Saison 5
1. Les Bijoux de la Reine (The Queen's Ransom) 2. Intermède à Venise (Interlude in Venice) 3. Conférence à Genève (The Russian Prisoner) 4. La Révolution (The Reluctant Revolution) 5. Le Trésor du pirate (The Helpful Pirate) 6. Un drôle de monstre (The Convenient Monster) 7. Le Diamant (The Angel's Eye) 8. La Fête romaine (The Man Who Liked Lions) 9. Le Meilleur Piège (The Better Mouse Trap) 10. La Petite Fille perdue (Little Girl Lost) 11. Ultra secret (Paper Chase) 15. Tentative de meurtre (The Persistent Patriots) 16. Les Championnes (The Fast Women) 17. Le Jeu de la mort (The Death Game) 18. Les Amateurs d'art (The Art Collectors) 20. Les Faux-monnayeurs (The Counterfeit Countess) 21. Dalila a disparu (Simon and Delilah) 22. Le Trésor mystérieux (Island of Chance) 23. Pièges en tous genres (The Gadget Lovers) 24. Copies conformes (A Double in Diamonds) 1. LES BIJOUX DE LA REINE Date de diffusion : 30 septembre 1966 A Monte-Carlo, le Saint sauve la vie du roi déchu Fallouda, menacé par des tueurs. Celui-ci lui demande d’escorter la reine Adana en Suisse, afin de récupérer des bijoux devant financer une restauration. Adana est une ancienne aventurière, à qui la royauté est montée à la tête. Elle est contrariée de faire équipe avec Simon qui connaît ses humbles origines. Sur le chemin du retour, le duo doit faire face à de nombreuses attaques. Les épreuves feront retrouver le sens des réalités à Adana, sous le regard goguenard du Saint. Si le nouveau générique séduit par son allant et son évocation graphique de l’univers du Saint, le passage à la couleur s’accompagne surtout d’une vraie déception. En effet, Roger Moore renonce à ses savoureuses apostrophes du public à travers le Quatrième mur, qui apportaient tant aux introductions d’épisodes. Même si l’acteur appose sa griffe au simple commentaire hors champ s’y substituant, on ressent une déperdition similaire à celle éprouvée lorsque Rod Serling délaissa ses apparitions en décors, lors de la saison 4 de la Quatrième Dimension. La nouvelle ère n’apporte par contre aucune significative évolution aux aventures du suave Simon. Le Saint évolue beaucoup moins de saison en saison que les Avengers, hormis une très progressive évolution du roman noir vers davantage de fantaisie. La série continue à recycler et, autour des péripéties de Simon et Adana, on distingue de nombreuses convergences avec The Golden Journey. Fort heureusement le récit évite cette fois de retomber dans le piège du machisme outré, en ridiculisant ou infantilisant Adana. Au contraire la belle n’épargne pas le Saint au cours de prises de bec émaillant l’aventure de joyeux moments de pure comédie (épatante et sublime Dawn Addams). Comme dans tout bon road-movie, l’histoire est celle d’une rencontre et l’on apprécie de voir la véritable Adana, valliante et sympathique, apparaître au fur et à mesure que la morgue s’efface. Evidement le Saint se refuse à flirter, d’autant que le roi se montre loyal et sincèrement désireux du bien de son peuple. Les rapports entre Simon et Adana ressortent toujours finement dosés, tout en exprimant le charme des interprètes. Pour le reste, hormis la si plaisante vieille dame, on se situe dans le conventionnel, l’action se résumant aux affrontements successifs entre le Saint et les comploteurs, de Zurich à Monaco. Les clichés habituels s’installent (Français pittoresques au béret vissé sur la tête, non participation d’Adana aux affrontements, félons bien odieux, etc.). L’intrigue ne marque toutefois aucun temps mort au cours de ce voyage mené tambour battant, en avion, voiture ou train. Roy Ward Baker apporte son savoir faire bien connu aux scènes de bagarres ou de poursuite automobile, avec plusieurs moments réellement intenses. Le duel montagnard final se montre ainsi authentiquement spectaculaire. Comme souvent les seconds rôles permettent de reconnaître bien des visages connus des Spy shows anglais, tandis que la production demeure remarquablement soignée. Les décors sont finement travaillés et cette épopée franco-suisse noud vaut son lot de superbes voitures d’époque. La couleur apport une vraie valeur ajoutée dans cette série jouant d’un confortable budget. Un épisode entrainant et divertissant, à défaut de résulter vraiment novateur.
2. INTERMÈDE À VENISE Date de diffusion : 07 octobre 1966 A Venise, le Saint intervient pour sauver la jeune Cathy Alladyce d'une agression. Elle est la fille d'un ancien procureur américain reconverti dans la politique. Veuf, celui-ci s'est remarié récemment avec Helen et les deux femmes s'entendent mal. En fait Alladyce est visé par le truand Fortunati, dont il a jadis fait condamner le frère. Fortunati ordonne au noble ruiné Ubaldo de séduire Cathy, puis l'assassine en incriminant la jeune femme. Simon soustrait les preuves et remonte les fils du complot. Cathy est alors enlevée mais le Saint arrive à temps pour la sauver et découvrir la trahison d'Helen, alliée à Fortunati. Les deux sont tués en affrontant la police. L'épisode sollicite quelque peu la bienveillance du spectateur contemporain, car les représentations de Venise en rétroprojection apparaissent aujourd'hui très datées. Mais ces arrières plans se situaient à la pointe de ce qui se pratiquait alors et supportent aisément la comparaison avec les vues de la Sérénissime sises en fin de Bons baisers de Russie (1963). Comme souvent, décors et inserts demeurent superbes. On retrouve les savoureux clichés inhérents à la série, (policier pittoresque et complice de Simon, Italiens fatalement raffinés et gominés, adeptes du couteau, des intrigues et des vengeances familiales). Le récit ne se départit pas non plus d'un certain mélodrame, mais développe toutefois de précieux atouts En effet l'intrigue sait parfaitement articuler la machination de Fortunatti, en ne dévoilant que progressivement les rouages et en ménageant de retentissants rebondissements (assassinat soudain d'Ubaldo, révélation plus inattendue que d'habitude de la trahison d'Helen). Le travail d'enquête de Simon se montre solide et permet au spectateur de ressentir pleinement l'atmosphère, réelle ou fantasmée, du la Venise clandestine, peuplée d'escrocs, de tueurs et de demi-mondaines vénales. Toute une ambiance, bien soulignée par la caméra de Leslie Norman. On apprécie également de (déjà) retrouver Roger Moore dans la scène emblématique de l'affrontement autour d'une table de jeu au casino. Fort heureusement, le Saint préfère le Baccarat au Poker ! Cette souvent éprouvante incursion dans les arrières cours délétères de Venise doit aussi beaucoup à sa distribution. Stassino et Sylvester se situent parfaitement dans leur emploi, tandis que Parick troughton confirme ses dons de caméléon, en incarnant avec la même réussite un plaisant Inspectore que le Deuxième Docteur ou le Comte nazi d'Un drôle d'oiseau (Amicalement vôtre). La grande attraction reste bien entendu la présence de Lois Maxwell, aux côtés de son camarade Roger Moore. Sa classe et son talent rendent Helen parfaitement crédible et concourent puissamment au succès du retournement final. On remarque que la pour toujours Miss Moneypenny aime à se dévergonder au petit écran, chez le Saint comme chez les Avengers. A l'inverse la charmante Quinn O'Hara manifeste peu de fond de jeu mais cela convient finalement assez bien à son rôle de péronnelle dépassée par les événements. Un voyage réussi, des palais jusqu'aux bas-fonds de la Cité des Doges, ce qui synthétise à merveille la dimension duale de Simon Templar.
3. CONFÉRENCE À GENÈVE Date de diffusion : 14 octobre 1966 A Genève, où se déroule une conférence internationale, le Saint se voit contacté par la jeune Irma. Elle se déclare la fille du Pr. Jorovitch, membre de la délégation soviétique et désireux de passer à l’Ouest pour la retrouver. Mais il a été percé à jour et est désormais détenu dans un château isolé. Irma sollicite le célèbre Simon Templar pour qu’il sauve son père. Mais le Saint comprend que le scientifique a déjà été exfiltré et mis à l’abri par les Suisses. « Irma » est en fait une agent soviétique aux ordres de la diabolique Milanov, désireuse de le manipuler pour le rendre responsable de l’opération. Conférence à Genève se conclue sur un rebondissement astucieux, suffisamment en trompe-l’œil pour dépister le spectateur. Mais sa mise en place suppose une situation tellement tirée par les cheveux et alambiquée qu’elle dévore l’essentiel d’un récit réduit à une interminable introduction. Après de superbes inserts helvétiques et une très amusante scène d’introduction, on assiste en effet à un incessant défilé de discussions en chambre, souvent laborieuses, et ponctuées de scènes d’action moins spectaculaire qu’à l’accoutumée. De peu marquants personnages secondaires ralentissent encore l’ensemble. On regrette que l'Inspecteur Klenhaus, fin renard dans The Loaded Tourist, passe ici son temps à vociférer, jusqu’çà en devenir épuisant. Le récit ne s’anime qu’en fin de parcours, avec une infiltration du château effectivement à suspense. La réalisation s’offre quelques scènes sous-marines tournées en bassin, réussies, même si l’on reste évidemment loin de L’espion qui m’aimait. Fort heureusement, volontairement ou non, l’amateur du célèbre James Bond alias 007 trouvera son compte en visionnant l’épisode, tant il présente de convergences avec un autre classique, Bons Baisers de Russie. En effet Milanov apparaît comme un véritable clone de la mémorable Rosa Klebb ! Caractéristiquement, elle figure l’une des rares dames de la série totalement imperméables au proverbial charme du Saint. On la découvre pareillement ourdir un complot tordu basé sur la psychologie du chevalier errant anglais et mettant en œuvre une blonde damoiselle venue du Froid. Evidemment le SPECTRE n’est pas de la partie et les agents soviétiques demeurent loyaux, mais l’effet miroir résulte suffisamment marqué pour distraire. De plus l’opposition se montre moins soumise à l’idiotie souvent perçue du côté des adversaires russes des Avengers. Et puis on peut compter sur Roger Moore pour animer même un épisode mineur. Survolté, pétillant d’humour et de malice, il s’impose une fois de plus comme l’atout premier de sa série.
4. LA RÉVOLUTION Date de diffusion : 21 octobre 1966 Au San Pablo, en Amérique du Sud le Saint empêche la jeune Diana de tuer Victor Lawrence, tout en la préservant de la police. Elle lui révèle que cet odieux bras-droit du dictateur Alverez a jadis causé la ruine et la mort en prison de son père. Après s’âtre assurée que Diane soit en sécurité au sein de la rébellion, Simon est arrêté. Il s’évade mais un traitre livre Diane au chef de la police. Le Saint va utiliser un moyen original de provoquer la chute d’Alverez et de sauver Diane : enregistrer une conversation entre Lawrence et Alverez, révélant leurs turpitudes. L’épisode narre une nouvelle incursion latino-américaine de Simon Templar, immuablement synonyme de guérillas et de coups d’Etats. Une constante pouvant prêter à sourire mais correspondant finalement assez bien à une décennie agitée dans un continent alors effectivement peuplé de généraux Alcazar ou Tapioca. S’il demeure riche en scènes d’action ou autres fusillades, le récit se montre plus sombre qu’à l’ordinaire, notamment lors des séances d’interrogatoire ou d’une éprouvante exécution par les armes (on se situe aux antipodes de celle du Mort vivant, avec un Steed flegmatique et une Emma Peel plus hilarante que dévastatrice). De fait, à travers le format d’un intrigue d’aventures, The Reluctant Revolution évoque avec une clarté étonnante pour l’époque la collusion entre les oligarchies militaires les milieux crapuleux et les grandes sociétés américaines, même si évidemment ces dernières ne se voient citées qu’en périphérie. L’auteur réussit également une belle étude des caractères, chacun des trois adversaires de Simon s’avérant différemment veules, cupides ou cruels et constituant un joli panier de crabes. Certes les guérilleros ressortent de l’Imagerie d’Epinal et Diane est une nouvelle Templar Girl en détresse. Mais l’interprétation demeure de grande qualité, dominée par la ténébreuse présence du grand Barry Morse, qui parvient à rendre absolument central son rôle de malfrat peu relevé en soi. Jennie Linden se révèle convaincante et absolument charmante dans une légère robe verte lui seyant à merveille. Si la mise en scène de Leslie Norman apparaît efficace, elle ne compense l’absence d’inserts identifiants de ce pays imaginaire par des éléments culturels totalement espagnols (voire andalous) et donc hors sujet ici : abondance de publicités, d’affiches de corrida ou improbable flamenco. Mais on regrette surtout la naïveté d’une conclusion voyant soldats et révolté fraterniser et déposer le dictateur dès la révélation de sa corruption. C’est beaucoup, même à l’échelle de la série !
5. LE TRÉSOR DU PIRATE Date de diffusion : 28 octobre 1966 Le Pr. Roeding, spécialiste du laser, a disparu à Hambourg. A la demande de l’Intelligence Service, mais surtout de sa fille Fran, le Saint accepte d’enquêter sur place. Il va découvrir que Roeding s’était entiché d‘antiquités, à la recherche d’une carte au trésor. Mais il a en fait été manipulé par un gang d’escrocs, dirigé par Kolben. La belle Eva est chargée d’appâter les pigeons et Simon va remonter la filière en se faisant passer pour tel. Kolben a en fait enlevé Roeding en espérant le vendre à l’Est, représenté par le sinistre Roskin. Alors que la majeure partie des autres épisodes débutent par l’arrivée de Simon dans sa destination du jour, The Helpful Pirate innove en le montrant lors de son départ de Londres. L’occasion de dialogues amusants sur le climat proverbial de la capitale britannique ! Mais on rejoint bien vite un schéma très classique des récits d’espionnage de l’époque, avec un Saint cette fois directement commissionné par l’Intelligence Service, en tant que talentueux amateur. Hélas, le récit ne parvient pas à se développer au-delà de figures de style ultra balisées, comme le poncif du scientifique et de sa fille servant de moyen de pression. L’intrigue, toujours prévisible, ne brille pas par son dynamisme : filatures répétitives ou conversations ressassant l’action composent l’essentiel du menu. La mise en scène se montre efficace lors des scènes de bagarre (la griffe de Roy Ward Baker), mais se montre paresseuse par ailleurs, ainsi que dépourvue de tout extérieur. Surtout l’auteur commet une erreur majeure : installer une partie à trois et n’en tirer aucun parti par la suite. Les Soviétiques restent désespéramment inertes, se contentant d’assister en spectateur à l’affrontement entre Kolbel et Templar, suscitant de la sorte d’autres scènes bavardes inutiles. C’est d’autant plus frustrant que de ce fait le toujours excellent Vladek Sheybal demeure en arrière plan et ne bénéfice d’aucune ligne de texte commune avec Roger Moore. Un véritable gâchis, l’acteur sera bien mieux servi chez les New Avengers. L’épisode bénéficie toutefois du charme de deux comédiennes très différentes. L’épanouie et gaie Erika Remberg nous vaut les meilleures scènes de l’opus, lors de ses tentatives d’embobinage d’un Saint riant sous cape. Anneke Wills, arborant déjà l’apparence de Polly, n’a malheureusement que peu à exprimer, son personnage n’étant clairement là que pour se faire enlever. Ray Austin apporte son savoir-faire aux cascades et de jolis inserts évoquent le joyeux Hambourg by night de la Reeperbahn, mais cela n’anime qu’occasionnellement un opus bien morne.
6. UN DRÔLE DE MONSTRE Date de diffusion : 04 novembre 1966 A proximité du Loch Ness, le Saint porte assistance à Ann Clanreith, terrorisée par la découverte d’énormes empreintes de pas. Un chien puis un homme sont tués et la peur du Monstre du Loch Ness s’empare des esprits. L’employeur d’Ann, Noel Bastion, demeure sceptique, tandis que sa femme, la naturaliste et chasseuse experte Eleanor, est persuadée de l’existence de la créature. Elle est aussi très jalouse d’un évident rapprochement entre Ann et Noel. Simon mène l’enquête et découvre que c’est Eleanor qui a provoqué toute cette histoire, pour fournir une explication au meurtre programmé de son mari. L’inépuisable mythe du Monstre du Loch Ness a stimulé l’imagination de biens des auteurs et l’on retrouve Nessie dans nombre de séries télévisées, de La vie privée de Sherlock Holmes aux X-Files, en passant par Doctor Who ou Bewitched. On remarque d’ailleurs que , tout comme lors du Quagmire des W-Files, un chien est envoyé ad patres, comme quoi des tendances perdurent ! En soi Nessie apporte un renouvellement bienvenu aux exploits du Saint, qui s’est jusqu’ici rarement aventuré aux lisières du Fantastique. L’intrigue exploite parfaitement cette dimension, en maintenant l’ambigüité autant que possible, mais aussi un vrai suspense quant à l’explication de l’énigme. La mise en scène de Leslie Norman se montre remarquablement maîtrisée, jouant à merveille de la brume écossaise, tout en mettant en valeur la performance des comédiens. La conclusion horrifique de l’épisode joue la carte de l’ellipse, du fait de la contrainte de moyens. Cela s’avère particulièrement suggestif, comme souvent quand on stimule l’imagination du spectateur. The Convenient Monster ne se limite cependant pas à une simple variation autour de la bête légendaire. Des intrigues secondaires habilement entrecroisés enrichissent et soutiennent le récit, tandis qu’ne atmosphère écossaise se met en place, sans abuser de l’habituel catalogue de clichés. Comme souvent la distribution se révèle de qualité, avec des visages bien connus des amateurs des Avengers. Fulton Mackay (Chadwick dans Le retour des Cybernautes) interprète ainsi un pittoresque clochard, tandis que Caroline Blakiston, loin de la secrétaire de choc de La Dynamo vivante, se montre impeccable en femme obsédée et impitoyable. La sublime Suzan Farmer crève de nouveau l’écran, chacune de es participations au Saint la confirme comme l’une des meilleures féminines d’un Roger Moore une nouvelle fois convaincant. Deux réserves n’entachent pas l’éclatant succès de l’épisode : les passages entre les nombreux superbes extérieurs et inserts s’opèrent trop brusquement avec les passages en studio (un problème récurrent chez Chapeau Melon). Surtout, on regrette que pour une fois que l’on rencontre une femme forte dans cette série, elle soit dépeinte en tueuse désaxée. Décidément la série se montre réticente sur ce sujet.
7. LE DIAMANT Date de diffusion : 11 novembre 1966 Lord Cranmore convie son célèbre ami, Simon Templar, dans sa somptueuse résidence. Il lui confie que des revers de fortune l’obligent à de séparer d’un diamant, l’Œil de l’Ange. Malgré la farouche opposition de son neveu demande à Simon d’accompagner son bras droit, Upwater et la fille de celle-ci Mabel, à Amsterdam, où doit se dérouler la vente. Le Saint fait face à plusieurs attaques. Arrivés sur place, Upwater lui affirme que l’expert diamantaire lui a dérobé le joyau et lui propose d’aller cambrioler son coffre-fort. Simon mène l’enquête et découvre qu’Upwater a tout manigancé, prévoyant de le rendre responsable du vol. Episode relativement mineur que The Angel's Eye, du fait d’un scénario amplement usité au cours de la série et ne dégageant aucune réel point fort. Sur un thème finalement similaire, le récent The Queen’s Ranson s’était ainsi montré autrement marquant. L’auteur Harry W. Junkin a toutefois suffisament de métier pour maintenir un suspense et un doute persistant sur l’identité du réel adversaire de Simon, le neveu se voyant habilement paré de tous les attributs du parfait suspect. Le temps libre suscité par la minceur de l’intrigue se voit en partie dédié à une intéressante visite touristique des canaux et autres lieux culturels d’Amsterdam, le dépaysement demeurant l’une de valeurs sures de la série. Anvers aurait peut être été plus indiqué qu’Amsterdam, mais qu’importe. L’amateur des Avengers se verra comblé par une participation particulièrement riche de seconds rôles de cette série, toujours impeccables (Donald Pickering, T. P. McKenna, Liam Redmond, etc.) On a ainsi le plaisir de découvrir une charmante Jane Merrow, cette fois brune et non plus blonde comme dans Mission Highly Improbable. Un plus dégourdie que d’autres Templar Girls of the Week, Mabel reste cependant périphérique dans l’action. De ce fait l’épisode n’apporte pas non plus réponse satisfaisante quand à un éventuel remplacement de Diana Rigg ! The Angel's Eye se regarde sans ennui pesant, mais s’oublie prestement.
8. LA FÊTE ROMAINE Date de diffusion : 18 novembre 1966 A Rome, le Saint s’apprête à rencontrer un ami, le journaliste Tony Allard. Celui-ci veut lui révéler des informations concernant un dangereux bandit surnommé « l’homme qui aime les lions ». Mais il est assassiné près du Colisée. Grâce à Claudia, la fiancée de Tony, le Saint explore les indices que le journaliste a laissés. Il débusque ainsi Tiberio, chef d’un réseau criminel et obsédé par la grandeur de l’Empire romain. Tiberio l’invite à sa villa, où se déroule une somptueuse fête en costumes recréant les fastes impériaux. Mais son véritable but est de livrer le célèbre Simon Templar à ses lions ! Episode particulièrement relevé et cruel que celui-ci, se décomposant en deux parties clairement distinctes, mais résultant toutes deux d’un vif intérêt. La reconstitution par Simon de l’enquête suivie par le journaliste donne lieu à une succession de rencontres hautes en couleurs. Certes chacune d’entre elles exprime un cliché coutumier de l’Italie, mais filmé et interprété avec talent, tout en rappelant finalement cette structure de films à sketchs alors populaire dans la Botte (Les Monstres, 1963). The Man Who Liked Lions trouve cependant toute sa dimension avec la découverte de cette bacchanale endiablée constituant le clou du spectacle, aux effets encore accentués par Roy Ward Baker. Metteur en scène, décorateur et costumiers s’accordent à la rendre spectaculaire, avec un accord plaisamment trouvé entre un décorum antique et un entrain tout à fait Sixties. L’impressionnant duel final à l’épée achève de nous faire basculer dans un excellent péplum, genre dont on retrouve véritablement la saveur. L’amateur des Avengers découvre ici l’une des plus belles pépites que lui réserve les aventures du Saint. On songe évidemment aux fortes convergences existant avec le fade Cette grandeur qu’était Rome des années Cathy Gale, mais le côté orgiaque de cette fête et la brutalité machiste exaltée par Tiberio nous rapprochent finalement davantage du Club de l’Enfer. C’est d’autant plus vrai que la personnalité baroque et hors normes de Peter Wyngarde domine l’ensemble des débats. L’acteur, particulièrement déchainé, se régale à l’évidence de cette version latine (et parfois très gladiateur) de l’inoubliable John Cartney. Il apporte une formidable dynamique à l’épisode, d’autant que son personnage fonctionne parfaitement comme antithèse du Saint. Le choc des deux comédiens principaux tient toutes ses promesses, enfin un (quasi) Diabolical Mastermind face à Simon Templar ! On retrouve également avec plaisir la talentueuse Suzanne Llyod, qui tout comme Wyngarde prend plaisir à employer un divertissant accent italien. On s’étonnera toutefois de la voir devenue absurdement blonde au sein de cette aventure italienne. De même sa Claudia se montre trop éplorée et craintive, on regrette le tempérament bien trempé de sa Gabby dans The High Fence (saison 2). Au chapitre des regrets secondaires, on notera également que le chauffeur de taxi, habituel complice des escapades romaines du Saint, n’est plus interprété par Warren Mitchell. Son remplaçant se montre amusant mais n’a pas sa féconde. Il reste également dommage que Jeremy Young, le redoutable Frant du Club de l’Enfer, ici un policer milieux mais sagace, n’ait aucune scène en commun avec Wyngarde. Comme souvent dans la série, les passages entre inserts et décors résultent brutaux, c’est particulièrement vrai avec les superbes images du Colisée. Flamboyant et captivant de bout en bout, The Man Who Liked Lions n’en demeure pas moins l’un des sommets de la série,
9. LE MEILLEUR PIÈGE Date de diffusion : 25 novembre 1966 A Cannes, Simon connaît une agréable romance avec la belle Nathalie, tandis que plusieurs palaces de la Riviera sont victimes de voleurs bijoux. Il fait également la connaissance d’une dame sympathique et volubile, Bertha. Un cambriolage survenant dans l’hôtel du Saint, il n’en faut pas plus pour que celui-ci soit soupçonné par une vieille connaissance, le Colonel Latignant. Simon mène l’enquête et découvre que le gang est dirigé par une femme inconnue. Or il se trouve que divers éléments semblent accuser Nathalie. Le scénario de The Better Mouse Trap souffre de ne pas ne parvenir pas à dépasser une difficulté inhérente à la série. Tout l’enjeu de l’intrigue réside sur la potentialité que Nathalie soit la coupable, et on n’y croit jamais un seul instant. L’auteur Leigh Vance multiplie les manœuvres pour tenter de semer le doute en la rendant plus affirmée que la moyenne des Templar Girls of the Week, tandis que la caméra de Gordon Flemyng sait s’attarder sur les yeux bleu acier, devenus subitement menaçants, de la belle Alexandra Stewart. Rien n’y fait car la présence de Bertha annihile tout cela. Les personnages n’ayant d’autres justifications que d’apparaître in fine comme les coupables pullulent tout long des saisons et deviennent aisément repérables. L’audace aurait consisté à prendre la problématique à front renversé, ce qui ne survient pas. Pour autant l’opus demeure très distrayant, offrant des scènes d’actions réussies et une romance originale, car considérablement plus poussée qu’à l’ordinaire. Alexandra Stewart se montre très attachantes et la solidité de Martha rend au moins crédible son attraction auprès du Saint. Surtout, sur une trame évoquant vaguement l’ensoleillé La main au collet (1955), l’épisode sait employer l’atmosphère estivale de la Côte d’Azur pour jouer pleinement la carte de la comédie. On retrouve en effet les seconds rôles coutumiers, pittoresques et à l’accent français plaisamment caricatural, permettant aussi à Alexandra Stewart de tirer son épingle du jeu, avec son charmant phrasé. Pour soon ultime tour de piste, le Colonel Latignant se montre en grande forme et bénéficie surtout d’un soutien de choc en la personne de son assistant Alphonse. Incarné par un Ronnie Barker à la fantaisie bien connue des amateurs des Avengers et ici totalement en roue libre, il ajoute une incompétence absolue à une hilarante succession de gags visuels. Difficile de ne pas songer à l’Inspecteur Clouseau, qui vient de débuter son époustouflante carrière en 1963.
10. LA PETITE FILLE PERDUE Date de diffusion : 02 décembre 1966 En Irlande, le Saint sauve la jeune Mildred de deux dangereux individus. Elle lui révèle être la fille cachée d’Hitler, poursuivie par des nazis désireux de rétablir un parti nazi ! Simon suspecte une supercherie et découvre vite que le père de Mildred est en fait d’un riche homme d’affaires. Celui-ci a embauché deux détectives privés pour ramener sa fille, enfuie pour vivre une idylle qu’il réprouve. Le Saint abrite Mildred dans le cottage d’un ami irlandais, Brendan, mais elle est alors enlevée par les deux hommes de main, qui réclament une rançon, Simon apporte la somme au lieu convenu, tout en demeurant dubitatif. Les amateurs des Avengers gouteront particulièrement la scène d’introduction, puisqu’elle permet de découvrir la ST1 franchir l’emblématique pont de Tyke's Water Lake, une fort jolie jonction entre les deux séries. Les péripéties de l’intrigue du jour ne brillent pas par leur originalité, d’autant que l’arnaque, si elle se montre astucieuse, s’évente bien avant le final. Qu’importe, le récit demeure suffisamment mouvementé pour maintenir l’attention et s’orne d’extérieurs bien plus fréquents qu’à l’ordinaire. Une fois dissipé, grâce à l’ironie pince-sans-rire de Roger Moore, le léger malaise du à l’évocation d’Adolf Hitler au sein d’un récit humoristique, le choix de la comédie correspond bien à la légèreté de l’argument. Le grand atout de l’épisode demeure en définitive l’excellent choix de ses comédiens. Noel Purcell incarne à merveille un Irlandais expansif et évidemment grand amateur de bière. June Ritchie se montre irrésistible en jeune fille délurée et mentant comme elle respire mais au charme juvénile appelant à l’indulgence. On comprend sans peine que le saint manifeste une nouvelle fois une sympathie canaille avec les escrocs astucieux s’en prenant aux riches, d’autant plus quand ils appartiennent au beau sexe ! Sans réellement défrayer la chronique, Little Girl Lost parvient à distraire par son ton enlevé et plaisamment cynique.
11. ULTRA SECRET Date de diffusion : 09 décembre 1966 Après avoir entendu une conversation suspecte à eux pas de Westminster Bridge, Simon se retrouve plongé en pleine aventure. Il se rend en RDA, où un transfuge du Foreign Office d’origine allemande, Eric Redman, l’a précédé. Eric doit remettre des documents ultra secrets, afin de sauver la vie de son père, mais découvre que celui-ci est déjà mort. Le Saint va devoir s’assurer des papiers et faire refranchir le Rideau de fer à Eric, ainsi qu’à son amie, Hanya, tout en étant traqué par les services secrets hostiles. Il est cinq heures, Londres s'éveille... Paper Chase débute avec l'une des plus belles séquences introductives de la série. L'étonnamment mélancolique balade de Simon dans le petit matin londonien, avec en arrière-fond le Parlement et Westminster Bridge, suscite un effet poétique aussi rare que réussi. Mais le Saint se voit bien vite replongé dans une intrigue d'espionnite, classique mais très prenante. La présence du Major Carter (rien à voir avec une blonde astrophysicienne) et d'un commun théâtre des opérations allemand suscite d'ailleurs un intéressant diptyque avec The Helpful Pirate. A cette occasion, on constate une nouvelle fois que les récits d'espionnage se montrent autrement plus intenses que ceux de contre, car immergeant bien davantage le héros dans un environnement hostile. Au lieu d'une plate succession de dialogues, nous découvrons une périlleuse odyssée menée tambour battant, culminant lors d'une fuite éperdue vers le salut. S'il fait preuve de son astuce et de son dynamisme coutumiers, Simon domine d'ailleurs bien moins les débats qu'à l'ordinaire, ce qui véhicule une agréable nouveauté. De fait, sa victoire finale résulte incomplète et amère, une rareté. L'action ne prive pas le récit de sa dimension psychologique. Le destin tragique d'un Redman, écartelé entre deux fidélités, émeut, de même que la soif désespérée de liberté de la résolue mais fragile Hanya. Tous les deux se voient interprétés avec expressivité et talent. Tout ceci demeure certes en terrain connu et les amateurs de 007 s'amuseront à constater que, 50 ans plus tard, Skyfall narre identiquement la traque de la liste des agents britanniques infiltrés. Simon a bien de la chance de vivre dans les Sixties, une simple feuille de papier s'avérant moins volatile et plus facilement destructible qu'un fichier informatique ! Si le Saint n'est pas, lui, confronté à un Génie du Mal, l'opposition demeure suffisamment convaincante pour animer ce récit d'espionnage, guère novateur mais au combien stimulant.
12. LE FUGITIF Date de diffusion : 16 décembre 1966 A Lima, le Saint vole au secours, d’Henry Coleman, riche propriétaire d’une mine, agressé par deux bandits. Simon découvre cependant que Coleman est un fait Hans Kroleich, un ancien nazi responsable de bien des atrocités. Réfugié au Pérou sous une fausse identité il est en fait aux prises avec des agents israéliens désireux de la traduire en justice. Le Saint se range de leur côté. Coleman enlève alors la jeune Maria, fille du médecin local. Le duel final va se dérouler dans sa mine. L’épisode séduit d’emblée, grâce à de superbes vues du centre historique de Lima, superbe cité trop méconnue et surtout par l’originalité de son thème. Hélas, l’on ne ressent que plus durement le prompt retour à des chemins ultra balisés, qui plus est parcourus sur un rythme assez paresseux. Derrière le voile promptement évanoui, on retrouve derechef la damoiselle en détresse chloroformée ou les allées et venues répétitives destinées à meubler. Tout ça pour ça, y compris des affrontements moins spectaculaires que de coutume. Le final de rigueur déçoit particulièrement sur ce point. De manière caractéristique, hormis la péripétie initiale, le groupe israélien demeure totalement inopérant, laissant bien sagement place nette au Saint et multipliant les commentaires stériles, au lieu de susciter un véritable enrichissement narratif. Et cela alors même qu’il est censé constituer un groupe ultra motivé et d’élite (comme dirait le Général de Gaulle). Toutefois, le Saint est aussi une série d’acteurs et l’épisode doit une fière chandelle à ceux-ci, qui l’empêchent de sombrer inexorablement dans l’ennui. John Barrie accomplit une saisissante performance, exprimant avec brio la double nature de Coleman, avec une violence pathologique transparaissant sous le vernis débonnaire et urbain. Les amateurs des Avengers auront le vertige en découvrant la Julia Arnall, impitoyable tueuse très connotée nazie dans Intercrimes, incarner au contraire une épouses effondrée par la découverte de la véritable nature de son mari. Il reste dommage que le personnage soit essentiellement utilisé pour une conclusion inutilement mélodramatique. On s’amusera aussi à reconnaître des acteurs totalement à contre emploi de rôles marquant, tels Roger Delgado (la Première Incarnation du Maître dans Doctor Who) en policier incorruptible ou la jeune Francesca Annis en jeune fille effacée, loin de la pétulante Tuppence. On apprécie également des décors réussis et évocateurs avec aussi de nombreuses publicités espagnoles déjà vues dans The Reluctant Revolution), mais l’épisode n’en demeure pas moins lent et décevant.
Date de diffusion : 23 décembre 1966 Dès son arrivée en gare de Victoria, Diane Gregory manque d’être enlevée par une fausse religieuse, mais elle est promptement sauvée par le célèbre Simon Templar. Mais il s’avère que son frère Mike, un pilote de chasse, a disparu. Il a en fait accepté de livrer à l’Est l’Osprey, un révolutionnaire jet à décollage vertical et sa sœur devait servir de garantie. Le Saint est parachuté à l’endroit où l’avion doit se ravitailler et met hors d’état de nuire l’opposition. Il convainc Mike, blessé au cours de l’affrontement, de rapporter l’avion en Angleterre, mais doit l’aider à le piloter. Certes, Flight Plan souffre d’un trop plein de déjà-vu. Toute sa scène inaugurale se rapproche énormément, sur un ton mineur, de son équivalent de The Miracle Tea (saison 3), Victoria se substituant à Waterloo Station. Surtout, si l’on remplace simplement l’Osprey à la liste fatidique, cette histoire où Simon doit ramener un transfuge et son bagage du bon côté du Rideau de fer évoque trait pour trait celle du très récent Paper Chase. Et l’on avouera fort peu goûter que l’on nous repasse ainsi les plats. A sa décharge, cette intrigue ne s’avère qu’un argument ouvrant un récit trépidant, relevant en fait davantage de l’aventure que de l’espionnage. On y trouve intact tout le charme des bandes dessinées d’aviation si populaires à l’époque (Martin Milan, Steve Canyon, Buck Danny ou Natacha, entre autres). Il en va de même de la magie, toujours inaltérée en 2013, de ces avions effilés et vrombissant. Les inserts ascensionnels du Harrier se montrent d’ailleurs aussi impressionnants qu’étonnamment poétiques. Inutile de préciser que le spectateur français éprouvera les pires difficultés à contempler ces images sans évoquer les contemporains Chevaliers du Ciel (cherchant le soleil, ils se rient de la mort). A-côté d’un récit nerveux, enrichi de superbes vues aériennes, l’épisode tire parti d’une superbe galerie de portraits, tant dans l’opposition que chez les alliés du Saint. Elle se voit portée par une distribution aussi divertissante qu’hétéroclite. On s’amuse ainsi à reconnaitre dans un même épisode le complice de Benny Hill (Henry McGee), ou le sémillant Comte du Five Miles to Midnight d’Amicalement vôtre (Ferdy Mayne), en passant par le tireur de La Porte de la Mort (Marne Mailland), entre autres exemples. S’il confirme ne pas figurer le meilleur acteur de sa génération William Gaunt a considérablement gagné en assurance depuis son apparition dans l’opus Un Traître à Zébra des aventurés de Cathy Gale. Cette fois on sent poindre le futur Champion. Si on mentirait en portant aux nues la finesse de son jeu, la spectaculaire Imogen Hassall dégage une vraie présence et l’on éprouve pour elle une chaleureuse sympathie. Face à cette sarabande, la charmante Fiona Lewis manifeste du sentiment mais demeure un tantinet effacée. Il ne manque au tonique Flight Plan qu’un scénario moins rabattu parmi les grands succès de la série.
14. LA ROUTE DE L'ÉVASION Date de diffusion : 30 décembre 1966 L’Inspecteur Teal arrête le célèbre Simon Templar, surpris lors d’un vol de bijoux. Le Saint est incarcéré dans la sinistre prison de Dartmoor, mais il s’agit en fait d’une infiltration menée par les deux compères, destinée à abattre un réseau multipliant les évasions spectaculaires. Simon sympathise avec Wood, truand pittoresque devant prochainement s’enfuir. Après une évasion en hélicoptère, Simon découvre que l’organisation, notamment animée par la perfide Ann, assassine et dépouille ses clients après qu’ils aient récupéré leur butin. Certes l’idée d’une infiltration carcérale et d‘un policier ou justicier sympathisant avec un prisonnier pour pénétrer son organisation ou recueillir des informations ne bouleverse pas par son originalité. Mais, comme si souvent chez le Saint, l’important n’est pas le sujet de l’histoire, mais la manière dont on raconte celle-ci. L’intrigue de Michael Winder maintient un suspense constant jusqu’à son terme et contient nombre d’excellentes idées. Le simulacre initial se poursuit autant qu’il était raisonnablement envisageable, s’enrichissant d’une poursuite automobile et d’autres péripéties finalement inutiles mais rendant palpitant le récit. L’auteur développe un effet miroir habile entre un Wood fruste mais fidèle en amitié et les chefs du réseau, sophistiqués et élégants, mais s’avérant plus crapuleux et déloyaux que leurs clients. On peut y discerner un discours social souvent perceptible chez un Roger Moore fier de ses humbles origines. L’acteur se montre d’ailleurs une nouvelle fois habile metteur en scène, réussissant plusieurs moments spectaculaires, tels l’évasion en hélicoptère, ou l’affrontement final sur la Manche. Sa caméra demeure toujours astucieusement mobile et il s’offre quelques judicieuses audaces, comme le cambriolage tourné caméra sur l’épaule, une rareté dans la série. Moore a également l’excellente idée de profiter de cette halte anglaise dans les périples du Saint pour ouvrir une fenêtre sur le Swinging London. Cela nous vaut de beaux extérieurs et de typiques chansons au sein d’une caractéristique boite de nuit annonçant certains passages des Persuaders. La charmante chanteuse fait songer à une Vénus Smith plus affirmée, tandis que les amateurs des Avengers apprécieront les convergences avec le sujet d’Escape in Time, la fantaisie laissant bien entendu place à un polar bien huilé. Parmi la distribution relevée de cet excellent épisode, se détachent une parfaite Jean Marsh, en incisive responsable des opérations, et un Donald Sutherland à l’orée de sa carrière, aussi prometteur que lors du Dernier des Sept.
15. TENTATIVE DE MEURTRE Date de diffusion : 06 janvier 1967 Le Saint sauve la vie de Jack Liskard, premier ministre d’une colonie africaine venu à Londres pour négocier l’indépendance du pays et victime d’une tentative de meurtre. Liskard fait appel à Simon car il est victime d’un chantage lié à des lettres d’amour écrites à la belle Mary. Celle-ci affirme à Simon que les documents lui ont été volés, mais il découvre qu’elle est liée au complot. Liskard est retrouvé comateux, apparemment après une tentative de suicide. Le Saint soupçonne Anne, son épouse, à qui les lettres sont été envoyées. Mais il s’avère que le responsable est un rival politique. Le syndrome de réemploi transparent des scénarios frappe de nouveau, tant l’on retrouve ici une trame scénaristique proche du Ministre imprudent de la saison 3, jusqu’au détail nautique près. Quelques précautions ou ravalements de façade sont bien entrepris. Il s’agit cette fois d’un premier ministre d’une colonie et non de la métropole, la belle affaire. Les motivations de l’opposition sont politiques et non plus vénales, ce qui ne change strictement rien au déroulement des opérations, de même que la complice féminine s’entiche cette fois du Saint. Le passage à la couleur ne fait que souligner un mise plus indigente qu’à l’ordinaire et demeurant souvent confinée en décors, au long d’un scénario passablement bavard. Fort heureusement, à côté d’un Claude Eustache toujours réjouissant, l’épisode peut s’appuyer sur un double coup de maître concernant le casting. La présence d’une excellent Edward Woodward, bien avant Equalizer, suscite une authentique curiosité. Judy Parfitt, au talent bien connu des amateurs des Avengers, se montre une nouvelle fois admirable avec le saisissant tableau d’une épouse délaissée et à la dérive, trouvant refuge dans la rage impuissante et l’alcool, mais toujours amoureuse. Les deux comédiens apportent toute une dimension dramatique supplémentaire à un récit par ailleurs convenu, jusqu’à une heureuse réconciliation. Tout en s’accordant parfaitement avec Roger Moore, leurs scènes en commun demeurent les plus marquantes d’un remake inavoué et en demi-teinte.
16. LES CHAMPIONNES Date de diffusion : 13 janvier 1967 Au circuit de Brands Hatch, le célèbre Simon Templar fait la connaissance de deux femmes pilotes, la blonde Cynthia et la brune Teresa. Toutes deux se détestent, étant de féroces rivales, en compétition comme dans en amour. Teresa semble ainsi très attirée par Godfrey, le mari de Cynthia. Quand cette dernière est victime d’une tentative de meurtre, la Saint soupçonne Teresa. Il parvient à mettre la main sur le tueur professionnel, qui est abattu avant de révéler son commanditaire. Simon décide de tendre un piège en simulant un accident mortel de Cynthia. L’épidémie de redites de scénarios continue à inexorablement s’étendre au fur et à mesure que la série s’allonge. Avec The Fast Women on retrouve évidemment de nombreux éléments du The Chequered Flag de la saison 4 : la compétition entre deux écuries, un criminel mystérieux, une course à suspense comme final, le Saint aux commandes d’un bolide, etc. Mais, contrairement au récent The Persistent Patriots, l’intrigue comporte quelques changements significatifs vis-à-vis de l’original, dont bien entendu l’inversion du genre des protagonistes. Cela change bien entendu absolument tout à l’atmosphère comme aux interactions avec le héros. Un phénomène bien connu des amateurs des Avengers ayant connu pareil phénomène lors du passage de Death of a Great Dane à The £50,000 Breakfast.Surtout l’intrigue n’est finalement qu’un prétexte à une immersion encore plus aboutie que précédemment dans le monde des courses automobiles des Sixties, si décontractées et joyeuses par rapport à aujourd’hui. La mise en scène bénéficie de superbes et nombreux inserts de courses, ainsi que de vues filmés depuis l’intérieur des bolides. L’ensemble s’avère passionnant et intégré à l’action sans artificialité. Evidemment l’indulgence est requise lors des scènes de cockpit sur fond bleu, mais la couleur nous vaut de belles découvertes des voitures de l’époque. L’ensemble du travail de production se montre de qualité de même que la distribution avec des acteurs et actrices tous idéalement dans leu emploi : Jan Holden en Anglaise demeurant avant tout une femme du monde, Kate O’hara en Italienne pittoresque et extravertie ou John Hollis en tueur. Le numéro de music-hall de celui-ci nous vaut une scène originale et spectaculaire, aux couleurs astucieusement surchargées, très Avengers. Evidement la présence du surdoué John Carson désigne d’emblée le coupable, mais qui s’en soucie ? L’essentiel réside bien dans ce plaisant témoignage sur les sports mécaniques de l’époque.
17. LE JEU DE LA MORT Date de diffusion : 20 janvier 1967 (The Fear Merchants : 21 janvier 1967) A Londres, la Saint est victime d’une succession de spectaculaires meurtres simulés, après lesquels on lui annonce qu’il vient d’être assassiné. Il s’aperçoit qu’il a été à son insu intégré au Jeu de la Mort, une vaste Murder Party grandeur nature dont raffolent les étudiants en psychologie du monde entier. La jeune Jenny lui fait découvrir cette société, à l’apparence festive et aimable. Mais Simon découvre que le Jeu dissimule un sombre complot, le sinistre Vogler et sa complice Gretl attirant en Suisse les compétiteurs les plus performants, afin de sélectionner de potentiels tueurs à gage surdoués. Alors que la saison semblait dériver vers une surcharge de remakes plus ou moins convaincants, The Death Game signifie une divine surprise. En faisant appel à de nouveaux auteurs (Junkin et Kruse, qui, hélas, ne reviendront pas), la série trouve ici une histoire profondément novatrice en son sein, grâce à son sujet original et à son ambiance étrange. De plus, alors que l’épisode est diffusé la veille du lancement des tribulations en couleurs d’Emma Peel, les amateurs des Avengers auront le vif plaisir de reconnaître des résonnances de leur série au cours du récit. En effet, celui-ci évoque des éléments de Meurtres à épisodes, des Aigles, de L’invasion des Terriens ou de L’économe et le sens de l’histoire. Le mix prend bien, suscitant une atmosphère plus décalée qu’à l’accoutumée, marquée par une dégradation savamment progressive. Dans un remarquable effet, les divers rebondissements mènent en effet d’amusantes scénettes potaches à un pur cauchemar. Cette rieuse colonie de vacances helvétique voit sourdre les pulsions homicides, tandis que s’organise l’émergence d’esprits diaboliques, sous la houlette de Vogler. La mise en scène s’élève au diapason, avec tout un travail de photographie et un ensemble de décors subtilement biscornus évoquant le thème prégnant de du dévoiement de l’esprit affleurent sous un brillant et froid intellect. L’environnement informatique souligne cette déshumanisation, tout comme le bureau mégalomane de Vogler. Plus encore que les étudiants tombant progressivement le masque d’urbanité, l’abyssal Vogler incarne superbement la climat si délétère de l’épisode. George Murcell le hisse au rang de véritable Diabolical Mastermind, avec une aura encore plus sombre que le Needle de Meurtres à épisodes. In constitue un duo marquant avec la spectaculaire Gretl, dont on perçoit aisément que le visage d’ange dissimule un beau cas, comme on dit en psychiatrie. Vêtue d’un simili Emmapeeler rouge écarlate, la magnifique Katharine Scofield situe à l’exact opposé de la douce Sabetha de Doctor Who ! La sympathique et juvénile Jenny (excellente Angela Douglas) apporte un précieux contrepoint aux tueurs en herbe, dont elle pointe par contraste la noirceur. Les amateurs d’action seront également comblés par le duel final entre le Saint et les disciples de Vogler.
18. LES AMATEURS D'ART Date de diffusion : 27 janvier 1967 (Escape in Time : 28 janvier 1967) A Paris, le célèbre Simon Templar sauve la belle Natasha d’une tentative d’enlèvement. Il en comprend la cause quand il découvre que Natacha possède une superbe collection de peintures. Elle souhaite vendre trois De Vinci, ce qui excite la convoitise deux groupes, allemand et russe. Natacha est la fille d’un officier allemand ayant rapporté ces peintures de Russie. Les Russes, dirigés par souhaitent leur retour au pays. Après de nombreuses péripéties mouvementées, la jeune femme finit par céder les peintures aux Russes, contre une indemnisation d’un dixième, qu’elle partage avec Simon. Après l’originalité féconde de The Death Game, on retrouve ici en abondances des situations abondamment usitées précédemment. L’argument en lui même est un claire décalque de celui de The Spanish Cow (saison 4), aves les transpositions habituelles visant à limiter l’effet de déjà-vu. Les tableaux se substituent aux bijoux et l’opposition Allemands/Russes à la confrontation entre les tenants des deux régimes, mais les postures principales demeurent tout à fait semblables. Pour le reste bagarres, enlèvements et substitution d’identité relèvent du quotidien de la série. Mais l’épisode a la bonne idée de se situer à paris, destination de prédilection entre toutes pour Simon. Comme à l’accoutumée on se régale des accents joyeusement caricaturaux et de phrases en français dans le texte, ainsi que de jolis inserts et décors représentant la Capitale. On se réjouit également de la présence de la ST1, la France demeurant la seule destination étrangère où elle figure, sans doute par la grâce des ferrys ! Par ailleurs les péripéties se succèdent à un rythme satisfaisant et ont la bonne idée de rester bon enfant. Voire de virer franchement à la comédie quand un mini vaudeville s’instaure autour des caisses censées contenir les tableaux et infailliblement vidées en secret par un Simon visiblement très amusé. Ce ton très parisien convient à Ann Bell, qui, sans absolument être la meilleure actrice figurant dans la série, apporte du piquant à une Natasha s’avérant une rude cocotte, vénale et au culot d’acier, au demeurant sympathique. Serge, agent soviétique suave, privilégiant l’astuce à la force brute, et au bon droit reconnu, apporte cette fois une vraie originalité à l’opus. Il n’est pas si fréquent de voir le récit se conclure par le Saint sablant le champagne avec l’opposition ! Peter Bowles (que l’on piouvait retrouver le lendemain de la diffusion de l’épisode dans Escape in Time) excelle sur ce registre, très différent du rude agent secret des Evadés du monastère.
Date de diffusion : 24 février 1967 (The Living Dead : 25 février 1967) A Paris, le Saint est victime d'une maladroite tentative de meurtre, perpétrée par la charmante Annette. Verrier, patron de boite de nuit lié au Milieu, est persuadé que le célèbre Simon Templar veut l'abattre, alors que le dénommé Fellows veut racheter son établissement. Il a engagé des tueurs pour frapper le premier et Annette désire ainsi gagner sa confiance, pour s'en rapprocher et exercer une vengeance familiale. Le Saint simule sa propre mort et se fait passer pour l'exécuteur auprès de Verrier. Il s'avère que le responsable de la rumeur est André, bras droit de Verrier, désireux de provoquer sa chute. André est abattu lors d'un affrontement final entre les trois hommes Tout règle comporte ses exceptions, comme l'illustre ce morose To Kill a Saint, rare escapade décevante du Saint au sein de ce paris lui convenant d'habitude à merveille. Il faut dire que l'épisode prend le parti exactement opposé au précédent et divertissant The Art Collectors, substituant une intrigue inutilement complexe à une histoire judicieusement légère, et des postures souvent mélodramatiques (quel final !) au ton de comédie tirant vers un vaudeville très français. La multiplicité des personnages et des péripéties tirées par les cheveux, conduit à un grand nombre de scènes bavardes, aux personnages datés et empesés. Tout ce polar amidonné donne furieusement envie de se replonger dans un vieux San-Antonio des familles. Afin d'insérer à marche forcée l'inévitable Templar Girl of the Week dans ce qui demeure par essence une histoire d'hommes, le scénariste recoure maladroitement à un biais narratif aussi peu crédible que derechef larmoyant.
20. LES FAUX-MONNAYEURS Date de diffusion : 03 mars 1967 (The Hidden Tiger : 04 mars 1967) Dans la campagne anglaise, Simon vient en aide au pilote d’un avion s’étant écrasé. Mais celui-ci s’enfuit après avoir tenté de l’abattre. A bord, le Saint découvre de la fausse monnaie. L’enquête va le faire remonter un réseau international, dirigé depuis Chamonix par la séduisante et impitoyable Comtesse Nadine. Un premier affrontement se déroule dans une boite de nuit parisienne, où Simon fait la connaissance de la belle Mireille, ainsi que d’Yvette, sosie de la Comtesse. Comme souvent au sein de cette série, les péripéties ne s‘extraient pas des conventions du genre. Bagarre, voiture aux freins coupés sur une descente montagneuse ou somnifère versé subrepticement dans un verre ne déparent pas d’une imagerie maintes fois vu par ailleurs. Néanmoins, outre des dialogues souvent amusants entre Simon et des dames, l’action se révèle plaisamment soutenue. Les dépaysements successifs du récit apportent un renouvellement bienvenu, de même qu’un souffle supplémentaire, même si aurait apprécié un développement supplémentaire de la découverte de Chamonix. Le cocktail entre suspense et action ressort bien dosé, avec un scénario évitant au maximum les phases verbales statiques. Les différents personnages font l’objet d’une véritable caractérisation et se voient portés par des comédiens chevronnées, rompus à l’exercice par de multiples participations aux séries de l’époque, dont les Avengers. Derek Newark excelle ainsi en homme de main brutal et le toujours parfait Philip Madoc en patron de night-club davantage sémillant (et anti d’un angora blanc n’étant pas sans évoquer Blofeld). Sur le point d’accéder à la célébrité avec Les Champions, La sublime Alexandra Bastedo bénéficie de davantage d’exposition que lors de Le crime du siècle. Kate O’Mara apparaît en vedette de l’épisode, apportant d’excellentes scènes de séduction matoise vis-à-vis du Saint. Sans résulter absolument saillant, cet opus divertissant se situe dans une très bonne moyenne.
21. DALILA A DISPARU Date de diffusion : 24 mars 1967 Le célèbre Simon Templar visite Cinecittà en compagnie de Beth, chargée de relations publiques. Le tournage du péplum Samson et Dalila se déroule, avec l’éruptive star Serena Harris. Cette dernière, avec son partenaire, est spectaculairement enlevée et le Saint s’aperçoit que nombreux sont les suspects ayant d’exécrables relations avec elle (metteur en scène, mari, agent). Le producteur Vittorini réunit la rançon, que le Saint va suivre afin de remonter la piste. Qu’importent que les péripéties demeurassent bien minimalistes à l’aune du polar, ou que le coupable devienne évident dès les prémices du récit. Simon et Dalilah (jeu de mot curieusement perdu dans le titre français) s’impose avant tout comme une irrésistible comédie à l’italienne, doublée d’une évocation joyeusement cynique du monde du cinéma. Ce dernier apparaît riche en ego surdimensionnés et en personnage pittoresques, mais surtout dominé par l’appétit du gain, du producteur au dessinateur des décors. Les différents métiers du Septième Art se voient habilement croqués durant les passionnantes mais trop brèves séquences initiales. Celles-ci montrent l’envers du décor des studios d’Estree, tout comme, sur un ton majeur, le grand épisode des Avengers qu’est Epic. Cinecittà constituait décidément un passage autant obligé que réussi pour le justicier international anglais! Deux duos assurent le succès de cet opus haut en couleurs. Simon et Beth partagent le même regard incisif et amusé sur ce petit univers, avec des dialogues finement ciselés et toute la complicité entre Roger Moore et Lois Maxwell. Les combats de Simon résultent juridiquement plus chorégraphiés et truculents qu’à l’ordinaire, à l’italienne. Le ton tourne à la franche comédie, avec les deux comédiens enlevés, totalement infatués et déconnectés du réel, préoccupés de savoir qui vaudra la rançon la plus élevée. Le scénario a la bonne idée de les voir tenter de s’évader en reconstituant une scène de films d’aventures, ce qui n’est pas sans évoquer le QQF des Avengers, mais même ici le Saint ne cède pas totalement à la fantaisie ! La superbe Suzanne lloyd, décidément totalement différente d’un épisode à l’autre, donne ici une savoureuse caricature de diva de cinéma, au généreux décolleté effectivement très péplum. Mais le clou du spectacle revient à un Ronald Radd totalement en roue libre, crevant l’écran avec ce producteur surexcité, comediante, tragediante.
22. LE TRÉSOR MYSTÉRIEUX Date de diffusion : 07 avril 1967 (The Superlative Seven : 08 avril 1967) A l’invitation de Cody, l’un de ses amis, le célèbre Simon Templar se rend dans les Caraïbes. Mais Cody n’a que le temps d’évoquer un mystérieux trésor avant d’être assassiné. Le Saint s’intéresse à l’employeur du disparu, le Dr. Krayford, de même que la journaliste Maria Clayton. Krayford travaille à la mise au point d’une panacée universelle, mais le financement de ses recherches dissimule un sombre secret. L’épisode compte à son actif une reconstitution réussie de l’atmosphère si particulière des Caraïbes, charriant bien évidemment son lot de clichés, mais telle est la loi du genre. Filmés non sans talents répondent ainsi à l’appel plusieurs passages obligés, tels les meurtres exotiques (sarbacane ou serpent), les calypsos mélodieuses ou les personnalités pittoresques tel l’inspecteur local. Dans la cas de Roger Moore s’y ajoute l’intérêt d’une relative proximité avec Live and let die. D’ailleurs la convergence avec 007 se pimente d’une jolie réplique d’un truand à qui le Saint demande l’origine de l’or : « Goldfinger nous l’a donné, il l’a pris à Fort Knox ». Ces scénettes, auxquels se rajoutent plusieurs jolis inserts, ne parviennent pas à aérer un récit statique et étouffant, voulant sans doute s’inscrire dans la tradition du roman noir, mais au final s’avérant surtout mélodramatique. Outre un rythme lent subi après un alerte premier quart d’heure, la faute en revient également à une distribution moins talentueuse qu’à l’ordinaire. Les acteurs surlouent sans guère de panache et l’habituellement excellent David Bauer ne peut sauver un Krayford emphatique et déclamatoire. On apprécie toutefois les efforts méritoires de la piquante Sue Lloyd en simili Lois Lane pour électriser cet épisode sentencieux.
23. PIÈGES EN TOUS GENRES Date de diffusion : 21 avril 1967 (Something Nasty in the Nursery : 22 avril 1967) Une compagne de meurtres d’agents occidentaux se déroule, mais de nombreux soviétiques périssent également, victimes de gadgets trafiqués. Alors que la tension va crescendo entre l’Est et l’Ouest, le Saint et le colonel du KGB Tania Smolenko vont s’allier afin de résoudre cette ténébreuse affaire. Leur enquête les mène à Paris, puis en Suisse, d’où a été expédiée une lettre piégée destinée au Colonel. Simon et Tania vont découvrir que les Chinois sont derrière ce complot, cherchant à provoquer un conflit entre les deux Blocs, à leur propre avantage. The Gadget Lovers constitue une épatante et tonique comédie détournant les Spy Shows occupant largement les petits et grands écrans des Sixties. On s’amuse franchement tout au long de cette aventure échevelée, ponctuée d’explosions cocasses et inattendues (n’importe quoi peut sauter n’importe quand), de scènes emblématiques accentuées jusqu’au pastiche, du gai Paris ou d’apparitions totalement absurdes de Chinois occupant tout un couvent Suisse. Kaos n’est pas loin, de même que les Barbouzes de Georges Lautner (1964). Si l’épisode sait conserver suffisamment de sérieux pour ne pas verser totalement dans la farce, les personnages sont croqués avec une piquante dérision. Ils se voient également interprétés par d’excellents acteurs, aux côtés d’un Roger Moore particulièrement impérial. Les frustes gros bras soviétiques encadrent idéalement une Tania plus fine, évidement caricaturale, mais sans jamais avoisiner les outrances de l’Olga des Avengers. Si elle cède évidement au charme du Saint, elle n’en représente pas moins le premier personnage féminin de la série à se mêler directement aux affrontements, une précieuse innovation. Le major anglais et le colonel chinois, plaisamment caricaturaux, complètent ce panorama croquignolet de l’espionnite, où bien entendu la partie française se résume au Champagne et aux cabarets de Pigalle. Mais l’intérêt de The Gadget Lovers se voit doublé par ce qu’il annonce de la future filmographie de Roger Moore. Certes les convergences avec les Avengers demeurent nombreuses, des gadgets létaux de Teddy Bear à l’alliance finalement très proche de Meurtres distingués, en passant par la présence de Campbell Singer (le major Bee de Qui suis-je ???) en responsable britannique assistant similairement au massacre de ses troupes. Mais cette fois c’est avant tout James Bond que l’on a en tête, en particulier l’association voisine avec l’Anya Amasova de The Spy Who Love Me, au scénario très voisin. Les Chinois avaient également été désignés comme tierce force poussant à l’affrontement des Blocs dans You Only Live Twice.
24. COPIES CONFORMES Date de diffusion : 05 mai 1967 (Who's Who ?? : 06 mai 1967) A la demande de Lord Gillingham, un joaillier ami de Simon réalise la copie d'un superbe collier de diamants, mais est ensuite assassiné. Le Saint découvre que la commande a été en fait effectuée par, Kate, la secrétaire du Lord, acoquinée à une bande de malfrat désireux de procéder à un échange durant un défilé de mode. Mais le collier volé est lui même une copie, les versions étant portées par des sœurs jumelles mannequins. Déjoué, le gang enlève alors Mary, la fille de Lord Gillingham, mais est finalement dupé par Simon, à Paris. Ce récit nerveux et aux nombreux rebondissements se suit avec un vif plaisir. Derrière les habituels affrontements opposant le Saint et ses antagonistes, on y retrouve toue la saveur des histoires de chasse au trésor, avec cet insaisissable collier voyageur, dissimulé ses copies. De fait le récit optimise le thème du double, bien connu des amateurs des Avengers, en n’hésitant pas à cumuler jumelles et colifichets ! Le ton itinérant de l’action de l’histoire lui impulse un tonus supplémentaire, d’une famille aristocratique anglaise archétypale au petit monde de Pigalle. On remarque que, si cette saison circonscrit davantage les tribulations du Saint à l’Europe, elle n’hésite pas à faire voyager le héros en cours de récit. Un pari gagnant, de même que le récente prédiction pour l’insertion de chanson. Sans se départir des clichés coutumiers, l’épisode s’adorne également d’une profusion de jolis minois, ainsi que de très bonnes idées. Il en va ici du notable laps de temps accordé au défilé de mode. Cette originalité au sein de la série s’avère visuellement fort réussie, tant du point de vue des costumes que des charmants mannequins, pour un effet plus glamour que son équivalent de Two is a crowd. Indiquer l’identité des coupables représente un choix judicieux, accordant davantage de liberté pour le développement des péripéties. Outre de pittoresques seconds rôles, On s’amusera également de découvrir Yolande Turner et Cecil Parker restituer le duo Miss Pegram/Glover d’Un petit déjeuner trop lourd, mais dans des positions sociales inversées. Yolande Turner, toujours impeccable, convainc dans ce rôle davantage dramatique qu’à l’ordinaire, à côté de jeunes comédiennes manquante encore souvent de métier.
25. UN VIEIL AMI Date de diffusion : 19 mai 1967 Le jeune sculpteur Perry s'en prend au célèbre Simon Templar, l'accusant d'avoir des vues sur sa fiancée, Cassie. Mais Perry est assassiné par le sinistre Vogler, désireux de faire porter la responsabilité du crime sur le Saint, afin de venger de la ruine de ses plans (The Death Game). Cassie et le Saint vont s'allier à l'Inspecteur Teal pour révéler la vérité, recevant au passage l'aide d'un groupe de jeunes hippies. Suite de l’absolument remarquable The Death Game, l’épisode souffre d’apparaître au combien moins ambitieux et abouti que son devancier. Certes l’introduction séduit par son mystère original et sa situation quasi hitchcockienne, voyant le héros plongé dans une situation totalement incompréhensible et menaçante. Sauf qu’ici nous n’avons pas affaire à un quidam dépassé, mais bien à Simon Templar, le Saint ! Après cette mise en bouche, c’est bien simple, tout va de mal en pis. L’intrigue devient statique et s’attarde beaucoup trop dans le studio du défunt artiste, sans doute pour rentabiliser un impressionnant décor, relevé d’art moderne. Les péripéties s’avèrent ensuite convenues et minimalistes, mais surtout lestées du boulet représenté par le groupe des hippies. D’abord amusante ouverture sur l’environnement contemporain de la série (le fameux Summer of Love s’annonce), au plaisant humour potache, les joyeux hurluberlus lassent rapidement. Ils se montrent répétitifs dans leurs version Sixties du clip Wannabe des Spice Girls et occupent une place toujours plus absurdement prépondérante au sein d’une intrigue s’effilochant concomitamment. Jusqu’à aboutir à un final au débridé qu’inconsistant et inachevé, à l’image de ce que connaît le pastiche de Casino Royale en cette même année 1967. On pourra apprécier la présence plus importante qu’à l’accoutumée du savoureux Inspecteur Teal (la confrontation avec les Hippies se montre effectivement divertissante) ou les répliques amusantes décochées par une Pauline Munroe ne manquant pas de chien. Surtout George Murcell brille de nouveau en incarnat un derechef sinistre et machiavélique Vogel, clairement connoté Blofeld, et qui bénéficie ici du Retour de la Vengeance de rigueur. Qu’il soit le seul ennemi de Templar a ainsi revenir reste une bonne idée en soi. Mais demeure la sensation d’un épisode cherchant plus à coller avec opportunisme à l’air du temps qu’à bâtir une réelle histoire.
26. QUI EST LE TRAÎTRE ? Date de diffusion : 02 juin 1967 Après s'être vanté de pourvoir facilement faire évader un espion soviétique détenu, le célèbre Simon Templar est contacté par l'Intelligence Service, pour qu'il exfiltre John Spring, qui est en fait un agent double. Son épouse se joint à cette demande. Le Saint va faire équipe avec la belle Toby Robins, afin de circonvenir l'Inspecteur Teal, chargé de la surveillance du prisonnier .En fait les services russes se sont fait passer pour les anglais, afin de manipuler le Saint. Mais celui-ci évente la ruse et va prendre ses adversaires à leur propre piège. La présence du toujours épatant George Pastell, de la Riviera française et de l’emblématique aéroport de Nice-Côte d’Azur permet de boucler joliment la boucle avec The Queen’s Ransom, l’épisode inaugural de la saison. Pour le reste celle-ci s’achève sur un opus non déplaisant mais relativement mineur. L’histoire se contorsionne et s’alambique à l’excès afin de parvenir à la chute souhaitée. Il en découle de nombreuses scènes de mise en place redent le récit bavard et au final très pauvre en action. L’utilisation habile du thème du double jeu, l’un des piliers du récit d’espionnage, maintient néanmoins l’intérêt. Le Saint demeure également agréablement itinérant au sein d’un même épisode et voit son amitié avec Claude Eustache agréablement mise en avant. La mise en scène ne peut guère susciter d’étincelles dans ces conditions et doit s’appuyer sur des décors plus minimalistes qu’à l’accoutumée. Une faiblesse compensée par de nombreux extérieur agrémentés de superbes voitures d’époque et de plans de Mews ressemblant trait pour trait à la rue où réside un certain John Steed. Au sein d’une distribution assez automne, les amateurs des Avengers auront le plaisir de reconnaître un Allan Cuthbertson nettement au-dessus. L’un dans l’autre un épisode respectable, souffrant surtout d’une incapacité à apporter une conclusion relevée à cette saison par ailleurs réussie. Il faut dire que jamais la série ne marquera cette occurrence par un opus particulier, les cliffhangers conclusifs étant encore rarement à la mode dans les Sixties, hormis chez le Docteur.
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