MÉFIEZ-VOUS DES MORTS Tournage : mars 1977 Diffusion : ITV, 8 septembre 1977 – TF1, 30 juin 1979 Scénario : Brian Clemens Réalisation : Sidney Hayers Clive Revill (Mark), Richard Murdoch (Perry), Gabrielle Drake (Penny),Terry Taplin (Hara), Michael Turner (Dr Culver), Trevor Adams (Sandy), Roger Avon (Headmaster), Gabor Vernon (Russian doctor). Résumé Dix années après avoir reçu une balle en franchissant le Mur, un ancien ami et collègue de Steed décide de se venger de celui-ci, se sachant condamné à brève échéance. Toujours battu dans tous les domaines par Steed, il s'acharne à détruire tout ce qui a de la valeur pour l'agent au chapeau melon et il kidnappe finalement Purdey pour attirer son rival. Fin de l 'épisode Steed explique à Purdey que Mark avait triché la seule fois où il l'avait battu. Il n'a rien dit car Mark était son ami et qu'il avait un besoin désespéré de gagner : "He was my friend". CRITIQUES Denis Chauvet Avis : Le sommet de la seconde saison des New Avengers. Le scénario n’est pas typique des Avengers mais cette histoire de vengeance met en avant de très belle façon Steed, parfois relégué au second plan lors de la première saison. Ce dernier scénario de Sidney Hayers balance entre émotion et nostalgie. Mark Crayford est un cynique adversaire très bien interprété. La ravissante Gabrielle Drake fait une apparition remarquée et la musique de Laurie Johnson est superbe. La tenue rouge et blanche sied très bien à Purdey, attentionnée avec son mentor. Profitez de cet excellent épisode, le reste de la saison n’étant pas aussi prometteur ! Avec le recul (nouvel avis, août 2012): Un des meilleurs épisodes, toutes saisons et époques confondues. Le thème de la vengeance fut maintes fois utilisé dans la série, mais il est ici humainement traité. Steed/Macnee a vieilli et mûri et ce genre de scénario sied parfaitement au personnage et à l’acteur. Cette fois-ci, l’ami de longue date de l’agent au chapeau melon lui veut du mal et il ne termine pas abattu au bout de cinq minutes ! Il n’y a presque pas d’action car l’épisode repose essentiellement sur l’émotion et la nostalgie ; un excellent thème de Laurie Johnson accompagne ces moments comme, par exemple, lorsque Steed découvre ses souvenirs saccagés ‘They were memories’. Les passages que je préfère sont la scène d’introduction à la frontière, la mise au point de Crayford à Hara : ‘You trash’ et Steed aux prises avec les haut-parleurs autour de sa villa. L’interprétation est excellente et Mark Crayford, interprété par Clive Revill, est un superbe méchant. Les autres seconds rôles ne sont pas en reste ; la prof de maths, (Gabrielle Drake), la petite ‘raclure’ (Terry Taplin), et il y a même un excentrique aux poissons rouges ! Et puis, nous avons la première preuve que Purdey est plus intéressée par Steed que par Gambit…Quatre melons évidement pour cet épisode sombre incontournable. La dernière phrase de Steed est admirable: ‘How could I tell him? He was my friend.’ Steed 3003 27 mars 2005
Estuaire44 7 juillet 2015 On pourrait reprocher à Méfiez-vous des morts de manquer d’originalité. En effet, plusieurs esprits diaboliques animés par la soif de vengeance s’en sont pareillement pris à nos héros, en veillant à les détruire psychologiquement avant que physiquement (Ne vous retournez pas, L’héritage diabolique, Le Joker, Jeux...). D’autres ont été animés par leur folie propre, dont l’inoubliable Z.Z auquel une réplique de Crayford, assez étonnante de la part de ce dernier, fait clairement songer (This is a massive production. Mark Crayford presents… Definetly for one performance only). Nous nous trouvons donc en terrain connu, mais l’opus trouve néanmoins sa spécificité en renonçant à la formule classique de l’huis-clos. Surtout, Clemens met judicieusement sur la personnalité de Crayford, au lieu de jouer sur le suspense d’une révélation tardive de son identité. Cela permet de capitaliser sur l’extraordinaire performance de Clive Revill (sans conteste l’une des plus mémorables prestations d’un acteur invité de la série), mais aussi de développer son lien à la fois intime et antagoniste avec Steed. De fait le récit constitue l’un des sommets de la figure de style de l’alter ego adversaire, toujours propice à des confrontations particulièrement intenses. On songe notamment à l’opposition entre le Docteur et le Maître, chacun des deux adversaires partageant une identité très anglaise ainsi qu’une scolarité commune. Outre le complexe d’infériorité du maître, tous deux s’entourent comme ici de compagnons d’aventures. Les scènes entre Crayford et son padawan exhalent d’ailleurs une tension trouble, similaire à celle existant entre le Seigneur du Temps maléfique et ses rares Compagnons, moins mauvais que leur mentor mais le suivant pareillement sur le chemin du désastre. Tout comme le Renard de Le Monde ne suffit pas, sa dimension de mort en sursis rajoute encore à l’aura méphitique de Crayford et accentue la rare noirceur de l’atmosphère de l’épisode. Clemens, qui a décidément retrouvé ici tout son savoir-faire, joue pleinement cette carte en introduisant peu de scènes d’action qui perturberaient le ton du récit. Cela n’empêche nullement un savant accroissement de l’intensité dramatique. Cela n’entrave pas non plus la présence de scènes électriques, tel le dénouement à la fois spectaculaire et ironique (avec l’idée géniale de la sonnerie fatidique du réveil) ou l’étonnant passage des hauts parleurs, que l’on croirait effectivement tourné par un Z.Z. au sommet de sa forme. L’amateur des années Cathy Gale y trouvera le plaisant écho d’un Steed pareillement pris de panique face à la voix de l’invisible Teddy Bear. Par ailleurs Méfiez-vous des morts se montre d’un grand intérêt car exprimant la quintessence de la différenciation entre Avengers et New Avengers. Les Diabolical Masterminds de la série classique présentaient souvent deux aspects, l’un extravagant ou excentrique, l’autre létal et sinistre, dont la fusion participait pleinement à la spécificité de Chapeau Melon. Avec Crayford, Clemens renonce totalement à la première facette, mais en revanche met en exergue la seconde, jusqu’à la sublimer. De même, le récit critique en arrière-fond un aspect du modèle social traditionnel de l’Angleterre, ici une scolarité privilégiant la performance à tout crin. Mais là où la série classique, notamment en saison 4, recourrait à un humour fantaisiste, Clemens opte ici pour une mise en perspective sèche et acerbe, d’une intensité se situant parfois à la lisière de l’épouvante psychologique. Porté par un scénario sans failles (contrairement à d’autres opus de la première saison), Méfiez-vous des morts ouvre en définitive une fenêtre sur ce qu’auraient dû toujours constituer la nouvelle série, une approche brillamment renouvelée du Monde des Avengers. Malheureusement Méfiez-vous des morts connaît aussi un paradoxe. Alors que le trio des New Avengers était venu en renfort de récits autrement plus médiocres, il s’en vient ici grever le succès du présent épisode. En effet Clemens décide clairement de redistribuer les cartes au sein du clan, avec une résultante peu heureuse. Le plus pénible demeure la scène où Purdey, en voiture, se lance dans un flirt aussi transparent que soudain avec Steed. La voici brusquement transformée en groupie, lisant les dossiers de ses devancières comme d’autres lisent des magazines people. Tout ceci manque de finesse et ne cadre aussi peu avec le personnage que Cathy Gale en odalisque dans Mort d’un grand Danois. On apprécie vivement que la saison replace décidément Steed au cœur de l’action mais que cela s’étende potentiellement au sentimental semble excessif, la différence d’âge étant là. Même si, tout comme pour les précédents visages connus de la série classique, on est ravi de retrouver la piquante Gabrielle Drake, jeter concomitamment Gambit dans une liaison résulte bien mécanique et téléphoné. La résultante en est un affaiblissement délibéré du lien Purdey/Gambit, tandis que ce dernier se voit réduit à son seul statut d’homme d’action, tout cela au profit d’une nouvelle direction bien improbable. Ce point demeure heureusement secondaire dans le récit. EN BREF : Chef d’œuvre de des New Avengers, l’épisode illustre à la perfection ce qu’aurait toujours du représenter cette série. Crayford compose un adversaire inoubliable. EXTRAIT VIDÉO Inquiétant message :
L'heure de la vengeance a sonné ! INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES Tournage o L’introduction a été tournée à Black Park Lake dans le Buckinghamshire. Celle de Pour attraper un rat, censée également représenter la frontière avec l’Est, fut aussi tournée à cet endroit.
o Pourquoi les gardes frontières russes de 1966 ont-ils des uniformes britanniques des années 70 ? (Source, site : Mrs Peel, we’re needed). o Un faux décor, stratagème souvent utilisé lors de la saison couleur Peel, représente le Kremlin. Une peinture sert d'arrière plan dans le cabinet médical censé se trouver à Moscou. o Alors que Steed se dirige dans les bois au son de la voix de Crayford, on peut apercevoir le reflet des lumières du studio sur la fenêtre de la maison. Détails o Nous apprenons dans cet épisode que Gambit a quitté l'école à 14 ans pour rejoindre la Marine. Gareth Hunt a laissé tomber l’école pour rejoindre la marine marchande à cet âge. o Steed a de la porcelaine de Limoges, connue chez nous, mais aussi de Dresde. L'appellation Porcelaine de Saxe recouvre les productions de plusieurs manufactures allemandes de la région de Saxe à partir du début du XVIIIe siècle. Steed conserve aussi son cognac dans une carafe en cristal de Waterford. Waterford Crystal est un des leaders mondiaux dans la fabrication de verres, vases et coupes en cristal. La société fut fondée en 1783. o Victor Ludorum signifie en latin ‘vainqueur de toutes les compétitions’, ce qu’ignorait Gambit. o Un grand moment de nostalgie lorsque Purdey passe en revue la vie de Steed dans les archives…Cathy Gale, Emma Peel, Tara King ! o Kilroy was not here. Vous vous souvenez du sens? Si la réponse est ‘non’, consultez la fiche de Cible ! o Gambit utilise le mot ‘figures’ avec Penny, la prof de maths, car ce mot a deux sens (en VO) ; chiffre et silhouette. Il reprend l’humour de son mentor car Steed fait le même jeu de mots avec Suzanne, la secrétaire de Yuill ("round figures") dans Meurtre par téléphone de la quatrième saison. o L’école a le même décor que le ministère de l’épisode Steed et la voyante. o Durant la scène pré générique Steed conduite un Mercédès 190 W110 noire. La voiture indique que nous sommes en Allemagne, mais reste un choix étonnant car elle fut le véhicule emblématique des vilains durant les années 60. C’était même devenu une espèce de rituel dans une série comme Le Saint. Ce véhicule de gamme moyenne comportait un grand coffre et consommait peu de carburant, alors que ses dimensions relativement modestes favorisait le stationnement : au total la W110 fut très populaire auprès des chauffeurs de taxi allemands . o As they say, all is fair in love, déclare Steed à Mark dans la scène pré générique. And war ? interroge alors de dernier. Le proverbe anglais All is fair in love and war provient en fait de la romance Euphues: The Anatomy of Wyt, écrite par John Lyly (1578). o Someone is walking over my grave déclare Steed, saisi d’un pressentiment. Ce dicton indiquant une frayeur inexpliquée provient du folklore anglais médiéval. Sous sa forme définitive, il a été pour la première fois par Jonathan Swift dans on ouvrage A Complete Collection of Genteel and Ingenious Conversation (1738), se moquant de l’inanité des conversations mondaines de son temps. o La tour dans laquelle est retenue Purdey est en fait la Faringdon Folly Tower dans l’Oxfordshire (source : Avengerland). Elle fut édifiée en 1935, sur le site d’une antique forteresse du haut Moyen Âge, au bénéfice de Lord Benners (1883-1950). Ce riche seigneur, esthète réputé pour son excentricité, fut romancier, peintre et compositeur. Sa folly porta longtemps l’inscription Members of the public committing suicide from this tower do so at their own risk. Le site servi de tour d’observation durant le Blitz et fut classé en 1986. o Purdey porte le même kimono doré que lors du Château de cartes de la saison précédente : Château de cartes: Méfiez-vous des morts: Acteurs o Clive Revill (1930) est né en Nouvelle-Zélande. Un acteur de théâtre, cinéma et télévision très respecté. Il fut nommé deux fois aux Tony Awards de Broadway. Il connut surtout le succès au théâtre mais il est également apparu au cinéma dans The Assassination Bureau (avec Diana Rigg et Telly Savalas), La vie privée de Sherlock Holmes (une scène d’anthologie !), Boulevard du rhum (avec Lino Ventura), Avanti pour lequel il reçut une nomination au Golden Globe. À la télévision, on a pu le voir dans Jason King, Columbo, Dynasty (trois épisodes), Magnum, MacGyver. o Gabrielle Drake (1944) est Angora dans Le tigre caché, un épisode incontournable de la saison 5. Elle a travaillé comme fille au pair à Paris avant de s'inscrire à la RADA (Royal Academy of Dramatic Art, l'équivalent du Conservatoire français). Elle a été testée pour jouer les rôles d'Emma Peel et de Tara King. Elle avait un rôle majeur dans la série UFO (1970) et a participé aux séries Le Saint, Les champions et Les professionnels (de Brian Clemens). Elle est apparue dans quelques rôles mineurs assez déshabillés au cinéma au début des années 70 et elle est la voix du livre audio The Kama Sutra (1994). Elle vit dans une abbaye médiévale dans les Midlands. À noter que... o Pour l'édition Opening sortie en 2006 au Royaume-Uni, un commentaire audio de cet épisode a été fait par Brian Clemens et Gareth Hunt, son transcript figure ici . o C’est le troisième épisode produit mais le premier diffusé en Grande-Bretagne. o Coupures de presse lors de la 1re diffusion française. Fiche de l'épisode Méfiez-vous des morts des sites étrangers : En anglais En flamand En italien En espagnol
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