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LA BOÎTE À TRUCS

( BOX OF TRICKS)

Tournage : Achevé le 17 janvier 1963

Diffusion : ITV, 19 janvier 1963 – 13ème RUE, 26 février 1998

Scénario : Peter Ling & Edward Rhodes

Réalisation : Kim Mills

Jane Barrett (Kathleen Sutherland), Maurice Hedley (General Sutherland), Edgar Wreford (Dr. Gallam), Ian Curry (Gerry Weston), April Olrich (Denise), Dallas Cavell (Manager), Jacqueline Jones (Henrietta), Robert Hartley (Head Waiter), Royston Tickner (Doorman), Gail Starforth (Maid), Lynn Taylor (Showgirl).

Résumé Dans le cabaret où se produit Venus Smith, un magicien exécute plusieurs tours, puis présente le prochain au public. Il leur montre une cabine et fait entrer sa partenaire à l'intérieur. Après avoir compter jusqu'à trois, il ouvre la porte, et tout le monde constate que la femme a disparu. Vient le moment de la faire revenir, mais c’est alors qu’elle s'écroule au sol, morte !


CRITIQUES


Estuaire44 3 juillet 2007

La boîte à trucs apparaît comme un excellent épisode, notamment grâce à une évolution commençant timidement à se dessiner vers les saisons ultérieures.

L’on découvre avec stupeur que Vénus Smith a totalement changé de coiffure, en adoptant un genre à la garçonne, plus en phase avec le style des années 60. Les années 50 s’éloignent rapidement et, en bonne professionnelle, Vénus s’adapte au goût du jour ! Une fois estompée la stupeur initiale, on s’aperçoit que cette nouvelle coupe met bien en valeur le visage très expressif de Julie Stevens, particulièrement tonique ici. Cela tombe bien, car dans cet épisode Vénus est véritablement mise en vedette !

En effet, beaucoup plus que lors de ses précédentes apparitions, elle participe activement à l’action, apportant une aide effective à Steed au lieu de simplement poser. Elle prend des initiatives, s’expose, en un mot se rapproche d’une authentique collaboratrice de Steed ! Cette évolution apparaît d’autant plus appréciable qu’elle s’effectue sans que Vénus perde ses qualités spécifiques, celles qui font son charme particulier tout en lui conférant une identité propre Elle montre ainsi toujours une candeur juvénile irrésistible (nous avons droit à l’habituelle séance d’escroquerie de Steed, toujours très amusante), de même qu’à ses adorables petites mimiques d’énervement. Elle interprète également deux chansons avec son énergie coutumière habituelle. L’épisode s’offre d’ailleurs un moment de fantaisie bienvenu quand Vénus joue avec la caméra, comme dans une vraie émission de variétés !

Ce développement du personnage rencontre toutefois ses limites : Vénus ne participe toujours pas aux scènes d’action pures et son association avec Steed s’avère toujours aussi déséquilibrée, mais c’est ce qui constitue son originalité, très appréciable sur quelques épisodes. Son attachement aveugle à Steed en fait toujours son satellite : il suffit qu’il le lui demande pour qu’elle accepte aussitôt de pénétrer dans une boîte ressemblant de plus en plus à un cercueil ! Amour quand tu nous tiens !

L’évolution positive se retrouve également chez Steed, qui se rapproche du personnage irrésistible que nous connaissons. Certes les différences continuent à perdurer : on le voit ainsi se comporter en véritable mufle envers la jolie Henrietta que, à l’instar de Vénus, il ne considère avant tout que comme un outil. Néanmoins, il dispose désormais d’un véritable espace pour distiller son humour et son charme, ce dont il ne se prive d’ailleurs pas durant de nombreuses scènes de l’épisode.

Même s’il se montre en verve dans sa couverture de faux masseur, c’est surtout la scène du faux millionnaire hypocondriaque qui emporte l’adhésion. En effet, c’est avec beaucoup de plaisir, et on peut l’avouer, d’émotion, que nous l’observons ici effectuer un de ses grands numéros qui feront les riches heures des saisons ultérieures, particulièrement de la quatrième. L’ensemble se voit porté par le grand talent de Patrick Macnee, particulièrement inspiré durant tout l’épisode. Évidemment l’audace et la fantaisie ne sont pas encore aussi flamboyantes qu’elles le deviendront, mais le décor est déjà planté, y compris le chapeau melon, revêtu pour l’occasion ! Une canne remplace certes le parapluie, mais celui-ci apparaît lors de la scène de la trappe, dans un de ces emplois détournés qui se multiplieront avec bonheur par la suite.

Cet éclat des personnages se trouve rehaussé par une réalisation se caractérisant, certes par un tempo assez lent, mais également par des effets visuels réussis, à défaut d’être véritablement originaux. Ainsi le masque du magicien dans le miroir, le jeu menaçant du bon docteur avec une écharpe, l’apparition de dos de Steed alors que Vénus, affolée, recherche Denise, apparaissent comme autant de moments de tension réussis. Surtout, la mise en scène donne une vision assez caustique du London by night où Steed semble particulièrement à l’aise ! Elle prend ainsi le temps de s’attarder un peu sur les clients, les demoiselles du bar, les relations dans la troupe… Les vues nocturnes de Piccadilly sont également très réussies. Le final est très amusant, où l’on voit Steed, qui l’a bien cherché, se retrouver coincé entre "Charybde et Scylla" !

Une vraie atmosphère est ainsi créée, renforcée par un décor jouant brillamment du contraste entre une scène vaste et lumineuse (superbe plan séquence d’ouverture) et des coulisses labyrinthiques et obscures. C’est un étrange endroit que nous découvrons, comme cela sera bien souvent le cas par la suite, même s’il ne s’agit encore une fois que d’une esquisse.

L’intrigue paraît assez astucieuse, tenant la route même si l’on devine le pot aux roses assez vite. À noter tout de même une incohérence, le médecin-espion n’abattant pas Steed quand il en a la possibilité alors qu’il se prépare à prendre la fuite. Ces mélanges de cristaux et de radiations positives ont un relent New Age, la série est encore une fois en avance sur son temps !

Les personnages secondaires se révèlent dans l’ensemble assez savoureux. Le Dr Gallam constitue un adversaire de qualité, se montrant inquiétant et perspicace à souhait, grâce à une belle composition d’Edgar Wreford. Il n’a pas encore la fantaisie délirante d’un esprit diabolique mais il en a l’envergure. Son inventivité commence déjà à le distinguer des espions classiques. Le magicien manque par contre d’excentricité pour vraiment nous intéresser.

Kathleen constitue un pendant parfait à son amie Vénus, dont elle partage la candeur (confinant chez elle à l’idiotie) et un amour pour un homme l’instrumentalisant sans scrupules. Deux duos étrangement similaires s’installent dès lors, Steed/Vénus et Gallam/Kathleen, dans une opposition très ludique. C’est bien entendu le plus astucieux des deux joueurs qui finit par remporter la partie !

Henrietta est charmante, tandis que Denise nous offre encore un de ces charmants accents français dont cette saison a le secret. Le général, vrai bouledogue anglais plus fin qu’il n’y paraît, illustre à merveille la phrase de Churchill : « Une pomme tous les matins éloigne le médecin... à condition de bien viser ! ».

EN BREF : L’Étoile du Soir atteint son apogée au-dessus du Monde des Avengers, dans le meilleur épisode de sa séquence. Grâce à une boîte de vitesses bien huilée, la série commence à passer la quatrième !


VIDÉO


Un patient peu commode !


INFORMATIONS COMPLÉMENTAIRES


Tournage


Continuité

o Lorsqu'Henrietta, assise avec Steed, commande un verre, le micro apparaît devant le front du serveur (3’50’’) :

o Le micro apparaît très nettement au-dessus du général quand il cherche Steed (34’19’’) :

o Très fugitivement, un homme passe dans la loge des artistes, dont la porte demeure légèrement ouverte, quand Kathleen attaque le Dr Gallam (48’58’’).


Détails

o Dans le scénario original, l’épisode était supposé comporter à la fois les personnages de Vénus Smith et de Cathy Gale ! Finalement Vénus joue bien un rôle actif, sans se contenter de faire partie du décor !

o L’image de Vénus dans le générique d’ouverture n’est plus adaptée à sa nouvelle coiffure.

o Le sous-titre nous apprend que, plus jeune, Vénus aurait séjourné au YMCA. C’est étonnant car cette organisation de jeunesse n’accueille que des garçons, les filles étant hébergées par le YWCA, Young Women's Christian Association ! La version originale ne se trompe pas. Patrick Macnee devra lui-même, au Canada, faire appel au YMCA durant une période particulièrement délicate de sa carrière, au début des années 50.

o Le titre de l’épisode est à double facette, pouvant concerner aussi bien la boîte du magicien que celles du faux médecin.

o Lors du toast final, on voit bien Steed servir du champagne, mais pour Vénus (qui ne boit jamais d’alcool fort pour protéger sa voix) il lui préfère un brandy ! Tout de même, il reste du chemin à parcourir…

o Les chansons interprétées par Vénus sont encore une fois de grands standards. It’s a pity to say goodnight connaît une grande popularité lors du tournage de l’épisode, venant d’être reprise avec réussite par Ella Fitzgerald l’année précédente. It’s de-lovely (1936) est un immense succès de Cole Porter, célèbre auteur-compositeur américain. On lui doit notamment I’ve got you under my skin, immortalisée par Sinatra et superbement reprise par Diana Krall dans son album When I look in your eyes (1999).

o William Makepeace Thackeray (1811-1863). Steed utilise comme nom d’emprunt celui de ce célèbre romancier victorien, connu principalement pour ses ouvrages satiriques dépeignant au vitriol la société britannique (ce qui préfigure également ici l’évolution future de la série !). Il y prêche les valeurs de l’humilité et du travail, tout en demeurant très puritain ! Son ouvrage The luck of Barry Lindon sera à l’origine du chef-d’œuvre de Stanley Kubrick. Son roman le plus connu demeure tout de même La foire aux vanités (Vanity fair, 1846), également porté au cinéma. Il y décrit l’inversion de la position sociale de deux amies, dans le contexte des guerres de l’Empire, avec un ton très caustique qui fait que ce roman se lit encore avec entrain aujourd’hui. Le reste de son œuvre semble désormais beaucoup moins lu, alors qu’en son temps il était pratiquement aussi connu que Dickens. Décidément, vanité, vanité, tout n’est que vanité !

Acteurs – Actrices

o Jane Barrett (1923-1969) est également apparue dans diverses séries (Dixon of Dock Green, Public Eye…) ainsi qu’au cinéma (La Rose et l’Épée, 1953). Le générique de fin de l’épisode comporte une erreur, car elle y est créditée sous le nom de Barratt ! Elle est décédée prématurément d’un cancer.

o Maurice Hedley a connu une carrière télévisuelle limitée aux années 60, où il participe à un grand nombre de séries (Z Cars, Le Saint, A for Andromeda, Public Eye…). Il a également beaucoup joué au théâtre.

o Edgar Wilford (1923-2006) fut avant tout un grand acteur de théâtre, formé dans les années 40 dans la prestigieuse troupe Old Vic (1818), alors dirigée par Laurence Olivier. Il joua ainsi de nombreuses pièces du répertoire shakespearien, obtenant de grands succès, particulièrement dans Le Songe d’une nuit d’été et Hamlet. Il interpréta par la suite de nombreux rôles prestigieux dans le West End et à travers tout le pays. Sa carrière télévisuelle fut néanmoins brillante, avec plus de 70 participations à des séries ou à des adaptations théâtrales. Avant d’être atteint de la maladie de Parkinson qui allait l’emporter, il avait débuté une carrière de metteur en scène et de professeur d’art dramatique.

o Ian Curry (1930) apparut seulement dans quelques séries des années 60 (Armchair Theatre, Zero One…).

o April Olrich (1933) a connu une grande carrière de danseuse de ballet. Après avoir appartenu durant plusieurs années, comme danseuse étoile, au prestigieux Royal Ballet (du Royal Opera House de Covent Garden) elle enchaînera succès sur succès à Broadway (What a minim !, 1966). Elle a également participé à de nombreux films et séries. Au grand écran elle se fit connaître dans La Bataille de Rio Plata (1956) où elle interprète la chanteuse et danseuse Dolorès. Cette première bataille navale de la guerre de 39-45 se termina dans le port de Montevideo où un important cuirassé allemand se saborda. April, encore enfant, vivait dans cette ville et en conserve un terrible souvenir ! Un certain Patrick Macnee fait également une très courte apparition dans ce film, où il joue le rôle taillé sur mesure d’un aristocrate anglais officier de marine ! (Extrait dans la section vidéo du site.)

o Dallas Cavell (1925-1993) a également participé à l’épisode Pour attraper un rat (saison 7). Il a joué dans de nombreuses séries des années 60 et 70 (Les Champions, Crossroads, Dr Who…) tout en connaissant une belle carrière théâtrale.

o Julie Stevens (1936) a suivi des études d’infirmière puis fait du théâtre avant de se lancer à la télévision. Malgré ses apparitions dans d’autres séries télévisées (Z Cars, Girls about town…) son rôle le plus important demeure celui de Vénus Smith, une chanteuse de Music-hall collaboratrice occasionnelle, et parfois involontaire, de Steed. Elle apparaîtra dans six épisodes de la saison 2 : Le décapode, Tueurs à gage, La boîte à trucs, L’école des traîtres, L’homme dans le miroir et Le clan des grenouilles, où elle interprète à chaque fois au moins un numéro musical. Une grossesse et le succès de Cathy Gale entraîneront son départ. Julie Stevens demeure principalement connue comme animatrice d’émissions de télévision pour la jeunesse. Elle a ainsi animé, au début des années 60, The Sunday breaks (ABC), un programme religieux pour adolescents, puis, durant les années 70, Play school (BBC), destiné à la petite enfance. En 1989, elle crée même de nouvelles chansons pour l’émission enfantine de la BBC Look and Read !

À noter que…

o Notes édition DVD Optimum:

Commentaire vidéo: Julie Stevens indique que pour son troisième épisode Vénus Smith allait connaître de grands changements. Les producteurs décidèrent de modifier son répertoire, passant de chansons sentimentales à des airs plus jeunes. Elle opta pour des cheveux courts également davantage dans le vent. Julie Stevens apprécia ces changements, trouvant le personnage plus amusant à interpréter de la sorte. Elle estime cependant qu’en fait Vénus demeure la même, notamment dans sa relation avec Steed.

Suppléments: On trouve le script habituel ainsi que grande galerie de photos, judicieusement quasi exclusivement consacrée à Julie Stevens. Conformément à son commentaire, elle apparaît radieuse durant tout le tournage ! A noter deux photos issues en fait de The Removal Men.

o Le sujet de l’épisode fait fortement penser à celui de Les espions font le service (saison 4) où des majordomes félons récupèrent des secrets militaires grâce à de petits magnétophones dissimulés dans les uniformes de militaires de haut rang. Cet épisode bénéficie d’une fantaisie débridée, bien éloignée de la saison 2 ! Ainsi, alors que la réunion des militaires est ici d’un grand classicisme, celle des espions est inaudible, car les participants sont emballés dans un sac insonore !

o La scène de fin sera reprise presque à l’identique dans La danse macabre (saison 4), à une différence majeure près : l’invitation à la danse de Steed stoppera les questions d’une Mrs Peel se laissant emporter, mais pas celles de Vénus ! Au-delà de l’anecdote on peut y voir une illustration de la différence d’intensité entre leurs relations, Steed maintenant toujours une certaine distance avec Vénus, qui apparaît davantage comme son instrument que comme sa collaboratrice. Avec Mrs Peel il en va bien entendu tout autrement…

o Kim Mills (1931-2006) a réalisé de nombreux épisodes de diverses séries anglaises des années 60 (Public Eye, Mystery and Imagination, Armchair Theatre…) avant de débuter une carrière de producteur dans les années 70 (Zodiac, The rivals of Sherlock Holmes…). Il a en tout réalisé 10 épisodes des Avengers : Le grand penseur, La boîte à trucs, L’homme dans le miroir, La baleine tueuse (saison 2), Concerto, Mort à la carte, Mort d’un ordonnance, Les sorciers, La grandeur qu’était Rome et Le quadrille de homards (saison 3). Il a eu ainsi l’honneur de conclure chacune de ces deux saisons !

o Pater Ling (1926-2006) a également participé à l’écriture de deux épisodes de la saison 1 (Dance with death et Ashes of roses). Il a également participé à d’autres séries, comme Compact et Dr Who. Son principal titre de gloire reste d’avoir été l’un des créateurs de la série Crossroads en 1964, ce soap opera connaissant un vif succès et se prolongeant jusqu’à la fin des années 80. Il s’est lancé dans l’écriture pendant la guerre, durant un séjour dans un sanatorium pour cause de tuberculose !

o Anne Spavin aura réalisé les décors de cinq épisodes : Missive de mort, La boîte à trucs, L’homme dans le miroir (saison 2), La toison d’or et Le marchand de secrets (saison 3).

Fiche de La boîte à trucs des sites étrangers :

En anglais

http://theavengers.tv/forever/gale1-17.htm
http://www.dissolute.com.au/avweb/season2/217.html
http://deadline.theavengers.tv/GaleS1-17-BoxOfTricks.htm

En flamand

http://home.scarlet.be/~pvandew1/avengers/gale18.htm