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 saison 1 saison 3

Angel

Saison 2


PRÉSENTATION

Rappels préliminaires pour la compréhension de cette saison :

Les épisodes 2.07, 2.09, 2.10, 2.11 incluent le personnage de Drusilla. Drusilla est une jeune femme possédant des dons de voyance. Angelus tortura et massacra sa famille devant ses yeux en 1860 tout en la harcelant continuellement. Elle devint alors totalement folle et a conservé cette folie quand elle fut transformée en vampire par Angelus. Elle se joignit donc à Angelus et Darla, puis devint la compagne de Spike quand elle le vampirisa en 1880, mais elle le quitta en 1998 - 2 ans avant cette saison - quand elle pressentit que son compagnon commençait à tomber amoureux de Buffy, la Tueuse de vampires, et grand amour d’Angel.

Les épisodes 2.12 et 2.14 font intervenir Anne Steele. Elle fut une figure occasionnelle de Buffy contre les vampires. D’abord membre d’une secte adoratrice de vampires de Sunnydale - sous le nom de Chanterelle - elle déménagea ensuite à Los Angeles sous le nom de Lily où elle rencontra et aida Buffy, alors en pleine déroute existentielle. En repartant pour Sunnydale, Buffy lui offrit son job de serveuse, ainsi que sa tenue de travail qui portait le prénom « Anne » (deuxième prénom de Buffy). C’est ainsi que Lily devint Anne.

L’épisode 2.17 fait intervenir Harmony Kendall. Ancienne amie de Cordélia, elle mourut lors des événements de La Cérémonie (saison 3 de Buffy contre les vampires) mais ressuscita sous forme de vampire. Elle eut une liaison tumultueuse avec Spike mais le quitta quand ce dernier tomba amoureux de Buffy, et partit pour Los Angeles.

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1. LE JUGEMENT
(JUDGEMENT)



Scénario : David Greenwalt, d’après une histoire de David Greenwalt et Joss Whedon

Réalisation : Michael Lange

Angel Investigations est sur la piste d’un démon Prio Motu. Angel le retrouve et le tue, mais il a commis une erreur : il était le gardien du corps de Jo, une femme enceinte dont un groupe de démons veulent tuer l’enfant qui deviendrait dans le futur un danger pour eux. Angel, pour réparer sa faute, doit retrouver Jo et défaire le champion des démons dans un combat à mort qui décidera du sort de Jo...

La critique de Clément Diaz

La deuxième saison commence par un épisode peu élaboré. La joute finale est effectivement un grand moment d’action suspense, mais tout ce qui précède est une succession de petites péripéties semées au hasard sans cap bien défini. Judgement se résume à une poursuite entre Angel et Jo qui se cherchent, se trouvent, se cherchent, se retrouvent, se cherchent, etc. soit une répétition assez vaine. Toutefois, Greenwalt place tous les enjeux de la saison : Darla, l’hôtel Hypérion, Angel et ses faiblesses, la validité de la bataille Bien/Mal, l’impayable Hôte du Caritas…

Après une introduction tout en force et en humour, Angel démarre son enquête. Il est original de montrer Angel commettre une bourde et mettre en danger la vie que les Puissances Supérieures lui ont confiée, d’autant que cela donne une pointe maligne contre les stéréotypes qui faussent la vision réelle du monde. Nous savons que les apparences sont trompeuses (Angel n’est-t-il pas un « bon » vampire ?) mais nous ne remettons pas en cause l’amalgame Démon = mal. Quand Angel tue le « bon » démon, nous sommes comme lui étonnés de s’être laissés piéger par les préjugés. Malheureusement il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent ensuite. Angel cherche mollement Jo, trouve sa cache déserte. Grosse ficelle : Angel donne le talisman à Gunn, puis la belle se pointe et Angel apprend qu’il a besoin… du talisman. Alors qu’ils retournent chez Cordélia, ils sont séparés par une attaque, mais la belle décide de ne pas suivre Angel, etc. Ces expédients destinés à tenir une histoire de 25 minutes sur 42 sont trop voyants. La spectaculaire joute de chevaliers (Angel plus Dark Knight que jamais) est un beau morceau, surtout avec le coup de grâce assez gaguesque ! Mais dans l’ensemble, l’histoire ne convainc pas.

Alors on se console avec d’autres scènes : Darla en mode Drusilla écoute du Chopin sous les yeux déjà très intéressés de ce cher Lindsey, les vannes Wesley-Cordélia (un running gag récurrent de la saison), et surtout l’entrée en scène de l’Hôte de la boîte de nuit pour démons le Caritas. Joué par un Andy Hallett plein de sève et de décalage, il va être la caution « rire et chansons » de la série. L’idée de ce personnage lisant les âmes et l’avenir par leurs prestations chantées (une métaphore sublime sur le pouvoir de la musique) va donner lieu à des séquences de chant d’anthologie et d’humour massif. Premier exemple avec l’interprétation joyeusement catastrophique d’Angel d’une chanson de Barry Manilow (Ally McBeal est instamment demandée sur scène). Et puis, on termine avec l’apparition surprise de SuperFaith, resplendissante de santé malgré la prison - on se doute que ses camarades de cellule ne peuvent pas en dire autant - qui parle rédemption avec Angel. Une excellente coda.

La critique d'Estuaire44


 

- There is not a Destroyer of Worlds that can argue with Manilow.

L’épisode  aurait pu se contenter de demeurer un épisode fonctionnel, créant le décor de la saison à venir, mais, malgré une histoire principale tissée à base de clichés (l’enfant providentiel, le complot du Mal pour empêcher sa venue), il se montre suffisamment astucieux pour susciter un réel intérêt. Il continue ainsi à affirmer en sous-main l’identité d’Angel vis-à-vis de Buffy contre les Vampires. Alors que les hiatus entre les saisons de la série mère correspondent souvent à des vacances en forme de parenthèse, c’est ici tout le contraire qui se produit, comme le démontre la saisissante introduction. Angel Investigations se montre industrieuse au possible sur la période : élévation en puissance et instauration, certes temporaire d’un nouveau QG, (avec un fantôme toujours aussi divertissant).

Pas question de pause dans la fourmilière de Los Angeles, contrairement à Sunnydale. Avec les fameuses cartes de visites et la réaffirmation qu’il s’agit d‘un « travail », le pilote de saison réaffirme la spécificité de la série, au confluent du Fantastique et du Film noir (à confirmer par la suite). Il en va de même pour les références de Cordy, d’ailleurs le récit prend un tour plaisamment hollywoodien, avec la répétition de la belle ou cette joute archétypale, digne des films de chevaliers de jadis. On apprécie que la série se souvienne de temps à autres qu’elle se situe aux marches de l’Usine des Rêves. Aussi tourmenté soit-il, Angel reste d’ailleurs le plus hollywoodien des Vampires, à ses heures. Les Juges manquent de présence, cela aurait sans doute été amusant que le Tribunal soit présidé par D’Hoffryn !

D’ailleurs, l’Hôte, grande révélation de l’opus et instannément pilier de la série, compose le démon el plus suavement gay et californien qui se puisse imaginer. On avouera préférer l’ambiance et le ton musical si crooner du Caritas à ceux du Bronze (on y s’y abreuve au bar et non aux jugulaires, déjà).  Outre les titres massacrés de manière hilarante, Whedon, grand amateur de chant et de musique (on se souvient que Sweet fut l’un des rares à se confronter à la Tueuse sans en pâtir) ne laisse pas passer l’occasion d’un nouvel hommage à ces Arts, puisque Angel ne cesse de s’enfoncer dès lors qu’il s’en détourne, avant de revenir lui même après avoir accepté d’y sacrifier.

L’épisode pose élégamment les jalons des évènements à venir, avec la prometteuse découverte de l’Hypérion, le rapprochement de Gunn et, surtout, rappel de la présence de Darla (mais aussi de Faith). Déjà brillante, sa scène avec les deux espoirs de Wolfram & Hart se voit sublimée par l’éclatant talent de Julie Benz, à la fois évanescente et terrifiante par son mystère. Dieu que Darla est belle, une fois quittés les oripeaux ridicules de la première saison de Buffy, une autre manière d’affirmer positivement l’identité d’Angel. L’épisode bénéficie également de maquillages et de combats performants, ainsi que d’une habile photographie. Outre une intrigue prévisible, on regrettera toutefois que la mère se voit confinée dans le rôle éculé de Damoiselle en détresse, élément particulièrement décevant chez Whedon. Dans le rôle de mère courage on se situe très loin d’une Sarah Connor.

  • L’Hôte (Lorne) va progressivement devenir un associé permanent d’Angel Investigations, la saison 2 va d’ailleurs nous révéler ses origines. Il est interprété par Andy Hallett, jeune chanteur découvert par Patti Labelle, vedette de la Soul. Whedon l’entendit lors d’un concert de Blues et créa d'enthousiasme l’Hôte. Lui et Hallett avaient effectivement coutume de participer à des soirées Karaoké, avant que le personnage n’entre en scène en saison 2.

  • Hallett devait décéder en 2009, à 33 ans, d’une maladie du cœur, ce qui bouleversa les fans. Après la mort de Glenn Quinn en 2002, cela valut aussi à Angel une petite aura de série maudite.

  • Il fallait à peu près deux heures et demie pour réaliser le maquillage de l’Hôte.

  • Angel est visible par moments dans les miroirs du gymnase. L’évènement se reproduira régulièrement au cours de la série.

  • Quand Angel monte sur son cheval, une caméra est visible en bas à droite de l’écran.

  • Eliza Dushku n’est pas créditée en Guest Star dans le générique d’ouverture, pour créer la surprise. Elle l’est dans le générique de fin.

  • La vue représentant la prison de Faith est en fait l’établissement de Folsom, à proximité de Sacramento, en Californie. Exclusivement masculine, cette prison très ancienne (1880), accueille de dangereux criminels, condamnés notamment à la peine capitale. On y trouve de nombreux serial killers californiens, dont le célèbre Charles Manson. Pas de quoi impressionner la Rogue Slayer.

  • Keith Campbell, l’employé du gymnase, incarna Oz sous sa forme de loup-garou, à Sunnydale.

  • Certaines espèces de démons présents au Caritas ont été aperçues dans Buffy contre les Vampires.

  • Gunn, introduit tardivement en saison précédente, figure désormais au générique. Le procédé sera reproduit pour Fred (saison 3) et Connor (saison 4).

  • A peu près aussi doué comme chanteur que comme danseur, Angel exécute (au sens propre) le classique de Barry Manilow, Mandy (1978). David Boreanaz aura tout donné à sa série.

  • On entend aussi au Caritas : I Will Survive, de Gloria Gaynor ; I'm So Excited, des  Pointer Sisters ; Sexual Healing, de Marvin Gaye et Achy, Breaky Heart, de Billy Ray Cyrus.

  • La toujours classieuse Darla  apprécie de son côté le Prélude  Op. 28, No. 20  de Chopin. Il s’agit d’un autre clin d’œil à Barry Manilow, le Crooner de Las Vegas en reprenant la mélodie pour son titre Could It Be Magic, en 1975. Faith fait aussi référence à un autre titre de Manilow, Copacabana (1978). Faith, fan de Manilow ?

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2. L'HÔTEL DU MAL
(ARE YOU NOW OR HAVE YOU EVER BEEN?)

Scénario : Tim Minear

Réalisation : David Semel

Angel revient sur les lieux du maintenant abandonné hôtel Hyperion (cf. épisode précédent). Ses souvenirs quand il était résident de l’hôtel en 1952 remontent à la surface : les habitants de l’hôtel sombrèrent peu à peu dans la folie et la paranoïa sous l’influence de « mystérieuses voix » qui leur parlaient à l’oreille. Angel va maintenant accomplir ce qu’il aurait dû faire il y’a 50 ans…

La critique de Clément Diaz

Épisode régulièrement cité parmi les meilleurs de la série, Are you now or have you ever been ? tombe cependant dans la facilité. Minear livre une réflexion sur la peur, sentiment qui peut pousser les meilleurs cœurs à renier leurs valeurs, à agir en bêtes sauvages, mais il délaye trop, impuissant à construire toute montée de tension. L’ habile description sombre d’Angel à l’époque est toutefois à retenir

David Semel filme admirablement les décors magnifiques de l’hôtel, passe avec de subtils raccords du présent au passé, mais échoue à instaurer la tension (le script ne l’y aide pas). Une voix oblige un homme à se suicider, un portier trop obséquieux, un patron couard, Angel cachant une femme du nom de Judy (Melissa Marsala, crispante d’un bout à l’autre) des griffes d’un inspecteur : voilà le programme. L’ennui est assuré avec si peu d’événements. Le climax du lynchage, abrupt et sauvage, est réussi, mais tranche trop avec l’indolence précédente. Dans ses très intéressants commentaires, Minear évoque à juste titre ce grand classique de La Quatrième Dimension : Les monstres de Maple Street. La relation glaciale entre Angel et Judy ne mène à rien, malgré un émouvant final libérateur. On se demande pourquoi Angel ne raconte pas simplement son histoire à Wesley et Cordélia au lieu de les laisser éplucher tout l’historique de l’hôtel. Ah si, faut bien aller au bout des 42 minutes de pellicule… La bataille finale se règle en 30 secondes. Trop hâtif. On passe.

On apprécie l’attaque contre les peurs et les préjugés des hommes (ici métaphorisées par le McCarthysme, le racisme, et les calomnies), mais encore plus l’Angel d’alors. Pourvu d’une âme qui l’encombre, paria de la société (rejeté par les vampires, ne pouvant se mêler aux humains à cause de sa nature), Angel n’a aucune raison de vivre. S’il aide Judy, c’est moins par gentillesse que parce qu’il est dépassé par un engrenage d’événements. La scène la plus réussie est peut-être celle où Judy lui parle, mais il ne lui renvoie qu’un silence froid. Saisissante scène où il abandonne les clients à leur sort (préfigurant étrangement le final de Reunion). On voit ce qu’il serait devenu s’il n’avait pas rencontré la Tueuse : un errant amer et sans but. La perspective fait froid dans le dos, et donne de la force à un script peu reluisant.

N.B. Le portier s’appelle Frank Gilnitz. Une référence aux X-Files ?

La critique d'Estuaire44

- It's kind of like a puzzle. The "who died horribly because Angel screwed up fifty years ago?" game.

Are You now or Have You Have Been constitue une nouvelle excursion réussie dans le passé tumultueux d'Angel. On raffole de découvrir pièce par pièce l'ensemble de ce puzzle sombre et tourmenté, de manière bien plus ludique qu'une morne approche linéaire. Il en va de même pour le style narratif, sophistiqué et maîtrisé, retenu par Tim Minear, entre savants flashbacks et commentaires en parallèle par Wes et Cordy, relançant sans cesse l’intrigue par de jolis coups de théâtre énigmatiques. Le récit s'attache judicieusement à dessiner la psychologie si complexe et évolutive, et si propice à débats, d'Angel. L'action nous le présente dans un état nihiliste et amer, pénétré du dégoût de soi jusqu’à renâcler à s'estimer digne de devenir un sauveur et ne pas entrevoir de possibilité de rédemption. La seule solution (hormis le suicide, suggéré ultérieurement par la Force) demeure dès lors le retrait de l'Humanité, jugée également méprisable, et le renfermement sur soi-même.

Judy apparaît dès lors comme une bouleversante première opportunité de rachat, bien avant la providentielle rencontre avec Whistler puis Buffy. Dans la droite ligne du The Monsters Are Due On Maple Street de The Twilight Zone, Tom Minear suscite un impact émotionnel rare en refermant brutalement cette porte, moins du fait du démon que des travers de l'Humanité elle même et des failles d'un héros encore en devenir et ambivalent. Rarement la série se sera montrée aussi sombre que lors de cet épisode à l'humour quasi inexistant, une rareté. Difficile et accidenté s'avère le chemin de la Rédemption et Angel ne pourra pas compter sur l'Humanité pour être particulièrement stimulante à sauver, comme annoncé en fin de saison précédente. On comprend que cet échec cruel ait pu le précipiter plus bas encore, comme narré dans le Becoming de Buffy contre les Vampires.

A côté de cette intrigue continuant à talentueusement dessiner la figure d'Angel, quitte à relativement sacrifier un combat final somme tout secondaire (encore que le démon se voit joliment croqué par l'auteur), ce brillant épisode se caractérise également par un somptueux travail de production. Whedon et Minear se montrent astucieux, présentant et mettant admirablement en valeur le nouveau décor central de la série, l'Hôtel Hypérion. Le procédé n'est pas original en soi (Stargate SG-1 y a également recours), mais il se voit porté ici avec une ambition particulière. Entre Barton Fink et Shining, les vues en caméra subjective, la savante animation du huis-clos et la photographie sophistiquée apportent une vraie valeur ajoutée à la mise en scène.

La reconstitution d'époque s'avère également de grande qualité, de tels épisodes (avec aussi le Travelers des X-Files), annoncent clairement le succès futur des Mad Men. Déjà particulièrement riche, l'épisode s’élargit à un passionnant panorama critique du Los Angeles de l'Après-guerre (chasse aux sorcières, violences, racisme et homosexualité devant encore se dissimuler), rejoignant toute l'atmosphère du fascinant et enténébré Quatuor de Los Angeles de James Ellroy, l'un des sommets absolus du Roman noir. Un opus exceptionnel, en tous points virtuose. 

  • A l’hôtel, quand Judy parle à Angel en fumant, à l’hôtel, sa cigarette ne cesse de grandir ou de diminuer.

  • Judy déclare à Angel qu’elle travaillait à la City Trust Bank, alors que le journal indique qu’il s’agit de l’Union National Bank.

  • On peut apercevoir le fameux Hollywood Walk of Fame devant la librairie  de Denver, mais il ne fut inauguré qu’en 1960, alors que nous sommes en 1952.

  • Vieilli, Denver retrouvera Angel de nos jours, dans l’épisode Reprise, cette même saison.

  • La chanson entendue au tourne-disque est Hoop-De-Doo, de Perry Como et les Fontane Sisters (1950).

  • Judy indique venir de  Salina au Kansas, tout comme la Judy de Vertigo.

  • La scène où Judy invite Angel à venir écouter un discours sur la fin du monde est une référence à La fureur de vivre (1955). La protagoniste féminine s’y prénomme également Judy et l’action prend également place à l’Observatoire Griffith. Le costume de Judy et Angel évoquent clairement Natalie Wood et James Dean.

  • Situé à deux pas du fameux panneau Hollywood, l’Observatoire, réputé pour son style Art Déco, ses animations astronomiques et sa vue unique sur la Cité des Anges, apparaît dans de nombreuses autres productions.

  • Le titre original reprend la phrase rituelle débutant les pseudos procès intentés par McCarthy durant la Chasse aux sorcières (1950-1954). C’est le Sénateur McCarthy lui-même qui apparaît à la télévision.

  • La chambre d’Angel est le numéro 217, soit celle concentrant le mal dans le roman Shining de Stephen King.

  • L’épisode est l’un des préférés de Whedon et de Denisof.

  • Le portier de l’Hypérion se nomme Frank Gilnitz. Tim Minear a travaillé sur les X-Files et ce John Gilnitz constituait une plaisanterie récurrente chez les auteurs de cette série, désignant souvent les personnages n’apparaissant pas à l’écran. Il s’agit d’une contraction des piliers des X-Files que sont John Shiban, Vince Gilligan et Frank Spotnitz.

  • L’épisode n’indique pas clairement ce que devint l’argent redécouvert par Angel, ce qui suscita un débat animé chez les fans. Minear finit par indiquer que, selon lui, il ne l’utilisa pas pour acheter l’Hypérion (comme souvent envisagé), mais le retourna à la banque du Kansas.

  • Le démon est interprété par Tony Amendola, totalement méconnaissable sous son maquillage. L’acteur est connu pour le rôle au long cours de Maître Bra’tac, dans Stargate SG-1.

  • Brièvement entrevu lors du pilote de saison, l’épisode marque l’entrée en scène de l’Hôtel Hypérion comme nouveau quartier général d’Angel Investigations. Il le demeurera jusqu’en fin de saison 4, avant de le redevenir au cours du prolongement en Comics de la série. Wesley indique qu’il est de style Hispano-californien, soit celui de Sunnydale High. Les extérieurs sont ceux de Los Altos Apartments (1925), célèbre hôtel de Los Angeles ayant hébergé de nombreuses stars.

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3. PREMIÈRES IMPRESSIONS
(FIRST IMPRESSIONS)

Scénario : Shawn Ryan

Réalisation : James A. Contner

Angel se met à rêver de plus en plus de Darla. Gunn est sur les traces de Deevak, un démon qui a déjà tué deux des membres de son gang. Pendant l’enquête, Cordélia a une vision de Gunn en danger de mort. Angel et Wesley étant indisponibles, elle court à sa recherche pour le protéger…

La critique de Clément Diaz:

First impressions se centre sur Gunn, le petit dernier de la bande. Il est évident que cet épisode sert à l’intégrer plus avant dans la série. Si les scénaristes parviennent à le faire évoluer au cours de l’épisode, ils se heurtent à une histoire composite, éclatée, aux raccords grossiers, au train de sénateur.

Il était normal de dépeindre Gunn comme un loup solitaire, plein d’ego, et tête brûlée, cela le différencie de ses congénères, mais cela pénalise l’épisode pour deux raisons : Gunn tire la même tête du début à la fin (J.August Richards est rapidement crispant), et rend caduc son duo avec Cordélia. Il n’y a ni alchimie ni comédie pétillante, simplement deux personnages qui s’entravent l’un l’autre. Les saillies comiques de Queen C perdent par conséquent de leur efficacité. Mais l’ancienne peste de Sunnydale s’en sort tout de même mieux, elle devient plus une battante, distribuant de nombreux coups de hache (et de bombe d’aérosol), même si pas toujours à la bonne personne. L’énergie de Charisma Carpenter est un spectacle de chaque instant. L’histoire, très émiettée, est une chasse à l’aveugle paresseuse au monster-of-the-week. L’investigation est molle : discussions oiseuses avec un revendeur de voitures, bagarre de vampires mal conçue, disputes inoffensives. Gunn n’a de plus pas la carrure d’Angel. Bilan assez négatif.

 

Heureusement, il reste les rêves d’Angel. Et bon sang, quel plaisir de revoir Darla hanter les fantasmes du privé de L.A ! Sensuelle et ardente, Julie Benz fait monter la température à chaque apparition, entre slow torride (superbe choix de Get Here de Brenda Russell, avec une performance à tomber d’Andy Hallett), passion fougueuse, ou séduction perverse - le twist final. Le courant électrique entre les deux acteurs est indéniable. Et puis, il y’a l’humour, comme avec l’apparition hilarante de Nabit, provoquant de non moins hilarantes bouffées de chaleur chez Cordy, le gag du casque de moto rose (You’ll pay for this), quelques répliques bien percutantes, le délire autour des performances de Denzel Washington. La saison 2 se cherche encore.

La critique d'Estuaire44:

- Somebody get these two love-Vamps a room !

First Impressions souffre d’un contre-sens scénaristique majeur : appelé à décrire un moment clé de la convergence de Gunn vers Angel Investigations, il aurait du s’accompagner d’un approfondissement de la psychologie du protagoniste, ou d’une évolution de celle-ci, pour ne pas apparaître mécanique. Ici, il demeure essentiellement fonctionnel car ne révélant strictement rien de nouveau sur Gunn. Le récit ne fait qu’accentuer, parfois jusqu’à la caricature, ce que l’on savait déjà de lui. Le talent de J. August Richards n’est pas en cause, tandis que son personnage demeure enserré dans divers clichés dont on perçoit bien qu’ils n’appartiennent pas totalement à l’univers de Whedon. L’astuce de la double identité du démon, au maquillage assez simpliste, résulte assez gratuite. Si les divers décors et maquillages de démons ne présentent guère d’intérêt, l’action demeure néanmoins soutenue avec quelques combats toniques. Avec l’excellent gag du casque rose, Angel et Wes participent à l’action principale, mais le paradoxe d’un Gunn pas assez renouvelé conduit au vol de la vedette par les dames.

L’opus rend un bel hommage à une Cordy courageuse et au jugement sûr. Tout en conservant son humour, notre amie a décidément bien évolué depuis sa révélation à Sunnydale High, de même que Charisma Carpenter à  clairement gagné en métier et en finesse de jeu. On avouera un faible particulier pour les séquences oniriques, pouvant justifier à elles seules la vision de l’épisode. Toute comme Osiris avec les rêves de Daniel dans Stargate SG-1, la manipulation ourdie par Darla nous vaut plusieurs pépites d’or le plus pur. Qu’elle soit divine en robe de soirée rouge, mutine au clair de lune ou prédatrice sexuelle, Julie Benz crève une nouvelle fois l’écran avec une régularité de métronome. Le bonheur d’Angel en proie du complot est douloureux à voir, tant de solitude.  De quoi rendre stimuler le désir d’une vraie confrontation, alors que le présent opus, certes non ennuyeux, prolonge l’attente sans suffisamment de justification. 

  • Quand Darla dévoile le dos d’Angel en rêve, on s’aperçoit que le fameux tatouage du Vampire, découvert chez Buffy, a inexplicablement disparu.
  • David Nabbit apparaît ici pour la dernière fois, du fait de l’indisponibilité de son interprète David Herman, acteur de voix particulièrement demandé.
  • Lors du pilote de la série, Angel avait détecté immédiatement la nature demi-démoniaque de Doyle, cette faculté disparait avec Jameel, sans explication.
  • Tout comme Sense and Sensibility en saison 1, First Impressions est une référence à Jane Austen, car il s‘agit du premier titre du roman devenu ensuite Pride and Prejudice. Tout comme l’épisode, il narre comment deux individus changent d’opinion l’un sur l’autre.
  • On pourrait s’étonner que les Vampires parviennent à pénétrer chez Tito, mais celui-ci avait annoncé que tout le monde était invité à sa fête. Certaines expressions sont définitivement à bannir quand on séjourne dans le Buffyverse !
  •  Dans le rêve d’Angel l’Hôte interprète somptueusement le Get Here d’Oleta Adams (1990). Durant la fête de Tito on entend le  Who Ride With Us , du rappeur Kurupt (2000).

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4. INTOUCHABLE
(UNTOUCHED)

Scénario : Mere Smith

Réalisation : Joss Whedon

Bethany, une très jeune femme, est incapable de contrôler ses pouvoirs de télékinésie, causant plusieurs morts. Elle ne sait pas qu’elle est manipulée par Lilah Morgan, qui veut la conditionner pour être un assassin au service de Wolfram & Hart. Grâce à une vision de Cordélia, Angel rencontre Bethany et lui propose son aide…

La critique de Clément Diaz:

Cet épisode singulier se centre tout entier sur la relation entre Angel et sa cliente. On comprend ce qui a attiré Joss Whedon dans ce script, au point de passer derrière la caméra : voir Angel sauver non une vie, mais une âme. Bethany est une solitaire, rongée par un don maudit qui ne la laisse pas en repos, donc proie facile pour les forces du mal. Angel doit jouer non point de ses muscles (enfin un peu quand même) mais de la psychologie pour la guérir. Le scénario de Mere Smith, qui écrira parmi les épisodes les plus importants de la série, est éblouissant d’intensité et d’émotion. Dans la même veine, le One day one room de Dr.House, jouera sur un terrain similaire.

L’affaire est davantage dans le ton des Affaires Non Classées (L’ombre de la mort d’X-Files s’ouvre sur une scène analogue), mais la scénariste délaisse rapidement effets chocs et suspense pour se concentrer uniquement sur le relationnel. Il faut voir tout le travail d’approche d’Angel, qui doit lentement gagner la confiance de sa patiente. Leur premier contact symbolise pour Bethany un espoir de sortir de son cauchemar (le héros aura rarement autant mérité son nom). Lorsqu’elle accepte son aide, on remarque une bataille entre ses pulsions (auto) destructrices et la douceur d’Angel, en pleine démarche d’empathie. Cette bataille psychologique est menée avec précision et intensité. Il y’a un climax lorsqu’elle tente de coucher avec lui, moins par sentiment - quoique - que par haine d’elle-même : son mauvais soi veut briser sa reconstruction, imprimer l’étiquette « slut » pour dégoûter son sauveur. Angel (aidé par sa chasteté forcée) parvient à réorienter Bethany, et à lui faire contrôler son pouvoir. Il est symptomatique que la tornade finale, très Carrie, ne s’arrête que grâce à elle.

On reste époustouflé par la performance de Daisy McCrackin, qui jouait là son tout premier rôle de sa carrière. Elle a une présence, une sobriété qui laisse voir le maximum d’émotions. David Boreanaz fait ressortir le côté le plus humain de son personnage, le résultat est brillant. Stephanie Romanov est jubilatoire en fausse bonne amie manipulatrice. Wesley et Cordy se crêpent le chignon sur le fait de payer ou pas les services de Gunn, voilà le petit moment d’humour de cet épisode très étrange, mais qui traite avec une grande subtilité du thème de sauver les âmes en perdition.

La critique d'Estuaire44:

- Shut up. Just shut up! One more excuse from you and I am going to bury you alive, next to my house so I can hear you screaming.

Untouched émeut le spectateur par son propos, mais aussi son audace au sein d'une série grand public. L'épisode est littéralement saturé de thématique sexuelle, comme cela n'avait jamais été le cas dans la finalement très prude Buffy contre les Vampires (où même les jeux entre Spike et le Buffybot se voyaient largement édulcorés par le prisme de l'humour). Entre les rêves très explicites d'Angel, le drame personnel de l'héroïne et les multiples dialogues verts se dessine un mouvement d'ensemble apportant une forte tonalité et une cohérence à l'intrigue. On retrouve par contre la tendance de Whedon à souligner les travers de l'acte sexuel, décrit ici comme manipulatoire ou profanateur. L'émotion saisit par l'évocation des drames de l'inceste et de l'enfance souillée, avec un recours au Fantastique servant essentiellement de métaphore, dans la lignée de la Carrie de Stephen King. Évidemment celle-ci aura été persécutée par sa mère et non son père mais le Roi de l’Épouvante expo ce avec justesse la convergence du viol émotionnel et du physique (Margaret White  demeure l'une de ses plus effroyables créations). Outre ce constat, le récit saisit par l'intensité du combat d'Angel, pour sauver autant physiquement que moralement la jeune femme.

Malheureusement l'effet se voit en partie gâché par la soudaineté et la facilité du Happy Ending, Bethany réglant d'un coup d'un seul tous ses problèmes, avant de partir vers un avenir souriant, avec un caractère bien trempé. Une conséquence sans doute aucun de la diffusion sur un grand média, mais le scénario manque trop de progressivité sur ce point pour ne pas en pâtir. Restent une excellente interprétation et une mise en scène toujours aussi efficace, s'offrant même le luxe d'une scène action automobile, une rareté jusqu'ici, à laquelle convient idéalement le décor urbain. Untouched séduit également par l'espace important qu'il consacre aux personnages féminins, avec la bouleversante Bethany et une Cordy toujours plus mature. Mais l'on avouera une faible particulier pour le portrait davantage creusé de la belle Lilah Morgan. Évidement une peste cynique et impitoyable, éventuellement mauvaise joueuse, on en apprécie que davantage les quelques fragements d'humanité judicieusement préservés par l'auteure Mere Smith.  On apprécie de voir Lilah, à sa manière, manifester une certaine sympathie non feinte pour Bethany et on la prend presque en pitié face au toujours carnassier Holland. Agréablement complexe, Lilah se voit portée par le panache et la présence assez incroyables de Stéphanie Romanov, un atout très prometteur pour la série. 

  • C'est la toute première fois que Whedon dirige un épisode sans l'avoir écrit ou coécrit.

  • La destruction des vitres de l'Hypérion fut réalisée par incrustation vidéo de bris de verre, un technique en pointe pour l'époque.

  • Cordy fait référence son empalement sur une barre d'acier, un évènement survenu dans l'épisode Lover's Walk de Buffy contre les Vampires.

  • L'épisode marque l'officialisation de la participation de Gunn à Angel Investigations. Sa hache demeurera son arme de prédilection, jusqu'à sa destruction en saison 4.

  • Il s'agit du premier épisode écrit par Meredith Smith, qui va devenir l'un des principaux auteurs de la série, jusqu'en fin de saison 4. Proche collaboratrice de Whedon,  Mere assurera également la supervision des scripts.

  • You wouldn't like me when I'm happy, déclare Angel à Bethany. Il s'agit d'une référence à Angelus, mais aussi un clin d'oeil à la série L'Incroyable Hulk (1977-1982), dont la phrase rituelle est You wouldn't like me when I'm unhappy.
  • La jeune bohémienne victime d’Angelus est désormais interprétée par une nouvelle actrice.

  • Dans Some Assembly Required, Angel avait indiqué avoir 241 ans. Puisque nous sommes passés de la saison 2 de Buffy contre les Vampires à la 5 le Dark Avenger devrait logiquement avoir 244 ans.

  • Il est étonnant que Kate n’ait jamais entendu parler de Darla, alors qu’elle amené des recherches très poussées sur Angel en saison 1 (Somnanbulist), lui permettant de parfaitement identifier ce dernier. 

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5. CHER AMOUR
(DEAR BOY)

Scénario : David Greenwalt et Marti Noxon (non créditée)

Réalisation : David Greenwalt

Constatant qu’elle a affaibli Angel avec succès, Darla monte une machination destinée à le pousser encore plus dans la folie et son côté obscur…

La critique de Clément Diaz:

Le scénario souffre d’une histoire de machination classique et prévisible. Heureusement, le casting réunit Julie Benz, Juliet Landau, et Elisabeth Röhm, soient les trois rôles féminins-clés de la saison. Et il y’a les superbes scènes Darla/Angel, mélange de tension sexuelle (Noxon’s touch) et d’amour/haine détonnant.

La machination de Darla use de ressorts peu inventifs : apparitions volontaires, nouvelle identité, calomnies… Darla a beau être la Big Bad du moment, sa noirceur est troublée par son amour paroxystique et sincère pour Angelus. A la différence d’une Buffy dans le déni, Darla sait bien qu’Angelus est la face authentique d’Angel. Lors de leur duel, Darla abat ses atouts : sensualité, nostalgie, et vérités qui font mal. Grâce au jeu expressif de David Boreanaz, l’on sent toute la déstabilisation d’Angel face à son alter ego féminin qui connaît toutes ses forces et ses faiblesses. Mais Darla se leurre en doutant de la propension au sacrifice d’Angel, qui repousse les délices trompeurs de la darkside, préférant être un « pur » tourmenté qu’un « impur » heureux. Le twist sur la nature de Darla est saisissant, présageant d’innombrables complications psychologiques. Darla ne comprenant pas toutes les implications d’avoir une âme, comme ressentir réellement le bonheur, donne une toute autre vision des flashbacks, où la relation Angel-Darla était plus dominée par le plaisir et la complicité plutôt qu’un vrai sentiment amoureux. On apprécie ces flashbacks fastueux et colorés, avec en plus Drusilla comme invitée surprise. Comme toujours, Juliet Landau a l’air d’être possédée par son rôle de folle, c’est diabolique ! Délicieux jeu de séduction entre Darla et Lindsey, plaisant et… malsain. Tandis qu’entre Queen C et Wesley, c’est toujours aussi marrant - leur surveillance à distance du couple adultère est un modèle de non-discrétion.

Kate Lockley, absente depuis le début de la saison, peut enfin déverser sa rancune dès lors qu’elle a la possibilité de croire qu’Angel est bien un monstre. Ne pouvant entrer dans son univers qui lui a déjà coûté un père, Kate, enfermée dans sa douleur et sa rage, harcèle Wesley, Cordélia, et Gunn, et ce n’est qu’à regret qu’elle abandonne - momentanément - Elizabeth Röhm est flamboyante de colère et de frustration. Et puis, bon, on se lasse pas de voir Angel massacrer des chansons dans la boîte de nuit pour avoir ses infos. Un épisode basique, mais des personnages au sommet de leur art.

Ah n’oubliez pas Cordy en soubrette d’hôtel ultra sexy, la vision vaut le coup d’œil !

La critique d'Estuaire44:

- You see, no matter how good a boy you are, God doesn't want you. But I still do.

On pourra regretter que Dear Boy accumule quelques gênantes facilités scénaristiques. La police arrive quasi instannément sur les lieux. L’humour apporté par Cordy et Wesley se base principalement sur le manque d’argent d’Angel Investigations, alors que l’agence a visiblement eu les moyens de totalement réparer les conséquents dégâts occasionnés par Bethany lors de l’opus précédent. Si Darla est humaine on conçoit plus difficilement qu’elle ait pu aussi aisément aller et venir  dans l’Hypérion. Il n’est nulle part expliqué pourquoi Darla ne ressent pas les effets de la présence d’une âme, comme si celle-ci avait du retard à l’allumage,  etc. A la fois auteur et réalisateur, Greenwalt assume ici sa part prépondérante prise dans la production de la saison, alors que Whedon doit aussi veiller sur l’affrontement entre Buffy et Glory, mais il doit davantage veiller aux détails.

L’épisode présente néanmoins le mérite de clairement lancer l’arc scénaristique principal de la saison, bâti autour de Darla. Dès à présent celui-ci se révèle digne des meilleures qualités de la série, car basé sur des personnages au long parcours en commun, passionnément complexes et torturés, ainsi que sur une excellente interprétation. Au-delà d’un complot de Wolfram & Hart servant essentiellement de prétexte à leurs retrouvailles (eux-mêmes en sourient sarcastiquement), le cœur récit demeure bien la passionnante confrontation entre les ex-amants diaboliques, dialoguée avec finesse et cruauté alors que chacun renvoie l’autre à son abime. On se croirait par moments chez Anne Rice, Marti Noxon maîtrisant autant les protagonistes que l’art malaisé du dialogue. En arrière fond, la scène pose joliment la question de la définition de l’humanité, car qui est le plus en humain des deux protagonistes ?

Le préalable à cette longue, captivante et éprouvante scène s’étire sans doute un peu trop, mais l’apothéose du récit tient toutes ses promesses Boreanaz a fabuleusement progressé comme comédien depuis la  première saison de Buffy et Julie Benz brille de tous ses feux, ensemble ils parviennent à créer une alchimie presque aussi intense, mais encore davantage désespérée, qu’entre Angel et Buffy.  L’un de sommets de la saison, alors que les autre sujets de l’épisode, fatalement moins forts, ne résultent pas pour autant dépourvus d’intérêt, avec une Cordy toujours aussi pétillante sur le registre humoristique et (très) sexy, un retour tonitruant de Kate aux plaisantes concomitances avec Fox Mulder, comme un tango sensuel et pervers entre la joueuse Darla et Lindsey,  ou les retrouvailles tant espérées, et  déjà prometteuses, avec Drusilla, lors de reconstituions  toujours performante. Les seconds rôles ne peuvent éviter d’être relativement éclipsés par le duo vedette, mais ils combattent vaillamment. Un épisode  à l’intrigue jouant beaucoup sur une unique scène, mais Darla et Angel emportent la mise.

  • Certes en flash-back, l'épisode marque le grand retour de Drusilla. Elle n'avait pas été revue depuis son départ forcé de Sunnydale, en fin de saison 2 de Buffy contre les Vampires.

  • Angel perpètre un nouvel assassinat au micro du Caritas, le très dansant Everybody Have Fun Tonight, du groupe Wang Chung, succédant à l'infortunée Mandy. Ce très grand succès de 1986 fut seulement dépassé au Billboard par le Walk Like An Egyptian des Bangles. Il est désormais passé dans la culture populaire américaine, étant référencé dans de nombreux films et séries.

  • Après s'être excusé, Angel éteint le moniteur de karaoké, mais celui-ci est vu allumé tout de suite après.

  • Quand Angel voit Darla, on entend le titre Stinky Stinky Ashtray, du groupe Damn !.

  • Les scènes où se déroule l'Eveil à la Nuit d'Angel font écho à celles vues dans l'épisode Acathla de Buffy contre les Vampires.

  • Crédité comme auteur et réalisateur, David Greenwalt composa l'intrigue générale, mais les dialogues entre Angel et Darla furent l'œuvre de Marti Noxon, particulièrement dans son élément.

  • Angel indique qu'il a 248 ans, instituant sa vampirisation comme date de "naissance". Il compte visiblement pour rien les 100 années passées dans la dimension infernale où Buffy l'a envoyé, à la fin de la saison 2 de Buffy contre les Vampires. En substance, c'est une très belle déclaration d'amour.

  • Il est étonnant que Kate n’ait jamais entendu parler de Darla, alors qu’elle a mené des recherches très poussées sur Angel en saison 1 (Somnanbulist), lui permettant de parfaitement identifier ce dernier.

  • La fausse maison de Darla se situe à Studio City. Situé dans la Vallée de San Fernando, ce quartier élégant de Los Angeles fut ainsi nommé quand le légendaire Max Sennett y installa ses studios, en 1927, près de Ventura Boulevard. Ces installations appartiennent désormais à CBS (également propriétaire de Televison City, dans Fairfax), qui y tourne films et séries (Roseanne, Hill Street Blues, Seinfeld...). De nombreuses stars de l’écran résident d’ailleurs dans le quartier.

  • L’Hôte demande un Sea Breeze à Rico, son barman très occupé tant l’on s’abreuve au Caritas, et guère avec de l’eau. Le Sea Breeze, auquel Lorne restera souvent fidèle, est un rafraichissant cocktail à base de vodka, de jus de canneberge et de pamplemousse. 

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6. L'USURPATEUR
(GUISE WILL BE GUISE)

Scénario : Jane Espenson

Réalisation : Krishna Rao

Sur les conseils de l’Hôte du Caritas, Angel se rend chez T’ish Magev, un swami qui pourrait l’aider à surmonter l’épreuve de Darla par la magie. Pendant ce temps, un homme de main de Magnus Bryce, magnat de la magie, entre dans Angel Investigations et réclame Angel tout de suite, menaçant même Cordélia avec un pistolet. Une seule solution pour le calmer : Wesley doit se faire passer pour Angel…



La critique de Clément Diaz:

Dès les premières secondes, on comprend que la fêlée Jane Espenson est dans ses œuvres. Toutefois, son scénario se déroule à une vitesse bien trop lente. Les gags s’enchaînent mollement. On est loin de la frénésie délirante du Zéro pointé de Buffy, qui est à Xander ce que cet épisode est à Wesley. Toutefois, les ressorts comiques fonctionnent parfaitement, autorisant un flamboyant/hilarant numéro d’Alexis Denisof en créature de la Nuit aussi crédible que Max la Menace pourrait l’être en James Bond. Le swami psychanalyste regarde tout droit en direction du WTF vampire psy du Conversation with dead people de Buffy. Wesley prend plus d’ampleur héroïque, et le sous-texte féministe du jour est aussi fort que gaîment comique.

L’introduction est un concentré de gags : Wesley subit de plein fouet un humour slapstick, puis une scène déconnectée où le quatuor, en plein dans les locaux de Wolfram & Hart, se dispute débilement (running gag génial de l’ascenseur). Dès que Wesley prend l’identité d’Angel. Alexis Denisof en gaffeur secoue les zygomatiques. Obligé d’adapter tous les tics de son employeur et de sa nature vampirique, il est forcé d’improviser (de manière catastrophique bien sûr) à chaque imprévu… le pompon est quand il doit se coltiner un boulet sous la forme d’une fille cloîtrée par son père (Brigid Brannagh, en roue libre). On y croit vraiment pas quand ça devient chaud bouillant, mais après tout, même Faith s’est fait plaisir avec Xander, alors… Bon, il faut ignorer la coïncidence qui veut que le swami soit en contact avec Bryce, capotant ainsi la couverture de Wesley. Le final, d’abord assez glauque, proclame le triomphe de la screwball comedy avec l’hilarante « impureté » de Virginia, Angel vu comme un « eunuque », et Wesley tentant de profiter de la situation. La coda voit Wesley en parangon d’héroïsme sous les yeux jaloux d’Angel et Cordy. Énorme.

La petite intrigue du swami (excellent Art LaFleur) bénéficie d’un twist, ainsi que des piques que la série se porte à elle-même : la voiture et le gel pour cheveux d’Angel sont promptement passés à l’acide avec les explications psy totalement barrés du swami. Un épisode mollasson mais plein d’humour et agréable à suivre.

L’Hôte encourage Angel à chanter : Once more, with less feeling.

La critique d'Estuaire44:

- Wait. Are you saying... is he gonna sing? Oh God, is Angel gonna sing?

Guise will be guise, dernière des trop rares incursions de la surdouée Jane Espenson dans le Los Angeles d'Angel, tombe réellement à pic. Par son humour malicieux, il apporte une respiration nécessaire à la noirceur exaltée de l'arc narratif de Darla, empêchant qu'une saturation du spectateur ne vienne en atténuer l'impact. Son succès n'apprécie d'autant plus que les épisodes d'Angel optant aussi franchement et massivement pour la comédie demeureront rares (un peu moins en cinquième saison). On pourra certes reprocher au scénario d'Espenson une relative facilité, capitalisant sur les personnages autours de quelques ressorts bien balisés du Vaudeville, comme la substitution d'identité. Le raccordement des deux segments de l'intrigue apparaît également quelque peu providentiel. Mais l'auteure sait indéniablement dynamiser l'ensemble, par des dialogues à l'humour incisif faisant mouche à chaque fois, ainsi que par un tempo sans temps mort. Les diverses confrontations se montrent souvent hilarantes et on admire derechef, après Rm w/a Vu et Cordy, avec quelle aisance Espenson se glisse dans l'univers d'Anegl tout l'abordant par les (prétendus) seconds rôles.

Elle comprend ainsi parfaitement le potentiel humoristique du Caritas et de son Hôte irremplaçable. Elle manifeste également une pétillante irrévérence très féminine envers la figure du Héros ténébreux, forcément ténébreux (et égocentrique comme sait l'être notre ami le Roi de la Souffrance, à sa manière). Cet épisode égratigne joyeusement les machos de tous poils et on en redemande. Certes ici relativement relégué au second, Angel bénéficie toutefois de scènes très divertissantes avec l'épatant faux Gourou, mais l’important est ailleurs. Avec son intuition coutumière, l'auteure corrige une faiblesse d'une saison voyant Wes jusqu’ici dans la roue de Cordy et enserré dans son rôle d'Observateur. On apprécie qu'elle lui donne l'occasion de s'imposer comme homme d'action à part entière, ce qu'il ne cessera de confirmer par la suite et à visage découvert. Alexis Denisof s'épanouit pleinement dans histoire certes un rien théâtrale et prévisible, avec un grand sens de la comédie. Il est précieux de découvrir Wes franchir une nouvelle étape en vivant une autre personnalité, tout comme Will a su le faire avec Vampire Willow. Jane Espanson confirme en fin de parcours que c'est grâce à ses qualités propres que Wes remporte la partie, tout en offrant à celui-ci une merveilleuse rencontre, avec Virginia.

  • Après avoir tour à tour porté de tout son pétillement les deux acolytes d'Angel, Jane Espenson laisse bien des regrets au moment où elle quitte une série dont il est patent que le héros et ses tourments l’intéressent médiocrement et qu'elle n'a d'ailleurs pratiquement pas fréquenté à Sunnydale. 

  • You don't have to sing. A break for you, a break for me, and a break for Mr. Manilow déclare l'Hôte à Angel. Visiblement l'interprétation du Mandy de Manilow par le Dark Avenger a laissé des traces du côté du Caritas (Judgement, 2-01).

  • Once more with less feeling déclare l'Hôte à Angel, ce qui évoque déjà l'un des épisodes majeurs de la saison 6 de Buffy contre les Vampires (sinon de la série elle-même). Sweet doit d'ailleurs être l'un des piliers du Caritas. Alex avait fait quasiment la même déclaration à Buffy lors de leurs mémorables retrouvailles dans The Freshman (4.01) : Ok, uh, once more with even less feeling.

  • On voit Angel conduire une voiture différente de l'habituelle. La scène est en fait extraite d'un tournage promotionnel réalisé antérieurement, avant qu'une décision soit prise concernant la voiture d'Angel.

  • Quand Angel s'approche de la maison du Swami, on voit son image se refléter dans l'eau.

  • Virginia Bryce entre ici en scène. La petite amie de Wesley va participer à quatre épisodes de la saison 2, avant de rompre car ne s'estimant pas capable de faire face à la vie aventureuse de Wesley. Elle est incarnée par Brigid Brannagh, qui avait alors déjà participé à une série sur les Vampires, Kindred: The Embraced (1996).

  • Curieusement, Angel est capable d'entrer chez Bryce sans y avoir été invité.. Peut-être est-ce du au fait que l'invitation adressée à Wesley l'était considérant que ce dernier était Angel.

  • Angel va consulter un Swami, c'est à dire un maître spirituel et yogui relevant de l'Hindouisme. Vivant souvent en ascète, le Swami peut se consacrer entièrement à la méditation ou aussi pratiquer l'enseignement.

  • La résidence du Swami se situe à Ojai, station thermale situé au sud de la Californie, près de Santa Barbara. Il s'agit sans doute d'une référence à Jiddu Krishnamurti, théosophe d'origine indienne qui y résida de 1922 à 1986. Ami de nombreux écrivains et intellectuels américains, son enseignement visant à la libération totale de l'esprit connu une vraie résonance lors de la vague de la Contreculture des Sixties. C'est également à Ojai que résident Jamie Somers et Steve Austin, la ville et ses environs servant de décor principal à Super Jaimie et à L'homme qui valait trois milliards.

  • On entend au Caritas le I Got You Babe, de Sonny and Cher (1965). Cet hymne de la Contreculture hippie a fait l'objet de multiples reprises et figure dans de nombreuses bandes son. Il s'agit notamment de la chanson diffusée à la radio, marquant le recommencement de la journée dans Un jour sans fin (1993).

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7. DARLA
(DARLA)

Scénario : Tim Minear

Réalisation : Tim Minear

Cet épisode complète l’histoire de l’épisode 5.07 La Faille de la série Buffy contre les vampires.

Darla commence à ressentir le poids de son âme. Lindsey prévient Holland qu’elle est en train de craquer, mais Holland le rassure en disant que son plan continue de se dérouler comme il le souhaite et qu’il faut juste « accélérer les choses ». Pendant ce temps, Angel tente de localiser son ancienne compagne…

La critique de Clément Diaz:




Incontournable épisode Mythologique, et complément du remarquable Fool for love de Buffy, Darla s’intéresse à la fascinante relation qui unit Angel et Darla à travers les siècles. Les scènes du présent trouvent une résonance dans chaque flashback. Julie Benz nous sort le grand jeu en incarnant trois dégradés différents de son personnage.

Les brillants flashbacks scandant la vie de Darla sont autant d’odes à sa gloire. On claque des mains en revoyant Le Maître, porté par un Mark Metcalf enthousiaste en tentateur. En plus de ces merveilleuses toilettes, Darla assure le souffle romanesque de cette épopée par la dimension ardente de son nihilisme, de sa perversité… et de son amour fou pour Angelus. Big Bad oui, mais pas sans sentiments. On la voit d’abord joyeuse, complice avec son amant, semant la désolation avec jubilation. Puis en tourmentée à la fois méprisante et malheureuse quand Angelus devient Angel. Dans le présent enfin, elle n’est plus qu’une humaine perdue, torturée par son âme. Sa douleur se ressent à chaque séquence : le miroir brisé, la séduction de Lindsey, plus une vaine tentative d’auto-affirmation qu’un désir (on est pas loin de Faith), ses monologues autodestructeurs, son dégoût physique… le tout culminant dans un des plus prodigieux finals de toute la série quand Angel refuse de la transformer. Le parallèle avec la scène du berceau est très fin. On comprend qu’il s’agit de l’épisode préféré de Julie Benz, sa triple performance est à se mettre à genoux.

Angelus est toujours aussi flamboyant. La scène où il se fout éperdument de la gueule du Maître n’aurait pas été désavouée par Spike. Vanneur, totalement barge, rigolard, libertaire, on comprend que Darla craque pour lui. Si l’Angel d’aujourd’hui est plus introspectif, il tient de son alter ego le même entêtement, la violence (contre Lindsey)… et la passion sentimentale. Drusilla est toujours aussi… Drusilla, Juliet Landau confirmant qu’elle est la folie faite femme. Spike apparaît peu, vu que l’épisode correspondant de Buffy est centré sur lui. Mais on retient son rot bruyant après le carnage gitan, rappelant qu’il n’est pas un aristocrate comme Angelus. La machination d’Holland est remarquablement ourdie, se dévoilant peu à peu au rythme de twists ingénieux. Un épisode luxueux et riche.

La critique d'Estuaire44:


- Angelus? The Latinate for "Angel". It's marvelous!

- His name would already be a legend in his home village - had he left anyone alive there to tell the tale.

Avec Darla, la saison 2 s'offre une saga historique fastueuse et mouvementée, sans pour autant renoncer à son atout premier, l'envoutante complexité de ses protagonistes damnés. Les nombreux flashs back résultent tous finement calibrés par Minear. Ils complètent habilement les différents espaces encore demeurés  vacants dans la geste du Whirlwind, au-delà de l'écho astucieux organisé avec Fool For Love. Cet aspect particulièrement apprécié par les fans d'une indispensable cohérence de Buffyverse s'adorne d'une brillante mise en scène en costumes et de quelques retrouvailles marquantes, comme Drusilla et, bien entendu, le Maître, pour son unique participation à la série. Jamais le contraste entre la vitalité exacerbée  de Spike et l'introspection d'Angel n'aura été aussi criant. On saisit de visu toute l'intensité et l'ancienneté de la relation entre Darla et Angel, chacun servant de miroir à l'autre, en exaltation commune, perverse et narcissique. Minear optimise totalement son intrigue, en ne se contentant fort heureusement pas de constituer les retours à la période actuelle en simples passe-plats

Une habile résonance s'instaure entre le passé et le présent du couple maudit, les deux époques se voyant pareillement superbement dialoguées. La conclusion commune se montre aussi brillamment cruelle que concernant Spike dans Fool For Love. Auparavant se sera déroulé l'un des twists les plus retentissants survenus dans le Buffyverse, avec une véritable épiphanie pour Angel (et pour le spectateur) concernant la vraie motivation d'une Darla toujours davantage tourmentée. Décidément cet arc exerce une ténébreuse fascination toujours davantage accentuée, d’autant que  notre ami Justicier se montre derechef sujet à une rechute dans cette violence toujours si présente en lui. Son interrogatoire à la Jack Bauer de Lindsey , qu'il tient soigneusement celé à ses amis, reste l'exemple typique de ce que Buffy n'aurait jamais perpétré. Lindsey lui même se montre toujours agréablement ambivalent, y compris vis à vis de Darla et d'un Holland en grande forme. La musique de Robert Fral reste toujours aussi parfaite. La saison 2 continue à nous entrainer dans une confrontation toujours plus intense et désespérée entre Darla et Angel,  avec une Julie Benz et un David Boreanaz au sommet de leur art.

  • L'épisode fut diffusé le même jour que Fool For Love, l'épisode de la saison 5 de Buffy explorant pareillement le passé du Whirlwind, mais du point de vue de Spike. Plusieurs flashs back se font écho : la révolte des Boxers et la vampirisation de Spike.

  • L'épisode remporta l'Hollywood Award de 2001, pour ses coiffures et maquillages.

  • Un ranch servant de décor mexicain au tournage d'un Western fut redécoré par l'équipe technique de la série afin de devenir la Chine de la Révolte des Boxers (1899-1901). Le même décor resservira en fin de saison, en figurant le village de Pyléa.

  • Il s'agit de l'épisode préféré de Julie Benz. Elle apprécie en particulier toutes les scènes chinoises.

  • La missionnaire mère du bébé est interprétée par la fiancée de Dan Kerns, responsable de la photographie.

  • Le véritable nom de Darla ne sera jamais révélé. Le prénom Darla lui fut attribué par le Maître. Dérivé de l'anglo-saxon Dearling, il signifie "aimée". Darla était un prénom très populaire au XVIIIème siècle.

  • Tim Minear passe derrière la caméra pour la première fois, il va réaliser en tout sept épisodes d'Angel.

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8. LE LINCEUL QUI REND FOU
(THE SHROUD OF RAHMON)

Scénario : Jim Kouf

Réalisation : David Grossman

Wesley est interrogé dans un commissariat de police. Quelques heures plus tôt, Angel et Gunn ont infiltré un gang qui tentait de dérober un artefact magique de valeur dans un musée. Les recherches de Wesley et Cordélia leur apprennent - mais trop tard - que l’objet en question est le Linceul de Rahmon, un objet dont il est dangereux de s’approcher. Pour compliquer le tout, Kate est aussi sur les lieux…


La critique de Clément Diaz:

Le scénario de Jim Kouf tourne autour d’une histoire classique de gangsters : préparation du casse-casse proprement dit-dispute autour du butin-bain de sang final. Mais le tout est relevé par le Fantastique : la galerie de portraits dégénérés du gang donne une saveur de pastiche à chaque étape du scénario. Les scènes de folie ont un grand effet dramatique, et le duo/duel Kate-Angel projette des étincelles partout.

La surprenante introduction (Wesley dans le commissariat, Angel mordant une silhouette) est un électrochoc. On est immédiatement pris dans l’histoire, qui ne laisse aucun temps mort. La première partie démonte les clichés du film de gangsters par l’humour. Angel le mutique se transforme en une sorte d’Elton John tchatcheur et débridé, à la tenue du plus mauvais goût possible. David Boreanaz s’éclate dans ce rôle frais et joyeux. Sa rivalité avec Gunn, campé par un J. August Richards qui n’hésite pas à en rajouter dans le « dur de dur à cuire » produit pas mal de gags (notamment un fraternel échange de coup de poings). Le policier froussard et les deux démons cramés du ciboulot complètent le tableau : leurs attitudes outrancières sont un vrai régal. Wesley et Cordélia sont en pleine forme, leurs disputes continuelles nous ravissent encore et encore. Charisma Carpenter nous gratifie d’une nouvelle coupe qui donne envie simultanément de siffler d’admiration et de se rouler par terre. Par contraste, la scène avec Kate, plus écorchée que jamais, est glaciale. Elisabeth Röhm mérite toutes les louanges. C’est carrément une guerre de tranchées empoisonnée.

La 2e partie, plus dramatique, voit folie et violence s’emparer de tous les personnages (mention au « décrochage de tête » du policier), produisant des explosions d’abord éparses puis de plus en plus rapprochées et sanguinaires. Culminant finalement lors d’une bagarre à 4 mortelle d’un suspense frénétique. On se croirait dans un vrai film de genre. L’image la plus démente est certainement l’agression de Kate, qui fait s’arrêter le cardiogramme pendant quelques secondes. La coda, sombre et frissonnante, ouvre d’inquiétantes perspectives sur Angel, qui a touché de nouveau du doigt la tentation du côté obscur, et dont les délices l’obsèdent. Jamais Angel n’a été si proche d’Angelus. Brrr…

La critique d'Estuaire44:

- He helps people, you know. When he's not in trouble himself.

The Shroud of Rahmon se veut un habile mélange entre deux genres bien distincts et à l'identité forte : le film de casse et le Fantastique. Malheureusement la sauce ne prend que médiocrement, car, au-lieu d'établir une synergie féconde, les auteurs sacrifient le second au premier. Certes suffisamment rythmée pour éviter l'ennui, l'intrigue s'articule essentiellement autour des clichés de ces récits de cambriolage où le plan impeccablement préparé finit infailliblement par échouer du fait du facteur humain. Une fois la surprise des maquillages dissipée, et malgré le casting astucieux de Tony Todd, les malfrats démoniaques agissent en tous points comme des équivalents humains lambda, d'où des évènements tout à fait prévisibles et une intrigue simpliste en comparaison de l'arc de Darla. La folie suscitée par le suaire ne relance que partiellement l'intrigue, les effets en demeurant peu relevés, et bien moins savoureux que lors de Sense and Sensitivity, en première saison. Quel est d'ailleurs l'intérêt de détenir un artefact aussi difficilement exploitable ?

Le scénario sombre par ailleurs dans la facilité quand Angel s'affranchit du maléfice à point nommé pour sauver la situation sans qu'aucune véritable exploitation ne soit fournie. Le seul moment réellement fort de l'opus survient lorsque Angel dérive dangereusement vers Angélus sous l'influence de la folie (Boreanaz toujours impérial), mais l'auteur crée un twist contre productif quand ils 'avère qu'Angel contrôlait en fait suffisamment la situation pour sauver Kate, donc sans péril en la demeure. On nous survend également le fait qu'Angel boive du sang. On savait déjà que l'envie restait toujours présente (il reste un Vampire) et il est faux d'énoncer qu'il n'y avait pas touché depuis longtemps. Angel s'est abreuvé du sang de Buffy peu de temps avant d'arriver à Los Angeles, donc très récemment à son échelle, sans que cela porte à conséquence le moins du monde sur son équilibre. On discerne ici un sensationnalisme visant malhabilement à compenser le caractère très normé du récit. Heureusement Kate répond comme toujours à l'appel et la narration par Wesley apporte une touche d'intensité. Un opus mineur néanmoins, que l'on aurait volontiers troqué contre un Darla développé en double épisode. 

  • L'épisode fut proposé aux Hollywood Awards, pour ses maquillages.

  • Cordy arbore une nouvelle coiffure. Ses cheveux seront de nouveau raccourcis en cours de saison. Charisma Carpenter souhaitait que sa chevelure soit moins longue à préparer avant le tournage.

  • La nitroglycérine est ici figurée en jaune, alors qu'elle est normalement aussi claire que de l'eau.

  • Plusieurs musées bien réels sont évoqués durant les recherches de Wes et Cordy. Ils annoncent partir au Museum of Natural History  mais les extérieurs et les collections filmés sont ceux du  Autry National Center, dédié aux différents cultures de l'Ouest américain, notamment amérindiennes. il fut fondé en 1988, autour d'une immense collection éunie par une star des Westerns, Gene Autry.

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9. L'ÉPREUVE
(THE TRIAL)

Scénario : Douglas Petrie et Tim Minear, d’après une histoire de David Greenwalt

Réalisation : Bruce Seth Green

Wolfram & Hart retrouvent Darla et lui apprennent une terrible nouvelle : redevenue humaine, elle est de nouveau en stade terminal de syphilis (qui l’aurait tuée si Le Maître ne l’avait pas transformée). Elle n’a plus que deux mois. Ils la laissent partir, et Darla l’apprend à Angel. Refusant toujours de la transformer, Angel trouve une créature ayant le pouvoir de guérir Darla sans la transformer, mais il doit pour cela passer trois épreuves mortelles : s’il échoue, tous deux mourront. Angel accepte, mais ignore que Wolfram & Hart médite au même moment un coup fourré…

La critique de Clément Diaz:

Cet épisode dense, au suspense cravaché, ne laisse pas en repos une seule fois le spectateur : dilemmes éthiques, ambiguïté des personnages, souffle de l’aventure, twists massifs, et cliffhanger à rendre KO se conjuguent pour former 42 minutes compactes, à bloc, et une des fins les plus horrifiantes du Buffyverse. Le trio de scénaristes fait par la même occasion rebondir la Mythologie.

L’écriture habile de Darla et la performance déchirante de Julie Benz assurent l’empathie du spectateur pour un personnage pourtant diabolique (les flashbacks la montrent en plus très égoïste) mais dont l’amour pour Angelus l’humanise. Ancienne prostituée qui n’avait certainement pas le choix de ses clients, elle doit de même consentir à être transformée par un vampire crétin, alors que cet acte est comparable à un acte sexuel transcendantal chez les vampires (scène à la fois drôle et amère). Heureusement, Angel empêche la catastrophe. L’Hôte est aussi irrésistible comme que Darla chantant Ill Wind (elle aura décidément tout eu la pauvre !). La détermination désespérée d’Angel à sauver Darla jusqu’au sacrifice est une preuve d’amour fou alors qu’il n’en est pas amoureux. Un lien vraiment trouble.

Coup de cœur pour le valet impassible du temple (brillant Jim Piddock), dont l’absence d’émotions se manifeste par un humour à froid et des airs détachés. La troisième épreuve est d’une grande intensité : Angel ne fait pas seulement face à la mort mais aussi à sa propre mission. Le cruel twist est un des moments les plus douloureux de la série. On se dirige alors vers une belle coda où Darla comprend que sa rédemption passe par la mort et son acceptation. Il est intéressant de noter que Julie Benz jouera une version proche de cette scène dans le Faith de Supernatural, où son personnage, passé si près de la guérison, la voit au dernier moment lui échapper, mais refuse de céder au chagrin et la révolte pour au contraire accéder à une acceptation sereine et lumineuse, illuminée par sa foi religieuse, qui remplace ici un stoïcisme Socratique et le soutien d'Angel. La promesse d’Angel est si sublime qu’on se dit qu’on va finir l’épisode avec un paquet de mouchoirs… c’est alors que l’horrible cliffhanger anéantit tout espoir. Bravo à Bruce Seth Green d’utiliser le ralenti pour bien prolonger la scène, comme si c’était pas assez insoutenable. Lindsey ne finit pas de nous ébaubir : son amour sans espoir pour Darla le rend amer, désabusé. Et s’il montre qu’il est encore un sacré félon, même son attitude dans le final est ambiguë (Christian Kane est géant). Un épisode dark, dark, et encore dark.

La critique d'Estuaire44:



- Maybe this is my second chance.

- To die?

- Yes. To die - the way I was supposed to die in the first place.

Quoique fort prenant, The Trial demeure inégal. Comme si souvent cette saison, sont point fort demeure l’axe entre les deux âmes sœurs que constituent Angel et Darla, sans que, fort judicieusement, on puise parler d’amour romantique, comme avec Buffy. En rajoutant le retour de la syphilis, pas forcément absurde en soi, le récit prend le risque de virer au mélodrame des Telenovelas, avec l’amoncellement coutumier de malheurs de toutes sortes s’amoncelant sur l’héroïne. Mais l’effet en résultant demeure davantage une cristallisation de l’intrigue. C’est à la dernière heure que Darla et Angel finissent par enfin pleinement se retrouver, dans l’épreuve de l’ordalie, mais aussi l’acceptation du destin. La scène finale s’avère triste mais aussi très belle, Darla, accédant, sinon à la rédemption, du moins à la paix. A côté d’un Boreanaz toujours convainquant, Julie Benz se montre bouleversante de conviction et d’émotion, tout comme elle sera dans un registre finalement assez proche dans Supernatural.

Mais pour en arriver là , il aura fallu passer par une l’intrigue éclatée, enfilant comme des perles les différents scènes de diverses natures, sans réelle unité. Le passage de Darla au Caritas, certes sublime (forcément sublime) apparaît quelque peu comme un passage obligé. On peut aussi se demander si, dans son état présent de bouleversement, elle aurait effectivement produit une prestation aussi soignée. Une nouvelle fois l’Hôte sert à glisser une adresse à Angel, ce qui vire quelque peu au précédé scénaristique ; Surtout cette histoire de triple épreuves très à la sous Indiana Jones sonne comme hors sujet dans ce qui demeure avant tout un captivant thriller psychologique, peut être davantage que Fantastique. Les épreuves sont toutes prévisibles, on se croirait dans une partie de Donj peu inspirée. Heureusement le majordome se montre particulièrement amusant, dans la grande lignée des personnages anglais chez Whedon. L’épisode sait toutefois s’achever par une scène tonitruante, remarquable de cruauté, avec un retour en majesté pour Drusilla. Le drame vire à la tragédie et s’apprête à atteindre de nouveaux sommets. 

  • En France Darla et Angel sont traqués par le chasseur de vampires Holtz. Celui-ci deviendra l’adversaire d’Angel en saison 3.

  • Darla souligne la présence de jasmin dans les jardins de l’Hypérion, une fleur associé aux Vampires car fleurissant la nuit, Cela préfigure également l’arrivée de Jasmine, qui sera l’adversaire d’Angel en saison 4.

  • Darla et Angel envisagent de se rendre en Roumanie après la France. Or nous sommes en 1765 et la Roumanie ne sera formée qu’en 1859, avec l’union de la Valachie et de la Moldavie.

  • Darla interprète Ill wind au Caritas. Créée en 1934 au Cotton Club, elle demeure emblématique de cette célèbre boite de jazz d’Harlem. Elle figure d’ailleurs dans la bande son du film The Cotton Club, de Coppola, en 1984. Elle fut reprise par de nombreux artistes, la version la plus connue étant sans doute celle d’Ella Fitzgerald.

  • Lors de l’épisode Shiny Happy People (4.18), Jasmine affirmera à Angel que la vie qu’il a gagnée lors de l’épreuve deviendra celle de Connor.

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10. RETROUVAILLES
(REUNION)

 

Scénario : Tim Minear et Shawn Ryan

Réalisation : James A. Contner

Angel arrive trop tard pour stopper la résurrection de Darla par Drusilla. Il doit à tout prix la retrouver avant qu’elle retrouve ses forces et que les deux vampires se mettent à semer la désolation. A cette occasion, il n’écoute même plus ses associés, qui s’inquiètent de le voir se détacher d’eux…

La critique de Clément Diaz:

 

Reunion accumule rebondissements, twists, numéros d’acteur dingos, scènes fortes, tout en courant à perdre haleine vers son final dévastateur. Une nouvelle fois, Whedon bouleverse toute la direction dramatique de la saison par une invasion de noirceur. Cet épisode joue le rôle du mythique Innocence de Buffy : le basculement inattendu dans les ténèbres de Darla fait penser à celui d’Angelus. Angel lui-même se précipite vers son côté obscur, qui n’a pas cessé de le titiller depuis le début de la saison. Le résultat est à couper le souffle.

Drusilla la cinglée + Darla… la cinglée aussi = un show dément, sanglant, déphasé. Juliet Landau et Julie Benz nous jettent au visage leurs écrasants talents. Leurs scènes, toutes plus sauvages les unes que les autres, mêlent meurtres sanguinaires, complicité à la fois repoussante et séduisante, et humour très… sanguin. Deux grandes Diabolical Masterminds qui mènent la danse, bien aidées par le scénario furieux de Minear et Ryan. Holland, représentant de Wolfram & Hart, est plus pernicieux et malfaisant qu’il ne l’a jamais été. Sa scène avec Angel, juste après son olympique entrée par la fenêtre, pétille d’intensité bouillonnante. Sam Anderson est tout à fait dans le ton. Lilah Morgan, toujours très altruiste, nous gratifie de quelques répliques à l’emporte-pièce, Stephanie Romanov est réellement délicieuse. On est subjugué par le twist central voyant le machiavélique plan d’Holland connaître un spectaculaire retour de flamme. Cette longue, longue scène de torture psychologique, dirigée par nos deux diablesses est un concentré de suspense à chaque seconde. Lindsey est de plus en plus complexe, il est le seul à ne pas avoir peur, faisant face à sa mort avec détachement. Le personnage a plusieurs couches, et n’en finit pas de nous étonner. Même servant « le mal », il reste imprévisible et ambigu.

On ferme facilement les yeux sur Angel retrouvant un peu facilement ses deux anciennes complices, car cela permet une redoutable confrontation entre les trois vieux compères, alors que la vie de dizaine d’êtres humains est en jeu. Le twist final est un énorme choc électrique. Angel, épuisé de lutter avec des règles d’honneur dont ne s’encombrent pas ses Némésis, choisit à son tour de créer ses propres règles, et s’offre aux ténèbres. Tout au long de l’épisode, il se détachait peu à peu de sa propre lumière (mission du jour à la corbeille). La coda finale, très sèche, dans l’agence, confirme ce cheminement dans la darkside. La suite de la saison promet d’être très sombre… elle va l’être.

La critique d'Estuaire44:

 

- Run and catch, run and catch, the lamb is caught in the blackberry patch.

Reunion porte à son paroxysme la noirceur ayant envahie une série déjà guère pétulante en sa première saison. Tout en nous valant une scène d’action mouvementée entre Angel et les deux dames, la quête désespérée de ce dernier pour éviter une nouvelle damnation à Darla (la mort est son cadeau) se montre remarquable d’intensité dramatique. La Force aurait décidément dû apparaître en Darla lors d’Amends. La mise en scène virevolte, au sein de l’original décor d'une jardinerie devenue mausolée. David Greenwalt continue à pleinement exprimer son talent dans cette veine particulièrement sombre, avec la dérive mortelle du duo maléfique, une horde sauvage à elles seules, aux exactions filmées avec un réalisme crû. Dru, particulièrement rayonnante, vole presque la vedette à Darla,  s'épanouissant dans le Mal avec volupté. L’apothéose obscure se voit atteinte quand Angel rechute dans les ténèbres, au point de paraître rejoindre Angelus.

L’évènement résulte comme un fascinant et horrifique point de convergence de la saison, tout en étant savamment construit et annoncé en cours d’épisode, de la mission bâclée jusqu’aux séides de Wolfram & Hart trouvant leur destin avec la complicité du « Héros ». Longue et particulièrement éprouvante cette mise à mort doit aussi beaucoup également à Holland et Lindsey confirmant jusqu’au bout leur stature. On est d’ailleurs ravi qu’Holland ait enfin eu droit à un vrai face à face avec Angel, avant de prendre congé. Le final de l’épisode se montre d’autant plus tragique que nous sommes bien face à un Angel que le désespoir a poussé a précipité dans le nihilisme et non face à un énième retour d’Angelus (qui n’aura jamais été le but de Wolfram & Hart). La faille apparaît en définitive plus profonde, comme le consacre la rupture avec ses amis d’Angel investigations. Pour un simple mortel, Lindsey résulte lui aussi  abyssal, ne semblant exister que par l’amour de Darla. Encore une fois toute la distribution est digne d’éloges. 

  • Cordy compare Angel au Général Custer, général de la cavalerie américaine connu pour sa cruauté et responsable du désastre de Little Big Horn face aux indiens (1876).

  • Le visage de vampire de Darla est moins difforme que dans Buffy contre les Vampires.

  • Holland propose un Château-Latour 1928 à ses invités. En 2014, le pris d’une telle bouteille dépasse les 4 000 euros.

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11. DÉCLARATION DE GUERRE
(REDEFINITION)

Scénario : Mere Smith

Réalisation : David Grossman

*L’épisode 5.14 La Déclaration de la série Buffy contre les vampires clôt l’arc Drusilla de cet épisode.

Désormais totalement seul, Angel se prépare à affronter Darla et Drusilla, qu’il traque dans tout Los Angeles. Mais la cruauté perfide de Darla et les sentiments qu’il lui voue encore le font douter, le poussant toujours plus vers son côté sombre. Gunn, Wesley, et Cordélia, sonnés par leur renvoi, se saoulent au Caritas…

La critique de Clément Diaz: 

 

Bon, apparemment, les auteurs se sont dit que c’était pas encore assez noir comme ambiance. La très douée Mere Smith décide donc d’en rajouter encore plus dans le sordide, et voilà un nouveau chef-d’œuvre avec un scénario qui explore la face la plus sombre de chaque personnage. Jack Bauer, euh pardon, Angel, en première ligne, se mue en superhéros solitaire, violent, vengeur, qui n’a plus rien d’héroïque. Darla est toujours prisonnière de son obsession pour Angel, qu’elle compense en étant toujours plus sanglante. Drusilla est toujours plus allumée, et la paire d’as de Wolfram & Hart, Lilah et Lindsey (Bonnie et Clyde), se livre à une joute perverse. L’auteure décompresse par un humour-tornade du côté des ex-associés d’Angel, un contraste si fort qu’il renforce chaque histoire. Une nouvelle réussite totale.

La « déshumanisation » (façon de parler) d’Angel, renforcée par son absence de dialogues - excepté de troublantes interventions en voix off - est le moteur de ce récit. Abandonnant sa mission de sauveur d’âmes, Angel livre sa propre guerre, et doit pour cela devenir aussi sombre que ceux qu’il combat, jusqu’à se transformer en simple machine à tuer (le carnage final m’a furieusement rappelé celui de la saison 8 de 24 heures chrono). David Boreanaz est époustouflant de puissance. Drusilla fait du Drusilla, toujours sur son petit nuage, toujours aussi foldingue (l’oreillectomie sans anesthésie), tandis que Darla nous fait du Spike : elle veut du FUN, elle aussi, alors elle massacre tout le monde avec un grand sourire. Mais malgré son couplet féministe (non, les actions d’une femme ne dépendent pas forcément d’un homme), on sent que la pensée d’Angel ne la laisse pas en repos. Sang, doutes, et charisme, Julie Benz est multifaces, Darla nous tient en son pouvoir grâce à sa performance. Lilah et Lindsey font chacun face à la possibilité d’être renvoyé de Wolfram & Hart (traduction : panpan tuetue), autorisant de belles batailles de dialogues, personnelles (ah, ce micro caché sous la veste…), mais aussi éthiques (« J’ai suivi les ordres », cela veut-il dire qu’on est responsable ?). On retient leur rencontre avec Darla et Drusilla (« Moo »), et leur alliance non cordiale, la tension est à son sommet.

Gunn, Cordélia, et Wesley, mis à la porte, se saoulent au Caritas tout en se démolissant les uns les autres. On se marre en continu à chacune de leurs scènes, parmi les plus drôles de tout le Buffyverse. Les répliques claquent soixante fois par minute, les acteurs se déchaînent, un pur plaisir ! L’épique interprétation de We are the champions couronne cette parenthèse de dinguerie qui fait du bien au milieu de tant de noirceur (Andy Hallett est toujours en pleine forme en Hôte, c’est jouissif).

La critique d'Estuaire44: 

 

- That wasn’t Angel. It wasn’t Angelus either. What was that ?

Sans doute plus encore que lors de Reunion, Redefinition se centre sur l’éclipse morale d’Angel. Sur un mode narratif proche du Passion de Buffy contre les Vampires, le héros s’adresse directement à nous pour nous faire partager son obsession nihiliste, tandis que cette dernière suscite une incommunicabilité totale  avec autrui. Le constat s’avère d’autant plus glaçant que l’on y retrouve pareillement de superbes dessins, bien entendu  exclusivement de Darla, mais immolés par Angel, tandis qu’Angelus fait acte de création, aussi perverse soit-elle. La violence absolue, quasi profanatoire, des scènes, le talent d’un Boreanaz totalement immergé dans son rôle et la précision chirurgicale des monologues confèrent une rare puissance d’évocation à cette relation d’une chute morale. Le plus troublant demeure qu’Angel n’achève pas Darla, comme s’il pressentait qu’après ne lui resterait que le néant. Le piège tragique semble bien s’être refermé sur notre protagoniste.

On sait qu’un espoir existe, mais celui-ci réside à Sunnydale, et a déjà une Apocalypse sur les bras, entre autres problèmes. Surtout les Puissances Supérieures ont judicieusement décidé de diminuer les cross-overs cette saison, afin de lasser la série dérivée exprimer son identité, donc Cordy ne passera pas le coup de téléphone salvateur. Les amis d’Angel s’avèrent toutefois actif, apportant un humour bienvenu lors de leur épopée alcoolisée et sonore au Caritas, évitant un monolithisme trop éprouvant à l’opus. Ils décident de tenir la ligne, tout comme les Scoobies lors que Buffy s’était aussi perdue, en devenant Anne, mais l’affaire résulte ici autrement plus grave. Lindsey et son amicale collègue ont la bonne idée de survivre,  les auteurs n’allaient évidemment pas brûler toutes leurs cartouches, mais la justification en est bien trouvée. Les méandres  byzantins de Wolfram & Hart développent une intrigue, secondaire, mais participant  aussi au succès de cet épisode hors normes, dont la noirceur va jusqu’à faire vaciller l’univers même de la série. Une superbe audace, parfaitement maîtrisée.

  • Wes, Cordy et Gunn confirmant que l’eau est une denrée rare au Caritas et massacrent gaiement le We Are The Champions de Queen. Ce succès mondial de la bande de Freddy Mercuruy (1977) demeure l’un des titres phares du Rock.

  • Andy Hallett, l’Hôte,  interprète lui avec grand talent Lady Marmalade. Le chanteur a indiqué qu’il s’agissait de sa chanson préférée et il l’interpréta régulièrement dans les conventions Buffy & Angel, avant de trop tôt quitter la scène. Hallett chante également Lady Marmalade sur l’album Angel : Live Fast, Die Never, paru en 2005. La chanson fut créée en 1974 par Patti LaBelle, la grande chanteuse ayant lancé la carrière d’Hallett et a été reprise par de multiples artistes.

  • On voit du sang sur l’épée d’Angel après qu’il ait décapité les vampires, alors qu’ils sont censés tomber instannément en poussière.

  • Darla et Dru résistent suffisamment longtemps au feu pour pouvoir l’éteindre, ce qui s’explique peut-être par leur ancienneté.

  • Angel se parle à lui même et n’adresse la parole à personne de tout l’épisode.

  • Joss Whedon a indiqué qu’à ses yeux l’épisode rebattait les cartes de l’ensemble de la série. Il a donc prêté une attention particulière au scénario de Mere Smith, n’hésitant pas à le réécrire largement.

  • Suite à la défaite face à Angel, Drusilla va se rendre à Sunnydale pour rallier Spike à sa cause, mais y découvrira que ce dernier soupire désormais après une autre. Après cette nouvelle déception la douce Drusilla va préférer prendre le large et ne réapparaitra plus que dans des flashs back. Elle participera toutefois à la série Spike des Buffy Comics.

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12. ARGENT SALE
(BLOOD MONEY)

Scénario : Shawn Ryan et Mere Smith

Réalisation : R.D.Price

Angel espionne Anne Steele, une jeune femme dirigeant un foyer pour adolescents financé entre autres par Wolfram & Hart. Il veut trouver ce que cela cache. Au même moment, une ancienne connaissance d’Angel se présente au cabinet d’avocats. Cordélia, Wesley, et Gunn se préparent à monter leur propre agence.


La critique de Clément Diaz:

La fin (temporaire) de l’arc Darla signifie un retour aux loners. Mais ce retour n’est pas des plus heureux, le scénario étant assez faible. L’absence d’action n’est pas compensée par des dialogues statiques ou la visite d’un fantôme du passé du héros qui ne débouche sur rien. Le plan diabolique d’Angel, la personnalité d’Anne Steele, et un joli problème d’éthique parviennent toutefois à solliciter un peu notre attention.

Dans le Buffyverse, la lutte contre le mal est un travail d’équipe. Mais voir Angel en loup solitaire est un faux contresens : sa nature le prédestine à demeurer un paria esseulé, et il doit encore émerger de son immersion dans les ténèbres avant de redevenir vraiment Angel. Malheureusement, sa lutte à distance avec Wolfram & Hart est bien moins intense que lorsqu’il les affrontait frontalement. Filature discrète, discussions longuettes avec le témoin-clé, interruptions continuelles de l’action, font stagner l’épisode au ras des vagues. Boone est une déception, démon aux poings de fer qui fait subir à Angel une belle dérouillée, il se contente de pontifier. Pire, son explication finale avec le Dark Knight de Los Angeles est squeezée, remplacée par une coda elliptique. Mais Lindsey et Lilah sont resplendissants de fourberie, et assurent le peu d’intérêt de cet épisode. Plaisir de revoir la jolie Julia Lee (Mensonge et Anne dans Buffy) qui a encore changé de prénom dans cet épisode, mais elle subit trop l’écrasante présence d’Angel pour exister. On retient toutefois leurs disputes sur l’éternel dicton « l’argent n’a pas d’odeur ». Anne doit-elle accepter pour le bien de nécessiteux de l’argent tâché de sang ? Les parenthèses comiques du trio Cordélia-Gunn-Wesley, cette fois en pleine querelle d’egos, n’atteignent certes pas les démences de l’épisode précédent, mais on s’amuse quand même beaucoup.

On apprécie beaucoup la subtilité du plan très tordu d’Angel lors de la grande fête de Wolfram & Hart (Stephanie Romanov attire violemment le regard, ce qui ne gâche rien), enchaînement de faux-semblants reposant uniquement sur un bluff en béton armé. La paranoïa des deux associés les font chuter dans le piège, et on rit autant de voir leur déconfiture que de voir le trio d’ex-associés d’Angel passés à une implacable moulinette vitriolée. Un loner qui reste malgré tout assez terne.

La critique d'Estuaire44:


- Go on, English, make your move,because it'll be your last. And now I rule Europe, Australia and South America!

- I still got Kamchakta!

La séquence introductive de Blood Money séduit d'emblée par son humour, avec le Risk et le retour de l'excellente plaisanterie récurrente de la carte de visite dessinée par Cordy de manière (très) stylisée. Mais le passage confirme surtout la diabolique maîtrise de l'art du twist manifestée par cette saison 2. On croit réellement que la fraicheur et la sympathie d'Anne ont un effet positif sur un Angel momentanément redevenu lui-même, en espérant un développement en ce sens. Le couperet de la révélation d'un Angel toujours dévoyé par l'obsession de sa vendetta personnelle contre Wolfram & Hart n'en tombe qu'avec plus de retentissement. Boreanaz continue à briller par les acceptions différentes de son personnage complexe, qu'il incarne avec la même souveraine conviction. Le grand atout de cet épisode, souffrant par ailleurs de la criante absence de, Darla, réside dans la continuité du portrait d'un héros asservi par une obsession faisant rejaillir les traits les plus sombres de sa personnalité. Plusieurs scènes remarquables sont à inscrire à ce chapitre, dont celle voyant Angel prenant un plaisir manifeste à terroriser Lilah, avec de pures intonations à la Angelus. Quelque soit la personnalité de la demoiselle, un véritable malaise s'installe, avec un rare intensité dramatique. Il en va de même quand Angel embrigade Anne dans sa croisade, sous prétexte de l'acceptation d'argent à la provenance douteuse. Sa rencontre avec Anne véhicule un espoir ténu mais bienvenu, bienvenu, Angel est encore là, quelque part.

Blood Money n'apporte pas grand chose de nouveau, car il recycle pour l'essentiel les éléments apportés lors du remarquable Redefinition, mais il l'effectue avec un indéniable talent. Le récit ne laisse pas passer l'occasion d'une satire de ce rituel très américain que sont les soirées de bienfaisance. Cela évoquera de bons souvenirs aux amateurs de Californication sur un modus operandi certes différent. Lilah et Lindsey se situent aussi dans la droit continuité de l'opus précédent, mais ils permettent au moins d'en apprendre plus les véritables visées de leur firme concernant Angel (une Apocalypse de plus, pourquoi pas). Si Lindsey continue à démontrer une densité supérieure, on avouera que Lilah, particulièrement en beauté, lui vole ici la vedette. L'ex équipe d'Angel se situe elle aussi sur le même registre humoristique que précédemment, toujours avec efficacité, même s'il est difficile de succéder à leur visite haute en couleurs du Caritas (et de son bar bien fourni). Leur recréation laborieuse de l'agence s'avère amusante à suivre, on se situe bien au-delà d'un simple alibi justifiant leur présence à l'écran. Il aurait mieux valu capitaliser davantage sur ces éléments, plutôt que développer un démon n’apportant pas grand chose en soi.

  • L'ancienne Chanterelle, ou Lily, a conservé le prénom d'Anne, après sa rencontre avec Buffy en début de saison 3. Angel et Anne auraient pu se reconnaître, car ils se sont brièvement croisés lors de Lie To Me. Toutefois l'auteure Mere Smith a indiqué qu'Anne ne se souvenait pas d'Angel, trois années particulièrement difficiles s'étant déroulées pour elle depuis cet épisode. On peut imaginer qu'Angel la reconnaisse sans que cela l'intéresse le moins du monde, dans son état d'esprit présent. Il ne sera jamais question de Buffy lors de leurs conversations. Par la suite Angel conservera un intérêt protecteur pour l'association d'Anne.

  • Chanterelle déclare à Angel qu'elle pensait que les vampires étaient sympathiques, du moins jusqu'à ce qu'elle en rencontre un. Le vampire en question n'est autre que Spike, lors de l'épisode Lie To Me de Buffy contre les Vampires.

  • Lors de la partie de Risk, Gunn surnomme Wes "l'Anglais", pour la première fois; cela se reproduira régulièrement au fil de la série.

  • Well, nearly drowning me and leaving me hanging in a sewer ain't exactly Emily Post either, réplique Merl quand Angel lui reproche son impolitesse envers lui. Emily Post est une femme de lettres américaine (1872-1960), dont les ouvrages sur le savoir-vire connurent un immense succès. Son nom est devenu synonyme de bonnes manières.

  • Serena, I have to know. This thing with making your character gay, is that like... all about ratings? Because I don't get it, déclare l'une des invitées à la soirée de bienfaisance. Il s'agit d'une plaisanterie en référence aux critiques subies par Whedon quand Willow devint lesbienne.

  • A la soirée on entend Let 'Er Rip, des Dixie Chicks.

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13. LA MACHINE À ARRÊTER LE TEMPS
(HAPPY ANNIVERSARY)

Scénario : David Greenwalt, d’après une histoire de Joss Whedon et David Greenwalt

Réalisation : Bill Norton

L’Hôte du Caritas fait appel à Angel pour retrouver un client de passage : en lisant dans son esprit, il a lu que la fin du monde aurait lieu demain à 22h. Le client est en fait Gene, un étudiant en physique qui travaille à un moyen d’arrêter le temps dans un espace donné… et épié par des démons aux intentions maléfiques.

La critique de Clément Diaz:

L’idée d’arrêter le temps n’est pas sans rappeler un épisode de La Quatrième Dimension : A kind of stopwatch (et aussi le film Click). Le récit est le point faible de l’épisode : en plus de méchants ternes et caricaturaux, l’enquête est sans allant, ne menant à rien de concret. Heureusement, l’épisode triomphe en assumant son côté buddy movie, où Angel est flanqué de l’inénarrable Hôte du Caritas. Cette paire génialement mal assortie procure des scènes toutes plus décalées les unes que les autres. Le trio Gunn-Wesley-Cordélia est toujours aussi marrant.

Angel et L’Hôte se promènent dans L.A, interrogent des témoins, font des recherches dans une bibliothèque, déjouent la catastrophe en quelques secondes, et the end ! Cette histoire lente ne décolle jamais mais voit son intérêt dans les scènes entre nos deux camarades. L’Hôte est complètement décalé dans la situation, mais loin d’être un boulet, il interroge avec acuité les témoins, met HS les méchants à coup de suraigus, et ne cesse de questionner la conscience d’Angel entre deux moments d’humour (énorme interprétation de l’hymne américain en guise de réveil-matin non demandé par Angel). Gene est un binoclard bouclé mais avec une jolie petite amie, merci aux auteurs de casser ce stéréotype dix ans avant The Big Bang Theory (et Very bad cops). Mais le nice guy révèle son côté sombre et délirant quand il apprend qu’il va être largué. Sa vengeance, plus désespérée que sadique, est assez estomaquante. Ce gentil qui se force à être bourreau est interprété avec conviction par Matt Champagne. La touchante interprétation de Darby Stanchfield donne un peu de profondeur à un personnage schématique. Les monstres à côté paraissent très pâlots. On est content que L’Hôte reste avec Gene pour « sauver son âme » : il fait ce qu’Angel devrait faire, et Angel l’a bien compris. Mais, coincé dans sa noirceur, Angel n’est plus capable de retrouver le bon chemin. David Boreanaz est épatant, mais on est surtout sous le charme d’Andy Hallett. L’épisode annonce sa plus grande participation à la série.

Notre trio de largués (Le bon, la brute, et la chipie) nous arrache rires sur rires avec leurs déboires. Mention à Wesley pour son pastiche hilarant d’Hercule Poirot et gros bisous à l’adorable Virginia. La dernière réplique est dure pour Angel, mais révèle que notre trio n’est plus un faire-valoir, mais existe pour lui-même. Whedon’s touch.

La critique d'Estuaire44:

- Tell the truth. If the world were to end tonight, would it really, in your heart of hearts, be such a terrible thing?

Happy Anniversary s’avère un véritable petit bijou d’humour, au succès principalement basé sur l’association aussi improbable qu’explosive de l’Hôte et d’Angel. Les dialogues crépitent perpétuellement entre ce duo antagoniste au possible, dans la meilleure tradition des Buddy Movies (Hollywood n’est jamais loin dans cette série). Chaque scène est un moment d’anthologie, on avouera une préférence pour le moment de pure délire où l’Hôte demande à… Angel de remonter le moral du malheureux en proie au désespoir amoureux, on rit aux larmes. Le recit parvient joliment à allier un aspect volontiers décalé (Science-fiction et comédie)  au sein de cette si sombre saison, tout en l’intégrant à l’évolution des personnages, Angel renouant ici le contact avec l’Humanité. L’Hôte confirme tout son potentiel, le sortir du Carirtas lui permettant d’éviter de virer au simple rouage scénaristique, Andy Hallett nous épate derechef, tandis que la visite des Karaokés assure l’indispensable quota de chansons.

L’aspect SF s’avère lui aussi de qualité, avec un thème de Fin du Monde bien exploité en corrélation avec celui de la stase temporelle. Greenwalt nous délivre une version optimiste de son Synchrony (X-Files), ici on prévient plutôt que l’on ne cherche à guérir ! Les amateurs de Doctor Who s’amuseront en reconnaissant la machination ourdie à l’échelle universelle par Lord Rassilon, lors de l’ultime bataille du si regretté Dixième Docteur (The End Of Time). Les lecteurs des Littératures de l’Imaginaire se plairont à confirmer que Science-Fiction et Fantastique parfois se rejoignent, puisque Gene utilise la technologie pour figer l’extase, une situation finalement très voisine de celle connue par Buffy et Riley dans Where the Wild Things Are. Les hilarantes aventures et mésaventures de l’ex Team Angel constituent désormais une vraie série dans la série, d’autant plus gouteuses ici que Wes réussit un joyeux pastiche d’Hercule Poirot (à qui profite en définitive le testament, imparable). Mais ce qui ne nous tue pas nous rend plus fort et nos amis,  sous nos yeux éberlués, sont bel et bien en train de parvenir à s’affranchir d’Angel. Le Dark Avenger se prépare des lendemains difficiles.

  • Comme quoi les véritables terreurs se trouvent à Sunnydale : Gene a besoin de tout un laboratoire et d’une aide démoniaque  pour figer le temps, tandis que le Warren de Buffy contre les Vampires pourra bien davantage le manipuler avec une puce miniaturisée de sa fabrication (Life Serial, 6-05). A Gene, génie et demi.

  • Le décor de la bibliothèque correspond bien davantage à un établissement public qu'à un universitaire !

  • Look, I like the theory of freezing time as much as the next Star Trek nerd, but... déclare Denise. Ceci fait référence à l'épisode Timescape de Star Trek: The Next Generation, voyant l'Enterprise être figée dans une singularité temporelle.

  • Au Caritas, Gene interprète All By Myself, d’Eric Carmen. Cette chanson de 1975 reprend l’air du Concerto pour piano nº 2 de Rachmaninov. Repris par de nombreux artistes, il s’agit d’un classique de la Power Pop, musique psychédélique en vogue durant les années 70. La version de 1996 par Céline Dion connut un immense succès.

  • A l’Hypérion, l'Hôte interprète The Star Spangled Banner (1780), soit l’hymne national des Etats-Unis depuis 1931.

  • On entend également deux chansons dans l’autre bar karaoké. Bye, Bye Love, des Everly Brothers (1957), est un standard de la Country. Greensleeves est une chanson traditionnelle anglaise, remontant au XVIème siècle. La légende veut qu’Henry VIII l’ait composée en l’honneur d’Anne Boleyn. L’Amsterdam de Jacques Brel en reprend l’air, avec d’autres paroles.

  • Le bâtiment abritant le laboratoire de Gene est en fait le Valley Life Sciences Building de  l’Université de Californie, à Berkeley.

  • Les démons se battent avec un Hunga Munga, cette antique arme africaine tribale avait déjà été utilisée par Buffy dans Anne.

  • Les scènes de voiture entre Angel et l’Hôte furent tournées à Burbank et Hollywood, sur Vine Steet.

  • David Greenwalt a de la suite dans les idées, dans le Synchrony des X-Files (1997), il décrivait pareillement une catastrophe devant survenir suite à une manipulation temporelle. Il avait alors été frappé par un article scientifique décrivant les manipulations du Temps rendues théoriquement possibles par la physique quantique, une idée que l’on retrouve ici.

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14. L'ORDRE DES MORTS-VIVANTS
(THE THIN DEAD LINE)

Scénario : Jim Kouf et Shawn Ryan

Réalisation : Scott McGinnis

Récemment, plusieurs policiers agressent et battent violemment des citoyens sans aucune raison. Gunn, Cordélia, et Wesley enquêtent sur eux lorsque plusieurs des protégés d’Anne Steele sont attaqués. Angel enquête avec Kate de son côté lorsqu’il subit à son tour une agression…

La critique de Clément Diaz:

On dirait vraiment que Shawn Ryan se fait la main avec cet épisode, avant qu’il crée The Shield et ses flics violents et ripoux. Pour le reste, cette histoire de zombies transposée chez les flics sans une once d’originalité ne convainc pas vraiment, en dépit d’un sous-texte pertinent sur l’escalade sans fin de la violence entre forces de l’ordre et malfrats. L’absence d’un méchant digne de ce nom est à relever, tandis que l’éclatement des segments Angel et Wesley-Cordy-Gunn se nuisent l’un à l’autre. Heureusement, quelques bons moments comme le siège de l’abri et la glaçante coda font que ce loner parvient à captiver de temps à autre.

Une fois l’effet de surprise passé - le policier répétant les droits Miranda pendant que lui et Angel se tabassent l’un l’autre - on se rend compte qu’il n’y a pas vraiment d’enquête. Gunn parle longuement avec les victimes et fait un p’tit tour pour faire selon les mots de Cordy elle-même « the dumbest plan ever ». On aime bien retrouver Anne, mais elle reste passive d’un bout à l’autre, Julia Lee a peu à défendre, on le regrette. Angel reste à la marge, agissant de loin. S’il est intéressant de lire dans ses yeux à quel point ses amis lui manquent, il n’agit vraiment qu’en toute fin de parcours, pour un mano a mano avec le monster-of-the-week (un humain !!), très expéditif. Kate répète son numéro de flic fatiguée et froide, Elisabeth Röhm est une grande actrice, mais son personnage tourne en rond.

L’épisode décolle dans les derniers moments du 2e acte et son coup de feu brutal. Enfin, arrive le siège de la maison, bien joué, bien filmé, mais les auteurs ont l’idée peu judicieuse de faire intervenir un élément exogène destiné à donner de la tension (le dur à cuire Jackson) : c’est gratuit, inutile, et croque-temps. Comme on se doute qu’Angel sauvera tout à temps, le suspense aurait dû être compensé par de l’action, mais il n’y en aura pas, c’est bien dommage. On finit sur une bonne note avec Cordélia-Angel : le vampire est allé trop loin, et a perdu ses associés et amis. Angel retourne dans sa solitude, et continue son cheminement vers les ténèbres. Il ouvre la voie à l’épisode suivant, nadir de cette saison très noire.

La critique d'Estuaire44:

- Hey, Gunn graduated with a major in Dumb Planning from Angel University. He sat at the feet of the master, and learned well, how to plan dumbly.

The Thin Dead Line opte pour le film de zombies, un phénomène il est vrai alors moins saturé qu'il ne l'est devenu aujourd'hui. Mais les Zombies ne prennent réellement toute leur sel que sous une acception Gore ou franchement rigolarde, soit les deux options soigneusement évitées ici. La narration, tout comme la mise en scène, demeure atone. C'est particulièrement criant lors de l'assaut final du foyer, supposé figurer l'apothéose du spectacle et filmé de manière particulièrement plate. Tout comme la dénonciation du racialisme fascisant dans Hero, la dénonciation des dérives du sécuritarisme sonnent, justes, mais sur un mode démonstratoire au possible. La présence du voyou permet toutefois d'introduire davantage de nuances. Il est regrettable que le cerveau maléfique du jour soit aussi sommairement décrit et sans réelle saveur (comme a-t-il pu monter une telle organisation ? Espère-t-il que personne ne remarque qu'il s'agit de Zombies ?).

L'épisode se montre également inégal dans son écriture des personnages. Kate tient décidément un rôle moins fort qu'en saison 1. Il reste pénible de la voir agir aussi peu alors même que l'enquête se déroule dans son environnement propre. Le récit se parcelle trop, tout en demeurant longtemps peu dynamique, n'apportant que des allées et venues un brin mécanique à la situation initiale. On ne peut s’empêcher de regretter l'absence de développement autour de ce troisième œil très lovecraftien. Bien évidement on ne croit jamais un seul instant que Wes va mourir, le voir survivre indéfiniment à une aussi grave blessure tranche avec le réalisme crû et efficace de la mort de Tara, également par révolver. Reste que la césure entre Angel et ses amis se confirme, l'opus contribuant au moins de ce point de vue à dramatiser la suite de la saison. Outre la présence toujours lumineuse d'Anne, il doit d'ailleurs cet aspect ses quelques scènes marquantes, voyant l'équipe bouleversée d'apprendre une possible guérison d'Angel ou la confrontation cruelle entre ce dernier et Cordy. 

  • Le foyer dirigé par Anne semble avoir beaucoup changé d'aspect depuis l'épisode où le découvre, Blood Money.

  • Anne sera de retour pour l'ultime épisode de la série, Not Fade Away.

  • Le titre original est une référence à  The Thin Red Line une célèbre péripétie de la bataille de Balaclava, durant la Guerre de Crimée (1854). Une fine ligne de fantassins écossais, à l'uniforme rouge, parvenant par son héroïsme à contrer une charge de la cavalerie russe. Exaltée par la presse d'alors, cette action est passée dans la culture populaire anglo-saxonne comme synonyme de grand courage. 

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15. LE GRAND BILAN
(REPRISE)

Scénario : Tim Minear

Réalisation : James Whitmore Jr.

Angel apprend qu’un démon venu du bureau interne de Wolfram & Hart va procéder à une inspection du cabinet. Il veut lui voler sa bague qui le rend capable d’aller du cabinet au bureau interne, l’Enfer même, et y entrer ! Pendant ce temps, les affaires périclitent du côté de Gunn, Cordélia, et Wesley, et Kate Lockley est renvoyée…

La critique de Clément Diaz:


On atteint véritablement le fond des abymes avec cet épisode. Tout semble sans espoir. En plus de cette descente aux enfers (également au sens propre !), Tim Minear développe une histoire palpitante, aux multiples rebondissements, jusqu’à un final tonitruant, en passant par un twist tout droit sorti de La Quatrième Dimension, et qui transforme cette histoire en conte noir.

Le début amusant (introduction décalée avec le scénariste David Fury en adorateur, Angel tirant les vers du nez de l’Hôte), rend plus efficace le changement d’atmosphère qui suit. Le renvoi de Kate par la faute d'Angel est l’occasion pour Elisabeth Röhm de déployer tout son talent : aria di furor avec Angel, puis innocente injustement condamnée, puis effondrement lacrymal, et enfin rafale de rancoeurs et de malédictions avant qu’elle vide le flacon de médicaments. Dialogué et interprété à la perfection, Kate nous fait un grand show ténébreux. Les prometteurs débuts de Gunn-Wesley-Cordélia ne sont plus qu’illusions : clients rares quand ils ne refusent pas de payer et dissensions dans l’équipe fêlent leur alliance. Gunn joue en solo, Cordélia se précipite vers un piège mortel, et Wesley fait sauter ses points de suture en même temps que sa relation avec Virginia. La comparaison avec Angel saute aux yeux : là où ce dernier déviait de sa mission à cause d’une femme, Wesley reste fidèle à son combat, et prend la courageuse décision de rompre avec Virginia, qui lui promettait pourtant une vie de bonheur tranquille. Le sacrifice, thème éternel dans la série. Excellente performance d’Alexis Denisof. La rivalité Lilah-Lindsey est toujours aussi pétillante, la première est une vraie garce, le second toujours plus trouble par sa relation envers Darla qui le manipule.

 

Angel s’abîme dans les abysses. Découragé par son combat sans fin contre le mal, submergé par sa souffrance morale, il veut en finir en allant droit en Enfer et nettoyer tout ça, quitte à périr. Cette attitude kamikaze révèle qu’il a atteint le point de rupture. Flamboyant Boreanaz, qui accompagne la chute de son personnage. Le come-back de Darla réinstaure la tension narrative. On atteint le climax lors de la mémorable discussion entre Angel et feu Holland - Sam Anderson est incroyable dans cette scène - sur la nature du bien et du mal, débat électrisant et passionnant, culminant avec ce fantastique twist, 100% allégorique, et très similaire à la série Le Prisonnier. Angel, au paroxysme de la souffrance, n’a qu’un seul moyen de supprimer sa douleur : redevenir Angelus. Le cliffhanger final est un terrible retournement. En alternant plans-séquences et montage furieusement haché, James Whitmore Jr finit de rendre Reprise éprouvant.

La critique d'Estuaire44:

- Oh, his lies sound pretty when the stars are out. But he forgets every promise he's made when the sun comes up again.

- I dug up everything I could find on the last seventy-five year review. It's all in there. It makes the Christmas purge of Sixty-eight look like fun old times. Nearly half of mid-management was sacked. And, Lindsey, they used actual sacks.

Avec Reprise s’ouvre le double épisode concluant l’arc de Darla, du moins cette saison. Il s‘agit sans doute du sommet de la série, par l’audace du récit narrant avec une force peu commune comment le héros parvient au terme de son parcours autodestructeur et vain. Rarement une série aura amené fait chuter aussi profondément son protagoniste, au bord de l’anéantissement moral. La scène d’ouverture se montre déjà fort parlante à ce sujet, voyant Angel se mouvoir au sein de ténèbres particulièrement angoissantes, en allégorie avec son âme. Le constat est cruel, voyant Angel multiplier les exploits, pour ne ne parvenir à rien, voler de victoire en victoire jusqu’à la défaite finale. La remarquable coda, très à la Quatrième Dimension, de l’insolite entretien avec un Holland toujours souverain souligne bien l’inanité de la croisade dévoyée d’Angel. L’idée du Mal comme partie intégrante de l’âme humaine complète la sombre perspective dressée en fin de première saison (il en va de même pour la cliente indélicate). C’est dans un vain combat qu’Angel aura tout perdu, à commence par lui même, tandis que résonnent les rappels de ses défaites morales, par Denver et Kate. Après une longue éclipse cette dernière retrouve tout son lustre en tant qu’expression du rapport d’Angel à l’Humanité, une connexion paraissant définitivement rompue.

Darla (fabuleusement sexy en cuir) accentue encore le désespérant constat, entièrement dévouée au Mal et se jouant d’un Lindsey n’existant plus que par son amour sans retour. Aucun espoir en vue, avec la tentative de recréation de l’agence par les anciens compagnons d’arme d’Angel virant à l’échec, après que l’aventure se soit montrée si divertissante. Dialogues, interprétation et mise en scène s’avèrent au diapason, la dimension littéraire du récit n’’empéchant pas un grand soin apporté aux aspects visuels et musicaux. L’associé principal de Wolfram & Hart n’apparait que fugitivement mais résulte effroyable. Le recours à des artefacts magiques comme portes de sortie scénaristiques demeure un l’un des marronniers de Buffy contre les Vampires (ce sera bientôt de nouveau les cas face à Glorificus). L’inutilité de l’anneau et du Gant se montre finement éloquemment ironique là-dessus, tout en affirmant l’identité d’Angel. Le panorama final, point de convergence de l’ensemble de la saison, illustre avec acuité à quel ultime désastre  conduit l’obsession maladive, en définitive suicidaire, d’Angel. Seule réserve, le cliffhanger ne fonctionne pas totalement, l’émergence d’Angelus serait en contradiction avec la nature de la relation entre Angel et Darla. 

  • L'auteur et producteur David Fury réalise un caméo, en étant l'un des deux quidams devant opérer le sacrifice des chèvres, durant la séquence pré générique. Il en réalisera un autre lors de l'épisode musical de Buffy contre les Vampires, Once More With Feeling, en devenant le fameux Mustard Man. Fury aura un rôle plus étendu dans Smile Time, épisode de la saison 5 d'Angel.

  • Le gant  métallique n’est autre que le Gant de Myneghonn, vu dans le Revelations de Buffy contre les vampires, modifié par la production.

  • L'épisode comporte l'unique apparition d'un des principaux associés de Wolfram & Hart, sur l'ensemble de la série. Ces puissants démons inter dimensionnels seront néanmoins davantage présents dans les saisons Comics, jusqu'à ce que Buffy parvienne à bloquer définitivement leur accès à notre monde.

  • Le titre original établit un lien avec Surprise, épisode de Buffy contre les Vampires particulièrement sombre, voyant Angel basculer dans les Ténèbres pour redevenir Angelus, tout comme semble l’indiquer ici le cliffhanger.

  • Virginia Bryce et Holland Manners apparaissent ici pour la dernière fois.

  • Les shamans donnent l’alerte après avoir détecté la présence d’Angel, mais , inexplicablement, ils ne perçoivent pas Darla (à moins d’instructions spéciales de Lindsey !)

  • Au Caritas, on entend le tube My Heart Doesn't Live Here Anymore, de Neil Diamond (1986) et celui du duo R&B Peaches & Herb,.Reunited (1978).

  • La musique entendue dans l'ascenseur lors de l'entretien entre Holland et Angel est Poolside, de Daniel Stein.

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16. RETOUR À L'ORDRE
(EPIPHANY)

Scénario : Tim Minear

Réalisation : Thomas J. Wright

Coup de théâtre : malgré sa nuit avec Darla, Angel a toujours son âme ! Angel a alors une révélation : il doit reprendre la mission que lui ont confié les Puissances Supérieures, et convaincre son ancienne équipe de retravailler ensemble. Mais Cordélia a été attirée dans un piège par un démon Skilosh, tandis que Lindsey, amoureux de Darla, a bien l’intention de tuer Angel après qu’il apprend qu’il a couché avec la vampire. Kate démarre quant à elle une nouvelle vie…

La critique de Clément Diaz:

L’épisode se centre sur le retour d’Angel au bercail, et sa difficile réintégration au sein de l’équipe qu’il avait formée lui-même. Malheureusement, Minear se prend les pieds dans le tapis d’une intrigue grotesque, sans tempo ni développement. Angel rabâchant sa révélation produit une répétition un peu crispante. Heureusement, les premières et dernières scènes de l’épisode sont de petits trésors dialogués et réalisés, permettant à l’épisode de maintenir l’attention.

L’introduction frappe un grand coup où Angel finalement ne perd pas son âme. L’occasion d’un grand show de Julie Benz où sa Darla est tout d’abord joyeusement Big Bad, puis ensuite effondrée, doutant de ses performances sexuelles, puis furax, enfin totalement déprimée. A ce petit festival, David Boreanaz oppose une sobriété et une lenteur de jeu s’accordant totalement à la « révélation » d’Angel. Le sauvetage in extremis de Kate est la première étape de sa résurrection morale. Ensuite, on décroche. Malgré les visions horribles du « 3e œil », les Skilosh n’ont pas d’envergure. Ce pan de l’histoire est lâche, l’histoire suit mécaniquement son cours, ponctuée par un Angel un peu trop empressé, voire bouffon, dans ses tentatives d’apaiser tout de suite le contact avec ses ex-associés. Pas d’enquête, seulement une ballade en voiture, puis une petite bagarre et c’est tout. Toutefois, on apprécie la spectaculaire arrivée de Lindsey totalement furieux qui tabasse Angel pendant de longues minutes. Toutefois, on se demande pourquoi il laisse le pieu dans le pick-up, permettant à Angel de se relever et de reprendre l’avantage. La ficelle est voyante.

On apprécie qu’Angel ne retrouve pas la confiance de ses employés immédiatement, devant même quitter son rôle de chef. On sera plus sensible toutefois lors de sa dernière scène avec Kate, remarquable échange sur la valeur de nos actions terrestres, réponse au fatalisme d’Holland dans l’épisode précédent. L’occasion d’adieux tout en pudeur de cette flic remarquable qui a tant apporté à la première d’ère d’Angel, et qu’on ne reverra plus que dans les comics Angel : After the fall. Elisabeth Röhm quitte la série avec les honneurs. Good bye Kate !

La critique d'Estuaire44:

- I don't understand. Was I...was it...not good? Well, I don't accept that. You cannot tell me that wasn't perfect. Not only have I been around for 400 years, but I used to do this professionally, and that was perfect. We'll go again.

Après le nadir atteint en fin d’opus précédent, Epiphany accompagne avec acuité le grand retournement  vers davantage de légèreté qu’implique la conclusion de l’arc de Darla, du moins en saison 2. Après le ton très noir, du début d’épisode, déjà ponctué par une amusante Darla fort dépitée, l’intrigue va effectuer un progressif dégradé vers plus de comédie. La situation s’éclaire progressivement, accompagnant le retour à la lucidité d’un Angel ayant compris dans quelle voie sans issue il s’était fourvoyé. L’intrigue des  démons au troisième œil ne résulte pas d’une folle originalité, mais elle se séquence idéalement pour permettre la progressive reconstruction du groupe, tout en demeurant  fort efficace. On ressent clairement le plaisir manifeste et communicatif de Boreanaz  retrouvant le versant humoristique d’un Angel suant sang et eau pour recoller les morceaux.

Cette ambiance virant à l’optimisme confère davantage d’impact à l’irruption de la colère de Lindsey. L’amour trahi le conduit à enfin sortie de son calme habituel, confirmant l’ampleur de la passion ressentie pour Darla, décidément la femme fatale par excellence. Le mélange de compassion et de violence dans la réaction d’Angel définit fort bien notre protagoniste, entre ombre et lumière. Quelques étincelles d’humanité viennent d’ailleurs elles aussi accompagner cette émergence du récit, avec Darla quittant son chevalier servant sans un mot, mais du moins lui laissant la vie,  la précieuse réconciliation avec Kate ou Lilah ayant parfaitement compris le trouble jeu de Lindsey lors de l’opus précédent, mais ne dénonçant pas ce dernier. Quelques scènes d’action réussies et un Hôte toujours aussi attachant et perspicace viennent compléter cet épisode marquant un virage au sein d’une saison devenant par la suite plus légère. 

  • Leaving L.A. : Après Drusilla, Darla quitte Los Angeles, mais elle sera de retour dès la saison suivante.
  • Le vieux camion de Lindsey appartient à son interprète, Christian Kane. C’est avec lui qu’il vint de son Oklahoma natal tenter sa chance à Hollywood.
  • Tim Minear  avait prévu qu’Angel exécute Darla après leur nuit de passion, mais Whedon s’y opposa, désirant conserver le personnage. Darla sera de retour en saison 3.

  • L’épisode marque l’ultime apparition de Kate Lockley, après s’être réconciliée avec Angel. Elisabeth Röhm fut en effet engagée pour le rôle régulier de Serena Southerlyn, dans New York, Police Judiciaire. La saison 6 Comics Angel: After the Fall nous la montre poursuivant le combat contre les forces démoniaques, sous la couverture d’un magasin d’Antiquités.  Après les événements de Twilight, le LAPD réintègrera Kate et la placera à la tête du service des affaires surnaturelles, récemment créé,

  • Les paroles de Darla, quand elle s’aperçoit qu’Angel est demeuré lui-même, reprennent quasi mot par mot celles de Buffy,  quand Angelus sa fait passer pour Angel après leur nuit d’amour.

  • En voiture, Wes indique à Angel qu’il faut tourner à droite, mais le virage n’est jamais intervenu.

  •  Previously on Angel est cette fois prononcé par Charisma Carpenter, et non David Boreanaz.

  • Angel se place désormais sous les ordres de ses amis. Ce système va perdurer jusqu’à Forgiving (3.17), où une nouvelle crise éclate.

  • Dans la rue en face du théâtre, la pluie tombe quand on voit les acteurs, tout est sec quand ont voit la porte du bâtiment. 

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17. AMIE OU ENNEMIE
(DISHARMONY)

Scénario : David Fury

Réalisation : Fred Keller

*Cet épisode suit les événements de l’épisode 5.14 La Déclaration de la série Buffy contre les vampires.

Harmony Kendall (cf. Buffy contre les vampires) arrive à Los Angeles et demande à sa bonne vieille amie Cordélia de l’héberger quelque temps. Angel Investigations enquête sur une vision de Cordélia, mais l’invasive Harmony ne veut pas rester inactive et compte bien apporter son aide… au grand désarroi de tout le monde.

La critique de Clément Diaz:

Les trombes de noirceur de l’ère Darla continuent à s’éloigner au loin, permettant le plein retour de la comédie. Et pour bien enfoncer le clou, David Fury convoque rien moins que l’hilarantissime Harmony ! Ce personnage, le plus comique du Buffyverse (avec Anya), apporte toute sa débilité, son humour trash, ses gaffes, sa sensualité irrésistible à un épisode souriant et décontracté auquel il ne manque qu’une enquête et un rythme digne de ce nom.

Le retour en fanfare d’Harmony, toute ravie de retrouver Queen C, va entraîner une déferlante de gags. L’humour repose sur une ravissante subtilité : Harmony cherche son but dans sa nouvelle vie, et si elle agit souvent en « méchante » c’est autant par idiotie - qu’on se rappelle ses supers plans machiavéliques supers foireux à Sunnydale - que parce qu’elle se sent perdue. Mercedes McNab joue toujours avec équilibre entre ces deux côtés. Peu redoutable bad girl, son côté Lost in translation transparaît dans ses scènes : discussions désopilantes avec Cordy, quiproquo où Cordy pense qu’elle est lesbienne - amusante tête d’ahurie de Willow à la clé - gaffes à l’agence, regards ras-la-honte quand elle doit avouer sa nouvelle nature, moulin à paroles consternantes inarrêtable, moues boudeuses, volontarisme plus touchant qu’efficace… Un Festival complet. Le Fang Gang est évidemment rapidement poussé à bout avec cet énorme boulet qui s’attache à leurs pas. On regrette pas mal de temps morts dans l’action, des gags fréquents mais aux enchaînements peu fluides.

Le scénario n’est pas inoubliable, mais le coach des vampires est un monster-of-the-week plus décalé que menaçant, ce qui est logique avec Harmony dans l’équation. 'épisode fait poindre un soupçon d'amertume dans l'égarement de la jeune femme qui cherche une stabilité, mais que sa nature vampiresque contrarie. Encore une qui cherche la rédemption.La sagesse de Cordélia, évoluant vers toujours plus d’héroïsme, est visible quand elle épargne sa traîtresse amie, et cela à deux reprises, notamment après la bataille finale. Ce n’est pas sans chagrin que nous la voyons repartir, il faudra attendre la saison 5 pour retrouver la gourde blonde que l’on aime tant.

La critique d'Estuaire44:

-  Hey, I'm thinking about doing another number. What do you think: 'Candle in the Wind' or 'Princess Diana Candle in the Wind' ?

- Go nuts. Do them both.

Certes, Disharmony n’attient la profondeur psychologique et l’intensité dramatique de l’arc de Darla, mais, aussi léger soit-il, il parvient à atteindre son objectif : distraire. Autant la saison 1 s’était montrée dispendieuse en coss-over avec Buffy contre les Vampires, autant la 2 aura-t-elle levé le pied, afin d’affirmer identité propre de la série. On en apprécie que davantage le vaste revival Sunnydale qu’impulse le récit : retour d’Harmony, hilarant coup de téléphone entre Willow et une Cordy derechef en configuration Queen C, Wes retrouvant ses intonations d’Observateur… On se régale. Le Charisma Show  costumier de la série bénéficie pleinement d’une Mercedes McNab en résonnance et  grande forme (et toujours sexy et pulpeuse en diable), les deux actrices s’entendant comme larrones en foire. Il est judicieux d’écrire un épisode intégralement à l’image d’Harmony à l’occasion de son passage express, c'est-à-dire de la densité d’une bulle de savon mais drôle et pétulant.

Dès la formidable scène pré générique, le récit entremêle habilement diverses formes d’humour : contraste entre la personnalité d’Harm et sa nature vampirique, fureur de Wesley, Angel en mode caniche pour retrouver l’amitié de Cordy, quiproquo énorme autour du lesbianisme supposé d’Harm, etc. Tous les dialogues font mouche, notamment l’inoubliable prestation de Miss Kendall au Caritas, sauvant Angel de la lanterne rouge au classement, etc. Décidément on se situe aux antipodes de Darla. L’opus réussit également une cinglante satire de la Scientologie, comprenant que l’humour caustique que le premier degré  parfois lourdaud des précédents pamphlets développés par la série. On apprécie le refus d’un happy end qui aurait été absurde, que Cordy se décide à épargner celle qui fut son amie sonne également juste, elle n’est pas Angel. Fort heureusement le gag final permet malgré tout de conclure sur un nouvel éclat de rire. 

  • Cela n’est pas évoqué dans la série, mais Angel se rend à Sunnydale lors de l’épisode de Buffy contre les Vampires diffusé la même semaine, Forever, afin de réconforter Buffy après le décès de Joyce.

  • Harmony est décidément très rapide, non seulement elle rattrape les héros après qu’il aient quitté  le Caritas, mais elle a également eu le temps de changer de vêtement : sa veste grise est subitement devenue couleur lie de vin.

  • Au sein d’Angel Investigations, Harm se voit davantage en secrétaire. Elle travaillera  à l’accueil en saison 5, dont elle deviendra un personnage récurrent.

  • L’épisode constitue un cross-over avec Buffy contre les Vampires, Harmony venant de quitter Sunnydale après les évènements de Crush (6-14). La séparation dont elle parle à Cordy est celle d’avec Spike.

  • Renverser du café sur un clavier n’a aucune chance de provoquer un tel court circuit ou d’incendier un ordinateur. Mais avec Harm, qui sait ?

  • Le couple attaqué dans la voiture écoutait The Evening Comes, du groupe Study of the Lifeless.

  • Tout comme Angel, Alex s’était réconcilié avec Cordy en lui offrant des vêtements (la robe The Prom). Il s’agit décidément d’un épisode très Sunnydale pour notre amie.

  • Au Caritas, Harmony (ou Cacophony, selon l’Hôte) massacre The Way We Were, de Barbara Streisand. Elle fait partie de la bande son du film du même nom, dans laquelle Barbara Streisand interprète également le rôle principal (Sydney Pollack, 1973). Sortie en album l’année suivante, elle fut le grand succès de 1974, en tête des hits parades et couronnée de l’Oscar de meilleure chanson originale, comme du Golden Globe. 

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18. IMPASSE
(DEAD END)

Scénario : David Greenwalt

Réalisation : James A. Contner

Cordélia a la vision d’un homme se plantant un couteau dans son œil !! Cette vision est si traumatisante qu’elle se révèle incapable d’aider Angel Investigations pendant leur enquête. Pour ses services rendus à Wolfram & Hart, Lindsey McDonald reçoit une greffe de main, mais ce cadeau est empoisonné : c’est une main diabolique qu’il a du mal à contrôler ! Et si les deux affaires étaient liées ?…

La critique de Clément Diaz:

L’amateur des X-Files pensera à l’épisode Chinga qui débute similairement. Pour le reste, le scénario minimaliste de Greenwalt confirme la baisse d’inspiration du staff d’écriture depuis la fin de l’arc Darla. Heureusement, l’épisode est centré sur le fascinant Lindsey, toujours en quête de son identité et de son rôle. Cette recherche, qui croise la route d’Angel, irrigue tout l’épisode, pour aboutir à un dernier acte fort et puissant. Le revers est que ce personnage, un des plus riches du Buffyverse, quitte la scène à la fin, et on ne le reverra plus avant la dernière saison.

Les auteurs tentent de créer de la tension sur la crise de Cordélia et la main de Lindsey, mais ils échouent sur les deux tableaux. Malgré tout le talent de Charisma Carpenter, surtout dans l’introduction, Cordélia se traîne ensuite dans une sorte de spleen maussade, une attitude peu encline à susciter de l’effroi ou de l’émotion. Ajoutons sa transparence totale de l’enquête, et ce pan de l’intrigue ne tient guère ses promesses. Quant à la main de Lindsey, à part écrire frénétiquement le même mot sur une feuille de papier, on ne voit vraiment pas pourquoi il s’inquiète. L’enquête piétine un bon bout de temps, meublant avec des scènes inutiles (Lindsey s’infiltrant dans le bureau de son supérieur). Heureusement, Christian Kane nous donne avant de partir une excellente leçon d’interprétation, à tel point qu’il parvient à sauver tout l’épisode : stoïcisme devant l’échéance de « vendredi » (c’est toujours l’amour à la plage avec Lilah), appréhension et colère mêlées quand il découvre la nature de sa main, fureur explosive face au sous-fifre de Wolfram & Hart… et performance vocale à tomber par terre (sur une chanson co-écrite par lui et Greenwalt). Cordélia, Gunn, et Wesley applaudissent à l’unisson devant un Angel qui ne sait plus vraiment où se mettre. Excellente réalisation de James A. Contner, qui réussit quelques beaux plans-séquences.

Le dernier acte est de loin le plus intéressant, avec l’alliance forcée de Lindsey et d’Angel pour découvrir le fin de mot de l’histoire. Entre rivalité, vannes, échange de vérités qui font mal, le duo détonnant est une nouvelle version de la série des buddy movies (L’Hôte cite d’ailleurs le fameux 48 heures). Le dénouement, baignant dans une atmosphère fantomatique et irréelle, donne les grands frissons qu’on demandait, acculant Lindsey face à une vérité qui le frappe de plein fouet. Alors quel plaisir de le voir enfin rompre avec son environnement toxique, avec sa fracassante démission du cabinet, et un dernier échange apaisé avec Angel. Lindsey lui aussi marche vers sa rédemption, lentement. On apprécie le gag final : Angel reste quand même lui-même !

La critique d'Estuaire44:

- You know, when I was in charge here, nobody questioned my methods, or my singing.

-  You're half right.

Dead End parachève superbement le grand arc de cette deuxième saison, en concluant la trajectoire de Lindsey au sein de Wolfram & Hart. Cela aurait pu revêtir la forme d’un terne devoir imposé, mais ce passage obligé s’avère une passionnante variation autour du thème de la main maudite, greffée sur un malheureux découvrant poussivement à quel point il s’agit d’un cadeau empoisonné. Un classique de l’épouvante remontant à la Main de Gloire médiévale et se retrouvant en littérature comme cinéma : La Main du Diable, Les Mains d’Orlac, La Bête à Cinq Doigts, etc. Le lien avec une chirurgie démoniaque nous vaut des scènes aux lisières du film d’horreur, tendance Réanimator. Au-delà de ces références finement incorporées à l’univers de la série, le très riche scénario de Greenwalt achève de dessiner la figure de Lindsey, un être humain égaré sur de mauvais chemins, mais  n’ayant pas vendu son âme.

Christian Kane nous régale d’un ultime récital, incarnant avec sensibilité la double facette du personnage, notamment lors de la bouleversante  séquence d’introduction (les séries de Whedon savent décidemment exprimer beaucoup en silence) ou de sa mémorable démission. Les seconds rôles valent également leur pesant d’or, avec un étonnant Reed, dont le caractère zen et affable s’accompagne joliment d’une cruauté glacée. Sans tout à fait atteindre l’aura d’Holland, il en demeure un jouissif  successeur. Lilah, aussi inféodée au Mal soit-elle, émeut de nouveau en femme aux abois. Le moment le plus fort de l’opus demeure peut-être son regard sur Lindsey s’échappant de Wolfram & Hart, tandis qu’elle y demeure asservie, tant sont lourdes les chaines qu’elle s’est forgée. Ce qu’elle est bien trop intelligente pour ne pas comprendre. Désormais, elle reste seule.

On apprécie également la construction scénaristique faisant progressivement converger Lindsey et Angel, évitant de rendre ce mouvement trop mécanique. Greenwalt, par la pirouette finale, évite également le piège d’une réconciliation édulcorée, un fossé demeure logiquement entre les deux antagonistes. Avec ses hilarants échanges de vannes au sein d’Angel Investigations et du Caritas, L’opus résulte d’ailleurs comme un bel exemple de l’intégration de l’humour au sein d’un récit dramatique, comme si souvent chez Whedon, n’en diminuant en rien l’intensité mais lui évitant de devenir indigeste. Les souffrances  de Cordy annoncent une saison 3 déjà sombre, mais la présente, ayant  rempli son contrat haut la main,  va désormais s’offrir des vacances au sein des royaumes de la Fantasy. 

  • Au Caritas, on remarque un panneau explicite : Eating the Clientele is strictly prohibited.

  • Christian Kane poursuit une double carrière d’acteur et de chanteur de Rock-Country, réalisant de nombreux concerts aux Etats-Unis. La chanson qu’il interprète ici est la première originale entendue au Caritas. Co-écrite par Christian Kane et David Greenwalt, L.A. Song figure dans l’album Angel Live Fast, Die Never, reprenant les musiques de la série (2005).

  • Leaving L.A. : Lindsey quitte la série, il y reviendra néanmoins en saison 5.

  • Nathan Reed, le supérieur de Lindsey et Lilah, ne sera plus vu par la suite, sans qu’aucune explication ne soit donnée. David Greenwalt a indiqué avoir espéré recruter Adrian Pasdar pour jour ce rôle dans la lignée de Profit, mais le projet ne put se réaliser.

  • Angel songe à interpréter Stairway To Heaven, ce qui effraie Cordy. Il faut dire que ce  hit des Led Zeppelin (1971) est connu pour sa longueur hors normes, avoisinant les huit minutes…

  • You know, back in the Fifties, we all thought life was gonna be like the Jetsons by now déclare Angel, il fait allusion à un dessin-animé d’Hanna-Barbera (1962-1963), décrivant la vie d’une famille dans le futur.

  • Désormais seule aux commandes de la section des projets spéciaux de Wolfram & Hart à Los Angeles, Lilah va désormais occuper une place plus importante au sein de la série.

  • Habitué du Caritas, Lindsey a l’habitude d’y commander un TNT. Il s’agit de l’abrégé de l’effectivement explosif Tonic and Tequila, composé de téquila (un tiers) et d’eau tonique (deux tiers). Egalement surnommé Teqtonic, ce cocktail très populaire en Californie est  servi sur glace, accompagné de citron vert. 

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19. ORIGINES 
(BELONGING) 

Scénario : Shawn Ryan

Réalisation : Turi Meyer

Pendant que Cordélia tente de relancer sa carrière en jouant dans une publicité, elle a la vision d’une femme, Fred, qui a disparu voici cinq ans. Leur enquête croise celle de l’Hôte du Caritas, à la recherche d’un monstre apparu dans son établissement via un portail magique. Durant leur enquête, le cousin de l’Hôte leur propose son aide…

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La critique de Clément Diaz:

La première moitié de l’épisode assume son côté documentaire par une succession de scènes indépendantes retraçant quelques moments quotidiens d’Angel Investigations. Cette suite de sketches est très inégale et mollement dirigée. Quelques couleurs sont retrouvées lorsque l’enquête principale démarre, mais le long morceau de bravoure final est saboté par une réalisation trop sombre. On retient toutefois quelques scènes individuelles qui fonctionnent, ainsi qu’un cliffhanger à décrocher la mâchoire.

Il ne se passe rien ou presque pendant 28 bonnes minutes. Gunn est rapidement envoyé ailleurs, Wesley et même Angel se contentent de faire acte de présence. Seule Cordélia fait office de moteur. Elle nous amuse avec ses commentaires souvent déplacés dans l’introduction, ou apparaît spectaculairement dans sa tenue la moins habillée de la série lors du tournage du clip. Angel étonne en se montrant curieusement trop protecteur envers elle, présageant un curieux arc en saison suivante. On peut se demander d’ailleurs s’il n’y a pas du vécu derrière la tyrannie et la grossièreté du réalisateur, personnification du monde impitoyable du 7e art envers les jeunes acteurs (spécialement les jolies actrices). Pour le reste, pas d’histoire, donc un certain ennui s’installe jusqu’à ce qu’enfin, les auteurs se bougent. Première apparition de Fred, très brève, dans le flash de Cordélia. On ne soupçonne pas alors combien cette silhouette dans la vision va devenir importante dans la suite de la série.

L’Hôte (Lorne désormais) apporte sa comédie avec lui, et contribue massivement au tournant de l’épisode que constitue l’apparition délirante de son cousin, aux répliques assez chocs. On se croirait plus dans l’univers bariolé de Sabrina Spellman que dans Angel, mais le choc des cultures marche pleinement. On en apprend plus sur l’amusant Lorne tout en riant de bon cœur. Aussi, sera-t-on un peu pincé devant un final interminable, filmé dans l’ombre. Toutefois, le cliffhanger est un grand moment mi-hilarant mi-inquiétant, qui lance le dernier arc narratif de la saison.

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La critique d'Estuaire44:

- I just wanted to act, that's all. For them to like me because I was good. I never wanted to feel like this.

Après en avoir fini avec son arc majeur, autour de Darla, la saison 2 entame sa fin de parcours en s'intéressant à un autre de ses personnages marquants, l'Hôte. L'idée ne semble pas mauvaise en soi, notre ami vert (mais non académique) méritant largement ce focus. Mais tronçonner une saison conduit mécaniquement à rendre mineur cet ultime et bref développement, avec ici un relatif manque de justification. L'absence d’explication à propos de l'origine de l'Hôte n’a jamais empêché ce dernier de briller. On ne ressent pas de nécessité réelle là-dessus. Le récit se montre dans un premier temps trop éclaté et dépourvu de problématique.. Les histoires personnelles des protagonistes se montrent d’intérêts très divers. Le pathos autour de Wesley et de Gunn (assez sacrifié cette saison) n'apporte rien de nouveau et se montre assez pesant, nonobstant le talent des comédiens.

La mésaventure de Cordy se montre plus touchante et  approfondie, on apprécie toujours quand la série renoue avec son environnement hollywoodien. L’aspect cruel donné ici à ce monde à part sonne juste, on peut y discerner une approche complémentaire à celle des saisons tardives de Californication ou de The L Word, décidément l'Usine des Rêves n'a pas la côte dans les séries télé. L'arrivée du cousin de Lorne apporte enfin un véritable scénario, mais celui-ci se limite à une chasse au monstre de la semaine, en soi basique, même si filmée avec talent. Fred n'étant encore qu'entraperçue, le seul véritable moteur de l'opus demeure l'humour, certes hilarant, autour d'un Angel confronté aux affres de l’onéreuse vie sociale et d'un contraste absolu entre les deux cousins venus de Pyléa. Les acteurs s'en donnent à cœur joie, pour le coup on se régale vraiment. Les portails dimensionnels nous valent également un joli crossover, confirmant l'impression initiale d'un mini feuilleton distinct du corps de la saison.

  • La jeune fille disparue à travers le portail dimensionnel, ici seulement vue en photo, est Winifred Burkle, dite Fred. Interprétée par Amy Acker, elle va bientôt devenir la nouvelle recrue d'Angel Investigations.

  • La publicité est tournée dans les studios Paramount, où est réalisée la série.

  • Nous découvrons l'origine de l'Hôte, Pyléa, ainsi que son véritable nom, Krevlorneswath du Clan  Deathwok, dit Lorne.

  • A la différence de ses jeunes associés, Angel comprend que Lorne, associé au vert (green), ferait songer à Lorne Greene, acteur de télévision très populaire. Comme évoqué dans l'épisode, il fut notamment le Ben Cartwright de Bonanza (1959-1973), mais aussi le Commandant Adama de la première version de Battlestar Galactica (1978-1980). Canadien d'origine,

  • Au Caritas, Lorne interprète Superstition, de Stevie Wonder. Cet immense tube de 1972 a été repris par de nombreux artistes, mais aussi dans plusieurs bandes sons de films, notamment le The Thing de Carpenter.

  • Cet épisode marque l'ultime tentative, bien amère, de Cordy afin de mener une carrière de comédienne. Par la suite, elle se consacrera uniquement à Angel Investigations. Dans l'épisode Birthday (3-11), elle découvrira ce qu'elle serait devenue si elle avait fait le choix inverse.

  • Le hall  de la bibliothèque est le même  que celui où Faith tira à l’arbalète sur Angel (Five by Five, 1-16)

  • La vue extérieure du bâtiment est effectivement celle de la bibliothèque centrale de Los Angeles, construite en 1926. Dans un ensemble très hollywoodien, son architecture s’inspire de l’Egypte antique, mais aussi de la renaissance méditerranéenne. Le bâtiment figure sur la liste des monuments historiques américains.

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20. DE L'AUTRE CÔTÉ DE L'ARC-EN-CIEL
(OVER THE RAINBOW)

Scénario : Mere Smith

Réalisation : Frederick King Keller (crédité comme « Fred Keller »)

Aspirée par le portail magique, Cordélia se retrouve dans la dimension de Pylea. Capturée par un démon, elle est vendue comme « vache » (esclave). Le portail ne pouvant être réactivé, Lorne tente de trouver un moyen d’activer un nouveau portail et permettre à Angel Investigations de secourir leur amie à Pylea…

La critique de Clément Diaz:

Previously on Sliders, euh pardon, précédemment dans Angel, les scénaristes ont décidé de lancer un inattendu arc narratif : l’exploration d’une autre dimension. Cette incursion dans une sorte de planet opera peut étonner dans cette série, très éloignée de ce genre, surtout après les torrents de noirceur des épisodes précédents. Mais Whedon a toujours été fidèle à son credo de surprendre le spectateur, quelque soient les risques. Une fois qu’on a accepté ce revirement, on applaudit le scénario de Mere Smith qui décrit avec force détails et péripéties haletantes ce voyage fantastique, jusqu’au cliffhanger, un des moments les plus WTF de la série.

L’amateur des Livres dont vous êtes le Héros appréciera le côté Loup Solitaire de l’aventure : le portail a toutes les propriétés d’une Porte d’Ombre, et les mondes lointains font penser aux Plans de l’Existence. Les artisans de la série gèrent brillamment leur budget et bâtissent une cité campagnarde très médiéval-fantasy entourée de luxueuses forêts. Les maquillages des « Pyleates » sont très réussis, Fred Keller filme avec luxuriance ce nouveau monde. Ses commentaires DVD s’écoutent avec le plus vif intérêt. Cordy est une bête traquée, harcelée, mais à l’humour incassable : ses scènes de panique provoquent autant d’effroi que de rires (encore une performance incroyable de Charisma Carpenter). La scénariste joue pleinement sur l’absurde de la situation, où l’héroïne sombre dans des situations de plus en plus délirantes et catastrophiques, sources constantes de suspense énergique.

Les réactions toujours exagérées d’Angel laissent voir à quel point il semble considérer Cordélia d’un tout autre œil. Il apporte l’émotion. Lorne cabotine joyeusement en gars qui ne veut pas rentrer chez lui. La jolie Aggie (Persia White, dont on regrettera que ce soit sa seule apparition dans la série) pastiche avec légèreté les figures éternelles des voyantes, assumant tout à fait le vague de ses prédictions ! Wesley assure en sorcier pas tout à fait… assuré. Tandis qu’on apprécie ces contrastes serrés où nos amis rigolent comme des bossus avant de se disputer la minute suivante, puis de livrer une grande bataille. Tout peut arriver dans Angel, et très vite ! Le plan final est un énorme éclat de rire stupéfié, on attend impatiemment l’épisode suivant !

La critique d'Estuaire44:

- They have no music there. It doesn't exist. Do you know what that's like ? No lullabies, no love songs. All my life I thought I was crazy, that I had ghosts in my head or something... simply because I could hear music.

On éprouve quelques difficultés à adhérer à la nouvelle impulsion donnée à la série par Over The Rainbow. La voiture d'Angel s'engouffrant dans le Portail reste un moment très Rock'n Roll, avec sans doute une jolie réminiscence de Retour vers le Futur. Mais tout le pan du récit y conduisant s'assimile à du remplissage, avec d'inutiles circonvolutions autour de cette histoire de point chaud (Aggie, l'amie de Lorne, ne reviendra pas). L'aventure aurait pu aussi bien fonctionner avec les héros ouvrant simplement le Portail, mais en se retrouvant à un autre endroit. Cela aurait permis de rajouter quelques péripéties supplémentaires rendant Pyléa plus attractive. Cela n'aurait certes pas été superflu, car, passant du Fantastique à la Fantasy, la série aborde un autre style d'écriture et semble avoir du mal à y trouver ses marques.

Quelle que soit la sous-famille auquel il se rattache, un récit de Fantasy se doit d'être soit franchement parodique (comme le Disque Monde ou bon nombre d'épisode de Xéna, la Princesse guerrière), soit réellement épique, la quintessence du genre. Or ici on se situe dans un entre deux peu propice, conduisant à une histoire manquant de souffle sans pour autant vraiment verser totalement dans la comédie. Oscillant entre le très mauvais film Donjons et Dragons (2000) et une version fauchée de La Planète des Singes, Pyléa souffre également d'un criant manque de moyens. Demeurent fort heureusement l'expressivité de la vaillante Charisma Carpenter, un cliffhanger retentissant et l'amusante réaction d'un Angel redécouvrant le monde diurne le temps d'une escapade. Mais remplacer Los Angeles par l'indigent Pyléa n'en vaut vraiment pas la chandelle, Même dépourvu de Darla, la Cité des Anges demeure un univers autrement fascinant et inépuisable. 

  • Le titre original fait évidemment référence au Magicien d'Oz. Cordy frappe aussi trois fois le sol pied, pour tenter de rentrer chez elle.

  • Les titres des deux derniers épisodes de l'arc feront aussi référence à des univers merveilleux : Through the Looking Glass pour Alice au pays des Merveilles et There's No Place Like Plrtz Glrb, de nouveau pour Oz.

  • La scène de l'ouverture du portail fut tournée devant les portes des studios Paramount, où est réalisée la série. Les alentours de studios furet souvent utilisés pour les extérieurs de la série. Los Altos Apartments, l’immeuble figurant l’Hypérion, est ainsi situé à proximité.

  • Les fans spéculèrent que l'arc de Pyléa fut entrepris du fait d'une indisponibilité de Julie Benz, ce que démentit l'actrice. Tim Minear confirma que les auteurs étaient las de l'arc de Darla, estimant en avoir fait le tour et désirant explorer quelque chose de totalement nouveau.

  • Gavin Park, nouvelle figure de Wolfram & Hart, fait ici son apparition. Il sera un rival pour Lilah durant les saisons 3 et 4. Gavin est interprété par Daniel Dae Kim, bien connu pour le rôle de Jin dans LOST.

  • Nous découvrons cette fois Fred en chair et en os. La charmante future cinquième associée d'Angel Investigations est interprétée par la talentueuse Amy Acker. Celle-ci est apparue dans de nombreuses séries (Alias, Supernatural, How I met Your Mother, Grimm, Once Upon A Time etc.). Amy Acker  est également devenue une actrice fétiche de Joss Whedon (Dollhouse, La Cabane dans les bois, Much Ado About Nothing, Agents of SHIELD). Angel reste la série ayant lancé sa carrière, lui valant notamment un Saturn Award en 2004.

  • Fred va demeurer dans la série jusqu'en saison 5, où elle sera remplacée par Illyria, également interprétée par Amy Acker.

  • Nous apprenons que Lorne ne peut jamais être ivre, ce  qui explique sans doute en partie sa passion pour les cocktails.

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21. SA MAJESTÉ CORDELIA
(THROUGH THE LOOKING GLASS)

Scénario : Tim Minear

Réalisation : Tim Minear

Cordélia, prisonnière du palais royal, se rend compte que bien qu’elle soit princesse, elle est loin d’avoir toute autorité sur les sinistres prêtres. Angel, Lorne, Gunn, et Wesley sillonnent les quatre coins de Pylea pour trouver un moyen de revenir sur Terre, mais chacune de leurs tentatives les fait tomber de Charybde en Scylla…

La critique de Clément Diaz:



Ce scénario écrit sous coke - on demande instamment les coordonnées du fournisseur de Tim Minear - compte parmi les épisodes les plus délirants jamais écrits pour la télévision. Les péripéties les plus loufoques s’enchaînent comme une mitraillette folle ; comme si Stargate rencontrait Les Monty Python. Cette chevauchée des Walkyries en mode acides suscite autant le rire que le suspense, tout en ménageant quelques moments éthérés où le temps suspend son vol. La violence du cliffhanger final, terriblement choquant, lance le finale sur les meilleurs rails.

Cordélia est la reine de l’épisode à tous les sens du terme. Ses tenues aussi sexy que bizarres sont un enchantement. L’actrice joue avec un plaisir manifeste ce rôle d’une jeune femme qui voit exaucés les rêves de princesse de toute petite fille, avant de se rendre compte du pernicieux de la situation. Ses répliques claquent gaîment, tout comme ses ordres et contrordres dont l’accumulation frénétique devient de plus en plus drôle. Il y’a un sommet avec le « com-shak du Groosalugg », un des moments les plus n’import nawak de la série. Les auteurs exploitent à fond la caisse l’incongruité de la situation, bien rendu par Charisma Carpenter et Mark Lutz. Le monolithisme irrité des gardes participe à l’entrain général, alors que les prêtres au contraire, accroissent leur aura maléfique (excellente trouvaille du jeu de mots des trois livres).

Du côté de Gunn et Wesley, on s’amuse pas mal, leur don à se jeter dans les situations les plus idiotes force l’admiration : entre évasion malodorante dans les égouts, rencontre au plus mauvais moment avec Angel, et capture par un groupe de rebelles qui veut les décapiter, le tout sous dialogues à efficacité énorme, on s’amuse comme rarement. Côté délire maximum, la randonnée d’Angel et Lorne compte pas mal de points en la matière : la famille de Lorne est une galerie totalement déviée de personnages cramés du bulbe ; mention à Numfar, le démon danseur, incarné par nul autre que le Big Boss : Joss Whedon himself ! (Il s’agit de sa seule apparition dans le Buffyverse, avec la voix du journaliste télé de I robot, you Jane de Buffy). Angel racontant ses exploits passés comme un héros de légende, le « swing the crebbil », suivi du numéro énorme de Lorne pour faire diversion sont du pur délire. Quand Angel est transformé en démon de l’enfer, sous les yeux d’une Fred shootée à la fumette, on gambade en plein en Absurdland. Le tout sous dialogues dont l’orbite est à chercher quelque part au-delà de la Voie Lactée (Your father was right, we ate the wrong son).

Toutefois, les 10 dernières minutes prennent le temps de réinstaller l’émotion, lorsqu’Angel fait face à son soi réel, un soi ténébreux et maléfique, comme une trace indélébile de sa malédiction. La touchante fragilité de Fred, dont la folie n’empêche pas un certain courage, apporte de très beaux moments d’abandon, comme quand elle essaye de se convaincre que tout n’est pas réel ou quand elle réconforte un Angel brisé. Le cliffhanger sauvage est une secousse tellurique qui assommera tout le monde. Un épisode bourré d’idées délirantes et d’émotion.

La critique d'Estuaire44:



- You remember when I said they didn't have music in my world ? Wish I could say the same about the dancing.

Après un temps d'exposition mi figue-mi-raisin lors des deux premiers opus de l'arc de Pyléa, la série reprend de belles couleurs à l'occasion de Through The Dancing Glass. L'épisode laisse totalement de côté l'indécision de son prédécesseur quant à de la nature du récit. Sans sacrifier une aventure rondement menée, il opte franchement pour la comédie la plus déjantée qui soit. Domaine auquel la Fantasy se prête paradoxalement à merveille, par les contrepoints ironiques qu'elle autorise sur ses poncifs parfois ronflants et sa tonalité en permanence exacerbée. Le figure imposée du retour au pays (bien  connue des Hobbits) se voit joyeusement dynamitée par les gags tous plus déjantés les uns que les autres, suscités par la famille de Lorne, dont la prestation hilarante de Whedon en danseur vedette.  On se croirait vraiment chez les paysans débiles et autres Français peuplant l'inoubliable Monty Python : Sacré Graal !. L'humour sert également à rattacher utilement  cet arc très à part (vraiment très à part) au corpus de la série, via un Angel totalement euphorique devant ce qu'il assimile à des vacances ensoleillées. David Boréanaz est en roue libre, de manière particulièrement communicative.

Il en va pareillement pour les auteurs, dont on imagine sans peine la frénésie créative en matière d'humour, après toute une  saison particulièrement enténébrée.  Les séances de relectures ont du être épiques. Le rappel spectaculaire de l a nature démoniaque d'Angel rattache égalent le récit à l'intrigue principale de la période et apporte une sensibilité supplémentaire. La rencontre avec Fred demeure un joli moment d'émotion, notamment grâce à une émouvante et lumineuse Amy Acker. il s'avère déjà impossible de ne pas aimer Fred, c'est la bonne nouvelle de l'épisode. Les aventures tragi-comiques de nos héros, y compris les fins duettistes Gunn  et Wesley,  apportent un surcroit de péripéties caustiques au récit, l'épique de la  Fantasy virant au picaresque. Les poncifs de la Fantasy continuent à être joyeusement détournés, telle la trappe donnant sur le souterrain salvateur (la gaine d’aération des récits d'espionnage) ou le bikini en cottes de maille si présent dans les représentations du genre. Le cliffhanger final sonne comme un  coup de tonnerre et dramatise idéalement un prochaine conclusion en forme d'apothéose.

  • Passage évidemment cultissime de la série, la Danse de la Joie est exécutée par Joss Whedon lui- même, non  reconnaissable sous son maquillage de Numfar. Cela demeurera son unique apparition dans Buffy et Angel.

  • Whedon prépara soigneusement la chorégraphie afin de l'expliquer à un éventuel comédien, avant que Tim Minear et David Greenwalt ne lui suggèrent de la réaliser lui même.

  • Le tournage fut l'occasion d'une surprise réservée à Andy Hallett, à qui l'identité du danseur ne fut révélée qu'au démaquillage.

  • Dayne Johnson, responsable des maquillages de la série, indiqua que cet épisode fut celui ayant demandé le plus de travail à son département. Quatorze personnes furent mobilisées afin de réaliser les maquillages de Lorne et des Pyléens. L'opération débuta à 2h30 du matin, afin que tout soit près pour le tournage.

  • Les contes que racontent Angel aux enfant de Pyléa sont issus de ses aventures les plsu gores : la main tranchée de To Shanshu in L.A ou Fall to pieces. De l'art de l'adaptation culturelle, Lorne surnomme d'ailleurs Angel "Hans Christian Tarantino"  (et non Andersen).

  • Les trois animaux vus par Wesley qur les couvertures des livres sont les symboles des antiques démons fondateurs de Wolram & Heart (Wolf, Ram et Hart : le Loup, le Bélier  et le Cerf). Ceci indique que le pouvoir de ces créatures trans dimensionnelles atteint également Pyléa.

  • L'épisode est le seul à se dérouler intégralement sur Pyléa, sans aucune vue de notre monde.

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22. FIN DE RÈGNE 
(THERE'S NO PLACE LIKE PLRTZ GLRB)

Scénario : David Greenwalt

Réalisation : David Greenwalt

Bien que décapité, Lorne est toujours vivant tant que son corps demeure intact. Cordélia doit retrouver son corps tout en composant avec les sinistres prêtres, Angel rallie Wesley, Gunn, et un groupe de rebelles, et se lance à l’attaque du château. Pour réussir, Angel doit affronter le Groosalugg, mais le démon à l’intérieur de lui n’attend que le bon moment pour le dominer et le perdre dans les ténèbres…

La critique de Clément Diaz:

Le feu d’artifice de fin de saison n’a pas lieu. Est-ce parce que Pyléa a pété le budget que Greenwalt s’est vu obligé de renoncer à tout spectaculaire ? Après le cyclone délirant de l’épisode précédent, There’s no place like Plrtz Glrb doit négocier un virage plus dramatique mais n’y réussit guère - les prêtres ne forment pas une opposition assez inquiétante pour marquer les esprits. L’épisode parvient toutefois à instiller quelques bons moments, ainsi qu’un surprenant finish.

Passée l’introduction supra décalée avec Cordy la soprano et Lorne le râleur, l’épisode raccroche les wagons du suspense dramatique, mais le contraste avec Through the looking glass est trop tranchant pour convaincre. On sent que les auteurs ont voulu exploiter toutes les manières possibles de raconter l’arc, mais au détriment de la cohérence. Surtout, Greenwalt, en délaissant l’humour, n’a plus d’alibi pour maintenir l’immobilisme de l’action. Le temps qu’Angel se reprenne et rejoigne ses compagnons - les tendres scènes avec Fred font doublon après l’épisode précédent - que Cordélia ait fait le tour du château, seule ou avec « Groo », que le Grand Prêtre ait fait quelques remarques plus ou moins pontifiantes, une grosse partie de l’épisode s’ait écoulée. L’invasion finale du château n’est même pas filmée, on est loin de Chosen ! A la place, nous avons un simple combat avec le Groosalugg, certes excellemment chorégraphié, mais c’est une maigre consolation.

Toutefois, on apprécie le pieux mensonge de Wesley quand il réconforte Angel sur sa peur de redevenir un démon sans retour. La lutte d’Angel contre son démon intérieur littéral - métaphore évidente mais efficace - est sans doute le point le plus intéressant du récit. C’est là que le suspense prend mieux, autour du thème séculaire de la tentation des ténèbres. Le retour de l’humour à la fin (Cordy se débarrassant du prêtre, les adieux hilarants et émouvants de Cordy et de Groo, Lorne et sa famille toujours aussi fière de lui), et la promesse de la future intégration de Fred à Angel Investigations font finir l’épisode mieux qu’il n’a commencé. Toujours subtil, Greenwalt fêle son happy end - qui n’aurait pas convenu à l’ADN de la série - par une coda inattendue, où Angel comprend grâce à un unique regard la perte qu’il vient de subir. C’est bien joué, et l’on regrette d’autant plus le manque d’éclat de ce finale de saison.

La critique d'Estuaire44:

- You know where I belong ? L.A. Nobody belongs there. It's the perfect place for guys like us.

Superbe conte de fées, assorti de finesse psychologique, de scènes d'action mouvementées et d'humour irrésistible, There's No Place Like Plrtz Glrb conclue avec éclat un arc de Pyléa pourtant débuté mezzo voce. Après l'hilarant opus précédent, la trame évolue vers une acception des atouts de la Fantasy, avec des scènes cette fois purement épiques et archétypales, telles l'assaut de la Forteresse du Mal, le Défi lancé au –supposé- Champion du Mal (impeccable Boreanaz) et la Mort du Grand Prêtre du Mal, de la main de son jouet. On tiquera derechef sur le système des colliers, relevant trop de la Science-fiction pour un univers de pure Fantasy.

Mais la série parvient cette fois à nous offrir un vrai final héroïque, dans les règles de l'Art. On évite toutefois une rupture totale de ton, qui serait préjudiciable à l'unité de l'arc, en conservant des dialogues souvent humoristiques, plus proches de Fritz Leiber que de Robert E. Howard. Avec le gag énorme et gentiment Gore de la tête de Lorne, on aborde même les rivages délirants du Disque Monde de Terry Pratchett. Ce récit si caracolant, où la production parvient à se jouer - la plupart du temps - du manque de moyens, n’empêche pas une approche très fine de personnages que cette excursion en Outre-Plan aura marqué.

En renonçant à son trône, et à la vie de château, pour se dédier à sa mission (tout comme elle s'est détournée de sa carrière d'actrice) Cordy achève de tuer Queen C en elle, une longue évolution ici impeccablement parachevée. En stratège assumant les décisions le plus cruelles, Wes annonce déjà la gravité accentuée qui deviendra la sienne (Gunn demeure davantage invariant). Lorne lui aussi achève un parcours intime, notamment lors d'une scène d'adieu filial une nouvelle fois en sortie de route jubilatoire. La fin de saison a du être copieusement arrosée chez les auteurs. Par son naturel et sa fraicheur, Fred apporte sa pierre à l'édifice, de même que le touchant Groosallugg, parfait contrepoint de Conan le Cimmérien.

Angel se montre une ultime fois bouleversant, quand il réaffirme à l'heure cruciale l'attachement à son humanité, renouant avec celle-ci en une idéale conclusion d'une saison où elle aura si dangereusement avoisiné l'abime. Cette réunion des thèmes des arcs de Darla et de Pyléa est un maître coup des scénaristes, parant à une marginalisation du dernier. Ils ont aussi la bonne idée d'envoyer balader tous les fastidieux préparatifs du voyage au profit de la trame pricncipale, contrairement à Over The Rainbow. L'apparition d'une Willow en larmes sonne comme un glas, la parenthèse enchantée se referme avec une rare brutalité. Angel est bien de retour chez lui.

  • L'effet spécial de la tête tranchée de Lorne fut réalisé en combinant des incrustations vidéos sur un animatronique.

  • Willow est venue annoncer à Angel la funeste nouvelle de la mort de Buffy (The Gift). Angel se trouvait à Pyléa durant le combat désespéré mené par la Slayer durant les derniers épisodes de sa cinquième saison, ce qui explique son absence à l'heure du grand péril, pour de nombreux fans.

  • Alysson Hannigan ne figure que dans le générique de fin, afin de ménager la surprise de sa participation.

  • Le Groosalugg sera de retour en saison 3, cette fois sur Terre, après qu'une révolution l'ait chassé du pouvoir.

  • Lorne entonne les premières lignes d'Over the Rainbow, la  chanson du film Le Magicien d'Oz (1939). Elle est régulièrement référencée comme la plus célèbre de toute l'histoire du cinéma. Angel s'apprête à prononcer There is no place like home, conclusion de l'histoire, quand il aperçoit Willow. Plusieurs autres références sont effectuées en cours d'épisode.

  • Comment Angel a-t-il sorti sa voiture du Caritas ?

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Toucher le fond… (Broken - Part 1)