Le Retour de Don Camillo (1953) Résumé : L’Evêque rappelle Don Camillo dans sa paroisse de Brescello, à la demande du maire Peppone. Les deux hommes renouent avec plaisir leur rivalité politique, mais aussi leur amitié. Peppone compte sur l’influence de Don Camillo pour contraindre les propriétaires terriens à financer l’édification d’une digue protégeant le village du Pô. Unis pour le bien commun, les deux hommes parviennent à construire l’édifice, mais la crue emporte tout et les eaux submergent Brescello. Tandis que Peppone organise l’évacuation de la population, Don Camillo demeure dans le village afin de « garder la maison », après un mémorable sermon insufflant du courage à ses paroissiens. Critique : Tourné très rapidement après la sortie premier opus de la saga, sous l’aiguillon de l’immense succès populaire alors rencontré, Le retour de Don Camillo doit d’entrée faire face à l’accusation de composer une simple exploitation commerciale. La plupart des critiques d’alors portent d’ailleurs sur ce point, alors qu’auparavant elles fustigeaient l’orientation politique du Petit Monde de Don Camillo. De fait, une convergence très forte, autant dans le fonds que dans la forme, existent entre ces deux films se succédant d’ailleurs dans une parfaite continuité de l’action, ce qui n’est finalement guère si fréquent au sein d’une saga cinématographique. L’équipe originelle demeure en place et le tandem Duvivier/Barjavel puise pareillement avec bonheur parmi les nouvelles de Giovannino Guareschi, suscitant derechef une moissonnée de scénettes et de personnages aussi drôles qu’attachants. La similitude des deux narrations résulte si poussée que l’on peut considérer Le retour de Don Camillo comme une prolongation du Petit Monde de Don Camillo, et non pas comme sa suite. Mais il serait erroné de croire que le film sombre pour autant dans la facilité. En effet Duvivier maintient la même implication et le même souci apporté au profil psychologique des personnages que précédemment. Cela nous vaut de grands moments d’émotion, tels Don Camillo terrassant enfin son orgueil en son exil montagnard, les retrouvailles des deux adversaires autour d’un plat de spaghettis, ou encore l’évocation sensible de la pureté de l’enfance, lors de la balade de Don Camillo et du fils de Peppone. Toujours dans la meilleure tradition méridionale française, soit un pont vers l’Italie, le récit se montre particulièrement animé et amusant, comme lors du fracassant retour de Don Camillo sur le ring (au sens propre), de la prise de bec avec Peppone devant la fanfare municipale, ou de la mémorable séquence de l’huile de foie de morue. Outre un talent toujours aussi manifeste dans l’écriture, Duvivier se montre également très en verve derrière la caméra. Le film s’impose comme visuellement magnifique, grâce à des scènes toujours finement ciselées, d’une patine délicieusement surannée. On apprécie également un excellent travail de photographie, accompagnant idéalement un Noir et blanc de grande qualité. Alors que les inoubliables mélodies du compositeur vétéran Alessandro Cicognini scandent l’action, Le retour de Don Camillo bénéficie également de toute la puissante machinerie de Cinecittà, dans laquelle Duvivier se coule parfaitement. La distribution se montre aussi brillante et enthousiasmante qu’au premier jour. Fernandel et Gino cervi en tête. L’apport d’Edouard Delmont s’avère également précieux. Il nous offre l’un des personnages les plus savoureux de la saga et établit un lien direct avec le cinéma humaniste et généreux de Marcel Pagnol. Par ailleurs, si Le retour de Don Camillo a su pleinement maintenir le remarquable niveau de qualité du premier opus de la saga, il finit également par faire entendre sa propre musique. Cela se perçoit à travers une part nettement plus importante impartie, sinon au Fantastique, du moins au réalisme merveilleux. Jésus, aux silences parfois plus sonores que les mots, voit son rôle accru. A travers le pseudo pacte méphistophélique ou ses fausses morts successives. Le Dr. Spiletti insuffle une fantaisie évoquant les fables d’Alphonse Daudet. L’excellent conte des deux horloges achève de situer le film aux confins d’un surréalisme pimentant le récit. Surtout, avec l’épisode tragique de la crue historique du Pô (survenue en 1951), le film gagne une intensité supplémentaire. Le soleil méridional lasse place à un environnement autrement plus hostile et menaçant. Les évènements dramatisent avec éloquence la dimension politique de l’œuvre. C’est notamment le cas d’une opposition finalement superficielle du Communisme de Peppone et du Catholicisme de Don Camillo, pour peu que les deux doctrines véhiculent le même humanisme et le même souci du bien commun. La proximité de la catastrophe à venir fustige également avec une force particulière l’égoïsme des propriétaires terriens. Tout ceci débouche sur ce qui compose sans doute la scène la plus marquante de la saga, le sermon de Don Camillo célébrant la grandeur de la solidarité révélée dans l’épreuve. Ce grand moment de cinéma, porté par un magnifique Fernandel, consacre la réussite de ce second volet parvenant à encore rehausser les qualités du premier. Anecdotes :
Séquences cultes : Un retour mouvementé Chez le barbier Il faut sauver Gertrude ! Peppone, maire et père Le sermon de la crue du Pô |