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Je vais craquer (1980)La Cage aux Folles 2 (1980)

Comédies françaises Années 80

Le Coup du Parapluie (1980) par Sébastien Raymond


LE COUP DU PARAPLUIE (1980)

Résumé :

A la suite d’un concours de circonstances malheureuses, un acteur croit être embauché pour jouer le rôle d’un tueur. Alors que de leur côté, les vrais mafiosi sont persuadés d’avoir engagé avec lui un redoutable tueurs à gages. Il part donc à St-Tropez où il croit que doit se dérouler le tournage. Mais les commanditaires du vrai meurtre se rendent compte de la méprise : désormais, il a ses trousses sans même le savoir, les assassins et la police.

Critique :

Encore un film que je n’avais pas vu depuis une bonne vingtaine d’années, mais je me rappelle l’avoir vu et revu avec plaisir quand j’étais tout petit grâce aux multi-diffusions télévisées. C’est sûrement en grande partie cette joie juvénile qui effleure à nouveau qui peut expliquer le plaisir à le revoir aujourd’hui. Je retrouve le même rythme, la même mécanique et ce délicieux quiproquo qui fait le sel de ce film.

L’idée du film reste cette méprise sur l’identité de Pierre Richard : il croit être engagé pour un rôle de tueur sur un film, alors que ceux qui l’engagent croient qu’il est réellement un assassin. Peut-être que cette idée de base plaçant Pierre Richard dans une situation qu’il ignore, qui le dépasse même, alors que les autres en prennent conscience rappelle un peu trop le diptyque du grand blond d’Yves Robert. C’est vrai qu’on a un peu l’impression qu’on essaie d’appliquer une recette qui marche.

Cependant, le style de cinéma de Gérard Oury donne une teinte particulière, fort agréable, qui efface plutôt bien cette première sensation. Le rythme enlevé, la cadence à laquelle on passe d’une scène à une autre et le comique presque exclusivement physique auquel se livre Pierre Richard assurent sa singularité à l’ensemble. L’imagination débordante de Gérard Oury et sa fille Danielle Thompson à l’écriture du scénario joue avec l’actualité de la guerre froide et la mécanique des films de James Bond, aussi bien qu’avec la filmographie de Pierre Richard, plus précisément de son personnage de distrait, de maladroit ou de malchanceux, de quelqu’un qui subit le monde sans arrêt, à son corps élastique défendant, sans trop parfois s’en rendre bien compte. 

Ici, on lui ajoute un donjuanisme qui pimente encore plus sa vie bourrée d’ennuis en tout genre. Le héros reste malgré tout enthousiaste, démerdard, toujours en mouvement, sans aucun temps mort, sans pouvoir respirer et prendre conscience du monde réel qui l’entoure. Dans une course folle perpétuelle, il est un bolide inarrêtable.

Seule Valérie Mairesse arrive un court temps à le stopper, à le canaliser, mais si peu, il repart aussitôt. Dans un rôle sexy de fausse blonde aussi imbécile que peroxydée, l’actrice trouve un rôle sympathique mais finalement sans grande envergure, mais je ne peux m’empêcher d’aimer sa prestation. Dans ce cadre étroit, elle réussit à lui donner de la consistance, ce qui n’est pas loin d’une gageure au départ.

Gérard Jugnot, le pauvre, est cantonné à un rôle de français moyen, très ordinaire : difficile pour lui d’exister, d’avoir une réelle prise. Et la mise en scène ne l’aide pas, le bob sur la tête, l’épouse qui le fait cocu, le portrait n’est jamais flatteur. 

On notera le rôle mutique (à 99,99% du temps) du mythique Gordon Mitchell, que les amateurs de cinéma bis auront reconnu. L’acteur américain est plus connu pour ses multiples rôles dans le cinéma de genre italien.

Dans le rôle de la “baleine”, le grand Gert Fröbe nous rejoue Goldfinger, en le parodiant sans vergogne. Les fans de James Bond dont je suis auront donc le choix de trouver le procédé au mieux juste rigolo ou pire pathétiquement douteux. Je vais être indulgent et opter pour le premier choix quant à moi.

Décidément, je suis très gentil avec ce film alors que dans un coin de ma tête s’accumulent une flopée de sérieux bémols. Non, je ne veux pas les voir en face, de manière froide, aseptisée, j’aime bien ce vieux film, j’avais une trop grande tendresse pour lui lorsque j’étais môme, ses diffusions du dimanche soir étaient de bien trop caressants baumes avant de devoir retourner sur les bancs de l’école pour que je laisse une objectivité sans saveur me débulber l’affect.

Anecdotes :

  • Le fameux “coup du parapluie” fait allusion à une histoire véridique de parapluie trafiqué, empoisonné. En effet, deux ans auparavant, deux bulgares furent assassinés avec cette méthode aussi bien à Paris qu’à Londres par les services secrets soviétiques.

  • Didier Sauvegrain joue le rôle de la “folle”, alias Stanislas Lefort, le nom du personnage joué par Louis de Funès dans La grande vadrouille, film de Gérard Oury, dans lequel par ailleurs jouait déjà Mike Marshall le rôle d’un des pilotes anglais et qu’on retrouve ici en tueur au service de la “baleine”.

  • Après avoir rendu un hommage à De Funès, Gérard Oury ne pouvait oublier d’en faire un à Bourvil avec la diffusion d’extraits du film Le capitan, pendant le duel d’épée-parapluies entre le vrai tueur et Pierre Richard.

  • Vladimir Cosma s’est amusé à truffer le film de petits accompagnements déjà utilisés par ailleurs dans sa longue filmographie : sur le répondeur du héros, on peut entendre la musique du Retour du grand blond, où déjà Pierre Richard jouait un faux espion, tueur au sang-froid impressionnant, avec un faux air de James Bond, de même qu’avec un air de samba pendant que Christine Murillo prépare un repas.

  • Gérard Oury aura été facétieux en affichant furtivement mais carrément le nom du film, de Pierre Richard et le sien sur une camionnette (derrière Mike Marshall quand ce dernier quitte l’aéroport).

  • La musique de Vladimir Cosma peut vous être familière si vous avez vu Le moustachu de Dominique Chaussois, avec Jean Rochefort et sorti en 1983 : c’est la même !

  • La dédicace du film évoque la mémoire de Marcelle Oury, la maman du réalisateur, décédée quelques semaines avant la sortie du film.

  • Le coup du parapluie peut être aperçu par son affiche dans le film La boum de Claude Pinoteau.

  • On notera comment Gert Frobe s’amuse avec son personnage bedonnant et irascible, milliardaire sadique et cynique, jouant sur son yacht ou au bord d’une piscine entourée de donzelles très affriolantes. Hé oui, il n’est pas loin d’évoquer tout simplement un autre personnage qui a fait sa célébrité mondiale : Goldfinger!

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