Le Hobbit : La Bataille des Cinq Armées (2014) Résumé : Les Nains ont reconquis Erebor mais la montagne est une source de convoitise pour trop de monde. Critique : Troisième volet, ce film à la lourde charge de conclure le chapitre du « Hobbit » tout en laissant ouvert celui du « Seigneur des Anneaux ». S’il dispose de forts beaux moments de bravoure, il ne manque pas non plus de longueurs mais l’émotion qui est plus nettement présente ici ajoute une plus-value non négligeable. Avec ce volet, il apparaît clairement que « Le Hobbit » est une œuvre d’initiation : la légèreté de l’enfance pour le premier opus , les épreuves dans le second, la maturité dans le troisième. L’ouverture du film est la conclusion du précédent : Smaug, déverse sa colère et ses flammes sur Lacville. Tout ce passage est remarquablement équilibré puisqu’à la tragédie de la ville ruinée viennent faire contrepoids des saynètes mi- sérieuses mi- comiques (évasion de Bard et surtout la fuite et même la mort du Maître). La confrontation de Bard et de Smaug est un moment très fort car le silence concentré de l’homme qui fait appel à tout son courage répond aux persiflages sarcastiques et méchants du dragon. Benedict Cumberbach, qui donne son expression à Smaug, a réussi à donner une cruauté mauvaise à la bête, à la fois fascinante et répugnante. Bard parviendra à tuer le dragon (dont l’agonie est spectaculaire). Cette fois, il n’y a plus de dragon en Terre du Milieu. Le temps du merveilleux s’achève. Conquérir un royaume est une chose. Devenir roi en est une autre. On se souvient de la prédiction sinistre du dragon concernant Thorin. La bête est morte mais pas le venin ; sa malfaisance a imprégné le trésor d’Erebor et il est effrayant de constater la transformation de Thorin en tyran. Richard Armitage a le regard habité d’une froide lueur dorée. L’acteur donne magistralement à voir l’ivresse de puissance qui a saisi le Nain. Quand il parle du trésor, il a des accents qui font penser au dragon. Cette ivresse isole Thorin et met à mal la solidarité de la compagnie. Mais le pire reste à venir : contre toute humanité ou respect de la parole donnée, les portes d’Erebor restent closes quand les habitants de Lacville viennent demander de l’aide. Les hommes mais aussi les Elfes car Thranduil convoite des gemmes sous la montagne. La fierté ombrageuse de Thorin scelle l’alliance des Hommes et des Elfes. Tous sont sur le pied de guerre. La guerre est une maladie contagieuse. Voici qu’une armée naine vient aider Thorin ! Mais le pire c’est que le véritable ennemi, lui, ne tarde pas à se découvrir. Libéré de Dol Guldur par Elrond, Saroumane et Galadriel (qui semble très attachée au magicien) au terme d’une bataille très énergique contre les « Hommes mortels promis au trépas » selon les paroles du poème concernant les anneaux, Gandalf a averti Thranduil et Bard. Bilbon va essayer de sauver la situation en remettant l’Arken Stone à Bard pour qu’il la propose à Thorin contre la paix. En vain. De toute façon, une troisième armée arrive à Erebor ; les orques. Notons que les Nains s’alignent spontanément contre eux alors que les Elfes paraissent passifs. Ils vont pourtant se battre eux aussi. Peter Jackson réussit magistralement sa bataille, pas de doute là-dessus. Ce qui pêche cependant c’est sa longueur. Ce n’est pas parce que l’œil est sans cesse sollicité qu’il se passe réellement quelque chose. Erebor reste close mais, au terme d’une crise personnelle intense (rendue très vive par des effets tournoyants et par l’ombre du dragon sur le sol doré), Thorin jette sa couronne et reconquiert sa royauté. Le cor d’Erebor résonne ; les Nains se jettent dans la bataille. L’effet est héroïque par l’engagement des acteurs, filmés en frontal mais ce ne sont que treize Nains ! C’est néanmoins un moment décisif car Thorin vise Azog. Priver une armée de son chef a toujours été une bonne option. Surtout qu’une quatrième armée est sur le point de survenir ! Legolas et Tauriel sont venus (après quelques scènes sans intérêts) en avertir tout le monde. Ils seront plus utiles dans la bataille. Orlando Bloom est toujours impeccable dans son rôle. Engagé, l’acteur montre un Legolas plus sérieux qu’il ne le deviendra dans Le Seigneur des Anneaux. Globalement, l’humour n’est pas la caractéristique première des Elfes ! Physiquement, il donne de sa personne et assure avec crédibilité. Evangeline Lilly reste très convaincante. Cependant, le film commet un contre-sens avec elle. Alors que, dans l’opus précédent, elle nous a été présenté comme une indépendante courageuse et compétente, ici, elle doit deux fois sa survie à des hommes (plus exactement, un Nain et un Elfe) ! Bonjour le féminisme ! Pour le coup, Galadriel était plus efficace ! Autre souci ; la bataille (qui passe à cinq armées quand les aigles et les ours menés par Radagast se jettent dans la mêlée à leur tour) devient une série de duels. Cette personnification diminue l’intensité du combat et transforme la lutte stratégique en un règlement de comptes. Dommage même si Richard Armitage est plus que grandiose dans son interprétation. Là aussi, si le rythme ne faiblit pas, l’intérêt est plus difficile à maintenir. L’émotion prend heureusement le relais. A la guerre les gens meurent avait énoncé avec une froideur sinistre Thorin. Certes, mais ce n’est pas pour cela que chaque mort n’en est pas moins douloureuse. Une première séquence avait eu lieu quand Galadriel avait secouru Gandalf. A Dale, c’est Kili qui périt et Tauriel est désarçonnée par la violence de ce qu’elle ressent. Plus tôt dans le film, le Nain avait osé déclarer sa flamme à la belle Elfe. Qu’elle ait ressenti quelque chose est évident même en ne disant rien ; ses actes parlent pour elle et Evangeline Lilly donne une profondeur émotionnelle à son personnage. De même, la mort de Thorin dans les bras de Bilbon ne manque pas de panache. La détresse de Bilbon nous est pleinement communiquée par Martin Freeman. Un peu mis en retrait, l’acteur a su user de son talent dans chaque scène qu’il a eu à jouer. Le final joue sur plusieurs tableaux. L’émotion des adieux entre Bilbon et les Nains. La grande sympathie entre Bilbon et Gandalf accompagnée de la mise en garde de ce dernier concernant l’usage d’un « anneau de pouvoir ». L’humour quand Bilbon voit sa maison pillée pour une vente aux enchères puisqu’il est présumé mort ayant disparu depuis treize mois ! La toute dernière scène fait écho à la toute première du premier film et rejoint le début de La Communauté de l’anneau. La boucle est bouclée. Anecdotes :
|