Don Camillo Monseigneur (1961) Résumé : Les années ont passé, Don Camillo est désormais devenu Monsignore au Vatican et Peppone, sénateur du Parti communiste. A Rome tous deux ne se voient plus et se languissent de Bruscello. Un affrontement entre la municipalité et l’église à propos de la construction d’un logement communal à proximité d’une chapelle va leur fournir l’occasion d’y retourner officiellement. Les deux vieux amis ne tardent pas à reprendre leurs joyeuses chamailleries, d’autant que Peppone envisage que son fils se marie civilement avec sa charmante fiancée. Critique : Alors que les trois premiers volets avaient succédés à marche forcée, un laps de six années sépare Don Camillo Monseigneur de son prédécesseur, La grande bagarre de Don Camillo. La progression des deux protagonistes dans leur carrière romaine permet d’intégrer d’astucieusement le temps écoulé. Par contre cette occasion de renouveler la saga se voit en grande partie gâchée par un scénario maladroit. Il aurait pu être intéressant de prolonger la l’éternelle querelle entre Don Camillo, à Rome et au sein des institutions de la République romaine, c’est à dire d’opérer le cheminement inverse de l’opération consistant à synthétiser le roman national dans le petit village de Brescello. Hélas, les auteurs en reviennent à la situation costumière, ce qui nous vaut un début de film assez laborieux, afin de justifier le retour concomitant des deux frères ennemis dans leur cher village. Cette situation relevant du vaudeville se verra ensuite relayée par l’artifice du départ pour Rome sans cesse repoussé, ce qui servira de seule réelle ossature au récit. De fait, les sauteurs s’arrêtent au mitan du gué : au lieu d’assumer pleinement l’ouverture sur l’extérieur de l’opposition entre Peppone et Don Camillo, ils cantonnent Rome à la périphérie de l’action. Puis ils se contentent d’insérer des références plus fréquentes qu’à l’accoutumée à la politique nationale ou internationale. Tout ceci résulte passablement artificiel, jusqu’à finir par donner l’impression d’une série de film se poursuivant uniquement avant tout du fait de son succès Par ailleurs cette trame très distendue prive la succession habituelle de scénettes d’un ressort dramatique, au rebours de ce que l’élection avait pu apporter lors de l’opus précédent. Cela tombe d’autant plus mal qu’un relatif assèchement de la verve de la saga, déjà quelque peu entamé lors de La grande bagarre de Don Camilo, se confirme clairement ici. Décidément les meilleurs récits de Guareschi semblent avoir été utilisés par les scénaristes. Si la narration demeure distrayante et peut s’appuyer sur la sympathie dégagée par les personnages, l’ensemble apparaît bien inégal. La séquence des obsèques suscite réellement l’émotion, et celles de la chapelle et du Totocalcio, l’amusement, plusieurs autres chapitres se montrent moins savoureux. Il en va ainsi de cette histoire du fondement d’une militante communiste peint par vengeance, après l’anecdote déjà peu relevée de la soutane de Don Camillo dérobée alors qu’il se baignait dans la rivière. Tout ceci relève de la farce, avec quelques relents misogynes exprimant que la place d’une épouse consiste davantage à s’occuper de son mari que de politique. Toute la séquence du mariage civil du fils de Peppone intéresse également moins, même si l’on devine ce qu’elle pouvait présenter de scandaleux à l’époque. Demeure la cocasserie de quelques situations et quelques jolies répliques encore insérées par un René Barjavel toujours fidèle à l’écriture des dialogues français lui. Malgré la présence initiale de magnifiques vues aériennes de Rome, la mise en scène de Carmine Gallone s’avère également une déception. Si elle continue heureusement à mettre en valeur le travail et le talent des comédiens, la caméra semble moins tonique que lors de l’opus précédent, déjà du même réalisateur. Gallone se contente ici de passer les plats et n’apporte plus un supplément de dynamisme à l’ensemble. L’identité italienne des portraits et des panoramas reste malgré tout inentamée. Le film put toutefois s’appuyer sur une distribution de qualité. On apprécie de retrouver quelques visages connus, notamment les épatants lieutenants si pittoresques de Peppone, tandis que les cinéphiles apprécieront de retrouver Valeria Ciangottini si peu de temps après la Paola de La dolce vita. Même s’il ne va pas en rajeunissant et semble parfois légèrement essoufflé, le duo vedette assure toujours une irréprochable prestation, toujours aussi gourmande et picaresque. Si tout le reste souffre d’une lassitude, le duo Peppone/Don Camillo demeure une valeur sûre, Don Camillo Monseigneur ne constitue pas un mauvais film mais il apparaît clairement en deçà des précédents opus, ne pouvant dissimuler un affadissement lié à un rallongement de la saga sans raison substantielle.. Il continuera à divertir les amateurs convaincus. Anecdotes :
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