Simplement irrésistible (1999) Résumé : A New York, la jeune Amanda Shelton a repris le restaurant de sa mère. Malgré toute son énergie, son manque de talent pour la cuisine menace la pérennité de l’établissement. Un jour, au marché, elle rencontre un homme mystérieux se présentant comme un vieil ami de sa mère. Il lui offre un crabe magique lui donnant la faculté de transmettre ses sentiments à travers ses plats. Elle y fait également la connaissance de Tom Bartlett, séduisant dirigeant d’un grand magasin, avec qui elle noue une romance. La cuisine sentimentale d’Amanda lui vaut une grand réussite, mais cette magie trouble Tom, jusqu’à menacer leur relation. Amanda saura-t-elle concilier amour et succès ? Critique : Tandis qu’à Sunnydale, le jeune Alex vient tout juste de surmonter une crise existentielle au terme d’une étrange nuit, Simply Irresistible paraît à l’affiche le 09 février 1999. Le défi semble de taille pour Sarah Michelle Gellar, l’actrice occupant pour la première fois le rôle principal d’une production, après ses apparitions dans Souviens toi… l’été dernier et Scream 2. Entremêlant sentiments amoureux et surnaturel, le film semble d’ailleurs évoquer quelques-uns des thèmes de Buffy contre les Vampires, alors en plein succès durant sa formidable troisième saison. Cela aurait pu contribuer à séduire une partie de son public, mais Simply Irresistible va s’avérer un échec cuisant, autant critique que public. Qu’est-il advenu ? De fait, nombre des éléments de Simply Irresistible ne fonctionnent pas. L’aspect humoristique s’avère ainsi plombé par des répliques destinées à faire rire mais tombant régulièrement à plat, de même que les gags désarmants à force de naïveté, comme les apparitions répétitives du crabe ou les émotions surjouées des clients (la Chris d’Amanda Peet a droit à une sortie de scène particulièrement désastreuse de ce point de vue). Une timide satire sociale se dessine autour des ridicules de la haute société, mais cet aspect demeure trop marginal pour réellement impacter le film. Entre son Ange à peine dessiné et ses miracles gustatifs, le volet surnaturel participe pleinement au ton trop sucré et très Arlequin du récit. La principale faiblesse du scénario consiste d’ailleurs à longtemps réitérer ce genre de scènes, en variant uniquement le sentiment mis en scène (gaité, colère, gaillardise…), tandis que l’intrigue amoureuse principale connaît un interminable surplace. La frayeur de Tom, seul évènement marquant rompant le cycle, ne survient que très tardivement et se voit résolu par une nouvelle itération, sans que la moindre tension dramatique ne se soit instaurée. La mise en scène ne vient guère au secours de ce scénario exploitant fort mal une idée originale dès le départ peu porteuse. Aucune inventivité ni dynamisme n’est insufflée par une caméra demeurant beaucoup trop sage pour créer une atmosphère réellement fantastique. De fait, vu en 2016, Simply Irresistible apparaît comme très daté, car figurant à l’orée de toute une vogue de comédies romantiques américaines des années 2000, incorporant le Merveilleux uniquement pour quelque peu pimenter leur intrigue aussi sucrée qu’une mélasse, et traitant par-dessus la jambe ce qui ne représente pour elles qu’un prétexte : Ce que veulent les femmes (2000), L'Amour extra-large (2001), Et si c’était vrai (2005), Lucky Girl (2006), Charlie, les filles lui disent merci (2007), Le fantôme de mon ex-fiancée (2008), C'était à Rome (2010), etc. Dépouillé de l’humour mièvre et de la magie de pacotille, on lui préférera largement, sur un thème similaire, Les épices de la passion, bouleversant film mexicain d’Alfonso Arau (1992, Como agua para chocolate), un chef d’œuvre. Simply Irresistible ne se limite toutefois pas à la coquille creuse et sans âme alors tant conspuée par la critique. Si la réalisation se montre très fade, le travail de production s’avère lui de qualité. Le film se compose de plusieurs tableaux réjouissant l’œil, comme le restaurant familial, la Cinquième Avenue ou le grand magasin new yorkais Henri Bendel, tous parfaitement mis en valeurs par une photographie techniquement irréprochable. La volonté publicitaire du magasin est bien entendu manifeste, mais l’endroit demeure de toute beauté, avec ce charme particulier que l’on retrouve dans l’épisode Mort en magasin de Chapeau Melon. La bande son se montre également plaisante, entre chansons romantiques et airs davantage jazzy. Nous sommes bien à New York. Entre évocation sensible d’un restaurant familial et forts jolis plats stimulant les papilles, le volet gastronomique emporte l’adhésion. On avouera être sorti du film avec une furieuse envie de découvrir le soufflé glacé à la mandarine Napoléon ! Les auteurs parviennent également à composer quelques personnages secondaires réussis, notamment un chef français infatué aussi grossier que snob, à l’accent irrésistible, ou la secrétaire de Tom, compatissante et complice. Surtout, Sarah Michelle Gellar apporte l’humour et l’émotion qui conviennent à Amanda. Elle en fait un attachant caractère, tranchant sur un ensemble passablement maniéré. Elle développe une vraie alchimie avec Sean Patrick Flanery, acteur davantage limité, mais bien en phase avec elle. Reste à l’actrice à savoir mieux choisir ses films. Après le flop de son premier rôle vedette au cinéma, Sarah va d’ailleurs rapidement rebondir, en tournant la même année Cruel Intentions, film autrement plus marquant que cette bluette aussi sirupeuse qu’une confiserie hypercalorique. Anecdotes :
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