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 saison 5Présentation

Le Saint

Saison 6


1. ANTIQUITÉS
(THE GADIC COLLECTION)



Date de diffusion : 22 septembre 1968 (The Forget Me Knot : 25 septembre 1968)

Le Saint se rend à Istanbul pour assister à l’exposition d’une fabuleuse collection d’antiquités, récemment restaurée. Mais Il s’avère que Kemal, talentueux copiste, a remplacé les pièces par des copies, aidé, par sa séduisante nièce, Diya. La police suspecte le Saint, de même que Turen, richissime collectionneur fanatique qui n’hésite par à le kidnapper puis à le torturer. Simon parvient à s’évader avec l’aide de Diya, l’épouse de Turen haïssant ce dernier. Il s’associe à Ayesha quand Kemal est assassiné par un associé. Les pièces sont restituées aux autorités et le Saint dupe Turen en lui revendant à prix d’or les copies.

Cette ultime saison des aventures de notre chevalier errant anglais débute par un opus de fort bon aloi. La multiplicité des forces en présence suscite de nombreux rebondissements, certes classiques, amis efficacement amenés par le scénario. Le suspense demeure constant, alors que le Saint se voit plongé dans une situation fort délicate, traqué autant par une police autrement plus brutale que l’Inspecteur Teal, et par tout un aréopage de malfrats hauts en couleur. L’intrigue, fort prenant,  revête vite l’allure d’une poursuite effrénée, où Simon doit sans cesse faire feu de tout bois. La mise en scène de Freddie Francis se montre alerte, tandis que des inserts s’affranchissent  de la carte postale pour nous immerger dans le si vivant Istanbul de l’époque. Les décors bénéficient de jolis colifichets et ouvrages d’art, exploitant parfaitement le thème de l’exposition. L’épisode rend de fait un bel hommage à cette ville mythique emblématique des récits policiers d’espionnage des Sixties (From Russia With Love, Topkapi) Les scènes d’action se multiplient, mais sans sacrifier une réjouissante galerie de portraits, portée par d’excellents comédiens.

Parmi de nombreux seconds rôles servis par des acteurs éprouvés, Martin Benson, tout à fait dans son emploi,  excelle dans le rôle d’un policier aussi rude que madré. Le clou du spectacle demeure évidemment la prestation une nouvelle fois en roue libre du fabuleux Peter Wyngarde. Celui-ci aussi génialement excessif que lors de La fête romaine, le Levantin sybarite, cruel et mégalomane succède avec succès à son alter ego romain, de même que le supplice des murs se refermant sur Simon vaut bien celui des lions. On apprécie que le récit rende justice au comédien en prenant le temps d’insérer des scènes de dialogues savoureusement théâtraux, avec le Saint ou son épouse. Georgia Brown se montre d’ailleurs tout à fait pétillante dans le rôle de la vénale et énergique Dyla, largement aussi spectaculaire que son mari et formant une partenaire à part entière du héros. Par contre Ayesha se limite à la charmante damoiselle en détresse habituelle. Antiquités sacrifie d’ailleurs à quelques autres clichés de la série (ami de Simon assassiné, félon discernable depuis la stratosphère), mais, avec son tonique alliage d’action, de charme, d’humours et d’exotisme, il  constitue une parfaite mise en valeur de l’univers du Saint.

  • Le scénario reste l’un des très rares de la série à avoir reçu une totale approbation de Leslie Charteris. Etrangement le nom aucun scénariste n’a été révélé par la production lors de la diffusion, même si Philip Broadley fut plus tard évoqué.
  • Pour représenter la ville, Freddie Francis, le metteur en scène de l’épisode, a utilisé des chutes d’un pré tournage qu’il avait réalisé à Istanbul, pour un film qui ne se fit finalement pas.  
  • Georgia Brown (Dyla) a débuté comme chanteuse de cabaret. Par la suite elle fut surtout une comédienne de théâtre, tout en enregistrant plusieurs albums jazzy. Amie de la chanteuse de jazz Annie Ross, elle participa aux débuts du trio vocal Lambert, Hendricks & Ross, qui connut un grand succès au cours des années 60. Elle a choisit son nom de scène en référence à un standard de 1925, Sweet Georgia Brown.
  • Nicole Shelby (Ayesha) participa à l’épisode de chapeau Melon They Keep Killing Steed, où elle est l’une des jeunes filles poursuivant le Baron Von Kurt. Elle reste surtout connue pour sa participation au show de Benny Hill, durant les années 70.
  • Peter Wyngarde (Turen) demeure un méorable invité des Avengers (Le Club de l'Enfer, Caméra meurtre. Il est né à Marseille. Enfant, il fut détenu dans le camp de Lung-Hai en Chine après l'invasion japonaise en 1941. Le rôle de Jason King dans les séries Département S (1969-70), puis Jason King (1971-72) centrées sur son seul personnage, l'a rendu célèbre, notamment pour sa moustache et ses cravates flamboyantes. Auparavant, il avait tourné dans Le Saint (deux épisodes) et Le Prisonnier (Numéro 2 dans Échec et mat). Sa dernière apparition à l'écran remonte à 1994 dans un épisode des Mémoires de Sherlock Holmes

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2. LE NOYÉ
(THE BEST LAID SCHEMES)

Date de diffusion : 29 septembre 1968 (Game : 02 octobre 1968)

Sur le littoral anglais, le Saint vient en aide à la jeune Diana. Celle-ci est terrorisée, car venant de découvrir le corps de son oncle, le Capitaine Fleming, victime d’une noyade. Ce dernier était propriétaire d’une vaste flotte de pèche mais subissait les attaques d’un concurrent, Ballard. Peu de temps après, Arlène, la veuve, affirme reçoit des coups de téléphone en provenance de son défunt mari ! Les phénomènes étranges se multiplient et Arlène, nerveusement épuisée, doit être hospitalisée par le Dr. Ormsby. Le Saint mène l’enquête pour découvrir la vérité dissimulée derrière ces prétendues manifestations de l’au-delà.

Le Noyé compose un superbe épisode d’atmosphère. Depuis La Quatrième Dimension jusqu’au contemporain Supernatural, les appels téléphoniques ne provenance de l’Au-delà ont toujours généré des atmosphères énigmatiques et effrayantes, et le présent opus ne déroge certes pas à la règle. La fatidique communication produit pleinement son effet introduisant une bascule dans une tonalité aux lisières du Fantastique, originale au sein de la série. Les différences scènes développant cet aspect relèvent de l’arsenal bien connu des histoires de maison hantée, mais mises en scène avec efficacité par la mise en scène de John Moxley. Celui-ci joue avec maîtrise de la musique et d’angles suggestifs. Un admirable travail de photographie en teintes froides apporte également beaucoup à l’ambiance étonnamment angoissante du récit, prolongeant d’ailleurs les nombreuses superbes scènes en extérieures ‘littoral, villages de pêcheurs).

Le grand atout de l’épisode demeure la remarquable prestation de Sylvia Syms, exprimant de manière parfaitement crédible l’effroi exprimé par Arlène. Les auteurs ont l’intelligence de lui accorder de nombreuses scènes en quasi solo, sans la présence d’un Roger Moore traditionnellement si omniprésent. Un pari audacieux mais remporté haut la main, tandis que d’excellents acteurs, comme souvent également vus chez les Avengers (Gabrielle Drake, Fulton Mackay, etc.) complètent agréablement la distribution. Le scénario hésite malheureusement entre deux genres se développant en Whodunit crapuleux, alors qu’aucun des suspects envisagés n’aurait réellement intérêt à une éventuelle mise en scène. Le récit ne parvient pas dépasser cette difficulté, d’où parfois une impression d’artificialité. On reste extérieur à cet aspect jusqu’à la révélation du pot aux roses par Simon, avec un drame amoureux s’accordant in extremis à la tonalité dramatique impulsée par la réalisation.

  • Après son apprentissage à la RADA, Sylvia Syms (Arlene) connut une belle carrière au cinéma. Toujours active aujourd’hui, elle participe depuis 2007 à EastEnders, soap au long cours de la BBC.  Elle va jouer dans  quatre épisodes du Saint, dont The Fiction Makers.
  • Gabrielle Drake (Diana) a travaillé comme fille au pair à Paris avant de s'inscrire à la RADA (Royal Academy of Dramatic Art, l'équivalent du Conservatoire français). Elle a été testée pour jouer les rôles d'Emma Peel et de Tara King. Elle avait un rôle majeur dans la série UFO (1970) et a participé aux séries Les Champions et Les Professionnels (de Brian Clemens). Dans Chapeau Melon, Gabrielle Darke interprète la féline Angora (Le tigre caché) et la Penny de Méfiez-vous des morts. Elle est apparue dans quelques rôles mineurs assez déshabillés au cinéma au début des années 70 et elle est la voix du livre audio The Kama Sutra (1994). Elle vit dans une abbaye médiévale dans les Midland.
  • Le littoral le long duquel roule la ST1 de Simon tout au long de l’épisode est celui de Lowestoft, dans le Norfolk. Il s'agit du point le plus oriental des îles britanniques. De ce fait, il s'agit du site ayant reçu le plus de bombardements par habitant durant la seconde guerre mondiale. Depuis toujours un port de pêche, Lowestoft connaît une profonde évolution durant les années 60, avec le début de l'exploitation du pétrole de Mer du Nord. La veille servira de base logistique et technique aux différentes plateformes offshore.
  • Le titre original de l’épisode, repris comme souvent dans la tirade finale du Saint, est une citation de vers d’un célèbre poème de l’écossais Robert Burns (To a Mouse, 1785) :

The best-laid schemes o' mice an' men
Gang aft agley,
An' lea'e us nought but grief an' pain,
For promis'd joy!

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3. LA PIÈCE D'OR
(INVITATION TO DANGER)

Date de diffusion : 06 octobre 1968 (The Super Secret Cypher Snatch : 09 octobre 1968)

Dans un casino londonien, le Saint vole à la rescousse de la belle Reb Denning, victime d’une agression. La superbe blonde lui révèle être un agent secret de la CIA et adresse au célèbre Simon Templar une invitation au danger : elle lui demande de l’aider à démasquer le réseau ennemi dont l’établissement est la couverture. Le Saint relève le défi, ce qui va le plonger dans une aventure particulièrement mouvementée. Reb va toutefois s’avérer être une redoutable arnaqueuse, désireuse de dérober le pactole du casino.

Lors de ses précédentes participations à la série, Terry Nation avait su apporter du sang neuf aux aventures du Saint, catapultant Simon dans des domaines aussi novateurs au sein de la série que la Science-fiction (Le laboratoire secret), le Fantastique (Sibao) ou le film de guerre (.a griffe du tigre). Dans un premier temps on ressent donc une déception certaine en le découvrant renoncer à ce renouvellement, pour se cantonner au secteur si rebattu du policier. Mais l’auteur parvient néanmoins à apporter une précieuse touche personnelle conférant une vraie originalité au scénario d’Invitation to Danger. En effet, au lieu de développer un intrigue linéaire, il déploie de nombreux thèmes emblématiques du genre, sur un rythme effréné (l’enlèvement, la damoiselle en péril, objet mystère, l’affrontement, les malfrats, la poursuite automobile…), lors d’un ensemble de prime abord inexplicable. La suite du scénario devient une astucieuse résolution du puzzle, avec la sublime Reb comme agréable tireuse de ficelles.

Nation accompagne cet aspect plaisamment énigmatique de plusieurs belles audaces en rupture ave les clichés de la série. L’ami rituel de Simon se révèle pour une fois un félon cupide. De plus le ton général reste celui d’un polar noir et violent, alors que les récits d’escroquerie étaient plutôt jusqu’ici traités sous l’angle comique, avec une complicité canaille de Simon. Rien de semblable ici, même si l’épisode joue sur l’évidente complicité entre Roger Moore et Shirley Eaton pour susciter quelques étincelles. L’actrice n’est sans doute pas la plus douée de sa génération mais sa beauté illumine réellement l’épisode. Même si les gangsters apparaissent derechef bien trop classiques, la présence de Julian Glover apporte une indéniable valeur ajoutée, Conjointement à Shirley Eaton, elle vaut un plaisant cachet 007 à l’opus, treize ans avant les retrouvailles avec Roger Moore dans Rien que pour vos yeux. Tout en refusant élégamment de se mettre en avant, Roger Moore se montre de nouveau efficace derrière la caméra, réussissant notamment plusieurs scènes d’action spectaculaires, ainsi qu’une belle poursuite automobile intégralement en extérieur.

  • Shirley Eaton (Reb), immortalisée par son apparition dans Goldfinger (la jeune femme asphyxiée en étant peinte en or), participe à deux autres épisodes : The Effete Angler et The Talented Husband, le pilote de la série.
  • Julian Glover (Falconi) a souvent joué des rôles de vilains dans des séries des années 60 et 70. Il est également un invité régulier des Avengers : Un Steed de trop, Le mort vivant, Double personnalité et Pandora.  Au cinéma, on a pu le voir dans Star Wars, l'Empire contre-attaque, Indiana Jones et la dernière croisade et un James Bond, Rien que pour vos yeux.
  • Après s’être échappés de l’entrepôt, Reb et Simon s’enfuient en voiture. Dans le plan suivant ils ont interverti sans aucune explication leur place respective de passager et de chauffeur.
  • Ecrit par Terry Nation, il s’agit du septième des neuf épisodes réalisés par Roger Moore.
  • Plusieurs sites londoniens sont aperçus au cours de l'épisode : Picadilly Circus, New Bond Street...
  • Quand Simon et Reb sont en voiture, le paysage est à l'évidence une peinture (5')
  • Outre Shirley Eaton et Julian Glover, Roger Moore aura croisé au cours de la série de nombreux comédiens participant par ailleurs à la saga James Bond : Honor Blackman, Anthony Dawson, David Bauer, Paul Stassino, Marne Maitland, Robert Brown, Joseph Furst, David Hedison, Eunice Gayson, Geoffrey Keen, Walter Gotell, Burt Kwouk, Lois maxwell, Vladek Sheybal, Velarie Leo,, Vernon Dobtcheff, etc.

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4. L'HÉRITAGE
(LEGACY FOR THE SAINT)

Date de diffusion : 13 octobre 1968 (You'll catch your Death : 16 octobre 1968)

Ed Brown, figure du milieu à la retraite et connaissance de Simon, décède dans l’explosion de sa voiture. Son avocat invite sa fille Penny, le Saint, ainsi que quatre rivaux à découvrir son testament filmé. Ed accorde un million  de Livres au premier des présents qui parviendra à réunir un somme d’un même montant. Justement un transfert de capitaux protégé par l’Inspecteur Teal va atteindre le million. Les truands enlèvent Penny, ce qui conduit le Saint à participer au hold-up. Il parvient à démasquer Ed, bien vivant et manipulant ses concurrents pour qu’ils réalisent le travail à sa place.

Pour les amateurs des Avengers, l’épisode revêtira d’amusantes convergences avec Le legs. On y trouve pareillement un baron du crime simuler sa mort pour duper ses prétendants, avec une chasse au trésor les confrontant à de multiples périls. Mais là où l’intégration de Steed et Stara se justifiait pleinement, ici on peine à comprendre le but de la présence du Saint. La prise de risques apparaît inutile, tandis que le scénario présente d’autres faiblesses. L’exposition de la situation prend beaucoup trop de temps (presque la moitié du récit), pour en suite ne déboucher essentiellement que sur la narration efficace mais très classique d’une attaque de convoi. De plus le pot aux roses se voit très vite éventé, puisque que l’on voit l’avocat placer la bombe et ensuite se conformer strictement aux volontés du prétendu défunt, l’intrigue ne tente jamais de lui attribuer un mobile crédible.

Legacy for the Saint bénéficie toutefois de quelques scènes distrayantes, grâce à la rivalité amicale toujours plaisante entre Claude et Simon et surtout grâce aux trognes des pittoresques truands. La musique se montre alors  ouvertement ironique et le scénario aurait sans doute du jouer pleinement la carte de la comédie. On est également sensible au charme très Sixties de la piquante Stephanie Beacham. La jeune actrice, très prometteuse, apporte un vrai chien au personnage de Penny et trouve le ton juste face à un Roger Moore toujours aussi complice de ses partenaires féminines. Outre la somptueuse Rolls-Royce d’Ed, les nombreuses allées et venues liées à l’attaque du convoi permettent au moins de découvrir de superbes voitures d’époque, filmées en extérieur dans la belle campagne anglaise. Il reste néanmoins  dommage que le scénario passe à côté de son sujet.

  • T. P. McKenna (Tony) a participé à trois épisodes des Avengers: Le Cheval de Troie, Mort en magasin et Je vous tuerai à midi. Très présent au théâtre, cet acteur irlandais a connu une belle carrière tant à la télévision (Doctor Who) qu’au cinéma (Les Chiens de paille, 1971, Valmont 1989…). À la radio, Thomas Patrick McKenna connaît une grande popularité dans la dramatique à succès de la BBC Baldi (depuis 2000).
  • Stephanie Beacham (Penny) est à l'orée d'une belle carrière, sur les planches et à la télévision. Elle participe à de nombreuses séries (Callan, UFO, Jason King, Charmed, Les condamnées...) mais demeure surtout connue pour le rôle de Sable Colby, dans Dynastie. Elle est  complètement sourde d'une oreille depuis sa naissance. En 2010, elle participe à Celebrity Big brother.
  • Si les images demeurent identiques, une nouvelle musique de générique apparaît à l’occasion de cet épisode.

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5. UN DIPLOMATE DISPARU
(THE DESPERATE DIPLOMAT)

Date de diffusion : 20 octobre 1968 (Split ! : 23 octobre 1968)

Jason Douglas, ami de Simon et diplomate d’un état africain, a disparu. Il a en sa possession 750 000 Dollars, destinées à assurer le développement de son pays. Mais il est poursuivi par un gang dirigé par le brutal Walter Faber, désireux de s’emparer du pactole. Faber enlève Sara, la fille de Jason et propose au Saint de l’échanger contre l’adresse où se cache son père. Simon parvient à libérer mais ils découvrent que Faber est parvenu à débusquer Jason à Genève. Le Saint ne peut empêcher la mort de Jason, mais met hors d’état de nuire Faber.

Terry Nation parait abandonner  ici abandonner tout velléité de dynamiser les aventures du Saint en leur apportant des thématiques ou des traitements nouveaux. Bien au rebours, son intrigue se résume à un assemblage minimaliste de postures maintes fois vues au cours de la série et se résumant de fait à deux simples confrontations entre Simon et la gang adverse, en Angleterre puis en Suisse. Toutefois, s’il semble prendre son parti des contraintes inhérentes aux scénarios du Saint, Nation démontre ici comment un auteur talentueux peut parvenir à sublimer un faible canevas narratif. Refusant de totalement s’insérer dans le polar traditionnel il aère le récit en l’ouvrant largement sur la modernité de l’époque, via des lieux emblématiques  (boutique de mode très Mary Quant, avec l’Union Jack de rigueur, ou la Post Office Tower, bien connue des amateurs des New Avengers) ou l’électrisant par une érotisation plus accentuée que de coutume (jolie lingerie d’époque !).

Surtout Nation soigne comme rarement au cours de la série la personnalisation de l’antagoniste ; Superbement incarné par Robert Hardy, Faber se montre passionnément hors normes, avec un sadisme et une brutalité affleurant sous aune apparence bonhomme et policée. Un véritable choc, d’autant que l’auteur évoque sans fard la réalité crue de la mort. Porté à un paroxysme, sa violence et son aura ténébreuse font basculer le scénario dans un pur et éprouvant thriller, bien au-delà de la simple narration des péripéties. Roger Moore joue astucieusement le jeu, rendant Simon bien plus sombre qu’il ne l’a été depuis longtemps, pour un âpre et impitoyable duel. On apprécie également la présence du spécialiste David Cargill au sein du gang, tandis que Suzan Farmer, certes cantonnée au registre habituel des Templar’s Girls, brille par son charme et son évidente complicité avec Roger Moore.

Nation se trouve un puissant relais en la personne d’un Ray Austin effectuant ici sa première mise en scène pour la série. Il tire un excellent parti des décors intérieurs comme support des affrontements, amis aussi des nombreux extérieurs. The Desperate Diplomat confirme leur présence renforcée en cette saison, tandis qu’Austin les optimise pour rendre nerveuse la scène en soi classique d’échange otage/rançon. Surtout il apporte son inégalable savoir faire en matière de scène d’action, nous offrant trois scènes superbes et variées : bagarre, fusillade puis poursuite automobile. Un véritable festival, conférant là aussi une dimension supplémentaire à des confrontations de nature classique par ailleurs. On regrettera simplement la qualité étonnamment détestable de l’habituel paysage défilant pour simuler le déplacement d’une voiture, aux couleurs totalement délavées.

  • Robert Hardy (Faber) se fit connaitre comme acteur shakespearien, sur scène et à la BBC. Il devint également un grand spécialiste du cinéma anglais pour les rôles de personnages historiques, notamment Winston Churchill. En 2005, Hardy incarne encore le Président Roosevelt pour le téléfilm français Le Grand Charles. Il fut également Cornelius Fudge, le Premier Ministre de la magie, dans la saga Harry Potter. En 1981, il fut élevé au rang de Commandeur de l’Empire britannique.
  • Suzan Farmer (Sara) participera à trois autres reprises aux aventures du Saint (The Latin Touch, The Sign of the Claw et The Convenient Monster). L’actrice connaît une vraie popularité durant les années 60 et 70, avant de se retirer. Elle participe notamment à plusieurs films d’épouvante de l’époque, ainsi qu’à l’épisode That’s Me over There, d’Amicalement vôtre. Elle fut l’épouse d’Ian McShane.
  • Ecrit par Terry Nation, l'épisode est le premier des deux réalisés par Ray Austin pour la série.
  • Comme de coutume dans les séries de l'époque, l'article concernant le Saint est clairement collé sur le journal (21').
  • Le village où Simon rencontre Sara est Aldbury, bien connu des amateurs des Avengers (Dead Man's Treasure, Murdersville).
  • Durant la poursuite finale, la voiture de Faber se renverse sur le coté, mais est ensuite inexplicablement vue sur ses quatre roues.
  • Lors de la fusillade contre Douglas, un impact apparaît dans la porte, avant que le Saint n’ait tiré le moindre coup de feu.
  • Quand Jason, mort, est allongé sur la table, on voit à l’évidence que son interprète respire, du fait de ses mouvements d’estomac. 

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6. LES MERCENAIRES
(THE ORGANIZATION MAN)

Date de diffusion : 27 octobre 1968 (Whoever shot Poor George oblique stroke XR40 ? : 30 octobre 1968)

Dans un établissement de remise en forme situé à la campagne, Simon repère d’étranges  d’individus semblant suivre un entrainement paramilitaire. Alors qu’il est approché par le chef du groupe, Roper, qui souhaite l’engager come second, le célèbre Simon Templar est également contacté par l’Intelligence Service. Il se voit demander de découvrir le fin mot de l’histoire, en association avec la charmante Kate. Le Saint découvre qu’il s’agit de mercenaires engagés pour libérer un traitre à la solde des Chinois. Ils se griment pour cela en régiment écossais.

Les amateurs des Avengers trouveront ici d’amusantes convergences avec les mercenaires pseudo militaires de Commando très spécial ou avec les gardes écossais félons d’Esprit de corps. De plus l’évocation des Health Farms si populaires en Angleterre ne sera pas sans évoquer Linda Thorson. On s’amusera également de constater que Roger Moore arbore fort bien le kilt. Pour le reste l’épisode n’offre guère de motifs d’intérêt. Le Saint se retrouve en situation de parfait espion, ce qui limite l’intérêt du personnage, malgré la personnalité de Roger Moore, tout en l’enchâssant dans une histoire convenue, aux effets maintes fois vus au cours de la décennie s’achevant.

De fait le récit se limite à une intrigue ultra classique d’infiltration, avec tous les clichés que cela comporte (patron crédule  sympathisant avec le héros, lieutenant méfiant, péripéties supposées mettre à mal la couverture, etc.). Les interprètes des antagonistes sont de qualité, mais Caroline Mortimer compose une Templar Girl particulièrement fade. La caméra trop sage de Leslie Norman n’apporte guère de valeur ajoutée, même s’il se confirme que cette ultime saison s’ouvre largement aux extérieurs, souvent superbes. On s’étonne toutefois d’y découvrir Roger Moore perpétuellement remplacé par d’évidentes doublures, lui qui paie tellement de sa personne lors des combats et autres scènes d’action en studio.

  • Caroline Mortimer, issue d’une grande famille d’écrivains et de journalistes fut formée à la RADA. Par la suite elle devint une figure régulière de la télévision anglaise, apparaissant dans nombre de téléfilms et séries (Cosmos 1999, The Cleopatras…).
  • Durant toutes les scènes en extérieur, le Saint est clairement interprété par une doublure de Roger Moore.
  • La scène d’introduction, où Simon semble accomplir le meurtre lui permettant d'intégrer l'organisation, est filmée à Battersea Park, l'un des grands espaces verts de Londres. Inauguré en 1858, le parc contient de nombreuses installations sportives ou d'agrément. On aperçoit longuement l'une d'elle, The Parade, un chemin suivant le cours de la Tamise et jadis utilisé par les fiacres.

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7. LE SOSIE
(THE DOUBLE TAKE)

Date de diffusion : 03 novembre 1968 (False Witness : 06 novembre 1968)

A Athènes, le milliardaire Patroclos demande au célèbre Simon Templar de contrer un sosie tentant de s’emparer de sa fortune ! A Londres, le Saint se confronte à l’imposteur, mais celui-ci affirme être le véritable Patroclos ! Le Saint mène l’enquête, ce qui le conduit à s’intéresser de très près aux secrétaires des deux rivaux, toutes deux prénommées Annabel, mais très différentes l’une de l’autre. Simon débusque un trafic d’armes en partance du Pirée pour le Vietnam et démasque le seul et unique Patroclos, qui voulait en imputer la responsabilité à son sosie imaginaire.

Le Saint s'attaque ici au fameux thème des doubles, très présent chez les Avengers comme chez l'ensemble des séries d'aventure de l'époque. La série a la bonne idée de le traiter avec son génie propre, celui de Roger Moore, c'est à dire sous l'angle de la comédie. Évidemment les divers artifices utilisés pour nous faire croire à l'existence réelle d'un sosie s'avèrent transparents et relèvent davantage du Boulevard. Mais l'intrigue conserve un réel intérêt car, si l'on devine rapidement l'entourloupe, l'énigme perdure jusqu’au bout quant à l'objectif poursuivi. La tonalité de vaudeville soutient énergiquement le récit, avec les va-et-vient d'un Saint toujours entre deux avions, l'humour de situation porté par le pittoresque Grégoire Aslan (quoique le double et véhément Patroclos devienne réellement lassant sur la fin) et, bien entendu, l'incontournable touche féminine. La vitalité de l'épisode doit beaucoup au charme et à l'abatage du duo Kate O'Mara/Denise Buckley, particulièrement élégantes et malicieuses. L'auteur varie suffisamment les caractères pour renouveler les effets, avec une Annabel II au caractère plus acéré que l'Annabel I.

On aurait toutefois apprécié davantage d'interactions entre les deux femmes, volontiers rivales. Le Saint se montre fort heureusement beau joueur et parfait gentleman envers ces exquises arnaqueuses, permettant à la conclusion de demeurer idéalement située dans la comédie. Les seconds rôles relancent efficacement l'humour des situations et des dialogues, avec une savoureuse galerie de portraits (le journaliste fouinard, le valet obséquieux ou la vénale hôtesse). La mise en scène de Leslie Norman dynamise l'opus, avec une caméra mobile, d’intéressants extérieurs londoniens (la série s'affranchit décidément quelque peu des studios) et une bagarre finale particulièrement spectaculaire. Les décors se montrent comme souvent des plus soignés, de plus enrichis de nombreuses magnifiques peintures. La forte présence des inserts et décors aéroportuaires, ainsi que l’aspect maritime final, évoquent joliment l'appel au voyage que constitue la série, tandis que le Saint lui même se voit croqué avec malice, incapable de résister à l'appel de l'aventure, tout comme à un joli minois.

  • Grégoire Aslan (Patroclos), d’origine arménienne, joua des rôles exotiques dans de très nombreux films américains et anglais. Il fut également un acteur fétiche de Claude Autant-Lara et un pensionnaire régulier d'Au théâtre ce soir.
  • Denise Buckley (Annabel I) connut une carrière limitée aux années 60 et 70. Outre quelques apparitions au cinéma, elle participa régulièrement aux séries produites par ITC (Randall and Hopkirk (Deceased), Man In A Suitcase, Department S, Thriller…). Dans l’épisode Dance Of The Dead du Prisonnier, elle incarne le Numéro 54, femme de chambre du Numéro 6. Denise Buckley est également la Sally Unstrutter du Stay Tuned des Avengers, l’automobiliste révélant la supercherie à Steed. Elle épousa le grand agent de comédiens Scott Marshall.
  • Kate O'Mara (Annabel II) fait ses débuts au théâtre dans Le Marchand de Venise (1963) et elle tourna dans des films d'horreur de la Hammer au début des années 70. Elle se concentra sur le théâtre et la télévision (Destination Danger, Le Saint – trois épisodes, Les Champions, Département S, Paul Temple, Jason King, Poigne de Fer et Séduction, Le Retour du Saint, Mission Casse-Cou, Dynasty, Dr Who, Absolutely Fabulous…). Elle a fondé une compagnie théâtrale dans les années 80 et elle a écrit deux livres au début des années 90. Dans Le Visage, (Chapeau Melon), elle interprète Lisa.
  • Simon se rend à Fleet Street, pour y rencontrer un journaliste du Daily Express. Fleet Street est une célèbre rue de Londres, historiquement l’axe majeur entre les Cités de Londres et Westminster. Elle est, entre autres, réputée pour avoir longtemps accueilli les sièges des principaux journaux anglais. La tradition remonte à 1500 (installation des premières imprimeries) et c’est là que fut édité le premier quotidien au monde, en 1702. Même si la plupart des publications ont désormais émigré vers le quartier d’affaires de Canary Dwarf, « Fleet Steet » demeure un synonyme de la presse nationale britannique.
  • L'ami journaliste de Simon travaille au Daily Express. Fondé en 1900 et toujours très populaire de nos jours, le quotidien connaît une réputation scandaleuse durant les années 60, du fait d'un conflit avec la famille royale. A bloody awful newspaper. It is full of lies, scandal and imagination. It is a vicious paper devait déclarer le Duc d'Edinburgh en 1962. Le choix de ce journal correspond donc bien aux relations parfois sulfureuses du Saint.
  • On aperçoit le bâtiment du journal dans Fleet Street. Inauguré en 1932 il est généralement considéré comme l'une des plus belles expressions de l'Art-déco à Londres. Sa fameuse façade noire utilise des matériaux modernes (chrome, marbre vitrifié), tandis que la somptueuse décoration intérieure intègre pleinement le design Art-déco. Des répliques du bâtiment ont été construites à Manchester et Glasgow, pour abriter les succursales du journal.

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8. LA VENGEANCE
(THE TIME TO DIE)

Date de diffusion : 10 novembre 1968 (All Done With Mirrors : 13 novembre 1968)

Alors que la journaliste Mary Ellen Brent entreprend d’écrire un livre sur lui, le célèbre Simon Templar fait l’objet de menaces de mort anonymes, puis de tentatives de meurtre. Simon s’efforce de remonter le fil de la conspiration, en retournant un comparse, mais ce dernier est vite assassiné, de même que sa petite amie. Le mystérieux adversaire du Saint enlève Mary Ellen, provoquant une ultime et mortelle confrontation dans une église désaffectée, tandis que la jeune femme est cernée par les flammes.

Si elle s'en tient au commentaire hors champ lu par Roger Moore, la séquence d'ouverture renoue partiellement avec la saveur des monologues à travers le Quatrième Mur de la période monochrome, grâce aux irrésistibles regards et mimiques du comédien. Ce dernier trouve d’ailleurs une partenaire complice en la personne de Suzanne Lloyd, habituée de longue date de la série et toujours très efficace dans le registre de la comédie. Toutefois le véritable atout de cette divertissante introduction consiste à souligner par contraste la noirceur extrême du corps principal du récit, dominée comme rarement au sein de la série par l'obsession pathologique et homicide de l'antagoniste du jour. Après le soudain basculement de la découverte du serpent, les macabres et spectaculaires manifestations de l'esprit pervers apportent une tension dramatique tout à fait particulière au récit, que Terry Nation rend savamment crescendo. Il reste particulièrement troublant d'observer l'inédite nervosité d'un Simon ayant jusqu'ici quasi toujours dominé outrageusement les débats.

La mise en scène du talentueux Roy Ward Baker apporte de l'impact à chaque action perpétrée par Lyall. The Time To Die, qui aurait pu s'intituler The Death Of The Famous Simon templar, donne d'ailleurs régulièrement l'impression d'avoir été réalisé par un Z.Z. Von Schnerk un tantinet moins flamboyant qu'à l'ordinaire. Une des grandes réussites de cet épisode d'atmosphère consiste d'ailleurs à s'affranchir du (relatif !) réalisme de la série pour se rapprocher de l'imaginaire des Avengers, une précieuse spécificité. Du reste, si la mort violente d'un personnage féminin ou du sang visible ne constituent pas à proprement parler un tabou chez le Saint, contrairement aux Avengers, leur occurrence demeure très rare. L'exécution de la jeune femme, d'une terrible sobriété, revêt par conséquent un grand impact dramatique. On y discerne un nouveau palier dans l'horreur avec l'éprouvant affrontement finale dans l'église se muant en brasier. La série réalise à cette occasion l'un de ses meilleurs castings, avec l'excellent Maurice Good. Inoubliable lors de la particulièrement similaire confrontation avec Cathy Gale, à l'issue de Ne vous retournez pas, l'un des plus purs récits et  intenses d'épouvante des Avengers, il confère la même inquiétante obsession perverse à Lyall. Celui-ci devient dès lors l'un des rares adversaires du Saint à se hisser quasiment au niveau d'un Diabolical Mastermind.

On pourra éventuellement regretter les séquences de la salle de tir, car signifiant une rupture d'intensité dramatique et une parenthèse dans l’affrontement entre les deux antagonistes. Surtout il reste dommageable que pour son ultime participation à une série à laquelle elle aura tant apporté, l'épatante actrice qu'est Suzanne Lloyd se voit confinée aux clichés coutumiers de la damoiselle en détresse. Elle avait prouvé de toutes autres aptitudes lors de précédents épisodes, notamment lors de The High Fence. Mais, tel quel, The Time To Die s'impose comme un passionnant opus hors normes des aventures du Saint.

  • Suzanne Lloyd (Mary Ellen), actrice canadienne, accomplit de nombreuses apparitions dans les séries américaines de la fin des années 50 et du début des années 60 (Have Gun-Will Travel, Maverick, Bonanza…). Puis elle s’installa en Grande-Bretagne où elle totalisa six participations au Saint, et fut, bien entendu, la vénéneuse Barbara de Cœur à cœur. Elle mit fin à sa carrière à l’âge de quarante ans. Elle reste également dans les mémoires pour le rôle récurrent de Raquel Toledano dans Zorro.
  • Maurice Good (Lyall) est un régulier des Avengers,  apparaissant dans la première saison de la série (Hunt the man down), comme dans la dernière (Bastion pirate, TNA). Entre temps, il joue également dans Ne vous retournez pas mais aussi dans Double personnalité. Avant tout comédien de théâtre familier de l’Old Vic, il est aperçu dans de nombreuses séries britanniques : Z cars, Dixon of Dock Green, L’Homme à la Valise
  • Freddie Jones (Martin) commença au théâtre en 1967 et son rôle dans la minisérie The Caesars en 1968 lui valu d'être nommé meilleur acteur de l'année de télévision au festival de Monte Carlo en 1969. Il tourna ensuite dans Frankenstein must be destroyed, très bien accueilli par la critique, mais ce sont ses apparitions dans Elephant Man, Firefox, Dune ainsi que le rôle principal de Et vogue le navire de Fellini qui lui valent une réputation internationale. Il  incarne Basil dans Who's who ?? (Chapeau Melon).
  • Le décor de la boutique est une peinture (20').
  • Au stand de tir, Donnie tire quatre coups avant que le Saint ne récupère le révolver pour en tirer trois  autres : soit un total de sept coups au lieu des six logiquement possibles.
  • La scène où Simon se gare et celle où il sort de voiture en manquant d’être renversé par une autre se déroule étrangement dans des rues totalement différentes.
  • Plusieurs sites londoniens sont aperçus au cours de l'épisode : Park Lane, Park Crescent, Leinster Gardens...
  • La demeure de Mary Ellen se situe en fait à Kingston upon Thames. Cette ville, ancien site de couronnement des rois saxons, conserve de nombreux témoignages architecturaux du passé. Elle contient l'une des plus grandes zones piétonnières du Grand Londres et demeure un grand foyer de création artistique.
  • Durant la séquence d’introduction, Simon et Mary Ellen passent devant le grand hôtel Leinster Towers. De manière ironique au sein de ce cet épisode s’achevant par un brasier, l’établissement fut victime le 6 juin 1969 d’un gigantesque incendie défrayant la chronique. Plus de 50 personnes furent évacuées des étages supérieurs envahis par les flammes. Unanimement salués par la presse, le courage et le professionnalisme des pompiers de Londres permirent d’éviter que quiconque soit blessé ou tué. L’hôtel se situe dans le très chic quartier de Bayswater, dans la Cité de Westminster.

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9. CHINOISERIES
(THE MASTER PLAN)

Date de diffusion : 17 novembre 1968 (Legacy of Death : 20 novembre 1968)

La belle Jean Lane appelle au secours le célèbre Simon Templar : son frère Tony fait l'objet d'un chantage de la part de Cord Thrandel, propriétaire d'une boite de nuit. Le Saint y met bon ordre mais découvre que Thrandel appartient à un réseau de trafiquants d'héroïne, dissimulée dans des statuettes en plastique. Par ruse il les déleste de leur marchandise, mais Thrandel enlève Jean pour en obtenir restitution. Après plusieurs péripéties mouvementées, le Saint triomphe de l'organisation et met sous les verrous son chef, Monsieur Ching.

 

L’épisode se montre parfaitement divertissant, avec des scènes d’action particulièrement nerveuses, filmées avec une efficacité éprouvée. On ne s’ennuie jamais, grâce à cette succession ininterrompue mais, malheureusement, il faut regretter une trop grande simplicité du scénario, un paradoxe pour The Master Plan. Il s’agit en fait simplement de faire pénétrer de l’héroïne en fraude à Londres, dissimulée dans des statuettes d’art chinois. Une trame archi classique et qui se contente aligner ses scènes d’actions sans réel liant, jusqu’à donner comme une impression de mini film à sketchs (avec également les naïves facilités scénaristiques propres aux années 60, Templar ne cessant de tomber comme par hasard sur ses ennemis au meilleur moment).

 

Qu’importe, le plaisir est au rendez-vous, avec un Roger Moore toujours aussi irrésistible, entre élégance, humour et vraie présence physique. L’évidence du rôle de 007 saute aux yeux (même si Templar ne tue pas), d’autant que le héros multiplie ces phrases tranchantes à l’humour acéré, caractéristiques de 007 (dialogues très percutants pour l’ensemble des personnages). Joli duo également avec la Templar Girl incarnée par la charmante Lyn Ashley, qui participera régulièrement par la suite aux aventures télévisées des Monty Python.

 

Outre Moore, la distribution se montre excellente, avec un solide John Turner nous valant une bagarre finale des plus impressionnantes. Roger Moore se bat comme toujours sans doublure, ce qui apporte une vraie valeur ajoutée. On remarque également Burt Kwouk, toujours aussi jouissif, mais surtout l’immense Christopher Benjamin. Ce comédien parvient à illuminer de très simples scènes (comme aller chercher des papiers dans un tiroir) par ce qu’il parvient à insuffler dans sa démarche, ses postures, ses expressions faciales quant à la personnalité veule de son personnage. Une démonstration absolument éblouissante de l’art du beau jeu.

 

On retrouve également avec plaisir une ambiance très Sixties, avec ces décors faisant le charme et la délicieuse patine rétro de la série, mais aussi des éléments très psychédéliques en ce crépuscule de la décennie. C’est notamment le cas pour une boîte de nuit dont le décor et les tenues arborées ne seront pas sans évoquer certains passages d'Amicalement vôtre.

  • Burt Kwouk (Mr Ching) apparaît également dans trois aventures des Avengers Kill The King, Quadrille de Homards  et Les Cybernautes.  Il est connu pour son rôle de Cato dans les films de la Panthère rose. Cet acteur anglo-chinois est également apparu dans deux James Bond : Goldfinger (1964) et On ne vit que deux fois (1967). Occupant de très nombreux rôles d’asiatique au cinéma et à la télévision, il connaît une très grande popularité en Grande-Bretagne.
  • M. Ching affirme au Saint qu’il y a en tout 7 000 drogués à Londres, chiffre qu’il estime considérable ! Les temps changent.
  • Le médecin de l'hôpital est le Docteur King, mais rien à voir avec l'éphémère partenaire de Steed en saison 2 des Avengers !

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10. LE ROCHER DU DRAGON
(THE HOUSE ON DRAGON'S ROCK)

Date de diffusion : 24 novembre 1968 (Noon Doomsday : 27 novembre 1968)

Le médecin d’un petit village du Pays de Galles, Llanfairtrawssychnant, appelle à l’aide le célèbre Simon Templar. Des habitants auraient été attaqués par des bêtes monstrueuses. Simon découvre de troublant indices, convergeant vers le laboratoire du très secret Dr. Seldon, situé dans le manoir de Dragon’s RocK Il reçoit l’aide de Carmen, nièce de Seldon, elle-même très inquiète. Mais celle-ci est enlevée par l’une des créatures. Le Saint va découvrir que Seldon a créé une race de fourmis géantes et que celles-ci risquent de proliférer.

En soi, que le Saint aborde de nouveaux rivages narratifs apparaît comme une idée positive. Une précédente tentative d’approche de la Science-fiction (Le laboratoire secret) s’était d’ailleurs soldé par un succès, grâce au savoir-faire de Terry Nation et à une habile intégration dans l’univers du Saint. Mais l’épisode choisit curieusement de se positionner en clone servile des séries B américaines des années 50, un choix particulièrement malencontreux. Il résulte tout d’abord totalement exogène au Saint, qui apparaît en permanence totalement déplacé dans cette histoire. De plus au moment où La mangeuse d’hommes du Surrey s’attache à ce genre de films, celui-ci connait déjà un déclin prononcé. Diffusé fin 1968, Le Rocher du Dragon devient lui absolument et tristement obsolète.

Surtout, là où l’épisode des Avengers développait une narration plaisamment distanciée, anglaise et humoristique, le présent opus demeure d’un premier degré absolu, déclamatoire jusqu’au ridicule et accumulant absolument tous les clichés du genre, avec une pesante application. Utiliser le superbe folklore gallois aurait pu constituer une intéressante alternative (ce décor convenant bien mieux au Fantastique), mais le recours aux fourmis géantes revient au choix inepte d’une thématique purement américaine, revoyant toute la première partie du récit à l’inutile. Le film emblématique du genre, Them ! (1954), a d’ailleurs recours exactement aux mêmes bestioles, avec un tout autre souffle. A la mise en scène Roger Moore ne se montre pas particulièrement maladroit, mais il subit de plein fouet le manque de moyens de la production.

Les faux extérieurs, les rochers en polystyrène, la catastrophique animation et incrustation du monstre, le cabotinage sans génie de nombreux seconds rôles achèvent de faire basculer l’épisode dans le Nanarland, hélas sans humour. Tout n’apparaît pas négatif, les panoramas gallois se montrent de toute beauté et deux excellents comédiens sauvent plusieurs scènes, ainsi que leurs personnages bâtis à force de poncifs. Anthony Bate confère une vraie présence à un caricatural savant fou, dont on sait d’entrée qu’il va infailliblement périr du fait de sa création et la délicieuse Annette André apporte une sensibilité à cette énième incarnation de la Damoiselle en péril. Toujours parfaitement en phase avec Roger Moore, elle confirme ici appartenir aux meilleurs invitées de la série. C’est pour elle que l’on peut encore se risquer à visionner cet épisode si peu reluisant par ailleurs.

  • Annette André (Carmen) va participer cinq fois aux aventures du Saint.  Dans Chapeau Melon, elle joue également Mandrake et Le château de cartes. Née en Australie, elle a débuté sa carrière en 1960 et a participé à de nombreuses séries : Le Baron, Le prisonnier, Amicalement vôtre, Le retour du Saint.... Elle demeure principalement connue pour son rôle récurrent de la veuve Jeannie Hopkirk, dans le très populaire Randall and Hopkirk (Deceased) (1969-1970). Également chanteuse et danseuse, elle est apparue au West End dans plusieurs spectacles musicaux.
  • Il s’agit du huitième des neuf épisodes réalisés par Roger Moore pour la série.
  • Les scènes extérieures censées représenter  Llanfairtrawssychnant sont effectivement tournées au Pays de Galles, à Tremadog, dans le Gwynedd. Le village connaît une forte activité touristique, du fait de ses panoramas, mais aussi des possibilités d’escalade offertes par les monts environnants.
  • Tourné antérieurement à cette sixième saison, L’épisode devait être diffusé le 06 octobre 1966. Jugé trop dérangeant, il fut temporairement mis de côté par la production.
  • Leslie Charteris se déclara particulièrement enthousiasmé par l’adaptation de sa nouvelle, The Man Who Liked Ants. Une approbation très rare de la part de l’écrivain concernant la série. 

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11. MORT NATURELLE
(THE SCALES OF JUSTICE)

Date de diffusion : 01 décembre 1968 (Stop me if you've heard this One - but there were these two Fellers... : 04 décembre 1968)

En peu de temps, cinq membres du conseil d’administration d’une importante société, Combined Holdings, meurent brusquement de crise cardiaque, une carte postale marquée « Balances de la Justice » étant retrouvée sur eux. L’un des survivants alerte le Saint, mais périt à son tour. Désormais Gilbert Kerby est directement menacé, Il doit devenir Lord Maire de la Cité de Londres et subit une tentative d’assassinat durant la cérémonie d’investiture. Menant l’enquête avec Anne, la fille de Kerby, le Saint découvre que le tueur estime que son père a été tué par  la compagnie et qu'il se déguise en aveugle pour utiliser un bâton truqué, expulsant une aiguille empoisonnée.

Les amateurs des Avengers se retrouveront ici en terrain connu, donc prévisible, avec cette succession de meurtres d’hommes liés par une communauté d’intérêt, que le protagoniste échoue régulièrement à contrer, du moins jusqu’à la conclusion. On ressent donc une forte impression de déjà-vu d’autant que, comme à l’accoutumée, on retrouve plusieurs visages connus parmi les seconds rôles. Sans devenir tout à fait électrique, l’intrigue suscite toutefois assez de rebondissements pour maintenir l’intérêt et joue habilement du Whodunit jusqu’à l’affrontement final. La mise en scène de Robert Asher se montre souvent pertinente, notamment lors des affrontements, et donne de l’impact aux scènes de mort subite, même si, fatalement, cet effet s’use au fur et à mesure des répétitions.

La toujours excellente Jean Marsh surpasse en talent et présence nombre des autres Templar Girls, d’autant qu’Anne participe comme rarement à l’action, mais pas aux combats, on discerne là un tabou définitif de la série. Ceci nous vaut d’ailleurs un beau suspense en fin de parcours, quand elle se confronte à l’antagoniste (hélas assez falot par ailleurs). Ce solide, à défaut d’imaginatif, opus vaut également par le bel hommage qu’il rend à la Cité de Londres, cœur historique et vivant de la capitale britannique. Les inserts, ainsi que les nombreux extérieurs, s’avèrent de toute beauté et proposent nombre de sites emblématiques. On apprécie particulièrement les vues du superbe défilé du Lord Mayor’s Day, officiel ou excentrique, voire psychédélique, dont plusieurs chars nous précisent qu’il s’agit bien de celui de 1968. Une plaisante actualité pour les spectateurs de l’époque, car l’épisode fut diffusé trois semaines après l’évènement.

  • Jean Marsh (Anne) connut un immense succès en Grande-Bretagne avec Upstairs-Downstairs. Elle intervient également dans  également à I Spy, La Quatrième Dimension, Doctor Who, Amicalement vôtre, Department S, Gideon’s Way, Hawaï Police d’Etat… Au cinéma Jean Marsh interpréta notamment l’infâme Reine Bavmorda (Willow, 1988). De 1955 à 1960 elle fut l’épouse de Jon Pertwee.
  • Pour la première fois, la ST1 apparaît avec des plaques d’immatriculation jaunes.
  • Les cartes postales monochromes représentent Lady Justice, la célèbre statue symbolisant Thémis et ses traditionnels attributs, placée au sommet de l’Old Bailey, le grand tribunal criminel de Londres.
  • Les évènements de l’épisode font référence à la tradition londonienne du Lord Mayor’s Day, remontant à 1215. Le Roi ayant permis à la Cité de Londres d’avoir un Lord maire, celui-ci doit se présenter chaque année à la plus haute autorité judiciaire du royaume (Royal Courts of Justice) pour que sa charge soit validée. De 1751 à 1959 la cérémonie fut fixée au 9 novembre, elle se déroule désormais le second samedi de Novembre. L’événement donne lieu à un imposant défilé, de la Mansion House (résidence du Lord Maire) jusqu’aux Royal Courts of Justice, à Westminster, ainsi qu’à des festivités. En 2013, la procession regroupait 7 000 participants, 150 chevaux, 21 orchestres et des centaines de véhicules en tous genres, parfois très excentriques (robots géants, grands Bi, lits et baignoires motorisés, etc.). Un grand évènement se prépare pour 2015, date du huit centième anniversaire de la joyeuse cérémonie. 

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12-13. DOUBLE MÉPRISE
(THE FICTION MAKERS)

Date de diffusion : 08/15 décembre 1968 (Have Guns, Will Haggle/They keep killing Steed : 11/18 décembre 1968)

Le Saint accepte de servir de garde du corps à Amos Klein, célèbre auteur de romans d’aventures. Il a la surprise de découvrir qu’il s’agit d’une jeune femme ayant pris un nom de plume masculin. Ils sont brusquement enlevés par un gang dirigé par Warlock et sa secrétaire Galaxy. Grand admirateurs d’Amos (leurs pseudonymes sont inspirés de ses personnages), ils veulent que son imagination serve à trouver une faille dans le Complexe Hermetico, lieu hautement sécurisé du Pays de Galles, contenant des trésors. Mais ils confondent le Saint avec l’écrivain, pensant également qu’il s’agit d’un homme. Simon se garde de les détromper, afin de protéger Amos. Il va imaginer un plan, tout en veillant à faire tomber Warlock dans un piège.

Tout au long de son parcours, Le Saint sera davantage apparue comme une série d’univers et d’acteurs que de scénarii. Passer au format du double épisode, ou du téléfilm, offre l’opportunité de développer un récit davantage ambitieux et la bonne nouvelle de The Fiction Makers est qu’elle va se voir pleinement saisie. Ainsi l’histoire écrite par Kruse et Junkin constitue en soi un efficace récit  de film de casse. Cette sous-famille du film de gangsters connaît une certaine vogue au cours des années 60, (L’or se barre, L’inconnu de Las Vegas, voire Mission Impossible pour la variante d’espionnage, etc.) et l’épisode en reconstitue tout le sel : préparation minutieuse et tendue, réalisation à suspense, dénouement dramatique. Rien de manque à cet ensemble très prenant.

Mais l’opus sait élever au dessus d’un simple argument réussi, avec l’apport très ludique des variations autour de la notion de réalité. L’idée géniale d’utiliser comme stratège un auteur de romans d’aventures très à la Ian Fleming évoquera d’excellents souvenirs aux amateurs des Avengers puisque c’est exactement de cette manière qu’est détournée l’agence QQF de Du miel pour le Prince. Ce jeu de perspectives se voit expose de manière irrésistible dès la scène d’introduction voyant le Saint commenter de manière ironique une bagarre de cinéma caricaturant... Les siennes propres ! Malgré l’emploi d’un acteur aussi emblématique que l’épatant Kenneth J. Warren, les auteurs ont la judicieuse de se lancer dans un projet aussi vertigineux qu’Epic, pour au contraire traiter le sujet  sous le meilleur angle du Saint de Roger Moore : la comédie légère et distanciée (soulignée dès un générique évoquant la Linea d’Osvaldo Cavandoli).

La situation débouche ainsi sur un pastiche absolument irrésistible des James Bond de Sean Connery, ici revisités par Roger Moore. L’organisation SWORD évoquant clairement le SPECTRE (avec aussi la présence du harponné d’Opération Tonnerre, Philip Locke) et l’on reconnaît de multiples références à Goldfinger (le casse, la présentation en maquette, le laser, la réalisation en uniforme, la confrontation finale, etc.). La présentation de 007 comme parangon du fantasmé se savoure avec plaisir. Les acteurs jouent totalement le jeu, en particulier Kenneth Warren, absolument irrésistible en antagoniste oscillant entre réel et imaginaire, jusqu’à se perdre et ne cessant d’observer la réalité à travers des écrans. L’un des premiers Geeks des séries télé ! Chacune dans son genre, Sylvia Syms et Justine Lord apportent charme et vivacité à un ensemble dominé par un Roger Moore idéalement dans son élément et parfait en pré James Bond. On regrettera une réalisation par contre trop similaire au quotidien de la série, y compris budgétairement (surabondance de décors en studio) mais l’exercice de style s’affirme de haute volée.

  • Après son apprentissage à la RADA, Sylvia Syms (Amos) connut une belle carrière au cinéma. Toujours active aujourd’hui, elle participe depuis 2007 à EastEnders, soap au long cours de la BBC.  Elle va en tout jouer dans  quatre épisodes du Saint.
  • Justine Lord (Galaxy) participe à pas moins de sept épisodes de la série. L'actrice est une figure régulière des séries anglaises de l'époque (dont les Avengers pour Combustible 23). Son rôle le plus connu demeure celui de Sonia, que poursuit le N°6, dans La mort en marche, fameux épisode narratif se déroulant hors du Village. Elle y porte pas moins de neuf costumes différents, tous blancs !
  • Kenneth J. Warren (Warlock) a joué dans quatre épisodes des Avengers : La trapéziste, Inter-crime, Les petits miracles et Caméra meurtre. D’origine australienne, il mène une double carrière, sur les planches et devant la caméra. Il s’y spécialise dans les rôles de criminels à la forte présence. Venu tenter sa chance à Londres à la fin des années 50, il connaît très vite le succès au cinéma (A high wind in Jamaica, 1965) et participe aux séries les plus prestigieuses (Z Cars, Destination Danger, Le Saint, Le Baron…).
  • Le Complexe est représenté par une immense peinture (33'). Le couloir est également une peinture en trompe l'œil.
  • Après sa diffusion anglaise, le double épisode fut fusionné en un film, à destination de l’étranger. Il fut diffusé en salles en Europe et à la télévision aux Etats-Unis. Le titre français de cette version devient Les créateurs de fiction

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14. LES IMMIGRANTS
(THE PEOPLE IMPORTERS)

Date de diffusion : 22 décembre 1968

Alors qu’il pêche en haute mer sur le littoral sud de l’Angleterre, le Saint découvre un cadavre flottant. Simon démasque l’existence d’un réseau faisant entrer clandestinement des Pakistanais dans le pays. Un armateur ruiné s’est reconverti dans cette activité très rémunératrice. Il s’avère que l’un des arrivants est porteur de la variole. Simon doit absolument retrouver les autres immigrants avant qu’une épidémie ne se déclenche dans la population.

The People Importers démontre, si besoin en était, que les bons sentiments ne peuvent suffire en eux mêmes à générer des opus réussis. Tout à fait à l’honneur de Roger Moore, le récit entreprend de dénoncer les réseaux de négriers exploitant la misère des immigrants clandestins un sujet déjà d’actualité durant les années 60. Mais les auteurs, tout à leur sincère critique, oublient longtemps de raconter une histoire. Toute la première partie de l’épisode se résume à la description du fonctionnement sinistre du réseau, Simon Templar y demeurant aussi inerte que périphérique. Avec un propos se cantonnant à de l’imagerie d’Epinal, de plus porté par une interprétation plus faible qu’à l’accoutumée, on ne saurait y discerner qu’une médiocre valeur documentaire.

Décrits comme brutaux et manquant d’envergure, les antagonistes du jour ne forment pas une opposition bien redoutable pour le Saint. Enserré dans la seconde partie du récit, le scénario se limite à quelques figures imposées bien connues, comme une caricature du style de la série. Imogen Hassal et Susan Travers (vue dans Mon rêve le plus fou) apportent un charme indéniable, mais au service de rôles très limités. Ray Austin ne trouve guère ses marques dans une mise en scène enchâssée dans des décors médiocres et développant peu d’action, hormis lors de l’affrontement final, tout en extérieurs. Il suscite enfin quelques étincelles dans un ensemble très démonstratif (sans doute parce qu’il s’agit également d’un épisode de Noël).

  • Imogen Hassall (Malia) apparut dans plusieurs Spies Shows anglais des années 60, dont Le Saint (trois épisodes) et Les Avengers, où elle fut Anjali dans Escape in Time. Elle fut aussi une étoile des séries B de la Hammer durant les 70’s. Elle fut surnommée « Countess of Cleavage» (Comtesse du décolleté) et « Queen of Premieres » pour sa propension à apparaître aux premières dans de suggestifs atours, catalysant l’attention des photographes. En 1980, elle se suicida par surdose de médicaments, pour une raison demeurée mystérieuse.
  • Second et dernier épisode réalisé pour la série par Ray Austin.
  • Gary Miller (Slater) fut un chanteur très populaire durant les Sixties et réalisa également diverses voix pour les productions de Gerry Anderson. Il décéda d'une crise cardiaque durant le tournage de l'épisode et  fut remplacé par une doublure filmée de dos. Le coproducteur Johnny Goodman (qui travailla également sur Amicalement vôtre) explique le drame par un excès de travail, Miller jouant sur scène tous les soirs durant le tournage de l’épisode, d’où une double activité épuisante.
  • Le Yacht Club est filmé à Torquay, dans le Devon. Il s’agit d’une importante localité de la côte britannique la plus chauffée par le Gulf Stream, souvent surnommée « Riviera anglaise ». On peut trouver dans cette station balnéaire très courue des plantes méditerranéennes (camélias, figuiers, lauriers, magnolias, myrtes…) et des plages de sable fins pouvant quelque peu évoquer la Méditerranée. Le site a également été utilisé pour l'épisode d'Amicalement vôtre, L'enlèvement de Lisa Zorakin.

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15. L'ARGENT NE FAIT PAS LE BONHEUR
(WHERE THE MONEY IS)

Date de diffusion : 29 décembre 1968 (The Interrogators : 01 janvier 1969)

A Nice, Jenny, la fille gâtée et capricieuse du grand producteur Ben Kersh, a été enlevée. Le célèbre Simon Templar accepte de procéder à la remise de rançon. Le spécialiste des effets spéciaux des studios a installé un appareil photo dans la montre du Saint. Il s’avère que Jenny a monté toute l’affaire pour pouvoir s’enfuir avec son fiancé. Mais les tourtereaux sont trahis par leurs associés, désireux de conserver l'argent pour eux seuls.

L’épisode souffre d’une intrigue minimaliste et largement prévisible tant le supposé retournement de situation de la complicité de la damoiselle complice des kidnappeurs se voit venir à des kilomètres. Il s’agit d’ailleurs d’un poncif des séries d’aventures de l’époque. D’une manière caractéristique, le procédé sera dupliqué quasi à l’identique lors de L’enlèvement de Liza Zorakin, l’un des opus les plus médiocres d’Amicalement vôtre. Le scénario ne fait ensuite que greffer quelques péripéties classiques sur ce fil conducteur, même si la trahison du spécialiste des effets spéciaux permet d’enrichir a minima les débats. On appréciera surtout la scène où il fait visiter son surprenant atelier au Saint, un passage n’étant pas sans évoquer la section Q par la profusion des gadgets pittoresques !

Comme souvent on apprécie de retrouver quelques visages aperçus dans Chapeau Melon et bottes de cuir, mais la distribution ne brille cependant pas son brio. Judee Mortan compose ainsi une Templar Girl très anodine. L’ensemble se voit dominé par un Kenneth J. Warren réellement impressionnant dans son incarnation d’un producteur yankee en soi assez cliché, brutal et impérieux. Le personnage demeure trop périphérique mais les amateurs des Avengers appréciant Epic goûteront fort de le retrouver trônant et vociférant dans le décor d’un studio de cinéma. Roger Moore dépolie une belle énergie sous la double casquette d’acteur et de réalisateur, tirant joliment parti de superbes voitures d’époque comme de nombreux extérieurs (bien plus anglais que niçois !), Where the Money Is demeurant l’un des opus de la série les plus richement dotés en la matière.

  • Kenneth J. Warren (Kersh) a joué dans quatre épisodes des Avengers : La trapéziste, Inter-crime, Les petits miracles et Caméra meurtre. D’origine australienne, il mène une double carrière, sur les planches et devant la caméra. Il s’y spécialise dans les rôles de criminels à la forte présence. Venu tenter sa chance à Londres à la fin des années 50, il connaît très vite le succès au cinéma (A high wind in Jamaica, 1965) et participe aux séries les plus prestigieuses (Z Cars, Destination Danger, Le Saint, Le Baron…).
  • Judee Morton (Jenny) connut une carrière essentiellement limitée à quelques apparitions au cours des années 60. Cette actrice américaine est désormais psychothérapeute à Los Angeles, ayant écrit plusieurs livres à succès sur le sujet.
  • Il s’agit du dernier des neuf épisodes réalisés par Roger Moore pour la série

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16-17. VENDETTA POUR LE SAINT
(VENDETTA FOR THE SAINT)

Date de diffusion : 05/12 janvier 1969 (The Rotters/invasion of the Earthmen : 08/15 janvier 1969)

A Naples, le Saint ne peut empêcher que son compatriote Euston soit assassiné par les hommes du chef maffieux Destamio. Arrivé en Sicile en quête de justice, il s’associe avec le chef de police pour faire tomber le criminel. Simon sympathise avec Gina, la nièce de Destamio, à qui il révèle la véritable nature de son oncle. Le gangster va tenter d’assassiner le Saint avec une voiture piégée, tout en complotant de succéder à Don Pasquali, le parrain agonisant de l’organisation. 

Vendetta for the Saint tourne résolument le dos aux fantaisies ludiques et innovantes de l’autre double épisode porté au cinéma, The Fiction Makers, pour aux contraires en revenir aux fondamentaux policiers de la série, sur une tonalité noire proche des écrits de Charteris. De fait l’intrigue, développée par le même duo d’auteurs, se montre volontiers classique, car recourant à nombre de clichés italiens et avoisinant des affrontements  précédents du Saint. Mais le scénario n’en demeure pas moins captivant, grâce à ses rebondissements, à son suspense et à ses diverses intrigues secondaires réussies (drame familial, implication personnelle de Templar, rivalités au sein de la Famille…). Déjà très riche, le récit sait ne pas s’en tenir qu’aux péripéties pour au contraire instiller toute une atmosphère inquiétante, résultant de l’omniprésence de la pieuvre au sein de la société sicilienne. Plusieurs moments forts ponctuent l’épisode, comme la longue et spectaculaire séquence de l’évasion du Saint ou l’affrontement final.

Autour d’un Roger Moore très convaincant dans cette version du Saint plus sombre qu’à l’accoutumée, la distribution se montre particulièrement relevée et apte à séduire l’amateur des Avengers. Ian Hendry réalise une prestation absolument extraordinaire, l’intensité et la présence qu’il confère au diabolique Destamio évoque clairement  l’éclat jadis apporté au Dr. Keel. Son aura autorise l’épisode à jouer pleinement la carte du duel personnel entre les deux antagonistes que tout oppose. A côté de lui, on retrouve nombre de visages connus des Avengers, tous idéalement  dans leur emploi, entre bien d’autres : Fulton McKay également parfait en victime lors de la mémorable séquence introductive, George Pastell, le pittoresque Arkadi de Du miel pour le prince en policier  classieux et madré ou encore Aimi McDonald l’évaporée secrétaire du Retour des Cybernautes, en maitresse bafouée du gangster. Rosemary Dexter apporte aussi du charme et une touche authentiquement italienne à une Damoiselle en détresse par ailleurs classique. A côté de plateaux particulièrement soignés, Vendetta pour le Saint se détache également par ses nombreux  extérieurs, mettant en valeur les sublimes sites et paysages de Malte et apportant une saveur authentiquement méditerranéenne à l’ensemble.

  • Ian Hendry (Destamio) incarna le tout premier des Avengers, le Dr Keel, avant de participer aux New Avengers (Pour attraper un rat). Il réalisa également une belle carrière au cinéma (Get carter, 1971). Hendry devait retrouver Roger Moore dans Amicalement vôtre (The Time and the Place).
  • Rosemary Dexter (Gina), anglo-birmane, fut élevée au Pakistan, avant de s’installer à Rome durant les années 50. Elle y joua dans une trentaine de films italiens durant les années 60 et 70, avant d’avoir à se retirer du fait d’une santé déclinante.
  • Pour l’unique fois de cette série très itinérante, l’action se déroule réellement à l’étranger, de nombreuses scènes étant tournées à Malte. La formule sera reprise pour les épisodes d’Amicalement vôtre se déroulant sur la Côte d’Azur. Malte fut retenue en lieu et place de la Sicile afin d’éviter les frictions avec la mafia locale.
  • Après sa diffusion anglaise, le double épisode fut fusionné en un film, à destination de l’étranger. Il fut diffusé en salles en Europe et à la télévision aux Etats-Unis.
  • Robert S. Baker indique qu’il s’agit de loin de l’épisode le plus onéreux de la série, du fait du de nombreux extérieurs tournés à l’étranger, et d’une distribution de choix. Pour limiter les frais, seuls Roger Moore et quelques collaborateurs effectuèrent le déplacement à Malte, où le tournage fut effectué par une équipe locale. Les intérieurs furent réalisés dans les studios anglais.
  • Finlay Currie, grande figure du théâtre écossais jouant Don Pasquali, dut être doublé du fait de son accent très prononcé et guère italien. Très malade, il tient ici son dernier rôle. Allongé sur le lit de mort de son personnage, il confondit Roger Moore avec un médecin et lui confia tout son état de santé, à la grande confusion de l’équipe de tournage.
  • Le coproducteur Johny Goodman se souvient d’avoir été impressionné par la popularité de Roger Moore, l’hôtel de la star étant littéralement assiégé par les fans locaux (dont de nombreuses demoiselles) durant toute la durée du tournage. Chaque jour Roger Moore devait être accompagné sous forte escorte à sa voiture. Les épouses des dignitaires de l’île rencontrèrent d’ailleurs l’acteur autour d’un café.

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18. LE ROI
(THE EX-KING OF DIAMONDS)

Date de diffusion : 19 janvier 1969 (Killer : 22 janvier 1969)

Episode traité dans le cadre d’Amicalement vôtre.

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19. LE GÉNIE
(THE MAN WHO GAMBLED WITH LIFE)

Date de diffusion : 26 janvier 1969 (The Morning After : 29 janvier 1969)

En Cornouailles, le Saint fait la connaissance de deux charmantes sœurs, Stella et Vanessa, ainsi que de leur richissime père, Keith Longman. Celui-ci confie à Simon être mourant, du fait d’une maladie cardiaque et qu’il envisage de se mettre en hibernation jusqu’à ce que la médecine ait trouvé un remède. Toutefois il envisage secrètement d’utiliser le célèbre Simon Templar comme cobaye de ce procédé expérimental !

D’Adam Adamant Lives ! à Hibernatus (1969) en passant par les voyage spatiaux (2001 Odyssée de l’Espace, 1968), l’hibernation compose un thème populaire au cours des années 60. La série s’empare donc d’un thème à la mode mais de manière intelligente. L’épisode développe en effet  une tonalité, étrange, issue de la rencontre cette fois fructueuse entre la Science-fiction et la série d’aventures incarnée par le Saint, sur un canevas n’étant pas évoquer clairement les Avengers. Les amateurs de cette dernière série s’amuseront ainsi beaucoup en découvrant ces très particuliers fossoyeurs en chapeau melon, ou Simon en train de déguster du champagne au beau milieu de la campagne anglaise. Le récit se ponctue d’éléments clairement identifiables, tels le village emblématique d’Aldbury et les superbes résidences anglaises, ou la référence explicite faite par à Roger Moore à Mrs Peel.

Le scénario n’évite pas certains clichés (comme la fille du méchant prenant rituellement parti pour Simon), mais dose habilement l’alliage de ses divers composants, tout comme son modèle. Le savoir faire de Freddie Francis permet de filmer le tout avec réussite, au sein de décors soignés et vieillissant bien. Le réalisateur a la bonne idée d’éviter tout effet spécial hors de propos et propice à la caducité. Les deux sœurs aussi surdouées que délurées font merveille lors de leurs approches hautement excentriques de Templar, sans doute les meilleures scènes de l’opus. En particulier la tonique et amusante Jayne Sofiano se met idéalement au diapason humoristique de Roger Moore et compose une Templar Girl aussi séduisante que marquante. En Diabolical Mastermind luttant pour sa survie, Clifford Evans compose talentueusement un adversaire du Saint moins manichéen qu’à l’ordinaire, jusqu’au saisissant dénouement.

  • La production de l’épisode présente une forte connotation Hammer, Freddie important réalisateur maison au cours des années 60 et 70 (ainsi que de l’Amicus) effectuant ici sa seconde et ultime participation à la série. De plus Clifford Evans (Longman) et Veronica Carlson (Vanessa) sont également des vedettes de la Hammer.
  • Jayne Sofiano (Stella), dont la carrière ne dépassa guère les années 60, participe également à l'épisode Split ! des Avengers, au thème assez voisin de l’hibernation. Elle y joue Petra, l’infirmière conservant un cuisant souvenir de John Steed.
  • L'acteur jouant le singe continue visiblement à respirer. Le déguisement est par ailleurs  très bon marché ! (43')
  • L’épisode comporte un joli clin d’œil aux Avengers, le Saint s’exclamant Keep your voice down, Mrs Peel!, quand Stella indique apprendre les arts martiaux grâce à la télévision. On entend alors quelques notes d’un indicatif de scène d’action de la série. On remarquera que la référence demeure Emma Peel, alors que la saison Tara King a alors depuis longtemps débuté.
  • En se rendant en Cornouailles la ST1 passe par le fameux village d’Aldbury, admiré en détail lors de La chasse au trésor et de Le village de la mort.

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20. PORTRAIT DE BRENDA
(PORTRAIT OF BRENDA)

Date de diffusion : 02 février 1969 (The Curious Case of the Countless Clues : 05 février 1969)

La peintre Alan Williams appelle le célèbre Simon Templar pour lui faire des révélations, mais est assassiné avant d’avoir pu lui parler. Joséphine, son amie et modèle, met le Saint sur la piste d’un tableau, le Portrait de Brenda. Il s’agit en fait du tableau de la jeune sœur du peintre, une chanteuse qui se serait suicidée avec avoir été dépouillée par un mystérieux gourou. Aidé d’une amie commune, la chanteuse pop Diana Huntley, et par les indices disséminés dans le tableau, le Saint va parvenir à démasquer le véritable coupable.

Irrigué de musique pop et de vues du Swinging London, Portrait of Brenda présente le grand intérêt de nous faire mesure le parcours accompli par la série. Inaugurée alors que les Sixties débutantes étaient encore imprégnées par les années 50, comme en rend souvent compte la saison 1, en cet avant dernier épisode elle débouche sur le crépuscule de la décennie, tant du point de vue artistique que vestimentaire ou artistique. Le Saint, très en verve lors  de dialogues plein d’humour, bénéfice du renfort de deux charmantes d’ailleurs totalement dans le vent du moment, même si l’on préfère la vivacité et l’expressivité de la juvénile Anna Carteret  à la sensualité à fleur de peau d’Anne de Vigier.  Pour sa dernière prestation Claude Eustache accomplit un sans faute et l’on apprécie vivement que le saint en prenne congé sur un élégant et amical Call me Simon. Ivor Dean aura bien mérité de la série.

De fait la première partie de l’épisode se montre particulièrement riche visuellement (King’s Road) et musicalement, avec quelques agréables airs de Pop Music. Toutefois, un fois dépassé ce cap, les péripéties résultent fort convenues, avec, comme souvent, un coupable évident tant il n’a d’autre raison de figurer au scénario. Surtout l’épisode présente une contradiction : narrer une histoire totalement sinistre et crapuleuse dans un environnement coloré et joyeux contrebalançant l’atmosphère en permanence. Le gourou, filmé de manière totalement lénifiante et premier degré (pour le coup nous sommes vraiment en 1969) occupe aussi beaucoup trop d’espace, avec un Mitland en posture constamment figée. On a l’impression que l’épisode passe à coté de son sujet, le tableau instrument de la vengeance post mortem de la représentée et non pas simple dissimulation d’indices.

  • Née à Bangalore, Anna Carteret (Diane), appartient à une vaste famille de comédiens et metteurs en scène. Elle a tourné dans de nombreuses productions policières anglaises mais demeure avant tout une grande actrice de théâtre. Elle demeure encore active aujourd’hui.
  •  C’est vraiment elle qui interprète la chanson entendue en cours d’épisode, You Won`t See Me No More. Aux tambours on reconnait Leon Delroy Williams, musicien et producteur de Ska, originaire de Jamaïque. Le cinq juillet de cette année 1969, il participe au fameux festival organisé autour des Rolling Stones, à Hyde Park (The Stones in the Park).
  • Marne Mitland (le Gourou) devait retrouver Roger Moore dans L'homme au Pistolet d'Or, où il interprète Lazar, le fabricant des balles en or utilisées par Scaramanga.  Il participe quatre fois au Saint ainsi qu'à l'épisode des Avengers La Porte de la Mort.
  • David Prowse (Tony), devait interpréter Dark Vador dans le tour premier des Star Wars.
  • Anne de Vigier (Josephine) connut une carrière essentiellement limitées aux années 60. Elle participe également à La Dynastie des Forsyte et à Amicalement vôtre (elle est l’infirmière de Someone Like Me).
  • Plusieurs sites londoniens sont aperçus au cours de l'épisode : Picadilly Circus, Park Lane, Charing Cross, King’s Road…
  • L’Inspecteur Teal, complice au long cours de Simon, effectue ici sa dernière apparition.
  • Simon passe devant un cinéma, on y reconnait l’affiche du Lauréat, sorti en 1967.
  • L’atelier d’Alan se situe dans King’s Road, entre Kensington et Chelsea. Présentée lors de la séquence introduction, cette ancienne route médiévale délimite depuis longtemps un quartier bohême de Londres, peuplé de nombreux artistes. Elle demeure particulièrement associée aux années 50 anglaises, car c’est là que résidaient et travaillaient nombre des inspirateurs du Swinging London, dont Mary Quant et Vivienne Westwood. On y trouvait également des endroits emblématiques, dont le Chelsea Drugstore, le Let It Rock ou plus tard le label indépendant Cube Records. Ce centre de la contreculture hippie puis punk, devenu très chic de nos jours, demeure le site de nombreux créateurs et boutiques de mode. Un certain James Bond, héros de romans, réside dans un square attenant à King’s Road.

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21. LES RIVAUX
(THE WORLD BEATER)

Date de diffusion : 09 février 1969 (Wish you were here : 12 février 1969)

Le constructeur de voitures de courses George Hapgood demande au célèbre Simon Templar, ami de longue date, de tester son dernier modèle. Celui-ci doit participer à un grand rallye à travers l’Angleterre et il est vital qu’il parvienne à intéresser les sponsors. Mais le prototype est victime d’un sabotage. Le Saint suspecte Justin, cousin et rival de George, car celui-ci s’est associé depuis peu à Kay Collingwood, redoutable femme d’affaires n’ayant pas froid aux yeux. Le Saint va parvenir à duper les deux compères et à assurer le succès de son ami,  avec avoir pris Kay comme navigatrice.

On reprochera à l’épisode une trop grande impression de déjà-vu, les sports automobiles ayant déjà été traités deux fois au cours de la série. De plus The Chequered Flag (saison 4) et The Fast Women (saison 5) décrivaient des rivalités d’équipes de course sur un modus operandi avoisinant fort celui du présent opus. Toutefois l’épisode parvient à se montrer hautement distrayant. Les péripéties spectaculaires se succèdent sans faiblir portées par un l’entrain communicatif de la narration et de la mise en scène. Certes le trucage de la conduite de voiture en studio se montre toujours aussi évident (la série sera demeurée immuable là-dessus) mais l’intégration d’inserts de rallyes automobiles s’effectue avec fluidité et crédibilité. L’intrigue reste transparente  de bout en bout mais le Whodunit se voit détourné dès le départ, pour devenir une piquante comédie, tant les prises de bec acidulées entre Simon et Kay regorgent d’humour incisif. Si le saint domine évidemment les débats, on apprécie d’ailleurs que la dame rende coup pour coup. Sa secrétaire passablement dessalée vaut aussi le coup d’œil.

Le coup de maitre de The World Beater réside bien entendu dans le choix de l’épatante  Patricia Haines comme ultime Templar Girl. Entourée d’autres visages connus des Avengers, elle apporte une rosserie et une drôlerie essentielles au succès de l’épisode. La complicité avec Roger Moore se montre fusionnelle, tandis que s’instaure une indéniable tension sexuelle. Un défilé de somptueuses automobiles vient compléter le succès de l’opus, même si l’on note de l’absence de la ST1, qui nous aura donc quitté sans tambours ni trompettes lors de Portrait of Brenda. Il en va pareillement pour cet épisode, où absolument rien n’indique qu’il s’agit du terminus de la production. Il est vrai que le Saint aura imperturbablement déroulé ses exploits, sans jamais se soucier du rythme des saisons. The World Beater n’en compose pas moins une digne conclusion pour la série d’aventures anglaise des Sixties ayant connu le plus durable des succès, grâce à son univers séduisant et à son interprète hors pair.

  • Patricia Haines (Kay), décédée trop tôt d'un cancer, fut mariée à Michael Caine. Elle a participé à trois épisodes des Avengers : Le Cocon, Les aigles et  Qui suis-je ?. Elle a également joué dans les séries : Destination Danger, Les Champions, Département S, Paul Temple, Poigne de Fer et Séduction. Dans la série humoristique Up Pompeii !, elle interprète "Pussius Galoria" dans un épisode intitulé Jamus Bondus ! (1970)
  • Au cours de cette sixième et ultime saison, les aventures du Saint se seront déroulées dans les pays suivants : Turquie, Angleterre, Suisse, Grèce, Pays de Galles, France, Italie et Cornouailles.

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Toucher le fond… (Broken - Part 1)