L’attaque du San Cristobal (1962) Résumé : Jonathan Standing, fils du pasteur et dirigeant d’une communauté huguenote réfugiée sur une île depuis un siècle, est condamné à l’exil pour avoir eu une relation avec une femme mariée. Envoyé dans une colonie pénitentiaire, il s’échappe pour être recueilli par les pirates du capitaine LaRoche avec lequel il passe un accord. Mais le pirate a son propre plan. Critique : En 1962, la Hammer est déjà connue pour ses films gothiques et cherche à se diversifier. The pirates of Blood River (on fera gentiment l’impasse sur le titre français particulièrement inepte) occupe donc le créneau du film d’aventure. Ce film de cape et d’épée ciblait un public jeune. Michael Carreras demanda au bord de la piscine où il se détendait avec sa famille en compagnie de celle de Jimmy Sangster si ce dernier était intéressé par écrire un film de pirates. « Bien sûr » répondit ce dernier ! « Il y a juste un problème, la Hammer ne peut pas s’offrir un bateau ». Effectivement, en dehors de la séquence générique, probablement issue de stock-shot, de bateau, il n’est point question ! Le film connut pourtant un démarrage en fanfare en juillet 1962 et la Hammer put bénéficier d’un classement U (Tout public). Chose rare pour la firme ! L’histoire est relativement linéaire mais elle se suit sans aucun souci. Aucun temps mort. L’ouverture du film présente le héros, Jonathan Standing, en compagnie d’une femme qui n’est pas la sienne. Bel exemple pour la jeunesse ! Mais c’est aussi une condamnation sans équivoque de l’intolérance religieuse. Le thème ne sera pas oublié puisqu’il ressurgira dans Les sévices de Dracula en 1971. Tout aussi condamnée la violence du bagne avec ses conditions de vie extrêmes. A noter que, chose rare, il y a beaucoup d’extérieurs. Concernant la description des pirates, pas beaucoup d’originalité sous la plume de Jimmy Sangster. Le capitaine LaRoche est incarné par Christopher Lee ; à l’époque second rôle de luxe. Il est vêtu de noir de la tête aux pieds, foulard noir sur la tête, bandeau noir sur l’œil. En VO, son personnage étant Français, l’acteur s’amuse à jouer avec l’accent français. Facile pour cet acteur polyglotte ! Il rend visible, palpable, la dangerosité de LaRoche ; l’absence de scrupules de ce dernier tout autant que son courage physique. Il y a évidemment le second, Hench, courageux, fidèle jusqu’à un certain point, chemise ouverte tout le film. Et Michael Rippert en homme du rang, plein de gouaille et d’allant, mais qui réussit à ne pas faire oublier que son personnage a peut-être le sens de l’humour et de la farce, mais qu’il n’en est pas moins dangereux. Qui dit pirates dit trésor. Il y en aurait un dans la colonie huguenote mais seul Jason Standing, le père de Jonathan, à qui Andrew Keir, donne une composition réussie mêlant rigueur moral et courage indéniable, saurait où il est caché. La carrure et le talent d’Andrew Keir volent carrément la vedette à Kerwin Mathews, un peu trop jeune premier manquant de charisme pour être pleinement convaincant mais qui se débrouille bien cependant. Le portrait du père est complexe par rapport à celui de Jonathan. S’il paraît faible à l’intérieur, soumis aux anciens, Jason est fort devant l’adversité et, s’il ne veut pas donner le trésor aux pirates, ce n’est nullement par cupidité mais parce qu’il représente l’héritage de la colonie ainsi que ses idéaux. Le scénario coche ensuite toutes les cases du film de pirates : attaque du village (séquence très dynamique), duel entre pirates pour une femme (un duel somptueux où Peter Arne et Oliver Reed se battent à l’aveugle, un bandeau sur les yeux ; belle utilisation du silence pour installer et maintenir une grande tension pour un effet dramatique réussi), découverte du trésor, mutinerie. Plus rare, la guérilla menée par quelques villageois, Jonathan à leur tête, contre les pirates. Si le final est abrupt (comme souvent avec la Hammer), il symbolise aussi la fin d’une époque pour la colonie qui doit abandonner son passé et se tourner vers autre chose si elle veut survivre. Anecdotes :
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