate le regret et les sentiments qu’elle éprouve alors pour le bel acte de Wesley. Hélas, Wesley ne peut obtenir sa rédemption, car Lilah, en toute connaissance de cause, s’est lancée dans une voie sans retour. Cet échec pour Angel Investigations est d’autant plus amer que si elle n’avait pas été tuée par Jasmine, on aurait pu supposer un retour dans la lumière. Fatalité… Les échanges Lilah-Angel, très screwball comedy - la romance en moins - sont une parfaite transposition de Faust et Méphistophélès : à ceci près que ce dernier ne demanderait rien en retour. Peut-être nos héros n’ont-ils pas besoin du diable pour chuter dans les ténèbres ? Se corrompent-ils s’ils acceptent l’offre ? Cette question tient encore après l’épisode. Si on a du mal à avaler le coup de folie de Connor - décidément le boulet parfait, on serait même prêt à l’échanger contre 2 Dawn - il faut reconnaître que Vincent Kartheiser accomplit une superbe prestation en maniaque suicidaire. Son duel face à Angel est aussi explosif dans leurs échanges que dans leurs empoignades. Le dernier sacrifice d’Angel est peut-être son plus bouleversant, et rejoint celui de I will remember you (saison 1) : la preuve d’amour par excellence. Cet happy end pour Connor est un déchirement pour Angel qui n’a plus qu’à s’enfoncer dans la nuit. Un superbe final, et un superbe prélude pour la saison 5. La critique d'Estuaire44: - Goodbye Mr. Sunshine. Hello Gloomy Avenger ! Tout comme le Restless de la saison 4 de Buffy contre les Vampires, Home s’en vient conclure la saison 4 de manière originale et décalée. Toutefois l’ambition apparaît ici considérablement rognée, puisqu’il ne s’agit pas de créer un épisode tout çà fait singulier et hors normes, mais essentiellement de placer en fin de saison le pilote de la suivante. Le procédé de la visite guidée permettant de découvrir en long et en large le nouveau décor central d’une série s’effectue ici efficacement, même s’il n’est pas foncièrement original. Les différents segments s’avèrent d ‘un intérêt inégal, celui de Lorne étant hélas inexploité et celui de Fred relevant d’une Science-fiction hors sujet ici. De plus Jonathan Woodward compose un personnage trop similaire au récent Webster de Conversations With Dead People (Buffy), pour que cela ne soit pas gênant. Mystérieux à souhait celui de Gunn se montre prometteur tandis que, comme si souvent cette saison, Wes assure le spectacle (dommage que l’on ne fasse pas davantage connaissance l’intéressante figure de l’Observateur renégat). Angel demeure évidemment au centre de l’action et a la bonne idée de décharger la saison suivante de la résolution du cas Connor, toujours aussi boulet. Fort heureusement, on sort de ces entiers battus grâce au mémorable twist de la tonitruante prétendue « reddition » de Wolfram & Hart Los Angeles. Ce magistral renversement de situation renouvelle profondément la série et se voit astucieusement révélé durant le générique, avant une séquence silencieuse tout à fait hilarante (Whedon tire toujours le meilleur parti du muet). Mais le grand atout de l’opus réside avant tout dans le cadeau aussi somptueux qu’inattendu qu’il nous offre : un ultime Lilah Show, absolument irrésistible. Home nous régale d’un brillant condensé des qualités d’antagoniste de la dame, avec une Stéphanie Romanov visiblement décidée à faire date pour cet ultime récita : manipulatrice redoutable, langue de vipère grand train (mais au registre plus malicieux que sadique à la Angelus), toujours aussi rétive à la auto complaisance et à la crainte, Lilah apparaît à son zénith, telle qu’elle s’est progressivement dessinée au cours de sa carrière au sein de la Firme. Ce panache de chaque instant, qu’Ève ne parviendra jamais à égaler n’étouffe pas la dimension sentimentale du personnage, avec de nouvelles scènes fortes et émouvantes avec Wesley.
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Saison 3 2. Le Martyre de Cordelia (That Vision Thing) 3. Le Sens de la mission (That Old Gang of Mine) 4. Dans la peau d'Angel (Carpe Noctem) 13. Les Coulisses de l'éternité (Waiting in the Wings) 16. Bonne nuit Connor (Sleep Tight) 18. Quitte ou double (Double or Nothing) 19. Le Prix à payer (The Price)
Scénario : David Greenwalt Réalisation : David Greenwalt Angel revient à Los Angeles après trois mois de pèlerinage dans un monastère Sri-Lankais pour surmonter la perte de Buffy. Pour son retour au bercail, Angel tue la cheftaine d’un groupe de vampires, se rendant compte trop tard qu’il s’agit d’Elisabeth, une ancienne compagne de tuerie au XVIIIe siècle. Fou de rage et de douleur, James, son amant, est décidé à se venger d’Angel… La critique de Clément Diaz Pour ouvrir cette troisième saison, David Greenwalt nous parle d’amour, d’amour fou. Il croise intelligemment les croyances et les réactions des deux vampires face à ce sentiment séculaire. Sur cette base, il brode une haletante course-poursuite tout en semant les graines de cette saison : tournant dans les relations du Fang Gang, Cordélia en route vers son destin d’héroïne, Fred dans l’équipe, Darla et sa « surprise », vendetta sans merci, etc. Une ouverture dense, émouvante, et complète. Le premier acte, amusant, plante le décor en attendant le démarrage de l’intrigue : nous voyons Wesley et Gunn et leur virile amitié, Cordélia toujours désopilante bien que plus mature dans son attitude, Angel bastonnant des moines maléfiques à la Kill Bill, et une Fred toujours dans sa folie douce. Amy Acker est irrésistible en fofolle. Si le vieux coup du gars qui en a après le héros (et Dieu sait combien la saison va jouer sur ça !) n’est pas nouveau, ici, il est intéressant par leurs psychologies. Là où Angel a cherché une guérison spirituelle pour surmonter la mort de Buffy, James s’abîme dans une vengeance suicidaire. Les superbes flash-backs en costumes en disent long sur son amour paroxystique de ses amours envers Elisabeth. Il ne vit que pour elle, et choisit de mourir pour la rejoindre. Décidément, les amours vampiriques sont toujours très maximalistes ! Le final du métro, en plus de son adrénaline, confronte les choix de vies de James et Angel : le premier a vécu plus pleinement et richement sa vie, mais n’avait qu’une seule raison de vivre, qu’un petit pieu a suffi à volatiliser, le deuxième a accepté que ses sentiments amoureux ne remplissent pas tout son cœur, cherchant également une voie pour lui-même, une voie de rédemption et de justice. Avec subtilité, l’égocentrisme d’Angelus devient une attention équilibrée à son propre bien personnel chez Angel. Pendant ce temps, Lorne chante et on se met à genoux ; on retrouve avec plaisir le punching-ball Merl qui n’arrive jamais à imposer ses conditions d’indic. L’on voit aussi une Cordélia très consolatrice envers Angel, qui s’ouvre plus avant à elle. Ce rapprochement intrigue mais creuse davantage les personnages. Le twist final de Darla est un gros coup de poing. Ouhlàlà, ça sent les emmerdes… Super ! La critique d'Estuaire44
- This your idea of love, James? It's not real unless it kills you ? - Yeah, what's yours? "It's fun as long as it doesn't cost me anything?" You don't know what love is. You think you won because you're still alive ? I lived. You just existed. Avec Hertthrob, Greenwalt impose sa marque à la nouvelle saison, intervenant à la fois comme réalisateur et comme auteur. Il parvient ici à satisfaire à un cahier des charges particulièrement chargé. Les nécessités traditionnelles d’un pilote de saison concernant la mise en place de la nouvelle période se voient traitées efficacement, avec le twist retentissant de la grossesse de Darla, les souffrances de Cordy mais aussi la présentation d’Holtz à travers un flash back une nouvelle fois réussi. Les tenues d’époque vont toujours aussi bien à nos héros, même si l’on peut regretter, de manière quelque peu cocardière, que Marseille ne soit pas davantage mise en scène dans un décor restant très interchangeable. D’emblée Holtz impressionne par sa présence et l’intensité déjà tragique de sa haine, exprimée avec talent par un Keith Szarabajka évitant la grandiloquence. Fred commence timidement à prendre sa place au sein de l’équipe, tandis que la gestion de la disparition de Buffy s’effectue habilement, même compliquée par des diffuseurs désormais distincts et les problèmes de droit attenant. La thématique de l’histoire du jour trouve ainsi une résonnance particulière en interrogeant en miroir Angel quant à la nature exacte de sa relation avec Buffy. Deux visions de l’amour se confrontent, entre lui (ne résumant pas son existence à l’être aimé) et James (ne vivant qu’a travers elle, sur un mode très Twilight et plus juvénile). Angel réagit d’ailleurs comme Buffy elle même, qui, après un moment de faiblesse en début de sa troisième saison avait su trouver la force de poursuivre son existence et son combat. L’auteur laisse toutefois le dernier mot à James, permettant au spectateur de choisir son camp. Episode habile, Heartthrob souffre néanmoins de la comparaison avec Somnambulist la précédente intervention d’un Vampire issu du passé d’Angel, récit davantage virtuose et complexe, questionnant encore plus intimement notre héros.
2. LE MARTYRE DE CORDELIA Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Bill Norton Les visions de Cordélia empirent à un point critique : son corps reçoit des dégâts physiques causés par les monstres qu’elle voit en visions ! Angel Investigations se mobilise pour comprendre pourquoi les Puissances Supérieures infligent un tel supplice à leur collègue. A moins que la vérité ne soit tout autre… La critique de Clément Diaz Cet épisode marque l’entrée en scène de Jeffrey Bell, scénariste-clef qui sera showrunner de la série durant la deuxième moitié de la saison 4, coécrivant et réalisant également l’épisode final. Bell montre derechef sa compréhension de la série et ses talents d’écrivain. On ne s’étonne donc pas que Whedon lui ait donné une place dans son « gang » (il sera de nouveau de la partie pour Agents of S.H.I.E.L.D). L’introduction choc laisse place à une enquête un peu décevante, avec une course au trésor peu mémorable, McGuffin uniquement destiné à préparer le troisième acte. Le pastiche de combat de Kung-Fu est drôle, mais le montage confus enlève de sa saveur. L’intérêt se porte logiquement vers Cordélia. Queen C ne fait pas seulement face contre son terrible maléfice, mais aussi à un conflit intérieur (une habitude chez Whedon) : elle ne rêve que d’être débarrassée de ces visions douloureuses, mais veut conserver ce don à la fois pour satisfaire son besoin d’héroïsme, et par peur du rejet de ses amis, car alors, elle ne serait plus qu’un boulet (elle n’a pas les dons d’observation et de cœur du « normal guy » Xander). On est touché du témoignage d’affection d’Angel pas seulement en paroles mais aussi en actes (son lancer de barre de fer). Le Scooby fait front autour d’elle, même le valeureux Lorne qui n’a pourtant rien demandé, et surtout pas un vol plané de 20 mètres. Lindsey parti, cela signifie place nette pour Lilah Morgan. Stéphanie Romanov peut donc accroître son aura de Némésis, ricanant des efforts de ses associés et manipulant même Angel. Quelle délicieuse opposition, entre charme glacé et cerveau diabolique ! Quant à Darla, elle et sa « surprise » comptent bien rendre visite à Angel, on s’en régale d’avance… La séquence de la dimension infernale a ce décalage hilarant typiquement Whedonien : au lieu de s’entretuer direct, Angel et le garde causent tranquillement pendant trois minutes avant de se friter. On voit à quel point Angel est prêt à risquer le pire pour sauver ses amis. L’évolution depuis le solitaire de la saison 1 est manifeste ! La caution humour est assurée par Freddy, sourire extra large et débit ultrarapide de paroles insensées et déphasées. Amy Acker a toujours l’air d’avoir humé un mélange d’opium, d’héro, de LSD, d’ecsta, de coke, et d’acide (non dilué), quel spectacle ! La critique d'Estuaire44 - So, ah, you live in here, Skip? - No. I commute. It's not too bad - about twenty minutes. That Vision Thing n'apporte pas grand chose de nouveau sur Angel Investigations, mais achève tout de même de planter le décor de ce début de saison, cette fois du côté des adversaires. Gavin s'impose doucement mais sûrement comme étant davantage d'une négligeable menace pour Lilah. Ayant vu son destin scellé par le départ de Lindsey, la belle avocate se lance à corps perdu dans la seule voie lui demeurant, se dévouer totalement au Mal, le Cursus Honorum assurant son succès chez Wolfram & Hart. Lilah passe donc logiquement à un niveau supplémentaire de cruauté et de machiavélisme, assumant son état. Stephanie Romanov joue avec délectation cette partition, tout en demeurant délicieusement féminine. Pour le reste la galerie de créatures assure le spectacle; Skip amuse évidemment beaucoup par son ôté ultra décalé mais aussi par son aspect ultra démoniaque ripoliné au LSD. Le télépathe se montre également spectaculaire avec sa touche onctueuse de Gore mêlée à une avidité assez juvénile. On apprécie son emploi d'un couvre-chef exotique, comme on le sait, les fez sont cools. A défaut d'une profondeur particulière, le récit brille par on aspect visuel, avec les maquillages spectaculaires de Cordy et l'abominable fosse infernale, mais aussi l'exécution impitoyable du télépathe par Angel, dont il se confirme (s'il en était besoin) qu'il n't pas homme à contrarier impunément. On apprécie aussi sa manière bien à lui de n plus être le patron d'Angel Investigations.
3. LE SENS DE LA MISSION Scénario : Tim Minear Réalisation : Fred Keller Plusieurs massacres de démons, indifféremment bons et mauvais, ont été perpétrés. Gunn soupçonne qu’il s’agit le fait d’un gang de tueurs de démons, dirigé par un vieux complice arrivé depuis peu à Los Angeles. Il hésite à en parler à Angel Investigations, une hésitation qui vaudra à ces derniers d’être retenus en otages… La critique de Clément Diaz: Tim Minear reprend un thème déjà évoqué dans Are you or have you ever been ? (saison 2) : le fanatisme idéologique, rejeton de l’ignorance aveugle et bête. Il utilise une efficace situation de prise d’otages, qui devient un débat sur cette affaire en cours. Le tout en ne perdant pas de vue une tension explosive bien réelle (qui manquait à l’épisode de l’hôtel maléfique). Malgré un premier acte très lâche, l’épisode offre d’excellents numéros : Gunn face aux conséquences de sa « loyauté divisée », Angel toujours aussi « sacrificiel », et plus surprenant, l’éveil de Fred. R.I.P Merl, sympathique démon punching-ball transformé en confettis. S’il ne se passe pas grand-chose pendant le premier quart d’heure (Gunn chez Angel, chez le gang, chez Angel, chez le gang…), Minear expose d’entrée des motifs éthiques : Gunn ne comprend pas l’utilité de l’enquête en cours, non imposée par les Puissances Supérieures (Cordy apprécie d’arrêter le Doliprane). Son préjugé contre les démons lui fait voir le monde sous un jour manichéen - déjà le thème du pilote de la saison 2 - Minear se grise de renverser les clichés en montrant des démons inoffensifs face à des humains barbares. Cette parabole trouve son aboutissement lors de la formidable prise d’otages d’Angel Investigations. Le suspense est toutefois gâché par la performance outrée et irritante de Khalil Kain ; et la ficelle qui veut que le sortilège protecteur de Lorne ne concerne pas les humains est assez grosse. Mais pour le reste, on apprécie Gunn déchiré entre « son » gang et sa féodalité envers Wesley. Son irrésolution finale permet une coda pleine de doute et d’amertume : Gunn n’est pas encore prêt à faire son choix de loyauté. On admire Angel prêt à se sacrifier pour éviter le bain de sang, mais plus encore le coup d’éclat de Fred, au courage insubmersible. Amy Acker fait vibrer le cœur du fan, tout en donnant toujours l’impression d’être sous trip acides. L’actrice débutait peut-être, mais quelle solidité de jeu ! La fin de Gio fait penser non sans humour à celle de Snyder lors de Graduation Day. Deux notes de burlesque : Cordélia rendant visite aux trois furies… assez excitées, une scène totalement décalée ; ça fait très Charmed (voire Xéna en mode délire). Et puis Fred la folle qui chante au Caritas Crazy, I’m crazy (!!!!!), c’est juste mythique. La critique d'Estuaire44: - Crazy. I'm crazy for feelin' so lonely. I'm crazy... - I swear to God, She picked out the song herself. On pourrait considérer que That Old Gang of Mine représente une exploitation sensationnaliste et hyper violente de l'ancien groupe de Gunn, un thème déjà passablement éventé en cette troisième saison. Toutefois le traitement montre de vraies qualités, notamment une parabole, certes transparents, mais aussi bien trouvée concernant les périls du racisme mais aussi des groupes d’auto défense, comme portes ouvertes sur tous les excès imaginables. L’utilisation de Caritas comme scène de l a confrontation apporte beaucoup à l’opus, de par sa dimension profanatoire, mais aussi par l’aspect d’arène qu’il prend naturellement dès le massacre initial. Un parfait décor pour une seconde partie très théâtrale, au meilleur sens du terme. Toutefois le propos se voit en partie plombé par des antagonistes volontiers caricaturaux, un élément accentué par le manque de finesse de leurs interprètes cabotinant sans génie. Comme souvent chez Whedon l’humour relaie par contre efficacement le drame, avec notamment la séquence hilarante des excuses si sincère des excuses d’Angel, la chanson Crazy choisie par Fred, ou l’apparition hollywoodienne et sexy de Furies n’ayant que peu de rapport avec celles du Panthéon ! En concomitance avec son principal discours le récit s’intéresse également aux personnages, avec notamment une Fred toujours davantage drôle et attachante (et prenant quelques des allures plus légère de la River Tarn de Firefly). Le flottement de Gunn et la réaction en acier trempé de Wes apportent une intensité dramatique supplémentaire, à travers une nouvelle crise au sin d’Angel Investigations ; la série affirme sa personnalité propre, car, s’il y a eu des tiraillements au sein du Scooby Gang, on n’y a jamais entendu de pareils propos. Angel emporte l’affaire avec son héroïsme mais aussi sa noirceur réaffirmée, notamment lors de sa déclaration finale, emblématique du personnage (You'll prove I can trust you when the day comes that you have to kill me - and you do).
4. DANS LA PEAU D'ANGEL Scénario : Scott Murphy Réalisation : James A. Contner Angel enquête sur un homme qui s’est évanoui en ne laissant que sa peau derrière lui ! Cela le conduit dans une maison de retraite où Marcus, un vieil homme, récite une formule magique : aussitôt, un échange de corps se produit !! Marcus profite à fond du corps d’Angel, accumulant les gaffes sous les yeux d’Angel Investigations. Enfermé dans un vieux corps, Angel est lui, prisonnier, de la maison de retraite… La critique de Clément Diaz: Après le This year’s girl/Who are you ? de la saison 4 de Buffy, Whedon s’implique de nouveau dans une histoire de changement de corps à la Who’s who ? des Avengers. Scott Murphy traite évidemment l’histoire sur un mode comique, une rareté dans Angel. Il n’y a pas à s’en plaindre, car même si l’épisode manque de folie, le faux Angel cause gaffes, bévues, et boulettes plus vite que son ombre. David Boreanaz prend un malin plaisir à se parodier jusqu’à l’absurde, surtout dans le registre dragueur lourd. La pointe d’émotion finale rehausse encore le niveau de l’épisode. On regrette qu’Hannah Baxter ne soit pas l’une des escorts de l’introduction, on aurait eu droit à un crossover de légende avec Secret Diary of a call-girl, même si la meilleure escort de l’histoire de la télévision a eu droit aussi à son épisode « vampirique ». Lilah compte rendre visite à Angel, Fred a un big crush pour le bô Angel (Amy Acker est encore plus déchaînée, c’est jouissif), Cordélia demande à Angel de mettre les choses au point mais ne se prive pas de flirter avec des bodybuilders en pleine enquête. Queen C a toujours eu un sens aigu des priorités. Dès que le changement de corps se produit, ça part en live. En plus des tentatives ratées d’Angel de s’échapper, on se fend la pêche par les tentatives de séduction totalement nazes du faux Angel envers Cordy et Fred : phrases toutes faites, tête de con, tchatche vide, David Boreanaz se fait plaisir, et c’est communicatif. Le sommet est cependant quand il drague nul autre que Lilah Morgan !! Aussi énorme que Drusilla vampant Xander dans le Bewitched, Bothered, and Bewildered de Buffy ! En plus du burlesque de la scène, on se demande ce que ressent la perverse avocate : se donne-t-elle pour faire apparaître Angelus, ou a-t-elle réellement un désir pour le beau vampire ? Stephanie Romanov, sensualité et mur de glace mêlées, déchaîne l’enthousiasme. Le faux Angel gaffe souvent en présence de ses « amis » qui ne le reconnaissent pas tout en essayant de « conclure » sans succès. Dommage qu’on ait pas vu Angel sortir en plein jour ou le Fang Gang s’assommer en apprenant l’incartade Lilah… L’émotion pointe son nez quand Angel avoue publiquement que ce qu’il a de plus cher au monde, ce sont ses quatre amis. On se quitte sur Angel consolant Fred, et le fameux coup de fil de Willow qui donnera lieu aux retrouvailles Buffy-Angel, dont on ne saura jamais la teneur. Un épisode modeste mais bien drôle. La critique d'Estuaire44: On pourra difficilement louer l'originalité du sujet de Carpe Noctem, l'échange de corps demeurant l'un des marronniers des séries relevant de la Science-fiction ou du Fantastique. Le Buffyverse y a d'ailleurs déjà eu recours lors du tonitruant retour de Faith (Who Are You ?), mais aussi, déjà, lors de l'un des tous premiers épisodes de cette série, Witch. A l'instar du Dreamland des X-Files, le récit opte ici franchement pour la comédie, à travers ds rouages éprouvés relevant souvent de la meilleure tradition du Vaudeville. Parfaitement relayé par un Boréanaz que tout ceci amuse visiblement beaucoup, l'auteur Scott Murphy manifeste de l'astuce autour d'"Angel" possédé par le voleur de corps. Il tire le meilleur parti du relationnel particulièrement riche édifié par la série autour de son protagoniste. Y compris avec une Lilah Morgan, qui parait ici tomber le masque, mais on ne jurera pas qu'elle agit sans arrière pensée, on a appris à connaitre la donzelle. Néanmoins Murphy choisit d'ignorer une faiblesse majeure de scénario, le fait que Marcus ne se rende pas immédiatement compte qu'il n'est plus dans un corps humain. Absence de respiration, de battements de cœur,etc., la confusion dure trop pour ne pas apparaître artificielle. L'épisode trouve cependant un second souffle en ne négligeant pas le volet plus sensible d'Angel prisonnier d'un corps en bout de parcours, avec notamment l'émouvante rencontre de la fille de Marcus. Au détour d'un rebondissement relevant là aussi du Vaudeville, il situe astucieusement Fred au centre de l'action. Décidément la narration de sa progressive affirmation tient lieu de semi fil rouge à une saison dont le sujet demeure encore dans les coulisses. Au total la série réaffirme la solidarité des membres d'Angel investigations, jouant joliment du chaud et du froid avec l'opus précédent. Malgré l'amusement ressenti au fil du récit, on sent malgré tout qu'il est temps que le thème principal de la saison... prenne corps.
5. LES DÉMONS DU PASSÉ Scénario : Mere Smith Réalisation : Marita Grabiak Bombshell à Angel Investigations : Roger et Trish Burkle recherchent leur fille Fred dans le but de la ramener chez eux ! Malgré leur attachement à elle, Angel, Gunn, Wesley, et Cordélia acceptent de la laisser partir, mais Fred a surpris les événements, et, ne voulant point revoir ses parents, s’est enfuie. Pendant ce temps, un insecte géant semble surveiller de près Angel Investigations… La critique de Clément Diaz: Angel recycle quelque peu les thèmes de Buffy. Après le changement de corps, l’épisode en question évoque Family où Tara est confrontée à ses parents. Malheureusement, la comparaison n’est pas heureuse pour Fredless. La visite des parents de Fred ne débouche sur aucune tension, le happy end est beaucoup trop facile, très loin de l’émotion bouleversante de Family, et l’histoire monster-of-the-week est piètrement écrite. Mere Smith évite toutefois le zéro pointé grâce à l’humour, et en se reposant à juste titre sur la fantastique Amy Acker, dont le personnage franchit un nouveau palier dans sa vie. On comprend que Whedon ne voulait pas copier son précédent opus avec une famille indigne comme celle des Maclay, mais l’option choisie demeure médiocre. Le duo parental reste périphérique à l’action tout en occupant presque chaque scène. A part inquiétude et amour paternel, ils n’apportent rien. L’histoire des œufs de démon est non seulement tirée par les cheveux, mais indépendante du reste de l’histoire, servant seulement de McGuffin pour la scène finale. Aucune des deux histoires ne peut donc se développer pleinement. On préférait quand Whedon mêlait l’intrigue familiale et l’intrigue fantastique. Le revirement final de Fred est trop « miraculeux » pour qu’on y croit. Le Fang Gang n’est pas assez mobilisé pour permettre l’émotion de s’installer, y compris dans les scènes-clés des adieux et des souvenirs. Le look du monstre est si peu pratique que Marita Grabiak doit multiplier les tics irritants de caméra pour faire illusion (accélérations gratuites, montage confus, effets spéciaux mal incrustés). Rien ne marche vraiment, si ce n’est Amy Acker, grandiose d’un bout à l’autre. Elle sait montrer chaque émotion sous l’armure de folie douce de Fred. Témoin, la scène de retrouvailles où elle se libère enfin de cinq années de souffrance. On aime aussi son brillant enchaînement de déductions, et le gag du lance-haches. La coda est toutefois trop précipitée, alors qu’on était dans la situation opposée cinq minutes avant. Alors, en plus de Fred, on se console avec quelques pépites d’humour comme une scène chez l’impayable Lorne (en peignoir !!) ou l’hilarante introduction voyant Wesley et Cordélia parodier l’histoire d’amour Buffy-Angel sans se rendre compte de la présence de ce dernier. Quelques perles dans un scénario embourbé. La critique d'Estuaire44: - It turns out massacres are a lot like sitting through Godfather III: once is enough. Fredless tombe à point nommé pour apporter une coda à l’évolution et affirmation de Fred, qui auront tenu lieu de fil rouge à ce début de saison, avant que cette dernière ne trouve son sujet principal avec le retour de Darla. L’opus revêt quelques aspects communs avec le Family de Buffy contre les Vampires, mais diffère néanmoins sur les points clés du récit. Il en va bien entendu ainsi à propos de la personnalité des adorables parents de Fred, aux antipodes des dégénérés de Tara. Outre une jolie composition de deux comédiens vétérans, ils permettent au scénario d’introduire une jolie astuce. Leur paisible normalité apparaît en définitive comme étrange au sein de cet univers fantastique hors normes (sinon fantasmé…) que demeure le Buffyverse, où tant de protagoniste connaissent des relations pour le moins difficiles avec leurs parents. Il reste très amusant d’observer les membres d’Angel Investigations sentirent que quelque chose ne va pas chez ces braves gens, sans parvenir à mettre le doigt dessus (poussé à l’extrême cela pourrait devenir un bon sujet pour Rod Serling). L’épisode déroule joyeusement là dessus, en les confrontant à quelques uns des monstres les plus over the top découverts depuis le début de la série. diffère également de son alter ego de Sunnydale par la place accordée à sa protagoniste. Tara était émotionnellement au cœur des débats, mais, assez passive, ne figurait vraiment au centre d’une action en définitive résolue par le plus improbable des Paladins, Spike. Ici l’opus prend un parti-pris jusqu'au-boutiste, audacieux mais parfaitement abouti : tout l’épisode repose sur Fred, y compris sa résolution factuelle. Les quelques scènes où elles ne figurent pas sont pu destinées à ses parents ou plaisamment anecdotiques (comme l’imitation acidulée d’Angel et de la patronne). Pour le reste, tous les membres évènements et les membres d’Angel investigations (y compris Lorne) ne prennent place qu’au service exclusif de la jeune femme, mettent en exergue sa lumière. Cela pourrait sembler déséquilibré, mais cela fonctionne car l’épisode devient de fait un véhicule destiné à une actrice absolument magique nommée Amy Acker, au talent déjà entier. Elle dévore toute l’image par sa sensibilité, son talent et son aura, en un fabuleux récital. On assiste au fabuleux spectacle d’une nouvelle venue effaçant littéralement des comédiens talentueux et installés de longue date. On connaît peu d’exemples d’une survenue aussi magistrale (peut être récemment Misha Collins dans Supernatural) et c’est l’immense mérite de Fredless (excellent titre original) que d’avoir osé jouer cette carte comme elle le mérite. Amy Acker brille ainsi lors de l’ultime scène, où l'amateur des Avengers s'amusera de constater un parallèle avec la peinture murale exprimant le sentiment de son auteur, avant d'être également recouverte (The Hidden Tiger). Fred dit adieu au rêve éveillé du Héros surgissant soudain pour la sauver du trépas et, sur son destrier, la conduire vers la liberté. Un moment non dénué d'amertume mais sans doute une étape nécessaire de son épanouissement dans le réel.
Scénario : Tim Minear et Jeffrey Bell Réalisation : David Grossman Billy, le jeune homme qu’Angel a dû libérer de sa prison infernale (cf. épisode Le martyre de Cordélia) fait parler de lui en étant toujours sur les lieux lorsqu’un homme s’en prend violemment à une femme. Angel et Cordélia enquêtent chacun de leur côté pour le retrouver. Malheureusement Wesley a lui aussi été « contaminé » par Billy, et commence à s’en prendre à Fred… La critique de Clément Diaz: Cet épisode malin repose sur les relents enfouis de misogynie au sein du mâle humain. Derrière cette allégorie sombre et subtile, les auteurs développent une double histoire croisée dont les segments ont leur lot de suspense effréné. Un épisode solide, qui ouvre également d’autres fenêtres sur Wesley et Lilah Morgan. Billy n’incarne pas la misogynie en elle-même, il n’est que révélateur de ce penchant caché chez les hommes « civilisés » d’aujourd’hui ; moins une dénonciation (même si évidente chez un féministe tel que Whedon) qu’un constat sur les faces les plus sombres de l’homme. Si on pouvait attendre plus du fameux Billy, Justin Shilton incarne très bien sa suffisance prétentieuse. On se réjouit positivement quand il mord la poussière. Cordélia prend son indépendance, en allant au charbon toute seule, dégainant arbalète avec conviction. Sans devenir une néo-Buffy, la cheerleader superficielle s’efface derrière l’héroïne, même si elle reste toujours incollable en mode et en mascara, comme dans le mythique interrogatoire de Lilah. Parlons-en de la Lilah : oui, elle est une « vicious bitch », mais en tant que femme, a du mal à cautionner les actes de Billy qui salissent l’image de son sexe. Sa scène avec Cordy et son intervention finale deus ex machina fêlent son armure d’acier. Un espoir pour son âme damnée ? Bonne bataille finale, et un twist certes un peu forcé mais efficace. La partie la plus réussie demeure toutefois Wesley qui commence à développer des sentiments pour Fred. Sa contamination apparaît comme la métaphore de l’incompréhension des hommes de la psychologie féminine, de la frustration sentimentale, ici surcompensée par la violence. Bien sûr, c’est aussi un excellent moyen de créer un dernier acte d’une tension frénétique. Cette poursuite dans l’hôtel, hommage évident à Shining, doit beaucoup à l’animosité d’Alexis Denisof, plus convaincant dans ce registre que Nicholas Brendon dans The Pack de Buffy. Lorsque Gunn est à son tour touché, Fred est dans le pire merdier qui soit. On applaudit donc son coup d’éclat, que seule elle pouvait imaginer (on est pas loin de Tex Avery). La triste coda, avec un Wesley totalement effondré, est émouvante. Un excellent épisode à suspense, qui rend hommage aux femmes - comme toujours chez Whedon. La critique d'Estuaire44: - I never hated my victims, I never killed out of anger, it was always about the pain and the pleasure. Billy apparaît comme un loner extrêmement solide, valant notamment pour son discours féministe, évidemment un thème particulièrement cher à Whedon. La mordante dénonciation de la violence sexiste sonne juste, tant elle rencontre encore et toujours de tristes échos dans l’actualité. Le récit rend également un bel hommage à ces dames, chacune des protagonistes de l’opus s’imposant sans nulle aide du Héros providentiel : Fred prouvant qu’elle n’a pas survécu sans raison à Pyléa durant cinq années, Cordy traquant avec succès sa proie mais aussi Lilah, justicière de la onzième heure. Cette dernière s’impose d’ailleurs étonnamment, après son mémorable face à face avec Cordy et s’affranchissant in fine de cette dévotion au Cabinet et à sa carrière, devenue le moteur de sa vie. L’épisode sait éviter toute allure de pensum en demeurant un spectacle à part entière, comme le démontre le parfait hommage à Shining, avec un soudainement angoissant Hypérion revêtant avec un naturel confondant des allures d’Overlook Hotel. Wes a sa manière bien à lui d’entamer sa relation avec Fred, avec un surprenant Alexis Denisof en parfaite association avec Amy Acker. Minear veille aussi à ne pas s’acharner sur Angel lui permettant de briller par des compétences rarement mises en scène (saut, vitesse, odorat de Vampire), variant agréablement des simples prouesses martiales. Le rendre imperméable au pouvoir de Billy car son démon intérieur est encore pire résulte très astucieux. Malgré la bonne composition de Justin Shilton, la seule réserve à propos de l’épisode provient du manque de dimension de Billy, apparaît davantage comme un imbécile prétentieux que comme un adversaire à la hauteur, on est loin de l’aura du Pousseur des X-files, au pouvoir quelque similaire. La démonstration aurait aussi été plus efficace s’il avait été humain et non partiellement démoniaque.
Scénario : David Greenwalt Réalisation : Turi Meyer Wesley et Gunn trouvent un parchemin qui pourrait éclairer le sens de la prophétie Shanshu. Darla débarque à l’hôtel Hyperion, enceinte jusqu’aux dents. Son enfant pouvant être lié à la prophétie, Angel Investigations enquête pour découvrir ce qui va se passer et comment deux vampires peuvent avoir un enfant, ce qui est naturellement impossible. Darla, furieuse et angoissée, pose toutefois pas mal de problèmes… La critique de Clément Diaz:
Après six épisodes de prélude, Greenwalt lance les deux arcs principaux de cette troisième saison (le divin enfant, vengeance d’un fantôme du passé). Le retour de Darla tient ses promesses, chamboulant totalement Angel Investigations, et annonçant un arc prometteur. La montée en puissance de Cordélia et de Fred, et l’effarant cliffhanger participent au dynamisme de cet épisode, véritable début de cette saison. Angel s’intéresse de plus en plus à Cordélia. Leurs scènes pétillent d’humour et d’une plaisante incommunicabilité, on est en pleine comédie romantique, dialoguée avec précision et drôlerie. Cordy montre des aptitudes au combat ; elle évolue ; tandis que Fred devine ce à quoi pense Angel tout en faisant continuellement des calculs compliqués. Folle, courageuse, intelligente, et maintenant psychologue et déterminée, Fred évolue plus rapidement que l’éclair tout en gardant sa spécificité, hourra ! Le cambriolage de Wesley et Gunn mixe high-tech, sens de l’improvisation, et amateurisme hilarant : un bon moment comique. Le flash-back romain prépare la scène finale. Soudain la terre tremble quand Darla réapparaît. Enceinte à s’en éclater le ventre, elle en est que plus dangereuse, pourvoyeuse de gnons (Il est amusant qu’Amy Acker sera elle aussi confrontée à une héroïne enceinte de 8 mois ET super bastonneuse dans la saison 5 d’Alias), courant, et se promenant sans effort. Voilà une image inédite d’une femme enceinte ! Cordélia exprime une compassion envers le calvaire de Darla, pourtant son ennemie mortelle. Mais là où elle parvenait à convaincre Lilah, Darla n’attend que la première occasion pour la mordre. Darla, tout en puissance, en perfidie, inextinguible sanguinaire, est toutefois avant tout une femme blessée, maudissant sa progéniture ainsi qu’elle-même, jusqu’à supplier Angel de la tuer. Ce double visage, Julie Benz le réalise avec un t alent monstre. Sa honte et sa rage culminent lors de son incroyable bataille contre Angel et son stupéfiant twist. La suite promet d’être mouvementée, surtout avec un cliffhanger renversant ! La réalisation de Turi Meyer utilise plusieurs effets spéciaux et changements de photographie assez audacieux. Mentionnons enfin le toujours désopilant Lorne, qui aide Angel en tirant la gueule. Un petit vent de folie souffle avec le retour des trois Furies en chaleur. Au final, l’épisode qui lance la saison avec efficacité ! La critique d'Estuaire44: - Darling, shouldn't we be killing Holtz now ? - I know, but it's just so much fun ruining his life. He's like family now. Offspring permet d'entrer le cœur de la saison, avec l'arrivée d'Holtz et de Darla. Le retour de cette dernière permet de renouer avec l'intensité particulière de la période précédente, avec cette relation toujours si enchevêtrée et enténébrée entre Darla et Angel. Le raccordement entre les diverses prophéties énoncées depuis le début de la série permet de donner toute une cohérence à celle-ci, décrivant une vaste fresque. Cette plaisante sensation d'une authentique supervision du récit se renforce d'ailleurs avec la réaction solidaire de Darla, en écho de son expérience similaire dans Expecting. De plus, Darla n'arrive pas toute seule et il s'avère particulièrement piquant de voir le Héros se réfugier dans le déni face à la quasi panique qui le secoue. La mise réalise quelques jolis coups, notamment lors des visions de Cordy. Évidemment l'humour demeure présent, notamment au Caritas, où l'on retrouve, hélas déjà pour l'ultime fois, les Furies en pâmoison. On ne peut que regretter que nos amies n’y aient jamais eu droit à leur chanson. On vote pour le Vampires Will Never Hurt You, des My Chemical Romance, ou le Vampire Blues de Neil Young. Comme toujours cet élément reste parfaitement dosé et n'entache pas l'impact de la déchirante confrontation entre Angel et une Darla bouleversante, au bord de la folie et aspirant à la mort. A chaque fois que ces deux là sont ensemble, il se passe quelque chose de fort à l'écran, d'autant que les comédiens résultent toujours autant en phase. On reste légèrement moins convaincu par les autres aspects du récit. Le flash back reste réussi et Holtz devient d'emblée une recrue de choix pour la série, grâce à l'imposante prestation de Keith Szarabajka. Mais il s'agit en définitive d'une énième figure issue du passé d'Angel, il ne faudrait pas que cela devienne un procédé répétitif, d'autant qu'un Chasseur de Vampires à la Van Helsing n'a en soi rien d'original. De plus cela entrave la rencontre d'Angel et du Los Angeles contemporain, un fascinant et inépuisable sujet. cela se confirmera par la suite, on reste d'une incrédulité de glace face au développement de la relation entre Angel et Cordélia, que l'on n'imagine pas du tout se lier avec une connaissance commune de Buffy. On a l'impression que l'on sacrifie une belle amitié au profit d'une romance de plus. Tout comme les résurgences du passé d'Angel, il ne faudrait pas que cela devienne mécanique.
Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Skip Schoolnik Daniel Holtz apprend à s’adapter dans ce monde nouveau pour lui avant de commencer sa croisade de vengeance contre Angel. Angel Investigations découvre que beaucoup de monde, y compris Wolfram & Hart, s’intéressent au bébé de Darla et se retrouve bientôt encerclé dans toutes les directions…
Ce n’est pas sans consternation que l’on voit Whedon, fan des X-Files, s’engager dans la même voie narrative des Super Soldats, l’arc mythologique le plus raté de la série de Chris Carter : héroïne enceinte, bébé guetté par tout le monde qui pourrait décider du sort du monde, scènes hospitalières, culte adorateur, prophétie fumeuse… la conjonction forme un Fantastique de bazar caricatural et grotesque. Jeffrey Bell devant présenter tous ces éléments au cours d’un seul épisode, Quickening s’impose sans peine comme un des épisodes les plus pénibles à regarder de la série. Pour présenter toutes les forces en présence, Bell prend 30 minutes (sur 39), refusant donc toute action en cours : discussions interminables du Fang Gang, Wolfram & Hart paniqué par l’événement préparant la contre-attaque, Holtz restant dans son abri souterrain à regarder la télé pour apprendre tout ce qui s’est passé depuis 225 ans, culte adorateur tiré d’un chapeau magique d’auteurs commençant à délirer, et pas dans le bon sens. Linwood Murrow est le remplaçant d’Holland, mais on se demande s’il va être à la hauteur, car il est dénué de sa verve et de sa roublardise, qu’il compense seulement par un humour à froid. La rivalité Park-Lilah ne provoque guère d’étincelles (Lindsey avait plus de gueule). Alors, on essaye de trouver un peu d’humour avec une Darla aussi maternelle et aimable qu’une porte de prison, le gag du faux couteau (on t’aime Fred, t’es la meilleure), ou bien le givré leader du culte de vampires (José Yenque, en roue libre), dont on se demande si l’interprète n’a pas emprunté ce que doit sniffer Amy Acker avant chaque prise. Si la bagarre contre les vampires retient un peu notre attention, la scène la plus forte n’arrive qu’à la toute fin avec un double cliffhanger affûté. De cette purge et de cette orientation narrative douteuse, le seul élément de réconfort consiste en la performance de Keith Szarabajka en Holtz, « baddie » suffisamment fort pour être digne d’affronter Angel. Il est bien le seul élément qui nous rassure quant à la conduite de cette saison. La critique d'Estuaire44: - What of England? Has it survived the years and destruction ? - Yes. It went through a rough patch about sixty years ago, but it's mostly unchanged. Warm beer, boiled meat, bad teeth... That's why I moved to L.A.. Quickening poursuit directement l'action d'Offsping, mais ne bénéficie plus de l'effet de surprise ni de l'atout d'ouvrir toute une nouvelle époque de la série. De plus ce prolongement s'effectue de manière bien inégale et ne suscite pas grand chose de nouveau. Alors qu'il apportait précédemment une cohérence bienvenue aux évènements, tout le discours autour des prophétie apparaît désormais redondant, voire s'assimilant à du remplissage. L'ésotérisme de pacotille n'est pas, ni ne sera jamais, un moteur pour la série. Lors de sa mémorable arrivée à Sunnydale, Spike avait proclamé : From now on, we're gonna have a little less ritual... and a little more fun around here. On éprouve ici comme un pénible sentiment de retour en arrière, de même qu'avec cette secte de vampires surgie de nulle part et aussi dépourvue d'intérêt que les démons apocalyptiques de Doomed. Même excellemment interprété par John Rubenstein, Linwood Murrow apporte également une déception, sa brutalité tranchante manquant singulièrement de piquant face à l'aura maléfique d'un Holland Manners ou à l'onctuosité trompeuse d'un Nathan Reed. On pourra arguer d'un réalisme accru comme cadre supérieur, mais n'en demeure pas moins un vraie perte de saveur. Avec un zeste de cruauté, ou pourrait énoncer qu'il s'agit d'un épisode de camelot, promettant monts et merveilles pour l'avenir, mais n'offrant guère d'éléments substantiels. L'épisode se voit néanmoins sauvé par l'impeccable Keith Szarabajka, allant au-delà du côté unidimensionnel de la quête de vengeance d'Holtz (son acolyte se montre lui aussi plaisant). Quickening reste aussi l'occasion de vérifier tout ce que Julie Benz a pu apporter en intensité et en profondeur dramatique à la série. Heureusement le prochain opus va signifier une approche bien plus sensible et porteuse de ce que signifie le bébé pour Angel.
Scénario : Tim Minear Réalisation : Tim Minear Angel échappe à Holtz. Ce dernier est troublé par le fait qu’il a maintenant une âme, et se demande quelle conduite adopter. Malgré des contractions de plus en plus rapprochées, Darla n’arrive pas à accoucher. Un séide de Wolfram & Hart en explique la raison à Lilah : La prophétie prédit non une naissance, mais la mort… La critique de Clément Diaz: Cet épisode fondamental est marqué par deux brusques disparitions : le Caritas de Lorne, et surtout Darla. Après 400 ans de vie, et une bonne vingtaine d’épisodes, Darla arrive au terme de son existence en arrachant in extremis sa rédemption lors d’un final éblouissant. Mais l’épisode, malgré un scénario peu animé, ne se résume pas aux adieux de Darla ; il approfondit de même la personnalité de Holtz, et marque l’entrée dans la partie de Connor. La relation si alchimique entre Angel et Darla retrouve au moment ultime les grands feux de jadis, puisqu’ils sont de nouveau du même côté, l’âme de l’enfant forçant le « bon côté » de Darla (encore une super idée de scénariste). Les retrouvailles sur le toit sonnent d’une émotion vibrante, et plus encore au Caritas, où l’effervescence s’emparant des personnages devant l’issue fatale est palpable. Le running gag de Fred giflant Gunn détend l’atmosphère avant qu’on reparte de plus belle. Lilah est égale à elle-même : il faut la voir totalement décontractée pendant qu’Holtz tourmente Angel, puis de causer tranquillement avec le nouveau-venu, puis émerger de l’explosion pour prendre les parchemins, etc. Quel sang-froid, quel sens de l’improvisation, quelle efficacité ! Lilah ou la définition littérale de « garce qu’on adore détester ». La prophétie déclenche un coup de tonnerre qui saisit immédiatement. Holtz est pris dans un piège éthique quand il apprend qu’Angel a une âme : Angel l’innocent doit-il payer pour Angelus le criminel ? Mais Holtz reste quand même un bad guy, et pour le prouver, il détruit le Caritas en un éclair (excellente exploitation des dons de Lorne en passant), acte profanatoire prouvant s’il en était besoin que s’il n’est qu’un humain, il faut pas le sous-estimer ! La scène où il marche au ralenti dans les flammes lui donne une aura étourdissante, déjà mise en valeur dans les terribles flashbacks - traumatisante scène de l’infanticide forcé. Vient ce déchirant finale, avec le sacrifice de rédemption de Darla qui achève avec éclat et génie l’épique destin de la vampire. Et le surprenant sursis d’Holtz. Holtz n’a pas la force de tuer Angel en le voyant avec son enfant, mais il n’a pas dit son dernier mot. Tout au long de la saison, Holtz montrera une étonnante souplesse dans ses plans diaboliques : à chaque fois qu’un événement le forcera à renoncer à un plan, il en trouvera toujours un autre, encore plus pervers, qui servira ses desseins de vengeance. La critique d'Estuaire44: - Holtz. My God. - You have no God, demon. Lullaby opère un magistral passge de témoin entre les saisons deux et trois. On renoue ainsi pleinement avec le grand atout de la précédente période : la captivante narration de la déchirante relation entre ces âmes à la fois sœurs et antagonistes que seront demeurés jusqu'au bout Angel et Darla. Julie Benz brille de tout son talent lors de l'ultime acception de son personnage, un monstre inhumain ayant finalement perçu la lumière et désormais capable d'amour, refusant de rechuter dans les Ténébres. Un portrait déjà bouleversant en soi, mais d'autant plus fort qu'il signifie enfin de pleines retrouvailles avec Angel, au sentiment si au diapason. Un parcours couronné par le rachat obtenu in fine par le sacrifice suprême, lors d'une naissance de Connor au parallèle très affirmé avec la Nativité (lumineuse et angélique Fred). Le contraste entre feu et pluie est superbement mis en valeur par la photographie. Diverses annotations chrétiennes insérées au fil du récit indiquent également la dimension christique conférée au nouveau né. Au-delà du salmigondis prophétique, Connor vaut déjà principalement pour la perspective de rédemption qu'il offre à son tour à Angel, avec un Boréanaz lui aussi saisissant. Un élément saie d'emblée par un Holtz visiblement prêt à déployer une machination que ne renierait pas Angelus lui même. Lullaby demeure de fait l'occasion d'affirmer la dimension du nouvel adversaire d'Angel en saison trois, dont le machiavélisme sublime la haine pure et que Keith Szarabajka. dote derechef d'une indéniable stature (quasi à la Terminator). Le flashback nous révélant la source de son obsession s'impose comme l'un des plus marquants et cruels proposés par la série. Dans la grande tradition du Buffyverse, le changement d'époque s’opérant ici s'effectue via la destruction d'un décor emblématique. On comprend parfaitement la nécessité d'évoluer, mais l'on restera nostalgique du Caritas, de ses cocktails et de ses chansons, hilarantes ou émouvantes, mais toujours issues du meilleur répertoire. On regrettera derechef le manque d'envergure de Lindwood, le seul souci de se couvrir lui attribuant une crédibilité nulle en tant que Big Bad. Mais cela permet à une combattive et sarcastique Lilah de confirmer que c'est elle qui tient la boutique en cette saison.
Scénario : David H. Goodman Réalisation : Fred Keller Lorne convoque les Furies pour ériger une barrière de protection autour de l’hôtel Hypérion pour éviter que tous ceux qui veulent mettre la main sur le bébé puissent entrer. Mais Wesley pointe un danger : un groupe de démons Lilliads va préparer un enchantement pour détruire la barrière. Nos amis doivent se préparer à la bataille, mais Angel décide de ne pas y prendre part pour s’occuper de son fils… La critique de Clément Diaz: Pour protéger William contre les Super Soldats, Scully, malgré l’absence de Mulder, est prête à tout… euh pardon, je rectifie : Pour protéger Connor contre les Super méchants, Angel, malgré l’absence de Darla, est prêt à tout. Voilà, c’est mieux (ou pas). Adonc, dans Dad, nos amis préparent la résistance tandis qu’Angel fait des grimaces, chantonne, change, nourrit bébé Connor. S’il y’a un brillant twist, on doit supporter avant de longs pensums d’Angel en papa poule, que le décalage humoristique de la situation ne suffit pas à justifier. Goodman introduit heureusement humour et nouveau personnage, permettant à l’épisode de se suivre sans déplaisir. Passons sur les scènes à rallonge entre le Dark Avenger et son fiston. C’est très pesant, malgré un Lorne irrésistible. Au-dehors, c’est plus intéressant, avec cette archiviste omnisciente qui fait mariner pendant 14 heures la pauvre Lilah. On s’amuse des références cinéma de Wesley et Gunn, tandis qu’Holtz gagne en force : son coup d’éclat devant un Sahjhan pour la première fois dépassé par les événements, signifie que bon maintenant, on a assez joué, on va faire avec MA méthode, à savoir débaucher une Tueuse de vampires (bien que non-officielle). La sauvagerie de Justine, incarnée par une Laurel Holloman totalement à fleur de peau, est la bonne nouvelle de l’épisode, avec notamment une scène de cimetière qui rappelle ces fameuses visites de routines de la Tueuse à Sunnydale. Que de souvenirs... Leur duo d’Avengers au sens premier du terme présage du meilleur. Holtz approfondit son portrait en plaçant la loyauté au-dessus de l’argent, et se montrant troublé par l’éthique de la situation : sa vengeance est-elle « morale » devant un assassin qui œuvre maintenant pour le bien, et dont la compagne égocentrique et sanguinaire a préféré mourir pour sauver son fils ? Entre vengeance et doute, Keith Szarabajka a droit à tous les éloges, et l’on comprend que Holtz fasse partie de ses rôles favoris. Le dernier acte est très chargé en adrénaline, avec une galopante course-poursuite en voiture tandis qu’Angel Investigations range la subtilité au placard et sort les lance-flammes ; euphorisant ! On termine sur une belle note d’humour noir avec Angel nommant son ennemi parrain de son fils, et une coda émouvante. Bon épisode. La critique d'Estuaire44: - No one is going to put their hands on this child. I promised his mother. Dad apparaît comme un épisode mineur du fait de son manque relatif de propos et d’intensité. Après les fracas de Lullaby, on atterrit brutalement dans une interminable veillée d’armes à l’Hypérion, verbeuse et statique. Le fil rouge en demeure un Angel d’abord amusant en père archétypal, un effet ensuite trop prolongé pour ne pas lasser. Il faut attendre le dernier quart de l’épisode pour que le récit se décide à accélérer, par le biais d’un joli twist. Mais l’effet demeure mal dosé, car pour le coup on passe à une course poursuite digne d’un Cartoon de Tex Avery. En soit le procédé résulte divertissant et fait plaisamment songer au final usuel des chasses au trésor en vogue dans les productions des années 60 et 70, mais cela reste hors sujet dans Angel. Par ailleurs, il faut bien constater que le scénario accumule les facilités, comme Angel pénétrant avec une facilité déconcertant dans le Saint des Saints de Wolfram & Hart (trop d’effet tue l’effet) ou l’équipe de l’hôpital ne demandant aucun justificatif d’identité pour Connor. Si les caméras couvrent tout l’hôtel, on se demande également comment nos amis ont pu se concerter pour mener une telle arnaque. Heureusement certains à-côtés viennent au secours de l’opus, tel le sketch de Lilah et de l’Archiviste ou la bagout de Lorne, inépuisable source de dialogues hilarants. Il se confirme qu’il n’a pas besoin du Caristas pour apporter immensément à la série. Justine effectue également une entrée en lice réussie, sur un astucieux mode de Slayer humaine, avec Holz comme Observateur en mode formation de l’Elue. Laurel Holloman est étonnante, à des lieues de l’aimable Tina de The L Word. L’épisode présente également le mérite de distinguer Hotz des autres prédateurs tournant autour de Connor, tissant patiemment sa toile au lieu de foncer tête baissée. Un habile élément de dramatisation pour la suite des évènements.
Scénario : Mere Smith Réalisation : David Grossman Pendant sa fête d’anniversaire, Cordélia est violemment projetée contre une armoire sous le choc d’une vision. Elle sombre dans le coma. Son esprit rencontre le démon Skip (cf. épisode Le martyre de Cordélia) qui lui apprend que si elle revient dans son corps, sa prochaine vision la tuera. Il l’amène dans un univers alternatif où Cordélia n’a pas rencontré Angel et exaucé son rêve : être une actrice riche et célèbre… La critique de Clément Diaz: Cet épisode très riche (voire surchargé) fait s’enchaîner trois intrigues très différentes de thématiques et de ton. L’impression de confusion ne doit pas masquer l’écriture impeccablement maîtrisée de Mere Smith du surprenant et émouvant voyage initiatique de Cordélia, manifestement inspiré de La vie est belle de Capra. Cordélia sombre dans le coma. La chaleureuse introduction est ainsi brisée en miettes pour un effet maximum. L’errance de son esprit développe un étouffant suspense : l’angoisse de ses compagnons à l’idée de la mort de leur amie est rehaussé par l’incompréhension et la terreur de la jeune femme. Cachant ses graves problèmes neurologiques à ses amis, elle ne veut pas leur admettre qu’elle est mourante parce qu’elle veut être une héroïne active, quitte à y laisser la vie. Contrairement à ce que l’on croit alors, ce n’est pas de l’orgueil issu de son perfectionnisme. Il y’a toujours cette petite émotion quand « Phantom Dennis » manifeste tout son amour pour Cordélia. L’apparition tonitruante de Skip lance le 2e acte. Deuxième acte : Grâce à Skip, Cordélia prend du recul par rapport à sa vie en allant dans un centre commercial vide, image de l’entre deux-vies où elle ploie sous une avalanche de révélations : ambiguïté des sentiments de Doyle et d’Angel, coups du destin, ironie tragique de son « cadeau », triomphe de l’intuition face à la logique… ce deuxième acte est d’une grande richesse à propos des concepts de destin et de libre-arbitre. Pour détendre l’atmosphère, il y’a quelques références cinéma de la part de Skip (chez Whedon, tout le monde est geek, même les gardiens des Enfers !). Le troisième acte est la bascule dans une autre réalité, l’immersion apparaît plus réussie que dans le The Wish de Buffy (bien que pas aussi vertigineuse que le transgressif Normal again). Cordélia est devenue une actrice adulée, héroïne de sa propre sitcom. L’effet marche à plein : générique de la sitcom, fandom enthousiaste, Cordy dans son petit nuage de bonheur, de luxe, et de serviteurs obséquieux. Aussi, le télescopage avec la réalité de Wesley-Gunn-Angel est brutal. Nous apprenons ce qui se serait passé si Cordélia, la Xander du groupe, donc son cœur aimant, n’avait pas rencontré Angel : Angel devenu fou sous l’effet de sa solitude, Wesley et Gunn chasseurs de vampires sombres faisant simplement leur job, absence évidente de Fred. Queen C peut alors ÊTRE définitivement une héroïne, en accomplissant ce que tout héros doit faire : un sacrifice déchirant. La superficielle pom-pom-girl est définitivement enterrée lorsqu’elle accepte d’être un Champion avec toute la douleur et le détachement de soi qui vont de pair. Plus que la reine de Pylea, cet épisode est le vrai sacre de Cordélia, emmené par la performance impériale de Charisma Carpenter. La critique d'Estuaire44: - It was an honor being your guide, Cordelia Chase. Nouvelle variation sur le thème des univers parallèles, Birthday se montre certes efficace, mais sans parvenir à égaler le succès du The Wish de Buffy. Il reste un bon épisode d'acteurs, mais son intrigue ne suscite que modérément l'enthousiasme. Ainsi toute une première partie s'attarde à décrire une Cordy en plan astral, sur un mode à la Ghost ultra balisé. Cela retarde le moment où l'épisode atteint la cour de son sujet, sans strictement apporter quoique ce soit de neuf à cette figure imposée et rabâchée. Tout ceci demeure hautement prévisible, mais aussi peu onéreux pour la production, même si les comédiens jouent parfaitement le jeu. Après avoir perdu de précieuses minutes les auteurs se trouvent fort dépourvus au moment de décrire le nouvel univers. Le générique de la sitcom est une excellente et réjouissante idée (d'ailleurs reprise quelques années plus tard dans Supernatural) mais cela ne compense pas l'absence quasi totale de vue d'une Cordy devenue star de l'écran, un épatant sujet de comédie dont l'absence de traitement génère une frustration. Le focus résulte également singulièrement plus restreint que lors de The Wish, où les conséquences du changement intervenu embrassaient tout l'univers de la série, dont Sunnydale, tandis qu'ici ne sont concernés que les seuls membres d'Angel Investigations, Los Angeles demeure Los Angeles, d'où un souffle moindre du récit. Quelques facilités scénaristiques minorent encore l'impact de l'ensemble. La discussion d'Angel avec les entités se voit simplement abandonnée en cours de route et le déjà-vu providentiel et si pratique de Cordy occupe un part trop grande dans la résolution de l'intrigue (contrairement à The Wish). Le fait que la jeune fille sauvée dans l'univers miroir le soit également dans le notre demeure confus. On sent trop que les auteurs veulent à tout prix que Cordy deviennent plus qu'humaine pour que le Cangel s'instaure à marche forcée. Fort heureusement l'abattage et le talent de Charisma Carpenter rendent l'opus malgré tout très divertissant, de même que l'humour toujours si présent chez Skip. Boreanaz se montre lui aussi fabuleux dans l'expression de son personnage hanté par les visions.
12. SOUTIEN DE FAMILLE Scénario : Scott Murphy Réalisation : Bill Norton Dans le but de gagner plus d’argent pour assurer l’avenir de Connor, Angel fait de la publicité pour l’agence. Il y’a bientôt foule, et les membres doivent se diviser (sauf Cordélia, qui garde l’hôtel et Connor) : Angel doit détruire un nid de vampires, Gunn et Wesley doivent protéger une femme du harcèlement de son ex devenu un zombie, Fred doit résoudre un problème mathématique très compliqué pour un groupe de démons, Lorne servant d’interprète…
Tout comme Jane Espenson, Scott Murphy n’aura écrit que deux scénarios, résolument orientés humour. Malgré quelques maladresses, l’épisode est un carnaval comique, aux dialogues et aux situations givrés. L’excellente réalisation de Bill Norton parachève cette réussite qui se teinte parfois d’émotion et de suspense. Après une intro déjà bien allumée (le faux numéro, le pastiche des Monty Python), on se marre non stop quand la foule se presse chez Angel Investigations : bestiaire bigarré, demandes hallucinées, héros gardant difficilement contenance. Wesley et Gunn jettent leur dévolu sur Fred, ce qui nous vaut des battles de vannes décalées. Front Fred : l’Einstein de la série doit résoudre un problème compliqué sans se douter qu’elle va tomber dans un traquenard. Lorne en traducteur à moitié bourré n’ouvrant la bouche que pour lancer des répliques à se pisser dessus et Fred en chercheuse surexcitée nous régalent grâce à l’abattage perpétuel des comédiens. Front Wesley-Gunn : ces messieurs doivent faire face à un zombie harceleur, mais surtout à l’harcelée, joyeusement consternante. La résolution de l’intrigue est un magistral twist façon Quatrième Dimension, 100% ironique, 200% déjanté ! Front Angel : Le Dark Avenger doit casser trois vampires, empocher le flouze, et see ya ! Sauf que non, c’est plus compliqué que ça : d’abord y’en a pas que trois, puis, le client n’est pas ce qu’il prétend, ensuite, pour l’argent, ben ça va pas le faire non plus. Même le « client » qui cherche sa rédemption (oui, lui aussi) et qui veut se sacrifier, ne peut faiblir cette machine humoristique, vu qu’Angel expédie les vampires tout en grommelant. On regrette seulement qu’on nous explique pas trop comment la cavalerie arrive à la rescousse de Fred et Lorne. La dernière tirade de l’Angel a un message assez mièvre (famille et mission plus importants que l’argent) mais est compensée par la vision de nos amis se jetant sur le fric. On regrette que les hommes fassent tout le boulot pendant que Fred est réduite à l’impuissance et Cordélia s’occupe de Connor. On se console avec Holtz qui forme Justine à la dure. C’est une relation maître-élève acérée, sauvage, mais curieusement fusionnelle. Laurel Holloman est d’une férocité assez saisissante, ça promet ! La critique d'Estuaire44: - Helping the helpless, finding Holtz, and making money are out three number one priorities Provider nous fournit malheureusement la première authentique déception de la saison. Après un prologue au stimulant humour noir (rappelant celui de The Dark Age, de Buffy contre les Vampires), la narration va en effet se révéler particulièrement décevante. Alors que Joss Whedon nous avait habitués à mêler subtilement les niveaux de discours, ici on se retrouve face à une démonstration particulièrement tirée à la ligne d’une conclusion déjà simpliste, la vénalité exacerbée, c’est mal. C’est d’autant plus triste que la contradiction de la nature duale d’Angel Investigations (entreprise à la fois privée et philanthropique), présente dès la constitution de la série, aurait permis un questionnement autrement plus ambitieux sur la moralité en économie. De plus le débat est faussé puisqu’Angel échoue globalement dans sa quête d’argent (hormis pour le gag final), cela aurait été bien davantage été porteur de l’y voir pleinement réussir, débutant ainsi le chemin menant jusqu’à Wolfram & Hart. L’épisode comporte il est vrai quelques authentiques pépites de drôlerie, notamment grâce à un Lorne toujours autant en verve. A l’instar d’un Spike, il devient une intarissable source d’excellentes vannes. Il s’avère également astucieux d’établir l’ex Material Girl de Sunnydale High comme conscience morale du groupe. Mais pour le reste l’humour apparaît singulièrement moins décalé qu’à l’ordinaire, après avoir pastiché une sitcom lors de l’opus précédent, la série en devient elle-même une ici, avec une structure narrative simplement décalquée et à l’ambition sociologique minorée par le discours moraliste sur l’argent. Une option divertissante mais hors sujet, au point que l’on pourrait débaptiser l’épisode pour l’intituler The One Where Angel Needs Money, en hommage à la série reine du genre. Heureusement, à côté des mésaventures des Friends d’Angel, Justine et Holtz s’activent pour conserver de l’intensité au récit, dans une évocation aussi sombre que puissante de la relation entre un mentor et son disciple (applaudissements nourris dans le public pour Laurel Holloman). The One Where Angel Needs Money demeure l’illustration d’un intensité trop intermittente de cette saison, vis à vi de la précédente.
13. LES COULISSES DE L'ÉTERNITÉ Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Angel Investigations assiste à une représentation du ballet Giselle d’Adolphe Adam par une compagnie russe. Mais Angel s’aperçoit qu’il s’agit des mêmes danseurs qu’il a vus lors d’une représentation en 1890 ! Il enquête avec Cordélia dans les coulisses… en réalité un labyrinthe infini sans issue ! Les sentiments qu’Angel éprouve pour Cordélia, et ceux de Wesley et Gunn envers Fred vont sans qu’ils s’en doutent jouer un rôle-clé dans les événements de ce soir… La critique de Clément Diaz: Bien que le Boss supervisât tous les scénarios de ses séries, Whedon écrivit (et dirigea) rarement directement un épisode dès lors qu’il dut s’occuper de deux séries à la fois. C’est donc avec une attention toute particulière qu’on regarde un opus où il s’investit pleinement (scénario et réalisation). Le résultat est quasi systématiquement un chef-d’œuvre, et Waiting in the wings ne fait pas exception. Malgré un scénario astucieux faisant la part belle aux sentiments, c’est la fastueuse réalisation du Joss qui capte l’attention, énorme claque visuelle tirant au maximum profit du décor de l’opéra. Les premières minutes plantent le décor, l’occasion de voir nos héros en smoking d’une rare élégance ou en superbes robes de soirée (généreux décolleté de Cordélia, robe très moulante de Fred). La tension sexuelle frétille d’entrée par les rapprochements entre personnages, et sont la raison d’être du prélude à cette histoire. Une atmosphère fantastique et onirique baigne toutes ces scènes, car l’Opéra est un lieu unique en son genre, temple sacré où la Beauté, l’Harmonie, et la brillance visuelle en seraient les dieux. Whedon filme avec maestria toutes les scènes de ballet dont l’argument - ce n’est pas anodin - est quasiment celui de l’épisode (triangle amoureux, danse jusqu’à la mort). Hymne à la danse classique, à sa musique, et à l’amour, cet épisode à la splendeur baroque nous fait admirer décors, intérieurs, couloirs d’une beauté irréelle. Même le peu émotif Gunn est sensible à ce spectacle (contrairement à Queen C qui pionce). La tension sexuelle explose lors des scènes Angel-Cordélia, lorsqu’ils sont possédés par des esprits amoureux tourmentés. C’est beaucoup plus érotique que dans le I was made to love you de Buffy, et le scénario est bien meilleur. L’errance dans ces couloirs peuplés de créatures au rire frissonnant, produit par ailleurs un suspense phénoménal, dont les batailles sont magnifiquement chorégraphiées. On admire aussi l’élégance de la sérénade à trois de Fred et ses boys, qui tourne à l’avantage de Gunn. Un choix douloureux pour les fans de Wesley, mais impeccablement amené. L’ex-ballerine Summer Glau manifeste un étonnant don d’actrice pour son tout premier rôle, avec son long monologue. L’on comprend que Whedon s’adjoignit ses services à l’avenir, notamment dans Firefly. La fin du comte pervers couronne ce conte de fées opératique de luxe. Whedon se paye même un tragicomique twist final qui avorte la relation Angel-Cordélia, un inachèvement très beau qui prolonge l’intérêt de leur relation. Tous les comédiens sont à leur sommet. Un chef-d’œuvre total. La critique d'Estuaire44: - And then we have to find a dress for you. Something that will make Angel crazy. - Fred, sweetie, Angel *is* crazy. On pourra certes reprocher à l’intrigue de Wainting in The Wings un relatif manque d’originalité, de part la figure bien connue du Fantôme de l’Opéra ou la reprise partielle du thème du déjà très réussi I Only Have Eyes for You, de Buffy contre les Vampires. Mais Whedon réussit de nouveau magistralement une entreprise dans laquelle il s’implique personnellement. Il rend ainsi un somptueux hommage à toute une famille féconde du Fantastique, autour du thème de l’Opéra et de ses coulisses comme pont entre notre monde et celui de la féérie, un domaine particulièrement vaste s’étendant de Gaston Leroux jusqu’à Dino Buzzati (Panique à la Scala), en passant par le Disque Monde de Pratchett (Maskerade, fabuleux roman). Entre Gentlemen et Jokers, les démons s’avèrent également particulièrement réussis, évoquant le Santiago du Théâtre des Vampires (on ne nous enlèvera pas de l’idée que les auteurs de la série ont lu leur Anne Rice). Mais, avant tout, il nous l’offre ici l’une des plus belles introductions que l’on connaisse à la magie intrinsèque du Ballet et de l’Opéra, à travers plusieurs prestations époustouflantes de Summer Glau, filmée par avec une passion et talent fou par Whedon. L’actrice brille déjà de cette grâce qui caractérisera les danses de mort de River Tam et du Terminator Cameron, sublimée ici par le mystère et la beauté hors monde de l’art lyrique. La rencontre d’Angel et de la danseuse demeure d’ailleurs l’un des moments de pure émotion les plus mémorables de la série. Les coulisses et leur atmosphère mystérieuse bénéficient également d’une mise en scène inspirée et d’un travail de production particulièrement soigné. On pardonne volontiers aux épisodes précédents d’avoir été en demi-teinte, pour préserver le budget nécessaire à ce chef d’œuvre. On sait à quel point l’Amour véritable reste une clef de voute de l’ouvre de Whedon, il en va pareillement ici, avec tout un fin discours le différenciant de la passion monomaniaque et possessive. L’auteur sait également incorporer le destin de ses protagonistes au drame encours, apportant une dimension supplémentaire de tragédie à l’opus. La conjointe cruelle infortune de Wes (impérial Alexis Denisof) et d’Angel émeut, même si l’on tiquera toujours sur le développement de la relation entre ce dernier et Cordy, en impénitent nostalgique de Buffy. On adore l’enthousiasme de Gunn, car il n’est point besoin d’une culture particulière pour apprécier le ballet, mais aussi que Cordy ‘ennuie à périr et ne vienne que la robe, car on aime que subsiste la Queen C de jadis. Fred est évidemment chez elle à l’Opéra. Au total Whedon démontre avec éclat tout son talent d’auteur et de metteur sn scène, s’imposant derechef comme l’homme ayant donné un cœur à la Pop Culture.
Scénario : Tim Minear et Jeffrey Bell Réalisation : Tim Minear Tensions chez Angel Investigations : les romances Fred-Gunn et Cordélia-Groosalugg développent des sentiments de jalousie envers les éconduits Angel et Wesley. Mais tout n’est pas simple pour les heureux couples non plus : Cordélia se refuse à faire l’amour avec le Groosalugg car elle a peur de perdre ses visions, tandis qu’à force de se bécoter, Fred et Gunn ne sont plus efficaces pendant les enquêtes… La critique de Clément Diaz: Couplet est l’épisode le plus léger du Whedonverse. C’est un soap opera, où les sentiments amoureux sont traités très basiquement (romances, dilemmes, et jalousie). Mais Minear et Bell ont l’excellente idée de traiter le sujet avec humour, sans se prendre au sérieux, loin des poses outrées des Daytime series. On savoure cette fondante pâtisserie (aux pépites amères) avant les peu rigolards épisodes suivants. Le Groosalugg est de retour, douchant impitoyablement les espoirs d’Angel quant à une relation avec Cordélia. Il a toutes les qualités d’un prince de conte de fées, mais tellement caricaturées qu’il en paraît bouffon : courageux jusqu’à la stupidité, superhomme d’action si efficace qu’il en devient un cliché, répliques lyriques si excessives qu’elles en deviennent ringardes, amour courtois envers sa Dame qui confine à la sottise - y compris se couper les cheveux et mettre un beau costume, il est encore plus terrifiant comme ça. Mark Lutz ne fait rien pour cacher l’idiotie sympathique de son personnage, merci beaucoup. Cordy confirme son statut d’héroïne en refusant de céder à ses pulsions, mais heureusement son côté Queen C n’a pas disparu ; son admiration béate de son « champion » nous vaut un hilarant cabotinage de l’actrice. L’intrigue de la « potion préservatif » est une des plus comiquement débiles de la série - scène immense du b ordel de démons. Angel a l’occasion de jouer un autre registre en frustré jaloux. Ses pathétiques tentatives de compliquer leur relation font sourire. Le destin étant heureux, il sera obligé de passer à tabac le Groo pour le sauver, et il le fait de bon cœur. Plus dramatiquement, son sentiment d’inutilité devant cet héros plus fort et moins limité que lui sonne juste, et il faut tout le confort de Wesley pour qu’il ne dévie pas encore une fois de sa mission. Fred et Gunn se smackent joyeusement devant un Wesley en cocotte-minute sur le point d’exploser. La comédie est teintée de l’amertume du renoncement de Wesley qui doit lâcher prise. Très digne, Alexis Denisof est enthousiasmant. Wes accepte ce sacrifice, tout comme Angel se sacrifie (on se sacrifie beaucoup dans Angel) pour donner des vacances à Cordy et Groo. L’intrigue, très simple, est joliment excentrique. Le cliffhanger est par contre inquiétant. Un intermède charmant. La critique d'Estuaire44: - Just tell me what I can do. - I need you to help me have sex. With Groo. Couplet signifie une nouvelle interlude au sein d’un arc Connor déjà trop distendu et manquant jusqu’ici d’une intensité dramatique comparable à celui de Darla, mais il compense largement ce défaut par la déferlante humoristique le caractérisant. Plusieurs excellents sujets de comédie s’enchevêtrent ainsi avec bonheur. Ainsi l’arc de Pyléa avait notamment diverti en plongeant Angel Investigations dans un univers de Fantasy. Ici c’est le contraire qui se produit avec Groo faisant irruption à Los Angeles en véhiculant tout cet univers. Plus grand que la vie, mais aussi d’un esprit binaire et grandiloquent, caractéristique des Héros épiques. Le contraste avec ses interlocuteurs déclenche immanquablement le fou rire. De fait on retrouve ici en germe l’idée géniale caractérisant l’irrésistible film Enchanted (2007), mais aussi les séries en dérivant, telle Once Upon A Time, la nature décalée de figures de contes de fées devenues des transfuges dans notre univers. Boreanaz, en liberté aucunement réfrénée en matière de cabotinage génial, est à se tordre de rire per son dépit humilié et d’une mauvaise foi constante, là encore en irrésistible rupture avec son personnage. Déjà observée cette saison, y compris lors du classieux Wainting In The Wings (Angel dissimulant son émoi avec sa veste), la verdeur des propos et des situations atteint ici son zénith, donnant comme une aura de scandale à cet opus d’une série américaine grand public. La visite sous acide de la maison close procure une vision hallucinée de ce que pourrait produire un cross over avec Secret Diary of a Call Girl. Mais l’humour ne demeure pas gratuit, exprimant la nature profonde des personnages. Ainsi Cordy transforme-t-elle Groo en un évident clone d’Angel, montrant la persistance de son désir, mais pour un Angel dépouillé de se sa personnalité ténébreuse. Elle se distingue ainsi de Buffy, pour on sait à quel point il est important dans l’attraction éprouvée. Wes, Fed et Gun s‘avèrent aussi émouvant, mais aussi Angel quand il domine son humiliation et offre des vacances (une lune de miel) à ses amis. Le cliffhanger final rattache habile cet épisode virtuose à l’arc principal, dont il est temps que débute la conclusion.
Scénario : Mere Smith Réalisation : James A. Contner La prophétie ne laisse pas Wesley en repos, qui cherche à tout prix un moyen de la contrer. Pendant ce temps, Holtz envoie des espions pour se renseigner sur Angel Investigations. Fred et Gunn traversent une première crise de couple… La critique de Clément Diaz: Qu’a-t-il donc pu bien arriver à Mere Smith ? Cette brillante scénariste commet une contre-performance à l’occasion de Loyalty. Figeant toutes les lignes narratives en cours, elle impose un immobilisme qu’elle essaye vainement de cacher par des écrans de fumée et par la performance d’Alexis Denisof, effectivement parfait. Elle réussit bien quelques scènes-clés, mais se noie par ailleurs dans des intrigues stupides. Tout repose sur Wesley, sur ses doutes, ses peurs, ses indécisions. Comment peut-il protéger Connor de son propre père ? Grâce au comédien, on est solidaire de ses tourments, de son dilemme de loyauté. Il faut toutefois avouer que le scénario s’étire en longueur de ce côté-là, Wesley passant son temps à se morfondre sans faire grand-chose. On apprécie toutefois quand lui et Angel démasquent Aubrey mais qu’ils ne peuvent que la laisser partir puisqu’ils comprennent que trop bien ce qui la motive, et qu’eux-mêmes agiraient de la même façon. Bon, la discussion avec le Loa appartient aux moments les plus délirants de la série - on est quand même à la limite du ridicule - et voir Wesley venir soudainement dans l’antre de Holtz donne ce pétillement électrique qu’on aime quand un scénario exécute un coup d’audace. La discussion morale entre les deux ennemis (immense Keith Szarabajka) est le sommet climatique de cet épisode. Laurel Holloman, toujours plus dingue, plus enflammée, est impressionnante. On se permet quand même de tiquer avec le Fantastique besogneux, presque ringard des scènes finales, en dépit d’un dernier plan glaçant. Côté Sahjhan, qui perd le contrôle de sa créature, on assiste à une alliance assez bizarre avec Lilah, suffisamment drôle et inquiétante pour nous intéresser. La place vide laissée par Lindsey permet à Lilah de rayonner de rouerie, de réparties, de charme… on regrette que Stéphanie Romanov soit réduite depuis le début de la saison à quelques apparitions, car elle apporte beaucoup au show. En revanche entre Fred et Gunn, le pastiche de soap opera de l’épisode précédent vire au soap opera tout court, et là ça fait mal. Malgré les excellents jeux de J.August Richards et d’Amy Acker - qui à notre grand regret perd un peu de sa folie - cette bluette sentimentale ne fait qu’enfoncer un épisode pas très fameux. La critique d'Estuaire44: - You don't have an appointment. - That's it? No, "Wow, how'd he do that?" No screaming in terror? You twenty-first century types are so jaded. Ouvert par l'une de ces puissantes séquences oniriques dont le Buffyverse a le secret, Loyalty remplit parfaitement les fonctions de pilote de l'ultime séquence de la saison. Il permet de recentrer les débats sur les machinations d'Holtz et la destinée de Connor, thèmes qui auront été trop dilués cette saison. Surtout il centre le focus sur Wes et les interrogations le minant, soit l'architecte, à son corps défendant, du drame à venir. Comme l'indique le titre original, le récit suscite une habile réflexion à propos de la notion complexe de la loyauté, finalement assez peu abordée dans les séries télé d'aventures, où elle va souvent de soi envers un Héros toujours positif. Les questionnements assaillant Wesley à propos d'Angel et des résurgences de son démon intérieur rejoignent ainsi celles de Chloé considérant Jack Bauer, mais là où celle-ci demeurait d'une fidélité adamantine, Wes sombre dans le doute. Ce choix apparaît narrativement plus sombre, en accord avec la tonalité de la série et sollicitant davantage le spectateur sur la conduite à tenir. Le drame psychologique se voit merveilleusement exprimé par le talent et l'expressivité d'Alexis Denisof. Mais aussi par le recours révélateur à un oracle, même si l'humour du passage de fast food ne cadre pas avec la nouvelle période de la saison. il en va de même de la confrontation brillamment dialoguée avec un Holtz aux certitudes morales en acier trempé et difficiles à contredire. Les autres segments de l'histoire participent également à cette impression de désastre imminent irriguant tout l'épisode, comme la prometteuse convergence entre Sahjhan et la toujours épatante Lilah, ou l'exaltation morbide toujours plus marquée chez Justine. On peut toutefois regretter un abus des vas et viens tenant lieu d'action et une relation entre Gunn et Fred trop passe-partout pour le Buffyverse. Mais l'opus tire magistralement parti de la complexité de Wesley, en nous narrant avec une cruelle clarté comment un honnête homme doublé d'un ami loyal s'engage inexorablement sur le voie de la trahison, dans la meilleure tradition de la Tragédie.
16. BONNE NUIT CONNOR Scénario : David Greenwalt Réalisation : Terrence O’Hara Le comportement d’Angel devient de plus en plus violent et inquiétant, Le sang de cochon qu’il boit a été mélangé à celui de Connor par Lilah. Lilah veut mettre la main sur Connor pour le compte de Wolfram & Hart, et Holtz pour sa part veut l’enlever à Angel pour assouvir sa vengeance. Wesley doit prendre une décision difficile, mais personne n’a prévu que le Sahjhan avait aussi son mot à dire… La critique de Clément Diaz: Lorsque la routine grippe une série dramatique, le meilleur moyen de la relancer est de balancer un ouragan de noirceur et choquer le spectateur. Pari gagné par David Greenwalt, qui se déchaîne dans une histoire stressante et fulgurante courant à toute vitesse vers un final d’une cruauté furieuse. Les trahisons et retournements de vestes s’imbriquent les uns les autres : chacun manipule chacun, et l’enchaînement de tromperies est à donner le tournis. Pendant toute la première partie de l’épisode, les accès de démence d’un Angel surexcité et sanguinaire, quasiment en Angelus, prennent le spectateur à la gorge. On retient son souffle quand il s’en prend carrément à Gunn. Wesley agit derrière le dos d’Angel pour découvrir une échappatoire à l’implacable prophétie, allant jusqu’à interroger Holtz sur ses intentions. Étonnant dialogue avec Justine, qui ne sait plus à quel saint se vouer devant la noblesse d’âme de Wesley et qui agit également dans le dos de Holtz. Holtz lui-même agit sans avertir Sahjhan à qui il a pas très respectueusement donné congé. Ce dernier se tourne vers Lilah, toujours plus garce, toujours plus femme fatale, qui passe un pacte pour lui pour mieux le réduire en miettes, ou qui fait perdre les pédales à Angel avec le sang de Connor. Elle n’a peur de rien, et lorsqu’Angel la confronte, c’est elle qui prend l’ascendant sur lui. On reste pantois devant le courage de cette bad girl, qui semble prendre plaisir à se mettre toujours plus en danger pour atteindre ses objectifs, quel Némésis, quelle prestance, et quelle flamboyante Stéphanie Romanov ! Le twist énorme de la berceuse de Wesley est une brillante idée qui injecte une scène d’un concentré de suspense puissant. Greenwalt joue avec virtuosité sur toutes les gammes du roman noir. Les interventions dévastatrices de Holtz tombent toujours au pire moment pour le Dark Avenger, quoiqu’on arrête de respirer quand Justine lance un foudroyant coup de Jarnac. La prestation à double face de Laurel Holloman, est cinglante. Le final est un des plus terrifiants de la série. Jusqu’ici, on rigolait plutôt devant les déboires du Sahjhan qui se faisait rabrouer à chaque fois. Sauf que là, il commence à en avoir ras-la-casquette, et il fait exploser une tension déjà folle. Le coup de folie d’Holtz fait basculer la série dans la tragédie pure, dans l’horreur la plus complète. Angel, brisé et anéanti, est une saisissante conclusion. La critique d'Estuaire44: - You look like hell. And not the fun one where they burn you with hot pokers for all eternity, but, the hard-core one - you know, Nixon and Brittany Spears. L'action de Sleep Tight poursuit immédiatement celle de l'opus précédent, au cœur d'un arc de trois épisodes particulièrement relevé. Lequel aurait sans doute du s'assimiler davantage au corpus de la saison. On ne retrouve pas ici la profondeur psychologique de Loyalty, le focus se portant quasi exclusivement sur le développement de l'action. Toutefois ce dernier se montre particulièrement haletant, le spectateur se voyant happé par une infernal le succession de coups de théâtres et de péripéties spectaculaires. Si un face à face frontal résulte souvent dramatiquement intense, Greenwalt tire ici le meilleur parti possible de la multiplicité des partie s en présence, afin de dynamiser le récit. Il s'avère particulièrement porteur que Lilah, Wolfram & Hart, Holtz, Sahjhan, Wesley et Angel aient chacun une optique différente concernant Connor. Une remaniable performance de l'auteur, autorisant toute une sarabande de félonies, de confrontations électriques et de cruautés insignes (par moments on se croirait à Westeros). Greenwalt s'autorise même le luxe d'inclure une mini intrigue de loner au sein de son scénario plein à craquer. L'historiette reste plaisante en soi, même si les maquillages des démons semblent plus ridicules qu'autre chose. La mis en scène se montre également tonique, même si parfois légèrement confuse (la caméra n'est pas toujours idéalement disposée lors des évènements voyant l’ouverture du portail vers l'Enfer). Mais, outre des dialogues virtuoses, l'intrigue est puissamment relayée par une parfaite interprétation. Denisof continue à enthousiasmer dans l'expression d'un Wesley assumant ses choix jusqu'au tragique (notamment de la scène particulièrement épouvante face à Lorne) Boreanaz assure le spectacle quand Angel subit le sang contaminé (tout comme Mulder jadis le LSD). Le voir songer çà une nonne quand l'appétence de sang humain se fait jour est un poème; on ne se lasse jamais de ces moments où Angelus frappe à la porte, immédiatement autrement plus abominable que Spike. Stéphanie Romamov montre également une vraie présence en une Lilah lucide et redoutable, manifestant beaucoup de classe face à Angel. Sahjhan le mystérieux et Justine la fanatique dévoyée tiennent pleinement leur rôle dans la tragédie tandis que le saut jusqu’au-boutiste d'Holtz apporte une formidable bascule à la saison. Un épisode et captivant, idéal mitan de l'arc de Wesley.
Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Turi Meyer Dévasté par la disparition de son fils, Angel cherche un moyen de combattre le Sahjhan et de le forcer à rouvrir le portail vers Quor-Toth, sans s’apercevoir qu’il recommence à basculer dans les ténèbres. Fred et Gunn tentent de retrouver Wesley, mais Justine, totalement assommée par les événements, refuse de le leur dire… La critique de Clément Diaz: En saison 2, Angel s’éloignait de sa mission à cause de l’influence négative de Darla. Mais en cette saison, il se laisse dévorer par ses propres ténèbres. Sa métamorphose hallucinante irrigue tout cet épisode où, torturé au-delà du supportable, il s’enfonce dans une vengeance destructrice. Jeffrey Bell multiplie les rebondissements, dans un impitoyable crescendo de fureur pure, jusqu’à une coda, citée à raison comme la plus choquante d’une série qui compte pourtant pas mal de finishs éblouissants à son actif. En miroir à Birthday, l’on sent que Cordélia est l’élément qui empêche Angel de franchir les limites de sa noirceur. Refusant de l’appeler, Angel se prive de la seule personne qui pourrait le retenir. Son chemin sanglant va si loin que les auteurs parviennent même à surpasser la noirceur de l’arc Darla, une performance. Son kidnapping de Linwood, qu’il n’hésite pas à torturer ou à menacer de le tuer en est une nouvelle manifestation. La scène de la chambre blanche, avec ce démon sous forme de petite fille (satisfecit à la très jeune Kay Panabaker, tout à fait dans le ton) est une excellente idée d’auteur, très étrange et forte. Entre Angel utilisant la magie noire et sa vengeance envers Wesley, le Dark Avenger le devient au sens propre pour notre plus grand effroi. La magistrale révélation du Sahjhan, tacticien sadique mais hors pair, est révélateur du génie des showrunners qui nous ont brillamment mené en bateau. Tout est perdu pour Connor, et Angel franchit le point de non-retour. Malgré le réconfort de Fred, la coda, brutale et choquante, avec un David Boreanaz qu’on a rarement vu aussi féroce, hante encore longtemps le spectateur après l’avoir vue. L’acteur sert au mieux l’histoire des auteurs, quelle présence ! Les événements heurtent également Justine, devant faire face à la trahison de Holtz. Laurel Holloman, bombe de confusion, de colère, et de chagrin, est l’autre cheville ouvrière de cet épisode dense. Se maudissant d’avoir été dupée, et projetant sa haine sur tout le monde, elle compose un bouleversant portrait de femme dénuée de toute joie ou de tout but. Son revirement final laisse pourtant augurer un peu d’espoir. Un épisode-clé, rude, et cauchemardesque. La critique d'Estuaire44: - I'll kill you! You're dead! You're a dead man, Pryce! You're dead! I'll kill you! I'll kill you! You're a dead man! Dead! Dead! Forgiving conclue l’excellent arc de Wesley de la meilleure, en abordant le thème du pardon en miroir à celui de la trahison, traité lors de l’ouverture, avec Loyalty. Dans le sillage de cette série particulièrement enténébrée, l’échec d’Angel à pardonner clôt la tragédie ouverte par l’incapacité de Wesley à conserver sa foi en son ami. Tout deux scellent leur destin, mais aussi celui d’Angel Investigations, groupe désormais déchiré et au bord de l’anéantissement, en témoins impuissants du drame qu’ils ne peuvent que commenter, à l’instar du chœur antique des Grecs. Le panorama dévasté issu de l’inoubliable scène du courroux homicide d’Angel (à la surprise brillamment préservée par le scénario) résulte d’autant plus sombre que les deux protagonistes agissent en fonction de ce qu’ils perçoivent comme une juste cause, y compris dans la violence. Une sortie de crise par une épiphanie achevant un dévoiement manifeste d’Angel, comme en saison 2, apparaît dès lors exclu. Cette remarquable intrigue psychologique doublée de tragédie ne sacrifie ni le spectaculaire, avec de nouveaux affrontements et rebondissements, ni les seconds rôles. Le machiavélisme retors de Sahjhan, la maîtrise dans la tempête de Lilah ou la dérive nihiliste de Justine (Laurel Holloman en état de grâce) apparaissent comme autant de moments forts. Le scénario, toujours plus ambitieux, va jusqu’à s’offrir un étrange interlude avec une White Room très à la Black Lodge de Twin Peaks. Le nouveau joueur entrant dans la partie s’impose comme un régal de perversité ludique, Angel ne sera jamais autant apparu aux abois. A l’issue du double échec du héros, moral et factuel, quelques éléments d’espoir perdurent, telle la lucidité retrouvée de Justine ou, surtout, le retour prochain de Cordy. Les auteurs l’ont judicieusement retiré du vaste échiquier qu’est devenu Los Angeles, car, grâce à sa personnalité, son bon sens et le liant qu’elle assure face aux mâles parfois très introvertis, elle aurait sans doute su contrer les évènements. Elle a désormais l’opportunité de devenir une héroïne, bien davantage que par l’adjonction de pouvoirs surnaturels ou démoniaques.
18. QUITTE OU DOUBLE Scénario : David H. Goodman Réalisation : David Grossman Cordélia (et Groosalugg) sont de retour. Mis au courant des événements récents, Cordélia tente de réconforter Angel. Un démon vient voir Gunn, lui disant qu’il doit payer dans les 24 heures une « dette » qu’il a contractée envers Jenoff, le « suceur d’âmes » : rien moins que sa propre âme !… La critique de Clément Diaz: Après deux épisodes sinistres, ce n’est pas sans soulagement qu’on en revient à un loner moins glauque, et de surcroît teinté d’optimisme. Centré sur Gunn, cet épisode peu apprécié (il est vrai qu’il n’y a pas vraiment d’action) rend cependant honneur au personnage qui il faut le dire, n’avait jamais été vraiment approfondi. On assiste à un discret retour de l’humour, et plus réconfortant, Angel Investigations commence à se ressouder (moins Wesley, toujours persona non grata). A l’échelle de la série, on peut presque parler de feel good épisode… avant de replonger dans la tourmente. Cordélia revient, et apporte avec elle tout le réconfort dont elle est capable. Angel, emmuré dans son chagrin, ressassant les mêmes pensées et regrets, commence à faire son deuil, mais sent tout le poids de sa si longue vie. Cordy lui dit moins ce qu’il a envie d’entendre que ce qu’il a besoin d’entendre. Cette pause dans le chemin trop épineux de la vie du vampire est salutaire, il a besoin de ce moment d’abattement pour ensuite se relever. Le déclic se produit quand Gunn est en danger et qu’Angel déclare qu’il ne veut pas perdre quelqu’un d’autre de la « famille » (sic). L’histoire de Gunn est intéressante, superbe variation du pacte avec Méphistophélès (ici le directeur d’un casino !!). Mais Gunn n’est pas un vieillard recherchant la jeunesse, mais un jeune homme qui sept ans avant ne croyait plus à rien, ne voyait qu’un futur sombre et gris, et vendit son âme pour un bonheur présent immédiat. Il n’avait pas la foi en une « providence » ou « destinée » et encore moins en lui. Lorsqu’il comprend enfin que le futur peut être beau (pour lui grâce à Fred), c’est trop tard, son funeste pacte le rattrape. Il est touchant de voir sa réaction : il passe les derniers moments qu’il lui reste avec Fred, la gâtant en tous points. Comme elle devient suspicieuse, Gunn, honteux de son erreur de jeunesse et devant sauver l’âme de Fred, doit lui aussi faire son « sacrifice » et accepter de passer pour un salaud à ses yeux pour la sauver. Angel doit encore se sacrifier - une habitude chez lui, mais toujours émouvant pour le public - mais son quitte ou double du titre est réellement étourdissant. L’intensité est à son comble, et on est reconnaissant à Goodman de clore tout cela par l’humour, une acceptation par Angel de son deuil, et la réconciliation Fred-Gunn. Malgré un Wesley esseulé et peu réconforté par le quasi-abandon de Fred, l’optimisme du message de l’épisode, qui incite à la confiance dans l’avenir même quand tout est noir, brillamment métaphorisé ici, met vraiment du baume à l’âme ! La critique d'Estuaire44: - If Angel sees you again, he'll kill you, Wesley. This time for real. Don't come back to the hotel. Ever. Double or nothing présente le mérite de se positionner idéalement au sein de la saison. En effet il suscite une césure au sein de l'arc majeur de Connor, suspendant les évènements de la trame principale, afin d'exposer les sentiments ressentis par les deux protagonistes malheureux de la récente catastrophe, Wes et Angel. Alexis Denisof accomplit une formidable prestation lors de l’exercice de style toujours malaisé d'un rôle muet. Il exprime à merveille l'amertume d'un Westley blessé dans chair, mais surtout meurtri dans ses sentiments. La confrontation avec Fred se montre d'une rare cruauté, non seulement par la condamnation prononcée par celle lui étant si chère, mais aussi par ce que personne d'autre ne vient le voir, le rejet apparaît. L'acteur fait ici naître toute une nouvelle version de son personnage, car Wes, et c'est déjà une évidence, sortira changé du drame, désormais autrement plus froid et distant. Boreanaz sort lui aussi le grand jeu, avec un monologue sur son rapport à Connor à fendre les pierres. La présence de Cordy à ses côtés s’avère aussi précieuse que l'on pouvait l'imaginer. Celle-ci initie de faite une reconstruction, avec un humour apporté par Groo fort bienvenu dans cette optique davantage positive. Il s'avère émouvant de la voir aider Angel à prendre conscience qu'il existe toujours un futur pourvu qu'on refuse la fatalité, un thème très américain et déjà exprimé lors du Graduation Day de Buffy ou quand celle-ci décide de surmonter le départ d'Angel. Angel fait également son deuil du départ de Connor, démonter son berceau impulse aussi bien de l'amertume qu'un nouveau départ, c'est dramatiquement très fort. Mais si la trame principale de la saison confirme son potentiel, on reste quelque peu déçu du sujet du jour. L'idylle entre Fred et Gunn, quoique charmante, demeure trop lisse pour réellement passionner. Gunn lui même ne sort guère grandi de cette histoire de vente d'âme contre un camion. L'épisode approfondit son background mais échoue à lui obtenir une dimension supplémentaire. Tenter une conclusion renouvelant le traditionnel combat est positif, mais l'on reste sur notre faim avec une sortie de crise ultra expédiée. Les antagonistes demeurent toutefois pittoresques et bénéficient de maquillages croquignolets. Alors que thème central de l'opus demeure le futur, il est regrettable que les dialogues de Jenoff demeurassent flous sur le fait de savoir si Gunn vent le sien ou plutôt son âme. On regrettera également la catastrophique nouvelle coiffure de Cordy. De plus, lui conférer la blondeur après un pouvoir surnaturel édifie laborieusement un substitut de Buffy permettant de mettre le Cangel en orbite, que c'est lourd.
19. LE PRIX À PAYER Scénario : David Fury Réalisation : Marita Grabiak Le rituel de magie noire invoqué par Angel (cf. épisode Impardonnable) connaît un choc en retour : de petites créatures invulnérables aux armes issues d’une autre dimension infestent l’hôtel. Si elles s’accrochent à un hôte, elles provoquent en lui une soif terrible qui finit par le tuer. Fred apprend que les petites bêtes mortelles fuient en fait quelqu’un qu’elles craignent : le « Destructeur »… La critique de Clément Diaz: Quelle forme olympique des auteurs ! Sur un argument proche des Darkness falls et Medusa des X-Files, David Fury développe un épisode d’une grande force dramatique, respectant à quelques amendements près la triple unité de lieu, action, temps, et s’achevant sur l’apparition spectaculaire d’un nouveau joueur dans la partie. Supporté par le savoir-faire de l’équipe des effets spéciaux et de Marita Grabiak, qui nous gratifie d’une mise en scène imaginative, Fury explore toutes les gammes anxiogènes du huis clos : menace suspendue, menace directe, chasse aux monstres qui finalement donnent la chasse aux héros, conflits éthiques, confrontations, membre de l’équipe atteint, présage d’une nouvelle menace, aide lointaine compromise… En plus de l’obbligato crescendo, les scénaristes réussissent donc à maintenir tout en la renouvelant l’angoisse de l’intrigue. La « momie » assoiffée est une belle création des maquilleurs de la série. Les rauques We’re thirsty scandant l’épisode provoquent toujours leur effet. La course dans l’ombre contre les bébêtes, se déroulant dans des lieux variés de l’hôtel, devient de plus en plus désespérée et prenante au fur et à mesure qu’elles se multiplient. Il y a cette scène tranchante où Gunn implore l’aide de Wesley, mais ce dernier, se sentant trahi, les laisse à leur sort, n’acceptant que de sauver la vie de Fred, mais pour le reste, débrouillez-vous ! Fred atteinte permet à Amy Acker de changer totalement de registre en assoiffée obsédée, luttant vainement contre le monstre. Elle y est effarante de vérité. Quant à Cordélia et Groo, on sent qu’on se dirige vers le game over quand la demi-démon, fidèle à son statut d’héroïne, fait passer Angel avant le preux chevalier. On aime la voir combattre avec l’énergie du désespoir aux côtés d’Angel avant l’ébouriffant twist final. Les dernières secondes ne laissent même pas à l’ordre le temps de se réinstaller, le cliffhanger final étant l’un des moments les plus WTF de l’histoire de la série télévisée moderne. On sent que le finale de saison s’approche, et que ça va pas être triste ! La critique d'Estuaire44: - Hi Dad ! The Price vaut évidemment pour sa mémorable chute finale, digne de figurer en bonne place dans la salle d’honneur du musée du cliffhanger. Son argument ne brille cependant pas tout à fait pour son originalité, a facture à régler pour un usage déplacé de la magie constituant l’un des marronniers du Buffyverse (victoire contre Adam, résurrection de Buffy, dérive de Willow…). Fury saisit donc simplement l’opportunité de présenter l’addition à Angel, mais le traitement du sujet vaut néanmoins le coup d’œil par son efficacité. On apprécie vivement l’humour noir autour du client malheureux d’Angel Investigations, permettant en outre de remettre Angel à cheval, même si la blessure intime perdure. Mais l’opus reste avant tout un impressionnante démonstration de mise en scène, Marita Grabiaktirant le meilleur parti d’un Hérion devenu au fil du temps un membre à part entière d’Angel Investigations. Le décor se développe conservant sa tonalité joliment Fifties mais devenant progressivement sinistre grâce à l’habile caméra. La paranoïa devenue progressivement étouffante, le huis clos, la présence invisible d’un ennemi pouvant surgir de nulle part et la déambulation cauchemardesque de l’équipe évoque ainsi irrésistiblement le grand succès d’Alien, le Huitième Passager (1979). La transcription dans le Fantastique du chef d’œuvre de la Science-fiction horrifique s’effectue avec brio et naturel. Le récit s’autorise néanmoins des ruptures de continuité d’intérêt inégal. Denisof a ainsi l’opportunité d’étrenner davantage sa nouvelle incarnation d’un Weskey assombri, barbu et dépourvu de lunettes, mais l’interlude chez Wolfram & Hart résulte aussi gratuit que contre-productif (et puis avouons que l’on n’aime pas voir Gavin marquer des points contre Lilah).
20. UN NOUVEAU MONDE Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Tim Minear Après avoir sans succès essayé de tuer Angel, Connor s’enfuit, mais est déboussolé par le nouveau monde qu’il découvre. Angel Investigations se lance aussitôt à ses trousses pour le retrouver pendant que Lorne tente de trouver quelqu’un pour refermer le passage inter dimensionnel avant que d’autres monstres n’arrivent… La critique de Clément Diaz: L’entrée en fanfare de Connor, fils d’Angel, s’essouffle malheureusement très vite. Bell se retrouve contraint d’écrire un scénario simplet racontant la difficile adaptation du personnage à un nouveau monde. Malgré quelques bons moments, l’épisode devient très vite prévisible. Bien qu’adolescent, Connor fait étalage rapidement de ses talents de lutteur, envoyant même au tapis Gunn et le Groosalugg. Angel lui-même a beaucoup de mal à arrêter son fils. En dehors de ses aptitudes, Connor est un être renfermé, méfiant, instinctif, mais comprenant vite sa nouvelle réalité. La composition très monolithique de Vincent Kartheiser n’est toutefois pas sans diviser, et on a déjà l’intuition qu’il va être le Dawn d’Angel : le personnage boulet sur les bords. Cela dit, on ne peut nier son énergie brute, explosive, captée grâce à l’excellente réalisation de Minear, qui use de plusieurs artifices efficaces (ralentis, dilatation, effets spéciaux bien dosés). Rien de bien passionnant dans cette aventure toutefois, où Connor se bagarre, connaît un bref émoi sentimental pour une demoiselle en détresse, fait face aux ravages de la violence et de la drogue en ce monde, ou persifle contre papounet. Une intrigue sans suspense, sans développement, archi balisée. Quelques crépitements lorsqu’Angel le retrouve pour une explication père-fils assez compliquée. Le plan final est toutefois peu surprenant. Ce qu’on retient de plus dans cet épisode, c’est finalement l’incompréhension mutuelle entre les deux compères, prisonniers du poison instillé par Holtz qui a tout fait pour salir Angel aux yeux de son fils. A la fin de l’épisode, et ayant vu de quoi pouvait être capable « Dad », Connor est troublé mais toutefois pas assez pour franchir le rubicon. Affaire à suivre. L’intrigue de la sorcière ne casse pas trois pattes à un canard, la poursuite en plein jour est vite avortée, le Groosalugg fait fichtrement tapisserie. La seule intrigue secondaire à retenir est Lilah-la-garce qui s’invite chez Wesley dans le but de lui faire joindre Wolfram & Hart. Tension électrique assurée. La critique d'Estuaire44: - Couple weeks ago, he was wearin' diapers. Now he's a teenager? - Tell me we don't live in a soap opera. Consacrer tout un épisode à présenter le nouveau Connor était sans doute inévitable mais A New World traite le sujet de manière fort maladroite. Ainsi le scénario sépare totalement les totalement scènes d’action et d’exposition psychologiques, rendant les premières gratuites et et les secondes passablement ennuyeuses. Les péripéties abusent également des images générées par ordinateurs (zooms, ralentis, incrustations), domaine où les techniques vieillissent particulièrement vite. Pour une fois le titre original s’avère trompeur, l’exotisme de Connor se résume à peu de choses et il se repère étonnamment bien à Los Angeles (jusqu’à retrouver Holtz dans une ruelle secondaire, en pleine nuit), ce qui minore beaucoup la crédibilité de l’ensemble. Retrouver le veine réaliste de la première saison au pu intéresser, mais tout l’aspect drogue se résume à de l’imagerie d’Epinal, passablement démonstrative, à l’image du Beer Bad de Buffy, concernant l’alcoolisme. Les retrouvailles avec Angel manquent également d’intensité, principalement du fait de ce côté Dawn au masculin que prendra souvent Connor dès qu’il quitte les combats. Un aspect encore accentué par le jeu insuffisamment nuancé d’un Vincent Kartheiser encore rugueux. Au total, jaillissant de Quor'toth, on aurait pu espérer un Conan le Barbare, on se contentera d’un Connor le Barbant. Toute l’affaire de la magicienne dimensionnelle semble destinée à meubler. Heureusement le retour d’Holtz promet une belle conclusion de saison, tandis que la tentatrice Lilah nous vaut la meilleure scène de l’opus quand elle aborde Wes. Aussi brillamment dialogué qu’interprété (quel duo !), le passage est un real de bout en bout. Même si l’on ne croit pas à une chute morale de Wes, on ne peut qu’applaudir la plaidoirie de l’avocate, Holland aurait apprécié.
Scénario : Tim Minear Réalisation : Tim Minear A la demande de Holtz, Connor accepte de retourner vers Angel pour le connaître un peu mieux. En fin de vie, Holtz retrouve Justine pour lui demander « un dernier service »… La critique de Clément Diaz: Épisode à multiples surprises, Benediction s’intéresse à l’affrontement à distance des deux pères de Connor : Angel et Holtz. Ce dernier quitte la scène dans cet épisode, mais non sans un dernier coup d’éclat. Si le scénario est très lâche et que la boule de confusion et de rage qu’est Connor crispe assez souvent, l’étude psychologique des personnages, en particulier de Holtz, Justine, et Cordélia, est extrêmement bien écrite. En plus des craquantes scènes entre Wesley-en-rupture-de-ban et Lilah-la-mutine-perverse-au-sourire-light, tout l’épisode repose sur le mystère Holtz : quel jeu joue-t-il ? L’interprétation énigmatique de Keith Szarabajka, qui a valu à cette saison 3 ses meilleurs moments, apporte toute la densité nécessaire à son personnage. Connor apprend à connaître Angel, mais endoctriné par Holtz, ne voit ses bonnes actions que comme des illusions. Cela n’empêche pas que le lien du sang soit si fort que lui-même ne peut s’empêcher de partager un moment d’allégresse avec son géniteur - complice bataille dans le bar, ludique empoignade dans l’allée. De son côté, Cordy se hâte de couler sa relation avec un Groosalugg devenu hélas simple élément du décor. Rien n’est laissé au hasard dans cet épisode où Minear joue sur tous les claviers narratifs, maîtrisant notamment la conduite psychologique de Connor. Vincent Kartheiser a toujours cette énergie indispensable à son personnage, mais son jeu reste très limité. Mais plaisir de retrouver Justine, avec l’incandescente Laurel Holloman, touchante en disciple aimante, avec toujours cette flamme vivace dans le regard. L’épisode tend tout entier vers la confrontation finale entre les deux ennemis. La longue tirade d’Holtz porte ce personnage à son zénith de complexité et d’astuce. Son plan était de se venger d’Angel en kidnappant son fils et en l’élevant dans sa haine. Mais il comprend qu’il ne peut lui assurer un quelconque avenir, et surtout que Connor finira par comprendre qu’Angel n’est point le monstre qu’il lui a décrit. Son renoncement n’en reste pas moins déchirant. C’est alors qu’il dévoile son plan ultime, simplement « réadapté » aux circonstances : d’où un cliffhanger absolument génial qui consomme définitivement sa vengeance. Holtz a vécu par la vengeance, il mourra pour servir sa vengeance, mais tout en ayant été capable d’amour paternel sincère. Un personnage décidemment complexe et brillant, Good bye Holtz ! La critique d'Estuaire44: - Okay, so he survived an unspeakable hell dimension. Who hasn't? Benediction vaut par son habile utilisation du thème du remords tourmentant des hommes jusqu’à les miner et à les rendre vulnérables à des manipulateurs rusés. Angel ; reste ainsi poursuivi par le souvenir de ses tueries, en particulier celle de la famille d’Holtz. Il s’avère poignant de le voir de ce fait baisser sa garde et prêter le flanc à la nouvelle machination de son inépuisable Némésis. De même on sent bien qu’à son corps défendant Wes pourrait s’entrouvrir à une Lilah toujours au diaboliquement tentatrice, ne serait que pour racheter ses tords en la dupant. Une relation venimeuse mais intense se met en place, entre attraction physique et joie de faire mal, avec une précision chirurgicale. Un bel exemple d’amour vache, un thème parfois humoristique mais ici au combien enténébré, conformément à la série. Mais le récit condamne également l’absence de remords chez Holtz, le condamnant à instrumentaliser Connor de manière abominable alors même qu’il ressent pour lui une affection sincère. Un discours subtil sur les conséquences d’un sentiment dévoyé, dans son excès ou sa négation. Mais si l’épisode convainc dans la trame principale, il sacrifie par trop les personnages dits secondaires. Précédemment une irrésistible source de bons mots, ils e confirme ici que Lorne est désormais sous-employé, car est progressivement devenu une simple utilité scénaristique, introduisant magie et artefacts. Les efforts pesants et passablement ineptes accomplis pour transformer Cordy en semi Buffy ont Groo comme victime collatérale. Connor était déjà le Dawn de la série, Groo achève d’en devenir le Riley, privé d’intérêt en dehors de son environnement, trop lise et comprenant la fin de sa relation avant même l’aimée. D’où un sentiment de redite, mais aussi de gâchis, tant le personnage s’est montré divertissant par le passé. Le couple Gunn/ Fred continue à pu imposer sa marque au récit et les scènes de Connor s’avèrent toujours aussi plombées par son interprète inexpressif. On songe à ce qu’aurait pu devenir l’arc de Darla avec une actrice autrement moins douée que Julie Benz et on frémit. Le cliffhanger ouvre néanmoins la finale de saison sous de meilleurs auspices.
Scénario : David Greenwalt Réalisation : David Greenwalt
Le dernier plan d’Holtz a fonctionné : Connor est décidé à se venger d’Angel qu’il juge responsable de sa mort. Avec l’aide de Justine, il échafaude un plan diabolique dont la première étape sera de gagner la confiance de son père naturel. Angel et Cordélia se découvrent des sentiments l’un pour l’autre, mais la destinée de Cordélia va l’amener à se séparer de ses amis… La critique de Clément Diaz: David Greenwalt s’arc-boute tout entier sur les dix dernières minutes de l’épisode, qui forment une conclusion cruelle et terrible à cette saison 3. Mais avant cette résolution, il faut accepter d’être maintenu pendant une demi-heure dans un état d’attente où les héros tournent en rond, attendant sagement que le destin leur tombe dessus. Selon un procédé toujours efficace, Connor se garde bien de nous dire ce qu’il réserve pour « Daddy ». C’est ainsi que nous le voyons se rapprocher curieusement de son père : retour à l’hôtel, sortie cinéma (un film d’action bien sûr !), apprentissage des techniques de lutte vampiresques, ou serments d’amour. Ce crescendo de fausseté nous surprend, et l’on attend non sans angoisse que le voile de la vérité se déchire. Mais en elles-mêmes, ces actions ne font pas avancer le récit (le face-à-face avec Linwood tombe comme un cheveu sur le soupe). On essaye donc de trouver de l’intérêt ailleurs avec notamment les touchants départs de Groosalugg et de Lorne, le premier se rendant compte que sa belle ne l’aime pas, le second ayant envie de changer d’air. Deux beaux adieux qui sonnent juste. La série n’oublie pas les surprises excentriques, et c’est ainsi que nous voyons, médusés, Wesley et Lilah entamer une liaison !!! On a déjà certes eu des couples improbables dans Buffy (Xander-Cordélia, Xander-Anya, Buffy-Spike), mais entre l’expert en démonologie et l’avocate diabolique, on franchit allégrement plusieurs bornes en la matière ! Ces quelques moments offrent un peu d’intérêt pendant que le récit stagne au niveau de la mer. Le final sur la plage coule de la plus belle plume de Greenwalt : furieux et désespéré, l’affrontement entre le fils et le père, verbal et physique, est trépidant et stressant, culminant dans une ultime scène où on a l’impression d’avaler des cubes de glace. Angel est condamné à un horrible châtiment qui n’est pas sans rappeler celui d’Arvin Sloane à la toute fin d’Alias (et remontant à l’Escape Clause de La Quatrième Dimension). Ce cliffhanger de fin de saison est un des plus rageants qui soient, tant on a envie de hurler pour savoir immédiatement comment le Dark Avenger va s’en sortir. L’ascension de Cordélia est extrêmement bizarre, et il est assez gros qu’il advienne précisément où Angel aurait le plus besoin d’elle (à tous les sens du terme), mais sa scène avec ce bon vieux Skip, dilemme insoluble, permet de transcender l’évolution de la jeune femme, qui se sacrifie une nouvelle fois pour servir sa quête. L’on regrette que David Greenwalt quittât alors la série, car il y fut l’artisan majeur depuis son commencement (peut-être plus que Whedon, occupé également sur Buffy). Disons-lui au revoir, et remercions-le d’avoir vaillamment dirigé les trois premières saisons de la série. La critique d'Estuaire44: - Don't go making more of this than it is. I'm not one of the doey-eyed girls of Angel Investigations. Don't be thinking about me when I'm gone. - I wasn't thinking about you when you were here. Tomorrow apparaît comme une authentique déception, constituant sans nul doute la plus faible conclusion de saison de la série. Son manque total de rythme aurait éventuellement été acceptable pour un épisode lambda, ici il apparaît conne une indéniable faiblesse ; Durant la majeure partie du récit l’action se traine en scène verbeuse ou d’un intérêt très limité. Les départs de Lorne et de Groo restent des moments empreints d’émotion et de dignité, mais il ne s’agit que de confirmations largement anticipées. Ces sorties nos rappellent surtout à quel point ces personnages ont été minorés en seconde partie de saison. La pitoyable attaque de Wolfram & Hart ne fait guère illusion étant destinée à meubler. La mise en scène ne fournit d’ailleurs aucun effort pour filmer la panique qui devrait s’emparer des spectateurs La pire demeure sans doute le sucré à la Charmed de la scène du Miroir à Cordy, totalement incongru dans Angel. Ces paillettes, vraiment… A l’inverse, lors de l’opus précédent Justine s’était vu refuser la dignité de combattre les vampires telle une Slayer humaine, ici on la réduit à l’outil d’Hotlz, une évolution tragique que le talent. Laurel Holloman rend prenante. La concrétisation de la relation entre Wes et Lilah (toujours entre tirs de missiles) apporte enfin une vraie surprise et promet pour la suite/ teste que l’action s‘étire, la saison aurait sans doute du ramasser ses trois derniers épisode en seulement deux. Le final joue tout sur un cliffhanger horrifique, effectivement très efficace mais entaché de défauts. Connor et Justine réalisent des préparatifs conséquents, alors que seul ll coup de téléphone de Cordy indique que le rendez-vous se tiendra en bord de mer, soit très peu de temps auparavant. On sacrifie la vraisemblance au sensationnel. De plus le parallèle entre Angel sombrant dans l’abysse et Cordy s’élevant dans le ciel résulte vraiment lourd. Outre l’ineptie d’une romance avec Angel, on pressent déjà que détroncher ainsi Cordy de l’équipe est une voie sans issue.
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Saison 5 2. Justes récompenses (Just Rewards) 3. La Fille loup-garou (Unleashed) 4. Au bord du gouffre (Hell Bound) 5. Une fête à tout casser (Life Of The Party) 6. Cœur de héros (The Cautionary Tale Of Numero Cinco) 13. Le Sous-marin (Why We Fight) 14. Les Marionnettes maléfiques (Smile Time) 15. Un trou dans le monde (A Hole in the World) 17. Sous la surface (Underneath) 18. Une autre réalité (Origin) 19. Bombe à retardement (Time Bomb) 20. La Fille en question (The Girl in Question) Rappel préliminaire : Les épisodes 5.11 et 5.20 voient l'apparition d'Andrew Wells. Andrew est un jeune homme qui fut un des ennemis de Buffy dans la saison 6 de la série avant de devenir son allié en saison 7. Il est spécialisé dans l'invocation de démons. Ayant survécu à la bataille finale de Sunnydale, il est depuis aux ordres de Buffy. Grâce à l'enseignement de Giles, l'Observateur de Buffy, il est depuis Observateur de plusieurs des Tueuses activées par le sortilège de Willow dans le dernier épisode de la série. Il a une grande affection pour Spike. Toutefois, il demeure un geek intégral, spécialiste de la Pop culture, et souvent un peu idiot. Il n'en est pas moins très loyal et généreux. Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Angel Investigations dirige la filiale de Wolfram & Hart à Los Angeles depuis maintenant une semaine. Harmony devient sa secrétaire, et une belle jeune femme, Eve, lui sert d’intermédiaire avec le Bureau Interne. Angel Investigations doit apprendre à composer entre leur croisade de champions et satisfaire les clients de la firme, presque tous serviteurs du mal. Leur première mission : innocenter Corbin Fries, un client dont le procès semble sans espoir. Et Fries a un argument de taille : s’il échoue en prison, il activera magiquement une bombe qui détruira Los Angeles… La critique de Clément Diaz Libéré de Buffy et de Firefly qui ont pris fin l’année précédente, Whedon peut reprendre son poste de showrunner d’Angel, et s’y consacrer tout entier. Conviction enveloppe dans une intrigue au suspense minuté les piliers de cette saison : tourbillons éthiques (pacte avec le diable pour faire le bien, le prix à payer), tensions entre Angel Investigations et leur équipe diabolique, apparitions d’Eve et de Knox, retour d’Harmony (mais aussi d’un invité surprise), un retour aux sources avec la rédemption d’Angel, et une atmosphère (relativement) plus lumineuse en comparaison des saisons passées - sans renoncer bien sûr aux catastrophes en série. On commence par une remarquable double introduction. La séquence pré-générique nous fait mesurer le chemin parcouru depuis le pilote de la série où Whedon répète la première scène mais en l’assortissant d’une fin différente et comique, mesurant le conflit d’Angel entre sa croisade philanthrope et son poste d’entreprise privée. La scène suivante est un étourdissant plan-séquence de quatre minutes et demie (spécialité Whedon), où la caméra parcourt avec virtuosité la fastueuse salle d’entrée de Wolfram & Hart ainsi que les différents postes attribués à nos héros (on se croirait devant le pilote de A la maison blanche), et leurs sentiments face à leur nouvelle situation. Le décor est planté avec vélocité et précision. Knox et son merveilleux interprète, Jonathan M. Woodward, confirment les promesses de Home : d’une sympathie et d’une courtoisie subtilement excessives, il distille déjà un malaise trouble, renforcé par un petit rapport de séduction avec Fred. Sans atteindre le piquant de Lilah, Eve, incarnée par la superbe Sarah Thompson, instaure tout de même une jolie bataille psychologique avec Angel (hilarant gag de la pomme), en le titillant sur le conflit entre sa mission et son nouveau poste. Mais avouons-le, par son brio burlesque, c’est le retour d’Harmony qui ravit le cœur du spectateur. Portée par une Mercedes McNab jouant comme personne la crétinerie gratinée, ses scènes avec un Angel au-delà de la consternation crépitent d’un joyeux délire. On retrouve nos héros chéris : si Lorne et Wesley sont égaux à eux-mêmes, Fred fait le difficile apprentissage du leadership, se montrant dure à l’occasion (Amy Acker peut étendre son registre), Angel tente de jongler avec son dilemme, qui est de servir le Bien, tout en étant forcé de couvrir les arrières des serviteurs du mal ; et Gunn prolonge le mystère qui l’entoure jusqu’à la révélation finale dans une remarquable scène de tribunal où, suffoqués, nous le voyons en avocat flamboyant. J. August Richards (très beau en smoking) subjugue dans ce rôle inattendu où il rivalise de brillance avec les avocats de Law & Order (dont Whedon avoue l’hommage). Le créateur s’applique à donner des partitions toujours plus diverses à ses acteurs, qui le lui rendent bien. Le show garde ainsi ses qualités d’innovation. Le scénario est une efficace course contre la bombe, en plus de faire naître un suspense constant (montage rapide, multiplicité des actions et des points de vue, twist final), développe aussi les conflits entre Angel et ses « troupes » pas vraiment ravis d’être aux ordres d’un serviteur du Bien (saignant final dans l’école) qui doit à l’occasion se montrer aussi rude qu’eux. On lève le pouce pour le repoussant méchant du jour, un agité furieux et dangereux incarné avec feu et furie par Rodney Rowland. Cerise sur le gâteau, Whedon termine avec une surprise qui ravira toute l’audience. Au final, un début en fanfare ! La critique d'Estuaire44
- What happened to mercy ? - You just saw the last of it. ² Conviction souffre d’insérer un certain doublon avec le final de la saison précédente, avec une nouvelle visite, heureusement en accéléré, du nouveau décor de la série. Celui-ci (quelque peu différent du précédent) impressionne par ses dimensions et sa finition, mais on avouera demeurer nostalgique de l’atmosphère élégamment surannée de l’Hypérion, tout comme on l’aura jadis été de la Bibliothèque de Giles. L’arrivée de « nouveaux » personnages relativise également cette redite. On retrouve avec plaisir un Harmony égale à elle-même, c’est à fire inégalable (hilarant dialogue avec un Angel sidéré comme jamais) et Eve se montre agréablement incisive et mutine, sans toutefois faire oublier Lilah, loin s’en faut. La survenue inattendue de Spike crée évidemment la sensation pour une série soignant toujours autant ses cliffhangers. Joss Whedon tire le meilleur parti de la mise en scène, avec plusieurs effets tout à fait pertinents, dont un remarquable plan séquence initial. Parallèlement les figures de l’ex Angel Investigations trouvent leur marques dans ce nouvel univers, avec Wesley récupérant avec naturel sa place de second, mais un Lorne à la partie showbiz toujours sous-exploitée. On apprécie que J. August Richards, très à l’aise, ait désormais un nouveau potentiel à exprimer, tout un conservant un certain mystère autour ce qui est advenu à Gunn. La série s’oriente vers un fort plaisant Legal Show mâtiné de Fantastique (quoique, dans étrange venu d’ailleurs. Wolfram & Hart ne pourra jamais rivaliser avec Fish & Cage), La parenthèse de l’amateur de fessées se montre irrésistiblement absurde, Californication n’est pas loin. L’histoire du jour résulte relativement minimaliste mais sert de liant utile à la mise en place du décor de la saison, tout en ménageant un nouvel affrontement spectaculaire au Dark Avenger, dont on atteint décidément vite les limites de la miséricorde.
2. JUSTES RÉCOMPENSES Scénario : David Fury et Ben Edlund, d’après une histoire de David Fury Réalisation : James A. Contner Libéré de l’amulette de Lilah, Spike apparaît dans le bureau d’Angel, mais il constate qu’il est immatériel et que parfois même il disparaît. Pendant qu’Angel Investigations enquête pour trouver un moyen de lui redonner une apparence physique, Angel entre en conflit ouvert avec un nécromancien après qu’il ait refusé de lui fournir des cadavres. Spike, ravi à l’idée d’embêter Angel, ne cesse de coller à ses basques… La critique de Clément Diaz Le retour de Spike exauce tous les souhaits du spectateur. Grâce à lui, les dialoguistes sont les stars de l’épisode, enchaînant les mitraillettes de vannes entre les deux vampires (on se croirait dans une sitcom vraiment barrée). James Marsters avale l’écran, et son duo avec un David Boreanaz furieux et effondré est une tarentelle burlesque non-stop. La seconde moitié de l’épisode vire au suspense et à l’émotion lorsqu’ils font face à des choix moraux qui les impliquent l’un l’autre. Malgré une histoire un peu sacrifiée, le rythme élevé et divers assure une nouvelle réussite. L’on sait qu’Angel et Spike n’ont jamais pu se supporter. Si en plus Angel n’a aucun moyen de le flanquer à la porte, on ne peut qu’assister à une succession frénétique de dialogues vachards. Angel se défend bien, mais au jeu de la tchatche et aux répliques qui tuent, Spike, plus extraverti que jamais, mène aisément la barque. Pendant près d’une demi-heure, le spectacle ne s’interrompt pas, pimenté par les réflexions d’Harmony, qui nous fait un festival de mimiques irritées à se tuer, ou de quelques autres blagues comme celle bien gore des trois seaux. Mais Fury et Edlund sont habiles à ne pas faire qu’un show purement gratuit. Ainsi, la présence de Spike sert aussi à faire des commentaires ironiques et assez justes sur le dangereux équilibre entre Bien et Mal sur lequel marche le Fang Gang (ici assez invisible), ou à se moquer d’une façon « moderne » de vaincre le mal (grâce au… fisc !). Surtout, Spike continue sa rédemption à lui, bien qu’il l’ait déjà plus ou moins trouvée grâce à son sacrifice ultime à Sunnydale. Détestant Angel, et ravi à l’idée de lui nuire, il reste cependant conscient qu’ils sont du même côté, et du fait, on ne croit jamais vraiment à sa trahison. L’intérêt est en fait ailleurs : elle est justement dans ce dilemme entre rivalité et devoir, et dans le processus lent et difficile de leur déclaration de paix (armée bien sûr, on est pas fou). Elle se trouve aussi dans la belle coda avec Fred, où Spike le solitaire ravale son ego pour lui demander de l’aide, et demander lui aussi à être un héros, quelqu’en soit le prix. Du coup, on se fiche un peu du méchant du jour, mais on lui sait gré de remplir le reste avec suffisamment de roublardise et d’humour à froid. Il achève complètement cet épisode tonique, exemplaire de la direction un peu plus légère de cette saison. La critique d'Estuaire44 - Fair ? You asked for a soul. I didn't. It almost killed me. I spent a hundred years trying to come to terms with infinite remorse. You spent three weeks moaning in a basement, and then you were fine. What's fair about that ? Le grand atout et sujet de Just Rewards consiste bien entendu dans la confrontation entre Spike et Angel, promise par le cliffhanger précédent et à laquelle le récit consacre tout l’espace qu’elle mérite. David Fury maîtrise à l’évidence le sujet et apporte une vis comica irrésistible à cette hilarante scène de ménage non stop, tendance vieux couple. Tous les ressorts de la relation entre les deux Vampires (passé commun, Buffy, âme) se voient passés à la centrifugeuse, grâce à de percutants dialogues. Fort heureusement Boreanaz et Marsters jouent pleinement le jeu et se montrent complices, au lieu de jouer à qui volera la scène. Mais Fury ne limite pas la déflagration au seuil aspect humoristique. Il participe grandement à recentrer la série sur ses fondamentaux, abordant au fil des discussions ses thèmes essentiels : la quête de rédemption et de ce qui élève un individu au rang de héros. On apprécie également le rappel condensé de l’évolution historiques du Spike : pur méchant (du moins en apparence), mais aussi diminué et s’en remettant à un humour cynique et enfin loyal serviteur du Bien. Fury sait également équilibrer les positions, Angel n’apparaissant pas exempt de tout reproche ; Le retour de Sunnydale porte pleinement ses fruits, Harmony participant avec entrain à la bonne humeur générale, prenant la place occupée par Cordy durant les premières saisons. On regrette toutefois que son travail ne soit pas plus clairement défini, le poste de secrétaire personnelle d’un PDG d’une firme come Wolfram & Hart ne saurait s’accompagner d’une présence à l’accueil. /L’histoire du jour, certes avant un tout un prétexte, ne se voit pas sacrifiée pour autant avec un Nécromancien aussi savoureux que machiavélique et un lot substantiel d’action et de rebondissements. Deux réserves sont toutefois à noter. L’irruption d’une figure aussi majeure que Spike au sein de la série pourrait amoindrir l’importance des équipiers d’Angel, effectivement ici réduits à la portion congrue. De plus l’opus apparaît comme un second pilote de saison, partiellement contradictoire avec le précédent. Conviction mêlait le Fantastique à la série judiciaire, tandis qu’ici le mélange s’effectue plutôt avec la sitcom. Il serait dommageable que la tonalité de la saison s‘éparpillât. Mais, à tout prendre, mieux vaut une excellente sitcom que le mauvais soap opera de la période précédente !
3. LA FILLE LOUP-GAROU Scénario : Elizabeth Craft et Sarah Fain Réalisation : Marita Grabiak Nina Ash, une jeune femme, est attaquée par un loup-garou. Angel arrive à temps pour la sauver, mais pas suffisamment pour l’empêcher d’être mordue. Nina ayant pris la fuite, Angel Investigations doit tout faire pour la retrouver, car elle ne sait pas qu’elle va devenir un loup-garou. Mais des agents renégats de Wolfram & Hart cherchent également à mettre la main sur elle pour des raisons peu avouables. Pendant ce temps, Spike disparaît de plus en plus… La critique de Clément Diaz: Avec cet épisode, on renoue avec la formule primitive de la série : protéger les innocents du monde des ténèbres, avec Angel devant user d’empathie (et de gros poings dans la gueule des méchants) pour mettre en confiance sa protégée du jour. Le scénario du duo Elizabeth Craft-Sarah Fain instaure une intrigue en trois temps, passant de la psychologie à l’action avec efficacité, quoiqu’un peu prévisible. La recherche de Nina sous l’implacable compte à rebours avant le lever de la lune a un quota correct de frissons et de suspense, mais on est loin du suspense infernal à la 24 heures chrono ou à la Tru Calling. La description de la métamorphose progressive de Nina est toutefois bien rendu, grâce aux effets visuels de Marita Grabiak, montrant un beau sens de l’horreur. Et on adore Spike qui aimerait bien qu’on s’occupe de son problème à lui et qui suit très agacé le déroulement de l’enquête. La deuxième étape est la plus intéressante, où nous adoptons cette fois le point de vue de Nina, qui doit désormais s’accoutumer à sa nouvelle nature, et qui s’effondrerait sans la sympathie encourageante d’Angel et la grande douceur d’une Fred toujours aussi adorable. Ce soutien touche, tout en nous faisant voir le monde d’Angel d’un autre œil ; un exercice de style classique et déjà utilisé tant chez Buffy que chez Angel, mais qui continue de marcher. Jenny Mollen convainc largement dans ce rôle peu aisé. La troisième partie démarre sur un étonnant twist, caractéristique de l’atmosphère de paranoïa de cette saison. Nos amis dirigent des employés qui n’attendent que le bon moment pour se retourner contre eux, ils sont ainsi très isolés. Un aspect original de cette saison qui lui apporte ce qu’il faut d’intensité. C’est ici très prégnant, avec notamment une scène d’interrogatoire très drôle de Lorne, et une beaucoup plus, huhum, musclée, d’Angel. On admire l’originalité du but des bad guys, inversion hilarante des clichés des films humains vs. loups-garous. Cela permet un final assez stupéfiant, et un twist final bien vachard. Angel est toujours aussi peu prodigue en pitié, la Buff aurait certainement été moins impitoyable. C’est dans ce genre de scènes que l’on voit toute la différence entre ces deux séries si semblables à la forme, mais au fond si différent. Une preuve de la richesse du Buffyverse. On finit sur un épilogue joliment apaisé avec en plus quelques pétillements de séduction entre Angel et Nina assez mignons. Un retour aux sources réussi. La critique d'Estuaire44: - So, you're like a family? - Yeah, a demon-hunting, helpless-helping, dysfunctional family. La première partie d’Unleashed, autour de la transformation mentale, puis physique, de Nina Ash, collectionne les scènes classiques et incontournables des diverses histoires de Lycanthropie, comme d’autres enfilent des perles. Le manque de créativité scénaristique est absolu, mais l’opus parvient à compenser par une mise en scène particulièrement suggestive à propos de ce que ressent Nina Ash. La réalisatrice Marita Grabiak se montre toujours aussi douée, on la créditera même du premier loup garou vraiment réussi du Buffyverse. Tout vient à point (et même à cru) à qui sait attendre. Après ce premier segment tout de même particulièrement balisé, le scénario a l’heureuse idée d’opérer une bascule et de développer une idée cette fois originale et décapante, en inversant les rôles lors de ce banquet de gourmets humains gourmets es monstres. Cela nous vaut un effet joyeusement Gore (plus en en suggéré qu’à l’écran) assez similaire aux Dieux Païens bien cramés de Supernatural, amateurs de sacrifices humains eux aussi à consommer sur place (plus à l’écran qu’en suggéré). Après le Prétorien et le Nécromancien, la saison a la bonne idée de compenser l’absence de Big Bad par des Joyeux de la Semaine gratinés copieux. Le cruel destin réservé au traître autorise un effet Dark Avenger fort gouleyant. Décidément on touche vite aux limites de la pitié d’Angel et on aime ça. Au loin on entend Angelus ricaner. Ceci permet de compenser un Spike décevant en gentil Casper un peu grognon, il est temps que cet arc s’achève et que William entre vraiment dans la partie. Hélas les ultimes scènes achèvent de faire basculer cet opus inégal dans le décevant, avec ce happy ending sirupeux et hors sujet dans cette série. C’est quoi cette chanson mielleuse ? Avec les petits hauts suggestifs, voire inexistants, on fait fort question joliesse. Pour le coup, quand Sam Winchester tombera amoureux d’une Louve Garou sympathique (Heart, 2-17), Supernatural restera fidèle à son esprit, de manière définitive. La scène finale de la pizza fait trop sitcom, pour le coup. Et puis tout ceci fait malgré tout doublon avec Oz (évidemment jamais évoqué), à force d’incorporer des éléments issus de Sunnydale (tiens, de nouveau une blonde aux alentours d’Angel) pour que le public propre à Buffy ne s’en aille pas, la série risque de perdre son identité.
4. AU BORD DU GOUFFRE
Scénario : Steven S. DeKnight Réalisation : Steven S. DeKnight Pendant que Fred continue de trouver une solution pour Spike, ce dernier passe de plus en plus de temps dans une des faces cachées de Wolfram & Hart : une antichambre de l’Enfer où il croise des esprits tourmentés qui le rapprochent dangereusement de la damnation éternelle. Angel Investigations se demande si toute la situation n’est pas orchestrée par un autre joueur dans la partie…
La critique de Clément Diaz: S’il y’a une qualité que l’on ne peut nier à Steven S. DeKnight, c’est l’ambition. Amateur de spectaculaire, efficace dans les grosses vagues de noirceur jetées sans crier gare au spectateur, il arrive cependant qu’il s’enferre dans une idée ingénieuse et profonde à laquelle il ne parvient pas à donner un développement satisfaisant. Hell bound en est un exemple parfait. Le récit, émietté, trop lent, au crescendo d’effroi trop artificiel, peut toutefois se reposer sur l’imposante performance de James Marsters, et un Big Bad bien dingo et grandiloquent comme on l’aime. Spike étant un des personnages les plus fascinants du Buffyverse (voire le plus fascinant tout court), l’auteur saisit l’occasion d’explorer un Spike que l’on ne connaissait pas : après le Big Bad/Gag Man fanfaron, le tourmenté amoureux cherchant la rédemption, voici l’isolé tenaillé par la peur et le découragement devant la menace des flammes éternelles, qu’il tente de masquer par sa tchatche légendaire (niveau dialogues, DeKnight n’a à peu près rien à envier à Whedon). Sur ce point, pleine réussite : James Marsters brille dans ce registre inédit, marionnette manipulée par « L’Âme Noire » (Simon Templeman, totalement halluciné en gardien sadique) et son diabolique jeu de chat et de la souris dans lequel Spike est pris au piège. Toutefois, l’horreur est un genre qui demande de l’originalité pour se distinguer sous peine de paraître cliché et mécanique. Et c’est sur ce travers que tombe le scénariste : apparitions au hasard d’une poignée d’apparitions, longues marches solitaires comme autant de temps morts, visions fugitives peu effrayantes, menaces proférées platement… et même plagiat d’une ficelle scénaristique de Ghost ! La longue errance de Spike dans cet Achéron ne distille aucun effroi, malgré le numéro du bad guy. Toutefois le twist final, où Spike fait un bouleversant… sacrifice (oui, tout le monde y passe dans cette série), touche, tout comme sa relation très amicale et souriante avec Fred (Amy Acker, au sommet de son quotient sympathie). Et l’auteur sait habilement dépeindre Angel sous un jour peu flatteur, toujours dans le déni quant au changement de Spike (peur de ne plus être unique, peur qu’il lui pique Buffy une fois de retour…). L’auteur confirme qu’il est aussi un réalisateur très inspiré, par de belles perspectives, mais son talent tourne à vide dans sa propre histoire. On émerge de l’épisode avec le sentiment d’être passé à côté d’un chef-d’œuvre. La critique d'Estuaire44: - I never told anybody about this, but I… I liked your poems. - You like Barry Manilow. Tout en confirmant la nature de patchwork d’une saison sans réel conducteur et changeant sans cesse de tonalité, Heel Bound constitue un bel exercice de style, avec une adaptation à la fois fidèles et inventive des divers passages obligés du cinéma d’épouvante. Greenwaltse nous régale en multipliant les marronniers (lumière électrique crépitant avant de s’étreindre, solitude du héros, medium brusquement terrassé, jeune femme sous la douche ou hurlant à la moindre occasion, etc.) tout en les narrant de manière fluide et savamment progressive. La mise en scène, visuelle et musicale joue pleinement son effet : rendre les couloirs impersonnels aussi inquiétants, sinon davantage que le décor plus ad-hoc de l’Hypérion compose un bel exploit. Le plus haut fait d’arme de cet opus réside toutefois dans le fait que cette plongée dans l’angoisse en huis clos dans des couloirs désertés, très à la After Hours, survient non pas à l’un des quidams proverbiaux de la Twilight Zone, mais bien à un Etre des Ténèbres, et pas n’importe lequel, le Spike en personne. Le voir perdre progressivement contenance jusqu’à avoisiner l’abîme s’avère ainsi d’autant plus déstabilisante pour le spectateur. L’impeccable prestation de James Marsters assure le succès de l’épisode et illustre à quel point l’acteur maîtrise un personnage endossé de longue date. Les commentaires plaisamment distanciés de Fred et des autres soulignent plaisamment le caractère Geek assumé du récit, avec une certaine saveur à la Scream. On se régale de la scène où Spike cherche à améliorer son moral auprès d’Angel le Facétieux, ce qui s’avère une entreprise au résultat toujours assuré. L’intervention de l’antagoniste du jour, comme souvent parfaitement dessiné cette saison, tombe à pic pour relancer le scénario, d’autant que Simon Templeman impressionne par sa présence sinistre. La chute tombe comme un couperet, décidément la fréquentation de Wolfram & Harm incite Angel à se la jouer plus Dark Avenger que jamais. On regrettera l’emploi du procédé visant à souligner l’enferment en ramenant toujours Spike au même point (la table et chaise du sous-sol), car déjà employé avec Alex lors de Sleepless. De même il résulte dommageable que l’affrontement d’esprit entre Spike et Pavayne se résolve par des coups de poings, par ce qu’il est inscrit dans la charte que chaque épisode compte au moins une bagarre. Les maquillages jurent également quelque peu avec la finesse de la mise en scène. Mais Hell Hound démontre clairement le formidable savoir-faire atteint par la série en tous domaines.
5. UNE FÊTE À TOUT CASSER Scénario : Ben Edlund Réalisation : Bill Norton Lorne se dépense tout entier pour préparer la fête d’Halloween de Wolfram & Hart. Au cours de la fête, Lorne exhorte Angel Investigations à se défouler, mais les choses commencent à dérailler quand ses amis suivent son conseil avec un peu trop… d’enthousiasme. De plus, un cadavre est retrouvé dans les toilettes… La critique de Clément Diaz: On est reconnaissant à Ben Edlund de centrer un épisode sur Lorne, sous-employé depuis l’affaire de la bouteille magique, et de vouloir faire un remake du Mariage de Buffy. Mais il reste très en-deça de l’ouragan comique de son modèle. Malgré un Lorne magistral, et quelques dérapages croustillants, l’épisode ne nous donne guère de gags à croquer, tout en se lestant d’une métaphore peu subtile. Après une étourdissante introduction où Lorne se déchaîne en organisateur débordé, le tempo freine des quatre fers. Lorne passe un tiers de l’épisode à convaincre Angel Investigations de participer à la fête, mais ces interventions font plus sourire que vraiment rire. L’énergie d’Andy Hallett ne peut animer à elle seule ce prélude aux dialogues trop abondants. Malgré une visite passablement allumée chez un Seigneur démon (il semble que l’art de la vanne soit plus que jamais un sport national dans le Buffyverse), la fête reste assez sage, l’épisode ne déployant pas l’humour qui aurait pu naître d’Harmony en dancing queen, ou de la personnalité bourrine des invités, simples éléments du décor. Edlund s’enferme dans une quadrature du cercle en voulant injecter de la tension mais sans y introduire de Big Bad (le monstre final n’est qu’une plaisanterie), là où Tracey Forbes avait prudemment opté pour la comédie pure. Du coup, l’épisode délaye massivement. Il arrache quand même quelques rires, non pas par les mictions répétitives de Gunn, de mauvais goût, mais avec le trip alcoolisé de Fred et de Wesley (Alexis Denisof et Amy Acker élèvent le surjeu au rang d’art) aussi loufoque que douloureux, avec Fred crucifiant une deuxième fois Wesley en le chauffant à mort avant de lui dire qu’elle s’est entichée de Knox (l’occasion d’un dernier plan bien amer). Il y’a aussi Spike en Yes man (aussi terrifiant que Snyder en ado attardé). Mais on avouera un faible pour les scènes de séduction ironiques entre Angel et Eve, grâce bien sûr au toujours excellent David Boreanaz mais aussi à la performance aussi acide qu’hilarante de Sarah Thompson, plus dans la malice que dans la rouerie de Lilah. Lorne assure un show fantastique en roi de la fête qui pousse des gueulantes quand il n’y a pas assez de fun. Par contre, tout le final est grotesque avec l’apparition du « monstre métaphorique » et la résolution bâclée. Un épisode léger mais qui pêche par un mauvais mélange entre humour et tension. Heureusement, Ben Edlund va se ressaisir, et va par la suite tout casser avec Smile time, un épisode totalement hystérique. La critique d'Estuaire44: - And Eve, you stay here with me. We'll have more sex. - I'm on it! On apprécie que Life Of The Party se découvre comme un épisode centré sur Lorne, ce personnage original et très attachant - l’une des meilleures idées de la série - n’ayant pas été assez à l’honneur depuis son retour de Las Vegas. La première partie du scénario se montre intéressante de ce point de vue, illustrant de manière adéquate l’adaptation problématique d’une âme d’artiste ayant à assumer pleinement l’aspect professionnel et cynique du show business. La séquence d’introduction se montre remarquable à cet égard, entre ébullition et confrontation des ces deux facettes très à la Twilight Zone, tendance Nervous Man in a Four Dollar Room. Sa partie bohème et musicale entonne Don’t Leave Me This Way à celui qui est désormais devenu un entrepreneur harassé, de plus guère considéré par ses partenaires. L’épatant et sympathique Andy Hallett confirme ici tout son réel talent d’acteur, supportant aisément la charge principale d’un récit qui sonne juste également grâce à lui. On apprécie cette pertinente appréhension des caractères, que cela soit dans le détail (Harm évidemment première diva du dancefloor de la soirée) ou chez le personnage toujours clef du méchant. L’Archiduc, très fin de race, ses gros bras débiles et son mignon se montrant aussi drôles qu’irrésistiblement décadents.. Décidément la saison opte pour une totalité plus légère et des antagonistes pour le moins pittoresques, sans doute pour accueillir au mieux le public transfuge de Buffy, que l’ambiance sinistre et tourmentée des arcs précédents pourrait rebuter. Hélas tout se gâte quand survient la fête et se manifeste le pouvoir de Lorne. Angel s’était jusqu’ici fardé à juste titre d’épisodes festifs, exogènes à sa nature profonde. Ici l’évolution devient trop brusque et marquée, menaçant de dénaturer une série devenant un Buffy bis et, qui plus est, inférieur à son modèle. En effet l’idée scénaristique des vœux involontaires avait déjà été employée à Sunnydale (Something Blue), avec autrement plus de talent. A côté de l’humour grinçant d’un Giles devenant aveugle ou de l’absurde relation entre Buffy et Spike, les gags du jour se montrent vraiment éléphantesques : Gunn fait pipi, Wes et Fred sont ivres, Angel et Eve copulent. Belle ambition. Seul le Spike se montre à son avantage en réjoui décalé. De plus la résolution de l’intrigue se voit bien trop accélérée, pour laisser place à la bagarre de service, avec un simili Hulk en invité vedette bien avant la déferlante des Marvel Avengers, ce qui achève de minorer cet opus ne tenant pas ses promesses.
6. CŒUR DE HÉROS Scénario : Jeffrey Bell Réalisation : Jeffrey Bell Angel Investigations est tenu en échec par un démon qui arrache le cœur de personnes ne semblant avoir aucun lien entre elles. Une recherche leur apprend qu’un seul homme a vaincu ce démon par le passé : un ancien catcheur mexicain à leur service, Numéro Cinq. Mais Angel traverse une crise de confiance, se mettant même à douter de la prophétie Shanshu et de la valeur de son combat… La critique de Clément Diaz: Jeffrey Bell, passionné de catch, réalise un rêve de jeunesse en écrivant et dirigeant une histoire s’intéressant à ce milieu. Cependant, à l’exception de quelques scènes d’action assez inédites, son histoire échoue sur toute la ligne : Angel Investigations, y compris leur leader, n’influencent aucunement - ou à peine - les événements en cours. Une décision qui aurait pu marcher si toute la place avait été laissée à Numéro Cinq (cela aurait donné un épisode original), ce que rejette l’auteur. Conséquence : aucune action, manque d’intérêt envers l’invité du jour, tempo désespérément lent. Quant aux doutes d’Angel, caution émotion du jour, ils sont vite expédiés. Numéro Cinq, l’invité du jour, divertit un moment par sa saga familiale (et légèrement parodique) mais il souffre de ne pas être développé. Il n’a rien à exprimer, si ce n’est une honte séculaire et une recherche d’héroïsme. Le parallèle avec Angel sur ce dernier point, grassement surligné, est le seul travail de fond sur cet histoire. Sa très relative mise en avant fait que notre dream team ne décolle pas de leurs bureaux, tandis qu’Angel assiste davantage en spectateur qu’en acteur des événements. Ironiquement, Numéro Cinq ne fait à peu près rien non plus, l’épisode délaie par conséquent sur du vide. Le final est révélateur : Angel lance bien quelques beignes, mais c’est le quintette musclé qui résout l’affaire. Le monstre n’est qu’une silhouette ; tant qu’à arracher des cœurs, on préfère largement les Gentlemen de Hush. On s’ennuie tout le long de cet épisode qui se prend trop au sérieux. Restent toutefois une excellente bande-son « locale » (guitares et castagnettes à gogo) et quelques scènes de catch impressionnantes, mais qui ne font guère illusion. Les états d’âme du Dark Avenger eussent pu émouvoir, mais le point n’est guère mieux traité ; les dialogues restent d’ailleurs sous-écrits. L’atonie de l’action en cours ne motive guère les comédiens qui ne vont pas au-delà du minimum syndical, malgré un David Boreanaz ne ménageant pas ses efforts. L’attention est quelque peu relevée par l’hypothèse que le champion de la prophétie ne soit pas Angel mais Spike (qui a vraiment l’air de s’ennuyer), mais au final, cet épisode qui n’a pas su trouver une voie à lui s’oublie immédiatement après son visionnage. La critique d'Estuaire44: - Notice no matter how uptown we go we always wind up at some stanky hole in the middle of the night ? On reste pour le moins dubitatif devant The Cautionary Tale of Numero Cinco. Ecrire un épisode aux tonalités hispaniques et mexicaines dans une série se situant en Californie représentait à la base une idée naturelle et prometteuse. Mais le biais choisi pour cela demeurera abscons pour les non férus de catch mexicain, la haute en couleurs lucha libre, et de l’univers particulier des films d’El Santo. Les références à ces univers occupent une part primordiale du récit et parleront sans doute davantage au public américain qu’européen. Tout cela résulte donc passablement artificiel pour le non averti, ce qui est d’autant plus frustrant qu’il existait des voies plus habiles pour aborder le sujet et davantage insérées dans le Los Angeles réel. La série semble ainsi décidément tourner le dos à ce fut jadis l’un de ses meilleurs éléments constitutifs, au profit d’un univers fantasmagorique plus proche celui de Sunnydale. L’identité de la série se dilue ave ce nouvel opus davantage hors sujet que décalé, après Life of the Party. On perd aussi en qualité, l’espace imparti aux éléments culturels faisant que l’ossature de l’intrigue proprement dite résulte vraiment minimaliste. Le véritable sujet qu’aurait pu constituer la relativisation du statut de Héros d’Angeln’est qu’à peine abordé. Au total on se trouve face à un moyen maladroit de faire revenir la Prophétie au cœur des débats, pour préparer la suite de la saison.
Scénario : Drew Goddard Réalisation : Jefferson Kibbee Fred est sévèrement blessée lors d’une mission dirigée par Wesley qui tourne au fiasco. En pleine crise de confiance, Wesley reçoit la visite de Roger, son père, qui lui propose de réintégrer le Conseil des Observateurs. Mais c’est alors que le cabinet est attaqué par une armée de cyborgs… La critique de Clément Diaz:
Le jeune mais surdoué Drew Goddard débarque juste de Buffy et doit relever le défi de respecter l’univers plus sombre d’Angel. Malicieusement, il joue la sécurité en se concentrant sur Wesley, le personnage le plus complexe de la série (hormis Spike) : l’épisode ne peut donc qu’être excellent… à condition de connaître à fond tout le personnage. Pari gagné par l’auteur qui s’emploie même à creuser davantage sa psyché ténébreuse. Si l’histoire est trop sacrifiée à la psychologie, Alexis Denisof se montre une nouvelle fois étincelant. Depuis qu’il a intégré Angel Investigations, Wesley n’a cessé de devenir plus sombre et même franchir plusieurs lignes éthiques, au-delà même de ce que s’autorise Angel. Il est donc le plus en proie à la douleur, à la haine de lui-même. Son angoisse pour la santé de Fred qu’il a mis en danger (brutale introduction, remontrances inhabituellement féroces d’Angel, conclusions pertinentes d’Eve sur la peur d’Angel d’être de nouveau trahi) l’affaiblit davantage. C’est à ce moment que son père vient le voir, et sa venue déclenche de nouveaux troubles de confiance : maladresses rappelant l’imbécile de Buffy, connaissances imprécises (grinçante scène de la bombe), rappel de ses échecs passés, et évidemment relation sans chaleur avec son géniteur. La composition sèche et sobre de Roy Dotrice (encore très vert pour ses 80 ans !) complète à merveille celle très expressioniste de Denisof, en surtension permanente, mais froidement maîtrisée. L’on sent vraiment une communication pourrie de l’intérieur, que rien ne réparera. Cependant, il faut avouer un gros manque de suspense, toute la première partie ne s’appuyant que sur la psychologie. Le climax sur le toit est toutefois riche en suspense, consommant la frustration et la fureur entre les deux Observateurs, avec un acte très symbolique de « tuer le père ». On remarque toutefois que Wesley ne franchit pas l’ordalie de lui-même mais uniquement grâce à son amour non partagé pour Fred. Cela accroît sa fragilité intérieure et donc sa dimension tragique : Comme son employeur le déclare, Wesley est celui qui prend les décisions les plus dures, les plus douloureuses, quelque soit le prix, pour le bien commun. L’amer final où Wesley laisse Fred partir vers Knox, comme un deuxième renoncement (après celui de Couplet en saison 3) tout en subissant une nouvelle humiliation téléphonique ne fait que confirmer l’errance de ce fascinant personnage dans ses abysses d’amertume, sans bonheur personnel possible. L’attaque de cyborgs (et un fulgurant twist) est certes un prétexte un peu capillotracté pour insérer à tout prix une histoire autre que la pure psychologie, mais cela permet à Whedon de rendre un bel hommage aux films de ninja (geek un jour, geek toujours). La critique d'Estuaire44: - Lorne runs our entertainment division. - Entertainment division? Well, I can see how that would be very useful in the fight against evil. - You'd be amazed at how many horrible movies we've stopped. Malgré le thème SF hors sujet des ninjas cyborgs (sérieusement ?), qui aurait beaucoup mieux convenu à une attaque de Buffy par le Trio, Lineage signifie un heureux retour à la tonalité spécifique de la série. En effet la découverte du père de Wesley, certes reproduit, mais à l’identique aussi bien physiquement que psychologiquement, permet de compléter le puzzle de l’identité de Wesley. Le récit expose avec finesse le carcan patriarcal dont l’un des protagonistes les plus complexes aura su progressivement s’affranchir pour devenir lui-même. La composition particulièrement subtile de Denisof indique d’ailleurs une relative régression de son personnages au contact de la figure paternelle, jusqu’à retrouver des postures de sa période Sunnydale. La confrontation familiale se déroule sur un mode ne laissant guère d’ouverture à l’espoir d’un renouveau et avec des ruptures humoristiques ponctuel soulignant la caractère sombre de la situation, comme souvent chez Whedon. L’opus bénéficie également d’un puissant moteur avec la confrontation particulièrement porteur entre Denisof et l’excellent Roy Dotrice, particulièrement dans son emploi avec cette figure paternelle anglaise. Le récit ne s’y cantonne toutefois pas s’offrant un twist fort bien amené et quelques scènes succulentes telles la confrontation entre Eve et Spike ou les épanchements d’un Angel ayant toujours sa manière bien à lui de remonter le moral de ses proches. On peut regretter que l’expéditeur des ninjas cyborgs (pourquoi pas des tortues ninjas ?) se maintienne dans un flou tellement pratique.
Scénario : David Fury et Steven S. DeKnight Réalisation : Skip Schoolnik Spike ouvre un paquet mystérieux qui lui est destiné : un flash se déclenche… et il redevient corporel ! Simultanément, toutes les machines de Wolfram & Hart se dérèglent, et des employés de la firme sombrent dans une folie sanguinaire. Eve et Sirk, un employé de Wesley, expliquent que l’univers entier commence à être perturbé car Spike de nouveau corporel est désormais un second candidat pour être le champion de la Prophétie Shanshu, ce que la « roue du destin » ne supporte pas. Pour les départager, Spike et Angel doivent retrouver la coupe de « L’éternelle souffrance » et y boire. Chacun étant persuadé d’être le champion de la prophétie, les deux vampires font la course l’un contre l’autre…
Grand moment que cet épisode qui nous offre ce qu’on attendait impatiemment depuis le School Hard de Buffy (6 ans !) : le vidage de querelle entre Angel et Spike. Mais les scénaristes ne s’arrêtent pas au règlement de comptes, aussi divertissant soit-il, mais l’enrichissent d’un débat idéologique sur l’héroïsme (patte de David Fury) inséré dans une bagarre sanglante d’une violence étourdissante (patte de Steven S. DeKnight). Ils explicitent enfin la raison de la haine entre les deux vampires tout en concluant la saga des Fab Four via de somptueux flashbacks (plaisir de revoir Drusilla). L’enquête du jour lorgne plaisamment vers les films de « contagion ». Le twist final est une secousse qui ravira tout le monde. Perfection à tous les étages. L’on pouvait penser que Spike retrouverait son corps à l’issue d’une quête éprouvante ; les auteurs choisissent de nous surprendre en se défaussant brutalement de cette carte dès l’introduction. Brûler ses vaisseaux est en effet une caractéristique de Whedon. L’épisode est en fait une étude de caractère sur Angel et Spike, qui chacun cherchent une raison de vivre, et la trouvent tous deux dans une destinée de héros. Angel, en expiation perpétuelle, veut devenir un héros racheté pour mettre fin à sa quête douloureuse. La motivation de Spike est l’amour de Buffy, il veut être digne d’elle et de ses croyances. Dans les deux cas, ce n’est pas l’amour de l’humanité qui les pousse. De plus, malgré les arguments qu’ils s’opposent, on peut se demander si ce n’est pas l’orgueil et la rivalité qui les pousse à vouloir prendre le dessus sur l’autre. Tout cela complexifie leurs portraits. La question est de savoir qui « mérite » d’être un héros. Et cela est le sujet d’une des plus époustouflantes bagarres jamais réalisées à la télévision (dix minutes !) : les deux vampires, ivres de sang et de haine, sont pris dans une spirale d’adrénaline sanglante, et de violence réaliste : la scénarisation de Steven S. DeKnight est absolument incroyable. En plus des poings, les mots blessent tout autant : Angel se défend en exposant ses deux siècles d’expiation de ses crimes, et qu’il mérite cette « récompense » d’être un héros. Mais il doit faire face aussi au fait que Spike s’est battu pour avoir son âme, contrairement à lui, et qu’il est dans le déni quant à l’évolution psychologique et physique de son rival. Le résultat du duel se montre au final logique, creusant encore plus les failles d'Angel. Les flashbacks confirment l’intéressant cas de Spike, « anomalie » dans le monde des vampires selon David Fury : transformé en vampire, William the bloody demeure un poète romantique idéaliste, marqué par les femmes qui jalonnent sa route. Il rêve d’un amour paroxystique avec Drusilla, et, armé d’un semblant de conscience, invente ses propres règles. Lorsque la frivolité de Drusilla et le mépris de toute morale d’Angelus lui explosent à la figure, cela marque une cassure définitive avec son « grand sire ». L’on remarque a posteriori que Spike a continué à vivre selon ses règles, et qu’ainsi, il a refusé de suivre la règle d’or d’Angelus (« pas de règles »). Là où Angelus flamboie en génie du mal grandiloquent, Spike expose sa psyché abyssale, capable de sentiments humains émouvants entre deux atrocités. Drusilla apparaît comme fascinée par Spike, mais ne semble pas s’investir autant que lui dans cette relation (qu’on se rappelle du quasi ménage à trois en saison 2 de Buffy). Trahi par des femmes qui le déçoivent, l’on comprend mieux ses instincts de revanche (Harmony simple objet sexuel) avant sa découverte de la femme idéale, celle qui le changera à tout jamais : Buffy. Cette complétion de son portrait achève de faire de Spike le personnage le plus fascinant du Buffyverse. La critique d'Estuaire44: - Probably should have dusted you, but frankly I don't want to hear « her » bitch about it. Destinity nous permet de retrouver avec plaisir la toujours parfaite Juliet Landau, à l’occasion d’un de ces télescopages entre présent et passé que les deux séries de Whedon ont toujours réussi autour du plus célèbre clan vampirique de la télévision. La première rencontre entre Angelus et Spike constituait d’ailleurs l’un des rares éléments du puzzle à manquer à l’appel. Sans atteindre les cimes virtuoses du Fool For Love de Buffy contre les Vampires, les interactions entre les époques provoquent derechef de jolis effets lors de l’affrontement central entre Spike et Angel. Bien évidemment les talentueux auteurs saisissent l’occasion d’élargir la lutte pour la Coupe à l’ensemble du contentieux existant entre les deux Vampires, un tour d’horizon à la fois complet et apportant une intensité particulière à un combat toujours plus violent et absolu. Leur duel épique et sans pitié aucune est un très grand moment dantesque, on n’en attendait pas moins des deux gaillards. Toutefois la réussite ne semble pas totale. Présenter Dru comme motif essentiel de la rivalité entre Angel et Spike est tout de même à relativiser depuis que le ce dernier ait proposé à Buffy d’occire son ex en gage d’amour. Parallèlement la part impartie à Buffy dans l’exposé de leurs différents apparaît vraiment réduit à la portion congrue. Evidemment le véritable problème de l’opus réside dans la sensation facile que s’offrent les auteurs avec le triomphe de Spike, ce qui n’aurait jamais du survenir. On ne croit pas vraiment à l’argument selon lequel Spike désirait le plus la Coupe, Angel étant un homme devoir. De fait ici on rebat les cartes de l’univers de la série simplement pour offrir un frisson aux fans de Willie, jusqu’à ce que les auteurs rétropédalent piteusement, par ce que bon, c’est Angel le Héros de sa série, tout de même. Le Destin ne s’est bien entendu pas prononcé, en fin de compte. Ce ne sont pas seulement nos Vampires qui sont escroqués par la perspective de la Coupe, mais aussi le public. Destiny n’en demeure pas moins un épisode captivant, riche en bagarres et effets horrifiques spectaculaires, se concluant sur un nouveau cliffhanger tonitruant, la charmante Eve nous ayant bien eu. L’entrée à part entière de Spike dans l’action et le retour de Lindsey se montrent tout à fait prometteurs pour une saison se trouvant enfin un fil conducteur.
9. HARMONY NE COMPTE PAS POUR DU BEURRE Scénario : Elizabeth Craft et Sarah Fain Réalisation : Vern Gillum Méprisée par ses collègues et par Angel, Harmony Kendall souffre de son isolement. Alors qu’Angel Investigations doit gérer une réunion de trêve entre deux races de démons ennemis, Harmony se réveille après une gueule de bois avec une très mauvaise surprise sur les bras. A-t-elle commis une erreur, ou quelqu’un cherche-t-il à lui nuire ? Harmony mène l’enquête avec son habileté coutumière… La critique de Clément Diaz: Une nouvelle fois après Disharmony, les auteurs s’intéressent à Harmony Kendall et à sa double facette Vampire cherchant sa place/Idiote massive. Si le récit paraît moins burlesque que la précédente fois (Cordélia manque ici), Harm’s way offre une intrigue respectant totalement la dualité du personnage : Harmony lutte pour briser sa solitude pendant qu’elle est plongée dans une histoire complètement crétine, qui évoque en mode mineur les échos iconoclastes de The Zeppo de Buffy. Le récit, parfaitement équilibré entre émotion et délire, souffre d’une mise en place trop longue, mais Mercedes McNab grossit au maximum le cliché de la blonde pulpeuse bêta ; le résultat est à déguster sans modération aucune. Le récit commence sur un clip publicitaire de W&H joyeusement siphonné, tandis que l’introduction est une ode à la sensualité débordante de l’actrice. Par la suite, le premier acte délaye un peu trop sur la solitude d’Harmony. Elle permet cependant de voir les personnages principaux sous un autre jour : préoccupés à sauver le monde, ils ont autre chose à faire que de s’intéresser au bien-être de leurs employés qui peuvent finir par perdre la tête (et chez Angel, pas toujours au sens métaphorique). Angel, surtout, se montre impitoyable avec sa politique de « tolérance zéro » et martyrise plusieurs fois sa secrétaire, obscurcissant encore son portrait de Dark Avenger. Les pitoyables tentatives d’Harm pour se faire accepter ratent toutes : sa tristesse, sa gentillesse relative, la sympathie qu’elle dégage par sa mignonne frivolité sont encore plus évidentes qu’auparavant, jusqu’à faire disparaître sa nature « mauvaise ». Harmony demeure une adorable superficielle qui voudrait compter pour quelqu’un : être l’amie de Fred, le bras droit de son patron, chercher un homme qui la respecterait (Spike admet à demi-mot son détestable comportement envers elle), sans résultat. Cette face douloureuse et émouvante d’Harm est bien rendue. Pendant que Spike met en balance son désir de revoir Buffy et de continuer à être un héros. Bon, mais avouons-le, si on aime Harmony, c’est surtout parce qu’elle sait déchaîner les gags. Et entre dialogues débiles - scène assez allumée avec Fred en « best friend forever » - gaffes massives (le gag du chameau est à la hauteur de la réputation de la demoiselle), et maladresses (éblouissant rencard avec l’inconnu du bar, il faut le voir pour le croire), on ne s’ennuie pas, même s’il faut attendre la moitié de l’épisode pour que l’histoire décolle. Cette enquête à la very bad trip accumule les situations délirantes avec notamment le running gag d’un placard à balais de plus en plus rempli par la panique de l’héroïne, ou ses crises de panique/furie tellement outrées que le comique l’emporte. L’enquête elle-même est délibérément stupide, puisque l’intérêt dans l’histoire consiste en les burlesques efforts de la blonde de se dépêtrer de sa situation et ne faisant que s’enfoncer davantage. Le final très musclé permet de voir qu’Harmony a fait de redoutables progrès en baston depuis le choc des Titans avec Xander, quoique la bagarre elle-même n’est pas filmé sans parodie. A côté, les démêlés d’Angel Investigations avec les démons hystériques (quel bestiaire !!) font bonne figure, avec notamment Gunn en traducteur dépassé ou Fred s’interrogeant à propos des hot boys qui lui tournent autour. La résolution des deux affaires est elle-même est une grosse blague de plus. Mercedes McNab a la patate, et a bien mérité ce passage au premier plan. Allez, les enfants, fin de la récréation ! La critique d'Estuaire44: - Oh, what ? I don't get a goodbye, just because I went crazy and tried to rip your throat out while we were having sex ? Harm’s Way (excellent titre !) continue la succession d’épisodes focalisés à chaque fois sur un membre donné de l’équipe, qui pour l’heure sert encore de quasi unique fil conducteur à la saison. L’élue du jour est la pétulante Harmony, et les auteurs ont la bonne idée de cadrer encore une fois la tonalité de l’opus sur sa personnalité centrale. Alors que l’on avait un drame familial ténébreux/ avec Wes, on trouve ici une comédie volontairement légère et quelque peu fofolle, aussi réjouissante que totalement gratuite. Harm telle qu’en elle même mais on apprécie l’originalité d’une narration développant des aspects du nouveau Wolfram & Hart jamais vus jusqu’ici. De fait le récit s’élargit à une étude caustique et plaisamment affûtée de la vie de bureau, où chacun pourra se retrouver. Le public français aura d’ailleurs parfois quasiment l’impression d’être devant Caméra Café ! Les deux auteures y rajoutent un côté féministe assez prononcé, Fred demeurant à peu près la seule à échapper à une revue au vitriol des anciens membres d’Angel Investigations devenus des cadres supérieurs passablement machistes et désagréables. Surtout, elles comprennent que ce type de comédie doit être porté par un tempo accéléré tout en multipliant les gags (à commencer par la délirante publicité initiale). Elles y parviennent sans faille, aidées par la caméra très mobile et tonique de Vern Gillum. Mais l’épisode doit en tout premier lieu beaucoup à Mercedes McNab, toujours irrésistible et parfois réellement émouvante. On apprécie que notre Harmonie, à la garde-robe toujours aussi pimpante, ait droit elle aussi à son succès, conquis de haute lutte contre un alter ego elle aussi hilarante (excellente Danielle Nicolet). Au passage ses techniques de combat se sont bien améliorées depuis son mémorable affrontement avec Alex ! Un épisode très réussi, illustrant la formidable richesse des personnages secondaires du Buffyverse et se concluant par une scène touchante avec Spike, fi,lmant plus sympathique d’Angel (Willie traverse décidément une bonne passe). Décidément cette saison, tout de même très patchwork et sans réelle unité, joue pleinement la carte des retrouvailles avec Sunnydale, mais aussi avec le public de la défunte Buffy contre les Vampires.
Scénario : Brent Fletcher Réalisation : David Boreanaz Angel se sent de plus en plus faible, tandis qu’il se noie dans des cauchemars où il se voit dépossédé de son rôle de héros au profit de Spike. Lindsey propose à Spike d’être son « indicateur » et de faire ce qu’Angel ne fait plus : sauver les innocents en péril. Mais Lindsey et Eve poursuivent en fait un but tout autre… La critique de Clément Diaz: L’unique scénario de Brent Fletcher pour la série n’a qu’une raison d’être : donner à David Boreanaz un support solide pour lui permettre de faire ses débuts derrière la caméra : Fletcher remplit le cahier des charges de ce côté-là, et c’est tout à son honneur que de faciliter au plus la tâche de l’aspirant réalisateur. Mais il néglige alors son intrigue, abusant de facilités et de grosses longueurs. De plus, malgré toute l’admiration que l’on a pour l’acteur, il faut bien avouer que sa réalisation demeure très faible, de par l’académisme des scènes « normales » et surtout le frustrant classicisme des scènes de rêves, contresens absolu. Sans vouloir comparer au mythique Restless de Buffy de Whedon, une béotienne comme Jennifer Garner avait montré d’excellents dons de réalisatrice dans le superbe In dreams d’Alias. Ici, l’épisode reste décevant, malgré quelques bouffées de délires comme on les aime. Présence réduite d’Angel qui reste le plus souvent allongé, intrigue onirique permettant au débutant qu’il est de donner libre cours à son imagination, tempo des scènes relativement lent : Boreanaz hérite d’un script qui ne peut que l’aider, mais est impuissant à semer le trouble lors des cauchemars. Le thème de l’épisode : la peur d’Angel de ne plus être un héros, avec Spike comme « usurpateur » perd ainsi bien de sa force, les scènes n’ayant pas de saveur dérangeante ou déstabilisante. Elles sont toutefois amusantes : le délire gore et énorme de Fred fouillant dans ses entrailles (Amy Acker est vraiment effrayante !) ou la scène sous acides de la « dévampirisation » de Spike sont plutôt pas mal. Par contre, les auteurs sont trop optimistes en voulant faire intervenir Buffy sans la comédienne sous la main : la scène avec la doublure de l’actrice est positivement ridicule. En victime piégée dans une histoire très Twilight Zone, Boreanaz demeure d’une grande justesse, notamment le douloureux moment où il est réduit au rôle de courtier. Eve subit par ailleurs le virage de la saison : convaincante en « intermédiaire » malicieuse, elle est dépourvue de la duperie délicieuse et de l’intelligence aiguë de Lilah. Elle est donc trop légère pour s’imposer en tant que Big Bad de saison : On comprend que Sarah Thompson ne change pas de son registre habituel, là où elle excelle, mais elle plombe du coup le récit. On est beaucoup plus convaincu par le retour de Lindsey, emmené par un Christian Kane savoureux qui fait ressortir à chaque instant le danger et la perfidie de son personnage. Sa manipulation, qu’on ne perçoit que vaguement, fait progressivement de Spike une marionnette qu’il utilise pour déstabiliser Angel Investigations. Spike parcourt à son tour l’itinéraire d’Angel (l’épisode est comme le pilote de la série transposé sur lui) mais malgré qu’il soit manipulé, accomplit pour la première fois des actes de bonté et d’héroïsme sans calcul et qui n’impliquent pas des personnes qu’il aime. Spike achève définitivement de devenir un héros. On remarquera que ses belles scènes de bagarre sont en revanche très bien filmées par Boreanaz. L’épisode demeure avant tout utilitaire et fonctionnel. La critique d'Estuaire44: - You can't throw a bloody stone in this town without hitting some bimbo in trouble. Episode très à la Freddy Krueger, Soul Purpose développe un intéressant regard sur le trouble existentiel d’Angel suite à la crise représentée face à son improbable défaite face à Spike. C’est une louable ambition que d’ainsi apporter une valeur ajoutée à la bizarrerie onirique, même si tout ceci de déroule sans réelle révélation : peur du déclassement, d’être passé à côté de son destin, d’avoir perdu Buffy à jamais. Mine de rien, ces passages expriment sans fard le niveau de confiance respectif qu’Angel accorde à chacun de ses collaborateurs. On peut toutefois regretter que l’inventivité des scènes de rêve se révèle variable et globalement bien inférieure au Selfless de Buffy. Si la scène d’opération à la Docteur Maboul de Fred (coup de cœur pour l’ours), la fin du monde ou l’apparition de Lorne s’avèrent délirantes comme on aime, l’assassinat par le « traitre » Wesley est davantage prévisible. Surtout la scène de sexe entre Spike et Buffy est amenée de façon vraiment lourde, pour le coup on est content que Sarah Michelle ne soit pas là. Plus que par la mise en scène, fonctionnelle sans plus, c’est par son interprétation que David Boréanaz impose sa marque à l’épisode. Il illustre avec acuité les tournants d’un Angel immobile et mis à terre comme jamais, faisant magistralement d’une faiblesse une force suite à l’opération qu’il a subi dans la vraie vie. Parallèlement les frasques d’un Spike inénarrable, s’improvisant Héros sous la houlette de Lindsey apportent d’efficaces respirations humoristiques au récit principal, d’autant qu’un parallèle astucieux est établi avec le pilote de la série et les premiers pas d’Angel. Lindsey revêt des allures machiavéliques fort gouteuses en revêtant l’identité du regretté Doyle, évidemment un sacrilège pour le public de la série. Enfin un Big Bad pour cette saison ! Par contre Eve, agréable quand elle demeurait dans l’ambivalence, manque décidément de dimension en revêtant un positionnement clairement maléfique, on regrette derechef Lilah.
Scénario : Steven S. DeKnight et Drew Goddard Réalisation : Jefferson Kibbee Dana, une adolescente internée dans une asile, commet un massacre pour s’en échapper. Angel et Spike enquêtent chacun de leur côté et apprennent qu’il s’agit d’une des Slayers activées par Willow (cf. épisode La fin des temps de Buffy) qui a sombré dans la folie après avoir été violentée et vu ses parents assassinés. Envoyé par Giles, Andrew Wells débarque à Los Angeles prêter main forte à Angel. La critique de Clément Diaz: Interminable et fade course-poursuite dans les rues de Los Angeles, Damage peine à convaincre. A force de rester dans leurs bureaux et de n’en sortir qu’à la toute fin, nos héros se voient ainsi bien diminués, n’agissant que très peu. L’invitée du jour, aliénée mutique et enragée, n’a par nature aucune personnalité. L’épisode n’est sauvé que par le retour en force d’Andrew Wells !! Et il a la pêche, balançant frénétiquement ses délires geeks, rappelant combien il nous a fait marrer dans les deux dernières saisons de Buffy. Les deux scènes finales sont par ailleurs aussi inattendues que réussies. Après une introduction fracassante, le récit s’essouffle immédiatement. La dissociation entre Dana errant dans les rues (et passant au hachoir quiconque l’embête) et Angel Investigations tournant en rond chez Wolfram & Hart pénalise tout l’épisode - même si pour une fois, on apprécie de voir Lorne plus de deux minutes. Spike tente d’assurer, mais à part une bataille énergique, ne fait le plus souvent que marcher dans L.A. Il devient prodigieusement inutile dès lors qu’il est face à Dana : que ce soit par un dialogue à sens unique crispant ou en étant otage impuissant. On adore James Marsters, mais son talent ne trouve guère à s’exprimer. Dana n’étant qu’une machine meurtrière livrée à elle-même répétant sans cesse les mêmes mots, l’implication du public est limitée avec un opposant aussi binaire qu’informe. C’est d’autant plus dommage que Navi Rawat rend particulièrement fort la dérive de son personnage, mais on ne s’intéresse guère à elle tout simplement. Andrew va heureusement dynamiter tout ça : sur le chemin de la maturité (Observateur de Slayers, rien moins !), et faisant preuve d’initiative, il n’a heureusement pas abandonné sa nature profonde : le geek fini, crétin, efféminé (toutes les scènes avec Spike sont à se tordre !), bref le gros boulet comique qu’on a tant aimé en saison 7 de Buffy, et qu’on retrouve avec joie. Ses références ininterrompues à la pop culture et ses mimiques d’idiot sont le prix de cet épisode. Mais les apparences sont trompeuses, et médusés, nous voyons à la fin Andrew humilier Angel en reprenant le contrôle des opérations (impressionnante arrivée des slayers), tout en lui décochant un venin terrible : Buffy et les slayers n’ont plus confiance en lui par son alliance trouble avec W&H. Un coup dur pour les fans : c’est bien à une rupture cruelle entre Buffy et Angel, même si par procuration, à laquelle nous assistons. L’occasion pour le vampire blessé dans son âme et celui blessé dans sa chair (Spike) de signer l’armistice dans une coda à la fois sombre et apaisée sur le statut de héros, et sur les prix à payer - Angel a certainement payé plus que tout héros d’en être un. Une superbe fin. La critique d'Estuaire44: - You're like Gandalf the White resurrected from the Pit of the Balrog. More beautiful than ever. He's alive, Frodo, he's alive ! Damage pousse jusqu’à l’ultime la tendance déjà observée d’une saison destinée à capter autant que possible le public de la défunte Buffy contre les Vampires.Agréger à ce point l’univers de Sunnydale conduit à menacer l’identité de la série et contribue au manque d’unité d’une saison écartelée entre cette entreprise et le maintien malgré tout d’une tonalité propre à Angel. Cette dilution nous vaut toutefois ponctuellement de bons opus, c’est ici le cas ne serait-ce que parce qu’il nous permet de retrouver l’inégalable Andrew tel qu’en lui-même. On l’aime d’amour. Il dynamise par son humour un récit se réduisant finalement à peu de choses (hormis quelques scènes étonnamment gores, c’est toujours ça de pris), avec sa personnalité toujours à part et sa déferlante de références geeks toujours aussi désopilantes. L’épisode a d’ailleurs la bonne idée de célébrer son retour par une évasion d’hôpital psychiatrique clairement inspirée par celle de Sarah Connor dans Terminator 2, en avant pour le Geekland. La surprise de son apparition dans ce qui constitue un cross over original entre une série encore en activité et un autre s’étant achevé se voit hélas en partie gâché par la citation de Tom Lenk au générique. Et il est bien entendu exact que l’on apprécie de recevoir des informations quant au devenir des Scoobies. Si les péripéties sanglantes de la Tueuse psychotique deviennent répétitives au cours du récit, suscitant un dommageable ralentissement malgré une excellente et inquiétante composition de Navi Rawat, l’apparition finale de ses consœurs produit évidemment son effet. On apprécie également que ce soit Andrew qui finisse par prendre le dessus sur nos héros mais encore davantage que ceux-ci aient droit à une réconciliation dialoguées avec émotion et justesse. Le scénario réalise l’exploit de resituer Angel dans la position centrale de Héros, tout en accordant une large place à Spike et au ressenti de celui-ci.
12. LE RETOUR DE CORDELIA Scénario : David Fury Réalisation : David Fury Découragé par la tournure des récents événements, Angel décide de quitter Wolfram & Hart. Une vision des Puissances Supérieures montrant Angel en danger tire Cordélia Chase de son coma. Heureux de retrouver leur amie, Angel Investigations enquête pour découvrir quel danger court Angel : Eve et Lindsey ont prévu en fait de déclencher un « plan de sécurité » pensé par les associés principaux du cabinet afin de tuer Angel en cas de besoin. Mais Cordélia avait-elle une autre raison de revenir ?
Le 100e épisode de la série, inscrit au sein d’une moitié de saison assez décevante en terme de scénarios, ne se démarque pas par une amélioration scénaristique : l’histoire du jour est vraiment minimaliste (à une bagarre finale près) et commet quelques erreurs de parcours. Heureusement, David Fury fait du grand retour de Cordélia Chase non seulement l’occasion de retrouvailles chaleureuses avec Angel et le public, mais aussi d’une poussée psychologique qui réoriente le Dark Avenger vers le droit chemin. L’émotion règne sur cet épisode qui se conclut sur un déchirant twist final. A force de subir les revers d’une vie de héros, d’être rongé par le doute d’avoir vendu son âme au diable, et de douter de sa propre voie - surtout après le réveil brutal de l’épisode précédent - Angel démissionne. Cela est d’autant plus frappant qu’il n’est pas en proie à la tentation des ténèbres (saison 2) ou à une « trahison » (saison 3) mais qu’il s’agit d’un point de rupture atteint. Aussi nous comprenons rapidement que le retour inespéré de Cordélia est en fait une main tendue par les Puissances Supérieures pour lui faire reprendre le combat. Sur ce point-là, Fury fait des merveilles : Cordélia apparaît plus belle et chaleureuse que jamais, se montrant souvent dure envers les errements de son ancien patron, tout en semant des graines d’encouragement et d’affection qui redonneront à Angel sa foi. Comme au bon vieux temps, elle se met en première ligne dès lors que le danger se profile, on adore. Charisma Carpenter joue une de ses plus lumineuses et mémorables prestations d’actrice. Son duo avec un superbe David Boreanaz n’a rien perdu de son charme. On regrette par contre qu’elle interagisse à peine avec ses autres camarades, rendant ces retrouvailles incomplètes. Pas grand-chose à ronger niveau intrigues. Ève est excellente dans l’espièglerie, mais n’a pas les épaules pour supporter un rôle de Big Bad ; Sarah Thompson est bien trop lisse pour convaincre sur ce registre. Cela pénalise aussi sa relation avec Lindsey, bien trop déséquilibrée en faveur du flamboyant ex-avocat. Si leur plan (faire douter Angel) est machiavélique à souhait, il souffre de plusieurs âneries : Lindsey se fait appeler Doyle - une gaffe stratégique - il en révèle un peu trop sur lui-même (la main coupée), ou encore cette manipulation imbécile de Spike - il doit d’ailleurs reconnaître que ce n’était pas la meilleure idée qu’il ait eue. Ce faisant, il facilite trop la tâche du Fang Gang. Heureusement, Christian Kane nous ravit d’une composition plein de morgue, d’énergie, de perfidie, et d’intelligence, rappelant combien son personnage est un des plus jouissifs de la série (il est un peu à Angel ce que Spike est à Buffy). Leur combat trépidant - écrit par Steven S. DeKnight, le roi des scènes d’action - couronne en majesté leur affrontement. L’épisode peut alors s’achever sur une magnifique coda (écrite par le boss) où Angel retrouve le courage de se battre sous les yeux plein d’amour de Cordélia. Une grande victoire morale que même le terrible twist final, tout droit sorti du Ring-a-ding girl de La Quatrième Dimension, ne peut annuler, tout en finissant l’épisode dans un grand silence bouleversant. La critique d'Estuaire44: - Spike's a hero and you're CEO of Hell, Incorporated. What frickin' bizarro world did I wake up in ? You’re Welcome permet à la série de célébrer le franchissement du cap du centième épisode en multipliant comme il se soit les scènes fortes. Le retour de Cordy provoque bien entendu l’émotion, on se rend immédiatement compte, dans une effet totalement vertigineux, d’à quel point son absence a signifié une amputation pour la série. David Fury, ici particulièrement en verve, dose parfaitement l’apport du personnage, en conscience morale d’Angel, mais aussi participant activement à l’action. l’épisode rendu un bel hommage à Cordy en permettant à une époustouflante Charisma Carpenter d’incarner les différentes facettes d’un personnage particulièrement évolutif, de Queen C à la Puissance Supérieure. La relation avec Angel est bien évidemment privilégiée, mais chacun de ses compagnons de route à droit à sa scène bien ajustée. On se réjouit de voir Wes retrouver temporairement le sourire et s’affranchir de son caractère assombri (dont on se demande bien pourquoi il est demeuré après que le souvenir de Connor se soit effacé, mais, bon, glissons). Le twist final résulte déchirant, même si pas tout à fait imprévisible, La Quatrième Dimension avait déjà procédé de manière très similaire dans Ring-a-Ding Girl. L’opus ne se limite pas à ces retrouvailles aussi éphémères que réussies et se dote d’une intensité supplémentaire en accueillant la conclusion (provisoire) du seul arc réellement édifié jusqu’ici par la saison. L’affrontement entre Lindsey et Angel, outre un somptueux duel, nous vaut quelques scènes savoureuses (mention spéciale à Harm en Jack Bauer en jupons), mais ne résulte pas totalement satisfaisant. Jadis un personnage complexe au fascinant profil psychologique, Lindsey s’est hélas mué en caricature du poncif de l’antagoniste de retour pour exercer sa terrible vengeaaaaance, ce qui, limite malgré tout son intérêt. Quelques aspects demeurent dans un flou bien pratique : main réapparue de Lindsey (aux dernières nouvelles il n’est pas un Seigneur du Temps n’ayant pas encore achevé sa Régénération) et origine d’une passion assez forte pour pousser Eve à trahir les Associés Principaux. Son ultime réplique nous le fait néanmoins retrouver. Surtout les péripéties accumulées jusqu’ici à plaisir ne servent finalement à quasiment rien, puisque tout se détermine par un mano à mano qui aurait pu tout aussi bien en faire l’économie (on se retrouve devant un syndrome à la Jasmine, en abrégé). Au-revoir à Miss Cordelia Chase, l’un des meilleurs de ces si attachants et évolutifs personnages constituant l’ossature unique du Buffyverse. Drôle, posh en diable, acérée, énergique et décidée, présente dès les premiers pas de la Tueuse à Sunnydale et ayant si souvent apporté un précieux soutien à Angel, elle laisse un grand vide derrière elle.
13. LE SOUS-MARIN Scénario : Drew Goddard et Steven S. DeKnight Réalisation : Terrence O’Hara 2004 : Sam Lawson, une vieille connaissance d’Angel, piège Gunn, Fred, et Wesley et leur fixe un dispositif qui les décapiteront s’il le veut ! Il ordonne à Angel une « explication ». 1943 : Un consortium américain force Angel à entrer dans un sous-marin allemand récupéré par les USA, et de secourir leurs hommes coincés à 120 m de profond… et traqués par des monstres. Rapidement, la mission s’est compliquée… La critique de Clément Diaz: Les épisodes passent, et la saison n’arrive pas à décoller de son marasme. Les auteurs semblent en panne d’inspiration. S’ils trouvent toujours d’excellentes idées comme ce nouveau flash-back dans la vie d’Angel, cet épisode de sous-marin demeure faiblement écrit, malgré quelques scènes intéressantes. Un film d’horreur dans un sous-marin, pourquoi pas ? Ajouter au visuel l’atmosphère claustrophobe est une bonne idée… que le scénario envoie prestement valser pour virer dans le film de « survivor » (réparer le sous-marin avant que tout le monde clamse) mais sans opposition (contrairement au Ice des X-Files par exemple). Du coup, malgré le décor bien flippant du sous-marin qui grince bien, remarquablement filmé par Terrence O’Hara, l’intrigue se résume à des conversations sans fin, accumulées, en lieu et place d’action (il ne se passe strictement rien de tout l’épisode). Le centre du récit : la relation entre Angel et Lawson, ne mène à rien tant elle reste glacée, distante, sans âme ; Eyal Podell n’est d’ailleurs guère convaincant. Les scènes du présent s’en ressentent, à peu près toutes inutiles. C’est surtout Spike qui empêche le récit de se transformer en somnifère, grâce à ses digressions comiques, ainsi que ses deux amis bien cramés dans leur genre (Spike a un don pour s’entourer des acolytes les plus hallucinés). On cite également les clins d’œil des auteurs à la future Initiative ou aux mésaventures futures des vampires. La fin est un peu plus relevée, lorsque Lawson dévoile tout le néant de sa vie depuis qu’Angel l’a transformé, donnant au duel final une valeur dérangeante et désespérée. Angel cite la morale de fin, très juste et simple, mais on attend impatiemment que la saison sorte enfin de son marasme. Alleluia, nous allons être entendus, et ça va dépoter dès l’épisode suivant ! La critique d'Estuaire44: - Aren't ya gonna ask me how I got in here ? - No. You'd be amazed at how many people break into this building on a regular basis. On pourra reprocher à Why We Fight de ne pas assez s’affranchir des divers clichés inhérents aux films de sous-marins (le sonar, le huis clos oppressant, les grenades sous-marines, les fuites d’eau…), d’où un manque relatif de valeur ajoutée de ces scènes, une fois dissipée la surprise initiale. Eleven et Clara connaîtront d’ailleurs une déconvenue similaire lors de l’épisode Cold War du nouveau Doctor Who. Même si, en matière de mélange d’horrifique et de récit sous-marinier, on ne fera jamais aussi bien que la nouvelle Le Temple, de Lovecraft (1920), on reconnaîtra que les premiers moments de cette histoire produisent malgré tout leur effet, Par la suite les évènements deviennent trop prévisibles et les pittoresques Vampires locaux sont insuffisamment exploités. En particulier Spike demeure à peu près inerte durant toute l’intrigue, se contentant d’aligner quelques vannes alors qu’il se situe tout de même dans sa période Big Bad. On attend en vain une vraie confrontation avec Angel, qui ne viendra jamais. L’épisode demeure un bel exemple de la captation d’un scénario par un décor onéreux qu’il faut à tout prix rentabiliser. En effet la multiplication superfétatoire des scènes de sous-marin prive le récit de développer plus en avant son véritable sujet : la confrontation entre Angel et Sam Lawson devenu Vampire. Sans atteindre les cimes existentielles de Somnanbulist, ce versant de l’opus se montre néanmoins captivant, avec la figure déstabilisante d’un monstre en quête d’une raison à son existence. Le nihilisme de Sam, plus proche du Néant que du Mal, présente un abîme moral tout à fait vertigineux et fascinant, on n’est pas loin du bel Armand d’Anne Rice. Entre Drusilla, Penn et Sam, on remarque qu’Angel/Angelus a décidemment le chic pour engendrer des psychopathes divers et variés, c’est un don. La conclusion tragique voyant un Sam tout faire pour que son Sire le délivre de sa non-existence s’avère étonnamment tragique et amère. L’excellent Eyal Podell délivre une composition judicieusement minimaliste pour un personnage au vide intérieur absolu.
14. LES MARIONNETTES MALÉFIQUES Scénario : Ben Edlund, d’après une histoire de Joss Whedon et Bed Edlund Réalisation : Ben Edlund Plusieurs enfants ont été retrouvés vidés de toute énergie vitale après avoir regardé une populaire émission de marionnettes à la télévision : Smile time ! Alors que Nina (épisode : La fille loup-garou) et Fred tentent respectivement de faire comprendre à Angel et Wesley qu’elles sont attirées par eux, Angel enquête dans les coulisses de l’émission. Problème : il active là-bas un artefact maléfique et se retrouve transformé en marionnette !!!… La critique de Clément Diaz: Cet épisode complètement délirant et décalé est celui qu’il fallait pour relancer l’inspiration des scénaristes. Les marionnettes sont une figure régulière de la SF/Fantasy mais on ne pensait pas que dans l’halluciné, on pourrait faire mieux que le Glass eye d’Alfred Hitchcock présente. Joss Whedon nous prouve le contraire en transformant carrément son héros en marionnette vivante ! Ben Edlund en tire une histoire qui ne se refuse rien en matière de comédie déjantée, réalisant plusieurs scènes hystériques tout en peignant des marionnettes maléfiques assez ultimes dans leur genre. Les auteurs s’autorisent d’irrésistibles scènes secondaires avec un beau duo de dames en faisant des tonnes pour attirer l’attention de leurs coups de cœur. Cela fait du bien de voir des épisodes qui cette fois n’attendent pas le 2e acte pour nous intéresser. Dès le début, la comédie est reine lorsque Fred et Nina font la danse de la séduction autour d’Angel et Wesley. L’explication de la situation à Angel est une des scènes les plus drôles de la série, avec un Wesley en très grande forme. Pareil pour la drague franco de Fred à un Wesley s’obstinant à ne rien remarquer. Même si on aimait le ship Gunn-Fred, les fans attendaient ce moment depuis le début de la saison 3, tellement ce couple semblait aller de soi (sauf pour Fred), du coup l’on reste scotché devant cette histoire. Quand Angel se retrouve transformé en marionnette, les scènes vraiment énormes se succèdent, comme la bagarre d’anthologie avec un Spike hilare, les conversations au-delà du réel avec Nina (excellente chute), et les multiples crises de dépit d’Angel. Edlund connaît manifestement son 1 rue Sésame, faisant des marionnettes une version maléfique (mais quand même sacrément drôles) de ce fameux show américain : ce sont des méchants bien mégalomaniaques - mention à leur réunion de crise, un grand moment de burlesque un poil gore - bien dignes de leur créateur assez allumé (incarné par le scénariste David Fury, à la bonne humeur communicative), et ils auront droit à une sortie de scène impériale avec cette bagarre hilarante sur le plateau de l’émission. La réalisation très inspirée d’Edlund, et l’excellent travail de production de l’équipe technique et des marionnettistes, achève de rendre le résultat follement jouissif. Le final permet non seulement de contempler la superbe beauté de Jenny Mollen, mais aussi de pousser un cri de joie en voyant Fred prendre les devants et embrasser Wesley, commençant ENFIN la relation que l’on attendait tous… hélas, Whedon va rester fidèle à sa réputation de surprendre le spectateur, et il va dès l’épisode suivant fracasser la félicité de cet instant, en le préparant déjà par l’intermède Gunn… Un épisode vraiment drôle et touchant. Edlund va confirmer d’ailleurs ses talents comiques en écrivant The French Mistake, épisode de Supernatural qui ira encore plus loin dans la loufoquerie absurde. La critique d'Estuaire44: - Oh, my God ! Angel, you're... cute. - Fred, don't. - Oh, but the little hands ! And the hair. - You're fired. Fruit de l’amour de Joss Whedon pour le monde merveilleux (et parfois si inquiétant) des marionnettes, de l’humour caustique d’Endlund et du talent fou de l’équipe de Jim Hanson, Smile Time compose un épisode décalé magnifique de drôlerie, d’audace et de dinguerie. Le clin d’œil au Joker apporte une nouvelle référence Batman aux aventures du Dark Avenger. Le twist de la transformation d’Angel demeure l’un des plus tonitruants et originaux de la série. Whedon a de plus l’excellente de ne pas écrire un scénario en l’espèce inutilement complexe, pour au contraire se centrer sur deux irrésistibles moteurs comiques : les réactions d’Angel et de son entourage (à commencer par un Spike hilare), et les démons marionnettes totalement hallucinés. Leur alliage d’expressions enfantines et d’esprit diabolique produit un effet détonnant, relayé par une mise en scène particulièrement inventive et quelques effets hilarants (transformation vampirique d’Angel la marionnette, combat final très drôle, mais en fait totalement gore rapporté à la vraie vie, gag horrifique du marionnettiste/marionnette…). Que Angel la marionnette devienne aussi hyper sensible et démonstratif que les héros de Sésame Street est une grande idée de scénariste, démultipliant les gags. L’expressivité et la fluidité des marionnettes animées par l’équipe de Jim Hanson autorisent un réalisme sans lequel l’opus n’aurait jamais aussi bien fonctionné. Les deux récits autour de la peur masculine du sentiment amoureux apportent un autre aspect plaisant. Mais la Werewolf Girl apparaît décidément dépourvue de vraie personnalité, tandis que l’installation de la relation entre Wes et Fred résulte bien vite expédiée pour un évènement aussi important de la vie du groupe. Mais il s’agit surtout de mettre el place le décor du drame prochain.
15. UN TROU DANS LE MONDE Scénario : Joss Whedon Réalisation : Joss Whedon Un sarcophage arrive dans le laboratoire de Fred. En l’analysant, elle inspire des miasmes empoisonnés et tombe gravement malade : un ancien démon, Illyria, est en train de prendre possession d’elle !! Pendant que Wesley veille sur Fred, Angel et Spike partent en Angleterre trouver le moyen de guérir leur amie. Gunn découvre une atroce vérité… La critique de Clément Diaz: Spectaculaire renversement de la série, A hole in the world est un épisode terriblement douloureux à regarder. Passé un premier acte aussi léger que de l’opérette, la foudroyante attaque d’Illyria plonge l’épisode dans le suspense et le mélodrame. Le créateur de la série passe derrière la caméra pour la dernière fois du Buffyverse pour nous assommer d’un énorme crescendo aboutissant à la catastrophe finale. Malheureusement, l’épisode demeure inévitablement prévisible, et Whedon se complaît plus qu’il n’est nécessaire dans le mélodrame et dans un suspense imparfait. Début gai et ensoleillé où nous voyons Fred se prenant pour Ellen Ripley (voire même Alice Prospero), et être en totale harmonie avec Wesley que Gunn s’amuse à taquiner. Bonne humeur y compris au sein d’une dispute totalement idiote entre Angel et Spike en forme olympique. La bascule voyant Fred tomber malade s’effectue avec d’autant plus d’impact. Grand moment d’émotion où chacun des membres de l’équipe se mobilise pour sauver leur amie (mention à Wesley qui vaut mieux pas énerver quand sa nana est en danger). On est ravi aussi que Lorne ait droit à son heure de gloire en nous révélant son don caché pour faire parler les suspects (quel plaisir de voir Eve subir ses foudres !) : Andy Hallett y est régalant. Spike émeut par sa détermination et son affection pour cette femme qui a tant fait pour lui. Angel dans son mélange de rudesse, d’angoisse, et de douleur, est particulièrement mémorable. Dans un effet similaire mais encore plus saisissant dans le killer in me de Buffy, un masque tombe dans un effet maximal : l’épouvante de Gunn, la nôtre, est une réponse juste à la folie froide du tireur de ficelles quand il se dévoile au grand jour. Nuançons toutefois la réussite de l’épisode : on avouera subjectivement qu’en dehors de ce twist, il est facile de voir où on se dirige : le scénario de Whedon suit un chemin droit et sans détour (ce qui n’empêche pas que le cliffhanger soit très efficace !). Les scènes Fred-Wesley bénéficient de l’incandescente interprétation d’Amy Acker et d’Alexis Denisof : tels des tragédiens de théâtre classique, ils soulignent avec beaucoup d’expressivité les tourbillons émotionnels, entre lutte, abandon, désespoir, et chagrin, de leurs personnages. Mais trop d’effet tue l’effet, et l’agonie de Fred, certes, très dure, se prolonge au-delà du nécessaire, rendant répétitives leurs scènes. Mais le final demeure un des moments les plus tristes de la série. Après ces événements, la série va parcourir sa dernière ligne droite, et ça va être d’enfer ! So long, Fred ! La critique d'Estuaire44: - I'm not scared. I'm not scared. I'm not scared. Please, Wesley. Why can't I stay ? A Hole In The World, marqué par l’éprouvante agonie de Fred, constitue bien évidemment une tragédie marquante pour l’amateur de la série. Mais son atout maître réside dans la grande idée de Whedon de ne pas jouer cette unique carte, ce qui aurait conduit le récit à tomber dans le piège du mélodrame. L’humour hilarant de la controverse absurde et ultra geek des hommes des cavernes contre les cosmonautes apporte une force supplémentaire, par contraste, au terrible moment où le drame se fait jour. La quête très Donjons et Dragons de la prison d’Illyria et du gouffre sans fond relaie le récit principal par de l’action et quelques scènes aussi inventives que spectaculaires. Pour le coup on tient un excellent sujet d’aventures pour un partie de Jeu de Rôles, y compris avec cet intéressant Gardien ne pouvant mentir (il existe tant de manières détournées d’exprimer la vérité). Dans l’absolu on peut préférer la parabole de l’abîme moral lors de la discussion dans l’ascenseur entre Holland Manners et Angel, mais, telle quelle, on discerne ici une vraie valeur ajoutée pour l’opus. Ainsi aéré, le récit principal peut se focaliser sans remords sur un drame bouleversant, savamment incrémenté et porté par l’extraordinaire composition de deux grands comédiens particulièrement en phase. Tout comme ultérieurement dans Much Ado About Nothing (2012), Alexis Denisof et Amy Acker s’entendent à merveille tout au long de cette inexorable marche vers la mort de Fred, dont la réalité teint progressivement le spectateur. On louera particulièrement la composition unique d’Amy Acker au moment fatal, l’une des scènes les plus émotionnellement fortes de la série. La relation de Fred et de Wesley n’aura guère duré, mais elle atteint des sommets d’intensité. Outre un tour particulièrement cruel joué à Gunn, on apprécie également que le récit consacre un grand soin aux personnages secondaires, dont un Knox à l’abominable folie (un félon grand train) et une Eve défaite étonnamment émouvante. Mais comme on le sait, la pitié ressent souvent une grande solitude aux côtés d’Angel.
Scénario : Steven S. DeKnight Réalisation : Steven S. DeKnight Abattus par la mort de Fred, Angel Investigations doit toutefois se mobiliser pour empêcher Illyria et Knox d’ouvrir le portail dimensionnel accédant au monde du démon qui veut y libérer son armée et se débarrasser des humains. Angel cherche également un moyen de ressusciter Fred, tandis que Wesley commence à perdre son sang-froid… La critique de Clément Diaz: A hole in the world reposait tout entier sur la surprise de la disparition de Fred/apparition d’Illyria, quitte à avoir un récit un peu mécanique. Après la cause, Shells s’intéresse aux conséquences de l’événement sur nos héros tout en s’inscrivant dans une course-poursuite frénétique et musclée. Steven S. DeKnight est réellement au sommet de son art avec ce scénario courant à un rythme de Walkyrie affolée, à l’émotion omniprésente, et aux intentions philosophiques et sociologiques ambitieuses et convaincantes, et confirme tous ses talents de metteur en scène. Contrairement à Charisma Carpenter, la douce Amy Acker se révèle surprenante et effrayante dans un rôle de vilain, mais habilement nuancé par DeKnight : Illyria n’est pas qu’un monstre maniaque, au look démentiel, aux superpouvoirs cosmiques (quel adversaire !), et au mépris haineux très acide ; c’est aussi un être perdu dans un monde qu’il ne reconnaît pas, et qui voit tous ses repères s’effondrer devant la complexité de l’entendement humain ; l’épisode prend d’ailleurs des allures d’étude de l’humanité entière. Il en est ainsi du déchirement de Gunn entre sa volonté d’être « supérieur » à ce qu’il était auparavant, et de jouer un rôle qu’il sait non assorti à lui. Sa culpabilité d’être part du tragique destin de Fred est prenante (scène très dure avec Harmony). J. August Richards est très à l’aise dans cet approfondissement psychologique de Gunn. Spike admet implicitement l’amour platonique qu’il ressentait pour Fred. Durant l’épisode, il cherche à honorer sa mémoire (comme celle de Buffy en début de saison 6) en gommant son aversion pour Angel, et en choisissant désormais de s’unir définitivement au Fang Gang. Cet épisode scelle définitivement sa destinée où son héroïsme triomphe de ses rancoeurs passées, ainsi qu’une relation avec Angel désormais plus apaisée. Une évolution fort bien marquée par James Marsters. Angel est égal à lui-même en espérant jusqu’au bout un miracle, puis une fois son espoir brisé, de rendre hommage à Fred en réaffirmant son credo de protéger l’humanité aussi détestable soit-elle (superbe réplique à l’adresse de Knox). Surtout, l’on voit Angel prêt à se battre pour une lutte qu’il sait qu’il ne pourra jamais gagner, anticipant ainsi sur le finale de la série. Après ses multiples errements, la mort de Fred, loin de l’abattre, ne fait que fixer sa détermination à poursuivre sa quête sans fin, même s’il doit ne jamais gagner. Angel atteint ainsi un aboutissement, ce que la performance puissante de David Boreanaz donne à comprendre. Wesley trouve une semblable épiphanie, mais alors qu’ironiquement Angel se montrait d’abord incapable de lui pardonner lors de l’affaire Connor (Forgiving, saison 3), Wesley n’arrive pas à pardonner à Gunn et encore moins à Knox - dont Jonathan M. Woodward en a fort bien interprété le délire fou. Alexis Denisof replonge avec force dans les eaux noires de la psyché de Wes entre faux calme et accès de fureur. La scène finale, une des plus étranges de la série, et une des plus douloureuses à regarder, nous fait voir la peine de Wesley, déchiré, alors qu’il choisit d’aider l’assassin de la femme qu’il aimait parce qu’elle a désormais ses traits (Denisof est d’une émotion sidérante). Au niveau histoire, DeKnight nous fait sentir l’urgence diabolique de la situation, qu’il pimente par de sensationnelles scènes d’action. Un épisode tout simplement parfait. La critique d'Estuaire44: - It can't be. It's gone. My world is gone. - Now you know how I feel. Cette seconde partie du double épisode Illyria que représente Shells confirme qu’après une longue partie de saison trop hybride pour son bien, nous renouons désormais avec le véritable Angel, ce qui ouvre déjà la voie à un grand final. Certes le récit s’accorde de beaux moments d’action, mais la noirceur déferle comme aux plus grandes heures de la série tandis qu’une très riche dimension psychologique des personnages se développe. Tandis que Knox prend une porte de sortie logique et que Gunn connaît une épiphanie dramatiquement tardive, Whedon a l’excellente idée de totalement réussir la caractérisation d’Illyria, car tout autre résultat aurait rendu scandaleux la disparition de Fred. La puissance et la dimension d’Illyria s’imposent d’emblée (à côté Glory est une Barbie), mais sa nature s’enrichit progressivement, en faisant définitivement d’elle autre chose qu’un Big Bad de plus. La connexion s’établissant entre elle et Wesley, entre êtres ayant tout perdu le même jour, se montre à la fois astucieuse et convaincante. On y voit les prémices d’une relation originale et plaisamment trouble, tout en permettant à Alexis Denisof et à Amy Acker de poursuivre leur admirable travail en concert. L’épisode se montre plus subtilement dosé que le précédent, avec un Wesley avoisinant l’abîme mais sachant reconnaître ses torts. Le beau portrait d’Illyria doit d’ailleurs également beaucoup à la une nouvelle fois grande prestation de celle-ci. Amy Acker parvient à se glisser avec aisance dans un personnage aux antipodes de Fred et avec suffisamment de présence pour que l’on soit sensible à son jeu au-delà du stupéfiant maquillage, une superbe double performance (le look Dark Metal d’ Illyria est une tuerie). La fragilité, mais aussi la persistance, de l’espoir, évoquée lors de leur bouleversante discussion, se situe au cœur d’Angel, série ayant retrouvé ici ses racines.
17. SOUS LA SURFACE Scénario : Elizabeth Craft et Sarah Fain Réalisation : Skip Schoolnik Après les morts de Cordélia et de Fred, Angel décide de réagir et de savoir quel plan les Associés Principaux de Wolfram & Hart ont prévu pour lui. Ève, traquée par un homme à la force surhumaine, révèle à Angel contre sa protection que s’il retrouve Lindsey et l’extirpe de sa dimension infernale, il lui révélera tout ce qu’il veut savoir. Pendant ce temps, Wesley tente de faire comprendre à Illyria le monde terrestre… La critique de Clément Diaz: Commençant dans le calme, cet épisode magistralement scénarisé devient de plus en plus délirant et surprenant au fur et à mesure que l’histoire suit son cours. La recherche de Lindsey déchaîne l’exaltation créative d’Elizabeth Craft et de Sarah Fain. Underneath est orienté efficacement vers l’action, ce qui le distingue du reste de la saison qui n’a que peu joué cette carte. En contrepoint, Ève en danger et les discussions philosophiques entre Illyria et Wesley enrichissent cette nouvelle réussite. On assiste à un réveil d’Angel, qui commence à remettre en cause son propre engagement envers Wolfram & Hart, le thème de la saison. La mort de Fred a dispersé ses amis (tragicomique introduction avec Spike toujours grand amateur de bière). On le voit avec Lorne picolant lamentablement, Wesley se réfugiant dans ses rêves détruits, ou Gunn verrouillé dans sa culpabilité : on admire la dureté de la scène où Angel se montre sans compassion mais sincère envers lui et sa « faute » qu’il n’expiera jamais. J. August Richards imprime excellemment ce remords qui est la source de son sacrifice imminent. Après avoir été si malmené au cours de cette saison, Angel doit contre-attaquer et contrebalancer le rapport de force avec W&H. Ève étant plus dans son emploi en baddie victime, Sarah Thompson apporte beaucoup au récit, faisant ressortir sa passion sincère pour Lindsey et sa peur d’être dépendante de l’humeur d’Angel, moins que jamais enclin à la pitié. La fuite désespérée d’Eve, Lorne, et Harmony (toujours très en verve, et enfin au générique comme elle le méritait) a son lot de tension, et sa résolution est par contre un énorme éclat de rire ; quels farceurs ces auteurs ! L’entrée en scène d’Hamilton est certes tonitruante, mais ravira encore plus les amateurs d’X-Files car son talentueux interprète, Adam Baldwin, se met en mode Super Soldat, avec sa manière bien bourrin de défoncer les portes comme les personnes ! Les X-Philes se régaleront également de la version d’Angel d’un enfer similaire à l’Arcadie fréquenté par Mulder et Scully ! L’histoire de l’épisode est franchement jouissive, avec une succession frénétique de moments bien absurdes comme la voiture automatique, « l’enfer » vécu par Lindsey, la chambre de torture et son monstre bien craignos, ou les fusillades totalement hallucinatoires. Les scénaristes se lâchent totalement tout en nous choquant par le choix de Gunn qui suit sa propre voie expiatoire. Un moment vraiment terrible. Quant au final avec le dévoilement de la diabolique stratégie de W&H (Christian Kane ne cesse de forcer notre admiration), il change du tout au tout l’orientation de la saison, un nouveau coup d’audace, qui préfigure une fin épique. Illyria continue de nous fasciner par son incompréhension de ce monde humain. Qu’elle reste prisonnière du corps de Fred maintient un effet perturbant et dérangeant, en premier lieu sur un Wesley qui projette sur elle son souvenir de Fred et un sentiment indéfinissable, assemblage composite de haine, de compassion, de chagrin, de volonté d’oubli, d’amour (Illyria ressemble tellement à Fred !). Cette orage psychologique, cette confusion, Alexis Denisof le fait ressentir avec une puissance rare, tandis qu’Amy Acker a le bon sens de conserver dans ses intonations des fragments de Fred dans l’acidité désespérée d’Illyria, rendant la situation encore plus complexe. La maîtrise de ce pan virtuosissime de l’histoire est démente. La critique d'Estuaire44: - I lived seven lives at once. I was power in the ecstasy of Death. I was God to a God. Now... I'm trapped on a roof... just one roof, in this time and this place with an unstable human who drinks too much whiskey and called me a Smurf. Underneath présente l’aspect d’un épisode utilitaire, ouvrant la voie vers le grand final, avec un bel effet de convergence. L’arrivée spectaculaire, très à la Terminator, du classieux et mortel Marcus Hamilton indique une montée en puissance des Associés Principaux, confirmant l’approche du grand combat pressenti par Spike lors de l’opus précédent et confirmé ici par Lindsey. Adam Baldwin se montre remarquable de violence impitoyable mais aussi d’humour madré, aux antipodes de son personnage de mercenaire frustre de Firefly. Les toujours aussi passionnants et profonds dialogues entre Wes et Illyria, si révélateurs de l’esprit de la série, confirment l’ancrage progressif de la démone dans le amp d’Angel. Le sujet principal demeure néanmoins cette vision à la fois mystique et énigmatique du Village dans lequel se trouve enfermé Lindsey. L’effet fonctionne à plein tant que l’on se situe dans l’étrange et l’inexpliqué, mais se dégonfle quelque peu lors d’une résolution accélérée à coups de bagarres et de fusillades diverses. L’effet horrifique perdure malgré tout, grâce à l’effet psychologique de Rocher de Sisyphe du supplice enduré par Lindsey, mais aussi par la dimension gore de la salle de tortures (monstre et cœurs arrachés). On sera rarement allé aussi loin dans ce domaine dans les séries du Buffyverse. Illyria indique avoir visité un monde uniquement peuplé de crevettes, une plaisanterie récurrente du Buffyverse (tout comme le monde sans crevettes).
18. UNE AUTRE RÉALITÉ Scénario : Drew Goddard Réalisation : Terrence O’Hara Angel Investigations reçoit la visite de… Connor ! Lui et ses nouveaux parents ont été « conseillés » par un inconnu de s’adresser au cabinet. Comprenant qu’on veut lui faire transmettre un message en jouant ainsi avec son fils, Angel retrouve le tireur de ficelles : Cyvus Vail, le démon qui a modifié la mémoire de ses amis, de Connor, et de sa famille d’adoption. Vail fait chanter Angel : s’il ne parvient pas à convaincre Connor de tuer le Sahjhan (cf. saison 3) qui menace de sortir de son urne, il rétablira les souvenirs de tout le monde… La critique de Clément Diaz: On peut tiquer que l’idée de Drew Goddard soit quasi identique à un épisode de Dark Angel, rivale jusque dans son nom de la série de Whedon et Greenwalt. Mais le scénariste donne une vraie saveur au retour de Connor (et du Sahjhan !) qui Dieu soit loué a laissé entretemps au vestiaire tous ses tics tête-à-claques. Vincent Kartheiser compose un enthousiasmant portrait d’adolescent innocent qui se réadapte le temps d’un épisode au monde auquel il appartenait. Malgré un scénario paresseux, Goddard soigne ses dialogues, et les bons mots comme les gags claquent avec rythme. Le retour de Connor semble très forcé : on n’avale pas vraiment la menace du Sahjhan, et Connor se jette dans la bataille si rapidement qu’on se demande si on a pas envoyé deux ou trois scènes indispensables par erreur sur le plancher de la table de montage. La lenteur de l’intrigue (début à rallonge, longuettes scènes chez Vail, tempo au ralenti), ainsi qu’une mise en scène manquant de souffle, font piétiner l’impetus général. Fort heureusement, le scénariste s’en sort par le suspense et surtout l’humour. Après nous avoir étourdis de drame, d’amertume, et de philosophie sombre, on goûte d’autant plus les grands moments d’humour que nous offre Illyria avec une belle livraison d’horions (Spike retrouve son emploi de punching-ball) et de réflexions plus caustiques que pessimistes. La rencontre avec Connor est un grand moment de drôlerie (toute la visite de W&H est à craquer les zygomatiques). On aime bien aussi l’humour très noir apporté par Hamilton qui en fait un max en gardien du temple rigide, notamment dans la scène avec Gunn qui le rembarre entre deux arrachements de cœur. Quant au démon Vail (après Illyria, les maquilleurs sont en vrai état de grâce !), son aspect homme de fer est compensé par une force tranquille dans la psychologie, faisant plier Angel calmement et sans s’inquiéter. Wesley, emprisonné dans ses émotions contradictoires face à la démone assure l’émotion, en se montrant déterminé à transformer Illyria en clone de Fred. Mais aussi en s’accrochant à l’espoir de tout changer s’il perce le secret d’Angel, espérant dans son délire paranoïaque qu’il l’ait trahi… avant de recevoir l’ironique vérité en pleine figure - stupéfiante scène de suspense avec le cube magique. Mais Wesley demeure digne, et décide de vivre avec cette révélation, nous donnant une belle leçon de vie. Vincent Kartheiser campe un Connor très différent du casse-pieds de la saison 4. Il renoue avec son aspect combatif sans la prétention insupportable. David Boreanaz joue judicieusement la sobriété aux nuances calculées, faisant bien ressentir l’émotion de revoir la chair de sa chair transfigurée. Le duo fonctionne plus qu’il ne l’a jamais été. Connor découvre aussi l’humour, accueillant avec un stoïcisme digne d’Oz la découverte du monde Fantastique d’Angel, ou avec sa discussion hilarante avec le Sahjhan juste avant qu’ils en viennent aux mains. Le combat final est d’ailleurs filmé avec suspense et énergie. La coda finale, superbement ambiguë, permet une très belle fin ouverte, émouvante, en suspens. Un come-back réussi. La critique d'Estuaire44: - Let's be clear about this. Things run differently now. I'm not a little girl. You and I won't be making love on this couch any time soon. Now, with that in mind, how can I help you? Avec Origin, Joss Whedon s’attache à conclure les intrigues laissées en suspens, avant que ne s’achève la série. Le secret de la transformation des souvenirs est enfin levé, ce que tout l’ensemble des spectateurs s’attendait à voir survenir, un jour ou l’autre (jurisprudence Dawn, comme dirait Gunn). Les auteurs parviennent à rendre moins mécanique ce passage obligé en l’accompagnant d’une histoire riche en suspense, autour de l’hypothèque Connor. Jusqu’au bout on se demande de quelle manière Angel va effectivement être pris en défaut et cela survient de la manière la plus tragique qui soit : par une nouvelle trahison (ou du moins un refus de lui accorder sa confiance) de la part de Wesley, ce qui représente un élégante manière de boucler la boucle. L’épisode bénéficie également d’une étonnamment convaincante prestation de Vincent Kartheiser, bien meilleur et davantage expressif qu’il ne l’avait été jusqu’à présent. Le métier rentre et on voit ici se profiler l’acteur de Mad Men. L’ultime scène apporte un rebondissement inattendu, aussi émouvant que cruel. L’épisode ne borne pas son intérêt à ces retrouvailles avec Connor, car il règle aussi avec soin le cas de Sahjhan, un antagoniste que l’on regrettera, tant il manifeste son humour cynique jusqu’au dernier moment. Mais la relève répond à l’appel, car Cyvus Vail lui succède aisément sur ce registre, les deux démons se ressemblant d’ailleurs comme deux frères ennemis. Son arrivée résulte toutefois passablement soudaine et quasi inespérée pour permettre de dénouer une situation tout de même encalminée depuis la saison 3. Surpris par l’annonce de l’annulation de la série, Whedon doit manifestement régler à marche forcée les affaires pendantes. Le duo Wesley/Illyria captive toujours autant et débouche ici sur crise poignante avec un Angel déstabilisé comme jamais. La tragédie se referme aussi bien sur lui que sur Wesley. Marcus imprime décidément bien plus l’écran qu’Eve
19. BOMBE À RETARDEMENT Scénario : Ben Edlund Réalisation : Vern Gillum Illyria fait évader Gunn de sa prison alterdimensionnelle. Mais elle reste incontrôlable, et Angel Investigations cherche un plan pour se débarrasser d’elle. Cependant, le corps de Fred n’arrive plus à contenir le pouvoir d’Illyria, entraînant une faille temporelle. Pendant ce temps, Gunn et Angel tentent de convaincre une jeune femme de ne pas céder son futur enfant à un clan de démons… La critique de Clément Diaz: Ben Edlund a bien du mérite de s’aventurer sur le terrain ambitieux des paradoxes temporels, et particulièrement la cohabitation de plusieurs temps différents. Cependant, il traite avec bien trop de légèreté cette histoire, ne la faisant débuter qu’au troisième tiers, sacrifiant toutes les intéressantes pistes narratives qu’il aurait pu prendre. De plus, Illyria devient quelque peu casse-pieds par ses attitudes incantatoires et répétitives (point heureusement réglé dès la fin de cet épisode). L’étude des personnages reste toutefois intéressante, le final se montre endiablé, et la coda est sèche et inattendue. L’épisode reste ainsi très regardable. Mis à part l’évasion musclée de Gunn, il ne se passe rien pendant presque 25 minutes, les personnages se contentant de se promener dans Wolfram & Hart dans des saynètes quasi indépendantes les unes des autres. Cet immobilisme scénaristique ne manque toutefois pas d’intérêt, surtout dans la toujours fascinante relation tordue et obscure entre Wesley et Illyria. Wesley erre dans une sorte de folie douce (Denisof se joue des scènes les plus difficiles avec aisance), les derniers événements et les violences émotionnelles qu’il a subis l’ont terriblement secoué, pendant qu’Illyria peste avec rage contre sa situation tout en se montrant d’une confiance inespérée en son « guide ». Comprenant sa « trahison » dans l’épisode précédent, elle déclare n’en avoir rien à faire, mais même sous trois tonnes de maquillage et une voix froide, Amy Acker fait ressentir toute la douleur d’Illyria, sa contradiction entre sa haine de l’humanité, et son lien certes sans chaleur mais bien réel avec Wesley. On apprécie que Gunn ne laisse pas sa culpabilité le ronger davantage et revenir au travail. Lorne et Harmony assurent quelques moments comiques (on retient le gag du coca-cola naturel). Le résultat se laisse voir sans déplaisir, mais reste anecdotique, l’affaire de la femme enceinte se révèle dépourvue d’intérêt sauf à la toute fin. Lorsque l’auteur décide enfin de sortir une histoire de son chapeau, force est de dire qu’on est pas convaincus. Traiter une histoire de paradoxe temporel sur sept minutes est une quasi absurdité, et la simplification qui en est faite est très frustrante. Surtout que cela nous vaut des commentaires d’Illyria franchement gonflants, et on applaudit Angel quand il lui demande de la fermer. A part la scène choc voyant tous nos héros se faire tuer en vingt secondes, ou le duel final, lui bien électrique, on reste déçus par si peu d’ambition. On sauve cependant la coda voyant Illyria désormais privée d’une grande partie de ses pouvoirs, et l’incroyable retournement de veste d’Angel qui décide de servir brutalement les ténèbres. Un épisode correct mais très décevant. Sur le thème de la déstructuration temporelle, on préférera largement le glaçant Redrum des X-Files. La critique d'Estuaire44: - She still thinks she's the God-king of the universe. - So she's like a TV star. - No. Nothing that bad. Time Bomb permet à la sa série de s’adonner aux plaisirs des récits de déplacement temporel, une audacieuse nouveauté pour le Buffyverse. Les quelques éléments avoisinants aperçus jusqu’ici (verrou temporel ou stase) n’y demeuraient que périphériques. Les scénaristes vont ici jusqu’au bout du concept, avec un récit déstructuré rendant la narration tout à fait stimulante et spectaculaire, sans tout à fait se risquer à l’expérimental. Pour une saison jonglant en permanence avec son budget, le procédé permet aussi de recycler les décors usuels, ce qui n’est jamais à dédaigner. L’intrigue évite également le piège de l’inutilement complexe, mais aussi de centrer son propos sur ce seul exercice de style. L’histoire secondaire relaie ainsi la principale avec humour, jusqu’à une chute glaçante ouvrant directement la voie au final de la série. En effet l’opus offre un magnifique hommage aux potentialités narratives d’Illyria, absolument épique quand elle sauve Gunn (hilarante ruse de l’amulette !) ou quand elle massacre en moins d’une minute tous nos héros, à l’occasion de l’un des twists les plus sensationnels d’une série en comptant de nombreux forts efficaces. La voir rosser Spike reste également un plaisir dont on ne se lasse pas. Elle émeut également par la perte de sa quasi divinité et sa restriction à une dimension humaine (une dimension certes encore relative dans le temps et l’espace). Cette chute avait déjà été exposée autour de Glory/Glorificus, mais la caractérisation shakespearienne du personnage atteint un nouveau palier grâce au talent d’une grandiose Amy Acker, totalement déchainée. La relation avec Wes s’avère toujours aussi captivante et complexe. Il est vraiment frustrant que l’actrice n’ait pas disposé d’une saison supplémentaire pour développer son personnage.
20. LA FILLE EN QUESTION Scénario : Steven S. DeKnight et Drew Goddard Réalisation : David Greenwalt Le capo d’un clan démoniaque de Los Angeles a été tué à Rome, et sa disparition plongerait L.A dans le chaos si son corps n’était pas rapatrié dans les 26 heures où il pourra ressusciter. Angel et Spike partent en Italie pour retrouver le corps mais aussi parce qu’ils ont appris que Buffy se trouve là-bas, et que son chemin croise celui de l’Immortel, un puissant vampire qui par le passé a humilié Angel et Spike. Ces derniers comptent bien profiter du voyage pour avertir Buffy, et avoir leur revanche. Pendant ce temps, Wesley a un problème : les parents de Fred viennent d’arriver à Wolfram & Hart pour voir leur fille… La critique de Clément Diaz: Avant le grand grand finale, les scénaristes s’octroient une pause burlesque, et optent pour un épisode ultra décalé qui est une parodie de leur propre série : Angel et Spike deviennent de joyeux crétins en surchauffe, tandis que leur aventure n’est qu’un carnaval clownesque où les événements les plus débiles se bousculent dans une frénésie foldingue. Cet épisode est un hommage à tout le Buffyverse dont les codes sont à la fois respectés, mais en même temps se voient copieusement passés à la moulinette. Seule l’intrigue Wesley apporte une dramatisation, une touche sombre bienvenue à l’ensemble, rendant encore plus trouble sa relation avec Illyria. Vu le ton agité et gesticulatoire des premières minutes, on comprend qu’on va s’embarquer dans un joyeux délire (félicitations à Rob Kral, dont la musique part dans tous les sens, surtout les plus improbables). L’animosité entre Spike et Angel ressurgit du fait de Buffy. Mais là où un tel sujet avait produit des étincelles violentes entre eux (Destiny), ici, nos amis réagissent comme des adolescents criards, chacun essayant de pisser plus loin que l’autre. Leurs dialogues sont autant de championnats de vannes (on retient le comptage de points sur le nombre de fois où chacun a sauvé le monde, un sommet de mauvaise foi). Le tout est pimenté par les interventions légères d’Andrew qui délivre les lignes les plus drôles en restant d’un stoïcisme inénarrable. Il dit d’ailleurs la morale de l’histoire, jolie pointe contre le paternalisme un poil macho des deux compères que la série aime à dézinguer de temps à autre. Cette « dévirilisation » en règle de nos deux amis s’effectue via des gags craquants comme cette poursuite en moto, leur refus de croire que Buffy puisse avoir d’autres aventures après eux, jusqu’à ce qu’ils soient acculés à l’évidence, et surtout les flashbacks avec Darla et Drusilla (une scène d’anthologie !). Il est rare de voir Angelus se faire totalement ridiculiser (pour Spike, c’est une habitude), un plaisir que l’on goûte. Justement, parlons-en de l’Immortel : un puissant vampire qu’on ne verra pas de l’épisode, mais on s’en moque tellement ses actes parlent pour lui : ce n’est pas tous les jours que quelqu’un réussit à humilier Angel et Spike (deux fois !!) et pouvoir s’en vanter. Anticipant chaque pitoyable effort de nos héros, il les fait tourner en bourrique dans toute la ville éternelle, dans une succession d’effets aussi chocs que loufoques (mention à la scène de la rançon, un pur délire). Son serviteur obséquieux est en plein trip acide à chaque apparition, ce qui ne gâte rien. On aborde les contrées les plus reculées de l’Absurdeland avec la présidente de Wolfram & Hart à Rome ; en italienne sexy et chaleureuse, Carole Davis explose la définition même du concept de caricature. On comprend aisément que Spike et Angel restent muets devant un tel prodige. La résolution finale, malgré un dernier éclat de rire, est émouvante avec un nouveau cap franchi dans la relation entre Angel et Spike que cette pochade italienne a rapprochés nonobstant leurs rancunes. On est frappé par le contraste avec le terrible dilemme de Wesley qui apprend qu'Illyria pourrait avoir l'apparence, les intonations, l'attitude de Fred en permanence… mais ce serait toujours Illyria. Dans son exploration de l’humanité, Illyria apprend également la solitude, et comprend confusément que l’amour est le meilleur antidote que les humains y connaissent… et veut l’expérimenter ! Déchirement pour Wesley, toujours brûlant de désir envers Fred, d’autant plus que A hole in the world avait sous-entendu que la barrière sexuelle n’a pas été franchie entre eux. Le finale est un des plus intenses de la série, où la douleur de Wesley et l’incompréhension d’Illyria atteignent des sommets. Alexis Denisof est toujours géant, et la triple performance de la décidément surdouée Amy Acker (Fred, Illyria, Illyria jouant Fred) qui passe d’un registre à l’autre avec une facilité déconcertante est une master class d’interprétation à elle toute seule. La critique d'Estuaire44: - Ours is a forever love. - I had a relationship with her, too. - Okay, sleeping together is not a relationship. - It is, if you do it enough times. On comprend qu’avec The Girl In Question les auteurs aient voulu marquer une respiration avant le grand final et offrir un ultime épisode décalé au public, voire qu’ils aient désiré que, ne serait-ce que par procuration, Buffy figurât dans l’ultime ligne droite d’Angel. Malheureusement ‘épisode présente de nombreuses faiblesses grevant son succès. Son minutage tombe fort mal à propos après l’affaire du bébé abandonné à son sort, une décision d’Angel dramatisant l’ambiance et nécessitant un développement rapide. En fait la pause avant le final survient alors que celui-ci a déjà été lancé par cet évènement, ce qui est contreproductif, l’évocation du drame en ouverture de l’action n’y change rien. Alors qu’ne bonne partie de la saison s’est bâtie sur la rivalité entre Spike et Angel (certes atténuée au fil du temps) les voir devenir copains comme cochons résulte trop soudain. Par ailleurs l’humour ne participe pas toujours de la finesse la plus exquise et il s’avère dommage de présenter Buffy comme une fille facile et bambochant à la veille d’une Apocalypse (ce n’est que dans les Comics que l’on saura qu’il ne s’agit pas de la Tueuse, en fait). L’épisode vaut toutefois par les ultimes flashbacks réussis autour des Fanged Four, d’autant qu’ils nous valent la bonne surprise de retrouver une ultime fois Dru et Darla, visiblement très copines (leur relation aura finalement été moins développée que d’autres au sein de cette famille où le végétalien n’est guère populaire), une jolie opportunité de faire ses adieux. Retrouver Andrew est également sympathique. La relation entre Wesley et Illyria, exposée sous un jour toujours plus cruel mais étrangement partiellement empathique, apporte ici un précieux contrepoint. On prend progressivement conscience d’un intérêt supplémentaire, dont on se demande sincèrement ‘il est voulu ou non par les auteurs. Avec ces poncifs exacerbés autour d’un pays étranger, jusqu’à fantasmer celui-ci (cela aurait pu tout aussi bien être la France que l’Italie) et ses décors en carton pate, une étrange sensation de déjà-vu nous saisit : nous sommes en fait face à ce que les séries d’aventures des années 60, type Le Saint ou davantage encore The Girl From Uncle produisaient à l’époque. On incline à croire qu’il pourrait s’agir d’un hommage subtilement inséré.
21. JEU DE POUVOIR Scénario : David Fury Réalisation : James A. Contner Angel se range du côté de Wolfram & Hart : il ne parle plus à ses amis et accepte de commettre les actes les plus vils pour satisfaire les Associés Principaux. Angel Investigations comprend que leur leader s’est laissé corrompre par le pouvoir. Ils doivent maintenant réagir avant qu’il ne soit trop tard… La critique de Clément Diaz: Power play est l’épisode concentrant le plus les obsessions de Joss Whedon : le pouvoir, la rédemption, le sacrifice, l’amour. Occupé à écrire le finale de la série, Whedon délègue cette tâche au scénariste qui comprend peut-être le mieux sa pensée : David Fury, compagnon de longue route, et aujourd’hui un des meilleurs auteurs de série télé. Heureux choix, Fury nous parle longuement de ces thèmes fondamentaux en les inscrivant dans une intrigue au suspense implacable, s’achevant sur une des scènes les plus grandioses de la série, qui s’enchaîne au dernier épisode. Il faut avouer qu’on ne croit guère à cette corruption d’Angel. Tant les événements passés, la soudaineté de la situation (issues de l’accélération du récit imposée par l’annulation imprévue de la série) parlent contre ce sens. Mais malgré cela, l’épisode parvient à distiller des scènes vraiment dérangeantes car Angel commet des actions horribles en toute connaissance de cause : sacrifier un bébé, tuer un innocent, être complice d’une campagne de calomnie (avec une sénatrice beaucoup plus House of cards que West Wing). Autant de sacrifices que commet Angel pour poursuivre un but plus large (24 heures chrono n’est pas loin, et Fury saura s’en souvenir). De plus, il faut avouer que Fury parvient à plusieurs reprises à douter de notre confiance envers le Dark Avenger, notamment avec l’hypothèse insoutenable d’Angel ayant planifié la mort de Fred, ici rendue crédible par les révélations de Drogyn et de Lindsey qu’on aime toujours en fanfaron, même menottes aux mains. L’épisode peut aussi se reposer sur David Boreanaz, qui a l’occasion d’étrenner une nouvelle forme de noirceur : celle du businessman sans émotion. L’épisode entier est une attaque en règle contre le libéralisme et la déshumanisation qui va avec, et par conséquent la source de ces maux : le pouvoir. Voir Angel professer la négation du bien et du mal et ériger le pouvoir comme l’aboutissement de tout (exactement comme la Force dans le Lessons de Buffy) est diablement effrayant. La mise en scène de James A.Contner, décidément un des réalisateurs les plus doués de série télé, intensifie au maximum cette histoire anxiogène où le héros semble vaciller, se couper du monde et de ses amis. Nous sommes tout à fait immergés dans l’angoisse d’Angel Investigations, et leurs luttes pour repousser l’horrible hypothèse sont poignantes. On apprécie aussi la résolution si « Angel » de sa relation avec Nina, passant de la malaisée scène de lit à la séparation brute sur un banc. Belle prestation de Jenny Mollen pour un personnage qui aurait mérité plus d’espace. Quant à l’amour, Spike apprend à une Illyria étonnée qu’il peut agir comme le pouvoir le plus destructeur qui soit (Whedon a toujours été fasciné par la face enténébrée de l’amour) : sa ressemblance non seulement physique mais aussi dans certaines attitudes de Fred, perturberont et feront mal pour toujours à ceux qui l’aimaient. Décontenancée par l’attitude de Wesley (qui la fuit), on sent qu’Illyria éprouve pour Wesley un sentiment positif, chaleureux, qu’elle ne peut que nier. Illyria est une mine inépuisable de richesse psychologique et éthique, et parfois comique, comme avec la scène totalement déjantée du jeu vidéo. Vient ce final, où Angel abat toutes ses cartes. Sa longue tirade finale a la puissance des grands leaders au combat universel. Il n’a rien d’autre à offrir que la mort et la violence à ses amis, résultats d’un combat qu’ils ne pourront jamais gagner. Mais c’est le fait même de se battre qui fait de l’existence humaine son but : la gloire, l’argent, le pouvoir… ne sont que des « joujoux » qui nous seront enlevés quand la mort viendra nous prendre : il n’y a pas de « récompense ultime » ici-bas, seule l’humanité, l’amour, est ce qui compte dans cette vie. Sommes-nous prêts à mourir, à nous sacrifier au nom de cette valeur, à accepter qu’on ne peut pas gagner le combat contre le mal et mourir en le combattant ? Bref, sommes-nous prêts à vivre dans le sens le plus élevé du terme ? Tel est en fait la question fondatrice de la série qu’Angel entrevoyait dans Epiphany et qu’il révèle ici à la onzième heure. Il est maintenant temps de tirer le rideau de la série sur un ultime feu d’artifice. La critique d'Estuaire44: - That Angel talking ? 'Cause it sounds a lot more like Angelus. - If I was Angelus, half of you would already be dead, just for the fun of it. On reconnaîtra à Power Play le mérite de camper le décor pour le grand final, qu’il propulse avec l’ultime scène, particulièrement intense, du serment de mort prêté entre Angel et les siens. Mais il aura par ailleurs accumulé les faiblesses. L’introduction consistant à présenter une scène incongrue à laquelle succède un retour arrière explicatif constitue un procédé très daté et rebattu, manquant singulièrement d’originalité. Cela aurait sans doute pu convenir pour un épisode lambda, mais pour l’accroche de la conclusion de la série, on espérait davantage d’innovation. Le manque d’ambition se retrouve, de manière plus grave encore, dans le scénario lui même, qui se contente de dérouler sur un autre poncif, le travail d’entrisme réalisé par un protagoniste conservant le secret par souci d’efficacité, jusqu’à faire douter des partenaires incrédules. Le procédé figure déjà depuis des décennies au programme de séries américaines, là aussi on était en droit d’attendre une ambition supplémentaire, d’autant plus que l’intrigue se contente d’empiler les scènes de ce type. Or, évidemment, on ne doute jamais d’Angel et chaque spectateur comprend de quoi il en retourne contrairement à ses alliés frappés de cécité. L’irruption de ce Cercle surgi de nulle part tombe par ailleurs à point nommé pour permettre le déroulement d‘une bataille définitive, alors que la saison avait au contraire parié sur une évolution lente des personnages soumis à l’environnement corrupteur du seul Wolfram & Hart. Mais là il s’agit sans doute de la décision d’annulation de la série prenant Whedon à contrepied et le forçant à accélérer le rythme. Demeurent néanmoins de ci de là quelques jolies scènes, telles Illyria adorant Tomb Raider ou les membres du cercle se révélant être les antagonistes croquignolets croisés en cours de saison. Power Play apparaît comme un simple prologue, mais promet de chaudes explications de gravure !
22. L'ULTIME COMBAT Scénario : Jeffrey Bell et Joss Whedon Réalisation : Jeffrey Bell Angel, Gunn, Illyria, Lindsey (qui se rallie à leur cause), Lorne, Spike, et Wesley se préparent pour le combat final qui va les opposer au Cercle de l’Aiguille Noire. Ils savent cependant qu’ensuite, ils devront subir la fureur des Associés Principaux. Ils passent un dernier jour de répit avant d’affronter leur héroïque destin… La critique de Clément Diaz: Le héros est celui qui va en même temps au-devant de sa plus grande douleur et de son plus grand espoir. (Friedrich Nietzsche) Le finale d’Angel est souvent cité comme étant rien de moins qu’un des plus aboutis de la télévision. Not fade away (quel merveilleux titre !) se révèle être une réflexion étonnement complète sur le thème de l’héroïsme, ici vu sous sa face la plus ténébreuse. La série a souvent décrit la personne du héros comme extrêmement sombre. La réflexion de Joss Whedon et Jeffrey Bell atteint ici un formidable sommet, car ils dépouillent l’héroïsme de toute lumière, de toute pompe, de toute gloire ou de bonheur. L’héroïsme, comme Angel le prophétisait dans Destiny, est un fardeau inhumain où il y a tout à perdre et rien à gagner. Une vision beaucoup plus réaliste que les fantasmes d’héros présents depuis la nuit des temps (et même dans le Chosen de Buffy qui toutefois marquait déjà des inflexions novatrices). Mais passée le filtre de la métaphore, omniprésente dans le Buffyverse, l’on voit que cette désacralisation extrême du statut d’héros autorise le spectateur à se rendre compte qu’il est lui aussi appelé à être un héros, ou de n’être qu’une victime consentante d’un monde tentaculaire et inégal. Cette réflexion se coule dans le moule populaire du dernier acte à grand spectacle, enchaînant les moments forts, les discours poignants, les batailles les plus épiques, jusqu’à la flamboyante coda, conclusion logique et on ne peut plus parfaite à cette forte et singulière série. Selon la bonne vieille recette Whedonienne, ce finale se scinde en deux parties. Dans la première partie, nos héros respirent une dernière fois l’air d’une ère ancienne, avant que les ténèbres la détruisent. La question étant de savoir ce qui émergera de cette destruction, métaphore évidente de l’histoire des civilisations. La seconde moitié est le combat proprement dit, où les foudres du ciel et de l’enfer se déchaînent. Nous voyons donc nos amis accepter le « congé » qu’Angel le leur accorde, et dire adieu à leur monde en rendant hommage à ce qu’ils y aiment le plus. Lorne demeure un musicien, et à ce titre, vient retrouver son public pour chanter, fusionnant dans cet acte son art et l’amour qu’il éprouve pour les habitants de la Terre (Barbara ne disait-elle pas que la plus belle histoire d’amour d’un artiste était son public ?). Spike opère une émouvante volte-face : lui qui a toujours aimé le « fun » (les bagarres, le désordre), réprime ses volontés belliqueuses et choisit au contraire de défendre sa poésie lors d’une mémorable session devant une bande de motards qui le vengent à la toute fin de son rejet par ses pairs (et Cécily) quand il était encore humain. Bon, il s’enfile quand même une impressionnante cargaison d’alcool, le Spike doit quand même être à la hauteur de sa réputation ! Gunn retourne aux sources lorsqu’il défendait les humains de la rue, mais au lieu de se perdre dans une lutte anecdotique où il perdait son âme, choisit de se montrer utile en aidant son amie Anne (la petite apparition de Julia Lee est un joli clin d’œil adressé aux fans). Angel vient voir Connor, et pour la première fois parlent comme père et fils. Établissement d’un lien d’amour paternel et filial qu’ils n’avaient jamais pu construire avant (Quels progrès de Vincent Kartheiser !). Lindsey, embauché par Angel après un superbe débat idéologique - et pas dénué d’humour - passe sa journée avec Eve, son bel amour. Que des scènes merveilleuses, mais on atteint le paroxysme avec une bouleversante scène entre Wesley et Illyria : à la différence d’Angel, Lindsey, et Gunn, qui ont des personnes qui les aiment, et de Lorne et de Spike qui ont leur art, Wesley a tout perdu depuis la mort de Fred, et n’a donc rien à faire. C’est pourquoi il reste avec Illyria, qui est ce qui est le plus proche de Fred, son grand amour, tout en refusant de renier sa soif de vérité en interdisant à Illyria de se transformer en Fred. La férocité d’Illyria se brise petit à petit alors qu’elle est frappée par la grandeur d’âme déchirante de son « guide », unique chose qui l’attache à notre monde. Deux solitudes, au cœur en hiver, dont la présence de l’autre seule donne du sens à leurs vies en ce moment. La seconde moitié n’est pas formellement aussi réussie que le finale de Buffy : l’on comprend que Whedon et Bell aient refusé la facilité de copier qui aurait consisté en une grande bataille finale, mais cela a pour conséquence de transformer ce final en six combats indépendants ; l’effet apparaît bien moins fort, mais tel qu’elle est, cette confrontation ne manque en rien de spectaculaire et d’épique. Toutefois, on se permettra de trouver superfétatoire la glaciale exécution de Lindsey, pas clairement justifiée. Qu’importe, niveau combats, on est servi, notamment dans le fantastique duel Hamilton/Connor et Angel (qui nous la joue Keyser Soze en expédiant avec ruse l’affaire de l’archiduc). En nadir, la terrible mort de Wesley, mais qui trouve un aboutissement dans le sublime adieu qu’il adresse à Fred/Illyria, où l’émotion semble s’être cristallisée dans le cœur de chaque spectateur (quelle interprétation !). Harmony nous fait des adieux à sa mesure : légers et hilarants ; on sait gré à Angel de jeter l’éponge à son sujet. La coda est la digne apothéose de la série : le combat d’un héros est sans fin. La guerre contre le mal ne peut être gagnée ; on ne peut que vivre et mourir lâchement, dans une vie illusoire, ou bien vivre et mourir courageusement, et être ainsi héros à part entière. Alors, il est normal que le combat d’Angel ne connaisse finalement pas de fin, et que le quatuor qui reste est prêt à vendre chèrement sa peau, d’où ce faux cliffhanger, purement symbolique : à la fois non-fin et fin achevée. C’est d’une adresse sans pareil, et toute l’équipe technique se donne à fond. Aux commandes, Jeffrey Bell contrôle absolument le moindre détail, le rendu visuel est fastueux. Ainsi se « terminent » les aventures d’Angel et de son équipe. Merci à Joss Whedon, David Greenwalt, Jeffrey Bell, et à tous les artisans de la série, de nous avoir transporté au plus profond de la nature humaine à travers des aventures initiatiques, magnifiques, et terrifiantes, de haute volée. Merci de nous avoir tant diverti et tant poussé à réfléchir sur nous-mêmes, et sur le sens que nous accordons à la vie. Mais le privilège des héros est qu’ils ne meurent jamais, et nous retrouverons Angel, escorté de temps à autre par ses anciens partenaires, toujours dans sa quête de rédemption et d’héroïsme dans les comics Angel : after the fall et Angel & Faith avec encore plus d’aventures spectaculaires et plus grands que la vie. Stay tuned ! La critique d'Estuaire44: - You cannot beat me. I am a part of them. The Wolf, Ram, and Hart. Their strength flows through my veins. My blood is filled with their ancient power. - Can you pick out the one word there you probably shouldn't have said ? Avoir mis le décor en place lors de l’opus précédent, permet à Not fade Away de se jeter à corps perdu dans l’action avec une tonalité épique absolument extraordinaire. Chacun des affrontements présentés lors des différentes étapes du pari désespéré d’Angel constitue un superbe fait d’armes, Whedon insufflant par ailleurs une grande variété dans les péripéties proposées. Acteurs et mise en scène apportent une remarquable intensité à l’ensemble, de même que le montage, passant de l’un à l’autre des fronts avec un effet d’accélération réussi, sans que la compréhension de l’action n’en pâtisse jamais. Comme le veut la tradition du Buffyverse, la fin d’une période voit la destruction de son décor central. Celle des bureaux de Wolfram & Hart s’avère particulièrement bien rendue, rejoignant la hantise la hantise californienne des tremblements de terre et s’élargissant au propre Los Angeles. Sans qu’elle soit spécifiquement explicitée, la chute aux Enfers de la Cité des Anges nous une sensationnelle et horrifique scène finale. Qu’Angel s’achève de manière autrement plus sombre que Buffy demeure parfaitement logique. De même que pour le Chosen de Buffy contre les Vampires, l’action tonitruante n’empêche pas Whedon d’accorder une grande part à la psychologie des personnages, au moment où bon nombre de cheminements personnels arrivent à leur terme. La veillée d’armes permet à chacun d’exprimer sa vérité, on avouera avoir été particulièrement sensible à un Spike trouvant enfin un public pour ses poèmes. On apprécie qu’Angel épargne la félonne Harmony, se rattrapant de son comportement souvent imbuvable comme patron, mais plus encore qu’il n’oublie pas d’expédier as patres Lindsey. Jusqu’au bout la série aura su rester fidèle sur l’un de ses atouts maîtres,, la personnalité sombre et impitoyable, jusqu’à rendre questionnable sa morale. Le voir transformer le charmant Lorne en assassin ajoute une cruauté supplémentaire à l’ensemble (imagine-t-on Buffy demander à Alex de commettre ce qui est une exécution ?). Le départ désenchanté de Lorne est à briser le cour, tout comme la mort de Weslet et son ultime scène avec Illyria/Fred. Le duo Denisof/Acker aura vraiment immensément apporté à la série. Si Gunn et, davantage encore, Spike ont aussi droit à son heure de gloire, le combat principal demeure le mano a mano sanguinaire entre Marcus et Angel lui-même. L’occasion de retrouvailles avec un Connor apaisé et un Vincent Kartheiser décidément en progrès) et d’un ultime triomphe pour le féroce Dark Avenger, insurpassable prédateur.
My soul is wrapped in harsh repose, Midnight descends in raven-colored clothes, But soft... behold! A sunlight beam Butting a swath of glimmering gleam. My heart expands, 'tis grown a bulge in it, Inspired by your beauty... Effulgent.
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